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Paroles d'Actu
24 novembre 2012

Jérémy Coste : "Soyons, à l'UDI, les visionnaires du 21ème siècle"

Lors de notre premier échange, il y a trois mois, Jérémy Coste me faisait part de ses espoirs quant à une réorganisation prochaine de sa famille politique. C'est en ce sens qu'il avait rejoint l'aventure de la Force européenne démocrate, un mouvement visant à favoriser la constitution d'une confédération qui mettrait fin à l'éclatement des centres. Depuis, l'Union des démocrates et indépendants est née, sous l'impulsion de Jean-Louis Borloo. Depuis... l'UMP s'est embourbée dans un incroyable chaos post-électoral sur fond de divergences stratégiques profondes. Fillon-Copé. Une ligne assez proche des centristes, une autre qui se dit volontiers "décomplexée". Cette dernière semblant, aux dernières nouvelles, l'avoir emporté, plusieurs modérés du parti - dont Pierre Méhaignerie, ancien ministre - ont choisi de rejoindre l'UDI. La dynamique est là, elle est palpable. L'ambition est claire : faire émerger un grand parti qui, comme l'UDF en son temps, se poserait en partenaire incontournable pour la droite. Peser, de nouveau, pour être in fine en capacité d'imposer des débats, de porter ses idées. Exister, pas une mince affaire dans un système trop souvent structuré autour des affrontements perpétuels que se livrent deux blocs, parfois jusqu'à la caricature, toujours en dépit de l'intérêt national. Giscard espérait s'appuyer sur un consensus raisonnable, acceptable pour "deux Français sur trois". Borloo est déterminé à prendre le relais. Il croit pouvoir construire "une force centrale". Nouvelle rencontre avec Jérémy Coste, juste après l'assemblée constituante de l'UDI. Il en est l'un des co-fondateurs... et l'une des jeunes pousses les plus prometteuses du paysage politique actuel. Au mois d'août, il l'affirmait, la troisième voie, "j'y crois encore !". Plus que jamais... Merci. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JÉRÉMY COSTE

Membre de la Direction nationale provisoire UDI Jeunes

Porte-parole des Jeunes forces démocrates

 

"Soyons, à l'UDI, les

 

visionnaires du 21è siècle."

 

Jérémy Coste 1

(Photos fournies par Jérémy Coste)

 

 

Q : 23/10/12

R : 23/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Jérémy Coste. Il y a deux mois, vous évoquiez pour Paroles d'Actu la constitution de la Force Européenne Démocrate (FED), parti ayant pour vocation de faciliter la réunion des centres. Ce week end, l'Union des Démocrates et Indépendants, fondée sur les bases du groupe parlementaire du même nom, a officiellement fait son entrée sur la scène politique. Pouvez-vous nous parler des mouvements de coulisses, de ce qui a conduit à ce résultat ?

 

Jérémy Coste : Bonjour.

 

L’UDI est une chance pour notre pays. Entre la droite qui ne sait plus avec qui ni dans quelle direction elle doit travailler et une gauche alliée à l’extrême gauche, embourbées dans une soupe idéologique sans aucune cohérence, la France a besoin d’une nouvelle offre politique. C’est ce que nous leur offrons.

 

Pour répondre à votre question, cela faisait plusieurs mois que le rassemblement figurait parmi les objectifs de nos responsables politiques. Mais la présidentielle et les législatives, ajoutées aux problèmes d’égo entre nos leaders, n’ont pas permis de concrétiser ce désir. La défaite de l’ancienne majorité a précipité les choses et la montée du Front national nous a interpelés et pressés d’accélérer.

 

Cet été, Jean-Louis BORLOO affichait sa volonté de contribuer à la constitution d’un grand parti au centre de l’échiquier politique français. La création du groupe parlementaire nous a aidés.

 

Puis Jean-Christophe LAGARDE, devant l’absence effective de création d’un parti politique réunissant tous les courants du Centre, a décidé d’entreprendre la démarche en créant un mouvement destiné à dire haut et fort : « Nous, réunis au sein de la FED, voulons rassembler et travailler ensemble au sein d’une grande maison centriste. » Dès lors, de nombreux militants du MODEM, du NC et d’autres mouvements ont franchi le cap. La seconde pierre de l’édifice, après l’annonce de Jean-Louis BORLOO.

 

Finalement, nous avons concrétisé nos intentions, avec l’annonce le 18 septembre de la création d’un parti centriste portant le même nom que le groupe à l’Assemblée nationale : l’UDI.

 

Bien entendu, ce fut plus difficile que cela ne le paraît. Jean-Louis BORLOO a fait preuve d’un talent exceptionnel pour mettre tout le monde d’accord.

 

Il a su associer au-delà des parlementaires tous ceux qui depuis des mois œuvraient en faveur du rassemblement de notre famille. Cette démarche historique a été couronnée de succès dimanche 21 octobre - lancement de l’UDI à la Mutualité - par la présence de Valery Giscard d'Estaing et Simone Veil.

 

 

PdA : Je vous avais demandé, au mois d'août, sous quelle forme vous souhaitiez voir s'organiser la famille centriste éclatée. Vous aviez cité et décrit un fonctionnement de type confédéral, mais ce n'était (l'était-ce ?) que par pure hypothèse. Depuis, donc, l'Union des Démocrates et Indépendants est née. Alors, l'UDI, comment ça marche ?

 

J.C. : L’UDI est un regroupement d’hommes et de femmes venant de composantes diverses, toutes proches de l’ancienne UDF. Lorsque l'on réunit des militants et Français d’horizons différents, même s'ils partagent l'essentiel : des idéaux, il est utile d’avancer progressivement. Chacun doit se sentir respecté dans ses opinions. L’UDI, c’est l’union des centristes se revendiquant à la fois de la droite sociale comme Chantal JOUANNO, du radicalisme, qui depuis plus d'un siècle est attaché aux valeurs de la République, du libéralisme qui souhaite associer la liberté d’entreprendre aux libertés sociales, mais aussi des démocrates-sociaux pour qui la solidarité et le progressisme sont une priorité. L'UDI c'est aussi toute une partie de Français, respectueux des autres, qui souhaitent promouvoir la conservation de certaines valeurs historiques qui ont marqué et construit notre pays.

 

Face à cette diversité, il apparaît évident qu’un parti absolument intégré faisant fi des courants n’est pas envisageable dans un premier temps. L’exemple de l’UMP le montre bien. L’UDI est donc un parti fédérant à la fois des hommes et des femmes faisant le choix d’adhérer en direct, ou des partis politiques acceptant sa charte de valeurs, son règlement intérieur et ses statuts.

 

Il existe toutefois une différence notable avec l'UDF, où tout un système de quotas sclérosait l'organisation interne. À l'UDI, chaque adhérent a le même poids et est considéré de la même manière, quel que soit le parti fondateur dont il est adhérent. Jean-Louis Borloo l'a précisé : "Un adhérent, une voix".

 

L’UDI a le pouvoir d’établir le programme commun du Centre, établit les investitures et a un pouvoir de sanction.

 

Les courants - ou partis, c’est comme on veut – sont présents quant à eux pour faire valoir leur sensibilité au sein de l’UDI. Comme au PS ou à l’UMP et dans toutes les grandes formations politiques démocratiques, nous défendons le principe d’unité dans la diversité. C’est la condition de notre succès car rappelons-le, l’UDF a cessé de devenir un grand parti lorsqu’elle a supprimé ses courants… Ne reproduisons pas les mêmes erreurs.

 

 

PdA : Parmi les partis membres de l'UDI, il y a, entre autres, le Parti radical valoisien, la FED de Jean-Christophe Lagarde et d'André Santini, la vôtre... Le Nouveau Centre présidé par Hervé Morin, également. L'occasion d'un petit retour en arrière... Il y a encore quelques mois, vous étiez le président des Jeunes Centristes (NC). Après une campagne calamiteuse, Morin s'est rallié à la candidature de Nicolas Sarkozy, inscrivant de fait votre famille politique dans l'attelage du candidat UMP. Vous avez refusé ce choix à l'époque, et appelé clairement à voter pour François Bayrou. Quelque temps après, vous rompiez avec le parti. Qu'est-ce qui a provoqué ce choix ? Quels sont vos sentiments quant aux années que vous avez passées au Nouveau Centre, aux stratégies qu'il a adoptées ? Quid de vos relations avec Hervé Morin ?

 

J.C. : C’est un point qui me touche encore aujourd’hui. Ces deux dernières années ont été très pesantes… D’abord les divisions internes au sein du Nouveau Centre où j’ai toujours cherché à maintenir l’unité du mouvement jeune, partagé entre un soutien à Hervé MORIN ou à Jean-Christophe LAGARDE. Ce n’était pas simple mais grâce à une équipe soudée de grande qualité et un secrétaire général loyal, j’ai pu tenir deux ans (malgré des périodes de doute... l'abandon était proche). Bien-sûr, nous n’avons pas manqué de dire à l’un comme à l’autre, en privé ou publiquement, ce que nous pensions de leurs choix. C’est cela le rôle d’un mouvement jeune, de s’éveiller à la politique, de comprendre, analyser le fonctionnement de la démocratie et contester les choix de nos ainés quand ils nous semblent aller dans la mauvaise direction. Je dois dire qu’aussi bien Hervé MORIN que Jean-Christophe LAGARDE nous ont toujours laissé agir avec beaucoup de liberté et je les en remercie. Mais la tension existait et nous devions toujours contenter tout le monde. Difficile !

 

Puis il y a eu l’aventure présidentielle…

 

Il fallait choisir entre la fidélité en soutenant Hervé MORIN, notre président, ou celui de l’efficacité en soutenant le meilleur candidat, Jean-Louis BORLOO.

 

Personnellement, je suis fidèle à des idées, loyal envers des personnes. Pas l'inverse. Être fidèle en politique rime souvent avec « tu te jettes d’un pont, je te suis… » Je préfère donc le principe de loyauté qui consiste à faire ses choix en accord avec soi-même tout en étant transparent et honnête vis-à-vis d’autrui.

 

Concernant Hervé, je lui ai toujours communiqué en privé mes opinions, quand j’étais d’accord avec lui comme dans le cas contraire. Au final, je crois que nous avons eu du mal à nous comprendre puisqu’il a décidé de m’exclure sans un appel ni un message lorsque j’ai décidé d’accompagner la démarche de Jean-Christophe LAGARDE avec une grande partie de mon équipe nationale. J’avoue avoir mal vécu ce passage de mon parcours politique car lorsque vous donnez 5 ans de votre vie à un parti et que vous agissez en toute loyauté et toute franchise, vous attendez un minimum de respect. Aujourd’hui, je veux lui dire que je ne lui en veux pas. Il avait certainement ses raisons. De plus, Hervé est un homme qui a des qualités humaines incontestables. Je travaillerai avec lui comme avec tous ses proches sans aucun problème.

 

Face à ces tensions et cette exclusion, nous avons donc en juillet annoncé notre démission du Nouveau Centre pour montrer notre désaccord quant à l’exclusion de tous ceux qui, à travers ce soutien à Jean-Christophe LAGARDE, voulaient garantir l’union entre la FED et le NC. Rappelons tout de même que 5 ans, ça ne s’efface pas si facilement. Aujourd’hui, je suis heureux car nous nous retrouvons tous au sein de la même famille. Comme quoi il n’était peut-être pas nécessaire d’en arriver là. Regardons devant nous, à présent.

 

 

Jérémy Coste 2

 

 

PdA : Depuis cette rupture, vous êtes resté proche politiquement de personnalités qui, comme André Santini, Jean-Christophe Lagarde, avaient appelé, sans ambiguïté, à soutenir Nicolas Sarkozy, avant même le retrait de la candidature d'Hervé Morin. Vous faites partie, comme eux, de le FED. Qui elle-même a rejoint l'UDI présidée par Jean-Louis Borloo, ancien ministre de Nicolas Sarkozy et qui semble avoir l'intention d'ancrer son centre à droite, d'en faire un allié indispensable pour l'UMP, un peu comme l'ancienne UDF, finalement. Bayrou, lui, considère que l'UDI, c'est le retour de la "guerre des droites", droite à laquelle le centre, d'après lui, ne devrait pas se résumer. C'était aussi votre position. Avez-vous changé d'avis ? Vos convictions, celles qui consistent à dire qu'une voie indépendante et autonome est et doit être possible, cette "troisième voie" dont vous me parliez... ces convictions ne vous rapprochent-elles pas plutôt du président du MoDem, cet homme dont vous disiez qu'il est "le président qu'il nous faut" ? N'avez-vous pas finalement opté pour le réalisme, au risque de perdre, peut-être, un peu de vos idéaux ?

 

J.C. : Le réalisme, dans toute démocratie, est de gouverner le pays afin d’appliquer ses idéaux. François BAYROU l’a oublié. Il défend des idéaux sans jamais remettre en cause sa stratégie et le résultat, c’est l’échec. Je ne regrette rien de mon soutien à sa candidature car en tant que centriste, il était naturel et logique pour moi de défendre le projet centriste. Mais le second tour a été un choc car je ne pouvais pas envisager de soutenir un candidat allié à l’extrême gauche, quand bien même celle-ci dénonçait avec justesse certains problèmes de notre société. J’ai donc décidé de m’abstenir de tout soutien.

 

Mais aujourd’hui, de quoi parlons-nous ? Il s’agir de bâtir un nouveau modèle de société qui s’appuie sur une écologie du progrès et facteur de développement économique, une démocratie responsable et une Europe puissante et protectrice.

 

Dans ce sens, si je persiste à dire que François BAYROU aurait été un président fixant un cap utile au pays, j’affirme dans le même temps que son histoire de candidat appartient désormais au passé.

 

Jean-Louis BORLOO a su rassembler la famille centriste et modérée, il a su conquérir la confiance de figures telles que Simone Veil et Valery Giscard d’Estaing… On avait promis du changement aux Français, il est arrivé. Et ce n’est pas le PS ni le président de la République qui l’apportent mais l’UDI qui se veut utile, déterminée et indépendante. En contribuant à la fondation de l’UDI, je suis fier de participer à la reconstruction de la France.

 

Concernant notre positionnement, là aussi c’est très clair. Dans toute démocratie, il faut s’allier, travailler avec les autres et écouter les avis divergents. Mais il faut aussi s’associer à ceux dont on est le plus proche. Quand je vois le PS s’allier avec les extrêmes et l’assumer, je ne regrette pas de travailler avec ceux qui pour l’instant encore refusent ce principe d’alliance avec un courant extrémiste.

 

La droite républicaine incarnée par l’UMP est donc notre allié. Mais s’allier n’entraine pas la perte de notre indépendance. Au contraire, nous envisageons de devenir la première force de cette alliance.

 

J’interroge les militants du MODEM qui refusent la logique de coalition : comment peuvent-ils prôner le dialogue entre tous les Français et rejeter un dialogue clair et transparent entre les forces politiques de notre pays ?

 

 

PdA : Ces derniers jours, vous avez fait part de votre enthousiasme à l'idée de voir intervenir à l'occasion du congrès fondateur de l'UDI le président Valéry Giscard d'Estaing, ainsi que Simone Veil. Deux symboles très forts d'un centre qui, bien que soutenu par une majorité de droite, a su faire entendre sa voix. Vous faites partie de la toute jeune génération de centristes, vous n'étiez même pas né en 81. Quel regard portez-vous sur ces illustres aînés ? En quoi sont-ils, pour vous, une source d'inspiration ? Quel héritage ont-ils laissé à la France, à votre famille politique ?

 

J.C. : Depuis l'âge de 15 ans, quand j’ai commencé à m’intéresser à la politique, j’ai toujours eu beaucoup de respect pour le Président Giscard d'Estaing. Cet homme qui fut élu très jeune a su gérer notre pays avec un sens des responsabilités inégalé. Je ne citerai que quelques réformes et aspects de sa gestion pour montrer que la France dirigée par le Centre, c’est tout de même autre chose qu’une France dirigée par la Gauche et la Droite qui n’ont cessé de faire décliner notre pays.

 

• La loi sur l’avortement

 

• La fin de la censure dans les media

 

• La confiance placée dans la jeunesse leur accordant le droit de vote dès 18 ans

 

• L'un des derniers budgets voté en équilibre

 

• Un président accessible allant à la rencontre des français

 

• Les premiers actes de décentralisation et des conseils des ministres décentralisés en région

 

• …

 

Le Président Giscard a fait passer la France dans un siècle nouveau, Borloo la fera évoluer à nouveau.

 

Concernant Simone VEIL, cela se passe de commentaires. C’est une grande dame de la République qui est devenue un symbole tant elle apporte et représente la France à travers ses combats.

 

Ce que je veux pour notre pays, c’est cela : des hommes et des femmes de courage qui ne se taisent jamais face au conservatisme et à l’adversité. Ces personnes-là marchent dans le sens de l’histoire, ce sont des visionnaires. À notre tour, je veux que nous soyons, à l'UDI, les visionnaires du 21ème siècle.

 

 

PdA : Quelles images fortes, quels souvenirs garderez-vous de l'assemblée constituante de l'UDI ?

 

J.C. : Je garde le souvenir d’une famille retrouvée et souriante. Et pour toujours, je garderai l’image de ces deux personnages de l’histoire de France qui par leur présence nous ont témoigné leur soutien.

 

Le flambeau de la famille humaniste nous a été transmis. À nous de nous en montrer dignes.

 

 

PdA : Petit décrochage... une question d'actualité. L'UMP aussi est en mouvement, en ce moment. Dans un mois, les militants de l'ex-parti majoritaire éliront leur nouveau président. En lice : l'ancien Premier ministre François Fillon et l'actuel secrétaire général du parti, Jean-François Copé. Vous avez été séduit, un temps, par l'énergie de Nicolas Sarkozy. Vous vous verriez faire partie de l'UMP d'aujourd'hui ?

 

J.C. : Non. Cette machine relativement puissante aujourd’hui incarne des idées du passé, la peur et la nostalgie. Les Français veulent et ont besoin de modernité.

 

 

PdA : Revenons au centre. Cette question reprendra en partie ce que nous avions déjà abordé la dernière fois, mais exprimer ses convictions, en parler plusieurs fois, ça n'est jamais de trop, je crois... Sur quels sujets l'UDI présente-t-elle des propositions véritablement originales, justifiant sur le fond son ambition d'établir une troisième voie ? Sur les institutions, notamment, sur l'équilibre des pouvoirs, sur la proportionnelle, sur l'horizon "Sixième république", l'UDI porte-t-elle une plate-forme réellement ambitieuse ?

 

J.C. : Il est trop tôt pour vous parler du programme car celui-ci sera réalisé avec les Français. Nous voulons associer tous ceux qui le souhaiteront à la définition de notre plateforme politique car ce sont les Français qui pourront le mieux nous aiguiller sur leurs priorités. C’est pourquoi je suis depuis toujours un ardent défenseur des associations qui chaque jour rencontrent, échangent et construisent la société de demain.

 

Je pense qu’il est capital d’associer au maximum les associations à nos équipes chargées de réaliser le projet.

 

Bien entendu, celui-ci sera axé autour des valeurs fortes telles que l’Europe protectrice, la décentralisation, l’écologie progressiste. Mais derrière ces grands principes, il est temps de mettre des propositions concrètes et se fixer des objectifs, pour que nos propositions soient enfin appliquées. Voilà notre défi : associer le plus grand nombre de Français pour définir notre programme et tout mettre en œuvre pour conquérir le pouvoir.

 

Et comme je l’ai fait avec les jeunes il y a plusieurs années, je souhaite que le mouvement jeune de l’UDI et l’UDI elle-même, créent une structure militante entièrement dédiée à la réflexion et la réalisation de notre projet en lien avec des associations et des partenaires compétents. Cette structure, impliquant des militants de l’UDI, qu’on pourrait qualifier d’Agora Citoyenne serait sous la responsabilité de Jean-Christophe FROMANTIN, justement chargé de réaliser notre projet avec les Français. Je ne supporte plus que les partis fassent appel à des Think-tank des beaux quartiers parisiens, déconnectés des problèmes des Français, pour préparer leur programme. Il est temps que les responsables des formations politiques fassent confiance à leurs militants et aux Français.

 

Le meilleur Think-tank de l’UDI, ce sont les Français, donc nos militants en partie.

 

 

PdA : Jean-Louis Borloo est donc le leader de l'UDI. Que pensez-vous de lui ? Quelle est, désormais, votre stratégie non de reconquête, mais de construction d'une offre politique alternative ? Comment comptez-vous vous y prendre ? Sur la base de quels résultats, et à quelles échéances, jugerez-vous du succès ou de l'échec de cette expérience ?

 

J.C. : Jean-Louis BORLOO est un homme qui sait fédérer les talents, concentrer l’énergie pour atteindre ses objectifs. Par la concertation et l’esprit d’équipe, chacun se sent utile. Cela favorisera l’efficacité de nos actions. BORLOO est une énergie positive. Pour atteindre notre objectif de reconquête, Yves JEGO est chargé de mettre en place un gouvernement alternatif. Ce dernier répondra à toutes les initiatives du gouvernement. Lorsque les choix n’iront pas dans l’intérêt de la France et des Français, nous contesterons et nous proposerons des solutions alternatives ou d’autres pistes de réflexion. C’est cela l’opposition constructive. Une opposition utile, déterminée et indépendante, qui va au-delà des polémiques et des vociférations stériles.

 

 

PdA : Quel message, Jérémy Coste, souhaiteriez-vous adresser aux Français ?

 

J.C. : Je veux dire aux jeunes qu’il est temps de se réveiller. On a mis du temps, nous autres centristes, à prendre conscience de l’urgence sociale et de la nécessité du rassemblement mais aujourd’hui, l’UDI autour de Jean-Louis BORLOO est en marche. Elle incarne ce rêve et cette évolution dont la France a besoin pour espérer à nouveau. Je refuse que la France soit un pays de repliés ou d’assistés, qui attendent tout de l'État parce qu'ils ont perdu espoir en leurs propres capacités.

 

 

PdA : Quel message adresseriez-vous à François Bayrou ?

 

J.C. : Qu’il nous rejoigne pour mettre définitivement fin à la division centriste et pour nous aider à faire gagner la France. Sa vision est intéressante.

 

 

PdA : Une question peut-être un peu plus personnelle... L'Outre-mer compte beaucoup à vos yeux et dans votre coeur. Est-ce un sujet que vous aimeriez évoquer un peu plus longuement en notre compagnie ?

 

J.C. : En effet, j’ai grandi dans la culture créole car ma mère est réunionnaise. Marqué par cette belle culture, je sais à quel point l’Outre-Mer a des choses à nous apprendre en matière de tolérance, de dialogue social. L’Outre-Mer est la première richesse de France. Trop peu exploitée, je ferai tout dans les prochains mois pour la valoriser et en faire une priorité…

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci !

 

M.C. : Au niveau européen, je suis fier, comme l’ensemble des citoyens européens, que l'UE ait remporté le prix Nobel de la paix. Au nom des Jeunes Forces Démocrates, je demande que celui-ci soit remis au président du Parlement européen, seul représentant du peuple européen, et à 27 enfants.

 

 

Sur un plan international, je rappelle mon soutien à la cause palestinienne. Je rêve d’une paix durable entre Israël et la Palestine. Cela passe par la reconnaissance de l’Etat palestinien. J’espère que l’Union européenne et la France soutiendront le Président de l’Autorité palestinienne dans son combat pour la liberté et l’indépendance.

 

 

 

Une nouvelle fois, merci à Jérémy Coste pour ses réponses, pour nos échanges. Phil Defer

 

 

 

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Jérémy Coste, la première interview Paroles d'Actu (sa présentation, ses idées...)

 

Le site de Jérémy Coste

 

Le site de l'Union des Démocrates et Indépendants

 

Le site de la Force Européenne Démocrate

 

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8 novembre 2012

Mickaël Camilleri : "François Hollande, nous ne voulons pas de votre France !"

Mickaël Camilleri n'a pas vingt ans lorsqu'il décide de s'engager en politique. La révélation, il la doit à un homme : Nicolas Sarkozy. Le futur candidat à la présidence de la République exalte le mérite, la possibilité de s'élever dans la société pourvu que l'on s'en donne la peine. Un discours qui touche au coeur ce jeune biterrois issu d'une famille modeste. La volonté, il l'a. Il en est sûr, il y arrivera... Il adhère à l'UMP en 2006. Parallèlement à ses études, brillantes, il s'implique sans compter dans la vie militante du parti du président. Une amitié teintée d'une admiration mutuelle le lie à Benjamin Lancar. Ils s'allient et se fixent pour objectifs de structurer la jeunesse, de former les futurs cadres de la droite. Préparer l'avenir... Lancar est à la tête des Jeunes populaires depuis 2008. Mickaël Camilleri a la charge, à ses côtés, de "la Formation et du maillage territorial". Les désillusions du printemps 2012 digérées, son cheval de bataille, c'est désormais la "reconquête militante". Sa fidélité à Sarkozy est plus forte que jamais mais, prenant acte de son retrait, il choisit de se ranger derrière François Fillon dans la lutte pour la présidence de l'UMP. Copé ? Fillon ? Le 18 novembre, les militants trancheront. Merci, Mickaël Camilleri, d'avoir répondu à mes questions. L'interview confession d'un citoyen dont on n'a sans doute pas fini d'entendre parler... Et six mois après l'élection de François Hollande, une intervention "coup de poing". Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICKAËL CAMILLERI

Délégué National Jeunes Populaires en charge de la Formation et du maillage territorial

Membre fondateur des "Jeunes avec Fillon"

 

"François Hollande, nous ne

 

voulons pas de votre France !"

 

Mickaël Camilleri

(Photos fournies par Mickaël Camilleri)

 

 

Q : 17/07/12

R : 08/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ? (ce que vous faites, aimez, vos références dans la vie, ce qui vous a conduit à vous engager...)

 

Mickaël Camilleri : Je suis originaire de Béziers, dans l’Hérault. C’est tout naturellement dans ce beau département de l’Hérault que j’ai décidé, dès 2005, de débuter mon engagement politique. A la base, rien ne me prédestinait à la politique : aucun antécédent familial, aucune relation particulière, aucune ressource à disposition, j’ai dû démarrer de zéro.

 

C’est justement mon origine familiale très modeste qui m’a convaincu, très tôt, de m’engager en politique aux côtés de la droite républicaine. Je viens de quartiers où la France achète le silence des plus démunis à coup d’allocations ! Ayant toujours été entouré durant mon enfance de « bénéficiaires » de minima sociaux, j’ai eu l’occasion, tous les jours renouvelée, de m’apercevoir ô combien ce système, loin d’aider ses destinataires, les enfonçait en réalité dans une situation de dépendance totale, pouvant provoquer chez nombre d’entre eux un sentiment d’inutilité sociale allant même jusqu’à une certaine forme de reniement de soi. Ne sachant plus pourquoi ils se lèvent le matin, étant réduits, par un système qui les étouffe, à une simple main tendue, la France croit les aider en leur versant, chaque mois, une sorte d’obole institutionnalisée… En réalité, elle leur enlève, chaque jour un peu plus, le seul bien restant à ceux qui n’ont plus rien : leur dignité de personnes capables de s’en sortir par elles-mêmes.

 

Cet « État-Providence » là n’est en rien providentiel. Il est aliénation et déliquescence. Il est avilissant et inhibant. Et, dans cette réalité là, ce ne sont nullement les femmes et les hommes qui en « bénéficient » qui sont à combattre ou à vilipender, ce sont plutôt ceux qui, par idéologie, folie ou démagogie, ont eu le tort terrible de ne leur proposer que ce système.

 

C’est contre ce système que j’ai décidé de m’engager en politique, contre cette politique d’assistanat généralisé qui enferme et détruit. Lorsque j’ai vu émerger dans le débat politique français un homme souhaitant « refaire de la valeur travail le socle de notre pacte républicain », voulant « faire de la méritocratie républicaine la voie d’ascension légitime de tous ceux qui s’en donnent les moyens, alors je n’ai pas hésité une seule seconde ! Cet homme-là s’appelait Nicolas SARKOZY, j’avais 19 ans.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

 

M.C. : La Présidence de Nicolas SARKOZY nous a appris la signification d’un mot, d’une valeur : le COURAGE ! Courage contre les immobilismes, courage contre les conservatismes, courage contre toutes les formes de fatalisme. Car Nicolas SARKOZY ne nous a pas seulement rendus fiers des valeurs qui sont les nôtres – le travail, la liberté, la Nation, la responsabilité individuelle -, il nous a également transmis une « certaine idée de la France » comme d’autres ont pu dire avant nous, et surtout une certaine manière de s’engager pour son pays : s’engager pour des valeurs trop souvent niées ou conspuées, s’engager pour une Nation à laquelle on doit tant - et surtout moi qui ai toujours été boursier -, s’engager face à tous les Cassandre et les déclinologues qui nous président et nous expliquent à longueur d’articles en quoi la France est un pays fini, mais en quoi ils sont les premiers à en revendiquer encore et toujours les privilèges d’un autre temps !

 

Au final, pour moi comme pour de nombreux militants qui se sont éveillés à la politique grâce à Nicolas SARKOZY, son action en tant que Président de la République fut en quelque sorte une école de vie. Une école où nous avons appris à nous battre pour nos convictions, une école où, surtout, nous nous sommes engagés dans quelque chose de plus grand que nous, de plus grand que nos petites vies et de nos petits problèmes. Ce quelque chose s’appelle la France !

 

À cette école du courage qu’était Nicolas SARKOZY Président de la République, j’étais fier de me battre, à mon petit niveau, pour voir nos universités enfin réformées avec la LRU, pour voir le travail payer plus que l’assistanat avec le RSA, pour voir une France écoutée et respectée dans le monde, que ce soit à la tribune de l’ONU ou à Bruxelles, etc. L’Histoire jugera le bilan de Nicolas SARKOZY, pas les commentateurs. D’ores-et-déjà, une majorité de Français le regrettent : je suis le premier d’entre eux !

 

 

PdA : Comment avez-vous vécu sa défaite du 6 mai, et comment l'expliquez-vous ? Quelles leçons tirez-vous de ces échecs électoraux de 2012 ?

 

M.C. : Comme nombre de mes ami(e)s engagé(e)s, j’étais à la Mutualité ce soir du 6 mai 2012. Certains diront que j’ai été naïf, mais j’y ai sincèrement cru jusqu’à la toute dernière seconde. J’étais convaincu que les Français avaient compris, qu’ils ne se laisseraient pas embobiner par le discours démagogique de François HOLLANDE. J’ai eu tort.

 

À 20h01, je n’ai pu retenir mes larmes. Quand une journaliste de Marianne est alors venue me demander, un sourire en coin, si j’étais déçu, question aussi stupide que provocante dans un tel moment, j’avoue l’avoir sérieusement rembarrée, y voyant là l’ultime pied de nez d’une certaine presse qui a tant fait pour voir son champion accéder à la Présidence.

 

Je ne suis cependant pas amer de cet épisode. Quand on est démocrate, il faut savoir accepter les règles et les résultats de la démocratie. Je remarque seulement qu’on nous annonçait une Bérézina électorale, nous avons eu une défaite de justesse. On nous annonçait une fin de règne morne et acerbe, nous avons eu un Nicolas SARKOZY plus digne et flamboyant que jamais ! Lors de son discours d’au revoir (je me refuse à dire d’adieu), je me suis senti plus sarkozyste que jamais.

 

« Soyons dignes, soyons patriotes, soyons Français » : cet appel restera pour moi comme une véritable ligne de conduite adressée tout particulièrement à nous, les jeunes, qui allons devoir continuer son œuvre. C’est en outre la meilleure réponse à tous ceux qui inlassablement, pendant 5 ans, ont tenté de nier la stature présidentielle de Nicolas SARKOZY. En faisant preuve d’autant de recul, d’autant de sérénité, d’autant de conviction, Nicolas SARKOZY n’a pas seulement montré qu’il fut un grand Président, il a montré qu’il incarnait à lui tout seul la fierté d’être Français ! Et au travers lui, nous l’avons tous ressenti ce soir du 6 mai ; ce fut probablement la meilleure chose qu’il pouvait nous laisser en héritage.

 

Finalement, ce 6 mai fut un rendez-vous manqué avec l’Histoire, comme les Français en ont eu si souvent le secret au fil des siècles. Ce 6 mai aurait pu inscrire dans le marbre la volonté de ce pays d’aller de l’avant, de se réformer, pour prendre de nouveau la place qui doit être la sienne ; ce fut finalement la victoire des petits arrangements entre camarades et corporatismes de tous poils. Ce fut finalement la victoire de la peur : peur de changer, peur de s’adapter, peur de grandir !

 

 

PdA : Avec le recul, avez-vous des regrets par rapport à cette campagne ? Certaines choses auraient-elles dû être faites différemment ? Avez-vous toujours été totalement à l'aise avec la campagne menée ?

 

M.C. : Vu notre point de départ, nous ne pouvons être qu’admiratifs du travail mené sans relâche par les militants et en particulier par le premier d’entre eux : Nicolas SARKOZY. Personnellement, je ne fais pas partie de ceux qui se permettent de juger a posteriori. Je suis également choqué par tous ceux qui ont réclamé un droit d’inventaire du sarkozysme et en particulier de cette dernière campagne. Je n’ai jamais compris comment des personnalités de notre famille politique ont pu se laisser prendre au vieux piège mitterrandien de la « droitisation » : assumer ses convictions, avoir le courage de proposer des solutions fortes, c’est se droitiser ? Non, c’est prendre le risque de la vérité, même si celle-ci dérange ou fait mal, au détriment de la facilité.

 

Au final, cette campagne a été l’occasion de se rendre compte à quel point le « logiciel » intellectuel de gauche, en place depuis les années 1980, est solidement ancré dans notre pays. Un logiciel qui veut qu’on ne puisse pas parler d’assistanat sans être insultant envers les plus démunis, qui veut qu’on ne puisse pas parler d’immigration sans être taxé de racisme, qui veut qu’on ne puisse pas aborder la question de la sécurité sans être caricaturé en dictateur liberticide.

 

Ce logiciel a sa logique propre. Il a également son langage propre : un vocabulaire politiquement correct inondant les média qui nous imposent quoi dire et surtout, quoi penser. Un logiciel qui détermine à lui seul la référence du bien (la solidarité forcée, le multiculturalisme bienheureux, le laxisme de fait, la tolérance à tous les étages) et du mal (le libéralisme, forcément « néo » ou « ultra », la sécurité, forcément « répressive » et « aveugle », l’entreprise, forcément « exploitante » et « aliénante », la famille, forcément « dépassée » et « inadaptée », etc.). Et tous ceux qui oseraient transgresser cette pensée unique subiront les foudres impitoyables de SOS Racisme, de la Licra, des associations gay, de « gens du voyage », des sacro-saints syndicats, des intellectuels autoproclamés, etc.

 

Nicolas SARKOZY a dû se battre seul contre tous ces agents de l’immobilisme, du conservatisme. Il a dû endosser le rôle, forcément ingrat, du réformateur. Donc non, je n’ai pas de regret. Je n’ai pas de regret car j’ai été aux côtés d’un homme contre lequel tout avait été déployé et qui a pourtant tenu bon, jusqu’au bout ! Surtout je n’ai pas de regret car Nicolas SARKOZY a eu raison d’assumer le positionnement qui a été le sien. Car ce logiciel de gauche a une autre fonction, beaucoup plus pragmatique au service de nos camarades socialistes et syndiqués : diaboliser les idées de droite jusqu’à ce que la droite elle-même les renie, les laissant ainsi à disposition du Front National. Ce vieux piège, mis en place par François MITTERRAND, qui a créé de toutes pièces Jean-Marie LE PEN pour affaiblir le RPR et l’UDF de l’époque, est devenu aujourd’hui un poison si fort pour l’UMP qu’il dépasse, à n’en point douter, toutes les attentes de son créateur. En 30 ans, ce poison a fait perdre à la droite toutes les régions, la majorité des départements et des grandes villes, le Sénat et l’Assemblée ! Le seul qui ne s’est pas laissé administrer ce poison, c’est Nicolas SARKOZY : il a eu raison !

 

 

PdA : Qu'est-ce qui vous révolte, vous donne envie d'agir dans le monde d'aujourd'hui ?

 

M.C. : De manière générale, je ne sais rester spectateur devant les événements : j’ai besoin d’en être acteur ! Car je ne fais pas partie de ceux qui se satisfont de ronchonner dans leur coin sans jamais avoir le courage de porter sur la place publique leurs griefs. C’est finalement cela l’engagement politique : ne pas en rester à la critique stérile, mais avoir le courage de construire.

 

J’ai déjà explicité plus haut le scandale insidieux que constitue pour moi la politique d’assistanat généralisé à laquelle se livre notre pays depuis 30 ans. Une politique qui, sur la base de bons sentiments, empêche en réalité toute chance d’aboutir aux résultats qu’elle s’était fixée : on ne favorise pas le retour à l’emploi, on enfonce dans l’« inemployabilité » en s’obstinant dans une indemnisation passive sans contrepartie ni formation qualifiante ; on ne consent pas les moyens d’une vie digne, on nie la dignité même des individus en ne leur donnant pas l’opportunité de subvenir par eux-mêmes à leur propre existence. Ce scandale n’est pas seulement social, il est également psychologique pour ses « bénéficiaires ».

 

Ce scandale est également pour moi ce qui constitue aujourd’hui l’un des principaux déterminants du Front National. Certes, le vote Front National est encore sûrement déterminé par des considérations liées à l’immigration dans l’imaginaire collectif de ceux qui ont fait ce choix. Mais ce vote est à mon sens aujourd’hui la résultante d’une réalité beaucoup plus quotidienne, beaucoup plus pragmatique. Quand dans un même immeuble HLM, vous avez du côté droit du pallier, un SMICard qui se lève à 6h du matin, bosse 8h par jour et ne touche aucune aide, voire est fortement taxé via la CSG, la taxe d’habitation, l’impôt sur le revenu, etc. et du côté gauche du pallier, quelqu’un qui ne se lève pas forcément pas le matin, qui ne cherche pas ardemment un emploi, qui touche quasiment autant que son voisin en cumulant le RSA, la CMU et sa complémentaire, l’allocation logement à taux plein, les bourses pour les enfants, la gratuité des transports, cantines, etc., comment ne pas comprendre que le premier en est assez et vote, en signe de protestation contre un système qui lui demande tant et lui rend si peu, pour le Front National ?

 

C’est à mon sens sur cette thématique centrale de l’assistanat que la droite républicaine doit aujourd’hui avoir un discours fort et audible. À défaut, elle laissera un boulevard au Front National qui, aujourd’hui comme hier, s’est toujours nourri de ces scandales du quotidien. Je me souviens qu’après Nicolas SARKOZY, le second à avoir eu un discours tout à fait déterminé en la matière s’appelait Laurent WAUQUIEZ. Là encore, quels procès ne lui a-t-on pas fait ? « Cancer de la société », mon Dieu, indignation ! Cris d’orfraies d’autant plus hypocrites qu’ils feignaient de croire qu’il n’était pas question des personnes vivant de ce système, qui en sont bien sur les premières victimes, mais le système lui-même qui crée plus de pauvreté qu’il n’en réduit. Cris d’orfraies d’autant plus insidieux que le procès sur la forme permettait ainsi de délégitimer toute action sur le fond avant même d’avoir pu en débattre. Là encore, le logiciel de gauche en action… Pourtant, ce cri d’alarme de l’ancien Ministre de l’Enseignement Supérieur n’était en rien fait pour montrer du doigt, mais bien pour proposer : limitation de tous les minima sociaux à 75% du SMIC, 7h de travail pour la collectivité en juste retour de l’aide que celle-ci vous apporte, etc.

 

Aujourd’hui, pour toutes ces raisons et parce que j’ai de la mémoire, je soutiendrai lors de notre Congrès la motion Droite Sociale présentée par Laurent WAUQUIEZ.

 

 

PdA : Que vous inspire la situation de notre pays ?

 

M.C. : La direction que prend notre pays depuis quelques mois m’inquiète profondément. A peine sorti de mes études, j’espérais entrer dans un monde professionnel valorisant l’initiative, la prise de risque, l’engagement citoyen. Je me retrouve dans un pays crachant sur ses entrepreneurs, étouffant les créateurs d’emploi, faisant la chasse aux sorcières aux reliquats du sarkozysme. Il ne fait pas bon être entrepreneur aujourd’hui en France, il ne fait pas bon d’être de droite non plus !

 

Le matraquage systématique des classes moyennes auquel se livrent avec méthode François HOLLANDE et Jean-Marc AYRAULT ne pourra conduire qu’à une révolte de cette majorité silencieuse, qui finira par en avoir assez de toujours payer pour un système dont elle ne profite pas ! Elle finira par en avoir assez d’alimenter ce tonneau des Danaïdes, nourrissant chaque mois toujours plus d’intérêts particuliers, toujours plus de corporatismes ! Elle finira par en avoir assez d’être seule à porter à bout de bras un pays à un bout de souffle, se préoccupant constamment davantage de ceux qui en réclament toujours plus, tout en ignorant ceux sur lesquels tout repose. Le jour où cette majorité silencieuse d’employés, d’ouvriers, d’artisans, de professions libérales, d’agriculteurs, de commerçants, de cadres, en aura assez d’être les dindons de la farce et aura décidé de le dire haut et fort, j’espère que l’UMP sera à ses côtés ! Pour ma part, j’y serai. Incontestablement.

 

 

PdA : Quels sont pour la France les enjeux majeurs de cette décennie ? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à notre avenir collectif ?

 

M.C. : La compétitivité de notre économie doit être la préoccupation première de nos politiques. La France ne vit pas seule. Il n’y a pas le monde d’un côté et la France de l’autre qui, seule, pourrait s’absoudre des impératifs de l’économie mondiale. Pendant que nous débattons sur le fait de travailler deux ans de plus, l’Allemagne et le Royaume-Uni mettent en place plus de flexibilité pour leurs entreprises. Pendant que nous débattons sur le fait de travailler 35 ou 39h, la Chine et l’Inde ont sorti des centaines de millions de personnes de la grande pauvreté en acceptant les règles de l’économie de marché et en devenant les ateliers du monde. Pendant que nous débattons sur le fait d’avoir 5 semaines de congés payés, les États-Unis baissent leur coût du travail et investissent massivement dans la recherche. Bref, pendant que nous parlons, d’autres agissent. Et ils agissent vite !

 

Si la France veut redevenir cette force motrice du monde, elle ne peut continuer d’ignorer le monde qui l’entoure, justement ! En outre, s’obstiner à défendre nos fameux « acquis sociaux » est le pire service que l’on puisse rendre à notre système de protection sociale. Oui, nous avons la protection sociale la plus développée et oui, nous pouvons en être fiers et vouloir la conserver. Mais ce n’est pas en refusant de l’adapter à la réalité des temps présents que nous la conserverons, nous la ferons, au contraire, imploser. Défendre efficacement notre protection sociale, c’est savoir aujourd’hui sauvegarder l’essentiel populaire et abandonner l’accessoire corporatiste : céder aux pressions de ceux qui cumulent déjà tant de privilèges, c’est assurément conduire notre protection sociale à la faillite.

 

Je suis par nature optimiste. J’ai confiance en mon pays et en la capacité des Français de se rendre compte, finalement, des nécessités de notre temps. Mais je sais que des forces adverses sont à l’œuvre et je m’inquiète pour ma génération qui, au final, devra payer pour quatre décennies payées à crédit ! Car la vérité est là, nous succédons à une génération qui s’est fait plaisir en s’octroyant une série de droits dont elle n’avait pas le premier centime pour les financer ! C’est donc à nous de payer la facture. Nicolas SARKOZY avait commencé à mener cette œuvre réformatrice destinée à réduire le fardeau pesant sur nos épaules. Aujourd’hui, François HOLLANDE nous rajoute des sacs de sable sur le dos…

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les débuts du président Hollande, de l'assemblée rose et du gouvernement Ayrault ? J'imagine que votre réponse ne sera pas totalement favorable, mais y'a-t-il au moins des points sur lesquels vous considérez qu'"à la limite", de bonnes choses sont réalisées ou en passe de l'être ?

 

M.C. : Ces premiers mois ont été marqués par un amateurisme permanent qui coupe vraiment, c’est le moins qu’on puisse dire, avec l’image de la fonction présidentielle que nous avait laissée Nicolas SARKOZY : volontaire, déterminé, en première ligne. Aujourd’hui, c’est le règne de l’improvisation et du clientélisme : on remercie les écologistes en sacrifiant l’indépendance énergétique de la France pour mieux se renier, on remercie les camarades syndiqués en leur promettant un « redressement productif » pour finalement les abandonner à Aulnay, on remercie les amis enseignants en leur promettant des salles des professeurs remplies à craquer, sans s’apercevoir que c’est ainsi qu’on tuera définitivement l’Éducation Nationale, etc.

 

Au final, la Présidence de François HOLLANDE, c’est le reniement permanent. Et il ne pouvait en être autrement au regard du caractère parfaitement intenable du « programme » qu’il a proposé aux Français ! C’est pourquoi, avec un certain nombre d’amis, nous avons lancé une initiative nationale appelée « LES RENIEMENTS, C’EST MAINTENANT » compilant chaque trahison, chaque promesse non-tenue de François HOLLANDE et de son Gouvernement. Et notre matière est sans cesse renouvelée !

 

Cependant, quelquefois ce même Gouvernement a des éclairs de lucidité. Quand il se rend compte que non, on ne renégocie pas seul un traité faisant consensus chez les 26 autres. Quand il se rend compte que seule la fermeté permet de lutter efficacement contre le terrorisme. Quand il se rend compte qu’on ne gagne rien à insulter les investisseurs et les créateurs d’emplois dans ce pays. Bref, ce Gouvernement n’est jamais aussi bon que lorsqu’il essaie de faire du SARKOZY. Il essaie seulement, malheureusement…

 

 

PdA : Après la défaite, et avant la reconquête... la réorganisation. Celle d'un appareil, et celle des idées. Qui aimeriez-vous voir élu(e) à la tête de l'UMP à l'automne prochain, et pourquoi ?

 

M.C. : Je fais partir de ceux qui n’auraient pas hésité une seule seconde à soutenir de nouveau Nicolas SARKOZY si celui-ci avait décidé de se représenter à la Présidence de l’UMP. Cependant, il n’en a pas décidé ainsi. C’est son choix, nous devons le respecter.

 

Aujourd’hui, j’ai donc choisi, en conscience, de soutenir François FILLON. Pour moi, il représente le mieux l’héritage d’action sarkozyste. Face à tous ceux qui essaient de s’inventer des brevets en « sarkozysme patenté », François FILLON a été aux côtés de notre ancien Président pendant 5 ans, sans relâche, à porter toutes les réformes ambitieuses et difficiles dont notre pays avait besoin. Et même avant, puisque c’est lui qui a piloté la rédaction du projet présidentiel de Nicolas SARKOZY en 2005 et 2006. Alors que pendant tout le début du quinquennat, certains n’ont pas facilité la tâche de Nicolas SARKOZY en cherchant à ériger face à lui un véritable contre-pouvoir (« hyper-parlement », etc.), on ne peut que constater que le sarkozysme, c’est comme l’amour : plus c’est récent, plus on en parle !

 

J’ai fait le choix de François FILLON également car je reconnais en lui la même qualité que chez Nicolas SARKOZY : le courage politique. Il n’a pas hésité à dire il y a quelques années qu’il était à la tête d’un « pays en faillite ». Un discours dur certes, mais qui a le mérite de dire la vérité, en particulier à une génération comme la nôtre qui va devoir passer à la caisse pour tant de facilités payées à crédit par nos parents.

 

En outre, François FILLON a fait preuve, sans fausse promesse ni grandiloquence, d’une vraie capacité d’écoute à notre égard. Il nous avait demandé des propositions, nous les lui avons remises, et nombre d’entre elles ont été reprises, notamment sur l’impératif de formation dont nos jeunes cadres et militants ont besoin pour faire d’eux les candidats de demain et les élus d’après-demain. Sur cette thématique essentielle à la reconquête des territoires, François FILLON s’est engagé à créer des écoles de cadres décentralisées, sur le modèle de l’École de Formation Jeunes Populaires qui, depuis 4 ans, a réalisé près de 80 séminaires de formations partout en France.

 

Enfin, François FILLON est incontestablement celui qui saura rassembler notre famille politique, à l’image de l’équipe qu’il s’est constituée. Pour gagner dès 2014, nous allons avoir besoin de quelqu’un dont la voix est audible et crédible au-delà des noyaux durs militants. Pour gagner dès 2014, nous allons avoir besoin d’un homme qui sache étendre notre base électorale, en ayant à la fois un discours ferme parlant aux électeurs du Front National, sans en singer les responsables, et des propos qui n’éloignent pas de nous nos amis centristes, pouvant être tentés par l’aventure de l’UDI, si l’UMP se montre clanique.

 

Au final, François FILLON est celui qui est en capacité de préserver l’unité de notre famille politique. Cette unité doit être notre bien le plus précieux, à nous cette génération militante qui n’a connu que l’UMP, qui n’a vécu son engagement qu’au travers d’une grande famille unie de la droite et du centre. N’ayant connu ni le RPR, ni l’UDF, ni DL, il serait absurde pour nous, jeunes militants, de chercher à reproduire des querelles du passé qui ne nous concernent pas. La reconquête ne se fera que dans l’unité, ou ne se fera pas !

 

 

Mickaël Camilleri et François Fillon

 

 

PdA : Quelle doit être, de votre point de vue, la "ligne politique" de l'UMP des cinq années à venir ?

 

M.C. : L’UMP doit s’extirper du piège mitterrandien visant à la cornériser entre son extrême-droite et son centre pour mieux faire gagner la gauche. Pour cela, l’UMP devra affirmer tout simplement ce qu’elle a toujours été : un mouvement républicain, avec un discours ferme sur les questions d’immigration, de sécurité et de lutte contre l’assistanat, et une vision libérale concernant l’économie et, je le pense, les questions de société. Cette équilibre-là est à mon sens la clé pour à la fois faire revenir à la raison les électeurs du Front National, tout en cristallisant la frange centriste à l’intérieur de l’UMP, et non à l’extérieur. C’est un équilibre difficile à trouver, qui nécessitera de sortir des facilités étatistes et de ne pas sombrer dans un conservatisme sociétal dans lequel beaucoup de générations auraient du mal à se retrouver. C’est donc à la fois un combat contre le « logiciel de gauche » et ses relais médiatiques auquel l’UMP doit se préparer, mais également contre une partie d’elle-même.

 

 

PdA : Jusqu'où, et sur la base de quels piliers programmatiques, la majorité bleue de demain aura-t-elle vocation à s'étendre ? Quid d'un hypothétique rapprochement avec le Front national ?

 

M.C. : La droite n’a pas à renier le pacte de valeurs qui l’unit aux Français, elle doit au contraire l’affirmer ! Travail, mérite, Nation, liberté, responsabilité individuelle ne sont pas des valeurs has-been : elles sont plus que jamais d’actualité. Dans une époque où les Français semblent en perte de repères, notre mission doit être de redonner du sens à l’action politique : s’extirper des débats de technocrates, pour faire de la pédagogie auprès de la population. Une pédagogie d’abord axée sur les valeurs.

 

Pourquoi refiscaliser les heures supplémentaires est-ce une atteinte à la valeur travail, en plus d’un non-sens économique ? En quoi une immigration incontrôlée ou laxiste menace-t-elle notre Nation ? Pourquoi la liberté de créer, et de réussir, est-elle mise à mal par les projets de fiscalité confiscatoire du Gouvernement ? Pourquoi l’assistanat détruit-il la signification même de la notion de responsabilité individuelle chez un nombre grandissant d’individus ?

 

Il ne s’agit pas de sujets de dissertations. Il s’agit de problématiques on ne peut plus concrètes dont c’est à nous d’expliciter les tenants et les aboutissants. Nous devons réintroduire dans l’esprit des Français des marqueurs culturels forts : c’est ainsi que nous lutterons contre ce logiciel de gauche omniprésent. Il ne s’agit pas de prosélytisme idéologique, mais de pédagogie de conviction. Des convictions qui permettront aux Français, le moment venu, de ne plus refaire la même erreur quand bientôt des nouveaux « programmes » démagogiques et irréalistes leur seront présentés.

 

Pour ce faire, nul besoin de s’allier avec le Front National. D’ailleurs, quelle logique à s’allier avec des individus qui œuvrent tous les jours à notre perte ? Marine LE PEN croit pouvoir devenir le leader de la droite en France : elle ne souhaite à l’évidence pas être son supplétif. L’alliance avec le FN signifierait tout simplement la fin de l’UMP telle que nous la connaissons. En revanche, si aucune compromission ne peut être permise avec les responsables du FN, il est de notre devoir de ramener dans le giron républicain ses électeurs. C’est même une œuvre de salut public !

 

 

PdA : Êtes-vous favorable à l'instauration d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée ? Dans quelle mesure ?

 

M.C. : Non, pour moi, la politique c’est la rencontre d’un homme (ou d’une femme), d’un territoire et d’une volonté. Introduire la proportionnelle, c’est légitimer le règne des apparatchiks qui n’auront qu’à grenouiller au sein des instances parisiennes suffisamment longtemps pour obtenir un bon positionnement sur une liste. C’est encourager tous les parachutages, et décourager définitivement toute action de terrain sur le long terme. Le scrutin uninominal reste, à mon sens, le meilleur gage de légitimité sur un territoire. Vous êtes élu sur votre nom propre, vous êtes donc responsable de vos actes une fois élu. Aujourd’hui malheureusement, qui connait ses conseillers régionaux ? Personne, en dehors des microcosmes partisans. Et pourtant leur travail est absolument déterminant pour la dynamique des territoires. La proportionnelle rompt le lien de responsabilité entre un élu et son territoire en faisant de lui un élu hors-sol, finalement facilement interchangeable au gré des caprices des sièges parisiens.

 

En outre, l’introduction de la proportionnelle est une nouvelle manœuvre destinée à réduire encore la position de la droite républicaine. Sur l’excuse toute trouvée de faire vivre la « diversité d’opinions », le Parti Socialiste se donne en réalité les moyens de faire accéder le Front National à toutes les assemblées, locales et nationales, tout comme François MITTERRAND l’avait déjà fait en 1986, permettant ainsi à 35 députés FN de siéger à l’Assemblée Nationale.

 

La proportionnelle n’a donc rien de plus démocratique que les autres modes de scrutin, c’est tout simplement un outil commode dont François HOLLANDE veut user pour asseoir définitivement l’hégémonie du PS à tous les échelons de pouvoir.

 

Pour ma part, je suis favorable à une simplification du code électoral, et un resserrement du lien territoire-élu : le scrutin uninominal à un seul tour me parait être le mode de scrutin le plus efficace pour obtenir des majorités à la fois légitimes et utiles, obtenues sans marchandages et ne cherchant pas à faire perdurer artificiellement des groupuscules n’existant que par le charisme de leur leader national (de Besancenot à Le Pen, même combat), mais sans présence ni programme sur le terrain.

 

 

PdA : La crise des dettes souveraines européennes, couplée à une croissance anémique sur le continent, poussent nombre de voix à s'élever pour réclamer une intégration communautaire accrue pour mieux coordonner les politiques financières et économiques. Quelle est votre position sur cette question ?

 

M.C. : L’Europe a permis à notre continent de connaître une paix durable depuis plus de 60 ans. Elle a permis d’assurer une prospérité que beaucoup d’autres régions du monde nous envient. Elle a surtout permis de mettre un terme, définitif je pense, à deux millénaires de guerres, de tueries, de rivalités incessantes. Je ne fais donc pas partie de ceux qui aiment projeter sur l’Europe leurs propres insuffisances. Au contraire, l’Europe est à mon sens le plus grand projet politique entrepris par l’humanité !

 

Cependant, c’est parce que j’aime l’Europe, et que je me sens profondément européen, que je souhaite qu’elle puisse se réformer pour mieux affronter les réalités de notre temps. Aimer l’Europe, c’est avoir la lucidité nécessaire pour s’apercevoir que sa gouvernance éloignée des peuples, sa bureaucratie toute puissante, son consensualisme reniant ses racines, n’aident pas le projet européen des pères fondateurs mais l’amoindrissent !

 

Candidat aux élections européennes de 2009 sur la liste Majorité Présidentielle Sud-Ouest conduite par Dominique BAUDIS, j’adhérais pleinement à ce qui était pour moi plus qu’un slogan de campagne, mais une véritable ligne de conduite politique : « Quand l’Europe veut, l’Europe peut ! ».

 

Réintroduire la volonté politique en Europe : voilà ce qu’a réussi Nicolas SARKOZY au cours de la Présidence Française de l’Union Européenne au second semestre 2008 ! C’est ce modèle qui doit inspirer les réformes à venir de la gouvernance européenne : la responsabilité politique se fonde sur un rapport direct entre le peuple et ceux qui souhaitent les représenter. Au-delà du Parlement, nous devrons arriver à une méthode permettant d’élire au suffrage universel direct l’exécutif européen. C’est ainsi que nous recréons du lien entre les peuples européens, et ce qu’ils voient aujourd’hui comme une machine administrative loin de leurs réalités quotidiennes.

 

Je crois en la prééminence de la Nation et je ne suis pas un « euro-béat ». Cependant, la réalité économique nous imposera tôt ou tard d’arriver à une certaine forme de fédéralisme budgétaire. Nous ne pourrons pas continuer longtemps à faire payer le passif des cigales par l’actif des fourmis ! En cela, le projet d’eurobonds de François HOLLANDE était forcément voué à l’échec : comment l’Allemagne aurait-elle pu accepter d’éponger des dettes qui ne sont pas les siennes, quand elle sait être la seule à s’astreindre à une véritable rigueur budgétaire ?

 

Le laxisme ne grandira pas l’Europe, il la tuera ! Aujourd’hui, nous devons entrer dans une coopération budgétaire beaucoup plus étroite en tous les pays européens. Sûrement avons-nous eu tort de réaliser l’élargissement de l’Europe à l’Est avant d’assurer son intégration à l’Ouest. Peut-être, mais cela n’explique pas tout. Les gouvernements nationaux doivent comprendre que la sacro-sainte souveraineté qu’ils cherchent à conserver à tout prix est en réalité bien plus menacée en dehors de l’Europe qu’au-dedans : sans l’Europe, combien d’États auraient déjà tout bonnement sombré dans la faillite, à la merci des marchés ? Ce n’est pas avec moins d’intégration que les Nations conserveront leur souveraineté, c’est au contraire avec davantage d’intégration que des États comme le nôtre arriveront à faire face à la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. On ne combat pas un tank avec un lance-pierres ! Ensemble, nous sommes la première puissance économique du monde moderne. Désunis, nous sommes seulement d’anciennes puissances, qui auront vite fait de se faire vassaliser par les États-continents qui ne se posent pas les mêmes questions philosophiques que nous !

 

 

PdA : Première question "ouverte". Auriez-vous un message à faire passer à quelqu'un ? Une personnalité, un groupe... Profitez-en !

 

M.C. : À François HOLLANDE, pour lui dire que nous, la jeunesse de France, ne le laisserons pas massacrer la France à laquelle nous croyons !

 

Nous ne voulons pas d’une France de dépravés, où le cannabis est en libre circulation et les drogues dures en libre service dans de nouveaux endroits cools et branchés : les « salles de shoot » – aux frais du contribuable, bien sûr – qui ne sont rien d’autre que des salles d’injection de mort rapide. Nous ne voulons pas d’une France de la déresponsabilisation où l’État maintient sous perfusion les personnes dépendantes tout en faisant les beaux jours des trafiquants, d’une France qui au lieu d’aider les personnes en difficulté à retrouver le droit chemin, leur maintient la tête sous l’eau avec toujours plus d’allocations, toujours moins d’obligations. Nous ne voulons pas d’une France où l’« État-Nounou » conduit à la déresponsabilisation des plus jeunes, par la facilitation de la distribution de la pilule contraceptive pour les mineures, gratuitement et sans consultation médicale.

 

Nous ne voulons pas d’une France de l’auto-flagellation où l’on confond les Français de 1940 et le gouvernement de Vichy. Nous ne voulons pas d’une France qui s’excuse de ses racines chrétiennes, tentant de les dissimuler comme on cacherait une erreur de jeunesse, d’une France qui, à force de politiquement correct et sous couvert de laïcité à outrance fait la guerre à notre héritage religieux et la part belle aux communautarismes. Nous ne voulons pas de cette France, où le Ministre de l’Education Nationale, Vincent Peillon, nous vante – sans nous en expliquer le contenu – sa « morale laïque », une sorte de coup marketing qui fait le bonheur de nos bobos bien-pensants, alors que simultanément certaines personnes sont libérées de garde à vue au nom de « l’apaisement en période de Ramadan »…

 

Nous ne voulons pas d’une France laxiste, sans valeurs ni structure, qui confond libre orientation sexuelle de chacun et modèle familial. Nous ne voulons pas d’une France qui sombre dans le déni de l’autorité, où les instituteurs ne peuvent plus mettre de mauvaises notes, où les gendarmes se font abattre comme des animaux, où les policiers se font passer à tabac quand ils tentent de faire appliquer les lois de la République, où la loi du plus fort se règle à coups de kalachnikov dans certains quartiers de Marseille, où l’on parle de réinsertion avant de parler de sanction !

 

Bref, François HOLLANDE, nous ne voulons pas de votre France !

 

 

PdA : Dernière question, totalement ouverte celle-ci. Vous avez carte blanche pour compléter notre entretien de la manière dont il vous plaira. En approfondissant tel ou tel sujet, en en abordant un autre, en nous livrant une anecdote ou en évoquant toute autre chose... @ vous !

 

M.C. : En 2014, nous avons l’occasion de reproduire l’exploit de nos aînés en 1983. Je m’explique. En 1981, la droite républicaine se prend une sanction, du fait d’une crise dont elle n’était pas, là non plus, responsable. Et pourtant, à peine deux ans plus tard, la droite entreprend la plus formidable reconquête électorale de son histoire aux Municipales.

 

Deux raisons à cela :

 

- Il aura fallu seulement quelques mois au Gouvernement socialiste de l’époque pour décrédibiliser sa propre action, tant ses promesses intenables, à contre-courant du monde entier, se sont vite fracassées sur le mur des réalités économiques ;

 

- dans le même temps, en sachant tout de suite se remettre en question, en se donnant les outils de formation nécessaires, et surtout en faisant confiance à une nouvelle génération, la droite a su faire émerger des nouveaux talents.

 

Si 2012 ressemble beaucoup à 1981, j’espère que 2014 ressemblera à 1983 ! En tout cas, c’est ce à quoi je m’emploierai avec tous mes ami(e)s Jeunes Populaires !

 

 

 

Merci encore, Mickaël Camilleri, pour vos réponses très complètes, pour le temps que vous avez bien voulu consacrer à Paroles d'Actu... Phil Defer

 

 

 

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12 octobre 2012

Jean-Louis Touraine : "Contribuer à restaurer de l'optimisme"

La gauche au pouvoir depuis cinq mois n'a pas fini de le déplorer : la crise économique et financière est toujours d'actualité. L'an dernier, j'interrogeais Madame Najat Vallaud-Belkacem, future Ministre des Droits des Femmes et porte-parole du gouvernement. L'adjointe au Maire de Lyon m'affirmait que non, malgré les difficultés, la gauche n'abandonnerait pas le socio-économique au profit du sociétal. Depuis la victoire, plusieurs lois ont été votées. Pourtant, si l'on en croit les études d'opinion, la confiance est loin d'être rétablie... Entretien avec l'un de ses ex-collègues, Monsieur Jean-Louis Touraine, député socialiste du Rhône et premier adjoint auprès de Gérard Collomb, Maire de Lyon. Ce professeur illustre, spécialiste de l'immunologie, des techniques de greffe et du SIDA souhaite "contribuer à restaurer de l'optimisme et de la joie de vivre". Il évoque pour nous son engagement au service de la médecine, les priorités sanitaires du quinquennat, les ambitions de la présidence Hollande... et la capitale des Gaules, ville qu'il aime tant. Je lui adresse mes remerciements chaleureux et respectueux. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-LOUIS TOURAINE

Député de la 3è circonscription du Rhône (depuis 2007)

Premier adjoint au Maire de Lyon (depuis 2001)

Professeur de Médecine

 

"Contribuer à restaurer de l'optimisme"

 

Jean-Louis Touraine itw

(Source de la photo : http://www.jeanlouistouraine.net)

 

 

Q : 28/08/12

R : 11/10/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Avant d'être un homme politique, vous vous êtes illustré dans le domaine de la santé. Professeur de médecine, vous vous êtes spécialisé, au cours de votre carrière, dans l'immunologie, les techniques de greffe, et la lutte contre le SIDA, notamment...

 

Qu'est-ce qui vous a poussé à embrasser une carrière dans la médecine ? Qu'est-ce qui est le plus gratifiant lorsque l'on choisit cette voie ? De quoi êtes-vous le plus fier, s'agissant de ce parcours ?

 

Jean-Louis Touraine : Mon choix a probablement été guidé par le désir d'être utile, de me prouver que je pouvais apporter concrètement du bien aux autres. Je n’ai jamais regretté ce choix. Être médecin et chercher m’a beaucoup apporté. Il est très gratifiant de développer de nouveaux traitements qui guérissent les maladies antérieurement incurables, notamment chez l’enfant. Il est émouvant de les revoir 30 ans plus tard en pleine santé et parents à leur tour. L’une de mes fiertés a été le mettre au point et de réaliser les premières greffes de cellules souches fœtales au monde, puis les premières greffes in utero sur des fœtus demain.

 

 

PdA : Vous avez été réélu député pour un deuxième mandat en juin dernier. À ce titre, et de par votre expertise, vous jouerez un rôle éminent dans la détermination de la politique sanitaire de notre pays. Quelles devront être les priorités en la matière ?

 

J.-L.T. : Redonner à l'hôpital public les moyens matériels et humains pour remplir sa mission de soins de qualité pour tous, de recherche et d'innovation, d’enseignement. Simultanément redynamiser, sous plusieurs formules, la médecine de premier recours, partout sur le territoire français. Organiser le parcours de soins. Promouvoir le progrès, la prévention. Pour effectuer tout cela, on exerce un contrôle médicalisé de l’évolution des coûts de la santé.

 

 

PdA : La gauche a gagné les élections du printemps dernier, mais elle hérite d'une situation budgétaire particulièrement dégradée, couplée à une croissance quasi-inexistante. Le chômage ne cesse de progresser... Dans ces circonstances, quelles devront être les ambitions de cette majorité dont vous êtes désormais ? Qu'est-ce qui, en 2017, devra avoir été accompli ou au moins entrepris, quels résultats seront attendus pour que l'on puisse parler d'un succès de la présidence Hollande ?

 

J.-L.T. : Être député de la majorité offre beaucoup plus d'opportunités, de potentialités, de capacités de réalisation mais aussi de responsabilités qu’être député d'opposition. Dans la difficile conjoncture présente, la clé du succès réside d'abord dans le retour de l’emploi. Celui-ci nécessitera plusieurs années. Il conditionne en partie la redynamisation économique, la réindustrialisation, la consommation, l’équilibre des comptes sociaux, le pouvoir d’achat et le moral des Français.

 

 

PdA : Élu à Lyon depuis 1989, vous êtes depuis 2001 le premier adjoint au maire de la capitale des Gaules, en charge des déplacements, de la tranquillité publique et de la décentralisation. C'est sur ce dernier point que je souhaiterais vous interroger. Diriez-vous, en tant qu'élu local, que la philosophie qui anime le gouvernement concernant les collectivités territoriales va dans le bon sens ? Qu'est-ce qui, de votre point de vue, devrait être fait dans l'idéal pour une optimisation de la décentralisation à la française ? (Je pense aux compétences, aux ressources, à la représentation nationale...)

 

J.-L.T. : Oui, j'adhère à la philosophie de décentralisation, de simplification et clarification de la répartition des compétences telles qu’elles ont été exprimées par le gouvernement.

 

 

PdA : Quel bilan tirez-vous jusqu'ici de votre gestion, aux côtés de Gérard Collomb, de Lyon et du Grand Lyon ?

 

J.-L.T. : Il est difficile d'être juge et partie. C'est pourquoi je demande plutôt aux Lyonnais d'exprimer leur opinion sur l'évolution de Lyon et de son agglomération. Le plus souvent j'entends des points de vue très positifs sur l'évolution de notre métropole. Quant aux visiteurs, ils signalent régulièrement la beauté de notre ville et la qualité de la vie à Lyon. Beaucoup se disent impressionnés des progrès et changements notés depuis quelques années.

 

 

PdA : Quel message souhaiteriez-vous adresser à nos lecteurs pour les inciter à venir découvrir notre belle ville de Lyon (la deuxième ville de France... s'il est marseillais, il dira sans doute troisième...) ? Qu'est-ce que vous aimez à Lyon ? Quels sont les coins dans lesquels vous aimez déambuler, les bons plans que vous voudriez partager avec nous (restaurants, etc...) ?

 

J.-L.T. : Venir à Lyon pour travailler ou pour des loisirs, c'est saisir une opportunité de vivre dans une ville à taille humaine, ou la nature a repris toute sa place, où la sécurité est bonne et les déplacements aisés. Surtout, c'est profiter d'un art de vivre exemplaire où ont toute leur place la gastronomie, la culture, le sport, la santé. Et, de plus, les Lyonnais sont très amicaux et plus du tout « frileux », depuis longtemps maintenant.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Monsieur Touraine ?

 

J.-L.T. : Aboutir à faire passer les lois qui me paraissent nécessaires à l'amélioration des soins et de la santé des Français. Contribuer à restaurer de l'optimisme et de la joie de vivre. Puis me dire que je suis un « honnête homme » effectuant un « honnête travail » pour mes concitoyens.

 

 

PdA : La dernière question. En fait, une carte blanche, pour vous permettre de conclure l'interview. Vous pouvez approfondir un sujet déjà abordé, en évoquer un autre, lancer un appel... Vous êtes libre ! Merci infiniment !

 

J.-L.T. : Dans l'épreuve que traversent la France et les Français, puissions-nous être tous solidaires ! En 1944-45, alors que nos parents tentaient de surmonter les difficultés d'une période encore plus délicate, le Conseil National de la Résistance a inventé le merveilleux système de solidarité nationale qu’est la Sécurité sociale. Le même esprit humaniste doit nous inspirer aujourd’hui.

 

 

 

Merci encore, Monsieur le député Touraine, pour vos réponses. Pour votre engagement... Phil Defer

 

 

 

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Jean-Louis Touraine sur le site de l'Assemblée Nationale

 

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25 septembre 2012

Jean Besson : "La Chine est consciente de son nouveau statut"

« Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera. » Cette prédiction de Napoléon est vieille de deux siècles, mais elle semble bien coller, dans l'esprit, à la réalité d'aujourd'hui. Le monde ne « tremble » certes pas. Mais les inquiétudes sont palpables dans nombre des pays que l'on qualifiait jadis de « développés ». L'économie chinoise n'a cessé de croître, à vive allure, depuis les réformes libérales voulues par Deng Xiaoping, il y a un tiers de siècle. Soyons précis : pris individuellement, le Chinois moyen est plutôt "pauvre", quel que soit le calcul retenu, il se situe à peu près à la centième place du classement "PIB/habitant". Mais prise collectivement, la Chine, 1,3 milliard d'âmes, 1/6 de l'humanité, est un géant qui a récemment privé le Japon de sa médaille d'argent : elle est devenue la deuxième économie mondiale.

 

Atelier de la planète, elle inquiète les entreprises qui craignent de ne pas être assez compétitives et les salariés qui, eux, redoutent les délocalisations. Bénéficiaire de balances de paiements largement excédentaires, créancier majeur de l'Occident, Pékin jouit désormais, et sans doute pour longtemps, d'une certaine position de force. Elle inquiète aussi parce que son régime est ce qu'il est, parce que son "agenda" diffère souvent, du moins en apparence, de celui de Bruxelles ou de Washington... L'Empire du Milieu est-il réellement solide ? Quelles responsabilités s'apprête-t-il à assumer sur la scène internationale ?

 

Voici en tout cas l'un des (nombreux) sujets que Monsieur Jean Besson, président du groupe interparlementaire France-Chine depuis 1998, a accepté d'aborder, en exclusivité pour Paroles d'Actu. Sénateur de la Drôme depuis 1989, il siège à la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Il a également été vice-président du Conseil régional de Rhône-Alpes, en charge des affaires européennes et des relations internationales (2004-10). Administrateur de l'agence de développement économique Entreprise Rhône-Alpes International, il est aussi, depuis 2011 le président de Rhône-Alpes Tourisme.

 

Je tiens à le remercier, très chaleureusement, pour l'honneur qu'il a bien voulu me faire en répondant à mes questions. Un grand entretien au cours duquel sont abordées plusieurs thématiques : l'élection de François Hollande et les objectifs de la majorité nouvelle, la décentralisation, le Sénat, la France et ses entreprises dans la mondialisation, la diplomatie et la défense nationales, la Syrie et le Proche Orient, l'Empire du Milieu bien sûr... et un autre très joli coin de la planète, le beau département de la Drôme. Merci infiniment, Monsieur le Sénateur Besson ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN BESSON

Sénateur de la Drôme ; membre de la Commission des Affaires étrangères,

de la Défense et des Forces armées, président du groupe interparlementaire France-Chine.

Ancien vice-président de la région Rhône-Alpes, aux Affaires européennes et aux relations internationales.

 

« La Chine est consciente

de son nouveau statut »

 

Jean Besson

(Photo fournie par M. Jean Besson)

 

Q : 06/08/12

R : 25/09/12

 

Paroles d'Actu : Vous êtes membre du Parti socialiste depuis plus de quarante ans. Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez su que François Hollande allait effectivement devenir notre nouveau président de la République ? Que ressentez-vous aujourd'hui, à l'idée d'être, avec vos collègues sénateurs et députés, en première ligne pour la concrétisation du « changement » ?

 

Jean Besson : J’ai ressenti une joie mêlée de soulagement. La blessure du 21 avril était effacée. Je n’ai pu, aussi, m’empêcher de penser au 10 mai 1981. J’étais déjà militant socialiste. Cette victoire avait alors marqué un tournant historique dans la vie politique, un tournant dont j’avais pleinement conscience.

 

La victoire de 2012 a eu lieu dans un autre contexte. Nous avons derrière nous une expérience du pouvoir ; nous avons gagné au cours des années 80 et 90 nos galons de parti de gouvernement. François Hollande s’inscrit dans cette évolution du Parti socialiste que je qualifierai de « réaliste ». Il faut dire que la conjoncture se prête moins à l’utopie qu’à la nécessité de surmonter une crise sévère et de réinsuffler de la justice sociale. En tant que parlementaire, j’ai un devoir de responsabilité que je partage avec l’ensemble de mes collègues de la majorité. Des engagements ont été pris par le nouveau président de la République, et le parlement sera un acteur actif du changement nécessaire.

 

PdA : Le « changement », justement. Beau slogan. Mais qu'y a-t-il derrière ?

 

J.B. : Le changement, ce n’est pas la « rupture » ni la révolution, cela passe par des mesures concrètes, graduelles, qui modifient la vie des gens au quotidien.

 

PdA : Sur la base de quels résultats considérerez-vous, au printemps 2017, que la présidence Hollande aura été un succès ?

 

J.B. : L’emploi, et en premier lieu l’emploi des jeunes, qui atteint près de 25% des moins de 25 ans, se situe au cœur du programme de François Hollande. Ce sera sans nul doute un des marqueurs de son quinquennat et le critère d’évaluation de sa réussite en 2017. En tout état de cause, un pays qui se coupe de sa jeunesse est un pays sans avenir. Redonner espoir aux jeunes générations qui sont, depuis trop longtemps, sacrifiées sur l’autel de la crise économique est un investissement à long terme, le seul qui puisse redresser durablement un pays en perte de confiance et de repères. Mais il faut un minimum de temps pour obtenir des résultats, en particulier dans ce domaine.

 

PdA : Comment définiriez-vous "votre" socialisme ?

 

J.B. : Je me qualifierai volontiers de social-démocrate et, contrairement à l’air du temps, je crois que cette famille politique a un bel avenir devant elle, à condition qu’elle fasse son « aggiornamiento ». Aujourd’hui, la foi dans « l’efficacité absolue des marchés » et dans leurs « capacités autorégulatrices » a vécu. La crise remet au goût du jour des idées fortes de la gauche telle que je la conçois, comme la régulation et la décentralisation.

 

La social démocratie, historiquement, est une démarche et un projet visant à garantir un compromis plus équilibré entre le travail et le capital, ce par le jeu de la concertation. Le rapport de force entre les deux s'est rompu d’une manière spectaculaire depuis dix ans, à lavantage dun capital mondialisé, qui s’est affranchi du pouvoir politique. C'est réellement à ce défi que le courant réformiste est confronté. Mais celui-ci ne pourra être relevé que dans une Europe plus intégrée, plus régulatrice mais aussi plus démocratique.

 

Le courant réformiste dans lequel je m’inscris a par ailleurs intégré un principe de réalité économique que je résumerais ainsi : il n’y a pas de croissance, donc de redistribution, sans création de richesses, et pas de création de richesses sans compétitivité.

 

PdA : Vice-président de la Région Rhône-Alpes entre 2004 et 2010, vous avez eu la charge des affaires européennes et des relations internationales. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ? De quoi êtes-vous le plus fier s'agissant de cette charge ?

 

J.B. : J’ai été très heureux d’exercer ce mandat. La coopération décentralisée a un bel avenir devant elle, même si nos régions ne disposent pas encore de moyens suffisants comparativement, par exemple, à ses voisines allemandes.

 

Je suis fier, néanmoins, d’avoir fortifié, avec l’appui du président Jean-Jack Queyranne, les « Quatres moteurs pour l’Europe », regroupant le Bade-Wurtemberg, la Catalogne, la Lombardie et Rhône-Alpes, dans le but de créer une véritable force économique et d’innovation.

 

Cette réussite a inspiré d’autres territoires, avec la création en 2009 des «Quatre moteurs pour le Mercosul », réunissant l’État du Parana au Brésil, le département du Haut Parana au Paraguay, la province de Cordoba en Argentine et le département de Rivera en Uruguay.

 

PdA : Quel regard portez-vous sur l'action de l'agence Entreprise Rhône-Alpes International, dont vous êtes administrateur ?

 

J.B. : L’ouverture d’antennes ERAI (Entreprise Rhône-Alpes International, le bras armé économique de la région), notamment à Shanghai, dans l’État du Parana au Brésil, à Bruxelles, a conforté la dimension internationale de Rhône-Alpes.

 

Les États-Unis sont les premiers investisseurs étrangers en Rhône-Alpes, générant près de 40 000 emplois sur notre territoire. Fort de ce constat, ERAI s’est aussi implanté à Philadelphie, pour faciliter l'installation sur place des entreprises rhônalpines et, en 2010, la Pennsylvanie a ouvert un bureau de représentation permanent à Lyon.

 

PdA : Dans la plupart des autres grands pays européens, le niveau régional décentralisé est doté de pouvoirs, de compétences, d'une reconnaissance bien supérieurs à ceux dont bénéficient les régions françaises. Certes, notre pays, historiquement très unitariste, demeure à mille lieues du fédéralisme... Pour autant, un renforcement de nos régions vous semble-t-il souhaitable ? Quelles évolutions appelez-vous de vos vœux concernant cette collectivité que vous connaissez si bien ?

 

J.B. : Notre système jacobin est à bout de souffle, chacun peut en faire le constat. Les collectivités territoriales sont ainsi appelées à prendre de nouvelles responsabilités. Les États généraux de la démocratie territoriale, qui se sont déroulés au Sénat, le 4 octobre dernier, s’inscrivent dans ce processus nécessaire d’approfondissement de la décentralisation.

 

Le « fait régional », c'est-à-dire, la montée en puissance des régions, est une évolution inéluctable. Ce mouvement de fond exige, par exemple, que celles-ci puissent gérer elles-mêmes les fonds structurels européens. Je suis par ailleurs favorable à une meilleure articulation entre les domaines d’intervention des régions et des départements. Les régions doivent s’affirmer comme chefs de file du développement économique et de l’aménagement du territoire. Elles ont aussi vocation à prendre en main l'appui au développement international des PME et des entreprises de taille intermédiaire (ETI). La ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a reçu il y a quelques jours les présidents de régions pour évoquer les premières pistes d'une nouvelle stratégie à l'exportation permettant à quelque 10 000 PME et ETI de contribuer à la résorption en cinq ans des 26 milliards d'euros de déficit du commerce extérieur, ce en lien avec les pôles de compétitivité, les CCI, Ubifrance et la future Banque publique d'investissement. Dans la région Rhône-Alpes, nous disposons d’un outil supplémentaire qui a déjà fait ses preuves. ERAI, je l’ai déjà évoqué, propose des services sur-mesure pour accompagner les entreprises rhônalpines dans leur développement international grâce à ses 27 implantations dans le monde. Notre région a, de ce point de vue, pris une certaine avance qu’il convient de renforcer... 

 

PdA : Une question liée à la précédente... C'est au sénateur que je m'adresse plus particulièrement, cette fois. En général, les chambres hautes des parlements nationaux représentent les territoires, très souvent les collectivités régionales, qui sont d'ailleurs le niveau de référence pour l'Europe communautaire (fonds structurels...). En France, 95% des grands électeurs proviennent des communes. Seriez-vous favorable, à un rééquilibrage de la composition du Sénat au profit des régions ?

 

J.B. : On peut toujours discuter du mode d’élection des sénateurs et de la sur-représentation - bien réelle - des communes rurales que celui-ci induit. Je ne suis pas, a priori, contre le fait d’apporter de vrais correctifs à la représentativité territoriale et sociologique des sénateurs. C’est un chantier, un vieux serpent de mer, à dire vrai, qui reviendra immanquablement dans l’agenda politique. Ceci dit, le Sénat doit rester la maison des collectivités et plus particulièrement de la ruralité. C’est son ADN, sa raison d’être…

 

PdA : Vous êtes membre depuis 2008 de la prestigieuse Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Pourriez-vous nous présenter en quelques mots votre travail au sein de cette commission ? Qu'avez-vous appris en son sein ?

 

J.B. : La Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées est l’une des sept commissions permanentes du Sénat. À la différence de l’Assemblée Nationale, où il existe deux commissions distinctes, le Sénat a fait le choix d’une Commission unique afin d’avoir une vision globale des enjeux de politique étrangère et de défense.

 

Pour ma part, je suis chargé plus précisément de la diplomatie culturelle et d’influence. J’interviens, dans le cadre de la loi de finances, sur cette thématique qui m’est chère. À ce titre, j’ai mené une mission d’information à Belgrade portant sur l’expérimentation en cours du rattachement du réseau culturel de la France à l’étranger au nouvel opérateur de l’action culturelle extérieure, l’Institut Français.

 

Par ailleurs, j’ai participé, avec l’ensemble de mes collègues, aux travaux sur le Livre blanc de la Défense. En substance, la Commission estime nécessaire de préserver un effort somme toute modeste de 1,5 % du PIB pendant la période de crise et de faire un effort supplémentaire, une fois la crise passée. La sécurité, l’indépendance et la place de la France dans le concert des nations sont à ce prix. En deçà de ce seuil, ce sont les ambitions de notre pays dans le monde qu’il conviendrait de réexaminer.

 

PdA : Que vous inspire cette tragédie qui meurtrit la Syrie actuellement ? Quelles sont les actions de la Commission en la matière ? Que doit faire la France ?

 

J.B. : La Commission soutient et accompagne la politique de la France en Syrie telle que mise en application par Laurent Fabius.  La position de la France est claire : nous considérons que Bachar al-Assad est le bourreau de son peuple, qu’il doit partir, et que le plus tôt sera le mieux. La France est très présente au niveau international pour inciter les Syriens à trouver une transition politique.

 

Mais si la tentation d’intervenir militairement est forte et se justifierait au regard de l’horreur de ce régime, je reste pour ma part sur mes gardes quant à des solutions trop « va t-en guerre ». La situation est autrement plus complexe que celle, à priori comparable, de la Libye. Il se constitue en effet dans la région un arc chiite Irak-Iran-Syrie particulièrement puissant et dangereux et défendu, notamment, par la Russie et la Chine. Une intervention armée aurait des conséquences dont il est difficile d’estimer l’impact.

 

Permettez moi, d’ailleurs, d’évoquer la situation des Chrétiens, dont l’avenir apparaît sombre au sein du Proche-Orient. Les Chrétiens de Syrie représentent 10 % de la population, et la communauté internationale devra veiller à ce qu’ils ne soient pas les grands oubliés au moment de la constitution d’un nouveau régime, que j’appelle de mes vœux. 

 

PdA : Parmi les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, il y a la Chine. Vous êtes depuis 1998 le président du groupe interparlementaire France-Chine. Qu'implique une telle fonction ? Serait-il possible que vous nous racontiez quelques souvenirs marquants liés à celle-ci ?

 

J.B. : Je rappelle toujours, avec satisfaction, que je suis président du premier groupe interparlementaire en nombre d’adhérents. Son « succès », si vous me permettez l’expression, ne se dément pas. Ainsi, depuis 1998, j’agis aux côtés de plus de 100 députés et sénateurs afin de développer un partenariat à la fois politique, économique, culturel, scientifique, essentiel au rayonnement de notre pays dans un monde en plein bouleversement.

 

PdA : Avant d'être à la tête de ce groupe interparlementaire, quel regard portiez-vous sur la Chine ? Comment celui-ci a-t-il évolué ?

 

J.B. : J’ai toujours été passionné par ce pays-continent. J’avais très tôt pressenti, pour reprendre une expression célèbre, son « réveil ». La civilisation chinoise est fascinante à plus d’un titre, et notamment parce qu’elle est la plus vieille du monde : elle remonte à plus de 10 000 ans ! Il est incontestable que le développement exponentiel de la Chine depuis dix ans remet en cause certaines traditions et crée des tensions sociales de grande ampleur, particulièrement dans les régions de l'intérieur. Un vrai choc des cultures a lieu au sein même du pays, entre une Chine rurale et une autre, située sur la façade maritime, en plein boom économique et culturel. Pour autant, ce pays a réussi, jusqu’à maintenant, à intégrer les éléments de la modernité occidentale à une vitesse impressionnante, sans se couper de ses racines. Le renouveau du confucianisme en est l’illustration. D’autre part, la montée en puissance d’une classe moyenne et l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants seront deux indicateurs très intéressants de l’évolution prochaine de la Chine.

 

PdA : La Chine, superpuissance en devenir, semble avoir beaucoup d'ambition, tant aux plans économique que géopolitique. Parce que le régime qui la dirige est ce qu'il est, parce que nous méconnaissons ce peuple et ce pays, également... la Chine inquiète. En France. En Europe. Aux États-Unis. Ces peurs sont-elles justifiées ?

 

J.B. : En 2010, la Chine est devenue la deuxième puissance mondiale. Ce pays-continent produit à présent près de cent fois plus de biens et de services qu’en 1978. Ce qui représente une croissance moyenne d’un peu plus de 10 % par an. Des chiffres qui peuvent faire peur.

 

La boutade « God made heaven and earth, and everything else is made in China » (« Dieu a fait le ciel et la terre, et le reste est fabriqué en Chine ») n’est pas complètement dépourvue de crainte. Mais la peur naît souvent de l’ignorance. La Chine est consciente de son nouveau statut sur la scène internationale et c’est pour elle un objet de fierté nationale. Mais elle mesure, dans le même temps, les nouvelles responsabilités qui lui incombent, notamment en matière environnementale. La Chine est le premier producteur de CO2, en partie parce qu’elle est à présent le plus grand marché automobile du monde. Depuis l’année dernière, on y vend chaque mois plus de voitures qu’aux États-Unis ! Dans ce contexte, les problématiques écologiques sont devenues une priorité des dirigeants chinois. Je peux le mesurer à l’occasion des Rencontres du groupe interparlementaire France-Chine que j’organise au Sénat. Depuis plusieurs années, les thématiques choisies portent sur des questions de développement durable comme, par exemple, « Les éco-villes et la maîtrise de l’urbanisation ». Cette année, nos sixièmes rencontres porteront sur le thème « L’énergie durable pour tous : enjeux et solutions ».

 

Ainsi, la Chine, toute nouvelle superpuissance qu’elle est, se trouve confrontée à des défis qui demandent des solutions globales et requièrent des démarches coopératives. La France et l’Europe ont vocation, dans ce cadre, à rester des partenaires incontournables, à condition qu’elles s’en donnent les moyens, à la fois politiques et économiques. Sans verser dans l’angélisme, la Chine n’a pas de visée coloniale ni d’intentions belliqueuses, mais elle reste très sensible aux problèmes de frontières. La nouvelle vague de manifestations anti-japonaises qui s’est manifestée dernièrement contre la nationalisation par Tokyo des îles Diaoyu, situées en mer de Chine, rappelle que les enjeux de souveraineté territoriale restent toujours d’actualité, en particulier dans cette partie du monde.

 

PdA : Diriez-vous qu'en matière de politique monétaire, de relations commerciales et d'investissements internationaux, les Chinois jouent un jeu franc avec les Européens ?

 

J.B. : Le sommet annuel entre l'Union européenne et la Chine a eu lieu récemment à Bruxelles sur fond de tensions commerciales, mais aussi d'espoirs européens quant au soutien chinois à leurs dettes. La Chine est le premier créancier de l’UE, il convient de ne pas l’oublier. Il faut dire que les Chinois disposent de colossales réserves de change, évaluées à plus de 3 200 milliards de dollars. Le mois dernier, les autorités chinoises ont assuré que, malgré de graves inquiétudes sur l'Europe, Pékin allait continuer à acheter des obligations d'État des pays européens.

 

L'Union européenne est la première destination des exportations chinoises et le deuxième fournisseur de la Chine, derrière le Japon. La Chine est aussi le deuxième partenaire commercial de l'Union, juste derrière les États-Unis. Nos intérêts sont donc étroitement mêlés. Mais il est vrai que nos relations commerciales souffrent de graves déséquilibres. C’est pourquoi, je suis favorable à l’instauration d’un « juste échange » dont les principes sont la réciprocité – si la Chine a le droit d’accéder à nos marchés publics, nous devons avoir le droit d’accéder aux siens ; l’équilibre – si la Chine exporte pour 280 milliards d’euros en Europe, l’Union européenne doit pouvoir exporter pour à peu près autant vers la Chine, et non 130 milliards, comme c’est aujourd’hui le cas ; l’équité – nos marchés doivent être ouverts aux produits des pays les moins développés sans droits de douane ; et, enfin, le respect des normes européennes et internationales établies par les grandes gonventions – normes sanitaires de protection des consommateurs, édictées par l’Union européenne, mais aussi normes environnementales, sociales, humanitaires.

 

Quant à la question de la monnaie, il est évident que la sous-évaluation du yuan a permis à la Chine de devenir le premier pays exportateur et l’usine du monde. Mais les choses évoluent. Pékin a décidé de procéder il y a quelques mois au doublement du plafond de fluctuation du yuan.

 

L'appréciation devrait continuer, sans doute pas spectaculairement, du moins tant que les inquiétudes concernant le marché européen resteront aussi fortes. L'Europe est le premier importateur de la Chine, une importante évaluation à la hausse du yuan doit donc aujourd'hui être écartée.

 

PdA : Nous quittons l'Empire du Milieu... pour retourner à notre bonne vieille France. À votre département de cœur et d'élection, pour être plus précis. J'ai nommé, la Drôme. La promotion du tourisme est depuis longtemps l'un de vos chevaux de bataille. Vous présidez depuis 2011 le Comité régional du tourisme Rhône-Alpes...

 

J.B. : J’ai la chance d’être président de Rhône-Alpes Tourisme, et ce mandat s’inscrit dans la continuité de mes fonctions précédentes. J’ai été, avec mon ami Jean Mouton, ancien président du Conseil général, le créateur de la Drôme provençale, dans les années 90. Ce concept est devenu, au fil des ans, une marque à part entière, connue et reconnue dans l’Europe entière.

 

PdA : Quels arguments mettriez-vous en avant pour inciter nos lecteurs à venir découvrir votre beau département ?

 

J.B. : La Drôme est un département magnifique. Je ne peux qu’encourager vos lecteurs à s’y rendre et à (re)découvir ses merveilles. Je pense d’abord à ses paysages aussi diversifiés que ceux de la Drôme provençale, du Vercors, de la Vallée de Drôme ou bien encore de la Drôme des Collines.

 

La Château de Grignan, de Suze-la-Rousse, le Palais du facteur cheval, la ferme aux crocodiles sont quelques pépites citées en vrac qui balisent un territoire d’une richesse naturelle et patrimoniale exceptionnelle. Mais je ne voudrais pas faire de favoritisme et c’est la région Rhône-Alpes dans son ensemble que je souhaite mettre en valeur. Fière d’abriter huit parcs naturels et des sites exceptionnels, comme le Mont Blanc et les gorges de l’Ardèche, Rhône-Alpes offre toute une palette de paysages : montagnes, vignobles ou douces vallées, champs de lavande ou oliveraies, dont je suis fier d’être le représentant à l’international.

 

 

Merci encore de tout cœur, Monsieur Besson, pour votre générosité et pour le grand intérêt de vos réponses ! Merci également à votre collaborateur. Phil Defer Un commentaire ?

 

 

Quelques liens...

 

 

Times New Roman > Georgia : 30/09/12. Présentation remaniée : 21/11/13.

19 septembre 2012

Aurore Bergé - Jonas Haddad : Fillon ou Copé pour l'UMP ?

Qui succédera à Nicolas Sarkozy à la tête de la droite ? L'enjeu est de taille. L'UMP orpheline de son chef emblématique élira, au mois de novembre, son nouveau président. Celui-ci devra reconstruire un parti qui, jusqu'au mois de mai dernier, n'avait jamais connu l'opposition au niveau national. Remobiliser, redonner le moral aux troupes. Préparer la reconquête... Les militants devront départager deux hommes, les seuls à avoir pu recueillir les parrainages de 3% des adhérents. À ma gauche, l'ancien Premier ministre François Fillon, aujourd'hui député. À ma droite, Jean-François Copé, actuel secrétaire général de l'UMP et député-maire de Meaux. Une confrontation entre camarades, mais une confrontation quand même... Deux personnalités, des sensibilités différentes... Quant aux projets, il leur reviendra de les préciser, de les développer dans les semaines à venir... Chacun des candidats pourra en tout cas s'appuyer sur des équipes déterminées qui, comme lui, chercheront à convaincre les leurs sur tout le territoire. Dans les deux camps, d'anciens ministres, d'éminents politiciens mais aussi et surtout des militants inconnus mais enthousiastes, des jeunes... J'ai souhaité interroger deux jeunes responsables de l'UMP, engagés l'un et l'autre dans l'une des "teams". J'ai demandé à chacun d'expliquer son choix et de nous présenter ses meilleurs arguments en faveur de son champion. Je cède donc de nouveau la parole à Aurore Bergé, ex-porte-parole des Jeunes UMP, chargée de mission au sein de la fédération des Yvelines, ainsi qu'à Jonas Haddad, secrétaire national en charge de l'entrepreneuriat... Je les remercie d'avoir accepté de jouer le jeu ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer  EXCLU

 

 

ENTRETIENS EXCLUSIFS - PAROLES D'ACTU

 

AURORE BERGÉ

 

JONAS HADDAD

 

Aurore Bergé a été porte-parole des Jeunes UMP, elle est aujourd'hui chargée de mission au sein de la fédération UMP des Yvelines

 Jonas Haddad est le secrétaire national de l'UMP en charge de l'entrepreneuriat

 

 

Q : 17/09/12

R : 18/09/12

 

 

 

AURORE BERGÉ

 

"François Fillon est un homme de volonté

 

et de réformes"

 

Bergé Fillon

(Photo fournie par Aurore Bergé)

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Aurore Bergé. Jeune responsable UMP, vous soutenez François Fillon dans la course à la présidence du parti. Parlez-nous du François Fillon que vous connaissez... celui que le grand public ne connait pas forcément... Quel regard portez-vous sur l'homme ? Qu'est-ce qui vous inspire, vous convainc chez lui ? Pourquoi est-il votre candidat ?

 

Aurore Bergé : François Fillon est un homme déterminé et courageux. Il est un homme d’une intégrité et d’une exemplarité sans faille.

 

Il suffit pour s’en convaincre de regarder le lien si fort qui l’a uni à quelqu’un qui a tant compté dans l’histoire politique française, Philippe Seguin, et la filiation évidente qui en découle.

 

Il suffit de remarquer la confiance que lui a témoignée Nicolas Sarkozy en le nommant Premier Ministre et en le maintenant durant tout son mandat, preuve de la loyauté et de la fidélité de François Fillon !

 

François Fillon est un homme de volonté et de réformes. Il a été à l’origine des plus grandes réformes de ces quinze dernières années : télécommunications, école ou retraites puis celles accomplies aux cotés de Nicolas Sarkozy. Avec le Président de la République, il a été celui qui a recommandé de tenir sur les réformes les plus difficiles, malgré l’opinion ou les sondages. C’est grâce à leur complémentarité et leur pugnacité partagée que la France a su maintenir son rang et que les Français ont été protégés.

 

 

Paroles d'Actu : Quel message souhaiteriez-vous adresser à Jonas Haddad et, au-delà, à toutes celles et à tous ceux de vos camarades qui eux penchent plutôt pour Jean-François Copé, ou en tout cas ne se prononceraient pas a priori pour François Fillon ? Certes, Jean-François Copé est un homme que vous respectez... Mais pourquoi diriez-vous de François Fillon qu'il est l'homme dont le parti aura besoin dans les années à venir ? Quels sont vos meilleurs arguments pour tenter de convaincre les autres adhérents ? À vous !

 

Aurore Bergé : Je leur dirais que Nicolas Sarkozy n’a pas à être remplacé, car il est irremplaçable.

 

Je leur dirais que je ne veux pas un clone, un sosie ou un nouveau Nicolas Sarkozy.

 

Je leur dirais que l’UMP a besoin d’être remise en mouvement car les Français attendent que l’opposition soit incarnée pour croire à nouveau en la droite. Ils souhaitent une opposition ferme, inflexible sur ses valeurs et responsable.

 

Je leur dirais que l’UMP a besoin d’être rassemblée et de rassembler l’ensemble des forces de la droite et du centre, comme cela est d’ailleurs sa vocation première.

 

Parce qu’il est le mieux à même de rassembler,

 

Parce qu’il est le meilleur opposant à François Hollande,

 

Parce qu’il est le plus crédible pour assumer et porter avec fierté le bilan du quinquennat et des réformes réalisées avec Nicolas Sarkozy,

 

Je leur dirais que l’UMP a besoin de François Fillon !

 

 

 

 

JONAS HADDAD

 

"Jean-François Copé est le mieux placé

 

pour la reconquête"

 

Haddad Copé

(Photo fournie par Jonas Haddad)

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Jonas Haddad. Jeune responsable UMP, vous soutenez Jean-François Copé dans la course à la présidence du parti. Parlez-nous du Jean-François Copé que vous connaissez... celui que le grand public ne connait pas forcément... Quel regard portez-vous sur l'homme ? Qu'est-ce qui vous inspire, vous convainc chez lui ? Pourquoi est-il votre candidat ?

 

Jonas Haddad : C’est quelqu’un de profondément déterminé et qui sait entrainer à ses côtés des profils très variés. J’ai pu échanger avec Nicolas Sarkozy lors de la dernière campagne et j’ai retrouvé quelques similitudes. Ils ont une passion pour leur pays qui me semble commune car elle est communicative.

 

Au-delà de l’homme, le leader politique se caractérise par un trait de caractère essentiel : le courage. Sans remonter très loin, tout le monde sait qu’en 2007, il n’était pas dans le cercle rapproché de Nicolas Sarkozy. Pourtant, il a su apporter de nouvelles idées et faire du Parlement puis de l’UMP une plateforme pour avancer ses idées, d’une droite décomplexée.

 

Depuis plus d’un an, à 23 ans seulement à l’époque, il a décidé de me faire confiance en me nommant secrétaire national à l’entrepreneuriat des jeunes. Cette année m’a permis de rencontrer des associations, des militants, des Jeunes Populaires dans toutes les fédérations. J’en ai retenu une chose : les supporters de la droite républicaine veulent que l’on parle sans tabou de tous les sujets qui les préoccupent. Quand un jeune créateur d’entreprise, un jeune artiste ou un jeune dirigeant d’association me dit qu’il est heureux que l’UMP soit venue à sa rencontre, je considère qu’il faut le mettre à l’actif de Jean-François Copé.

 

 

Paroles d'Actu : Quel message souhaiteriez-vous adresser à Aurore Bergé et, au-delà, à toutes celles et à tous ceux de vos camarades qui eux penchent plutôt pour François Fillon, ou en tout cas ne se prononceraient pas a priori pour Jean-François Copé ? Certes, François Fillon est un homme que vous respectez... Mais pourquoi diriez-vous de Jean-François Copé qu'il est l'homme dont le parti aura besoin dans les années à venir ? Quels sont vos meilleurs arguments pour tenter de convaincre les autres adhérents ? À vous !

 

Jonas Haddad : Chère Aurore, je nous reconnais un point commun : nous aimons notre parti, notre pays. Avec d’autres, vous avez décidé de soutenir François Fillon mais donnons-nous un objectif : le respect durant ce combat démocratique. Notre implication à l’UMP ne s’arrêtera pas le 25 novembre, ne reproduisons pas les erreurs de la droite du début des années 90 qui s’était profondément divisée.

 

Pourtant, je considère que si nous les jeunes souhaitons méthodiquement reconquérir les villes, nous avons besoin de quelqu’un qui s’implique dans les rouages du parti, qui puisse détecter les jeunes talents. Combien de jeunes sont venus nous voir après les meetings de Nicolas Sarkozy nous demandant de s’impliquer ? J’ai vu à la Mutualité le soir du second tour des visages tristes mais qui voulaient regarder vers l’avenir. Je pense que Jean-François Copé est le mieux placé pour la reconquête. Il en a l’expérience depuis Meaux. Il en a l’envie depuis la création de Génération France. Il en a la méthode depuis sa prise de fonction à l’UMP.

 

Enfin, je suis persuadé d’une chose : les jeunes de notre parti ne supportent plus la chape de plomb que veut lui imposer une certaine gauche bien-pensante. Combien de jeunes sont venus me voir pour me dire leur colère quand François Hollande se disait candidat de la jeunesse ? Cette crainte n’en est que plus forte depuis qu’ils ont entendu parler de la dépénalisation du cannabis, des emplois « d’avenir » qui les envoient dans le mur. En réalité, ils détestent cette double perfusion qu’on veut leur imposer. Je pense que dans ce cadre, il nous faut une opposition déterminée, tonique car le risque est grand pour notre pays et à mon sens c’est Jean-François Copé qui incarne cette position.

 

 

 

Merci encore à tous les deux pour vos réponses. Le débat peut se poursuivre via les commentaires à cet articles... Quant au scrutin... que le meilleur gagne !

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

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30 août 2012

Pierre-Alain Weill : "Redonner tout son sens au mot progrès"

75%. C'est le taux marginal supérieur auquel le candidat Hollande souhaitait, s'il était élu, taxer les revenus au-delà d'un million d'euros. Une mesure phare, retenue par le nouveau président de la République. Elle ne résoudra en rien le problème de la dette publique. Mais le symbole est fort pour la gauche au pouvoir : il y aura des efforts à faire pour redresser le pays, ils devront d'abord être assumés par les plus riches. La "justice", exigence fondatrice du "changement". La force du symbole n'échappe pas non plus à la droite. Mais sa lecture est un peu différente. La gauche enverrait un très mauvais signal aux entrepreneurs, à ceux qui voudraient créer de la richesse, des emplois en France. Une partie du patronat s'en inquiète également. D'ailleurs, cette gauche, celle-là même dont le nouveau leader disait jadis qu'il n'aimait "pas les riches", a-t-elle jamais aimé les entreprises ? Les caricatures mises de côté, qu'en est-il vraiment ? Élémént de réponse avec une personnalité au profil atypique. Pierre-Alain Weill, secrétaire national adjoint chargé, au Parti socialiste, des PME, du commerce et de l'artisanat est aussi... un chef d'entreprise. Je le remercie d'avoir bien voulu jouer le jeu en répondant à mes questions portant sur des sujets importants, dont celui, primordial pour notre économie, de la vitalité des petites et moyennes entreprises... Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PIERRE-ALAIN WEILL

Chef d'entreprise

Secrétaire national adjoint du P.S., en charge des PME, du commerce et de l'artisanat

 

"Redonner tout son sens au mot progrès"

 

Pierre-Alain Weill

(Photo fournie par M. Pierre-Alain Weill)

 

 

Q : 28/08/12

R : 29/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Vous êtes chef d'entreprise... et socialiste. Comment vivez-vous cette contradiction apparente ? En est-ce vraiment une, d'ailleurs ?

 

Pierre-Alain Weill : La droite se satisfait de l’état des choses et navigue en conséquence, la gauche cherche par la transformation le progrès. Pour « tracer la route », entraîner ses équipes, un chef d’entreprise doit définir l’objectif, le cap à attendre. À mes yeux le profit ne peut-être son seul objectif. Cela est d’autant plus vrai en temps de crise. Ce choix me semble donc bien cohérent. François Hollande s’est fait élire sur un programme, publié et chiffré. Il a expliqué aux Français son objectif, ce n’était pas le cas de son prédécesseur qui n’avait pas de programme, et peinait à défendre son bilan.

 

 

PdA : La droite et une bonne partie des entrepreneurs, du patronat ne cessent de dire que la mise en œuvre du programme économique de François Hollande serait dangereuse pour la création de richesses en France. Pourquoi dites-vous le contraire ?

 

P.-A.W. : Ce n’est pas l’avis de la CGPME, ni l’avis du cercle des jeunes dirigeants, qui représentent les petites et moyennes entreprises. Nous entretenons de bons contacts aussi avec les représentants des artisans. Concernant les dirigeant du CAC 40, si le programme de gauche leur semble plus contraignant, ils reconnaissent que, chaque fois que la gauche à dirigé la France, la croissance est revenue. Ils recevaient ce matin (le mercredi 29 août, date des réponses de M. Weill, ndlr) au Medef le Premier ministre pour que le travail à accomplir ensemble pendant cinq ans, ou plus, soit constructif. Notre volonté et nos propositions industrielles leur semblent intéressantes. Notre engagement de séparation des banques de dépôt et de crédit des activités plus spéculatives est semble-t-il ressenti par de nombreux entrepreneurs comme une mesure sage.

 

 

PdA : Vous êtes en charge au sein du PS des questions relatives aux PME-PMI. L'un des sujets les plus importants pour notre économie, de toute évidence... Que faut-il faire, d'après vous, pour inciter et aider nos PME-PMI qui le font trop peu à exporter ?

 

P.-A.W. : En France, le nombre des PME exportatrices est deux fois moins important qu’en Italie et quatre fois mois qu’en Allemagne. Ces écarts se sont aggravés puisqu’en dix ans de gouvernements de droite, 10 000 entreprises exportatrices ont disparu. L’appareil exportateur français est tiré par quelques très grands groupes multinationaux.

 

Le dernier point de ce triple constat n’est nullement une spécificité hexagonale ; en revanche, contrairement à nos voisins allemands et italiens, le renoncement au développement international est un mal français puisque 70% des primo-exportateurs renoncent à poursuivre leur effort d’implantation à l’export au bout d’une année. Nous devons simplifier l’accès aux information et aux aides. Mutualiser les projets export en repérant sur un même territoire des entreprises ayant des compétences complémentaires. Un projet à ainsi été couronné de succès dans la région Pays de la Loire en regroupant des chercheurs, industriels, des designers, des spécialistes de la commercialisation.

 

Il faut se concentrer sur les zones export à la portée des PME. Pour conquérir des marchés plus lointains, il faut associer par le portage des petites entreprises innovantes et des grand groupes mais dans un esprit de co-traitance plutôt que de sous-traitance. Le financement public devra se faire sous l’égide de la banque publique d’investissement qui verra le jour en 2013.

 

 

PdA : Quid de l'attraction d'investisseurs étrangers sur le sol français ?

 

P.-A.W. : La France est un des pays européens qui bénéficient le plus des investissements étrangers. Les critères principaux pour le choix des investisseurs sont la compétitivité hors coût, la qualité de nos infrastructures, les brevets et l’innovation. Sur tous ces points, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault souhaite donner une priorité. La marge de manoeuvre budgétaire est étroite du fait de la crise et de l’endettement accumulé.

 

Nous ne retrouverons pas les emplois perdus sans renouveler l’offre française à l’exportation. Il nous faut penser export à la conception des produits plutôt que de chercher à imposer à l’export des produits conçus pour le marché français.

 

 

PdA : Pour cette question, c'est surtout au chef d'entreprise que je m'adresse... Qu'est-ce qui, à votre avis, doit être fait pour favoriser le retour d'une croissance soutenue et durable en France ? Sur quels leviers jouer, hors ceux évoqués dans la question précédente ?

 

P.-A.W. : Comme chef d’entreprise je dirais 3 impératifs.

  • La formation, les métiers de demain doivent s’apprendre dès à présent. Il faut 5 à 7 ans pour former un jeune. Former des ingénieurs, donner envie aux plus jeunes de choisir ces métiers et, au sortir de l’école, convaincre ces jeunes ingénieurs de rejoindre des PME ou de créer leur entreprise.
  • Une nouvelle organisation de circulation de l’information dans les entreprises. Nous sommes très en retard.
  • Redonner le goût de la production, de l’innovation dans la façon de produire.

 

Cette crise n’est pas simplement une crise des subprimes ou une crise de l’Euro. Dans l’opposition, ces dix dernières années, nous avons travaillé à un nouveau modèle de développement plus social et plus durable. Pendant toutes ces années, nous étions dans les régions dirigées par la gauche au plus près du terrain, des entreprises, de leurs salariés. Nous avons beaucoup aidé, nous avons aussi beaucoup appris. Nous avions en charge la formation professionnelle, nous avons lancé des systèmes de financement et de cautionnements qui, en parallèle du systeme bancaire, ont permis à de nombreuses entreprises de résister. Nous devons continuer, aider à l’apparition de nouvelle filières, de nouveaux services, réfléchissant chaque fois au niveau le plus pertinent : Europe, France, région.

 

 

PdA : Que souhaiteriez-vous ajouter, Pierre-Alain Weill, pour compléter notre entretien et le conclure ? Merci infiniment !

 

P.-A.W. : Les objectifs à atteindre sont ambitieux, rien ne dit que nous allons réussir mais nous avons provoqué l’alternance et les Français nous font cette confiance. Si la crise ne facilite pas les choses, nous n’avons pas d’alternative, pas de conservatisme, pas de retour en arrière possible.

 

C’est un défi formidable et enthousiasmant à relever. Pour susciter l’adhésion à ces changements, nous devons montrer qu’ils sont justes. C’est ce qui a manqué dans les choix précédents. Nous devons redonner tous son sens au mot progrès.

 

 

 

Merci encore à Monsieur Weill pour ses réponses, très intéressantes ! Phil Defer

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

27 août 2012

Jonas Haddad : "Pour entreprendre son avenir, il faut pouvoir le choisir"

Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP depuis 2010, vient de rendre officielle sa candidature à la présidence du parti. Les sondages, eux, sont plutôt favorables à François Fillon, pour le moment. En attendant, poursuivons notre dossier consacré à la reconstruction de la droite. Les ténors de l'UMP s'expriment sans arrêt, mais qu'en est-il des jeunes ? Quel projet souhaitent-ils pour la France ? Benjamin Lancar, Camille Bedin, Aurore Bergé et Robin Pretot se sont déjà confiés à Paroles d'Actu. C'est maintenant au tour de Jonas Haddad, secrétaire national de l'UMP en charge de l'entrepreneuriat, de se prêter à l'exercice. Il a accepté de répondre à mes questions, je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JONAS HADDAD

Secrétaire national de l'UMP en charge de l'entrepreneuriat

 

"Pour entreprendre son avenir,

 

il faut pouvoir le choisir"

 

Jonas Haddad

(Photo empruntée à Jonas Haddad sur ses albums Facebook)

 

 

Q : 20/08/12

R : 27/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ? (ce que vous faites, aimez, vos références dans la vie, ce qui vous a conduit à vous engager...)

 

Jonas Haddad : À 24 ans, je suis avocat et originaire de Bagnolet en Seine Saint Denis.

 

Secrétaire national de l’UMP, je suis en charge de l’entrepreneuriat. Cette mission m’a été confiée après de nombreuses années d’engagement au sein des Jeunes Populaires, le mouvement des jeunes de droite.

 

J’ai débuté mon engagement en 2007 en allant tout simplement écouter, comme auditeur, le discours de Nicolas Sarkozy à la jeunesse. Passionné de politique depuis longtemps, rien ne me prédestinait dans mon cercle familial à suivre cette voie.
Ça a été la force de Nicolas Sarkozy d’attirer à la politique des gens qui n’y voyaient pas d’intérêt.

 

Mes fonctions me permettent aujourd’hui de rencontrer dans toute la France les jeunes qui créent, inventent ou réinventent des produits, des concepts, des associations ou qui simplement envie de s’engager pour leurs valeurs.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

 

J.H. : Résumer le bilan d’un quinquennat si particulier n’est pas chose aisée. Je pense très simplement que notre pays a pu avancer alors que nous étions dans des tempêtes violentes qui ont secoué les économies de tous les pays.

 

Le régime de l’auto-entrepreneur, la réforme du lycée, l’autonomie des universités sont des acquis précieux pour ma génération et celle qui nous suivra.

 

L’histoire dira que Nicolas Sarkozy fut le premier président du XXIème siècle car il en avait compris les enjeux. L’inertie n’est pas une solution dans un monde en mouvement, l’autosatisfaction n’a jamais été la boussole de ce président.

 

 

PdA : Comment avez-vous vécu sa défaite du 6 mai, et comment l'expliquez-vous ? Quelles leçons tirez-vous de ces échecs électoraux de 2012 ?

 

J.H. : J’ai vécu cette défaite comme une énorme déception. Le premier réflexe était de s’étonner de tant d’ingratitude de la part de certains de nos concitoyens envers un homme qui avait tout entrepris pour sauver la France de périls importants et qui y était parvenu.

 

Aujourd’hui, je ne pense pas qu’il faille débuter un quelconque inventaire car les inventaires n’ont de sens qu’en des circonstances normales. Comment faire la fine bouche sur telle ou telle mesure quand ce président a connu quelques mois après son arrivée l’effondrement d’un système voire le déplacement du centre de gravité de l’économie moderne.

 

Nous devons tirer une leçon de cet échec : le service de son pays n’est pas une chose aisée et représente un engagement permanent. Malgré cet engagement permanent, il existe aujourd’hui des interactions, des connexions, des impératifs qui peuvent supplanter la politique. C’est donc à la politique de garder sa grandeur si la politique souhaite continuer à dicter les choix d’une société.

 

 

PdA : Avec le recul, avez-vous des regrets par rapport à cette campagne ? Certaines choses auraient-elles dû être faites différemment ? Avez-vous toujours été totalement à l'aise avec la campagne menée ?

 

J.H. : Pas vraiment si ce n’est le temps qu’il nous a manqué. Nicolas Sarkozy a dû rentrer plus tard que les autres en campagne car sa fonction exigeait un investissement maximal.

 

Les données sont simples : les sondages annonçaient régulièrement une défaite à 60/40 et au final tout ne s’est joué qu’à quelques milliers de voix.

 

Je dois dire que je me suis retrouvé dans cette campagne dans laquelle j’ai trouvé un Sarkozy totalement libéré de tous les artifices politiques et de la langue de bois. Europe, compétitivité de nos PME, modernisation de l’éducation, tout a été mis sur la table de façon très claire.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui vous révolte, vous donne envie d'agir dans le monde d'aujourd'hui ?

 

J.H. : Je déteste deux choses : le déterminisme et l’injustice. Je déteste l’injustice qui fait qu’une famille dont les membres travaillent beaucoup plus qu’une autre doivent faire face aux difficultés de la vie. La notion de mérite est cardinale et toute violation de cette notion m’est difficilement acceptable.

 

Je déteste aussi le déterminisme qui mène à la culture de l’excuse. Beaucoup de facteurs expliquent qu’un jeune d’un quartier difficile puisse percevoir l’inégalité mais à mon sens rien n’est bon dans le ressentiment dans l’aigreur.

 

 

PdA : Que vous inspire la situation de notre pays ?

 

J.H. : Pour vous dire les choses franchement, j’ai parfois l’impression que notre pays et ses habitants n’ont pas conscience de nos atouts et qu’il en résulte une fatigue mêlée à une crainte du lendemain.

 

A mon sens la situation s’aggrave pour les jeunes car ils ne perçoivent plus l’effort comme un épanouissement. Il est vrai que notre pays ne leur donne pas toujours leur chance mais parfois j’ai l’impression qu’ils hésitent même à la saisir.

 

La France ne peut pas se contenter d’être une puissance de second rang, c’est dans l’ADN de ce pays. Parfois, j’ai l’impression que la tâche est si grande qu’elle effraie nos concitoyens alors que les jeunes Chinois, Brésiliens voient ce monde comme une belle opportunité.

 

 

PdA : Quels sont pour la France les enjeux majeurs de cette décennie ? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à notre avenir collectif ?

 

J.H. : Je vois trois enjeux majeurs pour la France :

 

1. Ne pas décrocher dans la compétition économique en conservant son atout le plus précieux : la qualité de notre offre de produits et de services. Nos PME doivent voir plus grand sinon elles ne seront que des supplétifs.

 

2. Rétablir la confiance chez les jeunes : en arrêtant de leur parler de toutes les perfusions possibles (les emplois aidés, les drogues qui adoucissent la dureté de la vie)

 

3. Répondre aux changements démographiques : la France ne peut éluder l’accroissement massif des populations dans certains continents qui va bouleverser la donne des échanges économiques et des besoins premiers : l’eau, la nourriture, la santé.

 

En définitive, beaucoup de choses me pousseraient à être pessimiste mais je suis un éternel optimiste et la France a de merveilleux atouts.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les débuts du président Hollande, de l'assemblée rose et du gouvernement Ayrault ? J'imagine que votre réponse ne sera pas totalement favorable, mais y'a-t-il au moins des points sur lesquels vous considérez qu'"à la limite", de bonnes choses sont réalisées ou en passe de l'être ?

 

J.H. : J’aurais une expression pour les qualifier : pas à la hauteur. Ma conviction c’est que les défis posés à la France effraient profondément le gouvernement actuel.

 

Néanmoins, pour ne pas être taxé d’immobilisme, il a trouvé un remède : défaire ce qui avait été mis en place. Il est rare que je le pense mais je trouve que Mélenchon a plutôt raison quand il dit que ce n’est pas parce que M. Hollande trouvait que la politique de M. Sarkozy était trop énergique qu’elle doit maintenant devenir chloroformée.

 

J’aimerais accorder un point positif à ce Gouvernement mais comprenez mon embarras : ils sont encore dans l’antisarkozysme infantile. Je n’hésiterai pas à reconnaitre à la Gauche un mérite si elle arrive à surpasser ses barrières idéologiques pour maintenir l’auto entrepreneur ou réaliser la mise à jour de son logiciel sur les questions de sécurité.

 

 

PdA : Après la défaite, et avant la reconquête... la réorganisation. Celle d'un appareil, et celle des idées. Qui aimeriez-vous voir élu(e) à la tête de l'UMP à l'automne prochain, et pourquoi ?

 

Quelle doit être, de votre point de vue, la "ligne politique" de l'UMP des cinq années à venir ?

 

 

J.H. : La droite française a toujours eu tendance à faire table rase de tous les acquis à chaque fois qu’elle connaissait une défaite. L’UMP a permis de cimenter des familles qui finalement se ressemblaient beaucoup dans leur approche de la responsabilité, de la fierté nationale.

 

L’UMP doit pouvoir garder ses fondamentaux tout en attirant des citoyens qui n’y croient plus.

 

Les créateurs sont persuadés qu’ils sont le moteur de notre société, c’est vrai mais ils ne peuvent ignorer qu’il y a d’autres impératifs pour toute société : des valeurs, des règles, des choses en partage.

 

Les personnes qui connaissent la difficulté se disent que la politique ne peut rien car elle ne va pas régler leur cas personnel, ils oublient les conséquences énormes que peuvent avoir une décision prise dans un hémicycle qui remet en cause l’équilibre de toute une filière, l’aménagement de tout un territoire.

 

 

PdA : Jusqu'où, et sur la base de quels piliers programmatiques la majorité bleue de demain aura-t-elle vocation à s'étendre ? Quid d'un hypothétique rapprochement avec le Front national ?

 

J.H. : Rien de tout ce que nous proposons ne peut être comparé au Front National car notre approche est foncièrement positive : l’UMP c’est le parti qui aime voir la France en haut du podium et qui veut que chacun où qu’il soit ait la place qu’il mérite car rien de pire qu’une personne qui se sent inutile.

 

 

PdA : Êtes-vous favorable à l'instauration d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée ? Dans quelle mesure ?

 

J.H. : Non je n’y suis pas favorable.

 

 

PdA : La crise des dettes souveraines européennes, couplée à une croissance anémique sur le continent poussent nombre de voix à s'élever pour réclamer une intégration communautaire accrue pour mieux coordonner les politiques financières et économiques. Quelle est votre position sur cette question ?

 

J.H. : Ca devient une évidence. Nous avons choisi une monnaie commune, difficile de penser que les politiques économiques et sociales ne doivent pas être harmonisées.

 

 

PdA : Existe-t-il des sujets, de société notamment, sur lesquels vous souhaiteriez, à titre personnel, voir notre pays "bouger" peut-être un peu plus vite que ne le désirerait votre parti, qui reste essentiellement "conservateur" ? Des thèmes qui pour x ou y raison vous tiendraient à cœur alors qu'ils ne seraient pas prioritaires pour votre parti, voire pas opportuns du tout ?

 

J.H. : D’abord, je veux dire que ce que j’entends par sujets de société ne doit pas se réduire aux sujets traités tous les jours dans les médias. Bien sûr que la question de l’euthanasie, que la question du mariage homosexuel sont importantes mais je trouve qu’on sous-estime les autres questions : Quelles relations entre les enfants et les parents quand les familles changent de forme ? Quelle relation entre les générations quand l’espérance de vie s’allonge et que les jeunes connaissent tout parfois très jeunes ? Comment lutter contre toutes les nouvelles dépendances qui ruinent des vies : cyberaddictions, nouvelles drogues...

 

L’UMP doit avoir un coup d’avance sur les autres partis sur ces sujets quand le mariage va bientôt être autorisé pour tous et que ce sujet sera derrière nous.

 

 

PdA : Un petit bond dans le futur... 2017 est en vue. Souhaitez-vous que des primaires ouvertes soient organisées par l'UMP et ses alliés ? Qui serait, dans l'idéal, VOTRE candidat(e) ? Croyez-vous en l'hypothèse d'un retour de Nicolas Sarkozy ? Le souhaitez-vous ?

 

J.H. : Avec 10 jeunes secrétaires nationaux de l’UMP, nous avons fondé la nouvelle donne qui a demandé aux candidats à la présidence de l’UMP de prendre un engagement : accepter la primaire ouverte en 2017.

  

Ne nous mentons pas, le PS a su intéresser les Français en rendant accessible le choix de son candidat pour créer une dynamique cela doit nous inspirer.

 

J’ai beaucoup aimé la déclaration de Jean-François Copé lorsqu'il a affirmé qu'il serait aux côtés de Nicolas Sarkozy, quelle que soit sa décision pour l'avenir. Je partage cette vision pour 2017.

 

 

PdA : Question "ouverte". Auriez-vous un message à faire passer à quelqu'un ? Une personnalité, un groupe... Profitez-en !

 

J.H. : J’encourage tous les jeunes à s’engager politiquement et tous les jeunes d’esprit à donner envie aux jeunes de le faire. Pour entreprendre son avenir, il faut pouvoir le choisir. Restons en contact par les réseaux sociaux et sur le terrain.

 

 

 

Une nouvelle fois, merci à Jonas Haddad pour ses réponses ! Phil Defer

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

23 août 2012

Robin Pretot : "Porter l'héritage de Nicolas Sarkozy"

8000. C'est le nombre de parrainages de militants que devra recueillir chacun des candidats à la présidence de l'UMP pour espérer être du vote final. François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire sont déjà dans la course. Jean-François Copé, pas encore. Xavier Bertrand et Christian Estrosi l'envisagent sérieusement. À trois mois d'un scrutin déterminant pour la droite, la parole à un autre jeune UMP. Après Benjamin Lancar, Camille Bedin et Aurore Bergé, voici Robin Pretot. Je le remercie pour ses réponses. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

ROBIN PRETOT

Président de l'Association "Réussir l'avenir"

Délégué Jeunes UMP de la 13è circonscription des Bouches-du-Rhône

 

"Porter l'héritage de Nicolas Sarkozy"

 

Robin Pretot

(Photo fournie par Robin Pretot)

 

 

Q : 20/08/12

R : 22-23/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ? (ce que vous faites, aimez, vos références dans la vie, ce qui vous a conduit à vous engager...)

 

Robin Pretot : J'ai 22 ans je suis étudiant en droit et communication à Aix-en-Provence et je suis pion de nuit en internat en parallèle pour gagner de l'argent.

 

J'ai adhéré à l'UMP à l'été 2007 et je m'engage localement dans ma ville à ISTRES où j'ai monté une association de débat public : "Réussir l'Avenir".

 

Enfin j'ai eu l'occasion de créer des clips vidéos réalisés dans le cadre de la présidentielle et qui ont été diffusé par l'équipe web de Nicolas Sarkozy. Une petite fierté qui a fait un certain buzz.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

 

R.P. : J'en retiens 5 années de véritable changement. Les réformes se sont succédées, celles que l'on nous disait impossible à mettre en place comme l'autonomie des Universités l'ont été et les crises internationales qui se sont succédées ont été combattues par un volontarisme et une énergie incroyable de la part de Nicolas Sarkozy.

 

 

PdA : Comment avez-vous vécu sa défaite du 6 mai, et comment l'expliquez-vous ? Quelles leçons tirez-vous de ces échecs électoraux de 2012 ?

 

R.P. : Une véritable tristesse ! Quand vous vous engagez avec autant de passion et de conviction dans ce type de combat vous ne pouvez pas ne pas être affecté par la défaite. Le sentiment d'injustice prend le dessus. Un homme s'est battu tous les jours pour un pays qui, au final, ne le remercie même pas.

 

Pour moi c'est le fruit, peut-être d'un agacement injustifié de son volontarisme et activisme que l'on a requalifié de manière péjorative "d'omni-présidence", mais c'est surtout la crise qui est à l'origine de cet échec accompagnée de l'illusion populaire que c'est en changeant de majorité que l'on efface les problèmes.

 

 

PdA : Avec le recul, avez-vous des regrets par rapport à cette campagne ? Certaines choses auraient-elles dû être faites différemment ? Avez-vous toujours été totalement à l'aise avec la campagne menée ?

 

R.P. : Je n'ai, et j'estime que nous ne devons avoir aucun regret. Cette campagne était belle et elle ne nous a fait manqué la victoire que de peu. Le contexte jouait en notre défaveur et l'anti-sarkozysme prôné par tous les adversaires coalisés a payé.

 

  

PdA : Qu'est-ce qui vous révolte, vous donne envie d'agir dans le monde d'aujourd'hui ? 

  

R.P. : Sur un plan local il y a le clientélisme outrancier et tellement nuisible à la démocratie qu'il faut combattre à tout prix ! C'est le poison de la politique.

 

Ensuite, c'est l'éducation et les dérives pédagogistes qui, comme le disait autrefois N.Sarkozy, consistent à dire que pour enseigner les mathématiques à Paul il faut d'abord connaître Paul plutôt que les mathématiques. Cette idée que l'enfant est si précieux et fragile et qu'il ne faut surtout pas le brusquer avec des notions qui appartiendraient au passé comme celle de morale, d'autorité, de discipline et surtout d'effort et de mérite; cette idée me désole profondément !

 

 

PdA : Que vous inspire la situation de notre pays ?

  

R.P. : Je mesure souvent la chance que j'ai d'être français. Après tout nous sommes en démocratie. Nous avons accès à l'école, à la santé et à une qualité de vie plus qu'agréable... et tout le monde ne peux pas en dire autant.

 

Mais en bon français que je suis, je recherche toujours plus de perfection et je m'inquiète de sa situation économique qui ne va pas en s'améliorant, de sa crise de la Morale et du choc des cultures qui se fait toujours plus violent.

 

 

PdA : Quels sont pour la France les enjeux majeurs de cette décennie ? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à notre avenir collectif ? 

  

R.P. : D'abord l'éducation. Qui doit instruire mais aussi co-éduquer (avec les parents) afin de transmettre des repères communs et une certaine morale.

 

Ensuite l'environnement, car si ce combat n'est pas mené aujourd'hui, demain il sera trop tard or la terre ne nous appartient pas éternellement.

 

Enfin l'immigration et l'intégration car le peuple français est de moins en moins unitaire et de plus en plus méfiant des cultures étrangères.

 

Malgré cela j'essaie de rester positif. Le philosophe Alain disait : "le pessimisme est d'humeur, l'optimisme de volonté"... soyons volontaristes !

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les débuts du président Hollande, de l'assemblée rose et du gouvernement Ayrault ? J'imagine que votre réponse ne sera pas totalement favorable, mais y'a-t-il au moins des points sur lesquels vous considérez qu'"à la limite", de bonnes choses sont réalisées ou en passe de l'être ?

  

R.P. : Malheureusement ils sont pire que je ne le pensais. Obsédés par le souvenir de Sarkozy plus que la droite elle-même et décidés à tout détricoter avant de s'inspirer de lui comme pour la Syrie ! Ils ne sont pas capables de prendre une mesure sans faire référence à Sarkozy ! Il doit terriblement leur manquer !

 

 

PdA : Après la défaite, et avant la reconquête... la réorganisation. Celle d'un appareil, et celle des idées. Qui aimeriez-vous voir élu(e) à la tête de l'UMP à l'automne prochain, et pourquoi ?

 

R.P. : Je n'ai pas d'avis. Beaucoup de candidats me plaisent pour des raisons différentes.

 

 

PdA : Quelle doit être, de votre point de vue, la "ligne politique" de l'UMP des cinq années à venir ?

 

R.P. : La ligne politique doit porter l'héritage de Nicolas Sarkozy et offrir une vision assez précise pour être "palpable" par nos membres et assez large pour assurer une grande Union, un grand rassemblement comme fut celui de 2007.

 

 

PdA : Jusqu'où, et sur la base de quels piliers programmatiques la majorité bleue de demain aura-t-elle vocation à s'étendre ? Quid d'un hypothétique rapprochement avec le Front national ?

 

R.P. : En ce qui concerne le FN : pas d'alliance pas plus que je ne souhaite d'alliances indirectes avec la gauche en appelant à voter pour elle en cas du duel FN/PS.

 

 

PdA : Êtes-vous favorable à l'instauration d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée ? Dans quelle mesure ?

 

R.P. : Oui mais à une légère part. Le suffrage universel uninominal est essentiel. Si les petits partis veulent avoir des députés, ils n'ont qu'a être assez bons pour convaincre les électeurs.

 

 

PdA : Existe-t-il des sujets, de société notamment, sur lesquels vous souhaiteriez, à titre personnel, voir notre pays "bouger" peut-être un peu plus vite que ne le désirerait votre parti, qui reste essentiellement "conservateur" ? Des thèmes qui pour x ou y raison vous tiendraient à cœur alors qu'ils ne seraient pas prioritaires pour votre parti, voire pas opportuns du tout ?

 

R.P. : Si vous sous-entendez la question du mariage et l'adoption homosexuels... La seule chose que j'accepterais c'est que l'on puisse célébrer l'union des couples du même sexe en mairie avec les mêmes droits que les hétéros en matière de successions notamment.

 

Mais cela ne peut s'appeler un mariage car le mariage à pour objectif la procréation et ça... j'ose croire que même la société n'y est pas prête ni ne le souhaite pour l'instant.

 

 

PdA : Un petit bond dans le futur... 2017 est en vue. Souhaitez-vous que des primaires ouvertes soient organisées par l'UMP et ses alliés ? Qui serait, dans l'idéal, VOTRE candidat(e) ? Croyez-vous en l'hypothèse d'un retour de Nicolas Sarkozy ? Le souhaitez-vous ?

 

R.P. : JAMAIS de primaires ouvertes ! Pour moi elles sont contraire à l'esprit de la Vème République et je ne paie pas une cotisation pour avoir les mêmes pouvoirs qu'un socialiste qui viendrait choisir le moins bon des candidats de mon parti. Cela existe, c'est ce que j'ai moi-même fait et assumé en ce qui concerne les primaires socialistes.

 

Pour le candidat ... 2017 est encore trop loin.

 

Quant au retour de Nicolas Sarkozy, je le souhaite ardemment !

 

 

PdA : Première question "ouverte". Auriez-vous un message à faire passer à quelqu'un ? Une personnalité, un groupe... Profitez-en !

 

R.P. : Je voudrais faire passer un message à mes collègues de ma circonscription où notre parti subit quelques tensions. Un message de rassemblement autour d'une remise en question de chacun d'entre-nous et de notre mode de fonctionnement. Mais je veux leur dire que les divergences ne peuvent pas se régler sur la place publique. J'ai toujours oeuvré pour cette cohésion et ce n'est pas demain la veille que je cesserai de le faire.

 

 

PdA : Dernière question, totalement ouverte celle-ci. Vous avez carte blanche pour compléter notre entretien de la manière dont il vous plaira. En approfondissant tel ou tel sujet, en en abordant un autre, en nous livrant une anecdote ou en évoquant toute autre chose... @ vous !

 

R.P. : Je veux simplement vous remercier de me permettre de m'exprimer ici.

 

La force de notre pays réside dans sa capacité a donner la parole au plus grand nombre et à permettre que toutes les idées puissent être défendues et puissent avoir les mêmes chances de gouverner la France.

 

 

 

Merci encore à Robin Pretot pour ses réponses ! Phil Defer

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

15 août 2012

Aurore Bergé : "Soyons audacieux !"

La rentrée, c'est bientôt. Cent un jours après l'élection de François Hollande, l'UMP est au travail. Elle prépare son avenir, avant d'espérer pouvoir assumer, de nouveau, celui de la France. À l'automne prochain, le parti élira son président. Avec lui, une ligne, un cap. Une ambition : convaincre pour reprendre le pays. Petit à petit. Après Benjamin Lancar et Camille Bedin, la parole à Aurore Bergé. À 25 ans, cette jeune Yvelinoise a déjà presque dix ans d'engagement politique derrière elle. Je la remercie pour le temps qu'elle a accepté de me consacrer en répondant à mes questions. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

AURORE BERGÉ

Chargée de mission à la fédération UMP des Yvelines

Ex-porte-parole des Jeunes UMP

 

"Soyons audacieux !"

 

Aurore Bergé

(Photo empruntée à Aurore Bergé sur son compte Facebook)

 

 

Q : 07/07/12

R : 15/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ? (ce que vous faites, aimez, vos références dans la vie, ce qui vous a conduit à vous engager...)

 

Aurore Bergé : Âgée de 25 ans, je suis engagée au sein de l’UMP depuis sa création et depuis que j’ai seize ans. Cet engagement était une évidence suite au 21 avril 2002, je ne pouvais alors pas voter et n’étais que spectatrice d’une situation qui me désolait et me révoltait. Cette période a correspondu à une nouvelle phase dans l’histoire de la droite française avec l’ambition de l’UMP de rassembler l’ensemble des sensibilités de la droite.

 

Responsable des Jeunes UMP des Yvelines de 2005 à 2008, puis porte parole nationale des Jeunes UMP de 2008 à 2010, chargée de mission auprès de Valérie Pécresse au sein de la fédération UMP des Yvelines depuis 2010, je travaille aujourd’hui à la reconquête de la ville au sein de laquelle j’habite, Magny-Les-Hameaux.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

 

A.B. : Une immense fierté. Fierté d’avoir participé aux campagnes de 2007 et 2012. Fierté d’avoir soutenu un homme qui a réformé comme jamais la France. Quand les Français et commentateurs auront pris un peu de recul sur la Présidence Sarkozy, quand ils arrêteront de la ramener aux premières heures de la soirée électorale du second tour de 2007 et regarderont les réformes réalisées et la manière dont la France a résisté par rapport à tous les autres pays comparables, ils sauront reconnaître le grand Président qu’il a été.

 

De la réforme des régimes spéciaux et généraux de retraite à l’autonomie des universités, du plan Cancer et Alzheimer au RSA pour protéger les plus fragiles, de l’augmentation de 25% de l’allocation adulte handicapé ou du minimum vieillesse aux internats d’excellence pour que l’égalité des chances soit une réalité, des peines planchers à la rétention de sureté pour protéger les Français, du Grenelle de l’Environnement au soutien aux agriculteurs …

 

 

PdA : Comment avez-vous vécu sa défaite du 6 mai, et comment l'expliquez-vous ? Quelles leçons tirez-vous de ces échecs électoraux de 2012 ?

 

A.B. : Cette défaite a été une grande douleur, un sentiment d’une grande injustice au regard de ce qui a été accompli.

 

Le principal enseignement est finalement que les Français demandent aux politiques une obligation de résultats et non une obligation de moyens. Or, quand vous traversez la crise financière et économique comme celle que nous connaissons depuis 2008, en dépit du plan de relance, en dépit du grand emprunt, vous sauvegardez le niveau de vie des Français et leur niveau de prestations sociales mais vous n’êtes pas en situation de l’améliorer. De la même manière, quand vous faites l’autonomie des universités, les résultats ne peuvent être perceptibles dans la seconde puisqu’il s’agit d’une politique de long terme.

 

Nous sommes dans une société du zapping, de l’instantané, or ce n’est pas le temps de la politique.

 

 

PdA : Quels sont pour la France les enjeux majeurs de cette décennie ? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à notre avenir collectif ?

 

A.B. : Tout commence par l’éducation et c’est pour moi le principal défi auquel nous sommes confrontés. Quand on voit les pays les plus en crise de l’Union européenne, comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce, ce sont des générations de jeunes diplômés qui désertent leurs pays pour aller s’installer ailleurs en Europe. Comment créer de la croissance, comment reconstruire son économie et assurer son avenir si sa propre jeunesse préfère partir ?

 

En France, nous avons encore la chance d’avoir une jeunesse formée, diplômée, qui a envie de travailler, d’investir et de créer en France mais cela ne durera pas si nous ne leur offrons pas un cadre favorable pour le faire.

 

De même, quand on dit que « tout commence par l’éducation », il serait bon de s’interroger, non seulement sur le rôle de l’école, mais également – voire surtout – sur le rôle des parents dans l’éducation des enfants. L’école instruit, la famille éduque. Et cet équilibre est de plus en plus fragilisé, imposant dès lors aux enseignants de nouvelles contraintes auxquelles ils ne peuvent faire face. Il faut que les parents reprennent leur place, toute leur place !

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les débuts du président Hollande, de l'assemblée rose et du gouvernement Ayrault ? J'imagine que votre réponse ne sera pas totalement favorable, mais y'a-t-il au moins des points sur lesquels vous considérez qu'"à la limite", de bonnes choses sont réalisées ou en passe de l'être ?

 

A.B. : En 3 mois, il y a eu beaucoup de paroles, beaucoup d’incantations, beaucoup d’affichage et de communication. Le principal objectif du gouvernement Ayrault semble de défaire tout ce qui a été fait par Nicolas Sarkozy, tout comme l’objectif de la Présidence Hollande semble être de prendre le contrepied de Nicolas Sarkozy autant que cela est possible.

 

Mais qu’est ce qui a été fait ? Arnaud Montebourg parle et se fait un nom sur la détresse sociale de salariés dont il sait pertinemment que les emplois sont condamnés. Au lieu d’accompagner le plan social, au lieu de mettre en place des plans de formation, il instrumentalise ce drame et montre du doigt les actionnaires.

 

Pendant ce temps là, on vote la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires, la suppression des peines planchers, la remise en cause des rétentions de sureté …

 

 

PdA : Après la défaite, et avant la reconquête... la réorganisation. Celle d'un appareil, et celle des idées. Qui aimeriez-vous voir élu(e) à la tête de l'UMP à l'automne prochain, et pourquoi ?

 

A.B. : Je fais aujourd’hui pleinement la campagne de François Fillon et je suis très fière d’être au sein de son équipe, aux cotés de Valérie Pécresse.

 

François Fillon me semble être le plus en capacité de rassembler l’ensemble des familles de la droite, ce qui est l’ambition première de l’UMP. Il a été pendant 5 ans le Premier Ministre de la France et a tenu sur toutes les réformes qui ont été réalisées.

 

 

PdA : Quelle doit être, de votre point de vue, la "ligne politique" de l'UMP des cinq années à venir ?

 

A.B. : Une droite décomplexée, une droite assumée, une droite impertinente, à l’image de celle que Nicolas Sarkozy avait installée quand il est devenu Président de l’UMP en 2004.

 

Une droite qui parle de tous les sujets car il n’y a aucun thème qui soit la propriété de tel ou tel parti. Nous sommes légitimes sur tous les sujets, prouvons le et soyons audacieux !

 

 

 

Merci encore à Aurore Bergé pour ses réponses ! Phil Defer

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

14 août 2012

Jérémy Coste : Une troisième voie ? "J'y crois encore"

Cent jours après l'élection de François Hollande, où sont passés les centristes ? Les Bayrou, les Morin... ? Comment vont-ils, ces hommes et ces femmes de convictions, ceux-là même qui refusent d'être étiquetés à gauche ou à droite et les dogmes qui, parfois, s'y rattachent ? Plutôt pas mal, merci pour eux ! Certes, l'Élysée n'est toujours pas occupé par l'un des leurs. Ils restent très minoritaires à l'Assemblée. Mais qu'on se le dise... le centre est en mouvement. La nouvelle '"Union des démocrates et indépendants", groupe parlementaire présidé par Jean-Louis Borloo, rassemble à ce jour 29 députés. Leurs couleurs : Parti radical valoisien, Nouveau Centre, Force européenne démocrate... Force européenne démocrate ? Une autre nouveauté, un parti qui "se donne pour objectif premier de contribuer à la création d’une confédération des mouvements centristes qui y sont favorables". Il compte parmi ses rangs des figures du Nouveau Centre : Jean-Christophe Lagarde, André Santini (voir : l'interview qu'il m'avait accordée au mois de février), notamment... Entretien avec l'un de ses adhérents. Jérémy Coste, porte-parole des Jeunes forces démocrates, a 25 ans. Et, à n'en pas douter, un bel avenir devant lui... Je ne prendrai pas la peine de le présenter davantage, il s'en charge tout de suite, et bien mieux que moi... Je le remercie pour les réponses, passionnées et très élaborées, qu'il a bien voulu m'apporter. Une exclusivité Paroles d'Actu. Phil Defer  EXCLU 

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEREMY COSTE

Porte-parole des Jeunes forces démocrates

 

Une troisième voie ? "J'y crois encore !"

 

Jérémy Coste

(Photo fournie par Jérémy Coste)

 

 

Q : 26/07/12

R : 14/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Que faut-il savoir sur vous avant d'aborder cet entretien, Jérémy Coste ? Qui êtes-vous ? Comment votre engagement actuel est-il né ? Qu'aimez-vous dans la vie ?

 

Jérémy Coste : Bonjour à tous. Je tiens d’abord à vous remercier de m’exprimer sur votre blog.

 

Je suis né à Lyon en 1986. J’ai grandi dans une famille populaire dans laquelle le sport tenait une grande place. Chez nous, le sport était obligatoire. Mes parents tenaient à ce que ma sœur, mon frère et moi ayons une activité extra-scolaire. C’était important pour eux car le sport représente à leurs yeux (et aux miens) de nombreuses valeurs telles que l’apprentissage du goût de l’effort, le respect, la compétitivité, la précision, la rigueur, la performance… Gymnaste pendant près de 16 ans, j’ai terminé ma carrière de sportif sur un titre de champion de France. C’était en quelque sorte l’aboutissement de plusieurs années d’efforts et d’investissement. Je parle de cette expérience car c’est elle qui m’a donné le goût de la politique.

 

En effet, parallèlement à mes activités sportives, j’ai souhaité dès l’âge de 16 ans prendre des responsabilités au sein de mon club. D’abord en entrainant moi-même des juniors puis en intégrant le bureau de mon club. Les jeunes étaient rares alors mon président m’a encouragé à participer à une formation « jeunes dirigeants » organisée par le Comité olympique français et rhônalpin. J’en suis ressorti des projets plein la tête. J’ai donc poursuivi ma carrière sportive jusqu’à 22 ans tout en faisant une licence de science politique mention « relations internationales » à Lyon 3 et en dirigeant la commission jeune du comité olympique de la région Rhône Alpes. J’ai eu la chance d’y rencontrer des personnes exceptionnelles comme Daniel TRONTIN, le président de mon club ou Guy MARGOTTON, le président du CROS Rhône Alpes.

 

Cet engagement associatif et sportif m’a fait prendre conscience de l’importance de la politique. A 16 ans, j’ai donc décidé de m’engager en politique. Mes parents m’ont d’abord découragé. Selon eux, « ce n’était pas notre monde ». Je crois avec le recul que cette phrase m’a profondément marqué. A 16 ans, on croit au principe d’égalité alors quand tes parents te disent cela, tu déchantes. Mais je ne me suis pas découragé pour autant. J’ai donc fait un « deal » avec eux. Je leur ai dit que pendant 1 an, je me renseignerais sur les valeurs de chaque parti. Après plusieurs mois, je me suis donc engagé à l’UMP. J’hésitais beaucoup avec l’UDF car je suis profondément européen mais l’énergie de Nicolas SARKOZY à cette époque m’a convaincu. J’en profite d’ailleurs pour raconter une anecdote. Lorsque je suis allé pour la première fois au siège de la fédération UMP 69, les jeunes m’ont accueilli en me disant qu’il n’y avait rien à faire. Ils m’ont gentiment encouragé à contacter mon député de circonscription. Avec du recul, mon allure lycéenne de jeunes sportifs en jogging ne coïncidait visiblement pas avec le « style » des jeunes de l’UMP du Rhône. Je suis donc allé voir mon député. Il se trouvait que je connaissais sa déléguée de circonscription car elle représentait souvent le député lors des réunions de mon club. J’ai donc tout de suite sympathisé et je me suis investi aux cotés de Jean-Michel DUBERNARD pour animer les jeunes UMP de sa circo. Cela a duré 2 ans puis je me suis rendu compte, malgré les amitiés que j’ai développé et entretenu, que je n’étais pas à ma place. On m’appelait « le petit européen »… LOL.

 

Voilà, j’ai donc interrompu mon engagement partisan et j’ai fondé une association de promotion de l’identité européenne avec une jeune socialiste. Cela a duré le temps de nos études à l’Université. C’était passionnant car nous allions à la rencontre des écoliers pour monter des projets culturels avec eux pendant une année. Nous avons associé des étudiants de l’Union européenne… une expérience formidable. Arrive 2007 et l’élection présidentielle. Je rejoins le Nouveau Centre. Puis les choses s’enchainent. Je rejoins Damien ABAD, premier président des jeunes du Nouveau Centre, je prends des responsabilités régionales et locales au sein du mouvement et en juin 2010, je suis élu président des Jeunes centristes.

 

Parallèlement, je reste engagé au Comité olympique où je suis toujours membre de la commission jeune nationale. En ces temps olympiques, je rappelle que le sport et les sportifs de haut niveau réussissent grâce à leur talent avant tout mais aussi grâce à l’engagement de millions de bénévoles dans nos clubs. Je salue la force du bénévolat français. Au CNOSF, je contribue à la formation de tous ces jeunes sportifs qui veulent diriger nos clubs et nos structures partout en France.

 

Enfin, professionnellement, je suis conseiller parlementaire d'un établissement public après avoir travaillé pour André SANTINI pendant deux ans à l’Assemblée nationale.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les premiers pas de la présidence Hollande ?

 

J.C. : Selon moi, François HOLLANDE est un président qui correspond assez bien aux critères de la présidence. Il dégage une certaine sérénité et semble attaché à prendre de la hauteur sur les questions de politique intérieure. Ne pas trop parler, sur tout et tout le temps, ne pas trop agir pour éviter les confusions. Pour le moment, son attitude est appréciable. Cela concerne la forme. On a le sentiment de souffler après 5 ans d’hyper présidence où le gouvernement et le premier ministre semblaient être relégués au second plan.

 

Pour moi, le président de la République doit agir avec sagesse, intelligence, consensus. Il doit consulter puis impulser et définir les orientations stratégiques de notre pays. Charge au gouvernement de proposer et exécuter.

 

Sur le fond, je suis beaucoup plus critique. François HOLLANDE ne m’inspire pas confiance. Son équipe agit avec hésitations et contradictions. En pleine crise européenne, le cap n’est pas fixé. Sur le plan international, c’est le néant politique. Que dit, et surtout que fait la France concernant la Syrie ? Je suis stupéfait de voir chaque jour ce peuple qui se bat seul sans que la France et l’Europe ne les aident. On parle tout de même de vies d’enfants… Rappelons-le !

 

Je suis donc inquiet. Je trouve que ce gouvernement mis à part quelques ministres, manque de professionnalisme et d’ambition pour notre pays, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

 

 

PdA : En 2007, François Bayrou a recueilli sur son nom près de 7 millions de suffrages (18,57% des exprimés), suscitant l'espoir massif d'une troisième voie possible. Aujourd'hui privé de son siège à l'Assemblée, il lutte pour sa survie politique. Que vous inspire sa situation ? Est-il une voix qui compte à vos yeux ?

 

J.C. : François BAYROU est et restera une voix qui compte. Sa grande culture et sa connaissance profonde de l’histoire de notre pays sont des qualités essentielles pour bien gouverner. On sent une sincérité dans son engagement et dans ses combats politiques. En revanche, je regrette que ses qualités de stratège ne soient manifestement pas à la hauteur de ses qualités intellectuelles. François BAYROU est une sorte de philosophe qui aspire à rendre concrètes ses idées et ses ambitions pour la France et l’Europe mais son incapacité à faire les bons choix stratégiques l’empêchera vraisemblablement d’y parvenir. C’est terrible car cela démontre qu’en politique, ce n’est pas le plus brillant et le plus visionnaire qui gagne mais celui qui est capable de faire le plus de compromis.

 

François BAYROU est selon moi le président qu’il nous faut mais que nous n’aurons probablement jamais. A présent, je crois qu’il doit continuer à participer au débat politique mais laisser une nouvelle génération poursuivre son combat pour une troisième voie. Personnellement, j’y crois encore…

 

 

PdA : De voix, il sera également question dans cette nouvelle question. Considérez-vous que le Nouveau centre, allié de l'UMP, a réellement pu faire entendre la sienne durant les cinq dernières années (campagne 2012 comprise) ? Et qu'il a été un partenaire respecté du parti majoritaire ? Quel bilan tirez-vous de cette législature, s'agissant de vos idées, de vos valeurs ?

 

J.C. : Le Nouveau Centre n’a pas démérité. Nous nous sommes battus au Parlement pour défendre notre vision de la société. Nous avons défendu de nombreuses propositions de lois visant à rendre l’action du gouvernement plus juste. Malheureusement, ce ne sont pas 22 parlementaires qui peuvent bousculer les lignes. Concrètement, nous avons toujours été attachés à décentraliser davantage notre pays en faisant confiance aux régions, nous avons défendu la règle d’or qui prévoit des budgets en équilibre. Nous avons également alerté le gouvernement lorsque celui dérivait trop à Droite et notamment concernant Edwige ou l’affaire des Roms. A ce sujet, c’est nous qui avons été les premiers à dénoncer cette attitude irresponsable et scandaleuse. Nous défendons une société apaisée. Nous ne tolérons pas la stigmatisation, encore moins lorsqu’elle est à visée politicienne et électoraliste. Nous n’avons donc pas accepté que les Roms, citoyens européens, soient traités avec tant de méprise et de violence.

 

Alors effectivement, je crois que nous avons fait ce que nous devions faire mais que notre division (je parle de la division des centristes) ne nous a pas permis d’être suffisamment entendus au point de faire reculer ou accélérer le gouvernement précédent sur des sujets essentiels.

 

Quant à l’UMP, il est évident que face à notre division et donc notre poids politique marginal, nous étions le dernier de ses soucis. Le résultat, c’est qu’en 2012, les français n’ont pas entendu notre message et notre projet.

 

 

PdA : Vos idées, vos valeurs, justement, parlons-en. Vous vous définissez volontiers comme étant un "centriste". Qu'est-ce que cela signifie pour vous, s'agissant des valeurs (nous reviendrons sur les idées plus tard dans l'interview) ? Qu'est-ce qui vous différencie sur ce plan de l'actuelle UMP, par exemple ?

 

J.C. : C’est très simple. 3 choses :

  • L’Europe. Selon nous, il est évident que seule l’union des nations européennes est en mesure de garantir la survie de nos principes fondamentaux. On le voit bien, plus nous tardons à concrétiser la création d’une Europe politique et donc fédérale, plus nous sombrons et plus les autres puissances avancent et nous dépassent. Qui peut raisonnablement croire que 70 millions de français, seuls, peuvent concurrencer 1 milliards 400 millions de Chinois, autant d’Indiens… L’UMP reste enfermée dans les vieux schémas. Elle croit encore à la grandeur de la France. Je ne renie rien de notre histoire mais je considère que le principe de nation évolue et qu’il est temps d’offrir à la France et aux français une nouvelle grandeur. Seule la construction d’une Europe politique, populaire et démocratique nous permettra d’y arriver.

  • La décentralisation ensuite. Il faut en cesser avec la centralisation qui asphyxie notre économie. Nous devons faire confiance aux territoires et prendre conscience que chaque terroir est détenteur d’une histoire, d’une richesse, d’un rapport à ses acteurs locaux, d’un patrimoine. Nous devons donc donner aux régions une large autonomie et les encourager à innover avec des entreprises, des hommes, des femmes, des jeunes qui veulent contribuer au développement de leur territoire local qu’ils connaissent bien et auquel ils sont attachés.

  • La responsabilité de l’Etat. Il faut agir avec courage et ambition. Il faut cesser de mentir aux français pour être réélu. L’environnement doit être une priorité, la gestion responsable de nos finances publiques doit être garantie, la moralisation de la vie publique assurée. L’UMP agit avec le souci principal d’être au pouvoir, comme le PS. Et si pour cela, il faut mentir et dépenser sans compter, ils le font. Le résultat, la banqueroute et le désengagement des citoyens car ces derniers finissent par perdre espoir.

 

Voilà 3 idées principales sur lesquelles il y a des différences majeures avec l’UMP et le PS. Nous sommes prêts à défendre une 6ème République qui mettrait tout à plat !

 

 

PdA : L'idée centriste semble reprendre du poil de la bête avec l'organisation de députés d'horizons divers sous la bannière Union des démocrates et indépendants à l'Assemblée. Diriez-vous qu'il s'agit là d'une amorce de reconstitution d'un pôle centriste réellement indépendant ?

 

J.C. : Les centristes ont toujours été indépendants. Ils n’avaient en revanche pas suffisamment de poids pour peser et se faire entendre, d’où cette impression de soumission. En réalité, le groupe UDI est le prolongement de que fut l’UDF puis le NC. Nous rassemblons des députés qui souhaitent agir et réagir avec justesse dans un souci de justice pour les français. Quand nous estimerons que les orientations sont bonnes, nous le dirons. Nous voulons incarner une opposition vigilante et constructive. Le pays ne peut plus se permettre de jouer la comédie. Nos élus doivent faire tomber le masque.

 

Ensuite, j’espère que ce groupe inspirera nos élus et que les forces centristes (je parle des militants) de toutes les chapelles sauront se retrouver. D’abord pour peser et ensuite pour que les français entendent enfin notre projet. J’ai fait tout ce que je pouvais quand j’étais à la tête des Jeunes centristes. Aujourd’hui, je prends un peu de recul tout en continuant ce combat.

 

 

PdA : Longtemps patron des jeunes du Nouveau centre, vous avez tout récemment rejoint, avec André Santini, le parti Force européenne démocrate, fondé par Jean-Christophe Lagarde. Pourquoi cette rupture ? Quelle est la vocation de cette nouvelle formation ?

 

J.C. : La FED a pour objectif premier de contribuer au rassemblement de la famille centriste. Pour témoigner notre bonne foi, nous avons même décidé de permettre la double appartenance à tous ceux qui appartiennent à une autre formation centriste. Ainsi, nous démontrons notre volonté de travailler avec tout le monde, sans exclusive. Concernant les valeurs que nous défendons, pas de langue de bois. Il s’agit pour l’essentiel des mêmes que tous les autres partis. A la différence que nous offrons enfin aux Démocrates-sociaux une maison dont les alliances sont claires. La FED encouragera donc les partis du Centre à se rassembler en portant ce message partout. Ceux qui nous rejoignent sont clairement engagés dans cette voie, c’est notre cap politique. Plus largement, nous continuerons avec les jeunes, les militants et les élus à défendre notre projet de société.

 

 

PdA : Question liée aux deux précédentes. Sous quelle forme souhaitez-vous voir s'organiser à terme cette famille centriste éclatée ? Une confédération de partis indépendants mais unis lors des élections ? Un parti unique mais acceptant les "tendances" ?

 

J.C. : Le Centre est pas nature complexe. Il réunit des sensibilités de centre-droit, de centre-gauche, des démocrates-chrétiens, des libéraux… cette diversité ne peut donc pas se réunir dans une structure intégrée. Nous devons faire vivre notre famille dans le respect des opinions de chacun.

 

Notre défi est donc de faire vivre la diversité. C’est pourquoi, je suis favorable à la création d’un parti dans lequel les sensibilités cohabiteront. Concrètement, chaque parti adhèrera à la confédération, les militants feront donc partie de la même formation. Puis tous réunis, ils désigneront une équipe dirigeante du parti confédéral. Les décisions stratégiques se prendront à ce niveau. Les partis membres devront s’engager à respecter et suivre les décisions prises majoritairement ou quitter la confédération après une consultation des militants pour qu’un dirigeant ne prenne pas en otage l’ensemble des adhérents.

 

Quant aux choix des alliances, même chose. L’équipe dirigeante composée d’une partie des dirigeants de chaque formation et d’une partie élue directement par l’ensemble des militants, définira la ligne politique à suivre. En revanche je n’exclus pas par principe une alliance à gauche si un jour celle-ci évolue et se rapproche de notre projet politique plus que la Droite ne le ferait.

 

 

PdA : La viabilité d'une alternative dite centriste, vous le savez mieux que moi, se heurte à la logique implacable de l'affrontement des blocs en vigueur sous la Vè République. Valéry Giscard d'Estaing n'a été élu président que parce qu'il avait été soutenu par une bonne partie de la droite. Quel jugement portez-vous sur cette Vè République ? Pensez-vous sincèrement qu'un mouvement centriste indépendant puisse réellement exister dans ce cadre ?

 

J.C. : Je crois simplement que notre faiblesse nous incombe. Si nous parvenons à nous réunir, former une nouvelle génération, parler avec simplicité et sincérité des problèmes que notre pays rencontre, et qu’enfin, nous parvenons à faire émerger un leader (je dis bien que NOUS parvenons à faire émerger COLLECTIVEMENT un leader), nous pouvons être en mesure d’inspirer confiance aux français. Si nous inspirons confiance, nous serons en mesure de gagner et qui sait, de mener une coalition avec ceux qui se sentiront le plus proche de nous. Si VGE l’a fait, c’est possible de le refaire !

 

A ce moment-là, il faudra réformer le pays en profondeur et permettre dans nos institutions l’expression de tous au Parlement. Clairement, instaurer un système en partie proportionnel.

 

 

PdA : Cette question nous amène naturellement vers celle, fondamentale, de la proportionnelle. Êtes-vous favorable à la proportionnelle intégrale ou partielle ? Sur la base de listes locales ou nationales ? Et celle-ci serait-elle "pure" ou bien tempérée par un système de prime au parti majoritaire ? Derrière ce dernier point, il y a bien sûr la question de l'instabilité (dans une période déjà fort troublée), le souvenir de la IVè République avec les coalitions qui se font et se défont. Quelle est, le plus complètement possible, car l'enjeu est majeur, votre vision sur cette question ?

 

J.C. : Je souhaite une proportionnelle partielle qui garantisse justement une stabilité gouvernementale. Le système actuel où les députés sont élus au suffrage universel direct me convient. Il est important que chacun puisse s’adresser à quelqu’un en cas de besoin. La république doit avoir un visage. Les partis majoritaires seront bien entendu avantagés pour que se dégage une majorité claire qui puisse gouverner efficacement. A travers cette question il s’agit plus de permettre à chaque français d’être représenté que de donner à tout le monde la possibilité de bloquer ou de gouverner. La démocratie, c’est l’expression d’une confiance populaire à un tiers.

 

 

PdA : Quelles sont, pour rester sur l'organisation des pouvoirs, les autres réformes institutionnelles qui vous paraissent être fondamentales ? Souhaitez-vous qu'il y ait une modification du calendrier électoral (qui voit les législatives succéder directement à la présidentielle pour une même durée de mandats) ? Souhaitez-vous la fin de l'élection du Président de la République au suffrage universel direct, que suivrait l'instauration d'un véritable régime parlementaire ? D'autres choses ?

 

J.C. : C’est une question très intéressante qui me permettra de vous dire sincèrement et profondément quelles sont mes convictions. Personnellement, je suis favorable à la suppression du poste de Président de la République. Je m’explique. Européiste, convaincu que seule l’Union européenne (dans un format plus populaire et démocratique) pourra garantir la survie de nos valeurs et de notre histoire, je crois que nous devons donner une voix politique à l’Europe. Cette voix ne doit souffrir d’aucune contradiction institutionnelle. C’est pourquoi, si nous voulons donner une existence réelle à l’Europe, nous devons selon moi supprimer le poste de président de la République et confier les affaires de notre Etat au gouvernement qui serait alors dirigé par un Premier ministre. Cela fonctionne partout en Europe, nous pourrons nous y faire également. Mais cette suppression n’est envisageable que si nous avons un Président de l’Union européenne qui ait un rôle important et qui soit le fruit d’un processus démocratique direct ou indirect. En effet, je pense que l’importance du président de la République française liée à la confiance qu’il reçoit de manière directe de tout un peuple empêche toute émergence d’une forte personnalité politique européenne.

 

 

PdA : La famille centriste s'est illustrée depuis longtemps, souvent en solitaire, dans sa mise en garde contre les déficits publics excessifs. Nous voici parvenus à une situation où la dette est devenue écrasante. Quelles sont, dans les grandes lignes, vos solutions pour faire repartir la croissance et contenir les déficits ?

 

J.C. : Je le disais plus tôt, il faut décentraliser notre pays réellement et adopter la règle d’or. Ces deux réformes sont les préalables à toute politique d’investissement et de croissance. Sans responsabilité et sans confiance dans nos territoires, nous ne sortirons pas de la crise. Ensuite, il faut révolutionner notre système éducatif et adapter notre système de formation et d’accompagnement vers le retour à l’emploi au 21ème siècle. Un exemple concret, nous devons absolument faire en sorte qu’un agent du Pôle Emploi ait une expérience professionnelle dans le privé et/ou le public. Comment bien orienter un chômeur sans connaissance concrète du monde du travail. Même chose pour les enseignants, je crois que le parcours d’un enseignant doit comprendre avant ou pendant sa carrière une expérience dans le monde du travail. Comment enseigner les bases des connaissances nécessaires à la formation professionnelle sans connaître le monde du travail (je parle des enseignants du secondaire) ?

 

Si tout cela peut sembler éloigné des questions liées au déficit public, il n’en est rien. Nous n’en sommes plus aux petites réformes. Le pays a besoin de réformes structurelles. Nous devons traiter le mal par la racine. Si la France entre en récession, si les entreprises ne produisent plus assez, si les jeunes sont moins compétitifs, c’est parce que notre formation et notre administration ne sont plus efficaces. Il faut donc réformer notre pays en profondeur pour récréer la confiance. Pour cela, il faut oser s’inspirer de l’étranger tout en conservant nos valeurs.

 

Enfin pour donner un coup de pouce aux finances publiques, il ne faut surtout pas hésiter à taxer les transactions financières. Mais là aussi, ce serait plus efficace si l’Europe toute entière adoptait cette mesure…

 

 

PdA : Un autre grand pilier du centrisme, c'est celui de la construction européenne. Il en est beaucoup question en ce moment, alors que le niveau des dettes publiques européennes semble mettre en péril la monnaie unique elle-même. Nombre de voix s'élèvent pour réclamer une intégration communautaire accrue, notamment en matière budgétaire. Peut-être un pas de plus vers un fédéralisme européen, une idée au cœur de l'idéal centriste. Quelle Europe souhaitez-vous, à terme ?

 

J.C. : Je l’ai dit tout au long de l’interview car pour moi, la question européenne n’est pas une question à traiter séparément. L’Europe est notre cadre, nous avons besoin de règles justes et claires. Sans règles, on obtient vite un brouillon. Il faut fixer des règles et définir des limites. Les règles sont guidées par la solidarité et doivent découler d’un processus majoritaire. Le consensus tue l’Europe. Nous devons donc créer une Europe politique davantage populaire et démocratique. Nous devons également procéder à l’élection directe ou indirecte d’un président de l’Union européenne qui serait notre représentant dans toutes les instances internationales. Bien entendu, on ne peut pas laisser un homme décider et parler librement au nom de 27 nations. Nous devons donc avoir un parlement fort et des commissaires européens (l’équivalent de nos ministres) réellement compétents.

 

Je milite également pour que cette Europe fédérale clarifie son fonctionnement. Personnellement je souhaite que l’Europe et les régions de l’Union européenne (il existe d’ailleurs un comité des régions de l’UE) agissent de concert sur les sujets stratégiques notamment concernant le développement économique et la formation. Concernant les questions sociales, au-delà la nécessité évidente de fixer un cadre concernant les prestations sociales, les salaires, le prix des produits de première nécessité, je considère que c’est aux nations et aux échelles départementales/locales de décider car ce sont elles qui connaissent le mieux les réalités sociologiques et sociales.

 

Il faut donc clarifier les compétences. La stratégie et de le développement pour l’UE et les Régions et l’accompagnement social pour les nations et leurs échelons locaux.

 

 

PdA : Avez-vous à l'esprit des sujets de société qui mériteraient pour vous de faire l'objet de "réformes" ?

 

J.C. : L’Education et nos institutions… Il faut également valoriser nos Outre-Mer qui ont tant de choses à nous apprendre…

 

 

PdA : L'ensemble de vos priorités n'ont sans doute pas été abordées ici. Que souhaiteriez-vous ajouter en la matière ?

 

J.C. : Que sans espoir, nous ne parviendrons pas à retrouver le chemin de la croissance et de la prospérité qui, jadis, ont fait la gloire de la France et de l’Europe. Nous devons donc nous remettre en question pour adapter notre vision du monde aux réalités du 21ème siècle et bâtir tous ensemble une Europe puissance qui soit à nouveau un modèle pour le monde.

 

 

PdA : Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste aujourd'hui quant à l'avenir de la France et de l'Europe ?

 

J.C. : Je suis inquiet quand je vois l’état du monde mais je demeure un éternel optimiste car l’Homme est avant tout génie.

 

 

PdA : Si vous désirez adresser un message à nos lecteurs ou à quelqu'un en particulier, lancer un appel... profitez-en, c'est ici, c'est maintenant !

 

J.C. : Je lance un appel à tous ces jeunes qui au fond d’eux-mêmes souhaitent construire une société alternative. Tous ceux qui prennent conscience que nous devons modifier notre regard sur le monde et retrouver plus de simplicité dans notre rapport aux autres et à notre environnement.

 

Je les invite donc à se parler et s’unir pour créer une force militante qui défendra à la fois notre histoire et nos valeurs mais qui dans le même temps sera ouverte au changement tant que celui se fonde sur le respect et le dialogue. Mettons fin aux barrières partisanes et créons plutôt des digues qui séparent ceux qui veulent un monde nouveau de ceux qui veulent conserver et défendre celui-ci, qui clive et nous appauvrit. Nicolas HULOT disait : « Je veux mettre fin à mes illusions, réaliser mes rêves » et j’ajouterai à cela : notre système est une illusion confortable ! A méditer…

 

 

PdA : Dernière question, qui n'en est pas une... Pour vous permettre de conclure l'interview comme il vous plaira. Vous pouvez approfondir un sujet pas suffisamment traité, ou bien en aborder un autre...

 

J.C. : Comme en son temps où ceux qui voulaient philosopher sur le monde se retrouvaient dans des cafés, j’invite ceux qui me liront à me contacter pour prendre un café et rêver à un monde nouveau… ;)

 

 

 

(Question supplémentaire, posée à Jérémy Coste le 14 août. Réponse reçue le même jour, quelques minutes plus tard)

 

PdA : Quelques mots sur les Jeux olympiques de Londres ?

 

J.C. : Les Jeux olympiques sont d'abord une exceptionnelle démonstration d'humilité. Ces champions soulèvent des foules, relèvent des défis, remportent des records et restent souvent simples et respectueux. Ces athlètes, qui pendant 17 jours nous ont fait vibrer, rêver et parfois pleurer, se sont battus en donnant le meilleur d'eux-mêmes.

  

L'olympisme que notre baron Pierre de Coubertin a remis au goût du jour représente ces valeurs de respect et de combativité. Les athlètes du monde entier se sont battus contre eux-mêmes et pour leur famille, mais cette famille s'agrandit le temps d'une épreuve et c'est tout un pays qui est derrière eux. Dès lors, ils ne se battent plus uniquement pour eux mais pour offrir de la fierté à leurs compatriotes. Le temps d'une course, d'un plongeon, d'un saut... toute une nation se surprend à espérer l'or ou la performance. A ce moment, il n'y a plus d'hésitation, on appartient tous à la même nation. Plus de division, plus de suspicion, on ressent tous ce formidable frisson qui envahit notre corps et nous donne la rage de la victoire. On aspire à la fierté et au spectaculaire. Voilà les sensations des jeux olympiques. On y croit, on encourage, on espère, on rit, on pleure, on explose de joie... pour une médaille ou pour l'exploit, ce qui compte c'est uniquement de prendre du plaisir. Et finalement, peu importe la médaille ou sa couleur, on ne retient que l'essentiel : l'effort.

 

Notre équipe de France a été formidable. 11 belles médailles d'or, autant de champions. C'est en tout 34 exploits que le sport français a réalisé. En revanche, cette aventure de Londres 2012 ne doit pas nous faire oublier la nécessité pour la France d'investir davantage sur le sport comme vecteur d'éducation. Autrefois, le sport était populaire, il réunissait des foules immenses. Aujourd'hui, il n'y a guère que le football qui remplit des stades, et pas toujours pour de nobles intentions. La France doit donc encourager les étudiants à faire du sport dans les championnats scolaires et universitaires. C'est la première marche vers un club ou une fédération lorsqu'on a pas la chance d'avoir une famille de sportifs. Le sport est également un outil de santé publique que l'on ne développe pas suffisamment. Bref, le sport c'est la santé, la vitalité, l'effort, le respect. Le souffle de Londres ne doit pas disparaître... Il faut revoir le temps scolaire et permettre aux jeunes de pratiquer obligatoirement une activité culturelle ou sportive l'après midi. C'est une proposition que je défends depuis des années. Tout comme le défilé des nations lors de la cérémonie d'ouverture des jeux derrière la bannière européenne et l'envolée du drapeau européen au coté du drapeau national à chaque fois qu'un sportif de l'Union européenne monte sur un podium... Rêvons ! 

 

 

 

Je tiens à remercier, une fois de plus, Jérémy Coste pour ses réponses et pour nos échanges ! Phil Defer

 

 

 

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