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Paroles d'Actu
25 novembre 2024

Anny Duperey : « Les gens ont actuellement un besoin désespéré de rire »

Lorsque j’ai raconté autour de moi que j’avais réalisé en début d’année une interview avec Anny Duperey, je n’ai eu que des retours positifs, du genre : "Elle je l’aime bien, en plus elle est sympathique". L’échange s’est prolongé depuis, par mail. Elle a notamment accepté, avec enthousiasme, ma proposition de mettre en ligne sur YouTube ce film "perdu" auquel elle tient tant et qu’elle créa avec Bernard Giraudeau, La Face de l’Ogre (au jour de cet article, plus de 38.000 visionnages). Ces derniers temps, elle prend avec la joyeuse troupe du Duplex plaisir à faire rire le public. Mais un autre spectacle, plus confidentiel, plus personnel, lui tient à cœur.

 

C’est précisément pour l’inviter à parler de cette création, Viens Poupoule !, bel hommage au caf’conc’ de la Belle Époque (une représentation à venir, le 10 décembre), et aussi de son prochain livre, que je lui ai proposé ce nouvel entretien, qui s’est fait à la mi-novembre. J’ai aussi demandé dans la foulée à son jeune complice Arzhel Rouxel d’écrire quelques mots pour évoquer leur travail ensemble. Merci à eux... allez les applaudir, ça leur fera du bien, et à vous aussi! Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

 

partie 1 : le témoignage (surprise)

« Anny et moi avons été mis en contact grâce à une amie commune, Anne-Lise Gastaldi, qui fut ma professeure de piano durant mes études au Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris. Être pianiste sur le spectacle Viens Poupoule !, c’est comme devenir éleveur de poules pondeuses : je m’efforce de connaître les spécificités d’Anny et Charlène, puis de créer les conditions musicales idéales pour qu’elles puissent pondre leurs plus beaux œufs. »

 

« Au-delà des exquises répétitions avec mes deux oiseaux préférés, je dois avouer que les potages, tourtes et haricots du jardin, cuisinés par Anny, m’ont particulièrement ému. On retrouve dans ses préparations culinaires la même générosité qui l’habite lorsqu’elle monte sur scène. »

Arzhel Rouxel, le 25 novembre 2024

 

Anny Duperey dans Viens Poupoule !. Photo : capture d’écran (B.A.).

 

partie 2 : l’interview

Anny Duperey : « Les gens ont

 

un besoin désespéré de rire »

 

 
Anny Duperey bonjour, je suis ravi de faire cette nouvelle interview avec vous. Comment vivez-vous le beau succès du Duplex, dans un contexte je crois difficile pour le théâtre ?

 

Nous avons eu une chance extraordinaire avec ce spectacle ! Partis pour 30 représentations exceptionnelles, nous avons décidé de reprendre la pièce jusqu’au 5 janvier car, suivant ma propre formule : "Il faut être poli avec la chance !". Rendre, quand elle vous donne un tel succès.  C’est une comédie de mœurs. Les gens ont actuellement un besoin désespéré de rire... Nous ferons une grande tournée du Duplex de septembre à mi-janvier 2026.

 

L’actualité qui vous tient à cœur en ce moment, c’est aussi votre spectacle Viens Poupoule !, dans lequel vous vous êtes beaucoup investie, et qui connaîtra une représentation exceptionnelle le 10 décembre. Viens poupoule ! c’est votre bébé, vous avez je crois une tendresse particulière pour cette création...

 

Avec mon/ma complice et partenaire Charlène Duval, artiste de music hall, nous ADORONS ce spectacle. Nous l’avons concocté ensemble d’abord pour clore les très sérieuses "Journées Marcel Proust" de Cabourg, pour lesquelles j’avais plusieurs fois fait des lectures. Nous avions découvert un magnifique texte de Proust sur le café-concert : Éloge de la mauvaise musique ! Ce fut le point de départ de cette aventure musicale très gaie. Puis nous avons écrit des textes, des enchaînements, émaillés de 17 chansons de cette époque (souvent légèrement grivoises), qui donnent un aperçu - assez culturel mine de rien, sous la légèreté ! - de ce que fut le phénomène du café-concert, les personnages, le comique troupier, etc... Nous l’avons joué de loin en loin, quelques jours au théâtre de Passy, à la maison de la culture d’Orleans, en ouverture du festival de Houlgate en septembre... etc.  Nous sommes ravis de l’offrir de nouveau ce 10 décembre au théâtre de la Michodière ! On va beaucoup s’amuser ! Un de mes amis appelle joliment ce spectacle « Un bijou hors du temps ».

 

>>> Viens Poupoule ! (pour réserver) <<<

 

Qu’auriez-vous envie de dire à nos lecteurs pour les inciter à venir vous applaudir le 10 décembre, et pour que d’autres dates lui succèdent ?

 

Venez nombreux ! C’est un remède à la mélancolie !!! Et vous en apprendrez sur cette époque si touchante, et le répertoire est si drôle... C’est une page de NOTRE HISTOIRE (sic), étonnamment joyeuse et folle, alors qu’elle se situe exactement entre les deux affreuses guerres de 1870, puis celle de 14/18. Le personnage du «  comique troupier  », par exemple, sorte de clown habillé en militaire de l’époque (Charlène me fait pleurer de rire en l’interprétant, coiffée de la traditionnelle casquette de "tourlourou" !), devait servir à exorciser l’horreur de ces millions de morts. J’avoue que nous nous amusons nous-mêmes énormément ! Et nous avons, comme traditionnellement au café-concert, nos propres costumes. Plumes, paillettes et résilles aux jambes, on ose ! J’ajoute que nous avons un magnifique jeune pianiste, notre "bébé" Arzhel Rouxel, déjà professeur dans un conservatoire...

 

Cette "Belle Époque", dont les chansons et l’imagerie sont mises à l’honneur dans Viens Poupoule !, c’est un temps où vous vous seriez vu vivre malgré tout ? Ou bien, tout considéré, vous êtes quand même bien dans vos baskets à notre époque ?

 

On se plaint toujours de l’époque dans laquelle on vit. L’avenir ne nous apparaît pas rose, il est vrai... Mais ladite "Belle époque" était de fait épouvantable ! Ces millions de morts par les guerres, une condition féminine terrible, la misère paysanne et citadine, dans des villes encore souvent insalubres... Les gens qui fréquentaient les cafés-concerts, au répertoire si léger, devaient avoir eux aussi un « besoin désespéré de rire »… !

 

>>> La Face de l’Ogre (YouTube, complet) <<<

 

Depuis notre échange du mois de janvier j’ai vous le savez pu mettre en ligne votre très beau film, La Face de l’Ogre, qu’avait réalisé Bernard Giraudeau. Ça avait été difficile de scénariser et de jouer un tel film sur le deuil, au vu de votre histoire, ou bien cela a-t-il au contraire été comme une thérapie qui allait annoncer, quatre années après, Le Voile noir ?

 

Un psy, rencontré un jour dans une émission, pour mon roman plutôt sombre qui avait précédé Le Voile noir, (Le Nez de Mazarin) constatant que je n’avais perçu à l’écriture (ni d’ailleurs à la re-lecture) aucun des symboles révélateurs de mon déni du deuil, m’avait dit : "Vous avez un inconscient admirablement organisé - continuez comme ça, il travaille." Je n’ai pas, non plus, compris pourquoi j’étais si à l’aise en écrivant le scénario de La Face de l’Ogre. J’étais en quelque sorte "chez moi" dans ce sujet. Aucune véritable prise de conscience lucide. Mais l’écriture du Voile noir a suivi... Mon inconscient avait encore bien travaillé !

 

Bernard Giraudeau avait-il d’ailleurs joué un rôle pour vous encourager notamment à écrire Le Voile noir ?

 

Non, pas du tout. Ce livre a été écrit seule, parallèlement à notre vie de couple et notre vie professionnelle, puisque nous jouions beaucoup au théâtre ensemble. Il ne s’en mêlait pas du tout - un peu effrayé, me semblait-il, par ce travail psychologique que j’étais en train d’accomplir...

 

Je me promenais il y a quelques jours dans une librairie spécialisée dans la BD, et ai constaté à quel point il y a maintenant beaucoup de témoignages qu’on retranscrit, de fort belle manière, en roman graphique. Comment réagiriez-vous si quelqu’un vous proposait d’adapter Le Voile noir en BD... ?

 

Je ne l’imagine pas une seconde ! J’ai même refusé, je m’en souviens, une proposition d’en faire une adaptation théâtrale, une lecture... Il est vrai que ce livre est un peu "sacré", pour moi. Je pense que chacun doit recevoir les mots, en silence, en intimité. Et se faire soi-même, intimement, les images qu’il peut susciter d’après le récit... Mais je me trompe peut-être !

 

Vous m’aviez confié il y a quelques jours avoir achevé votre nouveau livre, un roman je crois. Vous m’en parlez un peu ?

 

Ce sera mon quatorzième livre ! Je me demande quelquefois si, au lieu d’être une « comédienne qui écrit », je ne serais pas plutôt « une écrivaine qui joue » ! Je suis venue à la comédie par l’écriture… Ce prochain « bébé de papier » ne sera pas un roman. Ce sont des souvenirs, des manières de nouvelles, évocations liées à une petite phrase marquante qui m’est restée obstinément en mémoire. Les sujets en sont donc extrêmement variés. Anecdotes du métier, souvenirs personnels… J’ai donné comme titre à ce livre la première phrase qui m’est restée obstinément en mémoire : celle que me disait invariablement ma grand-mère, quand on m’emmenait respirer le « bon air marin », sur le port de Dieppe, qui puait le gasoil et le poisson pourri : « Respire, c’est de l’iode ! » Mais il y a aussi :
- Merci, je n’ai besoin de rien.
- Suce-la, bon Dieu, suce !
- Faire humblement son métier de star.
- Oh, vous n’avez pas de boucles d’oreilles !
- Il ne peut pas être beau, il est bête… Etc, etc !

 

>>> Le Tour des arènes <<<

 

Dans votre roman dont je viens d’entamer la lecture, Le Tour des arènes, il y a la notion d’évasion qui permet de voir la vie autrement. L’envie d’évasion, d’Ailleurs, vous la ressentez parfois ?

 

Aucune envie d’évasion, je suis une voyageuse nulle ! Je ne cherche que des «  chez moi  », donc quand j’en trouve un… j’y retourne. Le Tour des arènes est un roman sur le thème de l’inconscient, l’instinct et le hasard - c’est à dire le thème de ma vie ! J’ai adoré écrire ce roman, que je qualifiai, pour ce qui arrive à mon personnage Solange, comme «  une psychanalyse sauvage  ».

  
Vos projets théâtre, ciné, télé à venir ?

 

J’adorerais interpréter un jour le personnage de « la clocharde » dans un Tour des arènes adapté pour la télévision. Mais… c’est une sorte de conte. Et me semble que les décideurs sont très très très axés sur le policier, le suspens, les rebondissements… ou éventuellement sur le social. Les rebondissements de cette histoire sont psychologiques - faudrait lancer la mode !

 

Puissiez-vous être entendue ! Vos envies surtout pour la suite ? Que peut-on vous souhaiter Anny Duperey ?

 

Une belle reprise de Viens Poupoule !, pour notre moral et notre joie à tous ! De nombreux lecteurs pour mon Respire, c’est de l’iode, qui sera en librairie le 4 avril. Ce serait déjà pas mal, non ?

 

  

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15 novembre 2024

Enzo Enzo : « Mon coeur est toujours en mouvement »

Il y a trente ans, Enzo Enzo enchantait le public ET la critique avec son titre emblématique, Juste quelqu’un de bien. Depuis, on l’a moins vue, moins entendue dans les médias, mais elle n’a jamais cessé de faire le métier qu’elle aime. Son dernier album en date, Pantoum (actuellement disponible), est une déambulation poétique et sensible autour de textes piochés avec gourmandise dans le patrimoine. Un joli moment à prolonger en live le 19 novembre : elle se produira ce soir-là au Théâtre de la Tour Eiffel. Merci à elle pour ses réponses : allez l’écouter ! Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

Enzo Enzo chantera, parlera... au Théâtre de la Tour Eiffel le 19 novembre prochain.

Crédit photo : Marian Andreani.

 

EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU (15/11/24)

Enzo Enzo : « Mon cœur

 

est toujours en mouvement »

 

Enzo Enzo bonjour. Le grand public vous connaît principalement pour la chanson Juste quelqu’un de bien (1994), qui vous a valu un beau succès populaire et critique. Ce titre reste votre carte d’identité, votre porte-bonheur ? On vous en parle encore souvent, 30 ans après ?

 

On me parle de cette chanson bien sûr, et c’est très bon de constater comme cet attachement à la chanson est fort. J’aime toujours autant la chanter, et entendre le public la chanter avec moi est doux et fort.

 

>>> Juste quelqu’un de bien <<<

 

Vous avez poursuivi depuis votre petit bout de chemin : entre 1994 et le nouvel album, Pantoum, il y a eu tout de même dix albums originaux qui vous ont permis d’explorer pas mal de choses différentes. Le plaisir, c’est cela qui vous a toujours guidée dans vos choix artistiques ? En quoi diriez-vous que l’artiste que vous êtes a appris, évolué par rapport à celle d’il y a trente ans ?

 

Il y a eu tellement de rencontres avec des auteurs, musiciens, publics, que j’ai pu m’améliorer et prendre de plus en plus de plaisir à me produire en scène. À plonger dans l’interprétation. Je connais bien mieux ma voix aussi.

 

Pantoum, c’est un recueil musical et chanté de poèmes plus ou moins contemporains que vous avez soigneusement sélectionnés. Quel est votre rapport à la poésie au quotidien, dans votre quête d’inspiration en tant qu’artiste, et quelle place tient-elle dans votre équilibre personnel, j’ai presque envie de dire, "intime" ?

 

Il y a les poèmes qu’on peut lire, avoir certains recueils favoris en chevet sur le temps d’une vie, ceux qu’on rencontre. Il y a la poésie du quotidien, de la vie, des instants. Certains ont une facilité à la voir, d’autres doivent s’y efforcer. Je suis de celles qui la trouvent sans avoir à faire d’effort, et c’est un cadeau.

 

Les thèmes abordés dans cet album sont souriants, tendres ou mélancoliques, il y a de la révolte et de l’optimisme. Ce patchwork de sensations, ça ressemble à la femme que vous êtes aujourd’hui ?

 

Ces thèmes parlent de l’humain. Dans toutes ses émotions. De toutes les époques. Le besoin d’aimer, la capacité à ressentir la joie et la colère sont de toute éternité. Je me sens à peine plus mature que lorsque j’étais une très jeune fille... Mon cœur est en mouvement.

 

>>> Cousus ensemble <<<

 

Parmi les textes du disque, il en est deux qui font allusion à la Russie, un conte de Victor Hugo et une chanson d'Allain Leprest. C’était important pour vous d’évoquer, par les temps qui courent, cette terre par son imagerie, par sa musicalité ? Diriez-vous que vos racines slaves ont fait de vous quelqu'un de particulier ?

 

Mes racines slaves n’ont pas à voir avec ces deux textes. Ce sont tout simplement l’histoire de cet ogre amoureux et de cet aventurier de l’espace qui sont au centre.

 

Quel est votre rapport à l’écriture, à la composition ? À quels moments ressentez-vous l’envie, le besoin, de vous confier plutôt, soit à une feuille de papier, soit à un instrument de musique ?

 

J’ai toujours envie d’intégrer puis partager ce qui me frappe quand c’est beau ou quand c’est fort.

 

Mardi 19 novembre vous serez au Théâtre de la Tour Eiffel pour un spectacle unique autour de ces poèmes, "chantés et dits". Comment abordez-vous ce rendez-vous ? Il y aura des surprises ?

 

Pas de surprise cachée pour cette occasion, d’invité particulier. C’est déjà un pari de présenter un tel répertoire, alors…

 

>>> Vous ne saurez jamais <<<

 

Si, parmi tous vos albums, vous deviez nous citer, pour nous les faire découvrir, celles de vos chansons qui vous tiennent le plus à cœur, quelles seraient-elles ?

 

J’aime certaines chansons un peu plus que d’autres c’est vrai. Je pourrais vous citer Vous ne saurez jamais (dans Pantoum), Cousus ensemble dans Têtue, Des jours avec... dans Eau Calme, Les naufragés volontaires

 

Vos projets et surtout, vos envies pour la suite, Enzo Enzo ?

 

Aimer. Être aimée. Chanter. Trouver des champignons. Faire rire. Aider...

 

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