Julien Benhamou : « Avec le nu, mon travail est plus abouti, le résultat plus radical »
Il y a neuf mois, le photographe de grand talent Julien Benhamou acceptait de se confier sur son métier, sa passion, dans les colonnes de Paroles d'Actu. Voici aujourd’hui, partant d’une conversation récente, un nouvel exercice auquel il a bien voulu se livrer : une réflexion autour du « nu » auquel il s’est converti après quelques réticences comme « metteur en scène » sur papier glacé. Il partage pour nous cette expérience, avec quelques uns de ses clichés, qui sont tous sublimes... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche.
Autoportrait, juin 2015. Signé Noémie Graciani.
En tant que portraitiste, je me suis refusé au nu pendant très longtemps, ayant peur de tomber simplement dans de l’érotisme ou l’esthétisation des corps. Je ne me sentais aucune légitimité à demander à mes modèles de se déshabiller.
Mais c’est tout naturellement, au cours de mes recherches personnelles sur la danse, que le nu s’est imposé ; les images l’exigeaient.
Ma première expérience fut avec Aurélien Dougé pour notre projet Blessed Unrest. Le corps étant le sujet principal, le visage toujours occulté. La pose était en slip noir, et je travaillais ma lumière pour « sculpter » le corps et les muscles...
Blessed Unrest #1 (Aurélien Dougé)
« Les recherches réalisées avec Inkörper Company pour la série Blessed Unrest m’ont incité
à m’interesser au corps sans vêtement. »
Ensuite, au cours d’une séance photo avec Valentin Regnault, un ami et model qui participe à la plupart de mes projets. Je le photographiais de dos en pantalon noir et le travail des muscles du dos me faisais penser aux dessins de nus de Léonard de Vinci. Je lui ai proposé de faire un nu intégral, de dos par pudeur, et il a accepté. C’était notre première expérience de nus à tous les deux ! Notre complicité a fait que cela s’est merveilleusement passé.
Valentin Regnault
Depuis je suis très décomplexé par rapport au nu et je sais que mes modèles sont prêts à poser nus si la photo l’impose. Je pense qu’il y a une confiance mutuelle qui fait que l’on ose.
Aujourd’hui, je considère que mon travail personnel s’en trouve plus abouti, le résultat est plus radical.
L’ambiance lorsqu’on fait du nu n’est pas du tout tendue mais, au contraire, très amusante de par la situation. Tout cela est pris au deuxième degré et il n’y a, du coup, pas de place pour la gène.
Mon dernier projet a été une séance photo avec Inkörper Company ; nous avions une vingtaine de personnes qui posaient nues, pour la plupart des amateurs et donc des « premières fois ». Ils ont répondu à un casting que l’on a posté sur Facebook et étaient tous d’accord pour poser ainsi. Au bout de cinq minutes, tout le monde oubliait qu’il était nu.
Le nu apporte plus d’authenticité aux photos. Que ce soit avec des hommes ou des femmes, il s’agit, réellement, de se mettre « à nu » et de faire confiance. De plus, le corps, la beauté et la sensualité sont des notions très importantes pour moi...
Julien Benhamou, le 8 mars 2016
Peut-on occulter totalement les aspects d’attirance, de fantasmes quand on prend des corps nus en photo ou quand on pose nu ? Comment, si tu me passes l’expression, « garder la tête froide »... ?
Lors d’une séance photo de nu, l’attirance peut exister pendant les premières secondes... mais elle est très vite oubliée au profit de la création artistique.
Serais-tu prêt à poser nu toi-même ?
Mais... qui prendrait la photo alors ? ;-)
Tes projets pour la suite ?
Du 24 mars au 2 mai, une expo présentée par la No Mad Galerie autour de Blessed Unrest.
Je m’occupe également, à l’Opéra, de la production Roméo et Juliette, jusqu’à la fin avril.
Pierre-Antoine Brunet
Mathilde Froustey et Pierre-Antoine Brunet
Utku Bal et Elena
« Recherches sur le graphisme... »
Mickael Lafon
Antonin Rioche
Valentin Regnaut et Rafaëlle Cohen
Juliette Gernez
Germain Louvet
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Vous pouvez retrouver Julien Benhamou...
- Sur Facebook, Twitter, sur son site officiel...
et, bientôt, dans un beau recueil sur papier glacé ? (ce qui s’appelle : « insister » ^^)
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(Auto)portraits d'artistes : Julien Benhamou
L’un des challenges qui, dans le cadre de mes activités pour ce blog, m’ont toujours attiré, c’est cette volonté permanente de parfaire ma culture (qui est hautement perfectible), de m’auto-pousser à découvrir des horizons vers lesquels je ne serais pas naturellement allé. Il y a peu, tentant comme souvent de faire découvrir Paroles d’Actu via cet outil fort pratique qu’est Facebook, j’ai croisé le profil de Julien Benhamou, photographe. J’ai été subjugué par la beauté de ses photos. Par son art, il réussit à parer les mondes de la danse et de l’opéra - déjà tellement porteurs en soi de « beau », de rêve (et même de fantasme pour qui, comme moi, ne les connaît pour ainsi dire pas du tout) - et leurs acteurs, qu’il côtoie assidûment, d’un supplément de grâce. Je l’ai invité à nous raconter son parcours ; à sélectionner quelques photos parmi ses préférées et à les commenter en quelques mots ; à nous offrir enfin un autoportrait. Voici donc Julien Benhamou, un authentique artiste dont j’ai l’intime conviction que le travail constituerait un matériel de premier choix dans la perspective d’un recueil, que je verrais bien sous la forme d’un beau livre commenté (si j’étais éditeur, je le lui aurais déjà proposé !) Cet article se veut aussi un hommage à des artistes que le grand public ne connaît pas forcément mais qui, davantage que bien d’autres, mériteraient d’être élevés au rang de vedettes dans un monde qui tournerait rond. Allez, j’ai assez parlé. Place à l’artiste et à ses œuvres. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche.
Ma passion pour la photographie m’est apparue vers l’âge de treize ans, lorsque j’ai eu mon premier appareil. J’ai tout de suite aimé l’échange que cet outil me permettait d’établir avec les gens que je photographiais. Je me suis donc lancé très tôt dans des études de photo, puis je suis devenu assistant dans la mode et la pub.
J’ai découvert le monde du spectacle et de la danse suite à un projet avec des danseurs de l’Opéra de Paris, qui fut exposé au ministère de la Culture. Je me suis alors lancé en tant que photographe indépendant. Je réponds aujourd’hui à des commandes pour des institutions, des agences, des magazines, etc...
Je développe en parallèle un travail personnel de portraits, qui s’intéresse davantage à la poésie du mouvement qu’à la performance du danseur.
J’entretiens sur le long terme deux collaborations avec des danseurs dont j’aime particulièrement l’univers et la personnalité : la première avec Aurélien Dougé, danseur et chorégraphe de Inkörper Company, pour la série Blessed Unrest, qui se fabrique à partir de nos expérimentations en studio ou en extérieur ; la seconde avec François Alu, premier danseur à l’Opéra de Paris, avec lequel nous créons une série d’images qui défient la gravité.
Julien Benhamou, le 28 mai 2015
Cou-de-pied, novembre 2013. Grégory Dominiak.
Détail de pointe masculine, inspiré d’une des créations de Marie-Agnès Gillot, qui a eu l’audace de mettre les hommes sur pointes dans son ballet Sous apparence.
Duet # 1, mars 2015. Germain Louvet et Jérémy Loup Quer.
Séance studio organisée pour une exposition au mois d’avril sur le nu.
Le Baiser, mai 2015. Juliette Gernez et Pierre-Antoine Brunet.
Recherche de nu graphique.
Nu de dos, octobre 2014. Valentin Regnault.
Pour cette image, je me suis inspiré des croquis de nus classiques. La lumière dessine les muscles du dos du danseur.
Blessed Unrest # 1, février 2012. Aurélien Dougé, Inkörper Company.
C’est avec cette image que j’ai amorcé une collaboration avec Inkörper Company.
Marie-Agnès Gillot, janvier 2012.
Portrait de Marie-Agnès Gillot à l’Opéra Garnier pour Libération.
Eve Grinsztajn, mai 2012.
Eve Grinsztajn est une artiste que j’admire beaucoup. Cette photo a été réalisée lors d’une séance qu’elle m’a commandée.
Chute Léonore Baulac, janvier 2015. Léonore Baulac, hab. par Franck Sorbier.
L’idée de la chute est un thème récurrent dans mon travail.
Clément Becq, mars 2014. Clément Becq, nageur.
J’accorde toujours une attention particulière à la lumière dans mes images. Un portrait classique, sans mise en scène, ne repose quasiment que sur la force du regard.
Le Mur, janvier 2015. François Alu.
Dans cette image on retrouve la notion de gravité. François Alu y a ajouté de l’humour.
Portrait Fumée, janvier 2015. Germain Louvet.
J’aime souvent utiliser dans mes images des effets au rendu aléatoire, comme la fumée, le talc, des vêtements fluides, etc.
Nu #1 Mathilde Froustey, janvier 2015. Mathilde Froustey.
Nu inspiré de l’idole dorée de La Bayadère.
L’Envol, juin 2014. Léonore Baulac et François Alu.
Cette photo, réalisée sur la plage de Carteret, est sans trucage.
Scorpion, octobre 2014. François Alu.
Photo réalisée dans les sous-sols de l’Opéra Garnier.
Autoportrait, juin 2015. Signé Noémie Graciani.
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