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Paroles d'Actu
francois hollande
9 mars 2012

Jean-François Debat : "Nous n'avons pas de leçons à recevoir en matière de gestion publique"

Il y a un peu plus d'un an, j'ai pris l'initiative - pour des raisons personnelles non liées à ce blog - de contacter Monsieur Jean-François Debat. En suivant mes méthodes habituelles, celles employées pour la réalisation de Paroles d'Actu : écrire par la voie d'internet à quelqu'un que je ne connais pas personnellement, qui ne me connaît évidemment pas. En l'occurrence, le maire de Bourg-en-Bresse dans l'Ain, mais surtout dans mon esprit, le vice-président en charge des finances du Conseil régional de Rhône-Alpes, qui est ma région. Je précise alors, dans ce message que je lui adresse, que je vis dans le Rhône, et ne fais donc pas partie de ses administrés burgiens. Cela ne changera rien à l'affaire. Il a pris la peine et le temps de me répondre avec beaucoup de courtoisie et de bienveillance. Cela m'a touché. Je me suis dès lors promis d'essayer de le recontacter, plus tard, en tant qu'élu local important, ouvert et ayant ma sympathie, mon respect. Pour une interview. Je lui ai soumis l'idée au mois de janvier 2012, après lui avoir présenté, toujours par mail, mes voeux de bonne année. En cette année très riche en événements politiques, il m'a semblé intéressant de recueillir l'opinion, sur la présidentielle notamment, d'un élu local influent dans sa région. J'ai appris quelques jours plus tard, par hasard, en me renseignant sur l'organigramme de campagne de François Hollande, que Jean-François Debat était davantage qu'un "élu local influent" : un membre important de l'équipe du candidat socialiste à la présidence de la République. En charge, notamment, des questions de décentralisation. Après avoir eu son accord de principe, j'ai rédigé pour lui un questionnaire, évoquant la présidentielle, la décentralisation, les finances publiques, sa vie d'élu, son avis sur le libéralisme sociétal. Je le lui ai transmis le 4 mars, sa réponse m'est parvenue - cela mérite d'être souligné - le 9 mars. Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-FRANCOIS DEBAT

Maire de Bourg-en-Bresse (Ain)
Vice-président de la Région Rhône-Alpes, en charge des finances

 

"Nous n'avons pas de leçons à recevoir

 

en matière de gestion publique"

 

(Photo fournie par Monsieur Jean-François Debat)

 

 

Q : 04/03/12

R : 09/03/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Membre du Parti socialiste, vous êtes vice-président de la région Rhône-Alpes en charge des finances depuis 2004  et maire de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain depuis 2008. Soutien de François Hollande lors des Primaires citoyennes de 2011 en tant que responsable de la décentralisation, c'est tout naturellement que vous êtes resté à ses côtés pour l'élection générale.

 

La notation semble être une activité à la mode en ce moment. Quelle serait la note, sur 10, que vous accorderiez à Nicolas Sarkozy pour sa présidence, et pourquoi ?

 

Jean-François Debat : Je ne suis pas un correcteur dans l'âme ! Ce qui est sûr, c'est qu'il est très en dessous de la moyenne pour au moins trois raisons.

 

D'abord, il a mené avec obstination une politique économique et fiscale complètement inadaptée à la crise que nous traversons depuis 2008: diminuer l'impôt des entreprises, sans distinction entre celles qui sont exposées à la concurrence extérieure et les autres (ex: restauration), il a fait exploser la dette sans aucun impact sur la croissance: c'est une énorme erreur d'analyse.

 

Ensuite, il a accru considérablement les inégalités, déjà fortes, en France: 55% des baisses d'impôts pour les ménages ont bénéficié aux 10% les plus aisés; ce chiffre suffit à confirmer qu'il a bien été "le Président des plus riches".

 

Enfin, il a cherché, sciemment, à opposer et diviser les Français au lieu de les rassembler : débat sur l'identité nationale, polémique sur l'assistanat, stigmatisation des fonctionnaires et des chômeurs, dénonciation des contre-pouvoirs et des élus locaux. C'est grave pour un Président, le pays sort vraiment rabaissé de ce quinquennat et les Français rejettent de ce fait de plus en plus les institutions et leurs dirigeants.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui vous a convaincu, assez tôt dans la campagne des Primaires citoyennes, de vous engager auprès de François Hollande ? Quel est votre rôle à ses côtés aujourd'hui ?

 

J.-F.D. : J'ai considéré que François Hollande s'était préparé, très tôt, à cette élection et que son analyse (notamment sur la réforme fiscale qu'il a été le premier à mettre en avant) était adaptée à la situation et aux attentes de notre pays. En outre, son expérience est réelle et la manière dont il mène campagne confirme, à mes yeux, ce choix.

 

Il m'a fait la confiance de me placer, auprès de Pierre Moscovici, au coeur de la direction de campagne: je prépare pour lui les arbitrages sur le fond des propositions, en m'appuyant sur celles qui émanent des groupes thématiques. J'ai ainsi pu, par exemple, travailler sur le discours du Bourget et le projet du candidat, à ses côtés.

 

 

PdA : Le pouvoir actuel a pris concernant la décentralisation un certain nombre de décisions durant le quinquennat. L'objectif affiché était d'aller vers une plus grande rationalisation, clarification de notre organisation territoriale. Que vous inspirent ces choix en la matière ?

 

J.-F.D. : Qu'ils iraient dans le bon sens si c'était bien le sens des réformes engagées! Mais ce n'est nullement le cas. Il n'y a pas eu de rapprochement ou de coopération accrue entre départements et régions, mais la fusion du conseiller général et du conseiller régional en un conseiller territorial d’un super canton: C'est en aucun cas une réforme de fond, mais uniquement une mesure électorale, laquelle vous le noterez est totalement contradictoire avec l’annonce récente du candidat Sarkozy d’instiller de la proportionnelle dans le scrutin majoritaire, c’est également un enterrement de première classe pour la parité entre les femmes et les hommes, dont le seul objectif est que l’UMP dirige à nouveau les Régions ! Pour le reste, les décisions prises ont consisté à réduire les impôts perçus par les collectivités (ex: la Taxe Professionnelle) et à montrer du doigt la soi-disante incurie des élus, de gauche comme de droite; en oubliant que nos budgets sont tous votés en équilibre et que les collectivités financent 75% de l'investissement public en France...

 

 

PdA : François Hollande a quant à lui promis de mettre en chantier, s'il est élu, un "nouvel acte de décentralisation". Qui renforcera les régions et les grandes villes, apportera de nouvelles garanties financières aux collectivités et mettra fin, avant sa naissance effective, au concept de conseiller territorial. De par votre expérience d'élu local, membre de l'exécutif de deux grandes collectivités, que pensez-vous de ces propositions ? En quoi le projet de François Hollande en matière de décentralisation conduira-t-il à une meilleure organisation de nos territoires ?

 

J.-F.D. : Le point le plus important est de rétablir des conditions de confiance entre Etat et collectivités, aujourd'hui anéanties. Nicolas Sarkozy n'a jamais, contrairement à Jacques Chirac, aimé être un élu local : il ne comprend pas les élus, qu'il considère avec méfiance. François Hollande est un élu local, il connait nos réalités, il sait de quoi il parle. C'est extrèmement important pour pouvoir, ensuite, réformer avec les élus, mais non pas contre eux.

 

Sur le fond, notre projet consiste à clarifier les compétences des collectivités territoriales: aux Régions la préparation de l'avenir (grands enjeux économiques, formation, innovation, environnement, aménagement du territoire, etc); aux Départements les services essentiels qui structurent le territoire et la solidarité (action sociale, économie, transports, etc), enfin au pôle local (communes et intercommunalités) l'action de proximité, à la fois quant à la vie locale et à l'organisation du territoire. L'idée de limiter les interventions croisées n'est pas mauvaise en soi, mais nécessite d'être travaillée avec les élus et non pas de dégringoler, comme cela a été le cas, de Paris par la loi.

 

 

PdA : L'État a connu ces dernières années des déficits records, liés en partie à la crise financière et économique qui frappe le monde depuis 2008. Pourtant, il n'est pas rare d'entendre des membres de la majorité actuelle opposer la soi-disant bonne gestion de l'État (non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux notamment) à une certaine fuite en avant en matière de dépenses du côté des collectivités. Vous êtes, encore une fois, en charge des finances de la région Rhône-Alpes, une grande collectivité au budget de près de 2,5 milliards d'euros. Et maire de Bourg-en-Bresse, ville de 40 000 habitants. Que souhaiteriez-vous répondre à ces accusations ?

 

J.-F.D. : C'est une arnaque, une escroquerie intellectuelle!! En 2002, la dette publique représentait 52% du PIB, en 2007, 62% et en 2011, 86%! Plus 40% en 4 ans, et on voudrait nous faire croire que c'est la gauche qui vide les caisses?! Les collectivités, c'est 75% de l'investissement, mais 11% de la dette: pour financer une partie des investissements, et jamais pour payer les fins de mois.

 

Quant à l'évolution globale des dépenses, elle est largement due aux transferts de compétences décidés par l'Etat; pour le reste, je pose la question: fallait-il que la région augmente les dépenses pour former 43.000 apprentis par an au lieu de 32.000? Fallait-il accroître l'offre de TER de 40%, face aux enjeux énergétiques? Si on dit "oui", on ne peut pas critiquer les collectivités de l'avoir fait. Et depuis 2010, le budget de la Région est stable, sans hausse. N’oublions pas non plus qu’en dix ans, la population française s’est significativement accrue et seules les collectivités ont dû faire face à des besoins croissants et des demandes très concrètes des habitants à tous les âges de la vie.

 

En revanche, il est évident que les collectivités sont, d'ores et déjà, associées aux efforts: dans ma ville, les dotations de l'Etat ont baissé de 8% en 4 ans et j'ai réduit la dette de 25% dans le même temps! C’est donc bien que les dépenses ont été maitrisées. Nous n'avons pas de leçons à recevoir en matière de gestion publique.

 

 

PdA : Vous êtes aujourd'hui un expert en matière de finances publiques, de par cette expérience au niveau local...

 

Une grande partie des recettes propres des collectivités proviennent d'impôts assis sur des indices archaïques (la valeur locative cadastrale), souvent douloureux et éloignés des réalités de la vie économique. L'État, lui, tire ses recettes d'impôts liés à l'activité, qu'il s'agisse de la production (IS), du travail (IR) ou de la consommation (TVA). Ces questions, à ma connaissance, ne sont pas vraiment abordées dans le projet de François Hollande. Seriez-vous favorable à de réels changements, notamment une remise en cause de la VLC en tant qu'alpha et oméga des finances locales, ou encore une possibilité pour les collectivités de voter, à la marge, un taux de l'un des trois impôts d'État précités ?

 

J.-F.D. : Oui, je pense que c'est nécessaire pour deux raisons. Une raison économique: nos impôts n'ont pas de lien avec les bases réelles de la richesse créée et des capacités des ménages; or, ce lien est nécessaire. Une raison de justice: nos impôts "ménages" sont largement forfaitaires et donc inégalitaires. Je suis favorable, pour ma part, à ce que les collectivités locales disposent d'un panier fiscal, qui repose sur les quatre grandes bases de contribution qui existent: la consommation, la valeur ajoutée des entreprises, le patrimoine des ménages et leurs revenus. L'Etat pourrait baisser ses taux en contrepartie d'une baisse de ses dotations et les élus voteraient des "centimes additionnels". On pourrait concevoir des marges laissées aux collectivités, avec des liens entre les taux pour éviter de concentrer l'impôt local sur une seule contribution.

 

 

PdA : La dette de l'État est aujourd'hui colossale. Cela vous inquiète-t-il ? Qu'est-ce qui, d'après vous, doit être fait pour retrouver l'équilibre en matière de finances publiques nationales ?

 

J.-F.D. : L'UMP est largement responsable - bien plus que François Mitterrand, pourtant mis en accusation par Nicolas Sarkozy...!-  de cette situation, mais elle existe et s'imposera à tout nouveau gouvernement. Il faudra retrouver des recettes: la droite s'est privée de 20 Mds€ de recettes par an, essentiellement au profit des entreprises et des ménages aisés. C'est un impératif de justice et d'équilibre. Il faudra également stabiliser globalement, et réduire dans des domaines moins priopritaires, les dépenses d'intervention et de fonctionnement. Il faudra aussi investir dans l'innovation, la recherche, pour stimuler l'activité et la croissance.

 

 

PdA : Un élément de votre blog m'a interpellé. Vous dites n'être libéral "ni en matière économique, ni en matière de questions de société". Si le rejet d'un libéralisme économique débridé n'étonne personne de la part d'un membre du Parti socialiste, celui d'un certain libéralisme sociétal est sans doute moins fréquent. Je pense notamment à l'interview que m'avait accordé Najat Vallaud-Belkacem. Souhaiteriez-vous m'en dire davantage ? Qu'est-ce qui vous différencie d'elle en la matière ?

 

J.-F.D. : Je considère effectivement que tout ce qui est techniquement possible en matière de bioéthique n'est pas forcément acceptable et que toute aspiration individuelle, même si elle est compréhensible et que je n'ai pas à la juger, ne peut pas forcément être satisfaite par la société.

 

Ces conceptions ont des conséquences sur mon analyse de certaines questions de société: je ne suis favorable ni aux mères porteuses (que je considère être une atteinte à la fois aux droits des enfants et de la femme), ni à la conservation des embryons pour une insémination post-mortem -pour moi le projet ne peut plus exister après le décès d'un parent. Sur le fond, je ne conteste évidemment pas qu’on puisse aider les couples à avoir eux-mêmes un enfant, mais je considère qu’il n’y a pas de droit à l’enfant, de la part d’aucun couple quel qu’il soit. C’est ce qui m’amène d’ailleurs à ne pas être favorable à l’adoption plénière par des couples homosexuels, adoption qui, contrairement à l’adoption simple, crée un lien de parentalité. Je suis absolument favorable à la reconnaissance complète des couples -y compris au travers d'une cérémonie républicaine en mairie- du point de vue des droits encore à conquérir en matière de sécurité sociale ou de successions entre couples pacsés; en revanche, pour moi, l’adoption n’est pas un droit pour un couple –quel qu’il soit : l’adoption, c’est au contraire le droit pour l’enfant privé de ses deux parents et confié à la société de se voir confier à de nouveaux parents : au nom de quoi déciderait-on, pour satisfaire une envie d’adulte (que je considère par ailleurs comme tout à fait compréhensible) de le priver d’un papa et d’une maman ? Toute autre est la situation d’enfants nés d’un parent engagé dans une relation homosexuelle : ils ont un père et une mère et vivent, comme tant d’autres, avec un seul de leurs parents et le conjoint de celui-ci. Pour moi, il faut donner un statut au beau-parent –que ce soit dans un couple homosexuel ou hétérosexuel ; je pense qu’il faut rendre possible un lien juridique entre un adulte qui vit sous le même toit que l’enfant de son conjoint et qui participe à son éducation, pour lui permettre de réaliser des démarches, de prendre certaines décisions le concernant, mais aussi reconnaître le lien affectif qui les lie. L’adoption simple peut constituer ce cadre.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur votre expérience d'élu ? Qu'avez-vous appris au contact des citoyens, de leurs difficultés, et de grandes questions qui parfois nous dépassent tous ? Vos meilleurs, vos plus mauvais souvenirs en tant qu'élu ?

 

J.-F.D. : J’aime le contact avec les gens qu’implique le mandat d’élu, ainsi que la capacité d’action qu’il confère. Au-delà, c’est un extraordinaire poste d’observation de la société, avec ses enthousiasmes, ses passions, ses petites bassesses, ses contradictions : un maire voit fonctionner la société, les entreprises, les rapports sociaux. J’y trouve beaucoup de richesse humaine.

 

Mon meilleur souvenir date des années 1999-2000 : une dame voilée était venue me solliciter pour une question de logement lorsque j’étais président de Bourg Habitat (l’office d’HLM), et m’avait dit : « j’ai osé venir vous voir car on m’a dit que vous ne faites pas de différence entre les gens ». C’est mon plus beau souvenir parce que c’est exactement ce que j’aimerais qu’on retienne de moi, si j’avais une idée à formuler à ce sujet.

 

Mon plus mauvais souvenir c’est notre défaite aux municipales de 2001, de 200 voix, après une campagne dure, voire hargneuse, basée sur l’insécurité ; c’est le sentiment que tout le travail accompli pendant 6 ans est balayé d’un revers de main. J’en ai tiré deux leçons : d’abord, je ne perdrai plus jamais en ayant le sentiment de ne pas m’être battu assez ; ensuite, c’est la dureté mais les règles du suffrage universel : ne faites pas de politique pour en attendre de la reconnaissance !

 

 

PdA : Revenons à la présidentielle. Quel message souhaiteriez-vous adresser à un inscrit qui ne saurait pour qui il va voter ni même s'il va voter ? Quels sont vos arguments pour le convaincre de donner sa voix, le 22 avril et le 6 mai, à François Hollande ?

 

J.-F.D. : Plus de justice, c’est la gauche. Et, vraiment, il est temps de changer, vous ne croyez pas ?

 

 

PdA : Dernière question... qui n'en est pas une. Il s'agit d'une carte blanche. Pour vous permettre de compléter cet entretien comme il vous plaira. Vous pouvez revenir sur un point de l'interview, développer un sujet qui vous tient à cœur, nous faire part d'un coup de cœur, adresser un message... Bref, cette dernière question est la vôtre.

 

J.-F.D. : Voyez la réponse a la question précédente : elle résume l’enjeu qui m’occupe complètement pour le moment. Pour la France et pour les Français, il est important que François Hollande l'emporte et ouvre une nouvelle ère.

 

 

 

Merci encore à Monsieur Jean-François Debat pour la générosité dont il a fait preuve, à plusieurs reprises, à mon égard ! Je souhaite pouvoir lui poser d'autres questions à l'avenir. Merci également à lui, ainsi qu'à ses collaborateurs, de m'avoir fait parvenir, à ma demande, deux photos de lui afin d'illustrer ce document ! Phil Defer

 

 

 

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Modification de la présentation de l'article le 26 juin 2012

 

Times New Roman > Georgia : 01/10/12

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6 janvier 2012

François Hollande (2003) : "Assumer la responsabilité d'agir pour transformer la société"

Je n'ai pas de doute là-dessus : je n'obtiendrai pas d'interview de M. François Hollande pour Paroles d'Actu d'ici à l'élection présidentielle de 2012. Parce qu'il réserve sa parole, qui est rare, aux médias susceptibles de relayer son message le plus largement, le plus efficacement possible. Surtout, parce qu'il est aujourd'hui un homme ô combien occupé. Sorti largement vainqueur des Primaires citoyennes d'octobre 2011, il est depuis lors le candidat soutenu par le Parti socialiste et le Parti radical de gauche pour accéder à la magistrature suprême. Les sondages le présentent comme le challenger numéro 1 de Nicolas Sarkozy. Si l'on en croit ces études d'opinion, il battra le président sortant. Sur le papier, François Hollande est et sera le prochain président de la République.

 

En 2003, alors que Paroles d'Actu n'existait pas encore, j'étais déjà, à 18 ans, très intéressé par la politique. Je m'occupais depuis un an du forum d'actualité que j'avais créé, le Forum 21. Et j'écrivais pour un webzine aujourd'hui disparu. À cette époque, François Hollande est le Premier secrétaire d'un Parti socialiste encore sous le choc de l'élimination de Lionel Jospin en 2002. Avec la réélection de Jacques Chirac, et une majorité UMP écrasante au Parlement, François Hollande se retrouve à la barre d'un parti résolument ancré dans l'opposition. Je lui avais envoyé un mail à l'époque pour chercher à lui poser quelques questions. C'est avec beaucoup de générosité qu'il avait accepté de me répondre. Une précision : je n'ai pas demandé à la campagne de François Hollande l'autorisation de publier de nouveau ce texte après tant d'année. Il va sans dire que les mots du François Hollande de 2003, s'ils fournissent un éclairage intéressant sur le présent, sont à prendre pour ce que constitue cet article : une interview d'archive. Rien de plus. Une exclusivité F21-PdA, évidemment. Phil Defer. EXCLU

 

(Edition du 8 juillet 2012, par Phil Defer) : François Hollande est, chacun le sait, le nouveau président de la République. Une bonne partie des réponses qui m'avaient été apportées lors de cet échange de mails en 2003 concernaient des sujets (la politique menée par Jean-Pierre Raffarin, etc...) qui ne sont plus d'actualité aujourd'hui. Surtout, elles étaient en grande partie tirées mot pour mot, et pas toujours de manière très heureuse, de la motion "Pour un grand Parti socialiste" qu'avait présentée le Premier secrétaire d'alors lors du Congrès national de Dijon de mars 2003. Cela n'enlève rien à la générosité d'esprit qui a conduit M. Hollande à me répondre. Pour autant, étant donné que je ne souhaite que de l'inédit sur ce blog, je ne garderai ici que sa conclusion, qui résume bien les idées, la philosophie de François Hollande. Ces quelques phrases n'apparaissent nulle part ailleurs. Merci encore.

 

 

ARCHIVE EXCLUSIVE DE 2003 - PAROLES D'ACTU

FRANCOIS HOLLANDE

Premier secrétaire du Parti socialiste

 

"Assumer la responsabilité d'agir

 

pour transformer la société"

 

https://storage.canalblog.com/70/11/871067/71658644.jpg

(Photo : RTL.fr)

 

 

Q : 02/08/03

R : 22/10/03

 

 

 

(...)

 

Nous, socialistes, avons le souci d'être utiles aux Français. C'est-à-dire aller au-delà de la nécessaire opposition critique en montrant sur chaque grand sujet (éducation, protection sociale, emploi) qu'une autre voie est possible. De même, le renouveau de l'engagement altermondialiste, les aspirations à un monde plus juste, l'exigence écologique, le souci de défendre les services publics et le refus de la « marchandisation » de l'éducation, de la santé, de la culture sont autant de nouveaux thèmes de réflexion pour la gauche.

 

Notre démarche est ouverte, sans exclusive et s'adresse à tous ceux qui partagent avec nous l'ambition d'assumer la responsabilité d'agir pour transformer la société.

 

Je vous prie de croire, Monsieur, à l'assurance de toute ma considération.



François HOLLANDE

Premier Secrétaire

 

 

 

Merci à François Hollande pour ces quelques mots qu'il avait bien voulu m'accorder, il y a de cela huit années. Deviendra-t-il le septième président de la Cinquième république ? L'avenir, cet avenir que seul le peuple français est à même d'écrire, nous le dira... Merci pour votre lecture. Belle et heureuse année 2012 pour toutes et tous ! Phil Defer

 

 

 

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Modification de la présentation de l'article le 8 juillet 2012

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12

13 novembre 2011

Najat Vallaud-Belkacem : "Une société plus juste et solidaire"

Cette fois, c'est officiel. C'est François Hollande qui portera les couleurs du Parti socialiste et du Parti radical de gauche lors de l'élection présidentielle de 2012. Mais pour quelle politique, dans un monde bouleversé par la crise et où les marges de manoeuvre financières semblent, plus que jamais, restreintes ? Najat Vallaud-Belkacem a accepté de répondre à mes questions par mail (transmises dès juillet 2011). Une nouvelle exclusivité PdA, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NAJAT VALLAUD-

BELKACEM

Adjointe au Maire de Lyon (Grands événements, jeunesse et vie associative)
Conseillère générale du Rhône (Lyon III - Montchat)

 

"Une société plus juste et solidaire"

 

https://storage.canalblog.com/92/27/871067/77335342.png
(Photo : François LAFITE, http://desirsdavenir.blog.fr)

 

 

Q : 07-10/11

R : 28/10/11

 

 

 

Note : Najat Vallaud-Belkacem est la porte-parole de Ségolène Royal. Alors qu'elle n'avait pas encore répondu à mes questions, à la mi-octobre, je lui avais envoyé un nouveau message pour lui faire part du ressenti qui avait été le mien à la vue des résultats du premier tour des primaires. Je trouvais que l'extrême faiblesse du résultat de Ségolène Royal (à peine 7% pour la candidate de 2007) n'était pas méritée, et qu'au fond les larmes de celle-ci au soir du 9 octobre nous rappelaient à quel point la vie politique pouvait être cruelle, parfois. J'ai donc dit à Najat Vallaud-Belkacem que, si Ségolène Royal n'était pas ma candidate pour 2012, elle avait malgré tout ma sympathie et mon respect. Elle a répondu à cela en même temps qu'aux autres questions.

 

Najat Vallaud-Belkacem : Merci beaucoup pour ce message de sympathie et de soutien.

 

Pour être honnête, le résultat a été très dur. A mes yeux, nous avions mené une très belle campagne. L'accueil sur le terrain et la reprise de nos idées par la plupart des candidats ne nous laissaient pas présager un score aussi sévère.

 

J'ai été d'autant plus émue par la dignité et l'émotion de Ségolène Royal que j'étais à ses côtés.

 

Au-delà de la déception, nous devons désormais nous engager corps et âmes aux côtés de François Hollande pour offrir aux Français l'alternance qu'ils méritent.

 

 

 

Paroles d'Actu : Comment vous présenteriez-vous en quelques mots pour qui ne vous connaîtrait pas ?

 

Najat Vallaud-Belkacem :

 

Sur le plan local :

 

Depuis mars 2008, je suis Adjointe au Maire de Lyon, déléguée aux Grands Évènements, à la Vie associative et à la Jeunesse.

 

J’ai également été élue Conseillère Générale du Rhône dans le canton de Montchat (Lyon 3e) : je siège depuis dans l’opposition de l’Assemblée départementale.

 

Sur le plan national :

 

Depuis 2007, je suis la porte-parole de Ségolène Royal.

 

En 2008, je suis devenue Secrétaire nationale du parti socialiste aux questions de société. Depuis j’ai travaillé sur des questions aussi diverses que les questions bioéthiques, le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, la mixité sociale et la lutte contre les discriminations ou encore les thèses du Front National et les réponses à y apporter.

 

 

PdA : Pour vous, c'est quoi, être "de gauche" ?

 

N.V.-B. : Être de gauche c’est être convaincu que l’action politique, lorsqu’elle est au service du bien commun et qu’elle respecte un certain nombre de valeurs fondamentales, a le pouvoir de faire progresser la société.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la gestion de l'État depuis 2002 par la droite ?

 

N.V.-B. : Les chiffres sont là et ils sont partout très mauvais.

 

Certains argueront qu’il y a eu une crise économique qui a fortement dégradé notre situation, mais il n’en demeure pas moins qu’elle a été très mal gérée par l’équipe en place.

 

Des mesures toutes plus injustes les unes que les autres, le bouclier fiscal, la recapitalisation des banques sans aucune contrepartie, la diminution aveugle du nombre de fonctionnaires, l’asphyxie organisée des collectivités territoriales...  le bilan n’est pas très glorieux. Sans compter un relâchement de la parole publique, notamment sous l’effet des coups de boutoir de la droite populaire, qui fait peser des risques lourds sur la  « cohésion sociale » dans notre pays.

 

 

PdA : Vous êtes très engagée sur les questions dites de société. Si la gauche l'emporte en 2012, quels sont pour vous les chantiers qu'elle devra impérativement lancer en la matière ?

 

N.V.-B. : De grands chantiers sont à mes yeux essentiels, ils ne coûtent pas nécessairement aux finances publiques mais permettent de faire progresser la société. Parmi eux :

 

- la question de la jeunesse de France : sa place dans les procédures décisionnelles, son sort en matière économique et sociale, sa réussite en matière d’éducation, sa diversité qu’il faudra enfin reconnaître.

 

- la question de la pauvreté : cf ma toute récente tribune dans le Monde : nous devons comprendre que ses formes ont changé et que nous sommes désormais dans une société de la précarité généralisée : il faut apporter des réponses notamment en termes de droits fondamentaux (accès aux biens essentiels, à l’énergie, au logement… ce ne sont pas des questions accessoires mais le cœur de ce que doit être une politique de gauche)

 

- le mariage et l’adoption pour les homosexuels car il est important de mettre fin à cette injustice et anomalie républicaine

 

- la mise en œuvre d’une politique volontariste de lutte contre toutes les discriminations, en particulier territoriales, car notre pays ne peut plus supporter l’existence de véritables quartiers de relégation en son sein.

 

 

PdA : À l'heure où les marges sont minces et où la question de la dette fait la une de l'actualité, la gauche de gouvernement peut-elle réellement se démarquer en matière de budget, et ne pas au fond laisser l'impression d'abandonner le socio-économique au profit du sociétal ?

 

N.V.-B. : À la tête des collectivités territoriales, la gauche a montré ses capacités gestionnaires.

 

Tout en contenant les déficits, nous avons été sur deux fronts :

 

- sur le front social, nous avons essayé tant bien que mal de pallier l’absence de politique sociale du gouvernement;

 

- sur le front économique, nous avons mis en œuvre des politiques pour encourager la compétitivité de nos territoires et de nos entreprises locales.

 

D’ailleurs, une économie locale dynamique permet de dégager des moyens qui peuvent être mis en partie pour le social et en partie pour la diminution des déficits.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui, dans votre esprit, rend la victoire de la gauche essentielle en 2012 ? Pourquoi la gauche doit-elle l'emporter ?

 

N.V.-B. : La gauche doit l’emporter ;  nos valeurs et nos acquis sociaux ont été trop abimés ces dernières années. L’abaissement de la France sur la scène internationale, le démantèlement de nos retraites, de notre Éducation nationale et de nos services publics, ça suffit ! Surtout, la Gauche porte un projet politique bien plus ambitieux que celui de la droite : plutôt que de se laisser sombrer dans la crise en imposant des cures d’austérité, investir dans des secteurs d’avenir, la croissance verte notamment, qui permettront enfin au pays de se redresser.

 

 

PdA : Finalement, quels sont vos arguments pour tous les sceptiques, les indécis ? Pourquoi faudra-t-il voter à gauche en 2012 ?

 

N.V.-B. : La gauche est bien consciente qu’elle n’a plus le droit de décevoir. Nos promesses sont mesurées et nos propositions sont financées. Contrairement à la droite, la gauche refuse de démissionner face à la toute puissance des marchés et compte bien instaurer une société plus juste et solidaire.

 

 

 

Je tiens à remercier de nouveau Najat Vallaud-Belkacem pour la gentillesse de sa réponse et l'intérêt de celles qu'elle m'a fournies ! Phil Defer

 

 

 

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Le site de Najat Vallaud-Balkacem

 

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Modification de la présentation de l'article le 8 juillet 2012, le 10 octobre 2012

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12

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