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Paroles d'Actu
19 mai 2020

Mickaël Winum : « Être artiste, c'est avoir un monde à défendre... »

Il est utile, et souvent même salutaire, lorsque les temps sont chargés d’inquiétudes, de lâcher un peu prise et de laisser s’exprimer la part de nous qui aspire à l’évasion. Et quoi de mieux, pour s’évader en des univers nouveaux, en des terres inconnues, par la rêverie autant que par la réflexion sur les autres et sur soi, que la culture ? L’époque est à ces moments-là : difficile, porteuse de bien des interrogations anxiogènes, elle serait plus sombre encore sans ces petits phares indispensables que constituent, pour tant de gens, la lecture, la musique, le cinéma, et bien sûr le spectacle vivant. Autant de secteurs et de métiers de l’art qui, pourtant, se retrouvent aujourd’hui en grande difficulté, parce que stoppés net pour une bonne cause, le soin pris de limiter la propagation du virus. Une question tout de même se pose : dans quel état les retrouvera-t-on, quand la vie elle-même aura recouvré de sa normalité ?

À l’heure du confinement, expérience propre à l’introspection, j’ai choisi de mettre en avant, pour l’article qui suit, ce monde de la culture, et je suis heureux aujourd’hui de vous présenter le résultat. Durant quelques jours, à cheval entre la fin avril et le début de mai, j’ai interrogé un jeune comédien, peut-être devrais-je plutôt dire « artiste » d’ailleurs, tant la palette de son art est large (théâtre, télévision, peinture, composition, écriture et interprétation de chansons). Mickaël Winum, c’est son nom, tient depuis de nombreux mois (la suite était encore en suspens) le premier rôle de l’adaptation par Thomas Le Douarec du Portrait de Dorian Gray, grand classique signé Oscar Wilde. Cet échange, retranscrit très fidèlement ici, m’a fait découvrir un garçon réfléchi et attachant, et entrevoir un grand artiste.

Je remercie chaleureusement Mickaël Winum d’avoir accepté de se prêter au jeu de l’interview, et salue également le metteur-en-scène Thomas Le Douarec, qui a eu la gentillesse d’écrire, sur ma proposition, quelques mots à propos de son comédien - une surprise que ce dernier ne découvrira qu’en lisant cet article. Une première partie, inattendue mais finalement indispensable, et une seconde, la principale, celle pour laquelle tout le monde est venu, ici. Comme au spectacle. Je leur envoie à tous deux, ainsi qu’à leur équipe et, à travers eux, à toutes celles et tous ceux qui, de près ou de loin, font et font vivre notre culture, inquiets de ce que demain sera fait, mes pensées bienveillantes. Une exclusivité, Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

EXCLU - PAROLES D’ACTU

Place au théâtre...

 

p. 1 : M. Winum, vu par Thomas Le Douarec

« Il ne pourrait pas envisager la vie sans art, et en cela,

il est très proche de son personnage de Dorian Gray ! »

« Mickaël est un véritable artiste : peintre, comédien et maintenant auteur, compositeur, chanteur… Un artiste total, complet, qui ne pourrait pas envisager la vie sans art, et c’est en cela qu’il est très proche de son personnage de Dorian Gray ! Dorian, comme Oscar Wilde, s’est lancé à corps perdu dans la quête de la beauté absolue : une quête permanente, de tous les jours. Le roman Le Portrait de Dorian Gray est une véritable réflexion sur l’art, tous les arts : la peinture bien sûr mais aussi le théâtre, la musique, etc. Aussi Mickaël, dans ce spectacle, est dans son élément, son milieu naturel, son biotope !

Depuis que je le connais, il n’y a pas une journée où Mickael ne peint pas, ne dessine pas, ne chante pas, ne joue pas. Et je parle en connaissance de cause, car lorsque nous sommes en tournée en province avec ce spectacle, il nous arrive, avec les comédiens, de ne pas nous quitter pendant plusieurs jours.

C’est un contemplatif, un homme très doux qui observe toujours la vie autour de lui avec beaucoup de sagesse. Un  grand solitaire doublé d’un immense bavard ! J’ai beaucoup d’affection pour lui, il le sait et c’est une joie pour moi de pouvoir vous parler de lui. Et ce qui m’impressionne le plus chez lui, c’est sa capacité au bonheur, sa joie de vivre égale et quotidienne malgré un lourd passé et les coups et bosses de son existence ! LA VIE NE L’A PAS ÉPARGNÉ, MAIS LUI SOURIT À LA VIE ! »

le 18 mai 2020

Thomas Le Douarec

Thomas Le Douarec est comédien et metteur-en-scène.

 

p. 2 : l’interview

Mickaël Winum: « Être artiste, c’est

avoir un monde à défendre... »

Mickaël Winum

 

Mickaël Winum bonjour, et merci d’avoir accepté de répondre à mes questions en ces temps un peu particuliers. On va essayer de parler un peu culture, un peu de la suite... Déjà, comment vis-tu ce confinement ?

Bonjour Nicolas. J’ai la chance d’avoir d’autres passions à côté de mon métier de comédien, notamment la peinture et le piano, des mondes parallèles dans lesquels j’ai la possibilité de me ressourcer et de faire face à cette situation des plus exclusives et, effectivement, assez particulière...

 

Est-ce que, tout bien pesé, et en retranchant bien sûr à ta réflexion les aspects les plus sombres de cette crise, tu réussis à trouver quelques vertus à cette situation (introspection facilitée, etc...) ?

Je lis beaucoup d’ouvrages sur le pouvoir du moment présent, le calme, la sérénité, le bonheur... Effectivement, on se retrouve là dans une situation où l’on est un peu soi-même en face de son miroir, ce qui inquiète d’ailleurs beaucoup de personnes, qui souvent se réfugient alors dans une sorte de routine, courant après le temps, l’argent... puisque la routine permet finalement d’oublier l’essentiel, et c’est rassurant pour la plupart.

Ces lectures me font penser que c’est le moment parfait pour retrouver l’essentiel, c’est-à-dire le présent, la vie, et savoir qui l’on veut être, où l’on veut aller. J’espère que tout cela permettra au monde de repartir sur de meilleures bases...

 

As-tu suffisamment foi dans l’humanité pour croire que l’on apprendra, collectivement, de nos erreurs, et que par la suite nous irons ensemble vers du plus responsable, notamment pour la planète ?

Étant de nature très positive, je suis toujours optimiste et crois toujours que le meilleur, et le progrès restent à venir. Encore faudrait-il que beaucoup qui n’ont pas conscience de cela puissent se réveiller et réagir, mais c’est encore une autre histoire...

 

Revenons maintenant à toi, à ton parcours... Au théâtre... Depuis quand as-tu ce goût de jouer, de te travestir en endossant la peau d’un autre, et à quel moment as-tu eu ce déclic qui t’a fait comprendre que le théâtre allait être important dans ta vie ?  

Au début, c’était une manière de me calmer, comme un exutoire. J’avais quelques problèmes, dans ma vie, que je devais résoudre, et c’est à travers le théâtre que cela s’est fait. Un metteur en scène, Jaromir Knittel, qui dirigeait une troupe de théâtre, m’a dit un jour : « Viens nous voir, vois si tu as quelque chose à offrir, et reste parmi nous si ça te plaît ». C’est ce que j’ai fait, et c’est comme cela que le voyage a commencé.

J’étais déjà dans une sphère artistique qui m’aidait à m’exprimer, avec la peinture et le dessin quand j’étais gosse (la musique est venue bien après), mais c’est vraiment avec le théâtre que ça s’est concrétisé. Cette découverte m’a beaucoup apporté.

 

Qu’est-ce que le théâtre t’a apporté dans ta construction personnelle ? Dans quelle mesure t’a-t-il aidé à grandir, à te former en tant que personne ?

Pour moi, le théâtre, c’est un peu un prisme qui permet de voir le monde de manière plus large : on est amené à s’intéresser à la vie des autres, au comportement du personnage qu’on va incarner sur scène. On est souvent très observateur quand on est comédien. Régulièrement, je me pose sur une terrasse, et j’observe les passants, longuement, essayant de deviner où ils vont, quels sont leurs objectifs, leurs vies. Pour moi c’est vraiment cela le théâtre, et aussi un vecteur de textes, de poésie essentiels pour le monde.

 

Conseillerais-tu de le pratiquer à des gens timides, qui n’oseraient pas trop avancer en société ?

Bien sûr. Le théâtre, ça libère. On n’est jamais vraiment seul, sur un plateau. Même lors d’un monologue ou d’un seul-en-scène, il y a toujours le regard bienveillant d’un metteur-en-scène, et aussi les techniciens qui nous entourent... On n’est pas tout seul, et ça fait du bien : il y a un peu cette idée de famille d’emprunt, provisoire, le temps d’un spectacle, d’une tournée.

 

Justement, j’ai lu que tu étais originaire d’Alsace. J’imagine que tu es monté assez rapidement à Paris pour le théâtre. Est-ce que ça a été compliqué au début, Paris, en ne connaissant pas forcément grand monde au départ ? Et cet aspect « famille de substitution » a-t-il été important à ce moment-là ?

Je suis monté à Paris un peu plus tard que la moyenne : je suis arrivé à 22 ans. Mais j’étais, c’est vrai, complètement perdu : je n’avais pas de repère, pas de famille artistique. Personne d’ailleurs n’est issu du milieu artistique dans ma famille. Mais j’ai eu la chance d’être accompagné par des grands de ce métier, notamment Jean-Laurent Cochet, qui vient de nous quitter malheureusement - il a formé les plus grands, de Gérard Depardieu à Fabrice Luchini. C’est quelque chose qui ne s’oublie pas. Ils sont avec nous ces professeurs, chaque fois qu’on est en répétition, qu’on monte sur une scène... Cet accompagnement, ces mains tendues comptent beaucoup, et il en faut même si on a la volonté et la persévérance, qui sont essentielles.

 

Si tu me permets d’entrer dans une sphère plus personnelle : tu dis que personne de ta famille ne provient d’un milieu artistique, est-ce que cela a rendu plus difficile l’acceptation par tes proches, et notamment tes parents, de ton choix de parcours (des inquiétudes particulières pour un monde qu’ils ne connaissent pas...) ?

De manière générale, il m’ont bien soutenu. Il y a quand même eu des questionnements, des craintes et mises en garde, notamment lorsque je suis parti à Paris... Sentir en tout cas un soutien de sa famille, de son cercle d’origine est très important, et ils ont été formidables face à cette démarche.

 

Le portrait de Dorian Gray

 

J’aimerais maintenant t’interroger un peu plus précisément sur ton actualité, même si tout ce qui forme la culture est un peu mis entre parenthèses en ce moment... Ton actu c’est bien sûr ta composition dans Le Portrait de Dorian Gray, mis en scène par Thomas Le Douarec. La pièce est basée sur ce roman très particulier d’Oscar Wilde, fantastique et philosophique, et dont tu interprètes le rôle-titre, personnage torturé s’il en est. Comment t’es-tu glissé dans la peau de Dorian, et dans le fond est-ce que ce personnage t’a « travaillé » ?

J’ai toujours trouvé ce genre de personnage plus intéressant à travailler, parce que j’aime bien gratter derrière les apparences. On est dans un monde qui fonctionne beaucoup sur le premier regard, les premières impressions, on juge souvent très rapidement sans gratter derrière. Au théâtre, on peut se permettre, dans le travail d’un personnage, d’aller voir ce qui se cache derrière. Souvent, c’est tout un monde qui se cache derrière les personnages sombres, avec par conséquent, plus de choses à découvrir, on se confronte à beaucoup plus d’émotions, de richesse, de contrastes. Ces personnages-là sont encore plus excitants à jouer.

Je crois également que ce sont des personnages qui permettent de dépasser nos peurs, nos angoisses de la vie et nos fantômes du passé... On parlait en début d’entretien du pouvoir du moment présent, du calme et de la sérénité, moi bizarrement, c’est à travers ce type de personnage que j’arrive à les trouver. Par exemple, j’avais dit dans une interview que pour aller mieux, j’aimais beaucoup les films très sombres, les livres noirs, parce qu’ils me permettaient de dépasser mes sensations et en un sens de me dépasser moi-même...

Je dirais aussi que je n’ai jamais vraiment aimé ce qui est trop simple, simpliste. J’aime quand il y a plusieurs couches de complexité à explorer et à travailler dans un personnage. Quand j’ai joué Oreste par exemple, du début à la fin, ce qu’il traverse, ce qu’il vit, c’est comme Dorian, comme une spirale infernale. Et tellement de choses rencontrées : l’amour, les désirs, le rejet, la haine, le mépris... Il y a quelque chose d’assez enivrant dans ces spirales infernales.

Ces personnages sont également une leçon, à travers leur façon de réagir à des situations, leurs actes, leurs paroles... Tu parlais tout à l’heure de Dorian Gray comme d’un conte philosophique, c’est le cas. Ce sont toujours les pièces et les personnages qui suscitent le plus de questions qui font réagir, qui font grandir.

 

Y a-t-il justement, parmi les grands héros, les grandes victimes de la littérature, ou même parmi les personnages ayant existé (je pense par exemple à des gens comme les serial killers), des figures que tu rêverais d’incarner, comme un challenge pour aller encore plus loin dans l’exercice ?

Il y en a beaucoup. J’ai eu la chance notamment d’interpréter l’Aiglon d’Edmond Rostand, un de mes premiers grands rôles, sous la direction de Jaromir Knittel. On pourrait penser par exemple à une adaptation théâtrale de Norman Bates, ou bien au Prince de Hombourg de ‎Heinrich von Kleist. Ou encore Ruy Blas de Victor Hugo... Les grands héros de la période romantique...

 

Avis à qui nous lirait. Norman Bates, avec un bon script, je demande à voir ! Tu l’expliquais, tu aimes réfléchir en profondeur à la personnalité d’un personnage. Comme comédien certes. Mais as-tu aussi le goût d’écrire ou de mettre en scène ?

Pour le moment non, je n’ai pas vraiment d’envie de mise en scène. Pour l’écriture, pas mal d’envies, mais pour le moment je les concrétise davantage dans les textes de chansons que je suis en train d’écrire et de composer, ce qui d’ailleurs prend du temps.

 

Je rebondis sur ce point, et sur un sujet que tu as déjà abordé en interview, cette espèce de mal français qui veut qu’on essaie de faire rentrer tout le monde dans des cases bien délimitées... De ce point de vue-là ton parcours pourrait agacer pas mal de gens : comédien, peintre, musicien, chanteur... Pour toi artiste, ça suppose de toucher à un peu tous les domaines de l’art ?

C’est vrai que ce n’est pas une obligation, pour un artiste, de s’exprimer à travers différents médias artistiques, mais ça ne devrait pas être une privation non plus. C’est tellement dommage que beaucoup de personnes - notamment chez nous ! puisque ce problème se retrouve nettement moins aux États-Unis ou au Royaume-Uni - cherchent à ce point à caser dans une expression artistique. Beaucoup d’artistes combinent plusieurs cordes à leur arc, je pense par exemple à Patti Smith, à Yoko Ono, à David Lynch ou à tant d’autres... Je trouve ça beau : être artiste c’est construire son monde à travers différents moyens d’expression, et le défendre. Personne ne devrait contraindre cela. Mais je suis de nature optimiste donc j’espère qu’il y aura du changement et du progrès de ce point de vue-là.

 

Le théâtre passe, à tort ou à raison, pour être assez élitiste, et de fait, beaucoup de gens qui ne sont pas habitués au théâtre n’iront pas, ce que personnellement je trouve très dommage. Est-ce que tu trouves cela regrettable, vu que ta famille elle-même ne connaissait pas ce milieu à la base, et as-tu des idées d’initiatives qui pourraient inciter les gens à aller plus naturellement au théâtre ?

Question intéressante ! C’est très regrettable effectivement que le théâtre ait cette image élitiste. Comme tu le rappelles, ma famille ne venant pas du milieu, ce serait pour moi une grande victoire que de contribuer à élargir l’impact du théâtre. Je pense qu’il y a déjà un problème de prix, soyons honnêtes, beaucoup de programmations sont malheureusement trop onéreuses. Il y a également un problème de choix : je pense par exemple à un pays comme le Royaume-Uni, qui propose des spectacles qui brassent beaucoup plus de monde. Il y aurait peut-être une solution à voir de ce côté-là... je suis confiant et bien sûr, voir davantage de monde dans nos salles serait formidable.

Quand je parle d’élitisme, je pense par exemple à des programmations de théâtre fonctionnant beaucoup par abonnements, et dont les abonnés n’ont pas vraiment d’autre choix que de suivre la programmation qui a été validée par les théâtres en question. Il y a peut-être quelque chose à réviser aussi de ce point de vue-là. Nous autres, en tant qu’artistes, essayons le plus possible d’aller chercher les gens, de les faire venir... Le théâtre est une fête, c’est aussi un rassemblement d’échanges, d’interrogations, comme il était d’ailleurs à la base, notamment en Grèce : c’était un moyen pour le peuple de se réunir, de se questionner et de philosopher. Retrouver un peu de cet esprit-là, ce serait vraiment bon.

 

Dorian Gray

In Dorian Gray.

 

Belle idée ! Puisses-tu être entendu. Pour revenir, un instant, à la crise sanitaire qui nous frappe, et à celle, économique et financière, qui nous attend, tu n’est pas directement gestionnaire d’un théâtre, mais tu en fais partie et en connais bien les enjeux. Alors, es-tu inquiet pour la suite ?

Bien sûr. Mais je crois que c’est aussi le moment idéal pour rebondir. Je vois que beaucoup de pétitions sont lancées, notamment pour le soutien des intermittents, ou l’organisation et le financement du festival off notamment. Pas mal de choses se mettent en place et j’espère qu’elles vont aboutir. Je suis inquiet pour le moment, mais confiant pour l’avenir.

 

On a beaucoup parlé de théâtre jusqu’à présent, c’est normal. Parlons un peu cinéma : de quel ciné es-tu amateur, et quelles sont tes envies en la matière (de collaborations notamment) ? Profite, on nous lit !

J’aime beaucoup le cinéma indépendant, le cinéma d’auteur, notamment les films d’Audiard, de Desplechin, de François Ozon, de Philippe Lioret, de Mathieu Amalric... Pas mal de réalisateurs étrangers aussi que j’aime beaucoup, notamment Terrence Malick, David Fincher ou David Lynch... Il y a également Lars von Trier, qui est un de mes réalisateurs préférés. Pour le moment, je tourne beaucoup plus pour la télévision, mais j’espère bien que des rôles pour le cinéma vont arriver bien sûr... Je ne suis qu’en début de parcours, j’ai un peu de temps.

 

C’est tout le mal que je te souhaite. Tu parlais aussi de la partie musicale de ton parcours : as-tu une formation de musicien, de chanteur, et quelles sont tes influences ?

J’ai suivi des cours de chant à l’opéra de Strasbourg, parallèlement à mon parcours au conservatoire de la même ville. Actuellement, je prends des cours de chant et de coaching vocal à la Maison des sons.

Quant à mes influences, j’aime beaucoup les chansons à texte : Jacques Brel, Barbara, Édith Piaf, Leonard Cohen, Cat Power... Je me situe musicalement, un peu entre la folk pop et l’indie pop. Des chansons à texte sur ces mélodies envoûtantes, c’est ça mon truc.

 

Est-ce que tu écris des textes, et est-ce que tu composes des mélodies de chansons ?

Oui, les textes des chansons sont déjà écrits. J’écris mes propres textes. Et je prends des cours de piano depuis un an et demi. Je pars d’abord du texte, et ensuite je cherche les accords, les mélodies sur le piano.

 

Parlons un peu peinture... Qu’est-ce qui t’inspire, niveau peinture ? Et est-ce que cette forme d’art te procure des sensations autres ?

En peinture j’ai plus de liberté. Tu plantes ton décor, tu choisis tes couleurs, ton cadrage, tes personnages... tu n’es pas dépendant d’une production, d’un metteur en scène... C’est très calme, la peinture. Ça m’apaise, et j’en fais beaucoup, pendant plusieurs heures, avant de dormir. Très jouissif, vraiment.

Je dirais aussi que lorsque tu peins, tu es vraiment en communion avec toi-même, tu projettes sur la toile ce qui se passe en toi. Par exemple, je pars souvent du réel, des images que je vois, des scènes auxquelles j’assiste en journée, ou je prends des photos... et tout cela m’amène à un univers assez poétique, parfois surréaliste, et c’est très enrichissant.

 

Tableau M

Un des tableaux de M. Winum.

 

Au tout début de mon entretien, à propos du Covid-19 et du confinement, tu m’as dit quelque chose d’intéressant : quand on est confiné seul notamment, on se retrouve face à soi-même, comme face à un miroir, dans une espèce d’introspection. Point d’autant plus pertinent peut-être que toi, bien sûr, tu joues Dorian Gray, dont on sait le rapport qu’il a à sa propre image... Alors, sans aller trop loin dans l’indiscretion, as-tu découvert quelque chose de toi durant cette période ?

À titre personnel, pas tant que ça. J’avais déjà pas mal conscience de ce qui est essentiel. J’ai cette possibilité d’y revenir assez facilement, entre deux rôles et deux projets, et cela permet aussi de se remettre en question en tant qu’artiste. Je pense plutôt à d’autres qui avaient un autre rythme de vie, encore plus rapide, et qui eux ne pouvaient pas forcément se permettre de faire cette pause-là. Pour eux, je pense que le changement doit être encore plus grand.

 

Quels conseils donnerais-tu à un petit Mickaël, ou à une petite Mickaëla d’ailleurs, de douze, treize ans, qui viendrait de Strasbourg ou d’ailleurs d’un coin encore plus reculé de province, et qui après avoir assisté à une pièce de théâtre, aurait envie de suivre ce chemin, alors même que ses parents ne seraient pas du tout du milieu ? Ton histoire finalement...

C’est très intéressant comme question. Mon conseil : ne jamais renoncer, persévérer quand on croit. On a un monde à défendre. Je viens d’une école où nos professeurs disaient que chaque artiste a son monde à défendre, j’insiste là-dessus. On peut rencontrer des problèmes, mais ils peuvent être surmontés : questions financières / pas au bon endroit / pas bien entouré, etc... Tout cela est gérable, et on peut faire de belles choses, surtout dans notre pays... Mon conseil au fond, c’est de dire qu’il faut vivre ses rêves, et non pas rêver sa vie.

 

Belle réponse... Et est-ce que toi, du coup, tu dirais que tu vis tes rêves, et que tu es heureux dans ta vie ?

Tout à fait. Je pense que je suis exactement là où je voulais être : à Paris, comédien, et développant d’autres arts. Je connais des moments artistiques absolument géants qui remplissent ma vie de bonheur.

 

Quels sont les trois adjectifs qui seraient à ton avis les plus pertinents pour t’auto-présenter ?

Passionné, déterminé, perché.

 

Croquis M

Dorian Gray, vu par Mickaël Winum.

 

On a pas mal parlé de tes projets. Au-delà d’eux, quelles sont tes envies profondes pour la suite ?

Une envie... Je dirais, continuer mon chemin avec passion, et poursuivre mon exploration du monde quand ce sera de nouveau possible, je suis un vrai globe-trotter...

 

Tes petits coins de paradis ?

Partout où il y a de la nature et de la culture.

 

Un appel, un message à faire passer à l’occasion de cet interview ?

Un message à faire passer oui : ne laissons pas mourir la culture, elle est salutaire pour tous...

 

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Une vie bien remplie, passionnée et passionnante.

 

Un dernier mot ?

Vive la vie !

 

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Commentaires
T
Un seul mot : bravo michael
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