Jean-Rémi Baudot : "Faire preuve de pédagogie sur l'éco"
En juillet dernier, je proposai à Jean-Rémi Baudot de lui poser quelques questions pour Paroles d'Actu. L'occasion d'évoquer avec lui la place de l'éco dans les médias, son parcours de journaliste, ses émissions sur BFM TV. Sans oublier Londres, ville qu'il aime, peu avant l'ouverture des Jeux olympiques... L'entretien aura finalement lieu aux premières heures du printemps 2013, un retard à mettre sur le compte d'un zèle excessif de votre serviteur. Cinq semaines après Thomas Misrachi, "un grand pro et un type très sympa", voici donc Jean-Rémi Baudot, que je suis heureux de recevoir sur ce blog. Si vous ne le connaissez pas encore, allumez votre télé sur BFM, un soir dans la semaine. Il vous présentera un tour d'horizon exhaustif, approfondi mais se voulant accessible de l'actu du jour. Vous risquez fort d'être convaincus, pour ne pas dire séduits, par le rendez-vous... Jean-Rémi Baudot a trente ans. Il compte probablement parmi les journalistes-anchormen qu'il conviendra de suivre dans les années à venir. À moins que cet ex-musicien pro ne nous surprenne. To be followed... Merci Jean-Rémi, merci de votre patience à mon égard, merci d'avoir joué le jeu et de n'avoir jamais perdu votre enthousiasme pour cet échange. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU
ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU
JEAN-RÉMI BAUDOT
Journaliste sur BFM TV
Créateur et directeur de la rédaction de FrenchinLondon.com
"Faire preuve de pédagogie sur l'éco"
(Photo fournie par Jean-Rémi Baudot, éditée par Paroles d'Actu)
Q : 28/03/13
R : 02/04/13
Paroles d'Actu : Bonjour Jean-Rémi Baudot. Après vos études universitaires, vous vous êtes orienté vers le journalisme, économique en particulier. Commençons là notre entretien. Vous avez constaté dans une interview à TéléSphère que les journalistes n'étaient, en général, "pas très motivés" par l'économie. Comment l'expliquez-vous ? C'est un phénomène que l'on retrouve ailleurs, outre-Manche par exemple ?
Jean-Rémi Baudot : Il y a plusieurs réponses à cette question. L'une d'elles pourrait être le manque de culture économique de nombreux journalistes. Il y aussi que, dans de nombreuses rédactions, on considère souvent que les sujets économiques sont des sujets techniques, qui n'intéressent pas les lecteurs/téléspectateurs. Je pense que c'est souvent faux. L'économie est tout autour de nous, d'autant plus dans un contexte de crise. Regardez le succès des chroniques économiques de BFM TV (Nicolas Doze ou Emmanuel Lechypre) : ils sont écoutés et font réagir. L'éco devient intéressante et sexy à partir du moment où on en explique les enjeux, en quoi ça touche notre portefeuille. Il faut faire preuve de pédagogie.
J'aimerais parfois que, globalement, les médias prennent plus la peine de creuser les informations économiques. Un exemple : imaginons que Bercy revoie une prévision de croissance à la baisse de 0,4%. Ça veut dire qu'il va falloir trouver de l'argent en plus pour boucler le budget. Au-delà des réactions politiques, il faut mettre le gouvernement face à ces chiffres pour lui demander et lui redemander comment il va trouver les x milliards qui manquent pour tenir ses promesses. Cet angle là est rarement mis en avant alors que ce sont les finances du pays et la crédibilité des politiques qui sont en jeu.
PdA : Dans cette même interview, vous déclariez, je vous cite, "Le garde-fou que représente le journalisme face à l'action politique devrait aussi exister concernant l'éco et le business". Qu'entendez-vous par là ?
J.-R.B. : J'entends par là que si plus de grands médias s'intéressaient plus au fonctionnement de notre économie, de nos réseaux de consommation, des centres de décisions économiques, on éviterait probablement des dérives. Si un patron peu scrupuleux sait qu'il a peu de risque de voir ses magouilles dévoilées dans les journaux, il y a peu de chances qu'il arrête. Je regrette que le domaine de l'investigation économique soit souvent délaissé. Regardez l'émission Cash Investigation avec Elise Lucet, elle est formidable pour décortiquer les pratiques économiques et leur contradictions. Un très bon modèle.
PdA : Vous présentez les journaux du soir sur BFMTV depuis septembre 2011. Jusqu'en février 2012, vous étiez à la tête du JT éco de la chaîne. Deux expériences très fortes, j'imagine...
J.-R.B. : Au JT de l'éco, j'ai vraiment apprécié la possibilité d'expliquer l'économie, de vulgariser ce qui pouvait paraître compliqué, d'être le plus pédagogue possible. L'exercice était passionnant pour moi qui aime l'éco. Dans les journaux, l'exercice est un peu différent, parce que les sujets sont beaucoup plus nombreux et plus larges, mais je prends beaucoup de plaisir à parler politique, société, actualité internationale. Au fond, JT éco ou journaux, c'est la même envie : celle de transmettre l'information de la manière la plus honnête et la plus accessible possible.
PdA : À quoi ressemble votre journée type de travail, lorsque vous êtes à l'antenne le soir ? Quel "prise" avez-vous sur le contenu de votre journal ?
J.-R.B : Ma journée commence bien avant d'arriver à BFM TV. Le matin, je lis les journaux sur le net, j'écoute la radio, je scrute sur les réseaux sociaux les idées et les réactions qui circulent, avant de regarder le 13h.
A 15h, nous avons une conférence de rédaction où le rédacteur en chef passe en revue les sujets du moment, les évènements attendus jusqu'au soir, les moyens à disposition pour les couvrir, les reporters sur le terrain, etc... C'est là que l'on peut discuter d'un angle, qu'on peut proposer un sujet, une réaction, un invité. Par la suite, on prépare nos journaux en discutant avec la rédaction en chef jusqu'au direct, tout en gardant en tête qu'une info importante peut balayer tout ce qui a déjà été préparé. Il faut être réactif, c'est la clé d'une chaîne d'info, et c'est cette capacité qui fait de BFM TV une chaîne si performante et si regardée. Le téléspectateur sait que chez nous, il aura toujours la dernière info.
PdA : Quelles grandes leçons avez-vous retenues des différentes étapes de votre parcours dans le monde des médias ? (la radio, Bloomberg TV France à Londres, BFMTV...)
J.-R.B. : La leçon principale c'est la rigueur. Rigueur de l'info, des faits. C'est essentiel.
PdA : Qui rêveriez-vous d'interviewer ? Quelle(s) question(s) souhaiteriez-vous poser tout particulièrement à telle ou telle personnalité ?
J.-R.B. : J'aimerais interviewer l'homme de la place Tian'anmen qui s'est opposé symboliquement à l'avancée des chars du régime chinois à Pekin en 1989. J'aimerais savoir qui il est, quel est son parcours et qu'est-ce qui a fait qu'à un moment, il a décidé de se lever et de s'opposer. L'image de cette homme est fascinante.
PdA : J'évoquais lors d'une question précédente votre expérience londonienne. Vous consacrez votre blog à la capitale britannique et êtes l'auteur de Londres, l'essentiel, paru aux éditions Nomades. Un autre ouvrage est en route... Comment expliquez-vous votre amour pour cette ville ? Quel en a été le déclic ?
J.-R.B. : J'aime Londres car cette ville est dynamique. Économiquement, culturelle, socialement, c'est une tornade. J'y étais il y a encore quelques semaines, et j'ai été effaré de découvrir qu'en l'espace de quelques mois, des quartiers entiers avaient changé de visage, avaient été reconstruits ou réhabilités. Ça change si vite. Les musées et les galeries vivent les mêmes changements sans crainte de bousculer les habitudes et les codes. C'est bouillonnant, et c'est passionnant à suivre. Et plus que tout, j'aime le pragmatisme britannique. Un exemple que j'ai testé le mois dernier : ils réinstaurent des portes arrières sur les nouveaux bus à Londres pour pouvoir monter et descendre entre deux arrêts, c'est tout bête mais c'est prodigieux pour fluidifier un trajet. Il y a mille petits exemples comme ça qui rendent la vie souvent plus simple.
PdA : Si vous deviez choisir... Paris ou Londres ? Pourquoi ?
J.-R.B. : Disons que si Paris pouvait avoir, comme Londres, des grands parcs, des musées dynamiques et gratuits et un service de bus performants 24h/24, cette ville serait fabuleuse.
PdA : Quittons Londres, pour parler un peu de vous... Vous avez révélé avoir "fait énormément de musique à un niveau professionnel", plus jeune. Replonger... ça ne vous titille pas un peu ? Quels sont ces artistes qui ne vous quittent jamais ?
J.-R.B. : Pour en avoir fait à un niveau professionnel (au Centre de musique baroque de Versailles), le chant me manque. L'énergie qu'on retrouve dans un groupe ou un ensemble vocal est très puissante. Mais il faut pouvoir s'y investir à fond... Pas facile avec un métier déjà très prenant comme le journalime.
Quant à ma playlist idéale : Keith Jarrett, Bach ou les compositeurs baroques français du 18ème, Woodkid, Metronomy, Rover, Eminem, IAM, Arnaud Fleurent-Didier, Alex Beaupain... Je découvre en ce moment le répertoire du compositeur Gustav Mahler, impressionnant.
PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-Rémi Baudot ?
J.-R.B. : De continuer à prendre du plaisir dans ce que je fais. D'apprendre, et de progresser, encore et toujours.
PdA : La dernière question. En fait, une tribune libre. Vous pouvez approfondir un sujet déjà abordé dans notre entretien, ou bien parler d'autre chose. Vous êtes libre... Et moi, je vous remercie très chaleureusement pour le temps que vous m'avez consacré !
J.-R.B. : Bonne continuation à Paroles d'Actu, et restez fidèle à BFM TV !
Merci de vos souhaits. Que les vôtres se réalisent. Qu'à votre parcours, déjà conséquent, viennent se greffer nombre d'autres expériences enrichissantes ! Phil Defer
Un commentaire, qu'il soit positif ou négatif, est toujours apprécié...
Pour en rédiger un, cliquez ici... Merci !
Merci
Vous pouvez retrouver Jean-Rémi Baudot...
Sur BFMTV : Info 360 avec Nathalie Lévy (de 21h à 23h) et le Journal de la nuit (de 00h00 à 00h30) ;
Sur Twitter : Jrbaudot ;
Sur son blog FrenchinLondon (directeur de la rédaction) ;
Sur Amazon.fr ou Fnac.com pour Londres, l'essentiel. Et un autre, bientôt... @ suivre...