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Paroles d'Actu
31 mai 2013

Guillaume Serina : "Le rêve américain existe encore"

Cinq ans après sa première élection, quatre mois après sa seconde et dernière investiture à la présidence des États-Unis, quel regard, moins passionné, plus posé, peut-on porter sur Barack Obama, son bilan, les perspectives de sa fin de mandat ? À l'occasion de l'élection présidentielle de 2012, j'avais réalisé deux dossiers, l'un en 2011, l'autre au moment du scrutin. L'idée : donner la parole à des Américains d'horizons divers, sans préjugé. Je suis heureux d'accueillir aujourd'hui dans les colonnes de Paroles d'Actu Guillaume Serina, journaliste français établi à Los Angeles depuis sept ans. Spécialiste des États-Unis, il a fondé en 2007 l'agence de presse France USA Media et est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont le récent "Obama face aux neuf plaies de l'Amérique". Il a accepté de répondre à mes questions, de nous parler de l'Amérique et de nous faire partager "la sienne". Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

GUILLAUME SERINA

Fondateur et P.-D.G. de l'agence France USA Media

 

"Le rêve américain existe encore"

 

Guillaume Serina

(La photo de Guillaume Serina est signée Gilles Mingasson. Celles de L.A.,

envoyées à ma demande par G. Serina, ont été réalisées par France USA Media, Inc.)

 

 

Q : 18/05/13

R : 28/05/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Guillaume Serina. Il y a six mois et demi, Barack Obama était réélu à la présidence des États-Unis. Que peut-on attendre de son second mandat, débuté le 20 janvier ?

 

Guillaume Serina : Bonjour. Comme souvent, on attend l'impossible de la part de nos leaders. Lorsqu'Obama a pris ses fonctions en janvier 2009, il a dû faire face à la plus grave crise économique depuis la Grande Dépression, deux guerres coûteuses qui étaient encore en cours, et bien d'autres dossiers brûlants. Malgré les déconvenues prévisibles (le fameux message de l'Espoir) et l'échec aux élections législatives de 2010, il a été facilement réélu. Cette fois-ci, les enjeux sont sensiblement différents. Obama est d'abord attendu au tournant sur le chômage et la croissance. Il a également annoncé de grandes réformes sur l'immigration et sans doute une loi sur le réchauffement climatique. En politique étrangère, il devrait s'impliquer davantage, au cours de ce mandat, dans le dossier israélo-palestinien. La relation avec le Pakistan est aussi une priorité.

 

 

PdA : En novembre 2008, la charge symbolique, émotionnelle de son élection est, à juste titre, exceptionnelle. L'"Obamania", un phénomène mondial... Beaucoup d'espoirs... et pas mal d'illusions. Barack Obama est président des États-Unis... Avec le recul dont nous disposons aujourd'hui, quel regard portez-vous sur l'homme, le président Obama ? 

 

G.S. : J'avais eu le privilège de couvrir sa campagne de 2008, et j'ai pu observer "l'animal politique" de près. J'ai vu l'espoir se lever, j'ai rencontré des dizaines d'électeurs républicains qui avaient décidé de voter pour lui. Cette popularité, bizarrement, n'est jamais vraiment retombée. Dans les enquêtes d'opinion, on peut condamner sa politique, mais sa personne demeure assez populaire.

 

Quatre ans sous cette pression ont changé l'homme. Il reste le politique centriste et pragmatique qu'il a toujours été dans sa carrière (il n'a jamais été un ardent progressiste, contrairement aux idées reçues), mais il a paru parfois en retrait sur certains événements. Mais globalement, mon regard est assez indulgent : son bilan est loin d'être négatif et au regard des circonstances exceptionnelles, c'est une prouesse.

 

 

PdA :  Le Congrès américain a pu donner ces dernières années, à diverses reprises - je pense au relèvement du plafond de la dette, à la législation sur le contrôle des armes... -, le sentiment d'être le théâtre de clivages très partisans, comme si l'esprit de consensus avait déserté le Capitol Hill. Cette situation à Washington est-elle le reflet de divisions profondes au sein du peuple américain ? La "maison" est-elle réellement divisée sur l'essentiel ?

 

G.S. : Non. Je ne suis pas d'accord avec cette interprétation. Les médias donnent cette impression. Washington, et en particulier le Congrès, sont en effet "polarisés". Mais, en sillonnant régulièrement l'Amérique, je constate que les Américains sont plutôt d'accord sur l'essentiel. C'est un peuple qui veut voir le compromis à l'oeuvre. Lorsqu'on regarde les grands sondages sur les questions-clés, les majorités se dégagent facilement : immigration, énergie, économie, avortement, etc… Le peuple est moins divisé que Washington, c'est certain.

 

 

PdA : Barack Obama a été élu en plein cyclone financier et économique. Les années 90 ont été celles du leadership incontesté, celles de l'"hyperpuissance". La décennie 2000 s'est ouverte avec la tragédie du 11 septembre, elle s'est refermée avec Lehman Brothers, et ses suites dramatiques. Une Amérique devenue fébrile, en proie aux doutes sur fond d'avenir incertain, d'émergence de nouveaux géants. Qu'est-ce qui, fondamentalement, a changé dans les esprits outre-Atlantique ?

 

G.S. : Le changement majeur, c'est le chômage de masse et durable. Autant le marché de l'immobilier, la production, reprennent. Autant, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, des millions d'Américains peinent à retrouver du travail. L'anxiété, les conséquences sociale dramatiques du chômage de longue durée : la différence, elle est là.

 

 

PdA : Quels sont les défis majeurs auxquels l'Amérique devra faire face sur les vingt-cinq années à venir ?

 

G.S. : Ils sont multiples et je les ai listé et étudié un à un dans mon dernier livre, "Obama face aux neuf plaies de l'Amérique" (à découvrir ici, ndlr). Parmi les défis de fond, je place la pauvreté et l'éducation en numéro 1. Le défi énergétique est crucial également. Plus globalement, l'Amérique doit apprendre à faire avec un monde plus compétitif et comprendre qu'elle ne peut peut-être plus défendre ses intérêts partout dans le monde en même temps. Les États-Unis resteront une grande puissance mondiale dans les décennies à venir, mais ils devront "gérer" différemment. Obama l'a compris, je crois.

 

 

PdA : Abordons maintenant deux ou trois sujets un peu plus légers, peut-être plus personnels... D'où vous vient votre passion pour les États-Unis ?

 

G.S. : J'avais 15 ans lors de mon premier séjour (linguistique) aux États-Unis. J'ai vite été fasciné, positivement et négativement. J'ai ensuite fait des études d'Histoire d'Amérique du Nord à l'université, alors que je démarrais en même temps ma carrière de journaliste. Devenir correspondant aux États-Unis est devenu une envie naturelle, alimentée par des fréquents séjours.

 

 

PdA : Voulez-vous nous présenter les activités de votre agence de presse France USA Media ? (31/05)

 

G.S. : Nous vendons du contenu sur l'actualité américaine aux médias français et francophones : articles pour la presse écrite, reportages vidéo ou fixing pour la télévision. Nous avons par exemple récemment travaillé sur l'émission Capital Terre ou le dernier Faut Pas Rêver dans le Sud américain. Niveau journaux ou magazines, nos récentes publications ont été dans Géo, Le Parisien Magazine et prochainement dans M, le Magazine du Monde. Nous éditions aussi notre propre journal en ligne, Le Ben Franklin Post et produisons l'émission "Chroniques d'Hollywood". Tout cela ne serait pas possible sans la super équipe de collaborateurs un peu partout aux Etats-Unis. Nous avons des correspondants à New York, Washington, Chicago, Austin, San Francisco, et bien sûr L.A. (31/05)

 

 

LA 1

 

 

PdA : Quels grands moments avez-vous vécu avec votre équipe jusqu'à présent ? (31/05)

 

G.S. : En sept ans de travail aux États-Unis, je retiens comme grand moment l'élection d'Obama, bien entendu. J'avais la chance d'être à Chicago le soir de sa victoire, puis à Washington lors de sa prestation de serment. Mais je retiens aussi mes reportages sur la crise - des rencontres humaines fortes, ou encore mes entretiens avec Clint Eastwood, Leonardo di Caprio ou encore Madonna. Ce métier offre tellement de diversité ! Je suis très chanceux. (31/05)

 

 

PdA : Quels sont, parmi les clichés très réducteurs que les Français peuvent avoir à propos des Américains, ceux auxquels vous aimeriez tordre le cou pour de bon (on peut rêver !) à l'occasion de cet interview ?

 

G.S. : "Les Américains sont idiots". Combien de fois l'ai-je entendu ?! Sous-entendu, ils n'ont pas de culture, sont bêtes, etc. C'est une généralisation tellement réductrice... Au contraire, je trouve que, collectivement, les Américains sont un grand peuple. Mais c'est un peuple extrêmement divers, avec une multitude de micro-cultures. Il faut prendre le temps de le comprendre.

 

 

PdA : Parlez-nous de "votre" Amérique, celle que vous aimez ? Les visites inratables, les petites adresses remarquables que vous conseilleriez à nos lecteurs ? 

 

G.S. : Vaste question. Je vis à Los Angeles depuis sept ans et cette ville n'est que rarement appréciée par les Français. Car c'est très grand, sans réel centre-ville, et ils ne savent pas où aller lorsqu'ils y viennent en vacances. Mais il faut se laisser envoûter par L.A., accepter sa domination sur vous et avoir envie de la découvrir. Je suis totalement passionné par cette ville. Parmi les autres villes, je placerai Chicago en tête de liste - une ville pleine d'histoire et de charme. J'adore également les Texans, parmi les plus généreux qui soient (et contrairement aux idées reçues).

 

 

PdA : Dans vos ouvrages, dans vos différentes interviews, vous affirmez croire toujours dans le "rêve américain". Pourquoi ?

 

G.S. : Ce n'est pas moi qui le dis, mais les personnes que j'ai rencontrées. Que ce soit des économistes, des hommes politiques, des responsables d'associations ou les "gens de la rue". Même des gens qui ont récemment connu des moments très difficiles continuent d'y croire. Selon moi, ce rêve américain est sans doute beaucoup moins approchable qu'il y a une ou deux décennies, mais il existe encore en effet. Cette volonté de réussir, cette énergie positive, le permettent. Mais le cauchemar américain existe également.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour la suite, Guillaume Serina ?

 

G.S. : Mon livre est nominé pour le meilleur essai de l'année aux 55èmes Prix du journalisme de Californie du Sud (55th SoCal Journalism Awards) le mois prochain : ça serait incroyable de gagner ! Mais, plus important, je continue à oeuvrer au développement de mon agence de presse France USA Media.

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

G.S. : Non. C'est moi qui vous remercie.

 

 

LA 2

 

 

Merci encore, cher Guillaume Serina, pour vos réponses. Je croise les doigts pour votre succès lors des 55èmes SoCal Journalism Awards ! Et vous, quel regard portez-vous sur l'Amérique d'aujourd'hui ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Guillaume Serina...

 

Sur le site du Ben Franklin Post (Agence France USA Media) ;

 

Sur Facebook ;

 

Sur Twitter ;

 

En librairie.

 

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