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Paroles d'Actu

8 octobre 2013

P.-Y. Bournazel : "Il faut en finir avec ce socialisme de l'héritage !"

Lors de notre entretien daté du mois de mai, le conseiller de Paris (18ème arrondissement) Pierre-Yves Bournazel était candidat au leadership de la droite dans le cadre de la primaire "pour l'alternance à Paris en 2014". La suite, chacun la connaît : Nathalie Kosciusko-Morizet l'a finalement emporté. Bournazel compte aujourd'hui parmi les porte-parole d'une équipe rassemblée et bien déterminée à mettre un terme aux mandatures Delanoë-Hidalgo. Il a de nouveau accepté de répondre à mes questions, je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

P.-Y. BOURNAZEL

Porte-parole de la campagne menée par NKM à Paris

 

"Il faut en finir avec

ce socialisme de l'héritage !"

 

Pierre-Yves Bournazel 2

(Photo proposée à ma demande par Pierre-Yves Bournazel)

 

 

Q : 15/09/13

R : 08/10/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Pierre-Yves Bournazel. À l'époque de notre premier entretien, qui s'est tenu il y a quatre mois, vous étiez candidat à l'investiture de l'UMP pour la tête de la bataille des municipales à Paris. S'il y a eu une dynamique incontestable autour de votre campagne, votre score final a déçu. Comment l’expliquez-vous? Quelles leçons avez-vous tirées de cette expérience ?

 

Pierre-Yves Bournazel : En décidant de faire une primaire ouverte, l’UMP à Paris a choisi de donner la parole aux Parisiens. Tous les candidats ont pu présenter leur projet et leurs idées, ce qui, je le reconnais, a parfois pu donner lieu à quelques frictions. Je suis totalement convaincu que donner la parole aux Parisiens était la meilleure chose à faire, et les Parisiens ont fait choix de Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle en est sortie vainqueur. Elle est donc la candidate légitime. Dès le début, j’avais été clair : gagnant, je rassemblais, perdant, je me rangeais derrière le vainqueur. C’est donc en homme libre que je me suis associé aux côtés de Nathalie Kosciusko-Morizet.

 

Face à nous, on a vu les vieilles réalités politiques. Au début, les socialistes avaient prévu des primaires. Monsieur Le Guen le souhaitait… avant d’être convoqué par Monsieur Hollande dans son bureau. Ensuite, il a renoncé, laissant sa place à la dauphine de Delanoë. Il faut en finir avec ce socialisme de l’héritage. Les clés de l’Hôtel de ville n’appartiennent pas à Monsieur Delanoë et à Madame Hidalgo. Nous avons fait le choix de la transparence, eux le choix des combinaisons secrètes.

 

 

PdA : Vous êtes devenu l'un des porte-parole de l'équipe dirigée par Nathalie Kosciusko-Morizet, votre ex-concurrente lors de la primaire. Lors de notre interview du mois de mai, vous avez mis en avant l'ancienneté de votre implantation, de votre travail du terrain et des idées, que vous opposiez à quelque candidature "de dernière minute", votre "légitimité d'en bas" à quelque candidature "de la notoriété d'en haut". Que pouvez-vous nous dire aujourd'hui des qualités qui, de votre point de vue, font de votre tête de liste la meilleure des candidates à la mairie de Paris ?

 

P.-Y.B. : Nathalie Kosciusko-Morizet sait rassembler des hommes et des femmes différents. Elle porte le renouvellement et construit un projet novateur pour Paris et les Parisiens. Elle est fédératrice car elle s’appuie sur les forces vives de Paris. Elle est tournée vers les Parisiens et va à leur rencontre avec dynamisme, pragmatisme et bon sens. Elle incarne l’alternance dont Paris a besoin.

 

 

PdA : Je le suggérais à l'instant, le terrain, vous le sillonnez depuis des mois. Quel est, pour ce que vous avez pu en percevoir, l'état de l'opinion des Parisiens ? Leurs préoccupations majeures ? 

 

P.-Y.B. : Posons-nous les bonnes questions.

 

  • Les Parisiens sont-ils satisfaits de la politique fiscale ?

La hausse massive d’impôt sur les Parisiens est déjà une de leurs inquiétudes majeures. Les taxes ont concerné tous les Parisiens, quels que soient leur quartier, leur âge, leur condition sociale ou leur métier… Les ménages comme les entreprises ont souffert de la hausse d’impôts.

 

  • Pour financer quoi ?

10 000 fonctionnaires en 10 ans ! Madame Hidalgo nous dit que cela a permis de créer des places en crèche et de créer du logement. Heureusement qu’ils ont pu faire quelque chose de toutes ces dépenses ! Sauf que Madame Hidalgo se focalise sur le futile pour en oublier l’essentiel, car Paris a pris du retard, autant sur l’attractivité que sur le dynamisme économique et la compétitivité de la ville.

 

  • Les Parisiens sont-ils satisfaits de la politique du logement ?

La politique des socialistes a fait fuir les classes moyennes, reléguées au second plan. Aujourd’hui, c’est la double peine : non seulement le loyer est très cher mais en plus les impôts ont augmenté de 40%.

 

  • Les Parisiens sont-ils satisfaits de la politique de sécurité ?

Dans certains quartiers, comme dans le 18ème arrondissement, que je connais bien, il est devenu impossible à certains habitants de vivre en tout tranquillité. Cette situation est inacceptable. Il faut agir. Agir en créant une police de quartier pour la sécurité, des agents de la ville présents sur la voie publique pour éviter la délinquance et l’incivilité. Agir avec un deuxième plan de vidéoprotection, en ajoutant pas moins de 1 000 caméras, tellement indispensables pour repérer et identifier facilement et rapidement les délinquants. Nous voulons la sécurité avant les PV !

 

Demandez aux Parisiens : la vie quotidienne est devenue plus difficile à vivre. Il est nécessaire de remettre au cœur de la politique de l’Hôtel de ville l’amélioration de la vie quotidienne. Il faut absolument lutter contre l’incivisme. Pour améliorer la propreté de la ville, il faut abandonner la vision beaucoup trop centralisatrice des socialistes, qui est déconnecté de la réalité du terrain. Nous souhaitons accentuer les compétences déconcentrées dans les arrondissements et les quartiers, ce qui permettrait d’améliorer ce problème de propreté.

 

Maintenant, soyons honnête. Reconnaissons que tout n’a pas été mauvais dans la politique de Monsieur Delanoë. Mais nous ne sommes pas sectaires, et c’est pour cela que voter pour Nathalie Kosciusko Morizet, c’est faire un choix gagnant-gagnant : conserver les bonnes mesures de Monsieur Delanoë tout en comblant ses manques en matière de fiscalité, de logement, de propreté et de sécurité.

 

Au fond, dans cette campagne, la question est simple : pensez-vous que les Parisiens vivent mieux qu’il y a 13 ans ? En matières fiscale, de logement, de propreté et de sécurité, les Parisiens n’ont pas vu les progrès promis.

 

 

PdA : Nathalie Kosciusko-Morizet a récemment fait part dans la presse de son désir de voir les forces de l'UMP, de l'UDI et du MoDem partir rassemblées à Paris, dès le premier tour. Une ambition qui, si elle se concrétisait, bouleverserait probablement la carte électorale du scrutin. Ce dossier avance-t-il ? Vous y croyez ?

 

P.-Y.B. : Nathalie Kosciusko Morizet a raison de vouloir le rassemblement le plus large possible dès le premier tour. Elle souhaite rassembler tous ceux qui croient au progrès et à l’alternance. Il appartient à chacun de dire ce qu’il veut faire.

 

 

PdA : Quels sont les grands axes de votre projet pour la capitale ? Les piliers programmatiques sur la base desquels cette hypothétique union de la droite et des centres devra prendre forme ?

 

P.-Y.B. : Notre projet sera présenté au mois de novembre. Déjà, nous avons formulé des propositions fortes. Nous avons proposé la possibilité de travailler le dimanche avec l’extension des zones touristiques. Ensuite, nous voulons nous appuyer sur les munitions de certaines dépenses gâchées par les socialistes (ils ont aujourd’hui pas moins de 36 adjoints à Paris !)  pour renforcer la sécurité, et maîtriser la fiscalité. La dépense des socialistes n’est absolument pas adaptée à la gestion locale moderne et à la réalité du terrain.

 

 

PdA : Le Front national est au cœur de nombreuses discussions en ce moment dans votre parti. Je ne vous demanderai pas si vous pourriez envisager de voter pour l'un de ses candidats un jour, c'est une interrogation qui n'est pas d'actualité. Est-ce que vous pensez, en revanche, pouvoir travailler avec des élus issus du FN ?

 

P.-Y.B. : Il ne faut pas tomber dans le piège qui consiste à répondre aux questions qui ne se posent pas car, plus le FN monte, plus il fait le jeu de la gauche. Donner une voix au FN à Paris, c’est donner une demi voix à la gauche. L’UMP a toujours été clair : il n’y aura pas d’alliance avec l’extrémisme.

 

 

PdA : Quelles questions souhaiteriez-vous poser à Anne Hidalgo à l'occasion de cette interview ? Quels messages lui adresseriez-vous ?

 

P.-Y.B. : Il faut savoir être républicain et respectueux de ses concurrents, je lui souhaite donc une bonne campagne.

 

J’ai quand même quelques questions à poser à Madame Hidalgo : que pourrait-elle faire en 19 ans qu’elle n’a pas fait en 13 ans ? Madame Hidalgo nous a dit qu’elle voulait orienter sa politique en faveur des classes moyennes, mais elle avait 13 ans pour le faire. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? On juge le programme à l’œil de son client. Plutôt que nous présenter son projet, elle aurait dû nous présenter son bilan, et l’assumer.

 

Madame Hidalgo est fébrile, elle est sous perfusion de la dote programmatique fournie par les communistes. On perçoit cela comme l’année du programme commun : mais les Parisiens ne vivent plus en 1972 ! Encore une fois, les socialistes utilisent les vieilles méthodes politiques du passé, totalement dépassées.

 

C’est le moment d’écrire une nouvelle page de l’histoire de Paris et ça ne se peut se faire qu’avec le renouvellement que porte Nathalie Kosciusko-Morizet.

 

 

PdA : Pourquoi diriez-vous, finalement, que les listes que mènera Nathalie Kosciusko-Morizet au printemps prochain seront les plus à même de satisfaire l'intérêt des Parisiens ?

 

P.-Y.B. : Nathalie Kosciuisko-Morizet porte un projet novateur, courageux, qui améliore la vie des Parisiens et amène une véritable dynamique pour le rayonnement culturel de la capitale.

 

 

PdA : Quels sont vos projets, Pierre-Yves Bournazel ?

 

P.-Y.B. : Je veux aider, à la place qui est la mienne à Paris et dans le 18ème arrondissement, à convaincre les Parisiens de la nécessité de l’alternance. J’aurai une parole humble mais des actes concrets au service de la capitale. Pour Paris, je ne lâcherai jamais rien.

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci !

 

P.-Y.B. : J’y crois et j’appelle celles et ceux qui attendent un profond changement à nous rejoindre. La porte est ouverte à tous les Parisiens qui en sont convaincus.

 

 

 

La campagne pour Paris... @ suivre ! Merci d'avoir accepté de répondre une nouvelle fois à mes questions, Pierre-Yves Bournazel. Je tiens également à remercier Clarisse Coufourier, pour nos échanges. Et vous, que vous inspire cette élection municipale parisienne ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

Vous pouvez retrouver Pierre-Yves Bournazel...

 

Au coeur de la campagne NKM Paris ;

 

Sur son site, sur Facebook, ainsi que sur Twitter.

 

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7 octobre 2013

Augustin Trapenard : "Antoine de Caunes a gagné son pari"

"À ce stade, ce n’est même plus une passion : c’est une névrose obsessionnelle !" Cet amour des livres, Augustin Trapenard le partage avec bonheur et un enthousiasme communicatif avec les téléspectateurs du Grand journal (Canal +), avec les auditeurs du Carnet du libraire et du Carnet d'or (France Culture). Il a accepté d'évoquer pour Paroles d'Actu les débuts d'Antoine de Caunes à la tête du talk phare de la chaîne cryptée. Et de nous livrer quelques précieux conseils de lecture. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

AUGUSTIN TRAPENARD

Chroniqueur littéraire au sein du "Grand journal" de Canal +

 

"Antoine de Caunes a gagné son pari"

 

Augustin Trapenard

(Photo proposée à ma demande par Augustin Trapenard)

 

 

Q : 26/08/13

R : 06/10/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Augustin Trapenard. Vous êtes depuis la saison dernière en charge de la chronique littéraire du Grand journal de Canal +. Quel bilan tirez-vous de l'expérience jusqu'ici ?

 

Augustin Trapenard : Un bilan plus que positif puisque le Grand Journal de Canal Plus est la seule émission d’infotainment du paysage audiovisuel à faire le pari d’une chronique littéraire. Ce qui compte pour moi, c’est de pouvoir partager avec le plus grand nombre le plaisir de la lecture et de donner la possibilité d’approfondir un sujet d’actualité par le prisme d’un livre. Par ailleurs, je dois dire que je m’amuse beaucoup, tous les soirs, avec la fine équipe constituée par Antoine de Caunes.

 

 

PdA : L'émission s'est renouvelée en 2013-2014. Michel Denisot a, effectivement, cédé son fauteuil à Antoine de Caunes, qui a promis de faire du programme un "show à l'américaine". Quel regard portez-vous sur la nouvelle mouture du Grand journal ?

 

A.T. : Il est vrai qu’une partie du Grand Journal d’Antoine de Caunes s’inspire des show américains tant dans la forme que dans le ton. J’ai moi même été soufflé par la créativité de certaines rencontres imaginées avec les artistes invités : c’est une façon de faire de la télévision qui n’existait pas en France. Cela dit, la première heure reste très axée sur l’actualité, dans le sillage du Grand Journal de Michel Denisot. Après plus d’un mois, il me semble qu’Antoine a gagné son pari : lémission est renouvelée et le public est au rendez-vous.

 

 

PdA : La littérature... Vous en parlez avec passion à chacune de vos interventions. Vous l'avez d'ailleurs enseignée, à l'ENS de Lyon. D'où vous vient cet amour des livres ?

 

A.T. : À ce stade, ce n’est même plus une passion : c’est une névrose obsessionnelle ! J’ai toujours été un rat de bibliothèque et je me souviens même avoir fait le pari, tout petit, de lire tous les livres du monde. Ce que j’aime aujourd’hui dans l’acte de lire, c’est la possibilité de prendre son temps et de réfléchir. C’est une gageure à l’heure de l’urgence généralisée et de la course à la rentabilité.

 

 

PdA : Quels sont les ouvrages récents (disons, cinq ans maximum) qui vous ont particulièrement plu, touché, marqué ?

 

A.T. : J’aime les romans qui interrogent autant le monde que l’écriture, les romans qui me rappellent que la littérature est un art. À ce titre, j’ai été particulièrement marqué, cette rentrée, par le western poétique de la Française Céline Minard (Faillir être flingué, Rivages) et par le grand roman amérindien de Louise Erdrich, (Dans le silence du vent, Albin Michel).

 

 

PdA : Votre liste des chefs d'œuvre ultimes, intemporels, à avoir lu au moins une fois dans sa vie ?

 

A.T. : Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, Tendre est la nuit de Fitzgerald et Le bruit et la fureur de Faulkner. Pour commencer. Je n’en cite que trois mais soudain je pense à dix autres…

 

 

PdA : Dans quel univers de littérature, dans la peau de quel personnage ou type de personnages choisiriez-vous de vivre si vous en aviez la possibilité, ne serait-ce que pour quelques heures ?

 

A.T. : Peut-être dans le peau d’Alice, qui pénètre le temps d’un rêve, dans un pays des merveilles entièrement dédié au langage. Le pays des merveilles, n’est-ce pas celui de la lecture ?

 

 

PdA : Quels sont vos projets ? Vos envies ? Vos rêves ? Que peut-on vous souhaiter, cher Augustin Trapenard ?

 

A.T. : De continuer à m’amuser, tant sur Canal Plus que sur France Culture où j’officie du lundi au vendredi à 14h55 dans Le Carnet du libraire, et le samedi à 17h00 dans Le Carnet d’or. Deux émissions dédiées au plaisir de lire qui me tiennent vraiment à cœur.

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

A.T. : C’est moi qui vous remercie pour ces « Paroles d’actu » drôlement bien ficelées.

 

 

 

Les rendez-vous sont pris ! Merci pour tout, cher Augustin Trapenard. Et vous, quels sont les livres que vous aimeriez inviter les autre lecteurs à découvrir ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

  

Vous pouvez retrouver Augustin Trapenard...

 

Sur Canal Plus : Le Grand journal (du lundi au vendredi, à 19h10) ;

 

Sur France Culture :

 

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27 septembre 2013

Stéphane Deschamps : "Gilles était scandaleusement humain"

Gilles Verlant est mort. Un accident à la con. Non, ça n'était pas une blague. Malheureusement... Putain d'escalier... J'ai appris la nouvelle via un post sur un célèbre réseau social. "Je suis très très triste j'aimais tant Gilles Verlant ♥ RIP Gilles". Un petit mot signé Chantal Lauby, le 20 septembre, à 13h48. Quelques heures... "après". Internet est capable du pire comme du meilleur, chacun le sait. Dans ces cas-là, ces cas dont on se passerait bien, c'est souvent le meilleur qui ressort. Les messages exprimant la tristesse, parfois même la détresse de celles et ceux qui appréciaient, qui aimaient le défunt. Il y en a eu, de ces messages, ce jour-là, et ceux qui ont suivi... Des messages de personnalités de la musique, de la radio, de la télé. Des messages d'anonymes, surtout. Sur Facebook, sur Twitter, sur les forums... Certains ont été repris dans les articles d'actu. J'en ai lu pas mal, de ces messages. Tous venaient du coeur, tous étaient touchants. Ceux de CharlElie Couture, de Éric Laforge, d'Antoine de Caunes, pour n'en citer que trois. J'ai contacté tel ou tel commentateur pour lui dire que j'avais été touché par son hommage. Quelques uns m'ont remercié en retour, explicitant leurs sentiments du moment. Jean Passanger m'a dit qu'il ne réalisait "pas encore", qu'il le connaissait "depuis des années" et qu'ils avaient toujours "échangé et partagé la musique". Dominique Douay qu'il trouvait "réconfortant de se dire qu'il peut exister des personnages comme Gilles dans les médias". Renaud Bernal gardera l'image d'un "grand pro accessible", avec "les bons mots pour vous encourager"Frédéric DuBus estime que c'est "une partie de [son] adolescence qui est tombée dans les escaliers". Jean-Pierre Morales lui avait demandé s'il était envisageable qu'il vienne à Bruxelles pour donner une conférence sur Gainsbourg : Gilles Verlant le lui avait promis, à condition que son interlocuteur s'occupe de trouver une salle... Amaury De Laporte, quant à lui, émet ce joli souhait : "Comme l'on dit, la mort n'est que la suite de la vie. Espérons que cette suite soit belle pour lui...". Espérons...

 

Gilles Verlant, je ne le connaissais pas personnellement. Je ne l'ai jamais rencontré physiquement. Nos échanges furent écrits. Il avait rapidement accepté, sur le principe, ma proposition d'interview. C'était à l'automne 2012. "Les 500 émissions mythiques de la télévision française", l'ouvrage qu'il avait réalisé avec Michel Drucker, venait de paraître. Il en était fier, très fier, de ce livre dont l'évocation constitua l'ossature de notre entretien. J'ai été frappé par la bonté qui émanait de cet homme. Par sa modestie, et ce besoin de reconnaissance qu'il exprima clairement, lui qui avait déjà, pourtant, tant accompli. "J'aimerais que quelqu'un se réveille un jour et se dise, 'oh putain, ce Verlant, finalement, il a fait des choses valab' !" La dernière phrase de l'interview. Une phrase qui m'avait touché, déjà à l'époque... Gilles Verlant connaissait bien la télé, il a contribué à en écrire quelques belles pages : "Rapido", "Nulle part ailleurs", "Taratata", "Nous nous sommes tant aimés"... Il avait beaucoup côtoyé Gainsbourg, à la fin de la vie de l'"homme à tête de chou". Sa bio demeure à ce jour une référence. Il avait la passion du rock et de la bonne musique. Une passion communicative, qu'il aimait à partager, avec enthousiasme, bienveillance, avec ses lecteurs, ses auditeurs (Ouï FM, France Bleu...). Il aimait la vie. Les gens aussi, ça se voyait, ça se sentait...

 

Au départ, j'ai voulu lui rendre "hommage". Et puis je me suis dit que le terme n'était pas forcément approprié. Un peu trop guindé, pas assez rock pour une personnalité aussi solaire que Gilles Verlant. Voici donc un "clin d'oeil", au pluriel. Stéphane Deschamps est le directeur de l'atelier de création qui réalisait ses productions, dont "La scandaleuse histoire du rock". Ils avaient travaillé ensemble à l'écriture de la bio définitive de Gainsbourg et étaient des amis de longue date. Serge Poezevara, directeur de l'antenne nationale de France Bleu, celle des dernières amours de Gilles, chérissait son amitié, qui était "un bonheur". Ensemble, ils ont animé l'émission spéciale que France Bleu lui a consacré, le soir de sa mort. Ils ont tous deux accepté de répondre à mes questions. Je les en remercie. Merci, Gilles... Pour nos quelques échanges. Pour votre humanité. Ma culture musicale reste à parfaire, pour ne pas dire à faire : j'aurai plaisir à vous écouter, à vous lire, encore et encore. Comme d'autres, beaucoup d'autres personnes, aujourd'hui, demain, et même après-demain. Votre oeuvre, votre esprit ne s'éteindront pas de sitôt... ;-) Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  CLINS D'YEUX

 

 

ENTRETIENS EXCLUSIFS - PAROLES D'ACTU

CLINS D'YEUX À GILLES VERLANT

 

STÉPHANE DESCHAMPS

Producteur-réalisateur radio, amoureux de la musique, ami de Gilles Verlant...

 

"Gilles était scandaleusement humain"

 

Stéphane Deschamps GV 1

(De g. à d. : Stéphane Deschamps, Gilles Verlant et Arnaud Bourg,

l'équipe de "La scandaleuse histoire du rock")

 

Q : 23/09/13

R : 25/09/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Stéphane Deschamps. Les messages de sympathie, les témoignages ne cessent d'affluer depuis que la nouvelle, la triste nouvelle, est tombée : Gilles Verlant est mort... Pas mal de personnalités évoluant dans les mondes de la musique, des médias. Énormément d'anonymes, surtout... Que retiendrez-vous de tous ces messages, de l'émission spéciale que vous avez co-dirigée le soir de sa disparition ?

 

Stéphane Deschamps : Gilles accordait beaucoup d'importance aux relations humaines, aux autres. Il prenait du temps avec les gens. Il était disponible et généreux. Qu'il recoive une telle tempête d'amitiés ne me surprend absolument pas. Les témoignages de Thomas Dutronc, Charlélie Couture, Philippe Manoeuvre, Dave à l'occasion de cette émission furent particulièrement touchants.

 

PdA : Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Gilles Verlant ?

 

S.D. : C'était il y a 20 ans, dans son bureau à Canal+.  À cette époque, j'écrivais une série d'émissions pour la radio sur Gainsbourg. Mon livre de chevet était la première biographie de Gilles consacrée à Serge.  Je devais donc rencontrer le biographe officiel pour qu'il me raconte l'histoire de l'homme à tête de chou ! Quelques mois après cette belle rencontre, Gilles me rappelait pour me proposer d'écrire à ses côtés la biographie définitive. J'étais comme un gosse qui vivait un rêve éveillé. Nous avons travaillé près de cinq années sur cet ouvrage.

 

PdA : Comment vous y étiez-vous pris pour ce travail devenu ouvrage de référence ?

 

S.D. : Comme je l'ai dit à l'instant, nous avons travaillé près de cinq ans sur cette biographie. Gilles s'est entretenu avec Serge à de nombreuses reprises. Nous avons accumulé énormément de témoignages, retrouvé des documents inédits, exceptionnels, comme par exemple le journal intime de Serge lorsqu'il avait 16 ans et qu'il était caché au sein d'un lycée dans le Limousin pour échapper aux rafles des nazis. Nous nous sommes donc retrouvés avec un "matériel" énorme et c'est Gilles qui a tout mis en musique et rédigé cet ouvrage.

 

PdA : Abordons maintenant un autre chapitre de votre collaboration féconde, je pense évidemment à la radio. Les auditeurs retrouvaient avec bonheur les chroniques passionnées qu'il livrait sur les antennes du réseau France Bleu : "La scandaleuse histoire du rock", bien sûr, aventure dont vous étiez, et, depuis la rentrée, "Pop Machine". Deux émissions très appréciées par les amateurs de musiques, celles d'hier et d'aujourd'hui... 

 

S.D. : La culture musicale de Gilles est pharaonique. Il avait cette facilité et ce don de la partager très simplement, sans se prendre au sérieux. Une approche d'auteur de bande dessinée. Gilles était d'ailleurs un personnage de bande dessinée. Ces émissions sonnaient comme une récréation pour nous comme pour nos auditeurs. On racontait l'histoire du rock et de nos héros de la manière la plus ludique et souriante. Et sous la plume de Gilles, c'était juste du caviar.

 

PdA : Sa culture, son enthousiasme sont salués par tous... Il donnait aussi une impression de bienveillance en toute circonstance, l'impression d'une authentique bonté. Il était comme cela, lors de vos collaborations ? Dans la vie ?

 

S.D. : Affirmatif. Gilles est issu de cette génération de critiques rock qui prenait le temps de rencontrer les artistes pour mieux comprendre leur vie, leur univers... Dans les années 70 et 80, c'était plus facile car la communication était moins immédiate, moins speed qu'aujourd'hui. Et Gilles n'a pas changé sa démarche vis-à-vis des autres. Toujours disponible. Je ne l'ai jamais vu refuser une interview.

 

PdA : Avez-vous à l'esprit quelques anecdotes, quelques "moments" le concernant et dont vous souhaiteriez nous faire part ?

 

S.D. : Je me souviens de son émotion suite à la publication de sa biographie définitive sur Gainsbourg à New York et Los Angeles. C'était l'année dernière, en juillet 2012. Biographie traduite en anglais par le traducteur des oeuvres de Boris Vian (Paul Knobloch, ndlr). Gilles était fier de son bébé franco-américain !

 

PdA : Le parcours de ce touche-à-tout aura véritablement été exceptionnel. Quelles sont les séquences qui vous viennent en tête, lorsque vous considérez ce joli petit bout de chemin, malheureusement bien trop vite interrompu ? 

 

S.D. : Gilles aura contribué à populariser la cuture rock au sens large du terme et à la rendre accessible aux oreilles du grand public. Il a été un guide, un modèle pour bon nombre d'auteurs qui ont écrit sur la musique.

 

PdA : Quelle image garderez-vous de Gilles Verlant ?

 

S.D. : Un garnement érudit, drôle, punk, et scandaleusement humain... 

 

PdA : Souhaiteriez-vous ajouter quelque chose ?

 

S.D. : Un de ses aphorismes gainsbouriens préférés : "Etre ou ne pas être... Question, réponse" (le message du répondeur téléphonique de Serge Gainsbourg)

 

PdA : Merci infiniment...

 

 

Stéphane Deschamps GV 2

(Avec Yves Lecoq pour l'enregistrement de la série "Gainsbourg dans les nuages")

 

 

 

SERGE POEZEVARA

Directeur de l'antenne nationale de France Bleu,

animateur de l'émission "On repeint la Musique".

 
"Un grand pro qui avait su garder

l'appétit d'un débutant"

 

Q : 22/09/13

R : 22/09/13

 

Extraits...

 

PdA : Comment le réseau France Bleu compte-t-il continuer à rendre hommage à Gilles Verlant, dans les prochains jours, les prochains mois ?

 

S.P. : Le plus bel hommage qu'on puisse rendre à un homme de radio est de permettre aux auditeurs de l'écouter encore. Les chroniques de Gilles sont nombreuses et ne manqueront pas d'être rediffusées au gré de l'actualité musicale. Nous avons choisi de continuer à diffuser la série "Pop Machine" tout au long de cette semaine (celle suivant sa disparition, ndlr), puisque Gilles en avait enregistré les épisodes. "La scandaleuse histoire du rock" dont il avait enregistré 660 épisodes est le plus gros succès de podcast de France Bleu. Elle est toujours disponible.

 

PdA : Quelle image garderez-vous de Gilles Verlant ?

 

S.P. : Je garde l'image d'un vrai passionné. Toujours prêt à parler de la musique qu'il aimait, avec le désir de convaincre son auditoire, à partager son savoir encyclopédique et le rendre accessible. Avec cet amour de la langue française qui le poussait à choisir le terme le plus juste, la formule la plus imagée, pour susciter l'intérêt et le sourire. Celle d'un boulimique du travail, un grand pro qui avait su garder l'appétit d'un débutant.

 

 

 

Merci encore. Pour tout... Et vous, quelle image garderez-vous de Gilles Verlant ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver l'oeuvre, l'esprit de Gilles Verlant...

 

Sur son site ;

 

Sur Facebook : sa page , celles de "La scandaleuse histoire du rock" et de "Pop Machine" ;

 

Sur Paroles d'Actu : notre entretien publié le 14 novembre 2012 ;

 

Dans toutes les bonnes librairies ;

 

Sur le réseau France Bleu, pour ne citer que lui...

 

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11 septembre 2013

Arthur Jamin : "Contemplatif et mélancolique..."

Arthur Jamin est auteur-compositeur-interprète. La musique, il l'a découverte très tôt, très jeune, grâce à son frère, pour l'essentiel. Armé d'un synthé Yamaha, d'une petite guitare, ce dernier lui composait des morceaux, il les lui faisait chanter. Des compos, quelques reprises. L'éclectisme, déjà. Lou Reed, Dorothée côtoient Hugo, Rimbaud. Une imagination foisonnante, la naissance d'un univers artistique, philosophique que viendront alimenter, un peu plus tard, son goût pour la belle chanson française, ses interrogations, ses révoltes de spectateur d'un monde qui ne tourne pas toujours rond. "Chanter, c'est lancer des balles", affirmait Souchon, le grand Souchon, l'un de ses maîtres. Celles qu'évoque Jamin dans son "Western moderne" ne se lancent pas, elles fusent, de tous les côtés. Le tableau est glaçant, la violence omniprésente. "Personne n'en sortira indemne". Dans un autre registre, plus léger, plus optimiste, un très joli titre, "J'envoie des ballons". La vie, l'amour, le temps qui passe, et le reste... Son premier album, "La Ballade du garçon brouillon", cofinancé par les internautes, sera bientôt disponible... Rencontre avec un artiste qui, à n'en pas douter, saura vous toucher. Une sensibilité à fleur de peau, un talent certain... À suivre, vraiment ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

ARTHUR JAMIN

Auteur-compositeur-interprète

 

"Contemplatif et mélancolique"

 

Arthur Jamin

(Photo : Timothée Leroy)

 

 

Q : 20/08/13

R : 06/09/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Arthur. Qu'aimerais-tu que l'on sache à ton sujet avant d'aller plus loin ?

 

Arthur Jamin : Que je suis un gentil garçon ! (rires)

 

 

PdA : La musique, l'écriture, le chant... trois passions que tu tiens à partager avec un public. Elles t'animent depuis longtemps ?

 

A.J. : Oh oui, je m'amusais déjà à réaliser les pochettes de mes albums imaginaires vers 7-8 ans ! C'est mon frère qui le premier m'a mis le pied à l'étrier. Nous avions à la maison un synthétiseur Yamaha et une petite guitare avec lesquels il composait des morceaux qu'il me faisait chanter... Et puis nous reprenions aussi des titres de Lou Reed ou des poèmes de Rimbaud ! Le plus laborieux était l'enregistrement sur des cassettes audio d'un autre temps (rires). Ce n'est qu'un peu plus tard que je suis venu à l'écriture, au début de l'adolescence.

 

 

PdA : Quels sont les artistes que tu aimes, ceux qui t'inspirent ?

 

A.J. : Vers l'âge de 12 ans, en découvrant Jean Ferrat puis Julos Beaucarne, Anne Sylvestre ou Henri Tachan, j'ai compris à quel point les mots pouvaient avoir du sens. J'aime cette chanson à texte, parfois rugueuse mais tellement puissante ! J'ai aussi de la tendresse pour la variété de qualité : Souchon, Le Forestier, Julien Clerc, Stephan Eicher et plus récemment Biolay, Clarika ou Florent Marchet... Ils arrivent à allier musique populaire et textes solides. Cet équilibre fragile est un bon baromètre pour moi, car je ne veux tomber ni dans l'élitisme ni dans la variet' bas de gamme.

 

 

PdA : Tu as sollicité les contributeurs du site Ulule pour le financement d'une partie de ton premier album, "La Ballade du garçon brouillon". As-tu connu, de l'idée de base à sa concrétisation, des moments de doute, de découragement ?

 

A.J. : Bien sûr qu'il y a eu des moments difficiles mais j'ai toujours su qu'il fallait que j'aille au bout, c'était une conviction profonde. L'étape Ulule m'a permis de prendre encore plus confiance, et puis j'ai décroché un contrat avec un distributeur, l'aboutissement de ces nombreux mois de travail.

 

 

PdA : "La Ballade du garçon brouillon", c'est le titre de ce premier album. Tu nous le présentes ?

 

A.J. : Cette ballade, c'est la chronique d'une errance, celle d'un jeune homme moderne, en décalage avec le monde violent dans lequel il évolue, devant faire face aux difficultés des relations humaines et pétrifié par le temps qui passe... Musicalement, j'ai volontairement choisi de naviguer d'un style à l'autre, je crois que ça me ressemble pas mal !

 

 

PdA : L'une de tes chansons s'appelle "Western moderne". Tu y portes un regard assez sombre, pessimiste sur notre monde, sur la violence de nos sociétés. Quelle est l'histoire de ce titre, du clip coup de poing qui l'accompagne ?

 

A.J. : Année après année, des études très sérieuses affirment que les pauvres sont de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches... C'est à se taper la tête contre les murs, tu ne trouves pas ? On a connu de beaux progrès sociaux, c'est vrai, mais au fond du fond, l'être humain reste assoiffé d'argent, de pouvoir, de domination et peu lui importent les dommages collatéraux. Résultat : des cowboys aux traders, les plus forts sont toujours les mêmes et la violence s'infiltre partout, perpétuellement. C'est pourquoi il ne faut pas baisser la garde.

 

 

PdA : Quelles sont, parmi tes chansons, celles qui te tiennent particulièrement à cœur ? Pourquoi ?

 

A.J. : C'est très difficile ce que tu me demandes là ! Elles ont toutes leur histoire et leur place mais, en premier lieu, je retiendrai "Western moderne". C'est une chanson importante pour les raisons évoquées et si elle peut rassembler quelques-uns d'entre nous, j'en serai heureux... Je suis aussi très attaché à "J'envoie des ballons", "Poser ses fesses par terre" ou "Les noyés". Mais celle qui me touche particulièrement - j'ai toujours du mal à la chanter - c'est "Qu'est-ce qu'on oublie ?". En filigrane, elle effleure la question du temps qui passe et des souvenirs, ces fragments de la mémoire fascinants mais à double tranchant, entre larmes et sourire...

 

 

PdA : Quelques mots à propos des membres de ton équipe, de celles et ceux qui te suivent dans cette belle aventure ?

 

A.J. : J'ai voulu que cet album soit le plus personnel possible alors j'ai d'abord enregistré tous les titres dans mon coin avant de faire appel à quelques musiciens de talent pour étoffer l'ensemble. Johan Dohl à l'harmonica, Olivier Pelfigues à la batterie et Vincent Gestermann au violon sont parmi ceux qui ont le plus enrichi l'album. Timothée Leroy m'a conseillé à chaque étape et Anne Lour m'a donné la réplique sur "Les noyés" et prêté sa voix sur plusieurs titres... De belles rencontres. Voilà, je suis prêt pour les Victoires de la musique (rires) !

 

 

PdA : Ton univers, si tu devais le définir ?

 

A.J. : Contemplatif et mélancolique, suspendu en équilibre sur le fil fragile des sentiments...

 

 

PdA : Quels sont tes projets pour la suite ?

 

A.J. : Ah ! Je compte bien sillonner la France pour faire vivre cette « ballade » sur scène ! Je travaille aussi sur une série d'albums pour enfants qui me tient particulièrement à cœur.

 

 

PdA : Tes rêves ?

 

A.J. : « Oui, je suis le rêveur ; je suis le camarade des petites fleurs d'or du mur qui se dégrade, et l'interlocuteur des arbres et du vent... » écrivait Victor Hugo.

 

 

PdA : Que peut-on te souhaiter, Arthur ?

 

A.J. : Que cet album trouve son public... âmes sensibles ne pas s'abstenir !

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

A.J. : Oui, je tiens à te remercier pour cette interview et te féliciter pour la qualité et l'éclectisme des entretiens publiés. Ici, la parole est bel et bien au rendez-vous, libre et foisonnante. Longue vie à Paroles d'Actu !

 

 

 

Merci encore, cher Arthur. Que ton parcours soit beau, ta rencontre avec le public couronnée du succès que tu mérites... Et vous, que vous inspire l'univers d'Arthur Jamin ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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31 août 2013

Marc-Antoine Le Bret : "Je rêve de faire l'Olympia"

Pas sûr que son nom vous parle, comme ça. Ça ne saurait durer... Sa voix, vous l'avez certainement déjà entendue. "Sa", ou devrais-je dire, "ses" voix. Marc-Antoine Le Bret en maîtrise plus d'une soixantaine, un nombre que ce gros bosseur fait constamment évoluer. C'est dans sa Bretagne natale (il est originaire de Saint-Brieuc) qu'il a développé son goût de l'imitation, rencontré ses premiers publics. Les premiers cercles... Les petites scènes locales, les événements un peu plus conséquents... Les cabarets... Et puis Paris. Un début de parcours, d'ascension remarquables pour ce jeune artiste (il n'a pas vingt-huit ans) très talentueux qui, en dépit des succès qu'il connaît actuellement, garde résolument les pieds sur terre. "Ce métier peut s’arrêter très vite..." Une sagesse qui ne l'empêche heureusement pas d'entretenir un rêve, une ambition : "faire un jour une tournée partout en France qui se terminerait à l’Olympia".

 

Ses imitations sont franchement réussies, souvent irrésistibles... On le retrouve avec bonheur à la radio et à la télé, tous les jours, du lundi au vendredi : le matin sur Europe 1 ("Le Tweet-Répondeur" dans "Le Grand direct des médias"), le soir sur Canal + ("Les Guignols de l'info"). Laurent Ruquier, David Pujadas, l'ex-directeur sportif du PSG Leonardo, Cyril Hanouna, Yann Barthès, Lorànt Deutsch, le chef gourmand croquant Cyril Lignac... : quelques uns de ses personnages favoris. Servi par des textes de grande qualité, il les incarne avec une bonne humeur et une bienveillance communicatives. Un artiste à découvrir, vraiment... À ne pas manquer, pour le voir en "live" : son spectacle, "Marc-Antoine Le Bret fait des imitations". Il reprendra à la mi-septembre, au Théâtre BO Saint-Martin. Avant une tournée en province, avant un Olympia ? C'est tout le mal qu'on lui souhaite... Merci, Marc-Antoine... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MARC-ANTOINE LE BRET

Humoriste à voix...

 

"Je rêve de faire l'Olympia"

 

Marc-Antoine Le Bret

(La photo est de Véronique Constance.

Marc-Antoine Le Bret est ici en compagnie de Yann Barthès, ou presque...)

 

 

Q : 19/06/13

R : 27/08/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Marc-Antoine Le Bret. Vos chroniques sur Europe 1, votre participation aux Guignols de Canal, votre spectacle... Pas trop dur de tenir des plannings aussi chargés ? ;-) À quoi ressemble l'une de vos journées rassemblant les trois activités ?

 

Marc-Antoine Le Bret : C’est un rythme à prendre, je me couche tard et je me lève tôt, du coup, je fais une sieste dans la journée et je fais du sport pour m’entretenir. Le matin, je me rends à Europe 1. Je répète à 09h30 et le direct est à 09H55. Ensuite, je rentre à mon domicile, pour travailler de nouvelles imitations. Je me repose un peu puis je file aux Guignols, de 16H30 à 20H. Le soir, en semaine, je vais tester des sketches dans des scènes ouvertes. Les vendredis et samedis soirs, je joue mon spectacle au théâtre BO, à Paris.

 

 

PdA : "Le Tweet-Répondeur" dans "Le Grand direct des médias" de Morandini (du lundi au vendredi, de 09h00 à 10h30 sur Europe 1). "Les Guignols de l'info" (du lundi au vendredi, de 19h50 à 20h00 sur Canal +). Deux expériences très différentes, j'imagine. Des exercices, des plaisirs qui se complètent ?

 

M.-A.L.B. : Ce sont deux émissions différentes, car il y a d’un côté la radio, et de l’autre la télé, même si au fond mon travail est le même : aux Guignols, je ne montre pas mon visage, les stars, ce sont les marionnettes. Dans les deux cas, je suis derrière un micro et j’interprète, en lisant les textes des auteurs.

 

 

PdA : Comment vous y prenez-vous pour travailler vos voix, vos textes ? Vous nous présentez vos coauteurs ?

 

M.-A.L.B. : Pour la radio et le spectacle, j’ai deux auteurs qui travaillent avec moi : Arsen et Grégoire Dey. Pour les voix, nous décidons ensemble, en fonction de l’actualité ou par critères (sportifs, journalistes…). Par exemple, quand le PSG a été racheté par les Qataris il y a deux ans, j’ai entendu le directeur sportif Leonardo parler en conférence de presse. Sa voix m’a fait rire. Je l’ai proposé aux auteurs, puis ils ont trouvé un axe.

 

 

PdA : Votre répertoire compte déjà une grosse soixantaine de voix. Souvent originales car peu faites auparavant. Et souvent très réussies ! Quelles sont celles que vous préférez, pour lesquelles vous avez une tendresse particulière ?

 

M.-A.L.B. : Je travaille en permanence de nouvelles imitations, originales si possible, et pas ou peu entendus. J’ai horreur de faire des voix qui ont déjà été faites par un imitateur, comme par exemple l’imitation de Sarkozy. Je ne l’ai jamais travaillée, puisque Yves Lecoq l’imite très bien. Si je fais une voix qui a déjà été imitée, j’essaie d’apporter un plus, sinon j’abandonne. Il faut aussi que le personnage me plaise. J’ai une préférence pour les voix pour lesquelles j’ai créé ou accentué une expression, comme le rire de Cyril Lignac.

 

 

PdA : Il y en a que vous avez eu du mal à dompter ?

 

M.-A.L.B. : Jean Dujardin, je l’imite très bien dans son rôle dans « OSS 117 », mais je n’ai pas le timbre pour sa voix "normale". Je suis plus à l’aise dans les médiums-aigus que dans les voix graves.

 

 

PdA : Quel message adresseriez-vous à tous les petits Marc-Antoine - ou à toutes les petites Marie-Antoinette, il n'y a pas de raison ! - qui s'amusent aujourd'hui à imiter leurs potes, leurs profs. Et qui se prennent à rêver, en écoutant vos aînés, en vous écoutant, que peut-être, un jour...

 

M.-A.L.B. : Eh bien de croire en soi, déjà. De ne pas faire comme les autres imitateurs. Et enfin, comme me l’a très bien résumé le journaliste Patrick Montel, il y a cinq ans : « Travail et patience ». Je l’ai écrit en gros sur une feuille dans ma chambre quand j’étais en Bretagne.

 

 

PdA : J'ai écouté, lu plusieurs de vos interviews pour préparer celle-ci. On sent que vous avez les pieds sur terre, que vous gardez la tête froide par rapport au succès. Que voulez-vous nous dire, malgré cela, de vos envies, de vos rêves pour demain... ou après-demain ?

 

M.-A.L.B. : Je me dis souvent que ce métier peut s’arrêter très vite, et donc que les professionnels et le public peuvent très vite vous oublier. Quand je suis moins bon sur scène ou à la radio, c’est que je n’ai pas assez travaillé, ou pas suffisamment bien. Je rêve de faire un jour une tournée partout en France qui se terminerait à l’Olympia ! 

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour la suite, cher Marc-Antoine Le Bret ?

 

M.-A.L.B. : "Travail et santé", comme on dit au réveillon de la Saint-Sylvestre !

 

 

 

Merci encore, Marc-Antoine, pour tes réponses. Bonne route... Et que tes rêves se réalisent ! Et vous, que pensez-vous des imitations de Marc-Antoine Le Bret ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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29 août 2013

FirKraag : "Avec Andemik, nous tentons l'effet boule de neige"

"Un mélange unique de rock, de néo-metal avec un parfum d'années 80, de garage et de punk, et des flow Hip Hop." Andemik a vu le jour en 2008. Une histoire de potes, de rencontres. Deux, puis trois, puis quatre garçons, quatre passionnés de musique, quatre talents mis au service du groupe. Des textes "à l'origine personnels" mais qui, souvent, décrivent fort bien "le mal d'être de toute une génération". Un univers musical surprenant, remarquable. Remarqué, de plus en plus. Ils ont fait partie des finalistes de l'édition 2013 du tremplin Génération Réservoir. Ils se sont déjà produits au Gibus, au Batofar, à l'Olympia... "Le Live, (...) la meilleure expérience musicale qui soit". Ils seront à la Flèche d'Or le 28 septembre, au Bataclan le 12 octobre. Rencontre avec Loïc Besson, alias FirKraag, un leader qui, à l'image de son groupe, a une personnalité bien affirmée, des ambitions légitimement élevées. Andemik, un talent énorme, une énergie, un enthousiasme communicatifs. À découvrir, vraiment... Merci Loïc ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FIRKRAAG - ANDEMIK

Auteur-compositeur-interprète. Frontman et guitariste du groupe Andemik.

 

"Avec Andemik, nous tentons

 

l'effet boule de neige"

 

Andemik 1

(Ci-dessus : Je2F, LUCKY, ECINA. FirKraag au premier plan.

Photos fournies par Lucky Charm Media.)

 

 

Q : 16/08/13

R : 24/08/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Loïc... ou devrais-je dire "FirKraag"... (Pourquoi ce pseudo, d'ailleurs ?) Qu'aimerais-tu que nos lecteurs sachent à ton sujet, avant d'aller plus loin ?

 

FirKraag : Bonjour! Eh bien, tout d'abord, j'aimerais simplement les remercier de nous lire (sourire) ! Et sinon, le principal à savoir sur moi, je pense, c'est que je suis doté d'une volonté sans faille et que je suis très (trop ?) honnête. Pour le pseudo, ça vient d'un personnage de jeux vidéo qui m'a beaucoup parlé, à l'époque ou j'étais Gamer (quand j'avais le temps, avant la musique...). Je ne vous en dis pas plus, sinon ce serait trop facile ! ;)

 

 

PdA : Tu es le frontman et guitariste du groupe Andemik, fondé en 2008 et aujourd'hui composé de quatre membres (cinq si l'on compte votre producteur). Une belle bande de potes partageant les mêmes passions. D'où te viennent les tiennes pour la musique, l'écriture, la chanson ?

 

F. : J'ai toujours voulu exprimer mes sentiments, mais je ne savais pas comment faire. Lorsque j'ai découvert la musique, que je me suis mis à la guitare, cela a été comme une révélation pour moi : avant, je n'avais pas de raison d'être, d'agir, et du jour au lendemain, tout devenait plus clair et limpide à ce niveau-là. J'avais enfin le sentiment de pouvoir concrétiser toutes mes émotions, et surtout de pouvoir les transmettre et les faire comprendre à un public ! C'est une sensation vraiment incroyable. Par la suite, je me suis mis tout naturellement à composer mes propres musiques et à écrire mes propres textes.

 

 

PdA : Andemik, je le disais à l'instant, c'est une équipe de cinq personnes. Il y a, à tes côtés, donc, Ecina, le bassiste, Lucky, le batteur, JE2F, le deuxième guitariste, et votre producteur, Olivier Jollet. Tu veux bien nous les présenter, nous dire ce que chacun d'eux représente pour toi, pour le groupe ?

 

F. : Dans le groupe, nous sommes quatre, donc, et tous musiciens autodidactes.

 

Ecina est tout simplement mon meilleur ami. Je l'ai connu à l'époque du lycée : lui venait de se mettre à la basse et moi à la guitare. C'est un instrumentiste au niveau hors pair...

 

Lucky faisait parti d'un autre groupe lorsqu'on l'a rencontré. C'était au Gibus, le 22 novembre 2008, très exactement (rires) ! Nous avons accroché direct et sommes restés en contact. Par la suite je l'ai appelé et lui ai proposé de rejoindre la formation. Je pense que les gens ont une aura... Et lui, c'est vraiment quelqu'un de bon.

 

Pour ce qui est de JE2F : c'est tout simplement un petit génie de la guitare... Le genre de jeune homme limite un peu ignorant de sa maîtrise et de ses connaissances prématurées ! Je recherchais un deuxième guitariste : j'ai fini par le rencontrer via le contact d'un ami et nous avons jamé ensemble dans son appartement. Dès les dix premières secondes, j'ai su que c'était lui.

 

Enfin, j'ai rencontré Olivier peu de temps après ma rencontre avec JE2F : c'était en novembre 2010. Après plusieurs échanges par mail, nous avons finalement décidé de nous rencontrer à Paris. Olivier Jollet est un cas rare. C'est un producteur indépendant comme on n'en trouve plus aujourd'hui : avant tout un passionné de musique qui se démène vraiment dans tout ce qu'il entreprend. De plus, c'est quelqu'un de respectueux et de sincère. J'ai une très grande reconnaissance envers lui. Il m'a "trouvé" au moment où j'étais seul, et a tout de suite cerné qui j'étais vraiment, alors qu'on ne se connaissait même pas ! Je lui dois beaucoup. Dès le départ, nous étions sur la même longueur d'ondes.

 

 

PdA : Question un peu décalée, un brin indiscrète. Sex, drugs, Rock 'n' roll... Le troisième élément, ok. Pour le reste, vous vous retrouvez dans ce cliché ?

 

F. : JE2F c'est un peu ça oui ! (rires). Il est très rock 'n'roll comme mec, et c'est pour ça qu'on l'aime ! Moi je suis plus du style "un esprit sain dans un corps sain", je pense. Mais d'une manière générale oui, on s'y retrouve tous plus ou moins ! La musique, c'est notre passion, c'est une vocation. On ne se prend pas la tête en général, on essaie de s'éclater le plus possible quand on est ensemble.

 

 

PdA : Je sais qu'il est plus facile de le vivre que de le décrire, que ces choses-là se font plus facilement avec des notes qu'avec des mots... mais l'exercice est toujours intéressant. Comment définirais-tu votre univers ?

 

F. : Quand on écoute nos titres, on se rend tout de suite compte du bon nombre d'influences musicales venant agrémenter notre univers. On manie aussi bien le Néo-Métal que le Hip Hop du début des années 90, en passant par le Rock des années 70 et 80... On va même jusqu'à puiser pour certains titres dans le courant Techno de la fin des années 90, notamment pour les effets de guitares et autres mélodies entêtantes.

 

En fait, notre univers est un subtil mélange entre le personnel... et l'impersonnel. Je veux dire par là que nous essayons toujours d'extérioriser des sentiments qui nous sont propres, mais tout en faisant bien attention à ce que le public puisse capter ces émotions, comprendre ces messages. En effet, notre monde musical est froid, incisif. Il traite des troubles du passé, d'expériences fortes et lourdes à porter. Nous mettons vraiment l'accent sur la sensibilité, l'interprétation de notre musique.

 

 

PdA : Tu as déclaré lors d'une interview donnée à Nothing but dreams il y a un an vouloir "rallier (tes) idées, (ta) philosophie en musique." Tu veux nous en dire davantage ?

 

F. : Le but, c'est de partager notre expérience et notre ressenti avec notre public. Nous désirons le rallier, l'unifier, et non le perdre ou le séparer. Cela passe donc par un travail approfondi sur les textes, les ambiances musicales et autres atmosphères, le choix des accords etc... Car même si nos textes sont à l'origine personnels, nous faisons néanmoins en sorte de les axer de manière à décrire le mal d'être de toute une génération. Nous voulons que le public puisse ainsi vraiment s'identifier, se reconnaître à travers notre musique. Nous revendiquons toujours l'authenticité. Je pense que quand un sentiment est véritable, il est universel.

 

 

PdA : Quelles sont, parmi vos chansons (créations originales ou reprises), parmi vos performances, celles qui comptent le plus à tes yeux ? Et que tu souhaiterais que nos lecteurs prennent le temps de découvrir, avec une attention particulière ?

 

F. : Toutes les chansons que j'ai écrites sont une partie de moi. Il m'est donc assez difficile d'en choisir une plutôt qu'une autre. Cependant, Point Final et La Faille possèdent deux textes vraiment intéressants.

 

La Faille traite d'un sujet nettement majeur : la Mort. Une fatalité en somme, thème assez récurrent dans mes chansons en général. Ma réflexion, mon expérience de la vie ont fait que je me devais de consacrer une oeuvre à ce sujet: que j'aborde bien évidemment de manière subtile.

 

Point Final, quant à elle, met en avant d'autres aspects psychologiques bien définis : l'esprit d'équipe, la force d'impact, la détermination... C'est un titre très efficace.

 

De ce fait, je pense qu'il est bon de découvrir tous les aspects mis en avant dans nos musiques afin de ne pas passer à coté d'un point en particulier. En effet, celles-ci gravitent autour d'une couleur musicale relativement similaire : c'est notre marque. Mais chacune d'entre elles abordent un ressentiment, un message bien précis : une autre facette, donc. Il serait dommage de passer à côté ;) De plus, j'ai émis comme des sortes de "codes" dans les musiques : souvent, les messages sont implicites ou comportent un double sens. Afin de bien tout assimiler, il est donc nécessaire de se référer à un autre titre. Comme si au final, tout était lié...

 

 

PdA : Quelle place le groupe occupe-t-il dans vos emplois du temps, dans vos vies ?

 

F. : Avec le temps, on a bien appris à se connaître, et donc s'organiser par rapport à Andemik. Nous répétons une fois par semaine dans un studio perso. Chacun travaille chez soi sérieusement, on se fixe les objectifs et directives par mail et ça fonctionne très bien. Même si nos relations sont étroitement liées au groupe, on se voit régulièrement en dehors du projet car nous sommes avant tout une bande de potes !

 

 

PdA : Tu disais dans la fameuse interview citée tout à l'heure ambitionner de "vivre de la musique". Il y a du mieux, aujourd'hui ? Tous frais déduits, vous réussissez à gagner un peu d'argent ?

 

F. : Une chose est sûre, depuis le commencement : le Live est pour nous la meilleure expérience musicale qui soit. C'est totalement une autre façon de vivre, et je pense que cela fait partie de ces choses que l'on ne peut réellement comprendre que lorsqu'on en fait l'expérience soit même.

 

Pour ce qui est de l'aspect financier, en fait cela dépend de beaucoup de facteurs ! Quelle prod nous programme, dans quel cadre, par le biais de qui, etc... C'est encore assez irrégulier. Alors oui, comparé à nos débuts, c'est déjà le jour et la nuit : rien que dans le fait que l'on commence à être davantage pris au sérieux vis à vis des professionnels, des salles... Mais la seule "vraie" solution pour gagner des cachets et ce de manière régulière, c'est de signer avec un tourneur ! On y travaille pour cette année... ;)

 

 

PdA : Quelle est (si vous en avez une !) votre stratégie pour vous faire connaître du plus grand nombre ?

 

F. : Ce qui est certain, c'est que la plus mauvaise des stratégies, c'est de ne pas en avoir une justement !

 

En ce qui nous concerne, nous préférons opérer de la sorte : lentement mais sûrement ! Cela va faire trois ans que l'on travaille avec notre producteur, trois ans que nous passons à peaufiner nos textes, mûrir notre son, travailler nos visuels et notre expérience scénique... Dans la musique, tout peut aller très vite : aussi bien en montant... qu'en descendant ! Il ne faut donc pas se presser !

 

Nous avons pris notre temps avec notre label pour vraiment créer une identité visuelle et musicale, quelque chose de puissant et bien produit. Et nous avons acquis assez d'expérience pour pouvoir enfin prétendre nous mesurer concrètement au milieu. De plus, notre expérience à l'Olympia nous aura beaucoup servi !

 

Pour résumer : nous tentons "l'effet boule de neige". Nous préparons méticuleusement le terrain, en plaçant soigneusement les pions au bon endroit, et ce afin de provoquer au final une réaction en chaîne. Voilà notre stratégie.

 

 

PdA : Vous avez déjà joué au Gibus, au Batofar, à l'Olympia... Bientôt, ce sera la Flèche d'Or. Une excitation particulière ?

 

F. : Cela faisait longtemps que nous voulions monter sur cette scène mythique, mais ne l'espérions pas de sitôt ! Ce n'est pas évident d'être programmé dans ce genre de salle. On dit que c'est quand on s'y attend le moins, que les choses arrivent : il faut croire que c'est notre cas, donc... En tout cas, le travail paie toujours !

 

 

PdA : Pour la troisième et dernière fois, je te cite lors de l'interview Nothing but dreams : "[Enfant], je voulais simplement être quelqu'un d'autre, dans une autre vie." C'est toujours le cas ?

 

F. : Oui oui, c'est toujours le cas ! Pour être honnête, je crois bien que c'est, justement, le travail de toute une vie... Mais je me suis accoutumé à cela...

 

 

PdA : Quels sont vos projets ?

 

F. : Les projets pour Andemik sont les suivants : sortir notre premier EP, être programmés sur les radios nationales (soyons fous), trouver un tourneur afin d’enchaîner les salles, premières parties et festivals, tourner notre premier clip à Berlin, et signer notre premier album en maison de disque. Rien que ça ! ;)

 

 

PdA : Vos rêves ?

 

F. : Bah... être quelqu'un d'autre dans une autre vie quoi... normal ! (rires) Plus sérieusement : réussir à percer dans la musique, parce que ça englobe tout ! Pour ma part, c'est plus universel : je cherche à être heureux...

 

 

PdA : Les critiques sont bonnes, elles saluent votre énergie, votre enthousiasme, votre univers. Vous êtes régulièrement présents, bien placés, dans les concours, les listes de jeunes talents à découvrir. Le public est là, toujours plus nombreux. Que peut-on vous souhaiter ?

 

F. : Qu'il grossisse, à en devenir une armée pour conquérir le monde MOUHAHAHAAA ! Nan je déconne... lol

 

Pour être honnête, nous souhaitons tout simplement faire connaitre notre musique à un public aussi large possible. Notre pari est de faire une musique accessible aux gens, de 7 à 77 ans !

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ?

 

F. : La Vérité est la seule clef universelle.

 

 

PdA : Merci infiniment !

 

F. : Merci à toi !

 

 

Andemik 2

(Je2F, FirKraag, ECINA, LUCKY)

 

 

Je te remercie à nouveau, Loïc, pour tes réponses enthousiastes, sincères, souvent touchantes. Tous mes voeux de succès et de bonheur vous accompagnent, toi et toute la team ! Et vous, que pensez-vous de Andemik ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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En concert, notamment @ La Flèche d'Or, le 28 septembre, au Bataclan le 12 octobre !

 

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26 août 2013

Thierry Lentz : "Le 11 septembre a supplanté le choc Kennedy"

   Si les Républicains choisissent Goldwater, l'élection de 64 est dans la poche. Trop radical... ce sera un raz-de-marée. Un mandat clair pour la mise en oeuvre de grandes réformes... Les problèmes viendraient plutôt de l'intérieur... Il y a ce conflit ouvert, au Texas, l'État de Johnson - 25 grands électeurs, au passage... À ma gauche, à celle du parti, le sénateur Ralph Yarborough. À ma droite, le gouverneur John Connally, un Démocrate conservateur. Aucune voix ne devra manquer à l'appel. L'unité... Il le faut. Il ira. Il les rencontrera, s'affichera avec eux. Un vendredi, en début d'après-midi. Le 22 novembre 1963. La limousine décapotée avance lentement dans les rues de Dallas. Jackie est là, aux côtés de son époux. Les derniers sourires...

   Des coups de feu... On a tiré sur JFK ! Un temps de réaction. Le véhicule roule désormais à tombeau ouvert... L'Amérique est prise d'effroi. On a tiré sur JFK... ! Un choc national. On se tient informé, minute par minute, de l'évolution de la situation. Kennedy est-il toujours en vie ? La fébrilité est extrême, y compris dans les grands médias nationaux. On est en direct... La rumeur circule dans les rédactions. Elle est rapidement confirmée... Le Président vient de mourir. Dans quelques minutes, Jackie sera à bord d'Air Force One, un soutien pour "Lyndon", immédiatement investi à la présidence. Le regard de l'ex-First Lady est hagard, ses vêtements encore maculés du sang de feu son époux... L'image du petit John Jr saluant, du haut de ses trois ans, la dépouille d'un Commander in Chief, son papa, achèvera de faire entrer le clan Kennedy dans la légende, une légende tragique.

   Que reste-t-il, cinquante ans après, de la présidence et du mythe Kennedy ? Que sait-on exactement de cet assassinat, l'un des événements les plus commentés, les plus fantasmés, les plus marquants du XXème siècle ? J'ai souhaité interroger Monsieur Thierry Lentz : le directeur de la Fondation Napoléon est l'auteur de nombreux ouvrages, dont L'assassinat de John F. Kennedy : Histoire d'un mystère d'État, qui bénéficiera bientôt d'une nouvelle édition augmentée, chez Nouveau Monde. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

THIERRY LENTZ

Directeur de la Fondation Napoléon

Auteur de L'assassinat de John F. Kennedy : Histoire d'un mystère d'État

 

« Le 11 septembre a supplanté

le choc Kennedy »

 

Kennedy

(Photos fournies par les Éd. Nouveau Monde et Thierry Lentz )

 

Q : 15/08/13 ; R : 16/08/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Thierry Lentz. C'était il y a cinquante ans... L'assassinat à Dallas de John Fitzgerald Kennedy, le trente-cinquième président des États-Unis. Un choc considérable... Une émotion planétaire... Quelles images vous viennent à l'esprit, quels sentiments vous habitent lorsque vous envisagez ce 22 novembre 1963 ?

 

Thierry Lentz : Les images qui viennent immédiatement à l’esprit sont celles de l’attentat lui-même et, quelques jours plus tard, l’assassinat en direct à la télévision du suspect numéro un. Ces images-là, tout le monde les connaît, tout le monde les a vues au moins une fois. Elles ont en outre un rôle central dans ce mystère d’État.

 

Comme vous le savez, il y avait sur la place Dealey de Dallas, lieu de l’attentat, plusieurs cinéastes amateurs dont un, Abraham Zapruder, a réalisé un film presque parfait. C’est d’ailleurs grâce à ce film que l’on a pu « minuter » les faits… ce qui a beaucoup gêné les enquêteurs, obligés par la suite de justifier qu’un homme armé d’un fusil semi-automatique en mauvais état ait pu faire mouche trois fois en un peu plus de six secondes et que ces trois balles aient provoqué à la fois deux blessures chez Kennedy et une demi-douzaine chez le gouverneur du Texas qui se trouvait placé devant lui dans sa voiture.

 

Quant à l’assassinat du suspect Oswald, c’est presque une image de thriller : la facilité avec laquelle il est abattu en plein commissariat de police de Dallas ne fait qu’ajouter aux doutes que l’on peut nourrir sur les résultats de la première enquête officielle qui a conclu à deux faits isolés, séparés, presque sans lien entre eux.

 

PdA : L'énormité de l'événement, les zones d'ombre de la tragédie ont favorisé le développement de nombreux fantasmes, de théories tenaces. On a parlé de la mafia, de la CIA, de Castro, de Johnson... Votre ouvrage, L'assassinat de John F. Kennedy : Histoire d'un mystère d'État est réédité aux éditions Nouveau mondePour vous, l'affaire est-elle entendue ? Quelle est votre intime conviction ? Qui - ou qu'est-ce qui - était derrière Oswald ?

 

T.L. :  Je ne suis pas un enquêteur, ni un fanatique des théories conspirationnistes. J’ai tenté sur l’affaire Kennedy une démarche d’historien, fondée sur les documents d’archives, les témoignages et la littérature foisonnante autour de l’affaire. J’ai bien sûr ma petite idée sur ce qui a pu se passer et je l’énonce avec prudence dans ma conclusion.

 

Ce qui est le plus frappant, toutefois, comme vous le signalez, c’est le nombre de pistes qui ont été ouvertes. Certaines conduisent à des impasses et des théories rocambolesques, d’autres ont de sérieuses racines et même, se croisent de façon très surprenantes. Surtout, deux enquêtes officielles colossales ont été menées : celle de la commission Warren, immédiatement après les faits, et celle d’une commission de la Chambre des Représentants, quinze ans plus tard. Ces deux monuments arrivent à des conclusions assez différentes. Ainsi, si, pour la commission de 1963, Oswald a agi seul, si son assassin Ruby est un illuminé isolé, pour les enquêteurs officiels (j’insiste bien sur ce terme) de la fin des années soixante-dix, il y a eu complot, plusieurs tireurs et des liens entre Oswald et Ruby. Grâce à ces sources primaires, mais aussi aux découvertes de journalistes, avocats, enquêteurs privés et même officiels (je pense au procureur Garrison de la Nouvelle-Orléans), il est possible d’en savoir plus et, sans doute, d’approcher de la vérité.

 

Mais, encore une fois, n’étant ni justicier, ni policier, mon travail a consisté essentiellement à faire un tri, le plus clair possible, entre tous ces éléments, afin de faire connaître au public francophone quantités d’informations inconnues jusquici. Comme tout historien, j’ai avancé prudemment, décrit, raconté, évalué et conclu.

 

PdA : Quel bilan dresseriez-vous de la présidence de John Kennedy ? Quel en est l'héritage ?

 

T.L. : La présidence de Kennedy a deux faces. Sa face contemporaine : elle est ressentie comme radieuse, avec trois années de pouvoir d’un homme beau, jeune et moderne, accompagné d’une belle femme qui lui donna de beaux enfants. Il y a aussi la face « historique » de cette présidence, beaucoup plus sombre, dans laquelle Kennedy apparaît pour ce qu’il était vraiment : un homme double, oscillant entre la grandeur et les petitesses les plus inavouables, cultivant des amitiés mafieuses et faisant preuve d’un cynisme qui fut longtemps ignoré. Et, en toile de fond, l’Amérique des années 1950-1960, violente, raciste, contradictoire. L’affaire Kennedy est un révélateur de tout ceci, une plongée dans la face blanche et noire d’une époque.

 

PdA : Kennedy... Un patronyme qui n'a jamais cessé de fasciner, tant aujourd'hui qu'il y a cinquante ans. On ne compte plus les émissions, les dossiers qui lui sont consacrés à l'occasion des commémorations de cette année. Il y a le côté "glamour" de cette famille, incontestablement. La force de certaines décisions, de certains discours (la crise des missiles, la « nouvelle frontière », les droits civiques, Berlin, la Lune...). Le traumatisme lié à son assassinat et à celui de son frère Bobby.

Cette fascination n'est-elle pas également, à votre avis, le signe d'une nostalgie du peuple américain au regard d'une époque (le début des années 60) de leadership, de prospérité, marquée en tout cas par un optimisme authentique ? Peu après, il y aura l'enlisement au Vietnam (même si Kennedy a joué un rôle majeur dans cet engagement), le scandale du Watergate. L'émergence de défis, de doutes nouveaux...

 

T.L. : Je pense que le mythe Kennedy n’a plus la même force qu’il y a ne serait-ce que vingt ans. Les révélations sur les réalités de l’homme, l’ambition effrontée de sa famille, les travers d’un clan ont contribué à tuer la légende, qui ne subsiste plus guère qu’au niveau des « people ». Pendant sa présidence, cependant, JFK a réellement été un espoir pour les progressistes de tous les pays, homme de paix et leader de ce qu’on appelait « le monde libre », par opposition aux dictatures soviétiques et communistes. À l’intérieur, il a engagé la lutte pour les droits civiques, a bénéficié d’une excellente conjoncture, s’est montré (raisonnablement) réformiste. C’est cet espoir-là qui a été brisé à Dallas. La suite n’a fait qu’aviver ces regrets. Ceci étant, il serait faux de croire que Kennedy a voulu profondément changer la donne en tout : il était, comme Obama aujourd’hui, un homme du sérail, un politicien accompli, un grand communicant et un continuateur de la politique américaine.

 

PdA : Que vous inspirent l'Amérique de 2013, les évolutions qu'elle a connues durant les cinq décennies qui ont suivi la mort de Kennedy ?

 

T.L. : Le traumatisme de l’assassinat de Kennedy a été immense et mondial. Il a ouvert vingt années de doutes aux États-Unis, doutes que n’ont pas dissipé les affaires postérieures. La reprise en main par les conservateurs a pris du temps et il a fallu attendre Reagan pour que le trouble s’apaise. En cela, l’histoire de l’affaire Kennedy est consubstantielle de celle des États-Unis. Longtemps, les deux « courbes » ont été liées. Ça n’est plus vrai. Le « choc Kennedy » a aujourd’hui été supplanté par un autre : le 11 septembre. Cet événement est une rupture encore plus forte, selon moi, que son assassinat : il a permis l’arrivée au pouvoir et le blanc-seing aux néo-conservateurs, bien plus dangereux que ne l’ont été les successeurs de Kennedy. Leur comportement idéologique, leur ignorance crasse des réalités géopolitiques et sociales, notamment du Moyen-Orient, ont plongé cette région et le monde dans une situation dramatique.

 

PdA : Quels sont vos projets, Thierry Lentz ?

 

T.L. : Comme vous le savez, je suis avant tout un spécialiste d’histoire napoléonienne. Après avoir mis à jour la nouvelle édition de mon ouvrage sur l’assassinat de Kennedy, je suis retourné à mes études principales. Je viens de mettre la dernière main à un nouveau livre qui paraîtra en janvier 2014. Il est consacré aux « vingt jours de Fontainebleau », ceux qui précédèrent la première abdication de Napoléon, entre le 31 mars et le 20 avril 1814. C’est, vous le voyez, assez loin de Kennedy. Mais je peux déjà vous dire que cette recherche m’a permis de rectifier certaines légendes sur cet événement. Rendez-vous en janvier.

 

Thierry Lentz

 

 

Le rendez-vous est pris. Merci beaucoup, cher Thierry Lentz, pour vos réponses, passionnantes et généreuses. Merci, également, à Madame Sabine Sportouch, de Nouveau Monde, pour sa précieuse collaboration. Et vous, que vous inspire le mythe Kennedy ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Thierry Lentz...

 

  • Sur Decitre.

  • Sur le site des éditions Nouveau Monde, pour l'édition augmentée de son ouvrage sur JFK. (Sortie : le 19 septembre 2013).

 

Présentation remaniée : 14/11/13; 13/07/14.

23 août 2013

Nawel Ben Kraiem : "J'ai toujours soif de rencontres"

"Sur une île entre deux rives, des vocalises liant l'arabe à l'anglais, celles d'une jeune femme blonde comme les blés brouillent les pistes. Elle joue avec la voix, avec les langues, les émotions, drôles et profondes, puissantes et sensibles, enrobées par une musique tribale et actuelle. Une rythmique groovy, un guitariste aux riffs tribals ou progressifs, un contrebassiste aux influences jazz et world et des touches éléctroniques portent la voix rauque et suave de Nawel. Ces protagonistes nous racontent le sud et le nord, l'ancien et l'actuel, la vie d'hier et celle d'aujourd'hui." Je n'aurais pu ouvrir le présent article avec davantage de justesse. Cet extrait de la bio de l'artiste plante le décor, il esquisse un univers, son univers. Nawel Ben Kraiem est française et tunisienne, deux cultures dont elle se nourrit et s'inspire, sans exclusives. Sa musique, ses mots sont universels. Ses aspirations, ses combats, ceux d'une jeune femme résolument ancrée dans son époque, pétrie de contradictions et génératrice de doutes, de révoltes et d'espoirs... Nawel Ben Kraiem, une auteure-compositrice-interprète à découvrir et à suivre, je suis persuadé qu'après l'avoir entendue, vous serez d'accord avec moi... Pour m'en assurer, j'ai agrémenté le texte qui suit de quelques vidéos, dont celle-ci, le clip du superbe "Figurine". Écoutez-la, elle va vous envoûter... Merci, Nawel, de m'avoir accordé cette interview... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NAWEL BEN KRAIEM

Auteure-compositrice-interprète

 

"J'ai toujours soif de rencontres"

 

Nawel Ben Kraiem 1

(Photos fournies par Nawel Ben Kraiem)

 

 

Q : 23/07/13

R : 21/08/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Nawel. Franco-Tunisienne, vous vous êtes installée à Paris à l'âge de 16 ans. C'est là que vous avez suivi une formation de comédienne, cherchant en parallèle à approfondir votre passion pour la musique. D'où vous vient-il, cet amour pour la musique ?

 

Nawel Ben Kraiem : Je suis depuis toute petite fascinée par la musique, et je l'ai d'abord été par les concerts, par la musique sur scène. À trois ans déjà, mes parents m'avaient emmenée voir Marcel Khalifa en concert, et je suis montée sur scène, comme aimantée par le pouvoir de cet endroit... La scène et la musique énergisent, rassemblent, émeuvent, font danser... Bref, mon amour de la musique remonte à loin et est assez instinctif !

 

 

PdA : Racontez-nous le début de votre aventure ?

 

N.B.K. : À quinze ans, en Tunisie, je chantais avec ma guitare, dans ma chambre ou pour des amis, plutôt des reprises anglo-saxonnes. À dix-huit ans, je me suis mise à avoir envie de mettre en "sons" et en mélodies mes mots à moi... C'est alors que j'ai commencé à chercher des musiciens, en collant et en relevant des annonces dans Paris, et à me mettre dans une dynamique de groupe et de travail, qui n'a depuis jamais cessé.

 

 

PdA : Quels ont été jusqu'ici, à vos yeux, les moments forts de votre parcours ?

 

N.B.K. : Ils sont nombreux ! Mon premier concert dans un bar parisien, tremblante de timidité, rue Mouffetard, à dix-huit ans. Lorsque le réalisateur Tony Gatlif, que j'admire beaucoup, m'a proposé de collaborer sur son film ("Indignados", ndlr). La rencontre avec le chanteur Christophe, et le duo que nous avons fait sur France Inter... Et bien d'autres rencontres, plus ou moins ponctuelles, et plus ou moins professionnelles, d'amis et partenaires de route, ont été des moments forts... Ma rencontre de la musique de Lhasa a aussi été un moment fort !!! Bref, la route de la musique est une route chargée... !

 

 

PdA : Quels sont vos morceaux préférés, ceux que vous aimeriez inciter nos lecteurs à écouter avec une attention particulière ?

 

N.B.K. : Je ne réécoute pas mes chansons, mais je crois avoir une affection particulière pour "Mama Please", qui figure sur le disque "Cirrus", pour "Figurine", pour "Den Den City"... pour parler de celles qui sont disponibles sur Internet...

 

 

PdA : Votre travail est salué, régulièrement, par les professionnels du métier. Est-ce suffisant pour se faire connaître ? Quelle est votre "stratégie" pour toucher le plus grand nombre ?

 

N.B.K. : Mon travail commence à rencontrer des médias, des professionnels, et j'ai depuis un an des partenaires solides sur qui je peux m appuyer. Mais mon CD reste autoproduit et distribué artisanalement, et je n ai pas de label.

 

Je n'ai aucune stratégie, si ce n'est celle de travailler à affiner les contours de mon univers artistique. Travail et sincérité ! Avoir une maison de disque ou un distributeur qui puissent m'offrir de meilleurs conditions de travail et m'aider à la diffuser tout en me laissant libre et indépendante dans ma démarche artistique pourrait m'aider à passer un stade et à toucher plus de monde, mais je pense que les vraies rencontres des partenaires de route se font naturellement et au bon moment, et j aurai beaucoup appris dans cette étape d'auto-production.

 

 

PdA : Quels sont les artistes, les groupes d'hier ou d'aujourd'hui qui, connus ou moins connus, vous inspirent ? Ceux que vous aimez et que vous voudriez nous faire découvrir à l'occasion de cette interview ?

 

N.B.K. : J'ai été marquée par des artistes femmes profondes et sensibles comme Lhasa et PJ Harvey et par des groupes comme Gnawa Diffusion et Soap Kills, specialistes du mélange des genres ! Plus récemment, je trouve l'album d'Azealia Banks très original.

 

 

PdA : En plus d'être une artiste, vous êtes une citoyenne, résolument engagée pour les causes qui vous tiennent à coeur : le progressisme, la démocratie. Quel regard portez-vous sur la Tunisie d'aujourd'hui, trois ans après le déclenchement de la "Révolution de Jasmin" ?

 

N.B.K. : La construction d'une vie politique démocratique va prendre du temps, et la situation n'est pas de tout repos... mais j'ai confiance en mon pays, la société civile est active et vigilante.

 

 

PdA : Quels sont vos projets, Nawel ?

 

N.B.K. : Je serai au théâtre à la rentrée, dans une pièce de Milka Assaf (à partir d'octobre, au Vingtième Théâtre). Je vais également retravailler mon live, qui devrait tourner davantage en France au printemps prochain. J'ai aussi des idées de clips qui devraient se concrétiser dans les mois à venir...

 

 

PdA : Vos envies ?

 

N.B.K. : J'aimerais prendre le temps cet hiver de finaliser mon album et de trier, finaliser et rassembler la vingtaine de titres que j'ai en cours... !

 

 

PdA : Vos rêves ?

 

N.B.K. : Continuer à collaborer, à me faire embarquer dans des univers musicaux et humains qui ouvrent de nouvelles portes à mon imagination et à ma sensibilité... J'ai toujours soif de rencontres, et il y a beaucoup de musiciens et chanteurs avec qui j'aimerais travailler.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

 

N.B.K. : Des voyages géographiques, humains et musicaux... Du partage... De la scène, de la scène et de la scène !!!

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

N.B.K. : Merci à vous, et faites passer le mot : www.nawelmusic.com !!!

 

 

 

Nawel 2

(Photo de Cyrille Choupas)

 

 

 

Merci encore, Nawel, pour tes réponses. Pour ta générosité, pour ta sincérité, pour ton enthousiasme ! Mes voeux de succès et de bonheur t'accompagnent pour la suite... Et vous, que pensez-vous de Nawel Ben Kraiem ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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8 août 2013

Clément Bénech : "L'écrivain est une miette..."

Lui aussi, il en vaut la peine... François-Henri Désérable ne tarit pas d'éloges à son endroit. Lors de l'interview qu'il m'avait accordée le mois dernier, l'auteur de l'émouvant Tu montreras ma tête au peuple (aux éditions Gallimard, je vous le recommande avec enthousiasme) eut ces mots pour celui qui, comme lui, compte parmi les révélations littéraires de l'année : "J’ai un ami, jeune (21 ans), talentueux, qui vient de publier son excellent premier roman, L’été slovène, chez Flammarion. Il s’appelle Clément Bénech, et il y a, chez lui, du Modiano, du Toussaint, du Parisis et du Chevillard. Ce qui n’est pas mal, tout de même…". Je n'avais alors jamais entendu parler de ce jeune auteur. Les critiques, elles, ne l'ont pas laissé filer, et c'est heureux. "Le Monde des livres", "Les Inrocks", "Télérama", pour ne citer qu'eux, ont salué la qualité de cette première oeuvre. L'histoire d'un amour mis à l'épreuve d'un cadre différent, d'un monde inconnu, le temps d'un été... Le lecteur se laisse prendre par le récit : il découvre, s'étonne, sourit, est ému. Il le vit. Et se dit que, décidément, il va falloir retenir ce nom : Clément Bénech. Rencontre avec un auteur de talent. Il a 21 ans. Il est mature, lucide. Il a l'avenir devant lui. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

CLÉMENT BÉNECH

Auteur de L'Été slovène, du blog Humoétique

 

"L'écrivain est une miette"

 

Clément Benech

(La photo de Clément Benech est signée Julie Biancardini)

 

 

Q : 25/07/13

R : 07/08/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Clément Benech. Vous avez 22 ans, êtes étudiant en Lettres et l'auteur d'un roman, L'été slovène, édité chez Flammarion depuis le mois de mars. Qu'aimeriez-vous ajouter pour que l'on vous connaisse mieux, à ce stade de l'entretien ?

 

Clément Benech : J'ai un chat très mignon qui s'appelle Sushi et qui adore faire des bêtises.

 

 

PdA : Vous m'avez dit avoir commencé à écrire après le bac. Quelques pensées, quelques poèmes, quelques nouvelles par-ci par-là avant, j'imagine ?

 

C.B. : Là-dessus, je n'ai pas menti. Mais en CM2, comme tout le monde, j'ai écrit quelques poésies sur la cour de récré ou les crayons de couleur...

 

 

PdA : Quelques mots sur votre blog, Humoétique ? Un post, chaque jour à midi... difficile de s'y tenir ? ;-)

 

C.B. : Merci de me rappeler à mon devoir, j'ai un retard monstre. C'est un blog que j'ai commencé en hommage à celui d'Éric Chevillard, et qui vit maintenant de sa vie propre. Il m'a fait rencontrer des gens qui sont devenus des amis, et il me procure une plate-forme de liberté totale.

 

 

PdA : Quels sont les livres, les lectures que vous érigeriez volontiers au rang de références ?

 

C.B. : La Salle de bain, de Jean-Philippe Toussaint, Le Portrait de Dorian Gray, puis Proust, Modiano et Chevillard. Emmanuelle Pireyre, qui a eu le prix Médicis cette année, m'intéresse aussi beaucoup.

 

 

PdA : L'été slovène, c'est l'histoire d'un couple un peu bancal pour lequel un séjour en Slovénie aura l'effet, disons, d'un révélateur... Sous votre plume, très talentueuse, le lecteur ira de découverte en découverte... Y a-t-il un peu de vous, de votre vie dans ce récit ?

 

C.B. : Un peu, oui. Mais je vous gâcherais la lecture en vous disant en quelle proportion...

 

 

PdA : De l'ébauche d'une idée... à une publication chez Flammarion. Vous nous racontez ?

 

C.B. : J'ai eu la chance d'intéresser la revue Décapage pour la publication d'une nouvelle. Puis, la revue étant chez Flammarion...

 

 

PdA : L'accueil critique qu'a reçu L'été slovène a été très bon jusqu'ici. Je pourrais citer "Le Monde des livres", "Les Inrocks", "Télérama"... Ou encore François-Henri Désérable, auteur de Tu montreras ma tête au peuple (à lire !), qui affirme qu'il y a chez vous "du Modiano, du Toussaint, du Parisis et du Chevillard". La canicule ambiante mise de côté, vous réussissez à garder la tête froide ? ;-)

 

C.B. : Je mentirais en vous disant que ça ne m'atteint pas. Mais il faut garder la tête froide, comme vous dites, se rappeler quelle suite de hasards a présidé à votre publication (au-delà d'un éventuel talent) et voir que de nombreux auteurs talentueux sont encore dans l'ombre. Et puis comme dirait Hervé Le Tellier, le marché du livre en France n'équivaut après tout qu'à 10 % du chiffre d'affaires de Renault... L'écrivain est une miette.

 

 

PdA : Je sais qu'un bon auteur ne fait pas nécessairement un bon commercial, mais bon, ça ne coûte rien d'essayer... Que souhaiteriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de découvrir, de feuilleter, d'acheter "L'été slovène" ?

 

C.B. : Vous y perdriez moins que j'y gagnerais.

 

 

PdA : À part la lecture... vos loisirs, vos espaces d'évasion ?

 

C.B. : Le basket, le chant sous ma douche, et les œuvres complètes de François-Henri Désérable.

 

 

PdA : Quels sont vos projets pour la suite Clément ?

 

C.B. : Je suis sur un nouveau projet qui m'occupe beaucoup l'esprit, un portrait de femme qui se passe à Berlin. Et je vais étudier deux ans à Bordeaux, à l'IJBA (Institut de Journalisme Bordeaux-Aquitaine, ndlr), à la rentrée.

 

 

PdA : Vos rêves ?

 

C.B. : Faire un film avec mon frère. Et je ne serais pas fâché de voir la chute du régime nord-coréen avant ma mort.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter ?

 

C.B. : Bonne nuit.

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment.

 

C.B. : Du beurre, pour ne pas que le gratin colle. Merci à vous, Nicolas.

 

 

 

L'été slovène

 

 

 

Merci, Clément ! Tous mes voeux les plus chaleureux pour la suite... Et vous, qu'avez-vous pensé de cet ouvrage, L'été slovène ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Clément Benech...

 

Sur le site des éditions Flammarion pour L'été slovène ;

 

Sur son blog Humoétique.

 

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3 août 2013

Yvette Horner : "Mettez de la musique dans vos cœurs..."

L'idée m'est venue peu avant que ne soit donné le "coup d'envoi" de ce Tour de France 2013, le centième. Combien d'exploits héroïques, de figures mythiques, désormais entrés dans ce qu'il convient d'appeler la "légende" du Tour" ? Étant né en 1985, je n'en ai pas connu l'"âge d'or", ce temps où tout un peuple vibrait presque littéralement au rythme des étapes, ce temps où subsistait encore au moins l'illusion de sa propreté. N'ayant, du reste, jamais compté parmi les adeptes les plus fervents de la compétition, je me garderai bien d'aller beaucoup plus avant dans l'évocation de ces souvenirs collectifs, d'autres étant bien plus à même de le faire. Yvette Horner fait partie de ces visages qui, pour moi, pour les Français, resteront à jamais associés à l'histoire du Tour de France. La Grande Boucle, cette accordéoniste virtuose l'a accompagnée à onze reprises, de 1952 à 1963. Elle est, depuis soixante-dix ans, l'une des ambassadrices les plus emblématiques de l'accordéon, instrument souvent moqué, voire méprisé, en général par des gens qui n'y connaissent d'ailleurs pas grand chose. Peu lui importe : le public lui est resté fidèle. Quant à son art, elle n'a jamais cessé de le vivre, de le partager avec enthousiasme. L'éclectisme de ses collaborations l'a aidée à traverser les décennies, à se faire connaître auprès des jeunes générations, sans jamais se renier. Égérie (et amie) de Jean-Paul Gaultier, celle que Jacques Higelin surnomma jadis "la Reine de France" a travaillé avec des artistes issus du classique, du jazz, de la Country... et même du rap. En 1994, elle offrit aux téléspectateurs de Taratata un improbable mais savoureux duo avec Boy George. Son album le plus récent, "Yvette Hors norme", sorti en 2012, invite l'auditeur à découvrir les fruits d'autres jolies rencontres : avec Marcel Amont, avec Didier Lockwood, avec Lio...

 

J'ai cherché, voulu voir si elle avait un site officiel sur internet. Celui-ci n'est pas directement référencé par Google. Heureusement, Wikipedia m'a vite renseigné : www.yvettehorsnorme.com. La fonction de contact était bien présente, mais elle était défaillante. Parmi les coordonnées affichées, celles de son agent, Jean-Pierre Brun, de Nabab Consultants. Je me suis débrouillé pour lui faire parvenir un message, le 29 juin. En lui proposant, en substance, de faire avec Yvette Horner ce que Jean-Paul Delvor avait accepté de faire avec Micheline Dax : lui lire mes questions, recueillir pour moi ses réponses. Son accord de principe, je l'ai reçu le 2 juillet. Le 7, je lui soumettai mon questionnaire. Trois jours plus tard, nous apprenions la disparition d'un autre grand accordéoniste, un ami d'Yvette Horner, André Verchuren. Une épreuve... J'ai reçu les réponses qui étaient celles d'Yvette Horner le 22 juillet, par un mail de Jean-Pierre Brun. Lui a bien voulu, à ma demande, participer à l'article, me raconter leur rencontre. Son texte, qui introduit les réponses de l'artiste, est extrait du "Biscuit dans la poche", l'autobiographie de cette dernière, à laquelle il a contribué. Je tiens à vous exprimer, à tous les deux, ma gratitude, ma profonde reconnaissance, ma sympathie, surtout... Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps. Artiste authentique et authentiquement populaire, Yvette Horner aura bientôt 91 ans. Des projets plein la tête et, toujours, la musique au coeur... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

YVETTE HORNER

 

"Mettez de la musique dans vos coeurs..."

 

Yvette Horner 1

(Photos fournies à ma demande par M. Jean-Pierre Brun)

 

 

Jean-Pierre Brun : Voici le récit de ma rencontre avec Yvette Horner, tel que je l'ai décrite dans "Le Biscuit dans la poche".

 

« Madame descend dans un instant », a dit le maître d’hôtel.

 

À peine ai-je eu le temps de jeter un œil écarquillé au décor qui m’entourait que « Madame » est descendue. Et elle l’a bien descendu ! Le spectacle commençait. Il dure depuis plus de vingt-cinq ans.

 

Chevelure flamboyante, maquillage appuyé, deux immenses anneaux aux oreilles, chemisier vert pomme sur une jupe fleurie, large ceinture dorée, « Madame » avait mis le paquet. À croire que le Père Noël venait de lui offrir une panoplie d’Yvette Horner.

 

À cet instant, une bouffée d’enfance m’envahit. Je revoyais les arrivées du Tour de France à la télévision, en noir et blanc sur fond d’accordéon, les photos sépia dans « Miroir Sprint », les géants de la route, Bobet, Anquetil… Et cette scène immuable : le champion ruisselant embrassant Yvette Horner qui lui remettait le bouquet du vainqueur. Ay, sombrero !

 

Et voilà qu’Yvette Horner était maintenant devant moi. J’étais chez elle, cerné par des accordéons. J’étais face à un mythe. Elle m’avait invité à dîner dans sa maison de Nogent pour parler affaires. Nous nous étions rencontrés quelques temps auparavant à Sète, du côté de chez Brassens, et elle voulait en savoir un peu plus sur mon métier.

 

« Madame » étant servie, nous sommes passés à table.

 

Avec un étonnant talent de conteuse, elle m’a longuement parlé de sa vie, de ses drames, de ses joies, des valeurs qui lui sont chères : la musique, l’amour, la droiture. J’étais sous le charme : « Madame » était une grande séductrice.

 

Elle me décrivit le vide immense qu’avait causé la disparition de son mari, René, l’homme de toute sa vie. Peu à peu, la conversation prit un tournant plus professionnel, plus personnel. Insensiblement, ses questions s’orientèrent sur ma façon de travailler, sur mes goûts. Quelque part, je la voyais venir.

 

Je lui avouais qu’évoluant depuis de longues années dans le monde de la chanson et du jazz, j’étais professionnellement éloigné de celui des « flonflons, de la valse musette et de l’accordéon »… Bien que n’ayant pas d’interdits musicaux, je n’étais peut-être pas l’homme de la situation.

 

La conversation s’est prolongée et nous sous sommes quittés très tard. Le lendemain, à la première heure, elle m’appelait :

 

- J’ai bien réfléchi : voulez-vous vous occuper de moi ?

 

Une nouvelle fois, je lui fis part de mon peu de connaissance pour le monde de l’accordéon.

 

- Ce n’est pas ce que je vous demande. Vous savez négocier les contrats ? Vous savez lez rédiger ? Ca me suffit, le reste, j’en fais mon affaire. Au fait, que pensez-vous de ma nouvelle collaboration avec Jean-Paul Gaultier ?

 

- C’est une idée géniale. Il faut continuer.

 

- Parfait ! C’est la réponse que j’attendais. Voyons-nous rapidement et travaillons ensemble.

 

Avais-je le choix ? On ne dit pas non à la Tour Eiffel.

 

J’ai dit oui et notre collaboration a commencé. De contrat, il n’y en a jamais eu entre nous ; en tous cas pas sur le papier. Dans les Pyrénées, en bons terriens, on se regarde droit dans les yeux, on se tape dans la main et ça vaut tous les contrats du monde.

 

En peu de temps, j’allais réaliser à quel point j’avais affaire à un personnage hors norme. Je retournais à l’école : celle de la rigueur, du travail sans relâche, de la parole donnée. Celle de l’humour aussi… À se demander lequel des deux était le saltimbanque.

 

Ainsi, je suis devenu l’agent d’un mythe. Un mythe qui, depuis des années, n'a qu'une seule référence : la musique. Qu'un seul combat : donner ses lettres de noblesse à l'accordéon.

 

De la France profonde, celle des bals qu'elle a fait danser durant tant d’années, aux clubs les plus branchés, en passant par l'Opéra, elle a forcé le respect de tous. Elle est de toutes les musiques. Elle est la musique. Il n’est pas un seul défi qu’elle n’ait relevé. Un album classique mi-piano mi-accordéon de concert, un autre enregistré à Nashville avec Charlie McCoy, le Tour de France, le Casino de Paris, Casse-Noisette, Gaultier, Béjart… Rien ni personne ne lui a résisté.

 

Peu à peu, de notre relation professionnelle est née une belle amitié, aujourd’hui robuste comme la terre de Bigorre, solide comme la pierre. « Madame » est devenue Yvette.

 

 

 

Q : 07/07/13

R : 22/07/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Yvette Horner. Comment allez-vous ?

 

Yvette Horner : Comme une musicienne comblée par sa passion.

 

 

PdA : Cette année 2013 est celle du centième Tour de France. Vous avez accompagné, égayé par votre musique et votre bonne humeur un grand nombre d'éditions de la compétition, dans les années 1950 et 1960. Le Tour était sans doute plus populaire, à l'époque. L'engouement était plus fort, on entendait moins parler d'argent, de dopage. Regardez-vous toujours le Tour à la télévision ?

 

Y.H. : Je ne manque pratiquement aucune étape et suis toujours en contact avec mes amis du Tour.

 

 

PdA : Vous devez avoir des centaines de merveilleux souvenirs à l'esprit, en repensant à vos participations au Tour de France. Voulez-vous nous en raconter quelques uns ? 

 

Y.H. : René, toujours plein d’égards, faisait halte le plus souvent possible afin que je puisse souffler un peu. J’en profitai pour faire quelques pas hors de la machine infernale et ces instants-là, aussi brefs fussent-ils, étaient un vrai bonheur. Mais très vite, il fallait regagner la voiture, reprendre l’accordéon et faire bonne figure.

 

La mixture du suiveur faisait son effet. Mais pas fatalement celui escompté. En fait, il jouait un rôle de collecteur d’insectes. Papillons, pucerons, mouches, moustiques et autres volatiles minuscules, soit qu’ils trouvaient la crème à leur goût, soit qu’ils fussent projeté sur elle par un vent peu soucieux de leurs préférences alimentaires, venaient s’agglutiner sur mon visage plus populeux qu’un pare-brise sur l’autoroute des vacances ! Outre ces visiteurs englués, la poussière de la route et les fumées noires exhalées par les pots d’échappement venaient parfaire mon maquillage.

 

René profitait de chacune de nos haltes pour faire une brève remise en état et, comme la maman singe épouillant avec amour le fruit de ses entrailles, il me désinsectisait patiemment ! A l’arrivée, honteuse de ce look plus qu’improbable, je suppliais mon époux de me trouver une fontaine, un évier ou n’importe quel lavabo où je pourrais laver le papier tue-mouche qui me servait de visage !

 

(Extrait de ma biographie, "Le Biscuit dans la poche", aux Éditions du Rocher)

 

 

PdA : Vous avez remporté en 1948 la Coupe du monde d'Accordéon, cet instrument remarquable dont vous n'avez cessé d'être depuis lors l'une des plus belles ambassadrices. Combien de prestations en public ? Combien de disques produits et vendus ? Difficile d'y répondre. Ce qui est certain, c'est que ces chiffres seraient impressionnants, très impressionnants. Quels sont, sur cet ensemble, les morceaux que vous préférez ? Ceux que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir, via les plateformes de téléchargement légal ?

 

Y.H. : Je sais que j'ai enregistré plus de 150 albums. Quant aux ventes , plusieurs dizaines de millions. Mes trois albums préférés sont "Le jardin secret d'Yvette Horner" (qui fit d'elle la lauréate du Grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros en 1950, ndlr), "Yvette Horner à Nashville" (avec la star de la Country Charlie McCoy, en 1977, ndlr) et surtout le dernier, "Yvette Hors norme" (sorti en 2012, ndlr).

 

 

PdA : Les accordéonistes n'ont plus guère d'espaces d'exposition dans les grands médias généralistes, notamment depuis l'arrêt d'émissions telles que "La Chance aux chansons". Heureusement, pas mal de jeunes prennent la relève, avec enthousiasme, dans les villes, dans les villages, sur les scènes de France... Vous êtes confiante dans l'avenir de l'accordéon en tant qu'instrument de musique populaire ?

 

Y.H. : L'accordéon est éternel, il appartient à toute les musiques et il y aura toujours de nouveaux virtuoses pour le servir. La passion n'a pas de fin.

 

 

PdA : Vous êtes largement respectée par vos pairs du métier. Des artistes issus de plusieurs générations et adeptes de styles musicaux différents ont eu à coeur de vous témoigner leur affection. Je pense à Julien Doré - vous avez participé à l'une de ses chansons, "Homosexuel" -, je pense à Lio, à Didier Lockwood, à Marcel Amont - qui ont contribué à votre album "Yvette hors norme" -. Quels sont, parmi les artistes d'hier et d'aujourd'hui, celles et ceux qui vous plaisent, que vous aimez écouter ?

 

Y.H. : Il en a trop. J'aime le talent quel qu'en soit le style.

 

 

PdA : Quelles ont été, jusqu'ici, les grandes rencontres de votre carrière ? De votre vie ?

 

Y.H. : Mes parents, mon mari René, les musiciens, mes amis, et le public... J'en oublie ?

 

 

PdA : Quel message souhaiteriez-vous adresser à celles et ceux de nos lecteurs qui, nombreux, vous aiment et seront heureux, à l'occasion de cette interview, d'avoir de vos nouvelles ?

 

Y.H. : Mettez de la Musique, beaucoup de Musique dans vos coeurs, et vous verrez bien que vous finirez par danser...

 

 

PdA : Quels sont vos projets ? Vos envies ?

 

Y.H. : Travailler mon instrument, encore et encore. Découvrir de nouvelles aventures musicales.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, chère Yvette Horner ?

 

Y.H. : Que la vie continue, le monde ne peut pas se passer de musique...

 

 

Yvette Horner 2

 

 

Merci encore pour ce joli cadeau... Que la vie continue oui. Puissiez-vous, Madame, continuer à nous enchanter, à nous surprendre, de longues années durant. Je le souhaite de tout coeur. Je vous embrasse ! ;-) Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Yvette Horner...

 

Sur son site officiel ;

 

Sur les sites de téléchargement légal, comme musicMe ;

 

Chez tous les bons disquaires, pas loin de chez vous... ou en ligne ;

 

Sur YouTube.

 

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