Paroles d’Actu aura dix ans le 15 juin. Dix ans d’une aventure sur laquelle j’aimerais revenir, aujourd’hui, dans le cadre d’un texte plus personnel qu’à l’accoutumée. Ces textes-là ne sont pas forcément ceux que je préfère écrire, ce sont plutôt les invités que j’aime à mettre en avant, mais allons-y, j’espère que ça ne sera pas trop laborieux.
L’idée de départ en 2011, ce fut, partant de pas grand chose, d’utiliser les possibilités inouïes d’Internet, et d’exploiter ma curiosité pour créer un média. Contacter des gens, en n’étant pas d’un milieu « à réseau », s’imprégner d’une thématique et en extraire des questions, si possible pertinentes. Apprendre quelque chose, à chaque fois, et peut-être, faire un peu avancer le schmilblick de la démarche d’intelligence, en apportant une connaissance, ou une pierre à un débat.
Dix ans après, quel bilan est-ce que j’en tire ? 380 articles, 618 000 visiteurs pour plus de 11 000 pages vues chaque mois depuis le début de l’année, un référencement comme source Google News ? Tout cela, oui. Mais surtout, la rencontre, « virtuelle » pour la plupart, physique parfois, avec des dizaines de personnes passionnées, passionnantes, souvent les deux, et d’univers très différents. Je salue ici, un à un par la pensée, l’ensemble des invités qui ont accepté de m’accorder un peu de leur temps pour répondre à mes questions, plusieurs fois pour certains. Je ne citerai, vous le comprendrez, qu’une poignée de noms, ceux qui hélas ne sont plus parmi nous : Gilles Verlant, Michel Dinet, Micheline Dax, Alain De Greef, Charles Aznavour, Georges Sarre, Faby. Je pense à eux, et je pense à Fariba Adelkhah, chercheuse emprisonnée de longs mois durant par le régime iranien. J’adresse aussi mes salutations chaleureuses à celles et ceux qui, face à ce travail, m’ont témoigné leur intérêt, leur bienveillance, ou qui simplement ont lu sans faire de bruit. Et là, j’ai une pensée pour mon père, qui m’encouragea dans cette démarche qui lui était étrangère, pour Maxime Scherrer parti bien trop tôt, pour l’ami Bob Sloan, et peut-être pour d’autres que je ne connais pas.
Il y a dix ans, je ne lisais pas beaucoup de livres. Je peux même dire que j’en lisais très peu. Depuis les débuts du site, j’ai découvert les services presse : parfois on m’a proposé des ouvrages, parfois je les ai sollicités. Ces lectures fort variées, et tous mes achats à côté, m’ont beaucoup appris, et d’abord à aimer lire. Je me suis amusé, dans la perspective de cet article, à réunir pour une photo, une grande partie (la table n’était pas extensible à l’infini) de mes livres reçus en SP, et qui ont donné lieu pour la plupart (pas tous) à un article, à une interview. Une belle occasion de remercier ces éditeurs, tous les attaché(e)s de presse qui font un beau travail, et d’inciter encore qui me lira ici à lire des livres, et à encourager ce secteur véritablement essentiel.
Le bilan que je tire de cette aventure est largement positif : j’ai reçu des marques d’estime qui m’ont fait chaud au coeur, et niveau estime de soi je partais de loin ; j’ai grandi, pris (un peu) confiance en moi depuis dix ans, et cette activité y a contribué. J’ai fait de très belles et parfois inattendues rencontres grâce à Paroles d’Actu. Et, forcément, quelques vraies déceptions humaines, mais moins, et rien de surprenant : ainsi va la vie.
Et là, à ce moment de la rédaction, je me dis : mais eux, que j’ai interrogés, qui m’ont fait des confidences, ou bien qui m’ont lu, que savent-ils de moi ? Il est légitime que j’y réponde, quitte à me confier un peu moi aussi. Nicolas donc, 36 ans au compteur, issu de et vivant toujours dans le sud-lyonnais. J’ai fait des études en éco et en droit (avec un goût particulier pour l’anglais, langue et civilisations) et suis diplômé (Master 2) de l’université Lumière-Lyon-II (2008). Mon parcours pro n’a jusqu’à présent pas été très synchro avec mes études ou même mes centres d’intérêt (anglais donc, histoire et civilisations, économie et politique), et j’ai passé l’essentiel de ces années comme petit poisson dans un entrepôt logistique frais, pour un gros distributeur. De ces jobs formateurs, mais dans lesquels il ne faut pas trop espérer se distinguer parce qu’on n’y est souvent qu’un matricule. À ce jour j’y travaille toujours. Pas grand chose à voir avec Paroles d’Actu, me direz-vous. Un passe-temps très prenant, une bouffée d’air frais. Un hobby, sur lequel je ne gagne évidemment pas d’argent. Mais... Je souhaite me rapprocher, pour un emploi, de tout ce que je fais avec le site (rédaction, prises de contact, communication, recherche ou associatif), ou de thématiques qui me tiennent à coeur (la mémoire, la cause francophone...) mais je suis plus doué pour vanter les mérites des autres que pour me « vendre » moi-même, et on touche ici, encore, à la question de la confiance en soi qui chez moi, dans mon processus particulier de développement, n’est pas réglée. Je reconnais que, dans l’idéal, mon idéal, j’aurais aimé que quelqu’un, lisant ce que je fais, un article parmi tant, se dise : « Il fait des choses pas mal ce Nicolas, si je lui proposais quelque chose ? » Mais je suis redescendu sur Terre, et ai bien compris que c’était à moi de me faire violence, d’aller de l’avant et au-devant des autres, non pas pour leur parler d’eux, mais un peu de moi. Je veux être optimiste mais si ce que je fais intéresse quelqu’un, ça peut m’intéresser aussi, genre vraiment. ;-)
Quelle que soit la suite, j’aurai toujours ce goût du contact et de la rencontre, que j’exploite avec plaisir pour Paroles d’Actu. Et sur cette activité-ci, j’entends ne pas renoncer à ma liberté.
À toutes et tous, merci pour votre fidélité, et pour votre bonté envers moi. N’hésitez pas à poster vos petits commentaires en bas de cet article, à exprimer ce qui vous fait apprécier le blog !
Nicolas, le 14 juin 2021