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Paroles d'Actu
26 janvier 2024

Bertrand Tessier : « Michel Sardou sait marier le spectaculaire et l'intime »

Nous sommes le 26 janvier, Michel Sardou fête aujourd’hui ses 77 ans. Si par hasard il devait lire cet article, alors je lui dis, à lui que j’ai beaucoup, beaucoup écouté, et que j’écoute toujours pas mal : bon anniversaire, et mes bonnes pensées ! L’artiste, qui alterne entre la comédie (ses premières amours artistiques) et la chanson depuis quelques années, se produit actuellement sur les scènes de France pour une grande tournée.

Plusieurs articles lui ont été consacrés sur Paroles d’Actu, dont en 2018 une interview croisée avec Frédéric Quinonero et Bastien Kossek (plus quelques surprises), et deux ans et demi plus tôt (il y a 2999 jours, me dit Canalblog, ce qui ne rajeunit personne), une autre avec le biographe Bertrand Tessier.

Ce dernier est justement l’auteur d’une bio actualisée du chanteur, Michel Sardou - "Je suis un homme libre" (L’Archipel, novembre 2023), un ouvrage très complet qui apprendra certainement beaucoup de choses à celles et ceux qui aiment les chansons de Sardou sans forcément bien connaître sa vie. Il a accepté, une nouvelle fois, de répondre à mes questions. L’échange s’est déroulé entre la mi décembre et ce jour. Je le remercie pour le temps qu’il a bien voulu m’accorder, et pour ses réponses ! Exclu, Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.

 

EXCLU - PAROLES D’ACTU

Bertrand Tessier : « Michel Sardou

sait marier le spectaculaire et l’intime »

MS Je suis un homme libre

Michel Sardou, "Je suis un homme libre" (L’Archipel, novembre 2023)

 

Bertrand Tessier bonjour. Sardou et vous, c’est quoi l’histoire ? Dans quelles circonstances l’avez-vous rencontré, et quels témoignages avez-vous pu recueillir pour cet ouvrage et les précédents ?

C’est le photographe Richard Melloul qui nous a présentés. J’ai découvert un homme à l’opposé des caricatures que l’on pouvait faire de lui. Fin, subtil, cultivé - très cultivé -, drôle - très drôle -, capable même de manier l’autodérision. D’emblée, une véritable complicité s’est installée entre nous. Il me fait 100% confiance et m’a ouvert toutes les portes de son univers personnel et professionnel.

 

 

Avez-vous pu le voir jusqu’à présent dans le cadre de son tour 2023-24, et si oui qu’en avez-vous pensé ?

Il a toujours été obsédé par la crainte du disque ou du spectacle de trop. Il a toujours fait en sorte de pousser le bouchon plus loin à chaque nouvelle tournée. Il ne vit pas sur ses acquis. Il ne se répète pas. Au contraire. La meilleure preuve : pour cette nouvelle tournée comme pour la précédente, il n’a pas hésité à faire appel à Thierry Suc, le producteur historique de Mylène Farmer, spécialiste des superproductions, qui lui a permis d’aller encore plus loin dans sa volonté de proposer un show encore plus spectaculaire que d’habitude, avec des éclairages hallucinants, mais aussi des effets 3D impressionnants, comme pour Les lacs du Connemara ou Verdun.

 

 

Vos grands moments d’émotion discographiques ou scéniques avec lui ?

Ce nouveau spectacle m’a vraiment impressionné. Ses concerts à Bercy avec la scène centrale étaient formidables aussi. Il a un immense talent, celui de faire un show qui soit à la fois extrêmement spectaculaire et en même temps extrêmement intime.

 

 

Michel Sardou n’est-il pas fondamentalement, y compris lorsqu’il chante, un acteur ?

Il est devenu chanteur par accident : il se destinait à jouer la comédie. Il a écrit des chansons qui étaient comme de petits scénarios où il interprétait des personnages qui ne reflétaient pas forcément ce qu’il pensait. C’était totalement nouveau pour l’époque et cela lui a valu quelques déconvenues comme pour Le temps des colonies - Guy Bedos avait connu la même mésaventure quand il avait créé son sketch Vacances à Marrakech. Depuis, il a joué plusieurs pièces au théâtre et il n’a jamais été aussi bon que dans la dernière, N’écoutez pas Mesdames, reprise de Sacha Guitry. Je pense que le fait d’avoir fait du théâtre lui a donné davantage d’aisance sur scène. Désormais il bouge beaucoup plus...

 

Sardou se dévoile peu, et quand on lui parle de lui, souvent il répond par une boutade, ou mieux il répond n’importe quoi. Mais parfois dites-vous il se raconte, ou il raconte les siens, dans certaines chansons... Lesquelles ?

Comme il aime brouiller les pistes, il a toujours dit que ses chansons n’était pas autobiographiques. Faux, il y en a plein où il se raconte et évoque des choses très intimes. Dans Nuit de satin, une chanson d’album, pas destinée à devenir un tube, il évoque la maladie d’Alzheimer qui touchait alors son beau père, François Périer. Parmi ses plus connues je peux citer aussi Je viens du sud, Les deux écoles, Dix ans plus tôt, etc...

 

 

Lequel de ses gros tubes zappez-vous secrètement, parce que vraiment, trop entendu ?

Ca ne me gêne pas qu’une chanson soit trop entendue. C’est même le principe d’un tube qui traverse le temps. J’ai toujours autant de plaisir à écouter La maladie d’amour ou Les lacs du Connemara !

 

Laquelle de ses chansons aurait à votre avis mérité de devenir un de ses grands classiques populaires ?

C’est le public qui décide de ce qui deviendra un "standard"...

 

 

Lors de certains de ses concerts il disait en substance, s’adressant à chacun des membres du public : "Aujourd’hui je sais que je vais vous décevoir, parce que je ne vais pas chanter LA chanson pour laquelle justement vous êtes là ce soir". Petite réflexion, je sais c’est dur : la vôtre, c’est laquelle ?

Ca dépend des jours. Aujourd’hui ce serait En chantant. J’aime bien l’ironie dont il fait preuve quand il dit "C’est tellement plus mignon de se faire traiter de con en chanson".

 

Il y a huit ans je vous avais demandé quel message vous lui adresseriez, vous m’aviez répondu : "Remets-toi à écrire des chansons ! Ta place est unique, le public suivra." À votre avis, il en écrira encore ? Plus intéressant peut-être : en aura-t-il envie ?

Je ne crois pas qu’il se remette à écrire des chansons. Il n’est pas du genre à écrire sans la perspective d’un disque, or franchement je ne le vois pas se relancer dans pareille aventure compte tenu du marché discographique. En revanche, oui, je le vois bien faire une autre tournée. Peut-être moins spectaculaire. J’aimerais bien le voir dans un récital très dépouillé, accoustique...

 

Anne-Marie, qu’il a épousée en 1999, semble être son pilier, celle aussi qui a su l’apaiser et calmer ses passions, et accessoirement le dompter. La femme de sa vie ?

Incontestatablement. Ces deux-là se sont trouvés !

 

 

Vous développez un point intéressant dans votre ouvrage, à propos du statut de "voyageur immobile" de Sardou : il fait voyager dans nombre de ses chansons, mais souvent il n’a besoin que d’imaginer le voyage pour en jouir, pas forcément de l’effectuer réellement. Là aussi, c’est le signe de quelqu’un qui n’a plus la bougeotte, qui a atteint une forme de contentement ?

Voyager pour voyager n’a jamais été son truc. Quand il est allé en Afrique, ce n’était pas pour faire du tourisme mais pour faire le Paris Dakar. Quand il est parti vivre à Miami, c’était avant tout pour faire plaisir à Babeth. Au fond, il n’a jamais aimé cette période américaine, il est profondément français. En revanche, en France, il a la bougeotte, il adore déménager. Il vient de passer treize ans en Normandie : un exploit ! Mais c’est fini : il va désormais vivre dans le sud au bord de la Méditerranée.

 

Si vous l’aviez face à vous là, entre quatre yeux, vous lui diriez quoi ?

Je lui dirais que je viens de voir La vérité de Clouzot avec Brigitte Bardot et je lui dirais que l’on y voit Jackie Sardou et Jacqueline Porel, sa mère et celle d’Anne-Marie !

 

Sardou en trois qualificatifs, histoire de coller au plus près à l’homme tel que vous l’avez compris ?

Complexe, cultivé, drôle.

 

 

On se projette : 2050. Je ne sais pas si à ce moment-là certains des habitants de l’univers s’appelleront W454, mais moi j’ai envie de vous demander votre avis là-dessus, une intime conviction : en 2050, qui de Johnny Hallyday ou de Michel Sardou aura le mieux résisté à l’épreuve du temps, lequel des deux sera le plus écouté ?

Difficile de faire pareille prospective. En revanche, il est clair qu’en écoutant le répertoire de Sardou on aura davantage idée de ce qu’était la société française dans les années 70-2000 qu’en écoutant celles de Johnny ! Resteront aussi les mélodies de Jacques Revaux qui sont exceptionnelles. Une grande mélodie, ça ne vieillit pas, surtout que Michel n’a jamais cherché à être à la mode.

 

On se projette encore, mais moins loin : après sa tournée, vous le voyez refaire, quoi, du théâtre ? Sa première, et sa dernière passion ?

D’abord se reposer. On n’imagine l’énergie qu’il faut pour une tournée de six mois avec un spectacle aussi sophistiqué. Ensuite ? Je suis persuadé qu’il aura envie de retrouver le contact avec le public.

 

Vos projets et surtout vos envies pour la suite, Bertrand Tessier ?

Je viens de réaliser deux documentaires, le premier sur le cinéaste William Wyler, réalisateur de Vacances romaines et de Ben Hur, qui était à... Mulhouse à une époque où Mulhouse était en Allemagne, et le second sur la carrière hollywoodienne de Maurice Chevalier.

 

B

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