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Paroles d'Actu
21 septembre 2012

Jean Michel Wizenne : Le "plus grand échec social de l'Amérique"

"Née de la rencontre entre Marie Claire Saez (Astrologue Thérapeute) et Jean Michel Wizenne (Chanteur, guitariste de Medicine Groove), l’association Oiseau Tonnerre a pour but de restaurer le lien qui lie Français et Indiens Sioux Lakota, depuis le 17è siècle. Grâce à ses missions d’échanges, de solidarité et d’informations, l'association Oiseau Tonnerre vous permet de participer à cette aventure humaine qui a vu le jour lorsque l’Amérique était Française." C'est en ces termes que l'équipe de l'Association Oiseau Tonnerre présente, succinctement, ses activités sur la page d'accueil de son site internet. L'Oiseau Tonnerre... "Thunderbird" en anglais. Du nom d'un oiseau légendaire issu d'un folklore commun à plusieurs tribus amérindiennes. L'image est belle, mais sur le terrain, la réalité d'aujourd'hui ne l'est pas forcément... J'ai souhaité interroger le président de l'Association, Monsieur Jean-Michel Wizenne. Il a accepté d'évoquer pour Paroles d'Actu son expérience auprès des Lakota. L'expérience inoubliable d'un aventurier, devenue aujourd'hui son engagement... Je le remercie de m'avoir accordé un peu de son temps. Et d'avoir bien voulu partager avec nous ses constats, très éclairants et très sombres à la fois... et quelques belles leçons de vie... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN MICHEL WIZENNE

Président de l'Association Oiseau Tonnerre

 

Le "plus grand échec social de l'Amérique"

 

 

Q : 28/07/12

R : 20/09/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Qui êtes-vous, Jean-Michel Wizenne ?

 

Jean Michel Wizenne : Je suis un Musicien né à Marseille en 1967 d’origines Corse, Catalane et Italienne mais sans casier judiciaire ce qui représente un score vu les statistiques de la région… Par contre, ça a sans doute contribué à nourrir la graine rebelle et non obéissante qui continue de m’embringuer dans toutes sortes d’aventures.

 

 

PdA : Parlez-nous de l'Association Oiseau Tonnerre. Qu'est-ce qui vous a poussé à cet engagement ?

 

J.M.W. : L’association Oiseau Tonnerre permet à des prisonniers Amérindiens incarcérés aux USA de trouver des correspondants en France et dans d’autre pays.

 

L’idée m’est venue lors de mon premier voyage dans la Dakota du sud en 2004 et lors de cérémonies auxquelles j’ai assisté à l’intèrieur d’un Pénitencier Maximum sécurité ou était incarcéré un ami Lakota.

 

Juste avant la fin de la journée, au moment de dire au revoir, un des jeunes prisonniers a couru vers moi et m’a dit : « Reviens et emmène des gens, parle de nous car c’est le seul moment où nous existons... » C’est quelque chose dont on se souvient longtemps…

 

L’association permet aussi de collecter des habits chauds pour les enfants de la réserve de Rosebud. Le taux de mortalité infantile étant le même qu’à Haïti, l’arrivée de l’hiver fait un carnage.

 

 

PdA : Qui sont les Lakotas ? Quel est ce lien si spécial qui les lie aux Français ?

 

J.M.W. : Les Lakotas sont des Indiens des plaines d’Amérique du Nord. Les derniers à avoir abdiqué avec les Apaches. Ils ont été très souvent représentés dans les westerns. Ceci étant du à la célébrité de leurs personnages comme Sitting Bull, Crazy Horse, Nuages Rouges, etc…

 

L’amitié Franco - Lakota est séculaire. Le premier Blanc rencontré par les Lakota était Français.

 

Aujourd’hui, un tiers des Indiens Sioux Lakota portent un patronyme Français. Ceci est dû aux innombrables Trappeurs et Militaires français ayant choisi de rester avec eux et d’adopter leur mode de vie.

 

Pour être précis? il faudrait que je développe cette histoire sur 10 pages, car c’est trois siècles de l’histoire de France dans cette partie du monde qui n’ont été que succinctement relatés.

 

 

PdA : Quelques mots sur les voyages que vous avez effectués sur place ?

 

J.M.W. : Au départ, mon premier voyage chez les Lakota avait un but que l'on peu qualifier de spirituel. Bien que je sois aux antipodes du mouvement New Age qui considère tout individu portant une plume sur la tête comme un sage potentiel, je voulais étudier et essayer de comprendre leur vision des choses.

 

Ces voyages se sont rapidement transformés en découverte du plus grand échec social de l’Amérique, et j’ai rapidement été le témoin du cauchemar quotidien que représente la vie sur une réserve.

 

Bien sûr, je vois déjà certains lecteurs acquiescer en pensant à l’alcool, la pauvreté, mais non. Bien au-delà de ça, l’ethnocide n’a jamais cessé. Il a pris une autre forme plus perverse mais tout aussi efficace. Là aussi, il me faudrait des dizaines de pages, mais croyez-moi sur parole. C’est du Kafka…

 

Je n ai pas dansé avec les Loups mais plutôt avec des prisonniers.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui vous a le plus marqué durant ces séjours ?

 

J.M.W. : Ce qui m’a le plus marqué… C’est simple. Seuls les plus vieux et les jeunes enfants sourient… Les plus vieux parce qu’ils ont fait le tour. Les enfants parce qu’ils n’ont pas conscience du cauchemar qui les attend…

 

 

PdA : Qu'avez-vous appris au contact des Lakotas que vous souhaiteriez transmettre à votre tour ?

 

J.M.W. : Au sein de mon âme, il y a une guerre entre deux chiens… Un bon chien et un mauvais chien… Celui qui va gagner, c’est celui que j’aurai nourri.

 

Il n’y a pas de Bon Chemin ou de Mauvais Chemin… Il y a seulement le chemin que TU fabriques.

 

Ce qui t’emmène directement à ce que la société d’aujourd’hui ignore volontairement :

 

NOUS SOMMES ENTIÈREMENT RESPONSABLES DE NOS ACTIONS ET DE LEURS CONSÉQUENCES.

 

Ça peut sembler de la philosophie de comptoir mais réfléchissez quelques minutes à tout ce que ça implique.

 

Il n’y a pas de mot en Lakota pour demander pardon… il faut réfléchir avant et assumer ensuite…

 

 

PdA : Que vous inspire leur situation aujourd'hui ? Quelles devraient être d'après vous les solutions à apporter aux problèmes qu'ils peuvent rencontrer ?

 

J.M.W. : Leur situation n’a rien d’unique, elle n’est pas étrangère au reste du monde. En fait, c’est une situation globale, mondiale, et les plus affaiblis sont plus durement touchés.

 

Leur mode de pensée ne s’adapte pas du tout à la société actuelle.

 

A l’instar de dizaines d’autres peuples « inadaptés » à la mentalité actuelle, il n y a aucune solution de leur côté si ce n’est de tout faire pour préserver la mémoire et la tradition en attendant l’inévitable déclin de la société dite du scorpion… Celle qui se tue elle-même.

 

 

PdA : Un message, un appel que vous souhaiteriez adresser, lancer à quelqu'un en particulier, à nos lecteurs ?

 

J.M.W. : Je n ai pas d’appel en particulier mais simplement une remarque à faire.

 

Le « système » dans lequel nous vivons a fait naître en nous au fil des siècles une entrave invisible qui nous empêche souvent d’engager cette PROFONDE RESPONSABILITÉ PERSONNELLE dont j’ai parlé plus haut. Si je dois faire une image, je dirais que cette entrave opère sous la forme de trois capteurs. La peur, la crainte, le doute…

 

La crainte de la mort, de la maladie, du manque d’argent… La peur de l'autre, de l’étranger, du voisin, de la différence. Le doute du lendemain, le doute de ses capacités, le doute de soi…

 

Chaque décision qui est prise, chaque choix qui est fait l’est toujours en fonction du taux de vibration de ces trois capteurs...

 

Pensez à la liberté, aux actions, aux projets, aux choses que vous auriez faites et que vous pourriez faire sans la dictature de ces trois capteurs...

 

 

PdA : Un souhait ?

 

J.M.W. : Que nos enfants puissent voir la paix.

 

 

PdA : Dernière question, qui n'en est pas vraiment une. Pour vous permettre de conclure l'interview comme il vous plaira. Vous pouvez approfondir tel ou tel point, aborder d'autres questions...

 

J.M.W. : Simplement en disant que depuis que cette aventure m’a happé, tous les aspects de ma vie ont été modifiés.

 

J’ai appris la langue Lakota pour mieux comprendre l’esprit car comme on dit chez eux « Un homme, une langue ».

 

Ma musique et le groupe de Rock que j'ai formé sont dédiés à cette histoire, ainsi que les conférences que je donne et qui abordent les sujets dont je vous ai brièvement parlé.

 

En bref, je ne suis un porte-parole pour personne, mais simplement un homme qui témoigne de ce qu’il a vu.

 

Je suis d’ailleurs en tournage de film sur le sujet. Alors bien entendu, ce que je suis en train de mettre en lumière lors du tournage ne m’apporte pas uniquement des Amis sur le sol Américain mais bon… Qu’aurais-je fait depuis le début de cette aventure si j’avais laissé sonner les trois capteurs Peur, Crainte et Doute ?

 

Je vous laisse sur ces dernières lignes, et d’ailleurs si parmi vous il y a des amateurs de Rock Socio / politique radical chanté en Sioux et en Anglais, ou des amateurs de conférences politiquement incorrectes, n’hésitez pas à me contacter si vous voulez organiser ça près de chez vous.

 

Toksa akewanciyankin’ktelo (On se revoit bientôt)

 

Jean Michel Miye yelo (Je suis Jean Michel et j’ai parlé)

 

Iyecetu welo (Qu’il en soit ainsi)

 

 

PdA : Vous parlez de la situation comme du "plus grand échec social de l'Amérique"... Comment en est-on arrivés là ? Comment expliquer le sort de ces populations ? (question posée le 21/09/12)

 

J.M.W. : (le 21/09/12) En fait, l'assimilation forcée programmée à la fin du siècle dernier a complètement raté. Elle a commencé par la création de "Boarding Schools" ou pensionnats, obligatoires pour tous les enfants des réserves. Ces pensionnats étaient calqués sur le modèle des casernes militaires, et tenus par les jésuites.

 

Les enfants étaient arrachés aux parents et emmenés de force pour y subir le programme désigné comme "tuer l'Indien pour sauver l'homme". Avec l'interdiction formelle de parler leur langue ou discuter de leur culture, sous peine de punitions corporelles, ces enfants apprenaient l'anglais en récitant des passages de la Bible.

 

Bien entendu on coupait les cheveux des garçons dès leur arrivée. Les enseignants ou plutôt les laveurs de cerveaux leur expliquaient que tout ce qu'ils avaient connus avant était diabolique etc, etc... On enseignait aux garçons la menuiserie et aux filles la couture, la cuisine...

 

Si bien que, des années plus tard, de retour chez eux, ces enfants devenus des adolescents n'avaient plus de relation avec leur famille, ne les comprenaient plus, ne savaient plus ce que être un Indien voulait dire. Et ils n'étaient pas pour autant devenus des Blancs...

 

On leur avait volé leur enfance, on leur avait volé la relation et les souvenirs que tout enfant du monde a avec sa Maman, son Papa, ses grands parents. J'emploie volontairement les mots Papa et Maman pour bien faire comprendre au gens que ce genre de traumatisme perdure toute une vie.

 

J'ai vu des vieux se mettre à pleurer en évoquant ça.

 

Pour ce qui est des boarding schools, si un jour vous y jetez un œil... regardez le cimetière qui n'est jamais loin de l'enceinte de "l'ecole" et vous en tirerez les conclusions vous même...

 

En ce qui concerne la continuation de l'ethnocide aujourd'hui...

 

Il faut savoir qu'à la base, au fur et à mesure de la conquête, leur terre a été confisquée en fonction de l'or ou l'argent que l'on y trouvait.

 

Les réserves sont des mini-territoires qui leur ont été alloués sur des terres pauvres et non propices à la culture... C'est à dire des terres qui ne valaient rien...

 

Sauf que voilà....on a fini par découvrir que dans de nombreux cas, les sous-sols de ces réserves étaient très riches en minerais comme l'uranium etc... et aussi en pétrole... Alors depuis, et encore plus aujourd'hui dans ce contexte de crise de l'énergie, je n'ai pas besoin de vous faire un dessin quant à la convoitise que provoquent ces terres indiennes. Ce qui est amplement suffisant pour justifier une "solution" pour le problème que constitue leur présence et leur soi-disant souveraineté sur ces terres...

 

 

 

Deux photos sélectionnées à ma demande par Jean Michel Wizenne...

 

Michael et JM

 

"Une photo de Michael Sharpbutte et moi dans les Bad Lands (Dakota du sud)"

 

 

Gerald et JM

 

"Une photo de Gérald Thin Elk et moi au parloir du Pénitencier Maximum sécurité de Sioux Falls (Dakota du sud)"

 

 

 

Merci encore à Monsieur Wizenne pour ses réponses !!!

 

 

 

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Merci

 

 

 

Pour en savoir plus... le site de l'Association Oiseau Tonnerre

 

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Édition : 30/09/12

 

Times New Roman > Georgia : 30/09/12

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L
Fragment d'Histoire - Little Big Horn - 1ère partie - le contexte :<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=GZYfyEHv2iQ
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