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Paroles d'Actu
litterature
7 octobre 2013

Augustin Trapenard : "Antoine de Caunes a gagné son pari"

"À ce stade, ce n’est même plus une passion : c’est une névrose obsessionnelle !" Cet amour des livres, Augustin Trapenard le partage avec bonheur et un enthousiasme communicatif avec les téléspectateurs du Grand journal (Canal +), avec les auditeurs du Carnet du libraire et du Carnet d'or (France Culture). Il a accepté d'évoquer pour Paroles d'Actu les débuts d'Antoine de Caunes à la tête du talk phare de la chaîne cryptée. Et de nous livrer quelques précieux conseils de lecture. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

AUGUSTIN TRAPENARD

Chroniqueur littéraire au sein du "Grand journal" de Canal +

 

"Antoine de Caunes a gagné son pari"

 

Augustin Trapenard

(Photo proposée à ma demande par Augustin Trapenard)

 

 

Q : 26/08/13

R : 06/10/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Augustin Trapenard. Vous êtes depuis la saison dernière en charge de la chronique littéraire du Grand journal de Canal +. Quel bilan tirez-vous de l'expérience jusqu'ici ?

 

Augustin Trapenard : Un bilan plus que positif puisque le Grand Journal de Canal Plus est la seule émission d’infotainment du paysage audiovisuel à faire le pari d’une chronique littéraire. Ce qui compte pour moi, c’est de pouvoir partager avec le plus grand nombre le plaisir de la lecture et de donner la possibilité d’approfondir un sujet d’actualité par le prisme d’un livre. Par ailleurs, je dois dire que je m’amuse beaucoup, tous les soirs, avec la fine équipe constituée par Antoine de Caunes.

 

 

PdA : L'émission s'est renouvelée en 2013-2014. Michel Denisot a, effectivement, cédé son fauteuil à Antoine de Caunes, qui a promis de faire du programme un "show à l'américaine". Quel regard portez-vous sur la nouvelle mouture du Grand journal ?

 

A.T. : Il est vrai qu’une partie du Grand Journal d’Antoine de Caunes s’inspire des show américains tant dans la forme que dans le ton. J’ai moi même été soufflé par la créativité de certaines rencontres imaginées avec les artistes invités : c’est une façon de faire de la télévision qui n’existait pas en France. Cela dit, la première heure reste très axée sur l’actualité, dans le sillage du Grand Journal de Michel Denisot. Après plus d’un mois, il me semble qu’Antoine a gagné son pari : lémission est renouvelée et le public est au rendez-vous.

 

 

PdA : La littérature... Vous en parlez avec passion à chacune de vos interventions. Vous l'avez d'ailleurs enseignée, à l'ENS de Lyon. D'où vous vient cet amour des livres ?

 

A.T. : À ce stade, ce n’est même plus une passion : c’est une névrose obsessionnelle ! J’ai toujours été un rat de bibliothèque et je me souviens même avoir fait le pari, tout petit, de lire tous les livres du monde. Ce que j’aime aujourd’hui dans l’acte de lire, c’est la possibilité de prendre son temps et de réfléchir. C’est une gageure à l’heure de l’urgence généralisée et de la course à la rentabilité.

 

 

PdA : Quels sont les ouvrages récents (disons, cinq ans maximum) qui vous ont particulièrement plu, touché, marqué ?

 

A.T. : J’aime les romans qui interrogent autant le monde que l’écriture, les romans qui me rappellent que la littérature est un art. À ce titre, j’ai été particulièrement marqué, cette rentrée, par le western poétique de la Française Céline Minard (Faillir être flingué, Rivages) et par le grand roman amérindien de Louise Erdrich, (Dans le silence du vent, Albin Michel).

 

 

PdA : Votre liste des chefs d'œuvre ultimes, intemporels, à avoir lu au moins une fois dans sa vie ?

 

A.T. : Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, Tendre est la nuit de Fitzgerald et Le bruit et la fureur de Faulkner. Pour commencer. Je n’en cite que trois mais soudain je pense à dix autres…

 

 

PdA : Dans quel univers de littérature, dans la peau de quel personnage ou type de personnages choisiriez-vous de vivre si vous en aviez la possibilité, ne serait-ce que pour quelques heures ?

 

A.T. : Peut-être dans le peau d’Alice, qui pénètre le temps d’un rêve, dans un pays des merveilles entièrement dédié au langage. Le pays des merveilles, n’est-ce pas celui de la lecture ?

 

 

PdA : Quels sont vos projets ? Vos envies ? Vos rêves ? Que peut-on vous souhaiter, cher Augustin Trapenard ?

 

A.T. : De continuer à m’amuser, tant sur Canal Plus que sur France Culture où j’officie du lundi au vendredi à 14h55 dans Le Carnet du libraire, et le samedi à 17h00 dans Le Carnet d’or. Deux émissions dédiées au plaisir de lire qui me tiennent vraiment à cœur.

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

A.T. : C’est moi qui vous remercie pour ces « Paroles d’actu » drôlement bien ficelées.

 

 

 

Les rendez-vous sont pris ! Merci pour tout, cher Augustin Trapenard. Et vous, quels sont les livres que vous aimeriez inviter les autre lecteurs à découvrir ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

  

Vous pouvez retrouver Augustin Trapenard...

 

Sur Canal Plus : Le Grand journal (du lundi au vendredi, à 19h10) ;

 

Sur France Culture :

 

Sur Facebook, ainsi que sur Twitter.

 

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8 août 2013

Clément Bénech : "L'écrivain est une miette..."

Lui aussi, il en vaut la peine... François-Henri Désérable ne tarit pas d'éloges à son endroit. Lors de l'interview qu'il m'avait accordée le mois dernier, l'auteur de l'émouvant Tu montreras ma tête au peuple (aux éditions Gallimard, je vous le recommande avec enthousiasme) eut ces mots pour celui qui, comme lui, compte parmi les révélations littéraires de l'année : "J’ai un ami, jeune (21 ans), talentueux, qui vient de publier son excellent premier roman, L’été slovène, chez Flammarion. Il s’appelle Clément Bénech, et il y a, chez lui, du Modiano, du Toussaint, du Parisis et du Chevillard. Ce qui n’est pas mal, tout de même…". Je n'avais alors jamais entendu parler de ce jeune auteur. Les critiques, elles, ne l'ont pas laissé filer, et c'est heureux. "Le Monde des livres", "Les Inrocks", "Télérama", pour ne citer qu'eux, ont salué la qualité de cette première oeuvre. L'histoire d'un amour mis à l'épreuve d'un cadre différent, d'un monde inconnu, le temps d'un été... Le lecteur se laisse prendre par le récit : il découvre, s'étonne, sourit, est ému. Il le vit. Et se dit que, décidément, il va falloir retenir ce nom : Clément Bénech. Rencontre avec un auteur de talent. Il a 21 ans. Il est mature, lucide. Il a l'avenir devant lui. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

CLÉMENT BÉNECH

Auteur de L'Été slovène, du blog Humoétique

 

"L'écrivain est une miette"

 

Clément Benech

(La photo de Clément Benech est signée Julie Biancardini)

 

 

Q : 25/07/13

R : 07/08/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Clément Benech. Vous avez 22 ans, êtes étudiant en Lettres et l'auteur d'un roman, L'été slovène, édité chez Flammarion depuis le mois de mars. Qu'aimeriez-vous ajouter pour que l'on vous connaisse mieux, à ce stade de l'entretien ?

 

Clément Benech : J'ai un chat très mignon qui s'appelle Sushi et qui adore faire des bêtises.

 

 

PdA : Vous m'avez dit avoir commencé à écrire après le bac. Quelques pensées, quelques poèmes, quelques nouvelles par-ci par-là avant, j'imagine ?

 

C.B. : Là-dessus, je n'ai pas menti. Mais en CM2, comme tout le monde, j'ai écrit quelques poésies sur la cour de récré ou les crayons de couleur...

 

 

PdA : Quelques mots sur votre blog, Humoétique ? Un post, chaque jour à midi... difficile de s'y tenir ? ;-)

 

C.B. : Merci de me rappeler à mon devoir, j'ai un retard monstre. C'est un blog que j'ai commencé en hommage à celui d'Éric Chevillard, et qui vit maintenant de sa vie propre. Il m'a fait rencontrer des gens qui sont devenus des amis, et il me procure une plate-forme de liberté totale.

 

 

PdA : Quels sont les livres, les lectures que vous érigeriez volontiers au rang de références ?

 

C.B. : La Salle de bain, de Jean-Philippe Toussaint, Le Portrait de Dorian Gray, puis Proust, Modiano et Chevillard. Emmanuelle Pireyre, qui a eu le prix Médicis cette année, m'intéresse aussi beaucoup.

 

 

PdA : L'été slovène, c'est l'histoire d'un couple un peu bancal pour lequel un séjour en Slovénie aura l'effet, disons, d'un révélateur... Sous votre plume, très talentueuse, le lecteur ira de découverte en découverte... Y a-t-il un peu de vous, de votre vie dans ce récit ?

 

C.B. : Un peu, oui. Mais je vous gâcherais la lecture en vous disant en quelle proportion...

 

 

PdA : De l'ébauche d'une idée... à une publication chez Flammarion. Vous nous racontez ?

 

C.B. : J'ai eu la chance d'intéresser la revue Décapage pour la publication d'une nouvelle. Puis, la revue étant chez Flammarion...

 

 

PdA : L'accueil critique qu'a reçu L'été slovène a été très bon jusqu'ici. Je pourrais citer "Le Monde des livres", "Les Inrocks", "Télérama"... Ou encore François-Henri Désérable, auteur de Tu montreras ma tête au peuple (à lire !), qui affirme qu'il y a chez vous "du Modiano, du Toussaint, du Parisis et du Chevillard". La canicule ambiante mise de côté, vous réussissez à garder la tête froide ? ;-)

 

C.B. : Je mentirais en vous disant que ça ne m'atteint pas. Mais il faut garder la tête froide, comme vous dites, se rappeler quelle suite de hasards a présidé à votre publication (au-delà d'un éventuel talent) et voir que de nombreux auteurs talentueux sont encore dans l'ombre. Et puis comme dirait Hervé Le Tellier, le marché du livre en France n'équivaut après tout qu'à 10 % du chiffre d'affaires de Renault... L'écrivain est une miette.

 

 

PdA : Je sais qu'un bon auteur ne fait pas nécessairement un bon commercial, mais bon, ça ne coûte rien d'essayer... Que souhaiteriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de découvrir, de feuilleter, d'acheter "L'été slovène" ?

 

C.B. : Vous y perdriez moins que j'y gagnerais.

 

 

PdA : À part la lecture... vos loisirs, vos espaces d'évasion ?

 

C.B. : Le basket, le chant sous ma douche, et les œuvres complètes de François-Henri Désérable.

 

 

PdA : Quels sont vos projets pour la suite Clément ?

 

C.B. : Je suis sur un nouveau projet qui m'occupe beaucoup l'esprit, un portrait de femme qui se passe à Berlin. Et je vais étudier deux ans à Bordeaux, à l'IJBA (Institut de Journalisme Bordeaux-Aquitaine, ndlr), à la rentrée.

 

 

PdA : Vos rêves ?

 

C.B. : Faire un film avec mon frère. Et je ne serais pas fâché de voir la chute du régime nord-coréen avant ma mort.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter ?

 

C.B. : Bonne nuit.

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment.

 

C.B. : Du beurre, pour ne pas que le gratin colle. Merci à vous, Nicolas.

 

 

 

L'été slovène

 

 

 

Merci, Clément ! Tous mes voeux les plus chaleureux pour la suite... Et vous, qu'avez-vous pensé de cet ouvrage, L'été slovène ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

Un commentaire, qu'il soit positif ou négatif, est toujours apprécié...

 

Pour en rédiger un, cliquez ici... Merci !

 

 

 

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Merci

 

 

 

Vous pouvez retrouver Clément Benech...

 

Sur le site des éditions Flammarion pour L'été slovène ;

 

Sur son blog Humoétique.

 

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3 juillet 2013

F.-H. Désérable : "J'ai voulu saisir les derniers tressaillements de vie"

   « Le bourreau et ses aides veulent me lier les pieds. Je refuse. La loi l'exige. Dura lex, sed lex. Alors je me laisse faire. Et puis on me coupe les cheveux. J'enfile ensuite la chemise rouge, réservée aux condamnés à mort pour crime d'assassinat. J'avais pensé garder mes gants mais le bourreau m'a assuré qu'il saurait me lier les mains sans me faire aucun mal. Il serre le moins possible. Je prends congé du citoyen Richard et de sa femme, qui ont été si bons pour moi. On sort dans la cour. La charrette m'attend. On me donne un tabouret, mais je sais déjà que je resterai debout. Je veux regarder la foule dans les yeux. On ne meurt qu'une fois. C'est la fin qui couronne l'oeuvre. »

   Dans quelques instants, Charlotte Corday ne sera plus, guillotinée pour s'être rendue coupable de l'assassinat du citoyen Marat. Ces mots, elle ne les a pas signés. Leur auteur est de nos contemporains; il dépasse à peine le quart de siècle mais s'est déjà fait un nom dans les milieux littéraires, un nom à retenir : François Henri Désérable. Tu montreras ma tête au peuple nous plonge au coeur de la France de la Révolution - la grande. Mille détails, fruits de lectures passionnées, une imagination féconde - c'est un roman historique - mise au service du récit, une aisance stylistique évidente. On s'y croirait. On y est. Il engage son funeste rituel, terrible, impassible... Ce sera mon tour, bientôt... Clic ! Clac ! Boum ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FRANÇOIS-HENRI

DÉSÉRABLE

Auteur de Tu montreras ma tête au peuple

 

« J'ai voulu saisir les derniers

tressaillements de vie »

 

François-Henri Désérable

(Les photos m'ont été proposées, à ma demande, par François-Henri Désérable)

 

Q : 02/07/13 ; R : 03/07/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour François-Henri Désérable. Tu montreras ma tête au peuple, paru il y a quelques mois aux éditions Gallimard, a été salué par nombre de critiques littéraires. Votre ouvrage a reçu le prix Amic, l'une des distinctions les plus anciennes de l'Académie française moderne. Il y a un an, votre nouvelle intitulée Clic ! Clac ! Boum ! figurait dans le palmarès du Prix du jeune écrivain de langue française. Une question toute bête, dans quel état d'esprit vous trouvez-vous, aujourd'hui ?

 

François-Henri Désérable : Je suis très surpris du succès que rencontre ce livre, car la qualité d’un livre, hélas, n’est pas gage de son succès. Cela étant, il faut relativiser : c’est un succès critique, mais la critique est indulgente, parce qu’il s’agit d’un premier livre. On m’attend au tournant…

 

PdA : Quelle importance accordez-vous au jugement de vos pairs ?

 

F.-H.D. : Je lui accorde une importance prédominante : il y a de nombreux écrivains que j’admire et rien ne me fait plus plaisir que d’apprendre qu’ils me considèrent, après m’avoir lu, comme un des leurs (même si je suis encore très loin de mériter cet honneur !).

 

PdA : Clic ! Clac ! Boum ! nous faisait vivre, dans sa peau, dans sa tête, les derniers instants de Danton, peu avant son exécution. Un schéma que l'on retrouve dans Tu montreras ma tête au peuple - ligne célèbre, que l'Histoire attribua à Danton. On y rencontre, outre celui qui fut député de la Seine, des figures telles que Charlotte Corday, Marie-Antoinette, Robespierre... À quelques mètres de l'échafaud, à quelques heures de la mort, à chaque fois... Vos récits, très documentés, parfois agrémentés d'éléments de mise en scène, nous plongent d'une manière très réaliste dans cette époque troublée. Une époque qui vous fascine, vous avez lu je ne sais combien d'ouvrages la concernant. Quel est, finalement, le sens de votre démarche ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur ce sujet-là ?

 

F.-H.D. : Ce sont bel et bien les derniers mots de Danton qui m’ont donnés envie d’écrire sur la Révolution et les derniers instants de ses grandes figures. Je reste fasciné par la superbe de cette phrase – « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine » – prononcée à l’adresse du bourreau, quelques secondes avant que la lame de la Veuve ne s’abatte sur sa nuque. De là, j’ai voulu saisir les derniers tressaillements de vie – je crois que le mot est de David - chez ces hommes et ces femmes qui ont connu la Conciergerie, le tombereau, l’échafaud et, enfin, le léger souffle d’air frais.

 

PdA : J'aimerais, pour cette prochaine question, faire appel, à nouveau, à votre imagination. Vous avez, à la faveur d'une incroyable prouesse technologique, l'opportunité d'effectuer un voyage dans le temps, un seul, d'une durée d'une semaine. La machine n'est pas encore tout à fait au point, les possibilités sont restreintes : ce sera Paris, forcément, quelque part entre le début du mois de mai 1789 et la fin du mois de janvier 1793. À partir du point de votre choix, une semaine d'immersion totale vous est offerte. Vous accompagnent, cela va sans dire, votre savoir de 2013, vos connaissances érudites du "film" de la fin du XVIIIème siècle en France. Quelle date choisirez-vous ?

 

F.-H.D. : J’ai envie de répondre le 14 juillet, à la Bastille, pour revenir en 2013 et dire : « J’y étais ! », mais c’est peut-être un peu convenu… Quelques jours avant alors, le 20 juin, au Jeu de Paume, quand les députés prêtent serment de ne jamais se séparer tant que la France ne sera pas dotée d’une constitution… Ou quelques jours après, la nuit du 4 août, quand l’Assemblée constituante décide d’abolir les privilèges. Ce sont là des événements fondateurs de la République que j’aurais aimé vivre, au même titre que j’aurais aimé vivre, le 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération, cette grande liesse populaire au Champ-de-Mars, ou encore, le 2 septembre 1792, le discours de Danton qui réclame « de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace » pour sauver la patrie en danger.

 

PdA : Quels cercles chercherez-vous à intégrer ? Quelles rencontres, quels entretiens, quels "coups de pouce" à l'Histoire vous emploierez-vous à provoquer ? À vous de jouer !

 

F.-H.D. : Infléchir le cours des événements ? Je ne pense pas que j’aurais pu faire grand chose. Je me sens proche des Girondins, alors j’aurais peut-être essayé d’en sauver quelques uns… Mais rien n’est moins sûr. Ou peut-être que, pour me marrer, j’aurais interrompu un discours de Robespierre en lui disant : « Mais tu vas la fermer, ta grande gueule ? », histoire de voir ce qui se passerait…

 

PdA : Il y a à l'évidence, vos écrits en sont une illustration parfaite, quelque chose qui relève du tragique dans la marche de l'Histoire. La Révolution française a connu plus que son lot de souffrances inutiles, évitables, d'opportunités gâchées, d'occasions manquées... Un an après la prise de la Bastille, ce fut la Fête de la Fédération, l'espoir, l'espace d'un instant, d'une véritable concorde entre les différentes composantes du peuple français. Hélas, les "années terribles" allaient bientôt succéder aux "années lumières". Quels enseignements l'historien, le doctorant en droit que vous êtes tire-t-il de tout cela ?

 

F.-H.D. : Je ne suis pas historien (je n’ai en tout cas aucun titre universitaire qui me confère le droit un peu ridicule de me présenter comme un historien). L’Histoire m’intéresse (ou en tout cas certains pans de l’Histoire) mais je la pratique en dilettante, un peu comme le droit, d’ailleurs (mais ceci est une autre histoire…)

 

Sans aucune fausse modestie, je serais bien incapable de tirer un quelconque enseignement du passage des « années lumières » aux « années terribles », si ce n’est, peut-être, que l’idéal républicain issu de la Révolution ne s’est pas réalisé en un jour : il a fallu d’autres tentatives pour que la France soit définitivement républicaine. On aurait tort, dès lors, de conspuer les printemps arabes parce qu’ils n’ont pas encore porté les fruits qu’on pouvait espérer. Laissons du temps au temps.

 

PdA : Qu'aimeriez-vous ajouter à tout ce que nous avons déjà dit pour donner à nos lecteurs l'envie de découvrir Tu montreras ma tête au peuple ?

 

F.-H.D. : Que je ne suis pas très bon pour répondre aux interviews : j’ai la faiblesse de croire que le livre est bien meilleur que mes réponses.

 

PdA : Avant d'aborder la dernière partie de notre entretien, permettez-moi d'évoquer votre autre grande passion, je pense évidemment au hockey sur glace, dans lequel vous baignez depuis tout jeune. Un sport finalement assez méconnu en France, et dont la médiatisation est quasiment inexistante... Comment l'expliquez-vous ? L'appel, le cri du cœur, c'est maintenant... ;-)

 

F.-H.D. : C’est un sport magnifique qui, hélas, n’est pas aussi médiatisé qu’il devrait l’être (tout au moins en France). Et pourtant, comme la tête de Danton, il en vaut bien la peine. Il y a, malgré tout, certaines villes dont le cœur bat au rythme du hockey : Amiens, Rouen, Grenoble… Et on est sur la bonne voie : la Fédération française de Hockey fait du très bon travail depuis quelques années, et la France va accueillir les championnats du monde en 2017. De quoi donner un sacré coup de projecteur…

 

PdA : Quels sont vos projets ?

 

F.-H.D. : J’ai écrit, pour l’excellente revue Décapage qui paraîtra en septembre, un court récit sur une garde-à-vue que j’ai vécue à Venise pour un motif assez insolite. Je vais écrire pour autre revue, L’Infini, l’histoire du tatouage de Bernadotte, régicide devenu roi. On m’a également demandé une préface pour la réédition des Mémoires de Sanson. Et puis j’ai commencé un roman, il y a bientôt six mois : l’histoire se passe en partie pendant une autre révolution, celle de 1830, les fameuses Trois glorieuses… Enfin, il y a cette thèse de droit que je dois finir, quand bien même elle est plus proche du début que de la fin.

 

PdA : Vos envies ?

 

F.-H.D. : Sans ordre particulier : lire, écrire, jouer au hockey.

 

PdA : Vos rêves ?

 

F.-H.D. : J’ai caressé un rêve pendant toute ma jeunesse : devenir un grand joueur de hockey, jouer en NHL, remporter la coupe Stanley. Je ne suis pas devenu un grand joueur de hockey, je ne jouerai jamais en NHL, et jamais je n’aurai mon nom gravé sur la coupe Stanley. Mon rêve est derrière moi. J’ai échoué.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, François-Henri Désérable ?

 

F.-H.D. : Des funérailles nationales à la Hugo. Ou, plus modestement, de bonnes vacances (je suis à Istanbul).

 

PdA : Quelque chose à ajouter ?

 

F.-H.D. : Oui : j’ai un ami, jeune (21 ans), talentueux, qui vient de publier son excellent premier roman, L’été slovène, chez Flammarion. Il s’appelle Clément Bénech, et il y a, chez lui, du Modiano, du Toussaint, du Parisis et du Chevillard. Ce qui n’est pas mal, tout de même…

 

PdA : Merci infiniment !

 

 

Tu montreras ma tête au peuple

 

 

Merci, François-Henri, pour vos réponses, passionnantes. Bonnes vacances. Surtout, bons vents... Pas le léger souffle d'air frais, non, ce serait un beau gâchis... Ceux de la chance, du succès, puissent-ils vous pousser à la mesure de votre talent... Et vous, qu'avez-vous pensé de cet ouvrage, Tu montreras ma tête au peuple ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver François-Henri Désérable...

 

  • Sur le site des éditions Gallimard pour Tu montreras ma tête au peuple;
     
  • Sur le site de TV5 Monde pour sa nouvelle, Clic ! Clac ! Boum !;
     
  • Sur le site Hockey Hebdo pour tout savoir de ses stats de hockeyeur professionnel... ;-)

  • Suivez Paroles d'Actu via Facebook et Twitter... MERCI !

 

Présentation remaniée : 10/07/14.

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