Pascal Louvrier : « Fanny Ardant se brûle parfois mais peu importe, elle est quelqu'un qui ose »
Il y a quatre mois, l’auteur et biographe Pascal Louvrier m’accordait une interview autour de son Gérard Depardieu à nu, qui venait de paraître aux éditions de l’Archipel. La lecture fut instructive et l’échange agréable. Il y fut question, parmi tous les sujets abordés, des partenaires de Depardieu, dont Fanny Ardant, à laquelle l’auteur consacrait justement son prochain ouvrage - ouvrage qui d’ailleurs, au moment de l’interview, était sur le point d’être imprimé. Quelques semaines après, j’ai pu avoir entre les mains Fanny Ardant, une femme amoureuse (Tohu-Bohu, septembre 2022), objet littéraire pas vraiment identifié (pas réellement une biographie, pas franchement un roman, pas tout à fait des confessions, mais un peu tout ça à la fois).
Ce livre, c’est un peu le regard d’un amoureux sur une femme amoureuse, et à le lire on comprend à quel point ce qualificatif correspond bien à Fanny Ardant. On peut aussi en parler comme d’une actrice qui ose faire des choix casse-gueule, elle l’a prouvé à maintes reprises, et comme d’une femme mystérieuse, complexe et révoltée, autant qu’un Depardieu. Une femme de passions, le jeu de mot est facile, mais il correspond à une réalité : comme son nom l’indique, peu de place pour la tiédeur chez Fanny Ardant. Ce livre, qui se lit comme un roman, mérite d’être découvert. Et sa lecture invite à découvrir ou redécouvrir l’œuvre remarquable de cette comédienne. Merci à elle pour ces moments, et à Pascal Louvrier, pour sa disponibilité, et pour cette nouvelle interview donc, réalisée mi-juillet. Exclu. Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.
EXCLU - PAROLES D’ACTU
Pascal Louvrier : « Fanny Ardant
se brûle parfois mais peu importe,
elle est quelqu’un qui ose. »
Fanny Ardant, une femme amoureuse (Tohu-Bohu, septembre 2022).
Pascal Louvrier bonjour. Quand on referme votre livre, on se dit qu’il n’est pas vraiment une bio. Fanny Ardant y est largement évoquée, mais il y a beaucoup de sentiments personnels qui sont aussi confessés, pas mal d’éléments qui iraient bien dans un roman. Peut-être est-ce tout simplement, une déclaration ?
Une déclaration, je ne sais pas... Confession me paraît plus exact. Et effectivement, je ne fais jamais de biographies classiques, mais sur celui-ci en particulier, si j’ose dire, "ceci n’est pas une biographie". Il y a des éléments romanesques, même s’il faut faire attention aux termes, puisque je n’invente absolument rien concernant Fanny Ardant : tout est rigoureusement exact. Mais il y a bien une dramaturgie personnelle qui se déploie, et qui d’ailleurs a été un peu voulue par Fanny Ardant : quand je lui avais demandé si je pouvais me lancer dans une biographie, elle m’avait dit que ça ne se demandait pas, qu’il fallait "prendre le pouvoir". Je consacre d’ailleurs un court chapitre à ce qu’elle m’a dit, écrit, et j’ai trouvé que ça correspondait bien à son état d’esprit, à son caractère et à ses passions qu’elle nourrit depuis toujours : tout ce qui me séduit chez elle.
Fanny Ardant, c’est la femme libre par excellence ?
Oui, c’est vraiment la femme libre qui ne revendique pas sa liberté mais qui la vit pleinement. Elle ne souhaite être dans aucun embrigadement quel qu’il soit parce que le moindre slogan, la moindre pancarte sous lesquels défiler vous font perdre votre liberté. C’est pour ça qu’elle incarne pour moi la liberté absolue. Par son allure déjà : c’est une femme d’une grande classe, d’une grande élégance, qui s’exprime très bien, avec une phrasé particulier qui je crois fait aussi son charme. Et au fil des années elle est devenue une actrice culte. Je pense notamment à La Femme d’à côté (1981) de François Truffaut qui allait devenir son compagnon peu après.
Il y a également chez elle une liberté d’expression que l’on ne trouve plus aujourd’hui, hélas, parce qu’on est dans des formatages, dans des slogans, du prêt-à-penser intellectuel et idéologique. Elle n’est pas du tout là-dedans, et son parcours et ses propos le prouvent, toujours avec beaucoup de distinction et de classe. J’aime ça par-dessus tout : je ne suis pas favorable à ce qu’on quitte une salle de spectacle en faisant un bras d’honneur aux gens qui sont dans la salle ou sur scène, j’ai même horreur de ça.
Vous avez un peu répondu à cela, mais pour vous, le sujet Fanny Ardant, ça a été un vrai coup de cœur personnel ?
Oui bien sûr. Comme souvent d’ailleurs avec les livres que j’écris sur certaines personnalités : il ne peut en être autrement, parce que je choisis mes personnages si j’ose dire. Ou c’est peut-être eux qui me choisissent, il y a parfois une alchimie qui nous échappe... Clairement ici c’est un vrai coup de cœur, et je crois que de son côté aussi, quand elle m’écrit : "Vous me donnez des chaleurs, à vouloir écrire sur moi...", quand je lui annonce le projet, ce qui est magnifique (rires).
Qu’est-ce qui, de son enfance à son parcours de femme et d’artiste, l’a forgée telle qu’elle est ?
Je crois qu’il y a une discipline qu’elle a acquise dans la solitude. Elle était une jeune fille, puis une adolescente solitaire, qui se réfugiait dans les livres. Elle a eu une enfance dorée, puisqu’elle a vécu à Monaco du fait du métier de son père. Père qui était un homme très rigoureux, d’une grande droiture : il était écuyer, il faut savoir maîtriser le cheval, sinon il part au galop et vous rompt le cou. Il faut à la fois laisser la liberté, bride sur le cou au cheval mais aussi le monter serré. Elle a retenu cela de son père, cette discipline donc, cette exigence. Cette discrétion, aussi. C’est dans la solitude, dans la lecture, qu’elle s’est forgé une culture et surtout une personnalité. Solitaire, c’est aussi une femme très secrète dont on ne peut percer tous les mystères - d’ailleurs je trouve ça plutôt bien, à la fin du livre reste une part d’ombre...
On ressent bien ce mystère qui persiste à la fin de la lecture d’ailleurs...
Oui, le mystère perdure, parce que je ne peux pas le pénétrer totalement, et d’autre part je n’ai pas envie de soulever le voile totalement. Garder une part de mystère et de rêve en même temps. Mais on sent que, sous des aspects très polissés, c’est une femme qui bout et qui est ravagée par un incendie intérieur très fort.
Justement, à votre avis dans quels rôles cette discrète nous donne-t-elle le plus à voir qui elle est vraiment ?
Le grand rôle à mon avis c’est La Femme d’à côté. Le titre de mon livre, c’est "Fanny Ardant, une femme amoureuse", et on voit dans ce film que c’est l’amour qui détermine sa vie et ses choix, avec tout ce que ça comporte de dangers et de risques, parce qu’il y a une mise à nu dans la passion amoureuse, qui peut d’ailleurs revêtir plusieurs formes. C’est une femme qui se met perpétuellement en danger, par ses choix artistiques. Pour moi elle est bien la femme de ce film, "ni avec toi ni sans toi", et l’amour à mort qui se finit tragiquement. C’est aussi pourquoi elle interprète aussi admirablement Marguerite Duras au théâtre : elle est l’une des grandes voix de l’écriture de Duras.
En tout cas c’est la deuxième fois que vous me vantez les mérites de ce film, entre l’interview sur Depardieu et celle-ci, il faut vraiment que je le voie !
Oui, il y a dans ce film une alchimie difficile à trouver au cinéma : deux très grands acteurs. Parfois, dans pareil cas le cocktail ne prend pas. Là ils sont magnifiques tous les deux, avec la caméra de Truffaut : on a le réalisateur, on a la femme, on a l’homme... on a tout dans ce film. Et l’histoire, qui est assez classique mais qui donne une force inégalable à l’ensemble.
Parlons du réalisateur justement. Leur fille mise à part bien sûr, que lui a apporté Truffaut, et qu’a-t-elle apporté à Truffaut ?
Vaste question... Ils ont été ensemble. Truffaut est mort sans avoir pu connaître Joséphine, sa fille que portait Fanny Ardant. Il y a forcément ici quelque chose de très puissant. Sur le plan privé, le père, la mère, la fille. Et cela, doublé d’un couple cinématographique : ils tourneront ensuite Vivement dimanche, avec Jean-Louis Trintignant qui vient de nous quitter.
Truffaut n’avait pas son pareil pour mettre en valeur les femmes dans ses films. Et je pense qu’il nous manque beaucoup aujourd’hui. Certaines actrices auraient pu trouver un développement original si elles avaient pu tourner avec lui. Je pense notamment à Léa Seydoux, que j’évoque à la fin de mon livre et que j’imagine très bien filmée par Truffaut. Même si Arnaud Desplechin dans Tromperie (2021), adapté du roman de Philip Roth, arrive à faire quelque chose de très fort... Je fais cet aparté, parce qu’il est difficile, après Fanny Ardant, de trouver une jeune actrice qui ait toutes ses qualités, son tempérament, son intelligence et sa force. Il me semble que Léa Seydoux les a. Mais pour revenir à votre question, c’est vraiment entre eux un apport réciproque multiple, qu’on ne peut résumer en quelques lignes. Peut-être faudrait-il d’ailleurs y consacrer tout un livre, pourquoi pas sous la forme d’un roman...
Avec Depardieu, vous évoquez un partenaire de jeu mais aussi un ami, une espèce d’amitié amoureuse entre deux écorchés vifs vomissant les travers de l’époque. Ces deux-là se sont reconnus assez vite ?
Oui, d’autant plus qu’ils se sont rencontrés dans le film Les Chiens (1979), d’Alain Jessua. Fanny Ardant n’était alors absolument pas connue, et on l’avait laissée de côté. Gérard Depardieu avait lui remarqué cette femme, il l’avait un peu prise sous son aile - lui était déjà une vedette reconnue. Il l’a aidée à s’imposer sur un plateau de cinéma, alors que Fanny Ardant se considérait presque comme une pestiférée. Elle lui en a été très reconnaissante. Après il y a donc eu La Femme d’à côté, d’autres films ensuite... On peut effectivement parler d’une sorte d’amitié amoureuse : ils s’estiment et s’adorent, ils sont tous les deux dans une forme de provocation, de provocation saine par rapport à l’étouffoir que représente notre société aujourd’hui. Ils font un bien fou, tous les deux...
À la question que vous laissez en suspens à un moment de votre récit, quelle réponse apporteriez-vous : qui de Fanny Ardant ou de Gérard Depardieu est à votre avis le plus "noir", le plus énervé par le monde qui nous entoure ?
Fanny Ardant répond à cette question, lorsqu’elle se dit beaucoup plus énervée, agitée et sombre que Depardieu. Quand on connaît la personnalité de Depardieu, on sait qu’il a des moments de grand tourment, mais je sais aussi que Fanny Ardant a des moments très sombres et très noirs. Et je crois en effet que dans la noirceur elle l’emporte haut la main. Chez Gérard Depardieu, il y a une très grande fragilité c’est incontestable, mais il y a aussi une très grande force : c’est Pantagruel, il a les pieds dans la glaise et il tient debout. Fanny Ardant a fait plusieurs fois des sorties de route. Et en même temps elle prend des risques, cinématographiquement. Gérard Depardieu en a pris aussi bien sûr, mais aujourd’hui un peu moins, alors que Fanny Ardant en prend toujours.
Dans Pédale douce (1996), elle est extraordinaire, idem dans La Belle Époque (2019). J’ai d’ailleurs interviewé Nicolas Bedos, réalisateur de ce film, il m’en a parlé longuement. Il m’a d’ailleurs confié n’être pas toujours en accord avec ses sorties - je ne le suis pas non plus d’ailleurs - mais c’est sain et salutaire : quand on est dans un dîner, c’est bien de n’être pas tous d’accord à réciter ce que les médias nous imposent de gré ou de force. Fanny m’avait d’ailleurs dit en direct qu’elle aurait envie d’aller dans un dîner où elle rencontrerait un fasciste : ça lui plairait parce qu’elle pourrait s’engueuler avec lui, argumenter, contre-argumenter, ce qui serait intéressant, et peut-être que quelque chose de bien sortirait de cette confrontation-là. Elle avait fait un jour une sortie contre l’américanisme : elle faisait un film sur Staline (Le Divan de Staline, 2017), d’ailleurs avec Depardieu, et un journaliste l’avait attaquée sur Staline, sur l’URSS, sur le goulag... Elle lui avait rétorqué qu’elle n’était pas favorable à Staline mais qu’au moins on pouvait en débattre. Et elle avait fini par lâcher que finalement, il fallait tous être américains et leur dire amen. C’est ce que j’aime chez elle : elle sait amener le débat et la confrontation, comme le faisait d’ailleurs Marguerite Duras.
Et justement, dans ces deux livres, consacrés donc à Depardieu et à Fanny Ardant, vous ne faites pas mystère vous non plus de ce que vous inspire une époque où, notamment dans le milieu du show business, il vaut mieux ne pas sortir des clous de la pensée dominante si on veut faire carrière, et au diable les nuances de la pensée. Ce mouvement-là est-il irréversible ?
Irréversible je ne sais pas. Dans l’existence rien n’est irréversible. Mais effectivement, en ce moment on vit une véritable chape de plomb, une chasse aux sorcières dans une sorte de maccarthysme moderne détestable et que je déteste au plus haut point. Oui, quand il y a des artistes hors normes comme Depardieu, comme Fanny Ardant, ça fait du bien mais on cherche la relève, et malheureusement on la trouve difficilement : il y a beaucoup de fadeur, de calculs un peu misérables. Alors qu’un artiste ce n’est pas ça, ça n’a aucun intérêt. Ce formatage risque de nous détruire totalement, c’est d’ailleurs pour cette raison que nombre de films font des bides. Elle le dit elle-même dans une interview très récente, qu’elle ne tourne pas un film pour "éduquer les citoyens". Tout est dit : le cinéma n’est pas fait pour ça !
Pour elle, pour moi aussi, l’objectif du cinéma, comme de la littérature et de tous les arts d’ailleurs, c’est d’abord de donner des émotions. "Un rendu émotif", comme dirait Louis-Ferdinand Céline. C’est de faire plaisir aux spectateurs aussi, pour qu’ils passent un bon moment. Mais pas pour entretenir une culpabilité permanente, etc... C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a fait ses sorties à propos de Roman Polanski : il a aussi et d’abord fait des films, et quels films. Et qui plus est, elle le connaît et l’apprécie. Elle ne supporte pas les condamnations à mort et suivrait jusqu’à la guillotine quelqu’un qu’elle aime. Moi j’adore ça.
Pour en revenir à Léa Seydoux, elle a déclaré dans une interview récemment que ses cernes, elle entendait bien les garder pour éviter le formatage. J’ai apprécié, en ces temps où les jeunes actrices et les jeunes acteurs se ressemblent tous un peu. On est différents, c’est le principe de l’humain aussi, il faut l’assumer. L’uniformisation de la planète par le système capitaliste est insupportable à mes yeux.
Qu’est-ce qui anime Fanny Ardant ?
Je pense que c’est la passion sous toutes ses formes, à commencer par la passion amoureuse. C’est une femme qui aime au sens le plus fort du terme, c’est pourquoi elle se brûle parfois. Elle va tenter des films, pas toujours très réussis mais peu importe, elle est quelqu’un qui ose.
Si vous étiez un producteur, un réalisateur, un metteur-en-scène, quel rôle aimeriez-vous lui confier ?
C’est difficile, parce qu’elle a joué de très nombreux rôles, y compris un transsexuel. Dans un court-métrage, elle joue une morte. Récemment, elle a interprété une femme amoureuse d’un homme beaucoup plus jeune. Je la verrais bien dans un personnage historique, une femme de pouvoir, Golda Meir par exemple. Merci de m’avoir fait réfléchir à cela ! (rires)
Qu’est-ce que vous auriez envie de lui dire, de lui demander si vous osiez à cette Fanny personnage de roman, dans les yeux ?
Quand tu étais adolescente en 1968, pourquoi t’es-tu retrouvée dans un couvent en Espagne ? Je lui poserais cette question-là. (Il imite Fanny Ardant : "Pascal, vous me gênez beaucoup...")
Vous vous confiez pas mal dans cet ouvrage, l’air de rien. C’est un besoin que vous ressentez de plus en plus ?
Il y avait une connivence qui m’a peut-être incité à la confession. Peut-être que j’ai eu la faiblesse de me laisser aller un peu à quelques confidences. Peut-être aussi un peu l’envie de briser, encore davantage, les codes de la biographie - je les ai déjà pas mal malmenés. Voilà. Chacun lira avec sa propre grille, et retiendra des éléments qui le toucheront.
Avec dans ce livre, plusieurs degrés de lecture et de sensibilité...
Oui, vous avez tout à fait raison.
D’ailleurs vous avez écrit sur BB, sur Depardieu, sur Fanny Ardant donc... Pourquoi pas Deneuve ? Delon ?
Alain Delon j’ai tourné autour, si j’ose dire. Ça n’a jamais pu se faire, mais ça a failli se faire : j’avais en tête un "Delon intime". J’avais même une anecdote personnelle : mon père possédait des chevaux, des trotteurs, et il avait le même entraîneur qu’Alain Delon. Moi j’étais très jeune, j’assistais au championnat du monde des trotteurs - le Prix d’Amérique. Et je vois Alain Delon qui parle avec son entraîneur : "Je veux acheter cette jument américaine, amenez-moi le propriétaire". L’entraîneur s’exécute, son propriétaire lui répond qu’elle n’est pas à vendre. D’ailleurs elle n’était pas du tout favorite. Delon s’emporte : "Je l’achète, quel est son prix ?". Il a fini par aller voir le propriétaire, s’est présenté, lui a tendu le carnet de chèques en lui disant d’y mettre la somme qu’il voulait. Le propriétaire américain s’est tenu à sa position. La course démarre. Je m’en souviendrai toujours parce que ça m’avait marqué : dans cette course, je ne regardais que cette jument. Dans le dernier tournant, elle était dernière. Je me dis, "heureusement qu’il ne l’a pas achetée". Et elle a fait une ligne droite époustouflante, elle est venue sur le poteau, il y a eu photo et elle a gagné le Prix d’Amérique ! Depuis ce jour-là, en-dehors de tous ses films que j’adore, à commencer par Le Samouraï, je me suis dit que ce type était extraordinaire. J’ai eu l’occasion de le rencontrer par l’entremise de Mireille Darc. Je lui ai rappelé cette anecdote, il était surpris, et j’ai pensé qu’on pouvait faire un "Delon intime" avec des anecdotes comme ça, pas de la bio classique. Mais ça n’a jamais pu se faire, et j’ai un peu perdu patience.
Il faut avoir une attirance, sous diverses formes d’ailleurs, pour le sujet, parce qu’une biographie prend deux ans pour les recherches, chercher à rentrer dans la psychologie du sujet... Sans être désagréable, je ne pourrais pas consacrer deux ans de ma vie à Catherine Deneuve, même si je reconnais qu’elle est une très grande actrice. Mais je n’ai pas d’atomes crochus avec elle, il y a des éléments que je ne cerne pas. J’assume mes choix, souvent sur la base de coups de cœur. S’ils donnent de bons livres tant mieux. Chacun est libre d’apprécier ou pas...
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Desireless : "Mon souhait ? Continuer sur le chemin..."
À l'occasion de cette première publication de l'année, mon invitée et moi vous convions... au voyage. Pas n'importe lequel. Un voyage « plus loin que la nuit et le jour », dans « l'espace inouï de l'amour ». Vous l'aurez compris, c'est l'inoubliable interprète du tube planétaire Voyage, voyage, Claudie Fritsch alias Desireless, qui nous accompagnera durant cet entretien. Si je donne assez rapidement l'impression de vouloir me "débarrasser" de l'évocation de ce titre pour lequel tout le monde la connaît, c'est précisément parce que tout le monde la connaît pour cette chanson. Très belle chanson, que j'ai réécoutée plusieurs fois, avec plaisir, avant de préparer les termes de notre interview. L'idée était justement de lui donner une occasion supplémentaire de faire découvrir, de vous faire découvrir ses autres chansons, ses nouveautés. Son univers, extrêmement riche, original, cette artiste, bourré de talent et d'humanité.
J'ai pris le temps de parsemer le texte final de liens très nombreux vers sa page Facebook, ses vidéos, surtout. Regardez, écoutez, découvrez, vous allez aimer, forcément... Voici le voyage que nous vous proposons. Rencontre avec une star des années 80 qui vit résolument avec son temps, qu'il s'agisse de son art, ou de sa vie tout court. Quelqu'un de bien... J'ai résisté durant l'interview à la tentation du tutoiement, auquel elle m'invitait. Aujourd'hui, je le dis avec joie : merci Clo pour ta gentillesse. Tous mes voeux de bonheur à toutes et à tous, belle et heureuse année 2013. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU
ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU
CLAUDIE FRITSCH alias
DESIRELESS
Une belle expérience musicale... et humaine !
« Mon souhait ?
Continuer sur le chemin... »
(Photos fournies par Clo alias Desireless)
Q : 07/01/13
R : 07/01/13
Paroles d'Actu : Bonjour Claudie, comment allez-vous ?
Desireless : Bonjour Nicolas. Tout va bene...
PdA : Comment préférez-vous que l'on vous appelle, d'ailleurs ? Desireless ? Claudie ? Clo... ? (bon, pas sûr que j'ose, pour le dernier ^^)
D. : Si si... ose ! Clo ! :) Et si tu me dis "tu", c'est encore mieux !
PdA : Desireless, pour le grand public, c'est d'abord Voyage, voyage, votre tube emblématique des années 80. Rassurez-vous, une seule question sur cette chanson... ;) Avez-vous à l'esprit quelques anecdotes illustrant cette popularité et que vous souhaiteriez partager avec nous ?
D. : Cette chanson est ma meilleure amie, et aussi une petite clef magique qui ouvre les coeurs... Grâce à elle, je continue à voyager... C'est aussi mon épée laser... Comme je viens de le dire, elle est magique... ;) Si si, je t'assure !
PdA : En 2012, L'Oeuf du Dragon, EP aux sonorités résolument électro, est né de votre collaboration avec Antoine Aureche (Operation of the Sun). De beaux titres - j'aime beaucoup Sertão personnellement - et des remixes très bien réalisés. Parlez-nous de cette aventure ?
D. : J'ai rencontré Antoine il y a plus d'un an. Il m'a contactée par mail pour me demander de participer à une des chansons de son album Operation of the Sun : Uchronia. On a passé une après-midi ensemble à la maison, et on s'est tout de suite bien entendu. C'est quelqu'un comme j'aime... musicien... mystérieux... fou ... et très efficace. Et très vite, on a décidé de continuer l'aventure... J'aime travailler avec des gens plus jeunes que moi, qui n'ont pas encore trop d'habitudes.
PdA : Cet EP est distribué gratuitement sur internet. On sait les maisons de disques particulièrement frileuses en ce moment, et pas franchement enclines à prendre des risques sur du neuf, forcément plus aléatoire... Avec vos modes de diffusion actuels, est-ce que vous trouvez - vous me pardonnerez pour l'utilisation de ce mot bien peu élégant - votre "compte" ?
D. : Ca fait longtemps que j'ai pris mon parti de m'éloigner des maisons de disques et de tout ce milieu du showbiz parisien. J'ai la chance de pouvoir bien gagner ma vie en étant sur scène. Et je coupe de plus en plus les liens avec tous ces intermédiaires qui se fichent, il faut le dire, des artistes et du public. C'est beaucoup de boulot de faire tout toute seule, ou presque... Mais depuis que j'ai décidé de prendre en main ma vie professionnelle, ça roule super bien ! Tout est beaucoup plus simple.
PdA : Est-ce qu'il y a, sur la scène actuelle, - quels que soient le style ou le pays d'ailleurs, votre musique se joue magnifiquement des frontières - des artistes qui vous inspirent et dont vous aimeriez, au détour d'une rencontre artistique, marier l'univers au vôtre ? Si oui, évidemment, la réponse appelle... des noms ! ;)
D. : Il y aurait beaucoup de gens avec qui j'aimerais collaborer. Mais ce que j'aime, ce sont les surprises, et surtout les rencontres... le hasard ou le destin ! ;) Je n'aime pas savoir de quoi demain sera fait...
PdA : Depuis François en 1989, vous avez sorti une grosse demi-douzaine d'albums. Pour quelqu'un qui aurait envie de vous découvrir au-delà du titre-que-je-ne-suis-plus-censé-citer, quel est votre top 5 des chansons pré-Oeuf ? Celles que vous aimeriez lui conseiller d'écouter, parce qu'elles vous tiennent particulièrement à coeur, ou simplement parce qu'elles ont votre préférence...
D. :
- Il y a des jours sur l'album Un brin de paille, avec Michel Gentils.
- Les escaliers du bal sur l'album I love you, avec Charles France. Il va bientôt être réédité, d'ailleurs.
- More love and good vibrations et Nul ne sait sur More love and good vibrations, avec Fabien Scarlakens.
- Le petit bisou sur Le petit bisou, avec Mic-Eco.
- L'expérience humaine sur L'expérience humaine, avec Alec Mansion.
PdA : Votre précédent EP, L'Expérience humaine, produit grâce au soutien de près de 600 internautes, a vu le jour en 2011. Dans la chanson éponyme (que je trouve vraiment belle), vous incarnez un extraterrestre, vous exprimez à travers lui votre amour de l'être humain, amour perceptible via mille autre indices, d'ailleurs, jour après jour, et depuis longtemps. Malgré cela, vous y évoquez certaines choses chez nos congénères que vous « pas comprener »..., un « monde à changer »...
D. : Oulala ! Oui, y'a du boulot ! À commencer par nous-mêmes... Nous sommes là pour évoluer... J'y travaille, comme beaucoup... Je suis révoltée par beaucoup de choses... Je crois qu'il y a un réel éveil des consciences. "Le dormeur doit se réveiller".
PdA : Une question qui sera en partie liée à la précédente. Votre parcours d'artiste trouve sa source dans les années 80, années apparemment vues avec nostalgie par beaucoup de gens. Je pense au succès des tournées RFM 80 et du film Stars 80, auxquels vous avez participé. Partagez-vous ce sentiment, au vu de ce à quoi ressemble la marche du monde dans les années 2010 ?
D. : Je comprends cet engouement du public pour cette nostalgie 80. Des artistes, des chansons qui leur rappellent leur jeunesse... Mais c'est une réaction face au manque cruel de nouveautés, les médias et les maisons de disques ne faisant pas leur travail de relais culturel et trouvant plus facile de faire des compiles de reprises... enfin... tu vois ce que je veux dire... Beaucoup de sous à gagner en ne faisant rien... tellement facile... quel dommage !
PdA : J'ai lu quelque part qu'après la chute du mur de Berlin en 1989, vous vous êtes plus que mêlée à la fête, donnant des concerts à grand succès dans un enthousiasmant climat de libération populaire...
D. : Cette info est fausse... ! (rires) Mais elle me plaît bien ;)
PdA : Depuis quelques années, nous assistons un peu partout - point positif ! - à des mouvements de citoyens qui, révoltés par les asservissements en tous genres et organisés grâce aux nouveaux moyens de communication, décident de se lever, de dire non à l'ordre établi. Sertão (L'Oeuf du Dragon) semble leur être dédiée. Votre art est-il un art "engagé" ?
D. : Je ne sais pas si mon art est engagé... Mais c'est sûr que je préfère regarder des vidéos Anonymous que TF1... (rires)
PdA : Un autre thème s'invite souvent dans vos textes, dont Le sel sur tes mains (L'Oeuf du Dragon). Celui de la spiritualité. C'est quelque chose qui compte, dans votre vie ?
D. : La recherche de soi-même... l'expérience de la vie, tout simplement... Oups... C'est compliqué... ou c'est très simple ! ... (rires) On est sur le chemin... "Le bonheur, c'est le chemin".
PdA : Revenons au support de notre échange, et de notre contact de départ, j'ai nommé internet, et plus particulièrement Facebook. Vous y êtes très présente, et êtes suivie par une communauté d'admirateurs-contributeurs très active. Comment ressentez-vous ce lien très fort qui existe entre vous ?
D. : Une très belle expérience humaine qui commence avec des mots comme "Accepter", "Partager", "J'aime"... et qui continue par de réelles rencontres, tellement variées... Sur Facebook, j'apprends beaucoup de choses... sur les autres et sur moi-même...
PdA : Installée depuis quelques années à Buis-les-Baronnies, dans la Drôme, vous avez été célébrée à la fin de l'année par vos amis du village, à l'occasion de votre anniversaire. Avec Buis, vous l'avez trouvé, votre petit coin de paradis ? Diriez-vous que vous êtes heureuse, aujourd'hui ?
D. : Oui... Aujourd'hui, je suis heureuse. À Buis... sur les routes... sur scène. Enfin... à l'intérieur et à l'extérieur... Demain ? À suivre...
PdA : Votre page de couverture Facebook propose de commander, à un prix très intéressant, votre pack promo NUL NE SAIT Spécial RemiXes + XP2. Que contient-il ?
D. : Il y a un album de remixes de la chanson Nul ne sait, que nous avons décidé de faire à l'occasion des 10 ans de cette chanson, Fabien Scarlakens, Édouard Germinet et moi-même... Une chanson qui a été enregistrée par hasard, lors d'une séance en studio. Et le deuxième volet de L'expérience humaine, XP2, un EP de 5 titres.
PdA : Une tribune pour donner à nos lecteurs l'envie de découvrir votre oeuvre d'aujourd'hui, pas celle qu'ils connaissent déjà, celle qui gagne définitivement à être connue... ;-)
D. : C'est une question ? Je ne sais pas ce que tu entends par tribune... J'aime chanter, alors... je chante ! :)
PdA : Quels sont vos projets ?
D. : Tout plein.
- Le clip de la nouvelle version de John, avec Antoine.
- La sortie de la réédition de I love you, avec des bonus.
- La sortie du CD physique L'Oeuf du dragon.
- De la musique...
- De la musique...
- De la musique...
- Et chanter... écrire... composer...
PdA : En ce début de mois de janvier 2013, nous sommes en plein dans la traditionnelle période de voeux. Je vous présente à nouveau les miens, avec plaisir, voeux de bonheur pour vous et les vôtres, de bonne santé surtout, et de succès, nombreux. À part ça, que peut-on vous souhaiter ?
D. : Merci Nicolas... Je te souhaite aussi plein de belles aventures... Love 2013, et bisou à tous. Ce qu'on peut me souhaiter ? De continuer sur le chemin...
PdA : Un message pour nos lecteurs ?
D. : Soyez vous-même ! C'est plus simple.
PdA : Finalement, quelle image, quelle impression aimeriez-vous que le petit Neptunien de L'Expérience humaine (oui, j'ai envie qu'il soit Neptunien, pourquoi toujours les Martiens...) garde de cette Claudie que plein de gens, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, appellent Desireless ?
D. : Une image mystérieuse... (rires)
PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment...
D. : Merci Nicolas. Rendez-vous à tous sur Facebook. À bientôt ! Bisou, Clo...
Merci encore pour tout chère Claudie ! Tous mes voeux ! Chers lecteurs, je vous invite encore une fois à l'écouter et à lui faire part de vos commentaires, ici ou sur son Facebook ! Merci à vous ! Phil Defer
Vous pouvez retrouver Desireless...
- Sur Facebook
- Toute son actu ;
- Ses lieux et dates de concerts, mis en ligne au fur et à mesure ;
- Ses nouveaux CD, en commande sur sa page (messages privés) ;
- Des surprises !
- Sur son site
- Sur Youtube (sa chaîne de vidéos)
- Sur Amazon
- L'Oeuf du Dragon : la page pour le télécharger et la page Facebook
- Si vous souhaitez contacter Clo pour un concert, merci d'utiliser le mail suivant...
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Présentation remaniée : 04/11/13.