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Paroles d'Actu
31 octobre 2015

Natalie Petiteau : « Napoléon a été un stabilisateur de la Révolution »

Depuis plusieurs années, l’historienne Natalie Petiteau, qui enseigne l’époque contemporaine à l’Université d’Avignon, s’est imposée comme une des spécialistes reconnues de la période napoléonienne. Son dernier livre en date, Napoléon Bonaparte, la nation incarnée, a été publié par Armand Colin au printemps de cette année. Le 30 octobre me sont parvenues les réponses aux questions que j’avais rédigées et lui avais envoyées deux jours plus tôt. Je l’en remercie et espère que cette lecture vous donnera envie de vous emparer de son ouvrage. Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

Natalie Petiteau: « Napoléon a été

un stabilisateur de la Révolution »

 

La nation incarnée

 

Paroles d’Actu : Bonjour Natalie Petiteau. La liberté a-t-elle réellement été, parmi les valeurs phares de la Révolution - celles que la République choisira pour former, un peu plus tard, sa devise - le parent pauvre de l’expérience bonapartiste en général et napoléonienne en particulier ?

 

Natalie Petiteau : La liberté, celle des philosophes des Lumières, fait partie des valeurs auxquelles le jeune Bonaparte est farouchement attaché quand il étudie à Brienne puis à Paris, quand il est jeune officier en Corse ou à Auxonne, quand il est aux côtés des jacobins à Toulon. Il en rêve encore quand il est à la tête de l’armée d’Italie puis d’Égypte. Mais dès l’Italie puis l’Égypte, il comprend que s’il veut mettre en place le pouvoir qui doit permettre de sauver l’essentiel des acquis de 1789, il faut renoncer à certaines libertés. La fin justifie les moyens, et puisqu’il lui faut lutter, pour préserver la stabilité politique de la France du Consulat puis de l’Empire, contre les royalistes et contre les jacobins, il considère qu’il est parfaitement normal de rogner certains principes auxquels il a cru dans sa jeunesse.

 

S’il ne remet jamais en cause la liberté de conscience, la liberté d’aller et de venir, la liberté d’entreprendre moins encore, il considère que la raison d’État lui donne le droit et même finalement le devoir de limiter sans cesse davantage la liberté d’expression et d’aller contre le principe de la liberté individuelle. Puisqu’il est certain d’être le seul à savoir quel est le bon gouvernement pour la France et même pour l’Europe, il juge finalement normal de réduire au silence ceux qui n’ont pas les mêmes vues que lui sur le bon mode de gouvernement. Et c’est aussi pour préserver ce mode de gouvernement qu’il a recours à quelques centaines d’emprisonnements politiques, aux placements en résidence surveillée, ou même à l’exil dans le cas de Germaine de Staël.

 

PdA : Lorsque Bonaparte s’empare des rênes de l’État, dix ans après 1789, l’avenir des conquêtes populaires demeure incertain et les menaces qui pèsent sur la Révolution sont bien réelles, au-dedans comme au-dehors. Peut-on dire de Bonaparte, Premier consul puis empereur, que ses quinze années de gouvernement ont assuré la perpétuation d’une société empreinte des idéaux des Lumières ? Qu’il a rendu inévitable ce qui ne l’était pas forcément avant lui, à savoir : que toute restauration royale, même imposée par les armées étrangères, ne pourrait qu’être tempérée, encadrée par une Loi, fût-elle « octroyée » ?

 

N.P. : Avec les moyens évoqués dans la réponse précédente, Napoléon a été le stabilisateur de la Révolution. Du moins des conquêtes de 1789, mais aussi de 1793 si l’on songe à l’abolition gratuite et complète des droits seigneuriaux. Roi du peuple et non pas roi des nobles comme le dit l’anecdote qu’il a lui-même rapportée de sa conversation avec une vieille femme en 1805, il a légué à la France contemporaine un héritage politique qui brouille considérablement les cartes en 1814-1815 et qui contribue à faire qu’une restauration complète est impossible. La Charte de 1814 tente la synthèse et confirme qu’un retour à l’avant 1789 n’est pas même envisagé par Louis XVIII. Certes, il n’en va pas de même de Charles X, mais son échec final révèle son utopie.

 

N’oublions pas que Napoléon a respecté en effet le principe de l’établissement d’une Constitution ; en cela aussi il a entériné l’héritage de la Révolution. Il est tout à la fois un homme des Lumières et un romantique, mais en n’osant pas s’appuyer sur l’élan populaire qui se manifeste à son endroit en 1815, y compris après Waterloo, il ne parvient pas à entrer résolument dans le XIXe siècle et demeure un homme du XVIIIe siècle habité par une vision idéalisée du peuple qui supporte mal la confrontation avec les réalités des mouvements de rue.

 

PdA : On fait un bond de 200 ans. En juillet dernier, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, surprenait les lecteurs du 1 Hebdo en déclarant ceci : « Il manque un roi à la France ». De fait, depuis 1965, les Français se choisissent, par l’élection, un super-leader d’après un costume taillé par De Gaulle en pensant (un peu) aux deux Bonaparte qui ont régné sur le pays. Mais n’est pas De Gaulle, Napoléon ou Louis-Napoléon qui veut : les présidents, plus vraiment taillés pour ce costume de prestige, gouvernent, de plus en plus ; ils incarnent de moins en moins la nation mais la clivent au contraire régulièrement. Vous êtes-vous fait une idée précise quant aux débats qui touchent aux institutions ? Manque-t-il un roi à la France ? De manière plus prosaïque : le chef d’État devrait-il gouverner ou simplement « régner » ?

 

N.P. : Il me semble que les Français, avec Napoléon puis De Gaulle dans leur histoire, rêveront toujours d’avoir à la tête de leur pays un leader capable d’incarner la nation.

 

PdA : Quels sont vos projets, Natalie Petiteau ?

 

N.P. : Il y a encore beaucoup à travailler sur l’Empire, sur l’ombre portée de l’Empire, sur les hommes de l’Empire...

 

Natalie Petiteau

 

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Pour aller plus loin...

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28 octobre 2015

« La ‘‘paix froide’’ comme nouvelle normalité », par Guillaume Lasconjarias

Guillaume Lasconjarias, diplômé d’un doctorat d’Histoire à la Sorbonne, s’est spécialisé depuis quelques années dans l’étude et l’analyse des questions de sécurité et de défense. Outre ses riches activités universitaires, il est aujourd’hui chercheur employé par l’OTAN au sein de la division Recherche du Collège de défense (sorte de think-tank) de l’Alliance atlantique, à Rome. Il a accepté, ce dont je le remercie de manière appuyée, de répondre à quelques unes de mes questions d’actualité. Ses réponses, qui me sont parvenues le 28 octobre, soit, deux jours après l’envoi de ma proposition par mail, n’engagent que lui et en rien l’OTAN ou son Collège de défense. Elles sont très complètes et hautement instructives. Je vous en souhaite bonne lecture... Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

« La ‘‘paix froide’’ comme nouvelle normalité »

Interview de Guillaume Lasconjarias

 

Sentinelle

Une illustration de l’op. Sentinelle. Crédit : état-major des armées.

 

Paroles d’Actu : Bonjour Guillaume Lasconjarias, merci de m’accorder cet entretien. La lutte contre l’organisation État islamique s’inscrit dans un cadre plus vaste de mutation des menaces encourues par les sociétés établies. Les élites politiques et militaires ont-elles pris la pleine mesure de ce qu’impliquent la professionnalisation et l’internationalisation du terrorisme - qui par définition suppose une guerre asymétrique - s’agissant notamment des moyens alloués et de la formation des armées ?

 

Guillaume Lasconjarias : Bonjour. Je ne suis pas un spécialiste du terrorisme, et donc ce n’est pas tellement sur la façon de lutter contre ce qui est avant tout un mode d’action que le problème se pose à mes yeux. La menace qu’est l’EI, ou ISIS, ou Daesh, est réelle, mais diffère-t-elle vraiment de celles qui, depuis maintenant une vingtaine d’années, s’adressent à nos sociétés ? Pour ma part, je ne le pense pas. À mes yeux, le point que vous mentionnez sur la capacité des élites, ici et ailleurs, à saisir ce qui se passe et ce qui est en jeu est plus important.

 

« La séparation traditionnelle sécurité / défense est caduque »

 

Le premier problème est que nous sommes bien dans une phase de transformation, sinon de la guerre, du moins de la conflictualité. Traditionnellement, la grande partie des nations européennes vivaient sur une séparation des problématiques de défense et de sécurité, avec une armée tournée vers l’extérieur et des forces de police chargées de l’intérieur. C’est un peu, pour simplifier, l’héritage de Guibert dans son Traité de la Force publique (1790). Avec la mondialisation des menaces, et l’internationalisation du terrorisme, cette séparation devient caduque. Les différents Livres blancs (depuis au moins celui de 1994) prennent en compte ce fait. Le titre même du Livre blanc de 2008, « sur la sécurité et la défense », pose le principe de continuité entre les deux, et donc modifie les tâches et les missions, en les élargissant, et en les complexifiant.

 

Le second point est celui de l’adaptation des forces armées à ce nouveau défi. La notion de « guerre contre le terrorisme » renvoie à l’Amérique post-11 septembre, aux déclarations de George W. Bush et aux engagements en Afghanistan et en Irak. Militairement, les deux campagnes initiales ont été un succès. Jinsiste délibérément sur cette dimension tactique, qui na rien à voir avec laveuglement stratégique qui peut avoir accompagné ces campagnes. La capacité à faire céder et à écraser des États soutenant le terrorisme international - ou accusés d’en faire le jeu - a été démontrée : ces pays ont vu leurs armées défaites en quelques semaines. Ce qui a été particulièrement difficile, c’est de comprendre comment l’après-guerre a marqué, en réalité, le début de la « vraie » guerre, dans des dimensions que nul n’avait prévu, avec des redécouvertes conceptuelles et intellectuelles fondées sur une vision biaisée de l’histoire. Je pense aux analogies, très populaires au tournant des années 2004-2007, entre des opérations de contre-insurrection passées et des situations actuelles. Larmée US et, à sa suite, l'armée française, sest ainsi emparée de lhistoire de la guerre dAlgérie pour en tirer des savoir-faire applicables en Afghanistan ou en Irak, quand le contexte diffère radicalement. Ces transferts culturels et ces échanges se retrouvent aussi dans l'armée britannique, qui a redécouvert les opérations menées en Malaise dans les années 1950.

 

Dans tous les cas, ces exemples passés de combats asymétriques me paraissent aussi intéressants, car on a été chercher dans le passé des modèles à appliquer en se dispensant des analyses nécessaires, notamment sur les natures profondes des nouvelles insurrections, et sur les motivations profondes de nos adversaires. Si les produits doctrinaux qui en sont sortis sont loin d’être inintéressants et traduisent la volonté des acteurs occidentaux de mieux comprendre ces nouvelles formes d’engagement, on a en réalité occulté plusieurs dimensions. Ainsi, alors que la plupart des études concluaient que pour avoir un réel impact, les opérations militaires doivent sinscrire dans la durée et avec une présence au sol conséquente, on na eu de cesse de vouloir limiter nos engagements, et on a voulu rapatrier nos combattants le plus rapidement possible, quitte à se mentir sur le niveau de sécurité obtenu. On a vu le résultat en Irak, on le devine en Afghanistan...

 

« La question de l’acceptation sociale 

des dépenses militaires est un vrai problème »

 

Si nos armées et notamment les composantes terrestres se sont bien adaptées, et si les doctrines produites sont loin d’être inutiles (et notamment l’approche globale), je rebondis sur ce que vous identifiez, à savoir la réduction des budgets et des formats - plus que de la formation - de nos armées. Ce n’est pas neuf, les spécialistes le dénoncent depuis longtemps, la plupart des pays européens ont fait l’impasse sur leur défense. Les raisons sont multiples, et on peut citer les « dividendes de la paix » imaginés après la chute de l’Union soviétique comme l’idéologie de la « transformation ». La question de l’acceptation sociale des dépenses militaires est aussi un vrai problème, surtout quand elles sont en compétition avec d’autres postes budgétaires considérés comme plus importants/essentiels. Enfin, les crises économiques et la nécessité de réduire les coûts à tout prix ajoutent à cela : on se tient à des formats juste nécessaires, quitte à faire des efforts en urgence plutôt que de gérer dans la longue durée. « Gouverner, c’est prévoir » disait Émile de Giradin, et je crois que dans ce domaine, les efforts doivent être permanents.

 

PdA : L’intervention récente du Kremlin en soutien de son allié syrien ne manque pas de provoquer des questionnements chez certains observateurs en ce qui concerne les cibles visées et la vérité des fins recherchées. Quelle lecture faites-vous, sur cette question-ci et d’autres d’actualité à peine moins brûlante, des mouvements extérieurs de la Russie de Vladimir Poutine ?

 

G.L. : À dire vrai, je suis souvent étonné par une certaine propension à voir en Poutine un stratège, l’archétype du nouvel homme fort, et un modèle à suivre pour nos élites. Je pense qu’il ne faut pas dissocier sa façon d’agir en Syrie de celle qu’il a manifestée en Ukraine ou en Crimée.

 

« On le sait peu, mais les billets de banque du régime

d’Assad sont imprimés à Moscou... »

 

Certes, en Syrie, l’armée russe avance à visage découvert. Depuis le début de la guerre civile, en 2011, les Russes ont toujours soutenu Assad, sans doute d’ailleurs pour conserver leurs garanties sur les bases qu’ils y possèdent. Là encore, un petit rappel historique me paraît nécessaire : la Russie - depuis Pierre le Grand et la Grande Catherine - a toujours regardé comme un but à atteindre un accès aux mers chaudes. Pendant la période soviétique et la Guerre froide, l’URSS avait signé des accords avec des pays autour de la Méditerranée pour garantir des points d’appui logistiques, et éviter d’avoir à repasser par les détroits qui conduisent à la Mer Noire. La base de Tartous est un héritage de cette période - l’accord a été signé en 1971 - et autorise les navires russes à demeurer opérationnels dans cette zone. En fait, cette base s’est transformée de plus en plus en centre de commandement et dépôt logistique. Ces dernières années, la Russie a gardé un profil bas, mais n’a jamais cessé de soutenir le régime de Damas. On ne le sait pas assez, mais c’est à Moscou qu’on imprime les billets de banque du régime, qui sont ensuite livrés par avion-cargo et qui servent à financer l’armée et à payer les fonctionnaires. Quant à l’équipement, Moscou n’a jamais caché qu’il appuyait Assad et livrait les armes nécessaires.

 

Cela dit, depuis cet été, on observe une montée en puissance. Cela a commencé par le repérage de véhicules russes, le signalement par les forces rebelles de drones russes, et la mise en ligne, sur les sites de réseaux sociaux, de photos de soldats russes, appartenant sans doute à des unités d’infanterie navale. Le discours ambiant justifiait ces déploiements comme des mesures de protection face à l’avancée de rebelles, et notamment les coups sévères portés par ISIS contre l’armée régulière d’Assad, qui cède du terrain, et se retrouve dans l’incapacité de former un rempart efficace. Devant le risque de voir les bases russes tomber sous le feu ennemi, on a vu Poutine passer à l’attaque, et s’engager pleinement aux côtés du régime, pour le sauver. Envoi d’instructeurs, mise en place de chasseurs bombardiers de dernière génération, d’hélicoptères lourds, de tanks et de pièces d’artillerie, ainsi que des postes de défense anti-aérienne... On est déjà plus dans la capacité à projeter des forces qu’à simplement protéger une base.

 

Et donc, il suffit d’un discours prononcé à la tribune de l’ONU pour qu’on fasse de Poutine le sauveur de la Syrie, celui qui va rebattre les cartes, frapper ISIS et renverser la situation sur le terrain, humiliant les Occidentaux et les États-Unis incapables de gérer la crise... Dans les faits, je crains que ce ne soit plus compliqué. D’abord, l’intervention de Poutine dans la région n’est pas uniquement motivée par la sauvegarde du régime. Il y a un discours qui prétend cela, mais la situation syrienne conjugue l’ensemble des peurs du dirigeant russe : le chaos possible, la contagion de l’anarchie et de l’extrémisme religieux, la présence de forces occidentales accusées de saper Assad pour le remplacer par des régimes amis (à l’instar de l’analyse russe sur les Printemps arabes et les révolutions de couleur)... Ensuite, il s’agit d’un message vis-à-vis des autres acteurs régionaux, dont l’Iran : au début du conflit, Assad s’est surtout tourné vers la Russie mais, au fur et à mesure, l’Iran s’est imposé comme le principal contributeur, par l’envoi de cadres, et par le rôle militaire accru au sol. En 2013, Assad s’est même détourné de Moscou en choisissant d’employer des armes chimiques, contre la volonté russe. Aujourd’hui, en revenant au premier plan, c’est un signe que la Russie n’entend pas céder sur son leadership régional. Enfin, ceux qui espèrent que la Russie mène réellement la lutte contre ISIS n’ont qu’à observer les effets des frappes : pour l’heure, il semble que la grande majorité des sorties sont dirigées contre des zones qui n’abritent pas l’EI. En revanche, ils frappent d’autres groupes rebelles, considérés par le régime comme leur principal adversaire (l’armée syrienne libre, le front Al-Nosra...).

 

« Pour Poutine, le sursaut de la Russie dépendra

avant tout d’une politique extérieure ambitieuse »

 

D’une façon générale, Poutine fait de la politique extérieure la condition du sursaut russe : il est obsédé par la perte de son statut et rappelle sans cesse que la chute de l’URSS a été la pire catastrophe géopolitique du 20e siècle ; il a les yeux rivés sur les États-Unis et sur l’OTAN, il soigne sa relation avec la Chine bien que dans la réalité, le partenariat penche en faveur de Pékin. Pour synthétiser, sa conception de la politique étrangère se fonde sur le rapport de forces, pas sur une coopération harmonieuse. D’où les images, fausses ou faussées, qui font de Poutine soit un joueur d’échec, soit un karatéka... Je pense aussi qu’il soigne son image pour donner cette impression, quand ce qui le guide me semble dicté par une vision très 19e siècle des empires et de la place qu’ils occupent/occupaient.

 

PdA : Si on se place du point de vue de la Russie, ex-superpuissance mondiale qui a vu son empire s’effondrer et tenté tant bien que mal, tout au long des années 1990, de s’introduire dans le jeu de la communauté internationale, on ne peut s’empêcher de penser que, tout de même, certains dirigeants de l’OTAN et de ses pays membres ont fait preuve de désinvolture à l’égard de Moscou : on peut aisément comprendre le besoin ressenti par certains pays ayant vécu sous le joug communiste de rejoindre l’Alliance atlantique ; on peut tout autant concevoir que la Russie ait mal vécu des démarches similaires  - je pense à des initiatives de George W. Bush notamment - entreprises jusqu’au cœur de sa zone d’influence historique (Ukraine, Géorgie...), à deux pas de ses frontières. La survivance même, sous sa forme originelle, de l’OTAN, conçue contre la Russie soviétique, peut alimenter ce ressentiment. L’Occident n’a-t-il pas, plus ou moins involontairement, contribué à la résurgence d’un nationalisme russe qu’incarne parfaitement Vladimir Poutine ?

 

G.L. : J’admets avoir un biais professionnel, et répondre à la question en justifiant l’une ou l’autre attitude serait sans doute renforcer ce biais. Mais reprenons un peu la cinématique. Le discours russe, ces jours-ci, remploie à l’envi les soi-disant accords entre Gorbatchev et les puissances occidentales de ne pas s’étendre à l’Est. Or, c’est une révision du passé, parce qu’on fait d’un cas particulier - la situation de l’Allemagne au moment de la réunification en 1989-1990 - une sorte de cas général, et qu’on traite comme vérité, des ouï-dire, ou des témoignages quil faudrait nuancer et confronter aux archives.

 

Initialement, la question qui était posée était la suivante : si l’Allemagne se trouve réunifiée, peut-on concevoir qu’une partie appartienne à l’OTAN et l’autre non ? Dans les réunions et rencontres entre dirigeants américains, allemands et soviétiques, l’accord qui fut trouvé, nommé aussi traité « 2+4 », excluait le stationnement de forces OTAN étrangères sur le territoire de l’ex-Allemagne de l’Est. Cela garantissait que l’Ouest ne profiterait pas du retrait des forces pré-positionnées soviétiques pour s’y substituer et menace directement les pays encore membres du Pacte de Varsovie. Mais on parle là de l'année 1990, à une époque où, dans lesprit des dirigeants des deux camps, les blocs existaient et nallaient pas s'écrouler.

 

La dissolution du bloc soviétique, l’élargissement de la démocratie à l’Est, et le libre choix des nations d’adhérer à l’Alliance atlantique, à partir de la fin des années 1990, a sans doute une part dans la constitution de ce discours à la fois revanchiste et empreint de nostalgie. Mais là encore, il faut revenir à l’état d’esprit de cette époque : l’élargissement n’a pas été fait contre la Russie, il a été fait dans l’optique de maintenir des liens stratégiques étroits avec elle. Qui donc sait et se souvient que la Russie appartient aux premiers bénéficiaires du Partenariat pour la Paix ? Qui donc sait que la Russie possédait une plate-forme de partenariat dédiée avec l’OTAN et l’Alliance atlantique, le Conseil OTAN-Russie établi en 1997 (aujourd’hui en sommeil) avec l’Acte fondateur qui renforçait les liens et activités avec la Russie ?

 

Les visions d’une Russie entourée, encerclée, par les Alliés occulte le fait que les Alliés, dans ce stade de discussion, s’engageaient à ne pas déployer d’armes nucléaires sur le territoire des nouveaux entrants, pour justement éviter de brusquer la puissance russe et provoquer un retour en arrière. Mais les tensions nées de l’opération au Kosovo, les révolutions de couleur en Ukraine et en Géorgie, ont favorisé l’émergence d’une défiance permanente, instrumentalisée par le pouvoir en place, pour dénoncer une invasion rampante. Mais, étonnamment, peu s’interrogent sur les raisons pour lesquelles des pays satellites ou anciennement alliés de la Russie se rapprochent de l’Alliance et de l’Union européenne... On y voit forcément la main de Washington, mais c’est peut-être très rapide et caricatural.

 

« L’Occident a sans doute négligé une certaine

sensibilité russe à l’Histoire... »

 

Je ne dis pas que l’Occident ne porte pas de responsabilité, non plus. J’estime que nous avons cédé facilement à l’idée que la Russie était un partenaire comme un autre, et nous avons perdu tout intérêt stratégique pour la Russie, en le remplaçant par une sorte de rêve et d’aspiration économique. En croyant que la libéralisation et le jeu du marché allaient transformer et bouleverser le pays - ce qui a eu lieu, mais de façon anarchique et sans porter les résultats attendus - les puissances occidentales ont surtout vu le fantasme d’un Eldorado du business, occultant le rôle des acteurs politiques, leurs perceptions et peut-être, indubitablement pour certains, leur sens de l’histoire. Au risque de faire une comparaison un peu osée, les Russes sont ancrés dans l’histoire quand nos élites ont basculé dans un univers post-moderne déconnecté de cette même mise en perspective.

 

PdA : Quelles relations avons-nous vocation à entretenir aujourd’hui avec la Russie ? Avec l’Ukraine ?

 

G.L. : Les relations avec la Russie ne sont clairement pas au beau fixe, et les décisions prises à la suite de la crise ukrainienne, l’an passé, ont cristallisé les tensions. Prenons l’exemple des mesures décidées par l’OTAN. La coopération que nous avions avec la Russie et les échanges réguliers ont été suspendus. Le Conseil OTAN-Russie ne se réunit plus, et je ne crois pas qu’il le fasse avant longtemps, car il faudrait pour cela que la Russie accepte de revenir à la table des négociations et discute des problèmes qui nous concernent tous. En revanche, tous les canaux de discussion n’ont pas été fermés : les ambassadeurs continuent de travailler ensemble et nous maintenons ouverts les moyens de parler avec les Russes, ne serait-ce que pour éviter des risques d’escalade et de méprise. De son côté, l’Union européenne a lancé des sanctions économiques dont la portée est souvent discutée, mais qui ont un véritable impact. En effet, au-delà de leur portée effective et de ce que signifie « frapper au portefeuille », ces sanctions envoient un signal politique fort, et encourageant quant à la capacité de l’UE à devenir un acteur essentiel dans la possible résolution de la crise ukrainienne. En outre, la prolongation des sanctions - alors que certains s’interrogeaient sur la décision de quelques pays courtisés par Moscou - rappelle que l’UE sait, quand elle le veut, tenir ferme ses engagements.

 

Sur les relations futures, je ne vois pas d’évolution à court terme. Force est de constater que si nous avons besoin de la Russie dans nombre de dossiers, l’inverse est aussi vrai. Nous devrions au moins admettre que si nous ne partageons pas les mêmes valeurs, au moins, nous avons des intérêts en commun qui devraient inciter à plus de flexibilité. Mais cela ne doit pas se faire en violant les règles du droit international, en piétinant les frontières reconnues et en agissant en flibustier.

 

« Il n’existe aujourd’hui aucun consensus quant

à une accession de l’Ukraine à l’Otan »

 

Quant à l’Ukraine, il existe un consensus sur la nécessité de réformer cet État, de le renforcer et de l’appuyer. Mais cela ne peut se faire à n’importe quel prix, et il n’existe ainsi pas de consensus sur un accès de Kiev à l’OTAN, pas plus que sur lacheminement dune aide militaire conséquente aux forces armées et aux forces de police ukrainiennes. C’est de la responsabilité individuelle des États et des nations que de soutenir ouvertement Kiev. Là encore, rappelons que lOTAN est dabord un ensemble de nations souveraines, et quon ne leur force pas la main. Les décisions sont prises selon la règle du consensus, ce qui veut dire aussi que le leadership américain, quon agite tel un chiffon rouge, est fantasmé. Pour ma part, je ferai une simple constatation. Il y a vingt ans, la Pologne et l’Ukraine, qui ont une population et un territoire semblables, et appartenaient tous deux au Pacte de Varsovie, étaient dans la même situation économique et politique. Aujourd’hui, et sans tirer plus de leçons qu’il n’en faut - notamment en rappelant les problématiques complexes liées à leur histoire propre - qui oserait nier que l’on ne pourrait trouver voies plus différentes qu’entre la Pologne, membre important de l’OTAN et de l’UE, géant économique à l’Est et l’Ukraine, déchirée par une terrible guerre et qui peine à sortir d’une crise rampante ?

 

PdA : Les révélations récentes à propos d’actes d’espionnage caractérisés par les États-Unis à l’encontre de leurs alliés français et allemand notamment imposent-elles, à votre sens, une redéfinition de nos partenariats militaire, diplomatique et économique avec Washington ?

 

G.L. : Dans le jeu hypocrite qu’est l’espionnage, la seule faute, c’est de se faire prendre. Au-delà des cris d’orfraie et des dénonciations, il faut raison garder et ne pas sur-réagir. En outre, écouter, ce n’est pas forcément entendre.

 

PdA : Avez-vous une position arrêtée quant à la stratégie à adopter s’agissant de la lutte contre l’organisation État islamique ?

 

G.L. : Hélas, si tel était le cas, je pense que d’autres auraient déjà proposé la martingale ! Je constate surtout que l’entrée de la Russie dans le jeu a complexifié les choses, et ne risque pas d’améliorer sensiblement la situation au Moyen-Orient. Les récentes coupures de presse montrent ainsi que depuis les bombardements de l’armée russe, le flot de réfugiés s’accroît... En étant un peu précis, et plus que des recommandations, je crois qu’il faut combiner plusieurs lignes d’opération et maintenir un effort constant dans les domaines suivants :

- La poursuite d’opérations militaires pour frapper Daesh et ses centres logistiques, lui interdire tout repli et forcer l’organisation à régresser, de quasi-État - ou d’organisation soi-disant étatique - au groupe qu’il était jusqu’alors.

- La privation de ses moyens de financement, et une lutte efficace contre ses moyens de subsistance : pensez que les fonctionnaires irakiens qui sont en zone occupée par Daesh continuent d’être payés par l’État irakien, et que Daesh prélève un pourcentage sur ces transactions ! Et je ne parle pas du trafic de pétrole ou de la contrebande d’objets archéologiques...

- Lutter contre le flot de combattants étrangers qui rejoignent Daesh et qui font peser, par leur retour possible, une menace forte d’actions dites « obliques », c’est-à-dire la perpétration d’actes terroristes par des personnes issues de ce même pays mais entraînées, et subventionnées par Daesh. Des sortes d’attentats contre Charlie, puissance 10.

- Lutter contre la propagande de Daesh. Prosélyte et très perfectionnée, la communication de ce groupe est à la pointe du progrès, en usant le plus récent des connaissances sur l’emploi des réseaux sociaux. Il faut poursuivre nos efforts et lutter efficacement dans le cyberespace contre cette menace.

- Soutenir les acteurs régionaux et nos partenaires qui sont en première ligne, comme la Jordanie et le Liban, pour éviter un effet de contagion de la crise.

 

PdA : Justement... Craignez-vous la survenance d’attentats terroristes majeurs sur le sol ou contre les intérêts français ? La population, et je rebondis en cela sur ma première question, est-elle efficacement sensibilisée en la matière ?

 

G.L. : Il me paraît difficile d’être vraiment préparé. La résilience, d’abord, est une capacité à ne pas perdre, ce qui constitue notre essence, et à récupérer, même après un choc traumatique. Je pense qu’en la matière, le problème est d’abord générationnel, et peut-être aussi politique. Nous vivons dans un monde qui tend à devenir plus complexe, plus dangereux et plus difficile, mais nous nous évertuons à donner le change, à réagir au cas par cas, ou au coup par coup, au lieu de fonder une véritable stratégie qui identifierait sur un large spectre ce que nous voulons faire, et ce qu’on y engagerait comme moyens et ressources. Aujourd’hui, la plupart du temps, on fait le contraire : on part de ce qu’on a, et on voit ce qu’on peut faire. C’est ne rien comprendre à la stratégie. Il y a un très bon article du Professeur Hew Strachan qui s’appelle The Lost Meaning of Strategy et qui identifie ces pis-allers. Il faudrait que tous le lisent et agissent en connaissance.

 

Que la France soit un objectif et une cible pour des groupes radicaux, je le conçois aisément. L’actualité de l’année 2015 l’a montré. La réaction du gouvernement, les choix affirmés d’une moindre baisse du budget de la Défense et un maintien (voire un léger mieux) dans les politiques de ressources humaines militaires ont été généralement bien accueillis, mais existe-t-il une vision à long terme ? L’opération Sentinelle, qui vise à aligner des soldats dans les lieux publics et devant les sites susceptibles d’être attaqués, fait des militaires des cibles immobiles ; cela ne permet pas d’avoir un effet dissuasif, bien au contraire. De plus, si le côté psychologique n’est pas négligeable, on évoque rarement à quel point cette mission est exigeante, et lourde de contraintes, car l’armée qui opère sur le territoire, c’est un geste fort mais pas anodin du point de vue juridique.

 

« Créons un pont entre la société civile et le monde militaire »

 

Sur le cas français, je pense que l’on devrait redonner un rôle aux acteurs que sont les enseignants, et les éducateurs en général. La notion d’instruction publique, au travers de l’éducation civique et morale, ne devrait pas être délaissée - j’ai conscience que c’est très 3e République. On oublie souvent que la défense d’un pays et de ses valeurs commence à l’école, avec une compréhension de qui l’on est, d’où on vient et de là où on souhaite aller. Les enjeux ne sont pas simplement sécuritaires, ils visent à redonner du lien social. Je suis aussi très attaché au rôle que peuvent jouer les réservistes et anciens militaires, en créant un pont entre la société civile et le monde militaire, pour apporter un enrichissement et une connaissance mutuelle favorables.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

G.L. : Alors que nous sommes en 2015, et que nous commémorons le centenaire de la Grande Guerre, il serait peut-être utile de revenir sur les enchaînements qui ont conduit à la Première Guerre mondiale. J’ai été très frappe par le livre de Christopher Clarke, The Sleepwalkers, qui montre qu’enchassés dans un système d’alliances, les acteurs politiques d’avant 1914 n’avaient finalement pas réussi à limiter l’escalade et la marche à la guerre. Cela me marque parce que l’on entend beaucoup, ici et là, des réactions alarmistes sur l’actualité et la possibilité d’une troisième guerre mondiale. À mes yeux, si tel est le cas, il ne faut pas s’attendre à rejouer ou à revoir une conflagration telle que celle vécue par nos grands-parents. La limite aujourd’hui toujours plus ténue entre guerre et paix, au profit de « paix froides » entrecoupées de périodes de tensions dans tous les domaines, et pas seulement militaires, me semble caractériser ce qui est une nouvelle normalité.

 

Guillaume Lasconjarias

 

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27 octobre 2015

« Le sport, un vecteur de cohésion sociale », par Pierre-Henri Bovis

Pierre-Henri Bovis, jeune maire-adjoint d’Achères, dans les Yvelines, est depuis près de trois ans un habitué de Paroles d’Actu (à lire notamment, cet article mis en ligne lannée dernière). J’ai souhaité l’inviter à s’exprimer aujourd’hui sur une question moins « politicienne » qu’à l’accoutumée - bien quéminemment politique : le sport, qui est d’ailleurs, ceci expliquant aussi cela, le domaine premier de sa compétence à la municipalité. Merci à toi « PH » de t’être prêté au jeu, une fois de plus... Une exclusivité Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.

 

« Le sport, un vecteur de cohésion sociale... »

par Pierre-Henri Bovis, le 26 octobre 2015

Les rencontres à la Mairie s’enchaînent mais ne se ressemblent pas... La délégation Sport est d’une richesse que je ne soupçonnais pas ; cela constitue déjà, en soi, une belle leçon d’humilité.

Le sport a toujours fait partie de ma vie. Le tennis, le volley, le football, la course... sont autant d’activités qui ont forgé ma personnalité. Malheureusement, le manque de temps m’empêche de plus en plus de pratiquer une activité sportive comme je le souhaiterais. Pourtant, nous sommes parvenus, avec une petite équipe de coureurs achérois, à garder un rythme régulier : une fois par semaine, pendant la pause déjeuner. Nous profitons de cette chance d’habiter dans une commune des Yvelines à dimension humaine, située entre la Seine et la forêt domaniale de Saint-Germain-en-Laye. Nous courons en général durant quarante à cinquante minutes.

La culture physique est pleinement intégrée dans notre modèle sociétal, à tel point que les publicités autour du sport, de l’alimentation équilibrée font aujourd’hui partie de notre quotidien. Arnold Schwarzenegger, qui fut gouverneur de Californie, a très vite compris, dès le début des années 2000, l’impact du sport chez les citoyens en menant une politique ferme et ambitieuse de lutte contre l’obésité et de promotion de l’exercice physique. C’est le rôle des pouvoirs publics d’accentuer l’effort sur la communication sportive, ses bienfaits et ses valeurs.

Qui n’a pas en tête l’image des « Black Panthers », le poing gauche levé comme symbole de liberté et d’émancipation ? Pendant la Guerre froide, le sport et les sportifs étaient considérés comme des ambassadeurs des identités nationales. Une victoire lors dune épreuve suggérait la réussite d’un modèle social. Les Jeux olympiques ont très largement contribué à l’émergence, depuis quelques années, d’une « science sportive » : le sport est de fait devenu un pilier incontournable des relations internationales et, plus directement, des politiques publiques.

Il y a quelques temps, jai eu la chance de rencontrer, à Achères, une dame formidable de 82 ans qui force le respect... Trois fois par semaine, tôt le matin (à partir de 6h30), elle court six kilomètres pour garder la forme et préserver sa sociabilité. Le week-end dernier, jai eu lhonneur de marier un couple qui sest rencontré il y a 8 ans, par un heureux hasard... lors d'un footing !

Ces deux rencontres en quelques jours prouvent à elles seules la place occupée par le sport dans nos vies. Il est incontournable. Facteur de bien-être, de sociabilité, d'échanges, facteur d'intégration, il est un vecteur puissant de valeurs. Le tissu associatif joue d’ailleurs un rôle majeur en la matière, bien que trop souvent oublié par les politiques. En réponse au communautarisme, à la fragmentation - annoncée ou constatée - de notre modèle social, le sport est un ciment puissant qui favorise le maintien de ces valeurs, tellement fondamentales pour nos sociétés...

Le sport et en particulier les clubs sportifs ont un rôle essentiel à jouer au quotidien dans l’éducation et l’encadrement des jeunes, en ce qu’il est, là encore, un vecteur de cohésion sociale. Il est également une activité socio-économique en expansion. Les champions des différents sports doivent être les ambassadeurs dun modèle de réussite pour les plus jeunes. Dans les quartiers difficiles, il ne fait aucun doute que le sport assure, à son niveau, une réelle politique d’insertion.

 

PH Bovis

Pierre-Henri Bovis, maire-adjoint d’Achères en charge du Sport,

ici accompagné de son amie dans la forêt domaniale de Saint-Germain-en-Laye...

 

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22 octobre 2015

Bertrand Tessier : « Sardou n'a pas son pareil pour capter l'air du temps »

Le 14 octobre paraissait, chez Fayard, Sardou : 50 années ensemble, un riche retour en texte et en images sur la carrière et la vie de Michel Sardou. Si le chanteur en a écrit la préface, l’ouvrage, lui, est signé Bertrand Tessier, journaliste et auteur de nombreux livres sur, notamment, les parcours de quelques artistes populaires. Le 18 octobre, il m’envoyait les réponses aux questions que je lui avais écrites et envoyées par mail six jours plus tôt. Merci à lui. Bonne lecture... et bonne écoute ! Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

Bertrand Tessier: « Sardou n’a pas son pareil

pour capter lair du temps »

 

50 années ensemble

 

Paroles d’Actu : Bonjour Bertrand Tessier, merci de m’accorder cette interview à l’occasion de la sortie de votre dernier ouvrage en date, Sardou : 50 années ensemble (il y a quatre ans, déjà, vous co-composiez Les images de ma vie chez Flammarion). Comment en êtes-vous arrivé à nous présenter aujourd'hui ce livre édité chez Fayard ? Parlez-nous de ce projet ?

 

Bertrand Tessier : Qui peut se targuer d’avoir cinquante ans de carrière dans la chanson en France ? Qui plus est : cinquante ans de succès. Nous nous connaissons depuis plusieurs années ; il a, je crois, confiance en moi. Il était logique de célébrer ce bel anniversaire avec un livre à la hauteur du personnage. Un livre de grand format, où s’entremêlent textes, photos, documents d’archives…

 

PdA : Quelle était votre perception de l’homme Michel Sardou avant de travailler sur et avec lui ?

 

B.T. : J’avais l’image d’un homme bougon, râleur, difficile d’accès. En fait, c’est une protection. Une manière de mettre de la distance. À partir du moment où il vous a adopté, il se montre tel qu’il est vraiment : charmant, fin, cultivé, délicieux, drôle. En plus, à la différence de toutes les stars que j’ai pu rencontrer au cours de ces dernières années, il a une immense qualité : il n’est pas du tout égomane !

 

PdA : Avez-vous fait de réelles découvertes sur l’artiste et l’homme lors de l’édification de cet ouvrage ?

 

B.T. : Le but de ce livre n’était pas de faire des « révélations » plus ou moins sulfureuses mais de retracer une carrière année par année, à la fois à travers ses disques, mais aussi à travers les reportages photo qu’il a accordé à la presse. Ce qui est fascinant, c’est de voir la quantité de choses qu’il a faites en cinquante ans : disques, concerts, tournées, pièces, films, téléfilms, émissions de télévision. C’est un bourreau de travail ! Et en cinquante ans de carrière, il n’a pas connu le moindre passage à vide : il a toujours eu le public de son côté.

 

PdA : Michel Sardou a souvent été et demeure, de par certaines de ces chansons et ses nombreuses prises de position, un personnage controversé. Comment recevez-vous et analysez-vous ses « engagements » ? Sardou est-il « politique » ?

 

B.T. : Politique, non, car ce n’est pas un homme d’engagement. Il n’est inféodé à aucun parti ni aucune idéologie. En revanche, je dirais que c’est un chanteur de société. Depuis ses débuts, il raconte la société française et ses évolutions. Les villes de solitude, consacrée aux villes nouvelles qu’on n’appelait pas encore les cités, c’est Starmania cinq ans plus tôt ! Il n’a pas son pareil pour capter l’air du temps. On lui a collé une étiquette de droite et de facho après Je suis pour, dont il a reconnu que le titre était une erreur - ce n’était en rien un plaidoyer pour la peine de mort, mais l’illustration de la loi du talion.

 

En France, on aime ranger les artistes dans des tiroirs. On lui a fait de véritables procès en sorcellerie : qui peut, sincèrement, douter de la dimension parodique, ouvertement humoristique, de Le temps des colonies ? Il a eu toutes les peines du monde à se départir de cette image. Aujourd’hui, les clivages sont différents, on voit bien à quel point il est avant tout un homme libre. Et c’est ce qui plaît. Dans le monde politiquement correct qui est le nôtre, un artiste qui n’hésite pas à ouvrir sa gueule pour dire ce qu’il pense, cela fait du bien !

 

PdA : L’espèce de détachement désabusé et, en même temps, d’autodérision aux traits prononcés dont il fait régulièrement montre depuis quelques années reflètent-ils à votre avis le vrai de sa personnalité ?

 

B.T. : Désabusé, je ne pense pas qu’il le soit. Il a gardé le même enthousiasme. Regardez les photos lors de sa dernière tournée : il y a dans son regard quelque chose qui pétille. La scène est vraiment son domaine. Mais son regard sur le monde a évidemment évolué, notamment sur le personnel politique… il n’est plus dupe de rien, si tant est qu’il l’ait jamais été. En ce qui concerne l’autodérision : le mot est juste. Non seulement il a beaucoup d’humour, mais il en a beaucoup envers lui-même.

 

PdA : Quelles sont, parmi ses chansons, celles qui ont votre préférence - et pourquoi ?

 

B.T. : Ses grands classiques : La maladie d’amour, En chantant, Les lacs du Connemara, etc. J’aime beaucoup ses chansons d’album, comme on dit : des titres qui ne sont pas voués à devenir des tubes, mais où il exprime des choses très personnelles, avec une qualité d’écriture tout à fait exceptionnelle. J’ai aussi une tendresse toute particulière pour Musulmanes. Vous en connaissez beaucoup, des artistes qui sont capables de propulser au sommet des hit-parades le mot « musulmanes » ? En concert, c’est au moment où retentissent les youyous de la chanson que ses fans accourent au pied de la scène… Preuve que cette chanson vaut tous les plaidoyers pour la tolérance…

 

PdA : Comment définiriez-vous la place qu’occupe, la trace que laissera Michel Sardou dans le paysage musical français ?

 

B.T. : On l’a pris pour un fabricant de tubes ; c’est un artiste singulier qui au fil des ans a construit une véritable œuvre. Il est entré dans le patrimoine français. Voir ses détracteurs d’hier l’encenser aujourd’hui en est la meilleure preuve.

 

PdA : Depuis quelques mois, l’objet premier de notre entretien semble privilégier de plus en plus clairement les scènes de théâtre aux salles de concert. Il chantera encore, ça ne fait aucun doute, mais il semble avoir perdu un peu de cette envie, s’agissant au moins de créations nouvelles. Quel est votre ressenti sur cette question ?

 

B.T. : Il a 68 ans et le marché du disque a évolué. Aujourd’hui, on ne cherche plus à construire des carrières, mais à faire des coups. Il ne se reconnaît pas dans cette évolution. Lui a toujours privilégié la durée. Ses derniers albums ont malgré tout été des succès. Il craint le disque de trop. Et puis, le théâtre est son vieux rêve. Comme il le dit souvent, il est devenu chanteur par accident : il se destinait à être comédien. Il ne fait pas du théâtre par défaut mais par passion.

 

PdA : Pourquoi le fan de la première heure / l’amateur occasionnel / le curieux serait-il, de votre point de vue, bien inspiré de s’emparer de votre livre ? Qu’a-t-il de plus que tous les précédents ? Vos meilleurs arguments ?

 

B.T. : Pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ? Parce qu’il y a tout Michel Sardou dedans ! Les coulisses de ses disques, de ses tournées, de ses pièces… Quatre cents photos dont de nombreux documents inédits : Anne-Marie, son épouse, m’a notamment confié de nombreuses photos qu’elle a faites de Michel…

 

PdA : Si vous aviez un message à adresser à Michel Sardou, là, maintenant ?

 

B.T. : « Remets-toi à écrire des chansons ! Ta place est unique, le public suivra. »

 

PdA : Quels sont vos projets, vos envies pour la suite, Bertrand Tessier ?

 

B.T. : Continuer à alterner livres et documentaires pour la télévision, continuer à osciller entre l’univers du cinéma et celui de la musique.

 

Bertrand Tessier

Photo : Thomas Dusseau / SudOuest.fr

 

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Et vous, que vous inspire le parcours de Michel Sardou ?

 

Pour aller plus loin...

20 octobre 2015

« Alain Duverne, mon héros devenu mentor », par Rayane Messagier

Durant les quelques jours où, au début de l’été, les discussions sur les réseaux sociaux ont été vives, franchement vives sur le sort réservé aux Guignols par Vincent Bolloré, patron de Canal+, j’ai eu la chance d’échanger, un peu, avec quelques anciens de la chaîne et fidèles de l’émission créée par le regretté Alain de Greef.  Sur le site dont le logo est un « f » minuscule principalement. Parmi eux, Rayane Messagier, un tout jeune amateur de marionnettes, devenu membre attitré du « fan club » informel d’Alain Duverne, « maman » aux doigts d’or des Guignols (lire notamment, pour mieux le connaître, linterview qu’il m’avait accordée en février 2013). Sur mon invitation, Rayane Messagier a accepté de raconter son parcours pour Paroles d’Actu. La naissance d’une belle passion aux lendemains prometteurs et un hommage à un grand bonhomme, l’ami Alain Duverne. Une exclusivité Paroles dActu, par Nicolas Roche.

 

 

« Alain Duverne, mon héros devenu mentor... »

par Rayane Messagier, le 18 octobre 2015

Pour moi, la marionnette est plus qu’une passion. Au début, je pensais que c’était un art, mais je me suis rendu compte que non, car comme le dit Alain Duverne, la maman des Guignols : « Quand je fabrique des marionnettes, je ne fabrique pas une œuvre d’art, mais un instrument de comédie. »

J’ai quatre ans. Mes parents allument la télévision, ils mettent Canal+. Il était 19:55, et je regardais pour la première fois Les Guignols de l’info. Je fus émerveillé par ces marionnettes. À cet âge, je ne savais pas ce qu’était une marionnette, et je pensais que ces personnages de latex étaient réels. Et vous allez rire, mais quand j’étais petit, j’en faisais parfois des cauchemars. J’imaginais que PPD allait débarquer dans ma chambre pour « me manger tout cru », comme je le disais à mes parents à cette époque.

Cette répulsion, ou plutôt cette phobie, a cessé à l’âge de huit ans, quand j’ai découvert, sur internet, un reportage réalisé pour l’INA qui se déroulait dans l’atelier de fabrication des Guignols : Images et Mouvements (qui a été revendu à Canal+ il y a quelques mois). On voyait toute l’équipe en train de tailler des loups, qui devaient être fabriqués pour un sketch, dans de la mousse de polyuréthane. Et puis, je vois, tout d’un coup, un homme âgé avec une moustache grise à la Salvador Dali, expliquant comment manipuler un Guignol. Cet homme, c’est Alain Duverne, le créateur des marionnettes du Bébête Show, des Minikeums, et surtout, de celles des Guignols de l’info. Je ne me rendais pas encore compte, en regardant cette vidéo, de ce que tout cela allait bientôt représenter pour moi. J’étais encore un enfant, mais j’étais impressionné... Hypnotisé, passionné par ce que faisaient ces personnes.

Fin 2012, j’apprends via les réseaux sociaux que Les Guignols seront présents au Palais de Tokyo à l’occasion de la Nuit Blanche. Je supplie mes parents pour y aller. J’ai essayé de les convaincre de me laisser y aller pendant une bonne semaine, jusqu’à ce qu’ils cèdent. Le 6 octobre 2012, je me rends avec ma mère et deux amis au Palais de Tokyo. Arrivé dans le sous-sol du musée, voyant le décor de l’émission avec les marionnettes en vrai, j’ai eu l’impression de rêver. Totalement. Et, pour la première fois, j’aperçois Alain Duverne et toute l’équipe d’Images et Mouvements. Trop timide pour aller parler à Alain, je reste juste derrière lui à admirer la nouvelle « Guignol », sculptée dans l’argile : Laurence Ferrari. À ce moment-là, Alain Duverne se retourne et me dit : « C’est joli hein ? Regarde, c’est comme de la pâte à modeler ! ». J’esquisse un énorme sourire en voyant toute l’équipe de fabrication. Il y avait Annaïc Penon qui sculptait un buste de Guignol dans de la mousse de polyuréthane, Alain qui discutait avec beaucoup de passants, et Franck Demory qui faisait essayer aux visiteurs le mécanisme des yeux. C’est à ce moment précis que je me suis dit que, plus tard, je voudrais être marionnettiste.

 

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« Première rencontre avec Alain Duverne,

lors de la Nuit Blanche au Palais de Tokyo, en 2012. »

 

Fin 2013, mon professeur de technologie voit mes marionnettes et me conseille de prendre contact avec l’atelier des Guignols pour effectuer mon stage de 3ème dans leur entreprise. Coup de bol : je trouve le numéro d’Images et Mouvements sur Pages Jaunes et je les appelle. Et là, c’est Alain Duverne qui décroche ! Je suis hyper-intimidé parce que cet homme est, en quelque sorte, mon héros, mon idole. C’est lui et Jim Henson (The Muppets, Sesame Street) qui m’ont donné envie de devenir marionnettiste. Et là, j’étais tellement intimidé que je me suis mis à parler avec une toute petite voix. Énorme chance : l’entreprise accepte tous les élèves de 3ème. Et j’ai pu obtenir mon stage aux Guignols.

En décembre 2013, j’effectue donc mon stage chez Alain Duverne pendant une semaine. Je me souviens que la marionnette en fabrication était Stromae, et que je n’arrêtais pas de prendre des photos. Pour vous donner une idée, sur une semaine, j’ai pris près de 150 photos à l’atelier ! En fin de semaine, mon stage se termine, et Alain Duverne me dit que je serais toujours le bienvenu dans l’atelier. Et là, je me dis que ça a été vraiment la plus belle semaine de ma vie.

Depuis mon stage, je me suis beaucoup documenté sur l’univers des marionnettes. Ces recherches vont m’en apprendre beaucoup sur un grand monsieur qui sera ma deuxième idole : Jim Henson. L’univers qu’il a créé à travers les Muppets, The Dark Crystal, ou encore Sesame Street, c’est quelque chose qui m’a captivé dès le premier regard. Je me suis, donc, de plus en plus interessé au monde des Muppets. J’ai pu découvrir à travers des reportages, des tutoriels sur internet, ou des livres, les étapes de fabrication d’une marionnette style Muppet Show.

 

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Depuis, j’ai effectué quelques stages en plus dans l’atelier d’Alain Duverne pour tout savoir sur la fabrication et la manipulation des marionnettes les plus célèbres de France. J’ai pu apprendre, grâce à lui et à l’équipe d’Images et Mouvements, tous les secrets de fabrication d’un Guignol. Et, grâce à ces nombreux stages et visites, j’ai pu rencontrer et rester en contact avec d’autres marionnettistes, comme Mehdi Garrigues, le créateur de Jean-Marc, la créature de Jeff Panacloc, qui est devenu au fil des années un très bon ami. Alain Duverne répète sans cesse que Mehdi et moi sommes son fan club ! Ce qui est complètement vrai.

J’ai pu rendre visite à Alain Duverne à plusieurs reprises depuis cette fameuse crise à Canal+. Contrairement à ce qui peut être raconté dans les médias, l’atelier d’Alain se porte plutôt bien. Il a reçu depuis août une bonne dizaine de commandes, ce qui est un record depuis 1988 pour Images et Mouvements. Alain Duverne forme en ce moment quelques sculpteurs pour Les Guignols, avant de se retirer en juin 2016 pour prendre une retraite bien méritée après quarante ans de bons et loyaux services en tant que marionnettiste.

 

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« L’élève et le maître en plein travail. »

 

Malgré mon jeune âge, j’ai plein d’envies, de projets. Je suis en train de réaliser un documentaire sur Les Guignols que j’aimerais proposer au CVL de mon lycée. J’ai un autre projet, un peu plus important, une web-série de marionnettes style Muppet Show, mais aussi style Guignols/Minikeums. Je n’en dévoile pas plus pour le moment, car ceci n’est qu’un projet, et si ce projet voit le jour, j’aimerais garder cet effet de surprise lors de la diffusion du premier épisode.

Étant donné que mon rêve de pouvoir côtoyer Alain Duverne et l’équipe des Guignols est devenu réalité, mon nouvel objectif serait de pouvoir, un jour, travailler pour la Jim Henson Creature Shop. Je sais que c’est un rêve assez dingue, mais je suis prêt à travailler très dur pour pouvoir faire de ce rêve, une réalité...

Pour terminer : je n’aurais jamais pensé que mon héros, mon idole depuis presque dix ans, Alain Duverne, puisse devenir, en quelque sorte, mon mentor. Et ça, c’est la plus belle chose qui me soit arrivée pour l’instant dans la vie. 

 

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« La photo préférée dAlain Duverne. Lui et Franck Demory se moquant de Manuel Valls,

qui quant à lui se méfie de ces deux trublions... »

 

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« Alain Duverne, en chair et en latex ! »

 

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18 octobre 2015

Desireless : « Musique et partage sont presque synonymes... »

Deux ans et demi après notre première interview, datée de janvier 2013, j’ai eu envie de renouveler l’exercice avec Desireless, très connue pour son immense tube Voyage, voyage mais dont l’univers, qui va bien au-delà de ce titre qui écrase un peu tous les autres, mérite d’être mieux connu - c’est là tout le sens de ma démarche. Ce nouvel échange, articulé autour de thématiques que j’ai définies et qu’elle a commentées, a eu lieu le 12 octobre.

Son actualité à venir, c’est la sortie, le 27 octobre, d’un nouvel album confectionné avec Antoine Aurèche, alias Operation Of The Sun, son partenaire de création depuis plusieurs années (qui a accepté, à ma demande, d’écrire un petit texte sur « Clo »), et un nouveau partenaire, une surprise... Un avant-goût de l’ensemble est à découvrir dans le teaser de l’album, proposé ici en avant-première. Merci à eux pour ce qu’ils font. Pour ce qu’ils sont. Bon visionnage, bonne lecture et, surtout... bonne écoute ! ;-) Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

« Un bonheur indicible, une immense liberté... »

« Tu sais Nicolas, je l'appelle souvent "Mom"... ça dit pas mal de choses ! Et, au-delà de cette joke, elle est aussi ma grande soeur, ma petite soeur, mon inspiratrice, mon professeur de philosophie... ou encore mon enfant terrible ! Elle me donne un bonheur indicible, tous les jours, dans la sincérité la plus complète, ainsi qu'une immense liberté... »

Antoine Aurèche, le 13 octobre 2015

 

Clo et Antoine

Photo : Samuel Maurin

 

Desireless: « Musique et partage

sont presque synonymes... »

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D’ACTU

 

# Love and good vibrations : musique et partages

La musique, ça n’est que ça : « Love and good vibrations » ! Évidemment, elle prend la plus grande partie de ma vie, cette musique, avec tout ce qui va avec bien entendu : le public, la scène, les musiciens, l’écriture, la composition…

Musique et partage sont presque synonymes. C’est un immense bonheur, de vivre ces moments avec tous. Les humains sur cette terre en ont tellement besoin… Besoin de s’oublier, de communiquer, de se sentir unis, de se retrouver enfin dans cette énergie d’amour sans restrictions…

 

# Operation Of The Sun, ou OOTS : une amitié créative

Comme tu le dis bien justement, c’est une vraie amitié créative qui me lie à Antoine. Une amitié tissée au fil du temps, temps qui pour nous deux, n’existe plus vraiment.

Nous sommes une espèce d’être à deux têtes… (Sourire) Souvent, nous allons dire la même chose, à une seconde d’écart… Nous sommes, pourtant, profondément différents. En tout cas, notre collaboration est un vrai plaisir, et je sens avec bonheur que le public le ressent.

 

# Les Sacapouettes : une communauté d’amis producteurs

Les Sacapouettes sont devenus de vrais amis pour la plupart. Plus rien à voir avec des producteurs, ce sont plutôt des personnes qui nous apportent chacun leur soutien moral, et enrichissent notre vie par leurs différences. Leur présence, leur sincérité et leur fidélité nous sont d’un grand secours dans ce monde perverti du show business.

 

# Stars 80 : tournées, film et suite

Je ne fais pas partie de la tournée Stars 80. Le film, j’y ai participé, et très vite, je me suis rendu compte que je ne m’y sentais pas à l’aise.

 

# Qui peut savoir ? / Nul ne sait : doutes et questionnements

Je doute à chaque seconde, ce qui ne m’empêche pas d’être très active et de prendre des décisions qui peuvent changer au fur et à mesure des évènements qui se produisent. Je ne me pose pas vraiment de questions existentielles. Je vis intuitivement, au jour le jour.

 

# Je crois en toi : croyances et chemins de vie

Avec le recul, je m’aperçois que, je crois avoir fait à plusieurs moments de ma vie, les bons choix, choix qui ont simplement été dictés par mon instinct de survie.

Quant à mes croyances, je n’en ai pas de bien définies. J’ai la chance d’avoir une tendance très forte qui me pousse â être joyeuse.

 

# John / Sertão : ailleurs et injustices

Je suis très sensible à l’injustice. Je crois que c’est ce qui me met le plus en colère.

 

# Expérience humaine : éléments de bilan et regard sur le monde

L’univers est merveilleux, le monde est beau… En se regardant dans un miroir, on peut y voir beaucoup de choses… J’essaie juste de m’améliorer, afin de mieux comprendre pourquoi je suis là, sur terre.

 

# Les escaliers du bal : absences et souvenirs

La mélancolie est cachée, tout au fond de moi… Je n’ai pas vraiment de mémoire et j’oublie très vite la plupart des choses. Il reste malgré cela, quelques blessures, qui s’effaceront peut être, ou peut être pas…

 

# Elle est comme les étoiles : présences solaires

On me dit souvent que je suis solaire... Je le crois, avec humilité et bonheur.

 

# Dans le jardin dEden : paradis perdus (et retrouvés)

Le paradis existe. À nous de le trouver, de le re-créer sans cesse et d’y vivre en harmonie.

 

# Demain : quelques mots sur l'album à venir...

Un très joli projet acoustique qui sortira fin octobre. Je suis très fière du travail que nous avons fait avec Antoine.

Il faut dire que nous avons été aidés par une personne pleine de talent que vous allez pouvoir découvrir sur notre teaser en avant-première !

 

# Voyage... : projets et envies de nouvelles aventures

Nous allons, Antoine et moi, avoir du pain sur la planche, comme on dit, pour 2016. On vous racontera tout, au fur et à mesure, sur mon site www.desireless.net !

 

# Ouf : le mot de la fin

Merci Nicolas pour cet interview original. Bisou à tous ! Soyez heureux... et libres. Et rendez-vous sur ma page Facebook Desireless (https://www.facebook.com/DESIRELESSPAGE).

Clo / Desireless

 

Desireless

#TEASER

Nouvel album disponible à partir du 27 octobre...

 

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Pour en savoir plus...

14 octobre 2015

Marie-Christine Arnautu : « L'idée de quitter le FN ne m'a jamais effleurée »

Marie-Christine Arnautu, conseillère municipale de Nice et eurodéputée, est depuis 2011 vice-présidente du Front national de Marine Le Pen. Elle compte aussi, depuis longtemps, parmi les proches de Jean-Marie Le Pen. Les conditions de l’exclusion par l’organe exécutif du parti - dont elle est membre - de son vieux leader historique, le 20 août dernier, n’avaient d’ailleurs pas manqué, à l’époque, de la faire réagir.

Par-delà les troubles internes au parti, déjà largement commentés (sur ce site notamment, voir : les interviews de jeunes militants FN et celle de Lorrain de Saint Affrique), j’ai eu envie d’interroger Mme Arnautu sur son engagement, ses convictions profondes et quelques points d’actualité, tant il est vrai que, toute vice-présidente du FN qu’elle est, on ne l’invite finalement qu’assez rarement dans les matinales. Ses réponses - dont je la remercie - me sont parvenues le 13 octobre sur la base de questions préparées dès la fin août. Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

Marie-Christine Arnautu: « L’idée de quitter

le FN ne m’a jamais effleurée »

 

Marie-Christine Arnautu

 

Paroles d’Actu : Bonjour Marie-Christine Arnautu. J’ai lu que vous vous êtes attelée il y a un peu plus de deux ans au toilettage et à la retranscription informatique d’écrits de Jean-Marie Le Pen, en vue d’un projet d’autobiographie. Qu’avez-vous « appris » que vous ne sachiez déjà à son propos lors de cet exercice ? Le projet dont on parle est-il toujours, à votre connaissance, d’actualité ?

 

Marie-Christine Arnautu : Avec Jean-Marie Le Pen, on n’en finit pas d’apprendre... J’avoue qu’en transcrivant la première partie de ses Mémoires, je me suis souvent surprise à chercher dans le dictionnaire la signification de tel ou tel mot, tant son vocabulaire est riche et précis.

 

« Les Mémoires de Jean-Marie Le Pen ?

C’est toujours d'actualité. »

 

Ce projet est plus que jamais d’actualité, même s’il reste un immense travail à faire. Je déplore le manque de temps pour m’y consacrer davantage et je vais tout faire pour y remédier. Les Mémoires de Jean-Marie Le Pen seront sans aucun doute un témoignage politique nécessaire sur toute une période de notre Histoire mais elles permettront aussi aux lecteurs d’avoir une vision de l’homme extrêmement différente de celle dépeinte dans les médias ou dans les multiples ouvrages écrits à son sujet.

 

PdA : Comment vous qualifieriez les liens qui vous unissent à cet homme, compagnon de route et de combats de longue date qui est aussi - ce n’est pas rien - le parrain de votre fille ?

 

M.-C.A. : Il m’est difficile de les résumer. Je l’ai rencontré à la veille de mes 21 ans, il fut donc pour moi un chemin de vie, une valeur d’exemple, tout comme le fut mon père, autre personnalité très forte. Ces deux personnes ont profondément contribué à mon combat viscéral pour la défense de la liberté, ils m’ont aussi inculqué, je crois, le sens de l’honneur, valeurs que j’ai essayé de transmettre à mon tour à mes enfants.

 

PdA : Plusieurs élus et militants du Front national ont fait part ces derniers temps de leur décision ou intention de rendre leur carte du parti en protestation de la sanction infligée à celui qui en est toujours, à cette heure, président d’honneur. Cette idée vous a-t-elle, ne serait-ce qu’un temps, traversé l’esprit pour ce qui vous concerne ?

Jean-Marie Le Pen a, pour sa part, clairement appelé ses partisans au sein du FN à y rester pour y peser et restaurer de son influence à votre « ligne » commune au sein du parti. Marion Maréchal-Le Pen est-elle, aujourd’hui et pour la suite, de facto, le chef de file de la ligne, disons, « traditionnelle » du Front national, celle à laquelle vous appartenez ?

 

M.-C.A. : Cette idée ne m’a jamais effleurée. Je milite pour le Front national aux côtés de Jean-Marie Le Pen depuis plus de quarante-deux ans. Le Front national est une partie importante de ma vie et j’ai toujours été d’une loyauté sans faille. Je ne m’imagine pas une seconde le quitter et je compte bien rester sur cette ligne de loyauté et de fidélité envers le Front national, envers sa présidente Marine Le Pen, envers son fondateur Jean-Marie Le Pen et, bien sûr, envers les idées nationales que le Front promeut depuis sa création et qui sont le moteur de mon engagement.

 

PdA : Je vous propose maintenant d’aborder quelques questions touchant, ici à l’actualité, là à votre parcours et au sens de vos engagements. La première de ces questions s’ancre pleinement dans une actualité décidément bien sombre. Vous vous insurgez, comme beaucoup de personnalités politiques et de nos concitoyens, contre les exactions abominables que commettent au quotidien les criminels de l’État islamique (contre les femmes, les Chiites et les Chrétiens d’Orient notamment). Comment faudrait-il s’y prendre pour les arrêter, selon vous ?

 

M.-C.A. : Il faut tout d’abord cesser les imprécations et les leçons de morale. Depuis quatre ans, la diplomatie française n’a qu’un seul mot à la bouche : le départ du président syrien Bachar el-Assad. Outre le fait que cela est d’abord le problème des Syriens, puisque la Syrie est un pays souverain, et ne concerne absolument pas la France, cela ne fait pas une politique. Nous nous en rendons bien compte aujourd’hui puisque François Hollande se retrouve absolument seul à continuer à réclamer son départ.

 

« Il faut soutenir ceux qui combattent

réellement l’État islamique »

 

Comme le réclame le Front national depuis le début du conflit, le meilleur moyen pour lutter contre l’organisation État islamique, c’est de soutenir les forces qui, sur le terrain, le combattent jour après jour, c’est à dire les armées régulières syrienne et irakienne, ainsi que les milices kurdes de ces deux pays. Plutôt que d’envoyer des armes et de l’argent à des groupes armés terroristes bien peu recommandables et toujours plus islamistes, nous ferions mieux d’envoyer cette aide à l’Armée arabe syrienne ! Et, puisque la Turquie est membre de l’OTAN, il serait temps de taper du poing sur la table pour exiger qu’elle ferme enfin sa frontière avec la Syrie afin que cesse l’afflux incessant d’armes, de combattants et d’argent aux organisations terroristes qui combattent en Syrie.

 

PdA : Il y a eu, récemment, au sein de l’Église catholique notamment, un débat quant à l’opportunité de l’organisation par des autorités ecclésiastiques d’un dialogue avec, entre autres personnalités politiques de tous bords, des membres éminents du Front national (Marion Maréchal-Le Pen, pour ne pas la citer). La question touche un peu à l’intime, j’en conviens : vos convictions politiques s’accordent-elles totalement avec votre foi telle que vous la vivez, telle que vous la ressentez ?

Je pense en particulier à la problématique de la peine capitale, à laquelle le Vatican, traditionnellement attaché par principe à la sauvegarde de la vie, paraît de plus en plus hostile ; le Front national, lui, envisage toujours de revenir sur son abolition en France ou, en tout cas d’en proposer le rétablissement par référendum...

 

M.-C.A. : Mon engagement politique est directement lié à mes convictions. À ce jour, le Front national est le seul parti qui défend véritablement la famille. Dans notre programme, nous prévoyons l’abolition de la loi Taubira ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, contre laquelle j’ai manifesté à de nombreuses reprises. Sur la question de la protection de la vie, le Front national est le seul parti à plaider pour la mise en place d’une véritable politique familiale, avec un accompagnement et une aide pour les femmes qui souhaitent ne pas avorter. La politique actuelle est clairement un échec puisque le nombre d’avortements en France n’a jamais été aussi élevé : 225.000 l’an dernier !

 

Concernant la peine de mort, le paragraphe 2267 du Catéchisme de l'Église catholique dispose que « L’enseignement traditionnel de l’Église n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains. »

 

« L’Église n’est pas par principe opposée à la peine de mort »

 

Vous le voyez, l’enseignement de l’Église n'est pas, par principe, opposé à la peine de mort. Il est vrai que le Vatican, aujourd’hui, ne l'estime ni nécessaire ni opportune mais cela n'est pas une position de principe. Je ne partage pas cette analyse, en particulier envers les personnes reconnues coupables d’acte terroriste, d’assassinat ou de viol d'enfant, ou de crime particulièrement odieux.

 

PdA : Vous êtes issue, Marie-Christine Arnautu, de racines d’Europe multiples et diverses. Vos parents ont été naturalisés français ; une identité que vous avez choisi d’embrasser pleinement, passionnément même, comme eux et comme des millions d’immigrés et descendants d’immigrés qui ont eu la volonté et la chance de devenir, eux aussi, des Français.

Je ne vous interrogerai pas sur votre définition de l’identité française, définition que vous avez du reste déjà explicitée pour un autre site ; j’aimerais en revanche que vous me disiez, partant notamment de ces origines que l’on vient d’évoquer, s’il existe à votre sens, des traits forts d’identité communs, une communauté de destin qui, de manière spécifique, rassembleraient les peuples européens ?

 

M.-C.A. : Une des grandes richesses de l’Europe est justement sa diversité, sa multitude d’identités, de cultures, de langues. L’uniformisation et le nivellement par le bas voulus par l’Europe de Bruxelles, qui applique l’idéologie cosmopolite de ses maîtres, sont un désastre culturel et identitaire. Bien évidemment, cette diversité n’exclut pas de fortes convergences : l’héritage philosophique de la Grèce et de la Rome antiques, une histoire commune faite de résistance contre les invasions et de conquêtes glorieuses, une créativité, une inventivité et une ingéniosité qu’aucune autre civilisation n’a égalées, et une religion commune, le christianisme, même si elle se décline sous diverses confessions (orthodoxie, catholicisme, protestantisme...)

 

PdA : Le message du Front national est souvent celui d’un constat fort sombre s’agissant de la situation et, a fortiori, de l’avenir de la France. Sincèrement, parvenez-vous encore à être optimiste quant à l’avenir de notre pays ?

 

M.-C.A. : Oui, je suis pleine d'espoir, sinon je ne battrais pas depuis des années pour la France. Je suis pleine d'espoir quand je vois nos militants qui travaillent sans rien exiger en retour et sans compter leur temps. Je suis pleine d'espoir quand je vois ces jeunes familles françaises qui se fondent et élèvent droitement leurs enfants. Je suis pleine d'espoir quand je vois cette jeune génération qui est descendue dans la rue à de multiples reprises pour défendre la famille traditionnelle. Je suis pleine d'espoir quand je vois, si j'en crois les sondages, que les Français prennent enfin conscience des dangers qui les menacent. Et je suis pleine d'espoir quand je vois la progression du Front national, élection après élection. Les Français en sont de plus en plus conscients : il faut porter le Front national au pouvoir afin de mettre un coup d'arrêt à cette entreprise méthodique de destruction de la France, de son peuple, de ses valeurs, de ses traditions.

 

PdA : Sur quelles thématiques entendez-vous vous mobiliser avec une conviction, une force particulières dans le cadre de vos engagements politiques - je pense notamment à votre mandat de parlementaire européen - et citoyens pour les années à venir ?

 

M.-C.A. : Je continuerai à me battre sur les thématiques qui sont les miennes depuis le début de mon engagement politique : la défense de la liberté,  la protection des plus faibles, que ce soit les plus pauvres, les enfants, les handicapés ou les personnes âgées ; la sécurité morale et physique des Français, la défense de la famille, cellule de base de la société ; la préservation de nos identités et de notre peuple car, s’ils venaient à disparaître, la France ne serait plus la France.

 

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