14 novembre 2021

Xavier Mercier : « Les Douze Coups de midi, ça restera une parenthèse enchantée dans ma vie »

Il est agréable parfois, alors que l’actu n’est pas toujours rose, de s’accorder quelques plages de respiration bienvenues. J’ai plaisir, de temps en temps, à travailler à des articles qui ne font qu’effleurer la marche de l’info, et qui ne mobilisent pas un intervenant ayant "quelque chose à vendre" (même si c’est infiniment respectable). Cette année, la dixième de Paroles d’Actu, aura été une des plus riches, une des plus intenses aussi : plus de 30 articles, et ce n’est sans doute pas terminé. Elle a débuté avec l’interview-portrait rafraîchissant d’Arsène, maestro de N’oubliez pas les paroles (France 2).

C’est dans un même esprit que j’ai la joie de vous proposer, aujourd’hui, cette rencontre avec Xavier Mercier, un des plus grands champions des Douze Coups de midi (TF1) - je signale au passage qu’il célébrera son anniversaire au lendemain de cette publication, si si ! Je le remercie d’avoir accepté de sortir de sa réserve instinctive pour me faire toutes ces confidences, et pour tous nos échanges, très sympathiques. Un grand champion qui a arrêté en 2013, non sans panache et alors qu’il aurait pu sans peine monter plus haut et gagner davantage : il venait de trouver un job (le même jour, alignement des planètes ? Benoît XVI renonçait à sa charge, mais l’Histoire ne nous dit pas lequel a entraîné l’autre...) Exclu, Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.

 

EXCLU - PAROLES D’ACTU

Xavier Mercier: « Les Douze Coups de midi,

ça restera une parenthèse enchantée dans ma vie »

JLR et Xavier

Crédit photo : TF1.

 

Comment aimerais-tu, Xavier, te présenter auprès de nos lecteurs ?

présentation

C’est une très bonne question. Xavier. 31 ans. Briviste de naissance (et donc chauvin), savoyard de cœur et dionysien de résidence. Ingénieur à EDF au service de la première énergie renouvelable de France (l’hydraulique donc) depuis bientôt 10 ans. Fan de voyages et de quiz ; et très accessoirement "star" (il manque quelques centaines de guillemets à ce mot bien mal employé) des jeux TV depuis mon passage aux Douze Coups de midi en 2013.

 

Quel regard portes-tu, avec le recul, sur ton passage aux Douze Coups de midi (entre janvier à mars 2013) ? En-dehors de l’aspect financier, quelles en auront été les retombées, et est-ce qu’en un sens, ça a modifié un peu ta vie ?

la vie après Les Douze Coups...

Sur mon passage dans l’émission à proprement parler, cela restera une parenthèse enchantée. C’est avant tout une aventure humaine, une formidable aventure humaine ! Ce serait sans doute galvaudé de dire "l’aventure d’une vie", surtout vu mon jeune âge mais cela reste un condensé, en à peine quelques jours de tournage, de beaucoup d’émotions. Bien sûr (et il ne faut pas le négliger), il y a également l’aspect financier : je ne m’attendais pas à remporter une somme aussi importante si jeune. Mais avec le recul, c’est ce côté humain avant tout qui ressort pour moi : avec la production, avec les différents candidats et "maîtres de midi" avec lesquels des liens se sont tissés au fil des années et perdureront, j’en suis certain, bien au-delà du cadre de l’émission.

C’est difficile de dire que cela n’a pas modifié ma vie, ne serait-ce que par l’effervescence médiatique, les rencontres que j’ai pu faire et qui n’auraient jamais eu lieu, etc... Cela ne m’a pas changé moi en tout cas, du moins je l’espère.

 

Xavier Mercier ouf

Illustration : capture TF1.

 

Ça se passe comment concrètement (au moins à ton époque), les tournages des Douze Coups de midi ?

ça tourne !

Les émissions sont tournées dans les conditions du direct sous forme de sessions de plusieurs journées avec cinq émissions enregistrées par jour, quatre jours par semaine, trois semaines de suite. Un rythme très intense pour les candidats, en particulier les "maîtres de midi" enchaînant les émissions. De la fatigue physique, de rester debout toute la journée, mais également psychologique pour rester concentré sur le jeu. Un vrai marathon, où la notion d’endurance prend tout son sens, pour ceux qui ont enchaîné des dizaines, voire des centaines d’émissions.

Les équipes de production sont vraiment géniales et font tout pour chouchouter les candidats, les préparer à ce qui se passera en plateau pour ne pas être déstabilisé par ce tourbillon de caméras, de projecteurs, etc... L’ambiance en coulisses est vraiment géniale. Je conseille à tout le monde de s’inscrire, pour voir au moins une fois l’envers du décor. C’est intéressant également de voir comment est tournée une émission et les différences que l’on peut percevoir par rapport au même contenu, diffusé sur notre poste de télévision.

 

Qu’est-ce que cette expérience t’a appris, en bien et peut-être, en moins bien, du monde de la télé et de tous ses à-côtés ? Bosser à la télé un jour c’est quelque chose qui pourrait te tenter, ou pas tant que ça ?

le monde de la télé

Le monde de la télé est un monde à part, sans aucun doute : il faut savoir faire la part des choses entre les relations superficielles et celles plus profondes, et éviter les miroirs aux alouettes. C’est un milieu qui peut avoir ses côtés assez malsains, à broyer les gens qui y travaillent et à vouer aux gémonies très rapidement ce qui était adulé hier. Il faut savoir garder la tête sur les épaules.

Ce n’est pas forcément un milieu naturel pour moi et je n’aspire pas spécialement à travailler à la télé un jour. Mais il ne faut jamais dire jamais si des propositions intéressantes (je doute de crouler dessous 😄) se présentent un jour...

 

Jean-Luc Reichmann, ça restera sur la durée une des vraies belles rencontres de ta vie ?

Jean-Luc Reichmann

À titre personnel, ça reste jusqu’à maintenant une des vraies belles rencontres de ma vie, pour reprendre tes termes. Il a toujours été très prévenant avec moi, comme avec l’ensemble des "maîtres de midi" d’ailleurs. J’ai eu l’occasion de le côtoyer dans des milieux plus éloignés des plateaux TV, comme lors de ses pièces de théâtre.

 

Le mariage

Illustration : capture Twitter @JL_Reichmann

 

Que t’inspire le parcours de Bruno, éliminé il y a peu après être devenu, sans doute pour un moment, le plus grand des "maîtres de midi" ?

Bruno alias "Fifou Dingo"

Son palmarès parle de lui-même. Il a réalisé un parcours exceptionnel. Un immense respect d’avoir su tenir aussi longtemps, de s’être renouvelé pour perdurer plus de 200 émissions. Les records sont faits pour être battus mais ceux qu’il vient d’établir risquent de perdurer quelque temps...

J’ai eu l’occasion de le rencontrer lors des derniers Masters, il est très sympathique et a beaucoup de détachement sur tout son parcours. Bienvenue à lui dans cette grande famille des Douze Coups de midi où il s’intègrera très bien, sans aucun doute.

 

Tu as été un des rares champions en titre de jeux à décider de partir volontairement, en pleine "gloire", parce que tu t’apprêtais à démarrer un nouveau job, peut-être aussi parce que tu estimais avoir atteint un beau palier. Peux-tu nous raconter ce moment, avec un recul de huit ans et demi ? Tu y repenses parfois, à ce choix ? Jamais de regret ?

quitter la table

Effectivement, et on m’en parle encore très régulièrement, j’ai choisi d’arrêter l’émission à cause de contraintes professionnelles puisque je démarrais mon premier travail au même moment, et qu’il était plus que difficile de faire cohabiter les deux. Cela n’avait clairement pas pour but de s’arrêter en pleine gloire ou de partir en étant invaincu. C’était un choix très personnel mais c’est au final, une belle manière de boucler la boucle. Sans doute que d’autres personnes n’auraient pas fait le même choix mais je suis tout à fait en accord avec moi-même sur celui-ci. Et tant pis pour mon esprit de compétition (plutôt très affirmé) qui a dû ronger un peu son frein. 😄

Je n’ai pas spécialement de regrets : je venais de battre le record de participations de l’émission, j’aurai très bien pu perdre dès l’émission suivante. À l’époque, il était totalement inimaginable de faire ne serait-ce que 100 participations aux Douze Coups de midi (et je ne parle même pas des hauteurs stratosphériques désormais atteintes par Bruno, Éric ou Paul). Un jour, sans doute proche, je sortirai du top 10 des plus longs parcours aux Douze Coups de midi mais c’est le sens de l’histoire ! Alors oui, peut-être très factuellement, j’aurais pu prolonger mon parcours de quelques émissions et remporter quelques milliers (voire dizaines de milliers) d’euros supplémentaires mais je pense toujours avoir fait le bon choix. Je ne saurai jamais jusqu’où aurait pu aller mon parcours mais je vis très bien avec cette incertitude (rires).

 

On assiste à une vraie starification des champions de jeux télé, qu’on suit de plus en plus comme dans un feuilleton. Les règles du jeu favorisent parfois leur maintien (particulièrement dans Tout le monde veut prendre sa place, où le tenant du trône bénéficie de privilèges exorbitants : il n’entre dans l’arène que pour la dernière épreuve, choisit son thème et celui de son challenger et, cruauté suprême, peut même choisir, via les questions finales ou entre deux égalités, son challenger). Bref, champion télé, est-ce que ça n’est pas un peu devenu, bien qu’éphémère, une sorte de métier ?

des champions starifiés

Il y a en effet une mode ces dernières années, depuis la création de Tout le monde veut prendre sa place en 2006, d’avoir des jeux TV avec comme principe, un(e) champion(ne) récurrent(e) qui reste plusieurs jours, semaines ou mois. Même Questions pour un Champion s’est récemment plié à ce "diktat" du feuilletonage des jeux télévisés, avec un champion récurrent après avoir abrogé la sacro-sainte limite des cinq participations consécutives. Et comme tout (bon) feuilleton, cela fait mécaniquement augmenter les audiences avec les partisans de tels ou tel champion qui veulent suivre son parcours ou les téléspectateurs qui n’attendent que sa chute. Et par effet boule de neige, on "starifie" ces champions, qui par l’intermédiaire de la télévision, sont rentrés dans le quotidien des gens.

Je ne sais pas si champion TV est devenu un métier, on est loin des pays anglo-saxons dans ce domaine-là ; mais on voit effectivement très souvent les mêmes candidats dans les différents jeux télévisés toutes chaînes confondues. De là à en faire un métier, la marche est haute et le business plan risqué. 😄

 

Tu as participé à plusieurs reprises à des émissions qui font s’affronter des champions de jeux parfois très différents : Des chiffres et des lettres, Questions pour un champion, Tout le monde veut prendre sa place, N’oubliez pas les parolesSlam, Les Douze Coups de midi... Tu connais un peu les règles, les mécanismes de chacun de ces jeux. Lequel est, à ton avis, et en tout cas pour toi, le plus redoutable ?

revue de jeux

La plus redoutable, c’est très subjectif. La mécanique des Douze Coups me convient plutôt bien avec différents types de questions : QCM, listes, rapidité, etc... Mais l’avis est forcément subjectif car c’est clairement chez moi (ce plateau, et tout) : cette émission a une place toute particulière dans mon cœur, donc dans un sens c’est très irrationnel. J’aime également énormément la mécanique de Questions pour un Champion, quasi inchangée depuis la création du jeu. Ça reste le graal en termes de jeu TV de culture générale et ses manches sont devenues "mythiques", en quelque sorte.

Tout le monde veut prendre sa place avait vraiment révolutionné les jeux TV en France à son arrivée, avec un format novateur. À voir avec Laurence Boccolini, mais je trouvais que ces dernières années le jeu était devenu une caricature de lui-même, avec une prépondérance énorme de questions cinéma et musique, quel que soit le thème de l’émission du jour.

Étant archi nul en anagramme (mais grand amateur de Scrabble, on n’arrête pas les paradoxes), j’aurais beaucoup plus de mal avec Des chiffres et des lettres par exemple, où les candidats sont pour moi de véritables extra-terrestres. Concernant N’oubliez pas les paroles, c’est un jeu différent puisqu’on sort du spectre des jeux de lettres et de culture générale. Je suis très impressionné par l’investissement et les résultats des candidats. Un exercice de mémorisation assez époustouflant pour retenir au mot près des centaines de chansons...

 

Parmi tes thèmes de prédilection, il y a le sport. Quels sont les athlètes, actuels et passés, les perf individuelles et collectives, que tu admires par-dessus tout ?

about sports

J’aime le côté romantique du sport, de la performance. Le panache. L’histoire du petit poucet qui renverse des montagnes. Des destins qui transcendent le côté sportif uniquement. J’ai d’ailleurs un peu parfois la même approche des jeux TV, j’aime les belles histoires et le panache au-delà du résultat brut.

J’ai donc une tendresse pour les "perdants" magnifiques, pour toutes ces grandes équipes maudites en football qui ont toujours buté sur la dernière marche et n’ont jamais été championnes du monde mais ont tout de même marqué leur époque et révolutionné ce sport comme la Hongrie de Ferenc Puskas en 1954, ou les Pays-Bas de Johan Cruyff en 1974.

Je pense d’ailleurs que je mettrais Johan Cruyff parmi les athlètes que j’admire le plus, le chantre du "football total" devenu un entraîneur à succès qui a marqué dans les deux rôles l’histoire du jeu. En dehors du football, je pense naturellement à Ayrton Senna, le talent à l’état brut fauché en pleine gloire. C’est une icône bien au-delà de son sport !

 

Xavier Grand Canyon

Au Grand Canyon. Photo personnelle confiée par X. Mercier.

 

Je prolonge un peu cette question. Si tu devais établir un panthéon perso des personnalités ou des personnes, connues ou pas, d’hier ou d’aujourd’hui, qui t’inspirent pour leurs actions ou pour leur être, qui y placerais-tu ?

panthéon personnel

C’est d’actualité (avec les 40 ans de l’abolition de la peine de mort en France), mais je pense que j’y placerais Robert Badinter, une figure morale forte de l’époque contemporaine et un homme de conviction. Une classe folle ! Il a une vie digne d’un roman et totalement captivante. Il s’est battu pour des causes que j’estime justes, contre vents et marées. C’est un peu l’incarnation des valeurs de la République française au sens large.

Je pourrais y ajouter des figures scientifiques majeures qui ont fait progresser notre connaissance et notre compréhension du monde qui nous entoure, comme Johannes Kepler ou Nikola Tesla.

Dans un autre registre, j’ai une énorme tendresse pour Winston Churchill et sa personnalité pleine d’excès et de contradictions, qui a eu une vie passionnante et un rôle clé dans un des moments les plus noirs de notre histoire.

 

Il y a aussi, dans tes spécialités, la géographie. Forcément, ça nous invite au voyage. Quels sont, jusqu’à présent, les coins et les lieux qui t’ont le plus fasciné, et ceux que tu rêves toujours d’aller voir ?

voyage, voyage

Les voyages sont une de mes plus grandes passions, et j’ai pu très largement en profiter ces dernières années avec ma compagne. Dur de faire des choix, j’ai eu cette (réelle) chance de voir de nombreux lieux magnifiques aux quatre coins du monde : les pyramides mayas du Yucatan, les merveilles naturelles du Sud-Ouest des États-Unis, la richesse des temples thaïlandais, etc... Depuis très petit, j’ai été fasciné par la cité de Pétra, "perdue" au milieu du désert, uniquement accessible par un étroit corridor dans la roche. J’ai eu la chance de la visiter et d’être émerveillé comme beaucoup par la découverte, au détour d’un virage, de telles merveilles gravées dans la roche. La réalité était clairement à la hauteur de mes attentes et j’espère bien avoir la chance d’y retourner un jour.

J’ai également été frappé par le Taj Mahal, si souvent vu en photos et qui, pourtant, en vrai conserve ce côté spectaculaire qui scotche le visiteur au premier regard. J’ai d’ailleurs adoré au cours de ce séjour en Inde l’ensemble des monuments moghols et leur architecture raffinée, symbiose de plusieurs cultures avec des dômes splendides et des ornements subtils.

Je suis également obligé de citer l’Île de Paques et ses mythiques moaï qui tiennent toutes leurs promesses sur ce petit confetti au milieu de l’océan Pacifique. D’autant que la visite de cet endroit a un côté unique, le temps est suspendu comme dirait Lamartine puisque, même s’il ne faut jamais dire jamais, c’est souvent un endroit où l’on n’a pas la chance de retourner dans sa vie.

Et pour finir la Patagonie, territoire méconnu que nous avons eu la chance de parcourir, avec ses glaciers splendides à portée de main comme le Perito Moreno, et d’oreille même puisque les craquements sont impressionnants ; ses vastes étendues sauvages et ses sommets enneigés, que ce soit côté argentin (le Fitz Roy par exemple) ou côté chilien (avec le parc des Torres del Paine).

Bref je pourrais parler voyages et découvertes durant des heures 🙂. Il me reste encore beaucoup de choses à découvrir. De manière anecdotique, j’aimerai bien boucler avec ma compagne le tour des "7 nouvelles merveilles du monde" avec la visite des deux qui manquent à "notre palmarès" : la Grande Muraille de Chine et le Christ Rédempteur de Rio de Janeiro. Et (j’aime décidément bien boucler des boucles) également visiter l’Ouzbékistan, avec ses magnifiques villes comme Samarcande, Boukhara ou Khiva qui évoquent les étapes de la mythique route de la Soie. Cela devait être notre voyage de noces avant que la pandémie vienne mettre notre vie à tous entre parenthèses.

 

El Perito Moreno 

El Perito Moreno. Photo personnelle confiée par X. Mercier.

 

Torres del Paine

Torres del Paine - Los Cuernos del Paine. Photo personnelle confiée par X. Mercier.

 

Voyage toujours, la minute fantaisiste de l’interview : si tu pouvais visiter une autre époque, où et quand ?

 

un séjour dans le temps ?

Les Grandes Découvertes, clairement ! Au Portugal ou en Espagne. Avec tous ces hommes comme Magellan ou Vasco de Gama qui partaient vers des territoires inconnus. Je pense que je serais un peu déçu par la réalité des choses, bien plus difficile que l’image romantique que j’en ai.

Ou alors, toujours en Espagne durant les grandes heures d’Al-Andalus, au carrefour de plusieurs religions et civilisations.

 

Petite question un peu taquine alors que se profile une élection présidentielle qui risque fort de ne pas se jouer sur des débats d’idée de haute tenue : penses-tu, toi qui travailles dans le secteur de l’énergie, que les questions énergétiques n’ont pas dans le débat public la place que peut-être, elles mériteraient ?

questions d’énergie(s)

Vaste sujet que les questions énergétiques et leur place dans le débat public. J’ai l’impression d’entendre assez régulièrement les mêmes questions (en particulier sur la transition énergétique) apparaître dans les débats mais elles sont souvent assez peu fouillées et tournent au débat assez caricatural ou démagogique. Il est important de construire une trajectoire sur la transition énergétique concrète et plausible sur le terrain. Le développement des énergies renouvelables est un enjeu actuel et des décennies à venir ; la place du nucléaire également puisque sa suppression à court terme est littéralement impossible. Je pense que ces thématiques auront une place importante dans la prochaine campagne présidentielle en espérant qu’on ne les prenne pas par le petit bout de la lorgnette.

 

On espère sortir, petit à petit, de cette pandémie de Covid-19 qui nous aura fait vivre, aux uns et aux autres, des choses qu’on n’aurait pas pensé connaître un jour. Comment l’as-tu vécue à titre personnel ? Dans ce flot de malheur, cette crise sanitaire aura-t-elle eu aussi, des vertus ?

crise sanitaire

Plus ou moins bien, comme tout un chacun j’imagine. J’ai eu la chance de ne pas être touché de près ou de loin par la maladie, ou par les conséquences économiques de cette pandémie, ce qui reste une réelle chance par rapport à beaucoup de Français. Ces mois n’ont pas été les plus épanouissants de ma vie. Enfin, quand même ! j’ai eu la chance de me marier avec la femme que j’aime et d’organiser le mariage auquel nous aspirions, malgré les contraintes liées à la crise sanitaire.

Les confinements, en particulier le premier, étaient quelque chose de totalement inédits et inattendus. Pour quelqu’un de ma génération, je ne pensais jamais expérimenter concrètement la notion de couvre-feu par exemple. Cela a été également la source de nombreux bouleversements professionnels en termes d’organisation et de modes de travail. Sans doute sur ce sujet, un accélérateur de transformations qui auraient mis sinon de nombreuses années à se diffuser dans la société.

J’espère que cette crise sanitaire aura permis aux gens de se recentrer sur leurs priorités et d’accorder plus d’importance à la solidarité, ainsi qu’à la chance que nous avons de vivre au quotidien. J’espère également qu’on en tirera une vraie évolution sur les priorités en matière d’investissements publics (j’avoue être assez utopique parfois) !

 

Quelles sont tes recettes pour nourrir tes curiosités, alimenter ta culture ? Beaucoup de lecture j’imagine ?

alimenter sa culture

Beaucoup de lecture, oui et non. Par période, je lisais beaucoup plus en étant plus jeune, que ce soient des romans (je conseille d’ailleurs à tout le monde la lecture d’Alamut de Vladimir Bartol, et de L’Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon), des biographies ou des ouvrages de types divers et variés. J’ai une impressionnante pile de livres en attente de temps (et d’envie parfois) pour les lire, je papillonne aussi beaucoup entre différents ouvrages.

Alamut

Je n’ai clairement pas de méthode toute faite pour alimenter ma culture et ne suis pas la personne la mieux organisée sur ce point. Je ne suis pas un bon exemple. 😄 Je suis curieux de pas mal de sujets et fais énormément de quiz (sur internet, avec des amis, dans des bars) ce qui permet d’entretenir cette culture générale. L’effet pervers de tout ça, c’est qu’on retient beaucoup mieux ce qui nous intéresse, et donc qu’on renforce ses points forts sans combler ses points faibles.

 

Des conseils pour quelqu’un qui rêverait, comme un challenge, de devenir "maître de midi" ?

devenir "maître de midi"

Je ne sais déjà pas pourquoi j’ai été pris aux sélections, alors de là à avoir une recette pour devenir "maître de midi" 😄. Blague à part, je pense que venir en pensant gagner est une bonne stratégie pour être sûr de perdre. Les questions sont sur des thématiques très variées, portant parfois sur des faits généralistes très connus mais aussi sur des informations très anecdotiques. Dur de se préparer au mieux sur ce plan-là : une culture générale variée est bien sûr un plus. Je pense que le petit plus qui peut faire la différence réside plus dans le "psychologique" que dans les connaissances pures : être détendu, ne pas stresser outre mesure, etc... L’essentiel reste de s’amuser, de passer un bon moment et d’en profiter pleinement. 🙂

 

Tes projets et surtout, tes envies pour la suite ?

​Reprendre mon bâton de pèlerin et reprendre la route des voyages. Mais aussi profiter de mes proches et ne pas laisser filer ce temps qui passe trop vite 🙂.

Point de vue jeux TV, pas beaucoup de projets en attente. J’ai eu la chance de faire récemment Questions pour un Super Champion même si l’aventure n’est pas forcément conclue comme je l’espérais. Si j’ai une nouvelle chance dans un futur proche ou lointain, j’essaierais de faire mieux !

 

Un message à adresser à quelqu’un à l’occasion de cette interview ?

Pas forcément à une personne en particulier mais plutôt à toutes les personnes qui ont cru en moi, qui m’ont permis d’arriver là où je suis aujourd’hui. À mes parents qui m’ont donné le goût de la connaissance et de la curiosité, à ma femme qui me supporte au quotidien (et ce n’est pas un vain mot), à mes amis bien sûr, etc... On est riches des rencontres que l’on peut faire au cours d’une vie qu’elles soient familiales, affectives ou amicales et il faut prendre soin de toutes ces relations.

 

Un dernier mot ?

Merci de m’avoir laissé l’occasion de m’exprimer sur ces sujets divers et variés. Je pense que cela transparaît un peu au travers de mes propos, mais je suis quelqu’un qui s’exprime peu et préfère l’ombre à la lumière des projecteurs. En espérant que ces quelques pages plaisent à tes lecteurs.

 

Et à tes fans ! Merci...

 

Xavier Mercier

Photo personnelle confiée par X. Mercier.

 

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21 janvier 2013

Jean-Marc Sylvestre : "J'ai parfois blessé des gens, je le regrette"

Jean-Marc Sylvestre a longtemps fait figure d'épouvantail, de "punching ball" commode pour les détracteurs d'un libéralisme économique dont les dérives ont pu, légitimement, choquer des hommes, des femmes de bonne foi. On a accolé à ce dernier, de plus en plus souvent, le préfixe "ultra", quitte à confondre, par facilité, des principes et leur caricature. Jean-Marc Sylvestre "était" le libéralisme en France, il l'incarnait au quotidien sur TF1. Ce professeur d'économie se voulait pédagogue avant tout, mais l'étiquette des excès de sa science a parasité le message. Elle lui colle toujours à la peau. Rencontre avec un homme bien plus complexe que son image publique. Un homme que la vie n'a pas épargné, pas sectaire ni avare en autocritiques. Je le remercie pour ses réponses, pour nos échanges. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-MARC SYLVESTRE

Spécialiste de l'économie pour TF1, LCI puis i>Télé

Rédacteur en chef de Jean-Marc Sylvestre, le blog

 

"J'ai parfois blessé des gens, je le regrette"

 

Jean-Marc Sylvestre

(Photo fournie par M. Jean-Marc Sylvestre)

 

 

Q : 30/11/12

R : 21/01/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Jean-Marc Sylvestre. En 2003, le public, habitué à vous voir sur les plateaux de télévision, découvrait Une petite douleur à l'épaule gauche (Ramsay). Vous y narriez les gros pépins de santé vécus un an auparavant, votre redécouverte, en tant que patient cette fois, du système de santé français. De ses bienfaits, de ses failles, également... Une expérience qui vous avait fait beaucoup réfléchir... Comment allez-vous aujourd'hui ? Avec le recul d'une décennie, en quoi diriez-vous de cet épisode de votre vie qu'il vous a changé ?

 

Jean-Marc Sylvestre : Je me serais bien passé de cette "expérience", comme vous dites, mais je m'en suis tiré... Avec beaucoup de difficultés, certes, mais aussi avec un regard un peu différent sur la vie et le système hospitalier. J'ai d'ailleurs écrit tout cela dans Une petite douleur à l'épaule gauche, et comme le livre a marché, je crois qu'il a touché pas mal de monde...

 

Il ne se passe pas une journée de ma vie sans que je ne pense à cette histoire... Donc, je fais attention à un certain nombre de choses. J'essaie de ne pas perdre de temps. Je me sens plus proche de tous ceux qui sont malades... J'essaie d'être utile... plus juste... Enfin, ça a dû me faire grandir.

 

 

PdA : J'évoquais à l'instant votre notoriété auprès du public. Vous avez été durant une quinzaine d'années (1994-2010) le "Monsieur économie" de la Maison TF1 (LCI-TF1). Quel regard portez-vous sur cette collaboration ? Quels souvenirs forts en gardez-vous ? Êtes-vous restés en bons termes ? 

 

J.-M.S. : Je ne regrette pas du tout la notoriété, c'est très agréable... Vous savez, je connais des animateurs de télé ou des vedettes du show-biz qui se plaignent... Ils ont mis vingt ans à se faire connaître et, quand ils sont connus, ils se cachent et mettent des lunettes noires. C'est ridicule. Ça fait partie du métier, mais ça n'est pas le coeur du métier... Le coeur du métier, c'est de parcourir l'histoire qui se déroule sous vos yeux et d'en rapporter les faits et les chiffres en essayant de distinguer ce qui est accessoire de ce qui est important...

 

Mon histoire avec TF1 a duré près de vingt ans. Ses dirigeants m'ont donné les moyens d'exercer mon métier, c'est une grande chance. J'ai essayé d'être à la hauteur de cette confiance, c'est-à-dire de faire de la pédagogie de l'économie pour le plus grand nombre.

 

Les souvenirs, ce sont les amis que je m'y suis fait et les occasions de rencontrer les acteurs de l'actualité. C'est un lieu de pouvoir, et donc d'influence exceptionnel. TF1 m'a donné la chance de couvrir depuis vingt ans tous les grands événements économiques : le passage à l'euro, les crises, etc, etc... Je suis resté en excellent terme avec TF1, c'est une très belle entreprise moderne.

 

 

PdA : Durant cette période de forte médiatisation, vous avez été attaqué parfois en tant que "Monsieur libéral" de la télévision, endossant à titre personnel les griefs faits par ses détracteurs à l'économie de marché. Avez-vous ressenti les choses de cette façon ? D'ailleurs, qu'en est-il réellement ? Comment définiriez-vous en quelques mots l'idée que vous vous faites d'une économie qui fonctionne ?

 

J.-M.S. : J'ai été critiqué, mais c'est normal. Il y avait un peu de jalousie mais aussi de concurrence, sans parler de mes erreurs... Je n'ai parfois pas été assez clair, assez pédagogique, trop "presse". C'est normal d'être critiqué.

 

La lecture libérale de l'économie, je l'assume, totalement. Je suis professeur d'économie, mon métier, c'est d'expliquer le fonctionnement du système. Je crois profondément, parce que j'ai lu Marx, qu'il n'y a pas deux façons de créer de la richesse : il faut du travail, encore du travail, de l'intelligence et de l'épargne... Le système économique a pour objectif de créer de la richesse, des emplois, des investissements, du progrès, etc, etc... Il n'a pas à faire de la morale. La morale, c'est personnel. L'entreprise ne fabrique pas de la morale, elle fabrique de l'argent. Les acteurs de l'entreprise doivent en revanche avoir un comportement moral, éthique, exemplaire...

 

À titre personnel, je m'en suis tenu à cette définition. Alors, j'ai parfois blessé des gens, et je le regrette. J'ai parfois été arrogant, sans doute, et je le regrette... Mais je suis intimement convaincu que le système a besoin de liberté individuelle et de responsabilité personnelle. L'État ne peut pas tout faire. Son rôle n'est pas de créer de la richesse, son rôle est de mettre en place un code de la route et de le faire respecter. Le rôle de l'État est de créer les conditions les plus favorables pour que les hommes et les femmes puissent exercer leur liberté et leurs initiatives.

 

 

PdA : Cette image qui vous a collé à la peau était aussi liée à celle du média. On dit souvent de TF1 qu'elle est une chaîne de droite... C'est le cas ?

 

J.-M.S. : TF1 n'était ni de droite, ni de gauche... TF1 est une entreprise qui se doit d'avoir le maximum de téléspectateurs. TF1 ne peut pas être partisan.

 

 

PdA : Vous avez enseigné l'économie, vous l'avez commentée depuis le début des années 70. Quelles évolutions majeures de l'économie mondiale, quelles tendances lourdes notez-vous par rapport à vos débuts ?

 

J.-M.S. : Depuis les années 1970, l'économie s'est mondialisée. Les pays sous-développés sont devenus des émergents. L'économie s'est mise en concurrence, ce qui est un facteur de progrès. L'économie a été tractée par le progrès technique...

 

Le problème en France, c'est que les opinions publiques ont peur de la mondialisation. Elles ont peur de la concurrence. Elles ont peur du progrès technique... On ne leur a pas assez expliqué les bienfaits de cette évolution. Les hommes politiques n'ont pas fait leur métier de pédagogues et d'explicateurs des évolutions nécessaires.

 

 

PdA : Louis Gallois vient de remettre au Premier ministre Jean-Marc Ayrault son rapport sur la compétitivité des entreprises françaises. Imaginons maintenant qu'un gouvernement quelconque, sur la base de votre expérience et de votre expertise économique, décide de vous confier à votre tour une mission. Un rapport visant à redynamiser la croissance française et notamment à booster nos entreprises à l'international. Quelles seraient vos préconisations ?

 

J.-M.S. : J'ai accepté une fois une mission auprès du ministre de l'Agriculture pour préparer la loi d'orientation agricole. Ça a été une expérience passionnante, très difficile. Le métier politique est très difficile. Nous sommes en démocratie, un homme politique doit être élu pour gouverner. La logique du marché politique n'est pas forcément la même que celle du marché économique. L'homme politique doit faire des promesses pour être élu. Il a parfois du mal à les respecter et les réaliser.

 

Mes préconisations sont celles de tous les experts. Il faut réformer ce pays pour le mettre à niveau de la concurrence internationale. Tout le monde sait cela, mais l'homme politique doit l'appliquer, et c'est très difficile à faire passer. Louis Gallois a été formidablement habile, mais Louis Gallois n'est pas un élu...

 

 

PdA : Très franchement, que vous inspirent les débuts du quinquennat de François Hollande ?

 

J.-M.S. : Les débuts du quinquennat sont à la mesure de la campagne présidentielle... Beaucoup de promesses et d'ambitions mais des contraintes difficiles à surmonter. D'où les difficultés, les couacs et les déceptions. Mais c'est normal, tout cela...

 

 

PdA : Vous reconnaissez-vous dans l'offre politique française actuelle ? D'ailleurs... n'avez-vous jamais eu la tentation de vous lancer vous-même dans une aventure politique ?

 

J.-M.S. : L'offre politique est une chose, elle répond à la logique du marché politique. La réalité m'intéresse davantage, et tout le talent d'un homme politique, c'est de tenir compte de cette réalité sans pour autant décevoir son électorat. C'est un métier très difficile.

 

 

PdA : Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à l'avenir de l'union économique et monétaire européenne ? Quelle Europe appelez-vous de vos vœux pour relever les défis de demain ?

 

J.-M.S. : Je suis assez pessimiste, mais je sais qu'on ne peut pas faire machine arrière. Je sais aussi que, quand nous sommes au bord du ravin, au bord de la crise, on se redresse... Depuis 2007, on est passé à côté de la catastrophe mondiale, on l'a évitée à chaque fois... Ça a coûté cher, mais le système tient debout.

 

 

PdA : Le site Ebuzzing vient de classer votre blog à la tête des blogs éco, et à une dix-huitième place remarquable au classement général. Quelle est votre réaction ? Quid de votre rapport à internet ?

 

J.-M.S. : L'accueil est plutôt bon, ça veut dire qu'en disant la vérité, on doit gagner. Les lecteurs ne veulent plus qu'on leur raconte des histoires. On essaie d'être vrais.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Jean-Marc Sylvestre ?

 

J.-M.S. : De continuer le plus longtemps possible...

 

 

PdA : Quel message aimeriez-vous adresser à nos lecteurs ?

 

J.-M.S. : De ne pas céder à la résignation. Leur dire que quand on veut, on peut... Le bonheur n'est pas toujours dans le pré... mais on doit pouvoir s'en approcher.

 

 

PdA : Un dernier mot ? Merci infiniment...

 

J.-M.S. : Les faits sont têtus... ce n'est pas de moi, c'est de Lénine, un grand auteur libéral comme vous savez !

 

 

 

Merci encore, Jean-Marc Sylvestre, pour le temps que vous avez bien voulu me consacrer. Tous mes voeux pour une belle et heureuse année 2013 ! Phil Defer

 

 

 

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30 septembre 2012

Laurent Bazin : "Le buzz est l'ennemi du bien-informer"

L'invité de Paroles d'Actu aujourd'hui... c'est un homme qui en a reçu d'innombrables. Laurent Bazin a été grand reporter, posté à Washington puis à Tel-Aviv pour TF1. Il a débuté sa carrière il y a vingt-cinq ans, c'était sur RTL, déjà... Un quart de siècle au cours duquel le journaliste s'est retrouvé aux premières loges pour observer, commenter la folle marche du monde comme les évolutions de notre temps. Il a rencontré les plus grands, discuté avec les meilleurs spécialistes. Acquis, également, une solide expérience des médias... LCI, Europe 1, i>Télé complètent jusqu'ici son parcours. Depuis la rentrée, il aide des centaines de milliers d'auditeurs à s'éveiller en douceur à la tête de "RTL Matin", la matinale de la station. Sur France 5, il remplace régulièrement Yves Calvi à l'animation des débats de "C dans l'air". Il a donc, je le disais, accepté de répondre à mes questions, portant sur ses deux émissions, sa carrière, le monde des médias... Je tiens à lui exprimer toute ma reconnaissance pour la générosité et la bienveillance qu'il m'a témoignées. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

LAURENT BAZIN

Présentateur de RTL Matin (RTL)

Présentateur de C dans l'air (France 5)

 

"Le buzz est l'ennemi du bien-informer"

 

Laurent Bazin

(Source de la photo : RTL)

 

 

Q : 27/09/12

R : 30/09/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Monsieur Bazin. Je pourrais débuter cet entretien en rappelant que vous êtes journaliste, que vous avez débuté sur RTL avant de travailler pour TF1, LCI, Europe 1, i>Télé... Je pourrais également ajouter que vous remplacez régulièrement Yves Calvi à l'animation de C dans l'air sur France 5... et que vous présentez la matinale de RTL depuis la rentrée. Je le pourrais... mais comment aimeriez-vous vous présenter vous-même ?

 

Laurent Bazin : Je suis journaliste, curieux, professionnel... Et effectivement, animateur de la matinale de RTL et joker d'Yves le lundi à C dans l'air...

 

 

PdA : Quel premier bilan tirez-vous de l'expérience RTL Matin ?

 

L.B. : C'est du plaisir, beaucoup de plaisir... Passé évidemment le moment où le réveil sonne. Mais même ça, ça va ! Non, chouette exercice, varié, enrichissant.

 

 

PdA : Revenons aux sources... Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir journaliste ?

 

L.B. : Je crois que j'ai toujours eu envie d'être journaliste. Je jouais à 10 ans à faire des émissions de radio avec mon frère ! À part un bref moment à l'adolescence où j'ai caressé l'envie de devenir vétérinaire, ça ne m'a jamais lâché.

 

 

PdA : L'actualité, son commentaire, c'est votre métier. Mais vous en êtes également, comme nous tous, spectateur. Quels sont les évènements qui vous ont le plus marqué, et pourquoi ? Les points forts de votre carrière ?

 

L.B. : Les accords israélo-palestiniens de Washington (1993, ndlr), parce que j'étais alors dans le bain, correspondant de TF1 aux États-Unis...

 

Mais plus que tout, le 11 septembre. Parce que ce jour là, j'ai compris qu'il fallait arrêter de penser en terme de : crédible, pas crédible ; probable, pas probable. Mais plutôt avancer en se disant que tout, même le plus invraisemblable - 2 avions dans une tour new-yorkaise... - pouvait arriver. Ça a été un choc. Et une sorte de révélation.

 

 

PdA : Le journalisme, c'est aussi des rencontres. Quelles sont celles dont vous êtes le plus fier ? Qui êtes-vous heureux d'avoir pu interviewer ?

 

L.B. : Clinton président. Mitterrand juste avant qu'il ne quitte l'Élysée... Mais c'étaient des interviews improvisées, presque volées... J'ai aimé rencontrer plus longuement des gens comme Arafat ou Shimon Peres, pour ce qu'ils représentent de haine, de passion et d'Histoire accumulées.

 

 

PdA : Qui rêveriez-vous d'interviewer ? Quelles questions souhaiteriez-vous poser à telle ou telle personnalité ?

 

L.B. : Obama, sans doute. Avec le risque peut-être d'être déçu... De me trouver face à un homme politique finalement assez standard, froid... J'aime les gens qui partagent, qui donnent lors des interviews... Ce ne sont pas forcément les plus connus !

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur l'évolution des médias d'information, sur le règne de l'info en continu, de l'instantané, peut-être au détriment d'une nécessaire prise de recul ?

 

L.B. : La réponse est dans la question ! Le buzz est parfois - souvent - l'ennemi du bien-informer. C'est superficiel, ça va trop vite. L'information en continu, c'est aussi une forme de zapping en continu... C'est la règle du genre. Je l'ai pratiquée. Ça doit nous pousser, nous médias traditionnels, à être encore plus exigeants, plus sélectifs. C'est notre défi pour les cinq ans qui viennent.

 

 

PdA : La campagne présidentielle américaine fait rage en ce moment. Que vous inspire-t-elle, et notamment le rôle qu'y jouent la communication, les médias ? Il y a des exemples à suivre en matière d'émissions politiques aux États-Unis ?

 

L.B. : C'est une campagne en trompe-l'oeil qui repose largement sur l'argent que les uns et les autres ont à y mettre. Une bagarre frontale qui éloigne le citoyen des vrais débats. Mais nous n'avons pas de leçons à donner. Cela dit, je dirais plutôt que les États-Unis devraient nous envier une émission comme "Des paroles et des actes", pratiquement inimaginable là-bas.

 

 

PdA : Comment préparez-vous vos émissions, en général ? Quel est votre rôle dans la détermination du contenu éditorial de l'une comme de l'autre ?

 

L.B. : Je prépare beaucoup, je lis et je discute beaucoup. Mais les exercices sont très différents. Je suis très investi dans les décisions qui concernent la Matinale de RTL, auprès de la rédaction comme des chroniqueurs. Pour C dans l'air, je m'en remets totalement au producteur Jérôme Bellay et à ses équipes dirigées par Manuel Saint-Paul. Je suis le mécano de la Matinale. C dans l'air, au contraire, c'est une sorte d'émission "clé en main".

 

 

PdA : Vous arrive-t-il parfois, lorsqu'un sujet ou un invité vous inspirent moins qu'à l'accoutumée, d'avoir du mal à véritablement intégrer le thème et animer la discussion ?

 

L.B. : Non. D'abord parce que je suis très en phase avec Jérôme Bellay. C'est vraiment la même culture d'info. Ensuite parce que tout est mis à ma disposition pour le faire bien...

 

 

PdA : Dans le même esprit, lorsqu'au contraire un débat vous parle particulièrement, avez-vous parfois du mal à vous retenir d'y prendre part ?

 

L.B. : Ça arrive... Surtout quand il s'agit de politique ! ;-) Mais pas au sens militant du terme. Plutôt dans le sens du grain de sel que j'ai envie de mettre.

 

 

PdA : Une question liée. Durant votre carrière de journaliste, vous avez "touché" aux relations internationales, à l'économie, aux sujets de société, à l'organisation de la République... Vous avez côtoyé les plus grands experts, les décideurs de premier ordre. Vous vous êtes vous-même familiarisé avec ces problématiques d'importance. N'avez-vous jamais eu la tentation de passer de l'"autre côté", de vous aventurer en politique ?

 

L.B. : Non jamais. J'ai du respect pour ceux qui le font. Je sais ce qu'ils sacrifient. Mais ce n'est pas mon métier.

 

 

PdA : La crise... enjeu majeur. Quelle est votre intime conviction à ce sujet ? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant aux perspectives de redressement et de "reprise", à échéance raisonnable, de la France et de l'Europe ?

 

L.B. : Je suis d'une nature optimiste... Mais c'est vrai que la situation est grave. Ce qui me frappe, c'est que les solutions - toutes les solutions - sont sur la table. Et que personne n'ose, - ni Sarkozy hier, ni Hollande aujourd'hui - ne semble décidé à franchir le pas.

 

 

PdA : Quittons un peu l'actualité, parfois brutale, souvent morose, et parlons un peu de vous. J'ai récemment découvert votre passion pour les bons vins, auxquels vous consacrez d'ailleurs un blog. Voulez-vous nous en dire plus ? Plus généralement, qu'est-ce qui vous permet de "décompresser", hors travail ? Qu'aimez-vous dans la vie ?

 

L.B. : J'aime effectivement beaucoup le vin. Depuis longtemps. Manger, aussi... Le vin de mes amis (http://levindemesamis.blogspot.fr), c'est une histoire d'amitiés avec des vignerons qui ont décidé de faire bio et bon. Ce sont des gens courageux et précieux dans un univers finalement très standardisé... J'ai même fini par acheter une vigne de Grenaches près de Carcassonne, que travaille mon copain Frédéric Palacios. Nous y produisons la cuvée "Cause toujours"... Dans un style très différent, je suis aussi fan de polars étrangers, suédois, islandais, entre autres...

 

 

PdA : Quels sont, à la radio comme à la télévision, les programmes, toutes stations et chaînes confondues, qui trouvent grâce à vos yeux ?

 

L.B. : À la radio, j'ai gardé un attachement tout particulier aux "Auditeurs ont la parole" que Vincent Parisot anime maintenant avec Elizabeth Martichoux. J'aime ce côté "À vous de jouer"... Le côté baromètre aussi, prise de pouls de la France... À la télé, le JT de David Pujadas sur France 2, "Des paroles et des actes", "C dans l'air" avec Yves Calvi et "Castle". J'adore les séries télé...

 

 

PdA : Quel est votre rapport à internet ?

 

L.B. : Raisonnable. Connecté mais pas accro... Je suis sur Twitter, un peu moins sur Facebook. Je surfe régulièrement sur les sites d'info via l'ordinateur ou mes applis Smartphone. C'est une source d'info. À tamiser impérativement !

 

 

PdA : Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui souhaiterait se lancer dans l'univers du journalisme ?

 

L.B. : Sois curieux de tout... Et ne va pas trop vite. Commence par le terrain, le reportage. Fais le plein d'images et de rencontres. C'est là que tout se passe !

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Laurent Bazin ?

 

L.B. : Que ça dure !

 

 

PdA : La dernière question. En fait, une tribune libre, pour vous permettre de conclure l'interview comme il vous plaira. Merci infiniment !

 

L.B. : Je vous attends sur RTL lundi matin... C'est ça ma tribune !

 

 

 

Merci beaucoup cher Laurent Bazin pour le temps que vous avez bien voulu me consacrer. Pour votre gentillesse ! Phil Defer

 

 

 

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Merci

 

 

 

Vous pouvez retrouver Laurent Bazin...

 

Sur RTL : "RTL Matin" du lundi au vendredi, de 7h à 9h30

 

Sur France 5 : "C dans l'air" les lundis et à d'autres occasions

 

Sur son blog, "Le vin de mes amis"

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

13 juillet 2012

PPDA : "Il vaut mieux avoir des remords que des regrets"

Après une longue série d'interviews politiques, actualité oblige, une pause. Voici, en quelque sorte, le bonus de l'été. Une archive. Tout d'abord, le contexte. J'ai évoqué en quelques mots dans le billet anniversaire mon parcours, ma démarche. Je n'y reviendrai pas ici. J'ai essayé à plusieurs reprises d'obtenir une interview de M. Patrick Poivre d'Arvor. En 2005, il m'avait indiqué, dans un mail très sympathique, qu'il ne pouvait donner une suite favorable à ma proposition. Nouvelle tentative deux ans plus tard, fructueuse cette fois-ci. Généreusement, il accepte de répondre au questionnaire que j'ai élaboré pour lui.

 

Nous sommes en juillet 2007. Nicolas Sarkozy vient d'être élu. PPDA, présentateur-vedette du 20h de TF1 depuis vingt ans, a coanimé avec Arlette Chabot le grand débat présidentiel d'entre-deux-tours. Il ne le sait pas encore, mais il n'aura pas l'occasion de diriger son JT jusqu'en 2012, comme il le souhaitait. Un an après notre échange, en juillet 2008, il présente son dernier journal sur la première chaîne. De son éviction, il dira qu'elle "n'est pas journalistique". Depuis, il a été présent sur nos écrans d'une autre manière, en animant des émissions culturelles, notamment. Surtout, il a continué à exercer sa grande passion : l'écriture. Je suis heureux d'avoir le privilège d'avoir eu, et d'avoir toujours à ce jour des contacts avec lui. Merci !  Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  ARCHIVE EXCLUSIVE

 

 

ARCHIVE EXCLUSIVE DE 2007 - PAROLES D'ACTU

PATRICK POIVRE

D'ARVOR

Ancien présentateur du 20h de TF1 (1987-2008)
Écrivain, animateur de télévision

 

"Il vaut mieux avoir des remords

 

que des regrets"

 

(Photo empruntée à M. Poivre d'Arvor sur sa page Facebook)

 

 

Q : ??/07/07

R : ??/07/07

 

 

 

Paroles d'Actu : Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir journaliste ?

 

Patrick Poivre d'Arvor : La passion.

 

 

PdA : Vous rejoignez TF1 en 1986, un an avant la privatisation de la chaîne...

 

PPDA Je devais avoir du nez !

 

 

PdA : À quoi ressemble une journée "type" pour vous sur TF1, et notamment quel est votre rôle dans le contenu éditorial de vos JT ?

 

PPDAJ’en suis le patron, tout comme Jean-Pierre Pernaut l’est à 13h.

 

 

PdA : Quels sont les évènements d’actualité qui vous ont le plus marqué et pourquoi ?

 

PPDALa chute du mur de Berlin, la catastrophe de Furiani et bien sûr le 11 septembre.

 

 

PdA : Vous est-il arrivé d'avoir du mal à gérer vos émotions face à un évènement d'actualité particulièrement touchant ?

 

PPDAJ’essaie. Ce n’est pas toujours facile.

 

 

PdA : Pourriez-vous me raconter votre journée du 11 septembre 2001 ?

 

PPDAJ’ai pris l’antenne à 15h. Je l’ai rendue à 23h…

 

 

PdA : Même question à propos du 21 avril 2002. (à partir de quand avez vous su, quelle a été votre réaction, l'ambiance sur le plateau, les critiques faites aux médias à propos du traitement de l'insécurité...)

 

PPDAÀ partir de 18h30. Pour les critiques, on a l’habitude, s’agissant de la chaîne la plus regardée. Tout ce qui est excessif devient insignifiant.

 

 

PdA : En tant qu'observateur de la vie politique, comment expliquez-vous la victoire de Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle, et en quoi constitue-t-elle d'après vous un renouveau ? Quel bilan tirez-vous de cette saison politique de 2007 ?

 

PPDAEn ce qui nous concerne, jamais des émissions politiques n’ont été aussi regardées (J’ai une question à vous poser, les soirées électorales, le débat Sarkozy-Royal : 13 millions de téléspectateurs).

 

 

PdA : L'évènement majeur de l'an prochain sera sans nul doute l'élection présidentielle américaine de 2008. Quel regard portez-vous sur ce scrutin, et avez-vous une préférence personnelle quant aux candidats en lice pour l'instant ?

 

PPDA : Un journaliste n’a pas à marquer de préférence.

 

 

PdA : N'avez-vous jamais été vous-même tenté par une aventure politique ?

 

PPDA Oui mais je m’en suis jusqu’alors gardé.

 

 

PdA : Au regard de votre carrière jusqu'à présent, de quoi êtes vous le plus fier ?

 

PPDADe mes enfants. Et de mes livres !

 

 

PdA : Avez-vous, au contraire, des regrets en la matière ?

 

PPDAIl vaut mieux avoir des remords que des regrets.

 

 

PdA : Parmi les nombreuses interviews que vous avez menées, lesquelles vous laissent les meilleurs souvenirs et pourquoi ?

 

PPDAJe n’aime pas cette sorte de classement. Ne m’en voulez pas.

 

 

PdA : Les pires souvenirs ?

 

PPDAIdem !

 

 

PdA : Quelles sont les personnalités que vous êtes tout simplement fier d'avoir pu rencontrer dans le cadre de votre profession ?

 

PPDAMère Teresa, Jean Paul II, le Dalaï Lama.

 

 

PdA : Qui rêveriez-vous d'interviewer ?

 

PPDAVictor Hugo…

 

 

PdA : Qui regrettez-vous de n'avoir pas pu interviewer ?

 

PPDA : Arthur Rimbaud ! Mais dans les deux cas, c’est trop tard…

 

 

PdA : PPD, votre double de Canal +, n'est sans doute pas étranger au statut si particulier qui est le vôtre dans le paysage audiovisuel français. L'aimez-vous, regardez-vous souvent les Guignols, et que pensez-vous de cette émission en général ?

 

PPDA Je ne regarde pas. Je travaille à la même heure. Mais je suis respectueux de leur travail.

 

 

PdA : Au fond, vous qui êtes au quotidien confronté à l'actualité, quel regard portez-vous sur l'état de notre monde et son évolution ?

 

PPDAPeut mieux faire !

 

 

PdA : Vous êtez bien sûr, au delà de votre profession de journaliste, un écrivain de talent. Cela vous permet-il, justement, de décompresser, de prendre du recul vis-à-vis de cette actualité souvent si dure ?

 

PPDA : Je le crois en effet.

 

 

PdA : Mis à part cela, qu'aimez-vous faire dans la vie ? Pourriez-vous nous livrer quelques scoops sur vos passions, vos influences ?

 

PPDA J’aime aimer tout simplement. Avec passion.

 

 

 

Je tiens encore une fois à remercier chaleureusement M. Poivre d'Arvor pour la générosité dont il a fait preuve à mon égard ! Phil Defer

 

 

 

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Le site officiel / blog de PPDA

 

PPDA a réalisé le film "Mon frère Yves", diffusé le mardi 17 juillet 2012 à 20h35, sur France 3

(Éd. 16/07/12)

 

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