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Paroles d'Actu
29 novembre 2012

Frédéric Gal : "Certains jeunes viennent de très, très loin..."

   Un sondage BVA publié au début du mois de novembre semble indiquer qu'une large majorité de Français (58%) est favorable au mariage dit "pour tous". Si cette question, comme celle de l'adoption par des couples du même sexe, fait toujours l'objet de nombreux débats, peut-on dire, en revanche, que les homosexuels sont aujourd'hui acceptés, respectés pour ce qu'ils sont, des garçons, des filles comme les autres, ayant les mêmes aspirations que les autres ? D'incontestables progrès ont été réalisés en matière de perception publique. Il n'est guère plus que quelques excités, pourtant bien trop nombreux encore, pour s'adonner à quelque intolérance visant, blessant des individus pour une orientation sexuelle qu'ils n'ont pas choisie.

   Comme pour le racisme, de la bêtise pure, devant être traitée comme il se doit : avec mépris, indifférence si possible, si la personne en a la force. Mais il est un cadre au sein duquel rien de tout cela n'est évident. Celui de la famille, de l'amour inconditionnel. Celui des espoirs en l'avenir, en ces enfants qui offriront des petits-enfants à leurs parents aimants. Un jeune garçon, une jeune fille découvrant que les « ravages de la passion » s'orientent, en ce qui le (la) concerne, vers un amour différent de la norme, devra faire preuve d'un courage inouï. Pour s'accepter tel qu'il (elle) est. Pour l'annoncer aux siens, tel un aveu pour une faute terrible qu'il (elle) n'a jamais commise. Coupable d'aimer...

   Les réactions sont parfois brutales, non l'expression d'une bête homophobie de troupeau, mais celle d'un amour blessé, de projets, de rêves qui s'effondrent. Celle d'une inquiétude pour la vie, plus difficile, qui attendra désormais l'enfant. Dans certains cas, la situation devient ingérable, le cocon se brise, c'est la rupture... Rencontre avec Monsieur Frédéric Gal, directeur général de l'association Le Refuge. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FRÉDÉRIC GAL

« Certains jeunes viennent de très, très loin... »

 

Frédéric Gal

(Photo fournie par Frédéric Gal)

 

Q. : 19/08/12 ; R. : 25/11/12

 

Paroles d'Actu : Pouvez-vous, Frédéric Gal, vous présenter en quelques mots ?

 

Frédéric Gal : J'ai 28 ans, et je suis le directeur général de l’association Le Refuge.

 

Côté scolaire, j'ai un diplôme en Histoire, et un diplôme en Administration publique, avec une petite incursion par la criminologie.

 

Je m'occupe du Refuge depuis maintenant cinq ans. Je suis à la fois délégué régional de Montpellier / Languedoc-Roussillon et je m'occupe de la coordination générale des cinq délégations existantes : Montpellier, Paris, Marseille, Lyon et Toulouse.

 

Paroles d'Actu : Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager pour la cause que défend le Refuge ?

 

Frédéric Gal : Je suis arrivé au Refuge il y a cinq ans, car j'ai tout d'abord connu son président, Nicolas Noguier. Ce qui m'a le plus touché dans cette structure est le côté familial. À la fois havre de paix où chacun peut vivre, et doit vivre, dans le respect de l'autre. De même, les fonctions d'encadrant, et donc éducatives, m'ont aussi intéressé. C'est une aventure humaine passionnante et l'on en apprend autant sur soi que sur la nature humaine, tant sur ses bons que ses mauvais côtés.

 

Paroles d'Actu : Que représente le Refuge aujourd'hui ? Où est-il présent, et quelles sont les actions qu'il mène au quotidien ?

 

Frédéric Gal : Le Refuge représente un havre de paix pour tous les jeunes victimes d'homophobie. Il est présent à Montpellier, Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, avec des antennes à Narbonne, Nîmes, Lille et Saint-Denis de la Réunion.

 

Au quotidien, nous fournissons un hébergement, un soutien social et psychologique, un accompagnement à l'entrée dans la vie active, une sensibilisation aux risques de santé tels que le VIH et les autres IST (infections sexuellement transmissibles, ndlr).

 

À l'extérieur nous menons des campagnes de prévention du suicide des jeunes et des discriminations à caractère homophobe auprès des lycéens, des étudiants et des professionnels du secteur socio-éducatif. Nous souhaitons en outre développer un réseau d'actions ayant pour objet la réflexion sur la question du suicide des jeunes gays avec les familles, ainsi que toute personne étant en contact avec des jeunes.

 

Paroles d'Actu : Accepteriez-vous de nous faire part de moments marquants ayant émaillé la vie du Refuge jusqu'ici ? Quelles sont les personnes qui vous ont le plus touché ?

 

Frédéric Gal : Parmi les moments les plus marquants, nous en avons des positifs, comme un jeune retournant dans sa famille après un travail important fait avec ses parents. Nous avons aussi les invitations des jeunes qui « pendent leur crémaillère », signe de l'aboutissement de leur autonomie. Les interventions en milieu scolaire sont aussi un temps fort de la structure, qui sensibilise chaque année plus de 1 000 élèves.

 

Parmi les événements plus négatifs, nous avons les abandons de l'accompagnement, moment toujours compliqué, même si quelquefois non dénué de sens et porteur pour le jeune ; ou encore, les moments d'accompagnement après des tentatives de suicide. Avoir une écoute empreinte d'absence de jugement et d'empathie est primordial pour tenter de comprendre et d'aider.

 

Enfin, la reconnaissance d'utilité publique a été le moment exceptionnel en 2011, consacrant ainsi tant d'années d'action.

 

Les personnes qui m'ont le plus touché sont à la fois les équipes, qui se donnent à fond au service des jeunes, les membres du conseil d'administration, notamment Véronique et Nicolas, qui sont sempiternellement au front. En première place de cette liste non exhaustive, les jeunes eux-mêmes, bien évidemment. Ils font preuve d'une force peu commune pour s'en sortir et dépasser la fatalité de ce destin si injuste. Certains de ces jeunes viennent de très, très loin, avec des histoires et un passé à peine imaginables. Je crois que c'est à eux qu'il faut « tirer le chapeau » !

 

Paroles d'Actu : Jusqu'où le mal-être de ces jeunes homosexuels, rejetés par leur entourage, parfois même par leur propre famille, peut-il aller ? De quoi avez-vous été, directement ou non, témoin ?

 

Frédéric Gal : Le mal-être des jeunes homosexuels n'est que le reflet d'une stigmatisation négative d'un comportement sexuel, hors de la norme hétérosexuelle. Ce rejet n'est bien souvent résumé qu'à cela, sans possibilité d'entrevoir que deux personnes de même sexe puissent s'aimer comme tout un chacun. Le fait religieux est aussi extrêmement présent, avec une référence régulière à l'homosexualité comme un véritable péché impardonnable.

 

De tels comportements, qui ont lieu depuis l'enfance, ont des conséquences dramatiques sur le caractère de l'enfant et sur sa capacité de résilience. Les jeunes qui arrivent au Refuge sont souvent déstructurés et n'ont bien souvent pas de repères, qu'ils soient éducatifs ou sociétaux. Il faut réapprendre un tout autre schéma, ce qui demande pour les jeunes accueillis, une grande capacité à défaire tout ce qu'ils ont construit pour pouvoir non seulement rentrer dans la société, mais pour pouvoir s'y réaliser.

 

Les conséquences du rejet sont diverses : conduites addictives (alcoolisme, toxicomanie...) mais aussi prises de risques diverses, scarification, prostitution, et enfin, les tentatives de suicide... Depuis cinq ans passés au Refuge, nous avons assisté à tous ces écueils, qui représentent, paradoxalement, pour ceux qui les pratiquent, un repère leur rappelant qu'ils sont vivants, sans oublier les appels à l'aide suscités par ces prises de risque, qui sont aussi là pour combler un manque affectif, une carence qui demeure, comme le rejet, le dénominateur commun à ces jeunes.

 

Paroles d'Actu : À combien estimez-vous le nombre de jeunes homosexuels se retrouvant à la rue chaque année suite à un rejet ou à un clash familial ? Combien en accueillez-vous ?

 

Frédéric Gal : Étant donné que l'association n'est pas implantée partout en France, nos chiffres ne sont pas représentatifs, en effet, les grands ouest et est ne bénéficient pas de nos actions et donc, nous partons du principe que nous ne sommes pas connus dans ces territoires-là... Depuis 2003, nous avons eu 1 418 jeunes (chiffres 2011) qui sont rentrés en contact avec nous, 182 hébergés, 86 jeunes accompagnés a distance et réorientés et 80 jeunes accompagnés en accueil de jour hors hébergement.

 

Paroles d'Actu : Dans quels cadres l'homophobie est-elle particulièrement présente ? Comment l'expliquez-vous ?

 

Frédéric Gal : Il n'y a pas de catégories socio-professionnelle qui soient plus impactées que d'autres. L'homophobie est présente dans toutes les sphères de la société, quels que soient la richesse, le niveau d'éducation, la culture, etc. La seule différence est sa manifestation qui diffère : plus feutrée dans les milieux plus aisés, plus directe et violente dans les milieux fortement marqués par le fait religieux ou par un cadre religio-culturel régentant les relations humaines. Ce qui ne signifie pas qu'étant plus « feutrée », elle n'en demeure pas moins terrible. Elle est sournoise et insidieuse, virant (et ce, dans tous les cas de figure) au harcèlement pur et simple.

 

Paroles d'Actu : Quel message souhaiteriez-vous adresser aux parents d'un(e) jeune homosexuel(le) qui, de bonne foi, et avec amour, vivraient très mal la situation et auraient du mal à l'accepter ?

 

Frédéric Gal : Qu'il faut surtout en parler ! Apprendre l'homosexualité de son enfant n'est pas chose aisée, lorsqu'on est inséré dans la société avec ses codes, ses rituels, le tout fortement hétéro-normé ! C'est déjà compliqué pour un jeune de se dire ou de se définir comme « différent » comparé aux autres camarades, mais quand il faut l'annoncer aux parents, imaginez ! Alors que le jeune a eu pas mal d'années pour comprendre sa situation, il peut apparaître relativement compréhensible pour des parents qui n'ont que ce modèle de référence, de s'en retrouver perdus. C'est d'autant plus important de susciter le dialogue avec son enfant pour comprendre des étapes essentielles, que ce n'est pas un choix, que ça se vit très bien et qu'il n'y a surtout pas de responsable de part et d'autre ! De plus, des associations existent pour ces parents en questionnement qui auraient besoin de conseils, ou tout simplement de discuter des expériences de chacun.

 

Paroles d'Actu : Que souhaiteriez-vous dire, cette fois-ci, à un(e) jeune homosexuel(le) qui, ayant découvert cet aspect de son identité, aurait toutes les peines du monde à tolérer ce qu'il est ?

 

Frédéric Gal : La même chose qu'aux parents : discuter ! Mettre des mots sur des situations est quelque chose de rassurant, et permet à chacun de pouvoir nommer ses peurs, ses doutes, ses projets. La discussion doit se faire à bâtons rompus, dans un climat de confiance et dans l'absence de jugement. Il est important aussi de ne pas chercher un « coupable » ou un « responsable » de cette situation, mais bien de laisser s'exprimer le jeune sur son vécu. Ce n'est qu'en nommant ses angoisses que l'on peut déjà entamer un travail pour les surmonter.

 

Paroles d'Actu : Que vous disent les jeunes qui se confient à vous, en général ? Quelles réponses leur apportez-vous ?

 

Frédéric Gal : Les jeunes qui viennent voir le Refuge nous racontent leur parcours, souvent empreint d'une grande violence. Cela va de l'ultimatum de quitter la maison familiale sous deux semaines, à devoir trouver une solution d'hébergement dans l'heure. Il y a aussi ceux qui partent avant d'être mis à la rue. En effet, certaines familles, sous une acceptation « officielle », ne peuvent pas se résoudre à constater l'homosexualité de leur enfant quotidiennement. Il n'est donc pas possible d'en parler, de faire venir son ou sa petit(e) amie(e) à la maison, de le présenter aux proches, etc... Cela revient à nier de manière encore plus hypocrite la vie sentimentale de son enfant. S'épanouir et vivre normalement n'est dès lors plus possible, et la fuite semble être la seule solution.

 

D'autres problèmes surviennent sur tous ceux déjà existants : la religion, par exemple, est très prégnante. Un jeune hébergé de 19 ans nous racontait que lorsque sa famille, de culture haïtienne, avait appris qu'il était gay, ses parents l'avaient emmené chez un prêtre vaudou pour qu'il soit exorcisé en égorgeant un poulet au-dessus de sa tête ! Ces histoires paraissent quelquefois surréalistes au XXIe siècle, et pourtant...

 

Dans les solutions proposées, nous essayons d'abord de proposer un dialogue avec les parents, lorsque celui-ci est possible. Nous proposons qu'un intermédiaire puisse rétablir le lien qui n'est plus. Nous pouvons éventuellement faire appel à des membres de l'association Contact, spécialisée dans le dialogue entre parents d'enfants homosexuels, pour renouer ce lien. L'important à apporter à ces jeunes restant une écoute déculpabilisante et dénuée de jugement...

 

Paroles d'Actu : "Suivez"-vous, après leur départ, les garçons et les filles qui ont franchi les portes du Refuge ? Pourriez-vous nous donner quelques exemples de parcours de vie ?

 

Frédéric Gal : Nous leur laissons la possibilité d'être accompagnés par la travailleuse sociale et/ou la psychologue et/ou des bénévoles à leur sortie. La suite donnée à notre hébergement et notre accompagnement n'est bien sûr pas obligatoire.

 

Pour certains, le Refuge représente une étape noire de leur vie, et l'aide apportée, même si elle fut bénéfique, renvoie malgré tout à des difficultés importantes. Ils préfèrent dès lors laisser cet épisode dans un coin de leur mémoire, sans forcément renouer contact.

 

Pour d'autres, le Refuge est intervenu à une étape dure de leur vie, voire dramatique, et est apparu comme une opportunité salvatrice. « Si vous n'étiez pas là, je ne sais ce que je serais devenu, ni si je serais encore vivant ». Ils s'engagent dès lors à nos côtés pour faire reculer ces situations dramatiques et inadmissibles. L'un d'entre eux était arrivé au Refuge avec son petit ami, et après de nombreux mois à rechercher du travail, puis un logement, est arrivé à obtenir un CDI dans une entreprise de téléphonie dans laquelle il travaille depuis trois ans maintenant. Il a voulu revenir nous voir et s'engager à son tour en tant que bénévole, mais aussi a voulu « faire plus » en s'engageant à nos côtés au conseil d'administration. Il est désormais le vice-président de l'association.

 

C'est important pour nous de ne pas les placer en situation de spectateurs de leur vie mais en véritables acteurs. C'est tout aussi important de susciter chez eux cet altruisme qui leur a permis, durant leur séjour au Refuge, d'être aidés. L'aide, c'est aussi dans l'autre sens.

 

Paroles d'Actu : Quelles seraient, d'après vous, les solutions à mettre en place, quels que soient les niveaux de décision concernés, pour réduire l'homophobie, à défaut de l'éradiquer complètement ?

 

Frédéric Gal : Bien évidemment, éradiquer l'homophobie ne sera jamais possible. Toutefois, des solutions existent pour réduire cette non-acceptation de l'autre. Il s'agirait d'abord de réaliser une sensibilisation généralisée a toute la population lycéenne et collégienne afin de promouvoir un débat et un dialogue déconstruisant les préjugés ancrés dans nos esprits. Réfléchir sur ce que signifie « être un homme », et « être une femme » semble être un bon commencement.

 

Nous préconisons la formation du personnel éducatif, tout comme des travailleurs sociaux qui sont amenés à travailler avec ce public.

 

De même, lors des groupes constitués par le ministère chargé d'élaborer un plan luttant contre les discriminations homophobes, nous nous sommes positionnés dans un débat avec les associations de parents d'élèves, et une intervention plus accrue dans les établissements agricoles.

 

L'objectif final de tout cela étant de susciter une réelle discussion, et d'abolir les clichés ou les fausses représentations que l'on peut avoir des homosexuels, des transsexuels, etc.

 

Paroles d'Actu : Les homosexuels, dans leur immense majorité, cherchent à se "fondre dans la masse" de la normalité. À être pris pour ce qu'ils sont, des gens normaux. De ce point de vue, le côté très caricatural d'une manifestation comme la Gay Pride n'est-il pas contreproductif ? Quel est votre avis sur cette question ?

 

Frédéric Gal : Lors de son arrivée sur la scène médiatique, la Gay Pride a beaucoup apporté. Enfin, les personnes homosexuelles ne se cachaient plus, se dévoilaient au grand jour face à une société puritaine et profondément homophobe. Cette médiatisation a grandement permis de faire évoluer les mœurs et je doute que nous, associations luttant contre l'homophobie, pourrions être là si nos prédécesseurs n'avaient pas eu cet énorme courage d'affronter la vindicte populaire.

 

Toutefois, nous avons évolué, et les actions menées pour la reconnaissance se doivent aussi d'évoluer, sous peine d'être vus à jamais comme une caricature permanente. Les ennemis de l'homosexualité, et ses plus grands détracteurs, invoquent sempiternellement les Gay Pride comme l'exemple même d'une instabilité de l'homosexuel - ce qui reste très risible, vu que de plus en plus d'hétérosexuels participent aux Gay Pride.

 

De même, des familles avec qui nous échangeons, accepteraient éventuellement l'homosexualité de leur enfant, mais la Gay Pride (telle que traitée dans les médias, qui n'en sont pas les serviteurs les plus représentatifs ni les plus flatteurs) apparaît plus comme un frein que comme une occasion de montrer la réalité de la grande majorité d'homosexuels : des gens fondus dans une masse pas plus « folle » et instable que la majorité des hétérosexuels !

 

Paroles d'Actu : Maintenant, deux questions, éminemment d'actualité...

 

Êtes-vous favorable à la possibilité pour les couples homosexuels d'adopter en tant que tels des enfants ? Pourquoi ?

 

Frédéric Gal : Ne pas être favorable à l'adoption reviendrait à nier une réalité qui existe depuis des années. De nombreux couples homosexuels ont des enfants : précédentes unions, divorces et remariages, etc. Cette situation qui semble apparaître en 2012 n’est qu’une continuité de ce qui est pratiqué depuis longtemps. Et ceux qui se placent comme les défenseurs du « bien-être de l’enfant » devraient se poser la question de savoir si l’aptitude d’un couple est tributaire de son sexe, ou si cela dépend de sa capacité à pouvoir apporter un cadre rassurant, éducatif et aimant à un enfant. Le plus triste est que la peur primaire qui fait s’opposer les gens à l’adoption est d’alimenter l’imagination (déjà bien remplie) de certains d’imaginer leurs enfants devenir tous déséquilibrés, homosexuels, dépravés, dans l’incapacité de donner une descendance à la société, etc. Et si ce n’est pas directement formulé ainsi, c’est bien souvent pensé comme tel.

 

L’adoption par des couples homosexuels ne changera en rien le cours des choses ou de l’histoire. Les agréments permettant à une famille (homoparentale ou pas) seront toujours distribués par les conseils généraux. En aucun cas, il ne sera question de généraliser à n’importe quel couple l’adoption, mais bien de vérifier si la famille qui se propose (monoparentale, homoparentale ou pas) sera apte à pouvoir assurer à l’enfant ce bien-être tant recherché. Et encore une fois, ces histoires de sexualité ne sont que secondaires dans le débat.

 

Paroles d'Actu : Êtes-vous favorable à l'ouverture pour ces couples du droit au mariage ? C'est un vrai problème d'égalité au regard des droits civiques, civils, pour vous ? Par exemple, un contrat donnant droit à tous les avantages du mariage suffirait-il, ou bien le terme de "mariage" est-il en soi important à vos yeux ?

 

Frédéric Gal : Bien sur, nous sommes favorables au mariage pour tous puisqu'il ouvrirait (enfin) les droits civiques pour tout un chacun et permettrait enfin de pouvoir donner une reconnaissance d'une réalité : deux hommes ou deux femmes vivant ensemble depuis des années ont le droit de pouvoir être reconnus, d'être protégés, de s'entraider au même titre que deux hétérosexuels.

 

Si toutefois, c'était le terme de « mariage » qui dérangeait les esprits, autant le changer et en prendre un autre. Certains sont dérangés par le mot et d'autres y sont farouchement attachés, comme si c'est ce terme qui permettrait de dire « Je suis comme vous ! », mais ce qui importe avant tout, c'est la présence de droits égaux pour des couples tout aussi égaux, quelle que soit la sémantique utilisée : les mots ne sont que le déguisement de nos idées.

 

Petite anecdote : une amie interrogeait son fils de 8 ans en lui demandant si lui, ça le dérangeait, deux personnes de même sexe qui se mariaient. Le petit garçon a répondu « Ben non, s'ils s'aiment ». Je crois qu'il a tout résumé !

 

Paroles d'Actu : Avez-vous envie d'adresser un message à nos lecteurs ? À quelqu'un en particulier ?

 

Frédéric Gal : J’aimerais m’adresser aux parents et aux enfants. Pour enrayer l’homophobie, il n’y a rien de tel que le dialogue et la compréhension. Des enfants sont mis au monde pour qu’ils soient heureux et qu’ils s’épanouissent, non pas pour correspondre à des critères personnels de réussite. Les parents ne doivent jamais l’oublier : nous aidons, nous accompagnons nos enfants, nous ne pouvons pas faire leur vie à leur place.

 

Paroles d'Actu : Quel souhait aimeriez-vous formuler ?

 

Frédéric Gal : Le souhait que chacun et chacune puisse laisser l’autre libre de ses actes, mais dans le respect de tous. Après tout, la définition de la liberté donnée dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen n’est-elle pas « la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » ? Le respect est la clé de la vie en commun, et non de la tolérance. Pour citer Goethe : « La tolérance ne devrait être qu'un état transitoire. Elle doit mener au respect. Tolérer c'est offenser. »

 

Paroles d'Actu : La dernière question. En fait, une tribune libre. Vous pouvez compléter un point déjà abordé, parler d'autre chose... Vous êtes libre. Merci infiniment !

 

Frédéric Gal : Merci à vous surtout pour nous avoir laissés nous exprimer !

 

 

Un grand merci à Monsieur Frédéric Gal pour les réponses extrêmement intéressantes, touchantes qu'il a accepté de m'apporter. Et un "bravo" sans retenue pour les actions qu'il mène au quotidien aux côtés des équipes du Refuge. Phil Defer. Un commentaire ?

 

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Présentation remaniée : 09/12/14

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28 novembre 2012

Philippe Tarillon : Florange, "ville symbole"

Qu'adviendra-t-il des hauts fourneaux de Florange ? Petit récapitulatif... ArcelorMittal, propriétaire du complexe sidérurgique, souhaite se séparer d'une partie de son activité florangeoise, la filière dite "liquide" (production d'acier). Plus de 600 salariés sont concernés. Le groupe tient en revanche à y conserver les activités "aval" (transformation de l'acier), à forte valeur ajoutée. Face à l'émoi suscité par ses plans, la multinationale s'est engagée à observer un délai censé permettre à d'éventuels repreneurs de se manifester. Jusqu'au premier décembre. Des successeurs potentiels, il y en a, dont l'ambitieux projet de captage de CO2 Ulcos, assuré d'obtenir des financements européens. Arnaud Montebourg a évoqué le 28 novembre un repreneur prêt à mettre "400 millions" sur la table. Problème : la portion du site mise en vente ne serait pas, seule, intéressante pour une reprise fructueuse. Le ministre du Redressement productif, qui s'est fortement investi dans ce dossier, a mis les pieds dans le plat. L'idée d'une nationalisation temporaire de l'ensemble de la structure - qui viserait à faciliter l'émergence d'un nouveau pôle privé - fait son chemin. Les syndicats l'approuvent, des politiques d'horizons très variés la voient d'un oeil favorable. À la tête de l'État, on ne l'exclut pas. ArcelorMittal, en revanche, ne l'entend pas de cette oreille, considérant que les activités qu'elles souhaite maintenir sont pleinement "intégrées au reste des activités du groupe en France et en Europe." Quelle sera l'issue de ce bras de fer ? Le volontarisme politique, porté notamment par le président François Hollande, fera-t-il ses preuves ? En filigrane, la seule question qui vaille... : quel avenir pour l'industrie en France ? Le maire de Florange, Monsieur Philippe Tarillon, a accepté de répondre à mes questions, à l'aube d'une semaine cruciale. Je souhaite lui adresser mes remerciements et mes voeux pour une revitalisation de l'économie de sa commune. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PHILIPPE TARILLON

Maire de Florange (Moselle)

 

Florange, "ville symbole"

 

Philippe Tarillon

(Photo fournie par Philippe Tarillon)

 

 

Q : 20/11/12

R : 25/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Philippe Tarillon. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ?

 

Philippe Tarillon : Que je me suis engagé jeune en politique. Que je suis issu d'un milieu populaire et que je ne l'oublie pas, au delà de mon cursus universitaire (Sciences Po Paris puis l'ENA en 1988). Je suis originaire de ce coin de Moselle et que j'ai souhaité retourner y vivre, plutôt que de "faire carrière".

 

 

Paroles d'Actu : Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager dans la vie de la cité, à adhérer au Parti socialiste ? Quels ont été vos premiers combats ?

 

Philippe Tarillon : Le refus des injustices et aussi la prise de conscience, renforcée durant mon cursus, que notre société est très cloisonnée. Mon premier souvenir politique, c'est la campagne de François Mitterrand en 1974. J'avais moins de 13 ans ! Le plus émouvant : le 10 mai 1981. Mon père pleurait de joie. Pour lui, ça signifiait la retraite à 60 ans.

 

 

Paroles d'Actu : Comment avez-vous réagi à l'annonce de l'élection de François Hollande à la présidence de la République ? Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là ?

 

Philippe Tarillon : Une immense joie ! J'ai pensé à mes amis sidérurgistes d'ArcelorMittal. C'est avec eux que j'ai fêté la victoire.

 

 

Paroles d'Actu : Qu'attendez-vous raisonnablement de ce "quinquennat rose" ? Qu'est-ce qui vous fera dire, au printemps 2017, qu'il a été - ou non - réussi ?

 

Philippe Tarillon : Si les engagements pris ont été tenus, si le chômage recule significativement, si la dette a commencé à diminuer, alors Hollande aura servi notre pays.

 

 

Paroles d'Actu : Vous êtes depuis 2001 le maire de Florange, en Moselle. Une ville qui fait figure, comme sa voisine Gandrange, de symbole de la casse industrielle en France, d'une Lorraine post-sidérurgique sinistrée. Quelle est la situation dans votre commune aujourd'hui ?

 

Philippe Tarillon : Oui, une ville symbole d'un combat pour l'industrie, mais aussi une ville qui diversifie son économie, qui change son image de marque (centre culturel la Passerelle par exemple). Pour autant, le chômage ne cesse de monter (402 demandeurs d'emploi en juin 2008, plus de 1000 aujourd'hui !)

 

 

Paroles d'Actu : Êtes-vous optimiste quant à une revitalisation fiable et durable de l'industrie florangeoise ? Je pense notamment à ULCOS, un projet innovant de captation et de stockage du CO2. Quels sont les derniers éléments de ce dossier ? Quels appels souhaiteriez-vous lancer à l'attention des différents acteurs d'influence dans cette affaire ?

 

Philippe Tarillon : Vous avez vu l'initiative commune des élus de toute sensibilité, sous forme d'une lettre ouverte au Président de la République, pour permettre une solution de reprise. Ulcos est désormais classé 1er, c'est très important.

 

 

Paroles d'Actu : Plus généralement, qu'est-ce qui devrait être fait dans notre pays, à tous les niveaux, pour renforcer notre tissu industriel et favoriser l'installation d'entreprises innovantes ?

 

Philippe Tarillon : Travailler sur la compétitivité produit, pas seulement au niveau prix. Nous avons besoin de favoriser le lien innovation-entreprises, l'investissement plutôt que les placements financiers. Ce qui manque à la France, ce sont ces entreprises moyennes qui exportent et choisissent des créneaux porteurs.

 

 

Paroles d'Actu : Florange, je le suggérais tout à l'heure, reste largement associée dans l'esprit des Français à un évènement négativement connoté. Parlez-nous de la Florange qui gagne à être connue, découverte...

 

Philippe Tarillon : Florange, c'est aussi une formidable politique de solidarité, pour l'insertion, les personnes âgées ou les plus démunies. C'est aussi une riche vie associative. Et une référence culturelle avec la Passerelle !

 

 

Paroles d'Actu : Voulez-vous évoquer pour nous votre quotidien de maire ? Les moments de découragement, les moments de joie... Si vous aviez un avis à émettre là-dessus, qu'aimeriez-vous que vos administrés retiennent de vous, au terme de votre mandat ?

 

Philippe Tarillon : Que je ne ménage pas mon temps pour ma ville. Que je sais privilégier l'intérêt général sur les grands dossiers (ArcelorMittal, le port d'Illange). Que je suis un bâtisseur d'idées et de projets. Il y a des moments de découragement quand vous êtes confrontés de plus en plus à l'égoïsme. Mais aussi de grandes satisfactions quand vous avez le sentiment d'avoir été utile.

 

 

Paroles d'Actu : À l'heure où je rédige ce questionnaire s'ouvre le Congrès des Maires de France. Quel est, en tant qu'élu local, votre message au législateur, au gouvernement ?

 

Philippe Tarillon : Qu'il clarifie les responsabilités. Qu'il nous laisse travailler, en diminuant l'inflation des normes et en évitant d'accroître le transfert des charges. Qu'il fasse enfin confiance à l'intelligence locale de la France.

 

 

Paroles d'Actu : Vous êtes très actif sur le web, sur Facebook notamment. Que représentent ces nouvelles technologies d'information, de communication à vos yeux ?

 

Philippe Tarillon : Un lien direct avec une partie des citoyens et un formidable moyen de communication, pour faire passer ses idées, échanger, réagir.

 

 

Paroles d'Actu : Que peut-on vous souhaiter pour la suite, Philippe Tarillon ?

 

Philippe Tarillon : La réussite pour ma ville, pour les projets que je porte avec mes équipes à la mairie et au Val de Fensch. Et puis, comme pour tout le monde, une part de bonheur personnel ! 

 

 

Paroles d'Actu : Un mot pour nos lecteurs ?

 

Philippe Tarillon : Merci pour leur intérêt. J'ai été très sensible à la vague de solidarité à l'égard de Florange, devenue un symbole. 

 

 

Paroles d'Actu : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment...

 

Philippe Tarillon : À bientôt sur les réseaux sociaux !

 

 

 

Une nouvelle fois, je vous remercie, Monsieur Tarillon ! Je m'associe évidemment à ces souhaits que vous formulez. Puisse Florange sortir renforcée des événements à venir... Phil Defer

 

 

 

Un commentaire, qu'il soit positif ou négatif, est toujours apprécié...

 

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27 novembre 2012

UMP : Après la crise... Paroles de militants

Il est loin, le 28 novembre 2004. Ce jour-là, Nicolas Sarkozy accédait à la présidence de l'UMP, élu avec un score de 85%. Les militants du parti au pouvoir venaient de plébisciter cet homme dynamique, ce leader charismatique qui promettait un changement réel. Les espoirs placés en lui étaient grands. Deux ans et demi plus tard, il entrait à l'Élysée.

 

Comment ont-ils pu en arriver là ? En 2012, rien ne va plus à l'UMP. Après le temps des défaites, celui de la reconquête, passant par une remobilisation des troupes, une réorganisation de l'appareil. Deux candidats aux styles très différents pour reprendre le flambeau, à la mi-novembre : Jean-François Copé, le secrétaire général "décomplexé" de l'UMP ; François Fillon, l'ex-Premier ministre plus consensuel, "tiède" diront certains. Les sondages annoncent ce dernier comme le grand vainqueur du scrutin, après tout, n'est-il pas, de loin, le préféré des sympathisants UMP ? Ils ne votent pas, mais bon, ça change quelque chose ? ...

 

98 voix d'écart... 50,03% pour Copé, 49,97 pour Fillon. Vingt-quatre heures après une soirée de grande confusion, la commission électorale du parti, la désormais fameuse Cocoe, proclame la victoire du maire de Meaux. Le camp Fillon refuse de s'avouer vaincu. Le président de la commission n'a-t-il pas lui-même reconnu l'oubli de la prise en compte d'électeurs ultramarins ? De toute façon, aucune des parties n'a confiance en l'autre. De part et d'autre, des soupçons de fraude, de bourrage d'urnes. Irréconciliables. Alain Juppé intervient de façon éphémère, espérant jouer le rôle du chevalier blanc avant de jeter l'éponge. La crise est ouverte. Il y aurait, dit-on, un risque pour l'avenir même du parti. Copé confirmé, un résultat qui ne convient décidément pas à François Fillon, qui menace de se passer des instances de recours internes, réputés biaisées car composés de proches du secrétaire général sortant. De faire appel à la justice... Comment ? On règle les affaires de famille devant les tribunaux, maintenant ? La situation est grave. Neuf jours au moins d'agonie pour les militants qui eux peuvent être fiers de leur élection, pour s'y être déplacés en masse. Ils ont été à la hauteur, quid des instances dirigeantes de leur parti, quid des deux forces en présence ? ... Ces petites mains sont en tout cas les premiers à déplorer ce mauvais remake de la présidentielle américaine en Floride, en 2000.

 

Un président issu du scrutin du 18 novembre aurait-il quelque chance d'apparaître comme totalement légitime, incontesté dans son propre camp pour mener le premier parti d'opposition ? La solution, vu la faiblesse de l'écart, vu le climat de suspicion, la dégradation généralisée, ne serait-elle pas de faire table rase, de reconnaître humblement les dysfonctionnements, de revoter ? Une position notamment défendue par Nicolas Sarkozy. Elle est aussi, depuis le début, celle de votre serviteur, même si son opinion de simple observateur importe peu. Celle des adhérents, en revanche, est essentielle. Un grand parti n'est rien sans ses adhérents, chacun en est-il conscient rue de La Boétie ? Que pensent-ils des troubles qui secouent leur formation ? De ce désordre post-électoral qui érigerait presque (presque... n'exagérons rien) le congrès socialiste de 2008 à Reims en modèle de transparence et d'esprit de camaraderie ? J'ai souhaité donner la parole à ces militants qui, en tant que tels, ont ma sympathie... Loin des conflits d'égos, ils font souvent preuve d'une sagesse supérieure à celle des cadres de l'UMP. Et qu'on se le dise... ils ne veulent plus être les dindons d'une triste farce qui n'a que trop duré... Cet article "collectif" est ouvert, si d'autres veulent y prendre part, ils peuvent le faire en me contactant par mail, par Facebook. Je remercie celles et ceux qui l'ont déjà fait d'avoir accepté cette invitation ! Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  DOCUMENT

 

 

 

UMP : Après la crise...

 

Paroles de militants

 

UMP

(Source de l'illustration : Union pour un Mouvement Populaire)

 

 

 

 

LE QUESTIONNAIRE

  

- Bonjour. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

- Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

- Quelle solution appelez-vous de vos voeux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

- Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

- Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

- Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

 

 

 

LES RÉPONSES

 (PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE DE RÉCEPTION)

 

 

 

26 novembre

 

 

 

Adrien Caty

http://twitter.com/Super_Dridri

 

Bonjour. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

 

Tout d’abord merci de votre interview. Je suis Franc-Comtois d’origine, mais je fais mes études à Strasbourg, en 4ème année de Droit Public.

 

Je tiens d’emblée à préciser que les propos que je tiens ici n’engagent que moi et reflètent un avis strictement personnel.

 

Très tôt je me suis reconnu dans les valeurs de droite, qui sont également celles que ma famille partage depuis plusieurs générations.

 

Pour moi, être de droite n’est pas un héritage. C’est se retrouver dans des valeurs. Et mes valeurs sont celles de la solidarité, du courage, de la responsabilité, du travail. Ce sont ces valeurs que j’ai retrouvé avec Nicolas SARKOZY, mais également chez François FILLON, que j’ai toujours soutenu en tant que premier ministre.

 

La clef de voûte de mon engagement est certainement la France. C’est notre pays, et peut être par bon sens patriote, j’ai la ferme volonté de ne pas le voir sombrer dans certains travers. Ce sens de la Patrie ainsi que l’intérêt général ne sont pas de vaines notions. C’est le fil d’Ariane de mon engagement politique ainsi que de mes études universitaires.

 

 

Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

 

Cette semaine est ce qui pouvait nous arriver de pire dans la vie du parti. Si les militants avaient souvent clairement marqué leurs choix pendant la campagne interne, aujourd’hui, c’est un grand rassemblement de tous les militants que j’observe. La plus grande crainte exprimée par tous les militants est de devoir faire face à l’implosion du parti. Il nous mettrait tous devant un choix cornélien : choisir entre ses convictions.

 

Le temps d’attente des résultats est largement excessif. De même que les contestations de ces résultats par les moyens médiatiques actuels. C’est la raison pour laquelle beaucoup de militants saluaient avec enthousiasme l’intervention d’Alain JUPPÉ. J’étais l’un des premiers à le faire.

 

Il devient urgent d’arrêter ces conflits internes qui nous ridiculisent aux yeux de la majorité, et risque de faire voler en éclat le plus grand parti de France.

 

 

Quelle solution appelez-vous de vos vœux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

 

Face à une telle situation de chaos, où l’on ne sait plus réellement qui n’a pas perdu et qui n’a pas gagné, il n’y a qu’une seule solution : une direction collégiale.

 

Le message que j’aurais aimé pouvoir donner à MM. Copé et Fillon aurait certainement été un conseil : d’accepter sans conditions l’offre de médiation faite par M. Juppé.

 

Malheureusement, M. Juppé s’est vu retirer cette initiative qui était l’une des rares pouvant encore sauver notre parti.

 

Si j’avais un autre message à adresser aux deux camps, ce serait d’arrêter cette guerre d’usure face à un adversaire inusable. Cela ruine tous les espoirs militants, et nous décrédibilise profondément dans toutes nos actions pour les années qui viennent.

 

 

Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

 

Quand plus de 180 000 militants vont aux urnes pour exprimer leur choix personnel, je ne pense pas qu’on puisse parler de fiasco. Il y a certes un échec, mais il se situe au niveau des résultats de cette élection.

 

Je ne sais pas si les blessures seront profondes. Deux niveaux sont à prendre en compte. Au niveau local, les divergences disparaîtront vite chez la plupart des militants, et c’est unis que nous continuerons à exprimer nos valeurs. Le risque est que la fracture demeure chez nos aînés et cadres nationaux. Rappelons-nous le temps qu’il a fallu pour oublier les divergences entre MM Chirac et Balladur. (est-ce totalement fait d’ailleurs ?)

 

Je crains qu’on ne s’engage dans un processus très long de divergences. Mais l’important est que la « base » reste soudée. Maintenir cette cohérence est l’élément essentiel à l’heure actuelle. Ne pas savoir la maintenir ne serait pas de bon présage pour l’avenir de la droite et de notre mouvement.

 

 

Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

 

Certes, 2012 n’aura pas été la meilleure année électorale dans notre parti.

 

La défaite de Nicolas SARKOZY, déjà regretté d’ailleurs, est le cumul d’une multitude de facteurs. Nous ne pouvons pas en tirer d’enseignements précis. D’un point de vue militant, le déploiement de tous dans toutes les fédérations a cependant été un exemple de mobilisation. C’est sans doute cela que je veux retenir de 2012. L’engagement de tous au service de nos valeurs, à la défense de nos convictions.

 

Et puis, n’oublions pas que cette année n’a pas été défaitiste partout. Dans ma circonscription, nous avons eu la chance de fêter le 17 Juin une belle victoire aux législatives. Notre député Alain CHRETIEN a même gagné dans certains cantons pourtant acquis à la gauche depuis longtemps.

 

Pour l’avenir, nous devons nous redéployer encore plus au plus près des citoyens. C’est ce qui se passe dans les permanences locales qui permet de faire vivre nos valeurs, plus que ce qui se passe dans le siège parisien. J’en atteste par ce que je vois régulièrement dans les trois permanences parlementaires de ma circonscription (dont la permanence UMP).

 

 

Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

Déjà, vous remercier de m’accorder cet entretien. Dans la tourmente actuelle, on semble se soucier bien peu de l’avis des militants.

 

Ah si, je voudrais rajouter une chose. Je ne pense pas qu’on puisse réussir en politique par ambition. On fait de la politique pour défendre des valeurs et des convictions. Ce sont elles qui nous poussent à nous engager. Je ne fais pas d’une carrière politique mon objectif professionnel. Mais j’estime que si à moment donné, j’ai la chance de devoir défendre mes valeurs et mes convictions auprès de mes concitoyens, et par respect pour tous ceux qui ont fait notre pays, je le ferai.

 

 

 

Christophe Versini

 

Je me présente, je m'appelle Christophe Versini, je suis délégué des jeunes populaires de la 15ème circonscription de Paris, conseiller de quartier à la mairie de Paris 20 et étudiant en droit.

 

Ce qui m a poussé à m'engager en politique, c'est l'amour pour mon pays, l'histoire du Général De Gaulle, de Napoléon. Comme ces hommes, je veux apporter quelque chose à mon pays, apporter ma Pierre à l édifice.

 

Les événements de ces dernières semaines sont pathétiques et honteux dans un grand parti politique comme l'UMP. En tant que militant, je suis déçu par les responsables UMP, je suis triste comme de nombreux militants que nous côtoyons de la division de notre parti mais nous voulons connaître la vérité sur les résultats du vote. Certains militants ont déjà quitté le parti.

 

Aujourd'hui, je pense que la meilleure solution est de créer un nouveau parti, la fracture politique à l UMP est évidente, plus rien n'empêchera l'éclatement de l UMP. Il faudra des années pour que la droite française s'en relève. La droite doit reconstruire un parti Gauliste-social. L'année 2012 est à oublier très vite pour la droite française, pourvu que 2013 et 2014 soient meilleures...

 

 

 

Morgan Fix

(Militant UMP, Alsace)

 

Morgan Fix

 

Bonjour. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

 

Bonjour, cela fait maintenant plus d'un an que je suis adhérent à l'UMP, même si je partageais leurs idées depuis longtemps. J'avais milité pour Nicolas Sarkozy en 2007. Le déclic s'est fait grâce à un professeur qui critiquait sans cesse la politique menée par Nicolas Sarkozy, j'ai alors pris ma carte et défendu sans complexe mes idées. Pour ces élections internes, j'avais d'abord choisi le camp Fillon, mais nous n'avons pas besoin d'un candidat à la présidentielle, c'est une opposition forte dont nous avons besoin. François Fillon aurait apporté des réponses concrètes face au PS, grâce a son expérience ministérielle, mais pour moi, il n'est pas l'homme de la situation. Quant à Copé... je n'ai pas confiance en lui. Je n'ai donc pas voté.

 

 

Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

 

Depuis une semaine, les ténors du parti donnent un spectacle sans fin devant la France entière. Pour tout vous dire, j'essaie de ne pas suivre toute l'actualité afin de ne pas leur prêter l'attention qu'ils désirent. Pour mon entourage, chacun continue à défendre son camp.

 

 

Quelle solution appelez-vous de vos voeux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

 

Beaucoup pensent aujourd'hui au retour de Nicolas Sarkozy pour calmer le jeu, mais je pense qu'il est encore trop tôt pour qu'il revienne. Le parti doit d'abord se reconstruire autour du président du parti. Je pense qu'il faudrait recommencer, mais pas seulement le vote car les deux mêmes candidats s'y opposeront à nouveau. Mais que d'autres candidats rejoignent la course à la présidence du parti, je pense notamment à Xavier Bertrand qui m'inspire confiance, et qui a récolté les parrainages suffisants.

 

 

Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

 

En effet le mal est fait, mais il est maintenant temps de se retrouver, surtout ne pas se diviser ! Notre parti vient d'être affaibli, mais il est encore temps de de relever. Nous ne devons pas nous tromper d'ennemis, nous devons combattre le socialisme, qui pendant se temps rigole de nous. Il est grand temps de se retrouver, au nom de la France ! Pour l'intérêt commun des Français.

 

 

Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

 

Ce spectacle donne une image négative et immature de l'opposition que nous sommes. À l'avenir, j'espère que cela nous aura servi de leçon et que nous ne traverserons plus une telle aventure.

 

 

Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

Merci à vous.

 

 

 

Augustin Deschamps

 https://twitter.com/augdeschamps

 

Bonjour. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

 

Je m'appelle Augustin Deschamps, j'ai 20 ans et je suis militant UMP dans la 1ère circonscription de Paris. Je suis des études de droit et je prépare divers concours. Je suis également passionné de musique électronique et d'art contemporain.

 

Mon engagement à l'UMP a débuté avec la campagne présidentielle de 2012 et s'est poursuivi avec les élections législatives pendant lesquelles j'ai contribué à la campagne de Pierre Lellouche. J'ai personnellement pris parti pour François Fillon pour la présidence de l'UMP.

 

Comme beaucoup, mon engagement au sein de l'UMP a été le prolongement naturel d'un intérêt que je porte à la politique depuis de nombreuses années. Rien ne me prédestinait, dans mon entourage, à prendre une telle voie. La campagne présidentielle, au travers de l'espoir suscité par Nicolas Sarkozy, a définitivement été un élément déclencheur.

 

 

Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

 

Comme tous les militants de l'UMP, je regrette profondément la tournure que prennent les événements. La situation n'a cessé de se dégrader depuis le dimanche 18 novembre, et les deux camps en portent la responsabilité. Aujourd'hui, la situation des militants est extrêmement inconfortable. Ils subissent une situation qui leur a été imposée et doivent faire face à la crise la plus grave que notre famille politique ait connue. Beaucoup se sentent égarés dans un tourbillon médiatique alimenté par les affrontements incessants auxquels se livrent certains de nos camarades. C'est pourquoi il me paraît important que chacun prenne du recul sur le contexte actuel.

 

 

Quelle solution appelez-vous de vos voeux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

 

À l'heure où je vous parle, Alain Juppé a abandonné ses tentatives de médiation, en réponse au refus de Jean-François Copé d'accepter le moindre compromis. François Fillon s'apprête à déposer un recours devant la Justice, et la Commission Nationale de Recours doit rendre un délibéré que plus personne n'attend vraiment. De nombreuses personnalités se prononcent en faveur d'un nouveau scrutin, et c'est également mon sentiment. Quelle que soit l'issue des délibérations de la CNR, le Président de l'UMP qui sera désigné n'aura ni la légitimité, ni l'autorité nécessaires au rassemblement des troupes.

 

Un nouveau vote, organisé dans la plus grande transparence et dont les résultats seraient incontestables me paraît aujourd'hui la solution la plus souhaitable pour l'UMP. C'est dans cette optique que Nathalie Kosciusko-Morizet a lancé une pétition sur internet, qui rencontre un succès indéniable.

 

Le message que je voudrais adresser aux camps Copé et Fillon, en toute humilité, c'est un appel à la raison. Ce qui m'attriste le plus, c'est le comportement de ceux, ténors ou militants, qui tentent par tout moyen de faire valoir leur point de vue en invectivant l'adversaire, parfois avec une violence proche de la turpitude. Nous ne pouvons plus nous payer le luxe d'une guerre interne. L'avenir de notre parti est plus que jamais menacé et toutes nos forces doivent aujourd'hui être employées pour rétablir un semblant d'unité à l'UMP.

 

 

Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

 

Je suis un éternel optimiste, et je ne veux pas croire à une implosion de l'UMP. La principale raison d'exister de ce parti fait qu'une scission irait à l'encontre même de ce pourquoi nous nous battons chaque jour. La France a plus que jamais besoin d'une droite unie, fer de lance de la politique alternative que nous proposons aux Français en réponse à l'action du gouvernement en place. Cependant, je n'exclus pas non plus le pire ; la création d'un nouveau parti emmené par François Fillon et ses soutiens parlementaires me semble très peu probable, mais la formation d'un nouveau groupe à l'Assemblée Nationale est une alternative de plus en plus envisagée.

 

Quoi qu'il advienne, notre famille politique en ressortira nécessairement affaiblie. Je pense qu'il faudra plusieurs mois, et surtout un gigantesque travail de restructuration pour que l'UMP retrouve tout son éclat.

 

Mais je ne crois pas à l' «hémorragie» de militants que le centre et l'extrême droite nous annoncent. Il faudrait bien plus qu'une bisbille interne pour ébranler les valeurs de centaines de milliers de militants et d'adhérents qui ont fait le choix de l'UMP pour la France.

 

 

Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

 

Il est clair que l'année 2012 n'aura pas été la plus riche en succès pour notre mouvement ! Mais j'oserais dire que les revers que nous avons connus constituent une richesse fantastique pour l'avenir. Les erreurs commises hier nous permettent aujourd'hui de tirer tous les enseignements qui nous feront gagner demain. C'est des périodes de crise telles que celle que nous connaissons que naissent les grandes réalisations politiques.

 

 

Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

J'invite tous les jeunes de mon âge à franchir le seuil d'une permanence de leur quartier, quelle qu'en soit le parti. Ils seront systématiquement accueillis avec bienveillance, et prendront tout au plus le risque de vivre une aventure humaine extraordinaire ! Merci beaucoup.

 

 

 

Rudolph Granier

 

Bonjour. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

 

Bonjour. Je suis Président de l’Union des Jeunes pour le Progrès (UJP), une association née en 1965 à l’initiative de Georges Pompidou et de Robert Grossmann à la demande du Général de Gaulle et ce afin de rassembler les jeunes gaullistes.

 

Au titre de l’UJP, nous sommes mouvement associé de l’UMP depuis maintenant près de deux ans.

 

A titre personnel, je suis adhérent de l’UMP, ce qui concerne une majorité des adhérents de l’UJP mais la double affiliation UJP-UMP n’est pas systématique. La reconnaissance constitutionnelle des partis politique et le souhait de faire grandir les biens communs tels que la république, la nation, la démocratie et encore la laïcité m’ont poussés à m’engager. Ces biens légués par nos ancêtres méritent que nous les défendions avec ténacité et exigence, chaque jour.

 

Nous considérons que nous pouvons nous exprimer au sein de notre famille politique traditionnelle en toute liberté et qu’il nous appartient de faire vivre l’héritage du gaullisme associé au progrès qu’exige le XXIème siècle. Rien de plus absurde et désagréable que d’entendre « Si le Général était là… Le Général aurait fait… ». Laissons l’histoire à sa place et considérons d’abord que la Gaullisme est un pragmatisme et non une tentative d’explorer l’année 2012 à l’aune des années 50.

 

 

Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

  

Les résultats de l’élection tel que proclamés par le Président Gélard ne peuvent satisfaire personne. Les doutes, les suspicions, les contestations naissantes ne pouvaient être que prévisibles considérant l’écart officiel, qui pour mémoire était de 98 voix. Le déchainement médiatique que nous avons connu par la suite a sans doute exacerbé certaines positions loin de la sérénité dont nos responsables politiques doivent faire preuve.

 

Les militants de l’UJP sont circonspects sur ces événements et nous préférons garder la tête froide et poursuivre nos travaux dans l’intérêt du débat politique tel que nous l’avons toujours souhaité : serein, apaisé et digne. A ce titre, nous poursuivons les propositions sur l’Education, entamons un cycle de réflexion sur l’Union européenne. Quel regard porter sur les négociations actuellement menées par François Hollande dans le cadre du budget de l’Union européenne des prochaines années ? Qu’en est-il du Programme ERASMUS ? Quelle proposition a été faite à nos agriculteurs avec un budget de la PAC désossé de part en part et sans ambition ? Voilà les préoccupations des Français. Voilà les réponses que le politique doit apporter.

 

 

Quelle solution appelez-vous de vos vœux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

 

Je pense qu’il serait souhaitable de tenir à nouveau le scrutin, par un vote électronique, sous le contrôle d’une autorité indépendante. Nous sommes conscients du coût, mais si c’est le prix d’un vote non contestable, il faut le payer.

 

La médiation proposée par Alain Juppé avait le mérite de l’apaisement mais n’a malheureusement pas obtenu l’accord de toutes les parties. Dont acte. Les recours sont à la main de chacun, sur le terrain judiciaire comme en interne. Mais n’oublions pas que nous avons des territoires à reconquérir et que l’union sera nécessaire. Nous ne pouvons prétendre rassembler une majorité de Français si nous ne sommes pas nous-même rassemblés.

 

Le nécessaire débat au sein de notre famille doit exister, sur le terrain des idées et non des personnes. Il n’est pas nouveau que les propositions de la Droite Forte ne porte pas notre assentiment total au sein de l’UJP, mais il doit exister. Nous déplorons la caricature et les raccourcis et notre travail doit porter sur la pédagogie et le rassemblement du peuple français. Nous nous battrons inlassablement sur ce terrain.

 

Je souhaite enfin attirer l’attention de vos lecteurs sur un point essentiel : l’UJP va rapidement se positionner sur une charte morale liée à la probité de nos responsables politiques. Il est insoutenable de douter de l’intégrité d’un responsable politique et nous proposerons le retrait par la personne elle-même de toute gestion publique pendant au moins le temps où la justice proclamera son innocence.

 

 

Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

 

Parler de «l’ancien parti majoritaire » est sans doute prématuré, et nous ne souhaitons pas voir disparaître l’UMP. Si cette crise passagère appelle un renouvellement des idées et que chacun choisisse en âme et conscience, alors allons-y ! L’expression démocratique à laquelle l’UMP est aujourd’hui confrontée doit être respectée.

 

Je n’ai pas souhaité engager officiellement l’UJP derrière un candidat. La liberté dans ce genre de débat est nécessaire et je reste assez éloigné de la caporalisation des militants. Certains étaient pro-Fillon, d’autres pro-Copé. Je ne retiens que les débats enrichissants permettant de se convaincre mutuellement. N’est-ce pas ça la politique ? A l’UJP, c’est notre conception, et nous la faisons vivre.

 

 

Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

 

À l’échelle du temps, il ne faut pas dramatiser. L’opposition à un rôle essentiel dans le fonctionnement de nos institutions. Il nous faut jouer ce rôle avec dignité et de façon constructive. L’état de la France l’exige plus que tout. Certes, nous n’avons plus aucun levier du pouvoir, mais les prochaines municipales, les élections européennes sont autant de chance pour par exemple faire basculer le Sénat en 2014. Apprenons à reconstruire notre crédibilité auprès des Français. Et plus que tout, apprenons de nos erreurs. En revoyant notre socle idéologique. Personne n’est exempt d’un examen de conscience sur les causes de nos différents échecs électoraux et parfois sur nos échecs moraux.

 

 

Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

Oui ! Au rythme où vont les événements, j’espère que l’actualité de mes propos sera encore de rigueur. Mais rien n’est moins sûr.

 

Félicitations pour votre initiative et bonne route !

 

 

 

Valentin Fontan-Moret

http://valentinfontan-moret.tumblr.com

 

Valentin Fontan-Moret

  

Bonjour. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

 

Bonjour, je suis militant UMP au sein de la structure "UMP Lycées" dans le Rhône, dans la ville de Lyon. Je suis co-gestionnaire de la page Facebook UMP Lycées du Rhône ainsi que du compte twitter @UMPlycees69 sur lesquels j'invite chacun à nous rejoindre.

 

J'ai fait le choix d'adhérer à l'UMP le 9 Mai 2012. Le 6 Mai au soir, comme des millions de Français, j'étais triste et inquiet pour l'avenir de notre pays. Je me suis laissé le temps de la réflexion: 2 jours, avant d'adhérer.

 

Les sujets sociaux, économiques ou diplomatiques m'ont toujours interessé en tant que spectateur. Puis je me suis forgé à force de curiosité une véritable conscience politique. À côté de cela, le désir profond de servir la France n'a cessé de grandir en moi depuis plusieurs années. Alors, lorsque j'ai compris que la Droite française devrait entrer en résistance, j'ai souhaité la rejoindre pour apporter ma contribution et ainsi réaliser mon souhait de défendre des idées, des valeurs, des convictions. Celles portées par l'UMP.

 

 

Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

 

Les événements qui se sont enchaînés depuis le 18 novembre ont été très éprouvants, moralement, pour tous les militants je pense. Nous n'avons pas tous eu la même vision des choses parce que nous n'avons tous pas soutenu le même candidat. Mais nous avons tous été attristés de voir l'UMP en péril, alors qu'elle était déjà "blessée" depuis le 6 mai.

 

Mais il est normal qu'après avoir tenu le pouvoir pendant 10 ans, soit depuis sa création, l'UMP ait besoin de penser ses plaies, d'apprendre à être un parti d'opposition même si cela est douloureux.

 

J'ai toujours pensé que cela ne nous tuerait pas, que ça ne pourrait donc que nous rendre plus fort. Je suis certain que la nouvelle équipe dirigeante saura tirer les leçons de cet épisode.

 

Et bien sur, en tant que militant, je n'attends qu'une chose : la résolution de ces problèmes et le retour rapide d'une équipe dirigeante forte et dynamique pour mener une opposition forte, intelligente et constructive. Nous avons voté pour élire un Président, pas pour voir notre famille se déchirer ! Nous ne pouvons pas nous laisser voler notre parti par une querelle intestine que nous n'avons pas voulue.

 

 

Quelle solution appelez-vous de vos voeux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

 

J'ai personnellement soutenu Jean-François Copé durant la campagne interne et je crois que son attitude a été exemplaire depuis le début du "fiasco". Il est toujours allé dans le sens de la réconciliation, de l'unité, du rassemblement.

 

Les statuts existant, même s'ils sont sans doute obsolètes comme je l'ai déjà dit, doivent être respectés. Ces statuts sont la garantie de notre unité et de l'exercice de la démocratie interne. Jean-François Copé a toujours veillé à les respecter.

 

Quant au recours à la Justice, je ne crois pas que le signal envoyé ait été le bon. Je n'y ai pas retrouvé la loyauté et l'honneur de François Fillon. Lui qui avait servi la France aux côtés de Nicolas Sarkozy avec tant d'élégance et de talent n'a pas su accepter la défaite avec autant de dignité que le Président de la République. J'ai été attristé par cette décision.

 

Aujourd'hui, je souhaite donc que Jean-François Copé continue ses efforts de rassemblement en tant que Président, je suis sûr qu'il le fera. Et évidemment, j'espère que François Fillon n'a pas quitté la politique. Il a été un homme d'état de grand talent, j'espère qu'il saura saisir les mains tendues, sinon aujourd'hui, dans quelques temps.

 

 

Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

 

Je crois que l'UMP est un parti fort, et je pense que dans quelques semaines tout au plus, cet épisode sera derrière nous. Evidemment, l'amertume des uns et la colère de tous les militants face à ces évènements à ponctuellement affaibli notre parti. Mais dès lors que la confiance sera de nouveau au rendez-vous, tous les militants seront unis. Nous ne demandons qu'à retourner au charbon !

 

Je ne crois pas à l' "hémorragie" que les médias décrivent: ce qui nous soude, ce sont nos idées. Nos valeurs, nos convictions, nous unissent plus que n'importe quel visage. Les Hommes passent, les idées restent. C'est pour cela que nous, les 310 000 militants, resterons unis. Nos valeurs, que nous ayons été "copéistes" ou "fillonistes" sont identiques. Ce sont les valeurs de l'UMP.

 

Et ceux qui dénoncent un "virage à droite" mené par Jean-François Copé sont dans l'erreur ! Le 18 novembre, nous avons voté pour des motions. La Droite Sociale, la France Moderne et Humaniste, le Gaullisme voie d'avenir pour la France et la Boîte a Idées ont reçues plus de 60% des suffrages ! C'est bien le signe que le centre-droit est bel et bien à l'UMP, nul part ailleurs. La diversité des courants à l'UMP fait la force de notre Unité et de notre capacité à rassembler tous les Français.

 

 

Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

 

Je pense que l'enchaînement de tous ces évènements aurait pu être contenu par un plus grand respect. Respect des statuts, de la démocratie, des militants. Mais maintenant que Jean-François Copé a été conforté dans sa position de Président de l'UMP par la commission des recours, la confiance va, je l'espère, regagner le terrain rapidement.

 

Finalement, ce processus aura été trop long, douloureux mais naturel pour le plus grand parti de France, qui apprend à entrer dans l'Opposition. Nous devions en passer par là pour en sortir grandis. La division, au sommet comme à la base, n'aura été que temporaire, j'en suis intimement persuadé.

 

 

Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

Je souhaite rappeler quelque chose.

 

Notre engagement militant est avant tout un engagement pour la France. Et nous, l'UMP, nous devons aux Français et aux millions de sympathisants de constituer une opposition forte. Une opposition qui les protège face à une gauche folle ! 
Résistance, Reconquête et Rassemblement doivent être nos boussoles pour les années à venir.

 

 

 

Nicolas Dufour

 

Nicolas Dufour

 

Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

 

Dufour Nicolas, je suis étudiant en 1ere année de Droit à l'université de Caen et je suis référant jeune UMP pour la 3ème circonscription du calvados. En 2007, lors des présidentielles, j'ai découvert en le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy, un candidat répondant à mes attentes et à ma vision des choses. Initialement, c'est pour lui que j'ai adhéré à l'UMP. À force de subir les dysfonctionnements de notre société, j'ai voulu agir à mon échelle et arrêter de subir sans rien dire. J'ai donc intégré les Jeunes Populaires du Calvados pour des raisons nombreuses et variées : région à gauche, canton à gauche, plus rien n’avançait.

 

 

Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

 

Comme beaucoup des militants que je peux côtoyer un peu partout, je vis mal la situation actuelle de mon parti, c'est comme une famille et cela fait mal quand des membres se déchirent ! Cependant, mon ressenti de militant est que notre seul ennemi est la gauche et malgré la « crise » depuis une semaine, on continue à aller sur le terrain pour dénoncer les betises du gouvernement : aller/retour sur le mariage, Aéroport ND des Landes, dégradations de la note de la France, politique économique qui conduit à la récession et au chômage.

 

 

Quelle solution appelez-vous de vos voeux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

 

Ils doivent arrêter leurs bêtises, la COCOE et la commission des retours a statué, Jean-François Copé est élu président de l'UMP ! On doit donc se réunir ensemble derrière lui, que ca soit le camp Fillon que le camp Copé. Lors de l'élection, j'étais Filloniste, maintenant, je suis UMPiste et je suis derrière notre président ! Il ne doit plus y avoir de camps ! La solution utopique, que beaucoup voudraient, serait le retour de notre Chef: Nicolas Sarkozy.

 

 

Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

 

Je ne pense pas, peut être que ca risque de créer des tensions encore un certain temps à Paris, mais en province comme dans le Calvados, on reste unis et rassemblés, on enregistre des adhésions et pas d’hémorragie de militants ! Jean-François Copé a été élu, il est donc légitime, maintenant, je comprends que Fillon puisse avoir des doutes mais il ne doit pas mettre en péril le parti pour cela !

 

 

Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

 

On est en train de vivre une annus horribilis : défaite aux présidentielles, aux législatives et une élection interne dure !

 

Cependant la première défaite est dû à un anti-Sarkozysme, on a aucune leçon à en tirer, on verra dans 5 ans comme cela sera pour Hollande, il est déjà très bas dans les sondages ! La défaite aux législatives, malheureusement, c'était la suite logique ! On n'a jamais vu une élection législative qui ne suivait pas l'élection présidentielle au niveau couleur de l'Assemblée Nationale !

 

Pour ce qui est de la campagne interne, on a des leçons à en tirer, il faut refaire les statuts pour l'élection ! On doit par exemple baisser le nombre de parrainages pour éviter un duel et avoir le choix dans les candidats ce qui aurait pu éviter la situation actuelle ! Et pourquoi ne pas faire le vote électronique, cela coûte peut être plus cher mais cela évite les problèmes !

 

 

Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

On se prépare pour 2014 et ainsi éviter 5 annus horribilis !

 

Ensemble tout devient possible, il faut que Fillon et Copé ne fassent qu'un !

 

 

 

 

27 novembre

 

 

 

Stéphane Perrin

 

Stéphane Perrin

 

Stéphane PERRIN, militant dans les Vosges, au RPR depuis 1997 et à l'UMP depuis sa fondation. Je suis délégué cantonal, je me suis engagé à l'époque à Epinal pour Philippe Séguin.

 

Le ressenti des militants que je côtoie est différent selon leur sensibilité : les fillonistes sont atterrés et en plein doute, les copéistes se la jouent "embrassons nous folle ville"...

 

Je suis pour une réunion de la Commission des Sages prévue par l'article 36 des statuts du mouvement, avec éventuellement un revote partiel dans les bureaux contestés... et l'établissement d'un bureau exécutif collégial (composé de Copé et 1 copéiste, 2 fillonistes et 1 neutre).

 

Mon message aux 2 camps : ce qui nous unit doit l'emporter sur ce qui nous déchire ! Oui les blessures seront longues à cicatriser et l'UMP est en lambeaux, par contre je pense que nos chefs sauront quand même s'entendre pour contrer la gauche et sa politique inepte, des militants partiront, d'autres viendront... et en 2017, il serait sage que ce soit Nicolas Sarkozy notre candidat. L'UMP doit se reconstruire comme le pôle de droite d'une alliance électorale avec l'UDI et surtout nous devons revoir de A à Z nos statuts, afin d'avoir un fonctionnement plus démocratique...

 

 

 

 

29 novembre

 

 

 

Hélène Bulle 

 

Hélène Bulle

 

Bonjour. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

 

Bonjour, je m’appelle Hélène, j’ai 25 ans, et je suis adhérente à l’UMP depuis 2005. J’ai adhéré à 18 ans, au moment de la crise des banlieues, lorsque Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur, prend les mesures nécessaires permettant de rétablir l’ordre. Pour moi, c’est le déclic : enfin un homme d’Etat, qui n’a pas peur de braver les barrières du politiquement correct et qui a le courage de prendre les choses en main afin de faire primer la sécurité des Français.

 

Cependant, si je considère que militer à l’UMP est une fierté et une véritable aventure humaine, ma priorité était avant tout de m’établir professionnellement. Ainsi, j’ai soutenu les actions et défendu les valeurs prônée par ma famille politique dès que l’occasion m’en était donnée, en étant plus ou moins souvent sur le terrain en fonction des études et concours passés aux quatre coins de la France. Me voici désormais à la direction d’une structure médico-sociale et établie dans l’est de la France. Ainsi, en parallèle de mon travail au sein duquel je préserve une stricte neutralité, je saisis l’opportunité qui m’est offerte par le Député UMP du Territoire de Belfort, Damien Meslot, de devenir Responsable Départementale Jeunes Adjointe (RDJA) dans le département à la fin de l’été 2012.

 

 

Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

 

Les évènements qui mettent à l’épreuve depuis bientôt deux semaines notre famille politique étaient clairement imprévisibles. En tant que militante, j’assume pleinement le fait d’avoir soutenu François Fillon. J’avoue avoir été surprise le soir du 18 novembre, alors que le Territoire de Belfort venait de comptabiliser 63,34% des suffrages exprimés pour François Fillon, à la découverte à la télévision des (non) résultats.

 

Mais mon principal sentiment le 18 novembre, ainsi que celui d’une majorité de militants côtoyés (« copéistes » ou « fillonistes ») une fois l’effet de surprise passé, fut l’incompréhension.

 

L’incompréhension de voir deux leaders s’empresser de proclamer leur victoire tour à tour avant même que la COCOE ne prononce les résultats officiels. L’incompréhension de voir les jeunes fillonistes parisiens se voir interdire l’entrée du siège rue de la Boétie ce même soir.

 

Lundi 19, après une journée interminable, la proclamation des résultats est claire et tout le monde s’apprête, en bonne intelligence, à se réunir autour de Jean-François Copé nouvellement élu Président de l’UMP. L’aventure aurait dû se terminer là, que l’on soit satisfait ou non. Point.

 

Mais comment ne pas réagir lorsque l’on apprend que la COCOE « oublie », ni plus ni moins, de comptabiliser les votes de 3 départements, et, pis encore, ne considère pas nécessaire de les prendre en compte tandis que seules 98 voix séparaient les deux candidats la veille ?

 

Le sentiment du militant doit être abordé de deux points de vue.

 

Les militants ayant voté pour Jean-François Copé sont soulagés de le voir élu Président du parti, et il est légitime qu’ils souhaitent mettre un terme à ce conflit rapidement afin de réunir les adhérents de l’UMP autour de leur candidat. Ils ont honte de l’image que véhicule notre parti à l’extérieur, car ils savent que nous valons bien mieux.

 

Pour leur part, les militants ayant soutenu François Fillon déplorent également l’image de notre famille politique reflétée par les médias. Cependant, si l’on prend la peine de se mettre un instant à leur place, leur réaction apparaît tout à fait légitime : pourquoi laisseraient-ils passer une telle injustice au niveau de la COCOE, puis de la Commission des Recours qui a jugé pour sa part suffisant d’étudier uniquement les recours de Jean-François Copé et non ceux de François Fillon avant de rendre sa décision en faveur du premier ? Trouvez simplement une explication rationnelle à ces deux interrogations et exposez là aux partisans de François Fillon, une grande partie du conflit sera dès lors résolue.

 

 

Quelle solution appelez-vous de vos voeux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

 

En tant que RDJA et militante, au vu de la situation qui évolue chaque jour et qui dessert notre parti, la solution que je préconise est un nouveau vote au sujet de l’équipe dirigeante de l’UMP. Le référendum ne ferait que repousser l’échéance de ce vote, autant aller droit au but. A l’heure actuelle, aucun des deux candidats ne pourrait de toute façon affirmer qu’il est légitime à présider notre parti, car trop de zones d’ombres pèsent sur cette élection.

 

Quelques modifications en amont s’avèrent néanmoins nécessaires avant le second vote. En effet, les deux candidats doivent être positionnés sur un même pied d’égalité, en d’autres termes : les deux candidats -ou aucun des deux- (ne) doivent avoir accès aux leviers du parti (accès au fichier adhérent, articles et photographies sur le site de l’UMP, gestion claire des procurations lorsque celles-ci ne sont pas confiées individuellement à une personne de confiance, financement –ou pas- des campagnes, et organisation optimale des bureaux de vote et de leur nombre le jour de l’élection). Si le re-vote ne se déroule pas en ces termes égalitaires, nous nous engouffrons dans une impasse.

 

Quant au message que je souhaiterais faire passer aux deux « camps », il tient en deux mots : restons dignes.

 

Je suis très attachée à ce principe que je ne cesse de répéter depuis des semaines : pour nous militants, le fait de soutenir un candidat en campagne est tout à fait légitime, par contre, critiquer l’ « adversaire » (qui n’en est pas un dans la mesure où il fait parti de notre famille politique) est indigne. Sans le respect de ce principe, nous ne parviendrons jamais à rester unis.

 

Il n’y a pas un militant plus sarkozyste ou plus patriote qu’un autre en fonction de son soutien à l’un ou l’autre candidat. N’oublions pas que les militants d’aujourd’hui sont ceux qui ont adhéré grâce à Nicolas Sarkozy hier et qui sont fiers des valeurs véhiculées par notre parti. Concentrons-nous sur ce qui nous a toujours unis et non sur ce qui nous divise.

 

 

Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

 

Je pense que lorsque les médias auront un sujet plus intéressant et plus instructif à traiter que le psycho-drame à l’UMP, une grande partie des « blessures » se résorberont toutes seules ! Et les véritables adhérents, ceux qui ont pris leur carte par conviction et non par effet de mode, le savent : « Ce n’est pas en pleine tempête que l’on quitte le navire ».

 

 

Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

 

Cette année, à première vue, peut paraître sombre : énorme mobilisation autour de Nicolas Sarkozy pour voir François Hollande élu le 6 mai. A ceci ajoutons les médias qui n’ont pour la majorité -un bon 85%- osons le dire, fait preuve d’aucune objectivité au cours de la campagne. Grosse déception parmi les militants.

 

Deux mois plus tard, nouvel enjeu, nouvelle échéance : regain de mobilisation pour élire notre nouveau Président de Parti et son équipe. Résultat : « crise » selon les médias, « honte » pour certains de nos militants, ricanements de la part des partis adverses.

 

Nous pouvons aussi considérer cette année différemment : la mobilisation des adhérents en 2012 a été bien au-delà de nos espérances : pour avoir vécu les meetings de Nicolas Sarkozy à Marseille, Villepinte, la Concorde, au Trocadéro, à la Porte de Versailles, à Strasbourg et à Cernay, un seul mot me vient à l’esprit pour décrire l’engouement suscité : extraordinaire !

 

Deux mois plus tard, les déplacements des équipes de François Fillon et de Jean-François Copé dans toute la France ont permis de multiplier les rendez-vous pour nos adhérents et de mobiliser plus que jamais, et ce quel que soit le candidat. Je n’ai jamais autant entendu chanter la Marseillaise qu’en 2012 et n’ai jamais vu autant de drapeaux brandis pour montrer à quel point les militants de l’UMP sont fiers d’être Français.

 

Là est l’essentiel. Nous avons deux options : la dramatisation à outrance, ce qui permet de faire la part belle aux médias et d’alimenter les discussions de cafés du commerce ; ou bien le choix de considérer que ces débats sont positifs en ce qu’ils prouvent la richesse et le vivier d’idées que comporte notre parti (au moins à l’UMP, on a des idées !), de relever la tête, et d’avancer. Tout commence au niveau local, sur le terrain. A nous de montrer l’exemple, jeunes militants et de donner un regain d’espoir aux désillusionnés sans attendre que les problèmes se règlent au sommet.

 

 

Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

Mes propos de doivent pas être interprétés comme partiaux. J’assume mon soutien à François FILLON durant cette campagne, et mon rôle de référent pour la motion Droite Sociale en région Franche-Comté. Je me devais de justifier le sentiment éprouvé par de nombreux « pro-Fillon », comme j’ai essayé de justifier la réaction des « pro-Copé » qui ne considèrent pas forcément l’option d’un second vote utile. Toutefois, le 18 novembre étant passé et au vu de la tournure que prennent les évènements, je mesure l’importance de mon rôle de RDJA, qui consiste à rassembler immédiatement, en rappelant aux adhérents ce qui nous unis avant tout, plus que ce qui nous divise de manière temporaire.

 

Merci de m’avoir laissée m’exprimer sur Paroles d’Actu.

 

 

 

 

6 décembre

 

 

 

Charles-Henri Alloncle 

 

Charles-Henri Alloncle

 

Bonjour. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ? Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager au sein de l'UMP ?

 

Bonjour. Âgé de 19 ans, je suis actuellement étudiant en deuxième année à Sciences Po Paris, Vice-Président de l’UMP Sciences Po et militant dans les Yvelines.

 

En mai et juin derniers, je me suis consacré à temps plein à la campagne des élections législatives dans la 5ème circonscription de Paris, c’est-à-dire les 3ème et 10ème arrondissements, en tant que coordinateur de campagne. Je milite dans les Yvelines depuis mes 16 ans, animant au début la cellule de l’UMP Lycées ; c’est pourtant lors de cette dernière campagne intense, véritable baptême du feu militant, passée chaque jour de 8 heures à 22 heures sur le terrain, que j’ai profondément compris le sens de l’engagement politique, au service des citoyens. J’appartiens à cette génération UMP engagée, celle du terrain !

 

Trop jeune mais déjà frustré en 2007 de ne pas avoir pu participer activement à la campagne pour les élections présidentielles, je sais désormais que ma révélation politique est venue d’un homme, Nicolas Sarkozy, qui le premier a réussi à mettre des mots sur mes valeurs : celle du mérite, du travail, de la responsabilité et de l’Europe. Petit-fils d’un artisan de la construction européenne, j’ai grandi entre la France et Bruxelles avec le sentiment de la nécessité de construire un projet commun qui nous rassemble, sans entraver les fondements de notre identité française. Je suis particulièrement attaché à notre Nation républicaine dont l’histoire me rend si fier. Cet attachement est sans aucun doute la première raison qui anime mon engagement politique.

 

 

Comment vivez-vous les événements qui, depuis une semaine, ébranlent votre parti ? Quel est votre ressenti de militant ? Celui des militants que vous côtoyez ?

 

Pour être honnête, cette semaine m’a blessé comme un très grand nombre de militants sans pourtant remettre en cause mon engagement au sein de cette si belle famille politique. Selon moi, le propre de l’engagement politique est de tenir, même dans l’adversité.

 

Elle m’a blessé car j’ai compris que nous, les militants, attendions, dimanche 18 novembre, avec beaucoup d’impatience, le lancement de notre parti vers un nouveau cap, celui de la reconquête militante. À peine six mois après deux défaites électorales difficiles à accepter, la formidable mobilisation du 18 novembre a prouvé que l’heure n’était plus aux bilans de toutes sortes, aux analyses ou aux lamentations mais bien à l’action.

 

Qui aurait pu en effet prévoir une telle participation dans ce contexte de défaite ? À 20 heures le 18 novembre, j’étais donc particulièrement fier de l’UMP et de ses militants qui se montraient plus déterminés que jamais à écrire une nouvelle page de l’histoire du parti.

 

Aujourd’hui, l’heure est évidemment à la frustration ; j’éprouve un sentiment de gâchis depuis deux semaines. Si un Président est indispensable pour conduire les prochaines échéances électorales, il ne faut pas oublier que l’UMP repose avant tout sur ses militants et ses idées. À l’UMP Sciences Po, si nous avons décidé de ne pas participer à la campagne ni de François Fillon ni de Jean-François Copé, c’est parce que nous accordons bien plus d’importance au débat d’idées qu’au combat de chefs. Je ne cesse de rappeler que ce qui rassemble les équipes de Jean-François Copé et de François Fillon, notamment l’héritage de Nicolas Sarkozy, est infiniment supérieur à ce qui les divise. Je n’accorde aucun crédit à cette « fracture idéologique » que veulent nous faire croire les commentateurs de gauche ou d’extrême droite. L’ombre d’une scission n’a pour seul but que celui de nous diviser.

 

 

Quelle solution appelez-vous de vos voeux pour mettre fin à ce chaos ? Quel message souhaiteriez-vous adresser aux camps Copé et Fillon, à celles et ceux qui sont aujourd'hui aux responsabilités à l'UMP ?

 

À l’heure où je vous réponds, la proposition d’un référendum sur l’opportunité d’un nouveau vote a été avancée et semble convenir à une grande partie des militants. Même si Nicolas Sarkozy ne peut pas assumer publiquement un rôle de médiateur, je reste convaincu qu’une nouvelle fois, il permettra au parti de retrouver un peu de sérénité et de raison en facilitant les négociations.

 

L’UMP appartient à ses adhérents et à ses militants. Tout ce qui va dans le sens de leur redonner la parole est évidemment positif. De ce fait, si les militants souhaitent revoter, alors revotons ! J’ai conscience que la date de ce vote fait débat. Pour ma part, j’estime que les deux camps doivent dépasser leurs chamailleries de calendrier pour convenir le plus rapidement possible d’une date commune.

 

Mais si les camps Copé et Fillon doivent entendre un seul message, c’est celui de l’apaisement et de la concertation. Nicolas Sarkozy a été le premier à le porter, le soir du 6 mai : « Je vous demande une seule chose, vous devez vous engager à protéger l’unité de la famille. Quoi qu’il advienne. Vous me le devez ».

 

Ces heures interminables de débats souvent stériles et virulents sur les plateaux de télévision nous exaspèrent. Que nos dirigeants règlent cette situation directement, entre eux, et cessent de porter atteinte publiquement à l’image d’unité du parti.

 

Il faut qu’ils comprennent que la réalité du terrain est totalement différente de celle de la rue de Vaugirard. Les militants, qu’ils soient Copéistes ou Fillonistes, sont prêts à travailler ensemble, main dans la main. Ils n’attendent plus que le feu vert de leurs représentants à Paris pour mettre un terme à cette situation de paralysie.

 

 

Les blessures issues de ce fiasco seront-elle profondes, à votre avis ? Clairement, craignez-vous un affaiblissement conséquent de l'ancien parti majoritaire ? ("hémorragie" de militants, légitimité contestée et guerre ouverte au sommet...)

 

Cette querelle ne porte que sur une centaine de voix entre les deux candidats. Elle n’épouse aucune des fractures politiques de notre famille, les militants en sont bien conscients. Pour preuve, des hommes comme Claude Guéant et Éric Ciotti ont décidé de soutenir François Fillon alors que Jean-Pierre Raffarin et Marc-Philippe Daubresse ont rejoint l’équipe de Jean-François Copé.

 

La vérité c’est que l’on assiste à une opposition de personnalités, une opposition de caractères. Bien sûr qu’elle laissera des traces pendant quelques temps, mais je pense que ces blessures ne seront que superficielles. Je n’ai pas connu cette lutte dévastatrice pour la droite entre l’UDF et le RPR, et je n’en veux pas aujourd’hui pour l’UMP.

 

J’en appelle à la jeune génération dont je fais partie, celle qui a toujours connu l’unité au nom d’un idéal commun, celle qui ne veut pas entendre parler d’un retour de « la droite la plus bête du monde », à défendre la première lettre de notre parti, notre raison de militer : l’Union.

 

Par ailleurs, il faut souligner que l’UMP a perdu en mai son leader incontesté des huit dernières années. Nous avons toujours eu besoin de nous rassembler derrière un seul chef naturel et charismatique. Cette tradition, nous la devons probablement à notre héritage gaulliste. Il aurait donc paru surprenant qu’une nouvelle figure, faisant l’unanimité auprès des militants, émerge après seulement six mois de reconstruction.

 

Je ne crois pas non plus à une « hémorragie » de militants. Nous militons avant tout pour défendre un socle de valeurs, des idées et non une personnalité. Quel que soit le Président de notre parti élu, les valeurs communes de l’UMP résisteront, car il faut bien plus qu’un homme pour effacer des années d’héritage politique. Que certains militants soient découragés, j’en conviens et c’est parfaitement normal, mais la force du militant c’est celle de tenir pour ses valeurs surtout dans l’adversité. En tant que militants, nous abdiquons rarement les premiers, c’est aussi pour cela que nous avons décidé de franchir le pas du sympathisant au militant, le pas de l’engagement.

 

 

Quel regard portez-vous sur cette annus horribilis pour votre famille politique ? Quelles leçons en tirez-vous pour l'avenir ?

 

L’année n’a évidemment pas été facile pour notre famille politique. Une page s’est tournée le soir de la défaite de Nicolas Sarkozy. Je dois reconnaître que l’admettre m’a pris du temps.

 

Mais avec un peu de recul maintenant, je constate, notamment à l’échelle de l’UMP Sciences Po, que « l’effet opposition » n’a pas démobilisé les militants pour autant, bien au contraire. L’UMP Sciences Po est devenue en octobre la première association politique et la troisième association reconnue de l’école loin devant le PS Sciences Po. C’est historique ! Nous avons doublé notre effectif de militants au sein de la cellule et désormais nous formons une opposition dynamique et constructive. Certains étudiants se sont sentis frustrés d’avoir laissé échapper l’élection de 2012 et de devoir désormais subir les effets de la politique irresponsable de François Hollande et de son gouvernement jusqu’en 2017.

 

Nous sommes donc sur une excellente dynamique à l’UMP Sciences Po et nous ne comptons pas nous arrêter là, ni interrompre les débats d’idées, même dans un contexte plus maussade. Quand on fait attention aux annonces des derniers jours d’une hausse du chômage de 1,5 %, de l’échec du sommet européen à Bruxelles, de la remise en cause de la citoyenneté, de l’évocation de la « liberté de conscience » par François Hollande aux maires de France sur la question du mariage homosexuel, nous ne pouvons pas rester muets face à une telle incompétence du gouvernement.

 

La leçon à en tirer pour les 5 ans à venir est donc très simple : concentrons nos forces pour incarner l’opposition crédible dont les Français ont besoin et cessons de nous battre pour des postes.

 

 

Quelque chose à ajouter ? Merci beaucoup.

 

Je tiens à vous remercier de donner la parole aux militants, celle qu’on n’entend pas suffisamment mais qui est bien souvent la plus lucide.

 

J’espère que les militants entendront cet appel à l’unité, à la ténacité et au rassemblement de notre mouvement, dont la diversité a toujours fait la force !

 

 

 

Merci !!! À suivre...

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Éditions :

29/11 : 1 nouvelle publication

06/12 : 1 nouvelle publication

 

 

 

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26 novembre 2012

Libres ! ... "La liberté est en très grand danger"

Il y a ce plombier de Belgique. Cet économiste français. Cette secrétaire, basée en Suisse. Ce professeur vivant aux États-Unis. Ce qui les réunit tient en un mot. C'est un cri de ralliement. "Libres !" Ils sont cent. Certains sont d'éminents universitaires. Dans tous les cas, des individus dotés d'un solide bon sens. Ils ont pris part, bénévolement, à la rédaction de l'ouvrage "Libres !", produit par le collectif "La main invisible". Une ode à la liberté au travers de cent articles, cent thématiques concrètes. Un manifeste contre les idées reçues. Un appel à la réflexion, à la conscience de chacun. Leurs positions ne feront à l'évidence pas l'unanimité, mais les questions qu'ils abordent mériteraient toutes de faire l'objet d'une publicité accrue, de débats publics. Ulrich Genisson et Stéphane Geyres, co-fondateurs du collectif, ont eu l'idée de ce livre libre de droits il y a un an. Ils ont accepté, deux mois après sa sortie, de répondre à mes questions. Je les en remercie chaleureusement. Et je suis heureux, avec ce document, d'offrir à ma modeste mesure un espace d'expression supplémentaire à une initiative originale, qui gagne à être connue. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIENS EXCLUSIFS - PAROLES D'ACTU

ULRICH GENISSON

et

STÉPHANE GEYRES

Co-fondateurs du collectif "La main invisible"

Coordinateurs, co-auteurs de "Libres !"

 

"La liberté est en très grand danger"

 

Libres

(Photos fournies par U. Genisson et S. Geyres)

 

 

Q : 17/11/12

R : 25/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Stéphane Geyres, bonjour Ulrich Genisson. Avant d'aller plus loin, qu'est-il intéressant, utile que nos lecteurs sachent de vous ? Quels parcours individuels vous ont conduits à nous présenter aujourd'hui ce "bébé" commun, un livre intitulé "Libres !"?

 

Stéphane Geyres : J’ai depuis toujours trouvé bizarre que le système qui nous entoure soit à ce point plein d’incohérences et de malversations, sans que les gens semblent vraiment choqués. Un truc n’allait pas, mais quoi ? Ensuite, ingénieur, j’ai eu pour mon métier à me former à l’économie. Après pas mal de recherches infructueuses, où toutes les théories voulaient me mettre dans d’improbables équations, je suis tombé avec bonheur sur l’école autrichienne, puis sur la littérature libertarienne, et le puzzle s’est enfin mis en place. Depuis, pour mes filles et les jeunes, je milite sur Internet.

 

Ulrich Genisson : Passionné par l’économie depuis toujours pourrais-je dire, en quête permanente pour rassembler les éléments manquants, je suis arrivé au libéralisme à proprement dit, par Milton Friedman, qui, quoi qu’on puisse en penser, à largement participé à la vulgarisation des idées de la liberté économique, du libre échange et d’un état moins présent. J’ai ensuite pris la peine de remonter dans le temps pour lire les ouvrages incontournables du libéralisme classique. Restant toujours sur ma faim, avec une pièce de puzzle manquante, j’ai enfin découvert l’œuvre de Murray Rothbard, et alors tout s’est parfaitement emboité, avec une logique et une légitimité implacable : l’homme libre, propriétaire et responsable.

 

 

PdA : Racontez-nous l'histoire, tout à fait atypique, de "Libres !", de l'idée d'origine à sa sortie effective ?

 

Ulrich Genisson : L’idée à germé le 17 octobre 2011 et quelques minutes après, Stéphane me disait : banco ! Pourquoi autant de méconnaissance sur les idées de la liberté, pourquoi en est-on arrivé à qualifier à tort « d’ultralibérales » toutes les dérives du capitalisme de connivence et de la social-démocratie, pourquoi l’espoir de rendre aux individus les libertés que nous avions quelques décennies auparavant passent-elles pour une utopie ? Il n’y a je crois, que peu de sujets aussi mal connu que le libéralisme, et même pire, on lui prête des maux qu’il combat pourtant sans aucun doute possible. Nous avons la chance d’avoir quelques centaines d’excellents auteurs de par les siècles. Malheureusement ils sont très méconnus en France. Il suffit de demander dans la rue qui connait Frédéric Bastiat, député des Landes en 1850, pour s’en rendre compte, alors qu’il est mondialement connu (nul n’est prophète en son pays)! Nous avons donc eu l’idée de faire un livre à 100 auteurs, sur 100 sujets, très facile à lire, au prix le plus bas, pour mettre les idées d’un monde libre dans les mains du plus grand nombre, rien de moins. Nous avons fait un super best-of d’initiation à « la liberté rendue à chacun » avec pour ambition de donner envie, de susciter des vocations et surtout – l’esprit – de l’homme libre !

 

Stéphane Geyres : L’idée est d’Ulrich au départ, mais je l’ai tout de suite suivi, il fallait – il faut encore – secouer les libéraux qui sommeillent en chacun de nos amis, voisins, concitoyens. Pour ma part, outre le suivi de mes 50 auteurs, j’ai plus spécialement pris en charge la revue des articles, la maquette, l’assemblage et le respect des règles – 2 pages chacun – bref la préparation du livre. L’organisation de l’expédition des 2000 exemplaires de la pré-édition aux 200 auteurs et supporters a aussi été un grand moment – les postières s’en souviennent encore… Ulrich a été un grand marketeur.

 

 

PdA : Quel premier bilan tirez-vous de cette aventure, deux mois après la publication de l'ouvrage ? Quelles sont vos ambitions avouées le concernant ?

 

Stéphane Geyres : Je suis à la fois très heureux et fier, et très mitigé. Nous avons montré qu’il est possible de mobiliser 200 personnes sur le thème de la liberté, la simple existence du livre est en soi une satisfaction. Les retours sont tous très positifs. Mais – et je suis sûr qu’Ulrich le dira – nous espérions un démarrage plus flamboyant. Rien n’est joué, mais si un tel livre ne perce pas plus vite, c’est qu’il y a vraiment un grave problème en France en matière de perception de la liberté.

 

Ulrich Genisson : Dans mon esprit, le libéralisme souffre d’une de ses qualités. Dans les courants de pensées collectivistes, qu’ils soient marxistes, socialistes et autres joyeusetés de ce genre, il y a quelques « intellectuels » qui en sont les leaders et un énorme pourcentage de « veaux » à qui on fait faire n’importe quoi – y compris la guerre – des personnes qui ne sont pas là pour penser, mais pour agir. Chez les libéraux, la quasi-totalité des individus a pris le temps de lire beaucoup d’ouvrages et s’est donc forgé sa propre opinion. Effet pervers, depuis des siècles maintenant, les libéraux de tous les courants ont pris comme habitude, et même comme religion, d’être incapables de travailler ensemble sur les 95% qui les rassemblent, tout en prenant tout le temps et toute l’énergie nécessaire à s’éviscérer sur les 5% qui les opposent. Le bilan est pitoyable, car non seulement nous sommes totalement inaudibles aux yeux du grand public, mais si par chance une idée libérale venait à sortir du lot, elle serait immédiatement lapidée par des libéraux qui sont en opposition. Non seulement nous devons nous battre contre les ennemis de la liberté, mais nous devons aussi consacrer une large part de notre énergie pour nous bagarrer entre nous. Heureusement, je pense qu’avec LIBRES ! Nous avons prouvé qu’il était possible de collaborer, dans le respect des idées de chacun. Nous avons réussi en peu de pages, à faire travailler 100 auteurs, qui sont presque autant de courants de pensées, en formulant un message clair et cohérent : la liberté, pour tous, partout, maintenant !

 

 

PdA : Vous vous revendiquez tous deux de « l'anarcho-capitalisme ». Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?

 

Ulrich Genisson : C’est très simple. Murray Rothbard disait : « La liberté, c’est le droit de faire ce qu’on désire avec ce qu’on a. » Quand on prend le temps de réfléchir à cela, on s’aperçoit qu’on a là un tout. Ne pas voler, respecter l’autre, pouvoir utiliser toute sa liberté dans le respect de la même liberté pour les autres, c’est-à-dire utiliser ce qu’on a et pas ce que les autres ont. L’anarcho-capitalisme se fonde sur la liberté pour chaque individu ainsi que son corolaire, qui est la responsabilité de ses choix, le tout dans un cadre de propriété privée. Ce terme désigne simplement la possibilité pour chacun de vivre sa vie pleinement, de pouvoir faire absolument tout ce qui ne crée pas de préjudice aux autres. Liberté de choisir ses mœurs, sa vie, de sa propre naissance à sa propre mort, son alimentation, ses vices et ses vertus, sa religion, où aller et avec qui, quoi faire comme métier, comment dépenser son argent… L’anarcho-capitalisme c’est aussi la mise en place d’une vie en société riche ! Christian Michel le résume parfaitement ainsi : « La société que nous construisons, inédite dans l'Histoire, est une société sans pouvoir, à la fois très modeste, car elle renonce aux grandes épopées des princes et des États, et très ambitieuse, car elle demande l’engagement de chacun au quotidien. C’est une société qui abandonne la politique pour la politesse, la citoyenneté et le civisme pour la civilité. » C’est donc une société concrètement humaine, une société qui permet à chacun d’aider la personne en détresse qui se trouve sur son chemin et pas une société équipée d’œillères qui demande à l’état de s’occuper de tout – hypocritement – mais qui laisse mourir des gens dans la rue avec bonne conscience. L’anarcho-capitalisme c’est simplement une société d’hommes et de femmes, libres, responsables, propriétaires, à commencer dans leur travail. C’est une société qui s’est débarrassée de ses politiciens, une société d’affranchis ! Nous n’avons pas besoin d’état, mais l’état à besoin de nous et nous le rappelle sans cesse. Arriver à se débarrasser des coercitions de l’état sera probablement l’évolution humaine la plus importante de toute histoire.

 

Stéphane Geyres : Ce terme d’anarcho-capitalisme est un peu barbare, mais en fait le concept est très simple. Il consiste à constater que la seule manière de réaliser une société juste et humaine parce que vide de privilèges indus et de dissymétries de pouvoir, c’est de s’appuyer entièrement sur l’équité que le marché de libre-échange seul garantit. Autrement dit, « l’anarcapie » est une société sans pouvoir ni bureaucratie où tout repose sur la propriété privée et le commerce – y compris pour les fameuses fonctions régaliennes. Vos lecteurs seront probablement choqués par une telle idée, car on nous explique depuis notre plus jeune âge que le marché, « c’est mal », mais en réalité, il n’en est rien – et les contre-exemples grouillent autour de nous. Le simple fait que le marché noir se mette spontanément en place lorsque l’état devient insupportable démontre le caractère naturel du marché – et malsain de l’état. Je tiens à rappeler que le livre n’est pas pour autant anarchiste, le libéralisme que vous y lirez vient de 100 personnes aux sensibilités variées et souvent très réalistes.

 

 

PdA : Imaginons un instant que, portés par une vague d'enthousiasme extraordinaire en faveur de vos idées libérales, vous arriviez au pouvoir en France. L'un de vous deux serait à l'Élysée, l'autre à Matignon, soutenu par un parlement acquis à vos idées. Certes, il y a des hypothèses plus réalistes. Et de toute façon, vous me direz sans doute que vous ne voulez pas du pouvoir... Mais vous avez compris le sens de ce scénario. Que feriez-vous de ce pouvoir ? Quel serait votre programme, votre plan d'action ?

 

Stéphane Geyres : C’est extrêmement simple – on y a déjà réfléchi, au cas où… :) Ce scénario est proche de ce que Ron Paul aurait je pense joué aux Etats-Unis s’il avait eu l’investiture républicaine. Il y a trois temps. Tout d’abord, on libéralise tout ce qui peut l’être immédiatement, c’est-à-dire ce qui n’affecte pas le social ni la sécurité. Par exemple, tous les services publics perdent leurs monopoles. Cela dégage vite assez d'économies pour permettre de peu à peu supprimer tous les avantages sociaux et de libérer tout le droit du travail. Chômage réglé. En cinq ans, on doit pouvoir même réduire à néant le plus gros du mille-feuilles des collectivités territoriales. C’est cela le courage libéral. Le livre propose une autre approche que votre scénario. Celui de la panarchie, où plusieurs régimes politiques sont en concurrence sur le même territoire.

 

Ulrich Genisson : Le seul pouvoir qui m’intéresse c’est celui que je veux sur moi-même. La seule chose utile à faire pour profondément libérer chaque individu est la mise en œuvre d’une liquidation de l’état. Quand on réalise au fond de quelle ruine les hommes de l’état vont nous plonger pour des décennies, on est en droit de se demander jusqu’à quand les peuples vont tolérer et supporter cela. Il existe une 3è voie entre continuer la fuite en avant et tout arrêter en souffrant pendant des dizaines d’années pour éponger les dérives d’hommes irresponsables. Cette voie est simple, facile à mettre en œuvre, ne piétine la liberté de personne et peut remettre les compteurs à zéro en quelques mois, tout en limitant très largement les pertes… Mais pour cela, il faut liquider l’état. Vivre sans état n’est pas le désordre comme beaucoup le pensent, bien au contraire. Une vie sans état, c’est le droit pour chaque individu de vivre librement, en sécurité et non sous le joug d’une classe dirigeante capable des pires injustices pour s’imposer de force !

 

 

PdA : Bon... Revenons à des considérations plus terre-à-terre. Plus réalistes, en tout cas. Imaginons maintenant qu'un gouvernement, quelle que soit sa "couleur", vous commande un rapport sur le thème suivant : "Libérer la société et l'économie françaises". Quelles seraient vos recommandations principales ?

 

Ulrich Genisson : Si on devait me commander un tel rapport, il serait favorable à la lutte contre la déforestation car il tiendrait sur une page, où serait inscrit simplement : « Cessez de vous occuper de nous ! » Plus sérieusement, je doute de l’utilité d’un tel rapport. Les peuples sont devenus des junkies de la dépense publique. On ne vote plus pour un bien-être collectif (défense, justice…) mais pour imposer aux autres ses propres choix. Quand dans un pays, plus de 50% des citoyens reçoivent de la part de l’état, alors que moins de 50% sont obligés de donner à l’état, comment voulez-vous espérer la moindre prise de conscience autrement que lors de la faillite du système ? Plus que jamais, Frédéric Bastiat avait raison : « L’état, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »

 

Stéphane Geyres : Il faut bien voir que contrairement aux croyances ambiantes, il est naturel d’être libéral, on naît libéral et la société laissée à elle-même s’organise spontanément toujours selon les principes libéraux. Ce qui rend la France non-libre, c’est sa culture et son jacobinisme, enseignés à l’école. Je rejoins Ulrich, pour libérer la France, pas besoin d’un rapport, on en connaît la substance depuis Say, Turgot, Constant, Bastiat, Molinari et tous leurs héritiers : il faut et il suffit de retirer l’état de tout ce qui ne touche pas strictement à la justice et à la sécurité, et cesser de dire et d’enseigner que l’état est la solution légitime et unique à tous nos problèmes. Mon rapport se contenterait de rappeler que le seul rôle éventuellement légitime pour l’état, ce sont les fonctions régaliennes et rien d’autre, et qu’en gros tous les fonctionnaires et assimilés intervenant hors du champ de la police et de la justice doivent être remis sur le champ sur le marché du travail, où ils pourront trouver une fonction bénéfique.

 

 

PdA : Quels sont les pays, les territoires, les expériences historiques... qui font figure d'exemples à vos yeux ?

 

Stéphane Geyres : Les États-Unis à leur tout début étaient un espace proche de l’idéal de la société libre. Les micros-états et paradis fiscaux comme San Marin ou Andorre sont aussi de bons candidats. L’Europe médiévale avec ces multiples villes-états fut aussi proche de ce qui sera – indubitablement – l’avenir de l’organisation sociale libre.

 

Ulrich Genisson : À mes yeux, je ne vois que des bribes de libertés tantôt sociétales, tantôt économiques, car au fond partout dans le monde, les peuples sont soumis plus ou moins à la coercition de quelques-uns. Il est d’ailleurs caustique de voir qu’on jette des gens en prison dans certains pays pour une même pratique vue comme totalement légale dans d’autres, sans que ça ne choque personne. La France est devenue un pays de joueurs de loto qui détestent les riches tout en voulant le devenir. Schizophrénie ? Beaucoup l’ont déjà dit, mais le retour aux réalités sera dur !

 

  

Ulrich Genisson

Ulrich Genisson

 

  

Stéphane Geyres

Stéphane Geyres

 

 

PdA : Où devrait-on placer, de votre point de vue, les bornes de limitation de l'intervention des personnes publiques ? Quels secteurs l'État et ses assimilés devraient-ils évacuer ? Où se situe l'action publique souhaitable parce que nécessaire ?

 

Ulrich Genisson : Tout ce qui ne cause pas de préjudice à un autre individu doit être légal. La liberté d’établir des contrats devrait être totale. Aucune participation dans aucune activité économique ne devrait être possible pour l’état, ce qui implique par exemple la disparition de ce qui est qualifié de si précieux en France : le service public. Partant de là, les prérogatives de l’état seraient déjà réduites de 95%.

 

Stéphane Geyres : La liberté, ce n’est pas la loi de la jungle. Il y a classiquement deux façons de voir les choses. Les « minarchistes » pensent que l’état et ses bureaucrates doivent se limiter au strict périmètre régalien – justice et sécurité, mais aucunement ni santé, ni monnaie, ni éducation, ni routes. Les libertariens que nous sommes pensent que même justice et sécurité sont trop importantes pour être confiées et assurées par les hommes de l’état. Il faut bien voir que c’est une question de moralité. Quand on parle d’état, on entend en général bureaucratie et fonctionnaires au statut inamovible. Or c’est là qu’est le danger car ce statut rend le fonctionnaire irresponsable de ses actes. Le policier ou le juge fonctionnaire peut commettre la pire des erreurs judiciaires sans être remis en cause. Pour un juge privé, ce serait tout le contraire et c’est précisément cette pression du marché et de la responsabilité qui assurerait des services de police et de justice de bien meilleure qualité. L’anarchie n’est pas la jungle, c’est au contraire un havre de justice et de sécurité.

 

 

PdA : J'aimerais votre avis sur la Sécurité sociale à la française. Le dispositif est certes coûteux, mais il garantit un bon niveau de santé à la population. La prévention joue à plein, et nul n'est exclu, du fait d'un manque de revenus - sur le papier en tout cas - des soins les plus lourds. Il y a sur ce sujet un relatif consensus dans la société. Et vous, qu'en pensez-vous ?

 

Stéphane Geyres : Ulrich sera, je pense, d’accord, je conteste ce consensus que vous avancez et je le pense pour ma part tout à fait incertain. Comment savez-vous par exemple que le niveau de soin et de santé est bon ? Comment peut-on même imaginer savoir le mesurer ? Car la santé, c’est comme tout dans la société, une affaire individuelle. Mon besoin de soin n’est pas le même que le vôtre. Donc ma mesure de satisfaction a toute chance d’être différente aussi. Contrairement à tout ce qu’il est politiquement correct de dire en ce pays, la santé est un sujet qui relève strictement de l’économique, car il s’agit d’utiliser au mieux les ressources rares que sont les médecins, les laboratoires, les médicaments, les équipements. Il faut donc au contraire totalement la rendre au marché privé pour qu’elle soit « de bon niveau ». Patrick Casanove, médecin de nos auteurs, a rédigé un article et même un livre qui dénoncent cette croyance en nos Sécu et système de santé.

 

Ulrich Genisson : J’ai perdu ma grand-mère par manque de couvertures dans un hôpital public, on a refusé un traitement expérimental à ma mère parce que non encore validé par la sécurité sociale alors qu’il coûtait 10 fois moins cher que son traitement en cours. Alors celui qui vient me parler de « bon niveau », je pense qu’il faut simplement lui payer un billet d’avion, pour aller voir aux USA, en Suisse, en Asie, ce qu’on peut avoir comme qualité de soins et à quel prix. Il suffit de voir ce qui se passe à l’étranger pour s’apercevoir que nous avons un système de soin de plus en plus défaillant, qui use les personnels, qui démotive, et qui coûte de plus en plus cher. 

 

 

PdA : Arnaud Montebourg en ministre activiste du Redressement productif pour tenter de maintenir certaines activités sur le territoire, de promouvoir le "Made in France"... Plutôt pas mal ? Risible ? Carrément néfaste ?

 

Ulrich Genisson : Si j’étais libre de m’exprimer, je dirais : risible, carrément néfaste et j’ajouterais très dangereux. Mais comme je ne suis pas libre… Achille Tournier disait : « La politique est le seul métier qui se passe d’apprentissage, sans doute parce que les fautes en sont supportées par d'autres que par ceux qui les ont commises. »

 

Stéphane Geyres : Les Renseignements Généreux m’empêchent de dire ici ce que je pense du personnage et de son incompétence en économie, laquelle finit par le rendre catastrophique pour ces couches sociales mêmes qu’il prétend avoir à cœur. Juste une chose. Frédéric Bastiat, Député des Landes en 1848 et fin économiste, oublié depuis en France mais mondialement connu, l’a démontré dès cette époque – et bien d’autres auteurs depuis : le protectionnisme, sous quelque forme que ce soit, est néfaste pour toute économie, pour tout pays, pour toute commune. Il enrichit les mauvais industriels et appauvrit les consommateurs, c’est-à-dire ceux qui sont les plus nombreux. La prospérité passe par la mondialisation du libre-échange. L’enrichissement de tous suppose que les entreprises – y compris publiques – affrontent la concurrence et se tiennent compétitives. Montebourg devrait pousser à la compétitivité du pays et non à la protection courte-vue d’emplois déjà dépassés.

 

 

PdA : Les deux questions précédentes m'inspirent celle qui suit... La solidarité nationale... La patrie... Une attaque récurrente - ça ne la rend pas juste pour autant - lancée par leurs détracteurs aux "très" libéraux : ces valeurs leur seraient étrangères. Que vous inspirent ces notions ? Qu'aimeriez-vous répondre à cela ?

 

Stéphane Geyres : Il y a trois choses différentes je crois dans cette question. La solidarité, tout d’abord, est je crois un phénomène spontané. Contrairement à ce que beaucoup avancent, les gens s’entraident spontanément, la charité existe, elle est même énorme dans les pays anglo-saxons – là encore, il y a un article dans Libres !, par Alexandre Gitakos, sur ce sujet. Par contre, je ne vois pas en quoi la solidarité « nationale » aurait un sens. Faut-il être obligé d’être « solidaire » d’un inconnu sous prétexte qu’il a le même passeport ? Même s’il ne donne aucun signe de mériter un tel geste ? Patrie et nation sont en effet des notions très contestées par les libéraux, car elles nient la nature individuelle de l’homme et tentent de lui sur-imposer une abstraction arbitraire. J’ai moi-même écrit un article dans Libres ! qui explique ce point de vue sur la nation.

 

Ulrich Genisson : Le jour ou l’on m’expliquera ce qu’est la France, ce qu’est un français, par déduction on pourra peut-être définir ce qu’est la patrie. A ce jour, ma patrie c’est la liberté et tous ceux qui pensent que la liberté est une cause primordiale dans leur vie défendent la même patrie que moi. Un français, bientôt, ce ne sera rien d’autre qu’un individu obligé et soumis à l’état contrôlant les français. Je suis désolé, mais cette patrie là, je n’en veux pas.

 

 

PdA : Quelles restrictions au concept de "liberté" jugez-vous raisonnablement acceptables ?

 

Ulrich Genisson : Aucune restriction n’est recevable. Les droits naturels que nous recevons, la vie, la liberté, sont inaliénables. La propriété (concept expliqué simplement dans LIBRES !) est absolument centrale dans la vie de chaque individu, aussi bien envers son propre corps qu’envers ses biens c’est-à-dire son travail. Une nouvelle fois, Murray Rothbard nous l’explique si simplement : « Je considère la liberté de l’individu non seulement comme moralement excellente en elle-même, mais aussi comme la condition nécessaire de toutes les autres valeurs que chérit l'humanité : la vertu, la civilisation, les arts et sciences, la prospérité. Mais la liberté a toujours été menacée par les ingérences du pouvoir politique, pouvoir qui essaie de réprimer, de maîtriser, de paralyser, d’imposer et d’exploiter les fruits de la production. Le pouvoir ennemi de la liberté, est presque toujours concentré dans ce réceptacle de la violence qu’est l’état, et obnubilé par lui. »

 

Stéphane Geyres : Restrictions ? Aucune bien sûr. Mais votre question montre à mon sens une incompréhension chez bien des gens. On oublie souvent que la liberté suppose la responsabilité, car pour respecter celle d’autrui – et donc qu’autrui respecte la mienne – il faut que je sois conduit à assumer mes actes et mes éventuels irrespects. La responsabilité m’assure qu’autrui sera motivé à respecter ma liberté, et moi la sienne. A partir de cet équilibre de base, pourquoi chercher à limiter ? Au contraire, un des enjeux de notre société, où de nouvelles formes de relations sociales émergent – via Internet, les réseaux sociaux, demain le robots peut-être – c’est justement de tirer cet enseignement de la simplicité efficace de la liberté pour la voir appliquée à tous ces nouveaux espace. Un grand risque moderne, c’est la prise en main d’Internet par les bureaucrates. Il faut absolument conserver à Internet sa nature apolitique et apatride.

 

 

PdA : Quelles sont, finalement, ces libertés que vous revendiquez ?

 

Stéphane Geyres : Toutes donc. :) A commencer par celle de ne pas avoir à payer d’impôts, surtout pour des services que je n’utilise pas ni n’ai même souhaités. Celle de faire ce que je veux chez moi, y compris jeter dehors tout locataire qui ne respecterait pas son engagement à payer son loyer. Celle de rouler à la vitesse que je veux, pourvu que je m’assure que je ne heurte ni n’accidente personne. Celle d’embaucher ou de licencier sans avoir de comptes à rendre à personne à part ces employés eux-mêmes. Toutes.

 

Ulrich Genisson : Simplement la liberté de vivre à 100% sa vie ! Rien de plus, rien de moins. Si vous voulez vivre dans une cabane au fond du jardin en mangeant bio tout en travaillant 15h par semaine, libre à vous ! Si vous voulez sauter en parachute d’endroits improbables et risquer de perdre votre vie au quotidien, libre à vous ! Si vous voulez travailler dur pour sortir de la misère et donner un avenir à vos enfants, libre à vous ! Personne ne sait mieux que vous la route que vous devez suivre, car vous seul êtes légitime pour la tracer…

 

 

PdA : Pourquoi nos lecteurs devraient-ils acheter "Libres !" ? Quels sont vos meilleurs arguments ?

 

Ulrich Genisson : Les français et plus largement tous les citoyens occidentaux ont troqué leur liberté contre une hypothétique sécurité et une passion pour l’égalité. Victor Hugo disait : « En général, en France, on abandonne trop volontiers la liberté, qui est la réalité, pour courir après l’égalité, qui est la chimère. C’est assez la manie française de lâcher le corps pour l’ombre ». Nous sommes arrivé à la fin d’un cycle, l’état étant à bout de souffle et manque de carburant c'est-à-dire d’argent. Nous arrivons à la croisée des chemins où chacun va se retrouver devant un choix : d’un coté la liberté, de l’autre, l’esclavage le plus total. LIBRES ! a été initié, conçu pour attirer l’attention ce qu’est vraiment la « route de la liberté » pour ne pas que nous empruntions une fois de plus « la route de la servitude ». 100 sujets simples d’accès, chaque thème se lisant entre 3 stations de métro. 100 auteurs représentants toute la diversité possible d’âges, de professions, de niveaux possibles. Vous êtes une mère de famille inquiète pour l’avenir de ses enfants ? Ce livre est pour vous ! Vous êtes un motard qui en a ras-le-bol de se faire persécuter ? Ce livre est pour vous ! Vous êtes un jeune chef d’entreprise qui ne comprend pas pourquoi, malgré tout ses efforts, l’état vit très bien sur son dos alors que lui ne vit plus ? Ce livre est pour vous ! Personne n’est exclu dans ce livre, tout le monde y trouvera une résonance dans sa propre vie.

 

Stéphane Geyres : Ils sont libres eux-mêmes, mais ils l’ont oublié. Quand ils se seront rendu compte qu’ils sont en fait libéraux, que la liberté, c’est la vie, ils se rendront compte que cette liberté dont ils ont envie au fond d’eux est en réalité légitime et possible. Libres ! a été écrit pour que les gens se rendent compte que la liberté, ils l’ont en eux, que le droit libéral est une notion simple, naturelle et de bon sens. Que toutes – je dis bien toutes – nos difficultés sociales sont en réalité l’effet de quelque immixtion abusive et injustifiée des bureaucrates dans notre vie et nos affaires privées légitimes.

 

 

PdA : Quels sont vos projets ? Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

 

Stéphane Geyres : Pour l’instant, il s’agit de faire de Libres ! un succès, c’est-à-dire qu’on vienne à parler de Libres ! comme d’un événement politique et littéraire majeur.

 

Ulrich Genisson : Nous attendons sincèrement que ce livre soit repris massivement. Nous avons réunis toutes les conditions pour cela, que se soit par les courants représentés, le nombre d’auteurs, les textes libres de droits, les 550 journalistes et célébrités contactées qui ont reçu un exemplaire de LIBRES ! Nous avons tous offert ce travail à notre cause : La liberté !

 

 

PdA : Un message à adresser à nos lecteurs ?

 

Ulrich Genisson : La liberté est en très grand danger. Si vous la laissez tomber maintenant, ne vous plaignez pas un jour qu’elle vous laisse tomber à son tour.

 

Stéphane Geyres : Libres ! a été écrit pour tout le monde, pour les gens inconnus comme vous et moi. Il est facile à lire, il parle de sujets qui vous concernent. C’est votre livre.

 

 

PdA : Un dernier mot ? Merci infiniment !

 

Stéphane Geyres : Ces questions sont intéressantes, mais souvent mériteraient d’y consacrer du temps, tant on n’est peu habitué de parler de liberté. Une série d’interviews, sujet par sujet, me semblerait une bonne idée, une suite logique…

 

Ulrich Genisson : Je souhaite que nos lecteurs se posent cette question : On dit du peuple qu’il n’est pas assez lucide et intelligent pour décider de son destin. Mais alors pourquoi lui donner le droit de choisir les hommes et les femmes politiques qui le feront à sa place ? Un individu capable de choisir ses chefs, ne devrait-il pas plutôt voter pour lui-même ?

 

 

 

Merci encore à tous les deux pour vos réponses, tous mes voeux de succès pour "Libres !". Phil Defer

 

 

 

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24 novembre 2012

Jérémy Coste : "Soyons, à l'UDI, les visionnaires du 21ème siècle"

Lors de notre premier échange, il y a trois mois, Jérémy Coste me faisait part de ses espoirs quant à une réorganisation prochaine de sa famille politique. C'est en ce sens qu'il avait rejoint l'aventure de la Force européenne démocrate, un mouvement visant à favoriser la constitution d'une confédération qui mettrait fin à l'éclatement des centres. Depuis, l'Union des démocrates et indépendants est née, sous l'impulsion de Jean-Louis Borloo. Depuis... l'UMP s'est embourbée dans un incroyable chaos post-électoral sur fond de divergences stratégiques profondes. Fillon-Copé. Une ligne assez proche des centristes, une autre qui se dit volontiers "décomplexée". Cette dernière semblant, aux dernières nouvelles, l'avoir emporté, plusieurs modérés du parti - dont Pierre Méhaignerie, ancien ministre - ont choisi de rejoindre l'UDI. La dynamique est là, elle est palpable. L'ambition est claire : faire émerger un grand parti qui, comme l'UDF en son temps, se poserait en partenaire incontournable pour la droite. Peser, de nouveau, pour être in fine en capacité d'imposer des débats, de porter ses idées. Exister, pas une mince affaire dans un système trop souvent structuré autour des affrontements perpétuels que se livrent deux blocs, parfois jusqu'à la caricature, toujours en dépit de l'intérêt national. Giscard espérait s'appuyer sur un consensus raisonnable, acceptable pour "deux Français sur trois". Borloo est déterminé à prendre le relais. Il croit pouvoir construire "une force centrale". Nouvelle rencontre avec Jérémy Coste, juste après l'assemblée constituante de l'UDI. Il en est l'un des co-fondateurs... et l'une des jeunes pousses les plus prometteuses du paysage politique actuel. Au mois d'août, il l'affirmait, la troisième voie, "j'y crois encore !". Plus que jamais... Merci. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JÉRÉMY COSTE

Membre de la Direction nationale provisoire UDI Jeunes

Porte-parole des Jeunes forces démocrates

 

"Soyons, à l'UDI, les

 

visionnaires du 21è siècle."

 

Jérémy Coste 1

(Photos fournies par Jérémy Coste)

 

 

Q : 23/10/12

R : 23/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Jérémy Coste. Il y a deux mois, vous évoquiez pour Paroles d'Actu la constitution de la Force Européenne Démocrate (FED), parti ayant pour vocation de faciliter la réunion des centres. Ce week end, l'Union des Démocrates et Indépendants, fondée sur les bases du groupe parlementaire du même nom, a officiellement fait son entrée sur la scène politique. Pouvez-vous nous parler des mouvements de coulisses, de ce qui a conduit à ce résultat ?

 

Jérémy Coste : Bonjour.

 

L’UDI est une chance pour notre pays. Entre la droite qui ne sait plus avec qui ni dans quelle direction elle doit travailler et une gauche alliée à l’extrême gauche, embourbées dans une soupe idéologique sans aucune cohérence, la France a besoin d’une nouvelle offre politique. C’est ce que nous leur offrons.

 

Pour répondre à votre question, cela faisait plusieurs mois que le rassemblement figurait parmi les objectifs de nos responsables politiques. Mais la présidentielle et les législatives, ajoutées aux problèmes d’égo entre nos leaders, n’ont pas permis de concrétiser ce désir. La défaite de l’ancienne majorité a précipité les choses et la montée du Front national nous a interpelés et pressés d’accélérer.

 

Cet été, Jean-Louis BORLOO affichait sa volonté de contribuer à la constitution d’un grand parti au centre de l’échiquier politique français. La création du groupe parlementaire nous a aidés.

 

Puis Jean-Christophe LAGARDE, devant l’absence effective de création d’un parti politique réunissant tous les courants du Centre, a décidé d’entreprendre la démarche en créant un mouvement destiné à dire haut et fort : « Nous, réunis au sein de la FED, voulons rassembler et travailler ensemble au sein d’une grande maison centriste. » Dès lors, de nombreux militants du MODEM, du NC et d’autres mouvements ont franchi le cap. La seconde pierre de l’édifice, après l’annonce de Jean-Louis BORLOO.

 

Finalement, nous avons concrétisé nos intentions, avec l’annonce le 18 septembre de la création d’un parti centriste portant le même nom que le groupe à l’Assemblée nationale : l’UDI.

 

Bien entendu, ce fut plus difficile que cela ne le paraît. Jean-Louis BORLOO a fait preuve d’un talent exceptionnel pour mettre tout le monde d’accord.

 

Il a su associer au-delà des parlementaires tous ceux qui depuis des mois œuvraient en faveur du rassemblement de notre famille. Cette démarche historique a été couronnée de succès dimanche 21 octobre - lancement de l’UDI à la Mutualité - par la présence de Valery Giscard d'Estaing et Simone Veil.

 

 

PdA : Je vous avais demandé, au mois d'août, sous quelle forme vous souhaitiez voir s'organiser la famille centriste éclatée. Vous aviez cité et décrit un fonctionnement de type confédéral, mais ce n'était (l'était-ce ?) que par pure hypothèse. Depuis, donc, l'Union des Démocrates et Indépendants est née. Alors, l'UDI, comment ça marche ?

 

J.C. : L’UDI est un regroupement d’hommes et de femmes venant de composantes diverses, toutes proches de l’ancienne UDF. Lorsque l'on réunit des militants et Français d’horizons différents, même s'ils partagent l'essentiel : des idéaux, il est utile d’avancer progressivement. Chacun doit se sentir respecté dans ses opinions. L’UDI, c’est l’union des centristes se revendiquant à la fois de la droite sociale comme Chantal JOUANNO, du radicalisme, qui depuis plus d'un siècle est attaché aux valeurs de la République, du libéralisme qui souhaite associer la liberté d’entreprendre aux libertés sociales, mais aussi des démocrates-sociaux pour qui la solidarité et le progressisme sont une priorité. L'UDI c'est aussi toute une partie de Français, respectueux des autres, qui souhaitent promouvoir la conservation de certaines valeurs historiques qui ont marqué et construit notre pays.

 

Face à cette diversité, il apparaît évident qu’un parti absolument intégré faisant fi des courants n’est pas envisageable dans un premier temps. L’exemple de l’UMP le montre bien. L’UDI est donc un parti fédérant à la fois des hommes et des femmes faisant le choix d’adhérer en direct, ou des partis politiques acceptant sa charte de valeurs, son règlement intérieur et ses statuts.

 

Il existe toutefois une différence notable avec l'UDF, où tout un système de quotas sclérosait l'organisation interne. À l'UDI, chaque adhérent a le même poids et est considéré de la même manière, quel que soit le parti fondateur dont il est adhérent. Jean-Louis Borloo l'a précisé : "Un adhérent, une voix".

 

L’UDI a le pouvoir d’établir le programme commun du Centre, établit les investitures et a un pouvoir de sanction.

 

Les courants - ou partis, c’est comme on veut – sont présents quant à eux pour faire valoir leur sensibilité au sein de l’UDI. Comme au PS ou à l’UMP et dans toutes les grandes formations politiques démocratiques, nous défendons le principe d’unité dans la diversité. C’est la condition de notre succès car rappelons-le, l’UDF a cessé de devenir un grand parti lorsqu’elle a supprimé ses courants… Ne reproduisons pas les mêmes erreurs.

 

 

PdA : Parmi les partis membres de l'UDI, il y a, entre autres, le Parti radical valoisien, la FED de Jean-Christophe Lagarde et d'André Santini, la vôtre... Le Nouveau Centre présidé par Hervé Morin, également. L'occasion d'un petit retour en arrière... Il y a encore quelques mois, vous étiez le président des Jeunes Centristes (NC). Après une campagne calamiteuse, Morin s'est rallié à la candidature de Nicolas Sarkozy, inscrivant de fait votre famille politique dans l'attelage du candidat UMP. Vous avez refusé ce choix à l'époque, et appelé clairement à voter pour François Bayrou. Quelque temps après, vous rompiez avec le parti. Qu'est-ce qui a provoqué ce choix ? Quels sont vos sentiments quant aux années que vous avez passées au Nouveau Centre, aux stratégies qu'il a adoptées ? Quid de vos relations avec Hervé Morin ?

 

J.C. : C’est un point qui me touche encore aujourd’hui. Ces deux dernières années ont été très pesantes… D’abord les divisions internes au sein du Nouveau Centre où j’ai toujours cherché à maintenir l’unité du mouvement jeune, partagé entre un soutien à Hervé MORIN ou à Jean-Christophe LAGARDE. Ce n’était pas simple mais grâce à une équipe soudée de grande qualité et un secrétaire général loyal, j’ai pu tenir deux ans (malgré des périodes de doute... l'abandon était proche). Bien-sûr, nous n’avons pas manqué de dire à l’un comme à l’autre, en privé ou publiquement, ce que nous pensions de leurs choix. C’est cela le rôle d’un mouvement jeune, de s’éveiller à la politique, de comprendre, analyser le fonctionnement de la démocratie et contester les choix de nos ainés quand ils nous semblent aller dans la mauvaise direction. Je dois dire qu’aussi bien Hervé MORIN que Jean-Christophe LAGARDE nous ont toujours laissé agir avec beaucoup de liberté et je les en remercie. Mais la tension existait et nous devions toujours contenter tout le monde. Difficile !

 

Puis il y a eu l’aventure présidentielle…

 

Il fallait choisir entre la fidélité en soutenant Hervé MORIN, notre président, ou celui de l’efficacité en soutenant le meilleur candidat, Jean-Louis BORLOO.

 

Personnellement, je suis fidèle à des idées, loyal envers des personnes. Pas l'inverse. Être fidèle en politique rime souvent avec « tu te jettes d’un pont, je te suis… » Je préfère donc le principe de loyauté qui consiste à faire ses choix en accord avec soi-même tout en étant transparent et honnête vis-à-vis d’autrui.

 

Concernant Hervé, je lui ai toujours communiqué en privé mes opinions, quand j’étais d’accord avec lui comme dans le cas contraire. Au final, je crois que nous avons eu du mal à nous comprendre puisqu’il a décidé de m’exclure sans un appel ni un message lorsque j’ai décidé d’accompagner la démarche de Jean-Christophe LAGARDE avec une grande partie de mon équipe nationale. J’avoue avoir mal vécu ce passage de mon parcours politique car lorsque vous donnez 5 ans de votre vie à un parti et que vous agissez en toute loyauté et toute franchise, vous attendez un minimum de respect. Aujourd’hui, je veux lui dire que je ne lui en veux pas. Il avait certainement ses raisons. De plus, Hervé est un homme qui a des qualités humaines incontestables. Je travaillerai avec lui comme avec tous ses proches sans aucun problème.

 

Face à ces tensions et cette exclusion, nous avons donc en juillet annoncé notre démission du Nouveau Centre pour montrer notre désaccord quant à l’exclusion de tous ceux qui, à travers ce soutien à Jean-Christophe LAGARDE, voulaient garantir l’union entre la FED et le NC. Rappelons tout de même que 5 ans, ça ne s’efface pas si facilement. Aujourd’hui, je suis heureux car nous nous retrouvons tous au sein de la même famille. Comme quoi il n’était peut-être pas nécessaire d’en arriver là. Regardons devant nous, à présent.

 

 

Jérémy Coste 2

 

 

PdA : Depuis cette rupture, vous êtes resté proche politiquement de personnalités qui, comme André Santini, Jean-Christophe Lagarde, avaient appelé, sans ambiguïté, à soutenir Nicolas Sarkozy, avant même le retrait de la candidature d'Hervé Morin. Vous faites partie, comme eux, de le FED. Qui elle-même a rejoint l'UDI présidée par Jean-Louis Borloo, ancien ministre de Nicolas Sarkozy et qui semble avoir l'intention d'ancrer son centre à droite, d'en faire un allié indispensable pour l'UMP, un peu comme l'ancienne UDF, finalement. Bayrou, lui, considère que l'UDI, c'est le retour de la "guerre des droites", droite à laquelle le centre, d'après lui, ne devrait pas se résumer. C'était aussi votre position. Avez-vous changé d'avis ? Vos convictions, celles qui consistent à dire qu'une voie indépendante et autonome est et doit être possible, cette "troisième voie" dont vous me parliez... ces convictions ne vous rapprochent-elles pas plutôt du président du MoDem, cet homme dont vous disiez qu'il est "le président qu'il nous faut" ? N'avez-vous pas finalement opté pour le réalisme, au risque de perdre, peut-être, un peu de vos idéaux ?

 

J.C. : Le réalisme, dans toute démocratie, est de gouverner le pays afin d’appliquer ses idéaux. François BAYROU l’a oublié. Il défend des idéaux sans jamais remettre en cause sa stratégie et le résultat, c’est l’échec. Je ne regrette rien de mon soutien à sa candidature car en tant que centriste, il était naturel et logique pour moi de défendre le projet centriste. Mais le second tour a été un choc car je ne pouvais pas envisager de soutenir un candidat allié à l’extrême gauche, quand bien même celle-ci dénonçait avec justesse certains problèmes de notre société. J’ai donc décidé de m’abstenir de tout soutien.

 

Mais aujourd’hui, de quoi parlons-nous ? Il s’agir de bâtir un nouveau modèle de société qui s’appuie sur une écologie du progrès et facteur de développement économique, une démocratie responsable et une Europe puissante et protectrice.

 

Dans ce sens, si je persiste à dire que François BAYROU aurait été un président fixant un cap utile au pays, j’affirme dans le même temps que son histoire de candidat appartient désormais au passé.

 

Jean-Louis BORLOO a su rassembler la famille centriste et modérée, il a su conquérir la confiance de figures telles que Simone Veil et Valery Giscard d’Estaing… On avait promis du changement aux Français, il est arrivé. Et ce n’est pas le PS ni le président de la République qui l’apportent mais l’UDI qui se veut utile, déterminée et indépendante. En contribuant à la fondation de l’UDI, je suis fier de participer à la reconstruction de la France.

 

Concernant notre positionnement, là aussi c’est très clair. Dans toute démocratie, il faut s’allier, travailler avec les autres et écouter les avis divergents. Mais il faut aussi s’associer à ceux dont on est le plus proche. Quand je vois le PS s’allier avec les extrêmes et l’assumer, je ne regrette pas de travailler avec ceux qui pour l’instant encore refusent ce principe d’alliance avec un courant extrémiste.

 

La droite républicaine incarnée par l’UMP est donc notre allié. Mais s’allier n’entraine pas la perte de notre indépendance. Au contraire, nous envisageons de devenir la première force de cette alliance.

 

J’interroge les militants du MODEM qui refusent la logique de coalition : comment peuvent-ils prôner le dialogue entre tous les Français et rejeter un dialogue clair et transparent entre les forces politiques de notre pays ?

 

 

PdA : Ces derniers jours, vous avez fait part de votre enthousiasme à l'idée de voir intervenir à l'occasion du congrès fondateur de l'UDI le président Valéry Giscard d'Estaing, ainsi que Simone Veil. Deux symboles très forts d'un centre qui, bien que soutenu par une majorité de droite, a su faire entendre sa voix. Vous faites partie de la toute jeune génération de centristes, vous n'étiez même pas né en 81. Quel regard portez-vous sur ces illustres aînés ? En quoi sont-ils, pour vous, une source d'inspiration ? Quel héritage ont-ils laissé à la France, à votre famille politique ?

 

J.C. : Depuis l'âge de 15 ans, quand j’ai commencé à m’intéresser à la politique, j’ai toujours eu beaucoup de respect pour le Président Giscard d'Estaing. Cet homme qui fut élu très jeune a su gérer notre pays avec un sens des responsabilités inégalé. Je ne citerai que quelques réformes et aspects de sa gestion pour montrer que la France dirigée par le Centre, c’est tout de même autre chose qu’une France dirigée par la Gauche et la Droite qui n’ont cessé de faire décliner notre pays.

 

• La loi sur l’avortement

 

• La fin de la censure dans les media

 

• La confiance placée dans la jeunesse leur accordant le droit de vote dès 18 ans

 

• L'un des derniers budgets voté en équilibre

 

• Un président accessible allant à la rencontre des français

 

• Les premiers actes de décentralisation et des conseils des ministres décentralisés en région

 

• …

 

Le Président Giscard a fait passer la France dans un siècle nouveau, Borloo la fera évoluer à nouveau.

 

Concernant Simone VEIL, cela se passe de commentaires. C’est une grande dame de la République qui est devenue un symbole tant elle apporte et représente la France à travers ses combats.

 

Ce que je veux pour notre pays, c’est cela : des hommes et des femmes de courage qui ne se taisent jamais face au conservatisme et à l’adversité. Ces personnes-là marchent dans le sens de l’histoire, ce sont des visionnaires. À notre tour, je veux que nous soyons, à l'UDI, les visionnaires du 21ème siècle.

 

 

PdA : Quelles images fortes, quels souvenirs garderez-vous de l'assemblée constituante de l'UDI ?

 

J.C. : Je garde le souvenir d’une famille retrouvée et souriante. Et pour toujours, je garderai l’image de ces deux personnages de l’histoire de France qui par leur présence nous ont témoigné leur soutien.

 

Le flambeau de la famille humaniste nous a été transmis. À nous de nous en montrer dignes.

 

 

PdA : Petit décrochage... une question d'actualité. L'UMP aussi est en mouvement, en ce moment. Dans un mois, les militants de l'ex-parti majoritaire éliront leur nouveau président. En lice : l'ancien Premier ministre François Fillon et l'actuel secrétaire général du parti, Jean-François Copé. Vous avez été séduit, un temps, par l'énergie de Nicolas Sarkozy. Vous vous verriez faire partie de l'UMP d'aujourd'hui ?

 

J.C. : Non. Cette machine relativement puissante aujourd’hui incarne des idées du passé, la peur et la nostalgie. Les Français veulent et ont besoin de modernité.

 

 

PdA : Revenons au centre. Cette question reprendra en partie ce que nous avions déjà abordé la dernière fois, mais exprimer ses convictions, en parler plusieurs fois, ça n'est jamais de trop, je crois... Sur quels sujets l'UDI présente-t-elle des propositions véritablement originales, justifiant sur le fond son ambition d'établir une troisième voie ? Sur les institutions, notamment, sur l'équilibre des pouvoirs, sur la proportionnelle, sur l'horizon "Sixième république", l'UDI porte-t-elle une plate-forme réellement ambitieuse ?

 

J.C. : Il est trop tôt pour vous parler du programme car celui-ci sera réalisé avec les Français. Nous voulons associer tous ceux qui le souhaiteront à la définition de notre plateforme politique car ce sont les Français qui pourront le mieux nous aiguiller sur leurs priorités. C’est pourquoi je suis depuis toujours un ardent défenseur des associations qui chaque jour rencontrent, échangent et construisent la société de demain.

 

Je pense qu’il est capital d’associer au maximum les associations à nos équipes chargées de réaliser le projet.

 

Bien entendu, celui-ci sera axé autour des valeurs fortes telles que l’Europe protectrice, la décentralisation, l’écologie progressiste. Mais derrière ces grands principes, il est temps de mettre des propositions concrètes et se fixer des objectifs, pour que nos propositions soient enfin appliquées. Voilà notre défi : associer le plus grand nombre de Français pour définir notre programme et tout mettre en œuvre pour conquérir le pouvoir.

 

Et comme je l’ai fait avec les jeunes il y a plusieurs années, je souhaite que le mouvement jeune de l’UDI et l’UDI elle-même, créent une structure militante entièrement dédiée à la réflexion et la réalisation de notre projet en lien avec des associations et des partenaires compétents. Cette structure, impliquant des militants de l’UDI, qu’on pourrait qualifier d’Agora Citoyenne serait sous la responsabilité de Jean-Christophe FROMANTIN, justement chargé de réaliser notre projet avec les Français. Je ne supporte plus que les partis fassent appel à des Think-tank des beaux quartiers parisiens, déconnectés des problèmes des Français, pour préparer leur programme. Il est temps que les responsables des formations politiques fassent confiance à leurs militants et aux Français.

 

Le meilleur Think-tank de l’UDI, ce sont les Français, donc nos militants en partie.

 

 

PdA : Jean-Louis Borloo est donc le leader de l'UDI. Que pensez-vous de lui ? Quelle est, désormais, votre stratégie non de reconquête, mais de construction d'une offre politique alternative ? Comment comptez-vous vous y prendre ? Sur la base de quels résultats, et à quelles échéances, jugerez-vous du succès ou de l'échec de cette expérience ?

 

J.C. : Jean-Louis BORLOO est un homme qui sait fédérer les talents, concentrer l’énergie pour atteindre ses objectifs. Par la concertation et l’esprit d’équipe, chacun se sent utile. Cela favorisera l’efficacité de nos actions. BORLOO est une énergie positive. Pour atteindre notre objectif de reconquête, Yves JEGO est chargé de mettre en place un gouvernement alternatif. Ce dernier répondra à toutes les initiatives du gouvernement. Lorsque les choix n’iront pas dans l’intérêt de la France et des Français, nous contesterons et nous proposerons des solutions alternatives ou d’autres pistes de réflexion. C’est cela l’opposition constructive. Une opposition utile, déterminée et indépendante, qui va au-delà des polémiques et des vociférations stériles.

 

 

PdA : Quel message, Jérémy Coste, souhaiteriez-vous adresser aux Français ?

 

J.C. : Je veux dire aux jeunes qu’il est temps de se réveiller. On a mis du temps, nous autres centristes, à prendre conscience de l’urgence sociale et de la nécessité du rassemblement mais aujourd’hui, l’UDI autour de Jean-Louis BORLOO est en marche. Elle incarne ce rêve et cette évolution dont la France a besoin pour espérer à nouveau. Je refuse que la France soit un pays de repliés ou d’assistés, qui attendent tout de l'État parce qu'ils ont perdu espoir en leurs propres capacités.

 

 

PdA : Quel message adresseriez-vous à François Bayrou ?

 

J.C. : Qu’il nous rejoigne pour mettre définitivement fin à la division centriste et pour nous aider à faire gagner la France. Sa vision est intéressante.

 

 

PdA : Une question peut-être un peu plus personnelle... L'Outre-mer compte beaucoup à vos yeux et dans votre coeur. Est-ce un sujet que vous aimeriez évoquer un peu plus longuement en notre compagnie ?

 

J.C. : En effet, j’ai grandi dans la culture créole car ma mère est réunionnaise. Marqué par cette belle culture, je sais à quel point l’Outre-Mer a des choses à nous apprendre en matière de tolérance, de dialogue social. L’Outre-Mer est la première richesse de France. Trop peu exploitée, je ferai tout dans les prochains mois pour la valoriser et en faire une priorité…

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci !

 

M.C. : Au niveau européen, je suis fier, comme l’ensemble des citoyens européens, que l'UE ait remporté le prix Nobel de la paix. Au nom des Jeunes Forces Démocrates, je demande que celui-ci soit remis au président du Parlement européen, seul représentant du peuple européen, et à 27 enfants.

 

 

Sur un plan international, je rappelle mon soutien à la cause palestinienne. Je rêve d’une paix durable entre Israël et la Palestine. Cela passe par la reconnaissance de l’Etat palestinien. J’espère que l’Union européenne et la France soutiendront le Président de l’Autorité palestinienne dans son combat pour la liberté et l’indépendance.

 

 

 

Une nouvelle fois, merci à Jérémy Coste pour ses réponses, pour nos échanges. Phil Defer

 

 

 

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Jérémy Coste, la première interview Paroles d'Actu (sa présentation, ses idées...)

 

Le site de Jérémy Coste

 

Le site de l'Union des Démocrates et Indépendants

 

Le site de la Force Européenne Démocrate

 

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20 novembre 2012

Jean-François Derec : "Je suis né un siècle trop tard"

Avant d'aller plus loin dans la lecture de cet article, je vous invite, sans plus tarder, à cliquer sur le lien qui va suivre... Revenez après, ce serait sympa... Sisi, je vous assure, vous rateriez quelque chose... Voici donc le fameux lien. Ce sketch, vous le connaissez peut-être. Son interprète, sans aucun doute...

Jean-François Derec est depuis de nombreuses années une figure familière des Français. À la télé, à la radio, il a fait partie pendant longtemps de la joyeuse "Bande à Ruquier". Comédien populaire, il a joué dans une soixantaine de pièces de théâtre, films, téléfilms. À la ville, il compte parmi les ambassadeurs de l'association La voix de l'enfant. Un engagement généreux, discret car ne recherchant pas forcément les caméras. À son image. Et puis il y a, donc, l'humoriste, l'auteur. Il a écrit une grosse demi-douzaine de livres. Créé plusieurs one-man shows dans lesquels il s'amuse souvent, sans méchanceté mais avec malice, des petits travers de nos vies quotidiennes. L'homme au bonnet rouge est actuellement à l'affiche de Gérard Bouchard, le retour !, son nouveau spectacle.

Aussi sympathique sur le net qu'à l'écran (enfin, les autres écrans, vous m'avez compris !), il a accepté, avec une grande gentillesse et beaucoup d'humour, de se livrer au jeu des questions-réponses pour Paroles d'Actu. Merci pour tout ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-FRANÇOIS DEREC

 

« Je suis né un siècle trop tard »

 

Jean-François Derec SIPA

(Photo : SIPA. Celle en fin d'entretien est proposée par Jean-François Derec.)

 

Q : 28/09/12

R : 19/11/12

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Jean-François Derec, comment allez-vous ?

 

Jean-François Derec : Ça baigne.

 

PdA : Alors comme ça, vous êtes le roi du couscous ? Pas trop déçu de n'être jamais devenu « éplucheur-chef » ?

 

J.-F.D. : On fait pas ce qu’on veut, on fait ce qu’on peut.

 

PdA : Comment se porte Gérard Bouchard ? Il y a quelques années, il avait un peu de mal à trouver son bonheur avec le téléphone rose. Ça va mieux avec internet ?

 

J.-F.D. : De pire en pire ! On dirait que toutes les nouvelles technologies se sont liguées contre lui pour lui pourrir la vie !

 

PdA : On ne vous voit plus beaucoup à la télé depuis l'arrêt de l'émission de Laurent Ruquier, On a tout essayé. Perso, ça me manque. Le petit écran vous attire moins qu'avant ?

 

J.-F.D. : Venez donc me voir sur scène ! Je suis un acteur et un auteur. J’ai fait de la télé par effraction, ce n’est pas ma vie.

 

PdA : Pendant qu'on y est... qu'est-ce que vous aimez à la télé ? Quels sont vos programmes favoris ?

 

J.-F.D. : Les trucs les plus cons : Confessions intimes, Enquêtes exclusives, une mine pour les comiques ! La culture à la télé, c’est un oxymore !

 

PdA : Vous avez joué dans pas mal de films et de téléfilms, dont La Septième compagnie au clair de lune du regretté Robert Lamoureux, avec les non moins regrettés Jean Lefebvre, Pierre Mondy et André Pousse, chef de la milice locale (dans le film !), dont vous interprétez l'un des adjoints. C'est un film que j'ai beaucoup aimé et que je regarde toujours avec plaisir, comme toute la série d'ailleurs. Vous voulez nous parler un peu de ce tournage ?

 

J.-F.D. : En effet je me souviens d'un gifle magistrale qu'André Pousse devait me donner. J'étais très impressionné, j'arrivais de Grenoble et André Pousse me donne une gifle. On a dû faire 10 prises. Je vous dis pas l'état de ma machoire…

 

PdA : Quels sont les films et les téléfilms qui vous laissent les meilleurs souvenirs ? Ceux dont vous êtes le plus fier (et que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir !) ?

 

J.-F.D. : J’ai aimé Marche à l’ombre et, à la télé, Clochemerle et un autre téléfilm dont j’ai oublié le nom mais où je jouais Voltaire. (Jeanne Poisson, marquise de Pompadour, ndlr)

 

PdA : Vous avez aussi beaucoup joué au théâtre. Quels sont les rôles que l'on vous propose, en général ?

 

J.-F.D. : Des rôles d’abrutis, normal pour les comiques. On nous propose souvent des photocopies de ce qu’on fait dans nos sketchs.

 

PdA : Quel genre de rôles aimeriez-vous jouer ?

 

J.-F.D. : J’aime bien jouer les abrutis.

 

PdA : Allons plus loin dans l'idée... Imaginons un instant que la DeLorean du Doc de Retour vers le futur existe réellement. Et que vous ayez la possibilité d'aller où vous voulez, à l'époque de votre choix. Une destination unique, un aller-retour, ou bien simplement un aller, à vous de voir... Que choisissez-vous, et pourquoi ?

 

J.-F.D. : Début du XXème à Hollywood, les débuts du cinéma burlesque ! Laurel et Hardy, Keaton, Chaplin ! Je suis malheureusement né cent ans trop tard !

 

PdA : Retour vers le futur... Transition toute trouvée pour parler ciné. Quels sont vos films préférés ?

 

J.-F.D. : Le mécano de la General, Les lumières de la ville, Le pigeon, Le cave se rebiffe. Le Parrain, comme tout le monde. Les westerns de Sergio Leone, bien meilleurs que tous les westerns américains.

 

PdA : Votre art, vous aimez aussi le coucher sur papier. En début d'année, vous sortiez La vie de famille - Chronique (presque) vraie d'une famille (presque) normale, regard amusé et amusant sur la famille présidentielle de l'époque, les Sarkozy. Depuis, on a retrouvé un "président normal". Il vous inspire quoi ?

 

J.-F.D. : À la base, il était moins inspirant pour les humoristes politiques (dont je ne suis pas), mais au final, mine de rien, il est assez comique avec ses deux femmes ! Moins avec sa politique. Mais la politique du dernier ne m’emballait pas non plus...

 

PdA : Il y a quelques années, vous écriviez votre guide, un essentiel, De la survie en milieu hostile. Internet en est un, peut-être faudra-t-il le dire à Gérard Bouchard avant qu'il n'essaie d'y trouver l'amour. Quels conseils pourriez-vous lui donner pour que ça se passe au mieux ?

 

J.-F.D. : Qu’il arrête de chercher l’amour sur internet et qu’il aille plus dans les bistrots ! L’imprévu, y'a que ça ! Sur internet, trop de choix tue le choix !

 

PdA : Bon... on va peut-être arrêter de parler de lui, vous n'en avez pas marre de lui ? Il vous suit partout. Il est pas un peu collant, ce type ?

 

J.-F.D. : Pas du tout ! C’est grâce à lui que j’ai payé tous mes crédits !

 

PdA : Dans Mes pensées à moi, vous partagez avec le lecteur... bah... quelques unes de vos pensées. Parmi elles : « Le prince Charles, c'est pas un bon exemple pour les jeunes. A 58 ans, il vit encore chez sa mère et il n'a toujours pas de boulot. Ce gars-là, il sera à la retraite avant d'avoir commencé à bosser. » À bientôt 64 ans, toujours rien... Quelques missions temporaires par-ci, par-là, la présentation de la météo, par exemple... Enfin, pas de vrai boulot... La crise, elle vous inquiète, ou bien elle vous passe au dessus du bonnet ?

 

J.-F.D. : Même si je dois avouer qu’elle ne me touche pas trop personnellement, je ne vis pas dans une tour d’ivoire. Un artiste a justement la capacité de s’identifier à d’autres. Et je m’identifie totalement à ceux qui souffrent, des licenciements boursiers notamment.

 

PdA : Votre bonnet rouge d'ailleurs, comment va-t-il ? Une vraie star lui aussi, il n'a pas trop pris la grosse tête ?

 

J.-F.D. : Lui un peu, il se la pète, mais moi, ça va.

 

PdA : Dans Le jour où j'ai appris que j'étais juif, vous revenez sur vos origines juives, que vos parents vous avaient cachées et vous ont révélées sur le tard. Quant à Derec, ça n'est pas un nom breton, comme on pourrait le croire, mais bien polonais. Que signifient ces origines pour vous, aujourd'hui ?

 

J.-F.D. : Ouh là ! J’ai écrit tout un livre là-dessus ! Ces origines font que je suis toujours le cul entre deux chaises. Et je comprends parfaitement ceux qui ont du mal à s’intégrer totalement. On peut avoir des papiers français, mais se sentir totalement français... c’est une autre paire de manche. 

 

PdA : Voilà pour le récapitulatif. Votre actualité, c'est votre nouveau spectacle, Sketch(s) (Gérard Bouchard, le retour !), que vous jouez au théâtre du boulevard Saint-Martin, depuis le 14 septembre et jusqu'à la fin de l'année... Voulez-vous nous en parler ?

 

J.-F.D. : Vous savez, le comique, plus on en parle, plus c’est chiant ! Je préfère que les spectateurs en parlent ! (Ils le font ici, et plutôt en bien... ;), ndlr)

 

PdA : Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour les convaincre que vraiment, c'est un bon spectacle, et qu'il faut y aller ?

 

J.-F.D. : Rien, je ne suis pas un vendeur de cuisines équipées ! Cela dit, ils peuvent aller voir 2 sketches sur Youtube :

http://www.youtube.com/watch?v=CmQ5DXXGFEE&feature=youtu.be

et

http://www.youtube.com/watch?v=YQ9io8AzMlw&feature=youtu.be

 

PdA : Je suis de Lyon moi, il y aura une tournée ? 

 

J.-F.D. : J’adore Lyon, j’y ai habité quand j’étais petit, (Boulevard des Brotteaux) et je passerai bien sûr à Lyon pour ma tournée !

 

PdA : Qu'est-ce qui vous inspire, pour vos spectacles, et dans la vie ?

 

J.-F.D. : Tout et rien. Parfois, un petit détail qui passe inaperçu suffit pour faire un sketch. Il faut observer donc toujours se sentir un peu en dehors.

 

PdA : Quels sont, parmi vos collègues, ceux qui vous font franchement rire ?

 

J.-F.D. : Tous ! Je vais quand même par dire du mal de mes collègues de bureau que je peux croiser n’importe quand !

 

PdA : J'imagine que vous aimez rire... mais à part ça, quelles sont vos passions ?

 

J.-F.D. : La drogue, le sexe, et la poterie le dimanche. 

 

PdA : Quels sont vos projets pour la suite ?

 

J.-F.D. : Un film comique un peu special... mais je ne peux pas en dire plus !

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-François Derec ?

 

J.-F.D. : D’avoir encore de l’inspiration !

 

PdA : Voudriez-vous adresser un message à nos lecteurs ? À quelqu'un en particulier ?

 

J.-F.D. : À tous, sans les flatter, je crois que c’est les meilleurs lecteurs que j’ai eus depuis longtemps !

 

PdA : Un petit scoop peut-être, en exclu pour mon p'tit blog Paroles d'Actu ? ^^

 

J.-F.D. : Un scoop : dans un minute, je vais boire le meilleur chocolat du monde... celui de ma femme !

 

PdA : Un dernier mot ? Enfin, un ou plusieurs hein, vous avez compris l'idée... c'est pour conclure comme vous le souhaiterez cette belle interview. Merci de tout coeur !!!

 

J.-F.D. : Ouf ! Dis donc, avec toi, on en a pour son argent dans les interviews !

 

 

Jean-François Derec

 

  

Merci encore pour votre générosité, cher Jean-François Derec ! Tous mes voeux de succès... Phil Defer. Un commentaire ?

 

 

Pour retrouver Jean-François Derec...

 

 

Présentation remaniée : 11/11/13.

14 novembre 2012

Gilles Verlant : "Fier de ce travail avec Michel Drucker"

Cet article commencera, une fois n'est pas coutume, par un mea culpa. À l'occasion de mon interview d'Alain de Greef, il y a quelques semaines, j'avais notamment fait mention de son ouvrage "Vous regardez trop la publicité". Oubliant un peu rapidement d'indiquer qu'il y avait un coauteur. Non des moindres... Gilles Verlant, né à Bruxelles en 1957, est un mordu de musique, de rock en particulier. Depuis le début des années 70, il a enchaîné sans temps mort les participations - souvent en tant qu'animateur - à des émissions de radio, de télévision. Auteur prolifique, il a écrit avec brio la bio de Gainsbourg, qu'il a beaucoup côtoyé vers la fin de la vie de l'artiste. Le rock n'est pas en reste, il en publie dans son dernier opus la "scandaleuse histoire", précieux recueil d'anecdotes qui fait écho à son émission quotidienne sur France Bleu - Radio France. Et puis il y a le petit écran. Outre l'ouvrage évoqué au début, je citerai simplement "Les 500 émissions mythiques de la télévision française", coécrit avec Michel Drucker. Une véritable encyclopédie, richement détaillée et illustrée, la transmission par deux illustres passeurs d'une mémoire passionnée, passionnante, celle d'un demi-siècle de PAF. Voici donc un panorama rapide et loin d'être exhaustif du parcours de Gilles Verlant (pour en savoir plus, voir son site). Il a accepté de répondre à mes questions pour Paroles d'Actu. Je tiens à le remercier ici pour la gentillesse dont il a fait preuve à mon égard. J'ai été frappé, durant notre échange, par la modestie, le besoin de reconnaissance de cet homme qui a déjà, pourtant, tant accompli. Et je suis heureux de pouvoir réparer d'une aussi belle manière mon omission. Merci, Monsieur ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

GILLES VERLANT

Auteur

Homme de radio et de télévision

 

"Fier de ce travail avec Michel Drucker"

 

Verlant Drucker photo

(Photo fournie par Gilles Verlant)

 

 

Q : 10/11/12

R : 13/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Gilles Verlant. Votre ouvrage sur "Les 500 émissions mythiques de la télévision française" (Flammarion), coécrit avec Michel Drucker, est disponible depuis quelques semaines dans toutes les bonnes librairies. Quelle est l'histoire de ce projet au départ très ambitieux ?

 

Gilles Verlant : À l'origine, c'est une idée de Flammarion, notre éditeur. Question : "Combien d'émissions mythiques ?" Question subsidiaire : "Avec qui pourrais-tu écrire le livre, une personnalité qui symbolise l'histoire de la télévision ?" J'ai appelé Michel Drucker, avec qui j'avais déjà travaillé et qui a apprécié mon travail sur Gainsbourg. Il m'a donné son accord en 2 minutes. Ensuite, 2 ans et demi de boulot... et de plaisir ! Sauf que Flammarion s'attendait pas à ce qu'il y en ait 500, des émissions... ni que le livre nécessite un an de travail en plus !

 

 

PdA : Comment vous êtes-vous organisés pour l'élaboration du livre ? Qui a fait quoi ? À la fin, c'était plutôt le soulagement de l'avoir terminé, la tristesse de voir une belle aventure s'achever... ? Les deux, j'imagine ?

 

G.V. : Élaboration des listes, entretiens avec Michel, retranscription de ceux-ci, recherches (parfois infernales), écriture. À la fin, surtout un soulagement. Le travail a été très long, notamment pour donner les bonnes infos "techniques" sur les émissions : date de début, de fin, périodicité, etc. Tous les livres antérieurs étaient truffés d'erreurs. Nous avons, Michel et moi, signé un ouvrage de référence, je le dis sans forfanterie ! Ce livre, incroyable mais vrai, n'existait pas !

 

 

PdA : Ces dernières semaines, il y a eu pas mal de promo pour votre livre, notamment à la télévision. Mais bien souvent, celle-ci était assurée par Michel Drucker seul. Certes, vous me direz sans doute qu'il a été une locomotive formidable pour votre travail collectif. Malgré cela, franchement, est-ce que ça ne vous a pas un peu agacé de ne pas être sollicité autant que lui pour défendre votre enfant commun ? Ou peut-être est-ce vous qui avez préféré rester en retrait... ?

 

G.V. : Il est naturel que Michel soit sollicité plutôt que moi, il est porteur du projet autant que moi et il a une notoriété aussi considérable que méritée. Ce qui m'agacerait, c'est qu'on ne salue pas le travail qui a été effectué, ou qu'on me bombarde de mails en relevant des erreurs factuelles. Or, 6 semaines après la sortie du livre, pas un seul mail... et des articles flatteurs sur le sérieux du projet.

 

 

PdA : Quelles ont été, à vos yeux, les meilleures émissions de la télé française ? Celles qui vous ont le plus marqué ?

 

G.V. : Les 500 qui figurent dans le livre... Non, j'exagère. Mais je me suis aperçu, étant né en 1957, que j'avais des souvenirs assez précis des émissions à partir de, disons, 1966-67 ; certains choix, validés par Michel, sont très personnels !

 

 

PdA : Petit décrochage... qui va nous permettre d'aborder, au travers d'une image télé marquante, une autre de vos passions. La musique. Serge Gainsbourg. 1986, Champs Élysées. La toute jeune Whitney Houston rencontre celui qui glisse de plus en plus vers son avatar obscur, Gainsbarre. Immense artiste que vous avez bien connu, surtout à cette époque. Il est parti il y a un peu plus de vingt ans... Que ressentez-vous, en pensant à lui ? Qu'aimeriez-vous dire aux jeunes qui ne le connaissent pas forcément bien pour les inciter à s'intéresser à son oeuvre ?

 

G.V. : De ne pas s'arrêter à Gainsbarre, de lire ma bio, disponible en poche pour 10 €. D'abord parce que c'est un livre dont je suis fier, très fier, et qu'il raconte une histoire fantastique. En le lisant, je conseille d'écouter TOUTES les chansons dont je parle. Parce que Serge fait partie de notre ADN, de ce que nous sommes aujourd'hui... même si certains n'en sont pas conscients !

 

 

PdA : Champs Élysées... Michel Drucker, évidemment. Il est comment dans la vie ? Aussi sympa qu'à l'écran ? En quatrième de couv', il qualifie votre livre de "bible pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la télévision en France". Ça fait quoi, d'ailleurs, de côtoyer ainsi le Pape de la télé ? ;-)

 

G.V. : Ce fut un régal de travailler avec lui et j'espère bien qu'il y aura des prolongations. Je crois que le connais bien, j'aime ses qualités (professionnalisme, humour, disponibilité, enthousiasme) et ses défauts (son côté hypocondriaque, ses inquiétudes infondées). C'est un garçon fidèle, respectueux du travail bien fait, on se ressemble beaucoup, malgré notre (petite) différence d'âge : 15 ans seulement !

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur la télé d'aujourd'hui ? Êtes-vous de ceux qui la trouvent plus lisse qu'avant ? Peut-être plus prompte à faire dans la fausse provoc', le fond en moins ? Un commentaire sur le CSA, peut-être ?

 

G.V. : Je n'en peux plus des émissions où on passe plus de temps à voir des gens applaudir à n'importe quoi, sur commande. Faudrait qu'un jour quelqu'un calcule le temps qu'on passe à subir des "applauses"... Ça et le faux suspense de merde de "Masterchef". Et Carole Rousseau en général.

 

 

PdA : Quels programmes actuels - pas forcément français ni même à la télé française - trouvent grâce à vos yeux ?

 

G.V. : C à vous, Le Petit Journal, Les Sophie au Grand Journal, "Bref" l'an dernier. Norman fait des vidéos. "Funny Or Die". 

 

 

PdA : Vous êtes fan de musique, nous allons y revenir dans un instant... Est-ce que vous rejetez sur le principe les émissions de "télé-crochets" ? Si tel n'est pas le cas, que manque-t-il pour qu'elles soient vraiment de qualité ?

 

G.V. : Rejet total. Parce qu'on nous impose des ersatz de chansons qui n'en ont pas besoin. Je crois au circuit normal, légitime, du parcours d'un artiste.

 

 

PdA : "La scandaleuse histoire du rock", c'est le nom de votre émission sur le réseau France Bleu. C'est aussi depuis le mois dernier l'ouvrage que vous avez coécrit avec Jean-Éric Perrin. Voulez-vous nous en parler ? En quoi est-il, pour les amoureux du rock comme pour les amateurs de musique, une référence à découvrir ?

 

G.V. : Parce que j'aime bien raconter des histoires et que je crois que je les raconte bien... J'en veux pour preuve les records de podcasts... Ecoutez quelques chroniques sur le site de France Bleu ou sur la page Facebook dédiée et si ça vous botte... achetez le livre !

 

 

PdA : Quels albums, quels artistes - connus ou qui gagnent à l'être - aimeriez-vous conseiller à nos lecteurs ? Votre top 5 ou 10 ?

 

G.V. : À la date du 13 novembre, 19h 30 : The Allah La's, Broken Note, The Fresh & Onlys, le nouveau Donald Fagen, le nouveau Neil Young, le nouveau Biolay... J'ai publié une "Discothèque parfaite de l'Odyssée du Rock" qui propose 300 albums et 3000 chansons... Commencez par là et donnez-moi de vos nouvelles !

 

 

PdA : Retour à la télé... Parlons de nouveau des "500 émissions mythiques de la télévision française"... Parmi les éléments ayant contribué à en faire parler, dans la presse et les médias, il y a notamment les "gentilles vacheries" glissées par Michel Drucker sur certains confrères. Et vous ? Avez-vous des commentaires à faire sur certaines figures du petit écran ?

 

G.V. : J'ai montré ma gueule à la télé à partir de l'âge de 15 ans, je sais ce que "ça fait". Et c'est un piège. Et je vois dans le regard de certains animateurs le désespoir de celui qui veut à tout prix se montrer. Hey, les gars (et les filles), ce n'est QUE DE LA TÉLÉ ! Ni du cinéma, ni du spectacle vivant... Autrement dit, pas grand chose, une notoriété bâtie sur du sable... Célèbre (faussement) un jour, oublié demain : ne vous accrochez pas désespérément à l'objectif de la caméra...

 

 

PdA : Que pouvez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie d'acheter le livre ?

 

G.V. : Vous aimez la télé ? Ce livre est la meilleure façon de la regarder SANS L'ALLUMER ! c'est magique, non ? ET quelque part, en filigrane, ça raconte nos vies, que vous soyez né en 1950, 60, 70, 80 ou 90 !

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Gilles Verlant ?

 

G.V. : Un best-seller, je le dis franchement. Que je ne sois pas connu seulement comme "le biographe de Serge Gainsbourg", même si cela me flatte au-delà de ce que vous pouvez imaginer. J'aimerais que mon travail de fourmi soit reconnu à sa vraie valeur : personne ne s'était lancé dans une histoire de la télé comme celle-ci. Je suis fier d'avoir pu effectuer ce travail avec Michel Drucker, j'aimerais que quelqu'un se réveille un jour et se dise "oh putain, ce Verlant, finalement, il a fait des choses valab' !"

 

 

 

Ce best-seller, cher Gilles Verlant, je vous le souhaite de tout coeur. Merci encore pour tout ! Phil Defer

 

 

 

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Pour retrouver Gilles Verlant...

 

Sur France Bleu - Radio France : "La scandaleuse histoire du rock" (du lundi au vendredi)

 

Sur Facebook : "La scandaleuse histoire du rock"

 

L'ouvrage "La scandaleuse histoire du rock"

 

L'ouvrage "La discothèque parfaite de l'odyssée du rock"

 

L'ouvrage "Les 500 émissions mythiques de la télévision française"

 

"Gainsbourg", par Gilles Verlant

 

Son site...

 

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12 novembre 2012

Didier Millot : "Barbara et le public, c'était une relation fusionnelle"

"Quinze ans à peine"... Dans l'une des chansons les plus célèbres de son répertoire, Barbara évoquait, avec un parfum de paradis perdu, le temps des "premières peines", le temps du "premier rendez-vous". Quinze ans... Barbara est partie il y a quinze ans. Loin des yeux depuis ce jour de novembre 1997, la "longue dame brune" n'a jamais quitté le coeur de ses admirateurs. Au-delà de ces fidèles, c'est la chanson française dans son ensemble qu'elle a marquée de son empreinte. On ne compte plus les reprises, y compris par la jeune génération, de ses classiques intemporels. Göttingen. L'Aigle noir... Trois ans après la disparition de l'artiste, l'association "Barbara Perlimpinpin" a vu le jour. Son objet ? Perpétuer la mémoire de celle qui était née Monique Serf. Continuer à faire vivre son oeuvre... Didier Millot fut durant une décennie le président de l'association. Il a accepté de répondre à mes questions, je tiens ici à l'en remercier très chaleureusement. Il retrace pour Paroles d'Actu les temps forts de la carrière de Barbara, non sans aborder, avec émotion, le lien qui l'unit à elle. Et celui qui unissait cette dernière à son public. Ma plus belle histoire... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

DIDIER MILLOT

Membre fondateur et ancien président de l'association "Barbara Perlimpinpin"

Auteur de plusieurs ouvrages, notamment consacrés à Barbara

 

"Barbara et le public, c'était

 

une relation fusionnelle"

 

Didier Millot

(Photos transmises à ma demande par Didier Millot)

 

 

Q : 13/10/12

R : 11/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Didier Millot, comment allez-vous ? Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ?

 

Didier Millot : Bonjour Nicolas Roche et merci de m'inviter sur votre blog Paroles d'actu. En réponse à votre question, je dirai que je suis quelqu'un de passionné. Par l'écriture, par Barbara... et il se trouve que ces deux passions se rejoignent puisque je publie des ouvrages où Barbara est très présente. Cela me rend particulièrement heureux, surtout en ce moment avec la parution d'un nouveau livre "Je me souviens...Barbara" et du coffret "Barbara, une femme qui chante".

 

 

PdA : Vous avez été pendant dix ans le président de l'Association Barbara Perlimpinpin, association dédiée à la mémoire et à l'œuvre d'une "longue dame brune"... Comment cette aventure est-elle née ?

 

D.M. : C'est Marie Chaix (écrivain, secrétaire de Barbara de 1966 à 1970, et actuelle présidente de l'association) qui m'a sollicité. Et j'ai plongé dans cette aventure sans hésitation. Une aventure collective qui m'a permis de participer à la réalisation de très beaux projets autour de Barbara. L'association rassemble des personnes qui ressentent le besoin de prendre part à une action collective de mémoire.

 

 

PdA : Voulez-vous nous parler de l'Association, de son objet, de ses activités ?

 

D.M. : L'association Barbara Perlimpinpin s'est donné pour but de perpétuer la mémoire et de faire connaître et vivre l'œuvre de Barbara. Elle dispose d’un fonds patrimonial, ayant en partie appartenu à Barbara, (costumes et matériel de scène, partitions et documents manuscrits, affiches, photos, disques…) qui lui permet d'organiser des manifestations (expositions, concerts, rencontres) et de participer à des publications qui illustrent son chemin de chansons. L'association administre également le site Internet officiel dédié à la chanteuse.

 

Parmi les réalisations de l'association ces dernières années, on peut noter le baptême à Göttingen en novembre 2003 d'une "Barbara Straβe" (Rue Barbara), la parution d’un "Agenda Barbara 2003" réalisé avec les éditions Mille et une nuits. En 2004, on lui doit la création d’une rose "Hommage à Barbara". En 2007, pour les dix ans de la disparition de Barbara, un spectacle "Une cantate pour Barbara" a été organisé au Théâtre des Variétés. Cette année encore, qui marque les 15 ans de la disparition de Barbara, l'association est impliquée dans de nombreux projets dont un spectacle le 23 novembre au Studio Raspail.

 

 

PdA : À quelle occasion avez-vous découvert Barbara ? Qu'est-ce qui vous a séduit chez cette femme, chez cette artiste, au point de continuer à œuvrer, quinze ans après sa disparition, pour la préservation de son art ?

 

D.M. : J'ai l'impression d'avoir toujours connu Barbara. Je revois des images d'elle à la télévision dans les années soixante. En 1970, L'Aigle noir s'est retrouvé en bonne place dans ma discothèque. Mais comme je l'explique dans l'avant propos de mon dernier livre, c’est en 1979, que s'est produit le véritable déclic. Je suis tombé, tout à fait par hasard, un soir où je regardais la télévision, sur le film réalisé par François Reichenbach, à l’Olympia en 1978 et pendant la tournée qui a suivi. Ce fut un choc immense. Je me reconnaissais dans ce que Barbara chantait, dans ce qu’elle disait. Elle mettait des mots sur des émotions et des sentiments que, jusqu’alors, je ne savais pas exprimer. Je me suis senti comme irradié par sa personnalité. Dès lors, sa présence ne m'a plus jamais quitté.

 

 

PdA : L'avez-vous souvent rencontrée ? Comment était-elle dans la vie ? Nous raconteriez-vous quelques anecdotes à ce sujet... ?

 

D.M. : J’ai été pendant près de vingt ans le spectateur assidu de ses spectacles. La première fois où je lui ai parlé c'était à Pantin, en 1981, à l'occasion d'une dédicace. Comme pour beaucoup d’autres admirateurs fidèles, de lettres en fax, un échange épistolaire m’a permis de garder le contact avec elle en dehors de la scène. Barbara était quelqu'un qui avait un magnétisme extraordinaire. Sa présence était réellement envoutante. C'était une artiste, une femme d'une très grande générosité. Elle savait reconnaître "ses fidèles". J'ai un souvenir particulièrement émouvant avec elle un soir de 1990 à Mogador. Beaucoup de gens s’étaient rassemblés dans la petite cour située à la sortie des artistes. Sous le long porche un peu sombre, ma femme et moi, nous nous étions mis à l’écart. J’aimais rester en retrait de la foule et, simplement, profiter de l’instant de son départ. Ce soir-là, Barbara a fait arrêter sa voiture à notre hauteur, ouvert la vitre et avec une grâce infinie nous a tendu les mains. Ce fut un bref échange mais à la symbolique si forte que j’y repense souvent. J'ai encore très présente la sensation de ses mains sur les miennes.

 

 

PdA : Monique Serf, dite Barbara, est aujourd'hui largement reconnue et saluée par ses pairs. Mais ce succès est-il venu rapidement ?

 

D.M. : Dans les années cinquante, une carrière se bâtissait dans la durée. Avant de conquérir les grandes scènes parisiennes, Bobino puis l'Olympia, la période des cabarets a été longue pour Barbara ; d'abord en Belgique, puis à Paris, à l'Écluse principalement dont elle est devenue la figure de proue de 1958 à 1964. Barbara est donc l’illustration d’un parcours qui s’est construit grâce à un mélange de travail et de persévérance, bien sûr également grâce à son immense talent. D'abord interprète, Barbara est devenue auteur compositeur de ses chansons. Elle a composé ses premières musiques en Belgique sous le pseudonyme d'André Olga puis chanté à l'Écluse, sans dire qu'elle en était l'auteur, ses premiers grands succès comme Chapeau bas ou Dis, quand reviendras-tu ?.

 

 

PdA : Quels ont été les grands moments fondateurs de sa carrière ?

 

D.M. : L'Écluse, d'abord, où elle a fait ses premiers pas. En 1963, son passage au Théâtre des Capucines où elle créé Nantes lui ouvre les portes de Bobino où, en 1964, elle assure la première partie de Brassens pendant trois semaines. Elle revient à Bobino en vedette en septembre 1965. Sa chanson écrite pour le public, Ma plus belle histoire d'amour, est née de ce succès. La consécration à l'Olympia en 1968 est un aboutissement. Barbara devient alors une chanteuse populaire, ce que viendra confirmer deux ans plus tard l'immense succès de L'Aigle noir.

 

Son arrivée chez Philips en 1964, avec Claude Dejacques comme directeur artistique, lui permet aussi de sortir un premier 30 tours "Barbara chante Barbara" resté comme une référence dans son œuvre. Il contient, hormis Chapeau bas et Nantes, des incontournables comme À mourir pour mourir, Pierre, Au bois de Saint-Amand, Gare de Lyon.

 

 

Barbara par Didier Millot 1

Collection personnelle de Didier Millot - Barbara à Mogador (1990)

 

 

PdA : Le 5 novembre dernier est sortie "Une femme qui chante", l'intégrale de l'artiste. 19 CD, un écrin de luxe et un ouvrage biographique auquel vous avez largement participé. Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de se procurer ce bel objet ?

 

D.M. : Ce coffret permet de retrouver en intégralité, pour la première fois, l'ensemble de son œuvre discographique enregistrée en studio et tous les titres créés sur scène mais jamais repris en studio, et pour certains jamais sortis en disque. Il contient des chansons inédites que Barbara avait enregistrées dans les années soixante pour un projet de disque qui n'avait pas abouti. On retrouve également de nombreuses raretés, des versions inédites avec des variantes d'interprétation ou de texte. Il y a ainsi une version de L'Aigle noir comprenant deux phrases inédites. Une des premières versions de Nantes, dont le texte est très différent du texte enregistré en 1964 ; une autre version parlée de Nantes chantée à Mogador en 1990 ; des duos aussi, inédits avec Julien Clerc et Jean-Louis Aubert. Plus de 50 titres, sur les 370 du coffret, couvrant la période 1956-1997, qui donnent une autre vision de Barbara.

 

 

PdA : 19 CD, nous le disions à l'instant. Plus de 350 titres. Certains très connus - Nantes, Göttingen, Ma plus belle histoire... L'Aigle noir. Sans doute la plus célèbre, celle que l'on associe immédiatement à Barbara. Plusieurs interprétations ont été faites à propos de cette très belle chanson, l'une pour le moins glaçante... Que savez-vous de la genèse de L'Aigle noir ? Comment la recevez-vous personnellement ?

 

D.M. : Cette chanson est née d’un rêve, mêlé d’images lointaines de l’enfance et de la découverte étonnante d’un aigle naturalisé dans une vieille grange à la campagne. Si le succès a été immédiat, L’Aigle noir figure parmi les chansons de Barbara qui ont nécessité du temps pour trouver leur maturité. En septembre 1970, elle dira avoir mis six ans pour l’écrire. "J’avais fait une musique et les paroles, et je n’arrivais pas à le faire… Il ne s’envolait pas. Je n’y arrivais pas du tout et c’est seulement il y a quelques mois, juste avant mon disque, que j’ai repris cette chanson, tout à coup, et tout m’est arrivé. J’ai fini L’Aigle noir." La chanson a effectivement donné lieu a de nombreuses interprétations, surtout depuis la parution des mémoires de Barbara, liant la figure du père à la présence mystérieuse qu’incarne l’oiseau qui surgit de nulle part comme autrefois le père disparu depuis dix ans, revenu un soir de décembre 1959 dans la vie de Barbara, au moment où il décède à Nantes.

 

Je suis personnellement attaché à cette chanson onirique que j'ai énormément écouté adolescent et qui terminait le spectacle la première fois où j'ai vu Barbara sur scène. C'était aussi, à partir de Pantin, un moment très fort des récitals de Barbara.

 

Si l'on cherche une explication, le mieux est sans doute de relire ce qu'en disait Barbara : "J’ai fait un rêve. Beaucoup plus beau que dans la chanson. Un oiseau tournait autour d’un canyon, descendant, descendant… J’ai vraiment rêvé de ça, en couleur, et après, j’ai rêvé de deux panthères. Elles allaient se jeter sur moi. Après ce rêve d’aigle, des choses extrêmement bénéfiques sont arrivées."

 

 

PdA : Göttingen, c'est un hymne à la paix, à ces "enfants qui sont les mêmes" des deux côtés du Rhin. Cette peur de l'"alarme" qui pourrait de nouveau sonner un jour, était-ce quelque chose de réellement présent chez cette fille de Juifs ayant grandi pendant la guerre ?

 

D.M. : Cette période a sans aucun doute marqué Barbara. Même si dans Mon enfance, elle écrit "La guerre nous avait jetés là, d'autres furent moins heureux, je crois, au temps joli de leur enfance. La guerre nous avait jetés là, nous vivions comme hors la loi, et j'aimais cela quand j'y pense.", le fait que dans son dernier album, en 1996, elle ait repris Il me revient, une chanson commencée dans les années soixante-dix, montre combien cette période restait très présente dans sa mémoire. Cette chanson raconte l'arrestation d'un résistant à Saint-Marcellin où sa famille s'était réfugiée de 1943 à 1945.

 

Pour elle, accepter d'aller chanter à Göttingen n'a pas été une décision facile. On est en 1964, l'Europe se construit. Adenauer et De Gaulle ont permis de consolider la réconciliation entre la France et l'Allemagne. Göttingen, qui est, vous avez raison de le souligner, un très bel hymne à la paix, a pu être mal perçu lorsque Barbara enregistre ce titre en 1965. Barbara dira que c'est une chanson de la réconciliation mais pas d'oubli précisant : "Je ne porte pas de message, dans aucune de mes chansons… Göttingen, par exemple, n’est pas une chanson contre la guerre, c’est une chanson d’amour. En quittant Göttingen, j’ai voulu remercier mes amis, je l’ai fait à ma façon, c’est tout."

 

 

PdA : Dans Ma plus belle histoire d'amour, c'est à son public qu'elle déclare sa flamme, sa fidélité. Quel était ce lien si particulier qui les unissait ? Que lui apportait le contact avec le public ?

 

D.M. : C'était une relation fusionnelle. Barbara était avant tout une femme de scène. Elle trouvait là un accomplissement, un aboutissement à ce qu'elle avait toujours voulu être : une femme qui chante. Je cite souvent ce qu'elle nous confia, un soir de 1990 sur la scène de Mogador, à propos de ce lien entre elle et le public : "C’est un secret, un secret entre vous et moi. Je ne pouvais pas traduire cette chose-là, elle est intraduisible pour moi. Elle sera intraduisible jusqu’au dernier instant où je chanterai. Parce que c’est une chose comme ça, exceptionnelle, rare. Ce n’est pas une chose comme on dit, mystique, femme en noir, la messe… Ce n’est pas ça du tout ! C’est une histoire d’amour magnifique. Une passion magnifique."

 

 

PdA : Nous avons évoqué trois des chansons phares de son répertoire. Vous qui le connaissez parfaitement, pourriez-vous nous citer vos chansons préférées de Barbara, notamment celles qui sont moins connues, et que vous voudriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir ?

 

D.M. : C'est difficile de choisir dans un répertoire original de plus de 150 chansons !

 

Le premier titre qui me vient immédiatement à l'esprit est : Tu ne te souviendras pas, qui date de 1962. C'est pour moi une des plus belles chansons de Barbara. Le texte est d'une beauté absolue avec des images pleines de sensualité. C'est une merveilleuse chanson d’amour où, comme souvent, amour et désespoir sont mêlés. Mais Barbara laisse la porte entr’ouverte. L’autre peut choisir de revenir. C’est la joie de vivre après le mal de vivre. C’est peut-être cela qui, dans son répertoire, marque notre inconscient. L’espoir, tout aussi indicible qu’indispensable, qui nous permet de croire en la vie quand tout semble désespéré.

 

Une autre chanson que j'écoute très souvent est : Mémoire, mémoire, écrite par Barbara pour Lily Passion (le spectacle écrit par Barbara dans les années 80, ndlr) et que Barbara a chanté le soir de la dernière au Châtelet en 1987. C'est un très beau texte sur son parcours d'artiste et son lien avec le public. J'ai d'ailleurs pris quelques phrases de cette chanson comme fil conducteur de l'avant-propos de mon dernier livre.

 

Je pense aussi à Madame (à ne pas confondre avec la pièce Madame) et Parce que je t'aime écrites en 1967, Le minotaure une chanson de 1973. Enfin, John Parker Lee qui se trouve sur son dernier disque enregistré en 1996 et qui dit "Il y a comme ça dans la vie de merveilleux passagers qui croisent nos existences… Qui nous jouent d’étranges musiques... Qui nous tanguent le cœur et l’âme." C'est exactement ce que je ressens à propos de Barbara.

 

 

PdA : Nous avons parlé de l'intégrale, à laquelle vous avez participé. Je rappelle que vous êtes également l'auteur de "Je me souviens... Barbara", ouvrage qui sort ces jours, à l'occasion du quinzième anniversaire de la disparition de l'artiste. Pouvez-vous nous en dire plus ? Qu'a-t-il d'original ? Pourquoi est-il un "must" pour les amateurs de Barbara ? (05/11/12)

 

D.M. : C'est la première fois que j'utilise le "je" pour m'exprimer à propos de Barbara. Un "je" un peu particulier puisque c'est un livre qui s'inspire du procédé littéraire "Je me souviens" popularisé en France par Georges Pérec en 1978. C'est donc avant tout une biographie à la forme originale.

 

Le propos du livre est de restituer les souvenirs épars d’images, d’événements, de faits, d’anecdotes, qui parfois me sont personnels, mais qui ont pu être vécus par d'autres et que j’ai eu envie de partager. Ce qui est important pour moi c'est, à côté des éléments purement biographiques de la vie de Barbara, de faire revivre des moments forts, des instants de beauté, vécus grâce à elle.

 

J’ai pensé que ce livre pourrait, à sa manière, montrer combien Barbara, artiste inoubliable et inoubliée, fait partie de notre vie. J'espère contribuer à faire découvrir son univers à une nouvelle génération, de plus en plus nombreuse à apprécier son œuvre, notamment ceux qui n'ont pas vu Barbara sur scène ; avec mes mots, transmettre des émotions et des sentiments. Être, en quelque sorte, un passeur.

 

 

PdA : Barbara s'en est allée il y a quinze ans, le 24 novembre 1997. Novembre, un mois que, paraît-il, elle détestait... Comment l'avez-vous appris ? Comment était-elle perçue, dans les derniers mois de sa vie ? Comment les a-t-elle vécus ? Quel était son rapport à la mort ?

 

D.M. : J'ai été réveillé par la radio qui, au matin du 25 novembre, annonçait que Barbara avait été hospitalisée. Puis, vers 13 heures, la nouvelle de son décès a été connue. J'étais effondré. J'avais reçu un fax d'elle, plein d'humour, une dizaine de jours auparavant. Je savais qu'elle avait plein de projets et qu'elle rédigeait un livre. Barbara était quelqu'un qui aimait la vie et qui n'était pas du tout morbide. Elle avait d'ailleurs écrit une chanson La mort pour démystifier ce sujet. Beaucoup de ses proches disent avoir beaucoup ri avec elle. C'est l'image d'une femme lumière, qui a aidé beaucoup de gens à vivre, que je garde en moi.

 

 

PdA : Nombre d'artistes ont repris ses chansons après sa mort, sans doute avec conviction, mais sans jamais les vivre comme elle les a vécues. Y'a-t-il malgré tout sur la scène francophone actuelle, parmi les jeunes comme les moins jeunes d'ailleurs, des artistes qui réussissent à vous toucher un peu comme elle vous touche ?

 

D.M. : Compte tenu de la force de ses chansons, il y aurait quelque chose d'incongru à ce que la génération actuelle de la scène francophone ne reprenne pas son répertoire. Barbara a elle même commencé sa carrière en chantant le répertoire d'autres chanteurs, comme Brel et Brassens pour ne citer qu'eux.

 

Je suis touché par les émotions que ceux qui la reprennent sont capables de faire passer en s'appropriant à leur manière les textes et la mélodie. La première fois que j'ai vu Marie Paule Belle reprendre sur scène le répertoire de Barbara cela a été un moment très fort et de grande beauté. On peut avoir un vécu différent et chanter Dis, quand reviendras-tu ?Mon enfanceUne petite cantate de façon tout à fait bouleversante. Je pense à Jean-Louis Aubert , Calogero, Raphaël.

 

Des artistes comme Mathieu Rosaz, Daphné, par exemple, apportent avec leur voix, leur phrasé, quelque chose de nouveau. C'est ce qui me paraît essentiel. Avec eux, les chansons de Barbara traversent le temps.

 

 

Barbara par Didier Millot 2

Collection personnelle de Didier Millot - Barbara à Mogador (1990)

 

 

PdA : Finalement, qu'est-ce qui vous touche chez elle ? Qu'est-ce qui la rend si importante à vos yeux ?

 

D.M. : Pour moi, Barbara est une femme hors du commun. C'est difficile à exprimer. C'est une présence. Un partage d'âme, quelqu'un qui m'apporte du réconfort et qui m'accompagne dans ma vie de tous les jours. Je peux rester des mois sans l'écouter mais elle est quand même là. Avec ma famille très proche, Barbara fait partie des personnes qui sont essentielles à mon équilibre.

 

 

PdA : Qu'a-t-elle apporté à la chanson française ? Quel est l'héritage de Barbara ?

 

D.M. : Comme Piaf ou Gréco, elle a fait une incursion au théâtre et au cinéma. Barbara est une artiste complète. Auteur, compositeur et interprète, elle a su traverser son époque, sans jamais se répéter ni trahir ses choix, projetant un univers personnel où chacun peut retrouver ses combats, ses épreuves, sa propre vérité. Le mélange de texte et de musique qu’elle confectionne en artisan garde au fil du temps sa couleur d’origine. Il existe dans les chansons de Barbara une alchimie dont le secret n’a pas encore été découvert ! Personne n’a réussi à écrire et composer comme elle. C'est pour cela que Barbara reste aussi moderne et continue d'influencer les artistes : écrivains, chanteurs, peintres. Je crois que cela la ferait rire, mais ce n'est pas exagéré de dire que Barbara fait aujourd'hui partie de notre patrimoine.

 

 

PdA : Si vous pouviez lui adresser un message, lui poser une question... ?

 

D.M. : Je lui dirais ces quelques phrases de sa chanson Tu ne te souviendras pas :

 

"Passent les jours, file le temps,

 

S’égrènent les calendriers,

 

Brûle l’été, soufflent les vents,

 

Moi, je ne peux rien oublier."

 

 

PdA : Un message à nos lecteurs ? À quelqu'un en particulier ?

 

D.M. : Un message d'amour : penser à dire et redire "Je t’aime" à ceux que l'on aime.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Didier Millot ?

 

D.M. : J'espère que ma passion pour l'écriture et pour Barbara est commutative.

 

 

PdA : Un dernier mot ?

 

D.M. : Merci infiniment !

 

 

 

Oui Didier Millot, votre passion est communicative, soyez-en assuré... Merci infiniment pour ce bel entretien à coeur ouvert... Phil Defer

 

 

 

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Le site de l'Association Barbara Perlimpinpin

 

L'intégrale Barbara : une femme qui chante

 

"Je me souviens... Barbara" de Didier Millot (dédicacé, jusqu'au 15/11/12)

 

"Je me souviens... Barbara" de Didier Millot (achat en ligne)

 

Le site de Didier Millot

 

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Modifications mineures : 13/11/12

8 novembre 2012

Mickaël Camilleri : "François Hollande, nous ne voulons pas de votre France !"

Mickaël Camilleri n'a pas vingt ans lorsqu'il décide de s'engager en politique. La révélation, il la doit à un homme : Nicolas Sarkozy. Le futur candidat à la présidence de la République exalte le mérite, la possibilité de s'élever dans la société pourvu que l'on s'en donne la peine. Un discours qui touche au coeur ce jeune biterrois issu d'une famille modeste. La volonté, il l'a. Il en est sûr, il y arrivera... Il adhère à l'UMP en 2006. Parallèlement à ses études, brillantes, il s'implique sans compter dans la vie militante du parti du président. Une amitié teintée d'une admiration mutuelle le lie à Benjamin Lancar. Ils s'allient et se fixent pour objectifs de structurer la jeunesse, de former les futurs cadres de la droite. Préparer l'avenir... Lancar est à la tête des Jeunes populaires depuis 2008. Mickaël Camilleri a la charge, à ses côtés, de "la Formation et du maillage territorial". Les désillusions du printemps 2012 digérées, son cheval de bataille, c'est désormais la "reconquête militante". Sa fidélité à Sarkozy est plus forte que jamais mais, prenant acte de son retrait, il choisit de se ranger derrière François Fillon dans la lutte pour la présidence de l'UMP. Copé ? Fillon ? Le 18 novembre, les militants trancheront. Merci, Mickaël Camilleri, d'avoir répondu à mes questions. L'interview confession d'un citoyen dont on n'a sans doute pas fini d'entendre parler... Et six mois après l'élection de François Hollande, une intervention "coup de poing". Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICKAËL CAMILLERI

Délégué National Jeunes Populaires en charge de la Formation et du maillage territorial

Membre fondateur des "Jeunes avec Fillon"

 

"François Hollande, nous ne

 

voulons pas de votre France !"

 

Mickaël Camilleri

(Photos fournies par Mickaël Camilleri)

 

 

Q : 17/07/12

R : 08/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ? (ce que vous faites, aimez, vos références dans la vie, ce qui vous a conduit à vous engager...)

 

Mickaël Camilleri : Je suis originaire de Béziers, dans l’Hérault. C’est tout naturellement dans ce beau département de l’Hérault que j’ai décidé, dès 2005, de débuter mon engagement politique. A la base, rien ne me prédestinait à la politique : aucun antécédent familial, aucune relation particulière, aucune ressource à disposition, j’ai dû démarrer de zéro.

 

C’est justement mon origine familiale très modeste qui m’a convaincu, très tôt, de m’engager en politique aux côtés de la droite républicaine. Je viens de quartiers où la France achète le silence des plus démunis à coup d’allocations ! Ayant toujours été entouré durant mon enfance de « bénéficiaires » de minima sociaux, j’ai eu l’occasion, tous les jours renouvelée, de m’apercevoir ô combien ce système, loin d’aider ses destinataires, les enfonçait en réalité dans une situation de dépendance totale, pouvant provoquer chez nombre d’entre eux un sentiment d’inutilité sociale allant même jusqu’à une certaine forme de reniement de soi. Ne sachant plus pourquoi ils se lèvent le matin, étant réduits, par un système qui les étouffe, à une simple main tendue, la France croit les aider en leur versant, chaque mois, une sorte d’obole institutionnalisée… En réalité, elle leur enlève, chaque jour un peu plus, le seul bien restant à ceux qui n’ont plus rien : leur dignité de personnes capables de s’en sortir par elles-mêmes.

 

Cet « État-Providence » là n’est en rien providentiel. Il est aliénation et déliquescence. Il est avilissant et inhibant. Et, dans cette réalité là, ce ne sont nullement les femmes et les hommes qui en « bénéficient » qui sont à combattre ou à vilipender, ce sont plutôt ceux qui, par idéologie, folie ou démagogie, ont eu le tort terrible de ne leur proposer que ce système.

 

C’est contre ce système que j’ai décidé de m’engager en politique, contre cette politique d’assistanat généralisé qui enferme et détruit. Lorsque j’ai vu émerger dans le débat politique français un homme souhaitant « refaire de la valeur travail le socle de notre pacte républicain », voulant « faire de la méritocratie républicaine la voie d’ascension légitime de tous ceux qui s’en donnent les moyens, alors je n’ai pas hésité une seule seconde ! Cet homme-là s’appelait Nicolas SARKOZY, j’avais 19 ans.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

 

M.C. : La Présidence de Nicolas SARKOZY nous a appris la signification d’un mot, d’une valeur : le COURAGE ! Courage contre les immobilismes, courage contre les conservatismes, courage contre toutes les formes de fatalisme. Car Nicolas SARKOZY ne nous a pas seulement rendus fiers des valeurs qui sont les nôtres – le travail, la liberté, la Nation, la responsabilité individuelle -, il nous a également transmis une « certaine idée de la France » comme d’autres ont pu dire avant nous, et surtout une certaine manière de s’engager pour son pays : s’engager pour des valeurs trop souvent niées ou conspuées, s’engager pour une Nation à laquelle on doit tant - et surtout moi qui ai toujours été boursier -, s’engager face à tous les Cassandre et les déclinologues qui nous président et nous expliquent à longueur d’articles en quoi la France est un pays fini, mais en quoi ils sont les premiers à en revendiquer encore et toujours les privilèges d’un autre temps !

 

Au final, pour moi comme pour de nombreux militants qui se sont éveillés à la politique grâce à Nicolas SARKOZY, son action en tant que Président de la République fut en quelque sorte une école de vie. Une école où nous avons appris à nous battre pour nos convictions, une école où, surtout, nous nous sommes engagés dans quelque chose de plus grand que nous, de plus grand que nos petites vies et de nos petits problèmes. Ce quelque chose s’appelle la France !

 

À cette école du courage qu’était Nicolas SARKOZY Président de la République, j’étais fier de me battre, à mon petit niveau, pour voir nos universités enfin réformées avec la LRU, pour voir le travail payer plus que l’assistanat avec le RSA, pour voir une France écoutée et respectée dans le monde, que ce soit à la tribune de l’ONU ou à Bruxelles, etc. L’Histoire jugera le bilan de Nicolas SARKOZY, pas les commentateurs. D’ores-et-déjà, une majorité de Français le regrettent : je suis le premier d’entre eux !

 

 

PdA : Comment avez-vous vécu sa défaite du 6 mai, et comment l'expliquez-vous ? Quelles leçons tirez-vous de ces échecs électoraux de 2012 ?

 

M.C. : Comme nombre de mes ami(e)s engagé(e)s, j’étais à la Mutualité ce soir du 6 mai 2012. Certains diront que j’ai été naïf, mais j’y ai sincèrement cru jusqu’à la toute dernière seconde. J’étais convaincu que les Français avaient compris, qu’ils ne se laisseraient pas embobiner par le discours démagogique de François HOLLANDE. J’ai eu tort.

 

À 20h01, je n’ai pu retenir mes larmes. Quand une journaliste de Marianne est alors venue me demander, un sourire en coin, si j’étais déçu, question aussi stupide que provocante dans un tel moment, j’avoue l’avoir sérieusement rembarrée, y voyant là l’ultime pied de nez d’une certaine presse qui a tant fait pour voir son champion accéder à la Présidence.

 

Je ne suis cependant pas amer de cet épisode. Quand on est démocrate, il faut savoir accepter les règles et les résultats de la démocratie. Je remarque seulement qu’on nous annonçait une Bérézina électorale, nous avons eu une défaite de justesse. On nous annonçait une fin de règne morne et acerbe, nous avons eu un Nicolas SARKOZY plus digne et flamboyant que jamais ! Lors de son discours d’au revoir (je me refuse à dire d’adieu), je me suis senti plus sarkozyste que jamais.

 

« Soyons dignes, soyons patriotes, soyons Français » : cet appel restera pour moi comme une véritable ligne de conduite adressée tout particulièrement à nous, les jeunes, qui allons devoir continuer son œuvre. C’est en outre la meilleure réponse à tous ceux qui inlassablement, pendant 5 ans, ont tenté de nier la stature présidentielle de Nicolas SARKOZY. En faisant preuve d’autant de recul, d’autant de sérénité, d’autant de conviction, Nicolas SARKOZY n’a pas seulement montré qu’il fut un grand Président, il a montré qu’il incarnait à lui tout seul la fierté d’être Français ! Et au travers lui, nous l’avons tous ressenti ce soir du 6 mai ; ce fut probablement la meilleure chose qu’il pouvait nous laisser en héritage.

 

Finalement, ce 6 mai fut un rendez-vous manqué avec l’Histoire, comme les Français en ont eu si souvent le secret au fil des siècles. Ce 6 mai aurait pu inscrire dans le marbre la volonté de ce pays d’aller de l’avant, de se réformer, pour prendre de nouveau la place qui doit être la sienne ; ce fut finalement la victoire des petits arrangements entre camarades et corporatismes de tous poils. Ce fut finalement la victoire de la peur : peur de changer, peur de s’adapter, peur de grandir !

 

 

PdA : Avec le recul, avez-vous des regrets par rapport à cette campagne ? Certaines choses auraient-elles dû être faites différemment ? Avez-vous toujours été totalement à l'aise avec la campagne menée ?

 

M.C. : Vu notre point de départ, nous ne pouvons être qu’admiratifs du travail mené sans relâche par les militants et en particulier par le premier d’entre eux : Nicolas SARKOZY. Personnellement, je ne fais pas partie de ceux qui se permettent de juger a posteriori. Je suis également choqué par tous ceux qui ont réclamé un droit d’inventaire du sarkozysme et en particulier de cette dernière campagne. Je n’ai jamais compris comment des personnalités de notre famille politique ont pu se laisser prendre au vieux piège mitterrandien de la « droitisation » : assumer ses convictions, avoir le courage de proposer des solutions fortes, c’est se droitiser ? Non, c’est prendre le risque de la vérité, même si celle-ci dérange ou fait mal, au détriment de la facilité.

 

Au final, cette campagne a été l’occasion de se rendre compte à quel point le « logiciel » intellectuel de gauche, en place depuis les années 1980, est solidement ancré dans notre pays. Un logiciel qui veut qu’on ne puisse pas parler d’assistanat sans être insultant envers les plus démunis, qui veut qu’on ne puisse pas parler d’immigration sans être taxé de racisme, qui veut qu’on ne puisse pas aborder la question de la sécurité sans être caricaturé en dictateur liberticide.

 

Ce logiciel a sa logique propre. Il a également son langage propre : un vocabulaire politiquement correct inondant les média qui nous imposent quoi dire et surtout, quoi penser. Un logiciel qui détermine à lui seul la référence du bien (la solidarité forcée, le multiculturalisme bienheureux, le laxisme de fait, la tolérance à tous les étages) et du mal (le libéralisme, forcément « néo » ou « ultra », la sécurité, forcément « répressive » et « aveugle », l’entreprise, forcément « exploitante » et « aliénante », la famille, forcément « dépassée » et « inadaptée », etc.). Et tous ceux qui oseraient transgresser cette pensée unique subiront les foudres impitoyables de SOS Racisme, de la Licra, des associations gay, de « gens du voyage », des sacro-saints syndicats, des intellectuels autoproclamés, etc.

 

Nicolas SARKOZY a dû se battre seul contre tous ces agents de l’immobilisme, du conservatisme. Il a dû endosser le rôle, forcément ingrat, du réformateur. Donc non, je n’ai pas de regret. Je n’ai pas de regret car j’ai été aux côtés d’un homme contre lequel tout avait été déployé et qui a pourtant tenu bon, jusqu’au bout ! Surtout je n’ai pas de regret car Nicolas SARKOZY a eu raison d’assumer le positionnement qui a été le sien. Car ce logiciel de gauche a une autre fonction, beaucoup plus pragmatique au service de nos camarades socialistes et syndiqués : diaboliser les idées de droite jusqu’à ce que la droite elle-même les renie, les laissant ainsi à disposition du Front National. Ce vieux piège, mis en place par François MITTERRAND, qui a créé de toutes pièces Jean-Marie LE PEN pour affaiblir le RPR et l’UDF de l’époque, est devenu aujourd’hui un poison si fort pour l’UMP qu’il dépasse, à n’en point douter, toutes les attentes de son créateur. En 30 ans, ce poison a fait perdre à la droite toutes les régions, la majorité des départements et des grandes villes, le Sénat et l’Assemblée ! Le seul qui ne s’est pas laissé administrer ce poison, c’est Nicolas SARKOZY : il a eu raison !

 

 

PdA : Qu'est-ce qui vous révolte, vous donne envie d'agir dans le monde d'aujourd'hui ?

 

M.C. : De manière générale, je ne sais rester spectateur devant les événements : j’ai besoin d’en être acteur ! Car je ne fais pas partie de ceux qui se satisfont de ronchonner dans leur coin sans jamais avoir le courage de porter sur la place publique leurs griefs. C’est finalement cela l’engagement politique : ne pas en rester à la critique stérile, mais avoir le courage de construire.

 

J’ai déjà explicité plus haut le scandale insidieux que constitue pour moi la politique d’assistanat généralisé à laquelle se livre notre pays depuis 30 ans. Une politique qui, sur la base de bons sentiments, empêche en réalité toute chance d’aboutir aux résultats qu’elle s’était fixée : on ne favorise pas le retour à l’emploi, on enfonce dans l’« inemployabilité » en s’obstinant dans une indemnisation passive sans contrepartie ni formation qualifiante ; on ne consent pas les moyens d’une vie digne, on nie la dignité même des individus en ne leur donnant pas l’opportunité de subvenir par eux-mêmes à leur propre existence. Ce scandale n’est pas seulement social, il est également psychologique pour ses « bénéficiaires ».

 

Ce scandale est également pour moi ce qui constitue aujourd’hui l’un des principaux déterminants du Front National. Certes, le vote Front National est encore sûrement déterminé par des considérations liées à l’immigration dans l’imaginaire collectif de ceux qui ont fait ce choix. Mais ce vote est à mon sens aujourd’hui la résultante d’une réalité beaucoup plus quotidienne, beaucoup plus pragmatique. Quand dans un même immeuble HLM, vous avez du côté droit du pallier, un SMICard qui se lève à 6h du matin, bosse 8h par jour et ne touche aucune aide, voire est fortement taxé via la CSG, la taxe d’habitation, l’impôt sur le revenu, etc. et du côté gauche du pallier, quelqu’un qui ne se lève pas forcément pas le matin, qui ne cherche pas ardemment un emploi, qui touche quasiment autant que son voisin en cumulant le RSA, la CMU et sa complémentaire, l’allocation logement à taux plein, les bourses pour les enfants, la gratuité des transports, cantines, etc., comment ne pas comprendre que le premier en est assez et vote, en signe de protestation contre un système qui lui demande tant et lui rend si peu, pour le Front National ?

 

C’est à mon sens sur cette thématique centrale de l’assistanat que la droite républicaine doit aujourd’hui avoir un discours fort et audible. À défaut, elle laissera un boulevard au Front National qui, aujourd’hui comme hier, s’est toujours nourri de ces scandales du quotidien. Je me souviens qu’après Nicolas SARKOZY, le second à avoir eu un discours tout à fait déterminé en la matière s’appelait Laurent WAUQUIEZ. Là encore, quels procès ne lui a-t-on pas fait ? « Cancer de la société », mon Dieu, indignation ! Cris d’orfraies d’autant plus hypocrites qu’ils feignaient de croire qu’il n’était pas question des personnes vivant de ce système, qui en sont bien sur les premières victimes, mais le système lui-même qui crée plus de pauvreté qu’il n’en réduit. Cris d’orfraies d’autant plus insidieux que le procès sur la forme permettait ainsi de délégitimer toute action sur le fond avant même d’avoir pu en débattre. Là encore, le logiciel de gauche en action… Pourtant, ce cri d’alarme de l’ancien Ministre de l’Enseignement Supérieur n’était en rien fait pour montrer du doigt, mais bien pour proposer : limitation de tous les minima sociaux à 75% du SMIC, 7h de travail pour la collectivité en juste retour de l’aide que celle-ci vous apporte, etc.

 

Aujourd’hui, pour toutes ces raisons et parce que j’ai de la mémoire, je soutiendrai lors de notre Congrès la motion Droite Sociale présentée par Laurent WAUQUIEZ.

 

 

PdA : Que vous inspire la situation de notre pays ?

 

M.C. : La direction que prend notre pays depuis quelques mois m’inquiète profondément. A peine sorti de mes études, j’espérais entrer dans un monde professionnel valorisant l’initiative, la prise de risque, l’engagement citoyen. Je me retrouve dans un pays crachant sur ses entrepreneurs, étouffant les créateurs d’emploi, faisant la chasse aux sorcières aux reliquats du sarkozysme. Il ne fait pas bon être entrepreneur aujourd’hui en France, il ne fait pas bon d’être de droite non plus !

 

Le matraquage systématique des classes moyennes auquel se livrent avec méthode François HOLLANDE et Jean-Marc AYRAULT ne pourra conduire qu’à une révolte de cette majorité silencieuse, qui finira par en avoir assez de toujours payer pour un système dont elle ne profite pas ! Elle finira par en avoir assez d’alimenter ce tonneau des Danaïdes, nourrissant chaque mois toujours plus d’intérêts particuliers, toujours plus de corporatismes ! Elle finira par en avoir assez d’être seule à porter à bout de bras un pays à un bout de souffle, se préoccupant constamment davantage de ceux qui en réclament toujours plus, tout en ignorant ceux sur lesquels tout repose. Le jour où cette majorité silencieuse d’employés, d’ouvriers, d’artisans, de professions libérales, d’agriculteurs, de commerçants, de cadres, en aura assez d’être les dindons de la farce et aura décidé de le dire haut et fort, j’espère que l’UMP sera à ses côtés ! Pour ma part, j’y serai. Incontestablement.

 

 

PdA : Quels sont pour la France les enjeux majeurs de cette décennie ? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à notre avenir collectif ?

 

M.C. : La compétitivité de notre économie doit être la préoccupation première de nos politiques. La France ne vit pas seule. Il n’y a pas le monde d’un côté et la France de l’autre qui, seule, pourrait s’absoudre des impératifs de l’économie mondiale. Pendant que nous débattons sur le fait de travailler deux ans de plus, l’Allemagne et le Royaume-Uni mettent en place plus de flexibilité pour leurs entreprises. Pendant que nous débattons sur le fait de travailler 35 ou 39h, la Chine et l’Inde ont sorti des centaines de millions de personnes de la grande pauvreté en acceptant les règles de l’économie de marché et en devenant les ateliers du monde. Pendant que nous débattons sur le fait d’avoir 5 semaines de congés payés, les États-Unis baissent leur coût du travail et investissent massivement dans la recherche. Bref, pendant que nous parlons, d’autres agissent. Et ils agissent vite !

 

Si la France veut redevenir cette force motrice du monde, elle ne peut continuer d’ignorer le monde qui l’entoure, justement ! En outre, s’obstiner à défendre nos fameux « acquis sociaux » est le pire service que l’on puisse rendre à notre système de protection sociale. Oui, nous avons la protection sociale la plus développée et oui, nous pouvons en être fiers et vouloir la conserver. Mais ce n’est pas en refusant de l’adapter à la réalité des temps présents que nous la conserverons, nous la ferons, au contraire, imploser. Défendre efficacement notre protection sociale, c’est savoir aujourd’hui sauvegarder l’essentiel populaire et abandonner l’accessoire corporatiste : céder aux pressions de ceux qui cumulent déjà tant de privilèges, c’est assurément conduire notre protection sociale à la faillite.

 

Je suis par nature optimiste. J’ai confiance en mon pays et en la capacité des Français de se rendre compte, finalement, des nécessités de notre temps. Mais je sais que des forces adverses sont à l’œuvre et je m’inquiète pour ma génération qui, au final, devra payer pour quatre décennies payées à crédit ! Car la vérité est là, nous succédons à une génération qui s’est fait plaisir en s’octroyant une série de droits dont elle n’avait pas le premier centime pour les financer ! C’est donc à nous de payer la facture. Nicolas SARKOZY avait commencé à mener cette œuvre réformatrice destinée à réduire le fardeau pesant sur nos épaules. Aujourd’hui, François HOLLANDE nous rajoute des sacs de sable sur le dos…

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les débuts du président Hollande, de l'assemblée rose et du gouvernement Ayrault ? J'imagine que votre réponse ne sera pas totalement favorable, mais y'a-t-il au moins des points sur lesquels vous considérez qu'"à la limite", de bonnes choses sont réalisées ou en passe de l'être ?

 

M.C. : Ces premiers mois ont été marqués par un amateurisme permanent qui coupe vraiment, c’est le moins qu’on puisse dire, avec l’image de la fonction présidentielle que nous avait laissée Nicolas SARKOZY : volontaire, déterminé, en première ligne. Aujourd’hui, c’est le règne de l’improvisation et du clientélisme : on remercie les écologistes en sacrifiant l’indépendance énergétique de la France pour mieux se renier, on remercie les camarades syndiqués en leur promettant un « redressement productif » pour finalement les abandonner à Aulnay, on remercie les amis enseignants en leur promettant des salles des professeurs remplies à craquer, sans s’apercevoir que c’est ainsi qu’on tuera définitivement l’Éducation Nationale, etc.

 

Au final, la Présidence de François HOLLANDE, c’est le reniement permanent. Et il ne pouvait en être autrement au regard du caractère parfaitement intenable du « programme » qu’il a proposé aux Français ! C’est pourquoi, avec un certain nombre d’amis, nous avons lancé une initiative nationale appelée « LES RENIEMENTS, C’EST MAINTENANT » compilant chaque trahison, chaque promesse non-tenue de François HOLLANDE et de son Gouvernement. Et notre matière est sans cesse renouvelée !

 

Cependant, quelquefois ce même Gouvernement a des éclairs de lucidité. Quand il se rend compte que non, on ne renégocie pas seul un traité faisant consensus chez les 26 autres. Quand il se rend compte que seule la fermeté permet de lutter efficacement contre le terrorisme. Quand il se rend compte qu’on ne gagne rien à insulter les investisseurs et les créateurs d’emplois dans ce pays. Bref, ce Gouvernement n’est jamais aussi bon que lorsqu’il essaie de faire du SARKOZY. Il essaie seulement, malheureusement…

 

 

PdA : Après la défaite, et avant la reconquête... la réorganisation. Celle d'un appareil, et celle des idées. Qui aimeriez-vous voir élu(e) à la tête de l'UMP à l'automne prochain, et pourquoi ?

 

M.C. : Je fais partir de ceux qui n’auraient pas hésité une seule seconde à soutenir de nouveau Nicolas SARKOZY si celui-ci avait décidé de se représenter à la Présidence de l’UMP. Cependant, il n’en a pas décidé ainsi. C’est son choix, nous devons le respecter.

 

Aujourd’hui, j’ai donc choisi, en conscience, de soutenir François FILLON. Pour moi, il représente le mieux l’héritage d’action sarkozyste. Face à tous ceux qui essaient de s’inventer des brevets en « sarkozysme patenté », François FILLON a été aux côtés de notre ancien Président pendant 5 ans, sans relâche, à porter toutes les réformes ambitieuses et difficiles dont notre pays avait besoin. Et même avant, puisque c’est lui qui a piloté la rédaction du projet présidentiel de Nicolas SARKOZY en 2005 et 2006. Alors que pendant tout le début du quinquennat, certains n’ont pas facilité la tâche de Nicolas SARKOZY en cherchant à ériger face à lui un véritable contre-pouvoir (« hyper-parlement », etc.), on ne peut que constater que le sarkozysme, c’est comme l’amour : plus c’est récent, plus on en parle !

 

J’ai fait le choix de François FILLON également car je reconnais en lui la même qualité que chez Nicolas SARKOZY : le courage politique. Il n’a pas hésité à dire il y a quelques années qu’il était à la tête d’un « pays en faillite ». Un discours dur certes, mais qui a le mérite de dire la vérité, en particulier à une génération comme la nôtre qui va devoir passer à la caisse pour tant de facilités payées à crédit par nos parents.

 

En outre, François FILLON a fait preuve, sans fausse promesse ni grandiloquence, d’une vraie capacité d’écoute à notre égard. Il nous avait demandé des propositions, nous les lui avons remises, et nombre d’entre elles ont été reprises, notamment sur l’impératif de formation dont nos jeunes cadres et militants ont besoin pour faire d’eux les candidats de demain et les élus d’après-demain. Sur cette thématique essentielle à la reconquête des territoires, François FILLON s’est engagé à créer des écoles de cadres décentralisées, sur le modèle de l’École de Formation Jeunes Populaires qui, depuis 4 ans, a réalisé près de 80 séminaires de formations partout en France.

 

Enfin, François FILLON est incontestablement celui qui saura rassembler notre famille politique, à l’image de l’équipe qu’il s’est constituée. Pour gagner dès 2014, nous allons avoir besoin de quelqu’un dont la voix est audible et crédible au-delà des noyaux durs militants. Pour gagner dès 2014, nous allons avoir besoin d’un homme qui sache étendre notre base électorale, en ayant à la fois un discours ferme parlant aux électeurs du Front National, sans en singer les responsables, et des propos qui n’éloignent pas de nous nos amis centristes, pouvant être tentés par l’aventure de l’UDI, si l’UMP se montre clanique.

 

Au final, François FILLON est celui qui est en capacité de préserver l’unité de notre famille politique. Cette unité doit être notre bien le plus précieux, à nous cette génération militante qui n’a connu que l’UMP, qui n’a vécu son engagement qu’au travers d’une grande famille unie de la droite et du centre. N’ayant connu ni le RPR, ni l’UDF, ni DL, il serait absurde pour nous, jeunes militants, de chercher à reproduire des querelles du passé qui ne nous concernent pas. La reconquête ne se fera que dans l’unité, ou ne se fera pas !

 

 

Mickaël Camilleri et François Fillon

 

 

PdA : Quelle doit être, de votre point de vue, la "ligne politique" de l'UMP des cinq années à venir ?

 

M.C. : L’UMP doit s’extirper du piège mitterrandien visant à la cornériser entre son extrême-droite et son centre pour mieux faire gagner la gauche. Pour cela, l’UMP devra affirmer tout simplement ce qu’elle a toujours été : un mouvement républicain, avec un discours ferme sur les questions d’immigration, de sécurité et de lutte contre l’assistanat, et une vision libérale concernant l’économie et, je le pense, les questions de société. Cette équilibre-là est à mon sens la clé pour à la fois faire revenir à la raison les électeurs du Front National, tout en cristallisant la frange centriste à l’intérieur de l’UMP, et non à l’extérieur. C’est un équilibre difficile à trouver, qui nécessitera de sortir des facilités étatistes et de ne pas sombrer dans un conservatisme sociétal dans lequel beaucoup de générations auraient du mal à se retrouver. C’est donc à la fois un combat contre le « logiciel de gauche » et ses relais médiatiques auquel l’UMP doit se préparer, mais également contre une partie d’elle-même.

 

 

PdA : Jusqu'où, et sur la base de quels piliers programmatiques, la majorité bleue de demain aura-t-elle vocation à s'étendre ? Quid d'un hypothétique rapprochement avec le Front national ?

 

M.C. : La droite n’a pas à renier le pacte de valeurs qui l’unit aux Français, elle doit au contraire l’affirmer ! Travail, mérite, Nation, liberté, responsabilité individuelle ne sont pas des valeurs has-been : elles sont plus que jamais d’actualité. Dans une époque où les Français semblent en perte de repères, notre mission doit être de redonner du sens à l’action politique : s’extirper des débats de technocrates, pour faire de la pédagogie auprès de la population. Une pédagogie d’abord axée sur les valeurs.

 

Pourquoi refiscaliser les heures supplémentaires est-ce une atteinte à la valeur travail, en plus d’un non-sens économique ? En quoi une immigration incontrôlée ou laxiste menace-t-elle notre Nation ? Pourquoi la liberté de créer, et de réussir, est-elle mise à mal par les projets de fiscalité confiscatoire du Gouvernement ? Pourquoi l’assistanat détruit-il la signification même de la notion de responsabilité individuelle chez un nombre grandissant d’individus ?

 

Il ne s’agit pas de sujets de dissertations. Il s’agit de problématiques on ne peut plus concrètes dont c’est à nous d’expliciter les tenants et les aboutissants. Nous devons réintroduire dans l’esprit des Français des marqueurs culturels forts : c’est ainsi que nous lutterons contre ce logiciel de gauche omniprésent. Il ne s’agit pas de prosélytisme idéologique, mais de pédagogie de conviction. Des convictions qui permettront aux Français, le moment venu, de ne plus refaire la même erreur quand bientôt des nouveaux « programmes » démagogiques et irréalistes leur seront présentés.

 

Pour ce faire, nul besoin de s’allier avec le Front National. D’ailleurs, quelle logique à s’allier avec des individus qui œuvrent tous les jours à notre perte ? Marine LE PEN croit pouvoir devenir le leader de la droite en France : elle ne souhaite à l’évidence pas être son supplétif. L’alliance avec le FN signifierait tout simplement la fin de l’UMP telle que nous la connaissons. En revanche, si aucune compromission ne peut être permise avec les responsables du FN, il est de notre devoir de ramener dans le giron républicain ses électeurs. C’est même une œuvre de salut public !

 

 

PdA : Êtes-vous favorable à l'instauration d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée ? Dans quelle mesure ?

 

M.C. : Non, pour moi, la politique c’est la rencontre d’un homme (ou d’une femme), d’un territoire et d’une volonté. Introduire la proportionnelle, c’est légitimer le règne des apparatchiks qui n’auront qu’à grenouiller au sein des instances parisiennes suffisamment longtemps pour obtenir un bon positionnement sur une liste. C’est encourager tous les parachutages, et décourager définitivement toute action de terrain sur le long terme. Le scrutin uninominal reste, à mon sens, le meilleur gage de légitimité sur un territoire. Vous êtes élu sur votre nom propre, vous êtes donc responsable de vos actes une fois élu. Aujourd’hui malheureusement, qui connait ses conseillers régionaux ? Personne, en dehors des microcosmes partisans. Et pourtant leur travail est absolument déterminant pour la dynamique des territoires. La proportionnelle rompt le lien de responsabilité entre un élu et son territoire en faisant de lui un élu hors-sol, finalement facilement interchangeable au gré des caprices des sièges parisiens.

 

En outre, l’introduction de la proportionnelle est une nouvelle manœuvre destinée à réduire encore la position de la droite républicaine. Sur l’excuse toute trouvée de faire vivre la « diversité d’opinions », le Parti Socialiste se donne en réalité les moyens de faire accéder le Front National à toutes les assemblées, locales et nationales, tout comme François MITTERRAND l’avait déjà fait en 1986, permettant ainsi à 35 députés FN de siéger à l’Assemblée Nationale.

 

La proportionnelle n’a donc rien de plus démocratique que les autres modes de scrutin, c’est tout simplement un outil commode dont François HOLLANDE veut user pour asseoir définitivement l’hégémonie du PS à tous les échelons de pouvoir.

 

Pour ma part, je suis favorable à une simplification du code électoral, et un resserrement du lien territoire-élu : le scrutin uninominal à un seul tour me parait être le mode de scrutin le plus efficace pour obtenir des majorités à la fois légitimes et utiles, obtenues sans marchandages et ne cherchant pas à faire perdurer artificiellement des groupuscules n’existant que par le charisme de leur leader national (de Besancenot à Le Pen, même combat), mais sans présence ni programme sur le terrain.

 

 

PdA : La crise des dettes souveraines européennes, couplée à une croissance anémique sur le continent, poussent nombre de voix à s'élever pour réclamer une intégration communautaire accrue pour mieux coordonner les politiques financières et économiques. Quelle est votre position sur cette question ?

 

M.C. : L’Europe a permis à notre continent de connaître une paix durable depuis plus de 60 ans. Elle a permis d’assurer une prospérité que beaucoup d’autres régions du monde nous envient. Elle a surtout permis de mettre un terme, définitif je pense, à deux millénaires de guerres, de tueries, de rivalités incessantes. Je ne fais donc pas partie de ceux qui aiment projeter sur l’Europe leurs propres insuffisances. Au contraire, l’Europe est à mon sens le plus grand projet politique entrepris par l’humanité !

 

Cependant, c’est parce que j’aime l’Europe, et que je me sens profondément européen, que je souhaite qu’elle puisse se réformer pour mieux affronter les réalités de notre temps. Aimer l’Europe, c’est avoir la lucidité nécessaire pour s’apercevoir que sa gouvernance éloignée des peuples, sa bureaucratie toute puissante, son consensualisme reniant ses racines, n’aident pas le projet européen des pères fondateurs mais l’amoindrissent !

 

Candidat aux élections européennes de 2009 sur la liste Majorité Présidentielle Sud-Ouest conduite par Dominique BAUDIS, j’adhérais pleinement à ce qui était pour moi plus qu’un slogan de campagne, mais une véritable ligne de conduite politique : « Quand l’Europe veut, l’Europe peut ! ».

 

Réintroduire la volonté politique en Europe : voilà ce qu’a réussi Nicolas SARKOZY au cours de la Présidence Française de l’Union Européenne au second semestre 2008 ! C’est ce modèle qui doit inspirer les réformes à venir de la gouvernance européenne : la responsabilité politique se fonde sur un rapport direct entre le peuple et ceux qui souhaitent les représenter. Au-delà du Parlement, nous devrons arriver à une méthode permettant d’élire au suffrage universel direct l’exécutif européen. C’est ainsi que nous recréons du lien entre les peuples européens, et ce qu’ils voient aujourd’hui comme une machine administrative loin de leurs réalités quotidiennes.

 

Je crois en la prééminence de la Nation et je ne suis pas un « euro-béat ». Cependant, la réalité économique nous imposera tôt ou tard d’arriver à une certaine forme de fédéralisme budgétaire. Nous ne pourrons pas continuer longtemps à faire payer le passif des cigales par l’actif des fourmis ! En cela, le projet d’eurobonds de François HOLLANDE était forcément voué à l’échec : comment l’Allemagne aurait-elle pu accepter d’éponger des dettes qui ne sont pas les siennes, quand elle sait être la seule à s’astreindre à une véritable rigueur budgétaire ?

 

Le laxisme ne grandira pas l’Europe, il la tuera ! Aujourd’hui, nous devons entrer dans une coopération budgétaire beaucoup plus étroite en tous les pays européens. Sûrement avons-nous eu tort de réaliser l’élargissement de l’Europe à l’Est avant d’assurer son intégration à l’Ouest. Peut-être, mais cela n’explique pas tout. Les gouvernements nationaux doivent comprendre que la sacro-sainte souveraineté qu’ils cherchent à conserver à tout prix est en réalité bien plus menacée en dehors de l’Europe qu’au-dedans : sans l’Europe, combien d’États auraient déjà tout bonnement sombré dans la faillite, à la merci des marchés ? Ce n’est pas avec moins d’intégration que les Nations conserveront leur souveraineté, c’est au contraire avec davantage d’intégration que des États comme le nôtre arriveront à faire face à la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. On ne combat pas un tank avec un lance-pierres ! Ensemble, nous sommes la première puissance économique du monde moderne. Désunis, nous sommes seulement d’anciennes puissances, qui auront vite fait de se faire vassaliser par les États-continents qui ne se posent pas les mêmes questions philosophiques que nous !

 

 

PdA : Première question "ouverte". Auriez-vous un message à faire passer à quelqu'un ? Une personnalité, un groupe... Profitez-en !

 

M.C. : À François HOLLANDE, pour lui dire que nous, la jeunesse de France, ne le laisserons pas massacrer la France à laquelle nous croyons !

 

Nous ne voulons pas d’une France de dépravés, où le cannabis est en libre circulation et les drogues dures en libre service dans de nouveaux endroits cools et branchés : les « salles de shoot » – aux frais du contribuable, bien sûr – qui ne sont rien d’autre que des salles d’injection de mort rapide. Nous ne voulons pas d’une France de la déresponsabilisation où l’État maintient sous perfusion les personnes dépendantes tout en faisant les beaux jours des trafiquants, d’une France qui au lieu d’aider les personnes en difficulté à retrouver le droit chemin, leur maintient la tête sous l’eau avec toujours plus d’allocations, toujours moins d’obligations. Nous ne voulons pas d’une France où l’« État-Nounou » conduit à la déresponsabilisation des plus jeunes, par la facilitation de la distribution de la pilule contraceptive pour les mineures, gratuitement et sans consultation médicale.

 

Nous ne voulons pas d’une France de l’auto-flagellation où l’on confond les Français de 1940 et le gouvernement de Vichy. Nous ne voulons pas d’une France qui s’excuse de ses racines chrétiennes, tentant de les dissimuler comme on cacherait une erreur de jeunesse, d’une France qui, à force de politiquement correct et sous couvert de laïcité à outrance fait la guerre à notre héritage religieux et la part belle aux communautarismes. Nous ne voulons pas de cette France, où le Ministre de l’Education Nationale, Vincent Peillon, nous vante – sans nous en expliquer le contenu – sa « morale laïque », une sorte de coup marketing qui fait le bonheur de nos bobos bien-pensants, alors que simultanément certaines personnes sont libérées de garde à vue au nom de « l’apaisement en période de Ramadan »…

 

Nous ne voulons pas d’une France laxiste, sans valeurs ni structure, qui confond libre orientation sexuelle de chacun et modèle familial. Nous ne voulons pas d’une France qui sombre dans le déni de l’autorité, où les instituteurs ne peuvent plus mettre de mauvaises notes, où les gendarmes se font abattre comme des animaux, où les policiers se font passer à tabac quand ils tentent de faire appliquer les lois de la République, où la loi du plus fort se règle à coups de kalachnikov dans certains quartiers de Marseille, où l’on parle de réinsertion avant de parler de sanction !

 

Bref, François HOLLANDE, nous ne voulons pas de votre France !

 

 

PdA : Dernière question, totalement ouverte celle-ci. Vous avez carte blanche pour compléter notre entretien de la manière dont il vous plaira. En approfondissant tel ou tel sujet, en en abordant un autre, en nous livrant une anecdote ou en évoquant toute autre chose... @ vous !

 

M.C. : En 2014, nous avons l’occasion de reproduire l’exploit de nos aînés en 1983. Je m’explique. En 1981, la droite républicaine se prend une sanction, du fait d’une crise dont elle n’était pas, là non plus, responsable. Et pourtant, à peine deux ans plus tard, la droite entreprend la plus formidable reconquête électorale de son histoire aux Municipales.

 

Deux raisons à cela :

 

- Il aura fallu seulement quelques mois au Gouvernement socialiste de l’époque pour décrédibiliser sa propre action, tant ses promesses intenables, à contre-courant du monde entier, se sont vite fracassées sur le mur des réalités économiques ;

 

- dans le même temps, en sachant tout de suite se remettre en question, en se donnant les outils de formation nécessaires, et surtout en faisant confiance à une nouvelle génération, la droite a su faire émerger des nouveaux talents.

 

Si 2012 ressemble beaucoup à 1981, j’espère que 2014 ressemblera à 1983 ! En tout cas, c’est ce à quoi je m’emploierai avec tous mes ami(e)s Jeunes Populaires !

 

 

 

Merci encore, Mickaël Camilleri, pour vos réponses très complètes, pour le temps que vous avez bien voulu consacrer à Paroles d'Actu... Phil Defer

 

 

 

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