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Paroles d'Actu
28 décembre 2013

Thierry Lentz : "Napoléon a manqué l'Allemagne"

   En août dernier, j'avais pris l'initiative d'inviter M. Thierry Lentz, auteur de L'assassinat de John F. Kennedy : Histoire d'un mystère d'État (Nouveau monde), à évoquer pour Paroles d'Actu la funeste journée du 22 novembre 1963 et ses nombreuses zones d'ombre, la présidence de J.F.K. et l'évolution qu'a connue l'Amérique depuis lors. Son accord de principe me parvint rapidement. Le 26 août, trois mois avant le cinquantième anniversaire de la tragédie de Dallas, l'entretien était en ligne.

   Thierry Lentz dirige depuis 2000 la Fondation Napoléon ; il compte au rang des spécialistes les plus éminents du Consulat et de l'Empire. Parmi ses projets tels qu'évoqués lors de notre première interview : la sortie prochaine d'un nouvel ouvrage consacré à Bonaparte, une étude extrêmement fouillée et franchement novatrice de l'épisode dit de l'« agonie de Fontainebleau » (1814). L'idée fut lancée d'un deuxième échange, finalement concrétisé au mois de décembre et dont le texte est reproduit ci-dessous. Un point, notamment, à lire absolument : le développement passionnant qu'il nous livre quant aux politiques allemandes de Napoléon et à leurs conséquences pour la suite de l'histoire... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

THIERRY LENTZ

Directeur de la Fondation Napoléon

 

« Napoléon a manqué l'Allemagne »

 

Tableau Napoléon

Les Adieux de Napoléon à la Garde impériale, le 20 avril 1814

(Antoine Alphonse Montfort, d'après Horace Vernet)

 

Q. : 18/12/13 ; R. : 23/12/13

  

Paroles d'Actu : Bonjour Thierry Lentz. Qu'est-ce qui, dans votre parcours, dans votre vie, a fait naître et nourri l'intérêt marqué que vous portez à Napoléon ?

 

Thierry Lentz : Je me suis toujours passionné pour l’histoire, depuis mon enfance. Mon grand-père, Charles Lentz, était abonné à toutes les revues historiques et m’a beaucoup raconté ce qu’il y lisait. Et puis, en 1969 - j’avais dix ans -, la France a célébré en grand le bicentenaire de la naissance de Napoléon. Cela m’a passionné. Une voisine m’a alors offert le livre que toute ma génération « napoléonienne » a lu : Napoléon raconté à tous les enfants, édité par Fernand Nathan. C’était un très grand livre avec des textes simples et de très belles illustrations. Je crois que tout est parti de là. Il y a eu ensuite le Napoléon d’André Castelot et d’autres lectures, toujours plus nombreuses.

 

PdA : Quels sont l'objet et les activités de la Fondation Napoléon, dont vous êtes directeur ?

 

T.L. : La Fondation Napoléon a un double objet : aider au développement des études napoléoniennes au sens le plus large et pour tous les publics, d’une part ; aider à la préservation du patrimoine napoléonien, d’autre part. Pour la première mission, nous créons des outils pour le public : sites internet, livres, conférences. Nous touchons, grâce au site napoleon.org, environ 3,5 millions de personnes par an, dans le monde entier. Nous avons aussi des activités historiques plus pointues : édition de la Correspondance générale de Napoléon (dix volumes parus sur quatorze aux éditions Fayard), organisation de colloques scientifiques. Dans la même veine, nous donnons chaque année sept bourses de 7 000 euros à des étudiants de doctorat sélectionnés par un jury indépendant et, pour les auteurs plus chevronnés, trois prix d’histoire.

 

Concernant le patrimoine, nous conservons nous-même une grande collection d’objets historiques dont une partie est actuellement exposée à Astana, capitale du Kazakhstan. Notre collection a plus de 1 200 numéros d’inventaire. Par ailleurs, nous subventionnons parfois des projets de restauration, dont celui des Domaines nationaux de Sainte-Hélène.

 

PdA : Justement. Vous vous trouvez, à l'heure de notre entretien, sur l'île de Sainte-Hélène. Le cadre de l'ultime exil forcé de l'ex-empereur, celui de ses dernières années... Quel est votre ressenti quant à ce séjour ?

 

T.L. : J’étais déjà venu à Sainte-Hélène en 2003, pour un voyage purement historique et de mémoire. Comme j’ai un assez bon souvenir de ce premier voyage, l’émotion est moindre cette fois-ci. De plus, je suis ici pour travailler, puisque la Fondation Napoléon et le ministère des Affaires étrangères conduisent depuis deux ans une vaste opération de restauration et de mise en valeur des Domaines nationaux de Sainte-Hélène, afin qu’ils soient prêts pour l’ouverture de l’aéroport, en 2017.

 

Mon séjour de douze jours, sans compter les onze jours de bateau, est l’occasion, d’une part, de vérifier le chantier, et d’autre part, de travailler avec le directeur des Domaines, M. Dancoisne-Martineau, à l’avenir de cet établissement si émouvant et important pour la mémoire nationale et même mondiale. J’ai pratiquement une réunion de travail par jour pendant mon séjour, avec les différentes autorités de l’île. Notre but est d’augmenter à la fois la fréquentation et les ressources des Domaines, pour les mettre à l’abri autant que ce sera possible des économies budgétaires de l’État.

 

PdA : Opérons, si vous le voulez bien, un petit retour en arrière... 1805 fut une année de contrastes pour l'Empire, une année charnière pour l'Europe. Il y eut le chef d’œuvre tactique de Napoléon : la victoire retentissante remportée à Austerlitz, en terre autrichienne. Quelques semaines auparavant, un désastre, celui de Trafalgar. Une défaite franco-espagnole qui marqua la fin de ses rêves de conquête des îles britanniques, le point de départ d'une suprématie maritime qui allait durer un siècle...

 

T.L. : 1805 est une année paradoxale, en effet. D’un côté, Napoléon rend inéluctable la prépondérance continentale de la France. De l’autre, il perd quasiment toute chance de vaincre l’Angleterre sur mer. Il en conclut qu’il faudra que « la terre vainque la mer », donc assurer à l’Empire français une domination totale du continent pour assécher le commerce britannique.

 

PdA : On a souvent dit de Bonaparte qu'il n'entendait pas grand chose aux questions navales, mais comment expliquer, au vu de son génie organisationnel et du statut assumé d'« âme des coalitions » du Royaume-Uni, qu'il n'ait pas cherché avec davantage de conviction à bâtir une flotte offensive réellement capable de rivaliser avec celles que dirigeait Nelson ?

 

T.L. : Il n’a cessé de construire une flotte, et même plutôt deux fois qu’une après Trafalgar. Mais on ne construit pas des dizaines de vaisseaux en quelques années. Selon les plans très optimistes qu’il avait élaborés, il pensait pouvoir rivaliser vers les années 1811-1812 avec la Royal Navy. Il s’aperçut bien vite que c’était impossible. Et puis, depuis l’émigration massive des capitaines de vaisseaux pendant la Révolution, il ne disposait pas des marins nécessaires à la manœuvre, si tant est qu’il aurait pu disposer des bateaux nécessaires. Il consentit donc un grand effort de formation, qui porta ses fruits au milieu des années 1820 : ce sont les amiraux et capitaines formés sous l’Empire qui redonnèrent du lustre à la Royale… de Charles X et Louis-Philippe.

 

PdA : Après avoir renoncé à les atteindre sur et par les mers, Napoléon a déployé des efforts colossaux pour frapper les Britanniques via un terrain ultra-sensible, celui du commerce, donc de l'industrie. Son intransigeance sur la question du « blocus continental » l'a contraint à des entreprises de plus en plus démesurées, l'exposant à des revers - des difficultés rencontrées dans la péninsule ibérique jusqu'à la catastrophe russe - qui allaient précipiter sa chute...

 

T.L. : Le calcul n’était ni neuf, ni mauvais. Depuis toujours, les continentaux essayaient non pas de rivaliser avec l’Angleterre sur les mers, mais de perturber sa puissance commerciale. Napoléon faillit y parvenir, autour de l’année 1811. Il y eut une grave crise économique et sociale en Angleterre, qui fut réprimée avec violence par les autorités. L’année suivante, il partait en Russie et risquait tout sur ce qu’il appela lui-même « la guerre suprême ». Ce faisant, il donna un répit inattendu à l’industrie et au commerce britanniques. La « cavalerie de St George », c’est-à-dire la puissance financière de Londres, maintenue à grands coups d’emprunts, fit le reste : c’est avec l’argent anglais que les autres puissances européennes purent financer les coalitions qui mirent l’Empire à genoux.

 

PdA : Londres craignait un déséquilibre trop marqué des rapports de force sur le continent, elle redoutait la perte des marchés européens - ce qui l'a conduite à refuser toujours, avec acharnement, le contrôle par la France de la Belgique et des Pays-Bas -. Paris, quant à elle, ne pouvait tolérer sans s'en inquiéter la suprématie de sa rivale sur les mers, les océans et, donc, les colonies. Une entente sincère et durable entre ces deux géants était-elle réellement hors de portée, sur des bases acceptables par chacune des parties ?

 

T.L. : Dans cette lutte de titans, personne n’a joué le jeu de l’apaisement. On en veut pour preuve les négociations de 1806, qui faillirent aboutir à une paix souhaitée par les deux peuples, mais pas forcément par leurs gouvernements. L’histoire complexe de cette négociation le montre : les deux parties ont perdu une belle occasion de s’entendre. Mais ni l’un ni l’autre ne souhaitait partager la puissance.

 

PdA : Les stratégies adoptées par Napoléon en Allemagne se sont, sur bien des aspects, inscrites dans la continuité de traditions dont les origines remontaient aux Bourbon : une volonté d'abaisser l'Autriche des Habsbourg ; une bienveillance à l'égard de la Prusse, celle, toujours, du mythe Frédéric II. La destruction du Saint-Empire et de l'ordre établi au sein du monde germanique, l'affaiblissement de l'Autriche au profit de la Prusse puis, in fine, la poussée des nationalismes en réaction aux subjugations napoléoniennes n'ont-ils pas été autant d'éléments ayant favorisé un processus - l'unité allemande autour de la Prusse des Hohenzollern - portant en lui de nouveaux déséquilibres et, bientôt, de nouveaux malheurs pour les peuples d'Europe ?

 

T.L. : Ce thème est un de mes favoris, aussi répondrai-je un peu plus longuement à cette question. Napoléon manqua avec les États allemands une alliance stratégique, en raison d’une sorte de préjugé qui voulait que la France soit plus forte contre l’Autriche ou la Prusse si l’Allemagne restait divisée. Mais ce qui était vrai en un temps où aucune force n’était en mesure de fédérer la « tierce Allemagne », l’était moins lorsque la France dominait à ce point l’Europe. Napoléon aurait pu créer puis soutenir une entité politique solide dans la partie sud de l’espace germanique, avec les États les plus ouverts à l’influence française : Bavière, Bade, Wurtemberg, les deux Hesse, voire la Saxe. Il eût fallu pour cela assigner des buts finis au système napoléonien et avoir une vision de l’Europe future. Napoléon n’avait pas clairement cette vision et c’est pourquoi il ne s’éloigna pas des traditions diplomatiques, alors même que les États qui auraient pu constituer le socle d’un accord de grande ampleur ne demandaient qu’à se rapprocher de lui.

 

Leur premier objectif était de se débarrasser du Saint-Empire, ressenti comme un obstacle à leur indépendance. Mais l’empereur ne sut pas approfondir les rapprochements franco-allemands. Il voulut seulement les mettre au service de ses propres desseins. Le renoncement à la couronne impériale par François d’Autriche (1806) permit pourtant une redistribution des cartes : Vienne était exclue de l’Allemagne, avec la complicité des États moyens. C’est alors que Napoléon tenta d’organiser la coopération au sein de la Confédération du Rhin créée par le traité du 12 juillet 1806. Elle compta une quarantaine d’adhérents autour de la France. L’empereur en était le « protecteur ». Les premiers fruits de l’accord furent récoltés sur le terrain de la guerre franco-prussienne (1806) et de la paix de Tilsit (1807) : après avoir confiné l’Autriche au sud, l’empereur des Français rejeta la Prusse vers le nord.

 

Un espace politique et géographique s’ouvrait. Il aurait fallu l’occuper et en renforcer les composantes. On put le croire avec cette Confédération, dont le texte fondateur prévoyait des institutions politiques communes : l’archevêque de Mayence, Dalberg, fut désigné prince-primat et président d’un « collège des rois », d’une diète confédérale qui aurait dû s’assembler à Mayence… mais ne fut jamais réunie. La Confédération du Rhin ne fut qu’un outil militaire, permettant certes aux alliés de se protéger les uns les autres mais servant surtout à appuyer les projets napoléoniens : il y eut environ 125 000 Allemands dans la Grande Armée de 1812. L’historien Michel Kerautret a pertinemment comparé ce montage à l’Otan. Les autres domaines de coopération restèrent du ressort des relations bilatérales, ce qui avec l’empereur des Français était synonyme de dialogue entre fort et faible.

 

Finalement, Napoléon se servit surtout de la Confédération du Rhin pour maintenir la division de l’Allemagne, désormais sous autorité française, et non tenter une « union » politique autour de la France. La dureté des règles du Blocus continental, le favoritisme commercial, les tentatives d’imposer des solutions juridiques et administratives auxquelles toutes les élites allemandes n’étaient pas favorables, le mépris manifesté aux princes confédérés n’étaient sans doute pas de bonne politique pour souder la tierce Allemagne à la France. L’effondrement de l’Allemagne « napoléonienne » en 1813, le retour à l’incertaine bascule entre l’Autriche et la Prusse allaient s’avérer à long terme une calamité pour le continent. En ayant sanctionné aussi durement la Prusse après 1806 et en ayant manqué l’Allemagne, Napoléon en porte une part de responsabilité.

 

PdA : Votre prochain ouvrage, prévu pour le mois de janvier, sera consacré aux « vingt jours de Fontainebleau », qui précédèrent la première abdication de l'Empereur, en 1814. Qu'avez-vous appris de vos recherches à propos de cet épisode plutôt méconnu de sa vie et de notre histoire ?

 

T.L. : Ce que de nombreux historiens ont appelé l’« agonie de Fontainebleau » tient en deux tableaux célèbres. Le premier, conservé au Musée de l’Armée, a été peint en 1840 par Paul Delaroche. Il représente Napoléon à Fontainebleau, le 31 mars 1814. Le second, intitulé Les Adieux de Napoléon à la Garde impériale, le 20 avril 1814, est une composition d’Horace Vernet, réalisée en 1825. Les deux œuvres illustrent la légende de l’agonie : Napoléon seul et prostré, les bras presque ballants, son arme inutile, son chapeau tombé comme sa couronne ; puis le même, vingt jours plus tard, redevenu ferme et droit, contenant son émotion et forcé de se dégager avec dignité de l’étreinte de ses soldats que symbolise le baiser de leur général. Les historiens du Consulat et de l’Empire peinent à détacher leurs regards de ces deux représentations postérieures aux événements. Ils racontent ces vingt jours comme la tragédie du héros abandonné de tous mais qui accepte son destin.

 

J’ai voulu rouvrir ce dossier en revenant sur ce qui s’est passé entre les deux tableaux. Mon récit provoquera peut-être quelques surprises chez certains lecteurs. Car même si mon projet n’est pas de s’opposer par principe aux mythes qui embrument ces vingt jours tragiques, tout ne s’est pas toujours passé comme on le dit ou comme on le croit.

 

Dans mon ouvrage, j’ai tiré plusieurs remises en cause, parfois profondes, quelquefois anecdotiques, de ce que l’on croit savoir sur ces vingt jours : réévaluation du rôle de Caulaincourt, un des « préférés » des napoléonistes mais qui fut sans doute celui qui poussa le mieux à l’abdication ; contestation de la vulgate sur le rôle des maréchaux, autour de ce que nous appelons « la grande scène » du 4 avril 1814 où, nous a-t-on dit, ils forcèrent la porte de l’empereur pour l’obliger à abdiquer ; confirmation de la tentative de suicide de Napoléon, dans la nuit du 12 au 13 avril, grâce à un exceptionnel témoignage inédit ; atténuation du reproche fait au major-général Berthier d’avoir « lâchement » abandonné son chef ; déroulement revisité de la négociation et de la ratification du traité de Fontainebleau qui attribuait l’île d’Elbe au vaincu ; circonstances revues et corrigées de la signature des deux versions de l’abdication ; rejet du texte habituel du discours d’adieu prononcé par Napoléon au matin du 20 avril, etc...

 

PdA : Des zones d'ombre subsistent-elles encore s'agissant d'un sujet auquel tant d'études et d'ouvrages ont déjà été consacrés ? Entrevoyez-vous de nouvelles perspectives de recherche ?

 

T.L. : On n’a pas fini de parler et d’écrire de et sur Napoléon. Chaque génération, chaque école historique, chaque historien a sa propre vision, c’est ce qui fait l’exceptionnalité des études napoléoniennes. Par exemple, le Bonaparte de Patrice Gueniffey, qui vient de paraître chez Gallimard, ouvre de nouvelles pistes, amène à de nouvelles conclusions et hypothèses sur un sujet biographique que l’on croyait pourtant clos. Et je puis vous dire que ça n’est pas fini.

 

PdA : Quel regard l'historien honnête et objectif devrait-il, de votre point de vue, porter sur Napoléon ?

 

T.L. : Tout mon travail se fonde sur le refus des anachronismes et des comparaisons d’actualité. Napoléon est un personnage historique qui doit être traité comme tel. Rien ne m’agace plus que ceux qui parlent à tort et à travers, le comparent à Hitler, voient du Napoléon en Sarkozy, et je ne sais quoi d’autre dans les événements de la vie quotidienne. Si l’histoire n’est pas seulement le passé, le grand saut vers les comparaisons doit être fait avec prudence, retenue, j’oserais dire « avec intelligence ». C’est à ce prix que nous pouvons évaluer le rôle de Napoléon dans notre histoire et à quel point l’étape de son passage aux affaires a été essentiel pour la France, et même pour l’Europe. En clair, je milite pour que nous étudions cette période historique de la même façon que les autres, sans aucun excès, ni dans la passion, ni dans le dénigrement.

 

PdA : Je n'ai pas pour habitude de chercher à faire parler les morts... mais je suis sûr que vous vous êtes déjà posé la question, je me permets donc de vous la proposer. Que penserait-il de la France d'aujourd'hui ? De l'Europe telle qu'elle s'est (ré)organisée ?

 

T.L. : Pour les raisons évoquées ci-dessus, je me garderai bien de vous dire ce qu’il dirait. Son Europe n’était pas la même que la nôtre et sa France, n’en parlons pas. Sans doute serait-il surpris par l’inconsistance d’une grande partie du personnel politique, le manque d’enthousiasme des citoyens et de courage des dirigeants. Mais, ceci est une autre histoire… qui n’est pas de l’histoire.

 

PdA : 2014 et 2015 seront riches d'occasions de commémorations relatives à l'épopée napoléonienne. Ce sera le bicentenaire de nombreux événements : la Campagne de France, l'invasion, l'abdication et l'exil sur l'île d'Elbe, les Cent jours, la bataille de Waterloo, la seconde abdication de l'Empereur et son ultime déportation, sur l'île de Sainte-Hélène. Comment la Fondation Napoléon entend-elle aborder ces deux prochaines années ?

 

T.L. : Comme nous le faisons toujours, nous serons en retrait des commémorations proprement dites, sans les rejeter, bien sûr. Nous resterons dans notre domaine d’expertise : l’histoire et le patrimoine. Nous aurons donc un colloque en mars 2014 sur la diplomatie au temps de Napoléon ; nous consentirons des prêts d’objets aux expositions ; nous assisterons à des événements et organiserons des conférences, tout en poursuivant notre travail de fond. La seule exception sera l’inauguration de la « nouvelle » maison de Longwood, entièrement restaurée, en octobre 2015, et peut-être un événement surprenant à Waterloo… mais je ne vous en dirai pas plus.

 

PdA : Quels sont vos projets, Thierry Lentz ?

 

T.L. : Continuer à diriger le mieux possible la Fondation et poursuivre mon travail d’écriture sont au programme des dernières années de ma vie professionnelle. J’ai plusieurs projets de livres dont nous reparlerons probablement.

 

Thierry Lentz

 

Mille mercis, cher Thierry Lentz, pour vos réponses et votre bienveillance à mon égard. Heureux et honoré que vous ayez accepté, une nouvelle fois, de m'accorder un peu de votre temps. Et vous, que vous inspire la figure de Napoléon ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Thierry Lentz...

 

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Commentaires
A
Napoléon voyait la France en grand. Il a consolidé et sauvé la Révolution française en s'opposant aux coalitions monarchiques et en s'incarnant père de la nation après le meurtre indigne de Louis XVI. Il s'est défendu face à l'hégémonie anglaise et est de ceux qui s'est réellement battu contre la finance. Il a incrusté dans le marbre le mérite et la justice. Que de choses nous lui devons ! Jamais je ne quitterai mon modèle.
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P
"Et vous, que vous inspire la figure de Napoléon?"<br /> <br /> <br /> <br /> Comme étudiant et doctorant, en ce moment une thèse sur sa politique sociale, à titre citoyen, l'engagement de toute une vie. <br /> <br /> <br /> <br /> Personnage unique de notre histoire nationale, continentale et mondiale, Empereur des Français, Roi d'Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin, Médiateur de la Confédération helvétique, fondateur de la Légion d'Honneur et membre de l'Institut, héros national polonais, dieu chinois et personnage historique le plus représenté à l'écran, Napoléon le Grand arrive aussi en tête du classement des plus grands chefs de guerre, soit juste devant ou immédiatement derrière Alexandre le Grand. Comme le dit fort bien Thierry Lentz, les pistes sont multiples et les sentiers vierges qui restent à parcourir sont encore plus nombreux. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, explorer son histoire polyvalente, "sans aucun excès, ni dans la passion, ni dans le dénigrement.", c'est toujours une étude riche et édifiante.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> ************************************************************************************************<br /> <br /> « Les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles que l’on fait sur l’ignorance. L’occupation la plus honorable, comme la plus utile pour les nations, c’est de contribuer à l’extension des idées humaines.» <br /> <br /> <br /> <br /> (Lettre au président de l'Institut, le 6 nivôse an VII / 26 décembre 1798)
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