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Paroles d'Actu
musique
16 août 2015

Charles Aznavour : « Je n'ai qu'une envie : vivre »

Cet article, que je suis heureux de vous présenter, a une histoire un peu particulière. Bien avant la tenue de mon interview de Daniel Pantchenko, son biographe, à l’été 2014, j’ai essayé à plusieurs reprises - dès la fin 2013, si ma mémoire ne me fait pas défaut - d’entrer en contact avec un collaborateur direct de Charles Aznavour. Un challenge énorme pour le blog et pour moi, tant je nourris pour cet homme, lun des rares vrais « monuments » de la chanson, une admiration qui est tout sauf feinte.

Mi-juillet 2014 : je reçois un mail de Mischa Aznavour, son fils, me confirmant que mon message a bien été réceptionné et m’invitant à écrire quelques questions qu’il transmettra à son père. Je m’exécute aussitôt et les lui envoie le 20 du même mois. Le temps passe. Je n’y crois plus vraiment. Je relance Mischa Aznavour de temps en temps, pour la forme. Sait-on jamais. Bah, on verra bien...

On est au mois de juillet 2015. Deux mois auparavant, Charles Aznavour, sur le point de fêter ses quatre-vingt-onze printemps, a sorti un nouvel album, Encores, successeur direct de Toujours , une nouvelle preuve s’il en fallait que l’artiste n’entend pas quitter de sitôt l’arène dans laquelle il a si souvent été couronné, par acclamation populaire principalement. Juillet 2015, donc. Le 18 pour être précis. Je reçois, à la suite, plusieurs mails de Mischa Aznavour. Il vient d’enregistrer son père répondant à mes questions. Les fichiers audio sont là, à portée de clic. Quelque chose d’émouvant, je ne dirai pas le contraire. Je les ai inclus à l’article, pour vous faire partager de mon émotion. Et ai parsemé le document de liens vidéo, pour vous inviter à découvrir ou redécouvrir l’ensemble des chansons citées ; quelques traces d’une œuvre qui, au mépris des ans et des fluctuations de la mode, se transmet entre les générations. De tout cœur, je les remercie, tous les deux : Mischa Aznavour, pour son infinie bienveillance envers moi ; Charles Aznavour, pour m’avoir accordé un peu de son temps, qui est précieux. Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

Charles Aznavour : « Je n’ai qu’une envie : vivre »

 

Encores 

La photo d’illustration est celle de l’album Encores. Tous droits réservés.

 

Édition du 14 octobre 2015 : Mischa Aznavour m’a fait parvenir le 11 octobre la liste des chansons qu’il préfère dans le répertoire de son père, une pièce que je lui avais demandée et qui vient encore enrichir cet article. Je retranscris cette liste à la suite de cette note, juste avant l’interview de Charles Aznavour.

Mischa Aznavour : Mes chansons préférées ?

- Adieu, sur l’album Entre deux rêves, pour la simple et bonne raison qu’elle résume l’âme aznavourienne. Elle semble triste, parle d’adieux et on s’y remémore tous les moments de bonheur. Pourtant, elle finit sur une note d’espoir, puisqu’il est dit à la fin, « Je ne partirai que demain ».

- L’amour c’est comme un jour, très connue. Là, pour le coup, il n’y a aucun espoir. Une bonne chanson pour pleurer dans les bras de celle qui vous quitte...

- De ville en ville, sur l’album De t’avoir aimée. La plus belle chanson d’amour pour Paris ! Avec les merveilleux arrangements de Claude Denjean...

- Parmi les chansons récentes, j’adore Buvons. Tirée de la comédie musicale Toulouse-Lautrec. Mon père excelle dans les chansons où il parle d’ivresse.

- L’amour à fleur de cœur bien sûr, car je me retrouve dans le texte.

- Un par un.

- Et, pour citer un album en particulier, celui de 1969, Désormais.

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Charles Aznavour. (...) Cette interview, j’aimerais la placer sous les signes de la découverte et de la transmission, deux notions qui vous sont chères. Vous faites régulièrement référence à nos « anciens » (Trenet et d’autres), à l’idée qu’une génération d’artistes doit forcément quelque chose à celle qui l’a précédée, comme une ligne ininterrompue et perpétuellement dynamique - celle, en l’occurrence, de la tradition de la belle chanson française.

Quelles sont les chansons que vous avez aimées, admirées dans votre jeunesse et que vous aimeriez inviter nos lecteurs, nos générations à découvrir ?

 

Charles Aznavour : Les anciennes chansons, même les ptites chansons un peu drôlottes (sic), étaient toujours parfaitement écrites, dans un français parfait. On a eu des chansons fantaisistes merveilleuses. Aujourd’hui, ou ce sont de bonnes chansons, ou ce sont des resucées de ce qui a déjà été fait. (écouter: NRoche1)

 

PdA : Je suis, pour l’heure, loin, bien loin de connaître la totalité de votre répertoire. Si je devais établir une liste des titres que je préfère, on y retrouverait, forcément, quelques succès immenses, que tout le monde a à l’esprit : Je m’voyais déjà (1960), La mamma (1963), La Bohème (1965), Emmenez-moi (1967), Non, je n’ai rien oublié (1971) ou Comme ils disent (1972). Vous les avez déjà largement commentées dans la presse et les médias, je ne reviendrai pas dessus.

Je souhaiterais plutôt en évoquer d’autres, des perles, elles aussi. Elles sont moins connues, mais elles complètent ma liste : Sa jeunesse (1956), Les deux guitares (1960), Bon anniversaire (1963), À ma fille (1964), Et moi dans mon coin (1966), Je t’aime A.I.M.E. (1994). Et des mentions spéciales pour Tu t’laisses aller (1960), Être (1979), puis, arrivées plus tard, Je voyage et Un mort vivant (2003). La lecture de cette liste, de ces titres vous inspire-t-elle des anecdotes, des pensées ?

 

C.A. : Des anecdotes... vous savez, je pourrais écrire un bouquin, avec des anecdotes. Là, comme ça, je ne vois pas... Sur d’autres titres en particulier, peut-être. (écouter: NRoche2 et NRoche3)

 

PdA : (...) Cette question-là sera directement liée à la précédente. La ligne, toujours. Sur la vidéo de votre live au Palais des Congrès, enregistré en 2000, on vous entend, à un point du spectacle, raconter qu’en substance, les nouvelles chansons d’un artiste sont comme les jouets que l’enfant vient de recevoir pour Noël : l’un comme l’autre a envie de les montrer, de les présenter. Mais il arrive, de temps en temps, que le public n'accroche pas comme lui le souhaiterait à celles de ses créations qui, pour une raison ou pour une autre, ont une importance particulière, voire la préférence de l'auteur-compositeur-interprète.

Est-ce qu’il y a, dans votre répertoire, des chansons à propos desquelles vous vous dites, parfois, « Celle-là aussi aurait mérité d’être un peu plus connue, de compter parmi mes grands succès et de traverser le temps » ? En d’autres termes : quelles sont, parmi vos chansons moins connues, celles que vous préférez, celles que vous voudriez nous faire écouter, lire ?

 

C.A. : Nous n’avons pas d’enfant, Les amours médicales, et Vous et tu. (écouter: NRoche4)

 

PdA : Qu’aimeriez-vous, en substance, que l’on dise, que l’on retienne de vous au lendemain de votre départ - pas avant une bonne trentaine d'années ! - quand, par « trois colonnes à la une, dix pages à l’intérieur », « (...) la presse entière retouchera (votre) vie » (in De la scène à la Seine) ?

 

C.A. : « Plus qu’un parolier de chansons, il était un auteur... » (écouter: NRoche5)

 

PdA : En 2014, les canaux de diffusion de la création musicale sont innombrables. Internet peut permettre à un artiste talentueux de se faire connaître largement, pour presque rien. Mais l’esprit « zapping » n’a jamais été aussi fort... et la médiatisation est souvent fonction de critères assez peu reluisants pour qui les fixe.

Est-ce que, tout bien pesé, vous diriez qu’il est plutôt plus ou moins aisé de démarrer dans le métier en 2014 qu’au moment de vos propres débuts, dans les années 40-50 ? Quels conseils pourriez-vous donner à un(e) jeune qui vivrait pour la musique et qui rêverait d’en vivre ?

 

C.A. : En fait, je ne sais pas vraiment, parce que je n’ai pas débuté à cette époque. Je peux parler de mon époque à moi. Je pense que les écueils sont les mêmes pour tout le monde. Ce n’est jamais facile. Il y a ceux qui ont une chance immédiate, et ceux qui vont chercher le succès avec beaucoup de difficulté. (écouter: NRoche6)

 

PdA : Lors d’une interview que vous accordiez à Culturebox l’an dernier, vous déclariez ceci: « Il faut garder son regard d'enfant, sinon on a tout perdu »...

 

C.A. : Oui, il faut à tout prix garder le regard, mais aussi le vocabulaire de l’enfance. (écouter: NRoche7)

 

PdA : Qu'est-ce qui vous fait rêver, aujourd'hui ? De quoi avez-vous envie ?

 

C.A. : J’ai envie de vivre... (Il sourit, ndlr ; écouter: NRoche8)

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Charles Aznavour ?

 

C.A. : Non... Je ne souhaite rien d’autre que ce que je possède... et que j’ai. (écouter: NRoche9)

 

Une réaction, un commentaire ?

Et vous, quelles sont, parmi le répertoire de Charles Aznavour, vos chansons préférées ?

 

Vous pouvez retrouver Charles Aznavour...

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22 avril 2015

Frédéric Quinonero : "Julien Doré a mérité sa Victoire de la musique"

J’ai, pour la troisième fois, la joie d’accueillir M. Frédéric Quinonero, auteur de biographies réputées de vedettes de la chanson et du cinéma, dans les colonnes de Paroles d’Actu. Il a accepté, le 21 avril, de répondre aux questions que je lui ai préparées autour de la sortie de son nouvel ouvrage, Julien Doré, LØVE-Trotter (éd. Carpentier), consacré comme son nom l’indique à l’ex-vainqueur de l’édition 2007 de la Nouvelle Star. Depuis, ce dernier a fait du chemin : le 13 février dernier, il était consacré artiste masculin de l’année lors de la cérémonie des Victoires de la musique 2015. Merci à Frédéric Quinonero pour ce nouvel échange. Pour son travail, qui véritablement vaut d’être découvert. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche.

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES DACTU

Frédéric Quinonero : « Julien Doré a mérité sa Victoire de la musique »

 

Julien Doré

Éd. Carpentier

 

Paroles d'Actu : Bonjour Frédéric Quinonero, je suis ravi de vous retrouver pour cette nouvelle interview pour Paroles d’Actu. L’objet de notre entretien du jour, c’est la biographie que vous venez de consacrer à Julien Doré (Julien Doré, LØVE-Trotter, aux éd. Carpentier). J’ai d’abord envie de vous demander à quel moment vous l’avez découvert, et ce que vous en avez pensé les premiers temps ?

 

Frédéric Quinonero : J’avais un peu suivi la Nouvelle Star et sa personnalité m’avait séduit. J’aimais son côté décalé et sa façon de détourner les chansons, comme Mourir sur scène ou Moi Lolita. Comme souvent chez ce genre d’artistes révélés par un télé-crochet, j’ai moins adhéré à son premier album (Ersatz, sorti en 2008, ndlr). Mais je trouvais sa démarche ambitieuse et intelligente. J’ai vraiment découvert son univers avec l’album LØVE (sorti en 2013, ndlr).

 

PdA : La démarche d’une biographie de Julien Doré peut étonner, à ce stade de son parcours : certes, il s’est fait une place dans le paysage musical, mais il est encore très jeune... D’où est venue cette idée ?

 

F.Q. : Comme je l’écris en avant-propos, il y avait cette idée d’écrire sur un enfant du pays. Quelqu’un de chez moi. Nous avons tous deux grandi entre le Gard et l’Hérault et je pensais que cela créait un lien, une sorte de parenté géographique. Et c’était à la fois sympathique et pratique de mener un travail d’investigation du côté de Nîmes et de Lunel. Ensuite, il me semblait que Julien Doré était parvenu à une étape-butoir de son parcours : son album LØVE, le plus abouti à mes yeux, venait de remporter un gros succès, conforté par une longue tournée de plus d’un an, et marquait l’affirmation d’une identité musicale et poétique. Et partant, la confirmation d’une carrière. Alors, je trouvais intéressant de dresser un premier bilan et de le faire mieux connaître au public par le biais de ce livre.

 

PdA : Julien Doré n’a, disons, pas exactement regardé ce projet de bio avec une bienveillance aveugle. Ça a été compliqué de rencontrer ses proches, de composer cet ouvrage ?

 

F.Q. : Disons le clairement : Julien Doré a rejeté carrément le projet. Ma première démarche vers lui – un petit mot privé sur son Facebook officiel où je lui exposais humblement le motif de ma démarche et avançais éventuellement la possibilité d’une rencontre – demeura lettre morte. Dans le cas d’un silence prolongé, on applique l’adage « qui ne dit mot consent ». J’ai alors commencé mon travail d’investigation dans ma région et recueilli quelques entretiens. Jusque là, rien de très compliqué. Au contraire, c’était fort agréable de rencontrer ainsi des gens sympathiques qui m’ont fait part d’anecdotes amusantes. Prévenu par l’un de ses amis proches, Julien Doré a soudainement réagi en me demandant de renoncer au projet. Après concertation avec mon éditeur, il a été décidé que non.

 

PdA : On découvre dans votre livre les premières années du parcours de Julien Doré : un garçon qui se cherche pas mal au départ et apparaît plutôt touchant. Mais il y a aussi, ressortant de certains propos recueillis, cette image tenace d’un manipulateur, quelqu’un qui a tout compris en termes d’image et de marketing, et dont on pourrait douter de la sincérité (même si c’est une thèse qui n’est pas forcément la vôtre et que les quelques articles déjà parus sur ce livre lui accordent une couverture amplement disproportionnée). Ma question est : quelle image vous êtes-vous forgée de l’artiste, de l’homme Julien Doré au terme de cette étude ?

 

F.Q. : Il n’est pas le seul artiste à gérer sa carrière en termes d’image et de marketing. Prenez Stromae, Christine & The Queens… C’est une attitude qui répond parfaitement à l’époque. Et même, si l’on remonte un peu le temps, quelqu’un comme Claude François maîtrisait déjà parfaitement ces outils-là : rien n’était laissé au hasard et ne sortait du cadre… Son expérience aux Beaux-Arts a formé Julien Doré à ces outils de communication indispensables aujourd’hui pour durer dans ce métier. Ceci étant, il a su intelligemment construire une carrière et imposer un style, une vraie démarche artistique, ce qui n’est pas donné à tout le monde et encore moins aux ressortissants de talent-shows que les maisons de disques ont plutôt tendance à manipuler, à formater, et qui s’essoufflent vite.

 

PdA : Julien Doré a été consacré « artiste masculin de l’année » lors des Victoires de la musique 2015. C’est une consécration méritée pour vous ? Vous lui auriez apporté votre voix ?

 

F.Q. : Oui, sans doute. C’est une consécration méritée pour les raisons déjà énoncées. Julien Doré est une personnalité artistique qui sort du lot. Quelqu’un dont on peut présager qu’il va durer encore longtemps. C’était le moment pour lui donner ce trophée : il confirme son élan et promet un bel avenir.

 

PdA : Je ne suis pas a priori un grand amateur de Julien Doré mais je suis toujours très curieux et ouvert à la découverte. Pour préparer cet échange, j’ai écouté un peu ce qu’il avait fait. Et suis tombé notamment sur une chanson puissante, qui m’a beaucoup plu, Corbeau blanc (version LØVE live).  Bref... S’il fallait conseiller à nos lecteurs quelques titres, quelques « incarnations » de titres préexistants pour mieux découvrir Doré, quel serait votre choix ?

 

F.Q. : Mon Top 5 : Corbeau blanc, Les bords de mer, Paris-Seychelles, Mon apache, Glenn Close.

 

PdA : À défaut d’avoir reçu quelque signe que ce soit de sa part, avez-vous eu des retours de ses proches par rapport au livre ?

 

F.Q. : Ceux qui ont témoigné et à qui j’ai fait parvenir le livre l’ont aimé et trouvé très respectueux de l’artiste.

 

PdA : Lors de notre précédente interview, datée de novembre dernier, vous me disiez vouloir, après cet ouvrage, lever un peu le pied niveau écriture pour travailler à l’obtention d’un emploi moins précaire en parallèle. Où en êtes-vous de vos projets ?

 

F.Q. : Pour l’instant, j’ai d’autres projets d’écriture. Mon livre sur Johnny (Johnny, la vie en rock, aux éd. de lArchipel, ndlr) a été un succès, donc il est important de rebondir sur un succès.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Frédéric Quinonero ?

 

F.Q. : Que ça dure.

 

Frédéric Quinonero

Photo : Emmanuelle Grimaud

 

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Pour aller plus loin...

6 novembre 2014

Frédéric Quinonero : "Johnny a été le grand frère que je n'ai pas eu"

Le 22 octobre dernier, alors que les « Vieilles Canailles » (Eddy Mitchell, Jacques Dutronc, Johnny Hallyday) s'apprêtaient à entamer leur série de concerts, Frédéric Quinonero - qui m'avait fait l'amitié de répondre à mes questions sur Michel Sardou au mois de juin - voyait son nouveau livre, Johnny, la vie en rock, investir les étals des librairies. C'est le troisième ouvrage qu'il consacre à celui que nombre de francophones de toutes générations appellent toujours, plus de cinquante ans après, et avec la même affection, « l'idole des jeunes ». Une bio massive, très complète, qui fera date. Il a accepté, à nouveau, de m'accorder un peu de son temps. D'évoquer le Johnny qu'il aime et qu'il a appris à connaître. De se confier, aussi. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FRÉDÉRIC QUINONERO

Auteur de Johnny, la vie en rock

 

« Johnny a été le grand frère

que je n'ai jamais eu »

 

Johnny La vie en rock

(Source des illustrations : F. Quinonero)

 

Q. : 31/10/14 ; R. : 04/11/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Frédéric Quinonero. Je suis ravi de vous retrouver, quelques mois après notre première interview. Votre dernier ouvrage, Johnny, la vie en rock, vient tout juste de paraître (Éd. Archipel). Pourquoi avez-vous eu envie d'écrire ce nouveau livre sur lui, d'entreprendre ce travail colossal ?

 

Frédéric Quinonéro : J’avais écrit précédemment un livre qui se présentait sous la forme d’un agenda ou journal de bord, puis j’avais abordé la carrière de Johnny à travers la scène. Depuis longtemps, je rêve d’une énorme biographie, qui soit la plus complète possible, la plus riche, la plus documentée. Émaillée de témoignages de gens célèbres ou anonymes, dont certains rarement ou jamais sollicités. Une telle somme ne s’écrit pas en six mois ni même un an, c’est le travail de toute une vie.

 

Je voulais aussi quelque chose de très écrit, qui sans trop quitter la technique obligée de la biographie, impose un style d’écriture personnel. J’ai envie qu’on me juge autant sur la forme que sur le fond. Et je suis assez frustré quand on ne se soucie pas du premier élément qui me semble indispensable à tout auteur, fût-il biographe de stars.

 

PdA : Quelle est l'histoire de, précisément, votre histoire avec Johnny Hallyday ?

 

F.Q. : Mon histoire avec Johnny commence en 1969. J’avais six ans. Une histoire de fan, qui ressemble à des milliers d’autres. Je vois le « show Smet » à la télévision ; je tombe en admiration devant ce chanteur si charismatique. Le lendemain ou la semaine suivante, mes parents m’achètent le single de Que je t’aime, puis pour Noël « l’album au bandeau » (album sans nom sorti en 1969, ndlr). L’été suivant, ils m’emmènent l’applaudir dans les arènes d’Alès — à moins que ce soit Nîmes. Ils gardent un souvenir de moi ce soir-là, comme hypnotisé, envoûté.

 

J’ai grandi avec Johnny et ses chansons ; il a été le grand frère que je n’ai pas eu. Aujourd’hui j’ai un regard de biographe, mais je ne peux me défaire de mon regard de fan. Ce que j’écris est inévitablement chargé de mon amour pour lui. Je l’ai croisé plusieurs fois dans ma vie, sans jamais provoquer une vraie rencontre. Récemment, répondant à la suggestion de mon éditeur qui m’a dit : « Quand même, après trois livres que vous lui avez consacré, il serait temps que vous le rencontriez », j’ai tenté la démarche, mais elle n’a pas abouti, et je n’ai pas insisté.

 

PdA : Si, parmi son répertoire imposant, vous deviez sélectionner quelques chansons, connues ou moins connues, quelles seraient-elles ?

 

F.Q. : J’adore en particulier toute la période avec Tommy Brown et Micky Jones, les albums sortis entre 1967 et 1971. C’est ma période préférée de l’artiste. Outre Que je t’aime, qui a été mon premier disque, j’ai une préférence pour Oh ! ma jolie Sarah, une chanson qui a marqué mon enfance. Mais globalement, il n’y a pas une époque de sa carrière que je n’aime pas. Car tous ses albums me rappellent un souvenir, renvoient à quelque chose de l’ordre de l’affectif.

 

Parmi ses dernières productions, j’écoute assez souvent l’album Le Cœur d’un homme. Et je rêve d’un spectacle unplugged, d’une scène intime au milieu de ses fans. Il n’a plus besoin de nous bluffer avec tout un barnum de décors et de feux d’artifice. Sa voix et sa présence suffisent.

 

L'éphéméride

 

PdA : On a le sentiment de tout savoir de lui. Avez-vous fait d'authentiques découvertes lors du travail effectué pour ce livre ? Question subsidiaire : y a-t-il encore des zones d'ombre en ce qui concerne M. Smet/Hallyday ?

 

F.Q. : Tout artiste a des zones d’ombre. C’est d’autant plus vrai pour Johnny, qui a vécu une enfance si extraordinaire, au sens strict du terme. Abandonné par son père, éloigné de sa mère, il a forgé son éducation dans les cabarets et les théâtres. C’est un être profondément sensible et romantique, sous sa carapace de rock star.

 

Au fond, lui qui n’a pas eu d’enfance n’a jamais cessé d’être un gamin, et le terme n’est pas péjoratif. Ce qui explique ses difficultés à créer une famille. Cette vie carrément romanesque qu’il a vécue est pain bénit pour un auteur. Si j’ai réussi à transmettre la tendresse qu’il m’inspire et à rendre le personnage sympathique, même dans ses travers, le pari est alors gagné.

 

PdA : Pourquoi un amateur de Johnny ou - cas extrême - un fan absolu qui aurait déjà tout de et sur lui serait-il bien inspiré de feuilleter, d'acheter votre livre ?

 

F.Q. : Sans doute parce qu’il aura là la biographie la plus complète à ce jour. Déjà, 860 pages c’est du jamais vu ! Ensuite, parce que je me suis appliqué à ne rien laisser dans l’ombre, à relater tous les grands événements de la vie du chanteur. Et surtout, puisqu’il s’agit avant tout de raconter le parcours d’un artiste, je n’oublie rien de son extraordinaire carrière !

 

PdA : Si vous deviez lui adresser un message... ?

 

F.Q. : Je me réserve pour le jour où il souhaitera mettre un visage et une voix sur mon nom. 

 

PdA : Voulez-vous nous parler de vos projets, Frédéric Quinonero ?

 

F.Q. : Un livre en 2015, probablement au printemps. Ensuite, il est probable que je lève un peu le pied, ou plutôt la plume ! J’ai l’intention d’obtenir un diplôme afin d’exercer un métier parallèle. Vous n’êtes pas sans savoir que la situation sociale et contractuelle des auteurs n’est pas évidente, et que dans la période de crise que nous traversons elle ne cesse de se dégrader. L’écrivain est le parent pauvre de la culture, le seul qui n’a pas de statut et doit exercer un autre job pour subsister. Alors, si je veux continuer à vivre de ma passion, il est préférable pour moi de m’assurer un certain confort avec un emploi stable, fût-il à mi-temps. C’était ma minute d’engagement politique (rires).

 

PdA : Un dernier mot ?

 

F.Q. : Rock’n’roooooll !

 

Frédéric Quinonero

 

 

Que vous inspirent l'œuvre, le personnage de Johnny Hallyday ? Quelles sont, parmi ses chansons, celles que vous préférez ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Pour aller plus loin...

  

31 juillet 2014

Bernard Saint-Paul : "J'ai confiance en Véronique... et je l'aime"

   Il est de ces articles dont la publication procure, au-delà de la satisfaction née de l'achèvement d'un projet et de la gratitude ressentie envers l'interviewé, une fierté véritable. Je pourrais citer quelques-uns des entretiens parus sur Paroles d'Actu - celui avec le regretté Gilles Verlant; celui avec la "maman" des Guignols Alain Duverne; celui avec la directrice des jeux et divertissements de France 2 Nathalie André; celui avec Marie-Paule Belle, par exemple -, ils ont tous au moins un trait commun : la sincérité qui émane de l'invité, le goût manifesté à l'idée de se raconter, sans fioriture ni tabou, simplement et, souvent, avec de vraies bonnes doses d'humilité.

   L'article qui suit sera, à l'évidence, à classer parmi ceux-là - et tous les autres que je n'ai pas cités. Bernard Saint-Paul a un CV long comme un bras (plus la moitié d'un autre). Je n'y reviendrai pas outre-mesure dans cette intro : sa carrière et sa vie, sa "drôle de vie", comme dirait Sanson, cette immense artiste qu'il a si souvent accompagnée, seront largement déroulées au cours du document. De ses mots, je retiendrai la puissance d'une tendresse qu'il ne cherche pas à dissimuler envers sa « petite sœur ». Et toutes ces anecdotes, passionnantes, formidables. Un mot, banal en apparence, dont chaque lettre est pesée, pensée ici : MERCI, Monsieur... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

N.B. : Votre serviteur a eu à coeur, lors de la composition de cette page, d'insérer une multitude de liens dénichés un par un pour permettre au lecteur de bénéficier, en plus du texte, d'illustrations visuelles et - surtout - musicales. Il y a, sans préjugé sur les questions de droits qui leur sont attachés, des liens YouTube, Dailymotion, etc... qui n'ont d'autre but que la (re)découverte de telle ou telle chanson. Celui ou celle qui partage un lien de ce genre le fait avant tout parce qu'il aime un artiste. Celui ou celle qui découvrira un titre qui lui plaira sera tenté, par la suite, de le "consommer" de manière plus traditionnelle, forcément. (Tenez, au passage, un investissement que je vous recommande vivement, avec le Lucien de Bernard Saint-Paul : Petits moments choisis)

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

BERNARD SAINT-PAUL

 

« J'ai confiance en Véronique...

et je l'aime »

 

Bernard Saint-Paul

(Photos : collection personnelle B. Saint-Paul)

 

Q. : 08/07/14 ; R. : 27-31/07/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Bernard Saint-Paul. "Fils d'un haut fonctionnaire nommé par le général de Gaulle et d'une mère institutrice", votre destin semblait tout tracé : vous seriez diplomate ou occuperiez, en tout cas, un emploi sérieux. C'était, comme il est raconté sur votre site, sans compter "les tentations diverses". C'était sans compter le Rock 'n' Roll et l'irrésistible pouvoir d'attraction de son "parfum d'interdit sauvage"...

 

Bernard Saint-Paul : C'est une belle formulation, cet "interdit sauvage". J'aime beaucoup ça, c'était vrai dans les années 70, ça l'est, hélas, beaucoup moins. J'avais une envie furieuse de quitter Bordeaux, de ne pas être professeur de Lettres.

 

Je ne me voyais pas moisir en province, la capitale me faisait les yeux doux, montrait le haut de ses jambes, insistant pour que je l'empale, et moi, pauvre idiot, j'y croyais ! J'étais loin de savoir qu'elle faisait ce même "coup du charme" à tous les puceaux de mon genre, aux rêveurs de grands espaces, à ceux qui voulaient toucher les paillettes, acheter la Tour Eiffel et s'encanailler avec le succès.

 

PdA : Parlez-nous de vos premiers coups de cœur - voire, carrément, de foudre - musicaux ?

 

B.S.-P. : Mon premier coup de foudre musical fut Be Bop a Lula par les Chaussettes noires. J'adorais le son de leurs guitares Ohio, le timbre de voix d'Eddy, son déhanché particulier et la manière dont il glissait les pieds pour jongler avec son micro. Puis ce fut Jumpin Jack Flash et Satisfaction, des Stones, et Ronnie Bird. Tels furent mes premiers émois musicaux en dehors de Maurice Ravel et de Gustave Mahler.

 

PdA : 1969... Suite à une rencontre "inattendue" d'avec Salvatore Adamo, vous quittez le sud-ouest pour Paris et devenez directeur artistique chez EMI (Pathé-Marconi)...

 

B.S.-P. : Exact. J'ai rencontré Salvatore quand je m'occupais de la page spectacle du quotidien local Sud-Ouest. Puis je suis venu à Paris où il m'a fait rentrer chez EMI en tant que directeur artistique. J'y ai exercé pendant deux ans en même temps que Gérard Manset, Claude Michel Schönberg et Michel Berger. On avait de tout petits bureaux au tout dernier étage et une foi inébranlable en nos capacités. C'était passionnant mais je n'y ai pas appris grand chose. J'y ai rencontré mon ami de toujours, Alain Chamfort et la belle Véronique qui me saluait de loin. Moi, j'étais fan des Stones, de Pink Floyd et des Who.

 

PdA : 1971... C'est, pour ce qui vous concerne, la fin de l'aventure EMI. Vous devenez producteur. Un flair de maître, pour l'une de vos premières prises : The Fool, de Gilbert Montagné, fera le tour du monde et se classera n°1 dans une douzaine de pays...

 

B.S.-P. : C'est un peu vrai... J'ai un gros nez, il justifie sa taille par les services qu'il me rend. J'ai, de fait, entendu, par pur hasard, une maquette d'un certain Lord Thomas, chantée dans un anglais approximatif. J'ai contacté le garçon en question, qui jouait dans un bar à Miami, je l'ai convaincu de rentrer en France. J'ai emprunté de quoi produire à Salvatore, j'ai choisi les musiciens et le studio Trident à Londres, à cause du piano sur lequel Elton John avait enregistré son premier album. J'ai pris les mêmes musiciens, et ça a fait The Fool.

 

Exceptionnel, d'autant que les premiers distributeurs auxquels j'ai présenté le bébé, à l'époque, m'ont pris pour un illuminé parce que j'osais leur faire écouter un titre en anglais ! « Ça ne marchera jamais, ici on est en France, la radio ne passera jamais ça. » Je tairai ici leur nom, par respect pour leur mémoire... on a tous le droit à l'erreur, tant qu'elle n’entraîne pas la mort.

 

Bernard Saint-Paul Musique

 

PdA : Dans quelques années, vous serez devenu le manager de Véronique Sanson, le producteur exécutif de bon nombre de ses disques à venir... Vous l'avez rencontrée durant votre période Pathé-Marconi, si je ne m'abuse...

 

B.S.-P. : Exactement... bien documenté ! J'ai retrouvé Véronique après cinq ans sans la croiser, sans avoir eu de ses nouvelles depuis qu'elle s'était mariée (avec Stephen Stills, ndlr).

 

PdA : Qu'est-ce qui vous a séduits l'un chez l'autre ; décidés, l'un comme l'autre, à travailler ensemble ?

 

B.S.-P. : Moi, j'étais fan de sa voix, de ce vibrato magique, de sa sensibilité contrôlée, de sa douceur, de son intelligence et de sa douceur avec moi. Nous étions comme frère et soeur, confiant l'un à l'autre nos secrets et nos désespoirs amoureux, riant de nos bévues, de nos mensonges opportuns, ignorant les conventions et les heures sur les horloges. Un soir, dans un restaurant japonais, rue Sainte-Anne, elle m'a dit que McCartney devait produire son prochain album, qu'elle attendait son accord. Je me suis proposé sur le champ, au cas où il se désisterait, croyant assez peu à mes chances... et puis elle m'a choisi.

 

Ce fut le début d'une aventure passionnante qui nous a enrichis l'un et l'autre par les rencontres et les voyages que nous avons faits ensemble, par toutes ces longues nuits que nous passions tous les deux à nous inventer un monde, à montrer qu'on s'aimait sans se dire qu'on s'aimait... Deux frère et soeur dans la tourmente, deux âmes sans attaches qui rêvaient d'aventures, de liberté profonde et d'amour infini, mais qui se lassaient vite de toutes leurs conquêtes.

 

PdA : 1976... Le fruit de votre première collaboration voit le jour : Vancouver, que l'on classera bientôt parmi les albums les plus emblématiques de Sanson, connaît un succès considérable... (Vancouver; When we're together; Redoutable; Donne-toi; Étrange comédie; Sad limousine; Full tilt frog...)

 

B.S.-P. : Je ne sais pas s'il s'agit, comme vous l'affirmez, d'un album emblématique, mais c'est en tout cas le premier titre de Véronique qui sera classé premier de tous les hit-parades (si jamais cela veut dire quelque chose). Cet album fut un plaisir à réaliser. Le piano sonnait comme je voulais, les musiciens rayonnaient. Nous avons passé beaucoup de temps à Londres après les péripéties liées à l'écriture. De fait, Véronique n'avait pas fini d'écrire, elle renâclait. On dirait aujourd'hui qu'elle faisait de la procrastination.

 

On vivait à cette époque au château d'Hérouville, où je la laissais le matin pour vaquer à mes occupations parisiennes (pas de téléphone portable ni d'internet dans ces temps-là). Je me suis vite aperçu qu'elle ne travaillait pas assez et que, par voie de conséquence, on ne pourrait pas enregistrer, faute de matériel. Je l'ai donc enfermée dans une pièce du château dont je ne la délivrais qu'en rentrant, en fin d'après-midi. Elle m'en a voulu sur le moment, mais dans cette geôle improvisée, elle a écrit Vancouver.

 

PdA : 1976, bis... Sanson la timide apprivoise la scène, le public, de plus en plus... Live at the Olympia sera son premier album live, le premier d'une longue liste...

 

B.S.-P. : C'était marrant, cette captation : de grands musiciens, une artiste qui découvrait les moyens techniques hors normes que j'avais mis à disposition. Aujourd'hui, ce déploiement de son et de lumière est banal. À l'époque, il ne l'était pas, au point que j'ai le souvenir de Bruno Coquatrix me faisant la guerre pendant les répétitions de l'Olympia et me hurlant dans l'oreille devant les baffles qui dégueulaient : « Jeune homme, vous la tuez, il lui faut, comme à Édith Piaf, une poursuite et deux projecteurs ». Il pensait ce qu'il disait, le pauvre ! On est tous victimes de nos limites...

 

PdA : 1977... "Il est jamais bien rasé, Il est toujours fatigué, Il dit toujours oui à un bon verre de vin... Il cache souvent sa tendresse, Par pudeur ou par paresse, Il est sûr de n'avoir jamais peur de rien..." Sur la tracklist de l'album Hollywood, il y a Les Délices d'Hollywood; Y'a pas de doute il faut que je m'en aille; Harmonies; How many lies; Les Délires d'Hollywood... et cette chanson, Bernard's Song (Il est de nulle part), qu'elle a écrite pour vous...

 

B.S.-P. : Je ne l'en remercierai jamais assez, mais je n'y suis pour rien ! Le plus navrant de cette histoire (et je ne sais pas si c'est bon signe ou non), c'est que trente-sept ans plus tard, le texte soit encore d'actualité. Elle m'avait bien cerné, la bougresse !

 

Un mot sur l'enregistrement de ce titre : nous étions dans le studio où Stevie Wonder travaillait et, par une chaude après-midi du sud californien, dès que nous avons pénétré dans le parking, elle m'a demandé de la laisser toute seule. Elle avait, disait-elle, une surprise pour moi, mais ne voulait pas que j'assiste à sa séance de voix. Quand je suis revenu, quelques heures plus tard, elle a mis le son à fond et m'a fait écouter la chanson, puis m'a dit dans le creux de l'oreille, « Tu es content ? ». Je ne comprenais pas le sens de sa question ! Je n'ai réalisé l'ampleur de son cadeau que quand elle m'a avoué, « Je l'ai écrite pour toi ! ». Je n'en croyais pas mes oreilles. J'ai caché mon émotion et mon orgueil qui naissait... Aujourd'hui, je ne cache plus rien, je suis fier, un point c'est tout.

 

Journal Saint-Paul Sanson

 

PdA : 1978... Vous retrouvez Alain Chamfort, pour lequel vous aviez déjà travaillé chez EMI. Gainsbourg vient de lui écrire ce qui demeurera son plus grand succès : Manureva...

 

B.S.-P. : Je suis à l'origine de cette rencontre. J'avais invité Alain à venir à Los Angeles pour y faire des choeurs sur l'album Hollywood. Son timbre de voix et son vibrato s'accordaient parfaitement avec ceux de Véronique. Puis, un soir, sur la terrasse de la maison que Véronique louait sur les collines de Hollywood, un de ces soirs fatigués où nous regardions décoller les Boeing, où nous refusions le sommeil, exacerbés par des substances encore aujourd'hui encore interdites, Alain m'a confié son désir de changer de parolier, d'équipe de production et de maison de disque. J'ai pensé aussitôt à Gainsbourg qui me semblait être le meilleur complément à la musique qu'il écrivait. Alain prétendait alors que ce n'était pas possible, qu'il n'accepterait jamais, que ce qu'il écrivait était trop typé "variété"... Et, croyez-le ou non, je suis rentré en France, j'ai fait écouter à Serge les maquettes que nous avions faites à Los Angeles avec Alain, et Gainsbourg a accepté.

 

Je me rappelle encore ce premier rendez-vous avec Serge, dans sa maison de la rue de Verneuil. J'y allais tremblant avec mes cassettes. Serge avait bu un coup, j'en ai bu quelques autres avec lui, puis il m'a dit, « P'tit gars, ton histoire m'intéresse » et j'ai appelé Alain aussitôt. J'ai donc réalisé les deux premiers albums d'Alain dont Serge avait écrit les textes. Le premier est intitulé : Rock'n rose ( je vous le recommande), le second (Poses, ndlr) contient Manureva. Je suis très fier d'avoir eu cette idée. Je m'en délecte encore aujourd'hui quand j'écoute ces albums.

 

PdA : 1979... Sept ans après Amoureuse, déjà le septième album de Véronique Sanson : 7ème, tout simplement... Il est plus sombre, plus mélancolique que les précédents. Plusieurs perles : Toute une vie sans te voir; Lerida (dans la ville de); Celui qui n'essaie pas (ne se trompe qu'une seule fois); Mi-maître, mi-esclave; Pour celle que j'aime (Maman). Sans oublier, évidemment, Ma révérence...

 

B.S.-P. : J'ai une nette préférence pour Ma révérence. Je me rappelle m'être caché pour pleurer dans le studio de mixage à Londres, tellement j'étais touché par la charge émotionnelle. Je ne voulais pas que Véronique sache qu'elle m'avait frappé au bon endroit. L'aider à propager ses émotions, ses détresses, ses chagrins et ses fêlures, confectionner un piedestal d'où elle pourrait être admirée, ça c'était mon travail quotidien, mais je n'étais pas là pour craquer. Mes sentiments étaient pour moi, pas de vautrerie pathétique. On peut pleurer quand on est grand, quand on est petit on se cache.

 

PdA : "Puis c'est la séparation... deux ego incompatibles"...

 

B.S.-P. : Oui, si vous voulez... Je reste persuadé que nos "ego" n'avaient rien d'incompatible, bien au contraire. Mais je suis très exigeant, et maladroit de surcroît. je peux blesser très fort sans jamais m'en rendre compte, ou alors des années plus tard... Dans le feu de ma passion, je me convulse, je rétrécis, je manque souvent de distance, et ce uniquement pour faire mieux. Et puis je gène énormément !

 

Rien de nouveau sous le soleil, les artistes aiment leur entourage et prêtent volontiers l'oreille à Radio Chiottes et ses consoeurs qui inventent pour nettoyer, pour ne pas perdre les privilèges acquis au fil des temps par l'habitude et le mensonge, l'habileté à brosser le manque de capacité à juger, parmi lesquels, et non des moindres, celui d'avoir l'écoute de leur idole qui a besoin d'être rassurée, ce que je trouve par ailleurs parfaitement justifié. Reste à choisir les rassureurs... qui ne sont pas les payeurs...

 

PdA : Dans les années 80, vous collaborez avec Jean-Patrick Capdevielle sur Quand t'es dans le désert; partez pour les États-Unis...

 

B.S.-P. : (...) Véronique m'a fait remarquer Jean Patrick Capdevielle, auteur de grand talent, avec lequel j'ai collaboré avec un plaisir indicible. Cet homme est un géant qui refusait d'écouter et persiste dans ses contradictions ravageuses, entre le désir insatiable de faire du fric et celui d'être sincère. Facile à dire comme ça de loin... mais je l'aime et il le sait.

 

PdA : Bientôt, vous deviendrez attaché parlementaire et conseiller d'un ministre de la Mer...

 

B.S.-P. : Cet épisode du ministère de la Mer est inénarrable. J'ai fait une grande école qui aurait dû me conduire, comme mes parents le souhaitaient, à faire une carrière de diplomate. Tel ne fut pas le cas, j'ai préféré le Rock 'n' Roll. Me restait de cette grande école et de ce que l'on m'y avait enseigné une capacité hors-norme à inventer des situations et à valoriser les politiques. On a donc fait appel à moi (un parti politique tout à fait respectable, si cela a jamais existé) pour mettre en valeur un ministre qui n'était même pas député. Ce fut épique et très marrant.

 

On quittait le ministère tous les vendredis en fin d'après-midi pour attraper le dernier vol en direction de Brest et rejoindre le canton dans lequel il voulait se faire élire. Je préparais toutes ses fiches pour les rencontres du week-end. Je les lui faisais répéter dans la voiture à gyrophare qui nous conduisait à Orly en empruntant les bandes d'arrêt d'urgence, dans un vacarme de sirènes. Ça éclatait mon ministre. J'en ai conçu un syndrome, celui de la lumière bleue, qui afflige les puissants, les abuseurs de privilèges, qui savent très secrètement qu'ils ne fréquenteront pas longtemps les dorures de la République.

 

PdA : 1990... Vos talents, vous venez, cette fois-là, de les mettre au service de Polnareff, pour Goodbye Marylou...

 

B.S.-P. : En effet, Michel m'a fait contacter. Je l'avais rencontré dans un restaurant à Los Angeles. Il vivait à cette époque dans une chambre minuscule au-dessus d'un bar pourrave dans la banlieue parisienne. Il n'avait plus de contrat phonographique. Je lui en ai négocié un, puis j'ai fait ce que je savais faire : réaliser un album (Kâmâ Sutrâ, sorti en 1990, ndlr). Et ce fut un numéro un ! Il n'en avait pas eu depuis des années... Peut-être un coup de chance ?

 

PdA : 1992... Le tandem que vous formiez avec Sanson se reconstitue. L'album Sans regrets comprend de jolies reprises d'anciens titres (Mon voisin; Jusqu'à la tombée du jour; Odeur de neige; Le Feu du ciel; Panne de cœur...), de belles chansons originales (Sans regrets; Louise; Les Hommes; Visiteur et voyageur) et un futur gros tube : Rien que de l'eau...

 

B.S.-P. : Le tandem se reforme par un besoin réciproque. J'avais réalisé son plus gros tube (Vancouver) et j'avais une idée très précise de ce que je pouvais encore faire avec elle. Je me sentais peu remplaçable, j'avais la foi et aucun doute sur la finalité de notre travail commun. Nous passions nos vacances ensemble avec nos enfants respectifs (le plus souvent en bateau dans les Caraïbes) et un soir, au mouillage, face au soleil couchant happé par l'Océan, Véronique a exhumé de sa cabine une cassette stéréo et l'a passée sur la sono pour avoir mon sentiment. C'était la maquette de ce qui allait devenir Rien que de l'eau. Nous sirotions un "ti-punch" sur la plage arrière apaisée. La vie me semblait belle. Elle l'est toujours, heureusement.

 

PdA : 1993, 1994... Vous produisez deux captations de ses spectacles live : le Zénith 93 et Comme ils l'imaginent, concert de duos (avec M. Lavoine; A. Chamfort; M. Fugain; I Muvrini; Les Innocents; M. Le Forestier; Y. Duteil; P. Personne) enregistré en 94 pendant les Francofolies de la Rochelle...

 

B.S.-P. : Splendide, ce Zénith 93. À mon goût, son meilleur album live, avec celui consacré à Michel Berger. Une énergie hors du commun, un band qui décoiffait, de l'enthousiasme à revendre. C'était pur et dur, sans sophistications ni effets spéciaux. J'adore cet album et l'écoute encore de temps en temps. Puis ce fut La Rochelle. Jean-Louis Foulquier (paix à son âme) m'avait appelé pour voir si Véronique serait d'accord pour participer aux Francofolies. Dans le cas de Véronique, ça voulait dire faire venir les musiciens de Los Angeles pour un seul concert... un coût pas supportable. J'ai donc imaginé l'enregistrement de ces duos, convaincants à mes oreilles.

 

Le plus étrange dans cette histoire c'est la présence de I Muvrini (groupe corse totalement inconnu, à l'époque). Hervé Leduc, le directeur musical de Véro, m'avait fait écouter un projet sur lequel il travaillait et j'ai craqué pour la voix du chanteur lead. Je me rappelle le premier rendez-vous avec lui dans mon bureau. Il était halluciné et ne comprenais pas du tout comment leurs voix pouvaient s'intégrer à une chanson de Véronique, eux qui chantaient en langue corse et dans un tout autre registre. On a réussi ce challenge, je n'en suis pas peu fier. Et ce fut, à mon avis, le début de la notoriété de ce groupe.

 

PdA : 1994-96... Votre goût pour la belle chanson vous conduit à collaborer avec Serge Lama...

 

B.S.-P. : J'ai été recommandé à Serge (qui ne faisait pas, loin s'en faut, partie de mon panorama musical). J'ai fini par le rencontrer. Je n'ai pas ri à son humour mais j'ai apprécié chez l'homme son franc-parler gascon et sa verve inaliénable. Lui aussi était ignoré depuis une génération. J'ai pris en mains son album et il a fait disque d'or. On n'en revenait pas, ni l'un ni l'autre. (Voir : L'ami à l'Olympia en 1996, ndlr)

 

Bernard Saint-Paul soleil

 

PdA : 1996-98... Dans un autre cadre, avec les Éditions Atlas, vous contribuez à créer la collection Chansons françaises...

 

B.S.-P. : On m'a appelé un jour (son président, Bernard Canetti, qui n'est autre que le fils de Jacques Canetti, le plus grand découvreur de talents du 20ème siècle). Ils avaient dans l'idée de vendre un best-of de la chanson française en le classant année par année, commençant par les années 50. Ils n'arrivaient pas à boucler leur projet, faute des autorisations des major companies qui, prises au dépourvu, considéraient d'un mauvais œil l'éventuelle dilapidation de leur catalogue.

 

J'ai donc imaginé, pour by-passer ce mur de Chine, de faire réinterpréter toutes ces chansons par d'autres chanteurs que les originaux. J'y ai mis du temps (1 000 titres, 80 albums) mais ça a fonctionné. On a vendu 13 millions de CD, mais l'industrie traditionnelle s'est bien gardée d'en faire état. C'était un camouflet de taille, et un gigantesque manque à gagner.

 

PdA : 1998, 1999, 2000... Trois albums de Sanson, dont un live. De l'album Indestructible (1998), on retient trois ou quatre beaux morceaux (Indestructible; Un amour qui m'irait bien; Un être idéal; J'ai l'honneur d'être une fille...) et un chef d’œuvre, déchiré et déchirant : Je me suis tellement manquée... Un an et demi plus tard, c'est la sortie de son album hommage à Michel Berger, D'un papillon à une étoile (Pour me comprendre; Le Paradis blanc; Si tu t'en vas; Je reviens de loin...), interprété sur scène et enregistré en 2000 sous le titre Véronique Sanson chante Michel Berger; Avec vous. Elle bouleverse, plus que jamais. Ces années-là, c'est aussi l'amorce d'une période, disons... compliquée, pour elle...

 

B.S.-P. : Si vous voulez... En fait, c'était compliqué depuis longtemps, mais j'étais impuissant devant sa maladie. Je m'en voulais en silence d'être incapable de la soigner. Ça aurait été tellement plus simple. Mais cette saloperie s'accroche et vous tire par les pieds vers les abîmes qu'elle habite. Ce furent des années complexes, faites de tiraillements successifs, de mésententes, d'incompréhensions répétées entre Véronique et moi. De plus, évidemment, son entourage s'acharnait à vouloir me dégager. Je les gênais, c'était leur vérité ou la mienne ! J'ai très mal réagi aux médisances dont j'ai été la cible pendant ces années-là. C'est donc dans cette atmosphère lourde, Véronique étant malade, que nous avons enregistré l'album Indestructible au Palais des Sports de Paris.

 

Puis, ce fut l'hommage à Michel Berger, dont la rythmique fut enregistrée à Paris et les cordes à Rome, puis mixé dans un studio à Capri, qui a été fermé depuis. Pourquoi tous ces voyages ? Les musiciens de Véronique, qui habitaient tous aux USA, sont venus une semaine en France et ont enregistré les bases rythmiques. J'avais contacté, au tout début du projet, le splendide Paul Buckmaster (celui-là même qui avait fait les arrangements de cordes pour les premiers albums d'Elton John). Je suis allé le rencontrer à Los Angeles, il nous a fait des propositions, et pour que cela coûte moins cher, nous avons enregistré les cordes à Rome, dans le studio d'Ennio Morricone.

 

Quand tout cela fut terminé, nous avons fini à Capri. Je me rappelle m'être retiré pour pleurer quand j'ai eu fini le mixage de L'un sans l'autre. Réécoutez ce titre, c'est exceptionnel (voir : la version live de la chanson, sur l'album Avec vous, ndlr). J'adore le son de cet album, la délicatesse de l'écriture de cordes de Buckmaster, la finesse du mixage et surtout la touchante interprétation de Véronique. C'est, avec Olympia 1993, l'album de Véronique que je préfère, et de loin.

 

PdA : 2004, 2005... Elle revient, après un gros passage à vide. On la sent apaisée. Mieux. Son album Longue distance (J'aime un homme; Annecy; L'Homme de farandole; Vue sur la mer; La Douceur du danger; La vie se fuit de moi; Longue distance; 5e étage...) est suivi d'une tournée, immortalisée sur les enregistrements estampillés Olympia 2005. Le public, son public est là, présent. Le lien qui les unit n'a jamais été aussi fort...

 

B.S.-P. : Je n'ai pas remarqué qu'on la sentait apaisée. De près, je n'avais pas cette sensation. Mais elle se battait ! Je ne suis pas fan de cet album, qui s'est fait dans la douleur et l'approximation. Je n'en garde rien qui soit transcendant. C'est bien, mais on peut mieux faire.

 

PdA : Voyez-vous, dans votre parcours, quelque chose dont nous n'aurions pas encore parlé et que vous souhaiteriez évoquer ici ?

 

B.S.-P. : Qu'aurait-on oublié d'évoquer ? Mon âge ? Ma fortune ? Ma collection de voitures ? Ma sexualité trépidante ? Elle est atrocement banale, même quand j'ai bu, c'est dire !

 

PdA : De quoi êtes-vous fier, Bernard Saint-Paul ?

 

B.S.-P. : Je suis fier d'avoir su mettre ma culture et la petite intelligence dont mes parents m'ont fait cadeau au service d'une cause dont je rêvais depuis ma banlieue provinciale. J'habitais au dessus de l'école que ma mère dirigeait et écoutais Europe n°1 en rêvant d'habiter Paris, d'aller à l'Olympia, de réaliser des disques, de faire partie du monde de la musique, mais à ma manière uniquement. Quelque chose de très fort me disait que j'y avais ma place, que je saurais apporter une très belle pierre à l'édifice de la chanson. Cette intuition était la bonne.

 

PdA : Avez-vous, a contrario, des regrets ?

 

B.S.-P. : J'en ai encore quelques uns, dont celui, et non des moindres, d'avoir été trop rigide, intransigeant, froid, communiquant très peu, et très probablement à la limite du supportable. Je suis un solitaire, je ne me sens bien qu'avec des livres et/ou de la musique. J'ai du mal à échanger des banalités de café du commerce. Ce n'est pas de la prétention, c'est juste le constat que le temps passe très vite, que mon chat me comprend sans parler, que j'ai encore beaucoup à apprendre et que les minutes défilent.

 

PdA : Véronique Sanson fera son retour sur scène - et sans doute dans les bacs - l'an prochain...

 

B.S.-P. : J'ai appris cela très récemment.

 

PdA : Y a-t-il un message que vous souhaiteriez lui adresser, au détour de cet entretien ?

 

B.S.-P. : C'est une artiste incomparable, douée au-delà du possible, mais ce n'est pas la plus grande travailleuse que j'aie connue. En même temps, est-ce indispensable ? Si elle a LE titre, elle est imparable. La loi est la même pour tout le monde, tant en littérature qu'au cinéma et en musique. Je lui souhaite le meilleur, et j'ai hâte d'entendre. Je lui fais confiance et je l'aime. C'est ma petite sœur, vous ne saviez pas ?

 

PdA : Que vous inspire le paysage musical actuel ? Avez-vous, à ce jour, des coups de cœur pour tel ou tel artiste ?

 

B.S.-P. : À vrai dire, je suis quasi ignorant du paysage musical actuel en France, où je vis assez peu. J'aime beaucoup l'attitude de Christine and the Queens, quelques aspects de Julien Doré, London Grammar et Fauve. Je suis fan de Kiddo et de Michael McDonald.

 

Le rap a eu raison de ma patience, non pas tant par le manque flagrant de mélodies (voire l'appropriation outrancière de samples), mais bien plus par la pauvreté des textes et des messages que leurs auteurs essayaient d'y faire passer. Et ça, c'est dans le meilleur des cas, quand il s'expriment en français, quand ils respectent la syntaxe et la grammaire d'une langue qu'ils n'ont pas jugé nécessaire d'apprendre sur les bancs de l'école. Je n'ai aucun respect pour ces usurpateurs qui se prennent pour des poètes. Non seulement ils m'ennuient mais ils m'énervent profondément.

 

PdA : Question subsidiaire : seriez-vous prêt à rempiler dans le domaine de la production, de la réalisation musicale ?

 

B.S.-P. : Pourquoi pas ? Tout cela dépend du projet, mais ce serait à mes conditions et uniquement pour me prouver que j'ai encore un peu de goût.

 

Lucien

 

PdA : Changeons de domaine, avant de conclure... Votre premier roman, Lucien, a été publié il y a deux ans aux Éditions du Panthéon. Voulez-vous nous en parler ?

 

B.S.-P. : C'est le premier d'une série de personnages qui habitaient mon imagination. Lucien est un désespéré cynique dans son discours, mais cynique par faiblesse, par tendresse, le prototype du mec qui fait semblant et qui s'en veut au point de se haïr et de tout faire pour qu'on le déteste, ce qui justifierait l'opinion qu'il a de lui. On a dit de mon style qu'il était gainsbourien?  Est-ce que la détresse humaine serait l'apanage de Serge ? On est tous malheureux, on a tous des limites. Peu d'entre nous les acceptent, ils se battent contre des rochers. C'est ça, la grande loterie !

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

B.S.-P. : Mes projets sont assez simples. Mon second roman, intitulé L'Enterrement de Monsieur Lapin, est parti chez l'éditeur il y a un mois maintenant. Sortie prévue : en janvier prochain. J'en ai aussitôt attaqué un autre, qui me prendra environ deux ans. Je voyage beaucoup en Asie, je vais voir une de mes filles qui fait ses études à Houston, je parle beaucoup à mon chat, j'aime qui veut m'aimer, je lis, j'écris et je rêve...

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

B.S.-P. : Pour ceux qui n'ont pas encore lu Lucien, foncez sur amazon, sur Chapitre ou sur fnac.com, ou bien commandez-le à votre libraire... Vous ne vous ennuierez pas. C'est assez facile à lire, ça parle d'amour et de mal de vivre, de passions, de séparations, d'alcool, de drogues et de nouveaux-nés.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

B.S.-P. : Merci de m'avoir accordé cet espace pour m'y livrer sans parapet, sans censure et sans garde-fou. Je n'ai rien su cacher que je n'aie encore en mémoire.

 

Ma conclusion à ce stade, et si elle peut être d'une quelconque utilité : protégez-vous des cons, ils osent tout, c'est même à cela qu'on les reconnaît (Audiard).

 

PdA : Merci infiniment...

 

Bernard Saint-Paul chien

 

 

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Pour aller plus loin...

  

29 avril 2014

Marcel Amont : "Je suis accro au spectacle vivant"

   Mon invité du jour, c'est un artiste authentique, un jeune homme présent dans le monde du spectacle depuis plus de soixante-cinq ans. Après des débuts prometteurs dans son Aquitaine natale, il a voulu conquérir Paris, "the place to be", déjà. L'année : 1950. La musique, le show : des passions inébranlables. Mais percer relève souvent du parcours du combattant. Il lui faudra attendre quelques années, surmonter des moments de questionnements sérieux avant de connaître, enfin, un succès mérité, une reconnaissance du métier; un public large et fidélisé, surtout. En 1956, il fait la première partie de Piaf à l'Olympia. Avec, dans la foulée, une récompense prestigieuse, des débuts au cinéma. Sa carrière est lancée au plan national. Dans les années 60 et 70, Marcel Amont - né Miramon - fait partie du paysage, presque de la famille. Les auditeurs, les spectateurs sont friands de ses interprétations qui, souvent, vont bien au-delà du "simple" exercice vocal : un saltimbanque, dans la plus noble, la plus pure tradition du terme, celle du music-hall. Les années 80 seront plus difficiles. Pour lui comme pour pas mal de ses confrères. Découragé ? Aucunement : il ira voir ailleurs, dans d'autres contrées - avec succès.

   Marcel Amont fait son grand retour en France au milieu des années 2000. Il présente un nouvel album, Décalage horaire, opus comportant des duos avec des personnalités aussi éclectiques que Gérard Darmon, Agnès Jaoui ou Didier Lockwood. Il n'est pas plus à la mode qu'à ses débuts, il en est plutôt fier, d'ailleurs : il le revendique dans la chanson Démodé. La mode, ça va, ça vient. Son univers à lui est toujours aussi attachant. Cet homme sur lequel le temps paraît n'avoir que peu de prise continue, plus que jamais, de divertir, de bluffer les spectateurs, avec un enthousiasme intact et communicatif, un sourire qui renforce ces sentiments qu'on lui associe et qu'il inspire : bonté, bienveillance. Humilité, ai-je envie d'ajouter... En 2012, il célèbre ses plus de soixante ans de carrière à l'Alhambra, l'occasion de retrouver quelques vieux copains, de se rappeler au bon souvenir d'un public toujours heureux de le revoir. L'occasion, surtout, de retrouver la scène, le vivant, qu'il aime plus que tout.

   En 2014, années de ses quatre-vingt-cinq ans, il surprend encore et toujours : Lettres à des amis sort en librairie. Dans cet ouvrage, il s'adresse à Aznavour, à Coluche, à De Gaulle ou à Jésus, à Joseph Kessel ou aux musiciens du Titanic - liste non-exhaustive... À ses parents et à Marlène, son épouse. Je la remercie pour nos échanges et remercie Marcel Amont pour les réponses qu'il a bien voulu apporter à mes questions. Merci à tous les deux pour votre gentillesse... et que les souhaits exprimés ici se réalisent ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MARCEL AMONT

 

« Je suis accro au spectacle vivant »

 

Marcel Amont

(Source des photos : M. Amont)

 

Q. : 25/04/14 ; R. : 27/04/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Marcel Amont. Vous avez quatre-vingt-cinq ans depuis peu. J'en ai cinquante-six de moins, mais nous serions nombreux, parmi les jeunes de ma génération, à signer des deux mains pour avoir, à votre âge, votre pêche, votre énergie hors du commun. Cela dit, je ne ferai pas l'économie de la question qui suit : comment allez-vous ?

 

Marcel Amont : Étant donné mon âge, je vais bien.

 

PdA : « À dix-huit ans, j'ai quitté ma province... » Vous avez, pour ce qui vous concerne, quitté votre Aquitaine natale pour tenter votre chance en tant qu'artiste à Paris un peu plus tard, à la fin 1950, à vingt-et-un ans, si je ne m'abuse. À quoi vos premières semaines, vos premiers mois dans la capitale ont-ils ressemblé ? Vous est-il arrivé, parfois, d'être en proie à des doutes sérieux, d'être découragé au point de songer à tout plaquer ?

 

M.A. : Rien dans mon milieu ne me prédestinait à une carrière artistique.

  

Après des débuts prometteurs dans mon Bordeaux natal, j’avais compris que dans un pays centralisé comme la France, tout avenir artistique un peu ambitieux passait par Paris. Je suis donc « monté » vers la capitale. Les quelques contacts que j’avais ont vite tourné court et, comme tous les provinciaux, qui n’ont plus gîte et couvert gratuits assurés en famille, j’ai dû m’accrocher – souvent en proie au doute - sur le choix que j’avais fait de cette carrière ; sans aller jusqu’à renoncer, la tentation fut souvent forte de retourner dans ma région où j’avais commencé à gagner ma vie entre chanson, opérette et comédie.

 

PdA : En 1956, vous faites la première partie d'Édith Piaf à l'Olympia. Tout va s'enchaîner très vite, à partir de ce point : la reconnaissance du métier, le succès public, les projets - y compris pour le cinéma...

 

M.A. : C’est en effet en 56 que je suis passé, comme dit l’autre, de l’ombre à la lumière des grands scènes - avec en prime le Prix de l’Académie Charles Cros (pour un premier disque !) et un film avec BB…

 

PdA : Comment avez-vous réussi à garder la tête froide, à ce moment-là ? Avez-vous toujours réussi à le faire, d'ailleurs ?

 

M.A. : J’avais déjà sept ans de métier et, si j’avais rêvé de tout ce bonheur, je n’avais plus aucun regret d’avoir renoncé au noble métier d’enseignant ! C’était grisant mais surtout rassurant - ouf…

 

PdA : Dans les années 60, puis 70, vous êtes très présent dans le paysage médiatico-culturel. Vous avez massivement investi les scènes, les tourne-disques, les écrans de télévision, en cinq mot comme en cent : conquis le cœur des Français(es). On avance un peu dans le temps... Le virage des années 80 a été, pour nombre de vos confrères, plutôt difficile à aborder. Une expression revient souvent : la "traversée du désert". Est-ce ainsi que vous avez vécu ces temps de moindre exposition médiatique ?

 

M.A. : C’est toujours frustrant de devenir rare sur les médias ; mais par chance, mon travail, avant tout visuel et scénique, m’a ouvert les portes de l’étranger. J’ai chanté dans le monde entier, vécu un an à Rome (« Studio Uno ») et fait des disques en sept langues.

 

PdA : Vous le savez bien, les chansons qui marchent ne sont pas forcément toujours les plus belles ou les mieux écrites. À l'évocation de votre nom, il est quelques gros succès qui reviendront souvent : Bleu, blanc, blond (1959) ; Un Mexicain (1962) ; L'amour ça fait passer le temps (1971) ; Le chapeau de Mireille (1974)... J'aimerais vous inviter à nous parler de ceux de vos titres pour lesquels vous avez une tendresse particulière et qui mériteraient, à votre avis, d'être eux aussi découverts ou redécouverts... ?

 

M.A. : Les chansons que vous citez ont contribué à faire de moi ce qu’on appelle un chanteur populaire. Mais, je le redis, les trois-quarts de mon répertoire sont avant tout consacrés à des morceaux visuels que j’évite de chanter sur les médias pour que le public les découvre dans mes concerts. Mesdames, messieurs, venez les VOIR !

 

PdA : Qu'aimeriez-vous que l'on dise de vous au soir de votre départ pour le grand voyage, celui qui - pas avant une bonne trentaine d'années, minimum - vous permettra de retrouver quelques amis, de reprendre avec eux les rigolades interrompues ?

 

M.A. : Bravo et merci.

 

PdA : De quoi êtes-vous fier, Marcel Amont ?

 

M.A. : De l’ensemble de ma carrière, et de ma famille la plus proche.

 

Lettres à des amis

 

PdA : Dans votre ouvrage intitulé Lettre à des amis (Chiflet & Cie), vous prenez la plume - ou le clavier ? - et vous adressez à quelques personnes, connues ou non et qui, chacune à leur manière, vous marquent ou vous ont marqué. Imaginons qu'on vous offre la possibilité d'entretenir deux conversations, l'une avec un de nos contemporains, n'importe qui...

 

M.A. : Le pape François, pour qu’il m’aide à retrouver une foi perdue depuis longtemps.

 

PdA : ...l'autre avec quelqu'un ayant déjà rejoint le monde suivant.

 

M.A. : Mon père et ma mère.

 

PdA : Restons dans le domaine de la fantaisie. Cette question-là, j'aime la poser assez régulièrement. Un génie un peu fou - appelons-le, tiens... Doc' - vous propose de tester sa nouvelle invention : une machine à remonter le temps, construite dans une vieille DeLorean. Vous n'aurez droit qu'à un voyage, aller-retour ou aller simple, à vous de voir. Pour le lieu, et surtout l'époque, vous êtes libre, totalement libre... Que lui répondez-vous ?

 

M.A. : Aller simple à l’époque de mes trente ans. Mais, tout compte fait, le voyage commencé il y a trente-huit ans avec Marlène et qui se poursuit ici et maintenant, me convient tout à fait.

 

PdA : Quittons le passé et revenons sur Terre pour évoquer le présent, votre avenir, surtout... Vous avez souvent fait preuve de beaucoup d'inventivité, d'audace dans votre parcours artistique, n'hésitant pas, notamment, à marier la musique au visuel, à l'humour, un peu comme Annie Cordy. Votre curiosité, votre gourmandise intellectuelles sont restées intactes, vous êtes toujours un jeune homme. Quelles sont les aventures, les nouvelles frontières qui, aujourd'hui, pourraient vous séduire, vous tenter ?

 

M.A. : Mon vœu : continuer mes activités de spectacle et d’écriture sur fond de vie familiale harmonieuse.

 

PdA : Quels sont vos projets, vos envies ? Écrivez-vous de nouvelles chansons dans l'optique d'un prochain album ?

 

M.A. : Les albums n’ont évidemment rien de négligeable pour un chanteur. Mais je suis depuis soixante-cinq ans accro au spectacle VIVANT et je le reste. Je n’écris presqu’exclusivement qu’en ce sens – disque ou pas.

 

PdA : Quels sont vos rêves ?

 

M.A. : Que perdure l’ensemble des bienfaits dont j’ai parlé.

 

PdA : Vous connaissez bien le milieu de la chanson, vous en êtes depuis près de deux tiers de siècle; vous l'avez vu évoluer. Quels conseils offririez-vous à un(e) jeune qui vivrait pour la musique et aimerait en faire sa vie ?

 

M.A. : Deux conseils :

1) Faites comme vous sentez ;

2) Ne soyez pas interchangeables. N’ENTREZ PAS DANS LES MOULES.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Marcel Amont ?

 

M.A. : Partir en paix quand ce sera le moment.

 

PdA : Le plus tard possible... Un dernier mot ?

 

M.A. : Un dernier mot ? Pas tout de suite, SVP…

 

 

Que vous inspirent l'oeuvre, le parcours de Marcel Amont ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Marcel Amont...

  

Éd. mineure de l'introduction : 15/07/14

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1 février 2014

Marie-Paule Belle : "Le public ? Ils sont toute ma vie..."

   « Est-ce que vous avez déjà entendu parler de Marie-Paule Belle ? Non ? Ça ne m'étonne pas, et si vous m'aviez répondu "oui", j'aurais presque été inquiet. Inquiet, et puis déçu, parce que je comptais ce soir la faire découvrir aux téléspectateurs, pour la première fois. Regardez-la bien. Vous la reverrez, certainement. Vous en entendrez parler. Il y a très peu de jeunes chanteuses à qui l'on puisse prédire ce destin, en ce moment... » Nous sommes en mars 1973. Philippe Bouvard est emballé par cette nouvelle venue sur la scène musicale, à tel point qu'il va lui permettre d'interpréter deux de ses chansons, deux titres plutôt fantaisistes : Wolfgang et moi et Nosferatu. Elle est seule sur scène, en piano-voix. C'est elle qui en a signé les mélodies... La Parisienne sortira trois ans plus tard...

   « Cette femme est absolument faite pour "attaquer" Barbara » (Fabrice Luchini, Vivement dimanche, 2011). « Elle a la volupté et la grâce pour chanter du Barbara » (Fabien Lecœuvre, Les années bonheur, 2011). J'en passe, et des meilleures (la grande dame brune elle-même lui avait confié, dans un élan de tendre enthousiasme, qu'elle adorait son travail)... Marie-Paule Belle n'est pas uniquement le « diablotin sautillant sur un tabouret de piano » que l'on pourrait croire, vue de loin, en surface. Ses fans, eux, connaissent parfaitement l'étendue de sa palette, de son œuvre. Écoutez ses reprises de Attendez que ma joie revienne, de Dis, quand reviendras-tu ?, de Nantes... Écoutez Berlin des années vingt, L'enfant et la mouche, La petite écriture grise, Quand nous serons amis... Écoutez Un pas de plusCelles qui aiment elles, Assez... Quelques échantillons, simplement, il y en a tellement...

   Pour cette première publication Paroles d'Actu de l'année, je vous invite à découvrir ou à redécouvrir une grande, une très grande musicienne et artiste de la chanson française. Les médias feraient bien de s'en souvenir et d'en faire autant, tout le monde y gagnerait... Un talent. Une femme de cœur et de convictions. En trois mots comme en cent : une « Belle » personne... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MARIE-PAULE BELLE

 

« Le public ? Ils sont toute ma vie... »

 

Marie-Paule Belle

(Source des photos : production)

 

Entretien réalisé entre le 27 janvier et le 1er février 2014

  

Paroles d'Actu : Bonjour Marie-Paule Belle. J'aimerais, pour débuter cet entretien, vous inviter à évoquer pour nous la figure de Barbara : vous lui avez consacré plusieurs enregistrements, deux spectacles et de nombreuses représentations publiques depuis 2001. Quelle est la place qu'elle a occupé, qu'elle occupe dans votre vie ?

 

Marie-Paule Belle : C'est grâce à Barbara et Brel que j'ai décidé de chanter, lorsque je les ai vus sur scène, adolescente... J'étais bouleversée... Barbara a été une révélation pour moi. C'était la première fois qu'une femme parlait de l'amour, de la mort avec un éclairage si personnel ! Elle s'accompagnait au piano avec des mélodies classiques, parlait de ses sentiments, de son histoire... Tout ce que j'aime ! Par la suite, mon chemin est passé par l'Écluse, cabaret de la Rive gauche, où elle a chanté longtemps !

 

J'ai eu la chance de la rencontrer et de lui parler quelquefois... J'ai deux fax d'elle dans mon bureau, je les considère comme des porte-bonheur... Les spectacles que je lui ai consacrés m'ont apporté beaucoup d'émotions, même au Japon et en Pologne ! Parfois le public a redécouvert quelques chansons, ce qui m'a fait très plaisir... Elle est toujours présente dans ma vie...

 

PdA : Et dans la nôtre... Abordons maintenant, si vous le voulez bien, votre répertoire à proprement parler. La Parisienne est probablement celui de vos titres que l'on vous associe le plus naturellement. Son succès a contribué à vous apporter notoriété et reconnaissance.

Quels sont, au quotidien, les signes de cette popularité, les témoignages d'affection du public qui vous touchent particulièrement ? Question subsidiaire : n'est-ce pas un peu frustrant, parfois, d'être régulièrement "réduite" à cette chanson dans les médias ? Entendons-nous bien : elle est formidable, éminemment moderne, et l'énergie que vous dégagez avec elle est à chaque fois communicative. Mais vous en avez d'autres, beaucoup d'autres...

 

M.-P.B. : Il est vrai que La Parisienne est ma carte d'identité ! Lorsque l'on me reconnaît, on me chante cette chanson, ou l'on sourit avec gentillesse et complicité à un feu rouge, par exemple ! On me dit : « Vous avez enchanté ma jeunesse », « Quelle énergie ! », etc..., etc...

 

C'est vrai qu'au bout de plus de quarante ans de carrière, et une vingtaine d'albums, j'aurais aimé que l'on se souvienne d'autres chansons que j'aime aussi, soit pour leur mélodie, soit pour leur sujet, car j'ai chanté des chansons très différentes... Mon public fidèle, mes fans s'en souviennent ! Je ne suis pas frustrée car je trouve merveilleux de rester encore dans la mémoire de certains, d'une façon aussi joyeuse et positive ! Si je suis venue au monde pour apporter un peu de joie, c'est déjà pas mal, et j'ai plaisir à le constater lors des signatures, après les concerts. J'ai aussi une grande chance de partager encore, de nos jours, cette joie sur scène !

 

PdA : C'est en effet quelque chose d'exceptionnel et qui n'est pas donné à tout le monde... La plus belle des récompenses pour un artiste, j'imagine... S'agissant, justement, de ces autres titres qui gagnent à être connus, parlons-en.

Quelles sont, sur l'ensemble de votre répertoire, les cinq ou dix chansons que vous préférez ? Celles que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir via, par exemple, les plateformes de téléchargement légal ?

 

M.-P.B. : Il est difficile pour moi de répondre à cette question ! De plus, beaucoup de mes chansons ne peuvent être téléchargées, car elles sont introuvables sur internet, ou ailleurs, mes albums ayant eu des producteurs indépendants et des distributeurs différents...

 

Il y a des chansons comme Sur un volcan, L'enfant et la mouche, Berlin des années vingt qui sont très bien écrites, par Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris. Ou, dans le dernier album, Assez et Celles qui aiment elles, écrites par Dominique Valls. Elles évoquent des sujets graves, en dehors des modes, comme la décadence conduisant aux extrêmes, l'indifférence, la cruauté, la violence, l'homophobie, etc... Ces sujets sont traités sans lourdeur, avec justesse, avec poésie par leurs auteurs.

 

Il y a des chansons romantiques ou nostalgiques, comme Quand nous serons amis, La petite écriture grise, Elle t'a changé, Patins à roulettes, 42 colonnes corinthiennes, La cabine en verre, Matin d'amour, Nuage rose, etc... Il y a des chansons comme Beauté de banlieue, dont je suis fière de la musique, ou des chansons autobiographiques dont je suis l'auteur, comme Sans pouvoir se dire au revoir. Enfin, les chansons drôles qui m'ont beaucoup fait rire en les créant avec mes amis, dont Isabelle Mayereau, avec qui j'ai écrit aussi des chansons drôles pour Anne Baquet. Je pense à Moujik russe, L'oeuf -complètement surréaliste -, Placali Calalou, etc...

 

Mes goûts personnels vont plus vers les chansons graves ou romantiques, qui sont souvent à l'opposée de mon image médiatique caricaturée, celle d'un diablotin sautillant sur un tabouret de piano !

 

PdA : Parmi ces chansons, il en est qui sont, pour le coup, à la fois romantiques et graves. Vous évoquiez l'un des titres de votre dernier album en date, Celles qui aiment elles, sur Marie Paule ReBelle. Des trésors de sensibilité, dans ce texte... Vous savez « le prix de leurs amours rebelles »...

Qu'avez-vous ressenti après l'adoption en 2013 de la loi Taubira ouvrant droit au mariage pour tous ? Cette reconnaissance par la République de ces amours encore trop souvent montrées du doigts, vous l'attendiez, vous l'espériez depuis longtemps ?

 

M.-P.B. : Je l'attendais et je suis très heureuse qu'enfin, cette loi soit votée !

 

PdA : Plusieurs sondages ont indiqué, à l'occasion de ces débats, qu'un grand nombre de Français approuvait cette évolution et qu'il y avait, en tout état de cause, un recul de l'intolérance en matière d'homosexualité. Mais il y a eu, ici ou là, à la marge mais de manière parfois organisée, des actes, des mots qui n'ont pas grandi leurs auteurs...

J'aimerais vous demander, en tant que femme engagée, en tant qu'artiste populaire, quel message vous adresseriez à un père, à une mère qui, de bonne foi, sans pensée haineuse, vivrait mal l'annonce par son enfant de son homosexualité ?

 

M.-P.B. : Je lui demanderais simplement ce qui est le plus important : le bonheur de son enfant ou le souci du regard des autres ?! Cela dit, je ne suis pas du tout d'accord avec les sondages : l'homophobie (comme le racisme) a progressé en France, on l'a vu lors des manifestations contre le mariage pour tous ! Je le vois tous les jours après mes concerts, avec les nombreux témoignages d'homosexuels, hommes et femmes, qui me remercient pour la chanson Celles qui aiment elles et qui souffrent beaucoup dans leur quotidien, surtout en province !

 

PdA : Puissent cette chanson, la sagesse de vos propos contribuer à faire progresser l'esprit de tolérance, ou plutôt de respect, je le souhaite de tout cœur. Parmi vos titres récents, il y en a un autre, très beau, qui aborde le sujet ô combien douloureux des femmes battues : Assez (Marie Paule ReBelle). J'imagine que, dans un domaine qui ne s'éloigne pas trop de cette question et de celle abordée précédemment, la résurgence des débats portant sur l'IVG, en France, en Espagne, surtout, ne doit pas vous laisser indifférente...

Quels sont les sujets d'actualité qui vous interpellent, vous révoltent et qui pourraient, peut-être, vous inspirer la création de nouvelles chansons ?

 

M.-P.B. : Tout est dit dans votre question. Dominique Valls a écrit de très beaux textes sur ce qui me tient à cœur... Quand un sujet me révolte ou m'interpelle de quelque façon que ce soit, j'en parle avec mes auteurs, et ils m'écrivent de très jolies choses... C'est vrai que la résurgence des débats portant sur l'IVG m'inquiète beaucoup, moi qui ai défilé pour dans les années 70 ! Quelle régression...

 

PdA : Vous avez justement rendu hommage à vos auteurs au cours de notre interview. Envisageons maintenant, si vous le voulez bien, un domaine qui passe souvent au second plan et dans lequel vous excellez depuis toujours : la composition. Quel rapport entretenez-vous avec votre piano ?

 

M.-P.B. : Le piano est comme une personne. Certains me parlent tout de suite, d'autres ne me diront jamais rien ! J'avais évoqué le sujet avec Barbara, qui avait le même dialogue avec son piano. Un jour où je n'avais aucune inspiration, ce qui me rendait malheureuse, elle m'a dit, en parlant de mon piano : « Laisse-le bouder ! Laisse passer le temps et il te reparlera ! ».

 

Mon piano est réglé spécialement pour moi, selon mes goûts (graves profonds, un peu métalliques, mécanique souple, aigus perlés). Pour les concerts, je fais très attention à la qualité du piano, car j'ai eu beaucoup de problèmes, surtout en début de carrière... Je chante complètement différemment si j'ai un bon piano ou pas.

 

PdA : Quel est, pour ce qui vous concerne, le processus qui mène à la naissance d'une mélodie ? Vient-elle, en général, avant ou après le texte ?

 

M.-P.B. : Les mélodies arrivent souvent avec le plaisir de l'improvisation, ou bien n'importe où et n'importe quand. Je ne le commande pas et je les enregistre dès qu'elles me restent dans la tête. J'ai dans mon iPhone et mon ordinateur des musiques très différentes allant de la ballade classique au jazz.

 

Pour les chansons, je pars sur quatre vers que l'on me donne, et je m'envole... Ou bien, je donne à l'auteur la mélodie structurée en couplets, refrains, avec la métrique des vers. Il n'y a pas de règle, mais j'écris très rarement sur un texte définitif. 

 

PdA : Merci pour ces quelques anecdotes précieuses, tout droit venues des coulisses de votre art. En filigrane, il y a aussi la question de la production musicale, de son évolution. Vous aviez fait appel aux internautes pour coproduire votre dernier album.

Qu'est-ce qui, depuis vos débuts, a changé dans la manière de faire de la musique, de la diffuser ? Quel regard portez-vous sur le paysage musical actuel ?

 

M.-P.B. : Tout a changé depuis mes débuts ! Les mentalités, la technique, le marché, etc... Large question ! Je dirai seulement que, lorsque j'ai commencé, j'ai signé pour trois albums ! À cette époque, on pouvait donner une chance à l'artiste, afin qu'il dispose d'un temps suffisant pour faire connaître son univers. J'ai eu la chance d'être récompensée par des prix prestigieux pour les trois premiers albums, ce qui m'a aidée pour resigner... Aujourd'hui, peu importe l'univers de l'artiste ! Ce qui compte c'est qu'il vende. L'artiste est d'abord un produit, il doit être formaté, avec des critères précis pour cibler une clientèle précise. Le CD ne se vend plus. Tout se passe par internet. Pour reprendre le slogan d'une pub : avant, il y avait des directeurs artistiques qui lisaient les partitions, mais ça, c'était avant ! Aujourd'hui, il y a des directeurs de marketing qui regardent les chiffres... Moi, je n'ai regardé que l'artistique !

 

Avec internet, on découvre de belles choses, mais aussi n'importe quoi ! Ce qui est merveilleux, c'est qu'avec un bon logiciel, un clavier, tout le monde peut faire de la musique, avoir un Steinway ou un orchestre philharmonique au bout des doigts... faire un album à la maison ! J'adore ces nouvelles technologies ! Ce qui est moins merveilleux, c'est ce qu'on entend parfois... Hélas, certaines émissions de télé ont développé de fausses valeurs... Tout le monde chante pareil, sans charisme, sans présence. Peu de personnalités sont "habitées" ! Peu se détachent (quelques exceptions, comme Stromae). On a montré les paillettes et non le travail ! J'espère encore que, si le talent est là, avec le travail, la chance (les bonnes rencontres au bon moment), on peut garder l'espoir d'être agréablement surpris !

 

PdA : Quels sont celles et ceux qui, pour ce qui concerne la chanson française, trouvent grâce à vos yeux - ou plutôt à vos oreilles - aujourd'hui ? Je pense à ceux, plus ou moins connus, qui émergent, je pense évidemment, aussi, à ceux qui, fort heureusement, sont toujours là...

 

M.-P.B. : Les grands auteurs-compositeurs, dans des styles très variés, de Trenet, Brel, Bécaud, Barbara, à Gainsbourg, Berger, Bobby Lapointe, pour ceux qui nous ont quittés. Et d'Aznavour, Sheller, Le Forestier, Lama à Jonasz, Souchon, Sanson, Voulzy, Julien Clerc, pour ceux d'aujourd'hui. Piaf, Maurane pour les voix... J'en oublie... Mouloudji, Cora Vaucaire, Montand, etc... De nos jours, Stromae se détache par son originalité, Zaz pour son timbre de voix. Je ne connais ni le rap, ni l'électro, et j'écoute des voix féminines anglo-saxonnes dans le jazz classique ou actuel.

 

PdA : Vous avez récemment annoncé, à regret, l'annulation de la tournée Sacrée soirée, à laquelle vous deviez participer. Où et quand pourra-t-on vous applaudir, dans les prochaines semaines, dans les prochains mois ?

 

M.-P.B. : À cause de cette tournée, aucun contrat n'a été signé, aucune démarche n'a été faite, car je ne pouvais cumuler les concerts de la tournée et les miens. Les deux prochaines et dernières dates de concerts du spectacle De Belle à Barbara, signées avant cette tournée, sont le 7 février, à Villeparisis, en région parisienne, et le 11 février, à Bayeux. Ensuite... ?

 

PdA : Allez-vous essayer de proposer de nouvelles dates, en Île-de-France et en province, pour De Belle à Barbara ?

 

M.-P.B. : Je ne crois pas... C'est trop tard. Toutes les salles sont programmées et prises, y compris pour les réunions électorales. La production est en train de voir si l'on peut avancer le nouveau spectacle, mais là aussi, c'est compliqué...

 

PdA : Voulez-vous nous dire quelques mots de ce que sera ce nouveau spectacle ?

 

M.-P.B. : Ce sera toujours du piano-voix, avec des chansons du répertoire et les miennes, dont certaines remontent à la période de mon passage à l'Écluse. Je le donnerai dans des petites salles, pour être très proche du public. Le titre provisoire est Comme au cabaret.

 

PdA : Avez-vous d'autres projets, d'autres envies dont il vous plairait de nous faire part ? Par exemple, planchez-vous, ou allez-vous plancher sur de nouvelles chansons ? Sur un nouvel album ?

 

M.-P.B. : Pour l'instant, je n'ai pas d'autre projet.

 

PdA : Quel message auriez-vous envie d'adresser à nos lecteurs et, en particulier, à celles et ceux d'entre eux qui, nombreux, vous suivent et vous aiment, depuis six mois, dix ans ou trente-cinq ans ?

 

M.-P.B. : Merci ! Car c'est grâce à leur fidélité, à leurs témoignages, à leur amour, tout simplement, si je suis toujours là ! C'est cet élan d'amour qui me donne l'énergie et l'envie de continuer lorsque je suis découragée et que je songe arrêter... Je le leur ai redit sur scène il y a huit jours, je l'écris en dédicace sur les albums ou les programmes, je le leur redis maintenant et je le ferai toujours, car ils sont toute ma vie !

 

PdA : « Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous »... Très belle dédicace, je suis sûr qu'elle les touchera beaucoup... Que peut-on vous souhaiter, chère Marie-Paule Belle ?

 

M.-P.B. : Que je continue à être émerveillée...

 

PdA : Je vous le souhaite de tout cœur... Continuez à nous émerveiller, à nous émouvoir... Un dernier mot ?

 

M.-P.B. : Merci Nicolas ! À bientôt ?...

 

PdA : Ce serait un honneur et, surtout, un plaisir. Merci infiniment pour ce bel entretien...

 

Marie-Paule Belle 2 

 

Que vous inspirent l'oeuvre, les combats de Marie-Paule Belle ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Marie-Paule Belle...

 

26 octobre 2013

Bel Plaine : "On aime l'adrénaline du live !"

« Bel Plaine traduit l’urgence et la contemplation, l’insouciance et l’envie. Dans des contes romantiques et modernes interprétés rageusement par les deux chanteurs aux voix aussi lointaines que jumelles. Le groupe à cinq têtes, formé en 2011, délivre une musique efficace, teintée de douce nostalgie folk. Une pop soutenue par des harmonies vocales qui apaisent comme la parole rassurante soufflée au creux d’une oreille. » Ils ont été, avec deux autres groupes, les lauréats 2013 du fameux Prix Paris Jeunes Talents. Une consécration méritée, un tremplin vers de nouvelles aventures, tellement exaltantes... Morgan Renault et Antoine Blond sont les deux chanteurs et guitaristes de Bel Plaine. Ancelin Quinton est bassiste, Cédric Van Der Gucht, batteur, Alexis Pivot, claviériste. Un quintette gagnant. Écoutez leur musique. Leur chanson Summer Ends. Leur EP, Present. Allez les voir. En vidéo. En live, surtout. Bel Plaine, l'un des groupes les plus touchants, les plus prometteurs de la scène actuelle... Un groupe à suivre... Petite interview-présentation. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MORGAN, ANTOINE

BEL PLAINE

 

« On aime l'adrénaline du live ! »

 

Bel Plaine 1

(Photos proposées à ma demande par Bel Plaine.

Ci-dessus, de g. à d. : Morgan Renault, Ancelin Quinton, Antoine Blond, Cédric Van Der Gucht.)

 

Q : 24/07/13

R : 19/10/13

  

Paroles d'Actu : Bonjour Morgan, bonjour Antoine. Vous êtes chanteurs, guitaristes au sein de Bel Plaine. D'où vous vient cet amour de la musique, à la base ?

 

Morgan : Pas de ma famille, en tous cas, car je n'ai pas été élevé autour de musiciens. Quoique... Je me souviens avoir été captivé, même très jeune, par un instituteur qui nous jouait de la guitare en classe. Après, c'est seulement à l'adolescence que je me suis mis à la musique, après avoir ramené une guitare d'Espagne.

 

Antoine : C'est marrant, moi aussi, c'est un instit' qui m'a donné l'envie de jouer de la guitare, mais à l'origine, je viens d'une famille de musiciens, donc j'ai toujours plus ou moins baigné dedans...

 

PdA : Parlez-nous de Bel Plaine, de l'histoire du groupe, qui est très récent je crois ?

 

Morgan : Oui, le groupe est né exactement le 31 décembre 2010, lors de ma rencontre avec Antoine. On était à la même fête du jour de l'An, on ne s'est pas calculés de la soirée, et c'est au moment de se dire au revoir que l'un de nous a fait une réflexion sur la musique qui passait, c'était un titre de The Drums. On a beaucoup discuté en se promettant de se revoir pour faire de la musique. On s'est recroisés le lendemain sur un quai de métro, par hasard…

 

PdA : Quels ont été jusqu'ici, à vos yeux, les moments forts de votre parcours ? Quels sont vos morceaux préférés, ceux que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ?

 

Antoine : L'un des grands moments a été l'enregistrement de notre premier EP, Present, dans une ferme du Lot que nous avons transformée en studio. C'est là qu'Alexis, notre pianiste, est arrivé et que Bel Plaine est devenu un groupe à cinq têtes, ce qui correspond à la vraie naissance du groupe pour nous.

 

Un autre moment fort a été de gagner le prix "Paris Jeunes Talents" cette année. En effet nous avons humblement sorti notre EP en auto-production, sans aucune structure, donc ça a été énorme pour nous de gagner un tel prix, sachant qu'on a enchaîné avec une participation aux Francofolies…

 

Morgan : Pour ce qui est de nos morceaux préférés, allez écouter Summer Ends, puis notre EP, et ensuite venez nous voir en concert !

 

PdA : Le nom Bel Plaine vient d'un t-shirt. Si votre univers devait être représenté par un dessin, à quoi ressemblerait-il ?

 

Morgan : À un bison galopant au milieu d'une vaste prairie, chevauché par un couple nu.

 

Antoine : J'ai pas mieux.

 

PdA : Les retours de la presse et du public sont, pour le moment, plutôt positifs (voire très positifs). Quels sont ceux qui vous ont le plus touchés jusqu'à présent ? Quelle est votre "stratégie" pour toucher le plus grand nombre ?

 

Antoine : Ce qui nous touche beaucoup, ce sont les e-mails d'anonymes qui nous écrivent pour nous dire qu'ils écoutent notre musique et qu'elle leur fait du bien. C'est toujours étonnant de recevoir de tels messages.

 

Morgan : Et sinon, c'est toujours encourageant d'être soutenu par la presse, que ce soient les petits blogs ou bien les magazines à plus grosse parution.

 

PdA : Quels sont les artistes, les groupes d'hier et d'aujourd'hui, connus ou moins connus qui vous inspirent, que vous aimez et que vous voudriez nous faire découvrir à l'occasion de cette interview ?

 

Morgan : Allez dévorer l'album de Half Moon Run, un groupe montréalais, c'est notre coup de cœur du moment.

 

Antoine : Et autre belle découverte, Unknown Mortal Orchestra.

 

PdA : Quels sont vos projets ?

 

Antoine : Pour être concret, nous voulons sortir un EP au printemps prochain. On a composé de nouveaux morceaux que l'on a hâte de présenter aux gens.

 

PdA : Vos envies ?

 

Morgan : Nous voulons continuer à faire de la scène pour partager notre musique avec le plus de gens possible, car on aime vraiment l'adrénaline du live.

 

PdA : Vos rêves ?

 

Antoine : Peut être vivre un peu mieux de notre musique, histoire d'en faire plus...

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

 

Morgan : Encore plus de concerts. D'ailleurs, n'hésitez pas à venir nous voir le 31 octobre au Badaboum (nouvelle scène Bastille), le 16 novembre à la CLEF de St Germain-en-Laye et le 26 novembre aux Trois Baudets.

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

Antoine : Merci à toi et à bientôt.

 

Morgan : À bientôt dans une salle de concert.

 

Present

 

Merci Morgan, merci Antoine, pour vos réponses, pour votre enthousiasme ! Merci à Maëva Saurine, leur manager, pour nos échanges. 5 lettres pour la suite du parcours de Bel Plaine, mais je ne m'en fais pas, je sais qu'elle sera belle... ;-) Et vous, que pensez-vous de Bel Plaine ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Bel Plaine...

 

2 avril 2013

Jean-Rémi Baudot : "Faire preuve de pédagogie sur l'éco"

En juillet dernier, je proposai à Jean-Rémi Baudot de lui poser quelques questions pour Paroles d'Actu. L'occasion d'évoquer avec lui la place de l'éco dans les médias, son parcours de journaliste, ses émissions sur BFM TV. Sans oublier Londres, ville qu'il aime, peu avant l'ouverture des Jeux olympiques... L'entretien aura finalement lieu aux premières heures du printemps 2013, un retard à mettre sur le compte d'un zèle excessif de votre serviteur. Cinq semaines après Thomas Misrachi, "un grand pro et un type très sympa", voici donc Jean-Rémi Baudot, que je suis heureux de recevoir sur ce blog. Si vous ne le connaissez pas encore, allumez votre télé sur BFM, un soir dans la semaine. Il vous présentera un tour d'horizon exhaustif, approfondi mais se voulant accessible de l'actu du jour. Vous risquez fort d'être convaincus, pour ne pas dire séduits, par le rendez-vous... Jean-Rémi Baudot a trente ans. Il compte probablement parmi les journalistes-anchormen qu'il conviendra de suivre dans les années à venir. À moins que cet ex-musicien pro ne nous surprenne. To be followed... Merci Jean-Rémi, merci de votre patience à mon égard, merci d'avoir joué le jeu et de n'avoir jamais perdu votre enthousiasme pour cet échange. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-RÉMI BAUDOT

Journaliste sur BFM TV

Créateur et directeur de la rédaction de FrenchinLondon.com

 

"Faire preuve de pédagogie sur l'éco"

 

Jean-Rémi Baudot

(Photo fournie par Jean-Rémi Baudot, éditée par Paroles d'Actu)

 

 

Q : 28/03/13

R : 02/04/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Jean-Rémi Baudot. Après vos études universitaires, vous vous êtes orienté vers le journalisme, économique en particulier. Commençons là notre entretien. Vous avez constaté dans une interview à TéléSphère que les journalistes n'étaient, en général, "pas très motivés" par l'économie. Comment l'expliquez-vous ? C'est un phénomène que l'on retrouve ailleurs, outre-Manche par exemple ?

 

Jean-Rémi Baudot : Il y a plusieurs réponses à cette question. L'une d'elles pourrait être le manque de culture économique de nombreux journalistes. Il y aussi que, dans de nombreuses rédactions, on considère souvent que les sujets économiques sont des sujets techniques, qui n'intéressent pas les lecteurs/téléspectateurs. Je pense que c'est souvent faux. L'économie est tout autour de nous, d'autant plus dans un contexte de crise. Regardez le succès des chroniques économiques de BFM TV (Nicolas Doze ou Emmanuel Lechypre) : ils sont écoutés et font réagir. L'éco devient intéressante et sexy à partir du moment où on en explique les enjeux, en quoi ça touche notre portefeuille. Il faut faire preuve de pédagogie.

 

J'aimerais parfois que, globalement, les médias prennent plus la peine de creuser les informations économiques. Un exemple : imaginons que Bercy revoie une prévision de croissance à la baisse de 0,4%. Ça veut dire qu'il va falloir trouver de l'argent en plus pour boucler le budget. Au-delà des réactions politiques, il faut mettre le gouvernement face à ces chiffres pour lui demander et lui redemander comment il va trouver les x milliards qui manquent pour tenir ses promesses. Cet angle là est rarement mis en avant alors que ce sont les finances du pays et la crédibilité des politiques qui sont en jeu.

 

 

PdA : Dans cette même interview, vous déclariez, je vous cite, "Le garde-fou que représente le journalisme face à l'action politique devrait aussi exister concernant l'éco et le business". Qu'entendez-vous par là ?

 

J.-R.B. : J'entends par là que si plus de grands médias s'intéressaient plus au fonctionnement de notre économie, de nos réseaux de consommation, des centres de décisions économiques, on éviterait probablement des dérives. Si un patron peu scrupuleux sait qu'il a peu de risque de voir ses magouilles dévoilées dans les journaux, il y a peu de chances qu'il arrête. Je regrette que le domaine de l'investigation économique soit souvent délaissé. Regardez l'émission Cash Investigation avec Elise Lucet, elle est formidable pour décortiquer les pratiques économiques et leur contradictions. Un très bon modèle.

 

 

PdA : Vous présentez les journaux du soir sur BFMTV depuis septembre 2011. Jusqu'en février 2012, vous étiez à la tête du JT éco de la chaîne. Deux expériences très fortes, j'imagine...

 

J.-R.B. : Au JT de l'éco, j'ai vraiment apprécié la possibilité d'expliquer l'économie, de vulgariser ce qui pouvait paraître compliqué, d'être le plus pédagogue possible. L'exercice était passionnant pour moi qui aime l'éco. Dans les journaux, l'exercice est un peu différent, parce que les sujets sont beaucoup plus nombreux et plus larges, mais je prends beaucoup de plaisir à parler politique, société, actualité internationale. Au fond, JT éco ou journaux, c'est la même envie : celle de transmettre l'information de la manière la plus honnête et la plus accessible possible.

 

 

PdA : À quoi ressemble votre journée type de travail, lorsque vous êtes à l'antenne le soir ? Quel "prise" avez-vous sur le contenu de votre journal ?

 

J.-R.B : Ma journée commence bien avant d'arriver à BFM TV. Le matin, je lis les journaux sur le net, j'écoute la radio, je scrute sur les réseaux sociaux les idées et les réactions qui circulent, avant de regarder le 13h.

 

A 15h, nous avons une conférence de rédaction où le rédacteur en chef passe en revue les sujets du moment, les évènements attendus jusqu'au soir, les moyens à disposition pour les couvrir, les reporters sur le terrain, etc... C'est là que l'on peut discuter d'un angle, qu'on peut proposer un sujet, une réaction, un invité. Par la suite, on prépare nos journaux en discutant avec la rédaction en chef jusqu'au direct, tout en gardant en tête qu'une info importante peut balayer tout ce qui a déjà été préparé. Il faut être réactif, c'est la clé d'une chaîne d'info, et c'est cette capacité qui fait de BFM TV une chaîne si performante et si regardée. Le téléspectateur sait que chez nous, il aura toujours la dernière info.   

 

 

PdA : Quelles grandes leçons avez-vous retenues des différentes étapes de votre parcours dans le monde des médias ? (la radio, Bloomberg TV France à Londres, BFMTV...)

 

J.-R.B. : La leçon principale c'est la rigueur. Rigueur de l'info, des faits. C'est essentiel.

 

 

PdA : Qui rêveriez-vous d'interviewer ? Quelle(s) question(s) souhaiteriez-vous poser tout particulièrement à telle ou telle personnalité ?

 

J.-R.B. : J'aimerais interviewer l'homme de la place Tian'anmen qui s'est opposé symboliquement à l'avancée des chars du régime chinois à Pekin en 1989. J'aimerais savoir qui il est, quel est son parcours et qu'est-ce qui a fait qu'à un moment, il a décidé de se lever et de s'opposer. L'image de cette homme est fascinante.

 

 

PdA : J'évoquais lors d'une question précédente votre expérience londonienne. Vous consacrez votre blog à la capitale britannique et êtes l'auteur de Londres, l'essentiel, paru aux éditions Nomades. Un autre ouvrage est en route... Comment expliquez-vous votre amour pour cette ville ? Quel en a été le déclic ?

 

J.-R.B. : J'aime Londres car cette ville est dynamique. Économiquement, culturelle, socialement, c'est une tornade. J'y étais il y a encore quelques semaines, et j'ai été effaré de découvrir qu'en l'espace de quelques mois, des quartiers entiers avaient changé de visage, avaient été reconstruits ou réhabilités. Ça change si vite. Les musées et les galeries vivent les mêmes changements sans crainte de bousculer les habitudes et les codes. C'est bouillonnant, et c'est passionnant à suivre. Et plus que tout, j'aime le pragmatisme britannique. Un exemple que j'ai testé le mois dernier : ils réinstaurent des portes arrières sur les nouveaux bus à Londres pour pouvoir monter et descendre entre deux arrêts, c'est tout bête mais c'est prodigieux pour fluidifier un trajet. Il y a mille petits exemples comme ça qui rendent la vie souvent plus simple.

 

 

PdA : Si vous deviez choisir... Paris ou Londres ? Pourquoi ?

 

J.-R.B. : Disons que si Paris pouvait avoir, comme Londres, des grands parcs, des musées dynamiques et gratuits et un service de bus performants 24h/24, cette ville serait fabuleuse.

 

 

PdA : Quittons Londres, pour parler un peu de vous... Vous avez révélé avoir "fait énormément de musique à un niveau professionnel", plus jeune. Replonger... ça ne vous titille pas un peu ? Quels sont ces artistes qui ne vous quittent jamais ?

 

J.-R.B. : Pour en avoir fait à un niveau professionnel (au Centre de musique baroque de Versailles), le chant me manque. L'énergie qu'on retrouve dans un groupe ou un ensemble vocal est très puissante. Mais il faut pouvoir s'y investir à fond... Pas facile avec un métier déjà très prenant comme le journalime.

 

Quant à ma playlist idéale : Keith Jarrett, Bach ou les compositeurs baroques français du 18ème, Woodkid, Metronomy, Rover, Eminem, IAM, Arnaud Fleurent-Didier, Alex Beaupain... Je découvre en ce moment le répertoire du compositeur Gustav Mahler, impressionnant.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-Rémi Baudot ?

 

J.-R.B. : De continuer à prendre du plaisir dans ce que je fais. D'apprendre, et de progresser, encore et toujours.

 

 

PdA : La dernière question. En fait, une tribune libre. Vous pouvez approfondir un sujet déjà abordé dans notre entretien, ou bien parler d'autre chose. Vous êtes libre... Et moi, je vous remercie très chaleureusement pour le temps que vous m'avez consacré !

 

J.-R.B. : Bonne continuation à Paroles d'Actu, et restez fidèle à BFM TV !

 

 

 

Merci de vos souhaits. Que les vôtres se réalisent. Qu'à votre parcours, déjà conséquent, viennent se greffer nombre d'autres expériences enrichissantes ! Phil Defer

 

 

 

Un commentaire, qu'il soit positif ou négatif, est toujours apprécié...

 

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Vous pouvez retrouver Jean-Rémi Baudot...

 

Sur BFMTV : Info 360 avec Nathalie Lévy (de 21h à 23h) et le Journal de la nuit (de 00h00 à 00h30) ;

 

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Sur son blog FrenchinLondon (directeur de la rédaction) ;

 

Sur Amazon.fr ou Fnac.com pour Londres, l'essentiel. Et un autre, bientôt... @ suivre...

 

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5 février 2013

Mathieu Rosaz : "Un plaisir physique, instinctif... un exutoire, aussi"

À l'automne dernier, j'avais souhaité converser avec Monsieur Didier Millot, biographe de Barbara et membre fondateur de l'association Barbara Perlimpinpin à l'occasion du quinzième anniversaire de la disparition de la grande « dame brune ». Avec générosité et une passion communicative, il s'était prêté au jeu, pour Paroles d'Actu. Nous y évoquâmes longuement la vie, la carrière de l'artiste. Et celles et ceux avec lesquels, d'après la jolie expression de Didier Millot, « les chansons de Barbara traversent le temps ».

Plusieurs noms illustres sont cités : Marie-Paule Belle, Jean-Louis Aubert, Calogero, Raphaël... Daphné... Et un nom qui, alors, ne me parle pas. Mathieu Rosaz. Depuis, je me suis renseigné sur lui. J'ai lu, un peu. Écouté, surtout. Si vous aimez Barbara et plus généralement la belle chanson française, vous allez l'aimer, c'est sûr... Mathieu Rosaz, notez bien son nom. Vivants poèmes - Mathieu Rosaz chante Barbara, son tout nouvel album. Il a accepté de répondre à mes questions, de se livrer sincèrement, je l'en remercie mille fois. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MATHIEU ROSAZ

Auteur-compositeur-interprète

 

« Un plaisir physique, instinctif...

un exutoire, aussi »

 

Mathieu Rosaz

(Photo de Philippe Matsas, fournie par Mathieu Rosaz)

 

Q : 30/01/13

R : 05/02/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Mathieu Rosaz. Né en 1975, vous vous êtes fait un nom avec vos hommages et vos apports à la belle chanson française. Comment cette histoire d'amour est-elle née ?

 

Mathieu Rosaz : Bonjour Nicolas. Je ne viens pas d'un milieu de musiciens et je crois que la chanson est l'art que l'on peut le plus facilement recevoir et apprécier, sans avoir une instruction musicale particulière. C'est un art avant tout populaire, ce qui lui vaut peut-être à tort cet injuste surnom de "parent pauvre" des arts…

 

J'ai d'abord aimé la chanson dite commerciale, celle qu'on entendait à la radio ou à la télévision, la plus accessible, a priori. Ma curiosité m'a ensuite tout naturellement poussé à creuser et m'a donné envie de connaître l'histoire des chansons et de la chanson en général. Et puis, il y a eu, très tôt le plaisir du chant. Un plaisir physique, instinctif et un exutoire aussi.

 

PdA : Barbara a rejoint le paradis des poètes, c'était il y a un peu plus de quinze ans... Sa place est centrale dans votre univers artistique. Vous lui avez consacré deux albums et plusieurs spectacles, dont l'actuel. Que représente-t-elle pour vous ? Qu'a-t-elle apporté à la chanson française ?

 

M.R. : Barbara n'aimait pas qu'on la dise poète, même si elle reconnaissait la couleur poétique de certains de ses textes. Je ne suis pas certain qu'elle serait ravie d'être au paradis des poètes. Je préfère l'imaginer au paradis tout court si toutefois il existe…

 

J'ai découvert les chansons de Barbara à l'adolescence, vers 15 ou 16 ans. Barbara était peu diffusée à la radio et ne passait plus à la télévision par choix. Il fallait donc qu'il y ait une sorte de rencontre puisqu'on ne nous l'imposait pas. La première image que j'ai vue d'elle est celle du clip de la chanson Gauguin (lettre à Jacques Brel) en 1990, son unique clip. Ce clip était diffusé sur la chaîne M6, de temps en temps. J'ai d'abord été intrigué. À l'époque je devais être encore fan de Jeanne Mas, dont la carrière s'effondrait… Puis, je suis tombé, dans un livre, sur un extrait du texte de L'Aigle noir. J'avais l'impression d'en connaître la musique. J'avais dû l'entendre tout petit et elle avait dû marquer mon inconscient. Je me suis ensuite tout simplement procuré une compilation de Barbara et là, cela a été le coup de foudre intégral. L'impression de rencontrer une âme soeur, quelqu'un qui me comprenait, que je comprenais et qui pansait mes plaies. Elle parlait à l'humain, pas au "consommateur". C'est ainsi qu'elle a déjoué toutes les stratégies commerciales et toutes les lois de ce métier.

 

Barbara est un formidable contrexemple de la société de consommation des années 1960 à 1990. C'est une exception culturelle à elle toute seule ! Elle représente pour moi l'exigence et la liberté. Dans la chanson française, Barbara a participé plus activement que l'on pense au mouvement de libération des femmes des années 60 et 70, par le simple fait de son existence, sans pour autant insister sur un quelconque engagement. En partant de son histoire personnelle, elle a touché à l'universel.

 

Son oeuvre est aussi avant tout un acte de résilience, le moyen de sublimer l'irréparable pour survivre et vivre. Avec les années, ses chansons d'amour adressées à l'autre sont devenues des chants adressés aux autres en général : Perlimpinpin, Mille chevaux d'écume, Le jour se lève encore, Vivant poème… C'est une oeuvre résolument moderne, intemporelle et transgénérationnelle.

 

PdA : Quel est, s'agissant de Barbara, le sens de votre démarche artistique ? L'interpréter avec le respect et la conviction qui sont les vôtres, c'est une façon de perpétuer son oeuvre, de continuer à la faire vivre ?

 

M.R. : C'est tout cela à la fois, et j'essaie de le faire du mieux que je peux, comme je peux. Je me sers bien sûr de ma propre histoire, je choisis les chansons en fonction de mon vécu. Je ne chante rien par hasard. C'est pour cela qu'il m'a parfois fallu des années avant de pouvoir chanter tel ou tel titre. Il me fallait attendre de l'avoir vécu pour mieux le comprendre. J'ai en face de moi une oeuvre écrite par une femme depuis ses 30 ans environ, jusqu'à ses 66 ans. Et je suis un homme de 37 ans. Je dois tenir compte d'un souci de crédibilité d'ordre physique, une crédibilité liée à mon apparence, et une autre beaucoup plus intime, liée à mon évolution personnelle, à ma vie intérieure. Il faut que tout cela coïncide, pour que ça sonne et que le message passe. Cela peut paraître compliqué, mais c'est finalement très simple, très instinctif comme travail. Plus simple à exécuter qu'à expliquer.

 

J'y ai ajouté une autre exigence : celle de tenter de faire découvrir, au milieu des succès, des titres méconnus. C'est le cas actuellement de chansons comme Je t'aime, Pleure pas, Le minotaure, entre autres, que je chante sur scène et que je viens d'enregistrer. Je ne cherche pas à révolutionner le son de Barbara mais juste à prolonger, à ma manière, la vie de chansons que j'aime, à travers le prisme de la scène, avant tout. Les enregistrements de Barbara sont là et si un public les découvre ou les redécouvre grâce à moi, c'est mon plus grand bonheur. J'essaie d'être un passeur.

 

PdA : J'ai lu que, peu avant sa disparition, elle avait soutenu très symboliquement dans la poursuite de vos rêves - on pourrait presque parler de passage de flambeau - le tout jeune homme que vous étiez alors. Voulez-vous nous en parler ?

 

M.R. : Non, non, Barbara ne m'a passé aucun flambeau, on ne peut pas dire ça. Elle m'a envoyé un télégramme en septembre 1997 dans le cabaret où je chantais, ce qui m'a infiniment touché. Je lui avais fait parvenir une vidéo de mon spectacle, dans lequel je chantais une ou deux de ses chansons, et elle m'a fait ce petit signe. Elle était très à l'écoute de ce qui se faisait, que cela ait un rapport ou non avec elle. Elle vivait recluse mais était restée en contact, à sa manière, avec le monde extérieur, ce qui est finalement assez rare chez les artistes de cette dimension. Elle avait gardé la curiosité et le goût des autres.

 

PdA : Nous célébrions il y a quelques jours le cinquantième anniversaire du Traité de l'Élysée, qui marqua une nouvelle étape dans la réconciliation franco-allemande. Vous avez chanté Göttingen à Göttingen, un moment très fort, j'imagine ?

 

M.R. : Un moment intense. C'était le 9 juin 2007, jour de l'anniversaire de Barbara, qui aurait eu 77 ans. C'était au Junges Theater, rebaptisé le cinéma Lumière, là où Barbara est venue chanter en 1964 et là où elle a créé la fameuse chanson, après l'avoir écrite en une demi-heure dans le petit jardin qui jouxte le théâtre. J'ai l'impression que le théâtre n'a pas changé depuis les années 60. C'est fou le chemin de cette chanson. Le public la savait par cœur et j'ai dû la chanter deux fois dans le spectacle. Elle est vraiment devenue l'hymne de cette réconciliation franco-allemande. Le lendemain, j'ai visité l'ancien camp de concentration de Dora, pas loin de Göttingen. Une "Rose Barbara" est discrètement et symboliquement plantée près de l'entrée du réseau de tunnels dans lesquels les détenus travaillaient et mouraient…

 

PdA : Vous venez de vous produire au Vingtième Théâtre, à Paris, pour Mathieu Rosaz chante Barbara. Quel bilan en tirez-vous ? Quel est votre rapport à la scène, au public ?

 

M.R. : D'abord, je constate que, même sans tapage médiatique, le public est là, avec les fidèles qui viennent et reviennent et les nouveaux, entraînés par le bouche à oreille. Je retiens l'intensité de l'échange avec certains après le spectacle, la sincérité évidente de leurs témoignages. C'est ce qui me donne envie aussi de continuer. Je constate que, pour l'instant, le temps joue en ma faveur. J'ai gagné en sobriété, en puissance et en intériorité. Je me sens de plus en plus dans l'épure et dans le détachement par rapport au "modèle", de plus en plus connecté à moi-même, à la fois plus perméable mais aussi plus fort, plus solide. Je force moins la main, je laisse les gens venir à moi. Je ne cherche pas à les regarder par exemple, ni particulièrement à leur plaire. Je ne suis plus trop dans la tentative de séduction. En quelque sorte, je laisse au public un plus grand droit de regard. Je n'impose rien, je propose. Ils prennent ou pas, ils se servent, nous partageons les chansons. Et nous respirons mieux qu'avant, je pense.

 

PdA : Parmi ces références que vous reprenez, je note qu'il y a également quelqu'un que j'aime beaucoup, Véronique Sanson...

 

M.R. : Véronique Sanson est, avec Barbara, l'artiste qui m'a le plus touché. C'est aussi quelqu'un qui est allé très loin dans l'intime. Presque trop loin, parfois, car elle se protège moins que Barbara, ou, du moins, différemment. Elle s'expose beaucoup plus aussi, notamment sur le plan médiatique, à une époque où ce qu'on appelle le "buzz" règne… C'est avant tout une grande musicienne de la période post-Beatles, au carrefour de beaucoup d'influences, que ce soit dans la pop, la musique brésilienne, le jazz, le blues, la musique classique où la chanson française traditionnelle. Une personne d'un grand magnétisme. Bref, je l'aime.

 

PdA : Quels sont, dans le patrimoine comme sur la nouvelle scène, les artistes que vous aimez, que vous suivez ?

 

M.R. : Comme je le dis plus haut, la chanson française (et internationale) me passionne. Avec une nette préférence pour les musiciennes. Donc, je peux m'intéresser autant à l'apport d'une Yvette Guilbert  il y a plus de cent ans, qu'à celui d'une Camille aujourd'hui. Sans pour autant connaître absolument toutes leurs chansons. Mais ce sont deux artistes qui ont, entre autres, fait avancer les choses et qui, tout en restant fidèles à une tradition, renouvellent ou ont renouvelé le genre scéniquement.

 

J'ai, avec un ami, créé une page Facebook qui s'appelle "Les chanteuses échevelées" et qui nous permet d'évoquer toutes ces figures connues ou méconnues. Nous avons choisi une marraine virtuelle : Marie Laforêt. Marie Laforêt est un véritable cas, pas toujours connue pour les bonnes raisons. Elle a dit un jour : « Je suis la fille légitime de Sheila et Barbara » ! Du pain béni pour nous! Laforêt fut, on le sait peu, une pionnière de la world music en France. L'une des premières notamment à importer en France et à faire voyager dans le monde des chants d'Amérique du Sud, des musiques Yiddish, à chanter dans 5 ou 6 langues, bref, à prendre des risques, quitte à brouiller bien des pistes ! C'est ce qui nous intéresse. Sur cette page Facebook, vous entendrez parler aussi bien de Brigitte Fontaine que d'Isabelle Mayereau, Maria Bethania, Blossom Dearie, Dusty Springfield, Marie-Paule Belle, Marie-José Vilar, Anne Sylvestre, Juliette Gréco, Claire Diterzi, Ute Lemper, Anna Prucnal, Amalia Rodriguez, Mercedes Sosa, Barbara Carlotti, Ingrid Caven, Elisa Point, Cora Vaucaire, Michèle Bernard, Pascale Borel, Françoise Hardy... et beaucoup d'autres ! 

 

PdA : Nous avons beaucoup parlé de vos hommages à d'autres artistes jusque là. Il serait injuste de ne pas évoquer vos créations originales, qui gagnent réellement à être connues. Comment définiriez-vous votre univers, Mathieu Rosaz ?

 

M.R. : Mon univers découle d'une multitude d'influences musicales, bien sûr, mais aussi cinématographiques, car je suis devenu assez cinéphile, au fil du temps. J'ai ainsi écrit, il y a quelques années, une chanson en hommage à Éric Rohmer, Comme dans un film de Rohmer, qui est une de mes chansons préférées de mon répertoire, mais pas forcément la plus représentative.

 

Et puis, j'essaie, tout simplement, de mettre des mots et des notes sur ce que je vis, rêve ou vois, quand ça vient… Je suis en quête de mélodies et j'aime les textes clairs, concis, précis. Je crois au mot juste, et je le cherche. Je ne le trouve pas toujours. J'aime les formes classiques pour pouvoir aussi mieux m'en éloigner, parfois. J'aime les univers feutrés, je refuse le clinquant, le "bling-bling musical". J'écris peu, par paresse, doute, et démotivation aussi. Je me sens encore écrasé par certaines influences. Si j'ai une idée, je me dis souvent qu'untel l'a déjà très bien traitée, et je trouve cela vain de recommencer, en moins bien. Mais je me soigne ! Il faut qu'une chanson s'impose à moi, que je ne puisse plus lui résister. Je crois que j'ai peur d'écrire. Je m'interdis encore beaucoup trop de choses !

 

PdA : Quelles sont, dans votre répertoire, les chansons pour lesquelles vous avez une tendresse particulière ? Ces cinq ou dix titres que vous aimeriez inviter nos lecteurs à écouter pour mieux vous découvrir ?

 

M.R. : Mon album La tête haute quitte à me la faire couper !, paru en 2009, est mon disque le plus abouti. Particulièrement des titres comme Banale, Pour ne plus retomber, À tes côtés, Fils de famille, Comme dans un film de Rohmer, Promeneur solitaire. Ce disque doit beaucoup aux arrangements musicaux d'Elvire Aucher. Dans mon album de 2005, Je préfère les chansons tristes…, je suis assez fier d'un texte qui a mis certains mal à l'aise car il évoque un sujet délicat, traité à la première personne du singulier (même si ce n'est pas mon histoire personnelle) : Banquette arrière. J'aime les chansons-portraits comme Madame vit à Paris ou les chansons carte-postale comme Je respire à Buenos-Aires ou Triste à Saint-Tropez. Il y a aussi Fragile équilibre, dans une veine romantique que je ne peux renier, ou encore la Chanson de l'acrobate, qui tente de parler de la scène…

  

PdA : La crise de l'industrie musicale, on en entend régulièrement parler. C'est quelque chose qui vous inquiète, qui vous touche ? À quoi votre "modèle économique" (l'expression est laide lorsque l'on parle d'art, mais elle est parlante) ressemble-t-il ?

 

M.R. : J'ai l'impression d'avoir toujours été en crise donc, en fait, la situation actuelle ne change pas grand chose pour moi. Le nouveau disque et le spectacle actuel ont été produits par les Concerts parisiens (agents et producteurs) qui sont, à la base, spécialisés dans la musique classique. Ils ont un réseau de diffusion qu'ils ont développé au fur et à mesure de ces vingt dernières années, mais rien n'est simple. Il y a des artistes pour qui l'agent organise et gère les propositions. En ce qui me concerne, c'est l'inverse, ou presque. Il faut aller au charbon, co-réaliser le spectacle à Paris, louer les espaces publicitaires, trouver et engager une attachée de presse assez courageuse pour défendre un cas pas évident. C'est un réel investissement sur le plan financier, et un vrai risque. Ensuite, il faut vendre le spectacle en démarchant les salles, en les relançant. C'est aussi un gros investissement en terme de temps, d'énergie, de ténacité.

 

En ce qui concerne ce que j'ai chanté en dehors de Barbara, j'en ai toujours été aussi le producteur (3 albums, un single, plusieurs spectacles). Aujourd'hui, il est vrai que je n'ai personnellement absolument plus les moyens financiers de produire un disque, sachant qu'il se vendra peu et de moins en moins physiquement, et que le numérique est très loin de combler pour le moment le manque à gagner de la dématérialisation. Si j'écris de nouvelles chansons, je crois qu'elles prendront vie sur scène, quitte à ne publier ensuite que des versions enregistrées en public, on verra…

 

À mon sens, l'unique moyen de nous sortir de cette crise de l'industrie musicale est de prélever enfin une taxe sur les abonnements aux divers fournisseurs d'accès à internet et sur les disques durs. Taxe reversée proportionnellement aux différents ayant-droits de ce métier. C'est le principe de la licence globale. J'ignore pourquoi nous n'en sommes pas encore là. De toute évidence, en raison d'histoires de très gros sous dans de très hautes sphères. Mais je ne vois aucune autre solution.

 

PdA : Où pourra-t-on vous applaudir prochainement ?

 

M.R. : À Mâcon les 22, 23 et 24 mars, et puis dans diverses salles (programmation en cours), pendant la saison 2013-2014. Et sans doute au Festival d'Avignon, en 2014 !

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

M.R. : De la scène avant tout et, un jour peut-être, avoir mon propre théâtre, ou du moins un lieu où l'on chante et où l'on puisse aussi parler, se rencontrer. On a beau tout dématérialiser, on aura toujours besoin des autres en chair et en os !

  

PdA : Un dernier mot, pour conclure ? Merci infiniment !

 

M.R. : Merci à vous !

 

 

Merci encore, cher Mathieu Rosaz, pour cet échange. Bravo pour votre talent, pour votre travail que j'ai eu grand plaisir à découvrir - et que je vais désormais suivre. J'ai pris le temps d'agrémenter le texte de notre entretien de nombreux liens pour vous permettre, amis lecteurs, de rencontrer vous aussi cet artiste qui, définitivement, gagne à être connu. Parcourez sa chaîne YouTube, suivez son actu, achetez son dernier album, si vous êtes séduit(e) ! Merci à vous ! Phil Defer... Un commentaire ?

 

 

Vous pouvez retrouver Mathieu Rosaz...

 

8 janvier 2013

Desireless : "Mon souhait ? Continuer sur le chemin..."

À l'occasion de cette première publication de l'année, mon invitée et moi vous convions... au voyage. Pas n'importe lequel. Un voyage « plus loin que la nuit et le jour », dans « l'espace inouï de l'amour ». Vous l'aurez compris, c'est l'inoubliable interprète du tube planétaire Voyage, voyage, Claudie Fritsch alias Desireless, qui nous accompagnera durant cet entretien. Si je donne assez rapidement l'impression de vouloir me "débarrasser" de l'évocation de ce titre pour lequel tout le monde la connaît, c'est précisément parce que tout le monde la connaît pour cette chanson. Très belle chanson, que j'ai réécoutée plusieurs fois, avec plaisir, avant de préparer les termes de notre interview. L'idée était justement de lui donner une occasion supplémentaire de faire découvrir, de vous faire découvrir ses autres chansons, ses nouveautés. Son univers, extrêmement riche, original, cette artiste, bourré de talent et d'humanité.

 

J'ai pris le temps de parsemer le texte final de liens très nombreux vers sa page Facebook, ses vidéos, surtout. Regardez, écoutez, découvrez, vous allez aimer, forcément... Voici le voyage que nous vous proposons. Rencontre avec une star des années 80 qui vit résolument avec son temps, qu'il s'agisse de son art, ou de sa vie tout court. Quelqu'un de bien... J'ai résisté durant l'interview à la tentation du tutoiement, auquel elle m'invitait. Aujourd'hui, je le dis avec joie : merci Clo pour ta gentillesse. Tous mes voeux de bonheur à toutes et à tous, belle et heureuse année 2013. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

CLAUDIE FRITSCH alias

DESIRELESS

Une belle expérience musicale... et humaine !

 

« Mon souhait ?

Continuer sur le chemin... »

 

Desireless 1

(Photos fournies par Clo alias Desireless)

 

Q : 07/01/13

R : 07/01/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Claudie, comment allez-vous ?

 

Desireless : Bonjour Nicolas. Tout va bene...

 

PdA : Comment préférez-vous que l'on vous appelle, d'ailleurs ? Desireless ? Claudie ? Clo... ? (bon, pas sûr que j'ose, pour le dernier ^^)

 

D. : Si si... ose ! Clo ! :) Et si tu me dis "tu", c'est encore mieux ! 

 

PdA : Desireless, pour le grand public, c'est d'abord Voyage, voyage, votre tube emblématique des années 80. Rassurez-vous, une seule question sur cette chanson... ;) Avez-vous à l'esprit quelques anecdotes illustrant cette popularité et que vous souhaiteriez partager avec nous ?

 

D. : Cette chanson est ma meilleure amie, et aussi une petite clef magique qui ouvre les coeurs... Grâce à elle, je continue à voyager... C'est aussi mon épée laser... Comme je viens de le dire, elle est magique... ;) Si si, je t'assure !

 

PdA : En 2012, L'Oeuf du Dragon, EP aux sonorités résolument électro, est né de votre collaboration avec Antoine Aureche (Operation of the Sun). De beaux titres - j'aime beaucoup Sertão personnellement - et des remixes très bien réalisés. Parlez-nous de cette aventure ?

 

D. : J'ai rencontré Antoine il y a plus d'un an. Il m'a contactée par mail pour me demander de participer à une des chansons de son album Operation of the Sun : Uchronia. On a passé une après-midi ensemble à la maison, et on s'est tout de suite bien entendu. C'est quelqu'un comme j'aime... musicien... mystérieux... fou ... et très efficace. Et très vite, on a décidé de continuer l'aventure... J'aime travailler avec des gens plus jeunes que moi, qui n'ont pas encore trop d'habitudes.

 

PdA : Cet EP est distribué gratuitement sur internet. On sait les maisons de disques particulièrement frileuses en ce moment, et pas franchement enclines à prendre des risques sur du neuf, forcément plus aléatoire... Avec vos modes de diffusion actuels, est-ce que vous trouvez - vous me pardonnerez pour l'utilisation de ce mot bien peu élégant - votre "compte" ?

 

D. : Ca fait longtemps que j'ai pris mon parti de m'éloigner des maisons de disques et de tout ce milieu du showbiz parisien. J'ai la chance de pouvoir bien gagner ma vie en étant sur scène. Et je coupe de plus en plus les liens avec tous ces intermédiaires qui se fichent, il faut le dire, des artistes et du public. C'est beaucoup de boulot de faire tout toute seule, ou presque... Mais depuis que j'ai décidé de prendre en main ma vie professionnelle, ça roule super bien ! Tout est beaucoup plus simple.

 

PdA : Est-ce qu'il y a, sur la scène actuelle, - quels que soient le style ou le pays d'ailleurs, votre musique se joue magnifiquement des frontières - des artistes qui vous inspirent et dont vous aimeriez, au détour d'une rencontre artistique, marier l'univers au vôtre ? Si oui, évidemment, la réponse appelle... des noms ! ;)

 

D. : Il y aurait beaucoup de gens avec qui j'aimerais collaborer. Mais ce que j'aime, ce sont les surprises, et surtout les rencontres... le hasard ou le destin ! ;) Je n'aime pas savoir de quoi demain sera fait...

 

PdA : Depuis François en 1989, vous avez sorti une grosse demi-douzaine d'albums. Pour quelqu'un qui aurait envie de vous découvrir au-delà du titre-que-je-ne-suis-plus-censé-citer, quel est votre top 5 des chansons pré-Oeuf ? Celles que vous aimeriez lui conseiller d'écouter, parce qu'elles vous tiennent particulièrement à coeur, ou simplement parce qu'elles ont votre préférence...

 

D. : 

- Il y a des jours sur l'album Un brin de paille, avec Michel Gentils.

- Les escaliers du bal sur l'album I love you, avec Charles France. Il va bientôt être réédité, d'ailleurs.

- More love and good vibrations et Nul ne sait sur More love and good vibrations, avec Fabien Scarlakens.

- Le petit bisou sur Le petit bisou, avec Mic-Eco.

- L'expérience humaine sur L'expérience humaine, avec Alec Mansion.

 

PdA : Votre précédent EP, L'Expérience humaine, produit grâce au soutien de près de 600 internautes, a vu le jour en 2011. Dans la chanson éponyme (que je trouve vraiment belle), vous incarnez un extraterrestre, vous exprimez à travers lui votre amour de l'être humain, amour perceptible via mille autre indices, d'ailleurs, jour après jour, et depuis longtemps. Malgré cela, vous y évoquez certaines choses chez nos congénères que vous « pas comprener »..., un « monde à changer »...

 

D. : Oulala ! Oui, y'a du boulot ! À commencer par nous-mêmes... Nous sommes là pour évoluer... J'y travaille, comme beaucoup... Je suis révoltée par beaucoup de choses... Je crois qu'il y a un réel éveil des consciences. "Le dormeur doit se réveiller".

 

PdA : Une question qui sera en partie liée à la précédente. Votre parcours d'artiste trouve sa source dans les années 80, années apparemment vues avec nostalgie par beaucoup de gens. Je pense au succès des tournées RFM 80 et du film Stars 80, auxquels vous avez participé. Partagez-vous ce sentiment, au vu de ce à quoi ressemble la marche du monde dans les années 2010 ?

 

D. : Je comprends cet engouement du public pour cette nostalgie 80. Des artistes, des chansons qui leur rappellent leur jeunesse... Mais c'est une réaction face au manque cruel de nouveautés, les médias et les maisons de disques ne faisant pas leur travail de relais culturel et trouvant plus facile de faire des compiles de reprises... enfin... tu vois ce que je veux dire... Beaucoup de sous à gagner en ne faisant rien... tellement facile... quel dommage !

 

PdA : J'ai lu quelque part qu'après la chute du mur de Berlin en 1989, vous vous êtes plus que mêlée à la fête, donnant des concerts à grand succès dans un enthousiasmant climat de libération populaire...

 

D. : Cette info est fausse... ! (rires) Mais elle me plaît bien ;)

 

PdA : Depuis quelques années, nous assistons un peu partout - point positif ! - à des mouvements de citoyens qui, révoltés par les asservissements en tous genres et organisés grâce aux nouveaux moyens de communication, décident de se lever, de dire non à l'ordre établi. Sertão (L'Oeuf du Dragon) semble leur être dédiée. Votre art est-il un art "engagé" ?

 

D. : Je ne sais pas si mon art est engagé... Mais c'est sûr que je préfère regarder des vidéos Anonymous que TF1... (rires)

  

PdA : Un autre thème s'invite souvent dans vos textes, dont Le sel sur tes mains (L'Oeuf du Dragon). Celui de la spiritualité. C'est quelque chose qui compte, dans votre vie ?

 

D. : La recherche de soi-même... l'expérience de la vie, tout simplement... Oups... C'est compliqué... ou c'est très simple ! ... (rires) On est sur le chemin... "Le bonheur, c'est le chemin".

 

PdA : Revenons au support de notre échange, et de notre contact de départ, j'ai nommé internet, et plus particulièrement Facebook. Vous y êtes très présente, et êtes suivie par une communauté d'admirateurs-contributeurs très active. Comment ressentez-vous ce lien très fort qui existe entre vous ?

 

D. : Une très belle expérience humaine qui commence avec des mots comme "Accepter", "Partager", "J'aime"... et qui continue par de réelles rencontres, tellement variées... Sur Facebook, j'apprends beaucoup de choses... sur les autres et sur moi-même...

 

PdA : Installée depuis quelques années à Buis-les-Baronnies, dans la Drôme, vous avez été célébrée à la fin de l'année par vos amis du village, à l'occasion de votre anniversaire. Avec Buis, vous l'avez trouvé, votre petit coin de paradis ? Diriez-vous que vous êtes heureuse, aujourd'hui ?

 

D. : Oui... Aujourd'hui, je suis heureuse. À Buis... sur les routes... sur scène. Enfin... à l'intérieur et à l'extérieur... Demain ? À suivre...

 

PdA : Votre page de couverture Facebook propose de commander, à un prix très intéressant, votre pack promo NUL NE SAIT Spécial RemiXes + XP2. Que contient-il ?

 

D. : Il y a un album de remixes de la chanson Nul ne sait, que nous avons décidé de faire à l'occasion des 10 ans de cette chanson, Fabien Scarlakens, Édouard Germinet et moi-même... Une chanson qui a été enregistrée par hasard, lors d'une séance en studio. Et le deuxième volet de L'expérience humaine, XP2, un EP de 5 titres.

 

PdA : Une tribune pour donner à nos lecteurs l'envie de découvrir votre oeuvre d'aujourd'hui, pas celle qu'ils connaissent déjà, celle qui gagne définitivement à être connue... ;-)

 

D. : C'est une question ? Je ne sais pas ce que tu entends par tribune... J'aime chanter, alors... je chante ! :)

 

PdA : Quels sont vos projets ?

 

D. : Tout plein.

- Le clip de la nouvelle version de John, avec Antoine.

- La sortie de la réédition de I love you, avec des bonus.

- La sortie du CD physique L'Oeuf du dragon.

- De la musique...

- De la musique...

- De la musique...

- Et chanter... écrire... composer...

 

PdA : En ce début de mois de janvier 2013, nous sommes en plein dans la traditionnelle période de voeux. Je vous présente à nouveau les miens, avec plaisir, voeux de bonheur pour vous et les vôtres, de bonne santé surtout, et de succès, nombreux. À part ça, que peut-on vous souhaiter ?

 

D. : Merci Nicolas... Je te souhaite aussi plein de belles aventures... Love 2013, et bisou à tous. Ce qu'on peut me souhaiter ? De continuer sur le chemin...

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

D. : Soyez vous-même ! C'est plus simple.

 

PdA : Finalement, quelle image, quelle impression aimeriez-vous que le petit Neptunien de L'Expérience humaine (oui, j'ai envie qu'il soit Neptunien, pourquoi toujours les Martiens...) garde de cette Claudie que plein de gens, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, appellent Desireless ?

 

D. : Une image mystérieuse... (rires)

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment...

 

D. : Merci Nicolas. Rendez-vous à tous sur Facebook. À bientôt ! Bisou, Clo...

 

 

Desireless 2

 

 

Merci encore pour tout chère Claudie ! Tous mes voeux ! Chers lecteurs, je vous invite encore une fois à l'écouter et à lui faire part de vos commentaires, ici ou sur son Facebook ! Merci à vous ! Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Desireless...

 

- Toute son actu ;

- Ses lieux et dates de concerts, mis en ligne au fur et à mesure ;

- Ses nouveaux CD, en commande sur sa page (messages privés) ;

- Des surprises !
 

 

Présentation remaniée : 04/11/13.

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