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Paroles d'Actu
cinema
6 octobre 2014

Nicolas Marié : "La politique mérite mieux que des réactions émotionnelles"

   Dans la première saison des Hommes de l'ombre, la série de politique-fiction de France 2, Nicolas Marié incarnait Alain Marjorie, candidat socialiste à la présidence de la République. La seconde, dont la diffusion a débuté mercredi dernier, s'ouvre sur les scènes de liesse populaire d'une soirée de victoire - empruntées, pour l'anecdote, à celle de François Hollande en 2012. Dès la deuxième scène, on entre dans le vif du sujet. Un an après. Alain Marjorie est à l'Élysée. Et il va être confronté, bientôt, à de nombreuses, à de graves difficultés, tant aux plans politique que personnel.

   Nicolas Marié est de ces acteurs dont le visage nous est familier, sans pour autant réussir toujours à lui associer un nom. J'espère que cet article contribuera à pallier cette lacune imméritée, tant l'acteur est talentueux et l'homme attachant. Il a répondu tout de suite à ma sollicitation : je tiens à le remercier pour la gentillesse dont il a fait preuve à mon égard. Il nous livre quelques confidences à propos du tournage des Hommes de l'ombre ; nous parle de son personnage, du regard - affûté - que lui-même porte sur le monde politique. Surtout, il évoque pour nous son métier, avec une passion communicative. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NICOLAS MARIÉ

 

« La politique mérite mieux

que des réactions émotionnelles »

 

Nicolas Marié 1

(Source des illustrations : Les Hommes de l'ombre, France 2.

Sauf : photo n°3, tirée du site Cinéma Passion.)

 

Q. : 04/10/14 ; R. : 06/10/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Nicolas Marié. Ce mercredi étaient diffusés sur France 2 les deux premiers épisodes de la deuxième saison de la série de politique-fiction Les Hommes de l'ombre. On ne se dit à aucun moment, à propos du personnage que vous y campez, le président de la République, Alain Marjorie, qu'il "sonne faux". Comment vous êtes-vous préparé pour cette interprétation ?

 

Nicolas Marié : Je n’ai pas eu de préparation particulière pour incarner ce Président. Il m’est arrivé dans ma vie de côtoyer assez fréquemment des hommes politiques. Ajoutez à cela le déferlement quotidien d’images sur le monde politique. Avec un texte bien écrit et suffisamment évocateur quant à l’autorité qui doit présider à ce type de rôle, il n’y avait plus qu’à se laisser porter par son instinct…

 

PdA : L'action se déroule un an après l'élection de votre personnage. L'état de grâce, s'il a existé, est derrière lui. Les difficultés s'accumulent. Sa majorité de coalition, précaire, vient de survivre à une motion de censure à l'issue incertaine. Surtout, deux affaires menacent de ruiner sa présidence : un scandale politico-financier et un faits-divers tragique ; la seconde ayant pour protagoniste principal son épouse (qu'interprète par Carole Bouquet) et pour dissimulateur en chef l'ex-ministre de l'Intérieur, éclaboussé par la première affaire et "démissionné" depuis.

« On ment pour protéger les siens et on ment ensuite parce qu’on a déjà menti ». Cette réplique qui fait mouche est lâchée par un Alain Marjorie manifestement désabusé. Un homme dont on ne doute pas, parce que ça se sent, qu'il est honnête et qu'il voulait faire de la politique "autrement". Cet état d'esprit s'accorde-t-il au vôtre lorsque vous considérez le monde politique ?

 

N.M. : Je crois qu’il y a un grand espace entre le mensonge et la trahison. On a le droit de mentir. Bien mentir est une qualité. Un bon acteur est un bon menteur. Il se sert de la couverture d’un personnage et d’un texte pour exprimer une vérité. Sa vérité. Alors le mensonge devient un outil de vérité.

 

Pour Marjorie, comme pour tout homme politique, le mensonge est aussi un outil. C’est un bon outil s’il est un outil nécessaire dans un objectif légitime. L’histoire regorge de mensonges d’hommes politiques ou de militaires et de stratèges (l’opération « Fortitude » aura été l’exemple même du mensonge salutaire…) qu’il ne viendrait à l’idée de personne de condamner dès lors qu’ils ont permis de gagner des guerres, de sauver des vies humaines. « Mensonge » ne veut pas forcément dire « malhonnêteté »… Ici, Marjorie prend simplement conscience des vraies difficultés de l’exercice du pouvoir. Comme il y a un grand espace entre « mensonge » et « trahison », il y a un grand espace entre « compromis » et « compromission »…

 

Pour ce qui me concerne, je ne me voyais pas aborder ce Président sans une haute idée de ce que doit être la politique et l’idée que s’en ferait mon Président… Je suis issue d’une famille de résistants de la 2nde Guerre mondiale qui ont été déportés en Allemagne et qui ont été sauvés grâce au courage et à la détermination de ces grands responsables politiques qui nous ont libérés de la bête immonde. Quelquefois grâce à des mensonges meurtriers, qui n’en étaient pas moins nécessaires… Je ne pouvais incarner un de ces responsables sans avoir chevillé au corps leur sens aigu du patriotisme. Cette réplique n’aura donc été que la traduction d’une interrogation légitime. Un instant d’intimité, de doute. Un constat qui ébranle mais ne remet pas en question l’objectif de grandeur.

 

PdA : La politique, c'est un engagement qui, dans une autre vie, aurait pu vous séduire, vous tenter... ?

 

N.M. : Ma réponse à la question précédente implique forcément une réponse affirmative à celle-ci. La désillusion, le désenchantement, le refuge vers les extrêmes, ne sont que réactions émotionnelles. La politique (avec un grand P) mérite mieux que cela.

 

PdA : Revenons à la série. Pour cette nouvelle question, c'est à une sorte de numéro d'équilibriste que j'ai envie de vous inviter. Je le disais, pour l'heure, deux épisodes sur six ont été diffusés. À la fin du deuxième épisode, le président Marjorie est pris d'un malaise dont on avait déjà pu percevoir, ici ou là, des signes avant-coureurs... Parlez-nous de la suite de l'intrigue, sans rien en révéler, évidemment ?

 

N.M. : Le Président, très malade, ne va pas mourir. L’exécutif va être confronté à une courte période de vacance du pouvoir, qui sera prétexte à montrer au public comment nos responsables gèrent ce type de situation extrême.

 

PdA : Que retiendrez-vous de cette expérience ? Quels souvenirs en garderez-vous ?

 

N.M. : Ces six épisodes ont été tournés en crossboarding. Ce qui signifie que, dès le premier jour, nous tournions des scènes du 6 avec des scènes du 3, du 5 et du 1. Le lendemain, des scènes du 2, du 4, du 3, du 1 et du 5… et ce pendant trente jours… C’est un exercice exaltant, mais qui demande beaucoup de travail et une grande rigueur. Il faut dès le premier jour de tournage avoir construit la ligne générale de son personnage et en fonction des péripéties auxquelles il est confronté, avoir ajusté très précisément son évolution au fil des scènes de chaque épisode. Et respecter bien entendu scrupuleusement cette évolution pendant le tournage de chaque scène de ce grand puzzle.

 

Carole Bouquet, Bruno Wolkovitch, Aure Atika, Philippe Magnan, Yves Pignot, Emmanuelle Bach, sont des camarades de jeu délicieux, et nous avons été encadrés par un réalisateur talentueux et imaginatif et une production exigeante et attentive. Quelles qu’aient donc été les difficultés de ce type d’exercice, j’en garde un excellent souvenir.

 

Nicolas Marié 2

 

PdA : Quand on entreprend de regarder ce qu'a été votre parcours d'artiste jusqu'à présent, Nicolas Marié, on est impressionné, forcément. Vous êtes de ces visages, de ces voix que l'on a tous croisé au moins trois ou quatre fois, au détour d'un film, d'une série, sans forcément pouvoir mettre de nom dessus. Le nombre de pièces, de productions télé auxquelles vous avez participé force le respect. Vos voxo et filmographie noirciraient à elles seules pas mal de pages. S'agissant du cinéma, il conviendrait évidemment de citer 9 mois ferme, de votre ami Albert Dupontel, auquel on pourrait accoler 99 francs (J. Kounen), Micmacs à tire-larigot (J.-P. Jeunet), entre autres...

Quelles seraient, justement, sur l'ensemble des œuvres auxquelles vous avez collaboré, celles que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir, et pourquoi ?

 

N.M. : Comme une vie d’homme, la carrière d’un acteur est multiple. Je revendique cette multiplicité, elle m’a nourri au fil des années. Je l’ai encouragée, provoquée. Donc ce n’est pas une oeuvre en particulier que je mettrais en avant, mais la grande diversité des supports (théâtre, cinéma, télévision, radio, synchro..), des réalisateurs, des textes, qui a jalonné mon parcours.

 

PdA : Qu'est-ce qui vous rend fier, quand vous regardez dans le rétro et autour de vous ?

 

N.M. : Une vie d’adulte nourri d’abord par le bonheur d’aimer et d’être aimé.

 

PdA : Voulez-vous nous parler de vos projets ?

 

N.M. : Mon professeur d’art dramatique lorsque j’avais vingt ans disait toujours qu’on n’est pas sûr d’avoir le rôle tant que la dernière représentation n’est pas jouée… Les acteurs sont très superstitieux… Rares sont ceux qui dévoilent leurs projets… Je peux donc juste vous confier que mes projets sont multiples eux aussi… Dans les quatre mois qui viennent, il y a du théâtre, du cinéma, de la synchro et de la télé.

 

PdA : Des envies, des rêves, pour aujourd'hui ou demain ?

 

N.M. : Continuer de respirer à pleins poumons le grand air de la vie, en continuant de jouer avec le support du mensonge pour exprimer ma vérité…

 

PdA : « Au fond de moi, je n'ai pas le souvenir d'avoir voulu faire autre chose que comédien, c'est terrible ! D'une certaine manière, je n'avais pas d'autre choix ! (rires) J'ai toujours eu envie de faire ça. » Voici ce que vous déclariez lors d'une interview à Allociné, l'année dernière.

Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui se poserait aujourd'hui les mêmes questions que vous à l'époque, qui rêverait de devenir tragédien(ne) ou de jouer la comédie et, idéalement, d'en faire sa vie ?

 

N.M. : Un seul conseil : faire. Il n’y a que dans le « faire » qu’on apprend, crée, se grandit, vit. Faire. Faire. Faire. Un projet, aussi banal apparaît-il, sera plus fondateur pour un jeune acteur que tous les discours. S’il ressent donc l’appel de ce métier, qu’il embrasse avec avidité, avec gourmandise, tous les projets qu’il se soumet à lui-même, toutes les sollicitations qui se présentent à lui.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

N.M. : Peter Brook termine un de ses livres (L’Espace vide) par : « Jouer sur une scène demande de gros efforts. Mais quand le travail est vécu comme un jeu, alors ce n’est plus du travail. Jouer est un jeu… ». Pour un acteur, la vie est un immense terrain de jeu. Vive la vie. Vive le jeu.

 

Nicolas Marié 3

 

 

Une réaction, un commentaire ?

 

Vous pouvez retrouver Nicolas Marié...

 

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26 août 2014

Micheline Dax : "Profitez de la vie, sans remords... et sans vergogne !"

   « Micheline est décédée tout à l'heure. C'est très étrange, car j'étais en train de récupérer des images de sa première apparition dans un film en 1948. On m'a appelé pour m'annoncer sa disparition alors que j'étais plongé dans mes "fouilles archéologiques", comme elle disait pour se moquer gentiment de moi. Je n'arrive pas à réaliser... » C'est par ces mots, par ce message qu'il m'a envoyé le 28 avril à 00h53 que l'ami Jean-Paul Delvor m'a appris la triste nouvelle. On la savait diminuée - elle venait de fêter ses 90 ans - mais on espérait qu'elle reprendrait le dessus, une fois de plus... Ce qu'elle laisse derrière elle est inestimable : des œuvres qui ont touché plusieurs générations d'un public qui lui est resté fidèle - en témoigne la déferlante d'hommages qui lui ont été rendus après l'annonce de son décès ; le respect et la reconnaissance que ses pairs du métiers réservent à l'une des leurs, une grande pro ; une belle famille, resserrée, élargie, une famille qu'elle aimait et qui n'a pas fini de l'aimer... Au revoir, Madame... et merci pour tout...

   Le document qui suit nous laissera, forcément, un goût d'inachevé. Au début de l'année, j'avais proposé à Jean-Paul Delvor, qui gère avec amour et dévotion sa page officielle, de réaliser ensemble une seconde interview de Micheline Dax, un an après la première, qui fut publiée le jour de son 89ème anniversaire. Elle n'était plus au mieux, son moral était fluctuant : cette interview-là serait solaire... ou ne serait pas. J'ai demandé à Jean-Paul, qui a eu avec elle d'innombrables conversations, de me faire une liste de ces points de son parcours d'artiste dont elle parlait avec plaisir. Une fois la liste reçue, j'ai rédigé les questions, les ai envoyées à celui qui fut son partenaire dans Arsenic et vieilles dentelles. Il a pu lui en poser quelques unes au téléphone, pas forcément dans l'ordre. Ses dernières réponses, tantôt drôles, tantôt émouvantes, forcément précieuses, elle les a livrées autour du 3 mars, de son 90ème anniversaire. Pour le reste, Jean-Paul a pris le relais. Il a complété une bonne partie des "blancs" par l'évocation de ce que Micheline lui avait raconté, avant. Et invité quelques amis à participer, eux aussi, à cet article, à cet hommage à une dame de cœur. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICHELINE DAX

 

« Profitez de la vie, sans remords...

et sans vergogne ! »

 

Micheline Dax

(Source des photos avec M. Dax : J.-P. Delvor)

 

Q. : 15/02/14 ; R. : jusqu'au 03/03/14 (?)

 

Paroles d'Actu : Bonjour, chère Micheline Dax... Je suis très heureux de vous retrouver, un an après la première, pour cette nouvelle interview réalisée pour Paroles d'Actu. Comment allez-vous ?

 

Micheline Dax :

 

Paroles d'Actu : Je tiens à remercier, à nouveau, et de tout cœur, notre ami Jean-Paul Delvor. Sans lui, aucun de nos entretiens n'aurait pu avoir lieu. Il est, grâce à la belle page qu'il gère avec passion sur Facebook, comme un trait d'union entre vous et vos nombreux admirateurs. Il était votre neveu dans la version d'Arsenic et vieilles dentelles que Thierry Harcourt avait mise en scène il y a quelques années. Comment votre relation, professionnelle, au départ, s'est-elle transformée en une amitié aussi fidèle ?

 

Jean-Paul Delvor : Le texte qui suit est la retranscription d'un extrait de conversation datant d'il y a plusieurs années. Ce soir-là, je l'avais accompagnée au théâtre. Un peu plus tard, au resto, elle s'est mise à parler de Facebook, de ses "fans". Peu après, j'ai pris quelques notes...

 

« Il fait partie de ma cour ! (rires) Je suis une personne assistée, tu comprends ? (rires) J'ai du bol, ce garçon me trimballait partout. J'ai de la chance, tu sais. C'est lui qui m'a fait mon site ! Sur Facebook (!?) J'ai jamais vu, moi... ! Je n'ai pas d'ordinateur, ni d'internet, j'm'en fous... Mais les messages que je reçois ! ... Il m'en lit de temps en temps. C'est irrésistible ! Et des gens jeunes ! "Madame, je vous aime depuis que je suis tout petit", "Vous êtes un monument"... non mais, tu comprends, c'est irrésistible ! ... Parce qu'avant ce... cette... chose... moi, j'savais pas qu'il y avait des jeunes qui me connaissaient encore ! ... Tu vois c'que j'veux dire ? ... »

 

Dax_Delvor

(Photo : J.-P. Delvor, Arsenic et vieilles dentelles, 2006)

 

Paroles d'Actu : J'aimerais, à l'occasion de cette interview, vous inviter à évoquer ensemble quelques dates-clés, quelques moments qui ont jalonné votre incroyable parcours... Quelques uns, évidemment, pas tous, il y en a tellement... Tout à l'heure, il y aura non pas une, mais deux surprises...

 

Micheline Dax : Ah, chic alors ! (Rires)

 

Paroles d'Actu : Nous sommes en 1954. Vous êtes sur les planches du théâtre Édouard VII pour Souviens-toi mon amour, une pièce écrite par André Birabeau et mise en scène par Pierre Dux...

 

Jean-Paul Delvor : Micheline m'avait demandé d'en rechercher le texte, elle souhaitait le relire, car elle avait gardé un excellent souvenir de la pièce - une très bonne pièce, selon elle - et de sa distribution - elle était très amie avec l'une de ses co-actrices. Je ne l'ai jamais trouvé...

 

Paroles d'Actu : En 1957, vous êtes à l'affiche de Ce joli monde, film réalisé par Carlos Rim. Darry Cowl est également de la partie...

 

Jean-Paul Delvor : Elle aimait me parler de Darry Cowl. Elle disait qu'il était complètement fou, délirant, insolite... Une fois, après une journée de tournage de ce film, il l'a raccompagnée chez elle. Il a fait dix fois le tour du rond-point des Champs-Élysées en lui parlant et en lui faisant la cour. Il lui racontait des blagues, des choses absurdes... Elle était écroulée de rire... Il était très adroit, au billard et au lancer de fléchettes. Micheline l'imitait très bien, la cigarette aux lèvres et, remettant ses lunettes, en train de viser une cible avec une fléchette.

 

Paroles d'Actu : Deux ans plus tard, en 1959, vous jouez dans Messieurs les ronds-de-cuir, d'Henri Diamant-Berger. À vos côtés, on trouve Noël-Noël, Michel Serrault, Pierre Brasseur et Jean Poiret. Je crois que vous avez une anecdote à nous raconter à propos de ce film...

 

Jean-Paul Delvor : Il faut savoir que Pierre Brasseur, disons... n'était pas insensible aux charmes féminins (si j'arrêtais de mettre des gants, je dirais : un "chaud lapin"). Clairement, Micheline ne le laissait pas indifférent... Un jour, Jean Poiret lui a fait une blague. Micheline était en train de se changer dans sa loge. Poiret a conduit Brasseur jusqu'à sa porte. Il la lui a ouverte. Brasseur a poussé un "Oh ! Micheline !" de surprise et de concupiscence... Et il l'a poursuivie sur le plateau pendant de longues minutes. Elle riait beaucoup quand elle me racontait ça... même si elle en a voulu à Poiret pour cette "vacherie".

 

M

 

Paroles d'Actu : Un peu de temps s'écoule... On est en 1967. La Vie parisienne, d'Offenbach est interprété par la compagnie Renaud-Barrault. Jean-Louis Barrault est aux commandes...

 

Jean-Paul Delvor : Je n'ai pu lui poser cette question, mais ce que je sais, c'est que Micheline était très fière d'avoir fait ça. Elle adorait les costumes, elle disait que c'était somptueux (elle prononçait "sompetueux", en accentuant le "p")... Elle était très admirative du couple que formaient Simone Valère et Jean Desailly, et de leur jeu...

 

Paroles d'Actu : La même année, vous êtes la voix du personnage éponyme de Titus, le petit lion, une série télévisée d'animation pour laquelle vous avez gardé une grande tendresse...

 

Micheline Dax : Ah oui alors ! J'ai fait ça avec Bodoin, qui faisait le Grand Yaka au pays de Jaimadire... (rires) C'était drôle, naïf et poétique. Je faisais la voix de Titus, et aussi de Bérénice, qui était une petite souris... et y'avait Carel, qui faisait un pingouin et un pélican ! (rires)

 

Paroles d'Actu : Le Francophonissime, jeu télévisé créé par Jacques Antoine et Jacques Solness, apparaît sur les écrans à la fin des années 60...

 

Jean-Paul Delvor : Elle en a déjà parlé dans quelques interviews. Elle aimait beaucoup cette émission, surtout la première version, avec Georges de Caunes. Et elle avait beaucoup d'admiration et d'amitié pour Jean Valton et Michel Deneriaz, dont elle parlait toujours avec tendresse.

 

Paroles d'Actu : Entre 1978 et 1983, vous participez aux Bubblies et jouez des rôles, disons... assez improbables. Y compris, si je ne me trompe pas... un hachis parmentier ?

 

Micheline Dax : C'était un truc anglais d'une connerie ! Je faisais Madame Poubelle (rires) et Gwendoline, une jeune blonde qui changeait d'apparence. Et un jour, je dois dire : "Eh bien mes amis, aujourd'hui, je serai un hachis parmentier" ! (avec la voix de Gwendoline, ndlr) Va faire le bruitage d'un hachis parmentier, toi ! (rires) Alors, j'ai fait prrrrrrr... (bruit d'une chose molle, qui s'écrase, comme une bouse, ndlr)

 

Paroles d'Actu : Au milieu des années 80, vous êtes de l'aventure N'écoutez pas, mesdames !, de Guitry, mise en scène par Pierre Mondy. Une expérience qui vous a laissé, je crois, un très bon souvenir...

 

Micheline Dax : Ah, ça, mon p'tit garçon, Guitry, c'est un tel bonheur à jouer... Qu'est-ce que tu veux, c'est tellement drôle ! et intelligent ! et c'est d'une cruauté... Et ce rôle (Valentine, ndlr), c'était pile le genre de personnage que j'avais envie de jouer à ce moment-là... Et jouer avec Pierre Dux, c'était divin ! Et je me suis beaucoup amusée, ensuite, en tournée, avec Paturel !

 

N'écoutez pas mesdames

 

Paroles d'Actu : En 2004, Stephan Meldegg reprend pour le théâtre Saint-Georges Miss Daisy et son chauffeur, d'Alfred Uhry...

 

Ndlr : Pour évoquer cette pièce, Jean-Paul Delvor a eu l'excellente idée d'inviter M. Jean-Loup Horwitz, qui en partagea l'affiche avec Micheline Dax, à évoquer pour Paroles d'Actu cette aventure commune... (03/05/14)

 

Jean-Loup Horwitz : Miss Daisy et son chauffeur... Que de souvenirs. Que de rires avec Micheline, Jean-Michel Martial, le chauffeur, et moi dans le rôle du fils, Boolie ! Quel bonheur aussi de travailler avec Stephan Meldegg... C'était la première fois que Micheline et Stephan travaillaient ensemble. Il faut dire que c'étaient deux mondes différents. Quand nous avons commencé à répéter, Micheline connaissait toute la pièce par cœur, comme à son habitude. Jean-Michel et moi, pas un mot. Petit à petit le texte entrait, encore incertain. Et quand l'un de nous se trompait, Micheline tapait du pied... Ça énervait tout le monde, et surtout, cela déconcentrait Jean-Michel... Alors, ce qui devait arriver arriva : Jean-Michel s'arrête et demande à Micheline de cesser, soutenu par le metteur en scène. Micheline, renfrognée, se fait violence, et pendant quelques temps, le travail reprend... Au fil des jours, avec le travail sensible et exceptionnel de Meldegg, nous avions et le texte et l'émotion des personnages. Et là, à notre grand étonnement, c'est Micheline qui se trompait ! Il a fallu qu'elle reconstruise son personnage selon les consignes de Stéphan pour devenir l'exceptionnelle Miss Daisy quelle fut. C'était l'affrontement de deux techniques... Micheline jouait en musicienne qu'elle était. Meldegg travaillait sur l'âme des personnages. Miss Daisy, c'est aussi le début d'un changement radical : Stephan Meldegg s'est battu pour que Micheline porte une perruque blanche... Elle a trouvé que ça lui allait bien et a abandonné sa couleur noire.

 

Je parlerai aussi des 80 ans de Micheline. Micheline m'avait fait promettre de ne rien faire... Mais sa fille Véronique, avait convoqué au Théâtre Saint-Georges les vieux complices de sa mère... Et au dernier rappel, ce fut une avalanche de personnalités ! Micheline troublée, avait quand même trouvé le mot - « Revenez dans vingt ans ! » - pour faire rire la salle. Pour ses 81 ans, nous étions en tournée à Metz. Au dernier rideau, l'immense salle, prévenue par les ouvreuses avant le début du spectacle, s'est mise à chanter Joyeux anniversaire ! tandis que du fond de scène roulait un immense gâteau lumineux fabriqué par les machinistes du théâtre ! Quelle émotion !

 

Je finirai par un petit secret... Nous avions un rituel, Micheline et moi. Avant le lever de rideau, Micheline avait toujours les mains gelées par le trac. Et comme j'ai toujours les mains chaudes, Micheline tendait vers moi ses deux mains et nous restions là, tous les deux, écoutant le merveilleux bruit de la salle avant l'ouverture du rideau... En jouant Boolie, je suis devenu le presque fils de Micheline... et quand elle m'envoyait un mot, Micheline signait : "Ta presque mère" ! C'est dire le lien qui nous unissait et la tristesse qui est la mienne aujourd'hui... (05/05/14)

 

Jean_Loup_Horwitz

(Photo : agent)

 

Paroles d'Actu : Dans la deuxième moitié des années 2000, vous interprétez, avec d'autres femmes, les fameux Monologues du vagin. Il y en a une qui a accepté, à ma demande, de me parler de vous... Et, au travers de ce témoignage, de vous transmettre toute son affection... Voici ce que m'a dit Marie-Paule Belle...
 
« Dites-lui que j'ai sur mon bureau la photo de Sara Giraudeau, elle et moi prises devant le miroir de sa loge quand nous jouions Les Monologues du vagin au Théâtre de Paris !
 
Le 3 mars, c'est son anniversaire, et je me souviens que nous l'avions fêté au Bistro des deux théâtres, où elle avait sa table ! Nous avons souvent dîné ensemble : elle me racontait sa vie, des anecdotes sur Piaf, et d'autres... Nous avons partagé beaucoup d'émotions... et de fous rires ! Et de trac, aussi. Par exemple, à l'Olympia, pour le concert de William Sheller : elle sifflait magnifiquement un Aria écrit pour elle par William et je chantais seule au piano une très belle chanson que William m'avait écrite, L'Homme que je n'aime plus... Elle voulait s'en aller avant d'entrer en scène, tellement elle avait peur ! On se tenait la main, on s'encourageait...
 
Je vis maintenant dans le sud , au soleil. Elle me manque et je l'embrasse bien fort, comme ces souvenirs... »

 

Ndlr : Message lu par Jean-Paul Delvor à Micheline Dax le 3 mars 2014, jour de son anniversaire...

 

Micheline Dax : Oh que c'est gentil ! Elle m'a appelée tout à l'heure ! C'est vrai, je suis partie... On m'a rattrapée ! (rires) Elle est tellement gentille avec moi... Dis-lui que je l'embrasse fort fort fort !

 

Belle_Dax_Giraudeau

(Photo : collection personnelle M.-P. Belle)

 

Paroles d'Actu : La seconde surprise, c'est un autre message qu'un grand nom du théâtre, qui a pour vous une grande tendresse, a tenu à vous adresser... C'est Monsieur Jean-Claude Dreyfus.

« Pour la divine Micheline : Nous qui avons partagé durant des années le même quartier, celui des Batignolles, ainsi que le même parking de l'Europe, où nous nous sommes retrouvés soudain en fourrière - celles du beauf de Tonton, face au Paris Rome. Je pense à son patron, retrouvé découpé en morceaux dans une valise au bois de Boulogne et qui, de son vivant, me harcelait pour que j'écoute des musiques militaires sorties du juke-box... Oh... comme j'aurais aimé prendre une boisson à vos côtés, et que vous me siffliez « Les feuilles mortes se ramassent à la pelle... » en sirotant un Fernet-Branca... Bref, je vous adore et vous embrasse tendrement... et amitieusement ! JcD » (02/03/14)

 

Micheline Dax : (Rires) C'est très gentil... Merci beaucoup...

 

Paroles d'Actu : Je crois savoir que vous n'avez rien perdu de votre amour du cinéma... Quels sont vos films préférés ?

 

Micheline Dax : Ah... J'ai une passion pour L'Aventure de Mme Muir, (J. Mankiewicz, 1947, ndlr) avec Rex Harrison et Gene Tierney - elle est d'une beauté... J'en pleure à chaque fois. Je l'ai vu un nombre incalculable de fois, tout comme Le Plaisir d'Ophüls (1952, ndlr), qui est un chef d'oeuvre... Gabin et Darrieux, magnifiques ! La scène où Gabin fait la cour à Darrieux... (rires) c'est un régal, une merveille ! ça repasse de temps en temps sur le câble, je n'en rate jamais une miette !

 

(...) Madame Bovary (V. Minnelli, 1949, ndlr), avec Jennifer Jones, qui était d'une beauté insolente ! Ah, la garce ! (rires) le moment où elle se voit dans le grand miroir... et la scène du bal, avec Jourdan ! (...) Le Père tranquille (R. Clément, 1946, ndlr), avec Noël-Noël ! (...) et tous les Guitry ! tous sans exception...

 

Jean-Paul Delvor : Micheline m'a aussi fait découvrir un film qu'elle adorait et que je lui avais retrouvé en VHS. Elle en connaissait les dialogues absolument par cœur. Elle gloussait de rire et de plaisir quand on évoquait certaines scènes. Elle connaissait aussi le nom de tous les interprètes : Elvire Popesco, Victor Boucher, - qu'elle adorait comme acteur et dont elle me parlait souvent - André Lefaur, Blier dans un tout petit rôle ! Ça s'appelle L'habit vert (R. Richebé, 1937, ndlr), une pépite...

 

Paroles d'Actu : Vous êtes devenue Commandeur des Arts et des Lettres en 2006, Chevalier de la Légion d'Honneur en 2012. Que vous inspirent-elles, ces distinctions ?

 

Jean-Paul Delvor : Un matin, Micheline, très remontée, me laisse un message sur mon répondeur :

« Bonjour mon p'tit coco, c'est Micheline... On vient de me laisser un message pour me dire que j'ai été "nommée" Chevalier de la Légion d'Honneur... mais c'est pas possible, il faut la demander ! et moi, j'ai rien demandé ! on me l'aurait proposé, je l'aurais refusé... oh, tu sais alors ! qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Si tu pouvais faire une enquête, ça m'arrangerait. Tu me tiens au courant, tu seras gentil... C'était aujourd'hui, ou hier soir, je ne sais pas, enfin, je suis nommée aujourd'hui... non mais quelle connerie... ! (rires) Je t'embrasse, mon garçon... »

 

Paroles d'Actu : Quel message souhaiteriez-vous adresser à nos lecteurs, notamment celles et ceux qui comptent parmi vos fidèles et seront heureux d'avoir de vos nouvelles, de lire vos mots ?

 

Micheline Dax : Je suis bienheureuse de savoir que l'on ne m'oublie pas, et je vous embrasse tous très fort...

 

Paroles d'Actu : Que peut-on vous souhaiter, chère Micheline ?

 

Micheline Dax :

 

Paroles d'Actu : Aimeriez-vous ajouter quelque chose avant de conclure cet entretien ?

 

Micheline Dax : Profitez de la vie, sans remords... et sans vergogne !

 

 

Quelques lignes...

 

Claire Nadeau

Claire_Nadeau

(Photo : agent)

 

(...) Bien que j'aie rencontré Micheline très tard, à l'occasion des Monologues du Vagin que nous avons joués ensemble plusieurs mois, elle a tout de suite pris une grande place , et je l'ai tout de suite aimée. Micheline et ses indignations légendaires ! Quand je la retrouvais en arrivant au théâtre, elle m'accueillait souvent par un : "Non mais, tu as vu ça, ce pauvre gosse, ce que les gens peuvent être salauds !" en référence à un quelconque fait divers (et il y en avait beaucoup). Pour la taquiner, je lui répondais : "Ah bon, tu connaissais le gamin ?", ce qui avait le don de la faire redoubler de fureur, contre les "salauds", contre moi qui ne compatissais pas autant qu'elle aurait voulu, et puis, très vite on se racontait des histoires joyeuses, et sa bonne humeur revenait, et elle descendait sur le plateau comme une jeune fille, pleine d'entrain et jubilant de jouer ces Monologues. Et, bien souvent, la soirée se poursuivait au restaurant, avec toujours une petite coupe de champagne : "Ça fait un bien fou, tu ne trouves pas ?".

 

Micheline qui n'aimait pas aller se coucher, qui aimait tant la vie tout en râlant contre les uns, les autres, les cons et les salauds, Micheline que je chérissais tendrement, et qui me manque... Merci à vous de perpétuer son souvenir.

 

Bien amicalement,

 

Claire Nadeau. (12/07/14)

 

 

Une réaction, un commentaire ?

Et vous, quels souvenirs garderez-vous de Micheline Dax ?

 

 

Quelques liens...

 

 

13/07/14

11 mars 2014

Jules Sitruk : "Mon premier film ? J'y crois dur comme fer..."

J'ai eu la chance, il y a quatre mois et demi, de réaliser une première interview de Jules Sitruk, jeune acteur que nous connaissons tous d'abord pour les rôles d'enfants ou de jeunes ados qu'il a tenus dans Monsieur Batignole, Moi César, 10 ans ½, 1m39 ou encore Vipère au poing... Il avait accepté d'évoquer pour Paroles d'Actu sa carrière, déjà riche pour son âge, ses influences, très diverses, mais aussi ses projets. Dont un qui lui tenait particulièrement à cœur, la réalisation de son premier film, un court-métrage intitulé Windows.

Depuis, le projet a fait du chemin... La page Ulule de Windows est en ligne depuis peu. Vous connaissez le principe : si le concept vous séduit, si vous acceptez de participer à son financement, alors ce rêve aura une chance supplémentaire de voir le jour. C'est un Jules Sitruk à l'enthousiasme très communicatif qui a, une fois de plus, bien voulu répondre à mes questions - je l'en remercie, vivement. Fenêtre, donc, sur... Windows. Ouvrez-la, vous ne serez pas déçus... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JULES SITRUK

 

« Mon premier film ?

J'y crois dur comme fer... »

 

Jules Sitruk 2014

(Photos : J. Sitruk.)

 

Q. : 23/02/14 ; R. : 11/03/14

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Jules. Je suis heureux de te retrouver pour une nouvelle interview, quatre mois après celle d'octobre. À cette occasion, tu m'avais un peu parlé de ton projet "Windows", sans trop entrer dans le détail. Avec sa mise en ligne sur le réseau de financement participatif Ulule, les choses se précisent, depuis quelques jours... Raconte-nous... Quelle a été, dans les grandes lignes, l'histoire de ce projet, de l'idée d'origine à la publication Ulule ?

 

Jules Sitruk : Bonjour Nicolas, ravi, aussi, de te retrouver !

 

Cela fait maintenant plus de deux ans que l'écriture de Windows a commencé. L'idée m'est venue le jour où j'ai emménagé seul pour la toute première fois. Avant cela, l'appartement que nous habitions avec mes parents était au rez-de-chaussée. Je me suis retrouvé dans un appartement dont la distance entre ma fenêtre et celle du couple d'en face était minuscule, trois ou quatre mètres, tout au plus. Je me suis alors rendu compte qu'ils partageaient avec moi, sans le vouloir, une grande partie de leur intimité. Je connaissais certaines de leurs habitudes, comme leurs émissions favorites respectives, leur rituel au petit déjeuner, ou encore la mélodie de leurs disputes. Alors que, dès que nous nous croisions dans l'escalier, nous redevenions de simples voisins, de proches inconnus. Voilà comment l'idée de Windows à commencé à germer en moi. J'ai commencé à écrire, puis Cyril Paris, réalisateur et ami proche, m'a rejoint dans ce travail.

 

L'écriture a pris beaucoup de temps. Plusieurs projets d'acteur m'en détournaient. Surtout, je me cherchais : en tant qu'auteur, en tant que conteur... Il m'a fallu beaucoup de temps et de réflexion pour mettre le doigt sur ce qui me travaillait réellement, sur ce que j'avais envie de dire, de dénoncer, et surtout pour trouver "ma" manière de le raconter.

 

Nous avons commencé à nous lancer à plein temps sur la prépa à la fin de l'été 2013. Le tournage est prévu pour début juin. La durée de préparation (presque un an) peut paraître longue, mais nous avions des choix restreints concernant les dates, notamment en rapport avec les emplois du temps de chacun. Et, ne voulant rien laisser au hasard, j'ai préféré avoir de la marge pour arriver, au premier jour de plateau, parfaitement préparé.

 

PdA : Ton expérience en tant qu'acteur est, pour ton âge, déjà très conséquente, nous l'avions pas mal évoquée la dernière fois. Passer derrière la caméra, m'avais-tu confié, était quelque chose qui te faisait « énormément » envie. Vois-tu la réalisation, la mise en scène comme une évolution naturelle de ton métier ?

 

J.S. : Non, pas du tout. Acteur, c'est un métier magnifique, qui se suffit en lui-même. Beaucoup n'ont pas besoin d'écrire ou de réaliser pour s'épanouir. Non, je pense que ce sont deux envies bien distinctes. J'ai toujours écrit des scénarios, dès mon plus jeune âge. Cela me permet de me lâcher, de déverser des flots de pensées, de reproches, d'idées, de fantasmes, qu'il me serait bien difficile de crier autrement, je suis bien trop réservé pour cela...

 

Le fait de mettre en scène est tout aussi important pour moi. On dit qu'il y a trois écritures dans un film : le scénario, la réalisation, et le montage. Je veux suivre l'oeuvre d'un bout à l'autre, la modeler du début à la fin. Je ne me suis rendu compte, avec l'expérience que j'ai pu acquérir en tant qu'acteur, que scénariste et réalisateur n'étaient pas le même travail, que rares étaient les réalisateurs écrivant leurs films en totalité. Mais c'était trop tard, le schéma était déjà bien installé en moi, et ces deux envies ont grandi côte à côte dans mon esprit.

 

PdA : Comment appréhendes-tu ce nouvel exercice ?

 

J.S. : Beaucoup d'excitation, mêlée à de l'angoisse... J'appréhende beaucoup, mais cela me transcende, et me pousse à tout préparer, dans le moindre détail. Je pense qu'il faut savoir où l'on va. Encore une fois, je ne veux rien laisser au hasard, et je sais que le travail que nous abattons en amont, avec la merveilleuse équipe qui m'entoure, me permettront d'être serein sur le plateau, et de pouvoir être pleinement concentré sur l'essentiel.

 

PdA : Le pitch de Windows : Léonard, jeune nerd asocial, se met à épier ses voisins, un jeune couple. Il ne sait pas encore à quoi il va s'exposer... La parenté avec Fenêtre sur cour (1954) est évidente. Quel est ton rapport au cinéma d'Hitchcock ?

 

J.S. : Depuis petit, les films noirs, de genre, les thrillers composent un cinéma qui m'a toujours fasciné. Je ne pourrais l'expliquer… J'adore avoir peur, ne pas savoir, être manipulé. C'est donc naturellement que, ma culture du cinéma se développant, j'ai découvert Hitchcock, assez tôt, et je l'ai tout de suite admiré. Ma mère me passait des épisodes d'Alfred Hitchcock présente... J'étais fan !

 

Mais je ne suis pas du genre à tout dévorer, quand je rencontre un cinéma que j'aime, il y en a tant. Je me laisse le temps de pouvoir savourer. Alors, crois-le ou non, quand j'ai commencé à écrire Windows, je n'avais encore jamais vu Fenêtre sur cour ! C'est durant l'écriture, en en parlant à des proches, que l'on m'en a parlé.

 

Les histoires de voisinages et de voyeurisme sont des thèmes vus et revus au cinéma - Caruso, de Palma, Mendes, entre autres, ont aussi travaillé dessus. Le véritable challenge est d'arriver à transcender, à sa manière, et avec sa propre vision, ces thèmes, créer, au final, son propre cinéma.

 

PdA : Les thèmes des nouveaux moyens de communication - et du déclin des communications réelles - au sein de la jeunesse, celui d'une société au voyeurisme de plus en plus généralisé, banalisé sont au cœur de ton intrigue. Pourquoi avoir voulu construire ton premier film autour de ces sujets ?

 

J.S. : Parce que je pense que le voyeurisme n'a jamais été aussi puissant qu'aujourd'hui. Et ce à cause de toutes ces nouvelles plateformes virtuelles : Facebook, Twitter, Instagram, les télé-réalités... Cela semble naturel, de nos jours, d'observer ses voisins, ses amis, sa famille, et même n'importe quel étranger, sans noter la perversité de la chose. 

 

Il n'a pas si longtemps, cela ne semblait pas aussi normal. Je vous donne un exemple, parmi d'autres... Tout jeune, j'ai vu Ennemi d'État, de feu Tony Scott. Et j'avais été terrorisé à l'idée que le gouvernement puisse être aussi présent dans la vie privée de chacun, à l'aide de satellites, de caméras de surveillance, de hackers, etc… Vraiment, c'est un film qui m'a marqué. Je me suis dit qu'il avait dû en terroriser bien d'autres… Sauf qu'aujourd'hui, beaucoup de gens divulguent leur intimité en permanence, leurs activités, leurs réflexions personnelles, leurs problèmes, leurs réussites, ils se géo-localisent même pour informer en temps réel sur ce qu'ils font, où ils mangent, etc… Je ne critique pas, je trouve juste cela étonnant, mais surtout dangereux : certains poussent le vice jusqu'à se filmer en plein acte de violence, et combien se retrouvent à moitié nus, en première page de leur profile, et ce à la vue de n'importe quel étranger... Je pourrais continuer longtemps sur ce sujet…

 

PdA : Il y a de toi, chez Léonard ? Est-ce qu'il te ressemble, ne serait-ce qu'un peu ?

 

J.S. : Il y a de moi, bien sûr. Premièrement, car, comme je l'ai dit, la base de Windows vient d'une expérience que j'ai moi-même vécue. Mais aussi dans son caractère : c'est un jeune homme réservé, toujours en observation, il tient cela de moi. Il y en a forcément plus, mais c'est alors de l'ordre de l'inconscient.

 

J'aime imaginer, créer de toutes pièces mes personnages. Jamais je ne chercherai à m'inspirer totalement de mes expériences ou de mon vécu pour écrire. La force du cinéma est de sublimer, d'une manière ou d'une autre, la réalité.

 

PdA : As-tu considéré l'idée de l'incarner toi-même, ou pas du tout ?

 

J.S. : Jamais. C'est une question qui revient souvent, mais je n'écris pas pour m'offrir des rôles. J'ai besoin de toutes mes forces pour réaliser. Je ne me vois pas, pour le moment, combiner les deux. Si j'arrive à mener à bien ce film, et que d'autres suivent - c'est ce vers quoi je tends plus que tout -, je ne m'accorderais des rôles que dans l'hypothèse où je ne verrais personne d'autre à la place. Pour Windows, personne ne pourrait mieux incarner Léonard que Michael Grégorio.

 

PdA : Tu m'offres la transition vers la prochaine question sur un plateau. Dans le rôle de Léonard, donc, on retrouvera, et c'est une surprise, Michael Gregorio, que l'on connaît d'abord en tant qu'imitateur et interprète de grand talent. Qu'est-ce qui t'a guidé dans ce choix ? A-t-il été partant rapidement ?

 

J.S. : Je n'ai jamais cherché à avoir une tête d'affiche, un acteur dit "bancable", pour faciliter le développement de mon film. Je hais l'idée que l'Artistique ne soit pas le principal nerf d'un film. Heureusement, en court-métrage, il y a plus de liberté qu'en long. Je cherchais l'acteur le plus à même d'incarner Léonard, celui qui me permettrait de voir mon personnage venir à la vie, et non pas quelqu'un qui s'en rapprocherait.

 

Michael, c'est en tombant par hasard sur lui à la télévision, en pleine ébauche de la première version du scénar', que j'ai su. Je dis bien « j'ai su », car jamais depuis le doute ne s'est immiscé. Il était absolument idéal pour jouer Léonard. Physiquement, déjà. Puis dans sa manière d'être, de jouer, de modeler sa voix et son corps au fil des différents personnages qu'il incarne dans ses spectacles. C'est un caméléon extraordinaire.

 

J'ai eu la chance de pouvoir entrer très facilement en contact avec lui. Je lui ai fait lire une première version, qui lui a beaucoup plu. Nous nous sommes donc rencontrés, et le feeling est tout de suite passé. Je crois que nous nous retrouvions dans le fait qu'il s'agit pour l'un et pour l'autre d'une première fois, chacun d'un côté de la caméra.

 

PdA : Quel sera le calendrier de la conception de Windows ? Débutera-t-elle avant le remplissage de ta jauge Ulule ?

 

J.S. : Le travail artistique à commencé il y a longtemps déjà. Et les dates de tournage sont déjà fixées : du 7 au 12 juin 2014. Mais c'est une véritable course contre la montre pour arriver à obtenir le budget nécessaire, et le compte Ulule, si nous arrivons à le mener à bien, représentera une aide colossale pour nous.

 

PdA : Admettons - ce que je te souhaite - que la somme demandée soit réunie, que le film se fasse comme tu l'espères. Qu'est-ce qui sera, ensuite, au programme pour Windows ? Je pense à sa diffusion, en particulier...

 

J.S. : Très sincèrement, je n'y pense pas pour le moment. Je suis obnubilé par la seule idée de mener le film à bien, voilà tout. Bien sûr, nous espérons qu'il sera acheté par des chaînes de TV, ce qui nous permettrait de le partager avec un maximum de personnes. Peut-être aura-t-il aussi une vie dans les festivals… Mais tout cela me semble encore bien loin...

 

PdA : Quel message aimerais-tu adresser à nos lecteurs pour les convaincre, pour leur donner envie de participer au financement du film ?

 

J.S. : Hmm… Le paradoxe, c'est que j'ai envie d'en parler longuement, de le raconter dans ses moindres détails, et ce avec la flamme de celui qui porte son projet, et, surtout, qui y croit dur comme fer. Mais je ne peux me permettre de trop en dire, car c'est ce qui est merveilleux dans ce genre de cinéma : se laisser surprendre, manipuler, pour notre plus grand plaisir...

 

Je peux simplement dire que les productions, l'équipe technique, les acteurs et moi-même, nous battons pour faire voir le jour à ce film qui nous emballe tous autant les uns que les autres. Nous voulons arriver à en faire une oeuvre époustouflante. Je n'ai pas peur de le dire. C'est ce vers quoi tend chaque personne travaillant sur un film. Et nous avons besoin d'aide financière car, malheureusement, sans aides venues d'amoureux du cinéma, d'amis, de mécènes, de solidaires, de curieux, cela sera bien plus laborieux...

 

PdA : As-tu, à ce jour, d'autres envies, d'autres projets en tant que réalisateur ?

 

J.S. : Bien sûr ! Je ne m'arrête jamais d'écrire ! Du court, mais aussi du long-métrage, pour un jour, peut-être. Seulement, chaque chose en son temps. Je me consacre, en ce moment, en tant que auteur/réalisateur en herbe, uniquement à Windows. Après... nous verrons...

 

PdA : Un dernier mot ?

 

J.S. : Merci, et rejoignez nous dans cette aventure !

 

Windows

 

Le projet vous a séduit ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Et, surtout, allez sur la page Ulule de Windows pour en savoir plus et soutenir l'équipe du film ! Nicolas alias Phil Defer

 

9 février 2014

Pascal Légitimus : "Entre nous et le public, c'est affectif"

Un p'tit message à ton endroit, ami lecteur, avant d'aller plus loin. Si tu n'as pas aimé Les trois frères, pour toi, je n'peux rien. L'humour des Inconnus t'est étranger ? Je n'te traite pas d'Martien, mais j'te l'dis cash, tu peux passer ton chemin. Rien d'perso, mais cet article ne t'apport'ra rien. C'est en fan assumé de ce film depuis des années, en amateur inconditionnel de toutes ses répliques incontournables que j'ai la joie, la fierté de vous proposer ce document, une interview exclusive de Monsieur Pascal Légitimus.

 

Je l'avais contacté pour la première fois à l'occasion de notre date d'anniversaire commune, le 13 mars 2013. On savait déjà qu'il y aurait une suite, à l'époque, mais on n'en parlait pas - encore - beaucoup. Je lui avais demandé s'il accepterait de répondre à quelques unes de mes questions, pour Paroles d'Actu. « Ok », m'avait-il répondu, mais pas avant l'automne. Finalement, pas avant janvier. J'ai regardé le calendrier défiler. La grosse montée en puissance de la promo. Très heureux de les revoir, un peu dépité, aussi. « Ça ne se fera plus... ». « Dimanche, dernier carat. ». Hum... trois jours avant la sortie du film ? C'est gentil de me donner un peu d'espoir, mais je n'y crois plus trop... Enfin, on verra...

 

C'est tout vu. Ses réponses me sont parvenues aujourd'hui, vous pouvez imaginer ce qu'a été ma joie en les découvrant. Merci, cher Pascal Légitimus, d'avoir tenu votre promesse. Et pour vos réponses, généreuses, enthousiastes... « Entre nous et le public, c'est affectif. » Le public sera au rendez-vous, dès mercredi, pour Les trois frères, le retour... Je ne l'ai pas encore vu, mais je sais à quel point j'apprécierai, comme des millions de spectateurs, de vous retrouver, tous les trois... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PASCAL LÉGITIMUS

 

« Entre nous et le public,

c'est affectif »

 

Pascal Légitimus

(Photos proposées par Pascal Légitimus.)

 

Q. : 04/01/13 ; R. : 09/02/14

  

Paroles d'Actu : Bonjour Pascal Légitimus. Ce mercredi, ce sera la sortie en salles des Trois frères, le retour. Retour, justement, sur le premier film, totalement culte... On vous en a certainement beaucoup parlé depuis sa sortie en 1995 et jusqu'à aujourd'hui. Quels ont été les interpellations, les témoignages qui vous ont le plus amusé, touché à propos des Trois frères ?

 

Pascal Légitimus : Je ne cesse d'être surpris par ce côté « culte », justement. Des dialogues entiers du film sont cités par cœur, et cela touche tout le monde : toutes les couches sociales, toutes les catégories socioprofessionnelles...

 

PdA : Est-ce que, comme nous, vous vous marrez toujours autant en le revisionnant ?

 

P.L. : En général, je regarde souvent mes « oeuvres » en compagnie d'autres personnes, cela me permet de découvrir le film avec un oeil neuf, comme un spectateur lambda. C'est toujours difficile de regarder son travail : on y trouve des erreurs, on regrette certaines choses, on aurait aimé mieux faire, etc... L'oeil du critique se met à analyser. C'est pour cela qu'entendre des gens rire de mes bêtises autour de moi me plonge dans une écoute différente.

 

PdA : Une scène qui, parmi tant d'autres, me fait mourir de rire à chaque fois : celle de ce dîner d'affaires entre gens très spirituels, bientôt perturbé par de talentueux « artistes-peintres »... Voulez-vous nous parler de cette séquence ? Peut-être nous offrir quelques anecdotes à son sujet ?

 

P.L. : C'est une belle situation, pour un acteur. Être dans l'embarras, au point de paniquer, parce que les événements ne se déroulent pas comme prévu, avec surtout l'impératif de ne rien montrer... c'est du velours. Il faut jouer la scène avec sincérité, sinon, cela devient « gugusse » et burlesque, et on y croit moins. Il y a eu, ce jour-là, de vrais fous rires entre Élie et moi. D'autre part, Bernard et Didier s'en donnaient a cœur joie pour trouver des mimiques de drogués parmi les plus éthérées qui soient. Bernard étant celui qui a vraiment fait l'expérience de la drogue, il était le spécialiste-conseil sur le tournage ! (Rires)

 

PdA : Les Trois frères dressait avec humour et une bonne dose de tendresse un tableau assez représentatif, dans une certaine mesure, de ce qu'ont été les années 90. Pas mal de galères, déjà. Le Monochrome de WhiteMan et le Koendelietzsche (merci Google !) ont été saisis depuis longtemps. Eux n'ont « pas changé », on veut bien vous croire, et on l'espère, d'ailleurs. En quoi la société dans laquelle évoluent Bernard, Didier et Pascal Latour a-t-elle changé depuis 20 ans ?

 

P.L. : On nous a souvent reproché, en leur temps, le « manque d'agressivité » ou de « causticité » de certains de nos sketchs ou films. C'est ce que disaient certains journaleux, en tout cas. Alors qu'aujourd'hui, quand on les revisionne, on nous taxe du contraire. On dit que la chanson des vampires (Rap tout, ndlr) est - malheureusement - encore d'actualité. En fait, nous avons toujours été des témoins de notre temps, des chroniqueurs, des imitateurs sociaux qui retracent, à l'aide de petites saynètes, l'humeur, la vibration du présent. D'où l'aspect indémodable de nos sketchs, qui ont été vus par des millions d'internautes. La transmission s'est faite par les parents, et par internet.

 

Les Inconnus 2

 

PdA : Que pouvez-vous - et voulez-vous ! - nous révéler, à ce stade, quant à l'intrigue de cette suite et au film en lui-même ?

 

P.L. : Le pitch : « La société a changé, pas eux ». Les trois frères Latour sont toujours aussi mythos, minables, menteurs, mal dans leur peau, en carence affective... et la crise n'arrange pas les choses !

 

PdA : Le film vous plaît, c'est ce que vous avez déclaré lors d'une interview accordée au Figaro. Avez-vous la conviction qu'il sera à la hauteur de ce qu'en espère votre public ?

 

P.L. : Depuis quelques semaines, nous faisons la tournée des villes de province pour présenter le film, et je dois dire que l'accueil est au-delà de nos espérances. Non seulement les exploitants ouvrent plusieurs salles - jusqu'à sept, parfois - dans la même ville, ce qui est rare, mais, à la sortie, le bouche à oreille est exceptionnel. Cela nous rassure quant au démarrage...

 

PdA : Les Inconnus, c'est l'histoire d'une collaboration artistique géniale. C'est aussi celle d'une amitié authentique, de trente ans, je crois. Quelques mots sur vos compères, Bernard Campan et Didier Bourdon ?

 

P.L. : Ce sont avant tout des amis, avec lesquels j'ai débuté ma carrière. Nous avons à la fois des points communs et des différences, c'est ce qui fait la richesse créative du groupe, que je considère comme une famille artistique. Bernard, c'est le plus rationnel, réflexif et concret de l'équipe. Didier a le sens de la mise en scène, il aime mener, contrôler, il a de l'énergie à revendre. Et moi, je navigue entre les deux. Je suis l'aîné, non pas en âge, mais en responsabilité. Quand on voyage, par exemple, c'est moi qui ai les billets de train. J'ai aussi une imagination débordante, et le sens du risque.

 

Affiche Les trois frères le retour

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

P.L. : Aucun. Nous sommes monotâches. Le film est une priorité. Cela faisait onze ans que nous n'avions pas tourné ensemble, on n'est pas pressés. On goûte le plaisir de l'instant présent...

 

PdA : La réunion de votre bande s'est vue accélérée par les innombrables signes d'attachement, d'affection et de désir qui vous ont été témoignés par toutes celles et tous ceux qui vous aiment depuis tant d'années. Je pense au triomphe qui vous avait été réservé lors d'une représentation fameuse de la pièce Plus si affinités et, depuis, aux très beaux chiffres qui ont accompagné chacune de vos apparitions : vos vidéos, celle avec Norman, votre émission sur France 2... Quel message souhaiteriez-vous adresser à votre public en ce début d'année ?

 

P.L. : Nous avons reçu beaucoup de témoignages d'amour de la part du public, des spectateurs, des téléspectateurs, des fans, des aficionados, des fidèles... Ce film est une réponse à tout cela. Entre eux et nous, c'est affectif. Pas de divorce, on est liés pour le meilleur et le meilleur, c'est pour cela que nous prenons notre temps pour bien faire les choses, par respect, vis-à-vis de nous, et vis-à-vis d'eux. On ne veut pas être obligatoirement reconnus. Mais appréciés, en tout cas.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour 2014, cher Pascal Légitimus ?

 

P.L. : Que ça dure... Que ce film soit un franc succès. Et que les prochains projets, seul ou à trois, soient aussi qualitatifs...

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment...

 

P.L. : À bientôt peut-être...

 

PdA : Merci infiniment...

 

Les Inconnus 1

 

Et toi, cher lecteur, quel message aimerais-tu adresser à Pascal Légitimus, aux Inconnus ? Les commentaires sont là pour ça ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Les Inconnus...

  

26 octobre 2013

Jules Sitruk : "Je rêve de travailler avec Lars von Trier..."

Son visage, vous le connaissez. Vous l'avez forcément vu au moins une fois, sur un écran, petit ou grand. Il n'avait pas neuf ans aux premières heures de son parcours de comédien, débuté un peu par hasard, en réponse à une petite annonce. Ses premiers gros succès publics, ceux que l'on associe naturellement à son nom, ont un peu plus de dix ans : Monsieur Batignole et Moi César, 10 ans ½, 1m39. Deux rôles mémorables, des rôles d'enfants. Jules Sitruk a vingt-trois ans, aujourd'hui. Quelques jolis films sont intervenus, entre temps. Méconnus, souvent. À découvrir, certainement. Il a accepté d'en citer quelques uns, d'évoquer deux ou trois souvenirs, pour Paroles d'Actu. Surtout, il nous parle de ses projets, de ses rêves. Rencontre avec un artiste de talent, un garçon très accessible. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JULES SITRUK

 

« Je rêve de travailler

avec Lars von Trier... »

 

Jules Sitruk

(Photo proposée à ma demande par Jules Sitruk)

 

Q : 17/09/13

R : 21/10/13

  

Paroles d'Actu : Bonjour Jules. À l'origine de ton parcours de comédien, il y a cette petite annonce, une annonce de casting placée chez ton coiffeur. Tu as huit ans, à l'époque... Ton état d'esprit, à ce moment-là, c'est plutôt « Pourquoi pas ? » ? « Enfin ! » ?

 

Jules Sitruk : Disons que ça se rapprochait plus du « Pourquoi pas ». L’annonce cherchait un « garçon de huit-dix ans, pâle et au cheveux noirs ». Et puis le titre du film, Le petit prince cannibale, me plaisait bien.

 

PdA : Ton premier grand rôle marquant, c'est sans aucun doute celui du petit Simon dans Monsieur Batignole (2002), de et avec Gérard Jugnot. Tu y interprètes un enfant juif hébergé et finalement sauvé par le personnage éponyme, un boucher-charcutier sans histoire, durant les heures noires de l'Occupation. Un film qui tient une place particulière dans ton cœur, j'imagine...

 

J.S. : Bien sûr. Me projeter à cette sombre époque est particulièrement intense, notamment de par mes origines. De plus, c’est un film que je trouve particulièrement bien écrit. Très fin, très subtil. C’est un de mes plus beaux souvenirs de tournage.

 

PdA : Le long métrage que l'on associe peut-être plus volontiers, plus naturellement à ton nom, c'est probablement Moi César, 10 ans ½, 1m39 (2003), réalisé par Richard Berry. Trois gamins, dont toi, César, qui se posent énormément de questions, comme tous les gamins. Et qui vont finalement décider de partir à l'aventure, une aventure riche de rencontres, de découvertes... Quels souvenirs gardes-tu de ce tournage ?

 

J.S. : De super souvenirs aussi. Je me souviens avoir été particulièrement stressé la veille du premier jour de tournage. Je me mettais pas mal de pression. Je voulais être le meilleur possible, le plus professionnel aussi. Montrer que j’étais un acteur avant d’être un enfant. Et puis je me suis finalement détendu très vite ! Nous rigolions beaucoup sur le plateau, ce qui, je trouve, se ressent à l’écran.

 

PdA : J'en citerai un troisième, plus récent : Le Fils de l'autre (2012), un très beau film signé Lorraine Lévy. Un jeune Israélien, un jeune Palestinien : deux destins qui vont se croiser, et quelques certitudes qui vont, au passage, voler en éclat, lors d'une révélation, celle d'un échange - bien involontaire - à la naissance. Que retiendras-tu de cette expérience ?

 

J.S. : Énormément de choses, sur les plans professionnel et personnel. Lorraine, la réalisatrice, avait à cœur de faire un film fort, poétique, mais avant tout vrai. Il s’agit d’une aventure dans laquelle chacun a donné énormément de lui même. Il fut question de partage, et d’écoute. L’équipe était composée de Français, d’Israéliens et de Palestiniens. Chaque membre de l’équipe avait au préalable lu et accepté le scénario avant d’accepter le film, techniciens et acteurs. C’est une histoire très forte, qui commence comme un drame, et se révèle être une "ouverture". Et j’ai eu la chance de travailler avec de fantastiques acteurs, Emmanuelle Devos, Mehdi Dehbi, Pascal Elbé, Khalifa Natour…

 

PdA : Le tour d'horizon que nous venons de réaliser est partial, forcément partiel. Quelles sont, parmi tes autres collaborations (y compris les courts-métrages et les éléments de ta voxo), celles que tu aimerais inviter nos lecteurs à (re)découvrir ?

 

J.S. : Un film que j’adore, mais qui est malheureusement très peu connu en France : Son of Rambow (Le Fils de Rambow en français, ndlr), de Garth Jennings. Il s’agit d’une comédie anglaise dans laquelle j’ai joué il y a cinq ans. L’histoire, dans les années 80, de trois jeunes voulant réaliser une suite au film Rambo, tout juste sorti dans les salles de cinéma. Ce film est très drôle et poétique, un univers un peu à la Gondry.

 

Sinon, Vipère au poing, de Philippe de Broca. Je ne dirai jamais assez combien je suis honoré et heureux d’avoir pu jouer avec Jacques Villeret avant qu’il ne nous quitte.

 

PdA : Tes plus belles rencontres, jusqu'ici ?

 

J.S. : Je vais en revenir à Villeret, et de Broca. Si je commence, je peux citer 4 872 personnes, mais ces deux-là, parce que je garde d’eux d’incroyables souvenirs : Villeret me parlant du tournage du Dîner de cons, ou de Broca, le réalisateur le plus vieux mais le plus rapide avec qui j’aie tourné !

 

PdA : Être acteur, pour toi... ?

 

J.S. : Pour moi, un acteur n’est pas un artiste, mais un artisan. Le réalisateur est un artiste.

 

PdA : Quelle importance cette activité d'acteur revêt-elle dans ton quotidien ? Dans ta vie ?

 

J.S. : Je passe mon temps à écrire et à regarder des films, quand je ne suis pas en tournage. Le cinéma est ma première et plus grande passion. Je vis cinéma.

 

PdA : Quels personnages, quels genres de rôles aimes-tu et aimerais-tu incarner ?

 

J.S. : Disons que j’aimerais bien explorer des types de rôles que je n’ai encore jamais approchés, des rôles plus matures. Je pense que pour m’épanouir, j’ai besoin de me divertir, agrandir ma palette de jeu. Sinon, j’aurais bien voulu être Harry Potter !

 

PdA : Avec qui rêverais-tu de travailler ?

 

J.S. : Lars von Trier, Michael Shannon, Ricky Gervais, Jim Carrey, Jacques Audiard, Agnès Jaoui, Olivier Gourmet, Jacques Gamblin, Karin Viard, Bryan Cranston, Pierre Schoeller, Darren Aranofski, Steve Buscemi, Thomas Vinterberg, Mads Mickelsen, Quvenzhané Wallis…

 

PdA : Passer derrière la caméra, c'est quelque chose dont tu as envie ?

 

J.S. : Énormément. Ce sera d’ailleurs bientôt le cas : je réalise mon premier court-métrage début 2014.

 

PdA : Petit décrochage... Ton père, musicien, tient aujourd'hui un rôle essentiel auprès du groupe BB Brunes. Un peu grâce à toi, je crois... ? La musique, c'est un monde qui t'attire ?

 

J.S. : Effectivement. Adrien (le chanteur) est un ami de lycée. Un jour, je lui ai proposé de filer un CD de ce qu’il faisait à mon père, musicien, et jeune producteur. Mon père a tout de suite accroché. Depuis, c’est une affaire qui roule… Personnellement, je ne suis pas attiré par la musique, bien que j’adore ça. D’ailleurs, j’ai déjà joué de l’accordéon, du piano, du violon, et de la guitare… Mais pour des films !

 

PdA : Quels sont, ton art mis à part, tes passions, tes fenêtres d'évasion ?

 

J.S. : Encore une fois, le cinéma est ma principale source d’intérêt. Je travaille sur différents projets en écriture, qui me prennent le plus gros de mon temps. Sinon je fais de l’escalade, trois fois par semaine, et je joue régulièrement au foot avec mes potes. Je lis aussi beaucoup.

 

PdA : Quels sont tes projets ?

 

J.S. : Tout d’abord, la réalisation de mon court-métrage, Windows, pour début 2014. Puis je tournerai Marianne, tiré du roman de George Sand, qui sera réalisé par Bruno François-Boucher. Enfin, comme je l’ai dit, je bosse sur d’autres scénarios, notamment un que j’adore, pour le cinéma.

 

PdA : Tes rêves ?

 

J.S. : Jouer des rôles tous plus surprenants et intéressants les uns que les autres. Avoir la chance de réaliser mes films.

 

PdA : Que peut-on te souhaiter pour la suite, cher Jules ?

 

J.S. : Bonne route !

 

PdA : Si tu devais adresser un message à quelqu'un... ?

 

J.S. : Une bande démo à Lars von Trier.

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

J.S. : Merci !

 

 

Merci encore Jules, merci pour tout ! Bonne route... ;-) Et vous, qu'est-ce qui vous a marqué(e) dans la filmographie de Jules Sitruk ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Jules Sitruk...

 

  • En visionnant ou revisionnant ses films, bien sûr. Via le site de la FNAC, par exemple.
     
     
  • Dans l'actu culturelle, bientôt...
     
  • Suivez Paroles d'Actu via Facebook et Twitter... MERCI !
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3 mars 2013

Micheline Dax : "De tout mon coeur... merci !"

Qui est-ce ? Chacun connaît les règles de ce jeu populaire. Deux joueurs. Un groupe d'individus devant les yeux. Le but : être le premier à découvrir l'identité du personnage choisi par l'adversaire. Comment ? Par élimination. Par des questions, posées à tour de rôle. "Ton personnage porte-t-il des lunettes ?". Si oui, je couche ceux qui n'en ont pas. Le panel s'amenuise. L'enquête s'affine... Et ainsi de suite... Sympa, non ? Jouons ensemble. Une variante...

 

Ils n'en ont pas forcément conscience, mais mon personnage fait partie de leur vie. Enfants d'hier, d'aujourd'hui, enfants de demain et d'après-demain le retrouveront toujours avec un plaisir immuable chez Goscinny et Uderzo, chez Disney... Le nombre de "suspects" potentiels s'en voit, déjà, considérablement réduit. Mon personnage a connu, à leurs débuts, à ses débuts, des artistes nommés de Funès, Lefebvre, Carmet, Maillan, Serrault. Mon personnage a ri aux éclats avec Piaf, joué pour Guitry, et tant d'autres... Mon personnage se paie même le luxe de siffler comme personne l'air du fameux thème du Magicien d'Oz, Over the rainbow. Un tel profil est-il réaliste pour une seule personne ? Au jeu du Qui est-ce ?, tout le monde est couché... ? Non. Incroyable mais vrai, une personne remplit l'ensemble de ces critères. Une femme demeure, Dieu merci, toujours debout. Madame Micheline Dax.

 

Je tiens à remercier, très chaleureusement, Monsieur Jean-Paul Delvor, administrateur de la page Facebook dédiée à cette grande Artiste. Sans lui, cet échange n'aurait jamais pu se faire. J'ai tenu à lui donner la parole, pour qu'il nous raconte son parcours, l'attachement qu'il porte à Micheline Dax. Et je tiens, bien entendu, à remercier Madame Micheline Dax pour ces réponses qu'elle a bien voulu apporter à mes questions. Sa santé ne lui permet, hélas, plus d'exercer son art. Sachez, en tout cas, Madame, que le public ne vous oublie pas, qu'il vous aime et pense à vous. Que votre oeuvre n'a pas fini de nous émerveiller, de nous faire rire, pleurer... Nous sommes le 3 mars, vous avez 89 ans aujourd'hui. Permettez-moi, Madame, de vous souhaiter un très bel anniversaire, de vous embrasser, même à distance. Et que celui que vous ne connaissez pas nous laisse encore longtemps le plaisir de vous avoir parmi nous ! Merci pour tout... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICHELINE DAX

Artiste aux mille et un talents

 

« De tout mon coeur... merci ! »

 

Micheline Dax

(Photos fournies par Jean-Paul Delvor ;

Photo ci-dessus : signée Harcourt, années 50)

 

 

Jean-Paul Delvor : J'ai rencontré Micheline en 2007, grâce au metteur en scène Thierry Harcourt, qui a réalisé un de mes rêves de gosse : jouer avec cette immense comédienne, que j'adorais quand j'étais enfant, notamment au travers de la voix de la divine Miss Piggy.

 

Dans la pièce Arsenic et vieilles dentelles, j'interprétais le rôle de son neveu. Sa gentillesse et son ironie joyeuse ont instantanément séduit toute la distribution (Davy Sardou, Noémie Elbaz, Jean-Loup Horwitz, Michel Chalmeau...). J'ai découvert aussi une femme d'une grande sensibilité. Après la fin de la tournée, je suis resté en contact avec elle. Parfois, je lui rendais quelques services, je l'aidais à répondre à son courrier...

 

J'ai eu la chance aussi de l'accompagner de nombreuses fois au théâtre, et je m'apercevais avec joie que, partout où nous allions, elle était saluée avec chaleur et respect par les acteurs ou les spectateurs. Sa popularité est intacte, ne lui en déplaise. :)

 

Micheline a eu de gros problèmes de santé récemment, elle s'est éloignée de Paris, donc je la vois un peu moins. Mais je pense très souvent à elle, et je l'appelle régulièrement, pour la tenir au courant des messages et des commentaires laissés sur la page Facebook que j'ai créée et qui l'amuse beaucoup. Je sais que ça la touche beaucoup aussi de savoir qu'on ne l'oublie pas.

 

 

Q. : 23/02/13 ; R. : 26/02/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Micheline Dax. Nos lecteurs et moi-même serions très heureux, avant tout, de savoir ce que vous devenez... Comment vous allez, surtout...

 

Micheline Dax : Seigneur ! ...

 

PdA : J'ai 27 ans, bientôt 28 (10 jours après votre propre anniversaire). Micheline Dax, c'est un nom que j'ai associé durant toute ma jeunesse - et je ne suis pas le seul ! - à un rôle, la Cléopâtre du film d'animation Astérix et Cléopâtre (R. Goscinny, A. Uderzo, 1968). Accepteriez-vous d'évoquer pour nous ce film qui vous garantit une popularité éternelle auprès des jeunes générations ? ;-) Question liée, à partir de quel moment avez-vous commencé à prêter votre voix à des personnages, je pense à la Miss Piggy du Muppet Show, à la méchante Ursula dans La Petite Sirène ?

 

M.D. : Pour Piggy, c'est [Roger, ndlr] Carel qui m'a appelée pour doubler cette jeune créature. Et c'est encore lui qui avait soufflé mon nom à Goscinny et Uderzo pour le rôle de Cléopâtre... Mais j'ai aussi une grande tendresse pour Titus le petit lion.

 

PdA : Vos débuts dans le monde du spectacle n'étaient pas écrits d'avance, loin de là. Cet univers, ce n'était pas le vôtre. Quel regard portez-vous sur la détermination, le culot de la jeune femme que vous étiez alors ? 

 

M.D. : J'ai toujours fait ça. J'ai toujours été en action dans ce domaine, et pas ailleurs.

 

PdA : 1946, c'est la naissance des Branquignols, troupe de jeunes comédiens prometteurs... Vous en êtes. Vos camarades s'appelleront Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Robert Dhéry, Jacqueline Maillan, Michel Serrault, entre autres... Pourriez-vous nous livrer quelques anecdotes sur cette aventure hors du commun et qui, si mes infos sont bonnes, dura un quart de siècle ?

 

M.D. : Ce n'était pas en 46, mais en 48 ! Et de Funès est arrivé plus tard, en 52 je crois... Il était terriblement angoissé et perfectionniste...

 

En 1951, Louis de Funès, Jean Carmet, Christian Duvaleix et moi-même avons monté, tous ensemble, une revue : Vache de Mouche. C'était bien avant les Belles Bacchantes, Louis était un inconnu. Quant à moi, je venais juste de quitter les Branquignols, dont de Funès ne faisait pas encore partie. Nous avons joué Vache de Mouche quelques mois au Potofou, un cabaret de la rive gauche. C'était, bien avant la lettre, du café-théâtre, et ça marchait très bien. (05/03/13)

 

Micheline Dax 3

Extrait de Vache de Mouche, au Potofou. Sur la photo (collection personnelle de Micheline Dax), une parodie d'un ballet célèbre de Katherine Dunham. Les "danseurs" sont Louis de Funès, Christian Duvaleix, Jacques Ary, et Jacques Emmanuel au bout de la corde. La musique était de Michel Emer. (06/03/13)

 

À l'époque, de Funès jouait encore du piano dans des bars. Aussi, nous avons décidé d'utiliser son talent et nous avons mis en scène une parodie d'un duo de Ella Fitzgerald et Max Ophuls. Louis jouait du piano et chantait avec moi. Les autres numéros étaient des sketches... (05/03/13)

 

Je l'ai retrouvé quelques années ensuite, dans Courte-Tête, où je jouais une insupportable cocotte ! (rires)

 

PdA : Prétendre essayer de réaliser en quelques questions un tour complet de votre carrière serait risible, tant elle est imposante. Nous avons évoqué tout à l'heure votre parcours dans l'art du doublage. Vous avez tourné à de très multiples reprises pour le cinéma, la télévision... joué sur les planches un nombre incalculable de fois. Vous êtes également connue pour avoir souvent poussé la chansonnette, pour "siffler" comme personne les grandes mélodies populaires. Quels ont été, à vos yeux, les grandes rencontres, les grands moments de votre carrière jusqu'ici, ceux que vous vous remémorez avec la plus grande tendresse ?

 

M.D. : J'ai fait des rencontres tellement formidables. J'ai été amie avec Piaf... J'ai vécu auprès d'elle des instants inoubliables ! Et j'ai ri... si tu savais comme elle était drôle ! Un vrai titi parisien ! Alors, quand on me dit qu'elle était triste, ça me fait suer, elle était la joie de vivre !

 

Micheline Dax 2

Photo de 1951. De gauche à droite :

Michel Emer, Charles Aznavour, Edith Piaf, Micheline Dax et Roland Avellis.

 

Je pourrais aussi citer N'écoutez pas, Mesdames de Guitry. Magnifique ! Je m'y suis follement amusée, à Paris et en tournée...

 

Jean-Paul Delvor - PdA : Quelques mots à propos de l'Aria Dax, composé pour vous par William Sheller...

 

M.D. : Quel cadeau m'a fait William Sheller ! Mais quel trac cela m'a procuré ! En direct à l'Olympia ! J'ai eu tellement peur que je ne tenais plus debout. Alors je me suis enfuie ! Lui, très calme, a dit : « Allez me la chercher » ! Quand je suis revenue, j'ai dit : « Je ne peux pas ! ». Il m'a dit : « Tu peux ! » et il m'a poussée en scène ! Il m'a littéralement jetée ! (rires)

 

PdA : Quels sont, parmi vos films, vos captations théâtrales, vos oeuvres enregistrées, celles que vous me conseilleriez, que vous conseilleriez aux jeunes générations pour mieux vous découvrir ?

 

M.D. : J'ai fait des tas de choses, tellement différentes... je ne pourrais choisir !

 

PdA : Quel est votre rapport au métier aujourd'hui ? Quelles évolutions avez-vous observées dans la galaxie du show-business depuis que vous y avez fait vos premiers pas ?

 

M.D. : Hélas, je ne suis plus vraiment dans le métier, mon petit garçon ! Mais je vois des tas de choses formidables, et des tas de choses minables, comme avant...

 

PdA : Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui rêverait de jouer la comédie, d'en faire sa vie ?

 

M.D. : Je ne donne jamais de conseil ! Je trouve que c'est tellement culotté... je ne vois pas ce que je pourrais donner, comme conseil !

 

PdA : Parlez-nous de ces témoignages d'affection, de sympathie que vous recevez au quotidien ? L'amour du public, n'est-ce pas l'essentiel pour un(e) Artiste ? Quel message aimeriez-vous adresser à tous ces gens qui vous aiment ?

 

M.D. : Je trouve qu'ils ont bien de la constance et de la gentillesse, ça me touche beaucoup, et je les en remercie de tout mon coeur !

 

PdA : Le 3 mars prochain, vous fêterez vos 89 ans. Quand vous regardez dans le rétro, vous êtes heureuse du chemin parcouru ? De quoi êtes-vous particulièrement fière ?

 

M.D. : Je ne suis fière de rien du tout, et surtout pas d'être un vieux machin !

 

PdA : Comment verriez-vous Dieu vous accueillir à ses côtés lorsqu'il vous rappellera, dans une bonne vingtaine d'années ? Que lui diriez-vous ?

 

M.D. : Je ne sais pas de qui on parle, là...

 

PdA : Quel message avez-vous envie de transmettre à nos lecteurs ?

 

M.D. : Je remercie tous les gens qui s'inquiètent de ma santé. Je les remercie de leur gentillesse et de leur indulgence...

 

PdA : Merci infiniment... Si vous me le permettez... je vous embrasse, Madame !

 

M.D. : Et moi de même !

 

Micheline

 

 

Merci encore pour ce très beau cadeau... Et vous, quel message aimeriez-vous adresser à Micheline Dax ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Quelques liens...

  

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Présentation remaniée : 02/03/14.

25 février 2013

Jean-Claude Dreyfus : "Avec Devos, nous sommes d'une même famille..."

Très vite, Jean-Claude Dreyfus a accepté, sur le principe, de se prêter au jeu des questions-réponses, pour Paroles d'Actu. Gracieusement, le grand acteur a bien voulu me parler de ses débuts, des gens qu'il aime bien, de son parcours. Parmi les figures qui l'ont émaillé jusqu'ici, il y a évidemment Jean-Pierre Jeunet. Dreyfus en parle avec pudeur, sans mentionner, à aucun moment, le drame qui vient de secouer le réalisateur du film Un long dimanche de fiançailles. Sans doute l'aurez-vous lu dans les pages les plus sérieuses de la presse people, sa chère Amélie Poulain vient en effet d'être retrouvée dans une barquette de lasagnes, mystérieusement estampillée « Trouvez-nous ». Chacun se souvient, cruelle coïncidence, de l'inquiétant boucher qu'interprétait Jean-Claude Dreyfus dans le film de Jeunet, Delicatessen. Troublant... D'ailleurs, n'a-t-il pas fait de pub pour...   STOOOP !!! On arrête ! Fin du cirque... De toute façon, J.-C.D. est davantage cochons que chevaux. Pas les « cochons » qui portent des récits à hauuute valeur informative et en assurent la médiatisation, non. Les vrais. Ceux auxquels il voue une vraie, une belle tendresse.

 

Cet entretien, dans l'idéal, nous aurions dû le réaliser, au départ, attablés à la terrasse d'un bistrot parisien. Des contraintes, principalement géographiques, ne l'ayant pas permis, l'échange s'est fait par textes. Ce n'est que partie remise... Je tiens ici à faire part à Monsieur Jean-Claude Dreyfus de mon amitieuse reconnaissance pour le temps qu'il a bien voulu me consacrer. Pour son humour, sa gentillesse à mon égard. Il vient de sortir le premier tome de son autobiographie, Ma bio dégradable : J'acte I. Et sera bientôt sur la scène du Théâtre du Petit Hébertot pour un hommage très vivant à Raymond Devos. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-CLAUDE DREYFUS

Acteur... Auteur... Et bien plus enqueur...

 

« Avec Devos, nous sommes

d'une même famille... »

 

Jean-Claude Dreyfus 1

(Photos fournies par M. Jean-Claude Dreyfus ;

Portrait ci-dessus réalisé par Patrice Murciano.)

 

Q. : 13/02/13 ; R. : 25/02/13

 

Paroles d'Actu : La première question que j'aurais envie de vous poser aujourd'hui, c'est « Quand est-ce que la chaleur va revenir ? Vous avez des infos là-dessus ? L'hiver, c'est dur quand ça dure ! » Mais bon... tout bien réfléchi, je m'en tiendrai à un plus traditionnel « Comment allez-vous ? » (Vous avez sorti un bouquin intitulé Les Questions à la con il y a quelques années, j'espère que vous ne penserez pas ça des miennes... ouch... trop tard ?)

 

Jean-Claude Dreyfus : La chaleur chez moi est permanente. Pour éviter de dire, « Les chaleurs n'ont pas besoin de saisons, mes quatre saisons ne vivent pas chez Aldi »... Wouaf wouaf... c'est bien mauvais, mais effectivement, question à la con entraîne réponse très con. Mais vraisemblablement, ça réchauffe en rude hiver, et ça ne dure jamais, malgré les fameuses couches d'ozone qui répartissent bien les zones, qui dans nos pays d'Europe ponctuent les couleurs de l'année.

 

PdA : Votre bio, enfin, sa première partie, est parue au mois de septembre : Ma bio dégradable : J'acte I, au Cherche Midi. Comment l'idée vous est-elle venue de vous raconter ainsi ?

 

J.-C.D. : Après une série d'entretiens avec un monsieur qui m'entreprit pour raconter ma vie à son propre chef et désirant paraître "entretien avec" sur la couve première, et après avoir compris que lui ne comprenait jamais là où je voulais aller dans l'humour de mon parcours désuet... Après l'avoir gentiment "fait piquer", donc m'en être débarrassé, je repris tout a zéro, me pris au jeu de l'écriture. Vraiment, j'ai décidé de prendre mon pied, et même les deux, du plaisir de conter, de compter sur moi même, ce qui me paraît plus sûr pour m'entendre dire les vérités mensongères que je gère et digère, avec un petit verre de Fernet-Branca...

 

PdA : De quelle manière vous y êtes-vous pris pour mener cet ouvrage à terme ? A-t-il été long à écrire, éprouvant à composer par moments ? Sans doute a-t-il fait rejaillir en vous des souvenirs plus ou moins heureux ?

 

J.-C.D. : N'ayant pas relu l'ordre des questions, je pense avoir joliment répondu à celle-ci... Dans la mesure où les souvenirs « plus ou moins heureux » chez moi rejaillissent souvent travestis, trans-déformés en simple mémoire de moments revus et corrigés, à l'amiable.

 

PdA : Votre fibre écolo, on la retrouve dans le titre. À moins qu'il ne s'agisse d'une réflexion plus personnelle sur la biodégradation, celle qu'a priori nous connaîtrons tous (à échéance raisonnable évidemment !). Histoire d'être un peu sombres deux minutes, c'est une idée à laquelle vous pensez souvent ?

 

J.-C.D. : Vous voulez dire la mort... ? Moi, je ne songe qu'à l'amor qui mène ma vie et mon vit par ma main ou celle des autres... ou plus si raffinement. Et là, j'en viens au titre de mon livre, où je livre avec ambiguïté mon rapport éternel pour les bons produits mais aussi pour l'éphémère modasse et modeste de nos envies...

 

PdA : Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de lire votre livre ? Y retrouve-t-on de savoureux récits, voire... de croustillantes anecdotes ? ;-) Quelques exemples ?

 

J.-C.D. : Je leur dis qu'une bière et un morceau de pain autour d'une tranche de mon animal fétiche va leur coûter le même prix que mon appétissant bouquin, et que, même dégradable, celui-ci les nourrira d'amour et d'humour sans les alourdir...

 

Bio dégradable

(Photo : Dominique Desrue)

 

PdA : Le tome 2, c'est pour bientôt ?

 

J.-C.D. : J'ai déjà commencé J'acte II, bien sûr, et puis un roman, mais le tome 2 ne viendra que si mes spectateurs et lecteurs se privent de sandwichs au jambon pour que le Cherche Midi, autrement dit l'éditeur, ait l'envie de me rééditer...

 

PdA : Je vous propose maintenant d'évoquer ensemble quelques points de votre vie publique. Commençons par le commencement... J'ai découvert qu'avant de faire l'acteur, vous aviez été magicien. De belles images vous viennent à l'esprit en repensant à cette époque, j'imagine...

 

J.-C.D. : Oui, je fus magicien, mais je ne me faisais aucune illusion, la magie n'était pas vraiment mon "truc". Ce que j'adorais, c'était de voir les autres prestidigitateurs, qui me fascinaient. Savoir les moyens de créer l'illusion me paraissait illusoire. L'envers du décor gâchait mon envie... Alors, je suis passé a une autre forme d'allusion, celle du théâtre...

 

PdA : C'est évidemment d'abord pour votre parcours - le terme de carrière est assez laid dans ce cas - d'acteur que le public vous connaît, vous aime. Parlez-nous de vos débuts ? Quel a été le déclic qui a pu vous faire penser, à un moment donné, "Oui, décidément, c'est ça que j'ai envie de faire" ?

 

J.-C.D. : Mon chemin, de jeux, et non de croix, a toujours été sur les planches, essence de ce "métier", car même si l'on ne parle pas de carrière mais de long chemin à parcourir, de continuité, c'est le plaisir et l'envie de jouer qui m'ont sans cesse mené par le bout du nez. Bien sûr, il faut en avoir, "du nez", pour les textes et les aventures de saltimbanque. On est loin de la roulotte, mais la roulette chance m'a porté, souvent, vers de superbes projets...

 

PdA : Sur la base de votre expérience, justement, quels conseils pourriez-vous donner à un(e) jeune qui rêverait de vivre pleinement sa passion pour la comédie, voire d'en vivre ?

 

J.-C.D. : Pour une personne qui, comme moi, passe son temps à repartir de zéro, à éviter toute routine, il est complexe de donner des conseils à qui que ce soit. Le doute est permanent, le trac subsiste. La seule recommandation est de faire, défaire et refaire, et surtout savoir faire, avec un caractère de fer...

 

PdA : Tenter d'aborder l'ensemble de votre "carrière" serait vain, tant elle est conséquente. S'agissant du cinéma, vous avez tourné sous la direction des plus grands noms : Audiard, Lelouch, Mocky, Pinoteau, Rohmer, Annaud... Je vais peut-être m'attarder un peu sur une collaboration, peut-être la plus importante de votre filmo, je pense à Jean-Pierre Jeunet. Delicatessen, La Cité des enfants perdus puis, plus tard, Un long dimanche de fiançailles. Trois films qui ont fait date. Quelle place tient-il, à vos yeux, dans votre parcours, peut-être dans votre vie ?

 

J.-C.D. : J'ai une denture petite, de bébé, écartée devant au milieu. La chance donc m'accompagne dans des histoires belles et de qualité. Ma vie a pris souvent les chemins de traverse, qui mènent à certains succès sans pour autant vraiment en changer le cours...

 

PdA : Quelles ont été les expériences, les rencontres qui vous ont le plus marqué, touché durant les quarante premières années de votre petit bonhomme de chemin (théâtre, cinéma, télévision...) ?

 

J.-C.D. : La liste serait bien longue de décrypter ce qui aurait marqué quarante années de rencontres et expériences, entre l'éducation offerte par mes parents, celle de mes professeurs et aussi des partenaires côtoyés tout au long d'une, sans cesse, densité d'activités. Le mieux, je crois, est de lire mon premier livre, ma bio.

 

PdA : Une partie de la population - certes pas parmi les plus cinéphiles - aura immanquablement une réaction en voyant votre visage apparaître dans les médias, pour telle ou telle raison. "Oh, mais c'est Monsieur Marie !" Je sais que vous avez beaucoup d'humour. Mais ça n'est pas un peu agaçant, parfois, d'être à ce point populaire pour ce rôle-là alors que tant d'autres auraient davantage mérité une telle reconnaissance ?

 

J.-C.D. : Ça m'est complètement égal qu'il y ait des crétins réducteurs et incultes. Je reste, d'une façon ou d'une autre, un culte vivant...

 

PdA : Justement... On va essayer de remettre un peu de justice dans tout ça ! Quels sont, parmi vos films, - courts comme longs métrages - ceux pour lesquels vous avez une tendresse particulière, même s'ils ne sont pas forcément objectivement les meilleurs ? Ceux que vous aimeriez recommander à nos lecteurs ?

 

J.-C.D. : Mis a part les films de Jeunet et (Marc, ndlr) Caro, puis Jean-Jacques Annaud (Deux frères, ndlr), ou Mocky (Bonsoir, Le deal, Le bénévole, ndlr), justice serait faite auprès de vos lecteurs de s'emparer du sublime film de Rohmer, L'Anglaise et le Duc.

 

PdA : Ce que l'on demande entre autre au cinéma, c'est de nous faire oublier nos soucis, l'espace d'un film. De nous faire rêver, un peu... Quel est le cinéma qui vous fait rêver ? Le fait-il toujours aussi bien aujourd'hui qu'hier ?

 

J.-C.D. : Bien sûr, les films d'antan, avec tous ces acteurs hauts en couleurs. Et puis certaines grandes fresques cinémato et très graphiques, tournées dans des espaces et des lieux au sein d'histoires auxquelles je ne serai jamais confronté. Celles-ci me ferons toujours partir dans des rêves dont on ne voudrait jamais sortir...

 

PdA : Questions évidemment liées. Quels sont, hors les vôtres et toutes époques confondues, vos films préférés ?

 

J.-C.D. : Le Golem, Freaks, Sous le plus grand chapiteau du monde...

 

PdA : Vos acteurs de référence ?

 

J.-C.D. : Visconti, Michel Simon et Serrault, Madeleine Renaud, Annie Cordy... Merde, trop dur et compliqué comme question... Je n'aime pas les références, ma devise est de ne pas en avoir.

 

PdA : Vous serez bientôt sur la scène du Théâtre du Petit Hébertot - du 28 février au 27 avril 2013 - pour Devos - Dreyfus, d'Hommages sans interdit(s). Avec le maître Devos, vous vous attaquez à un monument de l'humour. Devos, c'est quelqu'un qui vous inspire ? Who else, comme pourrait dire l'un de vos confrères également star de pub ?

 

J.-C.D. : Pierre Desproges, Zouc, Muriel Robin, Pierre Palmade, Joly (Sylvie, pas Eva, ndlr), Jonathan Lambert, Gerra, Fernand Raynaud, Louis de Funès, Bourvil, Jacqueline Maillan... Et Raymond Devos.

 

PdA : Une question pour inciter nos lecteurs à vous découvrir dans cette pièce... Qu'apportez-vous de votre univers à celui de Raymond Devos ? Pourquoi faut-il absolument voir ce spectacle ?

 

J.-C.D. : Je pense profondément que nous sommes d'une même famille. L'oeil sur la scène. En coulisse, de l'absurde poétique...

 

Dreyfus-Devos

 

PdA : Vous avez été nommé sur les listes de 2010 et 2011 pour le Molière du comédien pour la pièce Le Mardi à Monoprix. Quatre fois en tout, ce qui est exceptionnel... Si vous aviez un choix à faire entre ciné et théâtre, votre coeur pencherait davantage vers les planches, vers le vivant, j'imagine ?

 

J.-C.D. : Oui. OUI, quatre fois, pour ne jamais repartir avec. Ils ont spurement peur que ce trophée soit perdu dans mon immense collection de cochonneries, et puis sans doute s'attendent-ils à ce que je ne puisse plus le porter, à ce que je n'en aie plus ni la force, ni l'envie... ?

 

Quant à mon choix entre César et Molière... Quand je fais du théatre, je meurs d'envie de faire du cinéma et lycée de Versailles... car les vices sont ô combien versatiles…

 

PdA : J'écoutais récemment l'une de vos interviews, dans laquelle vous déploriez un certain manque de prises de risques de la part des producteurs et du public. Ce qui, in fine, tend à brider la création, à auto-alimenter un système dans lequel la qualité n'importe pas tant que la rentabilité. Êtes-vous malgré tout optimiste quant à l'avenir d'une création artistique de qualité ?

 

J.-C.D. : Moi je reste optimiste. Quand je choisis un auteur, par exemple Devos, j'arrive à trouver les moyens de le monter. Mais il faut bien savoir que deux personnes sur un plateau ne coûtent pas trop cher (je suis avec Thomas Février au piano). Mais arriver aujourd'hui à réaliser une création avec de nombreux comédiens devient de plus en plus complexe, voire impossible. Donc optimiste, mais pas rose comme l'on pouvait le croire pour la culture à gauche...

 

PdA : Ma prochaine question, ça ne sera pas celle du portrait chinois, non. D'ailleurs, je sais que vous avez déjà répondu à ce genre de sollicitations. J'aimerais inviter le comédien que vous êtes, qui a joué plus qu'à son tour en costume, à répondre à une question que je pose souvent, parce que je l'aime bien. Imaginons qu'un vieux type un peu fou, un savant fou en quelque sorte, que l'on appellerait, bah... "Doc", disons, invente une machine à voyager dans le temps, en avant ou en arrière. Je sais pas, un truc complètement loufoque. Une DeLorean qui nous permettrait de choisir le lieu et la date (pas mal mon idée, je devrais la proposer à un producteur). Un seul voyage par personne. Aller-retour, ou simple aller, c'est vous qui voyez... Alors, quel est votre choix ? 

 

J.-C.D. : Le voyage, à vrai dire, n'est pas complètement mon trip, même si je viens de faire 24h de vol pour Nouméa avec mon Devos. Et comme, à ce jour, j'ai plus de 24h de vol, le trajet, dear Doc', qui me paraîtrait le plus dépaysant serait de me faire tout petit et de rentrer dans la Batmobile Playmobil et de me rendre dans la Batcave pour repérer les meilleurs vins "pinard", crus... d'un autre monde...

 

PdA : Du Cochon considéré comme l'un des beaux-arts, c'est le titre de votre livre de 2005. Une bien belle passion, ma foi, même si elle étonne certaines personnes ! En avez-vous d'autres, moins connues ?

 

J.-C.D. : Ah oui, j'ai une nécessaire passion, à ce jour, pour les vitrines, avec plus de cinq-mille cochons. De port en porc, je dois enfermer, emprisonner cette énorme batterie porcine pour qu'elle ne me fasse pas partir en eau de boudin... et que je ne devienne pas le "mâle des truies" ou le "mal détruit"...

 

PdA : Un scoop, une info inédite pour Paroles d'Actu ?

 

J.-C.D. : Roseline Bachelor serait-elle un homme ? Ne serait-ce pas une idée folle, démente ou démentie... ? ...

 

PdA : Qu'est-ce qui, dans notre société, dans le monde, vous donne envie de réagir, de vous engager ?

 

J.-C.D. : Trop vaste cette question... il fallait la poser au début. Là, je suis fatigué du monde et de sa société. Je ne m'engage pas... mais je vais réagir…

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

J.-C.D. : Plus de crise, faisons comme si... Ah oui, une crise de nerfs, de temps en temps, gratuite.

 

PdA : Un message pour quelqu'un en particulier ?

 

J.-C.D. : J'aime la personne que j'aime…

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

J.-C.D. : Je projette des rêves pour les suites de chacun de nous tous... (il tousse)

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-Claude Dreyfus ?

 

J.-C.D. : D'être contraint au carcan de sa liberté !

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

J.-C.D. : Amitieusement à tous…

 

Jean-Claude Dreyfus 2  

Très heureux et flatté de cet échange, cher Jean-Claude Dreyfus... Merci encore ! Amitieusement... Phil Defer Et vous, quels rôles, quelles images vous viennent à l'esprit en pensant à ce grand acteur ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Jean-Claude Dreyfus...

 

Présentation remaniée : 15/01/14.

20 novembre 2012

Jean-François Derec : "Je suis né un siècle trop tard"

Avant d'aller plus loin dans la lecture de cet article, je vous invite, sans plus tarder, à cliquer sur le lien qui va suivre... Revenez après, ce serait sympa... Sisi, je vous assure, vous rateriez quelque chose... Voici donc le fameux lien. Ce sketch, vous le connaissez peut-être. Son interprète, sans aucun doute...

Jean-François Derec est depuis de nombreuses années une figure familière des Français. À la télé, à la radio, il a fait partie pendant longtemps de la joyeuse "Bande à Ruquier". Comédien populaire, il a joué dans une soixantaine de pièces de théâtre, films, téléfilms. À la ville, il compte parmi les ambassadeurs de l'association La voix de l'enfant. Un engagement généreux, discret car ne recherchant pas forcément les caméras. À son image. Et puis il y a, donc, l'humoriste, l'auteur. Il a écrit une grosse demi-douzaine de livres. Créé plusieurs one-man shows dans lesquels il s'amuse souvent, sans méchanceté mais avec malice, des petits travers de nos vies quotidiennes. L'homme au bonnet rouge est actuellement à l'affiche de Gérard Bouchard, le retour !, son nouveau spectacle.

Aussi sympathique sur le net qu'à l'écran (enfin, les autres écrans, vous m'avez compris !), il a accepté, avec une grande gentillesse et beaucoup d'humour, de se livrer au jeu des questions-réponses pour Paroles d'Actu. Merci pour tout ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-FRANÇOIS DEREC

 

« Je suis né un siècle trop tard »

 

Jean-François Derec SIPA

(Photo : SIPA. Celle en fin d'entretien est proposée par Jean-François Derec.)

 

Q : 28/09/12

R : 19/11/12

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Jean-François Derec, comment allez-vous ?

 

Jean-François Derec : Ça baigne.

 

PdA : Alors comme ça, vous êtes le roi du couscous ? Pas trop déçu de n'être jamais devenu « éplucheur-chef » ?

 

J.-F.D. : On fait pas ce qu’on veut, on fait ce qu’on peut.

 

PdA : Comment se porte Gérard Bouchard ? Il y a quelques années, il avait un peu de mal à trouver son bonheur avec le téléphone rose. Ça va mieux avec internet ?

 

J.-F.D. : De pire en pire ! On dirait que toutes les nouvelles technologies se sont liguées contre lui pour lui pourrir la vie !

 

PdA : On ne vous voit plus beaucoup à la télé depuis l'arrêt de l'émission de Laurent Ruquier, On a tout essayé. Perso, ça me manque. Le petit écran vous attire moins qu'avant ?

 

J.-F.D. : Venez donc me voir sur scène ! Je suis un acteur et un auteur. J’ai fait de la télé par effraction, ce n’est pas ma vie.

 

PdA : Pendant qu'on y est... qu'est-ce que vous aimez à la télé ? Quels sont vos programmes favoris ?

 

J.-F.D. : Les trucs les plus cons : Confessions intimes, Enquêtes exclusives, une mine pour les comiques ! La culture à la télé, c’est un oxymore !

 

PdA : Vous avez joué dans pas mal de films et de téléfilms, dont La Septième compagnie au clair de lune du regretté Robert Lamoureux, avec les non moins regrettés Jean Lefebvre, Pierre Mondy et André Pousse, chef de la milice locale (dans le film !), dont vous interprétez l'un des adjoints. C'est un film que j'ai beaucoup aimé et que je regarde toujours avec plaisir, comme toute la série d'ailleurs. Vous voulez nous parler un peu de ce tournage ?

 

J.-F.D. : En effet je me souviens d'un gifle magistrale qu'André Pousse devait me donner. J'étais très impressionné, j'arrivais de Grenoble et André Pousse me donne une gifle. On a dû faire 10 prises. Je vous dis pas l'état de ma machoire…

 

PdA : Quels sont les films et les téléfilms qui vous laissent les meilleurs souvenirs ? Ceux dont vous êtes le plus fier (et que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir !) ?

 

J.-F.D. : J’ai aimé Marche à l’ombre et, à la télé, Clochemerle et un autre téléfilm dont j’ai oublié le nom mais où je jouais Voltaire. (Jeanne Poisson, marquise de Pompadour, ndlr)

 

PdA : Vous avez aussi beaucoup joué au théâtre. Quels sont les rôles que l'on vous propose, en général ?

 

J.-F.D. : Des rôles d’abrutis, normal pour les comiques. On nous propose souvent des photocopies de ce qu’on fait dans nos sketchs.

 

PdA : Quel genre de rôles aimeriez-vous jouer ?

 

J.-F.D. : J’aime bien jouer les abrutis.

 

PdA : Allons plus loin dans l'idée... Imaginons un instant que la DeLorean du Doc de Retour vers le futur existe réellement. Et que vous ayez la possibilité d'aller où vous voulez, à l'époque de votre choix. Une destination unique, un aller-retour, ou bien simplement un aller, à vous de voir... Que choisissez-vous, et pourquoi ?

 

J.-F.D. : Début du XXème à Hollywood, les débuts du cinéma burlesque ! Laurel et Hardy, Keaton, Chaplin ! Je suis malheureusement né cent ans trop tard !

 

PdA : Retour vers le futur... Transition toute trouvée pour parler ciné. Quels sont vos films préférés ?

 

J.-F.D. : Le mécano de la General, Les lumières de la ville, Le pigeon, Le cave se rebiffe. Le Parrain, comme tout le monde. Les westerns de Sergio Leone, bien meilleurs que tous les westerns américains.

 

PdA : Votre art, vous aimez aussi le coucher sur papier. En début d'année, vous sortiez La vie de famille - Chronique (presque) vraie d'une famille (presque) normale, regard amusé et amusant sur la famille présidentielle de l'époque, les Sarkozy. Depuis, on a retrouvé un "président normal". Il vous inspire quoi ?

 

J.-F.D. : À la base, il était moins inspirant pour les humoristes politiques (dont je ne suis pas), mais au final, mine de rien, il est assez comique avec ses deux femmes ! Moins avec sa politique. Mais la politique du dernier ne m’emballait pas non plus...

 

PdA : Il y a quelques années, vous écriviez votre guide, un essentiel, De la survie en milieu hostile. Internet en est un, peut-être faudra-t-il le dire à Gérard Bouchard avant qu'il n'essaie d'y trouver l'amour. Quels conseils pourriez-vous lui donner pour que ça se passe au mieux ?

 

J.-F.D. : Qu’il arrête de chercher l’amour sur internet et qu’il aille plus dans les bistrots ! L’imprévu, y'a que ça ! Sur internet, trop de choix tue le choix !

 

PdA : Bon... on va peut-être arrêter de parler de lui, vous n'en avez pas marre de lui ? Il vous suit partout. Il est pas un peu collant, ce type ?

 

J.-F.D. : Pas du tout ! C’est grâce à lui que j’ai payé tous mes crédits !

 

PdA : Dans Mes pensées à moi, vous partagez avec le lecteur... bah... quelques unes de vos pensées. Parmi elles : « Le prince Charles, c'est pas un bon exemple pour les jeunes. A 58 ans, il vit encore chez sa mère et il n'a toujours pas de boulot. Ce gars-là, il sera à la retraite avant d'avoir commencé à bosser. » À bientôt 64 ans, toujours rien... Quelques missions temporaires par-ci, par-là, la présentation de la météo, par exemple... Enfin, pas de vrai boulot... La crise, elle vous inquiète, ou bien elle vous passe au dessus du bonnet ?

 

J.-F.D. : Même si je dois avouer qu’elle ne me touche pas trop personnellement, je ne vis pas dans une tour d’ivoire. Un artiste a justement la capacité de s’identifier à d’autres. Et je m’identifie totalement à ceux qui souffrent, des licenciements boursiers notamment.

 

PdA : Votre bonnet rouge d'ailleurs, comment va-t-il ? Une vraie star lui aussi, il n'a pas trop pris la grosse tête ?

 

J.-F.D. : Lui un peu, il se la pète, mais moi, ça va.

 

PdA : Dans Le jour où j'ai appris que j'étais juif, vous revenez sur vos origines juives, que vos parents vous avaient cachées et vous ont révélées sur le tard. Quant à Derec, ça n'est pas un nom breton, comme on pourrait le croire, mais bien polonais. Que signifient ces origines pour vous, aujourd'hui ?

 

J.-F.D. : Ouh là ! J’ai écrit tout un livre là-dessus ! Ces origines font que je suis toujours le cul entre deux chaises. Et je comprends parfaitement ceux qui ont du mal à s’intégrer totalement. On peut avoir des papiers français, mais se sentir totalement français... c’est une autre paire de manche. 

 

PdA : Voilà pour le récapitulatif. Votre actualité, c'est votre nouveau spectacle, Sketch(s) (Gérard Bouchard, le retour !), que vous jouez au théâtre du boulevard Saint-Martin, depuis le 14 septembre et jusqu'à la fin de l'année... Voulez-vous nous en parler ?

 

J.-F.D. : Vous savez, le comique, plus on en parle, plus c’est chiant ! Je préfère que les spectateurs en parlent ! (Ils le font ici, et plutôt en bien... ;), ndlr)

 

PdA : Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour les convaincre que vraiment, c'est un bon spectacle, et qu'il faut y aller ?

 

J.-F.D. : Rien, je ne suis pas un vendeur de cuisines équipées ! Cela dit, ils peuvent aller voir 2 sketches sur Youtube :

http://www.youtube.com/watch?v=CmQ5DXXGFEE&feature=youtu.be

et

http://www.youtube.com/watch?v=YQ9io8AzMlw&feature=youtu.be

 

PdA : Je suis de Lyon moi, il y aura une tournée ? 

 

J.-F.D. : J’adore Lyon, j’y ai habité quand j’étais petit, (Boulevard des Brotteaux) et je passerai bien sûr à Lyon pour ma tournée !

 

PdA : Qu'est-ce qui vous inspire, pour vos spectacles, et dans la vie ?

 

J.-F.D. : Tout et rien. Parfois, un petit détail qui passe inaperçu suffit pour faire un sketch. Il faut observer donc toujours se sentir un peu en dehors.

 

PdA : Quels sont, parmi vos collègues, ceux qui vous font franchement rire ?

 

J.-F.D. : Tous ! Je vais quand même par dire du mal de mes collègues de bureau que je peux croiser n’importe quand !

 

PdA : J'imagine que vous aimez rire... mais à part ça, quelles sont vos passions ?

 

J.-F.D. : La drogue, le sexe, et la poterie le dimanche. 

 

PdA : Quels sont vos projets pour la suite ?

 

J.-F.D. : Un film comique un peu special... mais je ne peux pas en dire plus !

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-François Derec ?

 

J.-F.D. : D’avoir encore de l’inspiration !

 

PdA : Voudriez-vous adresser un message à nos lecteurs ? À quelqu'un en particulier ?

 

J.-F.D. : À tous, sans les flatter, je crois que c’est les meilleurs lecteurs que j’ai eus depuis longtemps !

 

PdA : Un petit scoop peut-être, en exclu pour mon p'tit blog Paroles d'Actu ? ^^

 

J.-F.D. : Un scoop : dans un minute, je vais boire le meilleur chocolat du monde... celui de ma femme !

 

PdA : Un dernier mot ? Enfin, un ou plusieurs hein, vous avez compris l'idée... c'est pour conclure comme vous le souhaiterez cette belle interview. Merci de tout coeur !!!

 

J.-F.D. : Ouf ! Dis donc, avec toi, on en a pour son argent dans les interviews !

 

 

Jean-François Derec

 

  

Merci encore pour votre générosité, cher Jean-François Derec ! Tous mes voeux de succès... Phil Defer. Un commentaire ?

 

 

Pour retrouver Jean-François Derec...

 

 

Présentation remaniée : 11/11/13.

24 octobre 2012

Marie-Brigitte Andrei : "Un peu d'ambition et d'imagination..." pour le Grand Écran

David contre Goliath. Un homme seul face à un géant. L'éternel combat du faible contre le puissant. La légende biblique, maintes fois reprise par la culture populaire, voit au final David - l'outsider ultime, celui qui, au départ, n'avait aucune chance - l'emporter. Trois films au moins sont dédiés à ce mythe, dont un en préparation. Mais l'histoire qui suit, ça n'est pas du cinéma... Ou plutôt si, d'une certaine façon... Dans cet avatar moderne du conte, c'est la culture qui affronte l'intransigeance d'une certaine logique financière. Nous sommes à Paris, dans le 13è arrondissement. C'est l'histoire du Grand Écran Italie, complexe abritant, comme son nom l'indique, un immense écran panoramique. Un projet d'urbanisme culturel datant de la fin des années 80. Les ambitions sont grandes, à l'époque, pour cette salle de projection, prévue pour devenir en parallèle une grande salle de spectacles en tous genres. La conception du bâtiment est confiée au Japonais Kenzō Tange, auteur notamment du fameux mémorial pour la Paix d'Hiroshima. Sa gestion sera assurée par Gaumont et soumise à un cahier des charges très élaboré. L'avenir semble radieux pour le Grand Écran...

 

 

Photo Grand Ecran Italie

 

 

Aujourd'hui, la salle est fermée. Si le bâtiment est toujours debout, il ne le doit qu'à l'engagement déterminé d'une poignée (grandissante !) d'amoureux du lieu. Ils reprochent à l’exploitant (EuroPalaces, qui a pris la suite de Gaumont) de n'avoir pas respecté le cahier des charges. Et le tiennent pour responsable, du fait d'une programmation jugée paresseuse, des résultats financiers décevants du complexe. Sans l'obstination de l'association "Sauvons le Grand Écran", l'endroit serait aujourd'hui occupé par des magasins. Ou par un multiplexe. Une oeuvre architecturale, un haut lieu de culture parisien auraient été rayés de la carte. Rencontre avec Madame Marie-Brigitte Andrei, la présidente de l'Association. Elle a eu la gentillesse d'accepter d'évoquer pour Paroles d'Actu son combat, toujours en cours. Et ce Grand Écran, si cher à son coeur... Merci Madame, bon courage, et tous mes voeux... David triomphera-t-il une nouvelle fois de Goliath ? ... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MARIE-BRIGITTE 

ANDREI

Présidente de l'Association "Sauvons le Grand Écran"

 

"Un peu d'ambition et d'imagination..."

 

pour le Grand Écran

 

Marie-Brigitte Andrei

(Photos fournies et commentées à ma demande par Madame Marie-Brigitte Andrei)

 

 

Q : 25/07/12

R : 23/10/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous, Madame Andrei, vous présenter en quelques phrases ?

 

Marie-Brigitte Andrei : Bonjour, je m’appelle Marie-Brigitte Andrei. Je suis comédienne de profession et présidente de l’association "Sauvons le Grand Ecran" que j’ai créée en 2005. Cette association, relayant "le cri de tous les spectateurs indignés par la fermeture" *, rassemble les opposants au projet de destruction du complexe audiovisuel GRAND ÉCRAN (Paris 13ème), et a engagé des recours contentieux contre les décisions autorisant la transformation de cette superbe salle en magasins !

 

* RÉACTIONS à la fermeture et SOUTIENS à la pétition pour la sauvegarde du Grand Écran

 

 

PdA : Parlez-nous de ce cinéma. Que pouvait-on y voir, et pourquoi est-il si spécial à vos yeux ?

 

M.-B.A. : Comme son nom l’indique, le GRAND ÉCRAN, c’est d’abord un immense écran panoramique de 243 m2, aussi grand qu’un terrain de tennis ! A l’origine le plus grand écran d’Europe (et toujours le plus grand de Paris), il est symbolisé par l’immense rectangle incurvé de verre et de métal sur la façade de l’immeuble "Grand Ecran" dominant la place d’Italie.

 

C’est aussi l'aboutissement d'un projet d'urbanisme à vocation culturelle conçu à la fin des années 80 par le Maire de Paris de l’époque, Jacques CHIRAC, avec l’ambition de doter le sud-est francilien d’un complexe audiovisuel polyvalent de tout premier ordre « unique dans Paris » *. Conçu par l’un des plus grands architectes du XXème siècle, le japonais Kenzo TANGE, il abrite en effet une grande salle de 650 places comportant une scène de 300 m2, plus vaste que celle de la Comédie-Française, des loges équipées, un monte-charge prévu pour l’acheminement de décors, un emplacement réservé pour l’aménagement d’une fosse d’orchestre...

 

Sa gestion ayant été confiée à GAUMONT, on peut toutefois regretter que cette salle « à vocation locale, régionale et nationale » * ait été exploitée presqu’exclusivement comme un cinéma (de 1992 à 2005). Malgré une programmation de plus en plus médiocre dans les dernières années, le Gaumont Grand Écran Italie a néanmoins vu passer nombre de films originaux ou à grand spectacle de qualité.

 

* Conférence de presse de Jacques Chirac du 6/10/86

 

 

façade

L’entrée du Grand Écran se situe au bas de l’immeuble "Grand Ecran" réalisé par le grand architecte japonais Kenzō Tange (place d’Italie, Paris 13°).

 

 

PdA : En quoi diriez-vous qu'un cinéma comme le Grand Ecran Italie possède un "supplément d'âme" par rapport à un multiplexe ?

 

M.-B.A. : Sa disposition en gradins conçue pour assurer le meilleur confort visuel possible, son acoustique spécialement étudiée, son écran géant donnant au public l’impression d’être immergé dans l’action, sa scène en avancée offrant une vraie proximité avec les artistes ou les équipes venues présenter leurs films (sans compter son accessibilité idéale pour les handicapés) en faisaient un espace unique, à mille lieues des usines à pop-corn !

 

Célèbre pour ses longues files d’attente, cette salle "mythique", "en avance sur son époque" * a laissé des souvenirs inoubliables aux spectateurs, qui la décrivent également comme "un endroit magique, somptueux, gratifiant", "un magnifique outil cinématographique et culturel", un "temple de l’image et du son" … ou encore "un espace de culture, de rencontre et de vie", "un élément très important de la vie du 13ème"… *

 

Le rayonnement du Grand Écran s’étendait d’ailleurs bien au-delà du 13èmearrondissement : de nombreux témoignages attestent qu’on s’y pressait depuis des kilomètres à la ronde.

 

 

PdA : Une question un peu personnelle, alors que nous abordons la question de l'éventuelle démolition du Grand Écran. Voudriez-vous nous conter quelques moments "magiques" que vous avez pu vivre, ou que d'autres ont vécus, dans cette salle ?

 

M.-B.A. : Avec le spectacle laser à chaque début de séance, les sorties au GRAND ÉCRAN en famille ou entre amis étaient pour moi - comme pour beaucoup de spectateurs - une véritable fête. Ceux-ci témoignent de l’expérience "unique", "émouvante", "magique" vécue dans cette salle, évoquant notamment "des sensations exceptionnelles jamais retrouvées ailleurs" *.

 

Je me souviens de l’émotion tangible lors de la projection du film "Titanic", ou de la sensation d’être au cœur du cosmos pour "La Guerre des Etoiles". Je garde également un excellent souvenir des avant-premières organisées par l’Association CINE13 - dédiée à la promotion du cinéma français et européen - et tout spécialement du film danois "Festen(sans oublier "Les Apprentis" de Pierre Salvadori, "Conte d'été" d'Eric Rohmer, "Beaumarchais l'insolent" d'Edouard Molinaro … et bien d’autres). Ces séances, précédées de court-métrages, étaient toujours suivies de débats avec les équipes du film.

 

* RÉACTIONS à la fermeture et SOUTIENS à la pétition pour la sauvegarde du Grand Écran

 

 

GE1

 

 

PdA : Quel regard portez-vous, plus généralement, sur l'industrie du cinéma, de l'"entertainment" aujourd'hui ?

 

M.-B.A. : Il est regrettable que l’exploitation cinématographique - comme bien d’autres domaines - semble désormais dominée par la seule loi du marché, condamnant la plupart des films au succès immédiat sans leur laisser toujours le temps de trouver leur public.

 

De fait, après avoir délaissé la plupart des activités prévues par la VILLE DE PARIS pour rentabiliser le GRAND ÉCRAN, ses propriétaires (la société EUROPALACES, qui regroupe les salles PATHÉ et GAUMONT depuis 2001) prétendent que la salle n’est plus adaptée à la rapidité du "turnover" imposé par l’industrie du cinéma. Comme si cet équipement exceptionnel devait être géré comme n’importe quel cinéma de quartier (ce qu’ils ont fait) ou multiplexe (ce qu’ils ont prévu de faire), ce qui est le meilleur moyen de le couler !

 

Et en effet, selon les spectateurs : "EuroPalaces a laissé mourir cette salle", pourtant plébiscitée par le public et par les professionnels*, et dont ils attribuent "la baisse de fréquentation (...) à une programmation paresseuse et inadaptée". Sa fermeture est vécue comme un "sabotage", un "sabordage", un "gaspillage terrible", une "pure hérésie", une "atteinte au patrimoine culturel parisien". **

 

Il suffirait pourtant d’un peu d’ambition et d’imagination pour renouer avec le succès : la grande salle avec son écran géant convient tout spécialement aux films spectaculaires ou aux grands documentaires comme "Océan", "Home" ou "La Terre vue du Ciel". Les deux autres petites salles (« aux qualités de projection exceptionnelles » dixit GAUMONT) sont plutôt adaptées aux films intimistes ou d’art & essai. Sans compter les multiples possibilités de diversification que permet la polyvalence du complexe, dont la disparition programmée est d’autant plus absurde que « l’arrivée de nouveaux étudiants sur la rive gauche justifierait à elle seule un équipement de grande qualité. » (La Gazette du 13ème)

 

* Des avant-premières et projections techniques s'y déroulaient régulièrement, Luc BESSON la privilégiait pour visionner les rushes de ses films, de même DISNEY pour ses sorties…

** RÉACTIONS à la fermeture et SOUTIENS à la pétition pour la sauvegarde du Grand Écran

 

 

GE2

 

 

PdA : Êtes-vous confiante quant à l'issue de cette bataille ? Quels sont les derniers éléments du dossier ?

 

M.-B.A. : Lorsqu’en février 2005, le Maire du 13ème arrondissement déclarait publiquement sur France 3 Île-de-France qu’il s’opposerait« par tous les moyens juridiques et politiques à la transformation en magasins de ces salles », nous étions loin de nous douter que nous allions nous retrouver seuls dans cette bataille qui dure maintenant depuis plus de 7 ans !

 

En effet, en dépit de ses engagements solennels, Serge BLISKO se prononçait peu après en faveur des commerces et donnait un avis favorable aux permis de démolir et de construire ! À ce jour la salle ne doit donc sa survie qu’aux recours juridictionnels et à l’action militante de notre (petite) association, qui a contrecarré le projet d’EUROPALACES de vendre le complexe audiovisuel au centre commercial Italie2 !

 

En septembre 2011, l’actuel Maire du 13ème a annoncé le nouveau projet de PATHÉ de faire du GRAND ÉCRAN un multiplexe de 10 petites salles *Nous n’avons rien à priori contre l’installation d’un multiplexe, à la seule condition qu’il ne se fasse à la place du GRAND ÉCRAN, mais plutôt sur le vaste terrain disponible à proximité immédiate avenue d’Italie, appartenant à la VILLE DE PARIS et qui fait déjà l'objet d'un projet d'extension du centre commercial - solution que nous avons suggérée au maire, ainsi qu’au gestionnaire du centre (HAMMERSON) et à EUROPALACES :

 

Hammerson

Croquis du futur projet d’extension du centre Italie2 sur l’actuelle esplanade avenue d’Italie.

 

À ce jour, même si le complexe a été vidé de ses fauteuils et de son matériel de projection (devenu de toutes façons obsolète avec le passage au numérique), on peut déjà considérer comme une première et formidable victoire d’avoir réussi jusqu’ici à éviter sa démolition. Et un second succès l'abandon du projet de magasins et la reconnaissance implicite de la vocation culturelle de l'édifice. Mais en aucun cas nous ne pouvons accepter ce projet de multiplexe qui implique également la destruction de la grande salle ! On voit mal en effet ce que les Parisiens gagneraient au remplacement d'une salle prestigieuse qui attirait des spectateurs de toute l'Île-de-France et au-delà, par une banale "usine à films" destinée avant tout à un public de proximité. 

 

Rappelons que dans le combat de David contre Goliath - auquel on nous compare parfois - c’est finalement David qui gagne ! Et notre association continuera à se battre pour obtenir la protection du Grand Écran auprès des services chargés de la culture et du patrimoine.

 

* de 90 à 160 fauteuils chacune, pour un investissement de 10 à 12 millions d’euros

 

 

GE3

J’aime bien cette photo de la salle qui découvre sa disposition en gradins, son immense scène et son écran panoramique géant.

 

 

PdA : À quoi ressemblerait, notamment en termes de programmation, d'événements, le Grand Ecran Italie ré-ouvert, dans votre idéal ?

 

M.-B.A. : Tout était déjà prévu dans le cahier des charges établi par la VILLE DE PARIS en 1988 - remanié en 1991 - qui incluait le cinéma, le spectacle vivant, les concerts, ou encore la diffusion de grands évènements culturels ou sportifs. Le développement des nouvelles technologies accrédite aujourd’hui cette vision, avec notamment les retransmissions en direct d’opéras désormais programmées dans les salles GAUMONT ou UGC.

 

Outre les films d’exclusivité, le cahier des charges voté par le CONSEIL DE PARIS imposait des obligations de programmation telles que des « festivals à thème, nuits du cinéma » appréciées du public, ou encore des « congrès, conventions, manifestations, assemblées générales de sociétés... ». Toutes choses abandonnées par EUROPALACES et qui auraient pourtant accru la rentabilité de la salle ! Le directeur du nouveau complexe qui vient d’ouvrir à Paris Porte des Lilas, considère d’ailleurs ce type de diversification indispensable à la survie de ses salles (voir On reparle du Grand Écran).

 

Aujourd’hui où tout un chacun a accès à une multitude d’images sur des écrans de plus en plus petits, qu’est-ce qui peut mieux rétablir la magie du cinéma qu’une projection sur très grand écran ? Utilisée à sa juste valeur, la salle pourrait notamment "s'imposer comme un cinéma d'art et de modernité" *, et, à l’image du GRAND REX, retrouver un second souffle avec une programmation riche et diversifiée. C’est d’ailleurs la tendance en Asie où des grandes salles sont remises en valeur avec succès.

 

RÉACTIONS à la fermeture et SOUTIENS à la pétition pour la sauvegarde du Grand Écran

 

 

GE4

 

 

PdA : Si vous souhaitez adresser un message à quelqu'un, c'est ici, c'est maintenant...

 

M.-B.A. : Depuis des années nous demandons aux pouvoirs publics (VILLE DE PARIS, RÉGION ILE-DE-FRANCE, MINISTÈRE DE LA CULTURE) :

 

- De PROTÉGER le GRAND ÉCRAN à titre d’équipement culturel. Mais il doit être également classé au titre du patrimoine : en effet l’immeuble « Grand Écran » est le seul édifice construit à Paris par Kenzo TANGE (lauréat en 1987 du prix Pritzker, équivalent du Nobel en architecture) et l’unique témoin dans la capitale de l’architecture monumentale japonaise de la seconde moitié du XXème siècle. Il contribue donc à la richesse et à la diversité architecturale de Paris et ne doit en aucun cas être détruit ni mutilé.

 

- D’organiser la plus large concertation possible entre les pouvoirs publics, les candidats-repreneurs (il y en a), les associations, les experts, les élus... en vue de la réouverture.

 

Enfin, si un multiplexe doit absolument voir le jour place d’Italie, nous demandons qu’il soit réalisé à proximité du GRAND ÉCRAN, et non pas à sa place.

 

De  plus, aujourd’hui où il est admis que la culture favorise le développement économique *,  se priver d’un équipement au si fort pouvoir d’attraction est une pure aberration économique dans la perspective du Grand Paris. Il est donc plus que jamais urgent que les décideurs s’impliquent pour la préservation de cette salle déclarée « d’intérêt général » par le Conseil de Paris, plutôt que de l’abandonner au bon vouloir des grands groupes privés.

 

« La culture est un formidable levier économique vecteur de croissance et d’attractivité internationale … L’investissement culturel génère des revenus multipliés » (Christophe GIRARD, ex-adjoint au maire de Paris chargé de la culture - Le petit livre rouge de la Culture).

    « Je souhaite faire de la culture la réponse de la France à la crise économique » (Nicolas SARKOZY - février 2009)

 

 

PdA : Quels sont, en résumé, vos meilleurs arguments pour obtenir gain de cause ? Pourquoi ré-ouvrir le Grand Ecran Italie ? Cette question est une tribune, une tribune pour convaincre !

 

M.-B.A. : Les raisons de conserver une telle salle sont multiples. Parmi elles :

 

- La nécessité de ne pas accentuer le déséquilibre existant entre le nord et le sud de Paris en termes d’équipements culturels. La plupart sont situés au nord ou à proximité de la Seine : les trois opéras (Garnier, Bastille, Opéra-Comique), la Comédie-Française, la majorité des théâtres et des musées, la future Philharmonie… En comparaison le sud-est parisien fait figure de quasi désert culturel * avec une seule grande salle : le GRAND ÉCRAN, et c’est justement celle-ci qu’on décide de rayer de la carte !

 

- Alors qu’au nord de la capitale on transforme des espaces industriels et commerciaux en haut-lieux de la culture (les Abattoirs de la Villette devenus les Cités des Sciences et de la Musique, les entrepôts des Pompes Funèbres convertis en "Cent Quatre" rue d’Aubervilliers, les Ateliers Berthier transformés en relais du Théâtre de l’Odéon…), au sud on ambitionne de faire exactement le contraire en détruisant un fleuron du patrimoine pour en faire un espace commercial !

 

- La VILLE DE PARIS avait fait du GRAND ÉCRAN le support d’une mission de service public culturel interrompue illégalement, notamment parce que le Conseil de Paris n’a même pas été consulté sur sa suppression !

 

Pour ces diverses raisons et toutes celles invoquées précédemment cette salle doit être impérativement sauvegardée, et ré-ouverte au public.

 

* Avec une population supérieure à celle de Brest ou Grenoble le 13ème arrondissement équivaut à lui tout seul à la 12ème ville de France (voir Dossier). Pourtant sa plus grande salle en activité (le Théâtre 13) ne fait que 250 places ! 

 

 

GE5

Celle-ci donne une bonne idée de son ampleur, avec un aperçu des cabines de projection au fond.

 

 

PdA : La dernière question. En fait, plutôt une tribune, totalement libre celle-ci. Pour vous permettre de conclure l'interview comme il vous plaira. Vous pouvez approfondir un ou plusieurs points, lancer un appel, ou aborder tout autre sujet. 

 

M.-B.A. : Pour les défenseurs de la salle, le plus choquant, c’est d’avoir à subir les diktats d’une logique purement financière de rentabilité à tout prix, sans que l’avis de la population ne soit jamais pris en compte (voir Référendum Zurban).

 

Mais le comble c’est d’avoir à combattre un acte de pur vandalisme à l’encontre du patrimoine, décidé avec le soutien des autorités chargées de le défendre ! À croire que sauf rares exceptions la classe politique s’est convertie à l’idéologie du profit à tout prix, ou qu’elle a abdiqué son pouvoir entre des mains occultes. Il est en effet frappant de constater que le destin de cet équipement issu d’une volonté politique se joue dans la plus grande opacité et en l’absence de toute concertation.

 

Dans ce climat d’omerta - qui suscitait déjà les questions des journalistes en 2005 - tout est fait pour décourager la mobilisation, y compris nous faire passer pour des opposants politiques à l’actuelle majorité municipale ! Mais le Grand Ecran n’étant ni de droite ni de gauche, notre association - ouverte à tous - est totalement indépendante de tout parti politique.

 

Face à l’obstruction généralisée, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces. Si vous êtes sensible à notre combat, signez et faites circuler la pétition, exprimez-vous en laissant votre commentaire, aidez-nous à diffuser l’information par mail ou par tracts... Et pour quelques euros adhérez à l’association * : nous avons besoin de votre soutien pour faire face à nos importants frais de justice. Sans compter les pénalités que la VILLE DE PARIS nous inflige en remerciement des actions que nous menons pour défendre son propre patrimoine !

 

N’oublions pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières, et que plus nous serons nombreux plus nous surmonterons rapidement ce mur du silence et du mépris !

 

* la cotisation de base est à 10 €

 

 

La question en +... (25/10)

 

PdA : Vous l'avez rappelé, Jacques Chirac, maire de Paris à l'époque, a joué un rôle moteur dans l'édification du Grand Écran. Il a fait part à plusieurs reprises de son enthousiasme pour le projet. À partir de 2004-2005, le complexe est menacé de disparition. Jacques Chirac est alors président de la République... Avez-vous essayé de le contacter pour tenter d'obtenir un soutien de sa part ? Y compris après 2007 ? Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

 

M.-B.A. : (28/10) Dès l’annonce de la fermeture en 2005 nous avons bien sûr contacté en priorité :

 

- La Mairie du 13ème puis la Mairie de Paris,

 

Jacques Chirac, ancien Maire de Paris et initiateur du Grand Écran.

 

Suite à la Lettre Ouverte adressée au Président de la République en juin 2005 (voir la réponse de l’Élysée), j’ai été personnellement reçue en septembre 2005 au MINISTÈRE DE LA CULTURE par Madame Marie-Claude ARBAUDIE, conseillère technique pour le cinéma, en présence de Monsieur HURARD, directeur du CNC * : le compte-rendu de ce rendez-vous, ainsi que les réponses du Ministre de la Culture aux questions écrites de Madame Nicole BORVO, sénatrice du 13ème, vous confirmeront l’absence totale d’intérêt manifesté par le Ministère pour ce dossier !

 

Le plus curieux c’est que les arguments avancés par la VILLE DE PARIS et le MINISTÈRE DE LA CULTURE pour justifier la disparition du GRAND ÉCRAN sont strictement calqués sur ceux d’EUROPALACES : par exemple, dans son communiqué du 27 juin 2005, la Ville affirme que la salle a perdu 50% de sa fréquentation sur la seule année 2004, ce qui est complètement faux ! (voir : La vérité sur les arguments invoqués pour justifier la destruction du GEI). Il est pour le moins étonnant qu'une donnée de cette importance n'ait fait l'objet d'aucune vérification sérieuse, et qu'aucune étude n'ait été effectuée sur la faisabilité du premier pôle d'attraction du 13ème arrondissement ! (Et que dire de l'ignorance dans laquelle le Comité d'Entreprise a été tenu de la Convention passée avec la Ville de Paris, toujours en vigueur à l'époque, avant d'autoriser la fermeture !)

 

(voir aussi :

- "Courriers & Communiqués 2005-2006 des riverains, élus et associations"

- "Des élus de tous bords soutiennent le Grand Écran")

 

Depuis cette époque, nous n’avons cessé d’interpeller à ce sujet le Maire de Paris, ainsi que tous les ministres de la Culture successifs !

 

Précisons que le projet de destruction de la salle a été maintenu malgré les milliers de SIGNATAIRES à la pétition pour la sauvegarde du GRAND ÉCRAN, incluant deux anciens Ministres de la Culture (Jack LANG et Jacques TOUBON) ainsi que des artistes et personnalités de tous bords. Mais étrangement depuis, toutes nos demandes de protection, ainsi que les propositions des candidats-repreneurs, sont restées lettre morte !

 

* Centre National de la Cinématographie

 

 

banderole GE

Cette banderole symbolise notre combat pour la sauvegarde de cette magnifique salle qui fait partie du patrimoine des Parisiens.

 

 

 

Voir aussi sur le site : GALERIE-PHOTOS

 

 

 

Merci encore, chère Marie-Brigitte Andrei. Bravo pour votre combat, bon courage ! Puisse cet échange vous aider à recueillir de nouveaux soutiens...

 

 

 

Un commentaire, qu'il soit positif ou négatif, est toujours

 

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Modifications mineures (introduction, photo, liens...) : 25/10/12

 

"La question en +", modifications mineures : 30/10/12

 

Modifications mineures : 02/11, 05/11, 06/11, 11/11, 16/11 (dont intro. mess. com.), 22/11, 10/01, 12/01, 05/04 (liens)

1 août 2012

Christophe Bourdon : "La réalité est souvent plus belle que toutes les fictions"

Qu'on se le dise : on ne parle pas (plus ?) uniquement de politique sur Paroles d'Actu. Maintenant, la minute "my life". Au rayon télé, j'apprécie certains jeux, et notamment "Tout le monde veut prendre sa place", que présente Nagui sur France 2 depuis 2006. Le principe : six candidats cherchent chaque jour à "prendre la place" du champion en titre. Ils s'affrontent sur des questions de culture générale. Celui des six qui l'emporte défie alors le champion. Ce dernier, maître du jeu du fond du fauteuil rouge qui lui sert de trône, attribue les questionnaires. Il choisit le sien, et celui auquel son challenger devra répondre. S'il marque plus de points que son rival, il engrange de l'argent (100 x le nombre de points du challenger battu) et reste champion. Si l'autre l'emporte, il devient potentiellement champion, sauf s'il accepte de partir avec la somme d'argent que lui offre le potentiel futur ex-champion... ou pas... Bref, compliqué à expliquer, et surtout beaucoup moins fun à lire qu'à voir. Je vous invite donc à regarder au moins une fois cette émission fort sympathique et dont le concept a été exporté par la suite dans de nombreux pays !

 

L'article qui suit, pour en revenir au fait, est une interview qu'a accepté de m'accorder, avec beaucoup d'humour et de gentillesse, l'un des grands champions du jeu, j'ai nommé Christophe Bourdon ! Si j'en crois l'article que lui consacre Wikipedia, il a même battu en son temps le record mondial "de parties gagnées dans un jeu quotidien de questions". 130 victoires, excusez du peu ! Mais si ses initiales font "C.B.", ça n'est qu'une coïncidence... Rires ? Non ? ... Bon, j'en ai fait des meilleures... Passons. Ce Namurois a marqué les esprits par sa culture cinématographique, par son humour (meilleur que le mien !), par sa complicité avec Nagui. Je tiens à le remercier de nouveau pour les réponses très sympas qu'il a apportées à mon questionnaire. La phrase que j'ai choisi de mettre en avant dans cet article semble annoncer un entretien aux accents un peu mélo, nostalgie soudaine d'un épisode de "La petite maison dans la prairie", peut-être ? Rassurez-vous, il n'en est rien. Je l'ai choisie parce que je l'ai trouvée jolie, tout comme l'anecdote qui lui est attachée... Bon, cette fois, j'arrête de parler pour ne rien dire... Place à la partie intéressante de ce document. Et comme dirait Nagui... "Et voiciii le champiooon !!!" Bonne lecture ! :-)  Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

CHRISTOPHE BOURDON

Grand champion du jeu "Tout le monde veut prendre sa place" (France 2)
Scénariste, pour la télévision notamment (RTBF...)

 

"La réalité est souvent plus belle

 

que toutes les fictions"

 

Christophe

(Photo choisie et fournie par Christophe Bourdon)

 

 

Q : 26/07/12

R : 01/08/12

  

 

 

Paroles d'Actu : Qu'aimerais-tu dire à nos lecteurs qui ne te connaissent pas pour te présenter ? 

 

Christophe Bourdon : Que je ne les connais pas non plus. Donc c'est très bien, on va apprendre à se connaître. Surtout que je sens que ta prochaine question va me présenter en quelques mots...

 

 

PdA : En 2010, tu as été un grand champion du jeu de France 2, "Tout le monde veut prendre sa place", présenté par Nagui. 130 victoires sur 133 participations (merci Wikipedia pour le chiffre !), 157 700€, une voiture, des voyages. Les gens t'en parlent toujours, ils te reconnaissent dans la rue ?

 

C.B. : Oui, toujours. Je n'en reviens d'ailleurs toujours pas. Hier encore, j'étais à un passage pour piétons. Une camionnette de police s'arrête à ma hauteur. Et le policier me demande si je suis bien Monsieur Bourdon. C'était marrant. Bon, j'ai moins ri quand il m'a fait une fouille corporelle complète car il préfère le jeu de Jean-Luc Reichmann sur TF1... (mais non, je rigole ! Il m'a juste fait une fouille complète parce que j'aime ça...)

 

 

PdA : Quels souvenirs forts gardes-tu de ta participation au jeu ?

 

C.B. : Alors là, il y a en tellement. Chaque journée de tournage était exceptionnelle. Je ne garde que des bons souvenirs. Vraiment. Si je devais évoquer un seul souvenir, ce serait la partie contre Erwann, un jeune qui voulait devenir pilote de ligne. Il m'a battu et j'ai racheté ma défaite. Puis il a fondu en larmes car l'argent allait lui offrir un an d'études. Son père nous a rejoint sur le plateau, et il pleurait aussi. Je peux vous dire qu'en coulisses, après l'enregistrement, nous étions tous en larmes ! Un très, très beau souvenir. La réalité est souvent plus belle que toutes les fictions.

  

  

PdA : Il est comment, Nagui, hors caméra ? Restes-tu, même hors émissions spéciales, en contact régulier avec lui ?

 

C.B. : Je ne le voyais pas en dehors du plateau car on enregistre 5 émissions par jour, cela prend toute la journée. Il n'arrête pas de travailler, et c'est très fatigant (même si on s'amuse comme des fous). Sinon, depuis, il m'appelle tous les jours, mais je ne réponds plus. Nagui, tu dois m'oublier, il faut tourner la page ! Bon, ok, j'avoue : c'est moi qui l'appelle tous les jours, mais ce n'est pas du harcèlement Monsieur le Juge, non, non !

  

  

PdA : Qu'as-tu appris de cette expérience sur le monde des médias, de la télé et notamment des jeux ? 

 

C.B. : Comme j'ai la chance depuis l'émission de travailler sur la RTBF, ce jeu a été comme une sorte de stage, même si je n'avais jamais rêvé de faire de la télé avant. J'ai vu comment fonctionnait une grosse machine, avec des dizaines de personnes autour, et j'ai beaucoup appris en contact de Nagui. C'est comme apprendre à jouer au tennis avec Nadal. Du coup, je suis à l'aise face à une caméra. Ca, c'est venu avec le jeu.

 

 

PdA : Tu regardes toujours l'émission ? Es-tu "client" de ce genre de jeux ? Il y en a de bons en Belgique ?

 

C.B. : Je la regarde moins qu'avant car j'ai moins de temps, mais quand je tombe dessus, je la regarde, et j'y prends toujours autant de plaisir. C'est vraiment une excellente émission, dont je ne me lasse pas. Malheureusement, on a très peu de jeux en Belgique. Il y a le 71 sur RTL-TVi, qui est un bon jeu, et l'animateur, Jean-Michel Zecca, est excellent.

 

 

PdA : Rassure-toi, dernière question sur TLMVPSP, et c'est pour la transition. Tu as impressionné pas mal de monde par ta culture cinématographique. Comment l'as-tu acquise, et à quoi ressemble ton "régime" ciné ? Pour faire simple, comment s'y prendre pour avoir ta culture ciné ? 

 

C.B. : Très tôt, j'ai voulu être scénariste et réalisateur, et je me suis mis à bouffer plein de films, de revues et de bouquins de cinéma pendant mon adolescence. C'était une passion, et ça l'est toujours. Je vais assez souvent au cinéma, et je regarde beaucoup de films et de séries à la télé.

 

 

PdA : Quel est ton top 10 des films pas connus à découvrir sans faute ? (Et je ne manquerai pas de suivre tes conseils !)

 

C.B. : Ben s'ils sont pas connus je les connais pas non plus ! Non, allez, quelques films que j'aime beaucoup et qui sont un peu oubliés ou qui n'ont pas eu le succès qu'ils méritaient :

 

« Poupoupidou », un épatant film français avec Jean-Paul Rouve. Digne d'un film des frères Coen.

 

« Seconds », un thriller réalisé dans les années 60 par John Frankenheimer, et qui est sorti en France sous le titre de « L'opération diabolique ». Un film vraiment original, que je vais d'ailleurs revoir bientôt pour voir s'il me marque toujours autant.

 

« L'étrangleur de Boston », un polar avec Tony Curtis. Il a un peu vieilli, mais la mise en scène est complètement dingue.

 

« Le gouffre aux chimères » de Billy Wilder avec Kirk Douglas. C'est l'histoire d'un gosse coincé dans un trou, et Kirk Douglas joue un journaliste qui va mettre en scène ce drame pour faire vendre du papier. Un film très cynique et très en avance sur son temps.

 

« Les proies » de Don Siegel, avec Clint Eastwood. Il faut s'habituer au rythme lent du film, mais il vaut le détour. Un film très malsain, qui met mal à l'aise, et qui est très surprenant. Clint Eastwood y jour une ordure, ce qui est assez rare.

 

« Ron Burgundy, présentateur vedette ». Une comédie américaine complètement disjonctée avec un acteur pas assez connu en Europe, Will Ferrel. C'est le De Funès américain. Il me fait pleurer de rire. Un film à voir en VO (comme tous les films) pour apprécier les dialogues. Il n'y a pas une seule réplique sérieuse dans ce film. Comme dans « Le père Noël est une ordure » d'ailleurs.

 

 

PdA : Ton top 10 des films à voir absolument ? (ce classement peut comporter des titres cités dans la réponse précédente)

 

C.B. : Je ne dirais pas « à voir absolument », parce qu'aucun film n'est à voir absolument. Mais dans la liste des films que je peux revoir sans me lasser, je dirais Groundhog Day (Un jour sans fin), The Big Lebowski, Fargo, Le Sacré Graal des Monty Python, Ghostbusters, Retour vers le futur, La folle journée de Ferris Bueller, Certains l'aiment chaud, The Blues Brothers, La party (le film le plus drôle du monde), Le dictateur de Charlie Chaplin, Harold et Maude... Oui, je sais, il y en a douze, et je sais aussi que douze autres titres me viendront en tête demain et que je me dirai « ah mince ! J'ai oublié de citer celui-là ! » Ce ne sont pas forcément des grands films ou des chefs d'oeuvres du cinéma, mais ce sont des films qui m'ont marqué à des moments de ma vie. Sinon, le dernier film que j'ai vu en salles et qui m'a épaté : « Headhunters ». Un polar norvégien bourré de trouvailles, de rebondissements, de suspense et d'humour.

 

 

PdA : Tu as toi-même pas mal écrit pour différents programmes de la RTBF et co-écrit le film "Le négociant". Quels sont tes rêves en lien avec le cinéma ou la télévision ?

 

C.B. : Je rêve toujours de réaliser un premier court métrage. Puis un autre. Et un autre. Puis un premier long. Puis un autre. Et un autre...

 

 

PdA : Tu t'es aussi essayé à la chanson, à la presse écrite et à la radio. Qu'est-ce qui guide tes choix, tes collaborations ?

 

C.B. : Le hasard, souvent. Et les rencontres. Ce sont souvent des choses qu'on me propose, et je choisis avec mon instinct. Je sens si je pourrai me débrouiller ou pas, si mes compétences colleront au projet ou non.

 

 

PdA : Rêve, toujours. Tu as droit à un voyage, un seul, à bord d'une machine à remonter le temps. Avec ticket retour compris, mais pas obligatoirement utilisable ! N'importe où, à n'importe quelle époque, y compris future (oui, la machine est une DeLorean ^^). Quel est ton choix ?

 

C.B. : Je dirais dans les années 60 ou 70, qui avaient l'air d'être des époques pleines d'insouciance. Mais bon, je remarque qu'avec le temps, les souvenirs effacent les mauvais moments, donc ce n'était peut-être pas si rose que cela. Non, en fait, je suis bien dans mon époque. A la limite, je retournerais bien dans mon enfance ou mon adolescence pour me croiser et dire « Ne t'inquiète pas. Ca va s'améliorer. Sois patient. Ca vaut le coup... » Et j'ajouterais « T'as vu ? Les machines à remonter le temps existent dans le futur ! »

 

 

PdA : Tu as évoqué à plusieurs reprises lors de l'émission-dont-je-ne-suis-plus-censé-parler ta ville de Namur, qui voulait d'ailleurs te nommer citoyen d'honneur, ce que tu as refusé avec beaucoup d'humour. Tu es Belge, et tu fréquentes régulièrement des Français. La frontière mise à part, il y a des différences évidentes entre nous ? 

 

C.B. : Je m'en rends compte car j'ai des amis français ici en Belgique. Il y a de vraies différences culturelles, notamment dans le langage. L'humour est différent, aussi. Mais je n'aime pas faire des généralités.

 

 

PdA : De quoi es-tu le plus fier, jusqu'ici ? 

 

C.B. : J'ai l'impression de ne pas avoir trahi mes rêves d'enfant, d'être resté fidèle à moi-même. Ce n'est pas toujours évident, ce n'est pas non plus forcément fait de manière consciente, mais je suis en tout cas heureux de faire des choses qui me plaisent, qui me correspondent, et d'avoir en plus l'immense chance d'être payé pour les faire, ce qui n'a pas été le cas pendant des années. Je souhaite vraiment à tout le monde d'avoir la chance d'avoir la vie qu'il a toujours rêvé d'avoir. Cela demande des sacrifices, mais c'est tellement agréable au final...

 

 

PdA : Quels sont tes projets ? Un petit scoop ? 

 

C.B. : Tourner dans un film X : « Tout le monde veut le prendre sur place. »

 

 

PdA : Un message à adresser, à nos lecteurs ou à quelqu'un en particulier ?

 

C.B. : Comme je vous l'ai dit plus haut, je vous souhaite de vivre vos rêves et non pas de rêver votre vie. (elle est pas de moi, celle-là, hein!)

 

 

PdA : Que peut-on te souhaiter, pour la suite ?

 

C.B. : J'ai déjà tellement de chance. Que cela continue. Et que je ne devienne jamais blasé.

 

 

PdA : Dernière question, qui n'en est pas vraiment une. Pour te permettre de conclure l'interview. En parlant de ce que tu veux ! Si tu veux encore parler de quelque chose, bien sûr...

 

C.B. : Tu penses pas que j'ai déjà assez parlé comme ça, mon petit Nicolas ? Tiens, regarde : la moitié de tes lecteurs sont déjà partis surfer ailleurs. Ah la la... 

 

 

 

Merci Christophe pour ce cadeau, et pour ces contacts très sympas sur Facebook ! Nicolas, donc (^^), alias Phil Defer

 

 

 

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Une vidéo de l'émission, starring Christophe ! Prise sur le blog France 2

 

Le site de l'émission, sur France2.fr

 

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Modification "regarder" > "voir" le 23 août 2012

 

Times New Roman > Georgia : 30/09/12

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