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Paroles d'Actu
theatre
6 octobre 2014

Nicolas Marié : "La politique mérite mieux que des réactions émotionnelles"

   Dans la première saison des Hommes de l'ombre, la série de politique-fiction de France 2, Nicolas Marié incarnait Alain Marjorie, candidat socialiste à la présidence de la République. La seconde, dont la diffusion a débuté mercredi dernier, s'ouvre sur les scènes de liesse populaire d'une soirée de victoire - empruntées, pour l'anecdote, à celle de François Hollande en 2012. Dès la deuxième scène, on entre dans le vif du sujet. Un an après. Alain Marjorie est à l'Élysée. Et il va être confronté, bientôt, à de nombreuses, à de graves difficultés, tant aux plans politique que personnel.

   Nicolas Marié est de ces acteurs dont le visage nous est familier, sans pour autant réussir toujours à lui associer un nom. J'espère que cet article contribuera à pallier cette lacune imméritée, tant l'acteur est talentueux et l'homme attachant. Il a répondu tout de suite à ma sollicitation : je tiens à le remercier pour la gentillesse dont il a fait preuve à mon égard. Il nous livre quelques confidences à propos du tournage des Hommes de l'ombre ; nous parle de son personnage, du regard - affûté - que lui-même porte sur le monde politique. Surtout, il évoque pour nous son métier, avec une passion communicative. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NICOLAS MARIÉ

 

« La politique mérite mieux

que des réactions émotionnelles »

 

Nicolas Marié 1

(Source des illustrations : Les Hommes de l'ombre, France 2.

Sauf : photo n°3, tirée du site Cinéma Passion.)

 

Q. : 04/10/14 ; R. : 06/10/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Nicolas Marié. Ce mercredi étaient diffusés sur France 2 les deux premiers épisodes de la deuxième saison de la série de politique-fiction Les Hommes de l'ombre. On ne se dit à aucun moment, à propos du personnage que vous y campez, le président de la République, Alain Marjorie, qu'il "sonne faux". Comment vous êtes-vous préparé pour cette interprétation ?

 

Nicolas Marié : Je n’ai pas eu de préparation particulière pour incarner ce Président. Il m’est arrivé dans ma vie de côtoyer assez fréquemment des hommes politiques. Ajoutez à cela le déferlement quotidien d’images sur le monde politique. Avec un texte bien écrit et suffisamment évocateur quant à l’autorité qui doit présider à ce type de rôle, il n’y avait plus qu’à se laisser porter par son instinct…

 

PdA : L'action se déroule un an après l'élection de votre personnage. L'état de grâce, s'il a existé, est derrière lui. Les difficultés s'accumulent. Sa majorité de coalition, précaire, vient de survivre à une motion de censure à l'issue incertaine. Surtout, deux affaires menacent de ruiner sa présidence : un scandale politico-financier et un faits-divers tragique ; la seconde ayant pour protagoniste principal son épouse (qu'interprète par Carole Bouquet) et pour dissimulateur en chef l'ex-ministre de l'Intérieur, éclaboussé par la première affaire et "démissionné" depuis.

« On ment pour protéger les siens et on ment ensuite parce qu’on a déjà menti ». Cette réplique qui fait mouche est lâchée par un Alain Marjorie manifestement désabusé. Un homme dont on ne doute pas, parce que ça se sent, qu'il est honnête et qu'il voulait faire de la politique "autrement". Cet état d'esprit s'accorde-t-il au vôtre lorsque vous considérez le monde politique ?

 

N.M. : Je crois qu’il y a un grand espace entre le mensonge et la trahison. On a le droit de mentir. Bien mentir est une qualité. Un bon acteur est un bon menteur. Il se sert de la couverture d’un personnage et d’un texte pour exprimer une vérité. Sa vérité. Alors le mensonge devient un outil de vérité.

 

Pour Marjorie, comme pour tout homme politique, le mensonge est aussi un outil. C’est un bon outil s’il est un outil nécessaire dans un objectif légitime. L’histoire regorge de mensonges d’hommes politiques ou de militaires et de stratèges (l’opération « Fortitude » aura été l’exemple même du mensonge salutaire…) qu’il ne viendrait à l’idée de personne de condamner dès lors qu’ils ont permis de gagner des guerres, de sauver des vies humaines. « Mensonge » ne veut pas forcément dire « malhonnêteté »… Ici, Marjorie prend simplement conscience des vraies difficultés de l’exercice du pouvoir. Comme il y a un grand espace entre « mensonge » et « trahison », il y a un grand espace entre « compromis » et « compromission »…

 

Pour ce qui me concerne, je ne me voyais pas aborder ce Président sans une haute idée de ce que doit être la politique et l’idée que s’en ferait mon Président… Je suis issue d’une famille de résistants de la 2nde Guerre mondiale qui ont été déportés en Allemagne et qui ont été sauvés grâce au courage et à la détermination de ces grands responsables politiques qui nous ont libérés de la bête immonde. Quelquefois grâce à des mensonges meurtriers, qui n’en étaient pas moins nécessaires… Je ne pouvais incarner un de ces responsables sans avoir chevillé au corps leur sens aigu du patriotisme. Cette réplique n’aura donc été que la traduction d’une interrogation légitime. Un instant d’intimité, de doute. Un constat qui ébranle mais ne remet pas en question l’objectif de grandeur.

 

PdA : La politique, c'est un engagement qui, dans une autre vie, aurait pu vous séduire, vous tenter... ?

 

N.M. : Ma réponse à la question précédente implique forcément une réponse affirmative à celle-ci. La désillusion, le désenchantement, le refuge vers les extrêmes, ne sont que réactions émotionnelles. La politique (avec un grand P) mérite mieux que cela.

 

PdA : Revenons à la série. Pour cette nouvelle question, c'est à une sorte de numéro d'équilibriste que j'ai envie de vous inviter. Je le disais, pour l'heure, deux épisodes sur six ont été diffusés. À la fin du deuxième épisode, le président Marjorie est pris d'un malaise dont on avait déjà pu percevoir, ici ou là, des signes avant-coureurs... Parlez-nous de la suite de l'intrigue, sans rien en révéler, évidemment ?

 

N.M. : Le Président, très malade, ne va pas mourir. L’exécutif va être confronté à une courte période de vacance du pouvoir, qui sera prétexte à montrer au public comment nos responsables gèrent ce type de situation extrême.

 

PdA : Que retiendrez-vous de cette expérience ? Quels souvenirs en garderez-vous ?

 

N.M. : Ces six épisodes ont été tournés en crossboarding. Ce qui signifie que, dès le premier jour, nous tournions des scènes du 6 avec des scènes du 3, du 5 et du 1. Le lendemain, des scènes du 2, du 4, du 3, du 1 et du 5… et ce pendant trente jours… C’est un exercice exaltant, mais qui demande beaucoup de travail et une grande rigueur. Il faut dès le premier jour de tournage avoir construit la ligne générale de son personnage et en fonction des péripéties auxquelles il est confronté, avoir ajusté très précisément son évolution au fil des scènes de chaque épisode. Et respecter bien entendu scrupuleusement cette évolution pendant le tournage de chaque scène de ce grand puzzle.

 

Carole Bouquet, Bruno Wolkovitch, Aure Atika, Philippe Magnan, Yves Pignot, Emmanuelle Bach, sont des camarades de jeu délicieux, et nous avons été encadrés par un réalisateur talentueux et imaginatif et une production exigeante et attentive. Quelles qu’aient donc été les difficultés de ce type d’exercice, j’en garde un excellent souvenir.

 

Nicolas Marié 2

 

PdA : Quand on entreprend de regarder ce qu'a été votre parcours d'artiste jusqu'à présent, Nicolas Marié, on est impressionné, forcément. Vous êtes de ces visages, de ces voix que l'on a tous croisé au moins trois ou quatre fois, au détour d'un film, d'une série, sans forcément pouvoir mettre de nom dessus. Le nombre de pièces, de productions télé auxquelles vous avez participé force le respect. Vos voxo et filmographie noirciraient à elles seules pas mal de pages. S'agissant du cinéma, il conviendrait évidemment de citer 9 mois ferme, de votre ami Albert Dupontel, auquel on pourrait accoler 99 francs (J. Kounen), Micmacs à tire-larigot (J.-P. Jeunet), entre autres...

Quelles seraient, justement, sur l'ensemble des œuvres auxquelles vous avez collaboré, celles que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir, et pourquoi ?

 

N.M. : Comme une vie d’homme, la carrière d’un acteur est multiple. Je revendique cette multiplicité, elle m’a nourri au fil des années. Je l’ai encouragée, provoquée. Donc ce n’est pas une oeuvre en particulier que je mettrais en avant, mais la grande diversité des supports (théâtre, cinéma, télévision, radio, synchro..), des réalisateurs, des textes, qui a jalonné mon parcours.

 

PdA : Qu'est-ce qui vous rend fier, quand vous regardez dans le rétro et autour de vous ?

 

N.M. : Une vie d’adulte nourri d’abord par le bonheur d’aimer et d’être aimé.

 

PdA : Voulez-vous nous parler de vos projets ?

 

N.M. : Mon professeur d’art dramatique lorsque j’avais vingt ans disait toujours qu’on n’est pas sûr d’avoir le rôle tant que la dernière représentation n’est pas jouée… Les acteurs sont très superstitieux… Rares sont ceux qui dévoilent leurs projets… Je peux donc juste vous confier que mes projets sont multiples eux aussi… Dans les quatre mois qui viennent, il y a du théâtre, du cinéma, de la synchro et de la télé.

 

PdA : Des envies, des rêves, pour aujourd'hui ou demain ?

 

N.M. : Continuer de respirer à pleins poumons le grand air de la vie, en continuant de jouer avec le support du mensonge pour exprimer ma vérité…

 

PdA : « Au fond de moi, je n'ai pas le souvenir d'avoir voulu faire autre chose que comédien, c'est terrible ! D'une certaine manière, je n'avais pas d'autre choix ! (rires) J'ai toujours eu envie de faire ça. » Voici ce que vous déclariez lors d'une interview à Allociné, l'année dernière.

Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui se poserait aujourd'hui les mêmes questions que vous à l'époque, qui rêverait de devenir tragédien(ne) ou de jouer la comédie et, idéalement, d'en faire sa vie ?

 

N.M. : Un seul conseil : faire. Il n’y a que dans le « faire » qu’on apprend, crée, se grandit, vit. Faire. Faire. Faire. Un projet, aussi banal apparaît-il, sera plus fondateur pour un jeune acteur que tous les discours. S’il ressent donc l’appel de ce métier, qu’il embrasse avec avidité, avec gourmandise, tous les projets qu’il se soumet à lui-même, toutes les sollicitations qui se présentent à lui.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

N.M. : Peter Brook termine un de ses livres (L’Espace vide) par : « Jouer sur une scène demande de gros efforts. Mais quand le travail est vécu comme un jeu, alors ce n’est plus du travail. Jouer est un jeu… ». Pour un acteur, la vie est un immense terrain de jeu. Vive la vie. Vive le jeu.

 

Nicolas Marié 3

 

 

Une réaction, un commentaire ?

 

Vous pouvez retrouver Nicolas Marié...

 

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26 août 2014

Micheline Dax : "Profitez de la vie, sans remords... et sans vergogne !"

   « Micheline est décédée tout à l'heure. C'est très étrange, car j'étais en train de récupérer des images de sa première apparition dans un film en 1948. On m'a appelé pour m'annoncer sa disparition alors que j'étais plongé dans mes "fouilles archéologiques", comme elle disait pour se moquer gentiment de moi. Je n'arrive pas à réaliser... » C'est par ces mots, par ce message qu'il m'a envoyé le 28 avril à 00h53 que l'ami Jean-Paul Delvor m'a appris la triste nouvelle. On la savait diminuée - elle venait de fêter ses 90 ans - mais on espérait qu'elle reprendrait le dessus, une fois de plus... Ce qu'elle laisse derrière elle est inestimable : des œuvres qui ont touché plusieurs générations d'un public qui lui est resté fidèle - en témoigne la déferlante d'hommages qui lui ont été rendus après l'annonce de son décès ; le respect et la reconnaissance que ses pairs du métiers réservent à l'une des leurs, une grande pro ; une belle famille, resserrée, élargie, une famille qu'elle aimait et qui n'a pas fini de l'aimer... Au revoir, Madame... et merci pour tout...

   Le document qui suit nous laissera, forcément, un goût d'inachevé. Au début de l'année, j'avais proposé à Jean-Paul Delvor, qui gère avec amour et dévotion sa page officielle, de réaliser ensemble une seconde interview de Micheline Dax, un an après la première, qui fut publiée le jour de son 89ème anniversaire. Elle n'était plus au mieux, son moral était fluctuant : cette interview-là serait solaire... ou ne serait pas. J'ai demandé à Jean-Paul, qui a eu avec elle d'innombrables conversations, de me faire une liste de ces points de son parcours d'artiste dont elle parlait avec plaisir. Une fois la liste reçue, j'ai rédigé les questions, les ai envoyées à celui qui fut son partenaire dans Arsenic et vieilles dentelles. Il a pu lui en poser quelques unes au téléphone, pas forcément dans l'ordre. Ses dernières réponses, tantôt drôles, tantôt émouvantes, forcément précieuses, elle les a livrées autour du 3 mars, de son 90ème anniversaire. Pour le reste, Jean-Paul a pris le relais. Il a complété une bonne partie des "blancs" par l'évocation de ce que Micheline lui avait raconté, avant. Et invité quelques amis à participer, eux aussi, à cet article, à cet hommage à une dame de cœur. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICHELINE DAX

 

« Profitez de la vie, sans remords...

et sans vergogne ! »

 

Micheline Dax

(Source des photos avec M. Dax : J.-P. Delvor)

 

Q. : 15/02/14 ; R. : jusqu'au 03/03/14 (?)

 

Paroles d'Actu : Bonjour, chère Micheline Dax... Je suis très heureux de vous retrouver, un an après la première, pour cette nouvelle interview réalisée pour Paroles d'Actu. Comment allez-vous ?

 

Micheline Dax :

 

Paroles d'Actu : Je tiens à remercier, à nouveau, et de tout cœur, notre ami Jean-Paul Delvor. Sans lui, aucun de nos entretiens n'aurait pu avoir lieu. Il est, grâce à la belle page qu'il gère avec passion sur Facebook, comme un trait d'union entre vous et vos nombreux admirateurs. Il était votre neveu dans la version d'Arsenic et vieilles dentelles que Thierry Harcourt avait mise en scène il y a quelques années. Comment votre relation, professionnelle, au départ, s'est-elle transformée en une amitié aussi fidèle ?

 

Jean-Paul Delvor : Le texte qui suit est la retranscription d'un extrait de conversation datant d'il y a plusieurs années. Ce soir-là, je l'avais accompagnée au théâtre. Un peu plus tard, au resto, elle s'est mise à parler de Facebook, de ses "fans". Peu après, j'ai pris quelques notes...

 

« Il fait partie de ma cour ! (rires) Je suis une personne assistée, tu comprends ? (rires) J'ai du bol, ce garçon me trimballait partout. J'ai de la chance, tu sais. C'est lui qui m'a fait mon site ! Sur Facebook (!?) J'ai jamais vu, moi... ! Je n'ai pas d'ordinateur, ni d'internet, j'm'en fous... Mais les messages que je reçois ! ... Il m'en lit de temps en temps. C'est irrésistible ! Et des gens jeunes ! "Madame, je vous aime depuis que je suis tout petit", "Vous êtes un monument"... non mais, tu comprends, c'est irrésistible ! ... Parce qu'avant ce... cette... chose... moi, j'savais pas qu'il y avait des jeunes qui me connaissaient encore ! ... Tu vois c'que j'veux dire ? ... »

 

Dax_Delvor

(Photo : J.-P. Delvor, Arsenic et vieilles dentelles, 2006)

 

Paroles d'Actu : J'aimerais, à l'occasion de cette interview, vous inviter à évoquer ensemble quelques dates-clés, quelques moments qui ont jalonné votre incroyable parcours... Quelques uns, évidemment, pas tous, il y en a tellement... Tout à l'heure, il y aura non pas une, mais deux surprises...

 

Micheline Dax : Ah, chic alors ! (Rires)

 

Paroles d'Actu : Nous sommes en 1954. Vous êtes sur les planches du théâtre Édouard VII pour Souviens-toi mon amour, une pièce écrite par André Birabeau et mise en scène par Pierre Dux...

 

Jean-Paul Delvor : Micheline m'avait demandé d'en rechercher le texte, elle souhaitait le relire, car elle avait gardé un excellent souvenir de la pièce - une très bonne pièce, selon elle - et de sa distribution - elle était très amie avec l'une de ses co-actrices. Je ne l'ai jamais trouvé...

 

Paroles d'Actu : En 1957, vous êtes à l'affiche de Ce joli monde, film réalisé par Carlos Rim. Darry Cowl est également de la partie...

 

Jean-Paul Delvor : Elle aimait me parler de Darry Cowl. Elle disait qu'il était complètement fou, délirant, insolite... Une fois, après une journée de tournage de ce film, il l'a raccompagnée chez elle. Il a fait dix fois le tour du rond-point des Champs-Élysées en lui parlant et en lui faisant la cour. Il lui racontait des blagues, des choses absurdes... Elle était écroulée de rire... Il était très adroit, au billard et au lancer de fléchettes. Micheline l'imitait très bien, la cigarette aux lèvres et, remettant ses lunettes, en train de viser une cible avec une fléchette.

 

Paroles d'Actu : Deux ans plus tard, en 1959, vous jouez dans Messieurs les ronds-de-cuir, d'Henri Diamant-Berger. À vos côtés, on trouve Noël-Noël, Michel Serrault, Pierre Brasseur et Jean Poiret. Je crois que vous avez une anecdote à nous raconter à propos de ce film...

 

Jean-Paul Delvor : Il faut savoir que Pierre Brasseur, disons... n'était pas insensible aux charmes féminins (si j'arrêtais de mettre des gants, je dirais : un "chaud lapin"). Clairement, Micheline ne le laissait pas indifférent... Un jour, Jean Poiret lui a fait une blague. Micheline était en train de se changer dans sa loge. Poiret a conduit Brasseur jusqu'à sa porte. Il la lui a ouverte. Brasseur a poussé un "Oh ! Micheline !" de surprise et de concupiscence... Et il l'a poursuivie sur le plateau pendant de longues minutes. Elle riait beaucoup quand elle me racontait ça... même si elle en a voulu à Poiret pour cette "vacherie".

 

M

 

Paroles d'Actu : Un peu de temps s'écoule... On est en 1967. La Vie parisienne, d'Offenbach est interprété par la compagnie Renaud-Barrault. Jean-Louis Barrault est aux commandes...

 

Jean-Paul Delvor : Je n'ai pu lui poser cette question, mais ce que je sais, c'est que Micheline était très fière d'avoir fait ça. Elle adorait les costumes, elle disait que c'était somptueux (elle prononçait "sompetueux", en accentuant le "p")... Elle était très admirative du couple que formaient Simone Valère et Jean Desailly, et de leur jeu...

 

Paroles d'Actu : La même année, vous êtes la voix du personnage éponyme de Titus, le petit lion, une série télévisée d'animation pour laquelle vous avez gardé une grande tendresse...

 

Micheline Dax : Ah oui alors ! J'ai fait ça avec Bodoin, qui faisait le Grand Yaka au pays de Jaimadire... (rires) C'était drôle, naïf et poétique. Je faisais la voix de Titus, et aussi de Bérénice, qui était une petite souris... et y'avait Carel, qui faisait un pingouin et un pélican ! (rires)

 

Paroles d'Actu : Le Francophonissime, jeu télévisé créé par Jacques Antoine et Jacques Solness, apparaît sur les écrans à la fin des années 60...

 

Jean-Paul Delvor : Elle en a déjà parlé dans quelques interviews. Elle aimait beaucoup cette émission, surtout la première version, avec Georges de Caunes. Et elle avait beaucoup d'admiration et d'amitié pour Jean Valton et Michel Deneriaz, dont elle parlait toujours avec tendresse.

 

Paroles d'Actu : Entre 1978 et 1983, vous participez aux Bubblies et jouez des rôles, disons... assez improbables. Y compris, si je ne me trompe pas... un hachis parmentier ?

 

Micheline Dax : C'était un truc anglais d'une connerie ! Je faisais Madame Poubelle (rires) et Gwendoline, une jeune blonde qui changeait d'apparence. Et un jour, je dois dire : "Eh bien mes amis, aujourd'hui, je serai un hachis parmentier" ! (avec la voix de Gwendoline, ndlr) Va faire le bruitage d'un hachis parmentier, toi ! (rires) Alors, j'ai fait prrrrrrr... (bruit d'une chose molle, qui s'écrase, comme une bouse, ndlr)

 

Paroles d'Actu : Au milieu des années 80, vous êtes de l'aventure N'écoutez pas, mesdames !, de Guitry, mise en scène par Pierre Mondy. Une expérience qui vous a laissé, je crois, un très bon souvenir...

 

Micheline Dax : Ah, ça, mon p'tit garçon, Guitry, c'est un tel bonheur à jouer... Qu'est-ce que tu veux, c'est tellement drôle ! et intelligent ! et c'est d'une cruauté... Et ce rôle (Valentine, ndlr), c'était pile le genre de personnage que j'avais envie de jouer à ce moment-là... Et jouer avec Pierre Dux, c'était divin ! Et je me suis beaucoup amusée, ensuite, en tournée, avec Paturel !

 

N'écoutez pas mesdames

 

Paroles d'Actu : En 2004, Stephan Meldegg reprend pour le théâtre Saint-Georges Miss Daisy et son chauffeur, d'Alfred Uhry...

 

Ndlr : Pour évoquer cette pièce, Jean-Paul Delvor a eu l'excellente idée d'inviter M. Jean-Loup Horwitz, qui en partagea l'affiche avec Micheline Dax, à évoquer pour Paroles d'Actu cette aventure commune... (03/05/14)

 

Jean-Loup Horwitz : Miss Daisy et son chauffeur... Que de souvenirs. Que de rires avec Micheline, Jean-Michel Martial, le chauffeur, et moi dans le rôle du fils, Boolie ! Quel bonheur aussi de travailler avec Stephan Meldegg... C'était la première fois que Micheline et Stephan travaillaient ensemble. Il faut dire que c'étaient deux mondes différents. Quand nous avons commencé à répéter, Micheline connaissait toute la pièce par cœur, comme à son habitude. Jean-Michel et moi, pas un mot. Petit à petit le texte entrait, encore incertain. Et quand l'un de nous se trompait, Micheline tapait du pied... Ça énervait tout le monde, et surtout, cela déconcentrait Jean-Michel... Alors, ce qui devait arriver arriva : Jean-Michel s'arrête et demande à Micheline de cesser, soutenu par le metteur en scène. Micheline, renfrognée, se fait violence, et pendant quelques temps, le travail reprend... Au fil des jours, avec le travail sensible et exceptionnel de Meldegg, nous avions et le texte et l'émotion des personnages. Et là, à notre grand étonnement, c'est Micheline qui se trompait ! Il a fallu qu'elle reconstruise son personnage selon les consignes de Stéphan pour devenir l'exceptionnelle Miss Daisy quelle fut. C'était l'affrontement de deux techniques... Micheline jouait en musicienne qu'elle était. Meldegg travaillait sur l'âme des personnages. Miss Daisy, c'est aussi le début d'un changement radical : Stephan Meldegg s'est battu pour que Micheline porte une perruque blanche... Elle a trouvé que ça lui allait bien et a abandonné sa couleur noire.

 

Je parlerai aussi des 80 ans de Micheline. Micheline m'avait fait promettre de ne rien faire... Mais sa fille Véronique, avait convoqué au Théâtre Saint-Georges les vieux complices de sa mère... Et au dernier rappel, ce fut une avalanche de personnalités ! Micheline troublée, avait quand même trouvé le mot - « Revenez dans vingt ans ! » - pour faire rire la salle. Pour ses 81 ans, nous étions en tournée à Metz. Au dernier rideau, l'immense salle, prévenue par les ouvreuses avant le début du spectacle, s'est mise à chanter Joyeux anniversaire ! tandis que du fond de scène roulait un immense gâteau lumineux fabriqué par les machinistes du théâtre ! Quelle émotion !

 

Je finirai par un petit secret... Nous avions un rituel, Micheline et moi. Avant le lever de rideau, Micheline avait toujours les mains gelées par le trac. Et comme j'ai toujours les mains chaudes, Micheline tendait vers moi ses deux mains et nous restions là, tous les deux, écoutant le merveilleux bruit de la salle avant l'ouverture du rideau... En jouant Boolie, je suis devenu le presque fils de Micheline... et quand elle m'envoyait un mot, Micheline signait : "Ta presque mère" ! C'est dire le lien qui nous unissait et la tristesse qui est la mienne aujourd'hui... (05/05/14)

 

Jean_Loup_Horwitz

(Photo : agent)

 

Paroles d'Actu : Dans la deuxième moitié des années 2000, vous interprétez, avec d'autres femmes, les fameux Monologues du vagin. Il y en a une qui a accepté, à ma demande, de me parler de vous... Et, au travers de ce témoignage, de vous transmettre toute son affection... Voici ce que m'a dit Marie-Paule Belle...
 
« Dites-lui que j'ai sur mon bureau la photo de Sara Giraudeau, elle et moi prises devant le miroir de sa loge quand nous jouions Les Monologues du vagin au Théâtre de Paris !
 
Le 3 mars, c'est son anniversaire, et je me souviens que nous l'avions fêté au Bistro des deux théâtres, où elle avait sa table ! Nous avons souvent dîné ensemble : elle me racontait sa vie, des anecdotes sur Piaf, et d'autres... Nous avons partagé beaucoup d'émotions... et de fous rires ! Et de trac, aussi. Par exemple, à l'Olympia, pour le concert de William Sheller : elle sifflait magnifiquement un Aria écrit pour elle par William et je chantais seule au piano une très belle chanson que William m'avait écrite, L'Homme que je n'aime plus... Elle voulait s'en aller avant d'entrer en scène, tellement elle avait peur ! On se tenait la main, on s'encourageait...
 
Je vis maintenant dans le sud , au soleil. Elle me manque et je l'embrasse bien fort, comme ces souvenirs... »

 

Ndlr : Message lu par Jean-Paul Delvor à Micheline Dax le 3 mars 2014, jour de son anniversaire...

 

Micheline Dax : Oh que c'est gentil ! Elle m'a appelée tout à l'heure ! C'est vrai, je suis partie... On m'a rattrapée ! (rires) Elle est tellement gentille avec moi... Dis-lui que je l'embrasse fort fort fort !

 

Belle_Dax_Giraudeau

(Photo : collection personnelle M.-P. Belle)

 

Paroles d'Actu : La seconde surprise, c'est un autre message qu'un grand nom du théâtre, qui a pour vous une grande tendresse, a tenu à vous adresser... C'est Monsieur Jean-Claude Dreyfus.

« Pour la divine Micheline : Nous qui avons partagé durant des années le même quartier, celui des Batignolles, ainsi que le même parking de l'Europe, où nous nous sommes retrouvés soudain en fourrière - celles du beauf de Tonton, face au Paris Rome. Je pense à son patron, retrouvé découpé en morceaux dans une valise au bois de Boulogne et qui, de son vivant, me harcelait pour que j'écoute des musiques militaires sorties du juke-box... Oh... comme j'aurais aimé prendre une boisson à vos côtés, et que vous me siffliez « Les feuilles mortes se ramassent à la pelle... » en sirotant un Fernet-Branca... Bref, je vous adore et vous embrasse tendrement... et amitieusement ! JcD » (02/03/14)

 

Micheline Dax : (Rires) C'est très gentil... Merci beaucoup...

 

Paroles d'Actu : Je crois savoir que vous n'avez rien perdu de votre amour du cinéma... Quels sont vos films préférés ?

 

Micheline Dax : Ah... J'ai une passion pour L'Aventure de Mme Muir, (J. Mankiewicz, 1947, ndlr) avec Rex Harrison et Gene Tierney - elle est d'une beauté... J'en pleure à chaque fois. Je l'ai vu un nombre incalculable de fois, tout comme Le Plaisir d'Ophüls (1952, ndlr), qui est un chef d'oeuvre... Gabin et Darrieux, magnifiques ! La scène où Gabin fait la cour à Darrieux... (rires) c'est un régal, une merveille ! ça repasse de temps en temps sur le câble, je n'en rate jamais une miette !

 

(...) Madame Bovary (V. Minnelli, 1949, ndlr), avec Jennifer Jones, qui était d'une beauté insolente ! Ah, la garce ! (rires) le moment où elle se voit dans le grand miroir... et la scène du bal, avec Jourdan ! (...) Le Père tranquille (R. Clément, 1946, ndlr), avec Noël-Noël ! (...) et tous les Guitry ! tous sans exception...

 

Jean-Paul Delvor : Micheline m'a aussi fait découvrir un film qu'elle adorait et que je lui avais retrouvé en VHS. Elle en connaissait les dialogues absolument par cœur. Elle gloussait de rire et de plaisir quand on évoquait certaines scènes. Elle connaissait aussi le nom de tous les interprètes : Elvire Popesco, Victor Boucher, - qu'elle adorait comme acteur et dont elle me parlait souvent - André Lefaur, Blier dans un tout petit rôle ! Ça s'appelle L'habit vert (R. Richebé, 1937, ndlr), une pépite...

 

Paroles d'Actu : Vous êtes devenue Commandeur des Arts et des Lettres en 2006, Chevalier de la Légion d'Honneur en 2012. Que vous inspirent-elles, ces distinctions ?

 

Jean-Paul Delvor : Un matin, Micheline, très remontée, me laisse un message sur mon répondeur :

« Bonjour mon p'tit coco, c'est Micheline... On vient de me laisser un message pour me dire que j'ai été "nommée" Chevalier de la Légion d'Honneur... mais c'est pas possible, il faut la demander ! et moi, j'ai rien demandé ! on me l'aurait proposé, je l'aurais refusé... oh, tu sais alors ! qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Si tu pouvais faire une enquête, ça m'arrangerait. Tu me tiens au courant, tu seras gentil... C'était aujourd'hui, ou hier soir, je ne sais pas, enfin, je suis nommée aujourd'hui... non mais quelle connerie... ! (rires) Je t'embrasse, mon garçon... »

 

Paroles d'Actu : Quel message souhaiteriez-vous adresser à nos lecteurs, notamment celles et ceux qui comptent parmi vos fidèles et seront heureux d'avoir de vos nouvelles, de lire vos mots ?

 

Micheline Dax : Je suis bienheureuse de savoir que l'on ne m'oublie pas, et je vous embrasse tous très fort...

 

Paroles d'Actu : Que peut-on vous souhaiter, chère Micheline ?

 

Micheline Dax :

 

Paroles d'Actu : Aimeriez-vous ajouter quelque chose avant de conclure cet entretien ?

 

Micheline Dax : Profitez de la vie, sans remords... et sans vergogne !

 

 

Quelques lignes...

 

Claire Nadeau

Claire_Nadeau

(Photo : agent)

 

(...) Bien que j'aie rencontré Micheline très tard, à l'occasion des Monologues du Vagin que nous avons joués ensemble plusieurs mois, elle a tout de suite pris une grande place , et je l'ai tout de suite aimée. Micheline et ses indignations légendaires ! Quand je la retrouvais en arrivant au théâtre, elle m'accueillait souvent par un : "Non mais, tu as vu ça, ce pauvre gosse, ce que les gens peuvent être salauds !" en référence à un quelconque fait divers (et il y en avait beaucoup). Pour la taquiner, je lui répondais : "Ah bon, tu connaissais le gamin ?", ce qui avait le don de la faire redoubler de fureur, contre les "salauds", contre moi qui ne compatissais pas autant qu'elle aurait voulu, et puis, très vite on se racontait des histoires joyeuses, et sa bonne humeur revenait, et elle descendait sur le plateau comme une jeune fille, pleine d'entrain et jubilant de jouer ces Monologues. Et, bien souvent, la soirée se poursuivait au restaurant, avec toujours une petite coupe de champagne : "Ça fait un bien fou, tu ne trouves pas ?".

 

Micheline qui n'aimait pas aller se coucher, qui aimait tant la vie tout en râlant contre les uns, les autres, les cons et les salauds, Micheline que je chérissais tendrement, et qui me manque... Merci à vous de perpétuer son souvenir.

 

Bien amicalement,

 

Claire Nadeau. (12/07/14)

 

 

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Et vous, quels souvenirs garderez-vous de Micheline Dax ?

 

 

Quelques liens...

 

 

13/07/14

4 février 2014

Jean-Claude Dreyfus : "Il y a beaucoup de respect mutuel avec Francis Huster"

Lors de notre premier entretien, qui s'était tenu au mois de février de l'année dernière, nous avions évoqué pas mal de sujets, avec Jean-Claude Dreyfus : son actualité du moment, quelques éléments de sa bio, etc. J'ai voulu remettre cela, il y a quelques jours, à l'occasion du démarrage d'une nouvelle pièce dont il partage la vedette avec Francis Huster : La Trahison d'Einstein, écrite par Éric-Emmanuel Schmitt et réalisée par Steve Suissa. Il m'a immédiatement donné son accord, avec la gentillesse que je connais à ce grand homme de scène et de cœur. Je lui ai fait parvenir mes questions quelques jours avant la première. En dépit du rythme effrené avec lequel les représentations s'enchaînent depuis le 30 janvier au Théâtre Rive Gauche, malgré les plannings tendus liés à la préparation, aux répétitions du spectacle, il a pris un peu de son temps pour me répondre. Je l'en remercie et lui transmets mon amitieuse gratitude. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-CLAUDE DREYFUS

 

« Il y a beaucoup de respect mutuel

avec Francis Huster »

 

Dreyfus 1

(Photos n.b. : Olivier Denis. Affiche : production.)

 

Q. : 14/01/13 ; R. : 04/02/14

  

Paroles d'Actu : Bonjour Jean-Claude Dreyfus. Lors de notre première interview, datée de février 2013, nous nous étions livrés, pour mon plus grand plaisir - partagé, j'espère ! -, à une longue évocation de votre vie et de votre parcours, à l'occasion de la sortie du premier tome de votre autobiographie, Ma bio dégradable : J'acte I. Votre actu du moment, c'était également Dreyfus-Devos, d'Hommages sans interdit(s)votre spectacle que les spectateurs et la critique ont largement salué... Quel bilan tirez-vous de cette belle expérience de scène et de cœur ?

 

Jean-Claude Dreyfus : Ç'a été un bonheur de jouer des textes de Devos... Savoureux. Et le public a suivi !

 

PdA : Vous serez bientôt à l'affiche de La Trahison d'Einstein, aux côtés de Francis Huster et de Dan Herzberg. La pièce a été écrite par Éric-Emmanuel Schmitt, sa mise mise en scène est de Steve Suissa. Quelle a été l'histoire de ce projet dont le public découvrira bientôt la concrétisation ?

 

J.-C.D. : Une belle aventure, là aussi... Après avoir joué deux spectacles seul, revenir au dialogue, à l'écoute de l'autre, en l'occurrence Francis Huster, c'est super !

 

PdA : « Sur les rives d'un lac du New Jersey, deux excentriques se rencontrent et sympathisent. L'un est Albert Einstein, le physicien de génie ; l'autre est un vagabond en rupture avec la société... » L'action se déroule sur une quinzaine d'années avec, en toile de fond : le développement du projet Manhattan, les interrogations torturées du père "malgré lui" de la bombe, les soupçons nés de ces états d'âme, aux premières heures de la Guerre froide...

 

J.-C.D. : Dix-neuf ans, exactement. Il serait venu converser avec ce vagabond, miroir de lui-même...

 

PdA : Qu'est-ce qui, sur le papier puis, par la suite, vous a séduit dans cette aventure ? Chez votre personnage ?

 

J.-C.D. : Avant tout, l'écriture d'Éric-Emmanuel Schmitt. C'est le plus important, d'autant qu'il a pas mal réécrit après la première lecture, en pensant plus à nous, et à nos personnages.

 

PdA : Parlez-nous de la pièce, de sa mise en scène ? De votre équipe ? Que souhaiteriez-vous dire à nos lecteurs pour tenter de leur donner envie de venir la découvrir au Théâtre Rive Gauche, ce à partir du 30 janvier ?

 

J.-C.D. : Je suis tombé au sein d'une équipe déjà soudée et qui, grâce a Steve Suissa, le papa de l'entreprise avec Éric-Emmanuel Schmitt, avait l'habitude de travailler ensemble. L'harmonie est totale, tant sur le plan des décors - signés Stéfanie Jarre - que sur les vidéos et la musique. Sans oublier, bien sûr, mon partenaire, Francis Huster, qui collabore depuis plusieurs années avec Steve... Je me suis facilement fondu dans leurs moules, le rapport avec Francis étant par ailleurs très simple et clair, plein de respect mutuel et d'amour du théâtre...

 

PdA : Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous, à quelques jours de la première représentation de La Trahison d'Einstein ? Comment appréhendez-vous ces instants, le trac, d'une manière générale ?

 

J.-C.D. : Il y a le trac, l'angoisse de perdre un texte encore trop frais. La peur de commencer... et surtout d'aller au bout... et de finir !

 

Einstein

 

PdA : On ne compte plus les pièces, les films et téléfilms auxquels vous avez participé... Est-ce qu'il y a, à ce jour, des rôles ou des types de personnages que vous aimeriez, a priori, comme ça, interpréter ?

 

J.-C.D. : Oui... J'aime aller à la découverte de personnages complexes. Les décortiquer, pour les rendre simples. Et rendre toute leur panoplie, sans en avoir l'air...

 

PdA : La mise en scène, la réalisation, c'est quelque chose qui pourrait vous attirer pour la suite, ou pas du tout ?

 

J.-C.D. : J'ai déjà fait quelques mises en scène. Ça me plaît bien de travailler avec des comédiens pour tirer des émotions rares que, peut-être, je n'arriverais pas à donner moi-même ?

 

PdA : Je compléterai votre actu de ce début d'année en rappelant que vous serez bientôt à l'affiche du court métrage Sauliac, signé Édouard Giraudo, avec Sheila O'Connor. Et que l'on peut d'ores et déjà retrouver chez tous les bons libraires votre belle voix lisant César Birotteau de Balzac. Quels sont, à côté de tout cela, vos projets, vos rêves ?

 

J.-C.D. : Ce serait, après La Trahison d'Einstein, de reprendre mon spectacle sur Devos et mon tour de chant, En toute sobriété, à Paris et en tournée. 

 

PdA : Janvier, c'est le temps d'une jolie tradition, celle des échanges de voeux... Que peut-on vous souhaiter pour 2014, cher Jean-Claude Dreyfus ?

 

J.-C.D. : De continuer sur cette longue route déjà parcourue. De la poursuivre en pleine santé, surtout...

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

J.-C.D. : Non à la morosité. Même si le temps paraît morose, derrière, toujours, un nuage rose en prose se posera...

 

PdA : Pour quelqu'un en particulier ?

 

J.-C.D. : Pour Albert et Francis : c'est une joie de vous retrouver chaque soir !

 

PdA : Quelque chose à ajouter ?

 

J.-C.D. : Amitieusement. À tous.

 

PdA : Merci infiniment !

 

Dreyfus 2

 

Si vous avez vu la pièce, qu'en avez-vous pensé ? (Sinon, allez-y ! Allez au théâtre, d'une manière générale !) Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Jean-Claude Dreyfus...

  

26 juin 2013

Julien Alluguette : "Ce jour où Bernard Giraudeau m'a pris dans ses bras..."

Avec sa "Troupe d'un soir", dont elle a retransmis le show en direct, il y a quelques semaines, France 2 s'était fixée un objectif : tenter d'attirer un public plus large que celui habituellement présent devant les pièces de théâtre télédiffusées. Quelques saynètes et interventions visant à vulgariser les termes inhérents à cette forme d'expression, et des extraits en "live" de spectacles du moment - donc celui de l'excellent Jean-Claude Dreyfus, en hommage à Raymond Devos -. La bonne humeur, la bonne volonté des artistes n'ont pas fait de miracle : l'audience fut faible, bien faible. Plusieurs voix se sont faites entendre, dans les jours qui ont suivi. Celle de Bruno Solo, notamment. Pour lui, le service public est légitime et louable dans sa volonté de rendre "populaire" cet art trop longtemps considéré comme élitiste. Mais les programmes doivent être exigeants, sans forcément chercher à être facilement accessibles, à plaire à tout le monde. Si la qualité est là, le public qui en fera l'effort suivra. Et ses rangs, petit à petit, grossiront. Devant le poste. Dans les salles de spectacle.

 

"Je crois juste que le théâtre est fait pour être vécu en vrai, avec ce qu'il y a d'unique dans chaque représentation..." C'est l'essence même du théâtre. Un moment de partage, intense, unique, quand les deux parties - sur scène mais aussi dans le public - sont "bonnes". C'est le jeune comédien et metteur en scène Julien Alluguette qui m'a fait part de cette pensée, en marge de notre entretien. Il a notamment interprété Alan Strang dans "Equus" -, la pièce de Peter Shaffer mise en scène par Didier Long au Théâtre Marigny. Une version forcément moins médiatisée que l'anglo-saxone, dirigée par Thea Sharrock avec Daniel Radcliffe dans le rôle de Strang, mais une version qui n'en fut pas moins saluée par la critique, par le public. Rencontre, donc, avec Julien Alluguette, un garçon bourré de talents et d'idées, et dont on n'a pas fini d'entendre parler. J'ai souhaité parsemer ce document de liens, nombreux, pour vous permettre de compléter cette découverte, de la rendre plus vivante. Merci à lui. Merci à vous. Allez au théâtre ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JULIEN ALLUGUETTE

Comédien, metteur en scène

 

"Ce jour où Bernard Giraudeau

 

m'a pris dans ses bras..."

 

Julien Alluguette

(La photo m'a été envoyée, à ma demande, par Julien Alluguette)

 

 

Q : 15/06/13

R : 24/06/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Julien Alluguette. Vous êtes jeune et avez vécu de beaux débuts, prometteurs, à votre parcours d'acteur. Une formation au long cours, vous êtes notamment passé par la fameuse École Florent. Qu'est-ce qui vous a donné envie de suivre cette voie, au départ ?

 

Julien Alluguette : Petit, je rêvais d'avoir des pouvoirs magiques... À chaque fois que je pouvais faire un voeu, je faisais celui d'avoir la capacité de me transformer en un autre, ou de voler, et que mes camarades de classe se disent "Waouh, ce mec a l'air trop cool !". Ça répondait certainement à une enfance assez solitaire et une grande timidité. Du coup, j'ai demandé à mes parents de m'inscrire dans un cours de théâtre à l'âge de 9 ans. Pour vaincre ma timidité, exister et développer mes pouvoirs magiques !

 

 

PdA : C'est sans doute votre interprétation d'Alan Strang, le garçon au coeur de l'intrigue d'"Equus" - pièce écrite par Peter Shaffer et mise en scène par Didier Long à Marigny - qui a le plus marqué. Sort-on indemne d'un tel rôle ? Quelles "traces" gardez-vous de cette expérience ?

 

J.A. : Effectivement, c'est sans doute la plus belle et intense expérience théâtrale que j'ai vécue à ce jour. Artistiquement et humainement. Je n'en revenais pas quand on m'a annoncé que c'était moi qui avais été choisi après les auditions, et jusqu'au jour où j'ai vu mon nom sur les affiches devant le Marigny, je n'y croyais pas. C'est un rôle d'une force et d'une complexité folles, dans lequel il faut se jeter tout entier, sans filet. Mais j'avais confiance en mes partenaires, en Didier Long (le metteur en scène), et même s'il fallait que je m'abîme, je n'ai pas hésité une seule seconde. Le plus difficile, c'est ensuite de dire au revoir à ce théâtre, à son équipe, à ce rôle, à ces acteurs avec lesquels on a partagé ce que l'on sait être un évènement marquant de sa vie.

 

 

PdA : Cette composition vous a valu - pour ne citer qu'elle - une nomination au Molière de la Révélation Théâtrale en 2009. Sincèrement, quelle est l'importance que vous prêtez au jugement de vos aînés, de vos pairs du "métier" ?

 

J.A. : J'ai été très touché d'être nommé aux Molières, mais au-delà de mon travail, ça récompensait aussi et surtout les croyances d'un metteur en scène (Didier Long) et d'un directeur de théâtre (Pierre Lescure, qui venait d'arriver à la tête du Marigny) en un jeune comédien que personne ne connaît pour endosser un rôle principal dans une salle de 1000 places. C'est devenu tellement rare aujourd'hui...

 

 

PdA : Cette nomination a-t-elle constitué un tournant dans votre carrière ?

 

J.A. : Il y aura effectivement pour moi un avant et un après "Equus", mais la nomination n'a pas changé grand chose, au contraire, je suis resté sans travail pendant plus de 9 mois après les Molières...

 

 

PdA : Comment vous y prenez-vous, en général, pour vous imprégner d'un personnage ?

 

J.A. : Tout dépend du rôle, et du metteur en scène ou du réalisateur... J'essaie surtout de trouver le juste milieu entre le personnage et moi. Me nourrir du rôle tel qu'il est écrit, son fonctionnement, ses ruptures, et lui donner de ce que je suis. C'est à ce point de rencontre, je crois, que l'on devient le seul à pouvoir l'interpréter de cette manière tout en restant sincère.

 

 

PdA : Y'a-t-il, justement, des personnages ou types de personnages que vous aimez ou rêveriez d'incarner ?

 

J.A. : On me confie souvent des rôles de mecs un peu tarés, à vrai dire ! Mais j'adore aussi les rôles plus fantaisistes... Et surtout quand il y a un défi physique. J'ai toujours eu le désir d'utiliser mon instrument de travail sans le limiter juste au visage. Un peu à l'américaine, où le corps vit tout autant.

 

J'aimerais beaucoup jouer dans un film musical, un "Moulin Rouge" à la française.

 

 

PdA : "Equus", un élément parmi tant d'autres de votre CV artistique. Je pourrais citer "Les Muses orphelines" et "Ma vie avec Mozart", au théâtre, "L'échappée belle", "Mystères de Lisbonne", "I bambini della sua vita" ou encore "Louise Wimmer" pour le cinéma. Quels ont été vos grands moments jusqu'ici, les rencontres, les collaborations qui resteront dans votre palmarès perso et dont vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir le fruit, si bien sûr il en existe une trace ?

 

J.A. : Chacun de ces projets m'a marqué. J'essaie d'ailleurs de toujours aller là où il y a de l'enjeu, de l'originalité et du danger.

 

"Les muses orphelines", ça a été pour moi l'une des premières pièces où j'ai compris quel comédien j'étais et qui m'a donné la confiance pour avancer.

 

"Equus", c'est vraiment le projet qui aura toujours une place importante dans mon coeur et ma tête. Je me souviens surtout de deux moments : un soir où il y a eu une coupure de courant au Marigny, excepté un projecteur qui est mystérieusement resté allumé... Et on a continué à jouer la pièce, dans un carré de lumière de 2 mètres carrés, puis avec des torches électriques. Et à la fin, personne n'avait vu qu'il y avait eu un problème. C'était incroyable à vivre. Il y avait un sentiment de "Show must go on" où il faut y aller, coûte que coûte... L'autre souvenir marquant lié à "Equus", c'est ce jour où Bernard Giraudeau a frappé à ma loge après avoir vu le spectacle, m'a pris dans ses bras en me disant "Je sais pas si j'aurais réussi à le faire...", ça m'a bouleversé.

 

"Louise Wimmer", c'est le premier long métrage d'un réalisateur plein de talent pour lequel j'ai beaucoup de respect (Cyril Mennegun) et avec qui je rêve de retravailler. Il a un regard très humain sur la société, et sur les acteurs. J'étais ravi qu'il me propose ce petit rôle qui a son importance sur la route du personnage que joue Corinne Masiero. J'ai éclaté de joie quand on a reçu le César du Meilleur Premier Film !

 

"Mystères de Lisbonne", je me rendais pas compte de l'énorme machine que c'était... J'ai le souvenir de la projection d'équipe, j'étais assis entre Catherine Deneuve, Isabelle Huppert et Fanny Ardant, impressionnant... Je découvrais ce chef d'oeuvre de 4h30, avec une direction photo incroyable. Un cadeau de Raoul Ruiz, son dernier film...

 

 

PdA : Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui, séduit(e) par l'une de vos performances, serait irrépressiblement tenté de suivre une voie similaire à la vôtre ?

 

J.A. : Chaque parcours est propre à chacun, alors c'est dur de donner un conseil. Je crois que l'une des clés, pour durer, c'est de garder sa flamme toujours allumée, ses utopies, ses rêves. Mais aussi de savoir se protéger, car c'est aussi un métier d'attente, de déception, qui peut être parfois très violent. En gros, garder sa sensibilité pour la scène et les plateaux, et savoir remettre sa carapace en dehors.

 

 

PdA : Nous avons longuement évoqué votre expérience d'acteur. Vous vous essayez également, depuis quelques années, à la mise en scène. Il y a eu "Cendrillon", "Alpenstock", et tout récemment "La piste aux ordures". Passer de l'autre côté, organiser, diriger... Une position que vous avez appris à apprécier, que vous voudrez tenir à nouveau, j'imagine ?

 

J.A. : J'adore ça. Être dans l'ombre, et mettre en lumière d'autres comédien(ne)s en qui je crois, qui me touchent ou me font rire. Tenir les ficelles, faire se rencontrer plusieurs corps de métier, proposer et être à l'écoute du talent de chacun, pour arriver à un projet qui appartienne à tous et qu'on veut faire découvrir. Créer des souvenirs pour les yeux, les oreilles, la tête et le coeur. Maintenant que j'y ai goûté, oui, j'ai beaucoup de mal à m'en passer...

 

 

PdA : Parlez-nous de vos dernières créations. Vous avez carte blanche, pour donner à nos lecteurs l'envie de les découvrir.

 

J.A. : Je viens de reprendre "Cendrillon" (ma première mise en scène) à la Manufacture des Abbesses, une version décalée et drôle du conte de Perrault. On a eu la chance d'avoir d'excellentes critiques, du coup on reprend de fin septembre à début janvier 2014.

 

La dernière création c'est un spectacle de rue, "La piste aux ordures" qu'on joue cet été au festival d'Aurillac. Un face à face entre une caisse en bois et une danseuse, deux anciennes bêtes de foire qui se retrouvent dans la rue, suite à l'incendie de leur cirque, et qui vont nous raconter leur histoire et essayer de s'enfuir avant que le camion poubelle ne vienne les broyer... Un journal a parlé récemment de "conte poétique à donner des frissons...", ça correspond bien je trouve !

 

 

PdA : Quels sont vos projets ? Vos envies pour la suite ?

 

J.A. : Je vais bientôt tourner avec Muriel Robin le téléfilm "Manta corridor", réalisé par Jérôme Foulon, j'y interprèterai Louis Manta. J'ai également un nouveau projet de mise en scène, et je reviendrai certainement en janvier au théâtre pour interpréter Rimbaud. Et je l'espère, en attendant, un peu de cinéma... Ça me manque. (Éd. : 01/07/13)

 

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ? Pour quelqu'un en particulier ?

 

J.A. : J'espère que je n'aurais pas été trop bavard... C'est le défaut des anciens grands timides ! :)

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour la suite, cher Julien Alluguette ?

 

J.A. : Du bonheur, du travail, des rêves, de la vie...

 

 

PdA : Un dernier mot ? Merci infiniment.

 

J.A. : Merci.

 

 

 

Merci encore, Julien. Bonne route... avec tous mes voeux ! Et vous, quel est votre rapport au théâtre ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Julien Alluguette...

 

Sur son site ;

 

Bientôt au cinéma, à la télévision... ;

 

...et bien sûr au théâtre.

 

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3 mars 2013

Micheline Dax : "De tout mon coeur... merci !"

Qui est-ce ? Chacun connaît les règles de ce jeu populaire. Deux joueurs. Un groupe d'individus devant les yeux. Le but : être le premier à découvrir l'identité du personnage choisi par l'adversaire. Comment ? Par élimination. Par des questions, posées à tour de rôle. "Ton personnage porte-t-il des lunettes ?". Si oui, je couche ceux qui n'en ont pas. Le panel s'amenuise. L'enquête s'affine... Et ainsi de suite... Sympa, non ? Jouons ensemble. Une variante...

 

Ils n'en ont pas forcément conscience, mais mon personnage fait partie de leur vie. Enfants d'hier, d'aujourd'hui, enfants de demain et d'après-demain le retrouveront toujours avec un plaisir immuable chez Goscinny et Uderzo, chez Disney... Le nombre de "suspects" potentiels s'en voit, déjà, considérablement réduit. Mon personnage a connu, à leurs débuts, à ses débuts, des artistes nommés de Funès, Lefebvre, Carmet, Maillan, Serrault. Mon personnage a ri aux éclats avec Piaf, joué pour Guitry, et tant d'autres... Mon personnage se paie même le luxe de siffler comme personne l'air du fameux thème du Magicien d'Oz, Over the rainbow. Un tel profil est-il réaliste pour une seule personne ? Au jeu du Qui est-ce ?, tout le monde est couché... ? Non. Incroyable mais vrai, une personne remplit l'ensemble de ces critères. Une femme demeure, Dieu merci, toujours debout. Madame Micheline Dax.

 

Je tiens à remercier, très chaleureusement, Monsieur Jean-Paul Delvor, administrateur de la page Facebook dédiée à cette grande Artiste. Sans lui, cet échange n'aurait jamais pu se faire. J'ai tenu à lui donner la parole, pour qu'il nous raconte son parcours, l'attachement qu'il porte à Micheline Dax. Et je tiens, bien entendu, à remercier Madame Micheline Dax pour ces réponses qu'elle a bien voulu apporter à mes questions. Sa santé ne lui permet, hélas, plus d'exercer son art. Sachez, en tout cas, Madame, que le public ne vous oublie pas, qu'il vous aime et pense à vous. Que votre oeuvre n'a pas fini de nous émerveiller, de nous faire rire, pleurer... Nous sommes le 3 mars, vous avez 89 ans aujourd'hui. Permettez-moi, Madame, de vous souhaiter un très bel anniversaire, de vous embrasser, même à distance. Et que celui que vous ne connaissez pas nous laisse encore longtemps le plaisir de vous avoir parmi nous ! Merci pour tout... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICHELINE DAX

Artiste aux mille et un talents

 

« De tout mon coeur... merci ! »

 

Micheline Dax

(Photos fournies par Jean-Paul Delvor ;

Photo ci-dessus : signée Harcourt, années 50)

 

 

Jean-Paul Delvor : J'ai rencontré Micheline en 2007, grâce au metteur en scène Thierry Harcourt, qui a réalisé un de mes rêves de gosse : jouer avec cette immense comédienne, que j'adorais quand j'étais enfant, notamment au travers de la voix de la divine Miss Piggy.

 

Dans la pièce Arsenic et vieilles dentelles, j'interprétais le rôle de son neveu. Sa gentillesse et son ironie joyeuse ont instantanément séduit toute la distribution (Davy Sardou, Noémie Elbaz, Jean-Loup Horwitz, Michel Chalmeau...). J'ai découvert aussi une femme d'une grande sensibilité. Après la fin de la tournée, je suis resté en contact avec elle. Parfois, je lui rendais quelques services, je l'aidais à répondre à son courrier...

 

J'ai eu la chance aussi de l'accompagner de nombreuses fois au théâtre, et je m'apercevais avec joie que, partout où nous allions, elle était saluée avec chaleur et respect par les acteurs ou les spectateurs. Sa popularité est intacte, ne lui en déplaise. :)

 

Micheline a eu de gros problèmes de santé récemment, elle s'est éloignée de Paris, donc je la vois un peu moins. Mais je pense très souvent à elle, et je l'appelle régulièrement, pour la tenir au courant des messages et des commentaires laissés sur la page Facebook que j'ai créée et qui l'amuse beaucoup. Je sais que ça la touche beaucoup aussi de savoir qu'on ne l'oublie pas.

 

 

Q. : 23/02/13 ; R. : 26/02/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Micheline Dax. Nos lecteurs et moi-même serions très heureux, avant tout, de savoir ce que vous devenez... Comment vous allez, surtout...

 

Micheline Dax : Seigneur ! ...

 

PdA : J'ai 27 ans, bientôt 28 (10 jours après votre propre anniversaire). Micheline Dax, c'est un nom que j'ai associé durant toute ma jeunesse - et je ne suis pas le seul ! - à un rôle, la Cléopâtre du film d'animation Astérix et Cléopâtre (R. Goscinny, A. Uderzo, 1968). Accepteriez-vous d'évoquer pour nous ce film qui vous garantit une popularité éternelle auprès des jeunes générations ? ;-) Question liée, à partir de quel moment avez-vous commencé à prêter votre voix à des personnages, je pense à la Miss Piggy du Muppet Show, à la méchante Ursula dans La Petite Sirène ?

 

M.D. : Pour Piggy, c'est [Roger, ndlr] Carel qui m'a appelée pour doubler cette jeune créature. Et c'est encore lui qui avait soufflé mon nom à Goscinny et Uderzo pour le rôle de Cléopâtre... Mais j'ai aussi une grande tendresse pour Titus le petit lion.

 

PdA : Vos débuts dans le monde du spectacle n'étaient pas écrits d'avance, loin de là. Cet univers, ce n'était pas le vôtre. Quel regard portez-vous sur la détermination, le culot de la jeune femme que vous étiez alors ? 

 

M.D. : J'ai toujours fait ça. J'ai toujours été en action dans ce domaine, et pas ailleurs.

 

PdA : 1946, c'est la naissance des Branquignols, troupe de jeunes comédiens prometteurs... Vous en êtes. Vos camarades s'appelleront Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Robert Dhéry, Jacqueline Maillan, Michel Serrault, entre autres... Pourriez-vous nous livrer quelques anecdotes sur cette aventure hors du commun et qui, si mes infos sont bonnes, dura un quart de siècle ?

 

M.D. : Ce n'était pas en 46, mais en 48 ! Et de Funès est arrivé plus tard, en 52 je crois... Il était terriblement angoissé et perfectionniste...

 

En 1951, Louis de Funès, Jean Carmet, Christian Duvaleix et moi-même avons monté, tous ensemble, une revue : Vache de Mouche. C'était bien avant les Belles Bacchantes, Louis était un inconnu. Quant à moi, je venais juste de quitter les Branquignols, dont de Funès ne faisait pas encore partie. Nous avons joué Vache de Mouche quelques mois au Potofou, un cabaret de la rive gauche. C'était, bien avant la lettre, du café-théâtre, et ça marchait très bien. (05/03/13)

 

Micheline Dax 3

Extrait de Vache de Mouche, au Potofou. Sur la photo (collection personnelle de Micheline Dax), une parodie d'un ballet célèbre de Katherine Dunham. Les "danseurs" sont Louis de Funès, Christian Duvaleix, Jacques Ary, et Jacques Emmanuel au bout de la corde. La musique était de Michel Emer. (06/03/13)

 

À l'époque, de Funès jouait encore du piano dans des bars. Aussi, nous avons décidé d'utiliser son talent et nous avons mis en scène une parodie d'un duo de Ella Fitzgerald et Max Ophuls. Louis jouait du piano et chantait avec moi. Les autres numéros étaient des sketches... (05/03/13)

 

Je l'ai retrouvé quelques années ensuite, dans Courte-Tête, où je jouais une insupportable cocotte ! (rires)

 

PdA : Prétendre essayer de réaliser en quelques questions un tour complet de votre carrière serait risible, tant elle est imposante. Nous avons évoqué tout à l'heure votre parcours dans l'art du doublage. Vous avez tourné à de très multiples reprises pour le cinéma, la télévision... joué sur les planches un nombre incalculable de fois. Vous êtes également connue pour avoir souvent poussé la chansonnette, pour "siffler" comme personne les grandes mélodies populaires. Quels ont été, à vos yeux, les grandes rencontres, les grands moments de votre carrière jusqu'ici, ceux que vous vous remémorez avec la plus grande tendresse ?

 

M.D. : J'ai fait des rencontres tellement formidables. J'ai été amie avec Piaf... J'ai vécu auprès d'elle des instants inoubliables ! Et j'ai ri... si tu savais comme elle était drôle ! Un vrai titi parisien ! Alors, quand on me dit qu'elle était triste, ça me fait suer, elle était la joie de vivre !

 

Micheline Dax 2

Photo de 1951. De gauche à droite :

Michel Emer, Charles Aznavour, Edith Piaf, Micheline Dax et Roland Avellis.

 

Je pourrais aussi citer N'écoutez pas, Mesdames de Guitry. Magnifique ! Je m'y suis follement amusée, à Paris et en tournée...

 

Jean-Paul Delvor - PdA : Quelques mots à propos de l'Aria Dax, composé pour vous par William Sheller...

 

M.D. : Quel cadeau m'a fait William Sheller ! Mais quel trac cela m'a procuré ! En direct à l'Olympia ! J'ai eu tellement peur que je ne tenais plus debout. Alors je me suis enfuie ! Lui, très calme, a dit : « Allez me la chercher » ! Quand je suis revenue, j'ai dit : « Je ne peux pas ! ». Il m'a dit : « Tu peux ! » et il m'a poussée en scène ! Il m'a littéralement jetée ! (rires)

 

PdA : Quels sont, parmi vos films, vos captations théâtrales, vos oeuvres enregistrées, celles que vous me conseilleriez, que vous conseilleriez aux jeunes générations pour mieux vous découvrir ?

 

M.D. : J'ai fait des tas de choses, tellement différentes... je ne pourrais choisir !

 

PdA : Quel est votre rapport au métier aujourd'hui ? Quelles évolutions avez-vous observées dans la galaxie du show-business depuis que vous y avez fait vos premiers pas ?

 

M.D. : Hélas, je ne suis plus vraiment dans le métier, mon petit garçon ! Mais je vois des tas de choses formidables, et des tas de choses minables, comme avant...

 

PdA : Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui rêverait de jouer la comédie, d'en faire sa vie ?

 

M.D. : Je ne donne jamais de conseil ! Je trouve que c'est tellement culotté... je ne vois pas ce que je pourrais donner, comme conseil !

 

PdA : Parlez-nous de ces témoignages d'affection, de sympathie que vous recevez au quotidien ? L'amour du public, n'est-ce pas l'essentiel pour un(e) Artiste ? Quel message aimeriez-vous adresser à tous ces gens qui vous aiment ?

 

M.D. : Je trouve qu'ils ont bien de la constance et de la gentillesse, ça me touche beaucoup, et je les en remercie de tout mon coeur !

 

PdA : Le 3 mars prochain, vous fêterez vos 89 ans. Quand vous regardez dans le rétro, vous êtes heureuse du chemin parcouru ? De quoi êtes-vous particulièrement fière ?

 

M.D. : Je ne suis fière de rien du tout, et surtout pas d'être un vieux machin !

 

PdA : Comment verriez-vous Dieu vous accueillir à ses côtés lorsqu'il vous rappellera, dans une bonne vingtaine d'années ? Que lui diriez-vous ?

 

M.D. : Je ne sais pas de qui on parle, là...

 

PdA : Quel message avez-vous envie de transmettre à nos lecteurs ?

 

M.D. : Je remercie tous les gens qui s'inquiètent de ma santé. Je les remercie de leur gentillesse et de leur indulgence...

 

PdA : Merci infiniment... Si vous me le permettez... je vous embrasse, Madame !

 

M.D. : Et moi de même !

 

Micheline

 

 

Merci encore pour ce très beau cadeau... Et vous, quel message aimeriez-vous adresser à Micheline Dax ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Quelques liens...

  

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Présentation remaniée : 02/03/14.

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25 février 2013

Jean-Claude Dreyfus : "Avec Devos, nous sommes d'une même famille..."

Très vite, Jean-Claude Dreyfus a accepté, sur le principe, de se prêter au jeu des questions-réponses, pour Paroles d'Actu. Gracieusement, le grand acteur a bien voulu me parler de ses débuts, des gens qu'il aime bien, de son parcours. Parmi les figures qui l'ont émaillé jusqu'ici, il y a évidemment Jean-Pierre Jeunet. Dreyfus en parle avec pudeur, sans mentionner, à aucun moment, le drame qui vient de secouer le réalisateur du film Un long dimanche de fiançailles. Sans doute l'aurez-vous lu dans les pages les plus sérieuses de la presse people, sa chère Amélie Poulain vient en effet d'être retrouvée dans une barquette de lasagnes, mystérieusement estampillée « Trouvez-nous ». Chacun se souvient, cruelle coïncidence, de l'inquiétant boucher qu'interprétait Jean-Claude Dreyfus dans le film de Jeunet, Delicatessen. Troublant... D'ailleurs, n'a-t-il pas fait de pub pour...   STOOOP !!! On arrête ! Fin du cirque... De toute façon, J.-C.D. est davantage cochons que chevaux. Pas les « cochons » qui portent des récits à hauuute valeur informative et en assurent la médiatisation, non. Les vrais. Ceux auxquels il voue une vraie, une belle tendresse.

 

Cet entretien, dans l'idéal, nous aurions dû le réaliser, au départ, attablés à la terrasse d'un bistrot parisien. Des contraintes, principalement géographiques, ne l'ayant pas permis, l'échange s'est fait par textes. Ce n'est que partie remise... Je tiens ici à faire part à Monsieur Jean-Claude Dreyfus de mon amitieuse reconnaissance pour le temps qu'il a bien voulu me consacrer. Pour son humour, sa gentillesse à mon égard. Il vient de sortir le premier tome de son autobiographie, Ma bio dégradable : J'acte I. Et sera bientôt sur la scène du Théâtre du Petit Hébertot pour un hommage très vivant à Raymond Devos. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-CLAUDE DREYFUS

Acteur... Auteur... Et bien plus enqueur...

 

« Avec Devos, nous sommes

d'une même famille... »

 

Jean-Claude Dreyfus 1

(Photos fournies par M. Jean-Claude Dreyfus ;

Portrait ci-dessus réalisé par Patrice Murciano.)

 

Q. : 13/02/13 ; R. : 25/02/13

 

Paroles d'Actu : La première question que j'aurais envie de vous poser aujourd'hui, c'est « Quand est-ce que la chaleur va revenir ? Vous avez des infos là-dessus ? L'hiver, c'est dur quand ça dure ! » Mais bon... tout bien réfléchi, je m'en tiendrai à un plus traditionnel « Comment allez-vous ? » (Vous avez sorti un bouquin intitulé Les Questions à la con il y a quelques années, j'espère que vous ne penserez pas ça des miennes... ouch... trop tard ?)

 

Jean-Claude Dreyfus : La chaleur chez moi est permanente. Pour éviter de dire, « Les chaleurs n'ont pas besoin de saisons, mes quatre saisons ne vivent pas chez Aldi »... Wouaf wouaf... c'est bien mauvais, mais effectivement, question à la con entraîne réponse très con. Mais vraisemblablement, ça réchauffe en rude hiver, et ça ne dure jamais, malgré les fameuses couches d'ozone qui répartissent bien les zones, qui dans nos pays d'Europe ponctuent les couleurs de l'année.

 

PdA : Votre bio, enfin, sa première partie, est parue au mois de septembre : Ma bio dégradable : J'acte I, au Cherche Midi. Comment l'idée vous est-elle venue de vous raconter ainsi ?

 

J.-C.D. : Après une série d'entretiens avec un monsieur qui m'entreprit pour raconter ma vie à son propre chef et désirant paraître "entretien avec" sur la couve première, et après avoir compris que lui ne comprenait jamais là où je voulais aller dans l'humour de mon parcours désuet... Après l'avoir gentiment "fait piquer", donc m'en être débarrassé, je repris tout a zéro, me pris au jeu de l'écriture. Vraiment, j'ai décidé de prendre mon pied, et même les deux, du plaisir de conter, de compter sur moi même, ce qui me paraît plus sûr pour m'entendre dire les vérités mensongères que je gère et digère, avec un petit verre de Fernet-Branca...

 

PdA : De quelle manière vous y êtes-vous pris pour mener cet ouvrage à terme ? A-t-il été long à écrire, éprouvant à composer par moments ? Sans doute a-t-il fait rejaillir en vous des souvenirs plus ou moins heureux ?

 

J.-C.D. : N'ayant pas relu l'ordre des questions, je pense avoir joliment répondu à celle-ci... Dans la mesure où les souvenirs « plus ou moins heureux » chez moi rejaillissent souvent travestis, trans-déformés en simple mémoire de moments revus et corrigés, à l'amiable.

 

PdA : Votre fibre écolo, on la retrouve dans le titre. À moins qu'il ne s'agisse d'une réflexion plus personnelle sur la biodégradation, celle qu'a priori nous connaîtrons tous (à échéance raisonnable évidemment !). Histoire d'être un peu sombres deux minutes, c'est une idée à laquelle vous pensez souvent ?

 

J.-C.D. : Vous voulez dire la mort... ? Moi, je ne songe qu'à l'amor qui mène ma vie et mon vit par ma main ou celle des autres... ou plus si raffinement. Et là, j'en viens au titre de mon livre, où je livre avec ambiguïté mon rapport éternel pour les bons produits mais aussi pour l'éphémère modasse et modeste de nos envies...

 

PdA : Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de lire votre livre ? Y retrouve-t-on de savoureux récits, voire... de croustillantes anecdotes ? ;-) Quelques exemples ?

 

J.-C.D. : Je leur dis qu'une bière et un morceau de pain autour d'une tranche de mon animal fétiche va leur coûter le même prix que mon appétissant bouquin, et que, même dégradable, celui-ci les nourrira d'amour et d'humour sans les alourdir...

 

Bio dégradable

(Photo : Dominique Desrue)

 

PdA : Le tome 2, c'est pour bientôt ?

 

J.-C.D. : J'ai déjà commencé J'acte II, bien sûr, et puis un roman, mais le tome 2 ne viendra que si mes spectateurs et lecteurs se privent de sandwichs au jambon pour que le Cherche Midi, autrement dit l'éditeur, ait l'envie de me rééditer...

 

PdA : Je vous propose maintenant d'évoquer ensemble quelques points de votre vie publique. Commençons par le commencement... J'ai découvert qu'avant de faire l'acteur, vous aviez été magicien. De belles images vous viennent à l'esprit en repensant à cette époque, j'imagine...

 

J.-C.D. : Oui, je fus magicien, mais je ne me faisais aucune illusion, la magie n'était pas vraiment mon "truc". Ce que j'adorais, c'était de voir les autres prestidigitateurs, qui me fascinaient. Savoir les moyens de créer l'illusion me paraissait illusoire. L'envers du décor gâchait mon envie... Alors, je suis passé a une autre forme d'allusion, celle du théâtre...

 

PdA : C'est évidemment d'abord pour votre parcours - le terme de carrière est assez laid dans ce cas - d'acteur que le public vous connaît, vous aime. Parlez-nous de vos débuts ? Quel a été le déclic qui a pu vous faire penser, à un moment donné, "Oui, décidément, c'est ça que j'ai envie de faire" ?

 

J.-C.D. : Mon chemin, de jeux, et non de croix, a toujours été sur les planches, essence de ce "métier", car même si l'on ne parle pas de carrière mais de long chemin à parcourir, de continuité, c'est le plaisir et l'envie de jouer qui m'ont sans cesse mené par le bout du nez. Bien sûr, il faut en avoir, "du nez", pour les textes et les aventures de saltimbanque. On est loin de la roulotte, mais la roulette chance m'a porté, souvent, vers de superbes projets...

 

PdA : Sur la base de votre expérience, justement, quels conseils pourriez-vous donner à un(e) jeune qui rêverait de vivre pleinement sa passion pour la comédie, voire d'en vivre ?

 

J.-C.D. : Pour une personne qui, comme moi, passe son temps à repartir de zéro, à éviter toute routine, il est complexe de donner des conseils à qui que ce soit. Le doute est permanent, le trac subsiste. La seule recommandation est de faire, défaire et refaire, et surtout savoir faire, avec un caractère de fer...

 

PdA : Tenter d'aborder l'ensemble de votre "carrière" serait vain, tant elle est conséquente. S'agissant du cinéma, vous avez tourné sous la direction des plus grands noms : Audiard, Lelouch, Mocky, Pinoteau, Rohmer, Annaud... Je vais peut-être m'attarder un peu sur une collaboration, peut-être la plus importante de votre filmo, je pense à Jean-Pierre Jeunet. Delicatessen, La Cité des enfants perdus puis, plus tard, Un long dimanche de fiançailles. Trois films qui ont fait date. Quelle place tient-il, à vos yeux, dans votre parcours, peut-être dans votre vie ?

 

J.-C.D. : J'ai une denture petite, de bébé, écartée devant au milieu. La chance donc m'accompagne dans des histoires belles et de qualité. Ma vie a pris souvent les chemins de traverse, qui mènent à certains succès sans pour autant vraiment en changer le cours...

 

PdA : Quelles ont été les expériences, les rencontres qui vous ont le plus marqué, touché durant les quarante premières années de votre petit bonhomme de chemin (théâtre, cinéma, télévision...) ?

 

J.-C.D. : La liste serait bien longue de décrypter ce qui aurait marqué quarante années de rencontres et expériences, entre l'éducation offerte par mes parents, celle de mes professeurs et aussi des partenaires côtoyés tout au long d'une, sans cesse, densité d'activités. Le mieux, je crois, est de lire mon premier livre, ma bio.

 

PdA : Une partie de la population - certes pas parmi les plus cinéphiles - aura immanquablement une réaction en voyant votre visage apparaître dans les médias, pour telle ou telle raison. "Oh, mais c'est Monsieur Marie !" Je sais que vous avez beaucoup d'humour. Mais ça n'est pas un peu agaçant, parfois, d'être à ce point populaire pour ce rôle-là alors que tant d'autres auraient davantage mérité une telle reconnaissance ?

 

J.-C.D. : Ça m'est complètement égal qu'il y ait des crétins réducteurs et incultes. Je reste, d'une façon ou d'une autre, un culte vivant...

 

PdA : Justement... On va essayer de remettre un peu de justice dans tout ça ! Quels sont, parmi vos films, - courts comme longs métrages - ceux pour lesquels vous avez une tendresse particulière, même s'ils ne sont pas forcément objectivement les meilleurs ? Ceux que vous aimeriez recommander à nos lecteurs ?

 

J.-C.D. : Mis a part les films de Jeunet et (Marc, ndlr) Caro, puis Jean-Jacques Annaud (Deux frères, ndlr), ou Mocky (Bonsoir, Le deal, Le bénévole, ndlr), justice serait faite auprès de vos lecteurs de s'emparer du sublime film de Rohmer, L'Anglaise et le Duc.

 

PdA : Ce que l'on demande entre autre au cinéma, c'est de nous faire oublier nos soucis, l'espace d'un film. De nous faire rêver, un peu... Quel est le cinéma qui vous fait rêver ? Le fait-il toujours aussi bien aujourd'hui qu'hier ?

 

J.-C.D. : Bien sûr, les films d'antan, avec tous ces acteurs hauts en couleurs. Et puis certaines grandes fresques cinémato et très graphiques, tournées dans des espaces et des lieux au sein d'histoires auxquelles je ne serai jamais confronté. Celles-ci me ferons toujours partir dans des rêves dont on ne voudrait jamais sortir...

 

PdA : Questions évidemment liées. Quels sont, hors les vôtres et toutes époques confondues, vos films préférés ?

 

J.-C.D. : Le Golem, Freaks, Sous le plus grand chapiteau du monde...

 

PdA : Vos acteurs de référence ?

 

J.-C.D. : Visconti, Michel Simon et Serrault, Madeleine Renaud, Annie Cordy... Merde, trop dur et compliqué comme question... Je n'aime pas les références, ma devise est de ne pas en avoir.

 

PdA : Vous serez bientôt sur la scène du Théâtre du Petit Hébertot - du 28 février au 27 avril 2013 - pour Devos - Dreyfus, d'Hommages sans interdit(s). Avec le maître Devos, vous vous attaquez à un monument de l'humour. Devos, c'est quelqu'un qui vous inspire ? Who else, comme pourrait dire l'un de vos confrères également star de pub ?

 

J.-C.D. : Pierre Desproges, Zouc, Muriel Robin, Pierre Palmade, Joly (Sylvie, pas Eva, ndlr), Jonathan Lambert, Gerra, Fernand Raynaud, Louis de Funès, Bourvil, Jacqueline Maillan... Et Raymond Devos.

 

PdA : Une question pour inciter nos lecteurs à vous découvrir dans cette pièce... Qu'apportez-vous de votre univers à celui de Raymond Devos ? Pourquoi faut-il absolument voir ce spectacle ?

 

J.-C.D. : Je pense profondément que nous sommes d'une même famille. L'oeil sur la scène. En coulisse, de l'absurde poétique...

 

Dreyfus-Devos

 

PdA : Vous avez été nommé sur les listes de 2010 et 2011 pour le Molière du comédien pour la pièce Le Mardi à Monoprix. Quatre fois en tout, ce qui est exceptionnel... Si vous aviez un choix à faire entre ciné et théâtre, votre coeur pencherait davantage vers les planches, vers le vivant, j'imagine ?

 

J.-C.D. : Oui. OUI, quatre fois, pour ne jamais repartir avec. Ils ont spurement peur que ce trophée soit perdu dans mon immense collection de cochonneries, et puis sans doute s'attendent-ils à ce que je ne puisse plus le porter, à ce que je n'en aie plus ni la force, ni l'envie... ?

 

Quant à mon choix entre César et Molière... Quand je fais du théatre, je meurs d'envie de faire du cinéma et lycée de Versailles... car les vices sont ô combien versatiles…

 

PdA : J'écoutais récemment l'une de vos interviews, dans laquelle vous déploriez un certain manque de prises de risques de la part des producteurs et du public. Ce qui, in fine, tend à brider la création, à auto-alimenter un système dans lequel la qualité n'importe pas tant que la rentabilité. Êtes-vous malgré tout optimiste quant à l'avenir d'une création artistique de qualité ?

 

J.-C.D. : Moi je reste optimiste. Quand je choisis un auteur, par exemple Devos, j'arrive à trouver les moyens de le monter. Mais il faut bien savoir que deux personnes sur un plateau ne coûtent pas trop cher (je suis avec Thomas Février au piano). Mais arriver aujourd'hui à réaliser une création avec de nombreux comédiens devient de plus en plus complexe, voire impossible. Donc optimiste, mais pas rose comme l'on pouvait le croire pour la culture à gauche...

 

PdA : Ma prochaine question, ça ne sera pas celle du portrait chinois, non. D'ailleurs, je sais que vous avez déjà répondu à ce genre de sollicitations. J'aimerais inviter le comédien que vous êtes, qui a joué plus qu'à son tour en costume, à répondre à une question que je pose souvent, parce que je l'aime bien. Imaginons qu'un vieux type un peu fou, un savant fou en quelque sorte, que l'on appellerait, bah... "Doc", disons, invente une machine à voyager dans le temps, en avant ou en arrière. Je sais pas, un truc complètement loufoque. Une DeLorean qui nous permettrait de choisir le lieu et la date (pas mal mon idée, je devrais la proposer à un producteur). Un seul voyage par personne. Aller-retour, ou simple aller, c'est vous qui voyez... Alors, quel est votre choix ? 

 

J.-C.D. : Le voyage, à vrai dire, n'est pas complètement mon trip, même si je viens de faire 24h de vol pour Nouméa avec mon Devos. Et comme, à ce jour, j'ai plus de 24h de vol, le trajet, dear Doc', qui me paraîtrait le plus dépaysant serait de me faire tout petit et de rentrer dans la Batmobile Playmobil et de me rendre dans la Batcave pour repérer les meilleurs vins "pinard", crus... d'un autre monde...

 

PdA : Du Cochon considéré comme l'un des beaux-arts, c'est le titre de votre livre de 2005. Une bien belle passion, ma foi, même si elle étonne certaines personnes ! En avez-vous d'autres, moins connues ?

 

J.-C.D. : Ah oui, j'ai une nécessaire passion, à ce jour, pour les vitrines, avec plus de cinq-mille cochons. De port en porc, je dois enfermer, emprisonner cette énorme batterie porcine pour qu'elle ne me fasse pas partir en eau de boudin... et que je ne devienne pas le "mâle des truies" ou le "mal détruit"...

 

PdA : Un scoop, une info inédite pour Paroles d'Actu ?

 

J.-C.D. : Roseline Bachelor serait-elle un homme ? Ne serait-ce pas une idée folle, démente ou démentie... ? ...

 

PdA : Qu'est-ce qui, dans notre société, dans le monde, vous donne envie de réagir, de vous engager ?

 

J.-C.D. : Trop vaste cette question... il fallait la poser au début. Là, je suis fatigué du monde et de sa société. Je ne m'engage pas... mais je vais réagir…

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

J.-C.D. : Plus de crise, faisons comme si... Ah oui, une crise de nerfs, de temps en temps, gratuite.

 

PdA : Un message pour quelqu'un en particulier ?

 

J.-C.D. : J'aime la personne que j'aime…

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

J.-C.D. : Je projette des rêves pour les suites de chacun de nous tous... (il tousse)

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-Claude Dreyfus ?

 

J.-C.D. : D'être contraint au carcan de sa liberté !

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

J.-C.D. : Amitieusement à tous…

 

Jean-Claude Dreyfus 2  

Très heureux et flatté de cet échange, cher Jean-Claude Dreyfus... Merci encore ! Amitieusement... Phil Defer Et vous, quels rôles, quelles images vous viennent à l'esprit en pensant à ce grand acteur ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Jean-Claude Dreyfus...

 

Présentation remaniée : 15/01/14.

20 novembre 2012

Jean-François Derec : "Je suis né un siècle trop tard"

Avant d'aller plus loin dans la lecture de cet article, je vous invite, sans plus tarder, à cliquer sur le lien qui va suivre... Revenez après, ce serait sympa... Sisi, je vous assure, vous rateriez quelque chose... Voici donc le fameux lien. Ce sketch, vous le connaissez peut-être. Son interprète, sans aucun doute...

Jean-François Derec est depuis de nombreuses années une figure familière des Français. À la télé, à la radio, il a fait partie pendant longtemps de la joyeuse "Bande à Ruquier". Comédien populaire, il a joué dans une soixantaine de pièces de théâtre, films, téléfilms. À la ville, il compte parmi les ambassadeurs de l'association La voix de l'enfant. Un engagement généreux, discret car ne recherchant pas forcément les caméras. À son image. Et puis il y a, donc, l'humoriste, l'auteur. Il a écrit une grosse demi-douzaine de livres. Créé plusieurs one-man shows dans lesquels il s'amuse souvent, sans méchanceté mais avec malice, des petits travers de nos vies quotidiennes. L'homme au bonnet rouge est actuellement à l'affiche de Gérard Bouchard, le retour !, son nouveau spectacle.

Aussi sympathique sur le net qu'à l'écran (enfin, les autres écrans, vous m'avez compris !), il a accepté, avec une grande gentillesse et beaucoup d'humour, de se livrer au jeu des questions-réponses pour Paroles d'Actu. Merci pour tout ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-FRANÇOIS DEREC

 

« Je suis né un siècle trop tard »

 

Jean-François Derec SIPA

(Photo : SIPA. Celle en fin d'entretien est proposée par Jean-François Derec.)

 

Q : 28/09/12

R : 19/11/12

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Jean-François Derec, comment allez-vous ?

 

Jean-François Derec : Ça baigne.

 

PdA : Alors comme ça, vous êtes le roi du couscous ? Pas trop déçu de n'être jamais devenu « éplucheur-chef » ?

 

J.-F.D. : On fait pas ce qu’on veut, on fait ce qu’on peut.

 

PdA : Comment se porte Gérard Bouchard ? Il y a quelques années, il avait un peu de mal à trouver son bonheur avec le téléphone rose. Ça va mieux avec internet ?

 

J.-F.D. : De pire en pire ! On dirait que toutes les nouvelles technologies se sont liguées contre lui pour lui pourrir la vie !

 

PdA : On ne vous voit plus beaucoup à la télé depuis l'arrêt de l'émission de Laurent Ruquier, On a tout essayé. Perso, ça me manque. Le petit écran vous attire moins qu'avant ?

 

J.-F.D. : Venez donc me voir sur scène ! Je suis un acteur et un auteur. J’ai fait de la télé par effraction, ce n’est pas ma vie.

 

PdA : Pendant qu'on y est... qu'est-ce que vous aimez à la télé ? Quels sont vos programmes favoris ?

 

J.-F.D. : Les trucs les plus cons : Confessions intimes, Enquêtes exclusives, une mine pour les comiques ! La culture à la télé, c’est un oxymore !

 

PdA : Vous avez joué dans pas mal de films et de téléfilms, dont La Septième compagnie au clair de lune du regretté Robert Lamoureux, avec les non moins regrettés Jean Lefebvre, Pierre Mondy et André Pousse, chef de la milice locale (dans le film !), dont vous interprétez l'un des adjoints. C'est un film que j'ai beaucoup aimé et que je regarde toujours avec plaisir, comme toute la série d'ailleurs. Vous voulez nous parler un peu de ce tournage ?

 

J.-F.D. : En effet je me souviens d'un gifle magistrale qu'André Pousse devait me donner. J'étais très impressionné, j'arrivais de Grenoble et André Pousse me donne une gifle. On a dû faire 10 prises. Je vous dis pas l'état de ma machoire…

 

PdA : Quels sont les films et les téléfilms qui vous laissent les meilleurs souvenirs ? Ceux dont vous êtes le plus fier (et que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir !) ?

 

J.-F.D. : J’ai aimé Marche à l’ombre et, à la télé, Clochemerle et un autre téléfilm dont j’ai oublié le nom mais où je jouais Voltaire. (Jeanne Poisson, marquise de Pompadour, ndlr)

 

PdA : Vous avez aussi beaucoup joué au théâtre. Quels sont les rôles que l'on vous propose, en général ?

 

J.-F.D. : Des rôles d’abrutis, normal pour les comiques. On nous propose souvent des photocopies de ce qu’on fait dans nos sketchs.

 

PdA : Quel genre de rôles aimeriez-vous jouer ?

 

J.-F.D. : J’aime bien jouer les abrutis.

 

PdA : Allons plus loin dans l'idée... Imaginons un instant que la DeLorean du Doc de Retour vers le futur existe réellement. Et que vous ayez la possibilité d'aller où vous voulez, à l'époque de votre choix. Une destination unique, un aller-retour, ou bien simplement un aller, à vous de voir... Que choisissez-vous, et pourquoi ?

 

J.-F.D. : Début du XXème à Hollywood, les débuts du cinéma burlesque ! Laurel et Hardy, Keaton, Chaplin ! Je suis malheureusement né cent ans trop tard !

 

PdA : Retour vers le futur... Transition toute trouvée pour parler ciné. Quels sont vos films préférés ?

 

J.-F.D. : Le mécano de la General, Les lumières de la ville, Le pigeon, Le cave se rebiffe. Le Parrain, comme tout le monde. Les westerns de Sergio Leone, bien meilleurs que tous les westerns américains.

 

PdA : Votre art, vous aimez aussi le coucher sur papier. En début d'année, vous sortiez La vie de famille - Chronique (presque) vraie d'une famille (presque) normale, regard amusé et amusant sur la famille présidentielle de l'époque, les Sarkozy. Depuis, on a retrouvé un "président normal". Il vous inspire quoi ?

 

J.-F.D. : À la base, il était moins inspirant pour les humoristes politiques (dont je ne suis pas), mais au final, mine de rien, il est assez comique avec ses deux femmes ! Moins avec sa politique. Mais la politique du dernier ne m’emballait pas non plus...

 

PdA : Il y a quelques années, vous écriviez votre guide, un essentiel, De la survie en milieu hostile. Internet en est un, peut-être faudra-t-il le dire à Gérard Bouchard avant qu'il n'essaie d'y trouver l'amour. Quels conseils pourriez-vous lui donner pour que ça se passe au mieux ?

 

J.-F.D. : Qu’il arrête de chercher l’amour sur internet et qu’il aille plus dans les bistrots ! L’imprévu, y'a que ça ! Sur internet, trop de choix tue le choix !

 

PdA : Bon... on va peut-être arrêter de parler de lui, vous n'en avez pas marre de lui ? Il vous suit partout. Il est pas un peu collant, ce type ?

 

J.-F.D. : Pas du tout ! C’est grâce à lui que j’ai payé tous mes crédits !

 

PdA : Dans Mes pensées à moi, vous partagez avec le lecteur... bah... quelques unes de vos pensées. Parmi elles : « Le prince Charles, c'est pas un bon exemple pour les jeunes. A 58 ans, il vit encore chez sa mère et il n'a toujours pas de boulot. Ce gars-là, il sera à la retraite avant d'avoir commencé à bosser. » À bientôt 64 ans, toujours rien... Quelques missions temporaires par-ci, par-là, la présentation de la météo, par exemple... Enfin, pas de vrai boulot... La crise, elle vous inquiète, ou bien elle vous passe au dessus du bonnet ?

 

J.-F.D. : Même si je dois avouer qu’elle ne me touche pas trop personnellement, je ne vis pas dans une tour d’ivoire. Un artiste a justement la capacité de s’identifier à d’autres. Et je m’identifie totalement à ceux qui souffrent, des licenciements boursiers notamment.

 

PdA : Votre bonnet rouge d'ailleurs, comment va-t-il ? Une vraie star lui aussi, il n'a pas trop pris la grosse tête ?

 

J.-F.D. : Lui un peu, il se la pète, mais moi, ça va.

 

PdA : Dans Le jour où j'ai appris que j'étais juif, vous revenez sur vos origines juives, que vos parents vous avaient cachées et vous ont révélées sur le tard. Quant à Derec, ça n'est pas un nom breton, comme on pourrait le croire, mais bien polonais. Que signifient ces origines pour vous, aujourd'hui ?

 

J.-F.D. : Ouh là ! J’ai écrit tout un livre là-dessus ! Ces origines font que je suis toujours le cul entre deux chaises. Et je comprends parfaitement ceux qui ont du mal à s’intégrer totalement. On peut avoir des papiers français, mais se sentir totalement français... c’est une autre paire de manche. 

 

PdA : Voilà pour le récapitulatif. Votre actualité, c'est votre nouveau spectacle, Sketch(s) (Gérard Bouchard, le retour !), que vous jouez au théâtre du boulevard Saint-Martin, depuis le 14 septembre et jusqu'à la fin de l'année... Voulez-vous nous en parler ?

 

J.-F.D. : Vous savez, le comique, plus on en parle, plus c’est chiant ! Je préfère que les spectateurs en parlent ! (Ils le font ici, et plutôt en bien... ;), ndlr)

 

PdA : Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour les convaincre que vraiment, c'est un bon spectacle, et qu'il faut y aller ?

 

J.-F.D. : Rien, je ne suis pas un vendeur de cuisines équipées ! Cela dit, ils peuvent aller voir 2 sketches sur Youtube :

http://www.youtube.com/watch?v=CmQ5DXXGFEE&feature=youtu.be

et

http://www.youtube.com/watch?v=YQ9io8AzMlw&feature=youtu.be

 

PdA : Je suis de Lyon moi, il y aura une tournée ? 

 

J.-F.D. : J’adore Lyon, j’y ai habité quand j’étais petit, (Boulevard des Brotteaux) et je passerai bien sûr à Lyon pour ma tournée !

 

PdA : Qu'est-ce qui vous inspire, pour vos spectacles, et dans la vie ?

 

J.-F.D. : Tout et rien. Parfois, un petit détail qui passe inaperçu suffit pour faire un sketch. Il faut observer donc toujours se sentir un peu en dehors.

 

PdA : Quels sont, parmi vos collègues, ceux qui vous font franchement rire ?

 

J.-F.D. : Tous ! Je vais quand même par dire du mal de mes collègues de bureau que je peux croiser n’importe quand !

 

PdA : J'imagine que vous aimez rire... mais à part ça, quelles sont vos passions ?

 

J.-F.D. : La drogue, le sexe, et la poterie le dimanche. 

 

PdA : Quels sont vos projets pour la suite ?

 

J.-F.D. : Un film comique un peu special... mais je ne peux pas en dire plus !

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-François Derec ?

 

J.-F.D. : D’avoir encore de l’inspiration !

 

PdA : Voudriez-vous adresser un message à nos lecteurs ? À quelqu'un en particulier ?

 

J.-F.D. : À tous, sans les flatter, je crois que c’est les meilleurs lecteurs que j’ai eus depuis longtemps !

 

PdA : Un petit scoop peut-être, en exclu pour mon p'tit blog Paroles d'Actu ? ^^

 

J.-F.D. : Un scoop : dans un minute, je vais boire le meilleur chocolat du monde... celui de ma femme !

 

PdA : Un dernier mot ? Enfin, un ou plusieurs hein, vous avez compris l'idée... c'est pour conclure comme vous le souhaiterez cette belle interview. Merci de tout coeur !!!

 

J.-F.D. : Ouf ! Dis donc, avec toi, on en a pour son argent dans les interviews !

 

 

Jean-François Derec

 

  

Merci encore pour votre générosité, cher Jean-François Derec ! Tous mes voeux de succès... Phil Defer. Un commentaire ?

 

 

Pour retrouver Jean-François Derec...

 

 

Présentation remaniée : 11/11/13.

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