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Paroles d'Actu
23 août 2015

« Une année dans les coulisses de la diplomatie internationale », par Claude-Henry Dinand

Claude-Henry Dinand, jeune étudiant de Sciences Po, vient de passer une année aux États-Unis dans le cadre de son cursus. Il a eu l’opportunité, de Washington à New-York, d’approcher certains cercles de pouvoir majeurs. Et d’avoir, vu de l’ONU, une appréciation de la place véritable de la France dans le concert des nations. Loin de chez lui et de ses proches, loin du pays, il a vécu, en janvier dernier, les attentats de Paris avec un océan d’écart. Je lui ai demandé d’écrire un texte dans lequel il raconterait cette expérience personnelle : ce qui l’a marqué, ce qu’il a appris au cours de ce séjour. En plus de son texte, il m’a transmis, à ma demande, quelques unes des photos qu’il a prises sur place. Je le remercie de cette collaboration. Une exclusivité Paroles d'Actu, par Nicolas Roche.

 

Photo 4 Moi Presidence francaise UN 

« Présidence de la France au Conseil de Sécurité des Nations unies, mars 2015 »

 

« Agissez comme s’il était impossible d’échouer » Après un an passé dans les arcanes de la diplomatie internationale, cette conception du grand Winston Churchill fait désormais partie intégrante de mon credo. La vie d’un homme est faite d’expériences qui le façonnent, le forgent, lui procurent les moyens nécessaires pour découvrir sa voie et la suivre malgré les épreuves. L’année 2014 – 2015 aura partie de celles-ci pour l’étudiant de Sciences Po que je suis. En rejoignant cette filière qui tend à s’instaurer comme norme et voie d’excellence dans l’esprit de beaucoup de jeunes, j’étais, pour ma part, animé à l’origine par un idéal, un objectif qui pourrait paraître désuet pour beaucoup de citoyens d’aujourd’hui : celui de servir mon pays. J’ai eu ainsi la chance d’avoir cet honneur pendant presque un an en effectuant ma mobilité professionnelle aux États-Unis, aux côtés des acteurs de la communauté internationale.

Septembre 2014, la France « de Voltaire et de Saint Louis »1 que j’incarnais allait avoir l’occasion de vivre des moments uniques dans la vie d’un homme. Ayant dépassé la vingtaine depuis peu, j’allais avoir le privilège de travailler dans la plus grande représentation diplomatique de notre république : l’ambassade de France aux États-Unis, située à Washington D.C. À peine étais-je sorti de l’aéroport que la rêve était devenu réalité : les drapeaux américains flottant sur leur hampe, les autoroutes avec leurs flux continus de voitures de marques americaine ou asiatique, les camions avec leurs imposantes remorques, les trottoirs avec leurs agrégats de boîtes aux lettres, pancartes ou autres feux de signalisation. À la manière de Claude Nougaro en 1989, je peux dire que « dès l’aérogare j’ai senti le choc » ; dès cet instant, j’ai compris qu’aux États-Unis tout allait être plus grand.

 

Photo 1 UN Headquarters 

« Le siège des Nations unies, vu depuis la Seconde Avenue »

 

Véritable pôle de refléxion et de décision en matières de politique nationale et de questions internationales, la capitale américaine allait me livrer, au fil des mois, quelques uns de ses nombreux secrets sur les coulisses de notre monde. Cette immersion en plein dans l’univers de House of Cards et de Scandal, par le biais du prisme de l’analyse en politique spatiale - pour le compte du CNES, l’agence spatiale française -, m’a donné l’opportunité de vivre autant d’expériences que les auditions au Congrès américain sur les questions de politique spatiale, les cocktails et réceptions dans les ambassades ou les conférences dans les think tanks. Chacune de mes rencontres avec des acteurs d’influence - de Charles Bolden, administrateur de la NASA à Christine Lagarde, directrice du FMI - m’auront convaincu de l’importance de la France et de son rayonnement sur la scène internationale.

Ce constat, bien loin de s’imposer comme une évidence lorsque l’on se limite à l’approche stato-centrée du territoire national, n’en fut que renforcé lorsque mes pérégrinations m’ont mené de Washington à New York. Nouvelle expérience, mon séjour de quelques mois au cœur de la « Grosse Pomme » m’aura en effet permis de me rendre compte de la place centrale qu’occupe la France au sein de l’Organisation des Nations unies. Travaillant pour la Mission permanente de la France à l’ONU, j’ai ainsi eu l’occasion d’observer son rôle prépondérant autant que sa force d’influence dans les instances diplomatiques que sont l’Assemblée générale et le Conseil de Sécurité. Membre fondateur, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de la plus grande des organisations internationales, la France jouit d’un statut privilégié au sein de la communauté d’États membres - ils sont cent quatre-vingt-treize à ce jour. Les séances passées au Conseil de Sécurité, les rencontres et échanges avec les diplomates au cours des workshops et tables rondes organisées par les think tanks m’ont ainsi démontré que notre pays demeure plus que jamais une puissance à part entière dans le système international.

 

Photo 2 Vue depuis la Mission 

« Vue sur Manhattan, depuis la Mission permanente de la France auprès des Nations unies »

 

À l’heure du bilan et des premières conclusions de cette année, le souhait de m’engager pour la France, pour l’aider à conserver et renforcer cette image et cette notoriété auprès de la communauté internationale, ne s’en trouve que renforcé. À l’heure du bilan, certains souvenirs aussi reviennent, plus intenses que d’autres, plus douloureux également. 7 janvier 2015... Je n’oublierai jamais cette journée. En ouvrant l’œil le matin, une notification RTL sur mon iPhone : attentat à Charlie Hebdo. La France venait de vivre son 11 septembre, ce même 9/11 dont j’avais vécu le treizième anniversaire quelques jours à peine après mon arrivée à Washington D.C. Vivre une telle épreuve alors qu’un océan me séparait de la mère patrie a constitué la période la plus difficile de mon expatriation. L’incompréhension, la colère, l’angoisse pour mes proches restés en France, mes parents ayant repris leur avion pour Paris ce même jour, l’impuissance de l’éloignement... : un mélange de sensations indéfinissables s’entrechoquait en moi. Chanter La Marseillaise aux côtés de mes collègues, le 8 janvier, et marcher au premier rang du cortège aux côtés de l’Ambassadeur et de la directrice du FMI, avec la communauté française des expatriés, pour porter le deuil national, auront alors à cette période été autant source d’apaisement que de renforcement de ce que le député Marc Fraysse qualifie, dans son ouvrage éponyme, de cette « fierté d’être français ».

À l’heure du bilan, c’est avant tout sur une note d’espoir que je souhaite conclure. Au cours de cette année, j’ai eu l’occasion de voir la puissance de la France à l’international, mais aussi la force de l’unité, du rassemblement, de la cohésion nationale face aux attentats de Charlie Hebdo. Certains, peut-être à juste titre, l’auront considérée comme éphémère. Or, pour ma part, j’ai pu constater notre grandeur, celle de la France, notre France, qui a plus que jamais sa carte à jouer dans le jeu des relations internationales. De même, au cours de cette année, j’ai eu l’occasion de réaliser la force et le rôle que l’on représente, nous la jeunesse, pour notre pays, pour construire son avenir en portant les valeurs de la République française. Être le témoin des avancées de nombreux projets ambitieux, comme le Parlement des Étudiants ou l’Avenir Jeune, m’aura fermement convaincu du devoir qu’est celui de tout jeune : s’engager pour son pays.

Aujourd’hui, après une telle année, je fais partie de ceux qui considèrent, comme Théodore Roosevelt, qu’« il n’y a pas de vent contraire pour celui qui sait où il va ». En provincial sorti tout droit de l’Angoulême décrite dans les Illusions perdues de Balzac, rien ne me destinait à une telle immersion au cœur de la diplomatie internationale. Cette réalité fait désormais partie de mon vécu, de mon passé et, je l’espère, de mon avenir. Chacun a ses rêves, chacun a les moyens de les réaliser. L’avenir de notre pays se construit aujourd’hui. Oser. Perséverer. Proposer. Se projeter. C’est ce que j’ai fait pendant un an, sans me décourager, car comme le disait si justement Oscar Wilde : « le seul véritable échec, c’est lorsqu’on abandonne ».

 

Photo 3 Maison Blanche 

« La façade Nord de la Maison Blanche, vue depuis Pennsylvania Avenue »

 

Citation extraite du discours en date du 8 janvier 2015 de l'ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud, en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo.

« Une année dans les coulisses de la diplomatie internationale »,

par Claude-Henry Dinand, le 7 août 2015

 

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