Elizabeth Gouslan : « La Reine a appris à être souple, mais elle est inflexible quand les principes sont ébranlés »
Le 6 février dernier marquait le soixante-dixième anniversaire de l’accession au trône britannique de la princesse Elizabeth, devenue dès ce jour de 1952 la reine Elizabeth II : il y a sept décennies, son père George VI mourait prématurément, laissant à sa fille aînée, 26 ans à peine, la charge d’une des fonctions les plus prestigieuses et exposées du monde. Une charge faite d’un confort matériel inouï, mais aussi d’une forme d’engagement perpétuel, d’obligations et parfois de sacrifices pour le monarque et pour son clan. Alors non, on ne fera pas pleurer dans les chaumières en évoquant les Windsor, moins encore les plus jeunes générations qui auront à connaître le luxe plutôt que le sacrifice, mais il est intéressant, alors que se prépare le jubilé de platine de la Reine, de se pencher un peu sur les parcours des uns et des autres, et notamment de ces princesses qui se sont trouvées au milieu de ce clan ou l’ont rejoint.
Elizabeth Gouslan, journaliste et écrivaine, est l’auteure de Meghan ou le désespoir des princesses (L’Archipel, février 2022), ouvrage plus intéressant qu’il n’y paraît puisqu’il ne traite pas uniquement de Mme Harry (à moins que lui ne soit Mr Meghan), mais bien de toutes ces princesses au destin pas toujours rose bonbon : Kate, Diana, Camilla, Margaret ont chacune droit à un chapitre. Chacune de ces histoires, qui s’entremêlent forcément toutes un peu, nous dit quelque chose du personnage central de cette grande pièce : la Reine, toujours elle, petite dame frêle mais qui en impose même quand elle n’est pas là. En creux, ces récits nous font découvrir quelques coulisses d’une monarchie britannique pas vraiment humble, pas franchement tendre non plus, mais qui ne manque pas de fasciner. On apprend aussi de nous-même, de notre rapport à ce qui brille, qu’on aime admirer et qu’on aime voir chuter.
Je remercie Mme Gouslan pour l’interview réalisée le 12 mai. Je vous invite à découvrir cet ouvrage, qui ne vous ennuiera pas, et signale au passage la sortie, également chez L’Archipel, d’un somptueux "livre du souvenir" richement illustré qui devrait combler les nombreux admirateurs de la souveraine. Exclu. Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.
Elizabeth II : Le livre du souvenir (L’Archipel, janvier 2022)
EXCLU - PAROLES D’ACTU
Elizabeth Gouslan : « La Reine a appris
à être souple, mais elle est inflexible
quand les principes sont ébranlés »
Meghan ou le désespoir des princesses (L’Archipel, février 2022).
Pourquoi vous être lancée dans ce Meghan ou Le Désespoir des Princesses (L’Archipel, 2022) ? D’ailleurs avez-vous été de ces petites filles que la vie des princesses, plutôt vue côté lumière, sur papier glacé, a fait rêver ?
Oui tout à fait. En tout cas, quand j’étais petite fille. Après, avec mes études, ma fonction de journaliste et d’auteure, j’ai évidemment "largué" ce rêve enfantin, mais je crois que c’est un rêve que l’inconscient trimbale toute la vie. Ce n’est pas un hasard si en 2012 j’ai écrit une biographie de Grace Kelly (Grace de Monaco, la glace et le feu, Grasset). L’angle de cette bio c’était justement de montrer que c’est peut-être un leurre de vouloir être princesse. Et que Grace était beaucoup plus heureuse à Hollywood que sur ce petit rocher monégasque. J’y ai vu un écho avec Meghan, qui est actrice au départ, et qui aspire à être une des femmes fortes de Buckingham.
Un écho peut-être aussi avec Charlene, belle-fille de Grace qui ne semble pas vraiment heureuse de son sort ?
C’est vrai et elle en paie les frais. Je crois que le destin des princesses est toujours tragique...
Avez-vous appris au cours du travail préparatoire pour ce livre, des faits qui vous auraient choquée ou surprise ?
Une chose m’a choquée : je rendai mon manuscrit au moment de l’épisode Oprah Winfrey, et je n’ai pas été d’accord avec la manière plaintive dont l’affaire était présentée, et avec ce supposé racisme de la Cour d’Angleterre. Elle était divorcée, métisse, actrice et américaine, autant dire le quatuor infernal pour la Couronne : si la Reine avait été raciste, elle n’aurais pas mis le bout d’un escarpin dans la famille...
On sent bien, à vous lire, que l’épisode Edward VIII, roi ayant abdiqué pour sa Wallis, a largement marqué sa nièce, la future Elizabeth II, et pas simplement pour les conséquences que cela a eu sur le destin de son père et le sien même...
Absolument, vous m’avez bien lue, et vous avez raison : c’est un marqueur fort de la dynastie du Royaume-Uni, et c’est un traumatisme qui se répète et se transmet de génération en génération.
Pour vous, s’agissant notamment de sa sœur Margaret, cela a impacté sa gestion des mariages princiers ?
Au départ oui, et ensuite je pense qu’elle a réfléchi. Je dois dire que je respecte beaucoup Elizabeth II, une femme de devoir à la colonne vertébrale impeccable... Elle est admirable et elle assume tout, y compris disons-le sa descendance pas toujours très classe. Elle était jeune quand il y a eu l’affaire Margaret, sa petite soeur qui allait de déboire en déboire, avec des hommes qui ne lui convenaient pas. Et le premier mariage interdit avec Peter Townsend... Je pense qu’elle a beaucoup souffert d’appliquer le protocole à ce point, et de devoir faire souffrir sa petite soeur à ce point. D’ailleurs, Margaret est morte assez jeune, en 2002. Leur mère est morte peu après, sans doute en partie à cause du chagrin causé. Donc oui, il y a eu impact, puis elle a réfléchi, et nous le disions, au 21ème siècle elle a accueilli une jeune femme comme Meghan...
Vous avez anticipé un peu ma question suivante. Elizabeth II, qui s’est tenue jusqu’ici et jusqu’à on ne sait quand, au serment prêté à ses sujets de les servir, s’impose à elle-même ainsi qu’à tous les siens une discipline de fer, une dureté dont on sait à quel point elle n’a pas empêché, dans sa famille, les situations de chaos personnel. A-t-elle évolué dans sa tolérance envers les écarts des uns et des autres ?
Oui et non. Elle essaie d’être la justice incarnée. Elle a fait beaucoup d’efforts pour intégrer Meghan, alors même que celle-ci lui inflige, ainsi qu’à la monarchie, quelques gifles qui marquent je crois une vraie ingratitude. Mais, quand il s’agit de son fils, elle est implacable : quand Andrew a été accusé des choses atroces que l’on sait, elle a réagi très violemment. Et pourtant elle l’adore, je crois que c’est son fils préféré. Donc il y a les deux volets, une souplesse, et un retour à la fermeté quand les principes sont ébranlés.
La famille royale britannique incarnée par Elizabeth II passe, tout au long de votre livre, et notamment par la bouche de Meghan, pour très rétrograde, voire pire. Clairement, et même si vous balayez la thèse d’un racisme de la Reine, sentez-vous chez les Windsor historiques, un fond toujours bien présent de cette aristocratie britannique hautaine, et pour tout dire, héritage de l’Empire, encore un peu "supérieure" ?
Forcément, vous avez raison. C’est la famille royale la plus riche du monde, la plus scrutée par les magazines, les réseaux sociaux... Il n’y a pas eu de baisse de régime, de chute de tension sur l’intérêt suscité depuis le couronnement de la Reine il y a 70 ans. On appelle cette famille "la Firme", ce n’est pas pour rien. Il ne s’agit évidemment pas d’être angélique ou de les diviniser, ce n’est pas du tout ce que je fais dans le livre. Il y a chez eux un sentiment inné de supériorité. Ils font des déclarations très discrètes : on les voit mais ils ne parlent quasiment jamais. Ce qui m’a intéressée justement, c’était de faire une gallerie de portraits et d’animer ces gens qu’on observe comme des marionnettes privées de parole mais qui pourtant nous fascinent - ce qui en soi est fascinant. Donc oui, ils sont assez constamment arrogants, et pour autant, avec un sens du devoir très fluctuant (on parlait d’Andrew qui pour le coup est une catastrophe de ce point de vue).
Meghan est-elle à vos yeux la version la plus aboutie de la princesse moderne, follement ambitieuse, dominatrice envers son époux au sang bleu, et dans une posture de défi ouvert envers la monarchie britannique ? Bref, un avatar parfait pour le women’s empowerment ?
Absolument. Elle a été longtemps cette espèce d’étendard de l’empowerment féminin, je dirais même du mouvement MeToo. Elle a surgi dans l’affaire Weinstein, elle s’est battue pour des causes conjugales, est extrêmement féministe... Ajoutons qu’elle est démocrate. Tout cela est très névralgique au fond, et explique l’engouement général des jeunes filles et des femmes pour cette Meghan Markle qui a accompli en quelques années une trajectoire fulgurante, et est devenue une figure médiatique centrale... C’est la seule à avoir la parole dans ce petit monde de marionnettes... Le fait qu’elle ait cette parole gêne.
La parole jusqu’à une forme d’ingratitude vous le disiez, c’est valable pour elle, pour Harry aussi...
Oui, je l’ai écrit dans le livre et c’est bien mon point de vue, je n’y déroge pas. Alain Finkielkraut disait : Harry et Meghan, l’internationale de l’anti-racisme. Peut-être un peu exagéré, comme souvent, mais il y avait de cela, ce côté : on s’en va, on part en Amérique où tout est plus beau et tout est mieux, et on ne sera pas cannibalisé par la famille. Leur stratégie a sans doute été mauvaise. Depuis un an, ils ont perdu beaucoup de l’intérêt et même de l’affection qu’ils avaient su susciter auparavant. Leurs conseillers en communication ne sont probablement pas au top...
Ce qui est intéressant avec Kate, c’est qu’elle a été un peu le jouet de l’ambition de sa famille, et notamment de sa mère, femme forte comme le fut sa propre mère. Et qu’elle a su conquérir William avec finesse et à force de patience. Mais on la sent beaucoup moins calculatrice que Meghan, plus fragile aussi, et on pense à Charlene, princesse consort de Monaco qui n’a pas l’air non plus d’afficher un sourire franc quant à sa fonction... Pensez-vous que Catherine sera à son aise dans le costume de reine consort qui lui est promis ?
Je crois que oui. On a commencé par l’appeler Lady Kate, Smiling Kate, ou la fille qui sourit un peu bêtement sur la photo... Elle coche tout ce qu’il faut pour accéder au trône, et la Reine le sait. C’est Madame Parfaite. Cela dit, j’ai nommé le chapitre que je lui consacre "Le masque du bonheur". Qu’est-ce qui bout là-dessous, personne ne le sait : ils sont abonnés à un silence radio obligatoire que les communicants leur infligent. On en revient à cette histoire de marionnettes qui ne parlent pas et fascinent d’autant plus. Ils communiquent, mais sans réelle parole. Philosophiquement, ce silence qui se transforme en message maîtrisé par les communicants, sur les réseaux sociaux notamment, est à interroger tout le temps. Au fond, on est tous un peu des voyeurs pas très nets attendant que quelque chose craque, que quelqu’un chute...
Et en creux, ça dit aussi quelque chose de la nature humaine...
Vous avez raison. Ils disent peu d’eux, mais finalement beaucoup de nous.
Diana au destin tragique fut un peu entre les deux modèles, entre princesse soumise et femme forte : épouse malheureuse, ouvertement bafouée, elle a ensuite pris son destin en main, osé parler et, à force d’habile générosité, est devenue "princesse des cœurs". D’une certaine manière, n’a-t-elle pas péri pour avoir voulu vivre en femme libre ?
Bien sûr, et c’est exactement à ce schéma-là, traumatique et désespéré, que Meghan s’est accrochée en tant que belle-fille de cette icone planétaire qu’était Lady Di. Elle reproduit ce schéma : elle aussi se plaint, dénonce, semble ingrate. À ceci près que Diana était véritablement une femme bafouée, régulièrement humiliée par son époux. On se demande de quoi Meghan peut, elle, réellement se plaindre...
Qu’est-ce qui a changé en matière de rapport à la presse depuis l’accident de l’été 1997 ?
La famille royale a mis des barrières. Ils ont verrouillé, constatant que peut-être, ils étaient plus vulnérables qu’ils ne le pensaient, malgré cette supériorité affichée et la fameuse devise, "never complain, never explain". L’accident du pont de l’Alma a obligé la Reine, en partie grâce à l’intervention de Tony Blair, à réagir et à se montrer plus humaine, pas simplement cette image de "marâtre débarrassée de l’intruse". C’est donc un Premier ministre travailliste qui a obligé la Reine à revoir ses fondamentaux (rires).
On pense d’ailleurs à ce fameux film, The Queen, qui montre très bien cette séquence. Et à ce tabloid qui titrait par un marquant, "Show us you care"...
Exactement. Arrêtez d’être des figures de cire du musée Tussauds, et montrez-nous que vous avez une parole, et un cœur.
Il est ensuite question de Camilla, le véritable amour de Charles, amour passionnel. On peut dire qu’à force de patience (et elle aura attendu bien plus longtemps que Kate), de finesse aussi, elle aura réussi, grâce à l’approbation des petits princes, à revenir en grâce auprès du prince de Galles, acceptée comme sa compagne officielle. A-t-on de la sympathie pour elle, dans l’opinion britannique ? Quid de la reine ?
La Reine a longtemps détesté la maîtresse officielle. Non pas que cela choquait, parce que, comme dit le Prince Charles, "depuis quand un prince n’a-t-il pas une maîtresse ?". Il est parfois très trash dans ses réponses aux journalistes, avec ici une supériorité aristocratique éclatante, qui dit en substance : "revoyez vos classiques, vous qui m’interrogez". Ils étaient tous dans ce moule, le problème est que la petite Lady Di a fait exploser ces apparences. Elle les a lézardées avec une forme de candeur, de sincérité qui n’étaient pas du tout dans les codes de la Firme. On en était là. Donc la Reine a détesté Camilla par ricochet. Elle n’a pas détesté le fait que son fils ait une maîtresse, mais tout le scandale que cela a provoqué, d’autant plus qu’il allait la rejoindre tout le temps. Moi, j’ai tendance à penser que la tendresse n’est pas vraiment au programme chez ces gens-là. Ce sont d’autres paramètres qui entrent en compte : devoir, dignité, tenir le cap. À partir du moment où Camilla devient un problème, elle n’a pas la sympathie de la Reine. Mais elle est tellement intelligente, probablement la plus intelligente de toutes après la Reine, qu’elle a su attendre patiemment son tour tout en faisant sa vie, ayant des enfants, des petits-enfants, divorçant... Quelque part, elle était la femme normale et la maîtresse royale.
Et peut-on dire qu’elle est désormais appréciée par le peuple britannique ?
Oui. Il y a eu toute cette séquence où il la détestait, jusqu’à la mort de Lady Di. La séquence d’après, la décennie d’après, les Britanniques se sont dit qu’après tout elle savait se tenir, qu’elle avait sa place dans la famille. Que visiblement Charles était fou d’elle, elle le calmait, lui donnait une colonne vertébrale. Et en plus, les deux garçons avaient l’air de l’accepter. Que demande le peuple ? À ce moment-là les tabloids se sont retournés en sa faveur. Elle s’est attachée aux causes humanitaires qu’ils adorent, à ces charities qui font la popularité d’un royal. Elle s’en est bien sortie et elle travaille, elle est sur le pont...
Et elle sera reine !
Absolument, puisque, ça y est, Elizabeth l’a adoubée ! Pas trop tôt. C’est Kate qui doit manger son chapeau, non ? (Rires)
Votre dernier chapitre traite, on en a déjà parlé, de Margaret. Sans vouloir faire de la psychologie à deux euros, diriez-vous que l’échec orchestré par sa sœur de sa romance avec Peter Townsend a marqué à jamais leurs rapports, et inscrit sa vie dans une forme de tristesse qui, de relations toxiques en paradis artificiels, allaient l’abîmer prématurément ?
Sans doute, oui. À ce moment, elle est très jeune (autour de 25 ans) et elle s’aperçoit que, toute sa vie il y aura, pire qu’une gouvernante, pire qu’une mère, une soeur qui est une reine... Tout son désespoir d’être à l’ombre, alors que c’est elle qui rêvait d’être dans la lumière, avec les paparazzi, les people, les groupes de rock des 70’s... Ces frasques, elles les a faites. Vers la quarantaine, Elizabeth n’a plus pu l’empêcher de faire ses frasques. Mais elle s’est inscrite dans un désespoir que montre très bien la série The Crown. L’actrice qui joue Margaret est excellente. On l’y voit sombrer dans la dépression...
Peut-être aura-t-elle été la plus malheureuse de toutes d’ailleurs, puisque même Diana, si elle n’avait pas connu cette fin tragique, était partie pour être heureuse ?
En tant que princesse des cœurs, libérée de la famille. Diana en tant que telle, oui. Meghan d’ailleurs aurait aspiré à cela : être Meghan, point. Et puis, patatras. Elle n’a pas réussi à magnétiser, alors qu’elle avait un potentiel énorme, et à suivre le chemin tracé par Diana.
Parce que trop ouvertement ambitieuse ?
Oui vous avez raison. Diana n’était pas ambitieuse. Elle avait soif qu’on reconnaisse sa générosité et son existence tout simplement en tant qu’être humain.
Vous y évoquez aussi pas mal le prince Philip, homme déraciné qui a dû prendre sur lui de n’être pas complètement le chef en sa demeure et s’est un peu vengé sur son fils Charles dont il a voulu régenter l’éducation, sans grand succès. Qu’est-ce qui a fait que ce couple-là, les mythiques Elizabeth-Philip, a duré jusqu’au décès du prince l’an dernier ?
Là je vais vous paraître nunuche, mais je crois que c’était un amour fou, et qu’elle était excessivement amoureuse de lui. Il a fait comme tous les hommes de cette sphère, il a trompé, a plus souvent qu’a son tour été hors des clous. Il était comme un lion en cage. Mais il était si beau, et, elle le dit elle même : personne ne la faisait rire autant que lui. Elle était totalement sous le charme.
Il est très peu question en revanche de la princesse Anne, fille unique de la reine et décrite par Philip comme masculine là où il estimait que Charles manquait de virilité. Anne est-elle la plus "forte" des enfants Windsor, la plus proche du caractère de sa mère, et quel rapport les deux femmes entretiennent-elles ?
Je reconnais avoir peu travaillé sur Anne, elle m’a semblé insipide, pas vraiment à la hauteur des autres...
Parmi toutes ces figures de princesses, fortes ou broyées, lesquelles vous touchent particulièrement, lesquelles vous laissent instinctivement plus froide?
Je prends beaucoup de distance, je l’ai toujours fait avec mes bio, qu’il s’agisse de Grace Kelly, d’Ava Gardner, de Mastroianni... Mais si je réfléchis... Bon, déjà, Meghan m’a exaspérée assez vite. Mais j’observais le baromètre général pour essayer de décortiquer tout cela. Elle ne me fascinait pas du tout, disons qu’elle m’intriguait. Kate m’intrigue. Elizabeth, je la vénère. C’est celle qui me touche le plus, c’est d’ailleurs elle qui clôt le livre : par sa longévité tout d’abord, par les épreuves qu’elle a subies très tôt également. Elle adorait son père, son père meurt. Et cette petite bonne femme qui adorait jouer avec ses chiens, ses poneys, écouter de la musique... se retrouve à devoir prendre à un âge tendre et sans formation la relève du puissant et prestigieux trône britannique. Elle est très au-dessus de la mêlée. Elle me touche parce qu’on sent bien qu’elle s’est carapacée dès l’adolescence, qu’elle devait tenir et se tenir, et qu’elle a su vivre sa vie de femme amoureuse et, disons-le, de mère pas très maternelle. Et tout cela me fait rire et me plaît.
Vous avez anticipé sur ma question, portant sur votre regard sur la personnalité et le règne d’Elizabeth II. Passons. Un qualificatif pour chacune des princesses de votre livre, auxquelles on peut peut-être ajouter le prince Philip ?
Meghan la tueuse. Kate, la patiente. Camilla l’obstinée. Diana, la victime. Margaret, la sacrifiée. Philip, l’électron libre. Harry le dominé. William l’ambitieux. Elizabeth, la classe absolue...
Charles, puis William, respectivement premier et deuxième dans l’ordre de succession au trône, vous paraissent-ils avoir les qualités requises, la rigueur et l’ouverture d’esprit notamment, pour exercer le rôle éminent du monarque constitutionnel ?
Question compliquée. Je crois que Charles veut ne pas vouloir. William a fait beaucoup d’efforts, il a revu ses copies, s’est admirablement moulé au protocole et a su faire preuve d’une abnégation qui n’était pas forcément dans son ADN pour se préparer au rôle suprême.
Comment l’envisagez-vous, ce jour auquel tout le monde pense, où l’on annoncera que "London Bridge is down" ? L’émotion, ce sera deux, trois fois celle qu’on a connue pour Diana ?
Oh, mille fois l’émotion qu’on a connue pour Diana. Ce sont deux siècles d’histoire internationale qui vont s’écrouler sur ce London Bridge. Ce sera pénible et douloureux pour beaucoup de monde, son peuple bien sûr et beaucoup de politiques qui, partout, la respectent. Les nonagénaires connaissent très bien la vie de la Reine...
Vos projets, vos envies pour la suite, Elizabeth Gouslan ?
Ma prochaine biographie sera une biographie romancée.
Un dernier mot ?
Le prince charmant reste pour toutes les petites filles du monde entier un rêve très puissant !
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