À moins d'une semaine du premier tour des élections législatives, la parole à un nouveau candidat. Arnaud Dussud n'a pas encore dix-neuf ans, mais il sait ce qu'il veut. Il a des convictions très fortes et portera ses idées sous la bannière d'Europe Écologie Les Verts. Avant d'être élu député de la cinquième circonscription du Val-de-Marne, il lui faudra convaincre les électeurs de Bry, de Champigny, du Perreux, de Nogent... Alors, qui est-il ? Quel est son projet pour la France ? Quel représentant serait-il à l'Assemblée ? Il a accepté de répondre à mes questions. Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer. EXCLU
ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU
ARNAUD DUSSUD
Candidat dans la 5è circonscription du Val-de-Marne
"Agir pour un changement clair et fort"
(Photo fournie par M. Arnaud Dussud)
Q : 14/05/12
R : 04/06/12
Paroles d'Actu : Pourriez-vous, Arnaud Dussud, vous présenter ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ?
Arnaud Dussud : Je suis né en 1993 à Nogent-sur-Marne, et depuis je vis au Perreux. J'ai effectué dans ces deux villes mes études primaires et je suis aujourd'hui en licence de Lettres à l'université Paris Sorbonne. J'ai rejoint les jeunes Verts à 15 ans et je suis depuis militant du parti EELV.
Durant ces premières années de militantisme, j'ai aussi rejoint des associations locales environnementales, soutenu Act Up Paris dans ces combats contre l'homophobie, et ai rejoint l'Association Végétarienne de France.
Aujourd'hui j'ai la vie "classique" d'un étudiant-salarié, partageant son temps entre ces deux casquettes, à laquelle je dois maintenant ajouter le candidat. J'espère pouvoir réveiller les citoyens sur les difficultés et surtout la précarité des jeunes, salariés, étudiants dans les universités ou dans le monde professionnel.
Je souhaite aussi montrer à quel point l'écologie politique est un chemin nécessaire pour opérer la transformation de notre société. À laquelle, je crois, de plus en plus de Français aspirent. Je parle de plus de solidarité, de dignité, d'égalité des droits, je parle de changer de modèle économique et social. Je parle aussi de ces crises qui se multiplient. Doit-on les citer ? Crise financière, oui, mais sociale, démocratique, environnementale, climatique. Je veux montrer aux citoyens du Val-de-Marne que ces crises ne se produisent pas en même temps sans avoir de rapport entre elles. C'est notre modèle qui s'épuise.
PdA : Quel est le cheminement personnel qui vous a conduit à vous engager en politique et être aujourd'hui candidat à un siège à l'Assemblée Nationale ?
A.D. : L'indignation tout d'abord. Sociale, contre les discriminations, face à la précarité. Mais c'est aussi ma vision de la nature, de l'environnement, que je vois toujours plus dégradé. Je me demande pourquoi les personnels politiques classiques ne veulent pas agir. Je crois hélas que le pouvoir des lobbys, que la suffisance intellectuelle des formations traditionnelles, de gauche comme de droite ou du centre, ont eu raison des plus intègres et engagés d'entre eux. Au fond, mon espoir principal est de voir une assemblée à l'image de la société, de ses couleurs et de ses âges, de ses genres et de ses orientations sexuelles, de ses idées et de ses valeurs. La république que notre histoire nous lègue est plus que jamais abîmée. Les dérives sécuritaires, néo-conservatrices et aujourd'hui clairement nationalistes mènent la France dans le vide. Nous ne pouvons plus rester entre nous, à nous résigner ou nous indigner, mais bel et bien agir pour un changement clair et fort. C'est l'écologie politique. Et c'est le rôle que je me confère durant cette courte mais intense campagne.
PdA : Quelques mots sur la circonscription que vous souhaitez représenter pendant cinq ans ?
A.D. : C'est une circonscription typique de la banlieue parisienne : partagée entre quartiers bourgeois pavillonnaires aux moyennes d'âges élevées, et quartiers défavorisés, où la République s'est désengagée. Je veux la représenter dans cette diversité, je veux créer des ponts entre les communautés d'individus qui ne se retrouvent plus qu'entre eux. Cette circonscription n'a pas de viviers d'emplois locaux, elle a pourtant un potentiel fort : les énergies renouvelables (principalement la biomasse mais aussi le solaire grâce aux nombreux pavillons), transports collectifs et fluviaux, bâtiments et urbanisme… Un groupe de députés écologistes agira dans ce sens, pour créer ici et maintenant l'économie de demain. On ne trouve par ailleurs que trop peu de lieux de culture. La proximité avec la capitale joue beaucoup dans cette problématique : je defendrai de toutes mes forces une culture et un art pour tous, de proximité, aux petits budgets répartis sur tous les territoires. La proposition principale étant les fabriques de la culture, que les écologistes défendent depuis des années.
PdA : Quelles sont les personnalités, célèbres ou non, vivantes ou non, françaises ou non, qui vous poussent, vous inspirent ? Qui constituent, en quelque sorte, "votre" Panthéon des grands hommes... et des grandes femmes ? Pourquoi ?
A.D. : Je ne crois pas en la personnalisation. Cependant quelques grandes figures inspirent mon parcours : Nehru, Mendes France, Harvey Milk, René Dumont…
Ce sont pour moi des combattants de la pensée, ceux qui refusent l'ordre établi et démontrent que d'autres voies existent quand on refuse la suffisance et l'immobilisme.
Je suis proche des idées défendus par les existentialistes, et en premier lieu évidemment Sartre, et bien sûr de tous les penseurs de l'écologie comme Illich ou Gorz.
PdA : Quel diagnostic établissez-vous de l'état de notre pays aujourd'hui ?
A.D. : Il va mal car la tendance principale de nos gouvernements passés fut de se replier. Je crois profondément dans le rêve européen, le dépassement des petits cercles nationaux pour s'unir dans nos diversités culturelles, linguistiques, politiques.
Notre économie semble bloquer entre les grandes entreprises d'État qui se trompent de chemin (la SNCF qui investit tous ses moyens dans les lignes à grandes vitesses quand 90% de ses usagers empruntent Corail ou RER, les choix catastrophiques d'EDF quand à l'énergie nucléaire...) et les grands lobbys privés du pétrole ou de l'armement.
PdA : François Hollande vient d'être élu président de la République. Comment avez-vous vécu cette présidentielle ? Des réformes institutionnelles, notamment, touchant à l'organisation du pouvoir, vous paraissent-elles souhaitables ?
A.D. : C'est un bonheur que la droite extrême soit battue. J'ai confiance en sa conception de l'État pour ne plus humilier la république et ses valeurs comme le sortant a pu le faire. Je suis, comme tous les écologistes, favorable à une VIème république sociale, écologique, aux scrutins proportionnels et paritaires, sans personnalisation du pouvoir. Je ne veux pas que la presse people ait le rôle politique qu'elle a pu se donner durant ces dix dernières années.
PdA : Comment concevriez-vous votre charge de député si vous étiez élu ? Sur quels critères devrions-nous, dans cinq ans, vous juger ?
A.D. : À mon action en tant que parlementaire : les propositions de loi, les questions aux gouvernements, mon travail dans les commissions. Mais aussi à mon engagement sur le terrain : être proche des citoyens pour continuer de leur ressembler. À 18 ans à l'Assemblée nationale, je pense pouvoir étonner plus d'un de mes collègues.
PdA : Finalement, pourquoi les électeurs de votre circonscription devraient-ils voter pour vous ?
A.D. : Pour l'écologie. C'est à dire l'économie de demain, un avenir soutenable pour les générations futures : qu'elles puissent se chauffer, se nourrir, vivre tout simplement. Et cela toujours mieux que les générations précédentes, c'est là le sens du progrès. Mais aussi pour mon engagement de terrain, auprès des associations de lutte contre les discriminations par exemple. Je crois pouvoir être le visage du changement auquel les citoyens ont confié leur vote le 6 mai dernier, lors de ces élections législatives.
Merci à Arnaud Dussud, bon courage pour ce scrutin et pour la suite ! Phil Defer
Merci
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