Faby : "L'envie, la rage de vivre"
En avril 2008, Fabienne Perier apprenait qu'elle était atteinte d'un cancer du sein. Difficile de garder le sourire, lorsqu'une telle nouvelle vous est annoncée. Mais Fabienne est une battante, elle l'est depuis toujours. Elle sait qu'il n'est rien de tel que le découragement pour permettre à cet insidieux ennemi de progresser, d'accomplir son funeste dessein. Elle ne baissera pas les bras. Jamais. Un an plus tard, elle apprend qu'elle est en rémission. L'espoir ne l'a jamais quittée, désormais, cette artiste va le partager, le transmettre... "Ce matin-là", c'est l'histoire d'un choc. C'est surtout l'histoire d'une renaissance. Un regard différent, plus intense sur la vie, sur sa valeur, ses merveilles. "Ce matin-là" est devenue un hymne, hymne à l'envie, hymne à "la rage de vivre". Une formidable aventure humaine... Merci infiniment, chère Faby, d'avoir accepté de répondre à mes questions. Votre parcours, votre combat, votre enthousiasme forcent le respect et l'admiration. Sur bien des points, notre interview me rappelle celle que nous avions eue avec une femme que vous admirez, Madame Stéphanie Fugain. Votre combat est le même : "celui de la vie"... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU
ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU
FABY
Auteure-interprète "engagée"
"L'envie, la rage de vivre"
(Photos fournies par Faby)
Q : 10/03/13
R : 11/03/13
Paroles d'Actu : Bonjour Faby. Que diriez-vous, avant d'aller plus loin, de nous parler un peu de votre vie, de votre parcours... ?
Faby : Je suis auteur-interprète depuis une quinzaine d’années, et chanteuse depuis un peu plus longtemps. J’ai un parcours dans l’enfance particulier, puisque ma mère m’a abandonnée à quelques mois. Vers l’âge de 4 ans, j’ai été adoptée par une famille mélomane, et l’amour de la musique ne m’a plus jamais quittée. Depuis toujours, j’aime la scène et le public, celui que j’ai rencontré dans les pianos-bars ou sur des scènes de France. J’aime et j’espère chacun de nos rendez-vous.
PdA : Le clip de votre chanson "Ce matin-là" a rencontré - et ce n'est pas fini ! - un succès considérable sur le web. Plus de 600 000 vues pour le simple cumul Dailymotion + YouTube... L'histoire de ce titre et de son clip est très particulière... Vous nous la racontez ?
F. : Ce succès, c’est l’histoire, encore une fois, d’une rencontre avec le public et les internautes. Il y a 4 ans, il y a eu la découverte d’une épreuve : j’ai appris que je souffrais d’un cancer du sein. Quelques mois après, mon médecin m’a annoncé, un petit matin d’octobre, que j’étais en rémission. Je suis rentrée chez moi, et j’ai écrit cette chanson, « Ce matin-là », que j’ai partagée très vite via les réseaux sociaux. Et la magie du net a fait le reste. Les internautes l’ont partagée, de plus en plus…
Je recevais des témoignages touchants de personnes qui me disaient « Cette chanson, c’est mon histoire ». Alors, j’ai décidé de leur donner la parole. Je me suis inscrite sur un site participatif qui permet aux artistes de réaliser un projet. Mon projet, c’était un clip participatif, produit et réalisé par et avec les internautes. En quelques semaines, la somme fut réunie et nous avons pu réaliser un clip dans lequel, des hommes, des femmes et des enfants sont venus de France et d’ailleurs pour chanter « Ce matin-là, je me souviens... » Un cri du cœur, un chant en chœur pour dire « Nous sommes tous ensemble mobilisés pour la lutte contre le cancer et lever le tabou de la maladie ».
PdA : "Ce matin-là", nous l'évoquions à l'instant, c'est une chanson que vous avez voulu écrire pour coucher sur papier et partager votre ressenti de femme se découvrant atteinte d'un cancer du sein. Quels sont, parmi les retours que vous en avez eus, ceux qui vous ont le plus touchée ?
F. : C’est une chanson que j’ai voulu écrire pour témoigner pour tous ceux qui ne le peuvent pas… Pour tous ceux qui cachent la maladie parce que le cancer est encore trop souvent la maladie de la honte. Plus nous en parlerons, plus les tabous seront levés. Je crois que c’est le rôle d’un artiste de mettre à la lumière les épreuves de la vie, et surtout le ressenti de chacun d’entre nous.
PdA : Une autre question, évidemment essentielle... Comment allez-vous, aujourd'hui ?
F. : Je vais bien aujourd’hui. Je vais bientôt fêter les 5 ans de rémission. Mais le chemin est long encore, parce qu’être en rémission ne veut pas dire « guérie ». Alors, ma vie est rythmée par des contrôles médicaux et la peur de la récidive. Vivre avec cette épée de Damoclès est un parcours de vie difficile pour beaucoup d’entre nous, et c’est important d’en parler aussi.
PdA : "Ce matin-là" décrit très bien l'abattement des premiers jours, lorsque la terre se met "à trembler", l'enfance "à défiler". Mais c'est aussi une merveilleuse chanson d'espoir, à l'image du combat que vous menez contre le cancer. Parmi les images que l'on y retrouve, la "rage de vivre" perçue sur le "visage d'un enfant". Le "regard de cette petite fille", votre "chance", votre "renaissance"... Et cette envie d'être à demain, jamais "oubliée"... La chanson est superbe, le message est lumineux, solaire... Mais j'aimerais vous demander d'aller un peu plus loin aujourd'hui... Il y a peut-être, parmi les lecteurs de nos lignes, une personne - ou quelqu'un qui l'aime - qui est en proie à la peur, au désespoir... du fait d'une mauvaise "sentence", d'un corps venant de la "trahir". Qu'avez-vous envie de lui dire ?
F. : En effet, c’est un témoignage sur l’annonce de la maladie, mais aussi une chanson d’espoir. Je crois à la force du témoignage pour mobiliser, parce que raconter, c’est mobiliser, raconter, c’est dire que ça n’arrive pas qu’aux autres. Les autres, c’est nous, ou ceux que nous aimons… alors battons-nous ensemble.
Je reçois tous les jours des témoignages, et chacun d’entre eux me touche profondément. Chaque histoire est différente et chaque combat est tellement personnel, qu’il est difficile de dire…
Je crois qu’on ne peut qu’être là chaque jour, et chaque fois que l’autre a besoin. Accompagner, c’est important, et c’est aussi un chemin difficile. Mais être là, c’est déjà le début du chemin vers l’autre, et c’est accompagner à la guérison, j’en suis certaine. Il y a un mot que nous les malades, nous detestons, c’est le mot COURAGE ! Il est pourtant dans le langage courant lorsque l’on rencontre des épreuves de la vie. Nous n’avons pas de courage et surtout, nous ne voulons pas qu’on nous en souhaite… Nous avons juste l’envie de vivre et la rage de vivre, et nous nous y accrochons très fort.
PdA : Nous avons beaucoup parlé de "Ce matin-là", car c'est évidemment votre chanson la plus emblématique. Elle est devenue une sorte d'étendard pour les malades, pas uniquement malades du cancer, d'ailleurs. Mais il ne faudrait pas oublier pour autant que vous avez écrit bien d'autres chansons. "Ce matin-là" est l'un des titres de votre troisième album, "Au fil de nos vies". Vos chansons sont souvent engagées. "Au nom de celles" est résolument féministe. "Lisa" aborde le thème de l'homoparentalité, "L'Européen" celui de l'immigration. Qu'est-ce qui, dans notre société, dans notre monde, vous révolte, vous donne l'envie de vous engager, d'agir ?
F. : Ce qui me révole dans notre société, ce sont les injustices et les discriminations, quelles qu’elles soient. C’est tellement humain d’être envieux, de juger ou de critiquer les autres… Pourtant, les autres, c’est nous... C’est ce que j’essaie de me dire quand je sens que je me positionne, parfois, dans le jugement.
PdA : D'où vous vient votre amour de la musique, de l'écriture ? Quelles sont, parmi vos chansons, celles pour lesquelles vous avez une tendresse toute particulière, et que vous aimeriez inciter nos lecteurs à découvrir ?
F. : L’amour de la musique, c’est ce qui a accompagné mon enfance et a guidé mes pas vers l’âge adulte. J’ai eu une enfance particulière, et je me réfugiais dans la pratique des instruments (piano, violoncelle, guitare). Je m’imaginais concertiste…
Depuis toujours, je rêve de la scène et ce rêve m’a portée et me portera encore longtemps. Les artistes que j’aime sont Véronique Sanson, Michel Berger, Alain Bashung, Gainsbourg, et tellement d’autres... Je n’ai pas de chanson préférée, chaque chanson à son histoire et nous raconte souvent la nôtre. C’est ce que j’aime faire en écrivant des chansons, raconter notre histoire.
PdA : À qui souhaiteriez-vous dédier la très belle "J'entends" ?
F. : La chanson « J’entends », qui figurera sur le prochain album, est dédiée tout particulièrement à une amie, combattante elle aussi, qui a lutté longtemps contre le cancer du sein et qui s’est envolée… trop vite. C’était une combattante et une militante, une femme tout simplement, comme j’en rencontre souvent. À travers elle, il y a le combat qui continue, sa colère aussi contre l’injustice de cette maladie. Et ses mots, qui me guident encore…
PdA : Est-il difficile pour une artiste partie de rien telle que vous de réellement exister médiatiquement ?
F. : C’est extrêmement difficile pour une artiste venue de nulle part d’exister. Dans ce métier, il n’y a que deux façons d’y arriver : avoir de l’argent ou des relations. Je n’ai ni l’un, ni l’autre, mais j’ai la foi, la rage de vaincre, et surtout le public, qui est de plus en plus nombreux à me soutenir.
PdA : Financièrement, vous réussissez à faire vivre votre art, à en vivre ?
F. : Financièrement, je ne vis pas du tout de mon art, et il me coûte même plutôt cher. C’est un pari sur la vie, sur l’avenir, mais je crois fermement que si je suis encore là aujourd’hui, c’est que j’ai quelque chose à y faire… Alors… je crois à mon rêve... et le public aussi, de plus en plus fort.
PdA : Le 4 avril prochain aura lieu au Théâtre de la Reine blanche (Paris) un grand concert solidaire au profit notamment de la lutte contre le cancer. "Faby et ses amis" est organisé par les associations "2 Mains Rouges" et "Au nom de celles", dont vous êtes la marraine. Voulez-vous nous présenter ce spectacle ? Pourquoi l’évènement sera-t-il à ne manquer sous aucun prétexte ?
F. : Ce spectacle est organisé par les associations Au nom de celles et 2 Mains Rouges. Il a pour but de récolter des fonds pour la lutte contre le cancer, et surtout de permettre à des personnes qui ont rencontré l’épreuve du cancer de pouvoir bénéficier des places que nous offrons via nos partenaires (Rose Magazine et Mademoiselle).
C’est un spectacle dans lequel des humoristes et des chanteurs seront nombreux pour faire la fête avec nous. Nous allons chanter et rire, et surtout partager avec le public des instants qui, je le crois, seront magiques, parce que tous les artistes sont bénévoles et donc très mobilisés.
PdA : Quels sont vos projets ?
F. : Mes projets sont l’écriture d’un quatrième album qui, je l’espère, sortira en octobre 2013. Je souhaite être sur scène et à la rencontre du public de plus en plus souvent.
PdA : Vos rêves ?
F. : Mes rêves sont les mêmes depuis toujours. Chanter. Et partager...
PdA : Que peut-on vous souhaiter, chère Faby ?
F. : J’espère que mon souhait de rencontrer un producteur se réalisera un jour, parce qu’être un artiste indépendant n’est pas viable sur le long terme. J’espère aussi que je pourrai soutenir et me mobiliser encore longtemps dans la lutte contre le cancer, pour que le mot « guérison » existe.
PdA : Faby par elle-même, en trois mots... ?
F. : Authentique. Espérance. Femme...
PdA : Aimeriez-vous adresser un message à nos lecteurs ?
F. : Je suis très heureuse d’aller à votre rencontre via Paroles d’Actu, et j’espère que ce n’est que le début d’une belle histoire… :)
PdA : Un autre, pour quelqu'un en particulier ?
F. : Merci à tous ceux qui me soutiennent. Je ne vous connais pas tous, mais chacun d’entre vous est important pour moi.
PdA : Un mot pour conclure ? Une tribune totalement libre... Merci infiniment... et bravo pour ce que vous faites !
F. : Merci à la vie de m’offrir toutes ces rencontres, ces pépites de l’existence qui font que la vie vaut de l’or.
Merci à vous... et le combat continue !
Merci Faby... Pour votre talent, pour votre enthousiasme, pour votre joie de vivre... Tous mes voeux de succès, de bonne santé, surtout... de bonheur... Et vous, que vous inspirent la musique, le combat de Faby... ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Merci. Nicolas alias Phil Defer
Un commentaire, qu'il soit positif ou négatif, est toujours apprécié...
Pour en rédiger un, cliquez ici... Merci !
Merci
Vous pouvez retrouver Faby...
En concert... le 4 avril, sur la scène du Théâtre de la Reine blanche, à Paris. "Faby et ses amis". Avec Grégoire Collard, Grégory Bakian, Rayan Djellal, Karine Lima, Chris V, Claudio Lemmi, David Bacci, Djamboy, Eric Blanc, Gaëlle Buswel...
Sur ses comptes Dailymotion et YouTube ;
Sur son site web (dont quelques chansons et l'achat du CD dédicacé) ;
Sur les sites Amazon et Fnac ;
Sur Facebook ;
Sur Twitter.