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Paroles d'Actu

26 novembre 2014

Jeunes FN : Le Front en face

   Lors de notre entretien daté d'octobre 2013, Julien Rochedy, alors directeur national du Front national de la Jeunesse, affirmait, chiffres à l'appui, que son organisation était devenue le « premier mouvement jeune de France ». Cette assertion a été contestée par des responsables jeunes d'autres partis, c'est le jeu. Qu'importe. Personne ne pourrait contester, aujourd'hui, que le FN exerce une puissante force d'attraction et de conviction auprès de la jeunesse de France. Il est, de loin, le premier parti d'élection des jeunes - et les scrutins qui ont eu lieu cette année n'ont fait que confirmer cette tendance lourde.

   Dès la fin octobre, j'ai souhaité contacter quelques jeunes encartés au FN-FNJ. J'ai demandé à chacune et à chacun d'entre eux d'écrire un texte, leur texte sur la base de la proposition suivante : « Les résultats des élections de cette année et les sondages récents semblent confirmer le sentiment d'une montée en puissance véritable du Front National dans le paysage politique. Vous comptez parmi les jeunes militants du parti. J'aimerais vous demander de nous parler de votre parcours, de ce qui a déterminé et fonde votre engagement ; du diagnostic que vous établiriez quant à l'état de notre pays et des idées dont vous souhaiteriez la mise en application. »

   Ce document, j'ai voulu l'intituler « Jeunes FN : Le Front en face ». Parce qu'il est bon, je crois, de prendre la peine de donner à ces jeunes la parole - celle qu'ils expriment ici est libre, totalement libre. Parce que, dans tout débat politique qui se respecte, il convient, c'est le minimum, d'écouter l'autre, de chercher à le connaître, à comprendre ce que sont ses préoccupations. Il convient de bannir toute caricature, de rejeter toute simplification excessive. De regarder la situation telle qu'elle est. En face. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Jeunes FN Le Front en face

Marine Le Pen 

(Illustration : L'Express)

 

Euryanthe Mercier

Euryanthe Mercier: « Le vote FN, un acte d'espérance dans la politique » (02/11/14)

   Passionnée depuis mon plus jeune âge par la politique, la réalité des lycées de la République (racisme anti-blanc, absence de discipline, orientation idéologique des cours) m'a poussée à ne pas rester silencieuse, à m'intéresser à la "chose publique", à admirer la démocratie via des textes de Platon et d'Aristote, à rencontrer des militants de tous bords et de plusieurs pays, puis à m'engager. Mineure et encore naïve, j'ai soutenu Nicolas Sarkozy en 2012, faisant alors trop abstraction de son bilan. Puis, grâce notamment à mes études de droit, j'ai compris que les beaux discours n'étaient que des leurres, que sans pouvoirs nationaux, ils parlaient mais ne pouvaient agir. Je ne me suis pas engagée pour servir de caution à un courant "souverainiste et sécuritaire" d'un parti qui est pieds et poings liés entre atlantisme et mesures électoralistes ou pour aider un élu à conserver ses mandats au prix de compromissions idéologiques. Non, je voulais agir - à mon échelle - pour mon pays et mes valeurs !

   Si on se penche sur les positions du FN, on se rend compte que c'est le seul parti à considérer l'alpha et l'omega des maux de notre société, le seul à s'attaquer aux conséquences sans cautionner les causes, le seul attaché tant à la défense de notre civilisation qu'à notre souveraineté et nos libertés. Je me suis donc rapprochée du FNJ lors de la campagne des européennes, afin de militer pour Aymeric Chauprade (géopoliticien que j'avais découvert trois ans plus tôt via ses écrits sur les "révolutions arabes", et dont je me sens idéologiquement très proche). Ainsi, je pouvais défendre la famille (suite logique de mon engagement dans les "Manif Pour Tous" depuis 2012), notre peuple contre l'immigration, la France contre les institutions supranationales mais aussi œuvrer pour une réelle amitié et coopération entre les nations d'Europe.

   Au 21ème siècle, les touristes dépouillés par des gamins roms, les filles violées par des multi-récidivistes, les jeunes poignardés, la baisse du pouvoir d'achat et les tensions communautaires sont devenus des faits divers. La routine, tout comme la hausse du chômage chaque mois. Ça fait rêver... Voter FN, c'est avoir l'espoir qu'un jour le sentiment de sécurité prévale sur la réalité du laxisme pénal, l'espoir que la France recouvre son identité et sa souveraineté avant que ce pays millénaire ne disparaisse, l'espoir d'avoir besoin de son passeport pour longer le Danube, l'espoir que ma génération ait un autre avenir que le chômage ou l'émigration... C'est, en somme, espérer encore en la politique ! Les Français qui se laissent encore bercer par la petite musique UMP-PS-UMP-UDI n'ont donc plus qu'à se réveiller. Le plus tôt sera bien évidemment le mieux !

 

David Berton 

David Berton: « Le catalyseur de mes révoltes contre le monde moderne » (03/11/14)

   J’ai adhéré au Front National en 2010 et c’est en 2012 (lors de la campagne présidentielle de Marine Le Pen), qu’enfin j’osais passer d’un militantisme discret au pur militantisme et à la prise de responsabilité. Cet engagement fut une révélation dans mon être, l’appartenance collective à un projet commun prenait tout son sens. Le Front National devenait la famille patriote capable de réformer la société moderne et son appareil politique, ou du moins, d’être un acteur décisif dans une prise de conscience et un basculement politique et culturel. Cet engagement a été le catalyseur de mes révoltes contre le monde moderne. Là est bien le cœur de mon engagement : la défense de la tradition et de la substance de notre civilisation helléno-chrétienne, ainsi que la fondamentale nécessité de réformer les structures économiques et sociales modernes, qui sont le marteau de l’iniquité et de l’exploitation contemporaines.

   Si je suis un militant politique et si je me suis engagé au sein du Front National, c’est que l’urgence est prégnante, qu’une mort imminente semble s’aplatir sur la France et ses racines. Les civilisations sont constituées sur des piliers : culture, religion (ou transcendance) et peuple. Lorsque ceux-ci sont altérés ou en cours d’anéantissement, c’est toute la civilisation en elle-même qui périclite. En tant que Français, héritier d’une culture gréco-latine, d’une religion chrétienne et d’un peuple européen, je ne pouvais pas rester dans l’inertie d’une vie égoïste, construit uniquement sur sa propre jouissance et ses propres intérêts. La France est un destin collectif et, en tant que jeune Français, je me devais de répondre présent à la campagne de reconquête du pays par les enracinés. Le Front National incarne un rassemblement qui dépasse le clivage partisan UMP et PS obsolète et répond au véritable clivage : défenseurs de l’État-nation et défenseurs d’entités supranationales. Je me bats pour une République au service de la France, et non une France au service de la République. J’ai fait cette appellation mienne : « Si la France est chrétienne, la République est laïque » !

   Le constat est simple (et il nécessite de parler de la nature réelle du pouvoir) : la France est soumise (ainsi que sa classe politique) aux réseaux de domination économiques et communautaires. Voilà le vrai pouvoir ! Le politique n’est plus qu’un supplétif du pouvoir économique et des communautés. La France comme nation unie, ne tolérant que la communauté nationale comme socle identitaire, n’est plus qu’une idée... L’immigration de masse, qui entraîne le remplacement du peuple français, le chômage de masse et la destruction des acquis sociaux, la colonisation culturelle de notre pays par l’américanisation et l’islamisation, le transfert de notre souveraineté nationale (et donc la disparition de la France comme nation) à l’Union-Européenne, la soumission, et même l’accompagnement par l’UMP, le MoDem et le PS de cette situation sont les raisons qui font que je suis au Front National et que je soutiens Marine le Pen comme future présidente de la République française.

 

Pierre-Henri Eisenschmidt

Pierre-Henri Eisenschmidt: « Le FN n'existerait pas dans une France bien gérée » (13/11/14)

   Je fais partie de ces jeunes qui ont été séduits par le discours de Marine Le Pen. Son patriotisme et sa détermination m'ont convaincu de m'encarter au Front National en février 2014, de passer du statut de sympathisant à celui de militant. Quelques mois après, je devenais responsable de canton. Depuis tout ce temps, je milite activement, dans mon canton et ailleurs, au travers des distributions de tracts, dans les boîtes aux lettres, ou directement chez les gens, sur les marchés... Mon engagement a clairement été fondé sur ce patriotisme que l'on ne retrouve pas ailleurs que dans le discours de Marine Le Pen, un patriotisme qui passe par la protection de notre culture et de notre histoire qui, au fil des années furent, petit à petit, ignorées, voire oubliées. En adhérent et militant au Front National, en soutenant Marine Le Pen, j'ai choisi de soutenir la France, sa souveraineté, et sa liberté.

   Je pense que le Front National est la seule alternative possible à un système qui, jonglant entre UMP et PS, n'a fait qu'aggraver l'état de la France depuis quarante ans. Ces gouvernements, après de belles promesses, ne nous ont apporté que l'augmentation du chômage, des baisses de salaires et des augmentations d'impôts, une immigration massive... Un "suicide français", diront certains. Selon moi, l'UMP et le PS confondus n'ont plus rien à nous apporter, ils nous l'ont prouvé, ce durant de nombreuses années. De plus, il m'était insupportable de les voir appliquer le "front républicain" - qui devrait d'ailleurs plutôt s'appeler "front oligarchique", ou bien encore "front antidémocratique" -, et ce lors d'absolument chaque élection, en cas de second tour face à un candidat du Front National. Une preuve parmi tant d'autres de leur volonté de destruction de la démocratie en France, de leur mépris du peuple.

   Aujourd'hui, nous nous retrouvons de plus en plus devant un choix entre le système actuel, avec l'Europe, l'euro, l'immigration massive, incarné par l'UMPS, et le changement, avec le Front National. La montée du Front National montre clairement qu'il y a une prise de conscience par les Français de l'aggravation constante de l'état de la France et de l'incompétence de ceux qui nous gouvernent. Il suffit simplement de constater que, si les gouvernements UMPS qui se sont succédé pendant quarante ans avaient tenu leurs promesses et été compétents, le Front National n'existerait tout simplement pas, ou plus.

   La "machine à broyer" Europe a été un facteur aggravant de l'état de la France. À coups de concurrence déloyale, d'euro, de transmission de souveraineté à une oligarchie à Bruxelles, de destruction de frontières, la France a été, étape après étape, gouvernement après gouvernement, dissoute dans l'Europe. Cependant, on a pu observer, lors des élections européennes en 2014, que le peuple rejetait de plus en plus cette Europe. Comme le dit Marine Le Pen : « Je crois que le vent de l'histoire va vers les nations, vers les mouvements patriotes, qui veulent préserver la souveraineté des peuples qui, aujourd'hui, est totalement effondrée puisque l'Union Européenne nous a retiré notre souveraineté territoriale, notre souveraineté économique, notre souveraineté budgétaire, notre souveraineté législative. »

   Il est important, pour le bien de la nation, que soient mises en application plusieurs réformes dont voici les plus importantes à l'heure actuelle :

   la France doit retrouver sa souveraineté nationale, en reprenant le pouvoir, transféré à Bruxelles.

   la France doit retrouver sa liberté monétaire, la mise en place d'une monnaie nationale, d'un nouveau franc, est essentielle pour relancer notre industrie et notre compétitivité sur la scène mondiale.

   la France doit retrouver sa liberté économique, qui passe par la protection économique de ses frontières, et par la mise en place d'un véritable patriotisme économique.

   la France doit retrouver la maîtrise de ses frontières, avoir le choix de maîtriser et diminuer une immigration massive, et donc de pouvoir contrôler qui entre sur le territoire.

   Ces quatre points, pour n'évoquer que ceux-là, sont appliqués naturellement dans plus de 90% des pays du monde, l'Europe étant donc une exception, une anomalie dans le paysage mondial. On constate aisément que les promesses de l'Europe sont toutes fausses. Elle nous avait promis la croissance, or elle enregistre le taux de croissance le plus faible au monde. Elle nous avait promis l'emploi, elle nous a apporté le chômage. L'euro devait transformer l'Europe en zone la plus puissante au monde, il n'en est rien. Pour l'avenir de la France, il faut se recentrer sur la nation, sur le peuple. Et seul le Front National propose cela.

   Comme il est inscrit dans la Constitution du 4 octobre 1958 : « Le principe de la République française est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Ce principe a été totalement oublié par nos élites nationales, avec l'UMPS, et supranationales, à Bruxelles. Voilà pourquoi j'ai choisi de militer au Front National, de militer pour Marine Le Pen.

 

Kelly Poppy

Kelly Poppy« Débarrassons-nous du politiquement correct » (13/11/14)

   J'ai suivi les présidentielles de 2012. C'est à partir de là que je me suis intéressée à la politique et je me suis dès lors rapprochée du Front National, m'étant de suite reconnue dans le discours de Marine Le Pen ! Actuellement le FN est le seul parti à protéger notre identité, le seul à défendre l'histoire, la culture et les traditions françaises. Le FN est également le seul parti à défendre la souveraineté du peuple français face à cette Europe supranationale qu'est l'Europe de Maastricht. Enfin, c'est le seul parti démocrate restant dans ce pays puisque le seul à vouloir établir la proportionnelle pour les élections ainsi que le référendum à initiative populaire, outil essentiel à un peuple qui est souverain en son pays, définition même d'un système démocratique.

   L'état actuel de la France est critique et ne cesse d'empirer. Notre beau pays, la France libre, grande, puissante et indépendante du Général de Gaulle a disparu au profit d'une idéologie mondialiste. La classe politique est devenue une véritable caricature, semblant totalement déconnectée des réalités de nos concitoyens et alimentant au jour le jour des affaires qui ne cessent de s'accumuler. Nos dirigeants ont abandonné la France, la soumettant à Bruxelles et Washington. Ils ont abandonné le peuple aussi, le livrant à l'insécurité (alimentée par une justice laxiste), la précarité (la France compte deux millions de personnes vivant avec moins de 651 euros par mois, 3,6 millions de mal-logés, 3,5 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire, 8 millions de travailleurs pauvres et plus de 6 millions de chômeurs) et à une immigration massive, incontrôlée et non sélectionnée où des populations entières vivant dans de mauvaises conditions et sans espoir d'avenir se regroupent dans des zones dites de non-droit, zones où la terreur règne et où les communautarismes sont divers (altérant au passage notre identité).

   Aujourd'hui avec le système UMPS, la France fonce droit dans le mur. Le Front National est la seule alternative, notre seule chance de dire stop à cette décadence et de reprendre notre destin en mains. Il est temps de mettre le politiquement correct à la poubelle, là où est sa place. N'ayons plus peur de dire les choses, osons placer nos préoccupations au coeur du débat français. N'ayons plus peur de demander une immigration réduite, sélectionnée et contrôlée, et la priorité nationale. N'ayons plus peur d'un retour aux frontières, et la mise en place d'un protectionnisme économique intelligent. N'ayons plus peur de vouloir moins d'Europe et plus de France, avec un État fort et un peuple souverain. N'ayons plus peur du changement, du vrai !

 

Bruno Clavet 

Bruno Clavet: « Une alternative douloureuse, parfois... mais nécessaire » (17/11/14)

   Il faut savoir, dans un premier temps, que mon engagement a débuté en 2007 pour soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy qui, pour moi, incarnait le renouveau politique, le changement que les Français attendaient. Ayant toujours baigné dans une culture FN de par ma famille et mes amis, je n’étais pas réfractaire aux idées du FN mais je pensais qu’elles ne seraient jamais applicables sous la présidence de Jean-Marie Le Pen. L’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011 a apporté un souffle nouveau. Nous étions également à la fin du mandat de Sarkozy, que je jugeais raté. La crise était passée par là, les promesses non-tenues, le personnage, la peopolisation de la fonction… Bref, plein de choses qui ont fait que je me suis tourné vers le FN.

   De plus, j’ai pu acquérir ma propre culture politique à travers mon cursus scolaire et mes différences expériences à l’étranger. J’ai rapidement compris que les thèses du FN devenaient une nécessité. Pour citer Richelieu « La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire ». En effet, j’ai conscience de la dureté de quelques mesures proposées par mon parti. Toutefois, je pense qu’en politique, l’état d’âme n’a pas sa place, car c’est justement en voulant faire plaisir à tout le monde que l’on rend tout le monde malheureux.

   Ainsi, futur jeune diplômé, je voyais le chômage augmenter, l’insécurité exploser, l’Europe nous écraser, l’identité française disparaître, la justice devenir injuste, l’éducation et le savoir reculer, le communautarisme et l’islamisme s’installer. Toutes ces choses qui sont les fondements des thèses du FN. Voilà pourquoi j’ai adhéré, sans compromis, à cette idéologie patriote que je juge aujourd’hui salutaire. Cette foi en ce parti m’a permis de trouver la force et le courage de défendre ses idées contre vents et marées en étant candidat pour les municipales à Paris.

   Le constat que j’avais fait, à l’époque, sur l’état de la France s’est malheureusement avéré juste. Et aujourd’hui, c’est encore pire ! Je suis inquiet pour l’avenir des Français et des futures générations. Mais je ne vote pas FN par désespoir. Bien au contraire, je pense et crois encore qu’une autre politique est possible. Elle ne se fera pas sans heurt, mais l’alternative que nous représentons est nécessaire ! Si ce changement ne s’opère pas dans les années à venir, je pense que cela sera trop tard.

   Voilà pourquoi je soutiens à 100% l’action du Front National, parti dont je suis fier de porter les couleurs, qui ne sont que celles de la France. Nous avons souvent raison trop tôt, mais notre combat finira par payer. L’espoir fait vivre.

 

Vladimir Berezovski

Vladimir Berezovski: « Personne n'est capable de démonter nos thèses » (20/11/14)

   Né en Russie, je m'installe dans la Drôme en 2005. Je suis naturalisé Français en juillet 2011. J'adhère au Front national en avril 2012, dans la foulée du meeting de Marine Le Pen à Lyon. Je participe à la campagne des élections législatives en tant que simple militant, aux côtés de Richard Fritz. En septembre de la même année, je rencontre Julien Rochedy, alors directeur national du FNJ, à l'université d’été de La Baule. L’année suivante, je participe à la refondation du FNJ en région Rhône-Alpes. Au cours de la campagne municipale, je m'engage sur la liste de Valence tout en militant avec Julien Rochedy à Montélimar. À cette occasion, il me nomme chargé de mission FNJ de Valence. En juin 2014, je présente ma candidature au Comité central du Front national.

   Je pense que le choix que nous faisons en nous engageant dans un parti dépend effectivement de l'analyse que l'on fait d'une situation et des solutions que nous trouvons appropriées. Or, il me semble que pour les élites actuelles, le déni de réalité apparaît comme la condition sine qua non pour accéder et rester au pouvoir. La plupart des politiques actuelles sous-estiment de manière effarante la gravité de l'état de la France et de son évolution. Beaucoup se complaisent dans le luxe dont ils ont hérité sans se soucier véritablement d'un avenir sain, paisible et prospère pour l'Europe et plus particulièrement la France. On dirait que les intérêts à court terme pour beaucoup de politiciens sont bien plus attrayants que les efforts à fournir pour assurer à l'Europe l'avenir qu'elle mérite.

   D'après les derniers sondages, la grande majorité des Français (plus de 70%) estiment qu'il y a trop d'immigrés en France. De Gaulle disait à ce propos que la diversité n'était pas une mauvaise chose en soi, à condition que les immigrés restent une petite minorité, « sinon la France ne serait plus la France ». Il est donc évident pour la majorité des Français que préserver leur culture et ce qu'ils ont de plus cher, c'est-à-dire leur identité, leur singularité et donc leur existence même est prioritaire et urgent. La montée du Front National est multifactorielle et s'explique entre autres par le fait qu'aucun adversaire crédible n'est à ce jour capable de démontrer que les thèses du FN soient erronées car justement, elles n'ont jamais autant été en phase avec la réalité.

   Les Français ne sont pas dupes et je pense que c'est méprendre et mépriser profondément ce grand peuple que de continuer à appliquer ces politiques suicidaires. Les temps changent et nous devons nous adapter aux changements. Le multiculturalisme que nous ont tant vanté les élites arrive au terme de son échéance et il faut aujourd'hui de nouveaux hommes pour donner à l'Europe une tout autre direction. Pendant très longtemps, il est vrai, la France a été un pays d'accueil pour un certain nombre d'immigrés. Mais il a été longtemps question de populations très proches culturellement, et pour preuve : elles venaient quasiment toutes d'Europe.

   Le multiculturalisme englobant une immigration extra-européenne est très récent et chaque personne, en ouvrant un livre d'histoire, en regardant les photos des arrière-grands-parents ou en admirant les chefs d'œuvre du Louvre peut très bien constater que la France était composée avant le XXème siècle de peuples autochtones, "de culture grecque et latine et de religion chrétienne". La problématique se pose dans tous les pays européens et c'est ensemble, grâce à une alliance entre nations européennes, que nous pourrons relever l'Europe décadente et mourante.

   Les négociations et les partenariats avec les pays africains en faveur de la remigration sont pour moi la solution la plus pacifique. Il est très facile d'accuser quelqu'un de haine ou de racisme et ainsi le diaboliser pour lui faire perdre le combat. Il est un peu moins facile de cacher une réalité devenue bien trop pesante pour des millions de Français. Je ne pense pas que ce soit le FN qui ait crée cette situation ; je ne pense pas que ce soit le FN qui ait mis, massivement, des populations européennes et non-européennes côte à côte, ce qui a contribué in fine à les mettre dos à dos. Il eût en effet fallu beaucoup d'efforts et de moyens pour convaincre les Français qu'abandonner leur terre leur serait favorable.

   Il est donc grand temps de reprendre le flambeau d'une élite en perdition et surtout, de reprendre notre destin en main. Nous sommes dans une position où nous devons être résilients ou mourants. Je crois en l'enracinement des peuples, ici en Europe comme là-bas en Afrique. C'est une vision écologique de l'humanité, respectueuse des différentes entités qu'a vu naître la Terre dans tous les coins du monde dont la mondialisation sauvage, brutale et chaotique menace la survie. C'est parce qu'on ne veut pas d'une guerre déchirante en France que nous appelons de tous nos vœux au retour des immigrés non assimilés chez eux, sur la terre de leurs pères.

 

Mathilde Androuët

Mathilde Androuët: « Désamorçons méthodiquement ce qui mine notre pays » (21/11/14)

   Les derniers résultats électoraux comme les récents sondages confirment la persistance d’un sentiment largement occulté en politique et pourtant essentiel dans l’Histoire : l’espérance, l’espérance d’un jour meilleur. Le Front National doit, à mon avis, son succès à une alchimie étonnante qui peut même sembler contradictoire pour certains : l’alliance entre une lucidité froide dans l’analyse de notre actualité peu réjouissante et un espoir, une confiance absolue en la France et en sa capacité à renouer avec son destin de grande nation. Le Front National refuse de réduire la politique à des manœuvres de boutiquiers. La politique est un art noble, vivant, puissant, porteur de visions, de projets réels et non de calculs mesquins dont la seule visée serait de correspondre au carcan comptable d’une Union européenne antidémocratique et désincarnée. Dire que le Front National « surfe sur les peurs » est grotesque. Au contraire, il parle avec passion de la vie et du réel et se bat pour que ce réel reste bien vivant et que la vie reste bien réelle.

   Je pense que là réside la raison majeure de mon engagement. Diplômée, confortablement installée dans un métier de communicante où le franglais faisait office de dialecte et le branché de concept, je ressentais ce sentiment de vacuité largement répandu, et légitime, chez les jeunes trentenaires franciliens. Mais, fille d’artisan et ex-boursière habitant en banlieue, la réalité me décillait régulièrement. Face à cela, deux voies : ne rien faire, ne pas agir, par peur ou par conformisme, ou s’éveiller, et décider de ne pas regarder son pays glisser lentement mais surement dans un marasme économique et culturel profond. Piquée par la politique depuis longtemps, sûre qu’elle seule peut changer la donne de notre quotidien, j’ai pris ma carte au Front National.

   Pourquoi le Front National ? Pour les raisons invoquées plus haut. Le Front National met les termes justes sur des situations vécues par tous, souvent injustes. Cette lucidité, parfois dure à formuler ou entendre, présage d’une honnêteté intellectuelle. Une musique différente résonne dans la philharmonie des langues de bois de nos squatteurs télévisuels à la pensée pré-formatée.

   Les électeurs du Front National ont en commun un même constat sur la France. Oui, les institutions républicaines obéissent à la doxa tricotée par des commissaires européens non élus avant d’obéir à la volonté démocratique du peuple français. Oui, nous subissons une immigration massive qui déstabilise nos référents identitaires, notre modèle culturel, notre sécurité et notre modèle social. Non, les Français (et tous les êtres humains avec eux) n’ont pas vocation à devenir des pions que l’on interchange, met en concurrence sauvage, délocalise ou congédie en fonction des soubresauts financiers et des logiques d’individus ou de groupes privilégiés ayant le marché mondial comme échiquier.

   À ce courage intellectuel qui permet de travailler sur des bases solides et éclairées, s’ajoute la volonté inébranlable de redonner au peuple français sa souveraineté, la maîtrise de son destin. Cette espérance d’un jour meilleur pour et avec tous les Français. Cet attachement profond à l’indépendance de la France est ce qui distingue très clairement le Front National des autres partis. Il se traduit très concrètement par la volonté de recourir plus régulièrement aux référendums, de s’extraire de l’Union européenne, d’avoir une diplomatie indépendante, de maîtriser les flux migratoires, de gérer sa politique monétaire, budgétaire et sociale en fonction des seuls intérêts français et brider la folie libérale des marchés mondiaux qui contreviennent à l’épanouissement des peuples.

   Succinctement, il s’agit de désamorcer tout ce qui mine la vie politique, la vie quotidienne des Français. Ces fondamentaux mis en œuvre, la France trouvera un dynamisme et un regain naturels. Le reste ne sera que modulation et viendra de lui-même : sortis de la spirale européenne de l‘austérité, les Français retrouveront une liberté d’action aussi bien sur le plan économique que politique. Il est grand temps de reprendre les outils élémentaires de notre souveraineté : frontières, monnaie, pouvoir législatif, démocratie directe… De là, et de là uniquement, le phénix France reprendra son vol multiséculaire.

  

Jérôme Cochet

Jérôme Cochet: « Pour des politiques, des politiciens neufs » (21/11/14)

   Intéressé par la politique depuis mes 14 ans et militant depuis deux ans, je dois dire que la politique est pour moi autant une vocation qu'une passion. Diplômé de l'IUT de Nice en Gestion, de l'IEP d'Aix-en-Provence et de l'IAE de Nice en Management, j'ai toujours, à travers mes études mais aussi désormais à travers mes expériences personnelles et professionnelles, envisagé la politique comme un ensemble d'outils, de leviers et d'idées au service de la communauté nationale.

   Ce leitmotiv m'a mené vers un choix cohérent et évident, celui de l'engagement au sein du Front National. Cohérent puisque c'est avec le programme de ce parti que je me sens le plus en adéquation ; en clair, je respecte les mêmes valeurs, opinions et objectifs sur la plupart des sujets sociétaux. Et évident, au vu du constat alarmant que l'on peut faire sur le présent et l'avenir de notre pays : augmentation du chômage, explosion de l'insécurité, un modèle économique et social remis en question, un affaiblissement diplomatique, des pouvoirs régaliens soumis au diktat de Bruxelles, la non profitabilité de certains atouts et certaines ressources, un modèle sociétal figé et inadapté aux exigences de notre époque…

   Le Front National est le seul parti à dénoncer ces problèmes et à y apporter des solutions, voire des alternatives à l'immobilisme, au conformisme et à la soumission des politiques français de droite comme de gauche depuis maintenant quarante ans. Remise à plat de la politique d'immigration, sortie de l'euro, mise en place de la préférence nationale dans le domaine de l'emploi, développement stratégique du domaine maritime, organisation régulière de référendums, condamnation du communautarisme et de ses dérives… sont autant de solutions proposées et applicables par des hommes et des femmes politiques au service d'une seule cause et d'un seul intérêt, celui des Français et de la France.

   Voilà à quoi se résume mon engagement, aussi modeste soit-il. Au-delà de la critique, de l'opposition et du simple constat, il s'agit d'insuffler de nouvelles politiques, de proposer des idées neuves mais aussi - et surtout - des politiciens neufs.  

  

M.S.J.: « Que la jeunesse incarne le réveil français » (22/11/14)

   J’ai 20 ans, je suis en L3 de Psychologie, avec une formation de Philosophie. Je suis étudiante à Paris depuis trois ans, après avoir habité en province, près de Calais. Je suis adhérente au FN depuis 2012 et militante depuis février 2014. Mi-septembre 2014, je suis devenue adjointe de Gaétan Dussausaye à Paris, au FNJ.

   Mon engagement en FN a été motivé par une envie profonde de réagir. « De réagir à quoi ? », dira-t-on. En tant que jeune, il y a mille occasions de se réveiller. Il faut que la jeunesse se charge du réveil français. Pour la jeunesse d'aujourd'hui, c'est quasiment un "devoir" de réagir face à la destruction de la France, tant sur le plan de la civilisation que sur le plan économique. En tant que jeune, il est nécessaire de porter un message d’avenir. Nous sommes, au FN, la génération du changement.

   Le bilan de la France est catastrophique. Face à chaque situation, et devant chaque constat chiffré et reconnu, le jeune Français doit se poser des questions.

   l’emploi / l’entreprise : le taux de chômage est à 10,2% de la population active en France. Les jeunes ne voient leur avenir professionnel, pour la plupart, qu’en partant travailler à l’étranger. La France, au cours de ces trente dernières années, a perdu deux millions d’emplois. Comment est-il possible d’offrir un pays à des jeunes, à de jeunes Français sans emploi… ?

   la dette : la France est surendettée, la dette publique s'élève à plus de deux mille milliards d'euros (95,1% du PIB). Quand on sait que l’impôt sur le revenu est mobilisé directement pour le remboursement des intérêts de la dette, cela démotive les jeunes de travailler et d’acquérir un patrimoine.

   l’immigration : une question se pose. Une simple question de cohérence. Est-il cohérent de continuer à laisser entrer des personnes sur le territoire alors que nous avons énormément de chômeurs en France et que nous ne sommes pas en capacité de leur offrir de l’emploi... ?

   la sécurité : les nombres de cambriolages, d’émeutes, etc. augmentent. Les coupables ne sont pas punis. En ne punissant pas les coupables, on condamne les victimes et les innocents. Christiane Taubira voulait instaurer une peine « sans incarcération ». La jeunesse française peut-elle espérer un pays en paix pour l’avenir ?

   les budgets et les effectifs des armées, de la police sont très souvent remis en question. Parfois la police a même ordre de ne pas poursuivre les délinquants… Face à cela on se demande comment la protection des Français peut être assurée  ? D’ailleurs, elle ne l’est plus, certaines banlieues sont des zones de non-droit où la fonction régalienne de l’État ne peut plus s’exercer, laissant place à l’islamisme radical, aux trafics en tous genres et, demain, à l’imposition de la charia. La « libanisation » de notre patrie est en marche.

   l’éducation / la civilisation / la culture. Tous ces éléments qui constituent un pays modelant son avenir et sa jeunesse sont mis à mal. Les églises sont détruites alors que la loi de 1905 oblige le maire de la République à prendre soin de celles construites avant 1905. Les maires de la République prennent-ils bien en compte le fait que ces églises font partie de la culture et du patrimoine français et, qu’on le veuille ou non, de ses origines chrétiennes ? Détruire ces églises revient à détruire une partie de l’identité française. De fait, la République respecte-t-elle ses valeurs de laïcité quand le maire, par des biais plus ou moins détournés, permet le financement de mosquées, comme à Nantes ou à Bordeaux ?

   de même, pour l’éducation. La France est arrivée à la vingt-cinquième place du classement PISA (Program for International Student Assessment, ndlr), mené tous les trois ans. Elle a chuté de deux points par rapport en 2002. Le nombre d'élèves en difficulté augmente. Pourquoi les dirigeants français laissent-ils tomber leur jeunesse, notre avenir ? Œuvrent-ils seulement pour leur compte ou pensent-ils à l’avenir de la France  ? Qu’ont-ils fait de la célèbre formule d’Émile de Girardin, homme politique français, « Gouverner c’est prévoir » ?

   Les Français prennent conscience du danger. Ils ont besoin de sécurité, de travail, d’espoir. Nous devons restaurer l’autorité, la souveraineté et la justice. Voici donc les actions à mener. Pour cela, nous préconisons la souveraineté économique et monétaire. Le protectionnisme intelligent. En instaurant des droits de douanes, la mise en place de quotas d’importation, et le rétablissement de nos frontières.

   Je suis au FN car il est le seul parti à avoir des propositions fermes sur l’arrêt de l’immigration massive, la limitation à 10 000 entrées sur le territoire par an, ainsi que la lutte contre le communautarisme. Le FN veut sortir de cette Union européenne qui aliène les pays et leur volent leurs droits régaliens en effaçant sournoisement leurs droits et leur liberté. Le FN ne veut pas un repli sur lui-même, il désire une coopération intelligente entre les pays, comme cela se faisait jusqu’à la signature des traités de Maastricht, puis de Lisbonne - signé par Nicolas Sarkozy, contre la volonté des Français.

   Le FN est le seul parti qui parle de patriotisme, d’identité française. Comme disait François Mitterrand, « la civilisation commence par l’identité ». La conscience d’une identité, d’une culture, de nos racines, et d’une nation française est donc primordiale. Le FN a compris cela, et il sy tient, car c’est la clef de la vie en société, de l’unité d’un pays.

   En rétablissant le contrôle des frontières, il nous sera possible de réguler les délocalisations, les importations, les exportations. Le FN propose aussi de favoriser les PME et PMI, ainsi, cela créera de l’emploi en France, et les Français pourront travailler en France et vivre en France, car enfin, quel jugement porterait-on sur un pays dans lequel on ne pourrait vivre libre et bien ?

   Les jeunes ont besoin d’espoir et d’idéal. La montée du FN prouve que les jeunes désirent retrouver un pays libre. Aujourd’hui, avec le FN, nous travaillons à donner à cette jeunesse lespoir de pouvoir vivre décemment et librement dans leur pays et de pouvoir y élever leurs enfants.

 

Gabriella Paolinetti

Gabriella Paolinetti: « Pourquoi ne pas essayer un autre modèle ? » (23/11/14)

   J'ai décidé de m'investir pour le Front National à la fin de l'année 2012, après avoir assisté à un dîner-débat à Bordeaux qui avait pour invitée Marion Maréchal-Le Pen, tout juste élue député du Vaucluse.

   La politique m'intéresse depuis que je suis en âge de la comprendre. J'avais évidemment voté pour Marine Le Pen aux élections présidentielles, du haut de mes 18 ans. Le programme du Front National me paraissait être la seule solution aux innombrables problèmes qui gangrènent notre pays depuis des décennies.

   Peut être ai-je aussi été influencée par l'expérience de ma mère, qui est gardien de la paix depuis presque trente ans dans des ZSP (Zones de Sécurité Prioritaires), en l'occurrence, les cités à risques. Les médias appuient énormément sur les points "immigration" et "insécurité" du programme du Front National, alors bien sûr, ce sont des choses qui ont particulièrement motivé mon engagement au départ.

   Cependant, au delà des idées, la personne qui a provoqué ce déclic chez moi est Marion Maréchal-Le Pen. Elle disait ne pas vouloir être « spectatrice de son époque », ces mots m'avaient réellement touchée à l'époque. Elle qui n'avait que 22 ans et qui venait de devenir la benjamine de l'Assemblée. J'ai eu l'occasion de suivre son évolution jusqu'à aujourd'hui et elle ne cesse de forcer mon admiration, par son talent et sa ténacité. Elle est un véritable modèle pour nous, les jeunes du FNJ, et fait clairement l'unanimité.

   Ma première campagne en tant que militante a été celle des élections municipales de 2014. J'ai été colistière de M. Jacques Colombier sur la liste "Bordeaux Bleu Marine", en sixième position, et également membre de l'équipe de campagne. Par la suite, j'ai été amenée à déménager en Île-de-France, où l'on m'a confié le poste de responsable du canton de Maisons Alfort/Alfortville, dans le Val-de-Marne.

   J'ai pris conscience que l'état de mon pays devenait critique. L'Union européenne et sa monnaie sont un échec : ils ont provoqué une hausse du chômage et n'ont eu de cesse de creuser la dette de la France. Les gouvernements successifs de ces dernières décennies ont un bilan parfaitement minable, nous en payons aujourd'hui les conséquences, alors pourquoi ne pas tenter quelque chose de nouveau ? Pourquoi ne pas rendre sa souveraineté à la France ? Pourquoi ne pas privilégier la préférence nationale, comme le font 80% des pays du monde ? Pourquoi ne pas retrouver notre liberté monétaire face à l'échec de l'euro ?

   Le Front National apporte des réponses à ces questions essentielles que se posent de plus en plus de Français. Voilà pourquoi je pense que le vote "Marine Le Pen" est un vote de bon sens.

 

Antoine Sanial

Antoine Sanial: « Les Français se sentent étrangers chez eux » (26/11/14)

   Mon engagement au Front National est apparu comme une évidence à l’adolescence. En tant que jeune lycéen, curieux de connaître l’Histoire de France mieux que par les cours souvent trop succins et politiquement orientés de nos professeurs, j’ai lu, assez frénétiquement, des livres racontant ce qu’est la France, de Clovis à de Gaulle, avec une fascination toute particulière pour l’Empereur Napoléon Ier. Et c’est en découvrant cette glorieuse histoire, en prenant conscience de l’héritage colossal qui nous est légué à nous, Français, que j’ai réalisé que la France, ce n’est pas « une nation parmi les autres au sein de l’UE », ce n’est pas « une région dans un monde globalisé »… mais bien une entité qui survit aux individus qui la constituent depuis plus d’un millénaire, forte de valeurs et de particularismes propres. Alors oui, immédiatement, le discours de Jean-Marie le Pen m’a plu, et je ne voyais aucun autre parti pour remettre sur pied cette France tant aimée. Car lui, traité en véritable paria par les médias, et même par mon entourage… c’était un rebelle, qui n’hésitait pas à aller contre le discours bien rodé de ses adversaires, un homme de convictions, un patriote dont le courage éclaboussait tous les Français un tant soit peu lucides quant à l’impasse dans laquelle les (ir)responsables politiques de l’époque nous menaient. Ce sont donc non seulement les idées, mais également le personnage de Jean-Marie Le Pen, qui m’ont rallié à ce parti.

   Aujourd’hui, il est aisé de constater que les Français souffrent de nombreux maux, dont l’un des principaux est un problème identitaire. L’UMP l’a compris, en essayant de donner du grain à moudre à son électorat, avec le fameux « débat sur l’identité nationale », qui s’avéra être un pétard mouillé. Les mêmes politiciens qui font mine de se soucier de la question en sont pourtant les premiers responsables. En menant une politique d’intégration mortifère, qui a conduit à progressivement effacer la France, faire table rase du passé, de ce que nous sommes, afin de mieux « intégrer » des populations étrangères toujours plus nombreuses, ils ont détruit l’essence même de la nation. Au lieu de dire à ces populations, « Vous devez vous adaptez aux règles et au mode de vie du pays qui vous accueille », on leur a dit, « Venez avec votre culture et vos coutumes ». À l’intégration, il fallait préférer l’assimilation. Mais s’assimiler… à quoi ? Comment un jeune d’origine étrangère peut-il vouloir aimer une France dont il ne connait finalement rien ? Ils ne l’apprendront pratiquement plus à l’école, particulièrement depuis 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avec la réforme des programmes scolaires qui a balayé nos héros de l’enseignement.

   Plus généralement, la France est perçue comme une ville de la mégalopole Europe, comme un quartier du grand village planétaire. Les symboles et les traditions sont oubliés, le patriotisme est raillé au profit d’une « citoyenneté mondiale », sans frontière et sans attache. En déracinant ainsi les individus, en supprimant la bannière commune qui les unit, sous laquelle tous les Français qui ont la patrie au cœur, sans distinction d’origine, peuvent se rassembler, l’on favorise la division et le communautarisme. La France est progressivement dissoute ; pourtant la nature a horreur du vide : la preuve en est aujourd’hui. Le sentiment d’appartenance nationale est de plus en plus présent au sein du peuple, les Français sont las de se sentir étrangers dans leur propre pays, et cela se traduit notamment par la montée exceptionnelle du Front National aux dernières élections. A noter, en outre, l’immense part des jeunes, y compris d’origine étrangère, qui ont voté pour le parti de Marine Le Pen. Le vrai clivage politique a lieu, aujourd’hui, entre les mondialistes incarnés par l’UMP, l’UDI et le PS, et les patriotes de toutes origines et de tous horizons politiques, qui se reconnaissent au FN.

   Je crois que le vote Front National est incontestablement un vote d’adhésion, n’en déplaise à Monsieur Copé ou à Madame Yade (entre autres). Les Français veulent voir appliquer le programme du Front National, à commencer par les dispositions relatives à l’immigration. Il devient absolument urgent, aujourd’hui, de réduire drastiquement les entrées sur notre territoire. Et loin des caricatures de nos détracteurs quand aux « murs et aux barbelés », il suffit pour cela de couper les pompes aspirantes de l’immigration, que sont les prestations sociales fort onéreuses, payées par les contribuables français, parfois plus avantageuse pour des étrangers clandestins que pour les Français eux-mêmes. Je pense, notamment, à l’Aide Médicale d’État. Cette situation est inacceptable. Nous ne sommes, en tout état de cause, plus en mesure, au regard de notre taux de chômage alarmant et de notre dette publique exorbitante, de recevoir encore des hordes de migrants. C’est une politique menée en dépit du bon-sens, qui ne profite qu’à ceux qui voient dans ces immigrés une population prête à travailler à bas coût, et qui saura, le cas échéant, fermer les yeux sur d’éventuelles entorses au Droit du travail français.

   Enfin, en matière de politique étrangère, il faut bien entendu cesser le rapport de soumission que l’on entretient envers les États-Unis, sortir bien entendu de l’Otan, qui est une structure qui ne présente strictement aucun intérêt depuis la chute de l’URSS, et favoriser un rapprochement avec notre allié russe. La stratégie du non-alignement est à promouvoir, ce qu’avait plutôt bien réalisé le président Chirac, mais qu’ont tristement battu en brèche ses deux successeurs…

 

Arnaud de Rigné

Arnaud de Rigné: « Quelque chose d'immatériel, de spirituel, presque... » (27/11/14)

   Dans un monde où les médias jouent un rôle essentiel dans la transmission de l'information, il paraissait évident que mon intérêt pour la politique découlerait d'un événement majeur. Ce fut l'accession de Marine Le Pen à la tête du Front National. J'avais donc 14 ans à l'époque, et l'état pathétique dans lequel nos dirigeants d'alors avaient mis la France m'apparaissait révoltant, tant sur le plan économique que social.

   Alors, après m'y être intéressé de près, j'ai fini par adhérer au Front au mois de mai 2012, peu après la présidentielle, et parce que je voyais en Marine Le Pen la seule personne dans le champ politique à pouvoir accéder au pouvoir. Puisqu'elle avait toutes les qualités d'une femme d'État, je voulais qu'elle soit élue, car j'épousais les idées patriotes depuis un petit moment déjà.

   Issu d'une filière économique et sociale et m'étant dirigé vers le droit par la suite, j'ai été immédiatement surpris et intéressé par le programme de Marine Le Pen qui était complètement différent de celui des autres. A l'heure où, en cours, des professeurs mondialistes m'expliquaient de façon utopique qu'une politique de relance ne pouvait se faire qu'au niveau européen (puisqu'ils refusaient l'hypothèse de frontières économiques nationales qui auraient pourtant permis une telle politique !), le Front National me montrait qu'une relance économique était tout à fait envisageable au niveau national, à condition d'avoir de vraies frontières. Pour reprendre l'expression de l'un de nos candidats aux municipales, notre devoir est de faire renaître le « tissu économique local », depuis longtemps laissé à l'abandon par ces élites qui n'ont d'yeux que pour les multinationales.

   La facette économique du programme de Marine Le Pen et du Front National n'est pas la seule à m'avoir fait adhérer. Il fallait quelque chose d'abstrait, d'immatériel, de spirituel presque : c'est la nation, et avec elle, notre République une et indivisible. C'est aussi cela qui m'a poussé à m'intéresser à un parti qui, de toute évidence, refuse ces délirantes discriminations positives ; un parti qui, lui, n'a pas pour ambition d'acheter la paix sociale, mais de régler les problèmes, même par la force publique, s'il le faut. Ayant évolué dans les quartiers nantais réputés "difficiles", j'ai vu, jour après jour, la République reculer face à des groupes organisés prétendant "faire la loi". L'insécurité et le communautarisme grandissants l'ont démontré, et le laxisme d'État n'a fait qu'aggraver le problème. L'immigration massive de populations qui n'ont pas pu être assimilées (notamment à cause de leur nombre et de ce communautarisme) ayant conduit en partie à cette insécurité, nous devons maintenant élaborer notre plan d'action pour agir dans les cités et enrayer enfin le triptyque immigration - communautarisme - laxisme.

 

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26 novembre 2014

André La Rocque : "Le Suicide français de Zemmour, un livre d'espérance"

Sur le site du Bréviaire des Patriotes, auquel il collabore régulièrement, André La Rocque, 20 ans, se présente comme un « jeune patriote français, étudiant républicain réactionnaire amoureux de notre patrimoine culturel ». Je lui ai demandé d'écrire pour Paroles d'Actu un texte non contraint exprimant le ressenti, les réflexions que lui ont inspirés ses lectures attentives du Suicide français d'Éric Zemmour (Éd. Albin Michel). Je le remercie d'avoir accepté de se prêter au jeu. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

André LA ROCQUE « Le Suicide français

de Zemmour, un livre d'espérance »

 

   À coup sûr, les historiens du futur feront un cas d'école de l'épisode abracadabrantesque qui a touché la France en ces jours d'automne. Injures, réquisitoires malhonnêtes et bande de ridicules se sont courus après. Que s'est-il passé ? Un penseur réac' a rédigé de sa main un recueil s'opposant, non sans talent, à la pensée tout autant bienséante que mortifère qui gouverne une époque gangrenée, profondément malade.

   Chacun en France s'attendait évidemment à ces cuistreries de rebellocrates, s'attendait à ce que l'on cisaille un tel livre façon Petit Journal. Naturellement, il fallait faire croire que le poil à gratter qui s'était glissé dans leur chemise repassée ne tracassait pas plus que ça. Le pire, c'est que, plus on en faisait, plus Le Suicide français se vendait. Comme des petits pains. Le serpent se mordait la queue. Il se la mord encore.

   Si Monsieur Zemmour a fait peur à tant de monde, si on l'a tant invité - en vue de le démolir -, c'est certainement parce que sa critique du capitalisme contemporain est, à ce jour, la plus adéquate. N'en déplaise aux plus puristes des marxistes, il y'a bien « des » capitalismes, selon les ans. On parle d'un système qui ne cesse de digérer les oppositions qu'on lui soumet. Rappelons qu'il tire un immense profit des ventes de papiers anticapitalistes. Mais l'essentiel réside ailleurs.

   Le capital a le pouvoir ravageur de se remodeler, de s'adapter pour semer ses contradicteurs les plus féroces. À la fin du XIXème siècle, les prolétaires, pétris de culture marxiste, avaient pris conscience de leur intérêt de classe; les capitalistes ont finement confondu les intérêts ouvriers avec les leurs. De sorte qu'en cas d'effondrement du système, tout le monde a des acquis à perdre. En mai 68, c'est une critique "artistique" qui a pris le pas dans la confrontation au système : « Vais-je perdre ma vie à la gagner ? », « Dois-je me résoudre à pourrir au sein de ma civilisation ? ». Comme toujours, la critique de la société de consommation est passée à la trappe. On se demande si, en ce cas, là n'était pas son destin congénital. Le capitalisme moderne a parfaitement su monnayer les idéaux de liberté, a offert Paris-Plage à ceux qui en demandaient une sous les pavés. Il a joyeusement piétiné les frontières nationales, dont il devait s'extraire, pour son grand bonheur, imposer l'insécurité de l'emploi, et tant d'autres maux... C'est cela aussi, la liberté, cruelle et oppressante. [1]

   Ils ont gagné, ils gagnent, les richards : ils réduisent le monde entier à un simple magasin mondial dans lequel les hommes, apatrides et asexués, finissent parfaitement corvéables et consommateurs débridés, démunis de tout complexe civilisationnel. On ne disposerait plus, en leur projet nihiliste, de la moindre attache traditionnelle, serions des êtres remplaçables, simples individus nés on ne sait trop où pour on ne sait trop quoi. Une atomisation générale. Le merveilleux portrait zemmourien de l'ancien patron de Renault, Louis Schweitzer, fortuné sans morale, mondialiste convaincu en faits et en pensées, engagé à SOS Racisme, transcrit un idéal-type du monde dans lequel nous vivons.

   L'illustre philosophe Jean-Jacques Rousseau a si justement écrit, « Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d'aimer ses voisins. » [2] On admire les flux lorsque l'on vit dans les aéroports; la race sédentaire les maudit car elle vit sur des racines. Seuls les naïfs seront étonnés que la caste médiatico-politique ait préféré passer du temps d'antenne sur la prétendue réhabilitation de Vichy - sur laquelle on ne s’appesantira pas -, plutôt que pour cette critique, mère de toutes les autres.

   Il s'agit de comprendre que le système se rit des internationalistes de tout poil, de l'esprit de Woodstock. La pensée forte de Marx s'arrête ici devant toute application positive : elle constitue la négation même du politique. Toute interprétation de Marx est, de fait, hautement contestable. Dans sa vision le capitalisme prépare son lit de mort, et l'Homme, être tranquille, patiente à son chevet. Il apparaît que changer la réalité que nous connaissons contraint à l'action. C'est de raison que la réaction s'impose comme le seul recours : il ne saurait y avoir de justice sociale en l'absence d'un État providence, autonome et stratège. Et il n'y a, de nos jours, de patriotisme véritable que dans la réaction.

   L'Histoire, la tradition, la nation... Tant d'êtres que les amis du grand marché veulent voir s'éteindre, au profit d'une fantasmagorique citoyenneté du monde. C'est à ces êtres martyrs qu'il convient de se raccrocher, pour que jamais la culture de l'oubli ne puisse nous rogner, ce jusqu'au cœur de ce que nous portons. C'est aux négateurs de la mémoire et de l'âme que nous devons répondre, à ceux qui jouissent d'une conception bien insultante de l'humanité. Il faut le clamer : en vitupérant contre les racistes, les ennemis de la cause du peuple, les barons de la peur, ils ne font que renvoyer leur propre visage sur leurs contradicteurs.

   Je suis convaincu que ce n'est pas le brillant historien auteur de Mélancolie Française et de ce bel essai qui me contredira. Son rapport passionnel avec le roman national a de quoi nous inspirer. Mais, au-delà de l'historien, Éric Zemmour a le mérite évident de ramener la réalité en termes de classes et de dynamiques, plutôt qu'aux termes de cas singuliers et de relativisme permanent. Il est cet homme au cœur "vieille France" qui, comme tant de Français, ne peux endurer davantage le mépris constant des plateaux télé. Il est de sa génération, témoin de l'installation et de l'enracinement d'une idéologie. Ce droit-de-l'hommisme, qui a conquis et enlaidi les faits sociaux majeurs de notre civilisation : la politique, la chanson, l'art en général, la justice, le football...

   C'est bien l'histoire d'une revanche sur le roman national qui est entre nos mains, d'une revanche sur l'idéal républicain comme sur la France éternelle. Tout y passe : la course folle vers l'Union oligarchique européenne, le féminisme et l'antiracisme forcenés et obligatoires, le « libertarisme » prosélyte, la haine de soi, le triomphe du marché, BHL, Coluche, Lilian Thuram... Il est louable qu'il ait abordé les problèmes ainsi : on retient bien mieux l'emblématique que le pompeux. On en ressent peu à peu la médiocrité qui nous est parvenue aujourd'hui.

   « L'optimiste est un imbécile heureux. Le pessimiste est un imbécile malheureux. » écrivait feu Georges Bernanos. [3] Tous attestent que le journaliste Zemmour souffre de la seconde tare. D'aucuns brocardent le constat pathologique qui coule de ces pages, la névrose qui pousserait les Français au suicide. Mais, comme l'a relevé si justement Jean-Marie Le Méné sur Radio Courtoisie, il « déconstruit les déconstructeurs » [4], et, par conséquent, deux négations ne pouvant former qu'un positif, c'est un livre d'espérance.

   Ce récit est un voyage dans les abysses de la modernité; il n'est sous aucun prétexte en opposition avec le Roman de Jeanne d'Arc de Philippe de Villiers. Il doit soulever le cœur de chaque être français afin que renaisse, brille à nouveau et de mille éclats la France d'antan, la France véritable, la France de Clovis à Rousseau, la France comme phare des nations. Pour qu'elle soit prête à accueillir ce nouveau Bonaparte que ce peuple mérite et appelle de toute son âme. Une idée si épurée peut très bien se passer des corps intermédiaires qui ne cessent de la souiller.

 

1   Pour poursuivre cette critique utopiste du capitalisme moderne, nous conseillons vivement l'ouvrage duquel est inspiré largement cet écrit : BOLTANSKI Luc, CHIAPELLO Ève, Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999, 843p.

2   L’Émile ou De L’Éducation (Livre premier), Paris, The Hague Chez Jean Néaulme, 1762.

3   Les grands cimetières sous la lune, Paris, Éditions du Seuil (1997), 1938.

4   RADIO COURTOISIE. « Entretien avec Éric Zemmour ». 12 Octobre 2014

 

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23 novembre 2014

Lionel Dutemple : "Je suis fier de faire partie de l'aventure des Guignols"

Lionel Dutemple fait partie de l'équipe d'auteurs des Guignols depuis 2000. En mars-avril 2013, il avait bien voulu répondre à mes questions, pour Paroles d'Actu. Un document que je vous invite à lire ou à relire, ici. Quelques jours après les "célébrations" qu'a organisées Canal autour de ses trente ans, il a accepté, avec la même gentillesse, de se prêter de nouveau au jeu. Moi, dans mon coin, je suis fan, toujours. Et je lui dis « merci ». ;) Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

LIONEL DUTEMPLE

 

« Je suis fier de faire partie

de l'aventure des Guignols »

 

Auteurs des Guignols

(Photo fournie par Lionel Dutemple, éditée par Paroles d'Actu.

De g. à d. : Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen, Benjamin Morgaine)

 

Q. : 10/11/14 ; R. : 23/11/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Lionel Dutemple. Je suis heureux de vous retrouver pour cette nouvelle interview, un an et demi après notre premier échange...

Allez, la question est d'actu, commençons par là... Canal vient de fêter ses trente ans, je crois que tout le monde ou à peu près est au courant, maintenant. Parlez-nous de vos souvenirs forts de téléspectateur de la chaîne ?

 

Lionel Dutemple : Vous allez etre déçu ! J'avais pas Canal, dans le village où j'habitais. Et à la période soi-disant faste de Canal, dans les années 90-95, j'étais même pas en France. Donc, quand on m'a parlé des Nuls, des Guignols, etc, je savais même pas ce que c'était... J'ai quasiment commencé à regarder quand j'ai commencé à écrire pour la chaîne, sur la série H, en 97... et encore...

 

PdA : Est-ce que vous diriez, vous aussi, qu'avec les années quelques morceaux du fameux « esprit Canal » ont été perdus en route ?

 

L.D. : J'en sais rien, j'ai jamais su ce que c'était vraiment. L'« esprit Canal », c'est un vent de liberté qui a soufflé sur la télé quand la chaîne a débarqué, mais comme a dit Michel Denisot récemment, vu qu'il y avait trois chaînes à ce moment-là, c'était pas non plus si difficle que ça de se démarquer de la morosité de l'époque...

 

PdA : Il y a quelques jours était programmée la Boîte à musique des Guignols. Bon, je n'ai pu voir cette émission, Canal ayant choisi de convier uniquement ses abonnés payants à ses soirées d'anniversaire. Mais j'en ai vu quelques images, eu quelques échos... Que retiendrez-vous de cette émission exceptionnelle ?

 

L.D. : Je retiens surtout qu'après vingt-six ans, cette émission tient toujours la route, et que je suis fier de faire partie de cette aventure abracadabrantesque. Les Guignols est une des seules émissions au monde à avoir autant de liberté - avec le JT de 13 heures de Pernaut.

 

PdA : Permettez-moi, à présent, de vous faire part d'un avis : le mien, celui d'un téléspectateur fidèle. J'ai trouvé que, pour reprendre votre expression d'avril 2013, les Guignols, ça a « ronronné » un peu, quelques jours après la rentrée. Et que vous vous êtes bien redressés, ces dernières semaines : je pense aux sujets tournant autour des trente ans de Canal, à l'objet emblématique de Denisot, notamment. Sans oublier cette trouvaille qui, perso, me fait beaucoup rire - et je ne suis pas le seul : bébé Macron et ses deux papas. Bref... comme diraient les autres, j'en viens à ma question : quel premier bilan tirez-vous de ce début de saison 2014-15 ?

 

L.D. : C'est impossible à dire. On n'a aucun recul sur ce qu'on fait. On fait ce qui nous fait marrer et nous passe par la tête, du coup, certaines fois ça fait rire, d'autre moins. Chaque année a son lot de nouveautés... ou pas. On essaie d'être créatif pour ne pas se répéter, mais sur une quotidienne, c'est difficile. On doit écrire huit a neuf minutes nouvelles chaque jour. Un comique lui, écrit quarante-cinq minutes drôles et tient cinq ans avec, quand c'est pas plus... Du coup, les semaines où c'est « ronronnant », comme tu dis, c'est juste qu'on est pas inspiré par l'actualité, ou que c'est l'actualité qui ronronne... (une bonne excuse en tout cas :))

 

PdA : J'évoquais à l'instant le petit nouveau, comment ne pas le faire, il est irrésistible, votre bébé Macron, ses papas François (Hollande) et Pierre (Gattaz) ne s'y trompent pas d'ailleurs. Parlez-nous de ce personnage ? Vous en êtes contents ?

 

L.D. : On nous en parle beaucoup, mais on n'est pas non plus en extase, c'est pas la trouvaille du siècle. Macron, c'est un bébé, un peu par son jeune âge, mais surtout car c'est LE bébé du socialisme et du libéralisme. C'est ça qu'on trouve intéressant.

 

PdA : Quels sont ceux de vos personnages pour lesquels vous avez la plus grande tendresse ?

 

L.D. : Chirac peut-être, pour sa longévité. Il est de retour dans la guerre Sarkozy-Juppé à travers sa rivalité avec sa femme Bernadette. Moi, ça me fait plus rire, Chirac qui loue un nain à Bernadette - puisqu'elle est fan de Sarkozy -, que bébé Macron. Mais les deux me font rire, comme Bayrou fan de Juppé, Valls qui est obsédé par l'entreprise, Bielsa (manager de l'OM, ndlr) qui insulte sa traductrice, etc, etc...

 

PdA : Quelles révélations pourriez-vous nous livrer en exclu s'agissant des marionnettes dont l'introduction est prévue ou envisagée ; des évolutions que vous auriez envie d'apporter à l'émission ou à tel ou tel personnage ?

 

L.D. : Une mario pas très funky débarque, celle de Bolloré, qui est devenu le boss de Vivendi, donc de Canal, donc des Guignols. La façon dont marche le monde aujourd'hui à travers ce genre de personnage est assez fascinante. UN type rachète 4% d'une boîte et en devient le mentor, sans avoir d'autre talent que d'avoir du fric (même si Bolloré a réussi autrement, peu importe, c'est un exemple des forces qui nous gouvernent aujourd'hui et qui ont plus de pouvoir que les hommes politiques).

 

PdA : « J'aimerais qu'un film des Guignols voie le jour au cinéma. Et j'aimerais être de ceux qui vivront cette aventure. » Je vous cite, in Paroles d'Actu. ;-) L'idée a-t-elle fait un peu de chemin, depuis ? Vous aviez apprécié la Fiction qu'avaient conçue vos prédécesseurs il y a quinze ans ?

 

L.D. : Il y a beaucoup d'obstacles a un film des Guignols, des obstacles techniques notamment, mais pourquoi pas, on y pense toujours un peu, même si ça paraît lointain.

 

PdA : J'avais beaucoup aimé, en tant que gamer PC fan des Guignols, l'excellent Cauchemar de PPD (1996), jeu brillamment écrit qui nous mettait dans la peau d'un patron de chaîne prêt à tout pour remplir sa grille de programmes et dépasser ses adversaires. Peu avant, un premier jeu, Les Guignols de l'info (1995), nous invitait à incarner un journaliste en mal de scoop.

Est-ce que vous aviez joué à ces jeux ? L'idée d'en lancer un nouveau - qui nous ferait vivre la présidentielle de 2017 du côté de tel ou tel candidat par exemple - pourrait-elle vous séduire ? Dites « oui », please ! ;-)

 

L.D. : Notre petit nouveau, Benjamin Morgaine, en a créé beaucoup, et il aimerait bien en faire un des Guignols, donc qui sait...

 

PdA : « Je regarde les Guignols presque tous les soirs, et avec le même plaisir depuis le début. Même si je suis bien placé pour savoir qu’on n’est pas Molière tous les jours, je trouve les auteurs très pertinents. » C'est en ces termes qu'Alain de Greef, patriarche de la grande et belle famille des Guignols, avait évoqué votre travail pour Paroles d'Actu, en septembre 2012. Y'a-t-il un message que vous souhaiteriez lui adresser ?

 

L.D. : On est resté en contact, et il sait à quel point je l'admire, et notamment pour la ténacité qu'il a eue pour imposer les Guignols qui, pendant deux ans, n'ont pas été du goût de grand monde. Mais il y a toujours cru, et il a bien fait. Sans lui, cette émission culte n'aurait jamais existé.

 

PdA : Quels sont vos projets, vos envies, Lionel Dutemple ?

 

L.D. : J'écris pour le cinéma et les Guignols, c'est largement suffisant à mon bonheur.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

L.D. : Merci de continuer à regarder les Guignols, malgré leur grand âge. Je vieillis sûrement, je me la raconte peut-être, mais quand je regarde le paysage audiovisuel d'aujourd'hui, ou ce qui passe sur internet ou les fameux réseaux sociaux, je ne vois rien d'aussi drôle, d'aussi pertinent et libre que les Guignols de l'info

 

PdA : Merci infiniment...

 

 

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Les Guignols : le site web, la page Facebook...

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6 novembre 2014

Frédéric Quinonero : "Johnny a été le grand frère que je n'ai pas eu"

Le 22 octobre dernier, alors que les « Vieilles Canailles » (Eddy Mitchell, Jacques Dutronc, Johnny Hallyday) s'apprêtaient à entamer leur série de concerts, Frédéric Quinonero - qui m'avait fait l'amitié de répondre à mes questions sur Michel Sardou au mois de juin - voyait son nouveau livre, Johnny, la vie en rock, investir les étals des librairies. C'est le troisième ouvrage qu'il consacre à celui que nombre de francophones de toutes générations appellent toujours, plus de cinquante ans après, et avec la même affection, « l'idole des jeunes ». Une bio massive, très complète, qui fera date. Il a accepté, à nouveau, de m'accorder un peu de son temps. D'évoquer le Johnny qu'il aime et qu'il a appris à connaître. De se confier, aussi. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FRÉDÉRIC QUINONERO

Auteur de Johnny, la vie en rock

 

« Johnny a été le grand frère

que je n'ai jamais eu »

 

Johnny La vie en rock

(Source des illustrations : F. Quinonero)

 

Q. : 31/10/14 ; R. : 04/11/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Frédéric Quinonero. Je suis ravi de vous retrouver, quelques mois après notre première interview. Votre dernier ouvrage, Johnny, la vie en rock, vient tout juste de paraître (Éd. Archipel). Pourquoi avez-vous eu envie d'écrire ce nouveau livre sur lui, d'entreprendre ce travail colossal ?

 

Frédéric Quinonéro : J’avais écrit précédemment un livre qui se présentait sous la forme d’un agenda ou journal de bord, puis j’avais abordé la carrière de Johnny à travers la scène. Depuis longtemps, je rêve d’une énorme biographie, qui soit la plus complète possible, la plus riche, la plus documentée. Émaillée de témoignages de gens célèbres ou anonymes, dont certains rarement ou jamais sollicités. Une telle somme ne s’écrit pas en six mois ni même un an, c’est le travail de toute une vie.

 

Je voulais aussi quelque chose de très écrit, qui sans trop quitter la technique obligée de la biographie, impose un style d’écriture personnel. J’ai envie qu’on me juge autant sur la forme que sur le fond. Et je suis assez frustré quand on ne se soucie pas du premier élément qui me semble indispensable à tout auteur, fût-il biographe de stars.

 

PdA : Quelle est l'histoire de, précisément, votre histoire avec Johnny Hallyday ?

 

F.Q. : Mon histoire avec Johnny commence en 1969. J’avais six ans. Une histoire de fan, qui ressemble à des milliers d’autres. Je vois le « show Smet » à la télévision ; je tombe en admiration devant ce chanteur si charismatique. Le lendemain ou la semaine suivante, mes parents m’achètent le single de Que je t’aime, puis pour Noël « l’album au bandeau » (album sans nom sorti en 1969, ndlr). L’été suivant, ils m’emmènent l’applaudir dans les arènes d’Alès — à moins que ce soit Nîmes. Ils gardent un souvenir de moi ce soir-là, comme hypnotisé, envoûté.

 

J’ai grandi avec Johnny et ses chansons ; il a été le grand frère que je n’ai pas eu. Aujourd’hui j’ai un regard de biographe, mais je ne peux me défaire de mon regard de fan. Ce que j’écris est inévitablement chargé de mon amour pour lui. Je l’ai croisé plusieurs fois dans ma vie, sans jamais provoquer une vraie rencontre. Récemment, répondant à la suggestion de mon éditeur qui m’a dit : « Quand même, après trois livres que vous lui avez consacré, il serait temps que vous le rencontriez », j’ai tenté la démarche, mais elle n’a pas abouti, et je n’ai pas insisté.

 

PdA : Si, parmi son répertoire imposant, vous deviez sélectionner quelques chansons, connues ou moins connues, quelles seraient-elles ?

 

F.Q. : J’adore en particulier toute la période avec Tommy Brown et Micky Jones, les albums sortis entre 1967 et 1971. C’est ma période préférée de l’artiste. Outre Que je t’aime, qui a été mon premier disque, j’ai une préférence pour Oh ! ma jolie Sarah, une chanson qui a marqué mon enfance. Mais globalement, il n’y a pas une époque de sa carrière que je n’aime pas. Car tous ses albums me rappellent un souvenir, renvoient à quelque chose de l’ordre de l’affectif.

 

Parmi ses dernières productions, j’écoute assez souvent l’album Le Cœur d’un homme. Et je rêve d’un spectacle unplugged, d’une scène intime au milieu de ses fans. Il n’a plus besoin de nous bluffer avec tout un barnum de décors et de feux d’artifice. Sa voix et sa présence suffisent.

 

L'éphéméride

 

PdA : On a le sentiment de tout savoir de lui. Avez-vous fait d'authentiques découvertes lors du travail effectué pour ce livre ? Question subsidiaire : y a-t-il encore des zones d'ombre en ce qui concerne M. Smet/Hallyday ?

 

F.Q. : Tout artiste a des zones d’ombre. C’est d’autant plus vrai pour Johnny, qui a vécu une enfance si extraordinaire, au sens strict du terme. Abandonné par son père, éloigné de sa mère, il a forgé son éducation dans les cabarets et les théâtres. C’est un être profondément sensible et romantique, sous sa carapace de rock star.

 

Au fond, lui qui n’a pas eu d’enfance n’a jamais cessé d’être un gamin, et le terme n’est pas péjoratif. Ce qui explique ses difficultés à créer une famille. Cette vie carrément romanesque qu’il a vécue est pain bénit pour un auteur. Si j’ai réussi à transmettre la tendresse qu’il m’inspire et à rendre le personnage sympathique, même dans ses travers, le pari est alors gagné.

 

PdA : Pourquoi un amateur de Johnny ou - cas extrême - un fan absolu qui aurait déjà tout de et sur lui serait-il bien inspiré de feuilleter, d'acheter votre livre ?

 

F.Q. : Sans doute parce qu’il aura là la biographie la plus complète à ce jour. Déjà, 860 pages c’est du jamais vu ! Ensuite, parce que je me suis appliqué à ne rien laisser dans l’ombre, à relater tous les grands événements de la vie du chanteur. Et surtout, puisqu’il s’agit avant tout de raconter le parcours d’un artiste, je n’oublie rien de son extraordinaire carrière !

 

PdA : Si vous deviez lui adresser un message... ?

 

F.Q. : Je me réserve pour le jour où il souhaitera mettre un visage et une voix sur mon nom. 

 

PdA : Voulez-vous nous parler de vos projets, Frédéric Quinonero ?

 

F.Q. : Un livre en 2015, probablement au printemps. Ensuite, il est probable que je lève un peu le pied, ou plutôt la plume ! J’ai l’intention d’obtenir un diplôme afin d’exercer un métier parallèle. Vous n’êtes pas sans savoir que la situation sociale et contractuelle des auteurs n’est pas évidente, et que dans la période de crise que nous traversons elle ne cesse de se dégrader. L’écrivain est le parent pauvre de la culture, le seul qui n’a pas de statut et doit exercer un autre job pour subsister. Alors, si je veux continuer à vivre de ma passion, il est préférable pour moi de m’assurer un certain confort avec un emploi stable, fût-il à mi-temps. C’était ma minute d’engagement politique (rires).

 

PdA : Un dernier mot ?

 

F.Q. : Rock’n’roooooll !

 

Frédéric Quinonero

 

 

Que vous inspirent l'œuvre, le personnage de Johnny Hallyday ? Quelles sont, parmi ses chansons, celles que vous préférez ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Pour aller plus loin...

  

16 octobre 2014

Jeunes centristes : Déclarations d'indépendance

   « Lors de son retour - officiel - sur la scène publique, Nicolas Sarkozy a fait part de sa volonté de recréer un grand parti qui puisse rassembler, en son sein, de larges pans de la droite et du centre-droit. Vous comptez parmi les jeunes militants centristes : j'aimerais vous demander ce que devraient être, à vos yeux, les orientations programmatiques et stratégiques ; le positionnement original sur l'échiquier politique de votre famille politique dans les années à venir ? En quatre mot comme en trente : quel centre pour demain ? ».

   Je remercie ceux qui, parmi les jeunes militants MoDem et UDI que j'ai contactés, ont accepté de répondre à cette question ; d'apporter à cet article leur contribution, pour Paroles d'Actu. Ils ne se sont pas concertés avant d'écrire, chacun, la sienne mais, prises collectivement et par-delà les « chapelles », elles sonnent résolument - davantage, sans doute, que les mots de leurs aînés - comme une déclaration commune : une double déclaration d'existence et d'indépendance. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Jeunes centristes Déclarations

d'indépendance

 

UDI MoDem 16-9

 

 

Antoine Carette

Antoine CARETTE

A. Carette est président des Jeunes Démocrates (branche jeunes du MoDem).

 

« Travaillons ensemble,

pas chacun pour sa chapelle »

 

   Le Centre a sa propre identité. Ce n'est pas le ni-ni comme on l'entend encore trop souvent. Non, le Centre n'est pas mou et doit continuer à porter son message singulier pour continuer à exister. Ce message est assez simple : c'est par le travail en commun de toutes les énergies modérées, des sociaux-démocrates à la droite sociale en passant par les libéraux que nous devons redresser la France. Bref, dialoguer et travailler ensemble plutôt que pour sa chapelle !

   C'est un message difficile à faire entendre dans la Vème République car les règles électorales (scrutins majoritaires) ont créé petit à petit les concepts complètement abstraits de "peuple de gauche" et "peuple de droite" qui s'opposent. J'aimerais savoir combien de Français se reconnaissent dans l'un de ces camps ! Aujourd'hui notre pays meurt de ce manque de pluralisme, des postures qui étouffent le fond, la réflexion, et l'intérêt général. Sarkozy propose de créer l'UMP, car c'est ça, ni plus ni moins, que sa volonté de fondre le centre et la droite dans un même bloc. On a vu le résultat de la création de l'UMP depuis 2002...

   Le Centre, dans les années qui viennent, devra retrouver la confiance des citoyens. Aujourd'hui, les Français se détournent de la politique, la démocratie vascille. Or sans participation des citoyens, sans adhésion des Français à un projet, il ne peut pas y avoir de démocratie, il ne peut pas y avoir de redressement.

   Le Centre devra continuer à porter ce message pourtant tellement évident, que nous avons besoin de toutes les forces vives de ce pays pour le reconstruire. Je pense aux jeunes entrepreneurs, aux créateurs, inventeurs, qui sont aujourd'hui anéantis par la lourdeur administrative. Je pense aux professeurs : l'Éducation est la base de toute société en bonne santé. Il faut créer du travail - plus que de l'emploi - pour que chacun puisse se sentir utile et vivre dignement. Pour cela, il faut libérer les énergies, encourager les initiatives. Bref, il faut sortir des postures de clan, regarder la réalité avec honnêteté pour réparer et changer ce qui ne fonctionne pas !

 

Propos recueillis le 03/10/14

Retrouvez Antoine Carette sur Twitter...

 

 

Romain Cherrier

Romain CHERRIER

R. Cherrier, conseiller municipal à Ennordres (Cher),

est prés. du MoDem Sciences Po et responsable de com. chez les Jeunes Démocrates.

 

« Faisons le choix de la liberté ! »

 

   Nicolas Sarkozy a émis l’idée de rassembler droite et centre sous un même parti. Cette stratégie n’est absolument pas une option envisageable pour nous. La démarche initiée par Nicolas Sarkozy s’apparente plus à celle d’une OPA sur le centre qu’à celle d’un rapprochement cohérent entre deux formations politiques. Or je suis persuadé que pour exister, le centre doit rester à tout prix libre et indépendant. Quelle qu’en soit la difficulté, quels qu’en soient les obstacles, et ils sont nombreux sous la Vème République, le centre doit rester autonome. Dès lors que le centre s’affilie à un grand parti de droite, il perd son identité, sa liberté, sa raison d’être.

   La question qui se pose pour le centre est toute simple : faisons nous le choix de la cohérence et de la liberté ? Choix qui requiert du courage et beaucoup de détermination. Ou faisons nous le choix de la soumission et de la facilité ? Choix qui apporterait un plus grand nombre d’élus et des financements plus importants grâce à des accords qui seraient passés en coulisse. À mes yeux, le choix que nous devons faire est évident : c’est celui de la liberté !

   Le système constitué de deux grands partis qui monopolisent la Vème République nous a déjà conduit à suffisamment de dérives et d’échecs. Les Français ne croient plus en la politique et les deux principaux partis ont une immense part de responsabilité dans cette situation. Dès lors, pourquoi suivrions-nous un modèle qui ne fonctionne pas depuis plus de 30 ans ?

   La vocation même du centre est justement de proposer une offre alternative en dépassant le clivage gauche-droite. Le débat politique français ne peut pas se cantonner à un débat entre l’UMP et le PS. L’existence d’un centre fort et indépendant, c’est le meilleur rempart possible face à une simplification mortifère, populiste et dangereuse des débats qui n’aurait d’autre conséquence que d’assurer la victoire au Front national.

   Concernant nos orientations programmatiques, là encore, elles s’entrechoquent frontalement avec les valeurs qu’incarne Nicolas Sarkozy. La course à l’extrême droite durant la campagne de 2012, l’obsession de l’immigration et des frontières, la conception de l’argent comme seule source de réussite, ce sont des éléments qui ne sont pas compatibles avec les valeurs humanistes du centre. Enfin, la moralisation de la vie politique est l’un des grands combats du Mouvement démocrate. Là encore, il y a une incompatibilité évidente au vu de toutes les « affaires » du moment (accusation de financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007, arbitrage Tapie, affaire Bygmalion…)

   En somme, travailler ensemble avec les modérés de gauche et de droite à la reconstruction du pays, oui ! Se ranger dans l’orbite d’un grand parti tel un satellite pour y perdre notre liberté et pour renouer avec les vieilles habitudes et les vieilles dérives des grands partis sous la Vème République, non !

 

Propos recueillis le 01/10/14

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François-Xavier Hen

François-Xavier HEN

F.-X. Hen est membre du bureau de l'UDI Jeunes de Paris.

 

« Réhabilitons le collectif »

 

   Comme souvent chez les souverainistes, Nicolas Sarkozy est généreux de décisions appartenant à d'autres. S'il se présente à la tête de l'UMP, pour quelle raison un autre parti, l'UDI, se rangerait-elle derrière lui ? Pourquoi ne lui reviendrait-il pas d'épouser les valeurs du centre-droit s'il souhaite que le centre-droit le suive ? Hors de question d'être dans le même parti qu'un candidat qui, en 2012, a évoqué une sortie de Schengen et a fait un éloge de la frontière. Ceux qui souhaitent le rejoindre n'ont qu'à adhérer à son mouvement directement, l'UDI n'admet pas la double appartenance.

   Cette stratégie du parti unique a non seulement échoué électoralement, mais elle témoigne en plus d'un mépris manifeste pour les idées que nous défendons. Quelle considération pour la dette publique de la France le « grand parti de la droite et du centre » a-t-il eu depuis qu'il existe ? Quel fédéralisme européen a-t-il promu depuis 2002 ? Quelle évolution sociétale a-t-il ne serait-ce qu'accompagnée toutes ces années où il était au pouvoir ?

   L'Union des Démocrates et Indépendants défend une république fédérale d'Europe contre les franco-béats qui orchestrent la sortie de l'Histoire de notre nation. Afin de protéger les intérêts et les droits des citoyens européens dans la mondialisation, mais aussi d'offrir au monde ce modèle, imparfait et cependant fonctionnel, d'un continent apaisé et relativement prospère, entièrement régi par le droit.

   Elle défend une décentralisation du territoire national, par démocratie, par efficacité et par bienveillance, quand la centralisation n'est qu'un mode de gestion par la crise et pour les crises. Elle promeut une république exemplaire, une démocratie réellement représentative, et un État de droit irréprochable ; une transparence puissante pour chaque élu ; et par dessus tout une lutte féroce contre la corruption, dont la moindre manifestation avilit toute notre société. À ce prix seulement pourrons-nous renvoyer les extrêmes dans les poubelles de l'Histoire, et engendrer estime et confiance chez nos compatriotes pour leurs élus.

   Je n'ai pas retrouvé ces propositions ailleurs qu'à l'UDI. À aucun autre endroit on ne m'a proposé un social-libéralisme tempéré à l'européenne, c'est-à-dire dans la compétition qui stimule, mais dans la solidarité qui unit ; promouvant l'idéal coopératif au sein d'entreprises qui rapprochent salariés et dirigeants.

   Dans aucun autre mouvement je n'ai eu le plaisir d'écouter une jeune sénatrice, ne faisant pas de la politique son métier, parler d'écologie de manière responsable et non dogmatique, afin d'engendrer une croissance durable et non-délocalisable.

   Le centre-droit aura son candidat en 2017. Ainsi nous pourrons démontrer aux Français que nous seuls anticipons véritablement l'avenir : parce que nous avons l'ouverture d'esprit suffisante pour précéder les évolutions sociétales sans susciter de peurs infondées ; parce que nous voyons dans l'éducation de nos citoyens un investissement stratégique aux bénéfices matériels comme immatériels ; parce que nous proposons une société collaborative de transparence, d'efficacité et de communication en réseau qui permettra enfin à notre pays, notre société et notre continent de faire face aux défis mondiaux qui se présentent.

   Rien ne se fait sans les individus, rien ne dure sans les institutions, disait Jean Monnet. À nous d'être ces personnes qui créeront les structures durables d'un monde meilleur. Y'a du boulot !

 

Propos recueillis le 09/10/14

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Vincent Fleury

Vincent FLEURY

V. Fleury est conseiller municipal de Montrouge (Hauts-de-Seine)

et vice-président des Jeunes Démocrates.

 

« Changeons et nous gagnerons

notre indépendance »

 

   Nicolas Sarkozy souhaite créer un grand parti de la droite et du centre, mais il échouera. L’UMP avait, à l’origine, la même ambition et s’y est cassée les dents. Le centre n’est pas et ne sera jamais la droite. Le centre a des valeurs propres et vocation à être indépendant. Pourtant, nous ne le sommes pas. Pas encore. Sans aller jusqu’à nous fondre dans un parti unique, nous devons pour le moment nous allier à la droite, et parfois à la gauche, pour exister. Cette contrainte existera tant que nous ne représenterons pas au moins 20% des électeurs, tant que nous ne pourrons pas amener un candidat au second tour de la présidentielle. Pour ce faire, l’alliance avec la droite ne peut pas être une fin en soi. La conquête de ces 20% doit l’être. Ces 20% sont notre indépendance, notre graal.

   Nous pesons aujourd’hui 10% de l’électorat. C’est peu ou prou notre base, et plus peu que prou. Trop peu, évidemment, pour pouvoir peser. Ce déficit de popularité a des causes multiples. Nous pouvons bien sûr accuser les institutions, qui ne nous permettent pas d’avoir une juste représentation à l’Assemblée, créant ainsi le cercle vicieux « absence de poids/déficit d’image/absence de votes ». Mais nous gagnerions à voir la réalité en face. Nous sommes en grande partie responsables de nos échecs. Je suis convaincu que nous ne changerons ni la politique, ni la France, si nous ne sommes pas capable de nous remettre en question. Je crois que nous avons trois caps à suivre pour réformer le centre et lui donner la place qu’il mérite.

   Premièrement, il faut un centre offensif. Nous devons enterrer l’image de centre mou. Nous ne sommes pas des ni-ni, pas plus que des oui-oui. Nous avons nos propres idées, nos propres valeurs. Nous devons les défendre. Quand Montebourg récupère le « produire en France » de la campagne présidentielle de Bayrou, nous devons rappeler avec acharnement que nous sommes à l’origine de ce combat et qu’il ne doit pas se faire sans nous. De la même façon, n’ayons pas peur de nous exprimer sur l’immigration, l’écologie, comme sur l’ensemble des sujets spoliés par d’autres partis. N’ayons aucun tabou et parlons avec force de tout ce qui préoccupe les Français. Car nous avons d’autres ambitions que celle de stagner à 10% de voix. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de nos derniers scores, même s’ils marquent une légère progression. Nous avons vocation à être le parti majoritaire, à regrouper autour de nous les réformistes de droite comme de gauche, et à faire gagner notre candidat à l’élection présidentielle. Nous devrions être la principale force politique français. Considérons nous comme tel et peut-être qu’alors, les citoyens nous considéreront ainsi !

   Deuxièmement, il faut un centre proche des gens, sur le fond et sur la forme. Cette proximité, nous la recherchons, nous la fantasmons, mais nous sommes incapables de l’avoir réellement. Beaucoup d’entre nous font de grandes études, se lancent dans une carrière exclusivement politique, théorisent les problèmes du quotidien mais ne les pratiquent pas. Nos programmes politiques, pertinents et pragmatiques, rivalisent d’intelligence, campagne après campagne. Mais cette intelligence est trop souvent celle des hautes sphères technocratiques, brillantes et lointaines. Comme les étoiles du ciel, leur lumière met des années à parvenir et éclaire bien trop faiblement. Ce n’est pas ainsi que nous réchaufferont les cœurs de nos concitoyens. De plus, pour beaucoup de centristes, simplicité et proximité sont synonymes de démagogie. Ceux-là ont peut-être raison, mais qu’importe ! Acceptons notre part de populisme, vulgarisons-nous. Vulgariser, dans le bon sens du terme, c’est donner envie d’en savoir plus, c’est finalement tendre à la finesse, pousser à la curiosité. C’est toucher le cœur pour atteindre l’esprit. Cet atout cœur, c’est celui qui nous fait cruellement défaut aujourd’hui, alors que nous avons le reste des cartes en main.

   Troisièmement, il faut un centre bienveillant. Nos valeurs le sont, pas nous. Nous prétendons changer la politique, mais nous sommes aussi politiciens que les autres. Nos guéguerres internes sont indignes, nos responsables cumulent tout en défendant le non-cumul, et certains prétendent agir pour l’intérêt général mais souhaitent l’échec des gouvernants - donc l’échec de la France - pour pouvoir prendre le pouvoir à la prochaine élection… Comme les socialistes, nous ne sommes pas à la hauteur de nos idées. Je crois que pour changer le centre, il faut aussi changer cela. Les citoyens attendent d’abord de nous que nous ayons un regard différent mais positif sur les camps adverses. Comment prôner une union nationale si nous leur tapons sans cesse dessus, si nous sommes incapables de reconnaître qu’ils ont parfois raison ? Je suis de ceux qui pensent que dans l’expression « opposition constructive » la notion de construction est plus importante que celle d’opposition.

   Nos électeurs potentiels attendent aussi que nous arrêtions de nous donner en spectacle. Nos guerres d’égos sont irresponsables. Nous réclamons souvent des gouvernants qu’ils fassent de grandes réformes quitte à sacrifier leur popularité, et parfois leur poste, pour le bien commun. Or comment pourrions-nous avoir ce courage une fois au pouvoir si, déjà en interne, nous privilégions notre carrière au détriment de l’union – et donc de la réussite – de notre camp ? L’extrême droite comme l’extrême gauche capitalisent sur l’agressivité et le ressentiment, le PS et l’UMP sur le rejet de l’autre camp, mais personne n’a une démarche bienveillante envers soi et envers les autres. Il y a sans doute là quelque chose à faire, une singularité à marquer, un créneau à prendre.

   Un centre offensif, proche des gens et bienveillant, voilà qui ferait bouger les lignes. Je sais bien que Rome ne s’est pas faite en un jour, et que ce ne serait pas une petite (r)évolution pour notre famille politique, mais je suis convaincu que sa reconnaissance et son indépendance sont à ce prix. Tant que nous ne changerons pas, nous ne pourrons pas demander aux gens de changer leur regard sur nous.

 

Propos recueillis le 05/10/14

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Vincent Métivier

Vincent MÉTIVIER

V. Métivier est président des Jeunes UDI des Hauts-de-Seine

et délégué national des Jeunes UDI (aux réseaux et relations institutionnelles).

 

« Révolutionnons-nous pour

transformer la société »

 

   La dernière décennie a été pour le Centre en France une période d’expérimentations politiques – si on peut le dire ainsi –, source de nombreuses désillusions. Nous avons tenté la fusion avec la droite républicaine, nous y avons perdu notre identité et notre singularité, devenant inaudibles et incapables d’imposer nos idées. Nous avons également tenté de créer une force centrale, se défiant du clivage droite/gauche, mais constamment contrariée par des alliances tactiques aussi nécessaires que chaotiques. Cela n’a été que des échecs cuisants.

   Ce n’est qu’en 2012, avec la création de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI), que le Centre a retrouvé une voix forte, un positionnement clair et les capacités de peser à nouveau dans le paysage politique français. La meilleure preuve de cela, ce sont les succès électoraux enregistrés depuis lors par l’UDI, à toutes les élections, montrant que nous avons réinvesti un espace politique délaissé et répondu aux attentes d’une part de la population. En deux ans seulement, nous nous sommes rehaussés au rang de troisième parti de France !

   Pourtant, nous ne pouvons pas céder à l’euphorie et à l'autosatisfaction, le contexte actuel ne s’y prête pas. Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon… quel que soit le meneur de la droite en 2017, celui-­ci voudra avoir le Centre sous sa coupe pour s’assurer la victoire. C’est pour nous une menace délétère. Nous ne voulons pas d’une une fusion/absorption, nous avons déjà été échaudés. L'indépendance est la clef de notre existence. Et puis, il y a la vigueur grandissante de l’extrême droite, l’aggravation de la situation socio­-économique du pays, l’affaiblissement inquiétant de l’Union européenne… Plus que jamais, le Centre a un rôle crucial à jouer et nous devons nous y préparer.

   D’abord, en maintenant une ligne politique claire, au centre­-centre droit. Comme le théorise finement Jean­-Louis Bourlanges, nous ne pouvons nous allier ni avec la gauche archaïque française, qui n’est pas encore parvenue à se défaire de ses réflexes socialo-­communistes, ni avec une droite trop conservatrice, complaisante voire compromise avec l’extrême droite. Par ailleurs, la configuration des institutions de la Vème République, poussant au bipolarisme, ne nous permet pas de progresser seuls.

   L’enjeu pour le Centre, dans les mois et les années à venir, est donc d’atteindre une masse critique, de fédérer largement pour devenir l’un des pivots incontournables du paysage politique, de susciter des ralliements plutôt que d’y être nous-­mêmes contraints. Pour y parvenir, nous devons faire notre propre révolution – au double sens étymologique de rupture et de retour à des fondements originels – pour révolutionner ensuite la société française. Cet aggiornamento centriste impose de relever plusieurs défis difficiles.

   En premier lieu, devenir un parti de masse et non plus un parti de cadres. Les centristes n’ont pas vraiment la fibre militante. Il y a un travail conséquent de formation à réaliser pour créer et développer cet état d’esprit militant, qui revient à considérer qu’après l’étape de la réflexion et l’esquisse de grandes idées, il y en a une autre : l’étape déterminante du terrain. Nous devons surmonter l’atavisme centriste de l’« intellectuel immobile ». Il faut convaincre, défendre soi-­même ses idées, se rendre visible et apprendre à communiquer, recruter et multiplier les effectifs, les relais…

   En second lieu, il nous faut impérativement développer et proposer une vision concrète et cohérente du monde et de l’avenir. La France souffre aujourd’hui d’avoir des partis politiques aux idéologies rances, qui ne proposent plus une manière globale d’envisager la société et de la réformer, prostrés sur des visions fragmentaires et généralement fallacieuses. Les Français ont envie de croire en l’avenir, de croire que tout peut et va s’améliorer, mais personne ne suscite plus cet espoir, hormis les extrêmes.

   Le Centre est en capacité de réunir derrière lui une majorité de citoyens, car le pragmatisme qui le caractérise est à la fois ce qui peut créer le plus d’engouement et répondre avec efficacité aux problèmes de notre société. Pragmatisme politique ne signifie pas consensus mou. C’est au contraire affirmer avec vigueur que la solution au bénéfice de l’intérêt général n’est pas un juste milieu entre les exagérations des uns et des autres, qu’elle se situe ailleurs.

   Nous devons par conséquent proposer un nouveau modèle de société, fondé sur un retour aux valeurs premières de notre République. Il est intolérable que l'idéal républicain, la Patrie, la laïcité… soient aujourd’hui des thèmes largement abandonnés. Pire, profitant de ce vide, c’est le Front national qui s’en saisit par opportunisme, allant ainsi à contre­-courant de tout le passif historique de l’extrême droite. Les centristes doivent réinvestir ce domaine politique, être les nouveaux « hussards de la République » et soumettre au vote des Français un programme structuré, ayant pour fondement la revivification de la République et son adaptation au XXIème siècle.

   Jean-­Louis Borloo a tracé des voies innovantes qui méritent d’être prolongées, telles que la rénovation urbaine comme moteur d'intégration et de cohésion sociale, l’écologie source de croissance économique… Tout cela fait partie d’un ensemble plus vaste, à partir duquel il nous faut redonner à chaque citoyen les moyens de sa réussite et à la société les atouts pour sa pérennité. Réformer entièrement l’École, le système de retraites, le système de Sécurité sociale, l’organisation des collectivités, envisager l’industrie à l’ère numérique, la démocratie à l’ère collaborative… Les sujets abondent, le monde a évolué et personne n'en a pris acte.

   La France meurt de se reposer sur des mécanismes et une pensée passéistes, inadaptés au monde actuel. Toutefois, c’est en prenant appui, c’est en réactualisant et en faisant perdurer des principes directeurs pluriséculaires comme ceux de la République, que nous pourrons trouver l’élan nécessaire pour faire cette révolution et transformer la société, à l’image du programme du Conseil national de la Résistance, en 1945.

   Je crois sincèrement que les centristes sont les seuls à pouvoir mener à bien ce travail, enclencher cette mobilisation réformatrice et progressiste au bénéfice de la France et des Français. Nous ne devons pas nous croire investis d’une mission mais ayons conscience du rôle que nous pouvons jouer et, sans doute, du risque pour nous-­mêmes et nos enfants.

   Si nous ne sommes pas ceux qui font l’effort ardu d'impulser ce changement profond, alors acceptons de porter la culpabilité du déclin, de livrer la République aux extrêmes et de nous préparer à des jours plus sombres. Ce n’est pas ce que nous voulons, à nous d’agir et de reprendre le destin de la France en mains.

 

Propos recueillis le 14/10/14

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Jérémy Coste

Jérémy COSTE

J. Coste est adjoint au maire de Vanves (Hauts-de-Seine)

et porte-parole des Jeunes Démocrates Européens.

 

« Associés, les progressistes

construiront la France de demain »

 

   Vaste question… Tout d’abord, et autant évacuer ce sujet dès le début, je ne crois pas en l’homme providentiel, pas plus en Nicolas Sarkozy comme sauveur du pays. Ce temps-là est révolu ! La France a besoin d’un cap, les Français de retrouver confiance en eux. Cela passe par la construction collective d’un projet ambitieux, innovant et rassembleur, au-delà des clivages anciens. Voilà notre mission.

   Si je ne partage pas l’envie d’une partie des Français de voir Nicolas Sarkozy revenir aux affaires, je suis néanmoins d’accord avec l’ancien président sur le constat selon lequel les vieux schémas ne correspondent plus à nos attentes. Droite, gauche, extrême droite, extrême gauche, économie sociale, communiste, conservatrice et libérale... cela représente à mes yeux le passé, des réponses à la (re)construction de la France d’après-guerre.

   Aujourd’hui, le monde a changé. Nous sommes pleinement entrés dans une société du savoir et du partage. Le rôle de « guide » des partis n’a plus lieu d’être. Au contraire, les nouvelles générations attendent des dirigeants et formations politiques qu’ils réussissent à associer les citoyens dans la construction d’idées et la prise de décision.

   Nous devons désormais faire face à une troisième révolution. Concrètement, la révolution industrielle que nous connaissons à travers les livres d’histoire s’est déplacée dans d’autres régions du monde, économiquement moins avancées que l’Occident. Cela crée une compétition, souvent des tensions. La seconde révolution, numérique cette fois, est également en train de se déplacer dans les pays émergents. Ces pays nous rattrapent. C’est positif, mais cela inquiète !

   En France, Internet est une réalité pour tout le monde, mais elle doit devenir une base de données sur laquelle s’appuyer pour inventer le monde de demain, un monde de l’« intelligence ». C’est selon moi cela qui intéresse les jeunes et les progressistes, et c’est la question que notre sensibilité doit se poser : "Comment faire entrer complètement la France dans cette troisième révolution qui fait du partage des savoirs et idées ainsi que de la coopération la base nouvelle du vivre ensemble ?"

   Pour entrer dans le 21ème siècle, je suis convaincu qu’il faut abandonner nos vieilles recettes et oser penser l’impossible. Il est temps d’opérer un changement radical de nos institutions et de notre modèle économique et social. De faire « avec les citoyens » plutôt que « pour les citoyens » ! Cela nécessite de faire évoluer la 5ème République, pourquoi pas d’en faire émerger une nouvelle.

   Nous devons imaginer une nouvelle façon de gouverner. Dans nos sociétés industrielles et technologiques, chacun ne peut que constater la difficulté de nos dirigeants à s’adapter au monde actuel, car ces derniers appartiennent naturellement à un monde ancien. Cela ne signifie pas pour autant qu’une partie d’entre eux ne peut s’adapter et comprendre ce monde nouveau - certains y parviennent parfaitement -, mais les codes sociaux et les pratiques ont tellement - et rapidement - évolué qu’un fossé naturel se creuse entre les générations, entre ceux qui dirigent et ceux qui subissent les décisions publiques.

   Parallèlement à cette réalité, je vois l’essoufflement des partis politiques classiques et deux sensibilités qui n’ont pas encore gouverné par eux-mêmes : les démocrates/progressistes ainsi que les écologistes. Cela s’explique selon moi par leur analyse prématurée des problèmes du monde et l’inquiétude que leurs réponses suscitent pour une population encore trop tournée vers la jouissance personnelle. Je crois fondamentalement que les progressistes et les écologistes ont souvent eu une longueur d’avance dans la compréhension des problématiques du monde. J’illustrerai ce point en prenant deux exemples.

   Pour les uns, la thématique de l’environnement. Les écologistes – je ne parle pas d’EELV mais initialement des associations écologistes - ont compris avant tout le monde la nécessité de repenser notre modèle économique et social afin de protéger la planète et préserver l’avenir des générations futures. Dans les années 60, l’écrasante majorité des scientifiques et gouvernants prenait ces « alerteurs » pour des illuminés. Aujourd’hui, on les remercie ! Toute action publique moderne se doit de prendre en compte les réglementations en faveur de la protection environnementale.

   Pour les seconds, la thématique de la coopération. Les démocrates/progressistes – je ne parle pas exclusivement des centristes mais des millions de structures coopératives et associatives rejetant l’alternative droite/gauche – ont défendu le principe du dialogue en politique. Cela a commencé avec les pères fondateurs de l’Europe. Ces derniers ont compris que le monde évoluait de façon multipolaire autour de grands ensembles démographiques, culturels, militaires et politiques et qu’il était primordial de mutualiser nos forces par la coopération pour préserver nos intérêts et notre modèle de société basé sur la solidarité. Cette conception de la politique s’est également manifestée à quelques époques par la décentralisation et le rôle donné aux acteurs locaux dans la prise de décision, par la confiance accordée à la jeunesse avec la majorité à 18 ans ou encore l’émancipation des femmes avec l’avortement…

   Nous devons concevoir un nouveau modèle. La défense de l’environnement, les principes de mutualisation des richesses et de dialogue en politique ont ainsi permis l’émergence d’une ère de la coopération. Il n’y a quasi plus une décision publique (dialogue social), une guerre (droit international) ou une stratégie (OMC, OMS…) qui ne soit décidée collectivement. Ces notions sont si fortes que malgré l’incapacité des écologistes et des progressistes à gouverner par eux-mêmes, ces idées sont présentes dans toute la société.

   En France, chacun est conscient de l’importance de la protection de l’environnement et de la pertinence des échanges et du dialogue social. Plus personne ne veut d’une société qui pollue ni d’une société caporaliste où le citoyen suivrait aveuglément un chef. Nous sommes nombreux à vouloir une société « verte », équitable et responsable, où chacun peut s’épanouir dans un environnement sain. Un régime politique qui écoute, respecte et associe chacun d’entre nous aux décisions publiques. Ces phénomènes sont le résultat des combats des écologistes et des démocrates/progressistes.

   Il est fini, le temps où nous n’avions pas tous accès à l’enseignement, où de nombreux citoyens ne savaient pas lire ou comment s’informer. Aujourd’hui, grâce à l’enrichissement de la France pendant les Trente glorieuses, grâce aux nouvelles technologies et à Internet, chacun peut comprendre le monde dans lequel il vit et tenter de contribuer à son amélioration. Il est même fréquent que certains citoyens non-élus soient plus compétents que leurs représentants. Ceci peut provoquer un choc, une confrontation et finalement une crise de confiance entre le citoyen et le système politique.

   Cette série de bouleversements, la troisième révolution, la remise en cause de la gouvernance, et le modèle à réinventer, provoquent une fracture sociale et un besoin de nouvellement. Quel devrait être notre comportement face au changement ? D’un côté, il y a ceux qui voient ce changement arriver et préfèrent conserver le modèle ancien en essayant de le réformer à la marge car il leur apporte encore le confort nécessaire. De l’autre, on trouve ceux qui voient ces bouleversements et comprennent la nécessité de réfléchir à un nouveau modèle.

   Ces derniers, je crois, sont proches d’une grande partie de la population qui ne profite plus des richesses produites et qui constate, impuissante, qu’elle est lésée. Ces Français qui souffrent au quotidien d’un manque de confiance en l’avenir, à cause du chômage notamment, et qui voient l’inégalité se creuser, ont le sentiment de ne pas pouvoir entraîner la société vers un modèle qui réponde à leurs attentes. Cela crée une frustration dangereuse. C’est ce moment précis que nous vivons.

   Ce trouble touche en premier lieu les nouvelles générations, qui souffrent du manque de ressources et d’emplois, les éloignant ainsi de ceux censés leur trouver des solutions. La jeunesse souffre également d’une forme d’impuissance face à l’accroissement de la misère dans le monde que les médias nous renvoient à la figure et qui crée en nous un sentiment de culpabilité et de colère parfois.

   Deux France s’opposent donc : ceux qui, suffisamment puissants, détiennent le pouvoir et souhaitent conserver un système qui les rassure - en entraînant derrière eux les plus effrayés par le changement - et ceux qui, puissants ou pas, désirent vivre dans un pays qui respire, prend des risques et innove pour redonner du sens à leur vie et par conséquent au destin commun.

   Personnellement, je suis persuadé que nous tous, citoyens, détenons chacun une partie de la solution et qu’il est du rôle de notre sensibilité de changer en profondeur nos méthodes. Nous devons avant tout écouter, non pas pour faire plaisir, mais pour entendre les craintes, tenter de les comprendre et transformer en actes politiques concrets et efficaces.

   Évidemment, souhaiter un nouveau modèle demande du courage et nécessite aussi d’être réaliste. Il ne s’agit pas de tomber dans l’utopie. Tout le monde ne peut pas réécrire la Constitution française, ni même écouter avec patience ce que chacun à dire. Cela demande des compétences techniques, des qualités personnelles particulières, de l’organisation et de la pédagogie. Mais chacun, confronté à ses propres difficultés, peut donner son idée pour que celles-ci inspirent ce que doit être la France de demain. C’est ce que j’attends de ma famille politique.

   Évidemment, plus qu’une indépendance politique vis-à-vis des conservateurs de droite et de gauche, cela nécessite une liberté de pensée absolue, le dépassement des clivages, et l’association de tous les progressistes. La première richesse de la France, ce sont ses ressources humaines (nous !).

   Alors, sur tous les territoires, écoutons-nous plus largement qu’au sein des partis, partageons nos idées avec la société civile et ces milliers de coopératives, et imaginons ensemble une France nouvelle. Voici mon vœu.

 

Propos recueillis le 17/10/14

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Marine Denis

Marine DENIS

M. Denis est présidente de l'UDI Sciences Po.

 

« Ayons du courage et de l'ambition ! »

 

   Oui, le grand retour médiatique de Nicolas Sarkozy est un échec ; un échec qui doit nous redonner confiance en notre liberté et notre indépendance politique. Nous ne pouvons associer l'avenir de l'UDI à celui d'un ancien chef d'État poursuivi pour des affaires de corruption et de trafic d'influence. Il en va de notre crédibilité, mais surtout de notre responsabilité politique, en tant qu'élus et militants centristes.

   Si les Français sont lassés d'un paysage politique majoritaire gauche/droite, où seuls les extrêmes semblent pouvoir se frayer une place pour venir contrebalancer l'équilibre UMP-PS par un discours violent et stérile, c'est à notre tour de replacer le centre au cœur de l'échiquier politique. Il n'y a pas de politique de droite ou de gauche au pouvoir, il n'y a qu'une politique du centre fondée sur une realpolitik ambitieuse et modérée, celle du juste équilibre, celle que nous défendons.

   Nos axes de réflexion et d'engagement politique sont tracés, il faut désormais en faire un véritable plan d'architecte de projet politique pour 2017. Assurons notre indépendance intellectuelle et politique par les idées et les projets de réformes politiques ! Intervenons sur des sujets techniques, car nous avons les experts compétents, et emparons-nous des sujets d'actualité qui défraient la chronique pour nous donner une véritable visibilité médiatique ! Il est de la responsabilité des élus, mais aussi des militants, de produire des idées et de les mettre en valeur. Décentralisation, Union européenne, immigration, politique de santé... : le centre, loin de rejeter systématiquement toutes les propositions portées à gauche et à droite, doit s'appuyer sur les points forts que sont sa modération et son expertise technique pour constituer le projet politique le plus ambitieux, réaliste et proche des grands enjeux locaux, nationaux, européens et internationaux de la France.

   Pour exister sur la scène extérieure, nous devons nous assurer d'un modèle politique viable et démocratique en interne. Le centre compte et s'appuie sur un électorat qui est présent mais qui tend à se conforter dans de vieilles positions. Soyons modernes, appuyons-nous sur les idées des jeunes militants qui nous rejoignent, écoutons-les et donnons leur une voix ! L'organisation de commissions de réflexion rassemblant élus et militants, jeunes et aînés, doit devenir notre force et notre distinction à l'égard des autres partis politiques français, où le lien démocratique interne existe trop peu, dévoré par l'ambition et l'ascension hiérarchique.

   Une famille se doit d'avancer ensemble, le centre doit reconstruire ce maillon qui constitue le lien entre les différents mouvements internes. Nous défendons des idées, nous aimons la chose publique, nous sommes républicains et convaincus que la politique n'est pas uniquement affaire de stratégie et de batailles pour le pouvoir. Quand nos idées sont similaires, ne laissons pas l'ambition personnelle dépasser l'ambition politique. Le climat politique délétère et les affaires, récurrentes, sont à la source du mépris et du désespoir des citoyens français à l'égard de la sphère politique gouvernante. Tâchons de ne pas reproduire les mêmes erreurs en nous perdant dans des errances purement politiques et stratégiques ! Ayons le courage politique de rester indépendants pour 2017 !

 

Propos recueillis le 22/10/14

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Olivier Gloaguen

Olivier GLOAGUEN

O. Gloaguen est vice-président des Jeunes Forces Démocrates, en charge du projet.

 

« Le centre se doit de se faire entendre »

 

   Quel centre pour demain ? Eh bien, la réponse tient en un seul mot : « conquérant » ! En effet, le centrisme, c’est-à-dire les forces progressistes, fédéralistes européennes, écologistes, réformatrices, humanistes, décentralisatrices et pro-entrepreneurs de l’échiquier politique français ont devant elles une grande opportunité, mais aussi une grande responsabilité.

   Après plus de trente années d’échecs successifs menés sans fracas ni trompettes par la gauche comme par le droite, la France paye désormais son immobilisme. Tout naturellement, les Français sont dégoûtés et ils ont bien raison : élections après élections, on leur promet monts et merveilles (« travaillons moins pour que tous travaillent » un jour, et « travaillons plus pour gagner plus » le lendemain) et… rien. Alors, ils ne croient plus en la parole des partis politiques et tentent de se réfugier, faute de mieux, dans le vote frontiste, ce parti démagogique qui n’attend que ça car là où il sait le mieux proliférer, c’est sur la misère, la rancœur et le désespoir.

   Le délitement de la classe politique, désormais flagrant, et les divisions surannées gauche-droite s’estompent face à de nouveaux axes de choix de société : replis identitaire ou ouverture ? Europe fédérale ou des nations ? Progrès ou conservatisme ? Réformes ou immobilisme ? Décentralisation ou concentration ? Transition énergétique ou laisser-faire ? Soutien résolu à l’innovation et l’entrepreneuriat ou empilement des contraintes ?

   Alors, oui, dans ce contexte, les centristes peuvent, s’ils s’en donnent les moyens et s’ils en ont véritablement l’ambition, proposer une alternative crédible et attendue par les électeurs. Une alternative crédible car ce ne sont pas des centristes qui sont aux manettes depuis trente ans. Nos idées ont été souvent reprises (car ce sont les plus sensées et les plus logiques), mais aussi malheureusement trop souvent dénaturées (un exemple : la TVA sociale). Attendue, car contrairement aux populistes, nous ne vivons pas prostrés dans le souvenir d’un passé nécessairement meilleur, mais nous regardons résolument vers l’avenir et proposons des réponses sans tabous aux problèmes d’aujourd’hui.

   Sauf que le centre n’est pas assez entendu. Sa chance dans les années qui viennent est justement de disposer d’un espace qui s’ouvre entre une droite profondément divisée et une gauche sans programme et qui se cherche. Un espace dans lequel il sera possible de faire émerger un centre uni et fort, mené par des hommes et des femmes politiques nouveaux. Un centre qui prenne la peine de parler à tous les Français, un centre qui n’a pas peur de conquérir le pouvoir, qui va jusqu’au bout de ses ambitions et surtout qui s’en donne les moyens.

   Pour cela, la recette n’est pas compliquée, mais elle requiert de la volonté : il faut fédérer, regrouper, rassembler au delà des petites ‘chapelles’ et des petits partis, des courants et des ‘écuries’ présidentielles sans lendemains. Il faut structurer, attirer des militants, les former, les écouter, les faire élire à tous les échelons, bâtir une machine de conquête et ne pas s’en cacher, affirmer notre indépendance, changer notre langage et parler celui des Français, de tous les Français, sans tomber dans la démagogie, mais en leur disant nettement ce qu’il en est, où nous comptons aller et comment le faire.

   Nos concitoyens « ne sont pas des veaux », ils ont bien compris la situation actuelle et se doutent de ce qu’il faut faire. Mais ils attendent désormais un leader crédible, c’est-à-dire quelqu’un capable de leur montrer le chemin et le but à atteindre. Quelqu'un qui leur redonne confiance en eux-même. Ils attendent une nouvelle génération de centristes, une génération qui a envie d’un centre conquérant, pour une France conquérante.

 

Propos recueillis le 23/10/14

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6 octobre 2014

Nicolas Marié : "La politique mérite mieux que des réactions émotionnelles"

   Dans la première saison des Hommes de l'ombre, la série de politique-fiction de France 2, Nicolas Marié incarnait Alain Marjorie, candidat socialiste à la présidence de la République. La seconde, dont la diffusion a débuté mercredi dernier, s'ouvre sur les scènes de liesse populaire d'une soirée de victoire - empruntées, pour l'anecdote, à celle de François Hollande en 2012. Dès la deuxième scène, on entre dans le vif du sujet. Un an après. Alain Marjorie est à l'Élysée. Et il va être confronté, bientôt, à de nombreuses, à de graves difficultés, tant aux plans politique que personnel.

   Nicolas Marié est de ces acteurs dont le visage nous est familier, sans pour autant réussir toujours à lui associer un nom. J'espère que cet article contribuera à pallier cette lacune imméritée, tant l'acteur est talentueux et l'homme attachant. Il a répondu tout de suite à ma sollicitation : je tiens à le remercier pour la gentillesse dont il a fait preuve à mon égard. Il nous livre quelques confidences à propos du tournage des Hommes de l'ombre ; nous parle de son personnage, du regard - affûté - que lui-même porte sur le monde politique. Surtout, il évoque pour nous son métier, avec une passion communicative. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NICOLAS MARIÉ

 

« La politique mérite mieux

que des réactions émotionnelles »

 

Nicolas Marié 1

(Source des illustrations : Les Hommes de l'ombre, France 2.

Sauf : photo n°3, tirée du site Cinéma Passion.)

 

Q. : 04/10/14 ; R. : 06/10/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Nicolas Marié. Ce mercredi étaient diffusés sur France 2 les deux premiers épisodes de la deuxième saison de la série de politique-fiction Les Hommes de l'ombre. On ne se dit à aucun moment, à propos du personnage que vous y campez, le président de la République, Alain Marjorie, qu'il "sonne faux". Comment vous êtes-vous préparé pour cette interprétation ?

 

Nicolas Marié : Je n’ai pas eu de préparation particulière pour incarner ce Président. Il m’est arrivé dans ma vie de côtoyer assez fréquemment des hommes politiques. Ajoutez à cela le déferlement quotidien d’images sur le monde politique. Avec un texte bien écrit et suffisamment évocateur quant à l’autorité qui doit présider à ce type de rôle, il n’y avait plus qu’à se laisser porter par son instinct…

 

PdA : L'action se déroule un an après l'élection de votre personnage. L'état de grâce, s'il a existé, est derrière lui. Les difficultés s'accumulent. Sa majorité de coalition, précaire, vient de survivre à une motion de censure à l'issue incertaine. Surtout, deux affaires menacent de ruiner sa présidence : un scandale politico-financier et un faits-divers tragique ; la seconde ayant pour protagoniste principal son épouse (qu'interprète par Carole Bouquet) et pour dissimulateur en chef l'ex-ministre de l'Intérieur, éclaboussé par la première affaire et "démissionné" depuis.

« On ment pour protéger les siens et on ment ensuite parce qu’on a déjà menti ». Cette réplique qui fait mouche est lâchée par un Alain Marjorie manifestement désabusé. Un homme dont on ne doute pas, parce que ça se sent, qu'il est honnête et qu'il voulait faire de la politique "autrement". Cet état d'esprit s'accorde-t-il au vôtre lorsque vous considérez le monde politique ?

 

N.M. : Je crois qu’il y a un grand espace entre le mensonge et la trahison. On a le droit de mentir. Bien mentir est une qualité. Un bon acteur est un bon menteur. Il se sert de la couverture d’un personnage et d’un texte pour exprimer une vérité. Sa vérité. Alors le mensonge devient un outil de vérité.

 

Pour Marjorie, comme pour tout homme politique, le mensonge est aussi un outil. C’est un bon outil s’il est un outil nécessaire dans un objectif légitime. L’histoire regorge de mensonges d’hommes politiques ou de militaires et de stratèges (l’opération « Fortitude » aura été l’exemple même du mensonge salutaire…) qu’il ne viendrait à l’idée de personne de condamner dès lors qu’ils ont permis de gagner des guerres, de sauver des vies humaines. « Mensonge » ne veut pas forcément dire « malhonnêteté »… Ici, Marjorie prend simplement conscience des vraies difficultés de l’exercice du pouvoir. Comme il y a un grand espace entre « mensonge » et « trahison », il y a un grand espace entre « compromis » et « compromission »…

 

Pour ce qui me concerne, je ne me voyais pas aborder ce Président sans une haute idée de ce que doit être la politique et l’idée que s’en ferait mon Président… Je suis issue d’une famille de résistants de la 2nde Guerre mondiale qui ont été déportés en Allemagne et qui ont été sauvés grâce au courage et à la détermination de ces grands responsables politiques qui nous ont libérés de la bête immonde. Quelquefois grâce à des mensonges meurtriers, qui n’en étaient pas moins nécessaires… Je ne pouvais incarner un de ces responsables sans avoir chevillé au corps leur sens aigu du patriotisme. Cette réplique n’aura donc été que la traduction d’une interrogation légitime. Un instant d’intimité, de doute. Un constat qui ébranle mais ne remet pas en question l’objectif de grandeur.

 

PdA : La politique, c'est un engagement qui, dans une autre vie, aurait pu vous séduire, vous tenter... ?

 

N.M. : Ma réponse à la question précédente implique forcément une réponse affirmative à celle-ci. La désillusion, le désenchantement, le refuge vers les extrêmes, ne sont que réactions émotionnelles. La politique (avec un grand P) mérite mieux que cela.

 

PdA : Revenons à la série. Pour cette nouvelle question, c'est à une sorte de numéro d'équilibriste que j'ai envie de vous inviter. Je le disais, pour l'heure, deux épisodes sur six ont été diffusés. À la fin du deuxième épisode, le président Marjorie est pris d'un malaise dont on avait déjà pu percevoir, ici ou là, des signes avant-coureurs... Parlez-nous de la suite de l'intrigue, sans rien en révéler, évidemment ?

 

N.M. : Le Président, très malade, ne va pas mourir. L’exécutif va être confronté à une courte période de vacance du pouvoir, qui sera prétexte à montrer au public comment nos responsables gèrent ce type de situation extrême.

 

PdA : Que retiendrez-vous de cette expérience ? Quels souvenirs en garderez-vous ?

 

N.M. : Ces six épisodes ont été tournés en crossboarding. Ce qui signifie que, dès le premier jour, nous tournions des scènes du 6 avec des scènes du 3, du 5 et du 1. Le lendemain, des scènes du 2, du 4, du 3, du 1 et du 5… et ce pendant trente jours… C’est un exercice exaltant, mais qui demande beaucoup de travail et une grande rigueur. Il faut dès le premier jour de tournage avoir construit la ligne générale de son personnage et en fonction des péripéties auxquelles il est confronté, avoir ajusté très précisément son évolution au fil des scènes de chaque épisode. Et respecter bien entendu scrupuleusement cette évolution pendant le tournage de chaque scène de ce grand puzzle.

 

Carole Bouquet, Bruno Wolkovitch, Aure Atika, Philippe Magnan, Yves Pignot, Emmanuelle Bach, sont des camarades de jeu délicieux, et nous avons été encadrés par un réalisateur talentueux et imaginatif et une production exigeante et attentive. Quelles qu’aient donc été les difficultés de ce type d’exercice, j’en garde un excellent souvenir.

 

Nicolas Marié 2

 

PdA : Quand on entreprend de regarder ce qu'a été votre parcours d'artiste jusqu'à présent, Nicolas Marié, on est impressionné, forcément. Vous êtes de ces visages, de ces voix que l'on a tous croisé au moins trois ou quatre fois, au détour d'un film, d'une série, sans forcément pouvoir mettre de nom dessus. Le nombre de pièces, de productions télé auxquelles vous avez participé force le respect. Vos voxo et filmographie noirciraient à elles seules pas mal de pages. S'agissant du cinéma, il conviendrait évidemment de citer 9 mois ferme, de votre ami Albert Dupontel, auquel on pourrait accoler 99 francs (J. Kounen), Micmacs à tire-larigot (J.-P. Jeunet), entre autres...

Quelles seraient, justement, sur l'ensemble des œuvres auxquelles vous avez collaboré, celles que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir, et pourquoi ?

 

N.M. : Comme une vie d’homme, la carrière d’un acteur est multiple. Je revendique cette multiplicité, elle m’a nourri au fil des années. Je l’ai encouragée, provoquée. Donc ce n’est pas une oeuvre en particulier que je mettrais en avant, mais la grande diversité des supports (théâtre, cinéma, télévision, radio, synchro..), des réalisateurs, des textes, qui a jalonné mon parcours.

 

PdA : Qu'est-ce qui vous rend fier, quand vous regardez dans le rétro et autour de vous ?

 

N.M. : Une vie d’adulte nourri d’abord par le bonheur d’aimer et d’être aimé.

 

PdA : Voulez-vous nous parler de vos projets ?

 

N.M. : Mon professeur d’art dramatique lorsque j’avais vingt ans disait toujours qu’on n’est pas sûr d’avoir le rôle tant que la dernière représentation n’est pas jouée… Les acteurs sont très superstitieux… Rares sont ceux qui dévoilent leurs projets… Je peux donc juste vous confier que mes projets sont multiples eux aussi… Dans les quatre mois qui viennent, il y a du théâtre, du cinéma, de la synchro et de la télé.

 

PdA : Des envies, des rêves, pour aujourd'hui ou demain ?

 

N.M. : Continuer de respirer à pleins poumons le grand air de la vie, en continuant de jouer avec le support du mensonge pour exprimer ma vérité…

 

PdA : « Au fond de moi, je n'ai pas le souvenir d'avoir voulu faire autre chose que comédien, c'est terrible ! D'une certaine manière, je n'avais pas d'autre choix ! (rires) J'ai toujours eu envie de faire ça. » Voici ce que vous déclariez lors d'une interview à Allociné, l'année dernière.

Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui se poserait aujourd'hui les mêmes questions que vous à l'époque, qui rêverait de devenir tragédien(ne) ou de jouer la comédie et, idéalement, d'en faire sa vie ?

 

N.M. : Un seul conseil : faire. Il n’y a que dans le « faire » qu’on apprend, crée, se grandit, vit. Faire. Faire. Faire. Un projet, aussi banal apparaît-il, sera plus fondateur pour un jeune acteur que tous les discours. S’il ressent donc l’appel de ce métier, qu’il embrasse avec avidité, avec gourmandise, tous les projets qu’il se soumet à lui-même, toutes les sollicitations qui se présentent à lui.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

N.M. : Peter Brook termine un de ses livres (L’Espace vide) par : « Jouer sur une scène demande de gros efforts. Mais quand le travail est vécu comme un jeu, alors ce n’est plus du travail. Jouer est un jeu… ». Pour un acteur, la vie est un immense terrain de jeu. Vive la vie. Vive le jeu.

 

Nicolas Marié 3

 

 

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Vous pouvez retrouver Nicolas Marié...

 

3 octobre 2014

Michel Goya : "Les États irakien et syrien sont morts et vivants à la fois"

   La Turquie vient officiellement de grossir les rangs de la coalition ad hoc formée contre l'État islamique. Cette organisation extrémiste, qui contrôle à ce jour de larges pans de territoires irakien et syrien - ressources incluses -, vise à établir, en lieu et place d'États sécularisés en voie de décomposition, un califat se réclamant des interprétations les plus radicales de l'Islam sunnite. Pour les théoriciens du Daech, les ennemis à combattre et à réduire pour accomplir leur dessein sont tout désignés : ceux qu'ils voient comme des "hérétiques" (les Chiites), des "infidèles" (les Chrétiens d'Orient, notamment), plus leurs alliés de circonstance. Assiste-t-on, nonobstant l'issue de l'expérience criminelle E.I., à un rebattement profond des cartes dans cette région déjà tellement troublée ? La carte du Proche-Orient sortira-t-elle inchangée de ces nouvelles convulsions ?

   J'ai souhaité poser quelques questions au Colonel Michel Goya, l'inviter à évoquer cette situation infiniment complexe et ses implications potentielles pour la suite. Cet auteur et analyste de renom, régulièrement consulté par les hautes autorités militaires, avait consacré il y a cinq ans l'ouvrage Irak : les armées du chaos à la guerre voulue par George W. Bush en 2003 - et dont l'héritage pèse lourd, aujourd'hui. Il a accepté de nous apporter quelques éclairages, ce dont je le remercie bien sincèrement. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MICHEL GOYA

Auteur de l'ouvrage Irak : les armées du chaos

 

« Les États irakien et syrien

sont morts et vivants à la fois »

 

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Q. : 14/09/14 ; R. : 02/10/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Michel Goya. Il y a cinq ans, dans Irak : les armées du chaos, votre ouvrage publié aux éditions Economica, vous traitiez de la gestion par l'Amérique de sa guerre d'Irak, débutée en 2003...

L'émergence et la progression spectaculaire de l'État islamique en Irak et au Levant, groupe extrémiste qui souhaite instaurer un califat de doctrine sunnite et en finir avec ce qu'ils appellent l'« hérésie chiite », ce phénomène-là ne signe-t-il pas de la manière la plus claire qui soit le naufrage du « Freedom Agenda », projet chimérique - et vicié d'une méconnaissance coupable des réalités de terrain - que portèrent de concert l'ex-président américain George W. Bush et son entourage néoconservateur ?

 

Michel Goya : Dans cette application de la théorie des dominos, l’idée était de provoquer une démocratisation du monde arabe par l’exemple vertueux du « nouvel Irak ». Le résultat est pour le moins mitigé. L’Irak est effectivement devenu une démocratie, quoique très fragile et très imparfaite, et son économie est en croissance. Le lien avec les soulèvements du « Printemps arabe » est difficile à établir mais on ne peut l’exclure. On notera à cet égard que le peuple tunisien a été beaucoup plus efficace dans l’application du Freedom Agenda que l’armée américaine. Pour autant, bien sûr, ces transformations ont suscité des réactions fortes. Pour Mao Zedong, une crise, c’est la révélation et la résolution de contradictions cachées. Le monde arabo-musulman a révélé ainsi ses contradictions mais ne les a pas, loin de là, résolues.

 

À la confluence des lignes de fractures confessionnelles entre Sunnites et Chiites, ethniques entre Arabes, Perses, Kurdes et Turcs, l’Irak constituait une clé de voute et Saddam Hussein était la pièce maîtresse de cette clé de voûte. La destruction brutale du système de pouvoir saddamiste a alors entraîné la fin de l’équilibre sociétal, irakien d’abord, puis régional. En deux ans, les États-Unis ont débarrassé l’Iran de deux ennemis majeurs, Saddam Hussein et les Taliban, tout en se présentant comme une menace majeure pour Téhéran. La « débaasification », la suppression de forces de sécurité dominées par les Sunnites, la mise en place d’institutions démocratiques, tout favorisait la mainmise des grands partis chiites irakiens. Pour autant, avec une pratique politique différente, le nouveau basculement des Sunnites dans la rébellion était peut-être évitable.

 

PdA : Avec cette question, justement, je rebondirai sur la précédente. Le pouvoir sorti des urnes après cette guerre d'Irak a fait la part belle aux Chiites, majoritaires dans le pays, ce qui a sans doute contribué à conforter des franges importantes de la minorité sunnite, ancienne tenante du pouvoir, dans une posture d'opposition potentiellement dangereuse. Quelques années plus tard, dans un contexte général de « Printemps arabe », le soutien occidental apporté aux rebelles combattant en Libye a permis la chute de Kadhafi. Aujourd'hui, la Libye n'est pas loin du chaos.

Aussi difficile soit-elle à admettre pour qui, de bonne foi, souhaiterait projeter des idéaux louables dans les affaires du monde, aussi dérangeante soit-elle sur le plan des principes, cette situation ne pousse-t-elle pas à opposer à la vision idéaliste un réalisme affirmé en matière d'affaires étrangères, un réalisme qui ne serait pas dénué de cynisme mais nous imposerait de constater qu'il y avait, sous Kadhafi, sous Hussein, la présence d'États forts, à même de "tenir" et de combattre leurs extrémistes, tandis que le caractère sunnite du pouvoir baasiste irakien constituait, en soi, un pion essentiel à l'équilibre général des forces dans la région, au regard notamment de l'Iran chiite ?

Cet état de fait, d'affaiblissement général des États au profit des groupuscules terroristes ne va-t-il pas faire de Bachar el-Addad, le paria d'il y a un an, un partenaire incontournable pour la suite ?

 

M.G. : Il y a une alternative entre les régimes autoritaires et l’opposition islamiste. Les problèmes de la Libye viennent aussi de l’absence de projet international de stabilisation du pays après la chute du régime. Les causes en sont connues depuis l’enlisement afghan jusqu’aux réticences du monde arabe à voir à nouveau des troupes occidentales sur son sol mais aussi avec ses contradictions paralysantes. Les exemples du Cambodge, de la Bosnie et du Kosovo, témoignent pourtant qu’avec une volonté forte et des moyens militaires importants, on peut parvenir à stabiliser une région. Le problème est qu’entre les errements américains, la faiblesse des Européens et la division des Arabes, il est difficile d’avoir une politique cohérente. Quant à une alliance avec Assad, ce serait militairement inutile (d’ailleurs Daech et l’armée d’Assad ne se combattent pas) et politiquement désastreux.

 

PdA : Quels devraient être, de votre point de vue, le montage et la stratégie de la coalition pour vaincre l'E.I.I.L. et, surtout, pacifier la région ? Devrions-nous prendre part à ce second objectif, d'ailleurs ?

 

M.G. : Le problème tactique est complexe. De 2001 à nos jours, aucune organisation armée du Grand Moyen-Orient, du Hezbollah libanais au réseau Haqqani en passant par l’armée du Mahdi, n’a jamais été détruite. Le seul exemple de succès est le rétablissement de la sécurité en Irak en 2008, et le facteur principal en a été le retournement des organisations nationalistes sunnites contre les groupes radicaux de l’État islamique en Irak. Celui-ci s’est retrouvé réduit et marginalisé, sinon complètement détruit. La vraie force de l’État islamique est d’avoir su renouer avec les groupes sunnites, il est vrai en réaction à l’attitude du gouvernement de Bagdad et, bien sûr, de celui de Damas. L’État islamique apparaît ainsi comme le plus puissant défenseur des Sunnites de la région, surtout après sa victoire spectaculaire de Mossoul.

 

La lutte contre l’État islamique doit donc se dérouler simultanément dans les champs militaire et politique, les deux devant se nourrir et non se contredire. Militairement, les frappes aériennes ne suffiront évidemment pas et il sera nécessaire de reprendre le terrain. Il reste à déterminer qui sera capable de reprendre ce terrain entre les Peshmergas (les combattants kurdes, ndlr), l’armée irakienne et les forces sunnites alliées à la coalition. Cette reprise de contrôle ne servira cependant à rien si les causes politiques qui ont permis le développement de l’État islamique sont toujours là.

 

PdA : Je signalerai également, à ce stade de notre entretien, que vous êtes un fin connaisseur en matière d'histoire militaire et d'histoire tout court. Celle notamment de la Première Guerre mondiale, à laquelle vous avez consacré plusieurs études.

Vous savez ce qu'il y a d'artificiel dans la carte des frontières du Proche-Orient, dessinée pour l'essentiel après l'effondrement de l'Empire ottoman, il y a un peu moins d'un siècle. Les voyez-vous évoluer, ces frontières, dans les prochaines années ? Si oui, voulez-vous expliciter pour nous cette prédiction ?

 

M.G. : De fait, les frontières issues des accords Sykes-Picot n’existent plus, puisque la Syrie et l’Irak sont durablement divisés. Pour autant, on ne voit pas émerger avant longtemps de structure politique cohérente dans le chaos des provinces sunnites. Ces deux États sont donc à la fois morts et vivants et cela peut durer longtemps. Le Kurdistan irakien est indépendant de fait mais pas officiellement depuis vingt-huit ans. On peut imaginer la création officielle d’un Sunnistan syro-irakien, mais il s’agit d’une perspective très lointaine.

 

PdA : Quels sont vos projets, Michel Goya ?

 

M.G. : Je suis en train d'écrire une "Histoire de la France en guerre depuis 1962". Je m'attaquerai ensuite à une "biographie tactique" d'Erwin Rommel.

 

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Vous pouvez retrouver Michel Goya...

 

30 septembre 2014

Sarkozy : Son retour vu et commenté par de jeunes militants UMP

   Convenons-en : l'annonce par Nicolas Sarkozy de son retour sur le devant de la scène politique n'a pas surpris grand monde. Tout juste s'est-il agi d'une clarification : oui, il entend reprendre les rênes ; demain, du parti, après-demain, peut-être, celles du pays. Un mois après la mise en ligne de l'article regroupant les réflexions qu'ont développées, à ma demande, quelques jeunes de l'UMP quant à l'avenir de leur formation politique, j'ai souhaité inviter quelques-uns de leurs camarades à un exercice similaire et qui se rapporte plus précisément, cette fois, à la personnalité, à l'avenir de l'ancien président.

   Le texte sur lequel ils ont travaillé est le suivant : « Nicolas Sarkozy vient d'annoncer sa candidature à la présidence de l'UMP. J'aimerais vous demander, vous qui comptez parmi les jeunes militants du parti, ce que cela vous inspire. Peut-il incarner l'avenir de votre formation politique ; porter vos idées et son projet tels que vous les envisagez ? Est-ce que vous auriez, finalement, un message à lui adresser ? ». Leurs retours, publiés au fil de l'eau, sont organisés par ordre chronologique. Merci à eux ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Sarkozy Son retour vu et commenté

par de jeunes militants UMP

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(Image : France 2)

 

 

R.S.

R. , chirurgien-dentiste, milite à l'UMP depuis quelques mois.

 

   Je m’appelle R.S., je suis chirurgien dentiste en préparation de ma thèse d’exercice. J’ai commencé à militer réellement pour l’UMP depuis quatre mois, par le biais du réseau social Twitter, puis cela s’est étendu sur Facebook. J’ai trouvé que la situation du pays dans lequel nous vivons était calamiteuse. Je suis un jeune homme du peuple, je suis sur le terrain, de par mon métier ; ayant exercé dans le milieu hospitalier, j’ai vu les classes défavorisées défiler continuellement, et cela est de plus en plus marqué.

   Ce qui m’a conduit à militer, c’est l’injustice sociale que j’observe tous les jours en France. On matraque les classes moyennes : aujourd’hui, ce sont les populations les plus maltraitées par le système français. On parle de socialisme et d’humanisme, mais où est l’humanisme quand, dans certains cas, il devient plus avantageux de ne pas travailler et de toucher des aides de l’État que de gagner un petit salaire ? Le chômage monte en flèche, les gens ne croient plus en la politique car les promesses ne sont pas tenues.

   Mon militantisme va, je le crois, dans le bon sens ; il rassemble tous les démocrates qui veulent des réformes pour que le pays aille mieux, des démocrates allant du centre gauche à la droite conservatrice, ce que propose Nicolas Sarkozy.

   Je veux aider les classes populaires qui se lèvent tôt et travaillent dur pour un salaire ne leur permettant pas de vivre décemment. Le dumping social, avec la mondialisation et la concurrence déloyale des pays de l’Est, qui n’ont pas le même code du Travail que nous, écrase les classes populaires. Il faut réformer Schengen, repenser certaines positions de l'Union européenne. Cela, Nicolas Sarkozy l’entend bien.

   Je suis pour des réformes radicales visant la simplification du Code du Travail, pour baisser radicalement les impôts et les charges ; en contrepartie, je suis pour la suppression d’aides sociales sur le long terme, elles ne devraient être octroyées que sur une courte période, le temps de retrouver un emploi. Il faut également favoriser la création d’emplois en matière de formation professionnelle - je pense aux cours du soir notamment.

   Ce pays a besoin de réformes, il suffit de s’inspirer de pays d’Asie comme la Chine, la Corée du Sud, où la culture du travail est valorisée et les universités souvent bien positionnées dans les classements internationaux. Nicolas Sarkozy a beaucoup voyagé à l’étranger, il a constaté tout cela.

   Pourquoi aujourd’hui nous ne sommes plus en tête de liste ? Parce que la France a peur de se réformer, de changer de modèle ; elle a peur de s’adapter au 21ème siècle, de se moderniser et d’intégrer pleinement le numérique et Internet. La France n’ose pas assez développer les échanges culturels ; un enseignement qui soit personnalisé, adapté aux talents de la personne, plutôt qu’un baccalauréat avec différentes filières n’ayant plus aucune valeur sur le marché du travail.

   Je crois en Nicolas Sarkozy, car selon moi, il incarne le rassemblement, il peut rassembler les libéraux, les humanistes, les conservateurs : donc ses militants et au-delà. Il sait communiquer, il a de l’expérience en politique et sur la scène internationale.  Se priver de Nicolas Sarkozy en 2017 serait une erreur, car il a, je pense, encore des ressources intéressantes à nous apporter, malgré les critiques qui ont pu être émises quant à son bilan.

   Le message que je lui adresse, c’est d’écouter les Français. D’être à leur écoute, vraiment. D’écouter leurs préoccupations, sans tenir compte du politiquement correct ; d’apporter à leurs problèmes des solutions intelligentes, sans démagogie.

 

Propos recueillis le 24/09/14 

 

 

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Hélène BULLE

H. Bulle, directrice d'établissements sanitaires et médico-sociaux,

est conseillère municipale à Ribeauvillé (68) et responsable Droite sociale pour le Haut-Rhin.

 

   Au cours de son interview, au journal télévisé de France 2, le 21 septembre dernier, Nicolas Sarkozy a eu cette phrase : « Si je ne fais pas le travail, qui le fera ? ».

   Suite à la défaite de notre famille politique en mai 2012, Nicolas Sarkozy s’est mis en retrait, laissant un véritable boulevard aux différents élus et responsables du parti souhaitant redonner un nouvel élan, une nouvelle orientation à l’UMP.

   Quel en est le résultat, deux ans et demi plus tard ? Qui a « fait le travail » ? Il faut le reconnaître, l’UMP a fait l’objet d’un spectacle désolant, dont certains actes sont dignes d’une tragédie grecque. Il y a eu cette fameuse élection de novembre 2012 dont on connaît trop bien la fin. S’en est suivi le groupe des « non-alignés », prônant l’objectivité et la fin des ambitions personnelles et dont on peut constater désormais le chemin parcouru et les différentes déclarations de candidatures de chacun de ses membres.

   Cette période de latence, aussi difficile soit-elle à assumer pour tout militant engagé, n’est pas un mal en soi à moyen terme : elle permet une prise de recul, une remise en question, et la redéfinition d’un socle permettant un départ sur de nouvelles bases, plus saines et - dans la mesure du possible - plus sereines.

   Toutefois, pour que ce socle repose sur des fondements solides, deux points de vigilance sont à intégrer. Le premier concerne l’électorat français : celui-ci doit apprendre à se forger sa propre opinion et prendre du recul par rapport à la vision court-termiste présentée par les médias, avides de scandales. Le second concerne la jeune génération : être passionné c’est bien, être passionné et avoir une profession, c’est mieux. Nous dénonçons chez certains de nos aînés, de tout bord politique, la préservation de leurs intérêts personnels au détriment de l’intérêt général. Cette jeune génération doit prouver son dynamisme, et démontrer que la politique doit être avant tout une passion avant de devenir éventuellement, par la suite,  une rétribution.

   Ces bases étant posées, deux personnes sont à même - selon moi - de redonner un sens à notre famille politique à ce jour, que ce soit dans le cadre de l’UMP ou dans le cadre de la fondation d’un nouveau parti.

   Laurent Wauquiez, qui en appelle aujourd’hui à une droite des valeurs, et dont le discours a eu le mérite de se recentrer sur les classes moyennes, mises en difficulté de manière croissante depuis mai 2012. Il a toujours assumé ses prises de positions, quelles qu’elles soient, et que ces dernières plaisent ou non, cela lui donne le mérite d’exister sur la scène politique, tandis que d’autres font profil bas et attendent des jours meilleurs.

   Enfin et bien évidemment, le retour de Nicolas Sarkozy laisse présager le rétablissement d’une certaine autorité et d’un rassemblement, qui ont cruellement manqué depuis mai 2012. Notre ancien président a son franc-parler, c’est indéniable. Cela pouvait choquer, mais avait le mérite d’être exprimé, évitant ainsi à une partie de l’électorat français cette frustration qui la pousse aujourd’hui à voter aux extrêmes. N’oublions pas que voter FN, c’est faire le jeu des socialistes qui comptent se faire réélire sur cet égarement, cette dispersion des voix à droite de l’échiquier politique.

   Nicolas Sarkozy sera certes controversé, mais son retour se doit d’être envisagé dans la mesure où personne n'a été capable de reprendre le flambeau depuis son départ. Nicolas Sarkozy incarne également ce côté honorifique de la fonction présidentielle, et fait partie des rares personnalités politiques françaises qui ont su s’imposer sur la scène internationale et redonner une voix - doublée d’un écho - à la France.

   Il ne faut pas se leurrer : si les sondages lui attribuaient une cote de popularité croissante lors de son absence, et dépeignent un profil de perdant depuis l’annonce de son retour sur la scène politique, c’est qu’il est craint. Et je me plais à penser qu’une personne suscite la crainte et la critique dès lors que ses adversaires savent pertinemment que son potentiel dépasse largement le leur.

   À bon entendeur...

 

Propos recueillis le 24/09/14

 

 

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Aurore BERGÉ

A. Bergé, plus jeune conseillère politique de l'UMP, est chef de file de l'opposition municipale

à Magny-les-Hameaux et conseillère communautaire de la C.A. de Saint-Quentin-en-Yvelines (78).

 

   Mon engagement politique a grandi avec Nicolas Sarkozy. Je ne peux pas croire que l'histoire commune entre Nicolas Sarkozy et notre famille politique, entre Nicolas Sarkozy et les Français se soit arrêtée le 6 mai 2012. 

   Notre famille politique a vécu ces deux dernières années une période particulièrement douloureuse, où elle a failli disparaître. Elle a besoin aujourd'hui d'être complètement rénovée : il faut tout changer ! Nicolas Sarkozy est le seul aujourd'hui qui a la légitimité, l'énergie et l'autorité pour réaliser cette révolution.

   Nous vivons aujourd'hui dans une société en proie au doute, à la défiance, dans un contexte de crise identitaire, économique, financière. Nous devons rétablir la confiance, le risque, l'esprit d'initiative. Nous devons cesser d'avoir peur de tout. Cela passe par un mouvement de respiration de notre société.

   Cela veut dire établir un système scolaire qui accepte le droit à la différence et à l'imagination, un marché du travail moins rigide, la fin des carcans réglementaires et bureaucratiques, la suppression des rentes, la remise en cause du principe de précaution.

   Ce projet a été initié avec le mouvement de réformes conduit dès 2007 et arrêté brutalement en 2012. Nicolas Sarkozy est celui qui peut inspirer ce nouveau départ pour notre société.

   La génération qui a osé partir sur des combats difficiles en mars 2014 et dont je fais partie doit à Nicolas Sarkozy de lui avoir insufflé l'audace nécessaire. C'est avec cette audace que nous devons aujourd'hui renouer. C'est l'un des messages que j'ai eu l'opportunité de lui délivrer lorsque je l'ai revu, fin septembre.

 

Propos recueillis le 28/09/14

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Charles ASLANGUL

C. Aslangul est chef de file de l'opposition UMP à Bry-sur-Marne (94).

 

   Le retour de Nicolas Sarkozy est un grand soulagement et source d’espoir nouveau pour beaucoup d’entre nous. 

   Grand soulagement car force est de constater que depuis mai 2012, l’UMP n’a pas réussi a incarner pleinement son rôle de premier parti d’opposition, trop occupée qu'elle était avec ses luttes intestines. Il faut néanmoins rendre hommage à Jean-François Copé, qui n’a pas ménagé ses efforts pour permettre l’historique vague bleue de mars 2014.

   Néanmoins, l’absence de Nicolas Sarkozy a laissé un vide qui a divisé et menacé l’existence même de l’UMP. C’est donc un soulagement de le voir revenir, il suffit de regarder l’enthousiasme, l’énergie et la ferveur qui émanent des militants depuis son retour. Quel bonheur de tous nous retrouver après tant de déchirements stériles ! 

   Source d’espoir nouveau car Nicolas Sarkozy, aux talents incontestés, est un chef naturel. Vous savez, quoi qu’on en dise, à droite nous sommes héritiers du gaullisme et du bonapartisme. Au-delà des considérations de grandeur de la France, de France forte, la notion du « commandeur », du chef, est aussi un de ces héritages. Nous avons besoin d’un leader, d’un homme fort à la tête des troupes ! Ce chef naturel est de retour et nous permet de recouvrer l’espoir de grandes victoires à venir. 

   Ces victoires, nous les devons aux Français qui souffrent d’une gauche incapable de résoudre leurs problèmes et qui les accule sous l’impôt quand elle devrait leur rendre du pouvoir d’achat. Ce qui est le plus navrant, c’est que nous les avions prévenus.

   Nous savions où nous mèneraient François Hollande et les socialistes. Il suffisait de se pencher sur leur programme pour comprendre qu’ils étaient à côté de la plaque ! Les Français ont cru aux promesses de Monsieur Hollande, ils ont cru à l’anaphore « Moi, Président... », ils ont cru au meeting du Bourget et à l’adversaire invisible du monde de la finance, ils ont cru à l’apaisement et au rassemblement du peuple par-delà les différences, bref ils ont cru à cette fameuse promesse du « réenchantement du rêve français ».

   Que reste-t-il de tout ça ? Un immense mensonge. Jamais la France n’a été aussi durement confrontée au chômage. Jamais la France n’a été à ce point incapable de créer de la richesse, de la croissance. Jamais la France n’a été à ce point déchirée par le communautarisme. Jamais la fonction de Président n’a été à ce point abaissée, ridiculisée. Jamais un gouvernement n’a connu autant de scandales. Jamais les Français n’ont été à ce point désabusés, ils n’ont jamais aussi peu cru en la politique. 

   François Hollande est comptable de ce bilan désastreux. Il a menti pour se faire élire coûte que coûte sur fond d’anti-sarkozysme primaire et de promesses qui n’engageaient que ceux qui les recevaient… Avec dogmatisme, il a détricoté toute une batterie de mesures prises sous Nicolas Sarkozy. Prenez les heures supplémentaires défiscalisées… Elles permettaient aux plus modestes d’augmenter leur pouvoir d’achat, de travailler plus pour gagner plus. En temps de crise, ce n’était pas négligeable. Et voilà que ceux qui se réclament du socialisme, donc des plus modestes, suppriment cette mesure de justice parce qu’elle venait de Nicolas Sarkozy... Affligeant. 

   Je ne veux pas être trop long, mais nous pourrions parler de Madame Taubira et de sa réforme pénale consternante de laxisme et d’angélisme. Quand Nicolas Sarkozy avait mis en place les peines planchers pour les multirecidivistes, Madame Taubira souhaite des peines de substitution. En clair, plutôt que de réprimer la délinquance, elle l’entretient en ne mettant pas en prison les voyous et en permettant des remises en liberté plus facilement. Le monde à l’envers. 

   Nous pourrions parler également du mensonge du « mariage pour tous », qui ne devait pas ouvrir la porte sur la PMA et la GPA, alors que c’est précisément ce qu’il advient. Nous pourrions parler de l’absence de leadership Français au niveau européen, de la politique consternante qui consiste à faire l’autruche face aux défis de l’immigration, ou encore de notre Éducation nationale, qui préfère brader les fondamentaux, savoir lire, écrire, compter, sur l’autel du divertissement.

   Ou bien encore de l’effondrement de l’apprentissage de l’histoire de France, devenue repentante et vidée de sa substance au profit d’une prétendue ouverture aux cultures africaines et orientales. Mais avant de s’ouvrir au monde, ne doit-on pas savoir d’où l’on vient ? Avant de parler d’union nationale, ne devons-nous pas la permettre en ressuscitant la fierté nationale d’un passé si riche, si singulier, si grand ?

   L’heure n’est plus aux remords, mais à l’action ! Le temps est venu pour nous de redonner au peuple l’espoir d’un avenir meilleur en démontrant calmement, sereinement, mais avec une implacable détermination que nous sommes en capacité d’opérer le redressement national. 

   Pour répondre à votre question, oui, Nicolas Sarkozy a selon moi toutes les compétences et qualités pour incarner ce nouveau souffle dont la France a besoin. Avant cela, il doit rassembler et remobiliser notre camp. Cela passe par la case UMP. Puisque Nicolas Sarkozy est revenu, nous devons lui donner un large succès pour préparer les futures échéances le mieux possible. Mais nous ne devrons pas réactiver la droite la plus bête du monde en nous divisant. Je pense, par exemple, à Bruno Le Maire, qui devra compter dans les années à venir. Il serait idiot de se passer de talents comme lui. 

   Par ailleurs, nous devrons oser une remise en question. Si nous avons perdu en 2012 c’est bien que nous n’avons pas totalement rempli le contrat. Les seuls mensonges de la gauche ne font pas tout. Il faudra donc que Nicolas Sarkozy aille plus loin, plus vite, plus fort. Il faudra tenir chaque promesse, ou ne pas les faire. Nous devons rendre de la noblesse à l’engagement politique. Cela passe par la reconstruction du lien de confiance avec les Français.

   Enfin, j’entends ceux qui hurlent à la droitisation comme raison principale de l’échec de 2012. Rien n’est plus faux ! Nous avons perdu car nous n’avons pas tout fait ou tout bien fait. Mais, à l’heure où le FN n’a jamais été aussi puissant, à l’heure où le bloc de droite n’a jamais été si large, en appeler au centre est une ineptie ! Nous ne devons pas nous tourner vers le centre, nous devons nous recentrer. Nous recentrer sur ce que nous sommes ! Assumer nos convictions devant les Français. Une fois que nous aurons réaffirmé notre rôle de grand parti de droite, alors nous pourrons discuter avec le centre pour permettre l’alternance en 2017. Mais une fois encore, attention à ce que l’union ne devienne pas confusion.

   Alors voilà, si j’ai un message à faire passer à Nicolas Sarkozy, c’est que nous sommes prêts ! Prêts à œuvrer sans relâche à ses côtés pour nos valeurs communes s’il est capable, et je n’en doute pas un seul instant, d’incarner à nouveau un grand parti de droite fier et sûr de ses valeurs. 

   Comme de nombreux jeunes UMP j’ai adhéré au moment de la campagne de 2007, je suis devenu élu municipal en 2008, tout juste majeur. Une véritable génération s’est alors constituée. Puisque vous m’interpellez en tant que jeune UMP, soyez assuré de la totale détermination de cette jeunesse fidèle à Nicolas Sarkozy. Avec Nicolas Sarkozy, nous sommes en marche pour créer les conditions d’un nouveau souffle pour l’UMP, pour la droite républicaine et, plus largement, pour la France !

 

Propos recueillis le 29/09/14

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Julien_Blanc_Galera

Julien BLANC-GALERA

J. Blanc-Galera, conseiller municipal à Mazères (09),

est assistant chargé des relations presse à l'UMP.

 

   L’UMP traverse depuis le psychodrame de l’élection interne ratée de 2012, de nombreuses difficultés. Si les problèmes financiers sont, aujourd’hui, sur le devant de la scène, il existe aussi des fractures idéologiques fortes au sein de la droite. Mais le principal problème réside en l’absence totale de chef et de leader incontesté.

   En ce sens, le retour de Nicolas Sarkozy est une bonne chose. Face aux autres candidats pour la présidence de l’UMP, il va apporter l’énergie et le punch nécessaires pour faire revivre le parti de droite et stopper toutes les querelles d’égo qui ont parasité le travail de l’opposition depuis deux ans.

   S’il ne peut incarner le renouveau, du fait de sa longue carrière politique, il possède l’expérience, la vista pour permettre à l’UMP de se doter d’un projet solide et de reconquérir la confiance des Français. Si l’élection interne n’est qu’une formalité - qu’il devrait gagner assez aisément -, il sera très compliqué pour lui et pour la droite de regagner la crédibilité perdue depuis deux ans.

   S’il veut réussir son opération, il devra avoir encore la volonté de briser les tabous et répondre au plus près des préoccupations des Français ; s’appuyer sur la jeunesse, qui est une précieuse force de propositions. La jeunesse est la force du monde présent, prolongé dans l’existence, donnons-lui ses chances !

 

Propos recueillis le 30/09/14

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Stéphane Tiki

Stéphane TIKI

Stéphane Tiki, auto-entrepreneur, est le plus jeune secrétaire national de l'UMP.

Également délégué national des jeunes UMP, il a cofondé le collectif Génération Sarkozy.

 

   Je me suis engagé en politique en 2006 lorsque j'étais à l'université Tolbiac. C'est Nicolas Sarkozy qui nous a donné l'envie de nous engager. Nous sommes la Génération Sarkozy.

   Depuis 2012, nous avons connu des querelles internes, notre famille politique ne parlait plus d'une même voix. Et malgré cela nous avons remporté une large victoire aux municipales avec cette vague bleue.

   François Hollande a beaucoup promis et a menti. Le gouvernement a supprimé la défiscalisation des heures supplémentaires, les peines planchers, la bourse au mérite.

   Aujourd'hui les Français attendent que l'on joue notre rôle de leader de l'opposition. Il est important de rappeler que l'on fait de la politique pour défendre nos valeurs , parce qu'on aime les gens et aussi parce qu'on est là pour servir les autres.

   À l'UMP, nous avons besoin d'un chef, nous avons besoin d'un leader et de quelqu'un qui peut renouveler, moderniser et rassembler notre famille politique. Et le seul qui rassemble notre famille politique et qui a l'expérience nécessaire, c'est Nicolas Sarkozy. Personne ne peut contester l'autorité de Nicolas Sarkozy.

   Il est essentiel que cette élection interne se déroule dans un climat de sérénité. Nous aurons besoin de Bruno Le Maire et Hervé Mariton, qui sont des talents de notre famille politique.

   Si j'avais un message à adresser à Nicolas Sarkozy, je lui dirais que nous, militants de l'UMP, sommes mobilisés pour défendre nos valeurs, battre la gauche et le Front national aux élections départementales et régionales.

 

Propos recueillis le 12/10/14

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Julien Mariller

Julien MARILLER

Julien Mariller est conseiller national de l'UMP.

 

   Le retour de Nicolas Sarkozy sur la scène politique est une bonne nouvelle. Je l’attendais avec une certaine impatience. Notre devoir est de construire un grand mouvement populaire qui rassemble et qui réconcilie durablement les Français avec la politique. Pour cela, nous travaillons à la refondation totale de notre famille politique, afin de rester crédible.

   Dans cette campagne pour la présidence de l’UMP, Nicolas Sarkozy souhaite être au plus prés des préoccupations de nos militants et de nos adhérents. Ses échanges directs avec un grand nombre d’entre eux dans les villes de France est un exercice plutôt assez inédit, mais indispensable.

   J’apprécie, par ailleurs, qu’il s’entoure d’une génération nouvelle pour relever l’ensemble ces défis. Je suis très heureux, par exemple, qu’une personne comme Laurent Wauquiez travaille en équipe avec lui. Dans cette campagne, Nicolas Sarkozy impose un renouveau tout en conservant son énergie et sa capacité à fédérer.

   Au-delà de notre formation politique, il y a la France. Elle s’abîme de jour en jour sous la présidence de François Hollande. C’est aussi la raison pour laquelle notre présence est capitale pour porter un projet nouveau et reconquérir le cœur de chacun des Français.

 

Propos recueillis le 12/10/14

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26 septembre 2014

Pierre-Yves Le Borgn' : "In fine, seul compte l'intérêt du pays"

   Il y a un peu plus d'un an, Pierre-Yves Le Borgn', député socialiste représentant les Français établis dans la septième circonscription de l'étranger (Europe centrale et orientale), acceptait de répondre à ma sollicitation pour un article, pour Paroles d'Actu (l'interview est à lire ici). À la mi-septembre, j'ai souhaité lui proposer de participer à nouveau au blog, d'une manière, cette fois, un peu différente de la première : un développement, une sorte de tribune "orientée" par un propos introductif.

   On trouvera, dans ce document, une analyse franche des causes et des conséquences - prévisibles - de l'impopularité record du chef de l'État, ainsi qu'un énoncé des leçons qu'il conviendrait - selon M. Le Borgn' - de tirer de cette situation. Je le remercie d'avoir, cette fois encore, joué le jeu, de nous livrer ainsi le fond de sa pensée, sans concession. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

PIERRE-YVES LE BORGN' 

 

«In fine, seul compte l'intérêt du pays»

 

Pierre_Yves_Le_Borgn_

(Source de l'illustration : P.-Y. Le Borgn')

 

 

   Vingt-huit mois après son élection à la présidence de la République, la rupture que l'on constate tous les jours entre nos concitoyens et François Hollande atteint des niveaux critiques : un sondage LH2 pour Le Nouvel Observateur le créditait récemment de 19% d'opinions positives, un autre signé TNS Sofres pour Le Figaro Magazine le gratifiant d'une cote de confiance ne dépassant pas 13% - deux chiffres largement en deçà de son socle électoral du premier tour de 2012 (28,6%). Une étude Ifop pour Le Figaro indiquait quant à elle que, dans le cas d'un second tour l'opposant à Marine Le Pen, la présidente du Front national battrait largement l'actuel locataire de l'Élysée (par 54% contre 46%).

   L'Assemblée nationale vient, par une majorité relative, de renouveler sa confiance au Premier ministre, Manuel Valls. Mais, s'agissant du peuple, qui constitue la base de la pyramide, rien, absolument rien n'est réglé : la défiance n'a peut-être jamais été aussi forte qu'aujourd'hui depuis l'instauration de la Cinquième République. J'aimerais vous demander, Pierre-Yves Le Borgn', en tant que député mais, surtout, en tant que militant socialiste, en tant qu'homme de convictions, de me dire, le plus sincèrement possible, ce que cette désaffection profonde vous inspire, comment vous voyez la suite ?

 

   Cette désaffection me peine, même si j’en comprends les causes. Les Français estiment, pour une large part à raison, que le changement promis pour « maintenant » dans la campagne présidentielle en 2012 n’est pas au rendez-vous. Ils ne reconnaissent pas le candidat qu’a été François Hollande dans le Président qu’est devenu François Hollande. François Hollande, dans sa campagne présidentielle, n’avait sans doute pas pris la pleine mesure du délabrement de nos finances publiques et du décrochage de notre économie. La gauche était dans l’opposition depuis dix ans et je souscris volontiers à ce déficit de perception.

 

   Il est possible aussi que le candidat n’ait pas, à dessein, suffisamment mis en évidence les mesures difficiles qu’il conviendrait de prendre aux lendemains des succès électoraux de mai et juin 2012. Ce souci de ne pas dire les choses brutalement est assez hollandais. Comme l’était également la croyance mécanique et en l’occurrence démentie par les faits d’une reprise économique mondiale nécessairement à venir qui tirerait la France au-dessus de la ligne de flottaison.  De fait, des propos qui se voulaient rassurants comme « La reprise est là » sont apparus totalement décalés par rapport à la réalité vécue par des millions de Français, qui prenaient dans la figure la progression continue des chiffres du chômage et les augmentations d’impôts.

 

   La société française crève du chômage de masse et du sentiment que renverser cette courbe est de l’ordre de l’impossible. Ce sentiment de résignation, de désillusion, de déclassement, de pessimisme, si ce n’est de déprime collective est terrifiant. Il vient de loin. Ce serait injuste d’en attribuer toute la responsabilité au Président Hollande, loin s’en faut. Reste que l’on ne peut ni ne doit s’en accommoder. Plus encore qu’en 2012, je crois à la nécessité de parler vrai, de parler cash, c’est-à-dire d’afficher toutes nos difficultés sans n’en atténuer aucune et d’afficher les efforts requis pour s’en sortir. Je n’ai pas d’affection particulière pour Churchill, mais il n’est pas inutile de parler de sueur et de larmes.

 

   Le rapport Gallois est pour moi l’acte fondateur du quinquennat. Il pose le diagnostic juste et implacable des carences de l’économie française. Il trace aussi le chemin à suivre pour restaurer la compétitivité perdue de nos entreprises, réduire nos déficits et notre endettement, en un mot retrouver la souveraineté que nous avons abandonnée, non à l’Europe mais aux marchés financiers par le laxisme budgétaire et les non-choix. Si l’on veut sauver le modèle français et notre pacte républicain, alors des politiques difficiles sont à mener, qui ne figuraient pas dans le programme présidentiel de François Hollande, c’est vrai.

 

   Au risque de détonner, j’estime que l’objectif d’un parti au pouvoir, a fortiori le mien, n’est pas de gagner les élections d’après, mais avant tout de tendre, dans les faits et par les réalisations, au progrès partagé. En cette fin de mois de septembre 2014, les résultats ne sont pas au rendez-vous et je comprends la colère des Français. Si les élections avaient lieu aujourd’hui, nous serions balayés, tant à l’élection présidentielle qu’aux élections législatives. Marine Le Pen serait au second tour et il resterait moins de cinquante députés PS à l'Assemblée nationale. L’électoralisme n’est pas une boussole. La fuite en avant de la dette et le retour de la dépense publique sans compter seraient une tragique erreur.

 

   Seul compte l’intérêt du pays, et celui-ci requiert que soient mises en place toutes les mesures d’ordre législatif et réglementaire procédant du pacte de responsabilité. Il faut réduire le coût du travail pour relancer l’investissement et donc l’emploi. J’ai confiance qu’à terme, cette politique portera ses fruits. À temps pour 2017 ? C’est possible, mais pas assuré. Il faut passer du dire au faire, revendiquer l’impopularité et, oui, prendre le risque de l’échec électoral pour assurer la réussite du pays et des Français. C’est l’idée que je me fais de l’action publique. J'ai confiance que le gouvernement de Manuel Valls conduit la France dans la bonne direction.

 

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Vous pouvez retrouver Pierre-Yves Le Borgn'...

 

21 septembre 2014

Éric Anceau : "Napoléon III a été un modernisateur, un visionnaire..."

   On ne compte plus les articles, les études, les ouvrages qui ont été et sont consacrés à Napoléon Ier, peut-être le plus emblématique des grands personnages de l'histoire de France. J'ai eu, pour ce qui le concerne, le bonheur d'interroger M. Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, à deux reprises, en décembre 2013 et en septembre de cette année. Je pourrais presque parler de "trilogie " en évoquant, aux côtés de ces deux interviews, le document qui suit.

   M. Éric Anceau, grand spécialiste du XIXe s. et du Second Empire, a accepté de répondre à mes questions sur Louis-Napoléon Bonaparte/Napoléon III, l'"autre" Napoléon, celui que Victor Hugo qualifia de « petit » dans un pamphlet retentissant (1852), celui auquel notre invité a consacré un ouvrage de référence. Les réponses qu'il m'a apportées sont réellement passionnantes, je le remercie pour cela. Le texte de cet entretien vous permettra, je l'espère, de vous (re)plonger dans cette époque, de prendre quelques instants pour réfléchir à ce que fut la carrière, à ce qu'est l'empreinte véritable de ce personnage finalement assez méconnu, ce "neveu de" devenu chef d'État : le premier de nos présidents, le dernier empereur français. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

ÉRIC ANCEAU

 

« Napoléon III a été un modernisateur,

un visionnaire... »

 

Napol_on_III_tableau_Carnavalet

Napoléon III remettant au baron Haussmann le décret d'annexion des communes limitrophes, le 16 février 1859

(Adolphe Yvon)

 

Q. : 13/08/14 ; R. : 20/09/14

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Éric Anceau. Je vous remercie d'avoir accepté d'évoquer pour Paroles d'Actu ce personnage historique finalement assez méconnu, d'abord identifié sous le nom de Louis-Napoléon Bonaparte, avant d'être appelé par son nom de règne impérial, Napoléon III. On a tous appris, à l'école ou dans les manuels, qu'il était le neveu de Napoléon Ier. Je crois qu'il y a, sur cette question, quelques remises en cause. Quels ont été les derniers développements en la matière ?

 

Éric Anceau : Depuis le milieu du XIXe s. court sur son ascendance une rumeur persistante. Son opposant politique, Victor Hugo, écrivait de lui qu’il était « l’enfant du hasard dont le nom est un vol et la naissance un faux ». Partant du fait avéré que sa mère, Hortense de Beauharnais (fille de Joséphine, future impératrice de Napoléon Ier, ndlr) a eu, par la suite, un fils de sa liaison avec Flahaut, le futur duc de Morny, elle aurait eu Louis-Napoléon d’une relation adultérine. Pour essayer de démêler le vrai du faux, Gérard Lucotte, docteur en génétique et spécialiste du chromosome Y, a fait une importante communication le 2 décembre 2013 dont il ressort l’absence de parenté masculine entre les deux empereurs, Napoléon Ier et Napoléon III.

 

Si cette découverte est confirmée par une contre-expertise (qui me semble nécessaire), il n’en ressort pas obligatoirement que Louis-Napoléon (Napoléon III) n’est pas le fils de Louis, roi de Hollande et le neveu de Napoléon. Il se peut aussi que ce soit à la génération antérieure que ce soit produit la naissance adultérine. Napoléon et Louis ne sont peut-être que demi-frères par leur mère Letizia. En tout état de cause, de plus amples investigations sont nécessaires sur l’ADN de Louis.

 

Relativisons également les conséquences de cette découverte à deux niveaux : Hortense était elle-même belle-fille et fille adoptive de Napoléon Ier d’une part, et Napoléon III tirait aussi une grande part de sa légitimité du suffrage universel masculin d’autre part.

 

PdA : En 1848, à la faveur d'une victoire écrasante auprès de l'électorat universel masculin, il devient le premier de nos présidents de la République. Comment le nom de Bonaparte se porte-t-il dans les esprits français de l'époque ?

 

É.A. : Depuis la chute de l’Empire en 1815, une grande partie des Français ont la nostalgie de Napoléon. La politique intérieure et extérieure des monarchies censitaires qui lui succèdent entre 1815 et 1848, l’exil de Sainte-Hélène et la publication du Mémorial, la légende entretenue par les grognards, la propagande bonapartiste, le rôle des colporteurs, les chansons de Béranger entretiennent le « napoléonisme » des campagnes.

 

PdA : Que sait-on, au mois de décembre 1848, de cet homme qui, en un rien de temps, vient d'être propulsé à la tête de l'État ?

 

É.A. : Louis-Napoléon est déjà connu des Français. Il a vainement tenté, par deux fois, de renverser la monarchie de Juillet par des coups d’État à Strasbourg en 1836 et à Boulogne en 1840. Enfermé à la forteresse de Ham, il rédige un ouvrage sur l’extinction du paupérisme qui le rend populaire dans une partie des masses, puis il s’évade spectaculairement. Il profite de sa parenté au cours de la campagne présidentielle de la fin novembre et du début décembre 1848. Ajoutez-y un discours rassembleur et des moyens de propagande très modernes ! Le scrutin du 10 décembre est un raz-de-marée. (Il obtient sur son nom 5,4 millions de voix, soit 74,3% des suffrages exprimés, ndlr)

 

PdA : On avance un peu dans le temps... Après de longs mois de conflits avec une Assemblée nationale dominée par le "Parti de l'Ordre" - des royalistes, pour l'essentiel -, Bonaparte entend par son coup d'État du 2 décembre 1851 s'affranchir des limitations strictes que la Constitution prévoit pour le mandat présidentiel et affirmer, affermir l'exécutif face à une branche législative prépondérante, cela en s'appuyant directement sur le peuple, par la voie des plébiscites. Un an plus tard, l'Empire sera fait...

Peut-on dire de ce Bonaparte-là qu'il a été, au vu de son parcours, un partisan authentique du suffrage universel direct ?

 

É.A. : Louis-Napoléon cherche à établir un lien direct avec le peuple par le biais des plébiscites. Il en organise un en décembre 1851 pour approuver son coup d’État et un autre, en novembre 1852, pour passer à l’Empire. On peut parler de « césarisme démocratique », en ce sens que Louis-Napoléon rétablit dans sa plénitude le suffrage universel amputé par la majorité parlementaire royaliste en mai 1850, mais qu’il encadre strictement ce suffrage lors de ces deux consultations et plus largement dans toutes les élections  qui se déroulent sous le nouveau régime.

 

PdA : Quelle eût été, dans son idéal d'organisation politique, la place dévolue à la représentation nationale ?

 

É.A. : Depuis ses écrits de jeunesse, il évoque la souveraineté populaire. Il dénonce le dessaisissement du peuple au nom de la souveraineté nationale et du gouvernement représentatif au sens où l’entendaient Sieyès et, désormais, son contemporain Guizot. Il n’a que mépris pour les « discussions stériles » des parlementaires, comme il les appelle. L’exercice du pouvoir et les difficultés qu’il rencontre avec l’Assemblée législative de 1849 à 1851 confortent son sentiment. On peut ici parler d’antiparlementarisme.

 

La Constitution du 14 janvier 1852 en porte la trace. Le Corps législatif n’est qu’une assemblée législative parmi d’autres, encadré à l’amont par le Conseil d’État et à l’aval par le Sénat. Il n’a pas l’initiative des lois, qui relèvent uniquement du chef de l’État. Il se contente de voter les projets de lois et l’impôt et ne peut les amender qu’à la marge, au terme de débats réduits et strictement encadrés. Le risque de les lui voir rejeter est limité par le système de la candidature officielle, qui produit d’énormes majorités gouvernementales.

 

PdA : J'aimerais à présent, si vous le voulez bien, vous inviter à évoquer quelques aspects importants de la politique extérieure du Second Empire. L'époque est romantique. Elle est celle des libérations nationales (Pologne, Italie...). L'Empereur des Français lui-même s'y est intéressé, parce qu'il avait la sensibilité de son temps et parce qu'il savait calculer - compétence qu'il ne fut pas le seul, alors, à maîtriser...

Son soutien à la cause italienne l'a conduit à reproduire un schéma presque traditionnel de notre diplomatie : une ligne dure vis-à-vis de l'Autriche, une relative bienveillance à l'égard de la Prusse, la seconde s'affirmant toujours davantage en Allemagne aux dépens de la première, et avec des dispositions autrement plus aventureuses, plus directement hostiles à la France. Quelques fourberies bien placées jetteront la suspicion sur notre pays. Quant à l'affaire d'Espagne, elle provoquera la fureur d'une France à l'orgueil blessé et soudera les États allemands autour de Berlin, l'agressé de la guerre qui démarre...

L'habileté virtuose de Bismarck a compté pour beaucoup dans l'unification allemande autour de la Prusse, ce fait majeur qui bientôt engendrera bien des périls et des malheurs pour la France et pour l'Europe. Quid, à votre avis, considérant ses erreurs tactiques et stratégiques, des responsabilités de Napoléon III sur cette question cruciale ?

 

É.A. : Louis-Napoléon a toujours été sensible aux nationalités et au droit pour elles de disposer d’elles-mêmes. En cela, il a été un adversaire irréductible du Congrès de Vienne de 1814-1815 qui a recomposé la carte de l’Europe après la chute de son oncle. Jeune homme, il s’est enflammé pour la cause des Grecs qui cherchaient à se libérer du joug ottoman, dans les années 1820. Par ses origines, l’histoire de l’Empire et l’exil italien des Bonaparte, l’Italie morcelée alors en une dizaine d’États lui a été particulièrement sympathique. Il a participé à l’insurrection des Romagnes contre les Autrichiens, en 1831, et a failli y laisser la vie, comme son frère aîné. Devenu empereur, il aide Cavour à réaliser l’unité italienne autour du royaume de Piémont-Sardaigne au tournant des années 1850-1860. Il en fait de même, quelques années plus tard, avec Bismarck et la Prusse, sans être aussi dupe qu’on l’a prétendu.

 

Le chef de l’État connaît les intérêts de la France et n’entend pas les brader. La raison prime les sentiments. Ainsi, il n’accorde pas de soutien à l’insurrection polonaise contre la Russie, en dépit du lobbying intense qui s’exerce dans son entourage le plus direct. Il joue les médiateurs et essaie de régler la crise par un congrès international, mais n’insiste pas devant le refus ou les réticences des autres puissances. La victoire écrasante des Prussiens sur les Autrichiens à Sadowa, le 3 juillet 1866, achève de lui ouvrir les yeux sur le danger que représente Berlin. Dès lors, il cherche à renforcer la puissance militaire de la France et à limiter le processus d’unification allemande autour de la Prusse, en soutenant les États périphériques et en essayant de conclure une alliance militaire avec l’Autriche et l’Italie mais celle-ci n’aboutit pas.

 

Napoléon III porte une part de responsabilité dans le déclenchement de la guerre de 1870, en ce sens que c’est à lui que revient le pouvoir ultime de la décider ou de la refuser et qu’il l’accepte, non sans avoir tenté d’en appeler une nouvelle fois à un congrès international. Cependant, sa responsabilité est loin d’être totale, puisqu’en 1870, le régime est devenu semi-parlementaire. Son gouvernement peut démissionner et le Corps législatif peut se montrer plus scrupuleux dans l’examen des pièces qui entraînent l’emballement de la crise de succession d’Espagne (voir : l'affaire de la « dépêche d'Ems », ndlr) et refuser les crédits de guerre. Ni l’un ni l’autre n’agissent en ce sens. Le bellicisme de la presse parisienne et l’emballement ostensible d’une partie de la population, en particulier dans les grandes villes, jouent aussi un grand rôle dans la décision finale du souverain, lui qui a toujours attaché une grande importance à l’opinion.

 

Napol_on_III

 

PdA : Le 19 juillet 1870, la France s'attaque seule à la Prusse - en fait, de facto, à presque toute l'Allemagne. Quels regards les grandes capitales d'Europe portent-elles sur le conflit ?

 

É.A. : Grâce à la manœuvre de Bismarck, la France est d’abord unanimement considérée comme l’agresseur. Le chancelier de la Confédération de l’Allemagne du Nord divulgue habilement à ce moment-là une lettre par laquelle Paris réclamait l’annexion de la Belgique au lendemain de Sadowa, à titre compensatoire. Les Anglais, qui font de la neutralité belge l’une des clés de leur politique continentale, en sont choqués. Italiens et Autrichiens attendent de voir comment la guerre va tourner avant de s’engager aux côtés de la France. La Russie reste neutre. En fait, les grandes puissances ne sont pas mécontentes que Napoléon III, qui domine le jeu diplomatique depuis une quinzaine d’années, doive en rabattre dès les premières semaines de campagne.

 

PdA : La guerre de 1870-71 tournera mal, très mal pour la France. La défaite était inattendue, on peinait même à en concevoir l'idée face à un ennemi que l'on croyait inférieur; elle n'en sera que plus retentissante. Bientôt, l'Alsace et la Lorraine nous seront retirées, le territoire national sera occupé dans l'attente du paiement d'une forte indemnité de guerre. Humiliation suprême, le Reich allemand sera proclamé le 18 janvier 1871 dans la Galerie des Glaces, à Versailles. À cette heure qui voit la naissance d'un nouveau régime impérial outre-Rhin, le Second Empire n'est plus que ruines.

Que sait-on des pensées, des sentiments de Napoléon III à ces moments-là ? Comment analyse-t-il, comment vit-il la déroute militaire, l'effondrement de ce qu'il avait cherché à bâtir ?

 

É.A. : Il vit l’enchaînement des défaites au front jusques et y compris Sedan, bataille au cours de laquelle il cherche la mort au milieu de ses soldats. Il capitule et se retrouve prisonnier en Allemagne jusqu’à la conclusion de la paix. Bismarck se sert alors de lui comme d’une menace pour les républicains qui sont désormais au pouvoir. Libéré en 1871, il se réfugie en Angleterre.

 

Jusqu’à sa mort, il cherche à justifier l’entrée en guerre et la conduite des opérations. Il explique la défaite par l’infériorité numérique de son armée car le Corps législatif a refusé de voter la totalité de la réforme militaire préparée par son ministre de la Guerre, le maréchal Niel. Juste avant de mourir, il cherche à obtenir de son ami et confident le docteur Conneau confirmation que son armée et lui-même se sont comportés bravement à Sedan, de façon à partir en paix.

 

PdA : Dispose-t-on d'éléments susceptibles de nous informer sur ce qu'eurent été les projets, les ambitions de et pour l'Empire, s'il avait perduré ?

 

É.A. : Je ne me lancerai pas dans de l’histoire-fiction. Je dirai simplement que Napoléon III a tenté une « expérience politique », selon ses propres termes, à partir de décembre 1869, en mettant en place l’Empire libéral. Ce régime semi-parlementaire a initié des réformes importantes dans tous les domaines : fin de la candidature officielle, début de décentralisation, régime plus souple de la presse, liberté de l’enseignement supérieur, mesures favorables aux ouvriers.

 

Napoléon III cherchait à transmettre dans de bonnes conditions la couronne à son fils, le prince impérial, dès sa majorité, en 1874. La guerre et l’effondrement du régime n’ont pas plus permis d’assurer cette transmission que de mener à bien l’ensemble de ces réformes.

 

PdA : Avez-vous été étonné, frappé par des découvertes faites à l'occasion de la préparation et de l'écriture de votre Napoléon III (Éd. Tallandier) ?

 

É.A. : Étudier Napoléon III permet de se rendre compte qu’il incarne très bien le XIXe siècle, avec ses grandeurs et ses travers : la soif de découvertes, la foi dans le progrès, l’oscillation entre un idéalisme romantique et un réalisme froid, la volonté de clore la Révolution en trouvant un équilibre entre l’ordre et la liberté…

 

On est aussi frappé par la continuité de ses idées-forces dans tous les domaines. La plupart d’entre elles lui viennent de sa jeunesse et il a cherché à les mettre en œuvre tout au long de sa vie avec ténacité, mais plus ou moins de bonheur. S’il a commis certaines erreurs graves, il a indéniablement été un visionnaire dans de nombreux domaines, de la place qu’il a accordé à l’économie, unique parmi les chefs d’État de son temps, à sa conception des relations internationales.

 

PdA : Le second des Bonaparte ayant dirigé la France ne jouit pas forcément toujours d'une haute estime auprès des historiens. Vous comptez parmi ceux d'entre eux qui le connaissent le mieux. À quoi un bilan honnête et juste de son gouvernement devrait-il ressembler, de votre point de vue ?

 

É.A. : La plupart des historiens s’accordent à dire que le passage de Louis-Napoléon Bonaparte/Napoléon III aux affaires constitue un moment fondamental de la modernisation politique, économique et sociale de la France. Cette réévaluation ne signifie d’ailleurs pas qu’il faut renoncer à porter un regard critique sur chacun des aspects, mais simplement, que le pays a connu alors des transformations majeures, comme le reconnaissaient Gambetta, Hugo ou Zola, qui furent pourtant trois opposants au Second Empire. Que l’on songe à l’urbanisation, au développement des transports, à l’apprentissage du vote…

 

PdA : Cette période de notre histoire qui court de 1852 à 1871 vous inspire-t-elle l'extraction de quelques enseignements qui pourraient être utiles à la France d'aujourd'hui ?

 

É.A. : Faire retour vers cette période de notre histoire permet de comprendre certains blocages dont notre pays souffre encore aujourd’hui et l’impossibilité de faire passer certaines réformes qui sont devenues de véritables serpents de mer : l’État, l’organisation administrative et territoriale, la formation de l’élite, etc... Il est d’ailleurs fascinant de voir comment l’élite française peut reproduire, à plus d’un siècle de distance, et dans le cadre de régimes pourtant si différents, les mêmes erreurs. L’ouvrage que je publierai prochainement sur l’Empire libéral reviendra de façon détaillée sur ces aspects.

 

 

_ric_Anceau

 

 

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