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Paroles d'Actu

10 mai 2013

Johan Andersson : "Europa IV : faites passer le message !"

Bouter les Anglais hors de France au début du quatorzième siècle. Réformer méthodiquement le pays pour en faire, quelques décennies plus tard, un champion de la recherche scientifique, de la liberté individuelle... et, accessoirement, éviter toute velléité sérieuse de révolution... Faire flotter son drapeau sur une bonne partie des provinces côtières d'Amérique - nord compris - avec l'Espagne, aux seizième et dix-septième siècles. Ou tenter, vainement, de l'empêcher avec les Aztèques, ou d'unifier le monde arabe et de soumettre les Ottomans avec les Mamelouks d'Égypte. Assoir une domination militaire puis diplomatique sans partage sur l'Europe, avec une couronne autrichienne devenue titulaire perpétuelle du titre sacré de Romanorum Imperator. Autre fait d'armes, moins évident, celui du petit royaume de Hongrie, devenu défenseur acharné de la foi catholique, et qui comptera bientôt parmi ses prises Alexandrie... et Jérusalem. Prendre en main le destin des colons américains dans leur lutte pour l'indépendance à la fin du dix-huitième siècle. Celui de la Chine, dès la fin du quatorzième : renforcée, développée, elle sera la première puissance économique mondiale à sa rencontre avec l'Occident. Oui, tout cela, je l'ai fait, je pourrais citer tant d'autres parties, pas toutes couronnées de succès, d'ailleurs... Combien d'heures passées sur les jeux de la saga Europa Universalis... je préfère ne pas le savoir ! Le studio suédois Paradox Development Studio, également derrière les séries Hearts of Iron, Victoria, Crusader Kings, s'apprête (troisième trimestre) à lancer le très attendu nouvel opus de son bijou, j'ai nommé Europa Universalis IV. L'un des dirigeants du studio, Monsieur Johan Andersson, a finalement accepté de répondre à mes questions, envoyées quelques mois plus tôt. Merci encore, pour tout. Bonne lecture ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

Because not all of our readers come from a French-speaking country (les pauvres ;) ), these green words are for you. English is not my mother language, so, please, be indulgent ! And, wait, a last thing... In spite of what you may deduct from my gaming experience, I wanna affirm you I have nothing against the English ! ;) Drive the English out of France in the early fourteenth century. Methodically reform the country to transform it, in a few decades, into a champion of scientific research and individual freedom... No more favorable ground for a Révolution ! Fly its flag over much of the coastal provinces of America - including the north - as Spain in the sixteenth and seventeenth centuries. Or try, unsuccessfully, to prevent it as the Aztecs, or to unify the Arab world under the Mamluks of Egypt - the Ottomans would say no. Build a military, then diplomacy-based unchallenged dominance on Europe, as an Austrian crown turned perpetual holder of the sacred Imperator Romanorum title. Another feat of arms, less obvious, as the small kingdom of Hungary, which became a staunch defender of the Catholic faith, soon including cities such as Alexandria... and, of course, Jerusalem. Take in hand the destiny of the American colonists in their struggle for independence in the late eighteenth century. That of China, at the end of the fourteenth : strengthened, developed, it will be the world's largest economy at its encounter with the West. Yes, all that I did, I could tell you about many other games, not all that successful... How many hours spent on the Europa Universalis saga... I'd rather not know ! The Swedes from Paradox Development Studio, also behind the Hearts of Iron, Victoria, Crusader Kings series, will soon (Q3) release the much-awaited-for new installment of their jewel, Europa Universalis IV. Studio Manager Johan Andersson agreed with much kindness to answer my questions, sent a few months ago. Thank you again, for everything. Here's a loving tribute to you, Paradox. Have a good reading ! Paroles d'Actu exclusive. By Nicolas Roche, aka Phil Defer.  EXCLUSIVE

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JOHAN ANDERSSON

Studio Manager at Paradox Development Studio

 

"Europa Universalis IV : faites passer le message !"

"Europa Universalis IV : spread the word !"

 

Johan Andersson

(Photos de Johan Andersson et du jeu fournies par Paradox Development Studio

Johan Andersson and E.U.IV pics provided by Paradox Development Studio)

 

 

Q : 24/08/12

R : 30/04/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Hallå, Paradox ! Ma première non-question, un brin malhonnête... Dans vos jeux, il s'agit essentiellement de faire la guerre, de conquérir le monde... C'est quoi votre problème, les mecs ? Des traumatismes d'enfance ? ;-) Plus sérieusement... vous avez toujours aimé l'histoire ?

  

Hallå, Paradox Development Studio ! Your games are essentially about going to war and conquering the world. You've always loved history ?

 

Johan Andersson : Oui, nous avons toujours aimé l'histoire ! Nous avons tous dans l'équipe une vraie passion pour l'histoire, mais cela doit être évident pour qui a déjà goûté à nos jeux. ;-) Pour être honnête, le cadre historique est aussi un cadre pratique à traiter. Il y a un avantage certain à vouloir créer un jeu basé sur l'histoire, plutôt que sur le fantasy ou la science-fiction. Connaître, accepter un postulat au départ : le monde tel qu'il est (ou était). Développer un jeu de fantasy ou de science-fiction suppose la création d'un univers, l'écriture d'un cadre scénaristique. Des impératifs parce qu'on ne peut en faire l'économie. Il faut l'accepter, aimer l'exercice, avoir du temps à lui consacrer. Quand vous basez un jeu sur l'histoire, cela parle aux gens. Ils s'y repèrent et sont touchés, parfois profondément, par certains événements. Ils veulent avoir la possibilité de les recréer, ou alors d'en changer le cours. Une trame superbe pour construire un jeu...

 

Yes, we've always loved history ! We all at the team have a great passion for history that should be obvious for anyone who has played our games. ;) But to be honest, the historical setting is also a practical one. There is a large advantage in creating games based on history over fantasy or science fiction. Accepting and knowing the world from the start. In fantasy or sci-fi, as a game developer, you need to create a back story and a world, you need people to accept it and love it and want to spend time in it. But when you base a game on history, people are familiar with it and recognize it, they even have a relation to the events and the countries and either want to recreate it or change history. So it does create a superb narrative on which to build a game on.

 

 

PdA : J'imagine que l'on ne peut pas bosser dans l'industrie du jeu vidéo sans les aimer au départ. Quels sont vos favoris ?

 

I suppose one can't work in the video games industry without loving them in the first place. What are your favorite video games ?

 

J.A. : Les jeux qui remplissent les mêmes critères que les nôtres. Je connais des tas d'éléments qui font qu'un jeu de stratégie est bon, ce sont d'ailleurs ces éléments-là qui sont au coeur de ce que nous aimons à propos des jeux en général : la liberté de prendre des décisions, de choisir sa voie ; la possibilité d'y jouer encore et encore sans s'en lasser ; un dynamisme dans l'expérience de jeu, qu'il ne soit jamais jamais statique. Les jeux auxquels je joue, les miens mis à part, sont des jeux tels Civilization, World of Warcraft, Football Manager... et des tas de jeux de société. Mais là, en ce moment, c'est clairement la beta d'Europa Universalis IV qui a mes faveurs. :-)

 

The games that fulfill the same criteria as our own games. I know plenty of reasons which make a good strategy game, and they all come down to what we ourselves love about games : freedom to take our own choices and decisions when playing, being able to play the game again and again, and an ebb and flow in gameplay so that the game never goes static. Games I play besides my own games are games such as Civilization, World of Warcraft and Football Manager, as well as plenty of board games. But right now, I am absolutely playing the Europa Universalis IV beta most of all. :-)

 

 

PdA : Ces jeux que vous développez, ce sont des jeux auxquels vous aviez rêvé de jouer ?

 

Those games you have developed, you had dreamt of playing them ?

 

J.A. : Oui, c'est un peu à partir de cette idée qu'ont été créés les jeux. Nous nous sommes entendus sur nos goûts, nos attentes en matière de jeux et avons voulu les construire sur cette base. Nous sommes heureux de vous offrir la possibilité de recréer l'histoire, de la changer complètement. Vous disposez d'un grand nombre d'outils pour cela. Comme vous le savez, nos jeux sont de type "bac à sable", parce que leurs conditions de victoire ne sont pas fixes, rigides. C'est le joueur qui fixe ses propres objectifs, qu'il peut atteindre grâce à une multitude de choix stratégiques potentiels. La liberté d'action est au coeur de nos jeux.

 

Par exemple, avec Europa Universalis IV, notre but n'est pas de modéliser une recréation fidèle de l'histoire. En fait, nous nous penchons sur les choix historiques auxquels les pays ont dû faire face à des périodes données. Nous nous demandons lesquels, parmi ces événements, ont été les plus importants, les plus intéressants. Ils sont alors intégrés au gameplay, d'une façon qui permette une bonne expérience de jeu. En tant que joueur, vous êtes donc confronté aux mêmes types de dilemmes que les dirigeants de ces pays, en leurs temps. Il ne s'agit pas uniquement de vivre les "et si ?" dont vous rêvez, mais vraiment de vous proposer un gameplay réellement varié. De la même façon que chaque pays est unique, vous pouvez être sûr que chaque session de jeu sera unique.

 

That´s pretty much how the games were created. We looked at what we loved with games ourselves and tried to create it. We love the fact that our games let you recreate history or change it completely, and that you have so many different tools at your disposal to choose from. Our games are, as you know, sandbox games, because you have no fixed victory conditions. Instead, you, as a player, set your own goals. We always try to maximize the game choices available to give you most strategic choices.

 

For example with Europa Universalis IV, our goal is not create an accurate recreation of history ; instead we look at the historical choices that countries faced at the times. We look at the most interesting and important events and then we build the game logic to make these choices good in game terms. So, as a player, you face the same kinds of choices as those encountered by these countries. Because the thing with history isn’t only that it lets you recreate your favorite 'what ifs', it also allows for really varied gameplay. If every country is unique, every new gaming session will be unique.

 

 

EuropaUniversalisIV 1

 

 

PdA : Comment avez-vous eu l'idée du premier Europa Universalis ? D'où vient ce petit bijou ?

 

How did you come up with the idea of the first Europa Universalis ? Where does this little gem come from ?

 

J.A. : Au départ, Europa Universalis, c'est un jeu de société - extrêmement compliqué ! -, datant du milieu des années 90. Nous en avons acheté les droits pour en faire un jeu d'ordinateur. Nous avons opéré quelques changements drastiques, élaboré une carte du monde plus adaptée, une architecture de jeu plus logique. Rendu tous les pays jouables. Et bien sûr, nous en avons fait un jeu de stratégie en temps réel. Le reste, c'est de l'histoire ! ;-)

 

There was this extremely complicated board game of the same name, in the mid-1990s, of which we bought the rights to make a computer game. We made some drastic changes, to have a proper map of the world, a game design that was more logical, make all countries playable and of course, make it into a real-time strategy game. The rest is history !

 

 

PdA : L'un des éléments qui m'impressionnent réellement dans vos jeux : le niveau de détail, la masse énorme de données. Combien de temps cela vous prend-il pour tout assembler ? Beaucoup de cheveux arrachés ? Quelles sont vos sources pour déterminer, disons, qu'il y avait environ 2012 habitants dans la province de Qarabagh en 1399 ? (un exemple réel pour une vraie province d'Europa Universalis III ^^)

 

One of the striking things about your games : the level of detail, the huge amount of data. How much time does it take to assemble it all ? Much hair pulled ? What are your sources to, say, determine that in 1399, there were about 2012 inhabitants in Qarabagh? (A real example for a real province from EU3 ^^)

 

J.A. : Beaucoup de cheveux arrachés, je ne dirai le contraire. Nos "chercheurs" travaillent dur sur nos jeux. Nous nous appuyons également sur la masse très conséquente d'infos collectées durant toutes ces années. Et sur notre communauté (les joueurs, ndlr), qui nous aide énormément.

 

Lots of hair pulled, I would say ! We have researchers that work hard on the games, but we have also gathered large amounts of information throughout the years, and also, our community helps us immensely.

 

 

PdA : En tant que possesseur d'une copie du jeu Europa Universalis III Chronicles, pourquoi devrais-je acheter Europa Universalis IV ? Quels sont vos meilleurs arguments ? :)

 

A Europa Universalis III Chronicles owner, why am I going to buy Europa Universalis IV ? Put your best foot forward... :)

 

J.A. : Bon, sur cette question, je vais faire le paresseux, et citer une preview écrite par le testeur Rob Zachny, qui a eu l'opportunité de tester une version de travail d'Europa Universalis IV. "Europa Universalis IV, à la lumière des deux ou trois heures que j'ai passées dessus, semble correspondre exactement à ce que l'on attend d'une suite. C'est comme si, pour chaque élément de gameplay ne fonctionnant pas bien, pour chaque point agaçant, répétitif, il y avait eu quelqu'un à Paradox qui ait rencontré ces mêmes problèmes et fait en sorte de les résoudre. Quand vous opérez ce type de réglages, de modifications sur l'ensemble du jeu, ce sont autant d'améliorations qui constituent ensemble un grand pas en avant. Cela m'a rappelé le moment où j'ai abandonné ma vieille Toyota Camry cabossée de 1997 pour une nouvelle berline. Je n'aurais su dire à quel point cette carcasse avait vieilli, ni combien il pouvait être agréable de conduire... jusqu'au jour où j'ai pris place dans la nouvelle."

 

I'm going be lazy on this question and quote a preview about Europa Universalis IV by game writer Rob Zachny who actually got a chance to try out the early game build for Europa Universalis IV : “Europa Universalis IV, in the two or three hours I spent with it, seems like exactly what a sequel should be. It's as if for every nagging issue I have in EU3, everything that never quite made sense, never worked in a fun or interesting fashion, or was just plain annoying, there was someone at Paradox who had the same problem and figured out how to fix it. And when you make those kind of comprehensive tweaks and adjustments across the board, what you have is a bunch of smaller tweaks and improvements that add up to a leap forward. I was reminded of when I traded in my beaten-up old 1997 Toyota Camry for a new sedan. I didn't know how creaky the old model had been, or how good driving could be, until I sat down with the new one.”

 

 

EuropaUniversalisIV 2

 

 

PdA : Ne pensez-vous pas qu'ajouter au déjà fantastique gameplay d'Europa Universalis des éléments dynastiques améliorés, à la Crusader Kings, (touchant aux mariages royaux, par exemple...) accroîtrait encore la richesse, l'intérêt du jeu ? Peut-être l'idée fait-elle déjà partie de vos plans pour Europa Universalis IV ?

 

Don't you think it would add much fun and interest to the already fantastic Europa Universalis gameplay to introduce enhanced Crusader-Kings-like dynastic elements ? (Royal marriages, etc...) Maybe it's already part of your plans for Europa Universalis IV ?

 

J.A. : Je crois que nos séries de jeux sont toutes différentes les unes des autres, chacune ayant ses forces propres. La construction d'empires pour Europa Universalis, les personnages complexes pour Crusader Kings, la gestion militaire pour Hearts of Iron, politique et économique pour Victoria. Il peut arriver que, pris d'inspiration, nous décidions d'ajouter à tel opus d'une série une caractéristique conçue pour une autre série. Ceci étant dit, chaque jeu doit garder son identité particulière, raconter ses propres histoires.

 

S'agissant d'Europa Universalis IV, voici le deal. Vous êtes un gamin dans un magasin de bonbons. À ceci près que le magasin, c'est l'Histoire, les bonbons des décisions. Europa Universalis IV est notre jeu de construction d'empires de luxe. Les joueurs choisissent leur pays favori, ils le gouverneront à leur guise, dans une lutte addictive pour leur survie, pour un territoire, pour l'Histoire. Nous voulons que vous vous gaviez de stratégie, que vous voyiez jusqu'où vous pouvez aller. Après tout, Europa, c'est quand même l'Âge des Grandes découvertes. :-)

 

I think all our game series are different and I do appreciate their own strengths. Europa Universalis for the empire building, Crusader Kings for the strong characters, Hearts of Iron for the warfare and Victoria for the political and economic approach. So, even if we get inspired and add features in between the games, they should still have their own identity and tell their own stories.

 

When it comes to Europa Universalis IV here's the deal. You're a kid in a candy shop, except the shop is history and the candy is decisions. Europa Universalis IV is our deluxe empire building game. Players pick their favorite country and govern it however they choose in an addictive battle for survival, for territory, or to bend history itself to their will. We want you to gorge yourself on strategy, and see just how much you can take. It's the Age of Discovery, after all. :-)

 

 

PdA : Justement. Près de mille ans sont déjà couverts par vos sagas cumulées Crusader Kings - Europa Universalis - Victoria - Hearts of Iron. L'un de mes rêves serait de pouvoir jouer à un Europa Universalis situé dans les temps contemporains. Il inclurait des traits type-Victoria II, la papauté et le Saint-Empire seraient remplacés par, disons, le Conseil de sécurité des Nations Unies et le FMI. Je suis sûr que vous y avez déjà réfléchi. Allez-vous faire de mon rêve une réalité ?

 

About 1.000 years are already being covered in your CK-EU-Victoria cumulative saga. One of my dreams would be to be able to play a modern-day Europa Universalis, which would include many Victoria II-like features and replace the Papacy and the Holy Roman Empire by, say, the United Nations Security Council and the IMF. I'm sure you've already thought about it. Are you going to make my dream come true ?

 

J.A. : Oh, je déteste dire cela, mais, non. Un jeu comme cela, quelles que soient ses attraits, serait trop lourd, trop difficile à gérer. Nous tenons à doser la complexité de nos jeux. Vouloir regrouper en un seul jeu tant d'éléments de complexité le rendrait impossible à développer, impossible à suivre et, au final, totalement injouable.

 

Oh, I hate to say it, but no. A game like that would just become too unwieldy for its own good. We like to keep a defined set of complexity in a game, and merging them all into one would just make a game that would be impossible to develop, impossible to QA and impossible to play.

 

 

PdA : Vous savez que je suis français. La France qui compte - ce n'est pas moi qui le dis, ce sont vos jeux ^^ - parmi les pays majeurs de l'histoire du monde. Qu'associez-vous à la France ? L'avez-vous déjà visitée, pour voir à quoi l'Armor, la Bretagne, le Roussillon... ressemblent dans la réalité ? Qu'aimeriez-vous dire à vos fans français ? (Dont je suis, sans aucun doute)

 

You know I'm French. France being, of course, a major country regarding history (I'm not saying it, your games are ^^). What do you associate with France ? Have you ever been to France, to see what Armor, Bourgogne, Roussillon look like ? What would you like to tell your French fans ? (Definitely I'm one of them)

 

J.A. : Oui, nous sommes bien sûr (en français dans le texte, ndlr) nombreux parmi les membres de l'équipe de développement à être allés en France. La France tient évidemment une place majeure dans l'histoire européenne. Après tout, elle est la seule alliée fiable qu'ait connu la Suède en temps de guerre, comme nous le montre le Traité de Saint-Germain-en-Laye... (En 1679, la France contraignit le Brandebourg à restituer à son allié suédois plusieurs territoires perdus durant la Guerre de Scanie, ndlr)

 

Yes, many of us at the development team have been to France, bien sûr ! France is a very important part of European history. It is, after all, the only trustworthy ally Sweden has ever had in a war, as the Treaty of Saint-Germain-en-Laye shows us… (In 1679, France forced Brandenburg to give back territories its Swedish ally had lost during the Scanian War)

 

 

EuropaUniversalisIV 3

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter ?

 

What can we wish you ?

 

J.A. : Vous pouvez inviter tous les joueurs de stratégie du monde à nous rejoindre dans notre appel aux armes pour Europa Universalis IV, et être récompensé pour cela. ;)

 

You can ask all strategy gamers of the world to join us in our Call to Arms for Europa Universalis IV and get rewards for doing so. ;)

 

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ? Pour quelqu'un en particulier ?

 

Is there anything more you'd like to tell our readers ? Any message to someone specific ?

 

J.A. : À tous nos joueurs : merci pour votre soutien ! Voici un peu plus de dix ans maintenant que tout a commencé. Notre petit studio de développement suédois a mis sur le marché un jeu de construction d'empires appelé Europa Universalis, créant par la même occasion un genre nouveau dans l'univers du jeu vidéo, le jeu de Grand Strategy.

 

Les années ont passé, nous avons grandi. Nous avons la chance inouïe de pouvoir compter sur une communauté de fidèles qui comptent parmi les plus dévoués dans le domaine des jeux de stratégie. L'implication de nos joueurs dans le développement des jeux, la confection de mods, leurs inlassables interventions - incluant d'innombrables retours et suggestions, des conversations folles à propos des détails les plus minutieux - nous ont poussés a travailler plus dur encore, ils nous ont donné la force d'aller plus loin, de viser plus haut pour, finalement, atteindre des sommets que nous n'aurions imaginés au départ. Sans vous, nous ne serions pas là, et nous tenions à vous le dire.

 

Alors que nous nous apprêtons à lancer Europa Universalis IV, nous voulons continuer à parler de nos jeux au monde. Nous aimerions que les fans de jeux de stratégie soient encore plus nombreux au sein de notre communauté, leur faire découvrir nos jeux. Nous aimerions que davantage de joueurs aient l'opportunité de se frotter à ces grands moments, à cette tension que seul le grand bain de l'Histoire est à même de procurer. Des centaines d'heures de jeu vous attendent...

 

En définitive, si vous aimez Europa Universalis, si vous souhaitez soutenir nos jeux, alors, humblement, nous vous demandons de faire passer le message à vos amis. Si, bien sûr, vous pensez qu'ils ont des rêves secrets de construction d'empires, de conquête du monde...

 

To all our gamers out there : thank you for your support ! It has been more than a decade since we started as a small Swedish development studio, released the empire-building game Europa Universalis and created a brand new game genre, Grand Strategy.

 

Over the years, we’ve grown and we have the fortune of having one of the most dedicated strategy game communities available. And all our gamers' involvement in our game development, their modding – including countless suggestions, loads of feedback, and crazy conversations about the minutest of details – have pushed us harder and made us reach further than we could have ever imagined. We would not be here if it wasn't for you and we want you to know that.

 

And as we prepare to launch Europa Universalis IV, we want to continue telling the world about our games. We want to bring even more strategy fans into our community and make them discover our games. We want more gamers to be able to experience the drama and tension that only the grand stage of history can provide and give you all hundreds of hours of gameplay.

 

So, if you love Europa Universalis and want to support our games, we humbly ask that you spread the word to your friends - if you believe that they long to build empires, conquer the world and change history.

 

 

PdA : La dernière question !!! Pas vraiment une question, en fait. Une carte blanche. À vous de conclure, comme vous le désirerez, cette interview très plaisante. Merci infiniment ! Adjö och se dig snart... ;-)

 

Here comes... the LAST question !!! Not a real question, actually. A "carte blanche". It's up to you, how would you like to end this interview ? Merci infiniment !!! Adjö och se dig snart... ;-)

 

J.A. : Nous, c'est la stratégie. Fans de jeux de stratégie, rejoignez-nous, unissez-vous, et prenez les rênes !

 

Strategy is our game. Strategy gamers of the world, join us, unite and take over ! :-)

 

 

 

Europa U 1

 

 

 

Merci encore à Johan Andersson ainsi qu'à toute l'équipe du studio Paradox pour la gentillesse dont ils ont fait preuve à mon égard ! Et vous... parlez-nous de votre expérience avec les jeux Paradox ? Les commentaires sont là pour ça... Merci ! Additional thanks to you, Johan Andersson, to the whole Paradox team for having been so kind to me. What about you... would you tell us about your Paradox experience ? Please share your comments. ;-) ! Phil Defer

 

 

 

Un commentaire, qu'il soit positif ou négatif, est toujours apprécié...

 

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Plus d'infos sur Europa Universalis IV (More on Europa Universalis IV). Sortie au troisième trimestre (Q3).

 

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15 avril 2013

Lionel Dutemple : "J'aimerais faire un film des Guignols pour le ciné..."

   Les Guignols... On est des millions à les suivre chaque soir, à rire du regard qu'ils portent sur l'actualité du moment. Mais savez-vous qui se cache derrière vos personnages préférés ? Après l'interview d'Alain Duverne, maman de centaines de marionnettes depuis sa rencontre avec Alain de Greef, Paroles d'Actu vous propose un entretien avec Lionel Dutemple. Depuis 2000, il fait partie du cerle très fermé des auteurs des Guignols.

   Il a accepté d'évoquer pour nous les coulisses de l'émission, ses relations avec le monde politique et l'équipe du Grand journal... Et, quelques jours après la diffusion de sketchs controversés en réaction aux drames Koh-Lanta, il expose sans langue de bois ses conceptions de l'humour, de ce qui est ou n'est pas moral. Je le remercie pour le temps qu'il a bien voulu m'accorder. Bonne lecture ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

LIONEL DUTEMPLE

 

« J'aimerais faire un film

des Guignols pour le ciné... »

 

Auteurs des Guignols

(Photo fournie par Lionel Dutemple, éditée par Paroles d'Actu.

De g. à d. : Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen, Benjamin Morgaine)

 

Q. : 29/03/13 ; R. : 13/04/13

 

Avant de lire cette interview, j'aimerais dire ce mot aux éventuels lecteurs : parler sérieusement de l'humour, c'est un exercice compliqué. Tout ce qu'on fait aux Guignols, avant toute chose, c'est essayer de faire rire. Tout ce qui est dit autour est secondaire. (Note préliminaire, signée Lionel Dutemple)

 

Paroles d'Actu : Bonjour Lionel Dutemple. Vous faites partie de l'équipe des auteurs des Guignols depuis 2000. Racontez-nous... comment est-ce que tout a commencé ?

 

Lionel Dutemple : Alors que j'écrivais sur la sérié H, j'ai été recruté avec Ahmed Hamidi et Julien Hervé par Canalidée, une structure mise en place à Canal à l'époque pour chercher de nouveaux talents, que ce soit en animation, en tant qu'auteurs, comiques, realisateurs, etc... Ils cherchaient de jeunes auteurs pour Nulle part ailleurs. Après un an passé à écrire pour Nagui, le Jamel Show, le Visiophon (ancêtre du SAV) et les Césars, Bruno Gaccio a pensé à nous pour succéder à Franck Magnier et Alexandre Charlot, qui quittaient alors l'équipe des Guignols.

 

Gaccio travaillait dans le même bureau que nous durant cette première année, il assistait à nos débordements, crises d'hystérie, jeux idiots dans les couloirs... Et au lieu d'être saoulé, il nous a pris sous son aile.

 

PdA : On est des millions à rire grâce à vous chaque soir, mais finalement, on ne vous connaît que très, très peu... Et si vous nous parliez de vous, de votre équipe, de votre organisation ?

 

L.D. : Nous sommes avant tout une bande de copains. Julien, Philippe, Benjamin et moi ne faisons pas que bosser ensemble sur les Guignols. Nous bossons sur d'autres projets, et nous partons même en vacances ensemble ! C'est un drôle de métier, auteur des Guignols. Nous nous retrouvons chaque jour pour dire des conneries, ce qui pourrait apparemment ne pas vraiment passer pour un travail. Mais nous disons des conneries avec sérieux et réflexions, ce qui fait la force des Guignols. Nous nous attachons autant à la forme qu'au fond.

  

PdA : À quoi ressemblerait, si vous deviez nous la décrire heure par heure, votre journée-type, un jour d'émission ?

 

L.D. : Perso, j'écoute les infos et lis le journal chez moi jusqu'à 8h30-9h00, puis je me rends au bureau. Le matin, on parle entre nous de l'actu du jour, des conneries qu'on a vues à la téloche, au ciné, en soirée, avec en fond les chaînes infos en boucle. Si on a quelques idées matinales, on les note, mais en général on attaque l'écriture vers 13H00, quand on a des idées !

 

Il faut rendre le texte vers 16H30. On relit alors en compagnie du directeur artistique, d'un marionnettiste, et on corrige les défauts éventuels du JT. Certains soirs, on écrit également les séries, qui sont les sketchs tournés en extérieur et qui ne sont pas en direct. Il en faut quatre nouveaux par semaine. Mais les Guignols ne s'arrêtent pas vraiment le reste du temps, on est toujours à l'affût d'une connerie... Ça m'arrive de me relever la nuit et de noter une idée.

 

PdA : Une séquence que j'aime particulièrement, celle du "film". Parfois, ce sont des chansons, souvent très réussies et qui feront immanquablement le buzz. (Je pense à Désolé, à Rappelle Sarkozy, à À l'UMP y'a un groupe..., aux chansons de Carla Bruni...) Comment ça se passe, l'élaboration et le tournage d'une telle séquence ? Peut-être accepteriez-vous d'en illustrer le récit, en en prenant une pour exemple ?

 

L.D. : Le texte est écrit sur la base d'une de nos idées ou de celles d'un auteur extérieur, qui sont au nombre de trois : Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré et Yvan Longuet. Vous dire comment une idée naît, c'est comme essayer d'expliquer le Big bang. Une idée drôle, ça vient, c'est tout. Une idée pas drôle, ça vient souvent aussi, mais celle là, on essaye de pas s'en servir ! :)

 

Une fois le sketch écrit, dans ce cas-là, une parodie de chanson, on le lit à un réalisateur, qui va le réaliser avec trois autres sketchs, et cela en moins de trois semaines. Une semaine de préparation, où le réalisateur fait son découpage, où nos équipes cherchent ou construisent un décor. On enregistre les voix des imitateurs. Les maquilleuses et habilleuses, les documentalistes s'occupent de rassembler l'ensemble des marionnettes pour qu'elles soient le plus raccord aux personnages existants. Une semaine de tournage, où un sketch est tourné en une journée en général. Pour un clip, ça peut aller jusqu'à deux jours. Une semaine de montage, enfin, on les visionne et on corrige d'éventuels défauts ou lenteurs.

 

PdA : Je suis impressionné par votre capacité à créer chaque jour presque dix minutes de sketchs totalement inédits. J'imagine la pression que cela doit représenter, la terreur de la page blanche que chacun pourrait ressentir dans de telles conditions... Est-ce que ça vous arrive, ou pas du tout ?

 

L.D. : Non. Ça arrive d'être un peu pressé par le temps, mais en douze ans de Guignols, soit environ 3 000 JT (putain de merde, j'en ai pas marre ???), il y a toujours quelque chose qui a fini par sortir, donc pas d'inquiétude. L'inquiétude, on l'a plus sur des périodes longues, si on trouve que ça ronronne, ou qu'on a pas été très bon pendant une semaine ou plus, là on se remet très vite en question, pour trouver des solutions...

  

PdA : Abordons maintenant deux critiques distinctes qui peuvent, de temps en temps, vous être faites...

 

Il arrive que certaines personnes soient, de bonne foi, parfois choquées par votre humour, jugé gratuitement méchant sur tel ou tel sketch. Très récemment, ce fut le cas à propos de votre réaction à la mort d'un jeune candidat de Koh-Lanta. Avez-vous des remords, des regrets à propos de certains sketchs ou traitements de personnages ? Quelles sont les limites que vous vous fixez ?

 

L.D. : Ce qui me choque (et attention, j'en dors très bien la nuit), c'est l'ensemble de cette vague de téléréalité où on est prêt à détruire la vie d'un inconnu pour faire des recettes publicitaires... deux morts en dix ans de téléréalité, c'est un miracle. Et on ne compte pas les tentatives de suicide, les dépressions, la descente aux enfers de 99% - ou à peu près - des candidats. Et je parle même pas de la morale de ces émissions inculquée aux plus jeunes : "le plus fort, le plus vicieux, le plus machiavélique" emporte les 50 000 euros promis au vainqueur, soit, 0,0000000001% des recettes publicitaires générées par ces vides cerveaux.

 

Sur Koh-Lanta, on a juste ri avec cette mécanique infernale qui brise la vie des candidats en reproduisant une de leurs séquences vedettes. Et c'est de l'humour, je rappelle ! L'humour, ça sert aussi à exorciser des peurs, des drames. Je ne suis pas sûr qu'un mort sur Koh-Lanta soit plus grave qu'un mort SDF, un mort syrien, un mort de... Si, y'a des catégories de morts plus cool que d'autres ???

 

Et puis, on ne sera jamais d'aussi mauvais goût que ce qu'on critique. D'après le Canard enchaîné, qui est l'une de nos sources préférées, car indépendante, Denis Brogniart, attention, accrochez vos ceintuires, aurait remis, en souvenir à la famille, un vase de sable de la plage où le pauvre gars est décédé, et... un totem d'immunité !!! C'est qui, les plus drôles ???

 

On rit de tout sous peine de ne rire de rien. C'est là aussi le prix de la liberté chèrement acquise par les anciens des Guignols. Si on se fixe une limite, on est foutu. La seule limite que l'on ait, c'est de ne pas parler de vie privée. On ne parle pas non plus des rumeurs, on attend que l'information sorte pour en parler. On n'est pas des journalistes, mais des gagmen.

  

PdA : Alain Duverne, créateur des marionnettes des Guignols, me faisait part il y a quelques semaines de son admiration pour votre équipe d'auteurs, « bons, bûcheurs, acharnés », de son goût pour votre humour. Mais également de ses regrets quant à la ligne éditoriale, voire « politique », qui serait la vôtre lorsque vous vous engagez. Trop timide, trop « politiquement correct » face aux aberrations qui nous entourent.

Il pense que vous devriez employer vos talents à la mise à la lumière des « arthroses » de notre peuple et de notre société ; contribuer à élever le débat. Une idée, notamment : un spin-off dans lequel les leaders politiques guignolisés discuteraient autour d'un « monsieur ou d'une madame tout-le-monde en latex ». Qu'aimeriez-vous lui répondre ? C'est une idée qui pourrait vous intéresser ? Plus généralement, quelle conception vous faites-vous du "rôle" des Guignols ?

 

L.D. : Alain est un utopiste, un grand rêveur. C'est plus simple que ça en fait. On n'est pas là pour faire la morale, régler des comptes ou mener une guerre idéologique. On est là, tous les soirs à 19H52, pour divertir le public. On le fait d'une façon plutôt "intelligente", peut-être, puisqu'on cherche les travers de nos contemporains pour les caricaturer et que l'on cherche à savoir pourquoi telle ou tel personne a dit ça. Il y a une régle immuable pour tenter de trouver des idées : imaginer le pire. C'est ce qu'on fait, et malheureusement, on est souvent loin de la réalité.

 

Quand les équipes précédentes ont inventé la World Company, personne ne pensait alors que les grandes firmes, les grands financiers dirigeaient la planète. En imaginant une petite troupe d'hommes cyniques se partageant le pouvoir et les richesses de la planète, ils ne se doutaient pas qu'ils taperaient aussi juste. Et aujourd'hui, vingt ans après... C'est pire que ça !

 

PdA : Lors d'une interview accordée à Télé Câble Sat l'an dernier, vous déclariez que Nicolas Sarkozy « aurait adoré (vous) supprimer ». Avez-vous déjà reçu des réactions ouvertement exaspérées de la part de personnalités croquées, voire... subi des pressions ? (11/04/13)

 

L.D. : On ne subit aucune pression. S'il y en a, notre président Rodolphe Belmer (le patron de Canal, ndlr) ne nous en parle pas. Et honnêtement, les hommes politiques ont d'autres chats à fouetter que s'occuper d'une troupe de... bah, de guignols.

 

PdA : Parmi les personnages que vous égratignez - gentiment - en ce moment, Michel Denisot et Jean-Michel Aphatie. Franchement, où en sont vos relations avec l'équipe du Grand journal ? (13/04/13)

 

L.D. : Le Grand journal est traité de la même façon que les autres. S'il y a des choses qui nous amusent sur leur plateau, on n'hésite pas à en parler. De plus, on aime bien les marionnettes d'Aphatie et Denisot, donc, on ne se prive pas de les utiliser ! (13/04/13)

 

PdA : Quels ont été, jusqu'ici, vos moments les plus forts parmi ceux vécus avec les Guignols ? Ceux dont vous êtes le plus fier, parce que vous les trouvez franchement réussis, ou parce qu'ils sont devenus très populaires - ou les deux ?

 

L.D. : Ce dont je suis fier, c'est d'avoir fait perdurer cette machine de guerre que sont les Guignols. Je dirais que le plus dur, c'est aujourd'hui et demain, d'arriver à se renouveler sans cesse. Il y a quelques moments forts que j'ai vécus et que je trouve réussis. Supermenteur, le 11 septembre et notre traitement de Ben Laden, l'évolution et la transformation de Sarkozy, en fait, y'en a mille, et je vais pas vous faire un catalogue chiant de mes douze années ! Putain, j'ai la grosse tête !!!

 

PdA : Quels sont les réactions, les retours du public qui vous amusent, vous touchent le plus ?

 

L.D. : La réussite d'une blague, c'est quand les enfants en parlent à l'école, ou les gens au bureau. Entendre mes propres enfants reprendre des expressions des Guignols sans le faire exprès, ça me surprend toujours.

 

PdA : J'ai 28 ans. Je suis fan de l'émission depuis la présidentielle de 1995, j'avais 10 ans à l'époque. Et je vous suis resté fidèle depuis. Pour moi, et pour tous vos fans (et ils sont trèèès nombreux), pourriez-vous nous faire quelques révélations inédites, nous livrer quelques scoops à propos des Guignols ?

 

L.D. : Je crois qu'il n'y a rien de secret aux Guignols. On ne fréquente pas beaucoup le milieu des gens qu'on caricature, donc nos vies sont plutôt banales, en dehors du bureau.

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

L.D. : J'aimerais qu'un film des Guignols voie le jour au cinéma. Et j'aimerais être de ceux qui vivront cette aventure.

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

L.D. : J'ai été roux jusqu'à 18 ans, et j'ai survécu. Tout obstacle peut être vaincu à force de volonté. (bon, moi, c'est grâce à une teinture, mais bon... :) )

 

PdA : Un mot... pour quelqu'un en particulier ?

 

L.D. : François Hollande, si tu me lis : fais gaffe, t'as repris trente kilos depuis mai.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Lionel Dutemple ?

 

L.D. : À moi, rien, tout va bien. Je souhaite aux gens le bonheur. J'aimerais aussi que les guerres s'arrêtent. Que la faim dans le monde soit éradiquée. Que le PSG achète Ronaldo. Que j'arrête de faire des fautes d'orthographe à toutes mes phrases. Que les épisodes 7, 8 et 9 de Star Wars ne soient pas des navets. Que Bayrou devienne président. Bref, j'aimerais que des trucs impossibles, en fait (à part Ronaldo au PSG).

 

PdA : Une tribune libre. Pour conclure cet entretien comme bon vous semblera.

 

L.D. : J'aimerais que vous ne lisiez pas cette interview sur un iPad tout en regardant un épisode des Anges de la téléréalité.

 

PdA : Merci infiniment...

 

 

Une précision : J'aurais souhaité agrémenter ce texte de quelques liens vers des vidéos de l'émission (les chansons citées, notamment). Mais Canal les bloque systématiquement sur les réseaux sociaux, donc... Merci encore, cher Lionel Dutemple, pour vos réponses, très intéressantes. Pour votre enthousiasme, votre créativité... Longue vie aux Guignols ! Un commentaire ? Phil Defer

 

  

Les Guignols : le site web, la page Facebook...

 

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Présentation remaniée : 07/11/14.

2 avril 2013

Jean-Rémi Baudot : "Faire preuve de pédagogie sur l'éco"

En juillet dernier, je proposai à Jean-Rémi Baudot de lui poser quelques questions pour Paroles d'Actu. L'occasion d'évoquer avec lui la place de l'éco dans les médias, son parcours de journaliste, ses émissions sur BFM TV. Sans oublier Londres, ville qu'il aime, peu avant l'ouverture des Jeux olympiques... L'entretien aura finalement lieu aux premières heures du printemps 2013, un retard à mettre sur le compte d'un zèle excessif de votre serviteur. Cinq semaines après Thomas Misrachi, "un grand pro et un type très sympa", voici donc Jean-Rémi Baudot, que je suis heureux de recevoir sur ce blog. Si vous ne le connaissez pas encore, allumez votre télé sur BFM, un soir dans la semaine. Il vous présentera un tour d'horizon exhaustif, approfondi mais se voulant accessible de l'actu du jour. Vous risquez fort d'être convaincus, pour ne pas dire séduits, par le rendez-vous... Jean-Rémi Baudot a trente ans. Il compte probablement parmi les journalistes-anchormen qu'il conviendra de suivre dans les années à venir. À moins que cet ex-musicien pro ne nous surprenne. To be followed... Merci Jean-Rémi, merci de votre patience à mon égard, merci d'avoir joué le jeu et de n'avoir jamais perdu votre enthousiasme pour cet échange. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-RÉMI BAUDOT

Journaliste sur BFM TV

Créateur et directeur de la rédaction de FrenchinLondon.com

 

"Faire preuve de pédagogie sur l'éco"

 

Jean-Rémi Baudot

(Photo fournie par Jean-Rémi Baudot, éditée par Paroles d'Actu)

 

 

Q : 28/03/13

R : 02/04/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Jean-Rémi Baudot. Après vos études universitaires, vous vous êtes orienté vers le journalisme, économique en particulier. Commençons là notre entretien. Vous avez constaté dans une interview à TéléSphère que les journalistes n'étaient, en général, "pas très motivés" par l'économie. Comment l'expliquez-vous ? C'est un phénomène que l'on retrouve ailleurs, outre-Manche par exemple ?

 

Jean-Rémi Baudot : Il y a plusieurs réponses à cette question. L'une d'elles pourrait être le manque de culture économique de nombreux journalistes. Il y aussi que, dans de nombreuses rédactions, on considère souvent que les sujets économiques sont des sujets techniques, qui n'intéressent pas les lecteurs/téléspectateurs. Je pense que c'est souvent faux. L'économie est tout autour de nous, d'autant plus dans un contexte de crise. Regardez le succès des chroniques économiques de BFM TV (Nicolas Doze ou Emmanuel Lechypre) : ils sont écoutés et font réagir. L'éco devient intéressante et sexy à partir du moment où on en explique les enjeux, en quoi ça touche notre portefeuille. Il faut faire preuve de pédagogie.

 

J'aimerais parfois que, globalement, les médias prennent plus la peine de creuser les informations économiques. Un exemple : imaginons que Bercy revoie une prévision de croissance à la baisse de 0,4%. Ça veut dire qu'il va falloir trouver de l'argent en plus pour boucler le budget. Au-delà des réactions politiques, il faut mettre le gouvernement face à ces chiffres pour lui demander et lui redemander comment il va trouver les x milliards qui manquent pour tenir ses promesses. Cet angle là est rarement mis en avant alors que ce sont les finances du pays et la crédibilité des politiques qui sont en jeu.

 

 

PdA : Dans cette même interview, vous déclariez, je vous cite, "Le garde-fou que représente le journalisme face à l'action politique devrait aussi exister concernant l'éco et le business". Qu'entendez-vous par là ?

 

J.-R.B. : J'entends par là que si plus de grands médias s'intéressaient plus au fonctionnement de notre économie, de nos réseaux de consommation, des centres de décisions économiques, on éviterait probablement des dérives. Si un patron peu scrupuleux sait qu'il a peu de risque de voir ses magouilles dévoilées dans les journaux, il y a peu de chances qu'il arrête. Je regrette que le domaine de l'investigation économique soit souvent délaissé. Regardez l'émission Cash Investigation avec Elise Lucet, elle est formidable pour décortiquer les pratiques économiques et leur contradictions. Un très bon modèle.

 

 

PdA : Vous présentez les journaux du soir sur BFMTV depuis septembre 2011. Jusqu'en février 2012, vous étiez à la tête du JT éco de la chaîne. Deux expériences très fortes, j'imagine...

 

J.-R.B. : Au JT de l'éco, j'ai vraiment apprécié la possibilité d'expliquer l'économie, de vulgariser ce qui pouvait paraître compliqué, d'être le plus pédagogue possible. L'exercice était passionnant pour moi qui aime l'éco. Dans les journaux, l'exercice est un peu différent, parce que les sujets sont beaucoup plus nombreux et plus larges, mais je prends beaucoup de plaisir à parler politique, société, actualité internationale. Au fond, JT éco ou journaux, c'est la même envie : celle de transmettre l'information de la manière la plus honnête et la plus accessible possible.

 

 

PdA : À quoi ressemble votre journée type de travail, lorsque vous êtes à l'antenne le soir ? Quel "prise" avez-vous sur le contenu de votre journal ?

 

J.-R.B : Ma journée commence bien avant d'arriver à BFM TV. Le matin, je lis les journaux sur le net, j'écoute la radio, je scrute sur les réseaux sociaux les idées et les réactions qui circulent, avant de regarder le 13h.

 

A 15h, nous avons une conférence de rédaction où le rédacteur en chef passe en revue les sujets du moment, les évènements attendus jusqu'au soir, les moyens à disposition pour les couvrir, les reporters sur le terrain, etc... C'est là que l'on peut discuter d'un angle, qu'on peut proposer un sujet, une réaction, un invité. Par la suite, on prépare nos journaux en discutant avec la rédaction en chef jusqu'au direct, tout en gardant en tête qu'une info importante peut balayer tout ce qui a déjà été préparé. Il faut être réactif, c'est la clé d'une chaîne d'info, et c'est cette capacité qui fait de BFM TV une chaîne si performante et si regardée. Le téléspectateur sait que chez nous, il aura toujours la dernière info.   

 

 

PdA : Quelles grandes leçons avez-vous retenues des différentes étapes de votre parcours dans le monde des médias ? (la radio, Bloomberg TV France à Londres, BFMTV...)

 

J.-R.B. : La leçon principale c'est la rigueur. Rigueur de l'info, des faits. C'est essentiel.

 

 

PdA : Qui rêveriez-vous d'interviewer ? Quelle(s) question(s) souhaiteriez-vous poser tout particulièrement à telle ou telle personnalité ?

 

J.-R.B. : J'aimerais interviewer l'homme de la place Tian'anmen qui s'est opposé symboliquement à l'avancée des chars du régime chinois à Pekin en 1989. J'aimerais savoir qui il est, quel est son parcours et qu'est-ce qui a fait qu'à un moment, il a décidé de se lever et de s'opposer. L'image de cette homme est fascinante.

 

 

PdA : J'évoquais lors d'une question précédente votre expérience londonienne. Vous consacrez votre blog à la capitale britannique et êtes l'auteur de Londres, l'essentiel, paru aux éditions Nomades. Un autre ouvrage est en route... Comment expliquez-vous votre amour pour cette ville ? Quel en a été le déclic ?

 

J.-R.B. : J'aime Londres car cette ville est dynamique. Économiquement, culturelle, socialement, c'est une tornade. J'y étais il y a encore quelques semaines, et j'ai été effaré de découvrir qu'en l'espace de quelques mois, des quartiers entiers avaient changé de visage, avaient été reconstruits ou réhabilités. Ça change si vite. Les musées et les galeries vivent les mêmes changements sans crainte de bousculer les habitudes et les codes. C'est bouillonnant, et c'est passionnant à suivre. Et plus que tout, j'aime le pragmatisme britannique. Un exemple que j'ai testé le mois dernier : ils réinstaurent des portes arrières sur les nouveaux bus à Londres pour pouvoir monter et descendre entre deux arrêts, c'est tout bête mais c'est prodigieux pour fluidifier un trajet. Il y a mille petits exemples comme ça qui rendent la vie souvent plus simple.

 

 

PdA : Si vous deviez choisir... Paris ou Londres ? Pourquoi ?

 

J.-R.B. : Disons que si Paris pouvait avoir, comme Londres, des grands parcs, des musées dynamiques et gratuits et un service de bus performants 24h/24, cette ville serait fabuleuse.

 

 

PdA : Quittons Londres, pour parler un peu de vous... Vous avez révélé avoir "fait énormément de musique à un niveau professionnel", plus jeune. Replonger... ça ne vous titille pas un peu ? Quels sont ces artistes qui ne vous quittent jamais ?

 

J.-R.B. : Pour en avoir fait à un niveau professionnel (au Centre de musique baroque de Versailles), le chant me manque. L'énergie qu'on retrouve dans un groupe ou un ensemble vocal est très puissante. Mais il faut pouvoir s'y investir à fond... Pas facile avec un métier déjà très prenant comme le journalime.

 

Quant à ma playlist idéale : Keith Jarrett, Bach ou les compositeurs baroques français du 18ème, Woodkid, Metronomy, Rover, Eminem, IAM, Arnaud Fleurent-Didier, Alex Beaupain... Je découvre en ce moment le répertoire du compositeur Gustav Mahler, impressionnant.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-Rémi Baudot ?

 

J.-R.B. : De continuer à prendre du plaisir dans ce que je fais. D'apprendre, et de progresser, encore et toujours.

 

 

PdA : La dernière question. En fait, une tribune libre. Vous pouvez approfondir un sujet déjà abordé dans notre entretien, ou bien parler d'autre chose. Vous êtes libre... Et moi, je vous remercie très chaleureusement pour le temps que vous m'avez consacré !

 

J.-R.B. : Bonne continuation à Paroles d'Actu, et restez fidèle à BFM TV !

 

 

 

Merci de vos souhaits. Que les vôtres se réalisent. Qu'à votre parcours, déjà conséquent, viennent se greffer nombre d'autres expériences enrichissantes ! Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Jean-Rémi Baudot...

 

Sur BFMTV : Info 360 avec Nathalie Lévy (de 21h à 23h) et le Journal de la nuit (de 00h00 à 00h30) ;

 

Sur Twitter : Jrbaudot ;

 

Sur son blog FrenchinLondon (directeur de la rédaction) ;

 

Sur Amazon.fr ou Fnac.com pour Londres, l'essentiel. Et un autre, bientôt... @ suivre...

 

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11 mars 2013

Faby : "L'envie, la rage de vivre"

En avril 2008, Fabienne Perier apprenait qu'elle était atteinte d'un cancer du sein. Difficile de garder le sourire, lorsqu'une telle nouvelle vous est annoncée. Mais Fabienne est une battante, elle l'est depuis toujours. Elle sait qu'il n'est rien de tel que le découragement pour permettre à cet insidieux ennemi de progresser, d'accomplir son funeste dessein. Elle ne baissera pas les bras. Jamais. Un an plus tard, elle apprend qu'elle est en rémission. L'espoir ne l'a jamais quittée, désormais, cette artiste va le partager, le transmettre... "Ce matin-là", c'est l'histoire d'un choc. C'est surtout l'histoire d'une renaissance. Un regard différent, plus intense sur la vie, sur sa valeur, ses merveilles. "Ce matin-là" est devenue un hymne, hymne à l'envie, hymne à "la rage de vivre". Une formidable aventure humaine... Merci infiniment, chère Faby, d'avoir accepté de répondre à mes questions. Votre parcours, votre combat, votre enthousiasme forcent le respect et l'admiration. Sur bien des points, notre interview me rappelle celle que nous avions eue avec une femme que vous admirez, Madame Stéphanie Fugain. Votre combat est le même : "celui de la vie"... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FABY

Auteure-interprète "engagée"

 

"L'envie, la rage de vivre"

 

Faby

(Photos fournies par Faby)

 

 

Q : 10/03/13

R : 11/03/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Faby. Que diriez-vous, avant d'aller plus loin, de nous parler un peu de votre vie, de votre parcours... ?

 

Faby : Je suis auteur-interprète depuis une quinzaine d’années, et chanteuse depuis un peu plus longtemps. J’ai un parcours dans l’enfance particulier, puisque ma mère m’a abandonnée à quelques mois. Vers l’âge de 4 ans, j’ai été adoptée par une famille mélomane, et l’amour de la musique ne m’a plus jamais quittée. Depuis toujours, j’aime la scène et le public, celui que j’ai rencontré dans les pianos-bars ou sur des scènes de France. J’aime et j’espère chacun de nos rendez-vous.

 

 

PdA : Le clip de votre chanson "Ce matin-là" a rencontré - et ce n'est pas fini ! - un succès considérable sur le web. Plus de 600 000 vues pour le simple cumul Dailymotion + YouTube... L'histoire de ce titre et de son clip est très particulière... Vous nous la racontez ?

 

F. : Ce succès, c’est l’histoire, encore une fois, d’une rencontre avec le public et les internautes. Il y a 4 ans, il y a eu la découverte d’une épreuve :  j’ai appris que je souffrais d’un cancer du sein. Quelques mois après, mon médecin m’a annoncé, un petit matin d’octobre, que j’étais en rémission. Je suis rentrée chez moi, et j’ai écrit cette chanson, « Ce matin-là », que j’ai partagée très vite via les réseaux sociaux. Et la magie du net a fait le reste. Les internautes l’ont partagée, de plus en plus…

 

Je recevais des témoignages touchants de personnes qui me disaient « Cette chanson, c’est mon histoire ». Alors, j’ai décidé de leur donner la parole. Je me suis inscrite sur un site participatif qui permet aux artistes de réaliser un projet. Mon projet, c’était un clip participatif, produit et réalisé par et avec les internautes. En quelques semaines, la somme fut réunie et nous avons pu réaliser un clip dans lequel, des hommes, des femmes et des enfants sont venus de France et d’ailleurs pour chanter « Ce matin-là, je me souviens... » Un cri du cœur, un chant en chœur pour dire « Nous sommes tous ensemble mobilisés pour la lutte contre le cancer et lever le tabou de la maladie ».

 

 

PdA : "Ce matin-là", nous l'évoquions à l'instant, c'est une chanson que vous avez voulu écrire pour coucher sur papier et partager votre ressenti de femme se découvrant atteinte d'un cancer du sein. Quels sont, parmi les retours que vous en avez eus, ceux qui vous ont le plus touchée ?

 

F. : C’est une chanson que j’ai voulu écrire pour témoigner pour tous ceux qui ne le peuvent pas… Pour tous ceux qui cachent la maladie parce que le cancer est encore trop souvent la maladie de la honte. Plus nous en parlerons, plus les tabous seront levés. Je crois que c’est le rôle d’un artiste de mettre à la lumière les épreuves de la vie, et surtout le ressenti de chacun d’entre nous.

 

 

PdA : Une autre question, évidemment essentielle... Comment allez-vous, aujourd'hui ?

 

F. : Je vais bien aujourd’hui. Je vais bientôt fêter les 5 ans de rémission. Mais le chemin est long encore, parce qu’être en rémission ne veut pas dire « guérie ». Alors, ma vie est rythmée par des contrôles médicaux et la peur de la récidive. Vivre avec cette épée de Damoclès est un parcours de vie difficile pour beaucoup d’entre nous, et c’est important d’en parler aussi.

 

 

PdA : "Ce matin-là" décrit très bien l'abattement des premiers jours, lorsque la terre se met "à trembler", l'enfance "à défiler". Mais c'est aussi une merveilleuse chanson d'espoir, à l'image du combat que vous menez contre le cancer. Parmi les images que l'on y retrouve, la "rage de vivre" perçue sur le "visage d'un enfant". Le "regard de cette petite fille", votre "chance", votre "renaissance"... Et cette envie d'être à demain, jamais "oubliée"... La chanson est superbe, le message est lumineux, solaire... Mais j'aimerais vous demander d'aller un peu plus loin aujourd'hui... Il y a peut-être, parmi les lecteurs de nos lignes, une personne - ou quelqu'un qui l'aime - qui est en proie à la peur, au désespoir... du fait d'une mauvaise "sentence", d'un corps venant de la "trahir". Qu'avez-vous envie de lui dire ?

 

F. : En effet, c’est un témoignage sur l’annonce de la maladie, mais aussi une chanson d’espoir. Je crois à la force du témoignage pour mobiliser, parce que raconter, c’est mobiliser, raconter, c’est dire que ça n’arrive pas qu’aux autres. Les autres, c’est nous, ou ceux que nous aimons… alors battons-nous ensemble.

 

Je reçois tous les jours des témoignages, et chacun d’entre eux me touche profondément. Chaque histoire est différente et chaque combat est tellement personnel, qu’il est difficile de dire…

 

Je crois qu’on ne peut qu’être là chaque jour, et chaque fois que l’autre a besoin. Accompagner, c’est important, et c’est aussi un chemin difficile. Mais être là, c’est déjà le début du chemin vers l’autre, et c’est accompagner à la guérison, j’en suis certaine. Il y a un mot que nous les malades, nous detestons, c’est le mot COURAGE ! Il est pourtant dans le langage courant lorsque l’on rencontre des épreuves de la vie. Nous n’avons pas de courage et surtout, nous ne voulons pas qu’on nous en souhaite… Nous avons juste l’envie de vivre et la rage de vivre, et nous nous y accrochons très fort.

 

 

Au fil de nos vies

 

 

PdA : Nous avons beaucoup parlé de "Ce matin-là", car c'est évidemment votre chanson la plus emblématique. Elle est devenue une sorte d'étendard pour les malades, pas uniquement malades du cancer, d'ailleurs. Mais il ne faudrait pas oublier pour autant que vous avez écrit bien d'autres chansons. "Ce matin-là" est l'un des titres de votre troisième album, "Au fil de nos vies". Vos chansons sont souvent engagées. "Au nom de celles" est résolument féministe. "Lisa" aborde le thème de l'homoparentalité, "L'Européen" celui de l'immigration. Qu'est-ce qui, dans notre société, dans notre monde, vous révolte, vous donne l'envie de vous engager, d'agir ?

 

F. : Ce qui me révole dans notre société, ce sont les injustices et les discriminations, quelles qu’elles soient. C’est tellement humain d’être envieux, de juger ou de critiquer les autres… Pourtant, les autres, c’est nous... C’est ce que j’essaie de me dire quand je sens que je me positionne, parfois, dans le jugement.

 

 

PdA : D'où vous vient votre amour de la musique, de l'écriture ? Quelles sont, parmi vos chansons, celles pour lesquelles vous avez une tendresse toute particulière, et que vous aimeriez inciter nos lecteurs à découvrir ?

 

F. : L’amour de la musique, c’est ce qui a accompagné mon enfance et a guidé mes pas vers l’âge adulte. J’ai eu une enfance particulière, et je me réfugiais dans la pratique des instruments (piano, violoncelle, guitare). Je m’imaginais concertiste…

 

Depuis toujours, je rêve de la scène et ce rêve m’a portée et me portera encore longtemps. Les artistes que j’aime sont Véronique Sanson, Michel Berger, Alain Bashung, Gainsbourg, et tellement d’autres... Je n’ai pas de chanson préférée, chaque chanson à son histoire et nous raconte souvent la nôtre. C’est ce que j’aime faire en écrivant des chansons, raconter notre histoire.

 

 

PdA : À qui souhaiteriez-vous dédier la très belle "J'entends" ?

 

F. : La chanson « J’entends », qui figurera sur le prochain album, est dédiée tout particulièrement à une amie, combattante elle aussi, qui a lutté longtemps contre le cancer du sein et qui s’est envolée… trop vite. C’était une combattante et une militante, une femme tout simplement, comme j’en rencontre souvent. À travers elle, il y a le combat qui continue, sa colère aussi contre l’injustice de cette maladie. Et ses mots, qui me guident encore…

 

 

PdA : Est-il difficile pour une artiste partie de rien telle que vous de réellement exister médiatiquement ?

 

F. : C’est extrêmement difficile pour une artiste venue de nulle part d’exister. Dans ce métier, il n’y a que deux façons d’y arriver : avoir de l’argent ou des relations. Je n’ai ni l’un, ni l’autre, mais j’ai la foi, la rage de vaincre, et surtout le public, qui est de plus en plus nombreux à me soutenir.

 

 

PdA : Financièrement, vous réussissez à faire vivre votre art, à en vivre ?

 

F. : Financièrement, je ne vis pas du tout de mon art, et il me coûte même plutôt cher. C’est un pari sur la vie, sur l’avenir, mais je crois fermement que si je suis encore là aujourd’hui, c’est que j’ai quelque chose à y faire… Alors… je crois à mon rêve... et le public aussi, de plus en plus fort.

 

 

PdA : Le 4 avril prochain aura lieu au Théâtre de la Reine blanche (Paris) un grand concert solidaire au profit notamment de la lutte contre le cancer. "Faby et ses amis" est organisé par les associations "2 Mains Rouges" et "Au nom de celles", dont vous êtes la marraine. Voulez-vous nous présenter ce spectacle ? Pourquoi l’évènement sera-t-il à ne manquer sous aucun prétexte ?

 

F. : Ce spectacle est organisé par les associations Au nom de celles et 2 Mains Rouges. Il a pour but de récolter des fonds pour la lutte contre le cancer, et surtout de permettre à des personnes qui ont rencontré l’épreuve du cancer de pouvoir bénéficier des places que nous offrons via nos partenaires (Rose Magazine et Mademoiselle).

 

C’est un spectacle dans lequel des humoristes et des chanteurs seront nombreux pour faire la fête avec nous. Nous allons chanter et rire, et surtout partager avec le public des instants qui, je le crois, seront magiques, parce que tous les artistes sont bénévoles et donc très mobilisés.

 

 

Faby et ses amis

 

 

PdA : Quels sont vos projets ?

 

F. : Mes projets sont l’écriture d’un quatrième album qui, je l’espère, sortira en octobre 2013. Je souhaite être sur scène et à la rencontre du public de plus en plus souvent.

 

 

PdA : Vos rêves ?

 

F. : Mes rêves sont les mêmes depuis toujours. Chanter. Et partager...

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, chère Faby ?

 

F. : J’espère que mon souhait de rencontrer un producteur se réalisera un jour, parce qu’être un artiste indépendant n’est pas viable sur le long terme. J’espère aussi que je pourrai soutenir et me mobiliser encore longtemps dans la lutte contre le cancer, pour que le mot « guérison » existe.

 

 

PdA : Faby par elle-même, en trois mots... ?

 

F. : Authentique. Espérance. Femme...

 

 

PdA : Aimeriez-vous adresser un message à nos lecteurs ?

 

F. : Je suis très heureuse d’aller à votre rencontre via Paroles d’Actu, et j’espère que ce n’est que le début d’une belle histoire… :)

 

 

PdA : Un autre, pour quelqu'un en particulier ?

 

F. : Merci à tous ceux qui me soutiennent. Je ne vous connais pas tous, mais chacun d’entre vous est important pour moi.

 

 

PdA : Un mot pour conclure ? Une tribune totalement libre... Merci infiniment... et bravo pour ce que vous faites !

 

F. : Merci à la vie de m’offrir toutes ces rencontres, ces pépites de l’existence qui font que la vie vaut de l’or.

 

Merci à vous... et le combat continue !

 

 

 

Faby nouvelle

 

 

 

Merci Faby... Pour votre talent, pour votre enthousiasme, pour votre joie de vivre... Tous mes voeux de succès, de bonne santé, surtout... de bonheur... Et vous, que vous inspirent la musique, le combat de Faby... ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Merci. Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Faby...

 

En concert... le 4 avril, sur la scène du Théâtre de la Reine blanche, à Paris. "Faby et ses amis". Avec Grégoire Collard, Grégory Bakian, Rayan Djellal, Karine Lima, Chris V, Claudio Lemmi, David Bacci, Djamboy, Eric Blanc, Gaëlle Buswel...

 

Sur ses comptes Dailymotion et YouTube  ;

 

Sur son site web (dont quelques chansons et l'achat du CD dédicacé) ;

 

Sur les sites Amazon et Fnac ;

 

Sur Facebook ;

 

Sur Twitter.

 

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10 mars 2013

Roméo Bassi : The Distroy ? "Une histoire d'amitié"

En 2012, le groupe Pop-Rock The Distroy était des grands lauréats du festival Fallenfest, "défricheur d'épopées musicales", à la Cigale. Plus qu'une consécration, un encouragement pour l'avenir. The Distroy, c'est une belle aventure née d'une authentique histoire d'amitié. Quatre potes venus de Troyes et qui vivent ensemble leur passion pour la musique. Ils ont un talent certain, de l'inspiration à revendre... Un public de fidèles... un autre à séduire ! Ils seront bientôt en concert, près de chez vous... Roméo Bassi, le chanteur-guitariste du groupe, a accepté de répondre à mes questions. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

ROMÉO BASSI

Chanteur-guitariste du groupe The Distroy

 

The Distroy ? "Une histoire d'amitié"

 

The Distroy

(Photos fournies par Roméo Bassi)

 

 

Q : 19/02/13

R : 06/03/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Roméo Bassi. Quel a été votre parcours jusqu'ici ? Qu'est-il intéressant de savoir à votre sujet avant d'aller plus loin ?

 

Roméo Bassi : J’ai commencé la musique à l’âge de 5 ans avec le piano, puis la batterie et enfin la guitare. J’ai suivi un cursus classique puis jazz au Conservatoire National Marcel Landowski à Troyes. Bercé depuis très jeune aux musiques des Beatles, Hendrix, Pink Floyd… J’ai décidé en 2005 de créer mon propre groupe pop/rock, The Distroy. J’ai continué les études en parallèle, et après avoir obtenu un Bac ES, je me suis tourné vers une prépa Hypokhâgne-Khâgne. J'ai par la suite intégré l’INSEEC Paris. Il me semblait intéressant d’avoir un « parachute » avec les diplômes et de ne pas foncer tête baissée dans la musique au regard de la difficulté des métiers artistiques.

 

 

PdA : Si vous êtes l'invité de Paroles d'Actu aujourd'hui, c'est d'abord pour nous faire partager votre passion pour la musique... Où trouve-t-elle son origine ? C'est quoi, la musique que vous aimez ?

 

R.B. : La musique a toujours fait partie intégrante de ma vie. Mes inspirations vont aussi bien des 60’s jusqu’aux groupes plus actuels comme Muse, Placebo, Coldplay, Kings of Leon… Mais j’ai aussi été inspiré par les standards du Rhythm and Blues par exemple. Je suis particulièrement sensible aux musiques dans lesquelles les mélodies ont une place importante, quand les parties instrumentales sont bien travaillées. Mais surtout, il faut avant tout qu’une musique me donne un frisson, qu’elle provoque quelque chose, je me souviens avoir été marqué à la première écoute d’un titre comme « Because » des Beatles ou bien « The Show Must Go On » de Queen.

 

 

PdA : Vous êtes le chanteur-guitariste de votre groupe Pop-Rock, The Distroy. Vous nous racontez son histoire ?

 

R.B. : The Distroy, c’est une histoire d’amour qui commence à dater (rires). Cela remonte au collège. J’avais proposé à mes acolytes de créer un groupe de rock, la décision s’est prise dans la cour de récréation, entre deux cours. C’est un groupe qui est né à Troyes, d’ailleurs le mot « Distroy » est un clin d’oeil puisqu’en fait le « Dis » = 10 soit le département de notre ville (l’Aube), et le « Troy » rappelle notre ville, Troyes. Tout cela avec une consonance anglaise. Après avoir beaucoup joué dans notre région, nous nous sommes confrontés à Paris et avons eu l’opportunité de jouer sur de belles scènes (Batofar, la Boule Noire, le Divan du Monde, le Glazart, La Machine du Moulin Rouge, le Gibus ou encore La Cigale…). Avant toute chose, ce groupe est une histoire d’amitié de longue date, avec ses hauts ses bas, mais une histoire qui dure, c’est pour cela que je parle souvent du groupe comme une histoire d’amour. Nous avons grandi ensemble, nous nous sommes construits ensemble.

 

 

PdA : Votre vie, comme tout groupe Pop-Rock qui se respecte (alerte cliché !), c'est sex, drugs and rock 'n' roll ou non, vous êtes sages ?

 

R.B. : Je ne pense pas pouvoir dire que nous sommes dans ce cliché bien connu du « sex, drugs and rock’n’roll ». Bien sûr, nous avons cette part de « folie » liée à notre musique mais, sans être sages, nous ne sommes pas non plus dans l’extrême opposé. Nous avons tendance à penser que c’est dans la musique qu’il faut être rock’n’roll, l’attitude qui est liée dépend juste de ce que l’on ressent au moment où l’on joue nos musiques. Nous avons d’ailleurs des titres avec des ambiances et couleurs différentes, et tout comme nos chansons, nous pouvons être déchaînés sur scène, ou alors calmes dans une atmosphère plus acoustique. De manière générale, nous n’aimons pas les clichés ou être rangés dans une case, nous évoluons avec nos musiques.

 

 

The Distroy 2

 

 

PdA : Quelle importance le groupe tient-il dans vos emplois du temps aujourd'hui ?

 

R.B. : Une grande partie de notre temps ! Finalement, il n’y a pas vraiment un jour qui ne soit lié au groupe d’une manière ou d’une autre. C’est une occupation très chronophage mais, en même temps, que nous trouvons particulièrement excitante car nous ne savons jamais ce qui arrivera d’un jour à l’autre. Il y a toujours du mouvement.

 

 

PdA : Sur votre compte Twitter, vous nous invitez à entrer dans "l'univers de The Distroy". Si vous deviez le dessiner, à quoi ressemblerait-il ? Qu'est-ce qui fait votre singularité sur la scène musicale ?

 

R.B. : Je pense que ce qui fait notre force, c’est d’avoir toujours essayé de diversifier nos ambiances musicales. Nous avons toujours lutté contre un quelconque formatage sur l’intégralité de nos morceaux. Nous pouvons proposer des musiques très rock, comme très pop, parfois des couleurs swing ou même un peu électro peuvent se glisser dans nos titres. Nous n’aimons pas nous limiter à une façon de faire, et, à chaque fois, nous sommes surpris nous-mêmes. C’est cette ouverture musicale qui peut faire notre force, je pense.

 

 

PdA : Quels sont, parmi votre répertoire ou vos reprises, les titres pour lesquels vous avez la plus grande tendresse ? Ceux que vous aimeriez que nos lecteurs découvrent ?

 

R.B. : À vrai dire, chacun de nos titres représentent une période, un moment pour lequel nous avons une affection particulière. Même si, aujourd’hui, notre maturité dans la composition a évolué, nous regardons nos anciens titres d’un oeil tendre. Un titre qui nous a beaucoup marqués a pu être « Sunday Pink Pillow » par exemple. Mais des titres comme « Broken Dreams » ou « Don’t Stop Me », plus récents, nous ont marqués aussi. Par ailleurs, de nouveaux titres à venir bientôt ont des significations bien spéciales et comptent beaucoup pour nous.

 

 

PdA : Comment vous y prenez-vous pour vous faire connaître, démarcher les médias... ? Quelle est votre stratégie com', si vous en avez une ?

 

R.B. : Question très intéressante car, finalement, l’aspect marketing/communication est lui aussi très chronophage. Nous démarchons directement auprès d’organisateurs de concerts, le communiqué de presse peut être aussi utile lorsque l’on veut obtenir une publication presse par exemple. Nous essayons de même d’être référencés un peu partout sur le web, sur diverses plateformes (Myspace, Reverbnation, NumberOneMusic…) ainsi que sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…). Tenter de tenir une actualité assez régulière pour qu’il y ait un réel échange avec le public. Nous sommes en train de réfléchir pour notre tournée à plusieurs nouveaux moyens de communication mais, pour l’instant, cela n’est pas encore fait, même si de nombreuses idées originales ont afflué.

 

 

PdA : Faire tourner The Distroy, ça vous coûte cher ? Comment vous en sortez-vous financièrement ?

 

R.B. : Oui, cela coûte cher. Il y a beaucoup de frais logistiques, matériels. Nous essayons d’équilibrer cela avec les rentrées d’argent de nos concerts, sinon nous avançons sur fonds propres les dépenses. Nous avons démarché dernièrement des Business Angels pour qu’ils investissent sur notre groupe et de fait alléger nos dépenses, mais pour l’instant nous ne pouvons pas en dire plus.

 

 

PdA : Où pourra-t-on vous voir sur scène prochainement ?

 

R.B. : Nous serons en concert le 16 mars au gala du groupe INSEEC à Bordeaux, au Palais de la Bourse. Le 23 mars en concert à l’ESC Troyes et le 30 mars au Théâtre de la Reine Blanche, à Paris.

 

 

PdA : Un message pour nos lecteurs pour les convaincre que décidément, The Distroy, c'est un groupe à découvrir ?

 

R.B. : Pour les amateurs de pop/rock, vous pourrez découvrir un panel d’ambiances et d’atmosphères qui pourront, nous l’espérons, vous séduire. Pour ceux qui n’écoutent pas d’habitude ce genre de musique, je vais citer ce que m’a dit un membre du public à la sortie d’un de nos concerts : « Je n’aime pas la musique pop/rock mais vos titres m’ont fait changer d’avis ».

 

 

PdA : Quels sont vos projets pour demain... et après-demain ?

 

R.B. : Notre projet principal est l’enregistrement de notre premier album et par ailleurs la préparation d’une tournée en France qui débutera en septembre 2013. Deux projets d’ampleur qui vont animer nos vies pour les mois et années à venir.

 

 

PdA : Vos rêves... voire carrément vos fantasmes ? (c'est le moment de lancer un appel !)

 

R.B. : Vivre de notre musique au mieux, parcourir les routes de notre hexagone et, plus encore, jouer sur les plus belles scènes, les plus grands festivals dans les années à venir...

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter ?

 

R.B. : De rester soudés comme nous le sommes à l’heure actuelle, et de toujours prendre autant de plaisir à jouer ensemble. Et que nos rêves se réalisent...

 

 

PdA : Une espace d'expression totalement libre, pour vous permettre de conclure... comme vous le désirerez. Merci !

 

R.B. : Merci beaucoup à Paroles d’Actu pour cette interview, on espère tous vous retrouver à l’un de nos concerts, ou ailleurs, sur la route, à la croisée des chemins.

 

 

 

The Distroy 3

 

 

 

Merci encore, Roméo, pour vos réponses, votre enthousiasme. Bravo pour votre talent. Tous mes voeux pour la suite ! Et vous, appréciez-vous The Distroy... ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver The Distroy...

 

En concert... le 16 mars à Bordeaux (Palais de la Bourse), le 23 mars à Troyes, le 30 mars à Paris (Théâtre de la Reine Blanche) ;

 

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5 mars 2013

Valentin Marceau : "Faire un maximum de bruit..."

Valentin Marceau a 21 ans, il est auteur-compositeur-interprète. Le clip de "Dansons" est en ligne depuis trois semaines à peine, il a déjà été vu près de 70 000 fois. Le jeune homme, dont le travail a été repéré par des pointures de la chanson française telles que Jean-Louis Aubert ou Grand Corps Malade, s'apprête à sortir son premier album. Il s'appellera "À nos amours" (la chanson éponyme fait partie de la tracklist). Rencontre avec un garçon bourré de talent mais qui garde la tête sur les épaules. Un artiste que l'on n'a pas fini d'entendre... Je le lui souhaite de tout coeur, en tout cas ! Merci, Valentin... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

VALENTIN MARCEAU

Auteur-compositeur-interprète

 

"Faire un maximum de bruit..."

 

Valentin Marceau

(Photos fournies par Valentin Marceau)

 

 

Q : 24/02/13

R : 04/03/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Valentin Marceau. Déjà, pour celles et ceux qui ne te connaissent pas (encore), pourrais-tu te présenter en quelques mots ? Parle-nous de toi, de ton parcours jusque là ?

 

Valentin Marceau : Bonjour ! Et tout d'abord merci à vous pour cet encart !

 

Je m'appelle Valentin, j'ai fait partie du groupe BoXoN. Aujourd'hui je suis en solo et je prépare l'arrivée de mon premier album ("À nos amours", ndlr), à paraître pour le printemps.

 

 

PdA : D'où vient ton amour pour la musique, cet art qui nous réunit aujourd'hui ? Tu la pratiques depuis longtemps ?

 

V.M. : Je suis passionné par la musique depuis tout petit. J'ai commencé à gratter mes premier accords à l'âge de 10 ans, dans le but de faire le maximum de bruit !

 

Ce qui m'a donné envie, à vrai dire, c'est ma passion pour les chanteurs que j'admirais.

 

 

PdA : Lors d'une interview donnée au site JustMusic.fr au mois de décembre, tu évoquais tes références artistiques. On y retrouvait les noms de Grand Corps Malade, de Raphaël... et celui, a priori plus inattendu pour un jeune comme toi, de Bob Dylan. Ton "influence majeure"... Tu veux nous en dire quelques mots ? 

 

V.M. : Bob Dylan a représenté un tournant majeur dans mon développement musical. Je suis complètement conquis par son univers et ses mélodies. Pour moi, c'est une sorte de Rimbaud de l'autre côté de l'Océan. C'est en le découvrant que je me suis mis à la Folk music !

 

 

PdA : Quels sont, en tant qu'auteur de tes chansons, les sujets qui, dans la vie, dans l'actu, t'inspirent, te donnent envie de réagir ?

 

V.M. : En général, c'est beaucoup de vécu amoureux. J'ai beaucoup souffert de l'amour et de la désillusion. Beaucoup de chansons de mon album ont été une sorte de "thérapie" à ces déceptions sentimentales.

 

Mais il y a également des chansons un peu plus contestataires... Des fois, il y a, dans la vie de tout les jours, des choses qu'on ne peut pas faire semblant de ne pas voir !

 

 

PdA : Quelle place ta passion occupe-t-elle dans tes pensées, dans tes emplois du temps ? Es-tu parti pour en "faire ta vie" ?

 

V.M. : Oui, complètement. Je ne pense qu'à ça, nuit et jour.

 

 

PdA : Si tu devais représenter ton univers sous la forme d'un dessin, à quoi celui-ci ressemblerait-il ? D'ailleurs, goûtes-tu d'autres familles d'art que celles - déjà conséquentes ! - que tu touches comme auteur-compositeur-interprète ?

 

V.M. : Elle est drôle cette question ! Justement, je suis issu d'une famille spécialisée dans le dessin. Mon père a une série BD depuis plus de 20 ans et ma maman s'occupe de la gestion d'un festival BD ! Donc oui, je suis beaucoup entouré par le dessin, les écrits, le cinéma...

 

Mon univers dessiné, je le verrais bien dans un style Hugo Pratt. Y'a quelque chose de très Corto Maltese dans mes chansons. :)

 

 

PdA : Qu'est ce qui, la musique mise à part, t'émerveille, te fait vibrer, frissonner... ?

 

V.M. : Le cinéma ! Je suis complètement cinéphile ! Je regarde en moyenne 3/4 films par semaine. J'adore.

 

 

PdA : Le clip de "Dansons", premier single de ton futur album, est sur YouTube depuis moins de deux semaines. Déjà 68 000 vues (au 24 février)... Comment reçois-tu ce succès ? Que retiens-tu des retours que tu as pu en avoir jusqu'à présent ?

 

V.M. : Je suis super content de l'accueil du clip ! À vrai dire, je ne m'y attendais pas du tout.

 

Les retours sont, en général, plutôt positifs ! Ce qui m'encourage vraiment. Plein de choses se mettent en place depuis cette sortie !

 

 

PdA : Le clip réunit tous les ingrédients pour faire un hit, pour peu qu'il réussisse à franchir les frontières d'internet. Quelle est, avec ta maison de disques, (PlayOn, ndlr) votre stratégie com', pour ne pas dire buzz ?

 

V.M. : Pas mal de choses se mettent en place... Faudra suivre les avancées sur ma page Facebook... ;)

 

 

PdA : Ton album est déjà prêt. Quelles révélations peux-tu nous offrir, en avant-première ? La sortie, c'est pour quand ?

 

V.M. : L'album sera composé de 11 titres. Pas mal de collaboration avec d'autres artistes. Je pense notamment à Jean Fauque, Guillaume Cantillon, Kerredine Soltani...

 

Je pense annoncer la date de sortie d'album dans les semaines à venir, ça va venir vite... :)

 

 

PdA : Quels sont, parmi l'ensemble de tes titres - qu'ils soient ou non publics pour le moment - ceux pour lesquels tu éprouves la plus grande tendresse ? Pourquoi ?

 

V.M. : J'affectionne particulièrement le titre "Notre dernière nuit". Il est à 100% autobiographique. J'ai vécu tout ce que je chante dans ce titre. C'est un titre qui sera sur mon album.

 

 

PdA : Avec la sortie de l'album, une nouvelle étape aura été franchie. Une pause, un instant, avant d'aller plus loin... À qui as-tu envie de dire "Merci" ?

 

V.M. : J'aimerais vraiment remercier mon manager Fabrice, qui me suit depuis pas mal d'années maintenant. Michel Boulanger, qui m'a présenté à PlayOn, ma maison de disque. Et merci à toute l'équipe PlayOn. Merci à Dominique Blanc-Francard et Bénédicte Schmitt, avec qui j'ai réalisé cet album... Merci à Laïd, le réalisateur du clip...

 

Wah ! Ca fait beaucoup, et je suis certain que je pourrais continuer longtemps ! Bref, MERCI ! MERCI ! MERCI !

 

 

PdA : Sur ton site, on peut lire, Valentin Marceau "connaît bien les Lilas", "est grand", "est énervant", "est sensible", "est intemporel". Signé Dominique Blanc-Francard, producteur. Et toi, comment te définirais-tu ?

 

V.M. : Je n'arrive pas à me définir objectivement. En général, quand on me pose cette question, je la retourne. "Et toi ? Comment me définirais-tu ?" Et je finis par reprendre ce que tu me diras... :)

 

 

PdA : Sur quelles scènes pourra-t-on te découvrir prochainement ?

 

V.M. : Plusieurs scènes se préparent. J'attends des confirmations avant de pouvoir en parler publiquement !

 

 

PdA : Quels sont tes projets pour la suite ?

 

V.M. : Des concerts, écrire pour d'autres artistes, préparer un second album... J'espère continuer le plus longtemps possible !

 

 

PdA : Tes rêves ? Rêves de collaborations, rêves d'avenir, rêves tout court...

 

V.M. : Déjà, j'espère que mon album vivra... Je lui souhaite une jolie rencontre avec le public !

 

Après en terme de collaborations, beaucoup de mes rêves ont déjà été réalisés. Je souhaiterais tellement qu'ils perdurent, à présent... :)

 

 

PdA : Que peut-on te souhaiter ?

 

V.M. : Une longue route !

 

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

V.M. : Eh bien enchanté ! Et au plaisir qu'un jour nos chemins se croisent !

 

Merci à vous d'avoir lu jusqu'ici ! :)

 

 

PdA : Pour quelqu'un, quelques uns en particulier ?

 

V.M. : Je tenais à remercier ma #TeamMarceau pour leur dévouement !

 

J'ai une chance inouïe de vous avoir ! ♥

 

 

PdA : Un dernier mot ? Merci infiniment. Et que les vents te soient favorables...

 

V.M. : Merci beaucoup ! Et merci à vous, Paroles d'Actu, pour cette interview !

 

À tout vite !

 

 

 

Valentin Marceau 2

 

 

 

Merci encore Valentin pour ces réponses. Tous mes voeux pour la suite... Et vous, comment voyez-vous Valentin... ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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3 mars 2013

Micheline Dax : "De tout mon coeur... merci !"

Qui est-ce ? Chacun connaît les règles de ce jeu populaire. Deux joueurs. Un groupe d'individus devant les yeux. Le but : être le premier à découvrir l'identité du personnage choisi par l'adversaire. Comment ? Par élimination. Par des questions, posées à tour de rôle. "Ton personnage porte-t-il des lunettes ?". Si oui, je couche ceux qui n'en ont pas. Le panel s'amenuise. L'enquête s'affine... Et ainsi de suite... Sympa, non ? Jouons ensemble. Une variante...

 

Ils n'en ont pas forcément conscience, mais mon personnage fait partie de leur vie. Enfants d'hier, d'aujourd'hui, enfants de demain et d'après-demain le retrouveront toujours avec un plaisir immuable chez Goscinny et Uderzo, chez Disney... Le nombre de "suspects" potentiels s'en voit, déjà, considérablement réduit. Mon personnage a connu, à leurs débuts, à ses débuts, des artistes nommés de Funès, Lefebvre, Carmet, Maillan, Serrault. Mon personnage a ri aux éclats avec Piaf, joué pour Guitry, et tant d'autres... Mon personnage se paie même le luxe de siffler comme personne l'air du fameux thème du Magicien d'Oz, Over the rainbow. Un tel profil est-il réaliste pour une seule personne ? Au jeu du Qui est-ce ?, tout le monde est couché... ? Non. Incroyable mais vrai, une personne remplit l'ensemble de ces critères. Une femme demeure, Dieu merci, toujours debout. Madame Micheline Dax.

 

Je tiens à remercier, très chaleureusement, Monsieur Jean-Paul Delvor, administrateur de la page Facebook dédiée à cette grande Artiste. Sans lui, cet échange n'aurait jamais pu se faire. J'ai tenu à lui donner la parole, pour qu'il nous raconte son parcours, l'attachement qu'il porte à Micheline Dax. Et je tiens, bien entendu, à remercier Madame Micheline Dax pour ces réponses qu'elle a bien voulu apporter à mes questions. Sa santé ne lui permet, hélas, plus d'exercer son art. Sachez, en tout cas, Madame, que le public ne vous oublie pas, qu'il vous aime et pense à vous. Que votre oeuvre n'a pas fini de nous émerveiller, de nous faire rire, pleurer... Nous sommes le 3 mars, vous avez 89 ans aujourd'hui. Permettez-moi, Madame, de vous souhaiter un très bel anniversaire, de vous embrasser, même à distance. Et que celui que vous ne connaissez pas nous laisse encore longtemps le plaisir de vous avoir parmi nous ! Merci pour tout... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICHELINE DAX

Artiste aux mille et un talents

 

« De tout mon coeur... merci ! »

 

Micheline Dax

(Photos fournies par Jean-Paul Delvor ;

Photo ci-dessus : signée Harcourt, années 50)

 

 

Jean-Paul Delvor : J'ai rencontré Micheline en 2007, grâce au metteur en scène Thierry Harcourt, qui a réalisé un de mes rêves de gosse : jouer avec cette immense comédienne, que j'adorais quand j'étais enfant, notamment au travers de la voix de la divine Miss Piggy.

 

Dans la pièce Arsenic et vieilles dentelles, j'interprétais le rôle de son neveu. Sa gentillesse et son ironie joyeuse ont instantanément séduit toute la distribution (Davy Sardou, Noémie Elbaz, Jean-Loup Horwitz, Michel Chalmeau...). J'ai découvert aussi une femme d'une grande sensibilité. Après la fin de la tournée, je suis resté en contact avec elle. Parfois, je lui rendais quelques services, je l'aidais à répondre à son courrier...

 

J'ai eu la chance aussi de l'accompagner de nombreuses fois au théâtre, et je m'apercevais avec joie que, partout où nous allions, elle était saluée avec chaleur et respect par les acteurs ou les spectateurs. Sa popularité est intacte, ne lui en déplaise. :)

 

Micheline a eu de gros problèmes de santé récemment, elle s'est éloignée de Paris, donc je la vois un peu moins. Mais je pense très souvent à elle, et je l'appelle régulièrement, pour la tenir au courant des messages et des commentaires laissés sur la page Facebook que j'ai créée et qui l'amuse beaucoup. Je sais que ça la touche beaucoup aussi de savoir qu'on ne l'oublie pas.

 

 

Q. : 23/02/13 ; R. : 26/02/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Micheline Dax. Nos lecteurs et moi-même serions très heureux, avant tout, de savoir ce que vous devenez... Comment vous allez, surtout...

 

Micheline Dax : Seigneur ! ...

 

PdA : J'ai 27 ans, bientôt 28 (10 jours après votre propre anniversaire). Micheline Dax, c'est un nom que j'ai associé durant toute ma jeunesse - et je ne suis pas le seul ! - à un rôle, la Cléopâtre du film d'animation Astérix et Cléopâtre (R. Goscinny, A. Uderzo, 1968). Accepteriez-vous d'évoquer pour nous ce film qui vous garantit une popularité éternelle auprès des jeunes générations ? ;-) Question liée, à partir de quel moment avez-vous commencé à prêter votre voix à des personnages, je pense à la Miss Piggy du Muppet Show, à la méchante Ursula dans La Petite Sirène ?

 

M.D. : Pour Piggy, c'est [Roger, ndlr] Carel qui m'a appelée pour doubler cette jeune créature. Et c'est encore lui qui avait soufflé mon nom à Goscinny et Uderzo pour le rôle de Cléopâtre... Mais j'ai aussi une grande tendresse pour Titus le petit lion.

 

PdA : Vos débuts dans le monde du spectacle n'étaient pas écrits d'avance, loin de là. Cet univers, ce n'était pas le vôtre. Quel regard portez-vous sur la détermination, le culot de la jeune femme que vous étiez alors ? 

 

M.D. : J'ai toujours fait ça. J'ai toujours été en action dans ce domaine, et pas ailleurs.

 

PdA : 1946, c'est la naissance des Branquignols, troupe de jeunes comédiens prometteurs... Vous en êtes. Vos camarades s'appelleront Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Robert Dhéry, Jacqueline Maillan, Michel Serrault, entre autres... Pourriez-vous nous livrer quelques anecdotes sur cette aventure hors du commun et qui, si mes infos sont bonnes, dura un quart de siècle ?

 

M.D. : Ce n'était pas en 46, mais en 48 ! Et de Funès est arrivé plus tard, en 52 je crois... Il était terriblement angoissé et perfectionniste...

 

En 1951, Louis de Funès, Jean Carmet, Christian Duvaleix et moi-même avons monté, tous ensemble, une revue : Vache de Mouche. C'était bien avant les Belles Bacchantes, Louis était un inconnu. Quant à moi, je venais juste de quitter les Branquignols, dont de Funès ne faisait pas encore partie. Nous avons joué Vache de Mouche quelques mois au Potofou, un cabaret de la rive gauche. C'était, bien avant la lettre, du café-théâtre, et ça marchait très bien. (05/03/13)

 

Micheline Dax 3

Extrait de Vache de Mouche, au Potofou. Sur la photo (collection personnelle de Micheline Dax), une parodie d'un ballet célèbre de Katherine Dunham. Les "danseurs" sont Louis de Funès, Christian Duvaleix, Jacques Ary, et Jacques Emmanuel au bout de la corde. La musique était de Michel Emer. (06/03/13)

 

À l'époque, de Funès jouait encore du piano dans des bars. Aussi, nous avons décidé d'utiliser son talent et nous avons mis en scène une parodie d'un duo de Ella Fitzgerald et Max Ophuls. Louis jouait du piano et chantait avec moi. Les autres numéros étaient des sketches... (05/03/13)

 

Je l'ai retrouvé quelques années ensuite, dans Courte-Tête, où je jouais une insupportable cocotte ! (rires)

 

PdA : Prétendre essayer de réaliser en quelques questions un tour complet de votre carrière serait risible, tant elle est imposante. Nous avons évoqué tout à l'heure votre parcours dans l'art du doublage. Vous avez tourné à de très multiples reprises pour le cinéma, la télévision... joué sur les planches un nombre incalculable de fois. Vous êtes également connue pour avoir souvent poussé la chansonnette, pour "siffler" comme personne les grandes mélodies populaires. Quels ont été, à vos yeux, les grandes rencontres, les grands moments de votre carrière jusqu'ici, ceux que vous vous remémorez avec la plus grande tendresse ?

 

M.D. : J'ai fait des rencontres tellement formidables. J'ai été amie avec Piaf... J'ai vécu auprès d'elle des instants inoubliables ! Et j'ai ri... si tu savais comme elle était drôle ! Un vrai titi parisien ! Alors, quand on me dit qu'elle était triste, ça me fait suer, elle était la joie de vivre !

 

Micheline Dax 2

Photo de 1951. De gauche à droite :

Michel Emer, Charles Aznavour, Edith Piaf, Micheline Dax et Roland Avellis.

 

Je pourrais aussi citer N'écoutez pas, Mesdames de Guitry. Magnifique ! Je m'y suis follement amusée, à Paris et en tournée...

 

Jean-Paul Delvor - PdA : Quelques mots à propos de l'Aria Dax, composé pour vous par William Sheller...

 

M.D. : Quel cadeau m'a fait William Sheller ! Mais quel trac cela m'a procuré ! En direct à l'Olympia ! J'ai eu tellement peur que je ne tenais plus debout. Alors je me suis enfuie ! Lui, très calme, a dit : « Allez me la chercher » ! Quand je suis revenue, j'ai dit : « Je ne peux pas ! ». Il m'a dit : « Tu peux ! » et il m'a poussée en scène ! Il m'a littéralement jetée ! (rires)

 

PdA : Quels sont, parmi vos films, vos captations théâtrales, vos oeuvres enregistrées, celles que vous me conseilleriez, que vous conseilleriez aux jeunes générations pour mieux vous découvrir ?

 

M.D. : J'ai fait des tas de choses, tellement différentes... je ne pourrais choisir !

 

PdA : Quel est votre rapport au métier aujourd'hui ? Quelles évolutions avez-vous observées dans la galaxie du show-business depuis que vous y avez fait vos premiers pas ?

 

M.D. : Hélas, je ne suis plus vraiment dans le métier, mon petit garçon ! Mais je vois des tas de choses formidables, et des tas de choses minables, comme avant...

 

PdA : Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui rêverait de jouer la comédie, d'en faire sa vie ?

 

M.D. : Je ne donne jamais de conseil ! Je trouve que c'est tellement culotté... je ne vois pas ce que je pourrais donner, comme conseil !

 

PdA : Parlez-nous de ces témoignages d'affection, de sympathie que vous recevez au quotidien ? L'amour du public, n'est-ce pas l'essentiel pour un(e) Artiste ? Quel message aimeriez-vous adresser à tous ces gens qui vous aiment ?

 

M.D. : Je trouve qu'ils ont bien de la constance et de la gentillesse, ça me touche beaucoup, et je les en remercie de tout mon coeur !

 

PdA : Le 3 mars prochain, vous fêterez vos 89 ans. Quand vous regardez dans le rétro, vous êtes heureuse du chemin parcouru ? De quoi êtes-vous particulièrement fière ?

 

M.D. : Je ne suis fière de rien du tout, et surtout pas d'être un vieux machin !

 

PdA : Comment verriez-vous Dieu vous accueillir à ses côtés lorsqu'il vous rappellera, dans une bonne vingtaine d'années ? Que lui diriez-vous ?

 

M.D. : Je ne sais pas de qui on parle, là...

 

PdA : Quel message avez-vous envie de transmettre à nos lecteurs ?

 

M.D. : Je remercie tous les gens qui s'inquiètent de ma santé. Je les remercie de leur gentillesse et de leur indulgence...

 

PdA : Merci infiniment... Si vous me le permettez... je vous embrasse, Madame !

 

M.D. : Et moi de même !

 

Micheline

 

 

Merci encore pour ce très beau cadeau... Et vous, quel message aimeriez-vous adresser à Micheline Dax ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

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Présentation remaniée : 02/03/14.

27 février 2013

Geoffroy Didier : "Pas d'alliance avec les boutiquiers du FN"

4 juillet 2012 : j'invite Geoffroy Didier, avocat aux barreaux de New York et de Paris, à évoquer pour Paroles d'Actu l'avenir de son parti, l'UMP, après ses défaites du printemps. À l'époque, il est un quasi-inconnu sur la scène nationale. Ça ne va pas durer. Fin juillet, il annonce, avec Guillaume Peltier, la création de La Droite Forte, un mouvement se voulant l'héritier du sarkozysme et porteur de valeurs "incarnées par l'ancien président (...) le patriotisme, la récompense du travail et du mérite, l’autorité républicaine, le soutien aux PME, la lutte contre les fraudes et l’assistanat, la souveraineté et la maîtrise de notre destin". Quelques apparitions médiatiques plus tard, il est devenu l'une des figures montantes de la droite. Il séduit sur la forme. Et va bientôt triompher sur le fond. La motion Droite Forte, appuyée par une petite fraction des députés UMP, domine le vote des militants lors du Congrès du 18 novembre. Des motions passées un peu inaperçues, ce jour-là, soit dit en passant... Dans le nouvel organigramme - transitoire - du parti, Peltier devient vice-président. Didier est secrétaire général adjoint. Fidèle à son engagement de départ, il m'a finalement fait parvenir ses réponses. Du fond... Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

GEOFFROY DIDIER

Secrétaire général adjoint de l'UMP

Cofondateur de La Droite Forte

 

"Pas d'alliance avec les boutiquiers du FN"

 

Geoffroy Didier

(Photo fournie par Geoffroy Didier)

 

 

Q : 07/07/12

R : 26/02/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ? (ce que vous faites, aimez, vos références dans la vie, ce qui vous a conduit à vous engager...) ?

 

Geoffroy Didier : D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu servir mon pays. L’action publique m'a toujours attiré, motivé, mobilisé. À l'âge de dix ans, j'organisais des meetings politiques dans ma chambre d’enfant où je conviais ma famille, mi-amusée, mi-inquiète. À douze ans, je créais ma propre revue politique - un seul exemplaire écrit à la main - où j'analysais par exemple la réélection de Francois Mitterrand. Je ne suis pas un héritier. J’ai la culture du travail et le goût de l’effort. Je n'ai pas de parent ministre ni de grand-parent sénateur de la IVème République. J'ai tout simplement trouvé la force et l'envie en moi. Il y a quelque chose de naturel donc d'inexplicable dans mon engagement.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

 

G.D. : Nicolas Sarkozy m'a toujours impressionné par sa capacité à bouger les lignes et bousculer les codes. D’abord par les mots, un parler vrai, un langage simple, proche du vécu de chacun, du quotidien de tous. Par les actes surtout, qu'il s'agisse de la réforme des retraites, du service minimum, du RSA, de la création d'une politique de maîtrise des flux migratoires, de l'interdiction du port de la burqa dans l'espace public...

 

Sur la scène internationale, Nicolas Sarkozy a agi en homme d’État. Il a rendu la France plus forte en Europe grâce à la présidence française de l'Union européenne, et plus forte dans le monde en agissant pour la paix en Géorgie, pour la démocratie en Côte d'Ivoire, pour la liberté en Libye. Sa capacité d’entraînement comme sa force de conviction ont marqué les esprits partout dans le monde. Qui peut croire sérieusement qu'il en est de même avec Francois Hollande ? C'est l'autorité de la France que l’on mesure à travers le visage de son président.

 

 

PdA : Comment avez-vous vécu sa défaite du 6 mai, et comment l'expliquez-vous ? Quelles leçons tirez-vous de ces échecs électoraux de 2012 ?

 

G.D. : Comme un succès est toujours une alchimie, une défaite est, de la même manière, nécessairement issue de plusieurs facteurs. Encore plus que la crise économique mondiale qui est venue frapper le quinquennat de Nicolas Sarkozy, je crois surtout que c'est le désir d'alternance qui a animé les Français. Cela faisait vingt-cinq ans qu'un socialiste n'avait pas été élu président de la République ! Mais ce qui m’a le plus impressionné durant cette campagne, c’est la capacité spectaculaire qu’a démontré Nicolas Sarkozy à remonter la pente malgré les forts vents contraires. Un an avant l'élection, on nous expliquait qu'il n'y avait plus un sarkozyste en France. Le 6 mai, ils étaient dix-sept millions…

 

 

PdA : Avec le recul, avez-vous des regrets par rapport à cette campagne ? Certaines choses auraient-elles dû être faites différemment ? Avez-vous toujours été totalement à l'aise avec la campagne menée ?

 

G.D. : Une campagne qui n’a pas remporté son objectif est nécessairement perfectible. Mais malgré un statut qui aurait pu l’éloigner du peuple, Nicolas Sarkozy a tenu à faire de ce dernier son unique boussole. Le rythme comme les modalités peuvent être débattus, la volonté était la bonne.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les débuts du président Hollande, de l'assemblée rose et du gouvernement Ayrault ? J'imagine que votre réponse ne sera pas totalement favorable, mais y'a-t-il au moins des points sur lesquels vous considérez qu'"à la limite", de bonnes choses sont réalisées ou en passe de l'être ?

 

G.D. : Avec d’autres, je veux porter une opposition ferme, mais pas fermée. Lorsque la majorité socialiste agit dans le bon sens, je n’hésite pas à le souligner. Je préfèrerai toujours la réussite de mon pays au succès de mon parti. Mais les réussites du gouvernement Ayrault sont malheureusement exceptionnelles : la loi sur le harcèlement sexuel allait, elle, dans le bon sens.

 

 

PdA : Quelle doit être, de votre point de vue, la "ligne politique" de l'UMP des cinq années à venir ?

 

G.D. : À droite, nous avons trop tergiversé sur nos valeurs. Plus besoin de tenir des colloques sur ce que nous sommes ! La situation est, en réalité, claire : si la droite est forte, c’est-à-dire fière de ses valeurs républicaines de patriotisme, de méritocratie, d’autorité et de respect de la loi, le Front national ne sera plus un problème. Si la droite est molle, alors nous offrirons un boulevard au FN. Je n’oublie pas que le PS est le meilleur allié stratégique du Front national et qu’en appelant à voter blanc au second tour de l’élection présidentielle de 2012, Marine Le Pen est devenue la directrice de campagne de François Hollande, avec pour adjoint François Bayrou !

 

 

PdA : Jusqu'où, et sur la base de quels piliers programmatiques la majorité bleue de demain aura-t-elle vocation à s'étendre ? Quid d'un hypothétique rapprochement avec le Front national ?

 

G.D. : Il n’est pas question d’alliance locale ou nationale avec les boutiquiers du Front national, le sujet n’est pas là. La mission d’un responsable public de droite est, en revanche, de ramener dans le champ républicain celles et ceux qui, par exaspération, s’en sont éloignés en votant Front national. Pour beaucoup d’entre eux, voter Marine Le Pen, c’est envoyer une bouteille à la mer. À nous de répondre à leurs préoccupations, leurs inquiétudes, leurs angoisses. N’est-ce pas cela le rôle d’un responsable public, écouter puis agir ? Je ne me lasserai pas de convaincre nos concitoyens qu’il existe bien une fracture entre le FN et nous qui se résume ainsi : l’UMP cherche des solutions, le FN se nourrit des problèmes. Le FN n’est qu’une boutique familiale qui a nos souffrances pour fonds de commerce.

 

 

PdA : Existe-t-il des sujets, de société notamment, sur lesquels vous souhaiteriez, à titre personnel, voir notre pays "bouger" peut-être un peu plus vite que ne le désirerait votre parti, qui reste essentiellement "conservateur" ? Des thèmes qui pour x ou y raison vous tiendraient à cœur alors qu'ils ne seraient pas prioritaires pour votre parti, voire pas opportuns du tout ?

 

G.D. : Ayant été visiteur de prison durant plusieurs années, je sais sans doute plus que d’autres à quel point l’état des prisons françaises est préoccupant. Mais je n’en tire pas d’enseignements angéliques ou laxistes car, pour moi, le droit des victimes doit rester supérieur à celui des détenus. Pour protéger davantage les honnêtes gens des crimes et délits, il faut des prisons dignes donc efficaces et pour qu’elles soient dignes, il faut qu’elles soient plus nombreuses. On a beau faire le tour de la question : nous avons besoin de multiplier le nombre de places de prison pour éviter que l’encellulement soit criminogène.

 

 

PdA : Un petit bond dans le futur... 2017 est en vue. Souhaitez-vous que des primaires ouvertes soient organisées par l'UMP et ses alliés ? Qui serait, dans l'idéal, VOTRE candidat(e) ? Croyez-vous en l'hypothèse d'un retour de Nicolas Sarkozy ? Le souhaitez-vous ?

 

G.D. : C’est tout le sens de l’action que nous menons, avec Guillaume Peltier, au sein de la Droite forte, qui est devenue le premier mouvement de l’UMP : mettre en œuvre aujourd’hui une opposition offensive pour préparer dès maintenant le match retour de 2017. Je respecte la volonté de silence de Nicolas Sarkozy. Chacun sent bien que s’il devait y avoir retour, c’est parce qu’il serait un recours.

 

 

 

Merci encore, Geoffroy Didier, pour vos réponses. Pour la fidélité témoignée envers vos engagements... Phil Defer

 

 

 

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27 février 2013

Thomas Misrachi : "BFMTV doit devenir incontournable"

Lors de l'interview qu'il m'avait accordée il y a quelques mois, Laurent Bazin me faisait part de cette réflexion à propos de l'information en continu : "C'est (...) une forme de zapping en continu... C'est la règle du genre. Je l'ai pratiquée.". Ce sentiment n'est pas nouveau. Sur les chaînes égrenant les titres de l'actu 24/24, une info chasserait l'autre, chacune étant traitée dans le feu de l'action, sans approfondissements ni véritables prises de recul... L'image est excessivement caricaturale, elle ne correspond évidemment pas à celle qu'avait à l'esprit le patron de la matinale de RTL. BFMTV, i>Télé, LCI ne manquent pas d'excellents journalistes et reporters, couvrant l'instantané et ses conséquences à moyen ou long terme. Sur chacune de ces antennes sont diffusés au quotidien des éditos, des débats de haute tenue. Il n'empêche, le cliché est tenace... Depuis l'automne dernier, BFMTV propose "7 jours BFM", un magazine d'information et d'investigations. Un regard différent, posé, sur l'actu de la semaine. À sa tête, un journaliste de talent, un parcours à suivre, sans le moindre doute... Thomas Misrachi a accepté de répondre à mes questions. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

THOMAS MISRACHI

Rédacteur et animateur de "7 jours BFM", sur BFMTV

 

"BFMTV doit devenir incontournable"

 

Thomas Misrachi

(Photo fournie par Thomas Misrachi)

 

 

Q : 17/02/13

R : 25/02/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Thomas Misrachi. Vous êtes diplômé de Sciences Po Aix et de la London School of Economics. À cette époque, au milieu des années 90, vous vouliez déjà devenir journaliste ?

 

Thomas Misrachi : Non, pas nécessairement, même si j'étais intéressé par la presse et les médias, je ne me destinais pas forcément au journalisme. C'est arrivé un peu après. Un peu par hasard... Et il fait souvent bien les choses.

 

 

PdA : Vos débuts, vous les avez effectués dans des cadres assez originaux pour un journaliste français. Qu'avez-vous appris de vos expériences auprès de médias anglo-saxons tels que la BBC ou Bloomberg TV ?

 

T.M. : La rigueur et le travail. Dans notre métier, comme dans beaucoup d'autres, ces deux éléments sont indispensables. Chaque mot compte. Sortir ou bien comprendre une information prend du temps. De la persévérance. Et une très grande prudence.

 

 

PdA : En 2005, vous êtes de l'équipe qui lance BFMTV. Comment la rencontre s'est-elle établie ? Vous y croyez réellement, au départ ?

 

T.M. : Je travaillais à New York pour Bloomberg, à l'époque. Je faisais aussi les points bourses en direct du NYSE (New York Stock Exchange, la Bourse de New York, ndlr) pour BFM radio. J'ai eu l'occasion de rencontrer Alain Weill (le président du groupe NextradioTV) et Guillaume Dubois (directeur de BFMTV et à l'époque journaliste/présentateur sur BFM radio). Nous avions de bons rapports. Lorsqu'ils m'ont parlé du projet, j'ai été enthousiasmé. Malgré la présence de LCI et de i>Télé sur le PAF, il y avait, à mon sens, de la place pour un nouvel acteur, une chaîne info différente, un concept à l'anglo-saxonne en France. Je n'ai pas hésité bien longtemps. Et oui, j'y ai cru. Et j'y crois encore !

 

 

PdA : Quels sont les événements d'actualité qui vous ont marqué, que vous ayez été en leur temps journaliste ou simple téléspectateur ?

 

T.M. : J'étais à New York et sous les tours du World Trade Center le 11 septembre 2001. C'est quelque chose que je n'oublierai évidemment jamais.

 

Avant de devenir journaliste, de nombreux événements m'ont marqué. Parmi mes premiers souvenirs : l'élection de François Mitterrand, l'explosion de Challenger en 1986, la chute du mur de Berlin ou le "procès" du couple Ceausescu. Depuis, difficile de faire un choix. Je crois que récemment, les affaires DSK ou Merah ont marqué les esprits. La mort de Ben Laden et le printemps arabe sont aussi extrêmement importants à mon sens.

 

 

PdA : Quels ont été jusqu'ici, à vos yeux, les moments forts, émouvants de votre parcours ?

 

T.M. : Il y en a eu beaucoup, beaucoup trop pour en faire une simple liste, mais c'est précisément ce qui est formidable dans ce métier.

 

 

PdA : Quelles personnalités rêveriez-vous d'interviewer ? Quelles questions leur poseriez-vous ?

 

T.M. : La liste serait très, très longue ! Tous les gens qui, par leur démarche, leurs idées, leurs actes, réussissent à changer le monde, ou leur monde en tout cas. Tous les autres aussi, ceux, qui parfois, font des choses tellement terribles, tellement insensées que l'on peut se demander pourquoi. Les questions se feraient en fonction des personnes interrogées... En ce moment, je serai très curieux de savoir ce que pensent DSK ou Nicolas Sarkozy ! Je rêverais aussi d'aller interroger les preneurs d'otages du Cameroun. Mais cette réponse ne vaut que pour l'actualité de ces dernières heures !

 

 

PdA : Vous êtes à la tête de l'émission "7 jours BFM" depuis le mois d'octobre. C'est important de se poser, de s'offrir ce recul dans un monde où l'info en continu est reine ?

 

T.M. : 7 jours BFM est une autre façon de faire de l'info en continu. Ce qui est important à mon sens, c'est d'évoluer, de continuer a avancer dans une carrière, de ne jamais s'endormir. Depuis que je suis à BFMTV, j'ai présenté la matinale, le 12-15, le 15-18 puis, brièvement, le soir. J'ai fait du reportage et des opérations spéciales pendant près de 2 ans. Depuis octobre, 7 jours est une nouvelle aventure. J'y prends beaucoup de plaisir. J'y apprends aussi beaucoup. Mais il y a encore énormément à faire pour que cette émission soit un rendez-vous incontournable de l'actualité. Et nous y travaillons !

 

 

PdA : Accepteriez-vous de nous parler de l'élaboration de cette émission ? (votre rôle, le calendrier, ce qui motive le choix des sujets...)

 

T.M. : Nous travaillons le plus en amont possible, mais notre plus grande préoccupation, c'est de coller à l'actu de la semaine. Mon rôle est, principalement, un rôle de présentateur. J'écris et j'anime l'émission. Je propose aussi des thématiques de sujets sur certaines éditions. Pour le reste, il y a deux rédacteurs en chef, deux petites équipes dédiées aux 26 minutes. Pour les autres sujets, nous travaillons avec la rédaction de BFMTV.

 

 

PdA : BFMTV est née en 2005, nous le rappelions tout à l'heure. Quel regard portez-vous sur les huit premières années de la chaîne ?

 

T.M. : BFMTV est un très beau succès. C'est la preuve qu'en France, avec du travail, du sérieux et un peu d'audace, on peut encore créer, faire et réussir. Depuis 2/3 ans, nous sommes entrés dans une nouvelle phase de développement. Nous devons devenir LA référence incontournable de l'info télé en France. Nous débordons d'idées et de projets, et j'espère que les 8 prochaines années seront aussi riches que les (bientôt) 8 dernières.

 

 

PdA : La télé, vous la regardez ?

 

T.M. : La télé, je la regarde peu... Je regarde BFMTV et i>Télé. Les journaux de 20h des grandes chaînes en alternance et quelque émissions politiques comme C dans l'Air ou Dimanche plus, quand je le peux... Mais j'ai peu de temps à y consacrer...

 

 

PdA : Vous avez couvert les marchés actions U.S. à New York pour Bloomberg TV entre 2001 et 2005. Vous avez également produit et réalisé "Jim Maguire, A Life on Wall Street", un documentaire relatant la vie d'un trader du NYSE avec, en toile de fond, un demi-siècle d'histoire de la finance américaine. Comment avez-vous vécu, analysé les déflagrations qui ont ébranlé l'économie mondiale à partir de la fin 2008 ? En avez-vous été surpris ?

 

T.M. : Je n'ai pas été très surpris par la crise de 2007. De très nombreux spécialistes avaient mis en garde. Y compris ceux qui ont contribué à l'emballement général de la machine. Une partie du monde financier a perdu le sens des réalités. Malheureusement, cette partie-là a emporté avec elle un bon morceau de l'édifice. 

 

 

PdA : N'avez-vous pas tendance à penser, à propos de l'économie, qu'elle n'est pas assez enseignée en France, donc mal comprise par le public français ? Les médias pallient-ils efficacement ces insuffisances, à votre sens ?

 

T.M. : La formation et l'information (économique) existent. Et en France, elles sont de plutôt bonne qualité. Il suffit de s'en saisir. Faut-il en faire plus ? Peut-être... En revanche, je ne sais pas si c'est aux médias de "pallier" les lacunes éventuelles de l'enseignement en sciences économiques !

 

 

PdA : Êtes-vous optimiste quant au retour prochain d'une croissance solide et durable pour la France ? Les ingrédients sont-ils réunis pour ce faire ?

 

T.M. : Franchement, je n'en sais pas beaucoup plus que ce que peuvent dire la Commission européenne, le FMI, l'OCDE ou Bercy. J'espère que le plus difficile est passé. Visiblement, 2013 ne sera pas une bonne année. 2014 devrait être un peu meilleure. La situation est très compliquée. Il faut réduire les postes de dépenses (déficits, notamment... donc réduire le poids de la dette) sans pour autant peser sur la croissance. C'est un équilibre délicat, mais pas impossible. D'autres pays l'ont fait. Il faut avoir du courage politique. J'espère que nos dirigeants, présents et futurs, en feront preuve. Il faut aussi rester optimistes. Et ne pas penser que ce que l'on peut vivre est inéluctable. Il faut croire que les choses peuvent changer, s'améliorer, c'est un premier pas essentiel !

 

 

PdA : Vous coanimiez il y a quelques années une émission nommée "Aujourd'hui le monde", sur BFM TV. Quel jugement portez-vous sur celui dans lequel nous évoluons ?

 

T.M. : Aujourd'hui, le monde est passionnant. Les progrès techniques sont incroyables. L'humanité a tout pour réussir... Il ne reste plus qu'à se mettre d'accord... Visiblement, c'est ce qui pose problème à notre espèce. Il faut donc que chacun fasse sa part. Et espérer que les autres fassent de même !

 

 

PdA : Qu'est-ce qui, sorti de votre travail, vous détend, vous permet de décompresser ? D'ailleurs, réussissez-vous réellement à vous "déconnecter" ?

 

T.M. : Je sors avec des amis, vais au musée, au cinéma... Je profite de ma famille quand je peux... Bref, une vie normale... Même si j'ai un peu de mal à trop "décrocher", au bout de quelque jours, j'y arrive... C'est important de se laisser quelques plages de respiration...

 

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

T.M. : Je travaille sur plusieurs projets d'émissions : qu'ils se réalisent !

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter ?

 

T.M. : De belles rencontres... et de beaux voyages !

 

 

PdA : Aimeriez-vous adresser un message à nos lecteurs ?

 

T.M. : Quoi que vous fassiez, soyez passionnés ! 

 

 

PdA : Un mot pour conclure ? Merci infiniment !

 

T.M. : Longue vie à "Paroles d'actu" !

 

 

 

Merci à vous, cher Thomas Misrachi. À mon tour d'émettre un double souhait : que votre parcours connaisse l'évolution que vous méritez ; que vos désirs se réalisent... Phil Defer

 

 

 

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Sur BFMTV, chaque samedi entre 18h et 20h : 7 jours BFM ;

 

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25 février 2013

Alain Duverne : "Les Guignols devraient aller plus loin"

   Pour introduire ce nouvel entretien, je vais - une fois n'est pas coutume - laisser parler mon invité. Voici comment Monsieur Alain Duverne, concepteur en chef des Guignols depuis l'origine, avait répondu à ma sollicitation, à la fin du mois de janvier. Des mots que je ne pouvais pas ne pas inclure dans le présent document...

   « J'entends des gens remercier l'école républicaine, ils disent qu'il lui doivent tout. Moi, elle a mis mon enfance dans la grisaille, mais je dois beaucoup à des gars comme Alain de Greef. Il aurait dû rester avec ses nombreux enfants, que nous avons élevés ensemble. Lui était le papa des Guignols, moi la maman. Ce n'était pas le mariage pour tous mais le mariage de l'intelligence et du fin bricolage. On marie aussi le cuivre et le zinc pour faire du bronze et je marie la sculpture d'un Guignol, avec l'écoute de livres audio, pour rendre le travail manuel aussi très intelligent. Il n'y a pas besoin d'utiliser le mot "mariage" venu des religieux au 11ème siècle pour un contrat civil d'union avec deux mêmes entités. Les responsables politiques qui tiennent à tordre ainsi le mot "mariage" touchent le fond de la démagogie chafouine... à moins que cela ne présage l'une des plus grandes conquêtes de l'histoire... ».

   Le décor est posé, place à l'Artiste ; un artiste engagé, un artiste passionné et passionnant... Après celle du papa, j'ai l'honneur et la joie de vous présenter mon interview de la maman des Guignols. Une bien belle famille... Et pour moi, un rêve de gosse... Merci infiniment, cher Alain Duverne, pour ce beau cadeau. Bonne lecture ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

ALAIN DUVERNE

 

« Les Guignols devraient

aller plus loin »

 

Alain Duverne 1

(Photos fournies par Alain Duverne)

 

Q. : 17/02/13 ; R. : 22-25/02/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Alain Duverne. Comment allez-vous ?

 

Alain Duverne : Je vais à pieds, en vélo, en taxi, en métro, en bus... selon les lieux, selon les heures, selon les manifs, selon la pluie ou le beau temps. Je suis souple, je m'adapte.

 

PdA : C'était quoi votre vie, avant de construire des marionnettes, avant le Bébête Show ?

 

A.D. : Tu es une « petite nature », disait avec tendresse mon père, quand j’étais réfugié dans le giron de ma mère, pour conjurer mes chagrins scolaires. Tant qu’il y avait de l’encre dans le stylo des autorités éducatives, ces deux mots s’inscrivaient à répétition d’une année sur l’autre à travers les trimestres : « agité et bavard », « agité et bavard »... Petite nature, agité et bavard.

 

Après un service militaire marqué par la découverte d’un large échantillon de mes contemporains, j’ai passé quelques années en laboratoire de fiabilité de composants électroniques chez Ericsson pour travailler à l’obsolescence programmée. J’ai vite quitté ce bateau naufragé d’avance. J’ai commencé alors à vivre dans le maquis de l’existence pour apprendre à faire “ mon devoir d’être heureux ! ”.

 

Je découvre l’incroyable pouvoir d’expression des marionnettes de Philippe Genty. J’ai vu là les instruments qui me tombaient du ciel pour “ dire ”. Dire des réalités… Des vérités, celles qui sortent de la bouche des enfants ! Avec ces instruments, je peux m’amuser à mettre en lumière les surplus de tartuferies, construire des passerelles, échafauder des thèses… Mon luxe est caché là : par l’activité manuelle dans les fabrications, intellectuelle dans l’écriture, physique et expressive dans la mise en scène et manipulation.

 

La suite, en quelques mots : plus de 200 représentations des “ Œufs de Hasard ”, spectacle théâtral visuel et musical (qu'il a créé, ndlr). Sociétaire de la S.A.C.D. Nombreuses créations de marionnettes et écriture pour les programmes jeunesse de TF1 et Antenne 2. Puis le célèbre Bébête Show...

  

PdA : Le Bébête Show, c'est un concept très novateur pour l'époque... Une belle aventure ?

 

A.D. : C'était une première mondiale. Les chansonniers, humoristes... disparaissaient derrière les politiciens sculptés en mousse de polyuréthane. Depuis, une vingtaine de pays ont suivi cette comédie manipulable populaire. Je n'avais jamais fait que des marionnettes pour les enfants. Avec les playmates aux seins nus, j'étais servi, dans le programme de Stéphane Collaro ! À la télé, on acquiert la célébrité et on gagne de l'argent. J'ai pu me payer un atelier. L'estime, on la gagne au théâtre.

 

PdA : Dans les années 80, Français et Anglais rivalisent de bonnes idées en matière d'humour satirique. Le Bébête leur inspire Spitting Image. Le concept va intéresser un certain Alain de Greef... Les Guignols sont sur le point de naître, ou presque... Au départ, ça s'appelle Les Arènes de l'info...

 

A.D. : C'est le départ des Nuls qui amène Alain de Greef à tenter l'aventure des Guignols, inspirée de Spitting Image. En janvier 1988, j'ai fait les 10 premières marios, pour tourner un pilote. J'avais déjà mon équipe de manipulateurs, seulement, les auteurs entraînés au style humour anglais manquaient dans l'équipe. Les Arènes de l'info ont donc été écrites par les auteurs qui écrivaient pour les Nuls. Mais une marionnette ne sait pas jouer la finesse que pouvait faire passer la bande à Alain Chabat. L'écriture s'est améliorée par la suite pour culminer en 95 pendant les présidentielles.

 

PdA : Vous m'avez dit, évoquant les Guignols et Alain de Greef, « Lui était le papa, (...) moi la maman ». La suite, chacun la connaît : un couple heureux avec de beaux, de nombreux enfants. Des précurseurs ! Mais avant toute histoire d'amour, il y a une rencontre... Vous nous la racontez ?

 

A.D. : Ayant approché les arrogants énarques - ou équivalents - qui dirigeaient TF1 ou Antenne 2, mes premières rencontres avec Alain dans la tour Olivier-de-Serres, où l'équipe de Canal + oeuvrait à l'étroit, j'avais du mal à les prendre au sérieux. Ils ressemblaient à mes potes. Quant Alain de Greef m'apprit qu'il voulait faire Spitting Image, que je connaissais pour être allé les voir lors d'enregistrements, j'ai tout de suite dit, « Vous savez qu'un programme comme cela coûte au moins 80 000 francs la minute ? ». Il m'a répondu « oui ».

 

Sachant que la grosse chaîne française TF1 mégotait pour le Bébête Show, qui devait coûter dix fois moins, j'ai d'abord pensé qu'Alain s'était trompé d'un zéro ! Pas du tout, passé la porte de Canal, je changeais de pays. Pour la première fois, un dirigeant prenait la marionnette au sérieux. À l'époque, les émissions de variétés anglaises avaient quinze ans d'avance sur les françaises.

 

Nos enfants de caoutchouc ? Tous des fanfarons qui s'agitent dans la lumière et qui nous disent ce qu'on veut entendre. Si ce sont des présentateurs, des artistes ou des journalistes, pourquoi pas... mais les politiques sont pareils.

 

PdA : PPD, évidemment... Chirac... Johnny... Trois marionnettes, parmi les plus emblématiques. Leur design est-il venu naturellement ?

 

A.D. : En démocratie, nous sommes à peu près égaux devant la loi, mais en caricature nous ne le sommes pas du tout. Ces trois-là sont évidemment de bons clients, les présidents ou les premiers ministres de droite le sont aussi. Thatcher, Aznar en Espagne, Chirac, Sarkozy... leur dessin, je dirais que ça s'écrit comme ça se prononce. Ils ont des gueules qui marquent, une voix aussi. Il suffit de recopier en en retranchant là on il y en a le moins et en en rajoutant là où il y en a plus.

 

Plus ou moins, c'est pas rapport à un visage moyen, où toutes les parties sont moyennes. Si le front d'un sujet est large, il sera modelé encore plus large. Si les lèvres sont minces, elles seront encore plus minces. Si le menton est petit, il sera encore plus petit. Cela pour toutes les parties du visage. Le moindre détail qui sort de la moyenne, il faut lui faire un sort.

 

PdA : Sans faire de mauvais esprit... vous vous êtes arraché les cheveux, pour certaines réalisations ?

 

A.D. : J'ai perdu mes cheveux pendant les six ans d'un procès, au début des Guignols, suite aux manigances d'un producteur un peu trop audacieux... Et je me suis arraché ceux qui restaient avec Ségolène Royal, avec Strauss-Kahn, récemment avec Montebourg. Difficile de dire pourquoi, les stars de la caricature ont aussi des difficultés avec des têtes qui résistent et ne laissent pas montrer le bout par lequel il faut les prendre.

 

PdA : Je sais qu'on ne demande pas à une maman d'émettre ouvertement des préférences lorsque l'on parle de ses enfants... Quelles sont, malgré cela, les marionnettes pour lesquelles vous avez une tendresse particulière, et pourquoi ?

 

A.D. : Rien de très différent, comparé avec les stars reconnues par tous. Les auteurs ont su trouver des jeux fabuleux pour Jean-Paul II, une faconde craquante pour de Villiers, des dialogues dignes de Marcel Pagnol pour Papin et Cantona...

 

PdA : Pauvre Stallone... Il incarne, bien malgré lui, tout ce que l'Amérique, le business, la religion comptent d'excès, de cynisme éhontés. Vous n'avez pas honte ? ;-) Vous saviez à quelle sauce il allait être mangé avant de créer son Guignol ?

 

A.D. : Personne ne le savait, sauf que chacun tombe du côté de son penchant. C'est-à-dire que les auteurs ont la finesse de trouver le juste penchant de nos créatures.

 

PdA : Est-ce qu'il vous est déjà arrivé, d'ailleurs, de livrer telle ou telle marionnette avec à l'esprit, au-delà du physique, un trait de caractère, une personnalité ? "Je le vois bien comme ça, d'ailleurs j'ai accentué ce trait du visage pour souligner cet aspect du personnage". Vous êtes écouté par l'équipe, s'agissant de la vie post-création du Guignol ?

 

A.D. : Les auteurs n'ont pas souvent trop d'a priori, le personnage s'épure avec la voix, de sketch en sketch.

 

PdA : Combien de marionnettes avez-vous créées, à ce jour ?

 

A.D. : Je ne sais pas exactement... Entre 5 et 700. Il n'y a pas que les Guignols.

 

PdA : De quoi remplir un Musée des Guignols... Je vous garantis que ça marcherait ! Fantasme - assumé - de ma part... Réalisable, à votre avis ?

 

A.D. : Il ne s’agit ni d’une sculpture, ni d’une œuvre d’art mais d’un “ instrument de comédie ”. La musique a aussi les siens. Voir ces marionnettes immobiles, ça les tue un peu. 4 ou 5 footballeurs sont visibles au Musée des Sports.

 

PdA : Revenons à leur conception. Combien êtes-vous à créer les Guignols ? Vous nous parlez de votre équipe ?

 

A.D. : Franck Demory, au cheveu dru argenté, est devenu spécialiste des mécanismes. Il doit y avoir une trentaine de petites pièces par mécanisme des yeux - gauche, droite, et paupières. Avec ses deux bras, il fait comme s'il en avait quatre pour ajuster les iris, au dixième de millimètre près. Il est le maître de tous les accessoires et effets spéciaux qui rendent magiques les sketchs.

 

Bénédicte Fay, fine madone discrète au regard doux et mélancolique, fait les moules en résine stratifiée et les tirages en mousse de latex. C'est une cuisine délicate à mettre en oeuvre et à digérer.

 

L'énergique Alex Leseur chante et rit avec gourmandise. Elle peint à l'aérographe le maquillage avec du latex teinté. Elle a les nerfs solides, parce qu'il ne faut pas s'énerver, avec cette émanation gluante élastique, et néanmoins naturelle.

 

Annaïc Penon, taille mince comme un modèle haute couture et hauts talons, taille dans les perruques pour les ajuster sur des têtes patatoïdales et taille les bustes dans la mousse de polyuréthane.

 

L'air qui entoure la grande Sophie Coeffic n'a pas la même densité qu'ailleurs, sans qu'elle perde sa belle énergie, tous ses mouvements ondulent. Elle ne rate pas une occasion pour nous éclairer de son rire mais, a contrario, elle n'en rate pas une, cinglante, pour terroriser la bêtise et l'orgueil mal placé. Sophie est la première personne qui, arrivant ici, connaissait déjà 80% des secrets pour créer une marionnette. C'est normal, elle ondule aussi en rythmes dans l'atelier de mon maître Philippe Genty.

 

Laetitia Calzetta passe de Photoshop à l'imprimerie ; elle s'occupe de toutes les affiches, couvertures de presse, jaquettes de DVD guignolisés. Elle fabrique aussi tous les insolites accessoires. Elle est la dernière arrivée. Elle habite avec d'autres artistes et artisans, dans une usine en grande banlieue. Les trajets sont longs, elle organise méticuleusement son temps.

 

Corinne Bron est la patience, la gentillesse, la grâce et le savoir administratif qui font dormir le gérant d'Images et Mouvement comme un bébé. Elle fait aussi les mystiques feuilles de paie. Carolle et Léo sont restés plus de dix ans. Seb, Laurent aussi. Ils et elles continuent, à leur gré, notre artisanat particulier, plutôt en période de développement. Stéphane, pilote d'avion amateur, est mort d'une chute de ski... Philippe est parti dessiner des voiliers au Maroc. Christian, Sami sont les plus doués de tous. Thierry, Cyril, Véronique, Stéphane, Monique sont passés de l'atelier à la manipulation.

 

Tant d'autres sont passés au troisième étage de notre usine parisienne. Surtout des filles. Sur 100 CV reçus à la société, de gens venus globalement d'écoles d'Arts appliqués, plus de 95% sont des filles ! Cherchez l'erreur ou la juste conjugaison... J'ai aussi recruté une vingtaine d'autres manipulateurs, pour les Guignols.

 

Alain Duverne 2

 

PdA : Accepteriez-vous de nous narrer, en quelques étapes clés, la confection d'un personnage, celui de votre choix ?

 

A.D. : Beaucoup d’indices entrent en jeu pour dégager la vérité du personnage. Globalement, il s’agit des proportions du dessin du visage et de la disposition de chaque élément par rapport à l’ensemble. Tout ce qui se passe autour du regard est capital : la profondeur, la place et la grosseur des yeux par rapport à l’arcade sourcilière et aux joues ; l’écart entre les yeux, la grandeur de l’iris ; la position de l’axe des paupières vis-à-vis de l’iris ; la direction des lignes hautes et basses qui coupent l’iris ; l’épaisseur des paupières et des cils ; le dessin et le volume des sourcils. Chacun de ces éléments doit être chargé en fonction de leurs caractéristiques.

 

Pour tout le reste, c’est centimètre- cube par centimètre cube qu’il faudra négocier. Prenons le cas du nez, et de ses narines : à tout vent, auguste, timide, sec, busqué, tourmenté, dodu, pointu, poilu, aguicheur, retroussé, épais, épaté, moqueur, proéminent... ou le pilier en bas-relief du front, précieux, ornementé, strict, solide, crochu m’as-tu-vu. La nature est ainsi, son choix n’est pas si mal... le seul nez imbécile serait le nez normal.

 

C’est la position la plus caractéristique des lèvres pendant l’élocution qui sera choisie. Tout ce qui est poil et cheveux, quand c’est fait d’un manière très soignée, ajoute une touche très réaliste au Guignol. Les modifications apportés aux parties poussent à des corrections dans l’équilibre du tout. Si je grossis les joues et les maxillaires, le front et l’espace des yeux seront logiquement réduits. Si la bouche doit être agrandie, il faudra bien réduire l’épaisseur des joues si la mâchoire n’a pas à être élargie. Ces simples règles ont évidemment des exceptions.

 

Notre Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, est un épais aux petit nez tordu et petites narines. Il n'entre pas assez d'air dans ce corps rigide. Les lèvres et les joues sont plutôt petites mais épaisses aussi. C'est l'avancée du front et celle des arcades sourcilières touffues et proéminentes qui sont sa principale caractéristique. J'aurais pu en faire davantage, sur ce point. Nous sommes plutôt, aux Guignols, dans des charges caricaturales modestes.

 

PdA : Qu'est-ce qui différencie, techniquement parlant, les Guignols de la fin des années 80 de ceux de 2013 ?

 

A.D. : Tout est plus précis, plus soigné, plus sécurisé, plus solide, plus confortable pour la manipulation. Il n'y a que la mousse de latex que l'on connaît un peu mieux, mais c'est un produit naturel dont on ne maîtrise pas tous les caprices. Des têtes fonctionnent depuis quinze ans, d'autres deviennent bisquottes beaucoup plus tôt, malgré les anti-oxydants.

 

PdA : Êtes-vous, globalement, toujours en phase avec leur humour ? D'accord, à l'aise avec ce que les auteurs font dire à vos bébés ? ;-)

 

A.D. : Avec leur humour, je suis en phase. "La critique est aisée mais l'art est difficile". Ils sont bons, bûcheurs et acharnés. A contrario, c'est sur leur penchant politique que je souffre. Deux exemples :

1. Aux 9 suicides de France Télécom, il faut répondre par les 70 suicides de paysans, mais ne pas surjouer sur ce qui a été déjà dit par le PS.

2. Concernant l'eau de javel jetée sur tous les restes des cantines scolaires et des restaurants pour qu'ils ne soient pas réutilisés, il faut se révolter violemment contre ce gâchis organisé et décadent, mais les Guignols de Canal + approuvent ? J'ai bu toute mon enfance de succulents jus venant d'oranges abîmées dans des cageots que mon père, petit fonctionnaire libre d'esprit, ramenait régulièrement des Halles. Ce geste de mon père a été formateur pour la vie.

 

J'ai toujours pensé que le pouvoir des marionnettes autorisait, en visant juste, à blâmer les corruptions des pouvoirs mais plus encore, à dérouiller les conservatismes fâcheux des gentils mammifères humains grincheux autant acclimatés en France à la chicane qu’a la servitude volontaire, peu soucieuse de son avenir. Il n’y pas que les saillies capitalistes de l'Américain Mr Sylvestre qui coincent un pays, la lente avancée de ses propres arthroses est aussi très efficace. Nos fanfarons de caoutchouc pourraient afficher dans la rigolade ces stigmates de la décadence pour mieux les ringardiser. Mais voila, la machine Guignols, malgré son grand pouvoir pédagogique, agit comme les communicants et les chansonniers ; elle ne rebondit que sur des opinions et des croyances déjà entendus. "On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde", c’est la loi de la séductrice TV.

 

N’imaginez pas pour autant qu’un directeur d’édition à Canal + censure les auteurs, les auteurs des Guignols ont le génie d’écrire et d’inventer ce que nos spectateurs veulent entendre. C’est-à-dire, rester dans le politiquement correct, forme acceptée auprès d’un large public, au risque de s’attarder un peu trop dans la pensée unique bobocrate. Notre public, ce sont les 15-30 ans. Ceux qui s’éclatent dans le théâtre bondé de l’humoriste Dieudonné-le-proscrit, sont plutôt les 20-35 ans. Déjà, en son temps, Fernand Raynaud était beaucoup plus cinglant pour tout le monde en cabaret qu'à la radio. Coluche tapait autant sur les flics, les Belges, les syndicalistes, les juifs, les chrétiens, les musulmans. Tous les biens-pensants soumis aux maîtres obscurs le jugeaient raciste.

 

Maintenant, les ouvriers des groupes internationaux se font licencier. Ils aimeraient bien rester en place, puisque le groupe est bénéficiaire ? En fait, ces ouvriers français voudraient bien partager les bénefs que leurs patrons font sur le dos des ouvriers des usines du tiers-monde ! Un proverbe dit : "Le receleur est pire que le voleur"... Donc aujourd'hui, motus. Quel humoriste oserait rire de cela dans les grands médias ?

 

PdA : Les Guignols ont 25 ans... Quel regard portez-vous sur leur évolution depuis une génération ? Les points positifs ? Ce qui l'est un peu moins ?

 

A.D. : En 1973, le subtil observateur Alain Peyrefitte a écrit Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera. Un document des archives de l’INA montre, la même année, un autre ministre de Pompidou, Michel Debré, expliquer, suite au  premier choc pétrolier , à quel point utiliser le terme de crise était un contre-sens. Car, par définition, une crise connaît une montée, un pic paroxysmique puis, un retour à la normale. Mais, cette fois, le monde entier, dit-il, entre dans une “ guerre économique sans fin .

 

Plus le peuple découvre les quarante ans de mensonges politiques, plus il comprend l'état de décadence du pays... Les Guignols, eux, continuent d'avancer sur des oeufs... ils n'osent pas.

 

Le mariage pour tous est une extravagante mine d'humour. L’objectif est clair, il mettra sur le marché le futur bébé garanti par l’État et produit en utérus d’élastomère, bébé pour tous et pour toutes les bourses des papas pédés. Après « Tu n’accoucheras plus dans la douleur », qui rayait de la Bible « Tu accoucheras dans la douleur », et pour faire vraiment la nique aux catholiques, le bouquet de la mariée arrive ; « Tu n’accoucheras plus du tout, la techno-science s’occupera de ta ligne ». Les industriels sont bien sûr partants pour concrétiser cette utopie, les jeunes que j’ai interrogés dans la manif du mariage pour tous aussi et, à terme, beaucoup de femmes seront intéressées. Le marché de l'embryogénie du bébé est là.

 

Ce qui est positif, dans les Guignols comme dans mon atelier, c'est d'avoir toujours plus de perfectionnements techniques ; je pense aux costumes, aux lumières, aux perruques, aux trucages, aux réalisations des petits films... Les voix sont parfaites depuis le début, le plus-que-parfait n'existe pas chez nous. Le “ plus-que-parfait ” n'est qu'une bêtise qui emmerde les enfants à l'école, alors qu'avant 5 ans, ils ont déjà instinctivement intégré la grammaire.

 

En philosophie politique, je dirais que les Guignols, comme nos spectacles, sont du divertissement d'avant-guerre. C'est ainsi. Mais dormez tranquilles, il n'y aura pas de guerre, seulement un long carême venue de l'économie ; cette fois, la religion n'est pas dans le coup.

 

PdA : Quels sont, sur toutes ces années, vos grands moments avec les Guignols ; en coulisses comme en tant que spectateur ?

 

A.D. : En coulisses, les fêtes de l'époque d'Alain de Greef. En tant que spectateur, Le monsieur te demande... et Mangez des pommes (la campagne de J. Chirac pour 95, ndlr). Le couple Papin-Cantona...

 

PdA : Quels secrets, quels scoops pourriez-vous nous dévoiler à propos des Guignols ? Quelque chose qui n'aurait jamais été révélé au public... ?

 

A.D. : Une marionnette de Chirac a été volée... une de Stallone perdue. Pour le détail.

 

Pour beaucoup plus gros : Canal + a dû verser 3 millions de francs à un producteur, celui avec qui j'ai été longtemps en procès. Cet escroc avait déposé le projet du programme des Guignols, à son nom, à une société de protection industrielle. Il pouvait faire chanter Canal + en disant, "Vous faites mon programme". Canal + a payé, ne voulant pas être éclaboussée par un procès.

 

À cette époque, Mitterrand disait à ses ministres, "N'allez jamais en justice, surtout si vous n'êtes pas dans votre tort !". La maison de production a pris ses 3 millions de francs, et plus personne n'a jamais entendu parler d'elle. Elle était sur liste noire pour toutes les chaînes françaises et d'Europe.

 

PdA : Revoyez-vous toujours Alain de Greef ? Les "historiques" de Canal ? Êtes-vous, vous aussi, nostalgique d'un certain esprit dont on a dit qu'il avait animé la chaîne à ses débuts ?

 

A.D. : Depuis que j'ai l'imail d'Alain, je vais reprendre contact. Philippe Genty et lui sont mes deux mentors. Je ne suis pas nostalgique d'un certain esprit, mais plus d'une volonté collective de faire des choses avec amour pour une bonne cause. Faire des marios pour une TV tunisienne qui pense amener, grâce à elles, de la laïcité au Maghreb... ça, ça a de la gueule !

 

PdA : Quels programmes aimez-vous regarder, sur Canal ou ailleurs ? Quel jugement de téléspectateur portez-vous sur la télé d'aujourd'hui ?

 

A.D. : Parfois Paris Première, le soir. Les chaînes d'info en continu, LCP, en particulier, avec Bibliothèque Médicis. Des films sur le bouquet Canal +, des chaînes thématiques sur la nature... Le  gros du reste me fait penser au mot anglais “ entertainement ”, traduit par divertir, ou distraire.

 

Ce flot ininterrompu de gens en couleurs, agités et bavards, semble maintenir en survie une moitié de  France en léthargie. Si ça s'éteint, j'imagine cette demi-France s'avachir sur elle-même, en compote sur les canapés. Mais l'autre moitié de la France est en pleine santé. Il y a toujours deux France qui se regardent en chien de faïence, depuis Jeanne d'Arc, depuis l'édit de Nantes, depuis la Révolution, depuis la dernière guerre. Quand je vote, je vote Bayrou. 

 

PdA : Quelles sont vos autres passions, celles que l'on ne connaît pas forcément de vous ?

 

A.D. : Mon paradis est de modeler un Guignol en écoutant un livre audio ; le dernier, c'était Ayrault au modelage, et Chagrin d'école, de Daniel Pennac, à l'écoute.

 

PdA : Vos grandes fiertés ?

 

A.D. : Ma fierté, c'est d'avoir regroupé dans mon atelier des gens qui s'aiment, qui aiment travailler ensemble et partent en vacances ensemble.

 

PdA : Des sentiments d'échec ?

 

A.D. : Ce que j'ai raté, magistralement, c'est de n'avoir pas su défendre, à Canal +, l'intégrité de l'activité liée à la marionnette face aux corporatismes, potentiellement virulents à la TV. Les voix sont faites par d'excellents comédiennes et comédiens-imitateurs. Leurs talents contribuent étroitement aux succès des Guignols. J'aurais voulu former une grande équipe de marionnettistes pouvant passer de la fabrication à la manipulation des marios. Les auteurs de Spitting Image s'amusaient à manipuler. Les manipulateurs que j'ai recrutés ou qui sortent de mon atelier n'ont donc qu'à suivre les voix des comédiens-imitateurs. Mais face à des producteurs délégués lambda de la TV... Ils ont réussi à installer une mini-corporation d'“ artistes-interprètes ”, payés le double des gens - beaucoup plus longs à former - qui travaillent dans mon atelier.

 

C'est ma honte, parce ce que, ce que je reproche le plus au diplodocus éducatif, c'est sa faculté à classer les humains en deux infirmités : les manuels et les intellectuels. J’affirme que se résigner à ces deux “ infirmités ” est une calamité pour le genre humain, et cette dislocation est très vivace dans les traditions culturelles françaises. Ces “ mutilations ” sont souvent subies, mais aussi très souvent choisies. Car on ne peut pas ignorer le fait que les postes enviés de pouvoirs, petits et grands, et les postes administratifs qui servent ces pouvoirs, sont concentrés principalement dans les “ mains maladroites ” de ceux qui se sont laissés enfermer étroitement dans le moule de l’intelligence d’adaptation au microcosme scolaire.

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

A.D. : J'ai écrit un film, aidé des frères Ringer, producteur et réalisateur, et j'ai créé une trentaine de personnages d'animaux humanoïdes pour ce film. Il s'agissait de démontrer que la décadence de notre démocratie n'est pas due qu'aux saillies capitalistes... Mais que la lente avancée de ses propres arthroses, inhérentes à sa culture de monoglote orthographeur assisté, plus cigale que fourmi dans sa non-anticipation, est aussi très efficace. Ce film est en stand-by pour l'instant, j'écris un livre audio pour le remplacer.

 

Alain Duverne 3

 

PdA : Aimeriez-vous adresser un message à nos lecteurs ?

 

A.D. : Pour vos enfants : n'attendez surtout pas grand chose de l'école, qui fait ce qu'elle peut, mais pensez bien que "c'est un devoir d'être heureux". C'est surtout valable pour les enfants qui n'ont pas une prédisposition naturelle pour le microcosme scolaire.

 

PdA : Un message... pour quelqu'un en particulier ?

 

A.D. : Pour Rodolphe Belmer, directeur de la chaîne Canal + :

 

Pourquoi ne pas faire un module de “ Guignols bis ” ? (plus tard dans la soirée, sur Canal Décalé, ou en rubrique spéciale dans les Guignols, avec éventuellement d’autres auteurs : “ La face cachée des Guignols ” ? “ L’antichambre des Guignols ” ?...)

 

Sous la forme d’une caméra cachée, dans des réunions privées. On y verrait, autour d’une table ronde (dans une cave à vin ?), autour d'un monsieur ou d'une madame tout-le-monde en latex, les hommes et les femmes politiques, chefs de partis et présidentiables, défaits de leur apparence publique, préparant un gouvernement d’union nationale. Ils chercheraient maladroitement les idées pour sortir par le haut des déclins du futur et chercher à refonder réellement la salle de classe.

 

Même si c'est faux, enfin montrer une capacité d'anticipation et d'innovation à la France...

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Alain Duverne ?

 

A.D. : D'avoir moins mal aux genoux !

 

PdA : Quelque chose à ajouter avant de conclure ? Merci infiniment !

 

A.D. : Dario Fo sortirait, "Nous sommes dans la merde jusqu’aux narines, que personne ne fasse de vagues !"...

 

 

MERCI, merci encore, cher Alain Duverne, pour ce témoignage exceptionnel, pour votre enthousiasme hors du commun. Continuez, avec votre merveilleuse équipe, à nous faire rêver. En espérant que les Guignols prendront le parti de nous faire, à l'avenir, davantage réfléchir. Phil Defer. Un commentaire ?

 

 

Les Guignols : le site web

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Présentation remaniée : 04/11/14.

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