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Paroles d'Actu
27 février 2015

Dix ans après Charlie, retour sur les années 2015-2025

« Janvier 2025. La période est propice aux échanges de bons vœux, aux projections ; les rétrospectives, on nous les sert plutôt en fin d'année, en général. C'est pourtant à cet exercice particulier que j'ai choisi de convier nos invités. Au moment du "massacre de Charlie Hebdo", événement que l'on commémore, ces jours, à l'occasion de son dixième anniversaire et qui, à l'époque, avait chamboulé tout un pays, eux étaient, déjà, en dépit de leur jeune âge, des citoyens résolument engagés dans la vie de la cité. C'est avec ces yeux-là ; acteurs parfois, spectateurs souvent, qu'ils ont vécu ces dix années marquantes. Chacun d'eux a accepté d'en faire une synthèse et de nous les conter, en exclusivité pour Paroles d'Actu. » Ce projet a été initié à la fin du mois de janvier. Au 27 février, date de parution de l'article, ils étaient huit, parmi celles et ceux sollicités, à m'avoir fait parvenir leur texte. Les contributions sont présentées par ordre chronologique de réception. D'autres suivront peut-être. À toutes et tous, pour avoir joué le jeu ou, en tout cas, en avoir manifesté l'intention... merci ! Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

C'était il y a dix ans : Charlie

Retours sur les années 2015-2025

11 janvier

Illustration : AP/Peter Dejong

 

 

Nous avions tellement raison d'y croire !

Je me souviens de mes quinze ans, campagne de 2007, brevet des collèges et coupe au carré. À l’époque quand on me parlait de l'avenir, quand on me demandait comment je me voyais en 2020, je répondais « morte ». J'étais persuadée de mourir jeune, dans une manif, dans le feu d'une révolution ou dans le chaos d'une guerre civile. Je me voyais en Gavroche moderne, persuadée - je le suis encore - que c’est sans doute la plus belle des morts.

Aujourd'hui nous sommes en 2025, et Dieu que je suis vivante ! Mais il a longtemps fallu agir dans l’urgence, toujours ; toujours se dépêcher d'éveiller les consciences face aux lâchetés dangereuses de nos dirigeants, toujours essayer de sauver des bribes de l'héritage splendide de nos grands-parents. Toujours essayer de ne pas perdre la face devant les générations à venir. « Il n’y a plus d’espoir », nous disaient les cons. Mais nous nous sommes battus, à la sueur de notre Front. Nous avons suivi notre idéal contre vents et marées, et nos efforts ont payé.

Au soir du 1er tour des présidentielles de 2017, nous étions à bout de souffle. Aucun homme ne peut s'imaginer ce que c’est que de militer comme nous l’avons fait durant toutes ces années, et même, je crois qu’aucun militant politique éphémère et de salon comme nous en fournissent la « droâte » et la « gôche » par dizaines ne peut s’imaginer ce dont les militants du Front national sont capables durant une campagne électorale.

Dans ma famille nous militons depuis trois générations, et la réalité des campagnes électorales, laissez-moi vous la conter : on tracte dans le froid, sous la neige et la pluie ; on colle des affiches jusqu'à 7h du matin pour être au boulot ou en cours à 8h (mention spéciale à la présidentielle de 2012…), on se casse la voix sur les banquettes arrière en chantant du Piaf et du Brel, on survit à grands renforts de café et de casseroles de spaghetti, quand on a cinq minutes à perdre on dort à même le sol, entre deux rendez-vous médiatiques on hurle ses tripes sur l’unique militant d’extrême-gauche qui a le mauvais goût de s’interposer sur notre chemin et au final, on va jusqu'à n'avoir absolument plus aucun souci de son apparence, traînant ses cernes et ses bras pleins de colle dans les couloirs de la fac. Et on adore ça.

La campagne de 2017 fut, dans la forme, égale à toutes les autres, si ce n'est que nos adversaires redoublèrent de mauvaise foi et de bassesses, tant ils savaient leurs petits privilèges menacés par notre grandiose ascension. Quant à nous les militants, nous avions perdu cinq kilos et avions des valises sous les yeux, rien n'avait changé à ce niveau-là. Mais l'enjeu, lui, était tout autre : 2017 devait être l'accès au pouvoir de Marine Le Pen. C'était une promesse que nous faisions aux retraités en souffrance, aux mères de famille qui devaient se priver pour élever leurs enfants, aux jeunes qui ne trouvaient pas et pensaient ne jamais trouver d’emploi. C'était une promesse que nous avions faite à la France, la promesse que Jean-Marie Le Pen avait faite en créant le Front national en 1972. Depuis 2015 et les attentats de Charlie Hebdo, tout s'était enchaîné. Les Français laissaient exploser une saine colère qui n'était pas tant dirigée vers les extrémistes religieux que vers nos dirigeants politiques qui nous avaient menés dans cette situation et étaient désormais incapables de nous protéger.

Ce soir du printemps 2017, je m'en souviendrai toute ma vie.

Avec 55% des suffrages exprimés, Marine Le Pen est élue présidente de la République française.

La suite vous la connaissez : comme toujours dans l'Histoire, la France a montré la voie. Partout en Europe, les mouvements patriotes ont connu des poussées spectaculaires et ont pris le pouvoir dans leur pays. En Autriche d'abord, puis en Italie, en Suède, en Grande-Bretagne. Je ris en me souvenant de l’argument des non-spécialistes politiques des années 2010 : « Si vous êtes élue, Madame Le Pen, la France sera en autarcie, isolée des autres pays de l'UE. » La réalité c'est qu'au contraire, nous avons montré la voie de l'affranchissement et entraîné avec nous tous nos compatriotes européens à se libérer du carcan imposés par les banksters de Bruxelles. Pauvres « spécialistes politiques », ils ont toujours tort avant tout le monde.

Jean-Marie Le Pen rit encore à gorge déployée, du haut de ses quatre vingt dix-sept ans, en se réécoutant les analyses politiques foireuses des Aphatie, Duhamel et autres.

Aujourd'hui je n'ai pas peur de le dire : Marine nous a fait relever la tête. Nous contrôlons nos frontières. Nous produisons et consommons français. Nous créons de l'emploi. Ça ne tenait à pas grand-chose de relancer ce cercle vertueux - du courage, peut-être ?

Quand je dis aujourd'hui à mes enfants qu'il y a dix ans encore, on pouvait acheter des habits fabriqués en Asie par des petits gamins de leur âge, ils croient que je me fiche d'eux.

D'ailleurs, en parlant de mes enfants, je crois que c’est là ma plus grande fierté : pouvoir me dire chaque matin en me levant que j'aurai permis un peu, à ma façon, de leur offrir l’avenir dont je rêvais pour eux. Cette France sublime que jadis quelques escrocs avaient voulu détruire.

 

Julia Abraham

 

« Nous avions tellement raison de nous battre... »

par Julia Abraham, le 4 février 2015

 

 

 

Janvier 2015, comme cela semble loin maintenant... Dix ans ont passé, mais les plaies ouvertes par les attentats de Paris ne sont toujours pas refermées. Ouvertes certes, mais en train de suturer. L'arsenal antiterroriste s'est fait plus efficace, a permis des arrestations en amont, a évité d'autres drames et rassuré la population. Évidemment, l'émotion populaire qui avait suivi ces événements a mis en lumière le besoin toujours plus criant d'une parole laïque forte. Il ne s'agissait pas de punir l'islam, d’œuvrer comme certains à maintenir des amalgames mais à appeler les choses par leur nom et de reconnaître que si la grande majorité des musulmans de France aspiraient à la paix sociale et n'étaient pas bien différents d'un juif ou d'un catholique, les discours vengeurs et fanatiques de certains prêcheurs islamistes étaient bien la source du problème. Il n'était plus permis de fermer les yeux.

Pendant dix ans, le monde a continué à s'embraser. La Syrie, la Libye et l'Irak sont soit des champs de ruines, soit des pays en état de mort clinique. Les minorités religieuses ont fui, l'État islamique, pourtant pourchassé, contrôle toujours une partie du Moyen-Orient. Il n'est plus question là-bas de tolérance religieuse. Les chrétiens qui sont restés se sont fait massacrer, le conflit israélo-palestinien n'est toujours pas réglé et les régimes militaires succèdent dans cette région du monde aux dictatures religieuses. Les haines se cristallisent et la sortie du tunnel semble bien loin. Bien sûr, le paysan d'Irak ou le maraîcher du Pakistan est aussi la victime de ces barbares, à qui l'on renie le droit de vote, pille les richesses et impose une loi religieuse insoutenable. Tout comme dix années plus tôt, les musulmans restent les premières victimes de l'islam radical.

La France a pourtant pris le problème a bras le corps. Et si François Hollande n'a pas été réélu en 2017, son successeur a poursuivi son travail, qui faisait globalement consensus dans la communauté nationale. Des mosquées ont été construites afin que les musulmans n'aient plus à prier dans la rue. Pas des bâtiments massifs, avec de fiers minarets, mais des édifices discrets, s'acclimatant parfaitement à l'urbanisme. Les règles de financement de ces bâtiments ont été durcies, et il n'est dorénavant plus possible que des théocraties étrangères financent la construction de ces édifices. Les imams, désormais tous français et formés à l'université, se réunissent régulièrement, comme le font les catholiques avec leur conférence des évêques. S'ils ne sont pas littéralement "excommuniés", les prêcheurs de haine sont désormais interdits d'exercice. De nombreuses initiatives œcuméniques ont vu le jour, mêlant lors de rassemblements religieux importants pour les trois monothéismes, musulmans, chrétiens et juifs. La déchéance de nationalité pour les binationaux et la privation de droits civiques des intégristes religieux, appliquées avec sévérité, ont permis de réduire drastiquement le nombre de fanatiques. De nouvelles prisons ont été construites, où les islamistes sont désormais placés à l'isolement, seuls, empêchant ainsi de propager leur haine et de faire des émules.

Un véritable plan de rénovation urbaine a été mené dans les banlieues. Les yeux se sont ouverts : s'il n'est plus permis d'expliquer la radicalisation par des causes uniquement économiques et sociales, il a été admis que celles-ci participaient à les accentuer. Les grands ensemble urbains des années 1960 ont tous été détruits, laissant place à des immeubles de faible hauteur ou à des pavillons accessibles financièrement. Une politique de tolérance zéro au niveau de l'insécurité a été mise en place, partant du principe que la petite incivilité amène la grande. Les trafics de drogue ont été stoppés, les caches d'armes démantelées et il fait désormais bon vivre en Seine-Saint-Denis. Les maires communistes, qui avaient laissé filer les problèmes par aveuglement et laxisme pendant des décennies ont été au fur et à mesure remplacés par des élus responsables, ne tolérant plus l'imbrication du religieux dans la sphère publique.

Le retour d'un programme scolaire fort, mettant l'accent sur les fondamentaux, un apprentissage constant des valeurs républicaines et un certain récit historique ont participé à rendre d'anciens jeunes désœuvrés fiers de leur pays, tout comme leur pays était fier d'eux : le service civique obligatoire, mêlant adolescents des beaux quartiers et enfants des cités a porté ses fruits, et il n'est pas rare de croiser dans des associations, pendant les six mois de mission, un gosse de grand patron en train de travailler avec un gamin de banlieue. Les cérémonies patriotiques sont devenues une habitude, et il est commun, comme dans les villes américaines, de voir des drapeaux français accrochés aux fenêtres.

Désenclavés, les quartiers sensibles désormais proches de nombreux sièges de grandes sociétés ont participé à régler le problème du chômage. Le retour de la croissance, à la suite des réformes du marché du travail et d'une priorité nationale autour des nouveaux métiers (numérique, écologie, services à la personne) ont permis d'embaucher à tour de bras.

Grâce à l'alliance objective d'une amélioration des conditions économiques, d'une rigueur éducative, du choix d'un islam de France et d'une sévérité avec l'islamisme radical, 2025 permet de dresser un bilan positif des années écoulées. Tout le monde se serait bien passé de ces tristes journées qui avaient ensanglanté la France dix ans plus tôt. Mais cela a agi comme une prise de conscience : conscience du danger du djihadisme, nouvelle fierté nationale et surtout attachement des musulmans à la République. Non pas qu'ils aient eu besoin de se justifier, sommés de se désolidariser de fanatiques avec qui ils ne partageaient rien. Non, spontanément, dans les médias, dans les meetings, de nombreuses prises de paroles ont mis en lumière leur amour de la laïcité. Le dicton "À Rome, fais comme les Romains" est désormais employé de manière courante, et cela ne choque même plus de voir des étudiantes musulmanes enlever spontanément leur voile avant d'entrer à l'université, bien que celui-ci y soit toujours autorisé.

Dix ans après ces attentats, le monde reste donc toujours une poudrière, mais la France fait figure d'exemple. Loin du multiculturalisme anglo-saxon qui fracture la société et entretient l'idée qu'il existe plusieurs communautés, la France au contraire fait bloc. Dix ans après, les Français ont à nouveau défilé entre République et Nation, drapeaux au vent, sous le froid hivernal. Ils n'étaient pas chrétiens, juifs, musulmans ou athées ; ils n'étaient pas rabbins, évêques ou imams ; ils ne venaient pas de Neuilly, de Clichy ou de Clermont-Ferrand. Dix ans après, ils étaient tout simplement des Français, unis, fiers de leur pays et déterminés à propager des valeurs de paix contre la barbarie religieuse.

 

 

« 2015-2025 : chronique d'une prise de conscience »

par Arthur Choiseul, le 6 février 2015

 

 

 

Dix ans déjà. Dix ans que les attentats de Charlie Hebdo ont secoué la France. Dix ans depuis ce séisme et ses quelques répliques un peu partout en Europe. Dix ans que les peuples du vieux continent, soutenus par un collège international, se sont élevés pour défendre la liberté d'expression contre l'obscurantisme barbare...

Dix ans d'oubli.

Les seules traces de ces événements se retrouvent désormais dans les livres d'histoire, dans quelques lois prises à la va-vite en réponse aux attentats (mais dont les décrets d'application n'ont jamais été publiés) et dans nos greniers où s'entassent des dizaines d'exemplaires de Charlie Hebdo post-traumatiques, jamais ouverts, encore moins lus.

Ce constat est sans doute sévère, car nous nous souvenons tous de ce qui s'est passé début 2015, d'où nous étions, de ce que nous faisions quand nous avons appris la nouvelle. Nous savons notre révolte et notre sentiment de fraternité immédiat. Ce souvenir est vif, encore. Mais que vaut un souvenir qui ne trouve pas d'écho dans le présent ? Qui peut dire, aujourd'hui, que sa vie quotidienne est impactée par ce qui s'est passé il y a dix ans ?

Nous avons stagné. Notre capacité de résilience, si souvent admirée, vire à l'amnésie collective dès lors qu'il s'agit de tirer les leçons du passé. La liberté d'expression est aujourd'hui un concept vide de sens plus qu'une réalité, la défiance envers les musulmans (ou assimilés) est aussi vive qu'au début du siècle, et on se demande où est passé le sentiment d'union nationale, revendiqué tant par les citoyens que par les politiques de l'époque.

Cette incapacité à se poser les bonnes question en se reposant sur le passé n'est pas nouvelle. Au XXème siècle, par exemple, l'inventaire de la collaboration n'a jamais été réalisé, ne permettant pas aux générations suivantes de s'identifier à ceux qui avaient aidé les nazis ou fermé les yeux, donc de comprendre et de corriger les mentalités. Plus tard, les révolutionnaires de Mai 68 ont jeté des pavés dans des mares qui en avaient sans doute bien besoin, mais sans s'inquiéter des remous créés et en s'y baignant des années plus tard, faisant les mêmes erreurs (ou des erreurs contraires, c'est pareil) que ceux qu'ils critiquaient alors... Plus près de nous, au début des années 2000, les électeurs continuaient d'élire des présidents de la République leur promettant de creuser la dette française alors que cette dette avait déjà commencer à détruire la société française et qu'un autre candidat à la présidentielle les prévenait du danger désormais décuplé.

Dans le flot de l'Histoire, qui ne nage pas, coule. La France et l'Europe se noient désormais de concert, faute de n'avoir su se remettre en question. Cette noyade est politique, certes, mais surtout citoyenne. Le peuple a, dans une démocratie, le pouvoir et tous ses instruments. C'est finalement lui qui tire les ficelles, lui dont tout dépend, lui qui gouverne. Tout le travail des politiciens et de nombreux médias a été de le lui faire oublier. Or, avec cet oubli, le sens commun s'est perdu, et l'individualisme a pris le pas sur la responsabilité individuelle. Chaque membre de la communauté vit désormais sa vie dans son coin, trop peu conscient de faire partie d'un ensemble, et donc incapable d'en apprendre quoi que ce soit. Dilué dans les mémoires solitaires, Charlie Hebdo n'est plus qu'un soubresaut de l'Histoire, alors que c'était à l'époque un formidable prétexte à un aggiornamento salvateur. Quel gâchis !

Désormais, notre vieux continent n'a jamais semblé autant sur le déclin malgré la tutelle asiatique, et nous n'arrivons plus à faire face au défi écologique. Il devient donc urgent sortir de nous plonger dans notre passé, tous peuples d'Europe confondus, d'ouvrir les yeux et de regarder où nous avons péché. Faire ce devoir d'inventaire et en tirer des leçons sera déjà un bon moyen de sortir la tête de l'eau avant d'espérer reprendre pied.

 

Vincent Fleury

 

« La noyade des autruches »

par Vincent Fleury, le 15 février 2015

 

 

 

Je remercie la rédaction de me donner une nouvelle fois la parole et tiens à renouveler mes souhaits à l'ensemble de l'équipe ainsi qu'à tous ses lecteurs pour la nouvelle année.

Ce dixième anniversaire est l'occasion pour rappeler la nécessité de préserver notre presse, symbole de liberté et de démocratie.

Depuis presque quinze ans que je suis engagé en politique, j'ai pu observer, et parfois, comme beaucoup d'autres, vivre, les changements profonds de notre société et son évolution.

Les attentats de 2015 ont marqué un tournant sévère mais nécessaire dans la manière de faire de la politique, s'agissant notamment de la notion de laïcité. Restée floue et indéfinissable, cette notion a, semble t-il, enfin trouvé sa voie depuis qu'il a été avoué que seule la République devait être laïque - et non le peuple. Les tensions dues à la montée du communautarisme ont malheureusement provoqué un inévitable repli sur soi, une exacerbation des réflexes frisant la haine de l'autre, tout cela sur fond de climat de peur. La montée de l'extrémisme, en France comme en Europe, s'est produite sous nos yeux ébahis sans que nous ne réagissions. Pourtant, depuis les années 90, la seule "solution" apportée a été de marginaliser mordicus le principal parti d'extrême-droite (dont le programme économique se rapproche d'ailleurs dangereusement de celui porté par l'extrême-gauche) ; cela a eu pour effet, comme une réaction naturelle, d'offrir à ses dirigeants un boulevard pour s'imposer comme l'un des partis les plus influents de la scène politique. Ce qui est extrême est pourtant excessif. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles les citoyens se sont éloignés de la politique, au regard de la démagogie aberrante de ces programmes, dont le seul but est le saupoudrage qui tend à donner des espoirs aux gouvernés sans apporter jamais la moindre solution d'avenir crédible.

Ce repli identitaire a montré les limites du « village-monde », relevant la notion restée longtemps tabou de « frontière » qui est pourtant ancrée anthropologiquement dans nos racines. La religion, alors qu'elle lie entre eux des millions d'hommes, fait l'objet de questionnements importants, précipités par les avancées décisives qu'a connues la science, celle qui touche aux origines de la vie en particulier. Les tensions sont exacerbées entre science et religion : la première a sapé dangereusement quelques piliers de la deuxième, ce qui a provoqué de graves troubles. Rappelons-le : la religion est un élément indispensable de cohésion entre les hommes, elle ne peut être écartée au profit de la science. Pour des millions d'êtres, elle représente toujours un idéal commun vers lequel aspirer. À ce propos, nous ne pouvons que nous féliciter de l'apprentissage du fait religieux à l'école de la République, enseignement qui contribue d'ailleurs à aider nos jeunes à une meilleure compréhension de l'Histoire.

S'il est nécessaire de proposer une vraie alternative au projet de l'extrême-droite, c'est aux partis responsables de proposer des solutions d'avenir qui soient bénéfiques pour l'intérêt général et non des réponses aux intérêts particuliers de quelques-uns. La e-citoyenneté, bien que très controversée, est présentée aujourd'hui, avec son avatar le plus connu qu'est la carte d'identité numérique, comme un rempart pour un meilleur contrôle des flux migratoires. Le stockage des fiches citoyennes, longtemps pointé du doigt comme un risque de dérive totalitaire, a semble t-il permis un meilleur contrôle, favorisant en conséquence l'« assimilation républicaine » via le respect accru des normes et des valeurs. Cela dit, les tensions sur le plan éthique restent vives.

La technologie est au cœur du processus d'évolution ; certains parlent de progrès, de résolution des problèmes sociaux. De nombreux logiciels ont, c'est une réalité, permis la réduction des inégalités d'accès à l'éducation.

Malheureusement, la technologie, à l'image de Janus, a un double visage ; elle a entraîné des dérives graves soulevant de nombreuses questions éthiques et juridiques, comme le montre très bien la généralisation des e-bébés. Ce nouveau marché provoque des débats inédits entre « conservateurs » et « progressistes ». Le capitalisme à outrance a son pendant : celui de la libéralisation à outrance où tout se vend, où tout a un prix, même la vie.

La réduction de la mortalité infantile, grâce au développement et à une accessibilité accrue de la médecine, a soulevé des problématiques mondiales qu'on entrevoyait déjà dans les années 2000, dans les « objectifs du millénaire ». Même si l'autosuffisance alimentaire de l'Afrique est atteinte, les conflits autour des denrées et des ressources naturelles sur Terre devront être résolus dès 2030. La démographie est telle que l'aménagement des territoire doit devenir aujourd'hui, ici comme ailleurs, l'un des axes prioritaires des politiques publiques.

 

Pierre-Henri Bovis

 

« Dix années de bouleversements »

par Pierre-Henri Bovis, le 16 février 2015

 

 

  

La stupeur. Le choc. Et, toujours, cette sensation de brûlure interne, sorte de veille traumatique quand je repense au matin où j'appris la nouvelle.

Charlie Hebdo. 

Les visages des collègues de travail, blêmes, douloureux et impuissants, frappés d'effroi mais ne sachant que dire, moi-même, muette, tant les mots paraissaient désuets et inadéquats face à cette tragédie collective que nous étions entrain de vivre. 

La place de la République, ce soir-là, noire de monde sous un vent glacé. Tous ces stylos pointés en l'air, comme un cri général  retentissant dans un ciel lourd.

Et puis le 11 janvier. Ce sentiment de vivre un moment historique. Ce sentiment d'être, plus que jamais, française. Cette fierté d'être là, parmi tant d'autres, résistants. Cette foule qui communiait, parfois en silence, parfois en scandant « Je suis Charlie » à l'unisson. Quelque chose est né ce jour-là, quelque chose de rare et précieux, de presque inespéré, eu égard aux événements et à la situation du pays alors, et nous n'en avions pas encore conscience. Ce n'est que dix ans après, aujourd'hui où nous nous apprêtons à nous rendre à cette marche commémorative, que j'en discerne pleinement l'ampleur.  

Je pose sur mes genoux ma tablette recyclable (eh oui, l'on s'est enfin préoccupé de l'obsolescence programmée de nos objets électroniques, qui l'aurait cru !) sur laquelle je lis le journal et me laisse aller à regarder les gens dans le métro. À côté de moi, une adolescente tapote frénétiquement sur son iPhone 14 en mâchonnant un chewing-gum au goût whisky coca/ginseng et programme l'enclenchement de son aspirateur robot pour 10h30. Je ne peux m'empêcher de sourire en pensant à mes parents qui, lorsque j'avais son âge, m'envoyaient sempiternellement ranger ma chambre d'un air exaspéré. Je programme également mes appareils ménagers, et les progrès de la domotique, je dois l'admettre, sont un réel gain de temps. En face de moi, un couple discute, une petite fille se tenant sagement sur les genoux de son père. Son regard croise le mien et elle me lance d'un ton fier dans lequel je décèle une pointe de frime : « Ce soir ce sera mon premier match ! ». « Ah oui ? Et tu pratiques quel sport, dis-moi ? » « Le roller derby ! », m'annonce-t-elle joyeusement. « Oh, c'est amusant, j'en ai fait moi aussi ! Mais quand j'avais ton âge, ça n'existait pas en France ». Elle me dévisage avec de grands yeux, et j'ai soudain la sensation, pas tellement agréable, il faut bien le dire, d'être reléguée dans la catégorie des brontosaures. « Ah ouiiiii, et même que vous écoutiez de la musique sur des CD !!! » ajoute-t-elle en partant d'un grand éclat de rire, probablement dû à l'imagination de cette scène qui doit lui paraître ubuesque. « Ça ne fait pas si longtemps que ça hein », tempère gentiment son second papa, tentant (vainement) de me faire oublier qu'une bonne partie des choses qui configuraient mon quotidien lorsque j'avais son âge sont aujourd'hui soit totalement obsolètes, soit d'un has been achevé.

Devant nous, se tenant à la barre, un jeune homme m'adresse un signe de tête et un sourire timide. Où l'ai-je donc rencontré ? Ah oui, c'est un petit nouveau de ma section, Gaëtan je crois. Le PS, qui, il y'a dix ans, disons-le sans langue de bois, se débattait avec lui-même, s'est depuis transformé et renouvelé. L'on voit aujourd'hui beaucoup plus de jeunes qui s'intéressent à la politique et aux enjeux de citoyenneté. J'en compte d'ailleurs bon nombre dans mon conseil de quartier, là où, à l'époque, ceux-ci avaient, c'est le moins qu'on puisse dire, des allures de club du 3e âge.

Je crois qu'il y'a une chose très forte qu'a induit cette marche du 11 janvier : la réalisation de la puissance du collectif, du fait que chaque Français était une pierre dans l'édifice et, par conséquent avait un rôle à jouer, une place à prendre. Ce qui en découla fut aussi formidable qu'inattendu, pour les gens qui se souviennent de la situation ambiante de l'époque, oscillant entre désespérance, lassitude, montée des extrêmes et du rejet de l'autre.

La majorité des partis politiques connurent une mutation conséquente, allant parfois du nom - au PS nous avons gardé notre appellation de « Parti socialiste » qui nous paraît toujours adéquate, mais l'ancienne UMP se nomme aujourd'hui l'UPR, « l'Union pour la Rente » (effectivement plus pertinent au regard de leurs propositions actuelles) - à la forme du jeu politique. Les cumuls des mandats (en nombre et dans le temps) n'existent plus et la parité est atteinte (notamment grâce aux actions savamment initiées par le ministère, puis le secrétariat des Droits des femmes). Et puis il y a eu des mouvements de fond : chez les socialistes, nous nous sommes fédérés autour d'une vision majoritaire internationaliste ; de l'action en faveur de l'égalité réelle et son corollaire, le combat contre la rente collective ; de la régulation du capitalisme et d'une transition énergétique à grande échelle. À l'initiative des harmonisations qui ont lieu actuellement en Europe dans bon nombre de domaines, et notamment en termes de fiscalité (ce qui nous a permis de récupérer des capitaux et de les réinjecter ingénieusement dans l'économie réelle), nous avons su, via un réformisme radical, prendre toute notre part au sein de cette réhabilitation du politique qui est en cours et à la construction de la société à laquelle nous aspirons, portée par nos valeurs qui sont celles du progrès social, de l'émancipation des peuples et de la République comme rampe d'accès à l'égalité.

Le FN, dont nous craignions, autour des années 2015, une montée spectaculaire, fut vite démasqué dès qu'intervint le temps de dresser les bilans - calamiteux - de leurs actions à Béziers, Fréjus, Beaucaire, Villers-Cotterêts, Hayange, le Pontet et autres… Ces villes malheureuses sont désormais reprises en main par divers partis qui ont cependant tous un point commun : un profond respect des valeurs républicaines et autre chose que l'obscurantisme et la démagogie de bas étage comme boussole. 

L'arrêt du métro me tire soudainement de mes pensées - il est vrai que ceux-ci vont beaucoup plus vite qu'il y'a dix ans -, et je réalise que je suis déjà arrivée place de la République et qu'il est temps, encore une fois et pour longtemps j'espère, d'aller marcher aux côtés de mes compatriotes français, avec enthousiasme, détermination et confiance en l'avenir.

 

 

« La France retrouvée »

par Stéphanie V., le 18 février 2015

 

 

 

Sa fille, Alma, sauta sur le lit. « Maman, maman ! mon lait ! » Elle attrapa sa fille de six ans et descendit à la cuisine. Arthur était déjà debout, en train de parler avec son père via visioconférence. Il devait être 19h30 là-bas et son mari racontait sa journée avec les réfugiés climatiques.

Elle ne put s'empêcher de sourire. Pour ses enfants, les écrans dématérialisés faisaient partie du quotidien. Pour elle, utiliser un collier intelligent à la place d'un smartphone était toujours une surprise. Voir les gens interagir avec un mur ou leur avant-bras, sur lequel était projeté l'image, l'amusait. Les enfants regardaient leur parents avec de grand yeux lorsqu'ils leur racontaient le monde sans Internet, avec des téléphones fixes énormes dotés de combinés. Sa fille adorait l'histoire de l'avènement « des téléphones sans queue ».

En quelques années, les pays « développés » s'étaient convertis au tout-connecté. Les plus riches se faisaient implanter des micro-puces mesurant leurs constantes médicales. Ils surveillaient leurs enfants grâce à une micro-puce implantée sous leur peau. Du frigo au pot de fleur, l'ensemble de leur maison était connectée : de la notification sur la date de péremption du beurre à celle de la fréquence d'arrosage des plantes, tout y passait. La contraception hormonale était aussi diffusée par micro-puce. De la chirurgie esthétique, on était en phase de passer à la chirurgie bionique, qui permettrait aux aveugles de voir et aux paraplégiques de marcher, mais aussi aux sportifs d'augmenter leurs performances discrètement. Les gens n'avaient jamais autant été dépendants de la technologie.

- Maman, maman, est-ce que je peux mettre du chocolat dans mon lait, aujourd'hui ?

- Oui, ma chérie.

Depuis qu'elle avait expliqué à sa fille les problèmes de pénurie qui menaçait le cacao et faisait monter les prix, Alma se tracassait pour cette gourmandise qu'elle adorait.

Une inquiétude maternelle transparut sur son visage. Elle trouvait ses enfants beaucoup trop sérieux pour leur âge. Peut-être que son mari et elle leur parlaient trop des combats qu'ils avaient menés. Peut-être qu'ils étaient nés à une mauvaise époque. Les périodes de transition étaient souvent les plus violentes. Quoi qu'il en soit, elle se sentait responsable.

Elle prépara le bol de ses enfants et appela son fils : « Chéri, il est tard, viens manger avec ta soeur... »

Elle en profita pour dire bonjour à son mari. Il était tendu. Voir la misère des gens aggravée par l'inaction des gouvernements le révoltait profondément. En plus de la douleur de devoir partir, des milliers de personnes se retrouvaient sans endroit où aller. Les États voisins faisaient leur maximum pour filtrer les demandes de visas. La communauté internationale, incapable de mettre en oeuvre les décisions prises à Paris pendant la COP21, commençait seulement à prendre la mesure de la crise écologique, y compris en France.

- Tes articles ont bien été publiés par Le Monde, mon amour. Ils sont bons. 

- Merci. Je suis épuisé. C'est si dur ici…

- Comment ça se passe pour les habitants ?

- Les îles voisines, qui sont également touchées par le dérèglement climatique, ne veulent pas accueillir les migrants. La France fait de grands discours mais elle a accordé très peu de visas via la Nouvelle-Calédonie ou Wallis-et-Futuna. Des familles ont été séparées entre Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie et Papouasie-Nouvelle-Guinée… Les gens ne savent plus où aller. Bref, on est en train de fabriquer un désastre humain.

- Vu nos gouvernements, cela ne m'étonne pas.

- En effet... La seule bonne nouvelle, c'est que dans soixante-douze heures, je serai auprès de vous.

- Tu nous manques. J'irai te chercher à la gare, comme prévu.

- Oui… on se recontacte. J'ai rendez-vous avec des journalistes du coin.

- Bonne nuit mon amour.

- Bonne journée, mon amour...

Elle se tourna vers ses enfants. Arthur écoutait la radio tout en surveillant sa soeur, qui avait une fâcheuse tendance à laisser tomber la confiture de sa tartine. Elle se dirigea vers Alma et lui dit : « Allez, hop, on va s'habilller ma chérie ! ». Elle avait préparé sa tenue la veille et laissa donc sa fille s'habiller. Elle-même revêtit ses vêtements de travail. Elle s'occupait de la micro-ferme naissante du village.

Après les brossages de dents quotidien, les bottes et les manteaux, Clémence lança le top départ. Les autres enfants à emmener étaient déjà tous sortis. Sa grande pote, Aline, la charia : « Oh la la, mais c'est que la conductrice est presque à l'heure, aujourd'hui ! Que se passe-t-il ? »

Elle rigola. «  Allez, les enfants, tous dans le minibus. C'est parti pour l'école. »

- Tu peux aller retirer mon colis au point relais, s'il te plaît ?

- Bien sûr. Je serai à la ferme ensuite, jusqu'à la fin de l'école. T'es pas trop pressée pour ton colis ?

- Non, c'est de la vaisselle.

- Ok, à tout à l'heure.

- Travaille bien.

- Oui, toi aussi.

Elle embarqua les enfants et les conduisit à l'école. Elle passa par le point relais et récupéra le colis puis reprit la direction du village. Un reflet du soleil avait percé les nuages et illuminait une partie de la montagne. Elle repensa aux événements qui l'avait conduite à cet instant, sur cette route de campagne, en ce mois de novembre 2024.

Paradoxalement, la clé de voûte de ce changement de vie était le progrès technologique. Face au tout-connecté, face à la surconsommation, face à la pollution, face aux ghettos de riches qu'étaient devenues les grandes villes, une frange de la population avait choisi de revenir vivre à la campagne. On assistait à un mouvement de décentralisation, portée non pas par les plus aisés mais par ceux dotés d'un capital culturel ou manuel. À l'exode rural du XIXe siècle se succédait l'exode urbain du XXIe siècle. La multiplication des puces et des robots, ainsi que le début du transhumanisme, qui avaient pour vision de soustraire par les sciences et la technologie toute imperfection à l'être humain, avaient apporté leur lot d'angoisse et d'interrogations éthiques. Certains avaient refusé la manipulation génétique des embryons, l'implantation de micropuces partout et pour tout. "Les sans fils", comme on les appelait, avaient progressivement décidé de revenir à la nature. Clémence était fière d'être l'une d'entre eux.

Ce retour à la nature avait été favorisé par une des seules lois sociales des dix dernières années. Celle-ci avait abaissé la durée légale du temps de travail. Les politiques s'étaient, difficilement, rendu à l'évidence : avec la robotisation, il n'y avait pas assez de travail pour tous, il fallait le partager. Le télétravail s'était alors démocratisé ainsi que les mini-espaces de coworking où des graphistes, consultants et artisans se côtoyaient. Certains faisaient le choix de changer de carrière et s'occupaient d'épiceries locales sans emballages, de micro-fermes, de loisirs itinérants, d'éco-construction... À partir du moment où il y avait une connection internet performante et un axe de transport efficace vers une des dix premières villes de France, les campagnes et petites villes se repeuplaient petit à petit.

Clémence avait toujours voulu quitter Paris. Mais elle n'imaginait pas déménager à la campagne : les insectes, l'ennui, prendre sa voiture constamment, les longues soirée d'hiver et la monotonie du paysage lui faisaient peur. Et puis, par hasard, avec son amie Aline, elle s'était retrouvée dans un hameau participatif en plein hiver. Elles avaient apprécié l'atmosphère… et construit leur projet. Il avait fallu convaincre. Le climat les avait aidés. Plusieurs canicules, en 2017, 2019 et 2020, avaient fait de la capitale un espace irrespirable pour les enfants et les seniors.

Après pas mal de recherches (et un peu d'économies), elles avaient finalement trouvé un terrain immense, pas cher, aux abords d'un village pas trop loin de la ligne de train Paris-Clermont. Le projet avait rassemblé six familles à la sensibilité écolo. Aménagé par un architecte qui avait su préserver leur intimité respective, les familles partageaient un grand jardin, une salle de jeu et de détente, trois chambres d'ami ainsi qu'un atelier et un garage. Les maisons étaient toutes à énergie positive, de petite taille, bien agencées et lumineuses. L'isolation était primordiale du fait des nouvelles amplitudes de température qui affectaient la France. Les familles mutualisaient une solide connection à Internet, un immense sèche-linge et faisaient du covoiturage. Au milieu du village, l'ex-attachée de presse du groupe avait ouvert un espace bar/épicerie/petit resto/co-working qui permettait de mélanger autochtones et néo-ruraux. L'objectif du village étaient maintenant d'attirer du personnel médical.

Clémence bifurqua à l'entrée du village et se gara à côté de la petite cabane où elle entreposait ses outils. La micro-ferme, qu'elle bâtissait selon les principes de la permaculture, commençait à prendre forme. Avant de travailler sous serre non-chauffée, elle parcourut le jardin pour voir si son plan d'optimisation de l'eau fonctionnait et nota les correction à apporter. Elle fit le tour des buttes, vérifia l'état des plantes et des arbres qu'elle avait plantés avant l'hiver et ramassa les courges mûres.

Prise d'une envie subite, elle leva les yeux au ciel, comme lorsque sa mère lui disait que la pluie était bonne pour la peau, et sourit. Elle se sentait heureuse.

 

Clarisse Heusquin

 

« Les Sans-fils »

par Clarisse Heusquin, le 18 février 2015

 

 

  

7 janvier 2025. Comme dix ans auparavant, ils marchent. Le soleil aveuglant du nord réchauffe leur visage fouetté par le vent glacial qui souffle dans le port de Boulogne-sur-Mer. Marins, pêcheurs, poissonniers, habitants, promeneurs, tout le monde est là autour. Ils avancent main dans la main dans le tumulte du marché au poisson bondé, grisés par l'odeur de poissons ruisselants que l'on nomme la breule, par là-bas. Personne ne se retourne sur leur passage. Aucun murmure à l'oreille d'un éventuel compagnon de promenade. Pas d'injure. Plus de honte. Non, rien de tout ça. Uniquement l'immense jetée vers la mer ; le soleil, le vent, et la breule.

Lui est ouvrier, lui est marin. Ils parviennent jusqu'à la plage, bondée elle aussi. L'immensité de la mer devant eux les renvoie à ces années d'invisibilité forcée, de double vie, de mensonges. Ce que Didier Eribon décrivait comme le « ghetto mental » [1] dans lequel les homosexuels, astreints à l'invisibilité et à l'espace privé, étaient enfermés depuis toujours, est en phase d'explosion. Les portes et fenêtres sont désormais grandes ouvertes et le vacarme des vagues s'écrasant contre les digues qui entourent le vieux phare leur rappelle le chemin parcouru depuis toutes ces années.

Tout commença à Paris. Comment aurait-il pu en être autrement, tant cette capitale est un symbole rayonnant d'une infinie liberté de pouvoir vivre sa vie comme on l'entend, qui que l'on soit et d'où que l'on vienne, avec ses lieux de socialisation, sa diversité, ses espaces de liberté sociale, culturelle et sexuelle. Mais Paris a toujours été une ville aux multiples visages, dont les plus sombres pouvaient exercer une violence, une oppression inouïes.

Une période politique morose suivie d'une campagne politique glauque et désintéressée installa aux reines du pays un nouveau chef de l'État élu à bout de souffle avec seulement 20% de suffrages exprimés. Mais c'était suffisant. Ainsi allait la vie politique française, à l'apathie générale. Mode de scrutin et calendrier électoral obligent, le nouveau gouvernement en place disposait d'une (courte) majorité absolue, et la tyrannie de celle-ci ne tarda pas à s'exprimer.

Quelques mois après cette élection, qui semblait ne jamais avoir eu lieu, on vit pointer, dès les premières heures du matin, un soleil rouge comme pour annoncer les prémices d'une journée sanglante. La France, frappée par le chômage, les inégalités, l'exclusion, la déprime, se réveillait comme à son habitude, ivre et sans but. Comme prêchant au milieu d'un infini désert, le Premier ministre annonce par voie de presse, qui ne touchait plus grand monde, qu'il engagera la responsabilité de son gouvernement en usant de l'archaïque article 49-3 de la Constitution (dont il avait demandé sa suppression quelques années auparavant) sur un projet de loi. Peu en avaient entendu parler, beaucoup s'en fichaient pas mal, la plupart même.

Ce fut une déferlante. Fermetures de lieux de socialisation, interdictions d'associations de défense des droits de l'homme, arrêt total des régularisations administratives et des naturalisations, inscription du pays d'origine et obligation de mention de l'orientation sexuelle sur la carte d'identité, retour du crime « d'immoralité » qui avait condamné Oscar Wilde à la prison et à la mort sociale plus d'un siècle auparavant. La légende devint une rumeur. La rumeur devint un bruit qui se répandit comme transporté par le vent, jusque dans les plus petits villages et campagnes de France. Les cris de douleur du pays résonnaient en chacun de nous dans les grondements incessants du ciel. L'identité de la France et sa devise furent piétinées et balancées par le vide-ordures en moins de temps qu'il ne faut pour ne serait-ce que l'imaginer.

En quelques heures, tout était détruit. Il ne resta plus qu'un pâle espoir de sursaut populaire. Et la rue. Mais ils y descendirent. Ils étaient tous là, ou presque. Par milliers. Par dizaines, puis centaines de milliers, puis par millions. Dans chaque ville, chaque village, chaque campagne de France, des foules immenses tinrent rues, boulevards, avenues et impasses, bravant les interdictions et les couvre-feux imposés par le ministre de l'Intérieur. Plus personne n'était là pour les faire respecter d'ailleurs. Policiers, gendarmes et militaires avaient rejoint chômeurs, ouvriers, employés, artisans, agriculteurs cadres, et tous les autres finalement, dans la rue.

Le gouvernement pouvait bien enfoncer à grands coups de pied les portes de toutes les chaînes de télévision en même temps pour s'expliquer, il n'y avait désormais plus personne ni pour regarder, ni pour écouter, ni pour les interroger, d'ailleurs. Ils devaient parler, tremblant, seuls dans de gigantesques studios vides, devant des caméras et des micros éteints. Ou peut-être étaient-ils allumés, personne n'en sut rien.

Le siège du peuple français contre son gouvernement oppresseur dura des mois. La masse finit par s'organiser. Assemblées citoyennes et associations délibératives fleurirent dans tout le pays. Le gouvernement, impuissant, démissionna au bout de quelques mois et une assemblée constituante fut convoquée par le peuple lui-même, le 7 janvier 2019. Pendant plusieurs années, une totale mais tranquille confusion allait régner dans le pays mais qu'importe, nous étions libres. Et la reconquête de la liberté valait bien cette joyeuse confusion.

La nuit tombe sur la plage. Que s'était il réellement passé durant les années qui suivirent cet élan populaire ? Les longues heures de contemplation de la mer, en cet après-midi d'hiver, ne sauraient suffire pour en faire ressurgir les détails. Tout ce que l'on a besoin de nous rappeler à cette heure, c'est que la conquête de la liberté et sa sauvegarde sont des batailles d'une guerre qui ne prendra jamais fin.

Rentrons, il pleut maintenant.

1   p. 156. Didier Eribon, Réflexions sur la question gay, nouvelle édition revue et corrigée Flammarion, 2012

 

Hugo Hanry

 

« Il ne resta plus qu'un pâle espoir de sursaut populaire... »

par Hugo Hanry, le 19 février 2015

 

 

 

Paris, le 11 janvier 2025. La commémoration du dixième anniversaire de la grande marche républicaine va débuter. Qu'est-ce qui m'a poussé à venir ? Je ne sais pas vraiment. Peut-être l'espoir de retrouver un sentiment qui m'avait traversé ce jour-là, l'impression inédite que des millions d'esprits s'étaient retrouvés. J'avais alors 22 ans. J'avais la conviction que ma génération avait le pouvoir de conquérir son avenir. Ce jour-là, elle s'était renforcée.

Je me suis installé au milieu de la foule rassemblée derrière les barrières dressées pour l'occasion sur la place de la République. De l'autre côté des barrières, le Premier ministre, entouré de plusieurs centaines d'écoliers, s'apprête à lire son discours. Derrière lui, les membres du gouvernement, parfaitement alignés, précèdent une cohorte de personnalités, journalistes, artistes, femmes et hommes politiques de tous les partis, Parti des possibles, la coalition centriste République-Unie... tous à l'exception, cependant, du Front national.

Les images de ce jour du 11 janvier 2015 me revenaient comme des souvenirs lointains. Je cherchais à comprendre. Que s'était-il passé depuis pour que tout cela perde de son sens ?

Commençons par le début. Il y a dix ans, deux millions de personnes étaient rassemblées sur cette même place et dans Paris. quatre millions partout en France. Elles étaient venues honorer la mémoire de Charb, Cabu, Tignous, Wolinsky, Ahmed et tous les autres. Journalistes satiriques, habitants de confession juive ou policiers, ils avaient été assassinés parce qu'ils représentaient tout ce que le fondamentalisme religieux rejette : la liberté d'expression, la liberté de pratiquer un culte différent, la sécurité pour garantir l'accès de chacun à ces libertés.

La Liberté « avec un grand L » avait été attaquée. La vague d'émotion avait largement dépassé les frontières du pays. Peut-être parce que c'est dans ces moments-là qu'il est facile de comprendre son importance. Comprendre que la liberté est ce par quoi l'humanité s'affirme en tant que telle. Mais avec elle, il y a avait surtout la volonté d'ébranler la République, d'affaiblir un modèle de cohésion sociale afin de fragiliser le pays tout entier.

Battre le pavé, montrer que nous étions debout, ensemble, fut alors la réponse qui s'imposait. Ce fut la première, mais ce ne fut pas la seule.

Peu de temps après, des voix dissonantes se firent entendre. Le slogan « Je suis Charlie » avait du mal à se décliner à toutes les personnes. Car la République était aussi synonyme d'exclusion pour une partie de la population. Quel paradoxe ! En défendant la République, nous défendions une conception égalitaire et fraternelle de la communauté nationale ! Car l'histoire de la République française s'était mêlée à une conception de la communauté nationale qui s'opposait au nationalisme racial pour promouvoir un modèle contractuel de la nation. Une conception basée sur la volonté de partager un legs commun de souvenirs et d'appartenir à une communauté de destins, selon les mots du philosophe français Ernest Renan, à la fin du XIXe siècle.

Pour elles, pour eux, la République devait donc devenir une volonté, alors qu'elle était un découragement. « Aimez la France pour qu'elle vous aime en retour » entendaient-ils. Alors même que l'école reproduisait les inégalités déjà existantes à l'extérieur de ses murs, que la police représentait une menace aux yeux des uns, que l'accès à un emploi de qualité n'était qu'un rêve inaccessible pour les autres…

C'est en cela que le 11 janvier 2015 devait marquer une rupture.

Après trois années à attendre que la gauche redevienne synonyme d'espoir, j'y croyais encore. Je n'attendais pas le grand soir. Je savais qu'il était difficile de résoudre sa principale contradiction : celle de résorber les inégalités sans remettre en cause la dynamique libérale d'extension des mécanismes de marchés à l'ensemble de la vie. Dynamique qui ne fonctionne que par le retrait de la puissance publique et la stratégie du moins disant social et environnemental. Mais nous attendions qu'elle donne une place privilégiée à l'audace, aux idées neuves et hétérodoxes.

Vu d'aujourd'hui, le problème était simple : les contraintes imposées par la globalisation économique étaient perçues comme indépassables. La gauche était au ralenti dans la marche du progrès humain parce qu'elle était incapable d'apercevoir le chemin à prendre. Elle marchait dans tous les sens, un coup en avançant par la concrétisation de grands progrès qu'elle avait défendus depuis plusieurs années, à l'image du mariage pour tous ; un coup en reculant sur de grands combats tels que la réduction du temps de travail.

D'abord le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi), vingt milliards pour les entreprises sans contreparties, alors que la disette budgétaire concernait l'ensemble de l'action publique et rendait chaque denier précieux à investir efficacement. Ensuite la loi Macron, pour, notamment, étendre le travail le dimanche. Elle n'était que le début d'une longue remise en cause de la réduction du temps de travail.

Voilà les marqueurs principaux de l'action de la gauche au pouvoir. Ils ne constituent pas l'ensemble de son action, bien des progrès ayant été réalisés à côté. Mais nous nous éloignions dangereusement des rêves et des promesses de la campagne présidentielle.

Cette loi Macron, soit dit en passant, « grande loi du quinquennat » selon certains pour «déverrouiller l'économie française », n'était parvenue qu'à raviver les tensions au sein de la gauche sans abolir les privilèges de la rente ou les corporatismes, ni même créer un seul petit point de croissance. Quel gâchis ! À se demander si l'objectif de Manuel Valls n'était pas de diviser…diviser pour mieux régner. Son score de 5% lors des primaires en 2011, seule consultation démocratique du PS à laquelle il participa, laissaient penser qu'il n'était pas en capacité d'être, dans un futur proche, la figure de tête du Parti socialiste. Il devait dès lors changer le parti. 

Les divisions n'ont cessé de s'accentuer au sein de la gauche, beaucoup dénonçaient la « trahison » du gouvernement vis-à-vis de son électorat, jusqu'à ce que l'union devienne inconcevable. Nous assistions au suicide lent et douloureux du Parti socialiste. Mais ces divisions étaient bien éloignées des préoccupations des Français. Elles paraissaient puériles et intéressées, alors que l'enjeu était bien plus grand.

La gauche du Parti socialiste, à qui l'on adossait facilement l'image de la fronde, ne parvenait pas à être audible alors qu'elle était la seule à chercher à donner du sens au socialisme. En fait, nous aussi étions démunis face aux effets complexes de la globalisation libérale. D'autres discours parlaient au peuple de gauche. Rendez-nous les frontières ! Rendez-nous la monnaie ! Rendez-nous le capitalisme industriel qui permettait les avancées sociales dans le rapport de force avec le capital ! Rendez-nous la société salariale dans laquelle les classes moyennes finissaient par s'épanouir ! 

Nous devions employer notre énergie à penser un modèle alternatif sans nier les contraintes existantes pour l'ancrer dans le réel. Nous devions mettre en réseau ceux qui innovent, qui inventent des méthodes d'action politique plus ouvertes, des modèles d'action publique plus démocratiques, des instruments de solidarité dans les territoires, travailler avec ceux qui pensent des modèles macro-économiques où la prospérité ne passe plus par la possession de biens, où les technologies émergentes permettent d'accroître le bien-être collectif.

Car la crise que nous vivions et que nous vivons encore, s'inscrit dans le temps long. Elle n'est rien d'autre que les conséquences de l'épuisement du système dominant. Le capitalisme avait atteint son apogée en réussissant à faire de l'argent avec de l'argent. La crise ne provient pas du manque de contrôle des institutions capitalistiques mais bien de l'incapacité du capitalisme à se reproduire. Il ne se perpétue que sur des bases fictives de plus en plus précaires. C'est ce que nous a montré la crise de 2008. C'est ce que nous montre aussi l'échec du principe de compensation environnementale qui avait triomphé suite à la Conférence Climat de Paris en novembre 2015. Les marchés éco-systémiques et les systèmes de quotas d'émissions de gaz à effet de serre se sont considérablement développés. Il s'agit de donner un prix à la nature pour la protéger et limiter les émissions de gaz à effets de serre. En réalité il n'en fut rien. Nous comprenons aujourd'hui que les multinationales ont pu ainsi continuer à faire du profit sur son dos. Cela n'a pas permis non plus de limiter le réchauffement climatique à 2°C. Ce plafond a été jugé clairement inatteignable d'après le dernier rapport du GIEC publié il y a un mois. 

Ce sont finalement les crises des dettes souveraines en Europe qui ont affaibli le plus les valeurs dominantes. Propriété, possession, individualisme…tout cela n'avait plus de sens quand la pauvreté et les inégalités ne cessaient de croître. Aujourd'hui les valeurs d'entraide, de partage et de solidarité gagnent du terrain face aux risques de plus en plus clairs que présentent le dérèglement climatique et l'affaiblissement de l'économie européenne face aux nouvelles puissances (anciennement « émergentes »).

La révolution lente des nouvelles économies, c'est-à-dire le développement en Europe des modèles micro-économiques solidaires y contribua.

Mais tout cela ne fut pas sans peine. L'extrême droite aussi a continué à progresser partout en Europe, en particulier au Sud où les inégalités sont les plus grandes et le désespoir le plus fort. En France, le Front national est devenu le premier parti d'opposition.

Il faut dire que la déflation fut sans précédent à partir de 2016. L'opération de « quantitative easing » de la Banque centrale européenne en 2015, censée réinjecter des liquidités dans l'économie réelle pour contrer la déflation, n'avait suffi qu'à faire monter les prix des actifs pour en faire profiter ceux qui n'en avaient pas vraiment besoin…

Cela dit, la victoire de Syriza en Grèce, également en 2015, avait ouvert la brèche à un discours hétérodoxe assumé au sein du débat européen. La renégociation de la dette grecque, l'assouplissement des règles de stabilité et l'abandon du plafond de l'inflation ont précédé l'augmentation du budget européen sur de nouvelles bases fiscales. Car le regain de la demande intérieure était plus que nécessaire. Les déficits extérieurs des pays européens ne cessaient de se creuser. Les factures énergétiques ont explosé ces cinq dernières années. Après la baisse importante des prix dans un premier temps, liée à la compétition entre l'essor des gaz de schistes et le pétrole, la perspective de plus en plus proche du peak oil et les conflits géopolitiques autour de la zone d'influence russe et au Moyen-Orient ont mené à l'augmentation rapide des prix.

Par ailleurs, les conséquences sociales et environnementales désastreuses de l'exploitation des hydrocarbures de schistes en Pologne et en Espagne surtout, ont obligé l'Europe à investir dans les énergies renouvelables, dans les réseaux pour lisser l'offre énergétique à l'échelle européenne et dans le stockage de l'énergie. L'Europe était considérablement en retard. Certaines nouvelles puissances comme l'Inde avaient réduit par vingt le coût de la fabrication des panneaux solaires entre 2009 et 2020.

Aujourd'hui, nous comprenons que le réalisme a changé de camp. Qu'il ne consiste plus à vouloir gérer ce qui existe mais à imaginer, anticiper et amorcer les transformations fondamentales dont la possibilité est inscrite dans les mutations en cours. 

Il est désormais clair que l'écologie passera par la transformation des rapports sociaux. Le travail ne doit plus être un lieu de pression et de menaces permanentes ou un moyen d'exclusion sociale quand on n'en a pas. Le lieu de vie ne doit pas être trop isolé du lieu de travail et des lieux de distraction pour éviter les modes de vie individualistes. Les institutions ne peuvent plus être des machineries complexes aux yeux des citoyens.

C'est ainsi que la mort prématurée du socialisme français a donné vie à une autre gauche de transformation sociale derrière l'égide du Parti des possibles. Comment cela s'est-il passé ? Le congrès du Parti socialiste de 2015 n'a mené à rien. La majorité n'existait déjà plus avant. Le système des coalitions propre à la Quatrième république renaissait à ce moment-là.

Marine Le Pen est parvenue au second tour face à François Hollande en 2017. L'UMP, affaiblie par les nombreuses affaires pesant sur ses cadres et son président Nicolas Sarkozy, s'est déchirée au moment de ses primaires et s'est dissoute peu de temps après les élections. Le Front national a recueilli une bonne moitié des voix et des élus de l'UMP.

Il aura fallu attendre 2020 pour que soit menée dans la douleur la réforme constitutionnelle que tout le monde attendait. L'abolition de la Cinquième république s'est faite par l'introduction de la proportionnelle à l'Assemblée nationale. Le président de la République a aujourd'hui moins de pouvoirs qu'auparavant.

C'est suite à tout cela que le Parti socialiste se scinda. Les sociaux-libéraux ont choisi de s'allier au MoDem et à l'UDI dans une grande coalition nommée République-Unie, qui prit le pouvoir grâce au mode de scrutin proportionnel.

Le Parti des possibles, coalition de gauche réunissant des anciens socialistes avec des écologistes, des communistes et des anticapitalistes, est devenu le principal parti à gauche. Il est encore très instable.

Je comprends mieux. Nous avions perdu tant de temps, tant de progrès, tant d'espoirs en route. La République n'était restée qu'une incantation. Et notre avenir nous ne l'avions pas conquis. Voilà pourquoi cette cérémonie a perdu de son sens.

Tenant la main de mon fils de cinq ans, je me demandais s'il verrait un jour cette démocratie sociale et écologiste si chère à mon cœur…

 

Lucas Trotouin

 

« Le réalisme a changé de camp »

par Lucas Trotouin, le 21 février 2015

 

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19 décembre 2014

Pierre-Yves Le Borgn' : "Andreas Schockenhoff, mon ami"

   Le 14 décembre, à dix-huit heures, le député Pierre-Yves Le Borgn', dont la fidélité à Paroles d'Actu m'honore, écrivait sur son mur Facebook le message suivant : « J'ai appris ce soir avec une très grande peine le décès d’Andreas Schockenhoff, président du groupe d’amitié France-Allemagne au Bundestag. Depuis près de trois ans, Andreas et moi étions devenus plus que des alter egos : de vrais complices. » N'étant pas particulièrement au fait de la vie parlementaire quotidienne, pas davantage des échanges internationaux qu'elle suppose - deux questions qui, pourtant, m'intéressent grandement -, je ne connaissais pas Andreas Schockenhoff. J'ai voulu voir, via Google News, si sa disparition était évoquée par des médias français. Rien, ou presque rien, plusieurs heures après.

   Je me suis fait cette réflexion : on parle beaucoup, s'agissant de la relation franco-allemande - un constat valable pour bien des thématiques -, de ce qui ne marche pas, de ce qui agace dans le comportement des uns et des autres. Bref, de ce qui tend à diviser. Et jamais de ce qui marche. Le 14 au soir, j'ai proposé à Pierre-Yves Le Borgn' de composer pour le blog un article, un texte sur et pour son collègue, son ami. Il a aimé l'idée et l'a acceptée, avec la bienveillance qui le caractérise - et dont je le remercie à nouveau. Ses mots, ici retranscrits, me sont parvenus ce jour, au lendemain des obsèques de M. Schockenhoff. L'hommage émouvant d'un ami à un ami... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

Pierre-Yves LE BORGN':

« Andreas Schockenhoff, mon ami »

 

Le Borgn - Schockenhoff

« Une photo d'Andreas et moi, prise le mois passé à Paris, lorsque nous avions reçu tous les deux

les jeunes de l'Office franco-allemand pour la Jeunesse... »

 

   Le 13 décembre, l’Allemagne a perdu un grand parlementaire : Andreas Schockenhoff. Andreas s’est éteint chez lui à Ravensburg, victime d’un malaise cardiaque. Il avait 57 ans. Enseignant de formation, Andreas avait été élu pour la première fois au Bundestag en octobre 1990, lors des premières élections d’après la chute du Mur. Le Bundestag siégeait alors à Bonn. Il me confiera un jour qu’il fut l’un des très rares députés du sud-ouest de l’Allemagne à avoir voté pour Berlin, quand il revint aux parlementaires allemands de décider qui, de Bonn ou de Berlin, deviendrait la capitale de l’Allemagne réunifiée. Andreas avait choisi Berlin parce que là-bas s’écrirait selon lui l’avenir de la nouvelle Allemagne, malgré son plaisir de travailler à Bonn, sur les bords du Rhin. Il adorait le pays souabe d’où il venait. Né à Ludwigsburg, la vie professionnelle, personnelle et politique l’avait conduit à Ravensburg. Il y revenait toutes les fins de semaine, quittant son petit studio de Berlin pour retrouver sa maison, sa famille, ses amis.

   J’avais fait la connaissance d’Andreas Schockenhoff il y a trois ans seulement et j’ai pourtant l’impression que je le connaissais depuis toujours. Curieux sentiment, lié à cette chaleur, cette attention et cette discrète affection qu’Andreas savait toujours mettre dans l’échange. Ce sont nos fonctions de présidents des groupes d’amitié France-Allemagne et Allemagne-France à l’Assemblée et au Bundestag qui nous avaient rapprochés. Il présidait le groupe d’amitié depuis 1994. Vingt ans de passion franco-allemande, qui avaient fait de lui le « Monsieur Allemagne » pour l’Assemblée nationale. Andreas était aimé au Palais Bourbon, par-delà toutes les affinités politiques. Il y était chez lui et n’oubliait jamais d’arborer sa rosette au moment de venir nous rendre visite. La France, pour Andreas, était d’abord un bonheur, celui d’une année d’études à Grenoble, celui, aussi, de l’échange culturel qu’il prisait tant. Il parlait un français saisissant, tout en finesse, d’une voix douce et juste.

   J’aimais ses appels téléphoniques, réguliers, qui commençaient toujours par le même « Bonjour, c’est Andreas ». Lui, le démocrate-chrétien, et moi, le socialiste, étions devenus amis et complices. Nous organisions les rencontres communes de nos parlements et groupes d’amitiés. Nous intervenions ensemble sur divers sujets, comme les conflits franco-allemands d’autorité parentale l’été dernier, adressant un courrier commun aux ministres française et allemande de la Famille pour les presser d’agir. Ou plus récemment sur la crise politique en Macédoine. Nous voyagions ensemble, comme le 6 avril 2014 à Izieu, pour la commémoration des soixante-dix ans de la rafle des enfants. Les familles et membres de la communauté juive avaient été très touchés qu’un député allemand se rende pour la première fois à Izieu. Je me souviens de l’émotion d’Andreas durant la visite de la maison et l’échange avec les derniers témoins de cette tragédie. Une photo, que je chéris, nous représente tous les deux, devant la maison et les gerbes de fleurs déposées.

   Ce voyage à Izieu fut l’occasion de longues conversations dans le petit hôtel de Savoie où nous étions descendus. Andreas, par pudeur, se livrait peu. Ce soir-là, il avait fendu l’armure, me racontant sa vie, ses combats, ses coups durs, sa passion pour ses enfants. Et j’en avais fait de même de mon côté. La vie politique est si souvent superficielle, au point de ne jamais conduire à la rencontre de l’autre, de son unité et de son histoire. Andreas m’a permis de le connaître, personnellement en plus de politiquement. J’ai aimé ces moments. Je n’aurais jamais imaginé qu’ils devraient être si brefs. La vie est cruelle. Je pense à ses enfants : Theresa, Ferdinand et Philipp. Je pense à ses amis du Bundestag, rencontrés hier à la messe de requiem à Berlin. Je pense à notre dernière conversation téléphonique, il y a juste deux semaines, conclue par un « Salut ! », qui voulait dire « À tout bientôt ». Salut, mon ami. Je ne t’oublierai pas. Nous serons nombreux à faire vivre ton idéal et tes passions, à continuer le chemin avec toi et pour toi.

 

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10 décembre 2014

David Carmier : "La capacité de rebond est inscrite dans la tradition française"

Il y a quelques semaines, j'avais proposé à David Carmier, jeune maire-adjoint de Sartrouville, conseiller communautaire de la C.C. de la Boucle de la Seine (Yvelines) et, en parallèle, maître de conférences à Sciences Po, de rédiger pour Paroles d'Actu un texte, une sorte de tribune portant regard sur l'avenir de sa famille politique (l'UMP) et, au-delà, sur la France telle qu'il la percevait, telle qu'il la pensait ; la France de 2014, celle à (re)construire pour demain. Sa réponse m'est parvenue le 9 décembre, dix jours après l'élection de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP (64,5%) - scrutin également marqué par le score relativement remarquable (29,2%) de Bruno Le Maire, « le » candidat de David Carmier. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

David CARMIER: « La capacité de rebond

est inscrite dans la tradition française »

 

David Carmier

 

   Depuis le 29 novembre dernier, l’UMP est enfin dotée d’un chef légitime. Après les défaites de 2012, la « guerre des chefs » pour la présidence de l’UMP et les divers scandales financiers, nous sommes désormais en ordre de bataille pour nous reconstruire et proposer aux Français un véritable projet d’alternance crédible, novateur et ambitieux ! Avec près de 30% des suffrages, Bruno Le Maire symbolise le besoin de renouveau et la nécessité de faire émerger une classe politique irréprochable, davantage à l’écoute de nos concitoyens.

   S’il est question de nouveau départ, celui-ci doit être associé à des décisions fortes et incontestables. Le courage doit être le moteur de notre action politique, il sera la clé de notre crédibilité et de nos succès futurs. Mettons un terme à la politique du compromis permanent qui dilue le message et renforce les baronnies. Trop de concessions ont été faites par le passé, affaiblissant ainsi la parole politique et mettant en doute la capacité de nos élus, voire leur volonté, à influer sur le cours des choses. Ce que les Français attendent, ce ne sont pas des discussions, des débats ou des rapports, ce sont des actions et des décisions améliorant leur quotidien et celui de leurs enfants.

   Profitons de notre passage dans l’opposition pour réfléchir, débattre et proposer des solutions audacieuses. Le défi auquel notre famille politique est aujourd’hui confrontée ne se limite pas à l’élaboration d’un projet d’alternance en 2017 mais réside en l’édification d’un nouveau corpus idéologique qui façonnera la droite française du 21e siècle. Nous devons réaffirmer avec force nos valeurs et nos principes fondateurs : le rétablissement de l’autorité de l’État et son recentrage sur les fonctions régaliennes, l’affirmation de la méritocratie et, enfin, la promotion de la liberté individuelle. À force de vouloir tout faire, l’État est devenu impuissant et incapable de répondre aux préoccupations de nos concitoyens. Si la France ne se réforme pas rapidement, nous serons contraints de remettre en cause l’État-providence édifié à la Libération, sans pour autant sauver notre appareil régalien, indispensable pour assurer la sécurité de tous.

   Notre pays a un passé glorieux, héritage de plusieurs siècles d’Histoire qui ont façonné notre identité et notre modèle. De la déliquescence du royaume mérovingien à la guerre de Cent Ans en passant par les soubresauts de la Révolution française, nous sommes toujours parvenus à faire face à l’adversité. Pourquoi notre génération serait-elle différente ? La capacité de rebond et de renaissance est inscrite dans notre tradition historique. Nous disposons d’atouts dans nombre de domaines. L’avenir ne devrait pas être une source d’angoisses, mais une source d’inspiration. C’est pourquoi je vous invite à vous engager pour construire la France de demain, la France éternelle, celle qui gagne ! Alors maintenant, au travail !

 

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8 décembre 2014

Martial Passi : "Réagissez, M. le Président, la maison France prend feu..."

   « Vous êtes, Martial Passi, de ces élus locaux dont les mandats trouvent leur source, à l'origine, dans des engagements pour des luttes sociales, teintées d'idéaux progressistes. Membre du Parti communiste, vous êtes depuis plus de vingt ans à la tête d'une ville populaire, Givors (Rhône). La gauche de la gauche est très critique vis-à-vis des orientations de l'exécutif national. J'imagine que vous avez pourtant voté pour François Hollande lors du second tour de la présidentielle de 2012 et, donc, contribué à sa victoire. J'aimerais vous demander, M. Passi, de me dire, le plus franchement possible ce que serait, en tant qu'élu local, en tant qu'homme de gauche, le message que vous souhaiteriez adresser au chef de l'État ? ».

   Le document qui suit est la reproduction du texte que M. Martial Passi, maire de Givors depuis 1993, vice-président du Grand Lyon, conseiller général du Rhône et vice-président de l'AMF a bien voulu rédiger, en exclusivité pour Paroles d'Actu. Un message fort et sans concession; son message à l'attention du président de la République. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

Martial PASSI: « Réagissez, Monsieur le Président,

la maison France prend feu... »

 

Martial Passi

 

   Monsieur le Président de la République,

   Comme une majorité de nos compatriotes, j'ai voté et appelé à voter en 2012 pour battre Nicolas Sarkozy, sa politique et promouvoir une politique de gauche qui réponde aux besoins de la France, de nos territoires et de leurs habitants.

   À la moitié de votre mandat, la situation est malheureusement catastrophique :

- La marée du chômage massif ne cesse de s'aggraver, frappant notamment les territoires et les populations les plus fragiles, et de plus en plus d'acteurs économiques, notamment les plus petits, qui constituent le cœur du dynamisme économique local et multiplient les cris d'alarme devant la baisse de leurs carnets de commandes.

- Les populations font face à une accumulation de difficultés dans tous les domaines, d'abord en termes de pouvoir d'achat et d'emploi, avec une vie minée par la précarité et l'incertitude, mais aussi devant des services publics asphyxiés par l'austérité.

- Les collectivités territoriales et les élus locaux vivent une réforme territoriale décidée sans aucune concertation qui engage l'avenir de notre pays et sont exposés à une baisse sans précédent des finances locales qui génère des situations budgétaires de plus en plus inextricables, impliquant tout à la fois de réduire l'investissement utile et le service rendu, et d'augmenter l'endettement et les impôts locaux.

- La société est minée par une crise politique et morale qui nourrit un rejet profond de la gauche et de l'action politique, menace nos valeurs républicaines, le lien social et le vivre ensemble, et fait le lit d'extrémismes dangereux.

   Ça ne peut plus durer.

   Soldats de la République directement exposés aux conséquences de politiques d'austérité qu'ils n'ont pas décidées et qui les dépouillent des moyens d'y faire face, les élus locaux sont dans leur très grande majorité profondément inquiets et en colère. Exclus des choix, placés en première ligne comme des boucs émissaires, de plus en plus dénigrés et représentants de collectivités menacées dans leur existence même, les élus locaux n'en peuvent plus.

   L'autorité de l’État est en question, la démocratie locale est directement menacée, le pacte républicain vacille sous les coups de boutoir d'une crise qui n'en finit plus et d'une politique d'austérité, érigée en dogme suicidaire, qui aggrave le mal au lieu de le soigner. La conscience collective et nationale est profondément déstabilisée et les forces et les énergies de notre pays sont abîmées, gâchées et dangereusement divisées.

   Ça ne peut plus durer, Monsieur le Président de la République. « Le changement commence maintenant », disiez vous au printemps 2012. À l'automne 2014, le feu est dans la maison France. Il est plus qu'urgent de changer de cap, sinon nous allons au devant d'une terrible catastrophe.

 

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30 novembre 2014

Jeunes Socialistes : Jugements de mi-mandat

   Le 26 septembre, je publiai la tribune que M. Pierre-Yves Le Borgn', député socialiste, avait accepté d'écrire pour Paroles d'Actu à propos de l'état de l'opinion, clairement défavorable à François Hollande, à sa majorité et à son gouvernement. Au tout début du mois de novembre, j'ai voulu contacter quelques jeunes militants socialistes. Leur demander de se prêter, à leur tour, à un exercice similaire. Sur la base de la proposition qui suit.

   « Ce mois de novembre marque la mi-mandat de François Hollande. Deux ans et demi après l'élection de celui qui évoquait le 'réenchantement du rêve français' et entendait réconcilier ses concitoyens avec la politique, les faits sont là, les chiffres cruels : l'économie, grande affaire du quinquennat, demeure désespérément plate ; le pays n'est en rien apaisé et la confiance des Français dans leurs dirigeants atteint des planchers historiques. Le FN n'a jamais été aussi haut et si des élections avaient lieu aujourd'hui, nul ne doute qu'elles seraient catastrophiques, pour le président , pour le PS et ses élus, et probablement pour l'ensemble de la gauche. Vous comptez parmi les jeunes militants socialistes - ce qui ne doit pas être simple, ces temps-ci. J'aimerais vous demander de me dire dans quel état d'esprit vous vous trouvez en ce moment ; comment vous envisagez l'avenir et, s'il y en avait un, ce que serait votre message pour François Hollande. »

   À l'heure où j'opère la mise en ligne de cet article, le 30 novembre, peu avant 17 heures, six réponses me sont parvenues. D'autres suivront peut-être. Une constante, frappante : ces jeunes socialistes sont tous, plus que jamais, fermes dans leur engagement. Qui, dans leur esprit, paraît de plus en plus éloigné de ce qu'a fait la gauche au pouvoir depuis 2012. Et des orientations qui semblent désormais prévaloir au sein de l'exécutif - et probablement, au-delà, chez les parlementaires de la majorité. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Jeunes Socialistes Jugements

de mi-mandat

 

François Hollande

(Illustration : Reuters)

 

 

Mathurin Levis

Mathurin Levis« La victoire du 6 mai s'est rétrécie ». (11/11/14)

   À mi-mandat, force est de constater que le gouvernement est dans une impasse. Les choix politiques qui ont été faits ces derniers mois sont en décalage profond avec les engagements qui étaient ceux du Président de la République alors candidat à l’élection présidentielle. Cette forme de hold-up démocratique, permise par les institutions à bout de souffle de la Ve République, a nourri la désillusion des électeurs qui nous font habituellement confiance. Ceux-ci se sont massivement détournés des urnes lors des élections municipales et européennes. Cette résignation constitue un terreau fertile pour une extrême-droite en embuscade.

   Le choix d’une politique d’austérité, n’a pas permis de redresser notre économie. Pire, à l’égard des effets produits partout en Europe, elle a engendré de la souffrance sociale. Depuis deux ans et demi et alors que la gauche est au pouvoir, la paupérisation a progressé dans notre pays, notamment chez les jeunes.

   Le choix d’une politique de « l’offre », toute tournée vers d’immenses cadeaux fiscaux au patronat, n’aura en aucun cas permis de réduire le chômage. Faute de contreparties, les milliards d’euros d’aides publiques auront rempli les poches, déjà bien pleines des actionnaires qui ne semblent plus craindre grand-chose de l’action de la gauche au pouvoir. Quelques mois après que les entreprises ont touché les premiers euros du CICE, on apprenait que les dividendes versés par celles-ci avaient bondi de plus de 30%, faisant de la France la championne du monde, alors que l’investissement, au premier trimestre 2014… reculait de près de 1%.

   Ce n’est pas dans les plis de la modernité ou du pragmatisme que s’est drapé Manuel Valls, mais dans ceux d’un libéralisme éculé et destructeur qui plonge la gauche en état de mort cérébrale. À travers un discours largement inspiré du « There is not alternative » de Margaret Thatcher, à travers un lexique emprunté à la rhétorique libérale (« coût du travail », « compétitivité », « ras-le -bol fiscal »…), à travers ses choix politiques et en réduisant toute perspective de progrès social à des croyances « passéistes » et « marxistes », le Premier ministre a confisqué et rendu caduc la belle idée qui nous anime : changer la vie pour vivre mieux.

   Depuis près de deux ans et demi, la victoire du 6 mai s’est rétrécie. Nos amis communistes n’ont jamais intégré la majorité gouvernementale. Les écologistes l’ont quittée. Certains socialistes en ont été écartés. Et les radicaux de gauche s’en sont distingués. Une majorité rétrécie pour une politique de gauche qui n’en est plus vraiment une, tant elle tord le cou à nos aspirations de justice et d’égalité.

   Il n’y a pourtant aucune fatalité à ce que la gauche, lorsqu’elle parvient au pouvoir, tourne le dos à son ambition de transformation sociale et oublie pourquoi des millions de citoyens lui ont fait confiance en la portant aux responsabilités.

   Ces choix doivent être remis en question. Le débat doit avoir lieu. Une autre politique est possible, souhaitable, indispensable pour réanimer le camp progressiste. Il n’est pas trop tard, mais il est juste temps.

   Les voix sont de plus en plus nombreuses à refuser le cap austéritaire du Premier ministre. Il faut désormais être capables de dépasser nos chapelles politiques respectives pour que toutes les forces fidèles à la transformation sociale mettent en commun leurs énergies et jalonnent les contours d’une prochaine gauche. Une gauche populaire, décomplexée et anti-libérale qui offrira à ce peuple orphelin un nouvel horizon progressiste.

   Manuel Valls a d’ores et déjà divorcé avec la gauche. Sa volonté de changer le nom et l’identité du Parti socialiste et sa proposition de gouverner avec le centre sont autant de témoins d’une relation désormais consommée. Il ne peut continuer son action en notre nom. Nous n’accepterons pas que l’on supprime les seuils sociaux, que l’on revienne sur le repos dominical ou bien que l’on déverrouille les 35h. Tout cela ne pourra être fait en notre nom.

   Ce dont nous avons besoin c’est de réanimer le camp du progrès autour de ce qui fait sa raison d’être, au croisement de l’idéal socialiste, de l’impératif écologique et de l’ambition démocratique.

   Restaurons la souveraineté populaire par l’instauration d’une VIe République qui redonne les clés du pouvoir au peuple. Orientons la dépense publique vers les besoins populaires, la recherche publique et la transition écologique pour protéger et préparer l’avenir. Interdisons les licenciements boursiers et instaurons un droit de veto salarié dans les entreprises pour lutter contre le chômage et défendre notre appareil industriel. Engageons-nous en faveur d’un réel pôle public bancaire pour libérer notre économie des griffes du monde de la finance. Finançons une véritable allocation d’autonomie pour permettre à chaque jeune de prendre toute la place qui est la sienne dans la société. Augmentons les bas salaires et les minimas sociaux pour partager les richesses et abolir la précarité. Enfin engageons une réforme fiscale en taxant les dividendes des actionnaires, les revenus spéculatifs et mobilisons les moyens nécessaires à la lutte contre la fraude fiscale pour restaurer les finances de l’État. Nationalisons la distribution de l’eau pour soustraire ce bien commun de la loi du marché.

   Ces quelques pistes doivent permettre de jalonner une alternative pour renouer avec les aspirations des Français et les intérêts du plus grand nombre. Car c’est bien là que réside le cœur battant de la gauche : bousculer l’ordre établi et les privilèges de quelques-uns pour rendre meilleurs les lendemains du plus grand nombre.

   La gauche a trop de choses à faire dans notre pays pour disparaître.

 

Florian Humez

Florian Humez: « Ayons l'exigence de nos ambitions ». (17/11/14)

   Nous sommes à la mi-mandat de François Hollande, et le candidat Hollande le disait lui-même, « Si nous sommes élus, c’est parce que les Français savent que la tâche qui nous attend est immense, et que nous seuls sommes capables d’y faire face ». Pourtant, aujourd’hui, comme vous le rappelez, les attentes n’ont pas encore trouvé toutes leurs réponses.

   La gauche municipale a connu une déroute sans précédent dans son histoire. Alors que les camarades partout en France se sont mobilisés pour faire gagner notre camp, nous n’avons pu que constater, sur le terrain, le climat de plus en plus délétère et le mélange, bien dommageable, entre l’action, les projets des candidats socialistes ou, plus généralement, de gauche, et le manque de résultats de l’action du gouvernement.

   Ce n’est pas faute de mettre en place certaines mesures, comme les contrats aidés, qui ont permis de retourner la situation en ce qui concerne le chômage des jeunes, les contrats de générations qui, malheureusement, ne trouvent pas suffisamment d’écho.

   Beaucoup de mesures sociales vont également dans le bon sens : la mise en place d’un compte pénibilité, pour les travailleurs les plus exposés physiquement dans leur activité, même si je pense que les modalités devraient être éclaircies pour les PME afin de rendre cette avancée lisible pour le plus grand nombre. Le projet de loi portant sur l’économie sociale et solidaire va également être une avancée significative. Enfin, la mise en place d’un système de conditonnalité quant à l’obtention des allocations familiales va permettre, enfin, de remettre du sens et de l’équité dans notre action, que doit être celle de tout socialiste, à savoir transformer la société.

   Au niveau économique, le développement de la Banque publique d’investissement, qui a pour vocation de devenir le fer de lance du développement économique de nos territoires, est un point trop peu souligné par nos représentants. Alors que les banques, de plus en plus frileuses, ferment les vannes du crédit, la BPI se révèle être un complément idéal, notamment en ce qui concerne les investissements en recherche et développement ou le financement de la trésorerie.

   L’éducation a également connu de nombreuses avancées. La réforme des rythmes scolaires, souhaitée par la majeure partie des spécialistes, va dans l’intérêt de l’enfant. L’accès au numérique dès le plus jeune âge, à l’école, doit aussi permettre à nos enfants d’être en phase avec le monde qui les entoure, mais également de donner à tous l’accès à cet outil, et dans ce sens, vaincre certains déterminismes sociaux.

   L’objectif d’une égalité véritable homme-femme doit permettre de retrouver de l’équité dans notre société. Il n’est pas normal, dans la France du 21e siècle, que pour un travail égal le salaire ne le soit pas.

   Enfin, il faut évoquer ces ambitions que porte le gouvernement, que ce soit au niveau de la transition énergétique, avec le projet de loi de Mme Royal, ou de la lutte contre les rentes, avec le projet de loi de M. Macron - qui vise à casser les monopoles de certaines professions connaissant une forte reproduction sociale et ambitionne de remettre en cause les contrats des sociétés d’autoroutes et leurs résultats, bâtis sur une cession contestable.

   Toutefois, le malaise des Français est grand vis-à-vis de l’action gouvernementale, nous ne pouvons le cacher. Nous connaissons les sondages et la confiance, ou plutôt le manque de confiance de nos concitoyens eu à égard à notre action et, surtout, à leur avenir.

   Si les avancées sont nombreuses dans de nombreux domaines, on ne peut que critiquer la communication du gouvernement et de son action, parasitée par les querelles internes mais également par les petites phrases clivantes qui ne font pas avancer les débats.

   Outre ce manque de communication, on ne peut que regretter, par moment, un manque de clarté, une difficile lisibilité du sens politique que nous souhaitons donner à notre action. C’est le cas, par exemple, de la fiscalité. Alors que le candidat à la primaire, François Hollande, promettait une refonte totale de notre système d’imposition au lendemain de son élection, nous ne pouvons que regretter, aujourd’hui, l’empilement des décrets qui rendent encore moins lisible ce système et ne permettent pas de lui redonner du sens, pourtant bien mis à mal par nos prédécesseurs dans son essence, l’équité.

   Au niveau économique, le CICE était certes nécessaire pour le soutien de notre industrie - nous en voyons quelques prémices de résultats, le coût horaire d’un salarié français etant passé en dessous de son collègue allemand -, il n’apparaissait pas prioritaire d’en faire profiter des géants de l’industrie qui, comme Total, paient pas d’impôts en France, ou encore les géants de la grande distribution qui, en plus de profiter de la précarité des salariés, leur imposent des emplois au temps de travail saccadé. De plus, à ce niveau, nous avons donné à l’opinion le sentiment de nous être enfermés dans le carcan d’une politique de l’offre devant permettre de solutionner nos maux. Or, si un renforcement de notre offre était primordial, un accompagnement de la demande, toujours fortement déprimée, demeure impératif.

   Il est donc frustrant de voir notre gouvernement proposer de nombreuses avancées, mais des avancées qui se retrouvent brouillées par un manque de clarté, alors que, bien plus qu’une incapacité d’action, notre pays fait face aujourd’hui à une crise de ses institutions. La Ve République a été construite pour un homme, dans un temps médiatique et un contexte international qui n’ont plus rien à voir avec ce que nous connaissons aujourd’hui.

   On constate une hyper-médiatisation de nos institutions, de nos politiques. Alors, bien sûr, les différents responsables nationaux ont leur part de responsabilité dans cette spirale, mais c’est également, plus en profondeur, un changement de civilisation dont il est question, et, en cette ère du numérique, il nous faut nous remettre en question, changer notre fonctionnement. Est-il pensable, qu’un président de la République puisse, alors qu’il est censé ne penser qu’à l’intérêt général, à celui de ses concitoyens, se représenter pour un deuxième mandat ? N’est il pas envisageable, afin d’être en capacité d’observer les conséquences de ses réformes, qu’un mandat - qui serait unique - soit d’une durée supérieure à cinq ans ? Je pense que nous devons nous poser toutes ces questions, en dépassant les clivages partisans, afin de revenir à l’essentiel et de donner du sens à notre action, et notamment vis à vis de la population. En somme, faire à nouveau de la politique.

   L’enchaînement des crises depuis 2008, et l’incapacité des pouvoirs publiques à nous en extraire, la globalisation de l’économie et la peur du déclassement qui en découle sont autant de questions et craintes auxquels les gouvernements successifs n’ont su répondre. En ce sens, je pense que nous devons sortir de notre vision gaulliste de l’économie, qui repose sur l’idée que seule la grandeur de la France nous permettrait d’exporter et de voir notre économie croître. Nous devons apprivoiser la mondialisation, car ce n’est pas en restant enfermés sur nous mêmes, comme le proposent certains politiciens, que nous pourrons développer des partenariats d’échanges.

   Alors que certains nous promettent des lendemains qui chantent, en remettant du barbelé à nos frontières, nous ne pensons pas qu’il soit concevable d’imposer des barrières. Nous le voyons au quotidien, si nous en sommes capables, les autres le sont également, et alors notre économie, et donc nos emplois en pâtissent. C’est dans ce domaine que notre action, et notamment celle des Jeunes Socialistes, doit s’amplifier. Nous devons mener la bataille idéologique contre les conservateurs, ceux qui ont fait entrer dans l’imaginaire collectif l’idée que la frontière était la solution à tous nos problèmes, alors même que nous n’avons jamais autant échangé, et notamment grâce à internet, à travers le monde.

   Dans cette situation économique et sociale sans précédent, nous ne devons pas nous disperser à distribuer les bons points ou les avertissements à notre gouvernement - même si des questions sur la ligne politique appliquée peuvent légitimement être posées - mais bien pousser le gouvernement à aller dans le sens du programme qui nous a permis d’être élu, à lui rappeler, même si je ne pense pas que cela soit foncièrement nécessaire, que ce qui nous anime, ce qui nous a fait militer lors des présidentielles et législatives en 2012, c’est l’ambition de transformer la société, c’est l’ambition de changer la vie, afin que chacun vive mieux en 2017 qu’en 2012, tout en garantissant aux générations futures un héritage sain. Il nous reste encore deux ans et demi pour porter des réformes ambitieuses dans ce sens. Ayons l’exigence de nos ambitions.

 

Benjamin Lucas

Benjamin Lucas: « Réassocier 'gauche au pouvoir' et 'progrès' ». (21/11/14)

   Il y a quelques jours à peine, lors d'un repas de famille, où tout le monde autour de la table est de gauche, un cousin m'a dit, « Ça ne doit vraiment pas être facile en ce moment ce que tu fais, militer, débattre, avec l'étiquette socialiste marquée sur le front ».

   Cette remarque on me la fait souvent, à moi et à toutes celles et tous ceux qui partagent cet engagement dans la famille socialiste.

   Il est vrai que ce n'est pas aussi simple que nous l'espérions. Sans doute que mon cousin, qui cherche du travail depuis plus d'un an, ne m'aurait pas fait cette remarque si nous avions créé 150 000 emplois d'avenir supplémentaires dans la transition énergétique et qu'il avait bénéficié de l'un d'entre-eux, si l'encadrement des loyers qui lui aurait permis de ne pas consacrer 550 euros de loyers mensuels pour un studio de 9 mètres carrés avait été maintenu, et si son meilleur ami ne s'était pas fait contrôler son identité quatre fois dans la même journée du seul fait de sa couleur de peau, parce que nous aurions mis en oeuvre une Attestation de contrôle d'identité.

   Il y a pire que de décevoir parce que l'on a échoué dans la mise en oeuvre de sa politique, c'est de renoncer à mener celle pour laquelle nous avons été élus.

   Je me souviens de la campagne de 2012, de ces amis convaincus, au fil des soirées, que la gauche changerait leur vie, du moins essaierait, qu'une autre politique était possible et que pour cela nous taperions du poing sur la table en Europe. Après dix années avec Sarkozy sur nos écrans, c'était le changement. "Les jeunes vivront mieux en 2017 qu'en 2012", c'était cette promesse qui avait donné de l'espoir, dans nos quartiers, dans nos villages et sur les bancs de nos facs.

   Deux ans et demi plus tard, c'est la désillusion, ma génération construit massivement son rapport au vote dans l'abstention et laisse ainsi le FN s'installer confortablement dans nos assemblées. C'est le sentiment que le bulletin de vote n'est qu'un bout de papier vide de sens et de pouvoir et que la gauche ne peut rien face aux lois de l'économie, face à la Commission européenne et à ses dogmes.

   Mais rien, j'en suis convaincu, n'est jamais figé. Malgré cette ambiance politique qui invite à rentrer chez soi "cultiver son jardin", nous restons déterminés.

   Partout où je vais, je vois que les Jeunes Socialistes sont dans le même état d'esprit, combatifs, refusant de baisser la tête. De Nice à Caen, de Bordeaux à Strasbourg en passant par Palaiseau, je n'ai vu que des militants qui savent d'où vient leur famille politique, quelle est l'histoire de la gauche, son apport décisif et quasi-exclusif dans les progrès sociaux des décennies passées. Ils savent aussi où ils veulent aller, et pour quel modèle de société, de partage des richesses, des savoirs et des pouvoirs, de sobriété énergétique et de justice, ils se battent.

   Militer aujourd'hui avec les Jeunes Socialistes, c'est refuser la résignation qui laisserait le champ libre à l'extrême-droite. Nous n'avons ni complexes ni tabous, nous assumons notre volonté d'incarner une gauche de transformation sociale, qui est écologiste parce qu'elle est socialiste, qui veut s'attaquer aux inégalités pour combattre la reproduction sociale, qui veut en finir avec les discriminations.

   Nous avons fait récemment un texte de cinquante pages sur la Priorité jeunesse, partant des constats et formulant des propositions précises pour transformer la vie des jeunes. Nous voulons être utiles, dans notre militantisme quotidien et dans nos réflexions, à l'action de la gauche au pouvoir aujourd'hui, mais aussi à la société que nous ferons pour demain.

   Mon message pour François Hollande ? Écoutez-nous. Nous avions promis le redressement dans la justice, nous n'avons aujourd'hui ni redressement, car les politiques de réduction aveugle des dépenses publiques et de compression budgétaire ne fonctionnent pas, ni la justice. Il est encore temps de donner du sens à ce quinquennat, de remettre dans la même phrase gauche au pouvoir et progrès, nous pouvons encore réussir.

 

Léa Charbonnier

Léa Charbonnier: « Une responsabilité dans la poussée du FN ». (25/11/14)

   Il y a trois ans, le candidat François Hollande faisait son premier discours en tant que candidat investi par le Parti socialiste. Ce discours a eu lieu devant nous, les Jeunes Socialistes, réunis alors en congrès. Il parlait de la jeunesse comme d'une priorité. On sortais des primaires qui avaient lancé les élections, des primaires qui avaient rassemblées trois millions de participants quand, aujourd'hui, seulement 2,6 millions de citoyens ont voté aux Européennes pour le PS - et plus de 4,7 millions pour le Front National. Alors, forcément, on s'interroge. On s'interroge sur la raison du détournement de nos électeurs. Mais en réalité, c'est pas tant sur le détournement de nos électeurs qu'il faut s'interroger mais sur le détournement du gouvernement envers les électeurs et surtout du détournement du gouvernement des aspirations légitimes qu'il avait pourtant réussi à porter en 2012.

   Pourquoi les Français ne votent-ils plus pour nous ? Simplement parce que le gouvernement n'applique pas ce pourquoi les électeurs ont voté, et non pour un manque de pédagogie ou de communication du gouvernement. Mais, pire encore, il applique un programme qui idéologiquement n'est pas celui d'un gouvernement socialiste. La gauche dans l'histoire et dans la mémoire commune fait des augmentations de salaires en arrivant au pouvoir, elle réduit le temps de travail, elle est unie avec toutes ses composantes (socialistes, écologistes, communistes) pour mettre en place de grandes avancées sociales, longtemps réclamées par les citoyens (création des congés payés, mise en place de la CMU). Au lieu de cela, le gouvernement stigmatise les chômeurs (parfois désignés comme des "assistés" ou des "fraudeurs") et mène une politique économique qu'un gouvernement libéral aurait pu mener (exonération de cotisations sociales patronales pour une baisse du prix du travail, sans aucune contrepartie).

   Le quotidien des Français ne s'améliore pas, les jeunes sont loin de mieux vivre qu'en 2012 malgré les quelques bonnes réformes concernant la jeunesse (augmentation des bourses, Garantie universelle des loyers). 8,6 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté, le revenu disponible brut moyen est de 1 500 euros et, de l'autre côté, on estime entre 60 à 80 milliards le montant de l'évasion fiscale, et  la France est le pays versant le plus de dividendes en Europe. Le gouvernement s'entête à mener des politiques austéritaires dont le FMI même indique l'inefficacité, alors que des solutions alternatives existent à commencer par la relance - possible ! - de la consommation, grâce à une vraie réforme fiscale.

   Alors, en tant que jeune socialiste, je ne peux qu'être inquiète. Inquiète que les Français perdent toute confiance dans nos responsables politiques, parce qu'ils ne sont pas tous respectables (Thevenoud, Cahuzac, etc). Inquiète que les Français ne croient plus à la capacité de la politique à changer leur vie, et surtout inquiète de la montée du Front National comme réponse. La gauche porte une responsabilité forte dans la montée du Front National, car quand le gouvernement mène une politique austéritaire, il confirme la théorie "UMPS" du FN. Alors, en tant que jeune socialiste, je suis évidemment inquiète, mais aussi en colère que le gouvernement dont j'ai participé à l'élection ne respecte ni ses militants, ni ses électeurs.

   En revanche, je ne suis pas résignée. Pour moi, des solutions existent ; une autre politique est possible, elle est surtout nécessaire. Cette politique qui redonnera confiance dans le politique et sa capacité à transformer la société ne viendra que de notre camp social, le camp du progrès. Maintenant, il faut que le Président et le gouvernement reviennent à leurs engagements de 2012 et décident d'améliorer radicalement la vie des gens et par conséquent d'encadrer la finance, de redonner du pouvoir au citoyen, de mener le combat pour le progrès et ne pas céder au Medef ou à la Commission européenne. Si ce n'est pas le cas, cette solution devra venir du reste de la gauche, ce par tous les moyens. L'union doit se construire par les communistes, écologistes et socialistes résistants de la ligne de 2012.

   Reste au Président à choisir où il veut être. Personnellement, je l'invite à écouter ces paroles : « Il n’y a jamais, je dis bien jamais, une seule politique possible, quelle que soit la gravité de la situation. L’Histoire n’est pas l’addition de fatalités successives, elle nous enseigne qu’il y a toujours plusieurs chemins. La voie que je vous propose, c’est le redressement dans la justice, c’est l’espérance dans la promesse républicaine. » Elles furent prononcées par un certain François Hollande, candidat à l'élection présidentielle en 2012.

 

Sarah Martins

Sarah Martins: « Le congrès tranchera... ». (28/11/14)

   Je reconnais être dans un sentiment plutôt contradictoire. D'un côté, c'est une grande déception vis-à-vis de ce gouvernement. Bien sûr, on peut noter quelques progrès ; je pense notamment au mariage pour tous ou bien à la généralisation du tiers payant.

   Néanmoins, ces avancées sont à la marge, et on ne peut que constater l'absence totale de grande réforme servant le changement tant attendu par les Français. François Hollande avait soulevé un espoir, celui de changer la vie des gens. Force est de constater qu'il y a échec en la matière.

   Mais, bien plus grave, durant ce quinquennat, c'est le renoncement aux engagements pris pendant la campagne pour, en fait, développer un programme en contradiction avec les idées défendues au sein des socialistes : pacte budgétaire européen, réforme des retraites, Accord sur la compétitivité et la sécurisation de l'emploi, CICE, etc. Toutes ces mesures ont été perçues comme une réelle trahison pour de nombreux sympathisants de gauche.

   Mais d'un autre côté, mon engagement auprès du Mouvement des Jeunes Socialistes n'a jamais eu plus de sens que durant cette période. En effet, plusieurs batailles vont être déterminantes pour l'avenir de la gauche.

   Tout d'abord, au sein de la famille socialiste car, avec l'annonce d'un congrès du PS courant juin, une réelle bataille idéologique va être menée : ce sera l'occasion pour chaque sensibilité de défendre haut et fort ses idées.

   Ensuite, un travail plus large au sein de la gauche est à envisager afin de reconstruire un paysage politique actuellement dévasté. La gauche ne semble plus audible face à la progression des néo-libéraux et de l'extrême droite. C'est pourquoi socialistes, écologistes et communistes, nous devons nous ressembler autours de projets communs. Cela a déjà débuté avec des initiatives comme le Collectif 3A : j'espère qu'elles se développeront à l'avenir en rassemblant toujours plus à gauche. Ainsi, elles pourraient voir émerger une candidature en 2017 permettant l'union de la gauche, seule chance de peser face à Marine Le Pen.

   S'agissant d'un message à adresser à François Hollande... Je souhaiterais qu'il écoute davantage le mouvement social. Lorsque les jeunes se mobilisent autours de questions comme la Palestine, les sans-papiers, l'écologie, ce qu'ils attendent d'un gouvernement de gauche, ce n'est pas l'interdiction des manifestations et la répression policière. Ces rassemblements auraient dû être, au contraire, le moment d'écouter sa jeunesse et de traduire ces aspirations concrètement.

   Aussi, il doit revenir à ses engagements : mener une réelle politique de l'emploi pour inverser la courbe du chômage, effectuer une grande réforme fiscale, faire enfin avancer la priorité jeunesse, etc. Cela ne pourra pas se faire sans effectuer une réelle rupture avec la politique d'austérité menée actuellement.

 

Lucas Trotouin

Lucas Trotouin: « Il faut un sursaut démocratique ». (29/11/14)

   Des militants, une majorité me semble déboussolée, et certains sont en colère. Je trouve que la colère a quelque chose de bon. Contrairement à la résignation, elle mène à la confrontation des idées.

   Pour ma part, je tente d’analyser les raisons de cette situation d’un œil objectif, puis de me concentrer sur les idées. Alors que les difficultés économiques et sociales persistent, que les données macro-économiques alarmistes inondent les médias (elles sont souvent peu pertinentes pour comprendre la réalité de notre situation économique d’ailleurs), que la crise de confiance envers le personnel politique se pose comme l’ultime composante d’une crise systémique qui touche l’ensemble du continent depuis 2007, les idées doivent se renouveler, se confronter et apporter de l’espoir. Je crois vraiment en la force des idées.

   Il est très probable que le désespoir soit le terreau fertile de l’extrême droite. Et nous nous tromperions si nous pensions que nous devons combattre le retour d’une idéologie raciste ou fascisante en France. Le racisme régresse en tant qu’idéologie, ce sont les mécanismes du repli sur soi qui menacent aujourd’hui notre République et notre avenir. C’est sur eux que repose l’émancipation des préjugés racistes et du vote FN.

   Ce qui semble clair, c’est qu’il existe un lien fort entre le chômage de masse, l’augmentation des inégalités sociales, le déclassement, le délitement du lien social, notamment à travers le mode de vie péri-urbain, et le repli sur soi. Ma génération est, plus que les autres générations, en proie à ces difficultés. Le chômage est pour elle deux fois plus élevé que pour le reste de la population, les inégalités en son sein ont mené à ce qu’une partie d’entre elle (les classes les plus pauvres) se trouve dans l’impossibilité de prendre l’ascenseur social et le déclassement est un phénomène qui touche presque toutes les classes sociales. Elle est la première à s’abstenir et, ne nous y trompons pas, sa tentation pour le Front National reste un épiphénomène particulièrement présent dans les territoires défavorisés.

   De l’espoir donc. Mais comment ? Commençons par des réponses efficaces pour améliorer ses conditions de vie, d’accès à l’emploi, au droit commun, et faire progresser l’égalité. Le socialisme est un projet qui œuvre en ce sens. Si on devait le définir en quelques mots, je dirais que c’est l’idée de garantir la liberté de chacun par l’égalité des droits et des conditions de vie. La gauche au pouvoir agit en ce sens avec la priorité jeunesse, l’investissement dans l’éducation, la garantie jeunes, les emplois aidés, l’encadrement des stages, la fusion RSA-PPE ou encore le mariage pour tous. Les données macro-économiques sont mêmes plutôt positives pour elle.

   Pourtant, tout cela manque d’ambition. L’investissement public décroit. Une montée en puissance des bourses pour tous les jeunes, d’un montant suffisant pour réussir ses études et accéder à l’autonomie ? Le développement de filières d’avenir dans la transition énergétique pour améliorer la compétitivité hors coût dans des secteurs très fortement créateurs d’emplois ?... Non.

   Le choix d’une politique budgétaire très restrictive ferme la porte à toutes ces possibilités. « La relance doit venir de Bruxelles », affirmait Emmanuel Macron, il y a quelques jours. Dans l’idéal je suis d’accord, et j’irais même jusqu’à dire que l’union budgétaire et fiscale européenne, pour palier les asymétries régionales, est la solution la plus fiable dans les années à venir pour pérenniser notre système de redistribution ! Mais la très faible croissance actuelle et la situation sociale nous permettent-elles d’attendre une évolution de l’Union européenne ? L’urgence est bien là. Pour éviter que le coût social de la rigueur soit trop élevé et devienne irréversible pour notre génération, nous devons donner la priorité à l’emploi par l’investissement et à l’égalité par la redistribution. La restructuration de la dette est nécessaire mais ne peut être prioritaire aujourd’hui. Elle doit s’étaler dans le temps.

   Même à contresens vis à vis des orientations économiques du gouvernement, notre engagement reste utile. C’est bien le message que je souhaite porter aux militants. N’attendons pas de François Hollande qu’il invente le socialisme du XXIe siècle. C’est notre rôle, et c’est le moment de s’y mettre. Car, aux crises citées précédemment, il y en a une bien plus longue et structurelle, c’est la crise écologique. Le capitalisme évolue constamment depuis la première révolution industrielle. Certains tentent aujourd’hui de le verdir. Pourtant, c’est l’appropriation des moyens de production par une minorité, fondement même du système capitaliste, qui explique que les progrès techniques et sociaux de nos sociétés développées aient été permis par l’exploitation à la fois des hommes (des femmes aussi) et de la nature dans un même élan. Nous devons le dépasser, lui opposer par la réforme un nouveau modèle micro-économique et macro-économique plus juste et soutenable. De nombreuses initiatives existent, des entreprises gérées par leurs salariés à de nouvelles pistes de calculs pour la croissance.

   Pourtant, force est de constater que le Parti socialiste n’a plus, aux yeux des citoyens, l’utilité d’antan. Qu’y a-t’il d’étonnant, finalement ? Les militants des partis de gouvernement sont dix fois moins nombreux qu’au milieu du siècle dernier, au moment de l’apogée des partis de masse. Un nombre décroissant d’entre eux sont syndiqués, de moins en moins sont impliqués dans le monde associatif. 15% des adhérents du PS sont des collaborateurs d’élus. Le Parti se repli sur lui même. Comment pourrait-on dès lors le considérer comme un lien entre la société civile et les sphères de décisions politiques ? Le rebond des partis doit être démocratique. Du renouvellement des méthodes de militantisme au renouvellement des candidats, les partis doivent privilégier le pouvoir d’agir des militants. Les partis doivent s’ouvrir. C’est la démarche actuelle prise par les Jeunes Socialistes qui, je l’espère, bousculera le parti dans ce sens. Une chose est sûre, je me sens toujours utile et fier d’être un Jeune Socialiste.

 

Quentin Henaff

Quentin Henaff: « Reprenons le temps de transformer la société ». (07/12/14)

   « Il n'y a presque aucune arène de la vie sociale qui ne soit pas affectée ou transformée aujourd'hui par les diktats de la vitesse. » Rosa HARTMUT, Aliénation et accélération, 2010.

   Notre époque politique et sociale est marquée par une quête toujours plus grande de rapidité. On zappe aujourd'hui d'une information à l'autre sous la pression de l'innovation technique, de l'accélération médiatique et de la soif naturelle de l'homme pour l'autonomie. Toutefois, loin de nous libérer, cette quête de vitesse dégrade nos institutions (l'école, la politique, la justice, etc) et nos relations aux autres. Au final, notre autonomie recule chaque fois que nous faisons le choix d'une quête déraisonnable de rapidité.

   Si j'ai souhaité commencer par cette citation et ce court passage, c'est que je crois pertinemment que la priorité pour la gauche est de reprendre le temps d'analyser le présent et de politiser le débat démocratique, afin de faire émerger un désir d'avenir commun dans un monde plus égalitaire.

   La gauche arrive toujours au pouvoir quand la situation des Français saggrave, quand les inégalités explosent, quand l’avenir est assombri par la crainte que « demain sera pire qu’aujourd’hui ». Ce fut le cas en 1981, ce le fut de nouveau en 2012, lorsque François Hollande a été élu président de la République.

   Comme tout militant, je n'ignore pas le mécontentement d’une partie grandissante de la population. En l’espace de deux ans, le spectacle politique et médiatique, auquel se sont livrés nos dirigeants, sous la pression de l'urgence et de l'immédiateté, a fait reculer l’idée que la gauche pouvait être une alternative crédible à la droite dans ce pays, pire, que la politique, que le « bulletin de vote », ne pouvaient plus changer nos vies. En dépit de mesures de gauche, de la refonte de l'école à la loi sur la transition énergétique en passant par la loi sur l'économie sociale et solidaire, les Français sont déçus et se sentent de plus en plus à l'écart du débat politique.

   Si nous ne faisons rien, la progression du Front national sera inévitable. Derrière les difficultés du gouvernement à incarner l'alternative que représentait son élection, c'est la question de la capacité de la gauche à proposer un chemin pour le pays sur le long terme qui est posée. Dans un monde où le politique démissionne sur la transformation d'une société vers plus de justice et d'autonomie, ce sont toujours les forces réactionnaires et communautaires qui en profitent. Cette réalité est insupportable pour un jeune militant de gauche.

   Est-ce donc la fin de l’histoire ? La fin de la bataille ? Je ne le pense pas. Nous pouvons toujours inverser cette résistible ascension vers le post démocratique. Je le constate chaque fois que je milite, sur les bancs de ma fac ou dans les quartiers de Grenoble. Toutes les semaines, je rencontre des militants, en Isère ou ailleurs, mus par le même espoir de transformation sociale. Face au « c'était mieux avant » qui désespère et dépolitise les enjeux, la société civile se dresse comme jamais auparavant. Le politique doit dialoguer avec elle.

   La gauche n’est pas à la hauteur quand elle ne porte plus fièrement ses valeurs. Elle n’est pas non plus à la hauteur quand elle préfère la critique à l'action. Elle n’est enfin pas à la hauteur quand elle agit sans prendre le recul nécessaire pour critiquer ce qui ne va pas. Notre responsabilité est de ne pas reproduire le pire de ce qu’ont fait nos anciens. Pour cela, nous devons faire évoluer notre méthode, nos pratiques militantes, et politiser notre vision du monde.

   Des mobilisations citoyennes à la « ferme des milles vaches », en passant par le rejet européen d'ACTA (traité de lutte contre la contrefaçon, ndlr) en 2012, c'est une révolution moderne qui prend forme sous nos yeux. Grâce aux progrès techniques, à l'extension de l'éducation et aux technologies de la communication moderne, il est désormais possible à chacun de prendre part aux débats et de s'exprimer. La politique ne peut donc plus être l'affaire de quelques uns. Il est grand temps pour nos partis politiques de passer au 2.0 et d'accroître leurs liens avec la société civile, ce monde des indignés et des anonymes désireux de mieux vivre. Il en va de la survie même du politique.

   Outre la méthode, il faut ensuite reprendre la bataille culturelle sur nos valeurs et sur notre identité socialiste. En quelques mots, politiser les débats là où l'économisme et la gestion à courte vue l'ont emporté sur la confrontation d'idées. Non, le travail le dimanche n'est pas qu'une question d'emplois et d'ouverture des magasins. C'est un projet de société, et il n'est pas le mien, car il réduit les droits et la qualité de vie des travailleurs. Non, l'écotaxe n'est pas qu'une question fiscale, c'est avant tout la possibilité de changer de modèle de société, un transition du tout pétrole vers le tout durable. Pour être plus audible sur la réduction des inégalités, sur l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens, il faut donc développer une vision claire et offensive, une histoire positive à raconter sur la France face aux changements climatiques, à la mondialisation et à l'individualisme.

   Le premier combat de la gauche doit être celui de la lutte contre la défiance qui s’est installée dans ce pays. La défiance envers le politique se répercute aujourd’hui sur nos institutions républicaines, sur ce qui fonde notre pacte social et notre capacité à vivre ensemble. Parmi nos institutions, il y en a un qui doit être prioritairement consolidée. C’est notre école.

   Symbole d'espoir, l’école ne parvient pas à remplir sa mission quand sept enfants d’ouvriers sur dix sont condamnés à occuper des métiers d’exécution tandis que sept enfants de cadres sur dix occuperont des fonctions d’encadrement. Les dés sont donc pipés à la naissance, et chacun le sait. Rejetons fortement le fatalisme ! On peut agir là-dessus, on le doit et on le fait. Je suis fier que François Hollande ait fait de la jeunesse la priorité de son mandat en donnant à chacun selon ses besoins. Nous avons créé 60 000 postes d’enseignants, renforcé l’éducation prioritaire, adapté les rythmes scolaires et favorisé la scolarisation dès 2 ans. Je milite pour que l'on aille plus loin avec la fin de la note « sanction », la refonte du parcours commun de réussite du primaire aux lycées, la lutte contre le décrochage scolaire. C'est à ce prix que nous réduirons la reproduction sociale et l’emprise des milieux d’origine sur le destin des enfants.

   Si je crois que l’école est un des leviers essentiels de l’action publique, rien ne sera possible si nous ne défendons pas un cap pour la France à moyen et long terme, un grand projet fédérateur, une idéologie moderne au service de l'humain. Cest ça qui nous fera retrouver l’adhésion des classes populaires et moyennes. Une autre politique est possible, une politique où les objectifs de justice et de transformation sociale et écologique prennent le pas sur la réduction des déficits et de la dette.

   Ainsi, refonte de la méthode de gouvernement et politisation de la société vont de pair. Associés aux décisions, les citoyens seront plus actifs dans une république rénovée. Maintes fois promise, anticipée, esquissée, la VIe République doit devenir une réalité. Elle est le prix d'une démocratie revivifiée et d'une quête pour l'autonomie enfin accessible. Je ne crois pas et n'ai jamais cru dans la perpétuelle « douloureuse expérience du pouvoir par la gauche ». Nous avons deux ans pour faire réussir ce quinquennat en posant ensemble le chemin de sortie de crise économique, sociale et politique. Rien nest perdu.

 

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26 novembre 2014

Pierre-Henri Bovis : "Jeunes intéressés par la politique, n'hésitez pas une seconde !"

   J'ai toujours eu à cœur, dans le cadre de mes activités liées à ce blog, de donner la parole à la jeunesse. Celle qui s'implique dans la vie de la cité, notamment. J'essaie de le faire de la manière la plus honnête qui soit, laissant de côté mes propres opinions pour ouvrir, sans discrimination, ces espaces d'opinion à celles et ceux qui acceptent de les saisir. En janvier 2013, Pierre-Henri Bovis, tout jeune militant UMP, évoquait dans une longue interview son engagement, ses idées...

   Treize mois plus tard, présent sur la liste « Unis pour Achères » conduite par Marc Honoré dans cette commune des Yvelines, il devenait, à la faveur de la volonté populaire, un élu de la République. J'ai demandé à Pierre-Henri, maire-adjoint aux Sports d'Achères, d'écrire pour Paroles d'Actu un texte dans lequel il nous ferait part du ressenti, des réflexions qui lui seraient inspirés par cette expérience nouvelle. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

Pierre-Henri BOVIS « Aux jeunes que la politique

intéresse : n'hésitez pas une seconde ! »

 

Pierre-Henri Bovis

 

   Le 2 mai et le 4 octobre 2014 sont des dates ancrées dans ma mémoire, elles font désormais partie de mes plus beaux jours. Ces jours-là, vous avez le cœur battant, l'estomac noué ; ces jours-là, vous vous invitez chez les gens, furtivement... bref, ces jours où, pour la première fois, vous mariez, en qualité d'élu, sont des jours inoubliables.

   Déjà, la date du 30 mars 2014, date à laquelle nous avons appris notre victoire, était très émouvante. Il faut vivre ce genre de moments pour comprendre ce que ressentent les candidats lors de ces épreuves, tant physiques que mentales.

   Étudiant, comme certains, j'ai dû allier dès le début les obligations de l'université avec la campagne électorale. Le droit à l'erreur n'a pas sa place dans ces conditions. Parce que vous êtes « le » jeune, vous devez faire vos preuves, vous imposer par vos idées, par vos actions, par votre travail. Plus d'une fois, je me suis retrouvé dans la situation de rédiger un devoir dans les transports ou à des heures impossibles, aussi bien le matin, très tôt, que le soir, très tard. Si un membre de l'équipe travaille quatre heures, vous devrez travailler huit heures. C'est ainsi, et seulement ainsi, que vous pourrez acquérir votre crédibilité. Et cela, même une fois élu ! Il faut savoir que la légitimité se gagne par les élections, mais la crédibilité se gagne par le travail et les actions menées.

   Être élu est, de loin, la meilleure expérience qu'un étudiant dans le secteur public puisse espérer. Lorsque vous êtes conseiller, adjoint ou, a fortiori, maire, bien sûr, vous avez une forte responsabilité envers ceux qui ont cru en vous.

   Personnellement, j'ai été élu maire-adjoint au service des Sports et suis en charge d'un budget de deux millions d'euros.

   Il y a nécessairement, au début, une sensation de vertige et la volonté d'agir rapidement, de changer le quotidien des gens, de répondre à leurs attentes. Mais, dans le contexte actuel de restrictions budgétaires, les projets sont difficiles à mettre en place. Pour un jeune élu, c'est très frustrant de se dire qu'on ne peut pas avancer comme on veut, à cause de l'ancienne génération qui s'est trop reposée sur ses acquis et qui a vécu au-dessus de ses moyens. L'heure des économies sur les budgets est arrivée, et ça peut en décevoir plus d'un. Il faut l'accepter et continuer d'innover, de lutter pour la réalisation concrète de ses idées.

   Il est politiquement correct de dire que la politique n'est pas un métier. Ce que je peux dire, au bout de quelques mois, c'est que ça y ressemble beaucoup. Je n'arrive pas à comptabiliser le nombre d'heures passées en mairie, sur le terrain, en réunion... Nous sommes proches des trente-cinq heures.

   C'est aussi un aspect qui renforce mon idée de faire de la politique. Parmi les cumuls de mandats, je m'interroge sérieusement quant à l'opportunité et au bien-fondé, pour les administrés, du cumul « loco-local ».

   Concernant la politique, je considère, de manière générale, que le meilleur exercice est l'activité municipale. Il faut aller sur le terrain, « mouiller la chemise », aller à la rencontre des gens et écouter ce qu'ils ont à vous dire. Il faut nécessairement passer par là pour comprendre ce que le mot « politique » signifie réellement.

   Aujourd'hui, de nombreux barons veulent pousser les jeunes à prendre le relai... la seule chose à faire, c'est de ne pas hésiter, pas une seconde !

   Il faut prendre le risque d'entrer dans l'arène politique et faire valoir ses idées. Comme disait autrefois un certain Nicolas, « le pire des risques, c'est celui de ne pas en prendre » !

 

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26 novembre 2014

Jeunes FN : Le Front en face

   Lors de notre entretien daté d'octobre 2013, Julien Rochedy, alors directeur national du Front national de la Jeunesse, affirmait, chiffres à l'appui, que son organisation était devenue le « premier mouvement jeune de France ». Cette assertion a été contestée par des responsables jeunes d'autres partis, c'est le jeu. Qu'importe. Personne ne pourrait contester, aujourd'hui, que le FN exerce une puissante force d'attraction et de conviction auprès de la jeunesse de France. Il est, de loin, le premier parti d'élection des jeunes - et les scrutins qui ont eu lieu cette année n'ont fait que confirmer cette tendance lourde.

   Dès la fin octobre, j'ai souhaité contacter quelques jeunes encartés au FN-FNJ. J'ai demandé à chacune et à chacun d'entre eux d'écrire un texte, leur texte sur la base de la proposition suivante : « Les résultats des élections de cette année et les sondages récents semblent confirmer le sentiment d'une montée en puissance véritable du Front National dans le paysage politique. Vous comptez parmi les jeunes militants du parti. J'aimerais vous demander de nous parler de votre parcours, de ce qui a déterminé et fonde votre engagement ; du diagnostic que vous établiriez quant à l'état de notre pays et des idées dont vous souhaiteriez la mise en application. »

   Ce document, j'ai voulu l'intituler « Jeunes FN : Le Front en face ». Parce qu'il est bon, je crois, de prendre la peine de donner à ces jeunes la parole - celle qu'ils expriment ici est libre, totalement libre. Parce que, dans tout débat politique qui se respecte, il convient, c'est le minimum, d'écouter l'autre, de chercher à le connaître, à comprendre ce que sont ses préoccupations. Il convient de bannir toute caricature, de rejeter toute simplification excessive. De regarder la situation telle qu'elle est. En face. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Jeunes FN Le Front en face

Marine Le Pen 

(Illustration : L'Express)

 

Euryanthe Mercier

Euryanthe Mercier: « Le vote FN, un acte d'espérance dans la politique » (02/11/14)

   Passionnée depuis mon plus jeune âge par la politique, la réalité des lycées de la République (racisme anti-blanc, absence de discipline, orientation idéologique des cours) m'a poussée à ne pas rester silencieuse, à m'intéresser à la "chose publique", à admirer la démocratie via des textes de Platon et d'Aristote, à rencontrer des militants de tous bords et de plusieurs pays, puis à m'engager. Mineure et encore naïve, j'ai soutenu Nicolas Sarkozy en 2012, faisant alors trop abstraction de son bilan. Puis, grâce notamment à mes études de droit, j'ai compris que les beaux discours n'étaient que des leurres, que sans pouvoirs nationaux, ils parlaient mais ne pouvaient agir. Je ne me suis pas engagée pour servir de caution à un courant "souverainiste et sécuritaire" d'un parti qui est pieds et poings liés entre atlantisme et mesures électoralistes ou pour aider un élu à conserver ses mandats au prix de compromissions idéologiques. Non, je voulais agir - à mon échelle - pour mon pays et mes valeurs !

   Si on se penche sur les positions du FN, on se rend compte que c'est le seul parti à considérer l'alpha et l'omega des maux de notre société, le seul à s'attaquer aux conséquences sans cautionner les causes, le seul attaché tant à la défense de notre civilisation qu'à notre souveraineté et nos libertés. Je me suis donc rapprochée du FNJ lors de la campagne des européennes, afin de militer pour Aymeric Chauprade (géopoliticien que j'avais découvert trois ans plus tôt via ses écrits sur les "révolutions arabes", et dont je me sens idéologiquement très proche). Ainsi, je pouvais défendre la famille (suite logique de mon engagement dans les "Manif Pour Tous" depuis 2012), notre peuple contre l'immigration, la France contre les institutions supranationales mais aussi œuvrer pour une réelle amitié et coopération entre les nations d'Europe.

   Au 21ème siècle, les touristes dépouillés par des gamins roms, les filles violées par des multi-récidivistes, les jeunes poignardés, la baisse du pouvoir d'achat et les tensions communautaires sont devenus des faits divers. La routine, tout comme la hausse du chômage chaque mois. Ça fait rêver... Voter FN, c'est avoir l'espoir qu'un jour le sentiment de sécurité prévale sur la réalité du laxisme pénal, l'espoir que la France recouvre son identité et sa souveraineté avant que ce pays millénaire ne disparaisse, l'espoir d'avoir besoin de son passeport pour longer le Danube, l'espoir que ma génération ait un autre avenir que le chômage ou l'émigration... C'est, en somme, espérer encore en la politique ! Les Français qui se laissent encore bercer par la petite musique UMP-PS-UMP-UDI n'ont donc plus qu'à se réveiller. Le plus tôt sera bien évidemment le mieux !

 

David Berton 

David Berton: « Le catalyseur de mes révoltes contre le monde moderne » (03/11/14)

   J’ai adhéré au Front National en 2010 et c’est en 2012 (lors de la campagne présidentielle de Marine Le Pen), qu’enfin j’osais passer d’un militantisme discret au pur militantisme et à la prise de responsabilité. Cet engagement fut une révélation dans mon être, l’appartenance collective à un projet commun prenait tout son sens. Le Front National devenait la famille patriote capable de réformer la société moderne et son appareil politique, ou du moins, d’être un acteur décisif dans une prise de conscience et un basculement politique et culturel. Cet engagement a été le catalyseur de mes révoltes contre le monde moderne. Là est bien le cœur de mon engagement : la défense de la tradition et de la substance de notre civilisation helléno-chrétienne, ainsi que la fondamentale nécessité de réformer les structures économiques et sociales modernes, qui sont le marteau de l’iniquité et de l’exploitation contemporaines.

   Si je suis un militant politique et si je me suis engagé au sein du Front National, c’est que l’urgence est prégnante, qu’une mort imminente semble s’aplatir sur la France et ses racines. Les civilisations sont constituées sur des piliers : culture, religion (ou transcendance) et peuple. Lorsque ceux-ci sont altérés ou en cours d’anéantissement, c’est toute la civilisation en elle-même qui périclite. En tant que Français, héritier d’une culture gréco-latine, d’une religion chrétienne et d’un peuple européen, je ne pouvais pas rester dans l’inertie d’une vie égoïste, construit uniquement sur sa propre jouissance et ses propres intérêts. La France est un destin collectif et, en tant que jeune Français, je me devais de répondre présent à la campagne de reconquête du pays par les enracinés. Le Front National incarne un rassemblement qui dépasse le clivage partisan UMP et PS obsolète et répond au véritable clivage : défenseurs de l’État-nation et défenseurs d’entités supranationales. Je me bats pour une République au service de la France, et non une France au service de la République. J’ai fait cette appellation mienne : « Si la France est chrétienne, la République est laïque » !

   Le constat est simple (et il nécessite de parler de la nature réelle du pouvoir) : la France est soumise (ainsi que sa classe politique) aux réseaux de domination économiques et communautaires. Voilà le vrai pouvoir ! Le politique n’est plus qu’un supplétif du pouvoir économique et des communautés. La France comme nation unie, ne tolérant que la communauté nationale comme socle identitaire, n’est plus qu’une idée... L’immigration de masse, qui entraîne le remplacement du peuple français, le chômage de masse et la destruction des acquis sociaux, la colonisation culturelle de notre pays par l’américanisation et l’islamisation, le transfert de notre souveraineté nationale (et donc la disparition de la France comme nation) à l’Union-Européenne, la soumission, et même l’accompagnement par l’UMP, le MoDem et le PS de cette situation sont les raisons qui font que je suis au Front National et que je soutiens Marine le Pen comme future présidente de la République française.

 

Pierre-Henri Eisenschmidt

Pierre-Henri Eisenschmidt: « Le FN n'existerait pas dans une France bien gérée » (13/11/14)

   Je fais partie de ces jeunes qui ont été séduits par le discours de Marine Le Pen. Son patriotisme et sa détermination m'ont convaincu de m'encarter au Front National en février 2014, de passer du statut de sympathisant à celui de militant. Quelques mois après, je devenais responsable de canton. Depuis tout ce temps, je milite activement, dans mon canton et ailleurs, au travers des distributions de tracts, dans les boîtes aux lettres, ou directement chez les gens, sur les marchés... Mon engagement a clairement été fondé sur ce patriotisme que l'on ne retrouve pas ailleurs que dans le discours de Marine Le Pen, un patriotisme qui passe par la protection de notre culture et de notre histoire qui, au fil des années furent, petit à petit, ignorées, voire oubliées. En adhérent et militant au Front National, en soutenant Marine Le Pen, j'ai choisi de soutenir la France, sa souveraineté, et sa liberté.

   Je pense que le Front National est la seule alternative possible à un système qui, jonglant entre UMP et PS, n'a fait qu'aggraver l'état de la France depuis quarante ans. Ces gouvernements, après de belles promesses, ne nous ont apporté que l'augmentation du chômage, des baisses de salaires et des augmentations d'impôts, une immigration massive... Un "suicide français", diront certains. Selon moi, l'UMP et le PS confondus n'ont plus rien à nous apporter, ils nous l'ont prouvé, ce durant de nombreuses années. De plus, il m'était insupportable de les voir appliquer le "front républicain" - qui devrait d'ailleurs plutôt s'appeler "front oligarchique", ou bien encore "front antidémocratique" -, et ce lors d'absolument chaque élection, en cas de second tour face à un candidat du Front National. Une preuve parmi tant d'autres de leur volonté de destruction de la démocratie en France, de leur mépris du peuple.

   Aujourd'hui, nous nous retrouvons de plus en plus devant un choix entre le système actuel, avec l'Europe, l'euro, l'immigration massive, incarné par l'UMPS, et le changement, avec le Front National. La montée du Front National montre clairement qu'il y a une prise de conscience par les Français de l'aggravation constante de l'état de la France et de l'incompétence de ceux qui nous gouvernent. Il suffit simplement de constater que, si les gouvernements UMPS qui se sont succédé pendant quarante ans avaient tenu leurs promesses et été compétents, le Front National n'existerait tout simplement pas, ou plus.

   La "machine à broyer" Europe a été un facteur aggravant de l'état de la France. À coups de concurrence déloyale, d'euro, de transmission de souveraineté à une oligarchie à Bruxelles, de destruction de frontières, la France a été, étape après étape, gouvernement après gouvernement, dissoute dans l'Europe. Cependant, on a pu observer, lors des élections européennes en 2014, que le peuple rejetait de plus en plus cette Europe. Comme le dit Marine Le Pen : « Je crois que le vent de l'histoire va vers les nations, vers les mouvements patriotes, qui veulent préserver la souveraineté des peuples qui, aujourd'hui, est totalement effondrée puisque l'Union Européenne nous a retiré notre souveraineté territoriale, notre souveraineté économique, notre souveraineté budgétaire, notre souveraineté législative. »

   Il est important, pour le bien de la nation, que soient mises en application plusieurs réformes dont voici les plus importantes à l'heure actuelle :

   la France doit retrouver sa souveraineté nationale, en reprenant le pouvoir, transféré à Bruxelles.

   la France doit retrouver sa liberté monétaire, la mise en place d'une monnaie nationale, d'un nouveau franc, est essentielle pour relancer notre industrie et notre compétitivité sur la scène mondiale.

   la France doit retrouver sa liberté économique, qui passe par la protection économique de ses frontières, et par la mise en place d'un véritable patriotisme économique.

   la France doit retrouver la maîtrise de ses frontières, avoir le choix de maîtriser et diminuer une immigration massive, et donc de pouvoir contrôler qui entre sur le territoire.

   Ces quatre points, pour n'évoquer que ceux-là, sont appliqués naturellement dans plus de 90% des pays du monde, l'Europe étant donc une exception, une anomalie dans le paysage mondial. On constate aisément que les promesses de l'Europe sont toutes fausses. Elle nous avait promis la croissance, or elle enregistre le taux de croissance le plus faible au monde. Elle nous avait promis l'emploi, elle nous a apporté le chômage. L'euro devait transformer l'Europe en zone la plus puissante au monde, il n'en est rien. Pour l'avenir de la France, il faut se recentrer sur la nation, sur le peuple. Et seul le Front National propose cela.

   Comme il est inscrit dans la Constitution du 4 octobre 1958 : « Le principe de la République française est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Ce principe a été totalement oublié par nos élites nationales, avec l'UMPS, et supranationales, à Bruxelles. Voilà pourquoi j'ai choisi de militer au Front National, de militer pour Marine Le Pen.

 

Kelly Poppy

Kelly Poppy« Débarrassons-nous du politiquement correct » (13/11/14)

   J'ai suivi les présidentielles de 2012. C'est à partir de là que je me suis intéressée à la politique et je me suis dès lors rapprochée du Front National, m'étant de suite reconnue dans le discours de Marine Le Pen ! Actuellement le FN est le seul parti à protéger notre identité, le seul à défendre l'histoire, la culture et les traditions françaises. Le FN est également le seul parti à défendre la souveraineté du peuple français face à cette Europe supranationale qu'est l'Europe de Maastricht. Enfin, c'est le seul parti démocrate restant dans ce pays puisque le seul à vouloir établir la proportionnelle pour les élections ainsi que le référendum à initiative populaire, outil essentiel à un peuple qui est souverain en son pays, définition même d'un système démocratique.

   L'état actuel de la France est critique et ne cesse d'empirer. Notre beau pays, la France libre, grande, puissante et indépendante du Général de Gaulle a disparu au profit d'une idéologie mondialiste. La classe politique est devenue une véritable caricature, semblant totalement déconnectée des réalités de nos concitoyens et alimentant au jour le jour des affaires qui ne cessent de s'accumuler. Nos dirigeants ont abandonné la France, la soumettant à Bruxelles et Washington. Ils ont abandonné le peuple aussi, le livrant à l'insécurité (alimentée par une justice laxiste), la précarité (la France compte deux millions de personnes vivant avec moins de 651 euros par mois, 3,6 millions de mal-logés, 3,5 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire, 8 millions de travailleurs pauvres et plus de 6 millions de chômeurs) et à une immigration massive, incontrôlée et non sélectionnée où des populations entières vivant dans de mauvaises conditions et sans espoir d'avenir se regroupent dans des zones dites de non-droit, zones où la terreur règne et où les communautarismes sont divers (altérant au passage notre identité).

   Aujourd'hui avec le système UMPS, la France fonce droit dans le mur. Le Front National est la seule alternative, notre seule chance de dire stop à cette décadence et de reprendre notre destin en mains. Il est temps de mettre le politiquement correct à la poubelle, là où est sa place. N'ayons plus peur de dire les choses, osons placer nos préoccupations au coeur du débat français. N'ayons plus peur de demander une immigration réduite, sélectionnée et contrôlée, et la priorité nationale. N'ayons plus peur d'un retour aux frontières, et la mise en place d'un protectionnisme économique intelligent. N'ayons plus peur de vouloir moins d'Europe et plus de France, avec un État fort et un peuple souverain. N'ayons plus peur du changement, du vrai !

 

Bruno Clavet 

Bruno Clavet: « Une alternative douloureuse, parfois... mais nécessaire » (17/11/14)

   Il faut savoir, dans un premier temps, que mon engagement a débuté en 2007 pour soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy qui, pour moi, incarnait le renouveau politique, le changement que les Français attendaient. Ayant toujours baigné dans une culture FN de par ma famille et mes amis, je n’étais pas réfractaire aux idées du FN mais je pensais qu’elles ne seraient jamais applicables sous la présidence de Jean-Marie Le Pen. L’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011 a apporté un souffle nouveau. Nous étions également à la fin du mandat de Sarkozy, que je jugeais raté. La crise était passée par là, les promesses non-tenues, le personnage, la peopolisation de la fonction… Bref, plein de choses qui ont fait que je me suis tourné vers le FN.

   De plus, j’ai pu acquérir ma propre culture politique à travers mon cursus scolaire et mes différences expériences à l’étranger. J’ai rapidement compris que les thèses du FN devenaient une nécessité. Pour citer Richelieu « La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire ». En effet, j’ai conscience de la dureté de quelques mesures proposées par mon parti. Toutefois, je pense qu’en politique, l’état d’âme n’a pas sa place, car c’est justement en voulant faire plaisir à tout le monde que l’on rend tout le monde malheureux.

   Ainsi, futur jeune diplômé, je voyais le chômage augmenter, l’insécurité exploser, l’Europe nous écraser, l’identité française disparaître, la justice devenir injuste, l’éducation et le savoir reculer, le communautarisme et l’islamisme s’installer. Toutes ces choses qui sont les fondements des thèses du FN. Voilà pourquoi j’ai adhéré, sans compromis, à cette idéologie patriote que je juge aujourd’hui salutaire. Cette foi en ce parti m’a permis de trouver la force et le courage de défendre ses idées contre vents et marées en étant candidat pour les municipales à Paris.

   Le constat que j’avais fait, à l’époque, sur l’état de la France s’est malheureusement avéré juste. Et aujourd’hui, c’est encore pire ! Je suis inquiet pour l’avenir des Français et des futures générations. Mais je ne vote pas FN par désespoir. Bien au contraire, je pense et crois encore qu’une autre politique est possible. Elle ne se fera pas sans heurt, mais l’alternative que nous représentons est nécessaire ! Si ce changement ne s’opère pas dans les années à venir, je pense que cela sera trop tard.

   Voilà pourquoi je soutiens à 100% l’action du Front National, parti dont je suis fier de porter les couleurs, qui ne sont que celles de la France. Nous avons souvent raison trop tôt, mais notre combat finira par payer. L’espoir fait vivre.

 

Vladimir Berezovski

Vladimir Berezovski: « Personne n'est capable de démonter nos thèses » (20/11/14)

   Né en Russie, je m'installe dans la Drôme en 2005. Je suis naturalisé Français en juillet 2011. J'adhère au Front national en avril 2012, dans la foulée du meeting de Marine Le Pen à Lyon. Je participe à la campagne des élections législatives en tant que simple militant, aux côtés de Richard Fritz. En septembre de la même année, je rencontre Julien Rochedy, alors directeur national du FNJ, à l'université d’été de La Baule. L’année suivante, je participe à la refondation du FNJ en région Rhône-Alpes. Au cours de la campagne municipale, je m'engage sur la liste de Valence tout en militant avec Julien Rochedy à Montélimar. À cette occasion, il me nomme chargé de mission FNJ de Valence. En juin 2014, je présente ma candidature au Comité central du Front national.

   Je pense que le choix que nous faisons en nous engageant dans un parti dépend effectivement de l'analyse que l'on fait d'une situation et des solutions que nous trouvons appropriées. Or, il me semble que pour les élites actuelles, le déni de réalité apparaît comme la condition sine qua non pour accéder et rester au pouvoir. La plupart des politiques actuelles sous-estiment de manière effarante la gravité de l'état de la France et de son évolution. Beaucoup se complaisent dans le luxe dont ils ont hérité sans se soucier véritablement d'un avenir sain, paisible et prospère pour l'Europe et plus particulièrement la France. On dirait que les intérêts à court terme pour beaucoup de politiciens sont bien plus attrayants que les efforts à fournir pour assurer à l'Europe l'avenir qu'elle mérite.

   D'après les derniers sondages, la grande majorité des Français (plus de 70%) estiment qu'il y a trop d'immigrés en France. De Gaulle disait à ce propos que la diversité n'était pas une mauvaise chose en soi, à condition que les immigrés restent une petite minorité, « sinon la France ne serait plus la France ». Il est donc évident pour la majorité des Français que préserver leur culture et ce qu'ils ont de plus cher, c'est-à-dire leur identité, leur singularité et donc leur existence même est prioritaire et urgent. La montée du Front National est multifactorielle et s'explique entre autres par le fait qu'aucun adversaire crédible n'est à ce jour capable de démontrer que les thèses du FN soient erronées car justement, elles n'ont jamais autant été en phase avec la réalité.

   Les Français ne sont pas dupes et je pense que c'est méprendre et mépriser profondément ce grand peuple que de continuer à appliquer ces politiques suicidaires. Les temps changent et nous devons nous adapter aux changements. Le multiculturalisme que nous ont tant vanté les élites arrive au terme de son échéance et il faut aujourd'hui de nouveaux hommes pour donner à l'Europe une tout autre direction. Pendant très longtemps, il est vrai, la France a été un pays d'accueil pour un certain nombre d'immigrés. Mais il a été longtemps question de populations très proches culturellement, et pour preuve : elles venaient quasiment toutes d'Europe.

   Le multiculturalisme englobant une immigration extra-européenne est très récent et chaque personne, en ouvrant un livre d'histoire, en regardant les photos des arrière-grands-parents ou en admirant les chefs d'œuvre du Louvre peut très bien constater que la France était composée avant le XXème siècle de peuples autochtones, "de culture grecque et latine et de religion chrétienne". La problématique se pose dans tous les pays européens et c'est ensemble, grâce à une alliance entre nations européennes, que nous pourrons relever l'Europe décadente et mourante.

   Les négociations et les partenariats avec les pays africains en faveur de la remigration sont pour moi la solution la plus pacifique. Il est très facile d'accuser quelqu'un de haine ou de racisme et ainsi le diaboliser pour lui faire perdre le combat. Il est un peu moins facile de cacher une réalité devenue bien trop pesante pour des millions de Français. Je ne pense pas que ce soit le FN qui ait crée cette situation ; je ne pense pas que ce soit le FN qui ait mis, massivement, des populations européennes et non-européennes côte à côte, ce qui a contribué in fine à les mettre dos à dos. Il eût en effet fallu beaucoup d'efforts et de moyens pour convaincre les Français qu'abandonner leur terre leur serait favorable.

   Il est donc grand temps de reprendre le flambeau d'une élite en perdition et surtout, de reprendre notre destin en main. Nous sommes dans une position où nous devons être résilients ou mourants. Je crois en l'enracinement des peuples, ici en Europe comme là-bas en Afrique. C'est une vision écologique de l'humanité, respectueuse des différentes entités qu'a vu naître la Terre dans tous les coins du monde dont la mondialisation sauvage, brutale et chaotique menace la survie. C'est parce qu'on ne veut pas d'une guerre déchirante en France que nous appelons de tous nos vœux au retour des immigrés non assimilés chez eux, sur la terre de leurs pères.

 

Mathilde Androuët

Mathilde Androuët: « Désamorçons méthodiquement ce qui mine notre pays » (21/11/14)

   Les derniers résultats électoraux comme les récents sondages confirment la persistance d’un sentiment largement occulté en politique et pourtant essentiel dans l’Histoire : l’espérance, l’espérance d’un jour meilleur. Le Front National doit, à mon avis, son succès à une alchimie étonnante qui peut même sembler contradictoire pour certains : l’alliance entre une lucidité froide dans l’analyse de notre actualité peu réjouissante et un espoir, une confiance absolue en la France et en sa capacité à renouer avec son destin de grande nation. Le Front National refuse de réduire la politique à des manœuvres de boutiquiers. La politique est un art noble, vivant, puissant, porteur de visions, de projets réels et non de calculs mesquins dont la seule visée serait de correspondre au carcan comptable d’une Union européenne antidémocratique et désincarnée. Dire que le Front National « surfe sur les peurs » est grotesque. Au contraire, il parle avec passion de la vie et du réel et se bat pour que ce réel reste bien vivant et que la vie reste bien réelle.

   Je pense que là réside la raison majeure de mon engagement. Diplômée, confortablement installée dans un métier de communicante où le franglais faisait office de dialecte et le branché de concept, je ressentais ce sentiment de vacuité largement répandu, et légitime, chez les jeunes trentenaires franciliens. Mais, fille d’artisan et ex-boursière habitant en banlieue, la réalité me décillait régulièrement. Face à cela, deux voies : ne rien faire, ne pas agir, par peur ou par conformisme, ou s’éveiller, et décider de ne pas regarder son pays glisser lentement mais surement dans un marasme économique et culturel profond. Piquée par la politique depuis longtemps, sûre qu’elle seule peut changer la donne de notre quotidien, j’ai pris ma carte au Front National.

   Pourquoi le Front National ? Pour les raisons invoquées plus haut. Le Front National met les termes justes sur des situations vécues par tous, souvent injustes. Cette lucidité, parfois dure à formuler ou entendre, présage d’une honnêteté intellectuelle. Une musique différente résonne dans la philharmonie des langues de bois de nos squatteurs télévisuels à la pensée pré-formatée.

   Les électeurs du Front National ont en commun un même constat sur la France. Oui, les institutions républicaines obéissent à la doxa tricotée par des commissaires européens non élus avant d’obéir à la volonté démocratique du peuple français. Oui, nous subissons une immigration massive qui déstabilise nos référents identitaires, notre modèle culturel, notre sécurité et notre modèle social. Non, les Français (et tous les êtres humains avec eux) n’ont pas vocation à devenir des pions que l’on interchange, met en concurrence sauvage, délocalise ou congédie en fonction des soubresauts financiers et des logiques d’individus ou de groupes privilégiés ayant le marché mondial comme échiquier.

   À ce courage intellectuel qui permet de travailler sur des bases solides et éclairées, s’ajoute la volonté inébranlable de redonner au peuple français sa souveraineté, la maîtrise de son destin. Cette espérance d’un jour meilleur pour et avec tous les Français. Cet attachement profond à l’indépendance de la France est ce qui distingue très clairement le Front National des autres partis. Il se traduit très concrètement par la volonté de recourir plus régulièrement aux référendums, de s’extraire de l’Union européenne, d’avoir une diplomatie indépendante, de maîtriser les flux migratoires, de gérer sa politique monétaire, budgétaire et sociale en fonction des seuls intérêts français et brider la folie libérale des marchés mondiaux qui contreviennent à l’épanouissement des peuples.

   Succinctement, il s’agit de désamorcer tout ce qui mine la vie politique, la vie quotidienne des Français. Ces fondamentaux mis en œuvre, la France trouvera un dynamisme et un regain naturels. Le reste ne sera que modulation et viendra de lui-même : sortis de la spirale européenne de l‘austérité, les Français retrouveront une liberté d’action aussi bien sur le plan économique que politique. Il est grand temps de reprendre les outils élémentaires de notre souveraineté : frontières, monnaie, pouvoir législatif, démocratie directe… De là, et de là uniquement, le phénix France reprendra son vol multiséculaire.

  

Jérôme Cochet

Jérôme Cochet: « Pour des politiques, des politiciens neufs » (21/11/14)

   Intéressé par la politique depuis mes 14 ans et militant depuis deux ans, je dois dire que la politique est pour moi autant une vocation qu'une passion. Diplômé de l'IUT de Nice en Gestion, de l'IEP d'Aix-en-Provence et de l'IAE de Nice en Management, j'ai toujours, à travers mes études mais aussi désormais à travers mes expériences personnelles et professionnelles, envisagé la politique comme un ensemble d'outils, de leviers et d'idées au service de la communauté nationale.

   Ce leitmotiv m'a mené vers un choix cohérent et évident, celui de l'engagement au sein du Front National. Cohérent puisque c'est avec le programme de ce parti que je me sens le plus en adéquation ; en clair, je respecte les mêmes valeurs, opinions et objectifs sur la plupart des sujets sociétaux. Et évident, au vu du constat alarmant que l'on peut faire sur le présent et l'avenir de notre pays : augmentation du chômage, explosion de l'insécurité, un modèle économique et social remis en question, un affaiblissement diplomatique, des pouvoirs régaliens soumis au diktat de Bruxelles, la non profitabilité de certains atouts et certaines ressources, un modèle sociétal figé et inadapté aux exigences de notre époque…

   Le Front National est le seul parti à dénoncer ces problèmes et à y apporter des solutions, voire des alternatives à l'immobilisme, au conformisme et à la soumission des politiques français de droite comme de gauche depuis maintenant quarante ans. Remise à plat de la politique d'immigration, sortie de l'euro, mise en place de la préférence nationale dans le domaine de l'emploi, développement stratégique du domaine maritime, organisation régulière de référendums, condamnation du communautarisme et de ses dérives… sont autant de solutions proposées et applicables par des hommes et des femmes politiques au service d'une seule cause et d'un seul intérêt, celui des Français et de la France.

   Voilà à quoi se résume mon engagement, aussi modeste soit-il. Au-delà de la critique, de l'opposition et du simple constat, il s'agit d'insuffler de nouvelles politiques, de proposer des idées neuves mais aussi - et surtout - des politiciens neufs.  

  

M.S.J.: « Que la jeunesse incarne le réveil français » (22/11/14)

   J’ai 20 ans, je suis en L3 de Psychologie, avec une formation de Philosophie. Je suis étudiante à Paris depuis trois ans, après avoir habité en province, près de Calais. Je suis adhérente au FN depuis 2012 et militante depuis février 2014. Mi-septembre 2014, je suis devenue adjointe de Gaétan Dussausaye à Paris, au FNJ.

   Mon engagement en FN a été motivé par une envie profonde de réagir. « De réagir à quoi ? », dira-t-on. En tant que jeune, il y a mille occasions de se réveiller. Il faut que la jeunesse se charge du réveil français. Pour la jeunesse d'aujourd'hui, c'est quasiment un "devoir" de réagir face à la destruction de la France, tant sur le plan de la civilisation que sur le plan économique. En tant que jeune, il est nécessaire de porter un message d’avenir. Nous sommes, au FN, la génération du changement.

   Le bilan de la France est catastrophique. Face à chaque situation, et devant chaque constat chiffré et reconnu, le jeune Français doit se poser des questions.

   l’emploi / l’entreprise : le taux de chômage est à 10,2% de la population active en France. Les jeunes ne voient leur avenir professionnel, pour la plupart, qu’en partant travailler à l’étranger. La France, au cours de ces trente dernières années, a perdu deux millions d’emplois. Comment est-il possible d’offrir un pays à des jeunes, à de jeunes Français sans emploi… ?

   la dette : la France est surendettée, la dette publique s'élève à plus de deux mille milliards d'euros (95,1% du PIB). Quand on sait que l’impôt sur le revenu est mobilisé directement pour le remboursement des intérêts de la dette, cela démotive les jeunes de travailler et d’acquérir un patrimoine.

   l’immigration : une question se pose. Une simple question de cohérence. Est-il cohérent de continuer à laisser entrer des personnes sur le territoire alors que nous avons énormément de chômeurs en France et que nous ne sommes pas en capacité de leur offrir de l’emploi... ?

   la sécurité : les nombres de cambriolages, d’émeutes, etc. augmentent. Les coupables ne sont pas punis. En ne punissant pas les coupables, on condamne les victimes et les innocents. Christiane Taubira voulait instaurer une peine « sans incarcération ». La jeunesse française peut-elle espérer un pays en paix pour l’avenir ?

   les budgets et les effectifs des armées, de la police sont très souvent remis en question. Parfois la police a même ordre de ne pas poursuivre les délinquants… Face à cela on se demande comment la protection des Français peut être assurée  ? D’ailleurs, elle ne l’est plus, certaines banlieues sont des zones de non-droit où la fonction régalienne de l’État ne peut plus s’exercer, laissant place à l’islamisme radical, aux trafics en tous genres et, demain, à l’imposition de la charia. La « libanisation » de notre patrie est en marche.

   l’éducation / la civilisation / la culture. Tous ces éléments qui constituent un pays modelant son avenir et sa jeunesse sont mis à mal. Les églises sont détruites alors que la loi de 1905 oblige le maire de la République à prendre soin de celles construites avant 1905. Les maires de la République prennent-ils bien en compte le fait que ces églises font partie de la culture et du patrimoine français et, qu’on le veuille ou non, de ses origines chrétiennes ? Détruire ces églises revient à détruire une partie de l’identité française. De fait, la République respecte-t-elle ses valeurs de laïcité quand le maire, par des biais plus ou moins détournés, permet le financement de mosquées, comme à Nantes ou à Bordeaux ?

   de même, pour l’éducation. La France est arrivée à la vingt-cinquième place du classement PISA (Program for International Student Assessment, ndlr), mené tous les trois ans. Elle a chuté de deux points par rapport en 2002. Le nombre d'élèves en difficulté augmente. Pourquoi les dirigeants français laissent-ils tomber leur jeunesse, notre avenir ? Œuvrent-ils seulement pour leur compte ou pensent-ils à l’avenir de la France  ? Qu’ont-ils fait de la célèbre formule d’Émile de Girardin, homme politique français, « Gouverner c’est prévoir » ?

   Les Français prennent conscience du danger. Ils ont besoin de sécurité, de travail, d’espoir. Nous devons restaurer l’autorité, la souveraineté et la justice. Voici donc les actions à mener. Pour cela, nous préconisons la souveraineté économique et monétaire. Le protectionnisme intelligent. En instaurant des droits de douanes, la mise en place de quotas d’importation, et le rétablissement de nos frontières.

   Je suis au FN car il est le seul parti à avoir des propositions fermes sur l’arrêt de l’immigration massive, la limitation à 10 000 entrées sur le territoire par an, ainsi que la lutte contre le communautarisme. Le FN veut sortir de cette Union européenne qui aliène les pays et leur volent leurs droits régaliens en effaçant sournoisement leurs droits et leur liberté. Le FN ne veut pas un repli sur lui-même, il désire une coopération intelligente entre les pays, comme cela se faisait jusqu’à la signature des traités de Maastricht, puis de Lisbonne - signé par Nicolas Sarkozy, contre la volonté des Français.

   Le FN est le seul parti qui parle de patriotisme, d’identité française. Comme disait François Mitterrand, « la civilisation commence par l’identité ». La conscience d’une identité, d’une culture, de nos racines, et d’une nation française est donc primordiale. Le FN a compris cela, et il sy tient, car c’est la clef de la vie en société, de l’unité d’un pays.

   En rétablissant le contrôle des frontières, il nous sera possible de réguler les délocalisations, les importations, les exportations. Le FN propose aussi de favoriser les PME et PMI, ainsi, cela créera de l’emploi en France, et les Français pourront travailler en France et vivre en France, car enfin, quel jugement porterait-on sur un pays dans lequel on ne pourrait vivre libre et bien ?

   Les jeunes ont besoin d’espoir et d’idéal. La montée du FN prouve que les jeunes désirent retrouver un pays libre. Aujourd’hui, avec le FN, nous travaillons à donner à cette jeunesse lespoir de pouvoir vivre décemment et librement dans leur pays et de pouvoir y élever leurs enfants.

 

Gabriella Paolinetti

Gabriella Paolinetti: « Pourquoi ne pas essayer un autre modèle ? » (23/11/14)

   J'ai décidé de m'investir pour le Front National à la fin de l'année 2012, après avoir assisté à un dîner-débat à Bordeaux qui avait pour invitée Marion Maréchal-Le Pen, tout juste élue député du Vaucluse.

   La politique m'intéresse depuis que je suis en âge de la comprendre. J'avais évidemment voté pour Marine Le Pen aux élections présidentielles, du haut de mes 18 ans. Le programme du Front National me paraissait être la seule solution aux innombrables problèmes qui gangrènent notre pays depuis des décennies.

   Peut être ai-je aussi été influencée par l'expérience de ma mère, qui est gardien de la paix depuis presque trente ans dans des ZSP (Zones de Sécurité Prioritaires), en l'occurrence, les cités à risques. Les médias appuient énormément sur les points "immigration" et "insécurité" du programme du Front National, alors bien sûr, ce sont des choses qui ont particulièrement motivé mon engagement au départ.

   Cependant, au delà des idées, la personne qui a provoqué ce déclic chez moi est Marion Maréchal-Le Pen. Elle disait ne pas vouloir être « spectatrice de son époque », ces mots m'avaient réellement touchée à l'époque. Elle qui n'avait que 22 ans et qui venait de devenir la benjamine de l'Assemblée. J'ai eu l'occasion de suivre son évolution jusqu'à aujourd'hui et elle ne cesse de forcer mon admiration, par son talent et sa ténacité. Elle est un véritable modèle pour nous, les jeunes du FNJ, et fait clairement l'unanimité.

   Ma première campagne en tant que militante a été celle des élections municipales de 2014. J'ai été colistière de M. Jacques Colombier sur la liste "Bordeaux Bleu Marine", en sixième position, et également membre de l'équipe de campagne. Par la suite, j'ai été amenée à déménager en Île-de-France, où l'on m'a confié le poste de responsable du canton de Maisons Alfort/Alfortville, dans le Val-de-Marne.

   J'ai pris conscience que l'état de mon pays devenait critique. L'Union européenne et sa monnaie sont un échec : ils ont provoqué une hausse du chômage et n'ont eu de cesse de creuser la dette de la France. Les gouvernements successifs de ces dernières décennies ont un bilan parfaitement minable, nous en payons aujourd'hui les conséquences, alors pourquoi ne pas tenter quelque chose de nouveau ? Pourquoi ne pas rendre sa souveraineté à la France ? Pourquoi ne pas privilégier la préférence nationale, comme le font 80% des pays du monde ? Pourquoi ne pas retrouver notre liberté monétaire face à l'échec de l'euro ?

   Le Front National apporte des réponses à ces questions essentielles que se posent de plus en plus de Français. Voilà pourquoi je pense que le vote "Marine Le Pen" est un vote de bon sens.

 

Antoine Sanial

Antoine Sanial: « Les Français se sentent étrangers chez eux » (26/11/14)

   Mon engagement au Front National est apparu comme une évidence à l’adolescence. En tant que jeune lycéen, curieux de connaître l’Histoire de France mieux que par les cours souvent trop succins et politiquement orientés de nos professeurs, j’ai lu, assez frénétiquement, des livres racontant ce qu’est la France, de Clovis à de Gaulle, avec une fascination toute particulière pour l’Empereur Napoléon Ier. Et c’est en découvrant cette glorieuse histoire, en prenant conscience de l’héritage colossal qui nous est légué à nous, Français, que j’ai réalisé que la France, ce n’est pas « une nation parmi les autres au sein de l’UE », ce n’est pas « une région dans un monde globalisé »… mais bien une entité qui survit aux individus qui la constituent depuis plus d’un millénaire, forte de valeurs et de particularismes propres. Alors oui, immédiatement, le discours de Jean-Marie le Pen m’a plu, et je ne voyais aucun autre parti pour remettre sur pied cette France tant aimée. Car lui, traité en véritable paria par les médias, et même par mon entourage… c’était un rebelle, qui n’hésitait pas à aller contre le discours bien rodé de ses adversaires, un homme de convictions, un patriote dont le courage éclaboussait tous les Français un tant soit peu lucides quant à l’impasse dans laquelle les (ir)responsables politiques de l’époque nous menaient. Ce sont donc non seulement les idées, mais également le personnage de Jean-Marie Le Pen, qui m’ont rallié à ce parti.

   Aujourd’hui, il est aisé de constater que les Français souffrent de nombreux maux, dont l’un des principaux est un problème identitaire. L’UMP l’a compris, en essayant de donner du grain à moudre à son électorat, avec le fameux « débat sur l’identité nationale », qui s’avéra être un pétard mouillé. Les mêmes politiciens qui font mine de se soucier de la question en sont pourtant les premiers responsables. En menant une politique d’intégration mortifère, qui a conduit à progressivement effacer la France, faire table rase du passé, de ce que nous sommes, afin de mieux « intégrer » des populations étrangères toujours plus nombreuses, ils ont détruit l’essence même de la nation. Au lieu de dire à ces populations, « Vous devez vous adaptez aux règles et au mode de vie du pays qui vous accueille », on leur a dit, « Venez avec votre culture et vos coutumes ». À l’intégration, il fallait préférer l’assimilation. Mais s’assimiler… à quoi ? Comment un jeune d’origine étrangère peut-il vouloir aimer une France dont il ne connait finalement rien ? Ils ne l’apprendront pratiquement plus à l’école, particulièrement depuis 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avec la réforme des programmes scolaires qui a balayé nos héros de l’enseignement.

   Plus généralement, la France est perçue comme une ville de la mégalopole Europe, comme un quartier du grand village planétaire. Les symboles et les traditions sont oubliés, le patriotisme est raillé au profit d’une « citoyenneté mondiale », sans frontière et sans attache. En déracinant ainsi les individus, en supprimant la bannière commune qui les unit, sous laquelle tous les Français qui ont la patrie au cœur, sans distinction d’origine, peuvent se rassembler, l’on favorise la division et le communautarisme. La France est progressivement dissoute ; pourtant la nature a horreur du vide : la preuve en est aujourd’hui. Le sentiment d’appartenance nationale est de plus en plus présent au sein du peuple, les Français sont las de se sentir étrangers dans leur propre pays, et cela se traduit notamment par la montée exceptionnelle du Front National aux dernières élections. A noter, en outre, l’immense part des jeunes, y compris d’origine étrangère, qui ont voté pour le parti de Marine Le Pen. Le vrai clivage politique a lieu, aujourd’hui, entre les mondialistes incarnés par l’UMP, l’UDI et le PS, et les patriotes de toutes origines et de tous horizons politiques, qui se reconnaissent au FN.

   Je crois que le vote Front National est incontestablement un vote d’adhésion, n’en déplaise à Monsieur Copé ou à Madame Yade (entre autres). Les Français veulent voir appliquer le programme du Front National, à commencer par les dispositions relatives à l’immigration. Il devient absolument urgent, aujourd’hui, de réduire drastiquement les entrées sur notre territoire. Et loin des caricatures de nos détracteurs quand aux « murs et aux barbelés », il suffit pour cela de couper les pompes aspirantes de l’immigration, que sont les prestations sociales fort onéreuses, payées par les contribuables français, parfois plus avantageuse pour des étrangers clandestins que pour les Français eux-mêmes. Je pense, notamment, à l’Aide Médicale d’État. Cette situation est inacceptable. Nous ne sommes, en tout état de cause, plus en mesure, au regard de notre taux de chômage alarmant et de notre dette publique exorbitante, de recevoir encore des hordes de migrants. C’est une politique menée en dépit du bon-sens, qui ne profite qu’à ceux qui voient dans ces immigrés une population prête à travailler à bas coût, et qui saura, le cas échéant, fermer les yeux sur d’éventuelles entorses au Droit du travail français.

   Enfin, en matière de politique étrangère, il faut bien entendu cesser le rapport de soumission que l’on entretient envers les États-Unis, sortir bien entendu de l’Otan, qui est une structure qui ne présente strictement aucun intérêt depuis la chute de l’URSS, et favoriser un rapprochement avec notre allié russe. La stratégie du non-alignement est à promouvoir, ce qu’avait plutôt bien réalisé le président Chirac, mais qu’ont tristement battu en brèche ses deux successeurs…

 

Arnaud de Rigné

Arnaud de Rigné: « Quelque chose d'immatériel, de spirituel, presque... » (27/11/14)

   Dans un monde où les médias jouent un rôle essentiel dans la transmission de l'information, il paraissait évident que mon intérêt pour la politique découlerait d'un événement majeur. Ce fut l'accession de Marine Le Pen à la tête du Front National. J'avais donc 14 ans à l'époque, et l'état pathétique dans lequel nos dirigeants d'alors avaient mis la France m'apparaissait révoltant, tant sur le plan économique que social.

   Alors, après m'y être intéressé de près, j'ai fini par adhérer au Front au mois de mai 2012, peu après la présidentielle, et parce que je voyais en Marine Le Pen la seule personne dans le champ politique à pouvoir accéder au pouvoir. Puisqu'elle avait toutes les qualités d'une femme d'État, je voulais qu'elle soit élue, car j'épousais les idées patriotes depuis un petit moment déjà.

   Issu d'une filière économique et sociale et m'étant dirigé vers le droit par la suite, j'ai été immédiatement surpris et intéressé par le programme de Marine Le Pen qui était complètement différent de celui des autres. A l'heure où, en cours, des professeurs mondialistes m'expliquaient de façon utopique qu'une politique de relance ne pouvait se faire qu'au niveau européen (puisqu'ils refusaient l'hypothèse de frontières économiques nationales qui auraient pourtant permis une telle politique !), le Front National me montrait qu'une relance économique était tout à fait envisageable au niveau national, à condition d'avoir de vraies frontières. Pour reprendre l'expression de l'un de nos candidats aux municipales, notre devoir est de faire renaître le « tissu économique local », depuis longtemps laissé à l'abandon par ces élites qui n'ont d'yeux que pour les multinationales.

   La facette économique du programme de Marine Le Pen et du Front National n'est pas la seule à m'avoir fait adhérer. Il fallait quelque chose d'abstrait, d'immatériel, de spirituel presque : c'est la nation, et avec elle, notre République une et indivisible. C'est aussi cela qui m'a poussé à m'intéresser à un parti qui, de toute évidence, refuse ces délirantes discriminations positives ; un parti qui, lui, n'a pas pour ambition d'acheter la paix sociale, mais de régler les problèmes, même par la force publique, s'il le faut. Ayant évolué dans les quartiers nantais réputés "difficiles", j'ai vu, jour après jour, la République reculer face à des groupes organisés prétendant "faire la loi". L'insécurité et le communautarisme grandissants l'ont démontré, et le laxisme d'État n'a fait qu'aggraver le problème. L'immigration massive de populations qui n'ont pas pu être assimilées (notamment à cause de leur nombre et de ce communautarisme) ayant conduit en partie à cette insécurité, nous devons maintenant élaborer notre plan d'action pour agir dans les cités et enrayer enfin le triptyque immigration - communautarisme - laxisme.

 

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16 octobre 2014

Jeunes centristes : Déclarations d'indépendance

   « Lors de son retour - officiel - sur la scène publique, Nicolas Sarkozy a fait part de sa volonté de recréer un grand parti qui puisse rassembler, en son sein, de larges pans de la droite et du centre-droit. Vous comptez parmi les jeunes militants centristes : j'aimerais vous demander ce que devraient être, à vos yeux, les orientations programmatiques et stratégiques ; le positionnement original sur l'échiquier politique de votre famille politique dans les années à venir ? En quatre mot comme en trente : quel centre pour demain ? ».

   Je remercie ceux qui, parmi les jeunes militants MoDem et UDI que j'ai contactés, ont accepté de répondre à cette question ; d'apporter à cet article leur contribution, pour Paroles d'Actu. Ils ne se sont pas concertés avant d'écrire, chacun, la sienne mais, prises collectivement et par-delà les « chapelles », elles sonnent résolument - davantage, sans doute, que les mots de leurs aînés - comme une déclaration commune : une double déclaration d'existence et d'indépendance. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Jeunes centristes Déclarations

d'indépendance

 

UDI MoDem 16-9

 

 

Antoine Carette

Antoine CARETTE

A. Carette est président des Jeunes Démocrates (branche jeunes du MoDem).

 

« Travaillons ensemble,

pas chacun pour sa chapelle »

 

   Le Centre a sa propre identité. Ce n'est pas le ni-ni comme on l'entend encore trop souvent. Non, le Centre n'est pas mou et doit continuer à porter son message singulier pour continuer à exister. Ce message est assez simple : c'est par le travail en commun de toutes les énergies modérées, des sociaux-démocrates à la droite sociale en passant par les libéraux que nous devons redresser la France. Bref, dialoguer et travailler ensemble plutôt que pour sa chapelle !

   C'est un message difficile à faire entendre dans la Vème République car les règles électorales (scrutins majoritaires) ont créé petit à petit les concepts complètement abstraits de "peuple de gauche" et "peuple de droite" qui s'opposent. J'aimerais savoir combien de Français se reconnaissent dans l'un de ces camps ! Aujourd'hui notre pays meurt de ce manque de pluralisme, des postures qui étouffent le fond, la réflexion, et l'intérêt général. Sarkozy propose de créer l'UMP, car c'est ça, ni plus ni moins, que sa volonté de fondre le centre et la droite dans un même bloc. On a vu le résultat de la création de l'UMP depuis 2002...

   Le Centre, dans les années qui viennent, devra retrouver la confiance des citoyens. Aujourd'hui, les Français se détournent de la politique, la démocratie vascille. Or sans participation des citoyens, sans adhésion des Français à un projet, il ne peut pas y avoir de démocratie, il ne peut pas y avoir de redressement.

   Le Centre devra continuer à porter ce message pourtant tellement évident, que nous avons besoin de toutes les forces vives de ce pays pour le reconstruire. Je pense aux jeunes entrepreneurs, aux créateurs, inventeurs, qui sont aujourd'hui anéantis par la lourdeur administrative. Je pense aux professeurs : l'Éducation est la base de toute société en bonne santé. Il faut créer du travail - plus que de l'emploi - pour que chacun puisse se sentir utile et vivre dignement. Pour cela, il faut libérer les énergies, encourager les initiatives. Bref, il faut sortir des postures de clan, regarder la réalité avec honnêteté pour réparer et changer ce qui ne fonctionne pas !

 

Propos recueillis le 03/10/14

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Romain Cherrier

Romain CHERRIER

R. Cherrier, conseiller municipal à Ennordres (Cher),

est prés. du MoDem Sciences Po et responsable de com. chez les Jeunes Démocrates.

 

« Faisons le choix de la liberté ! »

 

   Nicolas Sarkozy a émis l’idée de rassembler droite et centre sous un même parti. Cette stratégie n’est absolument pas une option envisageable pour nous. La démarche initiée par Nicolas Sarkozy s’apparente plus à celle d’une OPA sur le centre qu’à celle d’un rapprochement cohérent entre deux formations politiques. Or je suis persuadé que pour exister, le centre doit rester à tout prix libre et indépendant. Quelle qu’en soit la difficulté, quels qu’en soient les obstacles, et ils sont nombreux sous la Vème République, le centre doit rester autonome. Dès lors que le centre s’affilie à un grand parti de droite, il perd son identité, sa liberté, sa raison d’être.

   La question qui se pose pour le centre est toute simple : faisons nous le choix de la cohérence et de la liberté ? Choix qui requiert du courage et beaucoup de détermination. Ou faisons nous le choix de la soumission et de la facilité ? Choix qui apporterait un plus grand nombre d’élus et des financements plus importants grâce à des accords qui seraient passés en coulisse. À mes yeux, le choix que nous devons faire est évident : c’est celui de la liberté !

   Le système constitué de deux grands partis qui monopolisent la Vème République nous a déjà conduit à suffisamment de dérives et d’échecs. Les Français ne croient plus en la politique et les deux principaux partis ont une immense part de responsabilité dans cette situation. Dès lors, pourquoi suivrions-nous un modèle qui ne fonctionne pas depuis plus de 30 ans ?

   La vocation même du centre est justement de proposer une offre alternative en dépassant le clivage gauche-droite. Le débat politique français ne peut pas se cantonner à un débat entre l’UMP et le PS. L’existence d’un centre fort et indépendant, c’est le meilleur rempart possible face à une simplification mortifère, populiste et dangereuse des débats qui n’aurait d’autre conséquence que d’assurer la victoire au Front national.

   Concernant nos orientations programmatiques, là encore, elles s’entrechoquent frontalement avec les valeurs qu’incarne Nicolas Sarkozy. La course à l’extrême droite durant la campagne de 2012, l’obsession de l’immigration et des frontières, la conception de l’argent comme seule source de réussite, ce sont des éléments qui ne sont pas compatibles avec les valeurs humanistes du centre. Enfin, la moralisation de la vie politique est l’un des grands combats du Mouvement démocrate. Là encore, il y a une incompatibilité évidente au vu de toutes les « affaires » du moment (accusation de financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007, arbitrage Tapie, affaire Bygmalion…)

   En somme, travailler ensemble avec les modérés de gauche et de droite à la reconstruction du pays, oui ! Se ranger dans l’orbite d’un grand parti tel un satellite pour y perdre notre liberté et pour renouer avec les vieilles habitudes et les vieilles dérives des grands partis sous la Vème République, non !

 

Propos recueillis le 01/10/14

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François-Xavier Hen

François-Xavier HEN

F.-X. Hen est membre du bureau de l'UDI Jeunes de Paris.

 

« Réhabilitons le collectif »

 

   Comme souvent chez les souverainistes, Nicolas Sarkozy est généreux de décisions appartenant à d'autres. S'il se présente à la tête de l'UMP, pour quelle raison un autre parti, l'UDI, se rangerait-elle derrière lui ? Pourquoi ne lui reviendrait-il pas d'épouser les valeurs du centre-droit s'il souhaite que le centre-droit le suive ? Hors de question d'être dans le même parti qu'un candidat qui, en 2012, a évoqué une sortie de Schengen et a fait un éloge de la frontière. Ceux qui souhaitent le rejoindre n'ont qu'à adhérer à son mouvement directement, l'UDI n'admet pas la double appartenance.

   Cette stratégie du parti unique a non seulement échoué électoralement, mais elle témoigne en plus d'un mépris manifeste pour les idées que nous défendons. Quelle considération pour la dette publique de la France le « grand parti de la droite et du centre » a-t-il eu depuis qu'il existe ? Quel fédéralisme européen a-t-il promu depuis 2002 ? Quelle évolution sociétale a-t-il ne serait-ce qu'accompagnée toutes ces années où il était au pouvoir ?

   L'Union des Démocrates et Indépendants défend une république fédérale d'Europe contre les franco-béats qui orchestrent la sortie de l'Histoire de notre nation. Afin de protéger les intérêts et les droits des citoyens européens dans la mondialisation, mais aussi d'offrir au monde ce modèle, imparfait et cependant fonctionnel, d'un continent apaisé et relativement prospère, entièrement régi par le droit.

   Elle défend une décentralisation du territoire national, par démocratie, par efficacité et par bienveillance, quand la centralisation n'est qu'un mode de gestion par la crise et pour les crises. Elle promeut une république exemplaire, une démocratie réellement représentative, et un État de droit irréprochable ; une transparence puissante pour chaque élu ; et par dessus tout une lutte féroce contre la corruption, dont la moindre manifestation avilit toute notre société. À ce prix seulement pourrons-nous renvoyer les extrêmes dans les poubelles de l'Histoire, et engendrer estime et confiance chez nos compatriotes pour leurs élus.

   Je n'ai pas retrouvé ces propositions ailleurs qu'à l'UDI. À aucun autre endroit on ne m'a proposé un social-libéralisme tempéré à l'européenne, c'est-à-dire dans la compétition qui stimule, mais dans la solidarité qui unit ; promouvant l'idéal coopératif au sein d'entreprises qui rapprochent salariés et dirigeants.

   Dans aucun autre mouvement je n'ai eu le plaisir d'écouter une jeune sénatrice, ne faisant pas de la politique son métier, parler d'écologie de manière responsable et non dogmatique, afin d'engendrer une croissance durable et non-délocalisable.

   Le centre-droit aura son candidat en 2017. Ainsi nous pourrons démontrer aux Français que nous seuls anticipons véritablement l'avenir : parce que nous avons l'ouverture d'esprit suffisante pour précéder les évolutions sociétales sans susciter de peurs infondées ; parce que nous voyons dans l'éducation de nos citoyens un investissement stratégique aux bénéfices matériels comme immatériels ; parce que nous proposons une société collaborative de transparence, d'efficacité et de communication en réseau qui permettra enfin à notre pays, notre société et notre continent de faire face aux défis mondiaux qui se présentent.

   Rien ne se fait sans les individus, rien ne dure sans les institutions, disait Jean Monnet. À nous d'être ces personnes qui créeront les structures durables d'un monde meilleur. Y'a du boulot !

 

Propos recueillis le 09/10/14

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Vincent Fleury

Vincent FLEURY

V. Fleury est conseiller municipal de Montrouge (Hauts-de-Seine)

et vice-président des Jeunes Démocrates.

 

« Changeons et nous gagnerons

notre indépendance »

 

   Nicolas Sarkozy souhaite créer un grand parti de la droite et du centre, mais il échouera. L’UMP avait, à l’origine, la même ambition et s’y est cassée les dents. Le centre n’est pas et ne sera jamais la droite. Le centre a des valeurs propres et vocation à être indépendant. Pourtant, nous ne le sommes pas. Pas encore. Sans aller jusqu’à nous fondre dans un parti unique, nous devons pour le moment nous allier à la droite, et parfois à la gauche, pour exister. Cette contrainte existera tant que nous ne représenterons pas au moins 20% des électeurs, tant que nous ne pourrons pas amener un candidat au second tour de la présidentielle. Pour ce faire, l’alliance avec la droite ne peut pas être une fin en soi. La conquête de ces 20% doit l’être. Ces 20% sont notre indépendance, notre graal.

   Nous pesons aujourd’hui 10% de l’électorat. C’est peu ou prou notre base, et plus peu que prou. Trop peu, évidemment, pour pouvoir peser. Ce déficit de popularité a des causes multiples. Nous pouvons bien sûr accuser les institutions, qui ne nous permettent pas d’avoir une juste représentation à l’Assemblée, créant ainsi le cercle vicieux « absence de poids/déficit d’image/absence de votes ». Mais nous gagnerions à voir la réalité en face. Nous sommes en grande partie responsables de nos échecs. Je suis convaincu que nous ne changerons ni la politique, ni la France, si nous ne sommes pas capable de nous remettre en question. Je crois que nous avons trois caps à suivre pour réformer le centre et lui donner la place qu’il mérite.

   Premièrement, il faut un centre offensif. Nous devons enterrer l’image de centre mou. Nous ne sommes pas des ni-ni, pas plus que des oui-oui. Nous avons nos propres idées, nos propres valeurs. Nous devons les défendre. Quand Montebourg récupère le « produire en France » de la campagne présidentielle de Bayrou, nous devons rappeler avec acharnement que nous sommes à l’origine de ce combat et qu’il ne doit pas se faire sans nous. De la même façon, n’ayons pas peur de nous exprimer sur l’immigration, l’écologie, comme sur l’ensemble des sujets spoliés par d’autres partis. N’ayons aucun tabou et parlons avec force de tout ce qui préoccupe les Français. Car nous avons d’autres ambitions que celle de stagner à 10% de voix. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de nos derniers scores, même s’ils marquent une légère progression. Nous avons vocation à être le parti majoritaire, à regrouper autour de nous les réformistes de droite comme de gauche, et à faire gagner notre candidat à l’élection présidentielle. Nous devrions être la principale force politique français. Considérons nous comme tel et peut-être qu’alors, les citoyens nous considéreront ainsi !

   Deuxièmement, il faut un centre proche des gens, sur le fond et sur la forme. Cette proximité, nous la recherchons, nous la fantasmons, mais nous sommes incapables de l’avoir réellement. Beaucoup d’entre nous font de grandes études, se lancent dans une carrière exclusivement politique, théorisent les problèmes du quotidien mais ne les pratiquent pas. Nos programmes politiques, pertinents et pragmatiques, rivalisent d’intelligence, campagne après campagne. Mais cette intelligence est trop souvent celle des hautes sphères technocratiques, brillantes et lointaines. Comme les étoiles du ciel, leur lumière met des années à parvenir et éclaire bien trop faiblement. Ce n’est pas ainsi que nous réchaufferont les cœurs de nos concitoyens. De plus, pour beaucoup de centristes, simplicité et proximité sont synonymes de démagogie. Ceux-là ont peut-être raison, mais qu’importe ! Acceptons notre part de populisme, vulgarisons-nous. Vulgariser, dans le bon sens du terme, c’est donner envie d’en savoir plus, c’est finalement tendre à la finesse, pousser à la curiosité. C’est toucher le cœur pour atteindre l’esprit. Cet atout cœur, c’est celui qui nous fait cruellement défaut aujourd’hui, alors que nous avons le reste des cartes en main.

   Troisièmement, il faut un centre bienveillant. Nos valeurs le sont, pas nous. Nous prétendons changer la politique, mais nous sommes aussi politiciens que les autres. Nos guéguerres internes sont indignes, nos responsables cumulent tout en défendant le non-cumul, et certains prétendent agir pour l’intérêt général mais souhaitent l’échec des gouvernants - donc l’échec de la France - pour pouvoir prendre le pouvoir à la prochaine élection… Comme les socialistes, nous ne sommes pas à la hauteur de nos idées. Je crois que pour changer le centre, il faut aussi changer cela. Les citoyens attendent d’abord de nous que nous ayons un regard différent mais positif sur les camps adverses. Comment prôner une union nationale si nous leur tapons sans cesse dessus, si nous sommes incapables de reconnaître qu’ils ont parfois raison ? Je suis de ceux qui pensent que dans l’expression « opposition constructive » la notion de construction est plus importante que celle d’opposition.

   Nos électeurs potentiels attendent aussi que nous arrêtions de nous donner en spectacle. Nos guerres d’égos sont irresponsables. Nous réclamons souvent des gouvernants qu’ils fassent de grandes réformes quitte à sacrifier leur popularité, et parfois leur poste, pour le bien commun. Or comment pourrions-nous avoir ce courage une fois au pouvoir si, déjà en interne, nous privilégions notre carrière au détriment de l’union – et donc de la réussite – de notre camp ? L’extrême droite comme l’extrême gauche capitalisent sur l’agressivité et le ressentiment, le PS et l’UMP sur le rejet de l’autre camp, mais personne n’a une démarche bienveillante envers soi et envers les autres. Il y a sans doute là quelque chose à faire, une singularité à marquer, un créneau à prendre.

   Un centre offensif, proche des gens et bienveillant, voilà qui ferait bouger les lignes. Je sais bien que Rome ne s’est pas faite en un jour, et que ce ne serait pas une petite (r)évolution pour notre famille politique, mais je suis convaincu que sa reconnaissance et son indépendance sont à ce prix. Tant que nous ne changerons pas, nous ne pourrons pas demander aux gens de changer leur regard sur nous.

 

Propos recueillis le 05/10/14

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Vincent Métivier

Vincent MÉTIVIER

V. Métivier est président des Jeunes UDI des Hauts-de-Seine

et délégué national des Jeunes UDI (aux réseaux et relations institutionnelles).

 

« Révolutionnons-nous pour

transformer la société »

 

   La dernière décennie a été pour le Centre en France une période d’expérimentations politiques – si on peut le dire ainsi –, source de nombreuses désillusions. Nous avons tenté la fusion avec la droite républicaine, nous y avons perdu notre identité et notre singularité, devenant inaudibles et incapables d’imposer nos idées. Nous avons également tenté de créer une force centrale, se défiant du clivage droite/gauche, mais constamment contrariée par des alliances tactiques aussi nécessaires que chaotiques. Cela n’a été que des échecs cuisants.

   Ce n’est qu’en 2012, avec la création de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI), que le Centre a retrouvé une voix forte, un positionnement clair et les capacités de peser à nouveau dans le paysage politique français. La meilleure preuve de cela, ce sont les succès électoraux enregistrés depuis lors par l’UDI, à toutes les élections, montrant que nous avons réinvesti un espace politique délaissé et répondu aux attentes d’une part de la population. En deux ans seulement, nous nous sommes rehaussés au rang de troisième parti de France !

   Pourtant, nous ne pouvons pas céder à l’euphorie et à l'autosatisfaction, le contexte actuel ne s’y prête pas. Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon… quel que soit le meneur de la droite en 2017, celui-­ci voudra avoir le Centre sous sa coupe pour s’assurer la victoire. C’est pour nous une menace délétère. Nous ne voulons pas d’une une fusion/absorption, nous avons déjà été échaudés. L'indépendance est la clef de notre existence. Et puis, il y a la vigueur grandissante de l’extrême droite, l’aggravation de la situation socio­-économique du pays, l’affaiblissement inquiétant de l’Union européenne… Plus que jamais, le Centre a un rôle crucial à jouer et nous devons nous y préparer.

   D’abord, en maintenant une ligne politique claire, au centre­-centre droit. Comme le théorise finement Jean­-Louis Bourlanges, nous ne pouvons nous allier ni avec la gauche archaïque française, qui n’est pas encore parvenue à se défaire de ses réflexes socialo-­communistes, ni avec une droite trop conservatrice, complaisante voire compromise avec l’extrême droite. Par ailleurs, la configuration des institutions de la Vème République, poussant au bipolarisme, ne nous permet pas de progresser seuls.

   L’enjeu pour le Centre, dans les mois et les années à venir, est donc d’atteindre une masse critique, de fédérer largement pour devenir l’un des pivots incontournables du paysage politique, de susciter des ralliements plutôt que d’y être nous-­mêmes contraints. Pour y parvenir, nous devons faire notre propre révolution – au double sens étymologique de rupture et de retour à des fondements originels – pour révolutionner ensuite la société française. Cet aggiornamento centriste impose de relever plusieurs défis difficiles.

   En premier lieu, devenir un parti de masse et non plus un parti de cadres. Les centristes n’ont pas vraiment la fibre militante. Il y a un travail conséquent de formation à réaliser pour créer et développer cet état d’esprit militant, qui revient à considérer qu’après l’étape de la réflexion et l’esquisse de grandes idées, il y en a une autre : l’étape déterminante du terrain. Nous devons surmonter l’atavisme centriste de l’« intellectuel immobile ». Il faut convaincre, défendre soi-­même ses idées, se rendre visible et apprendre à communiquer, recruter et multiplier les effectifs, les relais…

   En second lieu, il nous faut impérativement développer et proposer une vision concrète et cohérente du monde et de l’avenir. La France souffre aujourd’hui d’avoir des partis politiques aux idéologies rances, qui ne proposent plus une manière globale d’envisager la société et de la réformer, prostrés sur des visions fragmentaires et généralement fallacieuses. Les Français ont envie de croire en l’avenir, de croire que tout peut et va s’améliorer, mais personne ne suscite plus cet espoir, hormis les extrêmes.

   Le Centre est en capacité de réunir derrière lui une majorité de citoyens, car le pragmatisme qui le caractérise est à la fois ce qui peut créer le plus d’engouement et répondre avec efficacité aux problèmes de notre société. Pragmatisme politique ne signifie pas consensus mou. C’est au contraire affirmer avec vigueur que la solution au bénéfice de l’intérêt général n’est pas un juste milieu entre les exagérations des uns et des autres, qu’elle se situe ailleurs.

   Nous devons par conséquent proposer un nouveau modèle de société, fondé sur un retour aux valeurs premières de notre République. Il est intolérable que l'idéal républicain, la Patrie, la laïcité… soient aujourd’hui des thèmes largement abandonnés. Pire, profitant de ce vide, c’est le Front national qui s’en saisit par opportunisme, allant ainsi à contre­-courant de tout le passif historique de l’extrême droite. Les centristes doivent réinvestir ce domaine politique, être les nouveaux « hussards de la République » et soumettre au vote des Français un programme structuré, ayant pour fondement la revivification de la République et son adaptation au XXIème siècle.

   Jean-­Louis Borloo a tracé des voies innovantes qui méritent d’être prolongées, telles que la rénovation urbaine comme moteur d'intégration et de cohésion sociale, l’écologie source de croissance économique… Tout cela fait partie d’un ensemble plus vaste, à partir duquel il nous faut redonner à chaque citoyen les moyens de sa réussite et à la société les atouts pour sa pérennité. Réformer entièrement l’École, le système de retraites, le système de Sécurité sociale, l’organisation des collectivités, envisager l’industrie à l’ère numérique, la démocratie à l’ère collaborative… Les sujets abondent, le monde a évolué et personne n'en a pris acte.

   La France meurt de se reposer sur des mécanismes et une pensée passéistes, inadaptés au monde actuel. Toutefois, c’est en prenant appui, c’est en réactualisant et en faisant perdurer des principes directeurs pluriséculaires comme ceux de la République, que nous pourrons trouver l’élan nécessaire pour faire cette révolution et transformer la société, à l’image du programme du Conseil national de la Résistance, en 1945.

   Je crois sincèrement que les centristes sont les seuls à pouvoir mener à bien ce travail, enclencher cette mobilisation réformatrice et progressiste au bénéfice de la France et des Français. Nous ne devons pas nous croire investis d’une mission mais ayons conscience du rôle que nous pouvons jouer et, sans doute, du risque pour nous-­mêmes et nos enfants.

   Si nous ne sommes pas ceux qui font l’effort ardu d'impulser ce changement profond, alors acceptons de porter la culpabilité du déclin, de livrer la République aux extrêmes et de nous préparer à des jours plus sombres. Ce n’est pas ce que nous voulons, à nous d’agir et de reprendre le destin de la France en mains.

 

Propos recueillis le 14/10/14

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Jérémy Coste

Jérémy COSTE

J. Coste est adjoint au maire de Vanves (Hauts-de-Seine)

et porte-parole des Jeunes Démocrates Européens.

 

« Associés, les progressistes

construiront la France de demain »

 

   Vaste question… Tout d’abord, et autant évacuer ce sujet dès le début, je ne crois pas en l’homme providentiel, pas plus en Nicolas Sarkozy comme sauveur du pays. Ce temps-là est révolu ! La France a besoin d’un cap, les Français de retrouver confiance en eux. Cela passe par la construction collective d’un projet ambitieux, innovant et rassembleur, au-delà des clivages anciens. Voilà notre mission.

   Si je ne partage pas l’envie d’une partie des Français de voir Nicolas Sarkozy revenir aux affaires, je suis néanmoins d’accord avec l’ancien président sur le constat selon lequel les vieux schémas ne correspondent plus à nos attentes. Droite, gauche, extrême droite, extrême gauche, économie sociale, communiste, conservatrice et libérale... cela représente à mes yeux le passé, des réponses à la (re)construction de la France d’après-guerre.

   Aujourd’hui, le monde a changé. Nous sommes pleinement entrés dans une société du savoir et du partage. Le rôle de « guide » des partis n’a plus lieu d’être. Au contraire, les nouvelles générations attendent des dirigeants et formations politiques qu’ils réussissent à associer les citoyens dans la construction d’idées et la prise de décision.

   Nous devons désormais faire face à une troisième révolution. Concrètement, la révolution industrielle que nous connaissons à travers les livres d’histoire s’est déplacée dans d’autres régions du monde, économiquement moins avancées que l’Occident. Cela crée une compétition, souvent des tensions. La seconde révolution, numérique cette fois, est également en train de se déplacer dans les pays émergents. Ces pays nous rattrapent. C’est positif, mais cela inquiète !

   En France, Internet est une réalité pour tout le monde, mais elle doit devenir une base de données sur laquelle s’appuyer pour inventer le monde de demain, un monde de l’« intelligence ». C’est selon moi cela qui intéresse les jeunes et les progressistes, et c’est la question que notre sensibilité doit se poser : "Comment faire entrer complètement la France dans cette troisième révolution qui fait du partage des savoirs et idées ainsi que de la coopération la base nouvelle du vivre ensemble ?"

   Pour entrer dans le 21ème siècle, je suis convaincu qu’il faut abandonner nos vieilles recettes et oser penser l’impossible. Il est temps d’opérer un changement radical de nos institutions et de notre modèle économique et social. De faire « avec les citoyens » plutôt que « pour les citoyens » ! Cela nécessite de faire évoluer la 5ème République, pourquoi pas d’en faire émerger une nouvelle.

   Nous devons imaginer une nouvelle façon de gouverner. Dans nos sociétés industrielles et technologiques, chacun ne peut que constater la difficulté de nos dirigeants à s’adapter au monde actuel, car ces derniers appartiennent naturellement à un monde ancien. Cela ne signifie pas pour autant qu’une partie d’entre eux ne peut s’adapter et comprendre ce monde nouveau - certains y parviennent parfaitement -, mais les codes sociaux et les pratiques ont tellement - et rapidement - évolué qu’un fossé naturel se creuse entre les générations, entre ceux qui dirigent et ceux qui subissent les décisions publiques.

   Parallèlement à cette réalité, je vois l’essoufflement des partis politiques classiques et deux sensibilités qui n’ont pas encore gouverné par eux-mêmes : les démocrates/progressistes ainsi que les écologistes. Cela s’explique selon moi par leur analyse prématurée des problèmes du monde et l’inquiétude que leurs réponses suscitent pour une population encore trop tournée vers la jouissance personnelle. Je crois fondamentalement que les progressistes et les écologistes ont souvent eu une longueur d’avance dans la compréhension des problématiques du monde. J’illustrerai ce point en prenant deux exemples.

   Pour les uns, la thématique de l’environnement. Les écologistes – je ne parle pas d’EELV mais initialement des associations écologistes - ont compris avant tout le monde la nécessité de repenser notre modèle économique et social afin de protéger la planète et préserver l’avenir des générations futures. Dans les années 60, l’écrasante majorité des scientifiques et gouvernants prenait ces « alerteurs » pour des illuminés. Aujourd’hui, on les remercie ! Toute action publique moderne se doit de prendre en compte les réglementations en faveur de la protection environnementale.

   Pour les seconds, la thématique de la coopération. Les démocrates/progressistes – je ne parle pas exclusivement des centristes mais des millions de structures coopératives et associatives rejetant l’alternative droite/gauche – ont défendu le principe du dialogue en politique. Cela a commencé avec les pères fondateurs de l’Europe. Ces derniers ont compris que le monde évoluait de façon multipolaire autour de grands ensembles démographiques, culturels, militaires et politiques et qu’il était primordial de mutualiser nos forces par la coopération pour préserver nos intérêts et notre modèle de société basé sur la solidarité. Cette conception de la politique s’est également manifestée à quelques époques par la décentralisation et le rôle donné aux acteurs locaux dans la prise de décision, par la confiance accordée à la jeunesse avec la majorité à 18 ans ou encore l’émancipation des femmes avec l’avortement…

   Nous devons concevoir un nouveau modèle. La défense de l’environnement, les principes de mutualisation des richesses et de dialogue en politique ont ainsi permis l’émergence d’une ère de la coopération. Il n’y a quasi plus une décision publique (dialogue social), une guerre (droit international) ou une stratégie (OMC, OMS…) qui ne soit décidée collectivement. Ces notions sont si fortes que malgré l’incapacité des écologistes et des progressistes à gouverner par eux-mêmes, ces idées sont présentes dans toute la société.

   En France, chacun est conscient de l’importance de la protection de l’environnement et de la pertinence des échanges et du dialogue social. Plus personne ne veut d’une société qui pollue ni d’une société caporaliste où le citoyen suivrait aveuglément un chef. Nous sommes nombreux à vouloir une société « verte », équitable et responsable, où chacun peut s’épanouir dans un environnement sain. Un régime politique qui écoute, respecte et associe chacun d’entre nous aux décisions publiques. Ces phénomènes sont le résultat des combats des écologistes et des démocrates/progressistes.

   Il est fini, le temps où nous n’avions pas tous accès à l’enseignement, où de nombreux citoyens ne savaient pas lire ou comment s’informer. Aujourd’hui, grâce à l’enrichissement de la France pendant les Trente glorieuses, grâce aux nouvelles technologies et à Internet, chacun peut comprendre le monde dans lequel il vit et tenter de contribuer à son amélioration. Il est même fréquent que certains citoyens non-élus soient plus compétents que leurs représentants. Ceci peut provoquer un choc, une confrontation et finalement une crise de confiance entre le citoyen et le système politique.

   Cette série de bouleversements, la troisième révolution, la remise en cause de la gouvernance, et le modèle à réinventer, provoquent une fracture sociale et un besoin de nouvellement. Quel devrait être notre comportement face au changement ? D’un côté, il y a ceux qui voient ce changement arriver et préfèrent conserver le modèle ancien en essayant de le réformer à la marge car il leur apporte encore le confort nécessaire. De l’autre, on trouve ceux qui voient ces bouleversements et comprennent la nécessité de réfléchir à un nouveau modèle.

   Ces derniers, je crois, sont proches d’une grande partie de la population qui ne profite plus des richesses produites et qui constate, impuissante, qu’elle est lésée. Ces Français qui souffrent au quotidien d’un manque de confiance en l’avenir, à cause du chômage notamment, et qui voient l’inégalité se creuser, ont le sentiment de ne pas pouvoir entraîner la société vers un modèle qui réponde à leurs attentes. Cela crée une frustration dangereuse. C’est ce moment précis que nous vivons.

   Ce trouble touche en premier lieu les nouvelles générations, qui souffrent du manque de ressources et d’emplois, les éloignant ainsi de ceux censés leur trouver des solutions. La jeunesse souffre également d’une forme d’impuissance face à l’accroissement de la misère dans le monde que les médias nous renvoient à la figure et qui crée en nous un sentiment de culpabilité et de colère parfois.

   Deux France s’opposent donc : ceux qui, suffisamment puissants, détiennent le pouvoir et souhaitent conserver un système qui les rassure - en entraînant derrière eux les plus effrayés par le changement - et ceux qui, puissants ou pas, désirent vivre dans un pays qui respire, prend des risques et innove pour redonner du sens à leur vie et par conséquent au destin commun.

   Personnellement, je suis persuadé que nous tous, citoyens, détenons chacun une partie de la solution et qu’il est du rôle de notre sensibilité de changer en profondeur nos méthodes. Nous devons avant tout écouter, non pas pour faire plaisir, mais pour entendre les craintes, tenter de les comprendre et transformer en actes politiques concrets et efficaces.

   Évidemment, souhaiter un nouveau modèle demande du courage et nécessite aussi d’être réaliste. Il ne s’agit pas de tomber dans l’utopie. Tout le monde ne peut pas réécrire la Constitution française, ni même écouter avec patience ce que chacun à dire. Cela demande des compétences techniques, des qualités personnelles particulières, de l’organisation et de la pédagogie. Mais chacun, confronté à ses propres difficultés, peut donner son idée pour que celles-ci inspirent ce que doit être la France de demain. C’est ce que j’attends de ma famille politique.

   Évidemment, plus qu’une indépendance politique vis-à-vis des conservateurs de droite et de gauche, cela nécessite une liberté de pensée absolue, le dépassement des clivages, et l’association de tous les progressistes. La première richesse de la France, ce sont ses ressources humaines (nous !).

   Alors, sur tous les territoires, écoutons-nous plus largement qu’au sein des partis, partageons nos idées avec la société civile et ces milliers de coopératives, et imaginons ensemble une France nouvelle. Voici mon vœu.

 

Propos recueillis le 17/10/14

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Marine Denis

Marine DENIS

M. Denis est présidente de l'UDI Sciences Po.

 

« Ayons du courage et de l'ambition ! »

 

   Oui, le grand retour médiatique de Nicolas Sarkozy est un échec ; un échec qui doit nous redonner confiance en notre liberté et notre indépendance politique. Nous ne pouvons associer l'avenir de l'UDI à celui d'un ancien chef d'État poursuivi pour des affaires de corruption et de trafic d'influence. Il en va de notre crédibilité, mais surtout de notre responsabilité politique, en tant qu'élus et militants centristes.

   Si les Français sont lassés d'un paysage politique majoritaire gauche/droite, où seuls les extrêmes semblent pouvoir se frayer une place pour venir contrebalancer l'équilibre UMP-PS par un discours violent et stérile, c'est à notre tour de replacer le centre au cœur de l'échiquier politique. Il n'y a pas de politique de droite ou de gauche au pouvoir, il n'y a qu'une politique du centre fondée sur une realpolitik ambitieuse et modérée, celle du juste équilibre, celle que nous défendons.

   Nos axes de réflexion et d'engagement politique sont tracés, il faut désormais en faire un véritable plan d'architecte de projet politique pour 2017. Assurons notre indépendance intellectuelle et politique par les idées et les projets de réformes politiques ! Intervenons sur des sujets techniques, car nous avons les experts compétents, et emparons-nous des sujets d'actualité qui défraient la chronique pour nous donner une véritable visibilité médiatique ! Il est de la responsabilité des élus, mais aussi des militants, de produire des idées et de les mettre en valeur. Décentralisation, Union européenne, immigration, politique de santé... : le centre, loin de rejeter systématiquement toutes les propositions portées à gauche et à droite, doit s'appuyer sur les points forts que sont sa modération et son expertise technique pour constituer le projet politique le plus ambitieux, réaliste et proche des grands enjeux locaux, nationaux, européens et internationaux de la France.

   Pour exister sur la scène extérieure, nous devons nous assurer d'un modèle politique viable et démocratique en interne. Le centre compte et s'appuie sur un électorat qui est présent mais qui tend à se conforter dans de vieilles positions. Soyons modernes, appuyons-nous sur les idées des jeunes militants qui nous rejoignent, écoutons-les et donnons leur une voix ! L'organisation de commissions de réflexion rassemblant élus et militants, jeunes et aînés, doit devenir notre force et notre distinction à l'égard des autres partis politiques français, où le lien démocratique interne existe trop peu, dévoré par l'ambition et l'ascension hiérarchique.

   Une famille se doit d'avancer ensemble, le centre doit reconstruire ce maillon qui constitue le lien entre les différents mouvements internes. Nous défendons des idées, nous aimons la chose publique, nous sommes républicains et convaincus que la politique n'est pas uniquement affaire de stratégie et de batailles pour le pouvoir. Quand nos idées sont similaires, ne laissons pas l'ambition personnelle dépasser l'ambition politique. Le climat politique délétère et les affaires, récurrentes, sont à la source du mépris et du désespoir des citoyens français à l'égard de la sphère politique gouvernante. Tâchons de ne pas reproduire les mêmes erreurs en nous perdant dans des errances purement politiques et stratégiques ! Ayons le courage politique de rester indépendants pour 2017 !

 

Propos recueillis le 22/10/14

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Olivier Gloaguen

Olivier GLOAGUEN

O. Gloaguen est vice-président des Jeunes Forces Démocrates, en charge du projet.

 

« Le centre se doit de se faire entendre »

 

   Quel centre pour demain ? Eh bien, la réponse tient en un seul mot : « conquérant » ! En effet, le centrisme, c’est-à-dire les forces progressistes, fédéralistes européennes, écologistes, réformatrices, humanistes, décentralisatrices et pro-entrepreneurs de l’échiquier politique français ont devant elles une grande opportunité, mais aussi une grande responsabilité.

   Après plus de trente années d’échecs successifs menés sans fracas ni trompettes par la gauche comme par le droite, la France paye désormais son immobilisme. Tout naturellement, les Français sont dégoûtés et ils ont bien raison : élections après élections, on leur promet monts et merveilles (« travaillons moins pour que tous travaillent » un jour, et « travaillons plus pour gagner plus » le lendemain) et… rien. Alors, ils ne croient plus en la parole des partis politiques et tentent de se réfugier, faute de mieux, dans le vote frontiste, ce parti démagogique qui n’attend que ça car là où il sait le mieux proliférer, c’est sur la misère, la rancœur et le désespoir.

   Le délitement de la classe politique, désormais flagrant, et les divisions surannées gauche-droite s’estompent face à de nouveaux axes de choix de société : replis identitaire ou ouverture ? Europe fédérale ou des nations ? Progrès ou conservatisme ? Réformes ou immobilisme ? Décentralisation ou concentration ? Transition énergétique ou laisser-faire ? Soutien résolu à l’innovation et l’entrepreneuriat ou empilement des contraintes ?

   Alors, oui, dans ce contexte, les centristes peuvent, s’ils s’en donnent les moyens et s’ils en ont véritablement l’ambition, proposer une alternative crédible et attendue par les électeurs. Une alternative crédible car ce ne sont pas des centristes qui sont aux manettes depuis trente ans. Nos idées ont été souvent reprises (car ce sont les plus sensées et les plus logiques), mais aussi malheureusement trop souvent dénaturées (un exemple : la TVA sociale). Attendue, car contrairement aux populistes, nous ne vivons pas prostrés dans le souvenir d’un passé nécessairement meilleur, mais nous regardons résolument vers l’avenir et proposons des réponses sans tabous aux problèmes d’aujourd’hui.

   Sauf que le centre n’est pas assez entendu. Sa chance dans les années qui viennent est justement de disposer d’un espace qui s’ouvre entre une droite profondément divisée et une gauche sans programme et qui se cherche. Un espace dans lequel il sera possible de faire émerger un centre uni et fort, mené par des hommes et des femmes politiques nouveaux. Un centre qui prenne la peine de parler à tous les Français, un centre qui n’a pas peur de conquérir le pouvoir, qui va jusqu’au bout de ses ambitions et surtout qui s’en donne les moyens.

   Pour cela, la recette n’est pas compliquée, mais elle requiert de la volonté : il faut fédérer, regrouper, rassembler au delà des petites ‘chapelles’ et des petits partis, des courants et des ‘écuries’ présidentielles sans lendemains. Il faut structurer, attirer des militants, les former, les écouter, les faire élire à tous les échelons, bâtir une machine de conquête et ne pas s’en cacher, affirmer notre indépendance, changer notre langage et parler celui des Français, de tous les Français, sans tomber dans la démagogie, mais en leur disant nettement ce qu’il en est, où nous comptons aller et comment le faire.

   Nos concitoyens « ne sont pas des veaux », ils ont bien compris la situation actuelle et se doutent de ce qu’il faut faire. Mais ils attendent désormais un leader crédible, c’est-à-dire quelqu’un capable de leur montrer le chemin et le but à atteindre. Quelqu'un qui leur redonne confiance en eux-même. Ils attendent une nouvelle génération de centristes, une génération qui a envie d’un centre conquérant, pour une France conquérante.

 

Propos recueillis le 23/10/14

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30 septembre 2014

Sarkozy : Son retour vu et commenté par de jeunes militants UMP

   Convenons-en : l'annonce par Nicolas Sarkozy de son retour sur le devant de la scène politique n'a pas surpris grand monde. Tout juste s'est-il agi d'une clarification : oui, il entend reprendre les rênes ; demain, du parti, après-demain, peut-être, celles du pays. Un mois après la mise en ligne de l'article regroupant les réflexions qu'ont développées, à ma demande, quelques jeunes de l'UMP quant à l'avenir de leur formation politique, j'ai souhaité inviter quelques-uns de leurs camarades à un exercice similaire et qui se rapporte plus précisément, cette fois, à la personnalité, à l'avenir de l'ancien président.

   Le texte sur lequel ils ont travaillé est le suivant : « Nicolas Sarkozy vient d'annoncer sa candidature à la présidence de l'UMP. J'aimerais vous demander, vous qui comptez parmi les jeunes militants du parti, ce que cela vous inspire. Peut-il incarner l'avenir de votre formation politique ; porter vos idées et son projet tels que vous les envisagez ? Est-ce que vous auriez, finalement, un message à lui adresser ? ». Leurs retours, publiés au fil de l'eau, sont organisés par ordre chronologique. Merci à eux ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Sarkozy Son retour vu et commenté

par de jeunes militants UMP

Sarkozy_France_2

(Image : France 2)

 

 

R.S.

R. , chirurgien-dentiste, milite à l'UMP depuis quelques mois.

 

   Je m’appelle R.S., je suis chirurgien dentiste en préparation de ma thèse d’exercice. J’ai commencé à militer réellement pour l’UMP depuis quatre mois, par le biais du réseau social Twitter, puis cela s’est étendu sur Facebook. J’ai trouvé que la situation du pays dans lequel nous vivons était calamiteuse. Je suis un jeune homme du peuple, je suis sur le terrain, de par mon métier ; ayant exercé dans le milieu hospitalier, j’ai vu les classes défavorisées défiler continuellement, et cela est de plus en plus marqué.

   Ce qui m’a conduit à militer, c’est l’injustice sociale que j’observe tous les jours en France. On matraque les classes moyennes : aujourd’hui, ce sont les populations les plus maltraitées par le système français. On parle de socialisme et d’humanisme, mais où est l’humanisme quand, dans certains cas, il devient plus avantageux de ne pas travailler et de toucher des aides de l’État que de gagner un petit salaire ? Le chômage monte en flèche, les gens ne croient plus en la politique car les promesses ne sont pas tenues.

   Mon militantisme va, je le crois, dans le bon sens ; il rassemble tous les démocrates qui veulent des réformes pour que le pays aille mieux, des démocrates allant du centre gauche à la droite conservatrice, ce que propose Nicolas Sarkozy.

   Je veux aider les classes populaires qui se lèvent tôt et travaillent dur pour un salaire ne leur permettant pas de vivre décemment. Le dumping social, avec la mondialisation et la concurrence déloyale des pays de l’Est, qui n’ont pas le même code du Travail que nous, écrase les classes populaires. Il faut réformer Schengen, repenser certaines positions de l'Union européenne. Cela, Nicolas Sarkozy l’entend bien.

   Je suis pour des réformes radicales visant la simplification du Code du Travail, pour baisser radicalement les impôts et les charges ; en contrepartie, je suis pour la suppression d’aides sociales sur le long terme, elles ne devraient être octroyées que sur une courte période, le temps de retrouver un emploi. Il faut également favoriser la création d’emplois en matière de formation professionnelle - je pense aux cours du soir notamment.

   Ce pays a besoin de réformes, il suffit de s’inspirer de pays d’Asie comme la Chine, la Corée du Sud, où la culture du travail est valorisée et les universités souvent bien positionnées dans les classements internationaux. Nicolas Sarkozy a beaucoup voyagé à l’étranger, il a constaté tout cela.

   Pourquoi aujourd’hui nous ne sommes plus en tête de liste ? Parce que la France a peur de se réformer, de changer de modèle ; elle a peur de s’adapter au 21ème siècle, de se moderniser et d’intégrer pleinement le numérique et Internet. La France n’ose pas assez développer les échanges culturels ; un enseignement qui soit personnalisé, adapté aux talents de la personne, plutôt qu’un baccalauréat avec différentes filières n’ayant plus aucune valeur sur le marché du travail.

   Je crois en Nicolas Sarkozy, car selon moi, il incarne le rassemblement, il peut rassembler les libéraux, les humanistes, les conservateurs : donc ses militants et au-delà. Il sait communiquer, il a de l’expérience en politique et sur la scène internationale.  Se priver de Nicolas Sarkozy en 2017 serait une erreur, car il a, je pense, encore des ressources intéressantes à nous apporter, malgré les critiques qui ont pu être émises quant à son bilan.

   Le message que je lui adresse, c’est d’écouter les Français. D’être à leur écoute, vraiment. D’écouter leurs préoccupations, sans tenir compte du politiquement correct ; d’apporter à leurs problèmes des solutions intelligentes, sans démagogie.

 

Propos recueillis le 24/09/14 

 

 

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Hélène BULLE

H. Bulle, directrice d'établissements sanitaires et médico-sociaux,

est conseillère municipale à Ribeauvillé (68) et responsable Droite sociale pour le Haut-Rhin.

 

   Au cours de son interview, au journal télévisé de France 2, le 21 septembre dernier, Nicolas Sarkozy a eu cette phrase : « Si je ne fais pas le travail, qui le fera ? ».

   Suite à la défaite de notre famille politique en mai 2012, Nicolas Sarkozy s’est mis en retrait, laissant un véritable boulevard aux différents élus et responsables du parti souhaitant redonner un nouvel élan, une nouvelle orientation à l’UMP.

   Quel en est le résultat, deux ans et demi plus tard ? Qui a « fait le travail » ? Il faut le reconnaître, l’UMP a fait l’objet d’un spectacle désolant, dont certains actes sont dignes d’une tragédie grecque. Il y a eu cette fameuse élection de novembre 2012 dont on connaît trop bien la fin. S’en est suivi le groupe des « non-alignés », prônant l’objectivité et la fin des ambitions personnelles et dont on peut constater désormais le chemin parcouru et les différentes déclarations de candidatures de chacun de ses membres.

   Cette période de latence, aussi difficile soit-elle à assumer pour tout militant engagé, n’est pas un mal en soi à moyen terme : elle permet une prise de recul, une remise en question, et la redéfinition d’un socle permettant un départ sur de nouvelles bases, plus saines et - dans la mesure du possible - plus sereines.

   Toutefois, pour que ce socle repose sur des fondements solides, deux points de vigilance sont à intégrer. Le premier concerne l’électorat français : celui-ci doit apprendre à se forger sa propre opinion et prendre du recul par rapport à la vision court-termiste présentée par les médias, avides de scandales. Le second concerne la jeune génération : être passionné c’est bien, être passionné et avoir une profession, c’est mieux. Nous dénonçons chez certains de nos aînés, de tout bord politique, la préservation de leurs intérêts personnels au détriment de l’intérêt général. Cette jeune génération doit prouver son dynamisme, et démontrer que la politique doit être avant tout une passion avant de devenir éventuellement, par la suite,  une rétribution.

   Ces bases étant posées, deux personnes sont à même - selon moi - de redonner un sens à notre famille politique à ce jour, que ce soit dans le cadre de l’UMP ou dans le cadre de la fondation d’un nouveau parti.

   Laurent Wauquiez, qui en appelle aujourd’hui à une droite des valeurs, et dont le discours a eu le mérite de se recentrer sur les classes moyennes, mises en difficulté de manière croissante depuis mai 2012. Il a toujours assumé ses prises de positions, quelles qu’elles soient, et que ces dernières plaisent ou non, cela lui donne le mérite d’exister sur la scène politique, tandis que d’autres font profil bas et attendent des jours meilleurs.

   Enfin et bien évidemment, le retour de Nicolas Sarkozy laisse présager le rétablissement d’une certaine autorité et d’un rassemblement, qui ont cruellement manqué depuis mai 2012. Notre ancien président a son franc-parler, c’est indéniable. Cela pouvait choquer, mais avait le mérite d’être exprimé, évitant ainsi à une partie de l’électorat français cette frustration qui la pousse aujourd’hui à voter aux extrêmes. N’oublions pas que voter FN, c’est faire le jeu des socialistes qui comptent se faire réélire sur cet égarement, cette dispersion des voix à droite de l’échiquier politique.

   Nicolas Sarkozy sera certes controversé, mais son retour se doit d’être envisagé dans la mesure où personne n'a été capable de reprendre le flambeau depuis son départ. Nicolas Sarkozy incarne également ce côté honorifique de la fonction présidentielle, et fait partie des rares personnalités politiques françaises qui ont su s’imposer sur la scène internationale et redonner une voix - doublée d’un écho - à la France.

   Il ne faut pas se leurrer : si les sondages lui attribuaient une cote de popularité croissante lors de son absence, et dépeignent un profil de perdant depuis l’annonce de son retour sur la scène politique, c’est qu’il est craint. Et je me plais à penser qu’une personne suscite la crainte et la critique dès lors que ses adversaires savent pertinemment que son potentiel dépasse largement le leur.

   À bon entendeur...

 

Propos recueillis le 24/09/14

 

 

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Aurore BERGÉ

A. Bergé, plus jeune conseillère politique de l'UMP, est chef de file de l'opposition municipale

à Magny-les-Hameaux et conseillère communautaire de la C.A. de Saint-Quentin-en-Yvelines (78).

 

   Mon engagement politique a grandi avec Nicolas Sarkozy. Je ne peux pas croire que l'histoire commune entre Nicolas Sarkozy et notre famille politique, entre Nicolas Sarkozy et les Français se soit arrêtée le 6 mai 2012. 

   Notre famille politique a vécu ces deux dernières années une période particulièrement douloureuse, où elle a failli disparaître. Elle a besoin aujourd'hui d'être complètement rénovée : il faut tout changer ! Nicolas Sarkozy est le seul aujourd'hui qui a la légitimité, l'énergie et l'autorité pour réaliser cette révolution.

   Nous vivons aujourd'hui dans une société en proie au doute, à la défiance, dans un contexte de crise identitaire, économique, financière. Nous devons rétablir la confiance, le risque, l'esprit d'initiative. Nous devons cesser d'avoir peur de tout. Cela passe par un mouvement de respiration de notre société.

   Cela veut dire établir un système scolaire qui accepte le droit à la différence et à l'imagination, un marché du travail moins rigide, la fin des carcans réglementaires et bureaucratiques, la suppression des rentes, la remise en cause du principe de précaution.

   Ce projet a été initié avec le mouvement de réformes conduit dès 2007 et arrêté brutalement en 2012. Nicolas Sarkozy est celui qui peut inspirer ce nouveau départ pour notre société.

   La génération qui a osé partir sur des combats difficiles en mars 2014 et dont je fais partie doit à Nicolas Sarkozy de lui avoir insufflé l'audace nécessaire. C'est avec cette audace que nous devons aujourd'hui renouer. C'est l'un des messages que j'ai eu l'opportunité de lui délivrer lorsque je l'ai revu, fin septembre.

 

Propos recueillis le 28/09/14

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Charles_Aslangul

Charles ASLANGUL

C. Aslangul est chef de file de l'opposition UMP à Bry-sur-Marne (94).

 

   Le retour de Nicolas Sarkozy est un grand soulagement et source d’espoir nouveau pour beaucoup d’entre nous. 

   Grand soulagement car force est de constater que depuis mai 2012, l’UMP n’a pas réussi a incarner pleinement son rôle de premier parti d’opposition, trop occupée qu'elle était avec ses luttes intestines. Il faut néanmoins rendre hommage à Jean-François Copé, qui n’a pas ménagé ses efforts pour permettre l’historique vague bleue de mars 2014.

   Néanmoins, l’absence de Nicolas Sarkozy a laissé un vide qui a divisé et menacé l’existence même de l’UMP. C’est donc un soulagement de le voir revenir, il suffit de regarder l’enthousiasme, l’énergie et la ferveur qui émanent des militants depuis son retour. Quel bonheur de tous nous retrouver après tant de déchirements stériles ! 

   Source d’espoir nouveau car Nicolas Sarkozy, aux talents incontestés, est un chef naturel. Vous savez, quoi qu’on en dise, à droite nous sommes héritiers du gaullisme et du bonapartisme. Au-delà des considérations de grandeur de la France, de France forte, la notion du « commandeur », du chef, est aussi un de ces héritages. Nous avons besoin d’un leader, d’un homme fort à la tête des troupes ! Ce chef naturel est de retour et nous permet de recouvrer l’espoir de grandes victoires à venir. 

   Ces victoires, nous les devons aux Français qui souffrent d’une gauche incapable de résoudre leurs problèmes et qui les accule sous l’impôt quand elle devrait leur rendre du pouvoir d’achat. Ce qui est le plus navrant, c’est que nous les avions prévenus.

   Nous savions où nous mèneraient François Hollande et les socialistes. Il suffisait de se pencher sur leur programme pour comprendre qu’ils étaient à côté de la plaque ! Les Français ont cru aux promesses de Monsieur Hollande, ils ont cru à l’anaphore « Moi, Président... », ils ont cru au meeting du Bourget et à l’adversaire invisible du monde de la finance, ils ont cru à l’apaisement et au rassemblement du peuple par-delà les différences, bref ils ont cru à cette fameuse promesse du « réenchantement du rêve français ».

   Que reste-t-il de tout ça ? Un immense mensonge. Jamais la France n’a été aussi durement confrontée au chômage. Jamais la France n’a été à ce point incapable de créer de la richesse, de la croissance. Jamais la France n’a été à ce point déchirée par le communautarisme. Jamais la fonction de Président n’a été à ce point abaissée, ridiculisée. Jamais un gouvernement n’a connu autant de scandales. Jamais les Français n’ont été à ce point désabusés, ils n’ont jamais aussi peu cru en la politique. 

   François Hollande est comptable de ce bilan désastreux. Il a menti pour se faire élire coûte que coûte sur fond d’anti-sarkozysme primaire et de promesses qui n’engageaient que ceux qui les recevaient… Avec dogmatisme, il a détricoté toute une batterie de mesures prises sous Nicolas Sarkozy. Prenez les heures supplémentaires défiscalisées… Elles permettaient aux plus modestes d’augmenter leur pouvoir d’achat, de travailler plus pour gagner plus. En temps de crise, ce n’était pas négligeable. Et voilà que ceux qui se réclament du socialisme, donc des plus modestes, suppriment cette mesure de justice parce qu’elle venait de Nicolas Sarkozy... Affligeant. 

   Je ne veux pas être trop long, mais nous pourrions parler de Madame Taubira et de sa réforme pénale consternante de laxisme et d’angélisme. Quand Nicolas Sarkozy avait mis en place les peines planchers pour les multirecidivistes, Madame Taubira souhaite des peines de substitution. En clair, plutôt que de réprimer la délinquance, elle l’entretient en ne mettant pas en prison les voyous et en permettant des remises en liberté plus facilement. Le monde à l’envers. 

   Nous pourrions parler également du mensonge du « mariage pour tous », qui ne devait pas ouvrir la porte sur la PMA et la GPA, alors que c’est précisément ce qu’il advient. Nous pourrions parler de l’absence de leadership Français au niveau européen, de la politique consternante qui consiste à faire l’autruche face aux défis de l’immigration, ou encore de notre Éducation nationale, qui préfère brader les fondamentaux, savoir lire, écrire, compter, sur l’autel du divertissement.

   Ou bien encore de l’effondrement de l’apprentissage de l’histoire de France, devenue repentante et vidée de sa substance au profit d’une prétendue ouverture aux cultures africaines et orientales. Mais avant de s’ouvrir au monde, ne doit-on pas savoir d’où l’on vient ? Avant de parler d’union nationale, ne devons-nous pas la permettre en ressuscitant la fierté nationale d’un passé si riche, si singulier, si grand ?

   L’heure n’est plus aux remords, mais à l’action ! Le temps est venu pour nous de redonner au peuple l’espoir d’un avenir meilleur en démontrant calmement, sereinement, mais avec une implacable détermination que nous sommes en capacité d’opérer le redressement national. 

   Pour répondre à votre question, oui, Nicolas Sarkozy a selon moi toutes les compétences et qualités pour incarner ce nouveau souffle dont la France a besoin. Avant cela, il doit rassembler et remobiliser notre camp. Cela passe par la case UMP. Puisque Nicolas Sarkozy est revenu, nous devons lui donner un large succès pour préparer les futures échéances le mieux possible. Mais nous ne devrons pas réactiver la droite la plus bête du monde en nous divisant. Je pense, par exemple, à Bruno Le Maire, qui devra compter dans les années à venir. Il serait idiot de se passer de talents comme lui. 

   Par ailleurs, nous devrons oser une remise en question. Si nous avons perdu en 2012 c’est bien que nous n’avons pas totalement rempli le contrat. Les seuls mensonges de la gauche ne font pas tout. Il faudra donc que Nicolas Sarkozy aille plus loin, plus vite, plus fort. Il faudra tenir chaque promesse, ou ne pas les faire. Nous devons rendre de la noblesse à l’engagement politique. Cela passe par la reconstruction du lien de confiance avec les Français.

   Enfin, j’entends ceux qui hurlent à la droitisation comme raison principale de l’échec de 2012. Rien n’est plus faux ! Nous avons perdu car nous n’avons pas tout fait ou tout bien fait. Mais, à l’heure où le FN n’a jamais été aussi puissant, à l’heure où le bloc de droite n’a jamais été si large, en appeler au centre est une ineptie ! Nous ne devons pas nous tourner vers le centre, nous devons nous recentrer. Nous recentrer sur ce que nous sommes ! Assumer nos convictions devant les Français. Une fois que nous aurons réaffirmé notre rôle de grand parti de droite, alors nous pourrons discuter avec le centre pour permettre l’alternance en 2017. Mais une fois encore, attention à ce que l’union ne devienne pas confusion.

   Alors voilà, si j’ai un message à faire passer à Nicolas Sarkozy, c’est que nous sommes prêts ! Prêts à œuvrer sans relâche à ses côtés pour nos valeurs communes s’il est capable, et je n’en doute pas un seul instant, d’incarner à nouveau un grand parti de droite fier et sûr de ses valeurs. 

   Comme de nombreux jeunes UMP j’ai adhéré au moment de la campagne de 2007, je suis devenu élu municipal en 2008, tout juste majeur. Une véritable génération s’est alors constituée. Puisque vous m’interpellez en tant que jeune UMP, soyez assuré de la totale détermination de cette jeunesse fidèle à Nicolas Sarkozy. Avec Nicolas Sarkozy, nous sommes en marche pour créer les conditions d’un nouveau souffle pour l’UMP, pour la droite républicaine et, plus largement, pour la France !

 

Propos recueillis le 29/09/14

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Julien_Blanc_Galera

Julien BLANC-GALERA

J. Blanc-Galera, conseiller municipal à Mazères (09),

est assistant chargé des relations presse à l'UMP.

 

   L’UMP traverse depuis le psychodrame de l’élection interne ratée de 2012, de nombreuses difficultés. Si les problèmes financiers sont, aujourd’hui, sur le devant de la scène, il existe aussi des fractures idéologiques fortes au sein de la droite. Mais le principal problème réside en l’absence totale de chef et de leader incontesté.

   En ce sens, le retour de Nicolas Sarkozy est une bonne chose. Face aux autres candidats pour la présidence de l’UMP, il va apporter l’énergie et le punch nécessaires pour faire revivre le parti de droite et stopper toutes les querelles d’égo qui ont parasité le travail de l’opposition depuis deux ans.

   S’il ne peut incarner le renouveau, du fait de sa longue carrière politique, il possède l’expérience, la vista pour permettre à l’UMP de se doter d’un projet solide et de reconquérir la confiance des Français. Si l’élection interne n’est qu’une formalité - qu’il devrait gagner assez aisément -, il sera très compliqué pour lui et pour la droite de regagner la crédibilité perdue depuis deux ans.

   S’il veut réussir son opération, il devra avoir encore la volonté de briser les tabous et répondre au plus près des préoccupations des Français ; s’appuyer sur la jeunesse, qui est une précieuse force de propositions. La jeunesse est la force du monde présent, prolongé dans l’existence, donnons-lui ses chances !

 

Propos recueillis le 30/09/14

Retrouvez Julien Blanc-Galera sur Twitter...

 

 

Stéphane Tiki

Stéphane TIKI

Stéphane Tiki, auto-entrepreneur, est le plus jeune secrétaire national de l'UMP.

Également délégué national des jeunes UMP, il a cofondé le collectif Génération Sarkozy.

 

   Je me suis engagé en politique en 2006 lorsque j'étais à l'université Tolbiac. C'est Nicolas Sarkozy qui nous a donné l'envie de nous engager. Nous sommes la Génération Sarkozy.

   Depuis 2012, nous avons connu des querelles internes, notre famille politique ne parlait plus d'une même voix. Et malgré cela nous avons remporté une large victoire aux municipales avec cette vague bleue.

   François Hollande a beaucoup promis et a menti. Le gouvernement a supprimé la défiscalisation des heures supplémentaires, les peines planchers, la bourse au mérite.

   Aujourd'hui les Français attendent que l'on joue notre rôle de leader de l'opposition. Il est important de rappeler que l'on fait de la politique pour défendre nos valeurs , parce qu'on aime les gens et aussi parce qu'on est là pour servir les autres.

   À l'UMP, nous avons besoin d'un chef, nous avons besoin d'un leader et de quelqu'un qui peut renouveler, moderniser et rassembler notre famille politique. Et le seul qui rassemble notre famille politique et qui a l'expérience nécessaire, c'est Nicolas Sarkozy. Personne ne peut contester l'autorité de Nicolas Sarkozy.

   Il est essentiel que cette élection interne se déroule dans un climat de sérénité. Nous aurons besoin de Bruno Le Maire et Hervé Mariton, qui sont des talents de notre famille politique.

   Si j'avais un message à adresser à Nicolas Sarkozy, je lui dirais que nous, militants de l'UMP, sommes mobilisés pour défendre nos valeurs, battre la gauche et le Front national aux élections départementales et régionales.

 

Propos recueillis le 12/10/14

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Julien Mariller

Julien MARILLER

Julien Mariller est conseiller national de l'UMP.

 

   Le retour de Nicolas Sarkozy sur la scène politique est une bonne nouvelle. Je l’attendais avec une certaine impatience. Notre devoir est de construire un grand mouvement populaire qui rassemble et qui réconcilie durablement les Français avec la politique. Pour cela, nous travaillons à la refondation totale de notre famille politique, afin de rester crédible.

   Dans cette campagne pour la présidence de l’UMP, Nicolas Sarkozy souhaite être au plus prés des préoccupations de nos militants et de nos adhérents. Ses échanges directs avec un grand nombre d’entre eux dans les villes de France est un exercice plutôt assez inédit, mais indispensable.

   J’apprécie, par ailleurs, qu’il s’entoure d’une génération nouvelle pour relever l’ensemble ces défis. Je suis très heureux, par exemple, qu’une personne comme Laurent Wauquiez travaille en équipe avec lui. Dans cette campagne, Nicolas Sarkozy impose un renouveau tout en conservant son énergie et sa capacité à fédérer.

   Au-delà de notre formation politique, il y a la France. Elle s’abîme de jour en jour sous la présidence de François Hollande. C’est aussi la raison pour laquelle notre présence est capitale pour porter un projet nouveau et reconquérir le cœur de chacun des Français.

 

Propos recueillis le 12/10/14

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26 septembre 2014

Pierre-Yves Le Borgn' : "In fine, seul compte l'intérêt du pays"

   Il y a un peu plus d'un an, Pierre-Yves Le Borgn', député socialiste représentant les Français établis dans la septième circonscription de l'étranger (Europe centrale et orientale), acceptait de répondre à ma sollicitation pour un article, pour Paroles d'Actu (l'interview est à lire ici). À la mi-septembre, j'ai souhaité lui proposer de participer à nouveau au blog, d'une manière, cette fois, un peu différente de la première : un développement, une sorte de tribune "orientée" par un propos introductif.

   On trouvera, dans ce document, une analyse franche des causes et des conséquences - prévisibles - de l'impopularité record du chef de l'État, ainsi qu'un énoncé des leçons qu'il conviendrait - selon M. Le Borgn' - de tirer de cette situation. Je le remercie d'avoir, cette fois encore, joué le jeu, de nous livrer ainsi le fond de sa pensée, sans concession. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

PIERRE-YVES LE BORGN' 

 

«In fine, seul compte l'intérêt du pays»

 

Pierre_Yves_Le_Borgn_

(Source de l'illustration : P.-Y. Le Borgn')

 

 

   Vingt-huit mois après son élection à la présidence de la République, la rupture que l'on constate tous les jours entre nos concitoyens et François Hollande atteint des niveaux critiques : un sondage LH2 pour Le Nouvel Observateur le créditait récemment de 19% d'opinions positives, un autre signé TNS Sofres pour Le Figaro Magazine le gratifiant d'une cote de confiance ne dépassant pas 13% - deux chiffres largement en deçà de son socle électoral du premier tour de 2012 (28,6%). Une étude Ifop pour Le Figaro indiquait quant à elle que, dans le cas d'un second tour l'opposant à Marine Le Pen, la présidente du Front national battrait largement l'actuel locataire de l'Élysée (par 54% contre 46%).

   L'Assemblée nationale vient, par une majorité relative, de renouveler sa confiance au Premier ministre, Manuel Valls. Mais, s'agissant du peuple, qui constitue la base de la pyramide, rien, absolument rien n'est réglé : la défiance n'a peut-être jamais été aussi forte qu'aujourd'hui depuis l'instauration de la Cinquième République. J'aimerais vous demander, Pierre-Yves Le Borgn', en tant que député mais, surtout, en tant que militant socialiste, en tant qu'homme de convictions, de me dire, le plus sincèrement possible, ce que cette désaffection profonde vous inspire, comment vous voyez la suite ?

 

   Cette désaffection me peine, même si j’en comprends les causes. Les Français estiment, pour une large part à raison, que le changement promis pour « maintenant » dans la campagne présidentielle en 2012 n’est pas au rendez-vous. Ils ne reconnaissent pas le candidat qu’a été François Hollande dans le Président qu’est devenu François Hollande. François Hollande, dans sa campagne présidentielle, n’avait sans doute pas pris la pleine mesure du délabrement de nos finances publiques et du décrochage de notre économie. La gauche était dans l’opposition depuis dix ans et je souscris volontiers à ce déficit de perception.

 

   Il est possible aussi que le candidat n’ait pas, à dessein, suffisamment mis en évidence les mesures difficiles qu’il conviendrait de prendre aux lendemains des succès électoraux de mai et juin 2012. Ce souci de ne pas dire les choses brutalement est assez hollandais. Comme l’était également la croyance mécanique et en l’occurrence démentie par les faits d’une reprise économique mondiale nécessairement à venir qui tirerait la France au-dessus de la ligne de flottaison.  De fait, des propos qui se voulaient rassurants comme « La reprise est là » sont apparus totalement décalés par rapport à la réalité vécue par des millions de Français, qui prenaient dans la figure la progression continue des chiffres du chômage et les augmentations d’impôts.

 

   La société française crève du chômage de masse et du sentiment que renverser cette courbe est de l’ordre de l’impossible. Ce sentiment de résignation, de désillusion, de déclassement, de pessimisme, si ce n’est de déprime collective est terrifiant. Il vient de loin. Ce serait injuste d’en attribuer toute la responsabilité au Président Hollande, loin s’en faut. Reste que l’on ne peut ni ne doit s’en accommoder. Plus encore qu’en 2012, je crois à la nécessité de parler vrai, de parler cash, c’est-à-dire d’afficher toutes nos difficultés sans n’en atténuer aucune et d’afficher les efforts requis pour s’en sortir. Je n’ai pas d’affection particulière pour Churchill, mais il n’est pas inutile de parler de sueur et de larmes.

 

   Le rapport Gallois est pour moi l’acte fondateur du quinquennat. Il pose le diagnostic juste et implacable des carences de l’économie française. Il trace aussi le chemin à suivre pour restaurer la compétitivité perdue de nos entreprises, réduire nos déficits et notre endettement, en un mot retrouver la souveraineté que nous avons abandonnée, non à l’Europe mais aux marchés financiers par le laxisme budgétaire et les non-choix. Si l’on veut sauver le modèle français et notre pacte républicain, alors des politiques difficiles sont à mener, qui ne figuraient pas dans le programme présidentiel de François Hollande, c’est vrai.

 

   Au risque de détonner, j’estime que l’objectif d’un parti au pouvoir, a fortiori le mien, n’est pas de gagner les élections d’après, mais avant tout de tendre, dans les faits et par les réalisations, au progrès partagé. En cette fin de mois de septembre 2014, les résultats ne sont pas au rendez-vous et je comprends la colère des Français. Si les élections avaient lieu aujourd’hui, nous serions balayés, tant à l’élection présidentielle qu’aux élections législatives. Marine Le Pen serait au second tour et il resterait moins de cinquante députés PS à l'Assemblée nationale. L’électoralisme n’est pas une boussole. La fuite en avant de la dette et le retour de la dépense publique sans compter seraient une tragique erreur.

 

   Seul compte l’intérêt du pays, et celui-ci requiert que soient mises en place toutes les mesures d’ordre législatif et réglementaire procédant du pacte de responsabilité. Il faut réduire le coût du travail pour relancer l’investissement et donc l’emploi. J’ai confiance qu’à terme, cette politique portera ses fruits. À temps pour 2017 ? C’est possible, mais pas assuré. Il faut passer du dire au faire, revendiquer l’impopularité et, oui, prendre le risque de l’échec électoral pour assurer la réussite du pays et des Français. C’est l’idée que je me fais de l’action publique. J'ai confiance que le gouvernement de Manuel Valls conduit la France dans la bonne direction.

 

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Vous pouvez retrouver Pierre-Yves Le Borgn'...

 

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