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Paroles d'Actu
30 mai 2012

Benjamin Lancar : "Il est impératif de garantir un certain équilibre des pouvoirs"

6 mai 2012 : Nicolas Sarkozy est battu, il annonce son retrait de la vie politique. Depuis dix ans, l'UMP détenait l'Élysée et était majoritaire à l'Assemblée. Le président sortant, comme ministre de l'Intérieur, comme ministre de l'Économie et des finances, comme patron de l'UMP puis enfin comme chef de l'État, a traversé la décennie au cœur du pouvoir. Une page se tourne. Dans l'immédiat, la bataille des législatives. Les leaders du parti veulent contraindre François Hollande à une nouvelle cohabitation. Jean-François Copé, le secrétaire général, et François Fillon, l'ex-premier ministre, veulent y croire. L'unité est de mise. La succession, le droit d'inventaire, ce sera pour plus tard. Quelle ligne pour l'UMP de demain ? Quid d'un dialogue éventuel avec le FN (les sondages pour les législatives de juin donnent aux deux formations un total additionné d'environ 50% des intentions de vote...) ? L'avenir nous dira ce qu'il adviendra du parti de Jacques Chirac. L'avenir, justement, il en est question dans le document qui suit. J'ai souhaité interroger un homme qui comptera, sans doute, dans les années qui viennent. Benjamin Lancar, le président des Jeunes Populaires (les jeunes de l'UMP). Il est aujourd'hui candidat dans la cinquième circonscription de Paris. Je le remercie pour les réponses qu'il a bien voulu apporter à mes questions. Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

BENJAMIN LANCAR

Président des Jeunes Populaires (depuis 2008)
Candidat dans la 5è circonscription de Paris

 

"Il est impératif de garantir un certain

 

équilibre des pouvoirs"

 

(Photo fournie par M. Benjamin Lancar)

 

 

Q : 13/05/12

R : 30/05/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ?

 

Benjamin Lancar : J’ai 26 ans, je suis diplômé de Sciences Po et d’HEC, Président des Jeunes Populaires depuis 2008, Conseiller Régional depuis 2010 et secrétaire national de l’UMP à la Nouvelle économie. Je suis actuellement candidat dans la 5ème circonscription parisienne, c’est-à-dire dans le 3ème et le 10ème arrondissement.

 

 

PdA : Quel cheminement personnel vous a conduit à vous engager de manière aussi active dans la vie politique ?

 

B.L. : Cette envie m’a été transmise à la fois par mes parents à travers leur parcours – je suis issu d’une famille modeste arrivée au début des années 60 en France - mais aussi par une envie forte d’assouvir une grande curiosité intellectuelle.

 

 

PdA : C'était il y a tout juste une semaine... Nicolas Sarkozy est battu, François Hollande sera le prochain président de la République. Comment avez-vous vécu cette journée ? Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez compris que le résultat ne vous serait pas favorable ? Dans quel état d'esprit êtes-vous, aujourd'hui ?

 

B.L. : J’ai été extrêmement triste et déçu. D’abord parce que depuis quatre ans, je me suis engagé à l’UMP en tant que Président des Jeunes Populaires avec la volonté de faire réélire Nicolas Sarkozy. Mais aussi parce que Nicolas Sarkozy a été une figure qui a structuré ma génération. Il a donné à beaucoup de jeunes l’envie de s’engager en politique et de défendre leurs idées.

 

Le sarkozysme, c’est pour moi le refus du renoncement, la volonté de réformer et d’être dans l’action. C’est pourquoi il faut aujourd’hui continuer à se battre pour les idées qui sont les nôtres et qui étaient celles défendues par le chef de l’État.

 

 

PdA : Comment expliquez-vous cette défaite ? Certes, vous me direz, et vous aurez raison, que des réformes difficiles, impopulaires ont été engagées. Que notre pays a subi durant une bonne partie du quinquennat les effets de la crise mondiale, et qu'il s'en est plutôt mieux tiré que d'autres. Voyez-vous malgré tout dans les racines de ce résultat des éléments de nature à vous inspirer des regrets ? Des choses qui, à votre niveau ou non, auraient pu, auraient dû être faites différemment ?

 

B.L. : Nous sommes dans la campagne législative et le temps de l’analyse n’est pas encore venu. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas une « envie de gauche » en France, que le score de la présidentielle était serré et que François Hollande est très loin d’entraîner une grande adhésion. Je doute même fortement qu’une majorité de Français approuve son programme présidentiel.

 

 

PdA : J'ai eu le sentiment que Nicolas Sarkozy a mené, surtout après le second tour, une campagne plus conservatrice qu'il ne l'est lui-même. Sur les valeurs (mariage homosexuel, euthanasie...), sur l'immigration, sur le vote des étrangers aux élections locales, il a clairement fait campagne "à droite". Certains diront que c'était là une stratégie visant à récupérer les voix des électeurs de Marine Le Pen. Certains membres de l'UMP, alliés ou ex-alliés du parti présidentiel ont en tout cas fait part de leur malaise vis à vis de cette ligne. Jean-Louis Borloo lui-même estime qu'il a manqué un "virage social" au gouvernement. D'autres ont stigmatisé un discours qui, d'après eux, diviserait les Français, voire les monteraient les uns contre les autres.

Vous êtes jeune, et compterez sans doute parmi les dirigeants futurs de votre formation politique. Avez-vous été  totalement à l'aise avec tout ce qui a pu être dit par les vôtres durant cette campagne ? Sans parler d'opposition, avez-vous des différences d'appréciation, une sensibilité qui pourrait vous conduire, sur certains sujets, à vous démarquer de l'opinion dominante au sein de votre parti ?

 

B.L. : Nicolas Sarkozy a fait le bon constat sur le besoin et l’envie de protection des Français : protection de nos emplois, de nos frontières, de notre industrie, de notre modèle social ou encore de notre modèle d’État-Nation. J’ai fait campagne à fond et je ne me renie pas. On nous annonçait tout de même des écarts de 10 à 20 points dans certains sondages, et alors que les gouvernements européens sortants ont été balayés avec des écarts majeurs, il n’aura manqué à Nicolas Sarkozy que 1,5 point.

 

 

PdA : Vous respecterez certes sa décision, mais souhaitez-vous à titre personnel que Nicolas Sarkozy demeure un leader actif au sein de l'UMP ? Quel bilan tirez-vous de son quinquennat ? Si le dynamisme et l'activisme de l'homme sont largement reconnus, sa personnalité, son image "bling-bling", d'"ami des riches" ont heurté nombre de Français de bonne foi. Il a été majoritairement impopulaire durant une bonne partie de son quinquennat. Que vous inspire cette perception d'une large part de la population ? Qui est le vrai Nicolas Sarkozy, celui que vous connaissez, que vous aimez ?

 

B.L. : Je suis persuadé que le lien entre les Français et Nicolas Sarkozy est très fort et au fond de moi, j’espère que l’histoire connaîtra de nouveaux chapitres.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur François Hollande, alors qu'il s'apprête à prendre ses fonctions ? De la manière la plus objective qui soit, et en mettant de côté le fait que vous ayez soutenu son adversaire, diriez-vous qu'il a les qualités requises pour être un bon président de la République ? Quelles sont ces qualités que vous êtes prêt, même "à la limite", à lui reconnaître ? Quel message souhaiteriez-vous lui adresser ?

 

B.L. : François Hollande est un homme habile qui a su obtenir les soutiens à gauche et à l’extrême gauche qui ont fait son élection.  Je désapprouve en revanche totalement le programme politique qu’il souhaite mettre en place : augmentation de 60 000 fonctionnaires dans l’éducation nationale, annulation de la réforme des retraites, droit de vote des étrangers aux élections locales… Je crois qu’il lui manque le dynamisme, la vision et la force qu’il faut pour être un grand Président de la République. Il se conduit jusqu’à présent en chef d’un clan.

 

 

PdA : Dans un mois, les législatives. Le contexte sera particulièrement difficile pour l'UMP. Après dix ans d'un large contrôle de la chambre basse, votre parti a perdu le Sénat, puis l’Élysée. Marine Le Pen, forte de ses 6,4 millions d'électeurs, compte bien vous compliquer davantage encore la tâche. Certains à votre droite estiment que l'on peut "parler" avec elle. Si l'on met de côté la face obscure du FN, dont les provocations douteuses du père, pensez-vous qu'il y ait sur le fond des possibilités de rapprochement entre vos deux formations ?

 

B.L. : Je pense qu’il n’y en a aucune. Jamais.

 

 

PdA : Vous êtes candidat à la députation dans la 5è circonscription de Paris. Comment résumeriez-vous, Benjamin Lancar, vos idées, votre projet ? Pourquoi êtes-vous LE député dont cette circonscription, dont la nation a besoin ?

 

B.L. : Je rêve de participer un jour à l’écriture de la loi de mon pays et de porter les réformes dont la France a besoin. Cette volonté est à l’origine de mon engagement comme candidat dans la 5ème circonscription.

 

Je crois aussi qu’il est essentiel d’avoir de jeunes députés qui puissent renouveler le parlement et la pratique de la vie politique. Je porte le message de mon parti, l’UMP, mais aussi des idées plus personnelles. Depuis 17 ans, la 5ème circonscription de Paris est dirigée localement et représentée nationalement par la gauche sans que la vie des habitants ne se soit améliorée : il est temps de changer.

 

J’ajoute que je me suis engagé à être un député à temps plein puisque si je suis élu, je démissionnerai de mon mandat de conseiller régional.

 

 

PdA : Quel message souhaiteriez-vous adresser à nos lecteurs pour tenter de les convaincre de voter pour un candidat UMP ou allié au mois de juin ?

 

B.L. : Les raisons de voter pour un candidat UMP aux élections législatives sont nombreuses. Il est impératif de garantir un certain équilibre des pouvoirs. Il n’est pas souhaitable de voir la gauche cumuler la majorité au sein des collectivités territoriales, de l’Assemblée Nationale, du Sénat et de l’exécutif.

 

Il est impératif d’empêcher la gauche d’obtenir les 3/5èmes au parlement qui leur permettraient de réformer la Constitution et d’y inscrire le droit de vote des étrangers aux élections locales.

 

Enfin pour tous ceux qui ne cautionnent pas le programme de François Hollande et qui ne veulent pas de l’augmentation des dépenses, d’un accroissement insoutenable de la dette qui nous rapprochait un peu plus de la Grèce, alors ma candidature et celles des autres membres de l’UMP est l’unique rempart à la mise en place du programme socialiste.

 

C’est aussi un premier et dernier moyen avant cinq ans pour pouvoir exprimer un message d’équilibre, de vigilance voire de résistance à François Hollande.

 

 

PdA : Quels seront pour vous les grands enjeux de ces prochaines années, pour la France, l'Europe ? Comment s'y préparer, y faire face dès à présent ?

 

B.L. : La résolution de la crise des dettes souveraines ; l’évaluation, le contrôle et la réforme des politiques publiques ; la promotion de l’innovation et des nouvelles technologies ; la réforme de la sécurité sociale ; la réforme du marché du travail ; la nécessité de créer un « big bang » du logement social ; la solidarité intergénérationnelle et la promotion des libertés individuelles sont pour moi les grands enjeux de ces prochaines années.

 

 

PdA : C'est un lieu commun que de le dire, mais la jeunesse, dont vous faites partie, c'est l'avenir de notre pays. Vous êtes son avenir, nous le sommes. Voyez-vous l'avenir de la France plutôt avec optimisme, pessimisme ? Comment le voyez-vous ?

 

B.L. : Je vois l’avenir de la France avec préoccupation et optimisme. Préoccupation parce que je crois que l’on est à un tournant de notre histoire et je crains que nos gouvernants actuels n’en aient guère conscience. De l’optimisme parce que la France à toutes les qualités pour s’en sortir. Il faut pour cela qu’elle fasse les bons choix et que ses dirigeants politiques aient le courage d’entreprendre les réformes nécessaires. Je crois nous vivons dans un très beau pays qui a tous les atouts pour le rester. En particulier, notre jeunesse par sa vitalité, son envie d’entreprendre et de créer, sera au cœur du changement de modèle économique et social que notre pays connaîtra.

 

 

 

Merci encore à Benjamin Lancar ! Bon courage pour ces élections ! Phil Defer

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 01/10/12

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29 mai 2012

Elizabeth II - Reine de Diamant

"Je déclare devant vous tous que je consacrerai toute ma vie, qu'elle soit longue ou courte, à votre service et au service de la grande famille impériale à laquelle nous appartenons". Nous sommes en 1947. La princesse héritière du trône britannique, Elizabeth, n'a que 21 ans. Cette jeune femme, qui n'aurait normalement jamais dû être couronnée, deviendra pourtant, cinq ans plus tard, la Reine. À la mort de son grand père, le roi George V, c'est son oncle, l'aîné, le futur Edward VIII, qui monte sur le trône. Un an de règne à peine : l'Angleterre de l'époque n'acceptant pas les désirs de mariage du chef de l'Église anglicane avec l'Américaine divorcée Wallis Simpson, il décide d'abdiquer. C'est son frère Albert, le père d'Elizabeth, qui guidera, de son autorité de monarque constitutionnelle et sous le nom de George VI, l'Empire et le Commonwealth durant l'une des périodes les plus dramatiques de l'Histoire, la Seconde guerre mondiale.

 

Le 6 février 1952, la princesse Elizabeth est au Kenya avec son époux Philip. Il est celui qui lui annonce la nouvelle : le Roi George VI vient de mourir. À 25 ans, elle pleure son père et est consciente de ce qui l'attend, désormais. Sur sa tête, bientôt, l'une des couronnes les plus prestigieuses du monde. Elle sera le chef d'État, le symbole de l'unité d'une multitude de nations, dont le Royaume Uni, le Canada, l'Australie. God save the Queen !

 

C'était il y a soixante ans... La reine Elizabeth II est toujours là. Peu de souverains ont régné aussi longtemps qu'elle dans l'histoire. Elle n'est battue que par la Reine Victoria, pour ne considérer que les monarques britanniques. Sous son règne, douze Premiers ministres (de Sir Winston Churchill à David Cameron en passant par Margaret Thatcher et Tony Blair) et présidents américains (de Harry Truman à Barack Obama) se sont succédés. Neuf présidents français, de Vincent Auriol à François Hollande. Un nombre considérable d'événements, de bouleversements majeurs sont intervenus dans la vie de son pays et de notre monde depuis son avènement en tant que monarque constitutionnel de seize pays (elle n'a pas de pouvoir politique réel mais symbolise la continuité historique et l'unité nationale).

 

60 ans... Trois générations... et un Jubilé de Diamant. Presque 140 millions de sujets aujourd'hui. Et une question légitime : sont-ils tous "derrière" elle ? Il y a six ans, l'année des 80 ans de la reine, j'avais décidé d'enquêter. J'étais alors un jeune étudiant français de 21 ans. Avec curiosité, mais sans préjugé, j'avais décidé de poser quelques questions, en anglais, à M. Graham Smith, responsable de l'organisation Republic. Cette année, à l'occasion du jubilé, j'ai contacté une Britannique parmi tant d'autres pour l'interroger sur la souveraine. Deux documents que je traduis pour la première fois en français. Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIENS EXCLUSIFS - PAROLES D'ACTU

 

ELIZABETH II

 

Reine de Diamant

 

(Photo : Gala.fr)

 

 

 

 

GRAHAM SMITH

(Republic)

 

Q : 30/06/06

R : 05/07/06

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

 

Graham Smith : Je m'appelle Graham Smith, je suis responsable de l'organisation Republic, qui fait campagne pour une alternative démocratique à la monarchie.

 

 

PdA : Pourquoi Republic, à la base ? Quelles sont vos revendications principales ?

 

G.S. : Republic existe depuis plus de vingt ans. Ces dernières années, nous avons évolué, passant d'un petit club à une organisation de campagne sérieuse.

 

Notre seule et unique revendication est de dire que la monarchie est antidémocratique et inacceptable. Nous demandons son abolition pour la remplacer par une république démocratique.

 

 

PdA : Vos revendications sont-elles largement partagées au Royaume Uni ?

 

G.S. : Au Royaume Uni, environ 20% des gens sont constamment en accord avec Republic. En Écosse, ce chiffre est plus proche des 50%. La plupart des habitants du Royaume Uni n'ont pas d'avis tranché sur la question.

Notre mission, ainsi qu'exposée dans notre constitution, est la suivante :

1. Mettre en place une campagne pour persuader une majorité d'électeurs de soutenir le remplacement de notre monarchie héréditaire par un chef d'État élu.

2. Après avoir fait cela, participer au processus, et essayer de guider le mouvement du changement.

3. Promouvoir des formes de gouvernement républicaines et démocratiques, et organiser un débat sur le meilleur modèle à adopter pour une république future.

 

 

PdA : Vous ne voyez rien de positif dans la monarchie britannique, dans son passé, son présent ?

 

G.S. : Non, Republic considère que le fait d'hériter d'une fonction publique, quelle qu'elle soit, est non seulement immoral sur le principe mais également mauvais en pratique. En démocratie, le pouvoir doit rendre des comptes. Ce n'est pas le cas dans une monarchie. La famille Windsor est la seule bénéficiaire de la monarchie.

 

 

PdA : Ne croyez-vous pas, comme le philosophe Edmund Burke, que la monarchie constitue un moyen de maintenir une certaine continuité dans les traditions et l'histoire britanniques, un lien entre le passé et la modernité ?

 

G.S. : Non, la Grande Bretagne est capable de maintenir ses traditions et son histoire sans que la famille Windsor ne s'immisce dans notre constitution. La continuité - pour ce que cela vaut - est maintenue par les coutumes et les valeurs du peuple, non par l'existence de la monarchie.

 

 

PdA : Vous êtes contre le système de la monarchie, mais avez vous quoi que ce soit à reprocher, à titre personnel, à la reine, à la famille royale ?

 

G.S. : Nous sommes très clairement opposés à l'institution. Nous ne critiquons les individus que s'ils se conduisent mal dans le contexte de leurs positions constitutionnelles.

 

 

PdA : Que pensez-vous de la reine Elizabeth II en tant que personne ? Quid de sa famille ?

 

G.S. : Je n'ai jamais rencontré qui que ce soit de cette famille. Et, comme je l'ai dit lors de la réponse précédente, leur personnalité n'entre pas en compte dans le débat.

 

 

PdA : Qu'aimeriez-vous lui souhaiter à l'occasion de son 80è anniversaire ?

 

G.S. : Une longue et heureuse retraite.

 

 

PdA : Vous semblez penser qu'un président élu constituerait la solution à tous les problèmes. Mais que pensez-vous des dérives qui peuvent conduire à la "monarchisation" de certains régimes à fort pouvoir présidentiel comme en France (reproches faits par exemple à François Mitterrand et à Jacques Chirac) ?

 

G.S. : Nous ne suggérons certainement pas que la république résoudrait tous les problèmes. Pour reprendre les mots de notre site, "Republic ne se fait pas d'illusion quant à la création d'une sorte d'Utopie, mais nous croyons dans la capacité du peuple britannique à remplacer une constitution antidémocratique, passéiste, par une constitution qui soit démocratique, juste et ouverte, orientée vers l'avenir".

 

Si les Français s'inquiètent de la "monarchisation" de leur présidence, ils ont toujours un contrôle démocratique sur le système. S'il ne fonctionne pas, réparez-le. Dans ce pays, nous ne disposons pas d'un tel moyen de contrôle.

 

 

PdA : Si vous réussisiez, qu'adviendrait-il de la famille Windsor ?

 

G.S. : Dans une république britannique, la famille Windsor serait libre, ils seraient des citoyens normaux, égaux par rapport au reste de la population. Ils décideraient eux-mêmes de leur avenir.

 

 

PdA : Quel système politique désirez-vous pour le Royaume-Uni ? Un président avec un Premier ministre, comme en France, ou bien un président ayant davantage de pouvoirs, etc... Quid du parlement ?

 

G.S. : Nous proposons un système assez proche de celui de l'Irlande (on le trouve également en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Israël...), où le parlement et le gouvernement ont le pouvoir et le président n'a qu'un rôle cérémonial.

 

 

PdA : Quel serait le siège de la présidence ?

 

G.S. : Si vous parlez de la résidence officielle, je ne sais pas. Sans doute quelque chose d'assez humble, mais qui serait bien sûr adapté pour les occasions d'État.

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ?

 

G.S. : Simplement, j'espère que le peuple britannique pourra un jour jouir de la même liberté que les Français et la plupart des Européens, de pouvoir choisir leur chef d'État, et d'être maîtres de leur propre système politique. La démocratie n'est jamais parfaite, mais elle l'est bien davantage que ne pourra jamais l'être la monarchie.

 

 

 

 

JANE CUNNINGHAM

  

Q : 07/02/12

R : 07/02/12

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

 

Jane Cunningham : Mon nom est Jane, je vis à Londres avec mon époux et nos deux enfants. J'écris sur le monde de la beauté, je tiens d'ailleurs un blog sur ce sujet, http://www.britishbeautyblogger.com.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur la monarchie britannique ? La famille, les coûts occasionnés pour le peuple britannique, son rôle dans le gouvernement et la société...

 

J.C. : Je crois que la famille royale a toujours un rôle à jouer pour donner une bonne image de notre pays. Les autres nations (avec de rares exceptions !) ont l'air d'aimer notre famille royale, et tout ce qui présente la Grande Bretagne sous un jour positif est une bonne chose.

 

En ce qui concerne les coûts, la famille royale semble être devenue bien plus consciencieuse en terme de budget. Ceci dit, puisqu'ils passent leur vie à recevoir des ambassadeurs et des têtes couronnées, mieux vaut le faire avec un certain style.

 

Je ne pense pas qu'ils aient d'influence sur le gouvernement, mais le prince Charles en particulier fait entendre sa voix quant à la manière dont il aimerait voir évoluer la société. Ce n'est pas courant, les autres sont plus discrets.

 

 

PdA : Quels sont vos sentiments à l'endroit de la reine Elizabeth II ? Peut-être l'associez-vous à des moments décisifs pour le monde, le Royaume-Uni ou bien votre propre vie ? Est-elle clairement "votre" reine ?

 

J.C. : Je crois que la reine contribue à me rendre fière d'être britannique, mais je n'ai jamais connu la vie sans elle, donc je ne sais quel serait alors mon état d'esprit. Je me souviens qu'à l'école primaire, on m'avait donné un mug de jubilé, on m'avait dit que c'était quelque chose de très spécial. J'étais fière de l'avoir.

 

Quand mon petit frère est né, ma soeur et moi avons insisté pour que son deuxième prénom soit Charles, en hommage au prince Charles. Je ne sais plus vraiment pourquoi !

 

 

PdA : Imaginez que vous en ayez la possibilité... Voteriez-vous pour ou contre l'abolition de la monarchie, le remplacement du monarque comme chef d'État par un président élu (directement par le peuple ou par ses représentants) ?

 

J.C. : Contre.

 

 

PdA : Qui préféreriez-vous voir succéder à la reine Elizabeth en tant que prochain roi, Charles ou William ? Pourquoi ?

 

J.C. : Je n'ai pas de préférence, mais je pense que le prince Charles serait un choix moins populaire dans le pays.

 

 
PdA : Une question plus générale... Que pensez-vous de l'état actuel de la société britannique ? Diriez-vous que le pays évolue dans la bonne direction ?

 

J.C. : D'une certaine façon, nous sommes une meilleure société, d'une autre, non. Je crois que nous avons réussi à maîtriser de nombreux problèmes comme le racisme, appris que la tolérance et l'intégration étaient meilleurs; il y a toutefois des pans de la société qui ne mettront jamais de côté leurs préjugés, c'est la vie...

 

Quelque part, nous sommes une société plus égoïste, certainement plus consumériste. Dans le passé, j'ai le sentiment que les gens s'intéressaient davantage aux autres. Il y avait un plus grand esprit de communauté. Nous sommes plus attentifs à la lutte contre la pauvreté infantile, pour l'éducation et la santé, mais il y a des gens qui se faufilent entre les mailles du filet, qui ne veulent pas se conformer aux valeurs de cette société.

 

Nous sommes certainement dans une situation plus mauvaise s'agissant de la nourriture, de la nutrition. L'obésité est aujourd'hui un problème énorme au Royaume-Uni.

 

 

 

 

 

JULIA MARGARET HENDERSON

 

Q : 21/04/12 

R : 27/06/12

 

 
Notre reine est une dame charmante, elle est un atout pour le pays. Je voterais avec conviction contre tout projet visant à abolir la monarchie. Avoir un souverain fait partie de notre identité collective. Vous savez, tout le monde ne trouve pas les Américains formidables, et je ne voudrais certainement pas les imiter.

 

Je préférerais voir William accéder au trône après la reine. Il nous faut un jeune roi, une jeune reine, avec des idées fraîches. À vrai dire, ça ne me dérangerait pas, que Charles devienne roi. Simplement, je ne veux pas que cette briseuse de ménages, avec son visage en lame de couteau, soit reine. Le roi William et la reine Catherine. Ça sonne bien, vous ne trouvez pas ?

 

Le pays va dans la bonne direction, oui... tout droit vers la ruine, avec le gouvernement actuel. Cameron doit partir ! Merci.

 

 

 

Un grand merci à mes trois intervenants ! Mes souhaits de bonheur pour l'ensemble du peuple britannique à l'occasion de ces célébrations, et d'abord pour la première d'entre eux. "Long live the Queen !" (ou en tout cas, Elizabeth Windsor, selon les préférences) Phil Defer

 

 

 

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Modification de la présentation de l'article le 21 juin 2012. Nouvelle contribution le 31 juillet 2013.

 

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28 mai 2012

Philippe Meirieu : "L'énergie est là. Nous allons avancer."

En 1998, Alain Auffray de Libération disait de lui qu'il était "le pédagogue le plus écouté de nos gouvernants". S'il ne fait pas l'unanimité, Philippe Meirieu est en tout cas une voix qui compte aujourd'hui et depuis longtemps dans le domaine de l'éducation. Il lui a consacré toute sa vie. En tant qu'enseignant, mais également en tant qu'auteur, "théoricien" en matière de pédagogie (l'art d'éduquer). Il a occupé plusieurs positions d'influence sur les questions d'enseignement et a effectivement été consulté, écouté par plus d'un gouvernant. En 2010, conscient de la force de la politique pour faire bouger les lignes, il accepte de mener la liste d'Europe Écologie lors des régionales en Rhône-Alpes. Avec près de 18% des suffrages exprimés, il réalise un score exceptionnel comme l'ensemble de la formation au niveau national. Europe Écologie est en position favorable avant la fusion avec la liste socialiste de Jean-Jack Queyranne pour le second tour. La majorité sortante reconduite, Philippe Meirieu devient le deuxième vice-président du Conseil régional. Il est chargé de la "formation tout au long de la vie", une thématique qui lui tient évidemment à coeur.

 

En 2012, il soutient Eva Joly pour la présidentielle. Le "contrat de mandature" entre le Parti socialiste et Europe Écologie - Les Verts l'investit comme le candidat officiel de l'alliance dans la première circonscription du Rhône (Lyon), une alliance estampillée "majorité présidentielle" après l'élection de François Hollande. Les forces en présence : Michel Havard, le député U.M.P. sortant, mais également Thierry Braillard, le candidat du Parti radical de gauche. Comme d'autres ici ou là, il refuse l'accord entre E.E.-L.V. et le P.S., dont son parti est pourtant traditionnellement l'allié le plus fidèle. L'opposant à M. Havard en 2007 sera donc normalement bien candidat contre Philippe Meirieu lors du premier tour des législatives, le 10 juin prochain. Lorsque j'ai contacté M. Meirieu pour lui proposer le présent entretien, cette situation était déjà connue. Je n'ai pas souhaité consacrer d'espace à ce "duel fratricide", qui occupe déjà une grande partie de la couverture médiatique de la bataille pour cette circonscription. Un grand merci à Philippe Meirieu pour les réponses qu'il a bien voulu apporter à mes questions, et pour la gentillesse dont il a fait preuve durant nos échanges par internet. Le premier tour, dans deux semaines... Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PHILIPPE MEIRIEU

Vice-Président du Conseil régional de Rhône-Alpes (depuis 2010)
Candidat dans la 1è circonscription du Rhône

 

"L'énergie est là. Nous allons avancer."

 

(Photo fournie par M. Philippe Meirieu)

 

 

Q : 10/05/12

R : 28/05/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Le 6 mai, François Hollande est élu président de la République. Question toute bête, qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez appris la nouvelle ? Dans quel état d'esprit êtes-vous, aujourd'hui ?

 

Philippe Meirieu : J’ai été très heureux. Les derniers jours de la campagne de Nicolas Sarkozy m’avaient effrayé : il avait joué sur toutes les peurs possibles et déshonoré le débat politique. François Hollande a été non seulement digne et courageux, mais aussi rassembleur. Il a refusé toute démagogie et, même si j’estime que, dans certains domaines (comme la conversion énergétique ou la formation tout au long de la vie), il ne va pas assez loin, je dois dire qu’il force l’admiration... C’est un homme d’Etat résolument de gauche et qui permet d’espérer de vrais changements en profondeur. Je crois qu’il faut lui donner maintenant une majorité à l’Assemblée nationale et travailler inlassablement pour remettre la France sur les bons rails.

 

 

PdA : Élections européennes de 2009 : Europe Écologie réalise d'excellents scores et talonne, au niveau national, le score du Parti socialiste (16,3 contre 16,5% des suffrages exprimés).

2012... Votre candidate à l'élection présidentielle est Eva Joly, largement élue face à la star Nicolas Hulot lors de la Primaire de l'écologie. Pourtant, sa campagne ne décollera jamais vraiment, et son score sera finalement bien en deçà des espérances. (2,3% des exprimés) Mauvais choix de candidat ? Mauvaise campagne ? Mauvaise idée de participer à l'élection présidentielle ? Quel regard portez-vous sur cet échec ? Comment expliquez-vous ce score ? Ne risque-t-il pas de desservir votre cause, la cause de l'écologie, avec un "poids apparent" si faible ?

 

P.M. : Le score d’Eva Joly ne reflète en rien la force de l’électorat écologiste. Le rejet de Nicolas Sarkozy a poussé de nombreux électeurs à voter utile dès le premier tour. Et je peux les comprendre ! Quant à Eva Joly, elle a inspiré le respect et de très nombreux Français ont vu qu’elle osait poser des questions essentielles. Pendant l’entre deux tours, elle a été ovationnée chaque fois qu’elle apparaissait dans un meeting de François Hollande. Je crois que ce qu’elle a porté – les valeurs de l’écologie politique – va continuer à faire son chemin. Et je suis convaincu que les électeurs écologistes vont revenir à l’occasion des élections législatives.

 

 

PdA : Je laisse de côté la bataille que vous livre Thierry Braillard dans la première circonscription du Rhône, pour les législatives de cette année. Quel message souhaiteriez-vous adresser à ces électeurs lyonnais dont vous sollicitez les suffrages ? Pourquoi voter pour vous ? Plus généralement, pourquoi les Français doivent-ils, de votre point de vue, envoyer au Palais Bourbon un maximum de députés Europe Écologie - Les Verts ?

 

P.M. : J’ai l’honneur d’être investi, tout à la fois par le Parti socialiste et par Europe-Ecologie -  Les Verts. Je m’engage ainsi, tout d’abord, à me battre pour mettre en œuvre le contrat de mandature signé par nos deux formations... Mais je resterai un candidat écologiste, donc très attentif à la question des grands équilibres structurants : entre l’homme et la nature, entre les villes et les campagnes, entre les générations et entre les peuples. Je porterai les valeurs fondatrices de l’écologie politique : la solidarité plutôt que la concurrence, le modèle coopératif contre le modèle libéral, l’attention au long terme plutôt que la fuite en avant irresponsable, le souci des dynamiques locales et territoriales, la volonté d’une vraie décentralisation et d’un renouveau de la vie démocratique dans tout le pays à tous les niveaux. En matière d’éducation, je travaillerai à la reconstruction du service public et permettrai l’innovation pédagogique pour une vraie réussite de tous les élèves. Sur la formation qui me tient infiniment à cœur, je militerai pour une vraie “formation tout au long de la vie” qui ne bénéficie pas en priorité à ceux et celles qui ont déjà bénéficié de la formation initiale.

 

 

PdA : L'accord PS-EELV semble faire débat aujourd'hui. On ne sait plus vraiment qui il engage, et sur quels points. Vous serez sans doute, demain, si vous êtes élu député, un membre de la majorité parlementaire. Sur quels éléments vous baserez-vous pour juger, à la fin de la législature, le bilan du quinquennat ? Quels chantiers devront avoir été au moins entamés ?

 

P.M. : Cet accord est un accord de mandature entre deux formations politiques qui s’engagent à travailler ensemble dans plusieurs directions structurantes : dominer la finance et rendre le monde plus solidaire, mettre en place un nouveau mode de développement fondé sur la coopération plutôt que sur la concurrence, bâtir une République nouvelle et plus juste, restaurer les droits fondamentaux : droit à la dignité, au logement, à un environnement sain, à l’éducation et à la formation tout au long de la vie, à un emploi. L’égalité des droits doit remplacer la soi disant “égalité des chances” qui exonère la société de lutter contre les inégalités structurelles et pérennes au nom de la “chance” qu’elle donne à quelques “exclus” de s’en sortir ! Ce qu’il faudra avoir absolument entamé de mon point de vue : c’est la transition énergétique (engager la sortie du nucléaire, mettre en place une politique d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables), la restructuration du service public de l’éducation et de la formation tout au long de la vie (avec une vraie politique pour donner, enfin, plus et mieux à ceux et celles qui ont moins), une réforme fiscale (qui taxe autant le capital que le travail, qui fasse payer les pollueurs...) et une réforme institutionnelle qui limite drastiquement les cumuls qui sont une plaie pour la République.

 

 

PdA : Vous avez été enseignant, chercheur. Vous avez occupé de nombreuses fonctions importantes en matière d'éducation, de formation, et avez beaucoup écrit à ce sujet. Vous êtes une voix qui porte sur ces questions. Quel bilan tirez-vous de ce qui a été fait depuis dix ans au niveau de l’État ? De la région Rhône-Alpes, pour prendre un exemple local que vous connaissez bien (en tant que vice-président en charge de la formation tout au long de la vie) ?

 

P.M. : Nous avons travaillé depuis dix ans en résistance et, souvent même, en affrontement avec un système qui ne croyait plus dans les hommes et les femmes de ce pays, qui sacrifiait sa jeunesse et plaçait la “théorie du marché” au centre de tout. Très concrètement, à la Région, j’ai voulu mettre en place des formations en direction des jeunes les plus éloignés de l’emploi (il y a 97 000 jeunes dans notre Région sans formation ni emploi, soit plus d’un sur dix). Et j’ai dû faire des acrobaties incroyables pour pouvoir intégrer un volet social dans ces formations. En réalité, tout le système pousse à sélectionner les personnes les plus adaptées et qui ne vont pas créer de problème plutôt que de prendre les gens qui en ont véritablement le plus besoin. C’est la conséquence de la pitoyable politique du “pilotage par les résultats” qu’on voit partout, y compris dans les établissements scolaires et les universités : on choisit les meilleurs pour avoir de bons résultats et plus de financement ! Il faut changer tout cela en profondeur, avec une loi d’orientation radicalement nouvelle sur l’éducation et une autre sur la formation tout au long de la vie...

 

 

PdA : François Hollande a lui clairement fait de la jeunesse, de l'éducation, sa priorité numéro 1. Son projet va-t-il dans le bon sens ? Quelles seraient pour vous, dans l'idéal (si vous aviez une majorité "acquise à vos idées"), les réformes à entreprendre ?

 

P.M. : Outre un changement radical de la politique scolaire (qui relance les aides en faveur des zones d’éducation prioritaire, remette en place une vraie formation initiale et continue des professeurs, favorise l’innovation pédagogique au service de la réussite de toutes et tous), je voudrais qu’on établisse une “allocation de formation” pour tous les jeunes de 16 à 25 ans qui fassent converger les statuts d’étudiants, d’apprentis, de stagiaire de la formation continue, du service civique avec les bourses. Une allocation avec une part fixe et une part qui varierait en fonctions de la situation sociale. Aujourd’hui, les jeunes de 17 ans que la Région accueillent en formation touchent une “rémunération” de 130 euros par mois ! Qui peut vivre avec cela ?

 

 

PdA : Qu'est-ce qui, dans notre pays, dans notre monde, vous interpelle, vous révolte aujourd'hui ? Une cause sur laquelle vous souhaiteriez peut-être attirer notre attention à l'occasion de cette interview ?

 

P.M. : Je suis très sensible à la question des droits de l’enfant sur laquelle j’ai écrit un livre (Lettre aux grandes personnes sur les enfants d’aujourd’hui, aux éditions Rue du Monde). Aujourd’hui, chaque jour, en moyenne, plus de 260 000 enfants meurent dans le monde de décès qui, pour la plupart, auraient pu être évités. Près de deux milliards d’enfants subsistent, tant bien que mal, avec moins de 30 euros par mois. Plus de cent millions vivent dans la rue. Quatre cent millions sont exploités au travail, le plus souvent dans des conditions indignes. La prostitution infantile se développe impunément dans plusieurs pays. En Afrique, plus de cent quatre-vingt millions d’enfants n’ont pas accès à la moindre forme de scolarisation, et ce chiffre est en constante augmentation ! Enfants soldats, enfants esclaves, enfants otages, enfants abandonnés, enfants anémiés et maltraités, enfants victimes des épidémies et des mines antipersonnel… la liste est longue de nos malfaisances. Régulièrement, les organisations internationales en font le terrible constat et appellent à un sursaut : « La survie des enfants doit être au centre des efforts nationaux et internationaux visant à faire progresser l’humanité », affirme l’UNICEF dans son rapport sur La situation de l’enfant dans le monde en 2008. En vain, semble-t-il. Notre espèce continue à s’apitoyer devant les visages émaciés, les membres amputés et les petits cercueils alignés, sans, pour autant, trouver là la moindre raison pour interrompre ses affaires, mettre un terme à ses folies guerrières et à ses emportements mortifères. Tout juste consent-on à quelques oboles de temps en temps ! C’est quelque chose qui me révolte profondément !

 

 

PdA : Dernière question qui n'en est pas une... Une tribune libre pour vous permettre de conclure cet entretien comme il vous plaira. En abordant un sujet totalement ignoré jusqu'ici, en allant un peu plus loin sur un thème... C'est à vous !

 

P.M. : Je ne peux pas conclure sur autre chose que le sujet qui oriente aujourd’hui tout mon combat : les rapports de l’éducation et de l’écologie. Je crois donc que l’éducation est, tout à la fois, une manière de redonner du sens à nos existences et de changer le monde. Je crois qu’elle peut faire exister une promesse nouvelle : celle d’un partage qui ne soit pas pillage et d’une société enfin apaisée, capable de penser son avenir. Je le crois d’autant plus que j’observe, ici et là, l’émergence d’une foule d’initiatives éducatives, à l’école et sur les territoires, dans les quartiers et les médias, dans le tissu associatif et culturel, au carrefour des générations. Certes, les choses partent un peu dans tous les sens et pèchent souvent par naïveté. Mais l’énergie est là. Et nous allons avancer. Je vais tout faire pour cela en tant que député de la première circonscription du Rhône.

 

 

 

Nouvelle séquence : "L'invité en images"


L'invité choisit une ou plusieurs photos et nous les raconte...

 

 

https://storage.canalblog.com/67/29/871067/76131174.png

 

"Une photo prise Place Bellecour à l’automne 2010 où l’on me voit m’interposer entre les forces de l’ordre et les jeunes : j’explique aux jeunes qu’il ne faut pas céder à la provocation et tente de leur faire comprendre les enjeux politiques du moment..."

 

 

 

https://storage.canalblog.com/00/47/871067/76131176.png

 

"Une photo prise par moi-même et que j’aime bien : une rencontre étrange, dans une ancienne centrale thermique, entre une statue grecque et une machine électrique, rencontre entre le passé et le présent, rencontre que j’aime bien car ce sont toujours des rencontres imprévues entre qui naissent l’invention, la nouveauté, l’imagination..."

 

 

 

Merci encore à Monsieur Meirieu pour sa sympathie et sa générosité à mon égard ! Bon courage à lui, ainsi qu'à tous les candidats aux législatives de ce mois de juin ! Phil Defer

 

 

 

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Modification de la présentation de l'article le 21 juin 2012

 

Times New Roman > Georgia : 01/10/12

17 mai 2012

Grigori Michel : "Il faut porter un langage de vérité"

Le Président de la République François Hollande a nommé le 15 mai son Premier ministre, M. Jean-Marc Ayrault. La liste des membres du gouvernement (dont Najat Vallaud-Belkacem, qui avait répondu à mes questions à l'automne dernier) et a été rendue publique hier, le 16. Mais l'exécutif, bien loin de se reposer sur les lauriers de sa victoire, va devoir dès maintenant mener une nouvelle bataille décisive : celles des législatives. Et pour cause : sans majorité à l'Assemblée nationale, le président disposerait de marges de manoeuvre très réduites pour mettre en application les différentes mesures de son agenda. Une droite unie majoritaire en sièges ferait voler en éclat ce gouvernement. La gauche souhaite amplifier la "vague rose" du 6 mai. La droite appelle les Français à ne pas "donner tous les pouvoirs" au Parti socialiste, et se prend à rêver à une nouvelle cohabitation. La chambre basse sera renouvelée les 10 et 17 juin. J'ai décidé de donner la parole à cette occasion à quelques candidats. Le premier s'appelle Grigori Michel, il souhaite remporter le siège de la 6ème circonscription de la Haute-Garonne. Il est soutenu notamment par le Nouveau Centre (voir : l'interview d'André Santini en février). Il a 21 ans. Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

GRIGORI MICHEL

Candidat dans la 6ème circonscription de la Haute-Garonne
 

"Il faut porter un langage de vérité"

 

Grigori Michel

(Photo fournie par M. Grigori Michel)

 

 

Q : 14/05/12

R : 17/05/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous, Grigori Michel, vous présenter ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ?

 

Grigori Michel : Tout d’abord, j’ai 21 ans. Je suis actuellement en train de finir des études en master comptabilité et contrôle de gestion. Ensuite, je suis le président d’une association d’étudiants.

 

Dans le cadre de mon engagement associatif, j’ai été élu au conseil d’administration de l’IAE (Institut d’Administration des Entreprises).

 

 

PdA : Quel est le cheminement personnel qui vous a conduit à vous engager en politique et être aujourd'hui candidat à un siège à l'Assemblée Nationale ?

 

G.M. : Ma volonté de m’investir pour notre société, pour les générations à venir, guident mon engagement en politique. Ma génération n’a pas connu les Trente Glorieuses, nous n’avons pas connu non plus le plein emploi.

 

Il est temps pour nous de nous battre pour que la jeunesse et les générations à venir soient prises en considération. Je pense et je suis convaincu que cette bataille doit passer par un engagement citoyen tel que la politique et l’associatif.

 

 

PdA : Quelques mots sur la circonscription que vous souhaitez représenter pendant cinq ans ?

 

G.M. : Je me présente sur une circonscription rurale, agricole et péri-urbaine. Les attentes ne sont pas les mêmes en fonction de la zone habitée. Toutefois, je suis heureux de pouvoir trouver des points de convergence entre les uns et les autres.

 

 

PdA : Quelles sont les personnalités, célèbres ou non, vivantes ou non, françaises ou non, qui vous poussent, vous inspirent ? Qui constituent, en quelque sorte, "votre" Panthéon des grands hommes... et des grandes femmes ? Pourquoi ?

 

G.M. : Tout d’abord, je pense à Valéry Giscard D’Estaing qui a été le plus jeune président de la République française. Il a été aussi un grand réformateur.

 

Ensuite, je pense à Hervé Morin qui m’inspire au quotidien dans mon approche de la politique.

 

Je pense également à Barack Obama qui a eu le courage d’engager des réformes nécessaires pour son pays mais difficiles.

 

 

PdA : François Hollande vient d'être élu président de la République. Comment avez-vous vécu cette présidentielle ? Des réformes institutionnelles, notamment, touchant à l'organisation du pouvoir, vous paraissent-elles souhaitables ?

 

G.M. : François Hollande a été élu avec une importante participation des Français à ce scrutin. Toutefois, je ne crois pas en un vote d’adhésion au programme du candidat socialiste mais plutôt à un vote contre le président sortant.

 

De plus, je fais le constat que le paysage politique s’appauvrit face à ce bipartisme. Je pense qu’il est nécessaire de réintroduire une part de proportionnelle aux élections législatives afin que l’ensemble des sensibilités politiques puissent s’exprimer à l’Assemblée nationale. Il n’est pas normal que, dans une démocratie comme la nôtre, des citoyens ne soient pas représentés.

 

 

PdA : Comment concevriez-vous votre charge de député si vous étiez élu ? Sur quels critères devrions-nous, dans cinq ans, vous juger ?

 

G.M. : Tous les jours, je suis à la rencontre des citoyens en organisant des réunions publiques et en faisant du porte à porte. Tous les jours, je les écoute. Les Françaises et les Français ont besoin de s’exprimer.

 

Ils ont également besoin de réponses. C’est le devoir et la responsabilité des élus et des candidats d’aller à leur rencontre. Il est fini le temps où les politiques ergotaient entre eux derrières des bureaux. Je pense que l’on doit être évalué sur sa capacité à représenter les Françaises et les Français, par la présence à l’Assemblée nationale lors des débats et des commissions, et par la façon d’organiser la vie citoyenne sur sa circonscription notamment en sensibilisant les électeurs sur les lois votées et les rapports de commissions.

 

 

PdA : Finalement, pourquoi les électeurs de votre circonscription devraient-ils voter pour vous ?

 

G.M. : Les Françaises et les Français ont besoin de personnes qui incarnent une nouvelle façon de faire la politique. Il s’agit tout d’abord d’être proche des citoyens, sympathisants ou non. Ensuite, il faut porter un langage de vérité. La démagogie nuit à la politique et à l’institution républicaine. Je m’engage dans ce sens. De plus, ils ont besoin de changement. Ce changement s’exprime par la jeunesse.

 

 

 

Merci à Grigori Michel pour les réponses qu'il a accepté de me faire parvenir très rapidement. Bon courage, beau parcours ! Phil Defer

 

 

 

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Modification de la présentation de l'article le 21 juin 2012

 

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4 mai 2012

Michel Dinet : "Ce quinquennat aura fragilisé comme jamais les fondements mêmes de notre République"

En 2008, j'étais encore étudiant à l'université Lyon 2. En Master 2 Action économique et coopération des collectivités territoriales en Europe, une formation très enrichissante. Je profite de l'occasion pour rendre hommage à cette université de qualité, à ses enseignants surtout. Ils m'ont beaucoup appris, et j'en garde pour l'essentiel un très bon souvenir. J'ai la joie et le privilège d'être toujours en contact avec certains d'entre eux. Dans le cadre de cette formation, donc, il y avait notamment un cours d'introduction aux coopérations transfrontalières impliquant des collectivités territoriales françaises et des acteurs étrangers. Chaque étudiant devait traiter une frontière en particulier. J'avais été chargé de traiter le Luxembourg. Dans ce cadre, parallèlement à mes recherches, j'avais eu envie de compléter mon travail en utilisant les mêmes méthodes que celles qui avaient été les miennes depuis 2003 pour garnir mon webzine, mon forum puis, plus tard, ce blog. Essayer de contacter par internet une personnalité que je ne connais pas personnellement pour lui demander si elle accepterait de me livrer un témoignage, de répondre à mes questions.

 

Monsieur Michel Dinet, président socialiste du Conseil général de Meurthe-et-Moselle (code : 54, région : Lorraine, préfecture : Nancy) avait accepté de me répondre, avec une grande implication, une grande générosité. Il avait longuement évoqué pour moi les relations « déséquilibrées, difficiles à organiser et nécessaires » entre la Lorraine et le Luxembourg, l'interdépendance de ces territoires, les grands projets en cours et l'importance d'une redéfinition des rôles des acteurs français. Je publierai certainement, prochainement, cet entretien sur le blog, car il était très instructif. Quelques années plus tard, j'ai souhaité lui proposer un nouvel échange, pour Paroles d'Actu, cette fois. L'acceptation a été immédiate, la bienveillance inchangée. Un grand merci à Monsieur Dinet ainsi qu'à ses équipes. Nous sommes entre les deux tours de la présidentielle de 2012... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil DeferEXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICHEL DINET

Président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle (depuis 1998).
Premier vice-président de l'Assemblée des Départements de France (depuis 2008).

 

« Ce quinquennat aura fragilisé comme jamais les fondements mêmes de notre République »

 

(Photo : L'Express.)

 

Q. : 26/04/12 ; R. : 04/05/12

 

Paroles d'Actu : Quel bilan faites-vous du quinquennat de Nicolas Sarkozy ? Je pense notamment à une thématique qui touche particulièrement votre région, la Lorraine, à savoir : l'industrie ?

 

Michel Dinet : Le bilan du candidat sortant est lourd. Sur deux thèmes aussi majeurs que l’emploi ou les finances publiques, les échecs sont, hélas, retentissants.

 

Sur le front de l’emploi :

En cinq ans, le pays compte un million de chômeurs en plus, touchant désormais 10% de la population active. La Lorraine n’aura pas été épargnée, puisque l’emploi industriel a fortement reculé au cours de ce quinquennat, avec la perte de près de 20 000 postes. Sur les dix dernières années, 45 000 emplois industriels ont été détruits dans notre région. Sur ce point, la politique du candidat sortant aura été celle du renoncement, symbolisé par la plaque des promesses non tenues du président, installée par les salariés d’ArcelorMittal à Gandrange.

 

Sur la question des finances publiques :

Entre 2007 et 2010, la dette est passée de 64,2% à 82,3% du PIB. En 2012, après dix ans de gestion par le parti au pouvoir, le niveau de la dette atteint un record historique : la dette atteindra 1 800 milliards d'euros, deux fois plus qu'en juin 2002 (900 milliards).

 

En plus de l’échec des politiques menées depuis cinq ans, ce que je reproche avec force au président sortant est le soin porté au cours de ces années à susciter les clivages et les divisions, à désigner des boucs émissaires, à détricoter ce qui fait solidarité et lien entre nous. Ce quinquennat aura fragilisé comme jamais les fondements mêmes de notre République. La fin de la campagne ne fait que confirmer ce malaise lorsque, sous prétexte de parler aux électeurs, du Front national, le candidat sortant en légitime les thèses.

 

PdA : Dans notre système administratif, les départements sont en première ligne en matière d'interventions à caractère social. En tant que président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, en tant qu'élu local, en tant que simple citoyen, comment vivez-vous la crise que nous traversons actuellement ? Quels sont ces "signes qui ne trompent pas" ?

 

M.D. : Vous faites bien de préciser que les départements sont en première ligne lorsque la situation économique et sociale se dégrade. C’est le cas depuis le début de cette crise en 2008, hier financière et, désormais, économique et sociale.

 

Les signes en effet ne trompent pas. La demande sociale est en forte augmentation. Le poids des trois allocations individuelles de solidarité ne cesse de progresser depuis le transfert de l’APA (allocation personnalisée d'autonomie, ndlr), du RSA (revenu de solidarité active, ndlr) et de la PCH (prestation de compensation du handicap, ndlr) vers les départements. Entre les recettes assurées par l’État (au moment du transfert) et la réalité des dépenses engagées par le département (dépenses obligatoires fixées par la loi), le décalage, à ce jour, est de 245 millions d’euros, à la charge du département - l’équivalent du tiers d’un budget annuel pour notre collectivité.

 

D’autres dispositifs, que nous pouvons qualifier de « témoins », sont depuis longtemps passés au rouge. Il s’agit de dispositif comme les aides d’urgence, en forte augmentation, les demandes d’intervention du Fonds de Solidarité Logement, avec une recrudescence des impayés de loyers ou d’énergie, une augmentation forte de bénéficiaires du RSA, mais aussi un accroissement de placements d’enfants mineurs. Nous oublions trop souvent que les premières victimes d’une crise sont les enfants. L’accroissement du nombre d’enfants placés témoigne ainsi des difficultés de nombre de parents et de familles fragilisés. Ces situations dramatiques sont le lot quotidien de nos travailleurs sociaux. Le poids des allocations individuelles de solidarité progresse aussi fortement...

 

En tant qu’élu local, ma responsabilité est de tout mettre en œuvre pour répondre aux besoins de nos concitoyens en difficulté. En tant que citoyen, je suis révulsé par cette dérive verbale faisant des chômeurs, des pauvres ou des immigrés les responsables de nos difficultés.

 

PdA : Le 22 avril, Marine Le Pen a réalisé un score historique pour le Front national : 6,4 millions d'électeurs. En Lorraine, elle dépasse nettement sa moyenne nationale, à quasiment un quart des suffrages exprimés. De par votre expérience sur le terrain, de par le dialogue que vous pouvez avoir avec vos administrés, comment expliquez-vous un tel score ? Vous inquiète-t-il ? Quelles peuvent être les solutions, d'après vous, pour faire baisser l'extrême-droite en France ?

 

M.D. : Je ne veux pas stigmatiser ceux qui ont choisi Marine Le Pen au premier tour. Il y a ceux qui sont sensibles aux thèses xénophobes et égoïstes. Il faut absolument combattre leurs idées. Il y a ceux qui sont en désarroi total. Après ce quinquennat, force est de constater qu’ils sont plus nombreux... Il faut les écouter, les entendre et parler avec eux, sans être démagogue. Il faut répondre au sentiment d’abandon et de déclassement qu’ils expriment.

 

Plus fondamentalement, il est impératif d'établir des liens étroits et plus dynamiques entre la politique nationale et les citoyens, pour que ceux-ci aient une compréhension du pouvoir national et de son lien avec leur quotidien. Dans une République décentralisée, cela passe par plus d'harmonie et de cohérence entre les politiques nationales et les politiques locales, entre État et collectivités locales. Le gouvernement actuel a fait l'inverse : haro contre les collectivités locales, les compétences locales, la fiscalité locale, etc…

 

Une République rassemblée, un État respecté parce que respectable (faut-il redire combien le vocabulaire même du président sortant a abîmé cette respectabilité...), des collectivités à qui l’État fait confiance, des citoyens écoutés et auxquels il est proposé de s'engager au service du bien commun... c'est la seule manière, à la fois, de répondre au désarroi qu'expriment les gens qui votent Front national, et de retrouver la sérénité dont notre République a besoin.

 

PdA : Cette élection présidentielle et ses résultats sont l'occasion de nous poser un certain nombre de questions sur l'état de notre société. Quels sont aujourd'hui, pour vous, les problèmes majeurs auxquels est confronté notre pays ? Comment y remédier ?

 

M.D. : Nous connaissons globalement les principaux problèmes auxquels notre pays est confronté. Les solutions préconisées par la gauche sont différentes de celle de la droite et, a fortiori, très éloignées de celles de l’extrême droite. Ceci dit, le candidat que je soutiens (François Hollande, ndlr) a placé au cœur de cette campagne présidentielle trois axes majeurs.

 

Le premier concerne la jeunesse. En permettant à la nouvelle génération de vivre mieux que la précédente, nous remettons au cœur de cette campagne l’idée de progrès. En d’autres termes, il s’agit de redonner confiance en l’avenir, en permettant à chacun de se projeter non pas dans un futur incertain mais dans un futur plus serein. Après ces cinq années passées, nous avons besoin d’apaisement et de sérénité pour « retricoter » tout ce qui a été abîmé, brutalisé. Ce premier axe touchera autant l’éducation nationale que les politiques de l’emploi.

 

Le second élément relève de la justice fiscale. Nos concitoyens sont prêts à faire des efforts pour peu qu’ils soient partagés et justes. La question fiscale est au cœur de la citoyenneté. Chacun doit ainsi pouvoir contribuer à la chose publique à la hauteur de sa capacité contributive. Cette réforme est donc impérative pour mettre fin à une inégalité fiscale devenue insupportable pour la majorité de nos concitoyens, qui ne peuvent échapper à l’impôt par divers dispositifs « d’optimisation fiscale » utilisés par les fortunés.

 

Le troisième axe touche à l’emploi. Avec plus d’un million de chômeurs supplémentaires, le pays souffre d’un chômage structurel qui n’est pas une fatalité. Il y a urgence à soutenir l’activité en réorientant une part importante des exonérations octroyées sans que les résultats soient au rendez-vous (heures supplémentaires défiscalisées devenues un frein à l’embauche, allégement de la TVA dans la restauration sans création d’emplois, etc...). Nous savons qu’une partie des solutions se décideront aussi au niveau européen. En indiquant qu’il renégocierait le traité européen avec la volonté d’y inclure une clause de croissance, François Hollande fait bouger les lignes des principaux acteurs européens.

 

PdA : "Retour" à l'économie... La crise de la sidérurgie ne cesse de faire partie intégrante de la vie de votre région, entraînant souffrances sociales et déséquilibres économiques. Quelle est la situation aujourd'hui ? Y'a-t-il de nouveaux grands projets en cours ? Quelles sont, à vos yeux, les clés pour recréer du dynamisme, produire à nouveau de la richesse, y compris industrielle, sur nos territoires ?

 

M.D. : La situation économique de la Lorraine reste particulièrement fragile. Je l’ai dit précédemment, l’emploi industriel a souffert, mais d’autres secteurs ont été touchés. Dans l’éducation nationale, par exemple, l’académie de Nancy-Metz a été la plus touchée de France, avec la suppression de 841 postes (dont 822 d’enseignants) en 2011. À cela s’ajoutent aussi les restructurations militaires opérées à partir de 2008 et ayant entraîné la perte de plusieurs milliers d’emplois, mettant à mal l’économie locale de proximité.

 

Malgré ces chocs, la Lorraine continue à posséder d’indéniables atouts. C’est tout le sens du travail que j’ai engagé, à la demande du président Masseret, au sein du Conseil Régional, à travers Lorraine 2020. Cette démarche a pour ambition de fixer un cap à atteindre pour la Lorraine, en s’appuyant sur ses atouts tout en essayant de traiter ses faiblesses. Plutôt que d’essayer de résumer imparfaitement tout le travail que nous avons engagé dans le cadre de Lorraine 2020 pour créer les conditions d’un autre développement pour demain, je vous invite à prendre connaissance de deux documents importants : les actes du séminaire de novembre 2011 et le programme d’actions qui en découle (en pièce jointe).

 

(M. Dinet m'a transmis deux documents, ne pouvant les joindre à ce texte, je vous propose le lien du site de la région traitant de Lorraine 2020, ndlr)

 

PdA : Pourquoi est-il souhaitable, à vos yeux, que François Hollande soit élu président de la République le 6 mai prochain ? Quel message souhaiteriez-vous adresser à nos lecteurs pour les en convaincre ?

 

M.D. : Nous avons le besoin impératif d’une action publique redevenue sereine et attentionnée à chacun de ses citoyens et de ses territoires. Plus que jamais, notre beau pays de France, a besoin de fonder sa solidité sur trois piliers :

 

- celui d’un État respecté parce que respectable ; 

- celui des collectivités locales, mobilisées dans la diversité des territoires et considérées à nouveau comme acteurs du redressement de notre pays ;

- un troisième pilier dont on ne parle pas assez, celui de l’initiative et de l’engagement des citoyens, rassemblés pour que la solidarité d’engagement fasse écho à une solidarité de droit.

 

 

Je tiens à remercier de nouveau Monsieur Michel Dinet, ainsi que ses collaborateurs, pour ces réponses qui ont été rédigées et m'ont été transmises très rapidement, ce qui est d'autant plus remarquable que la période est politiquement intense... Merci pour tout ! Une réaction ? Un commentaire ? Nicolas alias Phil Defer

 

 

Times New Roman > Georgia : 30/09/12. Présentation remaniée : 30/03/14.

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