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Paroles d'Actu
16 juin 2021

Julien Tixier : « La vie débordera toujours, on l'a bien vu pendant la crise, et c'est tant mieux ! »

Hier, c’était les 10 ans de Paroles d’Actu. Et je remercie, à cette occasion, les quelques aimables témoignages que j’ai reçus. Je suis du sud-lyonnais, et j’ai déjà reconnu avoir assez peu, et sans doute trop peu mis en avant ma région dans mes articles, via mes choix d’invités. J’entends remédier à cela à l’avenir. Je suis heureux de vous proposer ce soir une rencontre avec Julien Tixier, un des fondateurs (il y a aussi 10 ans !) dun bar à cocktails lyonnais qui mérite d’être découvert, Le Fantôme de l’OpéraExclu, par Nicolas Roche.

 

EXCLU - PAROLES D’ACTU

Julien Tixier : « La vie débordera toujours,

on la bien vu pendant la crise, et cest tant mieux ! »

Julien Tixier

Photo : Arnaud Bathiard.

 

Julien Tixier bonjour. Vous vous présentez, en quelques mots ?

Bonjour, alors jusqu’en 2015 j’ai dessiné pour l’édition française, ça allait du simple dessin à des albums, puis j’ai pris du recul car ça m’amusait beaucoup moins. Désormais je me concentre sur l’écriture, et j’écris principalement des chroniques, la plupart pour un média dédié à la musique. Je développe aussi une carrière dans la photo. Et je suis l’un des fondateurs du Fantôme.

 

Quelle est l’histoire du Fantôme de l’Opéra (pas celui de Gaston Leroux, le vôtre, celui de Lyon) ?

Le Fantôme a ouvert il y a 10 ans en juillet 2011. Le Fantôme c’est vraiment l’histoire d’un coup de tête qui s’est prolongé. Je discutais avec des copains un soir et on s’est dit, « et si on ouvrait un bar à cocktails ? » C’est ce que l’on a fait. Aussi simplement que ça. Sans trop réfléchir en fait. Peut-être même sans trop y croire vraiment.

 

D’où vous vient votre goût pour ces ambiances-là (littérature, musique, ciné...) ?

Du domaine artistique dans lequel j’évolue. Raconter des histoires, créer, j’aime ça. Un bar à cocktails ça peut être un peu ce prolongement. Le côté "fantôme", ça a un imaginaire large, qui permet de partir dans le romantisme, dans quelque chose d’enflammé ou de plus sombre, de plus étrange. Ça laisse des possibilités. Et puis le 19ème siècle ou le début du 20ème, c’est immédiatement visuel.

 

Qu’est-ce que ça suppose, de gérer un tel établissement, en temps normal et en temps de Covid ?

En temps de Covid, c’est assez simple : on nous a forcés à fermer. Ça limite le travail. En temps normal, je suis plus dans la coordination. La cheffe barmaid, Jessica, qui est aussi l’une de mes associés s’occupe de l’opérationnel. Un autre associé va s’occuper de la comptabilité par exemple, un autre des commandes... Moi je fais le lien, et je m’occupe de l’image de l’établissement, de sa stratégie, et de son positionnement.

 

Comment avez-vous vécu les quinze derniers mois à titre pro, et à titre perso ?

À titre personnel, très bien. Je suis quelqu’un de libre et dassez rationnel, donc je n’ai pas changé ma façon de vivre. En aucun cas. Je me suis reconcentré totalement sur mes activités artistiques. J’ai beaucoup travaillé, je suis beaucoup sorti, j’ai rencontré du monde, développé des projets. Concernant Le Fantôme, il suffisait d’attendre, alors on a attendu.

 

Pour vous, dans tout ce malheur, y aura-t-il eu un peu de bon ? Aurez-vous appris, retenu quelque chose de cette crise ?

Je pense qu’il n’y a pas grand-chose à retenir d’une époque comme celle-là. Il faudrait beaucoup de temps pour expliquer sereinement et précisément. Je ne pense pas qu’en quelques lignes on puisse le faire de manière pertinente. Mais pour résumer on a vu l’émotivité, la manipulation, l’égo, le corporatisme exacerbé, l’absence de rationalité prendre souvent le pas sur tout. Sur le pragmatisme, sur l’intelligence ou même sur la simple capacité de réflexion. Il n’y avait pas de débat, que des évidences à suivre, une façon dictée de voir la vie, une vision court-termiste, sans arriver à seulement entrevoir le pire du moindre mal. La notion de liberté s’est retrouvée totalement ignorée par certains, renvoyée à une simple chose secondaire, que l’on pouvait finalement mettre de côté. Certains ont même osé conseiller d’éviter de se parler. Quand on en arrive à ce niveau, je ne suis pas certain qu’il faille retenir beaucoup de choses. Et je passe sur la défaite de la sémantique, avec de la guerre, des héros, et des couvre-feux...

Le point rassurant, et il existe, c’est que l’on ne peut contenir la vie. Celle-ci débordera toujours, et on l’a bien vu. Quand la philosophe Barbara Stieglier parlait d’hébétement ou de sidération d’une partie de la population, une autre partie, la jeunesse particulièrement, ne l’a pas été, et d’une certaine façon a tenu tête à cette période, et à ces prétendues évidences. La turbulence a quelque chose de rassurant.

 

Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous alors qu’intervient une nouvelle levée de restrictions, et que l’été s’installe ?

Au beau fixe. On trace notre route comme on l’a toujours fait.

 

Une, deux ou trois photos, commentées par vous ?

 

Jessica

La première, car c’est Jessica, ma complice depuis sept ans je crois. On a forcément un lien de travail fort. C’est une créatrice passionnée.

Cocktail Licorne

La deuxième, car on s’amuse à casser les règles coincées des cocktails. On ose avec beaucoup de nonchalance. Ce cocktail s’appelle "Allez Friponne, touche-moi la corne, je suis une licorne." Il est à la barbe à papa.

Déco du Fantôme

La troisième, car on soigne toujours au maximum nos décorations.

 

Le cocktail qui vous ferait tomber, vous ?

D’une manière générale, si vous mettez des fruits rouges, framboise de préférence, ça devrait me plaire.

 

Les arguments pour donner envie aux Lyonnais (et aux autres d’ailleurs, non mais) de venir découvrir (façon de parler brrr...) le Fantôme de l’Opéra ?

Je dirais que c’est une alchimie, un équilibre entre plein de choses qui ont fait que les gens ont adhéré au Fantôme. Le lieu, l’ambiance décontractée de l’équipe, la musique que l’on passe, les cocktails eux-mêmes, leur décoration que l’on pousse, oui il y a plein de choses je pense.

Mais à sortir des points particuliers, je dirais que Le Fantôme a une carte exclusivement composée de créations. On ne reste pas dans des classiques. Ce qui nous plait c’est créer. Et puis quand on a ouvert Le Fantôme, on ne voulait pas lui coller un esprit guindé, avec ambiance stéréotypée, uniformes et tout le décorum. On ne se prend pas au sérieux surtout.

 

Vos projets, vos envies pour la suite ? P’tit scoop ?

Alors désolé pour le scoop, pour l’instant rien de prévu. À part tout simplement continuer à s’amuser entre nous et nos clients.

 

Un dernier mot ?

Je ne sais pas... Liberté, ou alors turbulence, c’est beau ça, non ?

Interview : mi-juin 2021.

 

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14 juin 2021

Paroles d'Actu : les dix premières années

Paroles d’Actu aura dix ans le 15 juin. Dix ans d’une aventure sur laquelle j’aimerais revenir, aujourd’hui, dans le cadre d’un texte plus personnel qu’à l’accoutumée. Ces textes-là ne sont pas forcément ceux que je préfère écrire, ce sont plutôt les invités que j’aime à mettre en avant, mais allons-y, j’espère que ça ne sera pas trop laborieux.

L’idée de départ en 2011, ce fut, partant de pas grand chose, d’utiliser les possibilités inouïes d’Internet, et d’exploiter ma curiosité pour créer un média. Contacter des gens, en n’étant pas d’un milieu « à réseau », s’imprégner d’une thématique et en extraire des questions, si possible pertinentes. Apprendre quelque chose, à chaque fois, et peut-être, faire un peu avancer le schmilblick de la démarche d’intelligence, en apportant une connaissance, ou une pierre à un débat.

Dix ans après, quel bilan est-ce que j’en tire ? 380 articles, 618 000 visiteurs pour plus de 11 000 pages vues chaque mois depuis le début de l’année, un référencement comme source Google News ? Tout cela, oui. Mais surtout, la rencontre, « virtuelle » pour la plupart, physique parfois, avec des dizaines de personnes passionnées, passionnantes, souvent les deux, et d’univers très différents. Je salue ici, un à un par la pensée, l’ensemble des invités qui ont accepté de m’accorder un peu de leur temps pour répondre à mes questions, plusieurs fois pour certains. Je ne citerai, vous le comprendrez, qu’une poignée de noms, ceux qui hélas ne sont plus parmi nous : Gilles Verlant, Michel Dinet, Micheline Dax, Alain De Greef, Charles Aznavour, Georges Sarre, Faby. Je pense à eux, et je pense à Fariba Adelkhah, chercheuse emprisonnée de longs mois durant par le régime iranien. J’adresse aussi mes salutations chaleureuses à celles et ceux qui, face à ce travail, m’ont témoigné leur intérêt, leur bienveillance, ou qui simplement ont lu sans faire de bruit. Et là, j’ai une pensée pour mon père, qui m’encouragea dans cette démarche qui lui était étrangère, pour Maxime Scherrer parti bien trop tôt, pour l’ami Bob Sloan, et peut-être pour d’autres que je ne connais pas.

Il y a dix ans, je ne lisais pas beaucoup de livres. Je peux même dire que j’en lisais très peu. Depuis les débuts du site, j’ai découvert les services presse : parfois on m’a proposé des ouvrages, parfois je les ai sollicités. Ces lectures fort variées, et tous mes achats à côté, m’ont beaucoup appris, et d’abord à aimer lire. Je me suis amusé, dans la perspective de cet article, à réunir pour une photo, une grande partie (la table n’était pas extensible à l’infini) de mes livres reçus en SP, et qui ont donné lieu pour la plupart (pas tous) à un article, à une interview. Une belle occasion de remercier ces éditeurs, tous les attaché(e)s de presse qui font un beau travail, et d’inciter encore qui me lira ici à lire des livres, et à encourager ce secteur véritablement essentiel.

 

Paroles d'Actu 10 ans

  

Le bilan que je tire de cette aventure est largement positif : j’ai reçu des marques d’estime qui m’ont fait chaud au coeur, et niveau estime de soi je partais de loin ; j’ai grandi, pris (un peu) confiance en moi depuis dix ans, et cette activité y a contribué. J’ai fait de très belles et parfois inattendues rencontres grâce à Paroles d’Actu. Et, forcément, quelques vraies déceptions humaines, mais moins, et rien de surprenant : ainsi va la vie.

Et là, à ce moment de la rédaction, je me dis : mais eux, que j’ai interrogés, qui m’ont fait des confidences, ou bien qui m’ont lu, que savent-ils de moi ? Il est légitime que j’y réponde, quitte à me confier un peu moi aussi. Nicolas donc, 36 ans au compteur, issu de et vivant toujours dans le sud-lyonnais. J’ai fait des études en éco et en droit (avec un goût particulier pour l’anglais, langue et civilisations) et suis diplômé (Master 2) de l’université Lumière-Lyon-II (2008). Mon parcours pro n’a jusqu’à présent pas été très synchro avec mes études ou même mes centres d’intérêt (anglais donc, histoire et civilisations, économie et politique), et j’ai passé l’essentiel de ces années comme petit poisson dans un entrepôt logistique frais, pour un gros distributeur. De ces jobs formateurs, mais dans lesquels il ne faut pas trop espérer se distinguer parce qu’on n’y est souvent qu’un matricule. À ce jour j’y travaille toujours. Pas grand chose à voir avec Paroles d’Actu, me direz-vous. Un passe-temps très prenant, une bouffée d’air frais. Un hobby, sur lequel je ne gagne évidemment pas d’argent. Mais... Je souhaite me rapprocher, pour un emploi, de tout ce que je fais avec le site (rédaction, prises de contact, communication, recherche ou associatif), ou de thématiques qui me tiennent à coeur (la mémoire, la cause francophone...) mais je suis plus doué pour vanter les mérites des autres que pour me « vendre » moi-même, et on touche ici, encore, à la question de la confiance en soi qui chez moi, dans mon processus particulier de développement, n’est pas réglée. Je reconnais que, dans l’idéal, mon idéal, j’aurais aimé que quelqu’un, lisant ce que je fais, un article parmi tant, se dise : « Il fait des choses pas mal ce Nicolas, si je lui proposais quelque chose ? » Mais je suis redescendu sur Terre, et ai bien compris que c’était à moi de me faire violence, d’aller de l’avant et au-devant des autres, non pas pour leur parler d’eux, mais un peu de moi. Je veux être optimiste mais si ce que je fais intéresse quelqu’un, ça peut m’intéresser aussi, genre vraiment. ;-)

Quelle que soit la suite, j’aurai toujours ce goût du contact et de la rencontre, que j’exploite avec plaisir pour Paroles d’Actu. Et sur cette activité-ci, j’entends ne pas renoncer à ma liberté.

À toutes et tous, merci pour votre fidélité, et pour votre bonté envers moi. N’hésitez pas à poster vos petits commentaires en bas de cet article, à exprimer ce qui vous fait apprécier le blog !

Nicolas, le 14 juin 2021

 

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