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Paroles d'Actu
politique
4 juillet 2016

« J'aurais tant aimé qu'il fût Président », Michel Rocard vu par Jean Besson

La disparition de l’ex-Premier ministre Michel Rocard (il officia à ce poste sous la présidence de François Mitterrand, entre 1988 et 1991), figure de la gauche dite « réformiste » en France et, jusqu’à la fin, infatigable militant pétri de convictions fortes, a suscité de nombreux hommages, y compris de la part de ses adversaires qui ont, a minima, reconnu de vraies qualités à l’homme. Le 3 juillet, j’ai proposé à M. Jean Besson, ex-sénateur socialiste de la Drôme (1989-2014) qui avait répondu à une longue interview pour Paroles d’Actu en 2012, d’écrire quelques lignes pour évoquer Rocard. Son texte m’est parvenu le lendemain, peu avant midi. Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

Photo Jean Besson M

« Ma photo : avec Rodolphe Pesce, lui aussi rocardo-mauroyiste, au milieu des années 80, accueillant Rocard

qui avait démissionné du Gouvernement Fabius et préparait sa candidature à la Présidentielle de 1988. »

 

« J’aurais tant aimé qu’il fût Président »

L’annonce de la mort de Michel Rocard me laisse un sentiment de très grande tristesse et le regret d’un destin inachevé.

Cet homme d’État restera comme une figure de la politique française, inventeur de la « deuxième gauche ». Il a été le premier à gauche à introduire la notion de rigueur financière. Un homme du siècle dernier mais tellement tourné vers l’avenir, qu’aujourd’hui encore ses idées sont non seulement d’actualité mais pourraient inspirer bon nombre de nos hommes politiques. Cette « gauche moderne », résolument réformiste, il l’aura conduite pendant trop peu de temps à Matignon entre 1988 et 1991. Mais assez de temps pour ramener la paix en Nouvelle-Calédonie et mettre en place le RMI et la CSG, pour ne citer que ses plus grandes réformes.

Je n’étais pas ce que l’on appelait un « rocardien » mais mes engagements à la CFDT m’ont naturellement conduit à être très proche de Michel Rocard. C’est un peu de la préhistoire politique et ceux qui n’appartiennent pas à ma génération ne comprendront pas trop de quoi nous parlons, mais disons que j’ai appartenu à ce qu’on a appelé à l’époque les courants rocardo-mauroyiste puis jospino-rocardien. Une anecdote : j’ai toujours eu parmi mes plus proches collaborateurs des rocardiens ! Comme militant socialiste et comme parlementaire je l’ai soutenu et j’aurais tant aimé qu’il fût président de la République.

L’amateur de voile qu’il était a aujourd’hui pris le large, il va manquer à la politique française et au débat d’idées.

par Jean Besson, sénateur honoraire

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17 septembre 2015

Institutions et vie démocratique : réflexions sur les « règles du Jeu »

« Vous comptez, notamment de par votre engagement en politique, parmi les jeunes qui entendent œuvrer activement à l’amélioration des conditions de vie et de coexistence collectives au sein de la Cité. À l’heure où des voix s’élèvent pour réclamer qu’un débat véritable se tienne quant aux termes de la structuration et de l’organisation du régime républicain français, je souhaite vous inviter, entre autres jeunes politiques de tous bords, à expliciter dans un texte de synthèse l’état actuel de votre réflexion personnelle, au-delà de toute considération partisane, s’agissant de la manière dont, dans un souci conjugué de sincérité démocratique et d’efficacité de la chose publique, la République pourrait être rénovée - voire, selon les sensibilités, refondée.

Parmi les thématiques que vous pourriez aborder, cette liste n’étant pas exhaustive et pouvant être élargie à votre discrétion : les modalités d’élection des représentants de la Nation et des territoires; l’articulation des rapports entre les pouvoirs législatif et exécutif; l’articulation des rapports entre le gouvernement, qui procède du Parlement, et la présidence de la République, dont le mode de sélection peut être discuté, au sein de l’exécutif; l’articulation des rapports entre l’État central et les collectivités décentralisées; l’articulation, enfin, à définir entre les notions de "démocratie représentative" et de "démocratie participative"...

Des questions multiples, fondamentales, auxquelles peuvent se greffer celles relatives au calendrier électoral et aux limitations des mandats ; aux interventions des citoyens, des médias et de largent dans le processus politique. En trois mots comme en cent, les "règles du jeu". Je laisse volontairement de côté la question communautaire européenne, considérant qu’elle est fonction de la volonté nationale telle qu’exprimée d’après les règles démocratiques dont il est question ici. »

Cette idée-ci, voilà longtemps que j’avais envie de la mettre sur pied. La question des institutions et, plus généralement, celle touchant au fait démocratique, m’ont toujours beaucoup intéressé. Coutumier de lexercice qui me permet régulièrement, avec bonheur, d’offrir des espaces d’expression à des jeunes engagés en politique, c’est tout naturellement que j’ai souhaité appliquer ce concept, ce format désormais traditionnel des articles « à plusieurs voix » à cette thématique-là. Dès la mi-août, jai transmis à plusieurs jeunes femmes et hommes engagés au sein de chacune des grandes « familles » politiques qui comptent (EELV, PCF, DLF et MRC compris, je le précise au passage) la proposition reproduite dans le premier paragraphe de cette introduction. Je remercie celle et ceux qui, parmi ces jeunes, sont allés au bout de l’exercice. Et suis ravi de la richesse que la variété, la qualité de leurs interventions - positionnées ici d’après un ordre chronologique - confèrent à cet article. Quelques éléments en vue de débats véritables ; je l’espère en tout cas. Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D’ACTU

Institutions et vie démocratique

Réflexions sur les « règles du Jeu »

 

Assemblée nationale

Illustration : Assemblée nationale

 

 

La République telle qu’on la connaît a mis, depuis l’époque révolutionnaire, beaucoup de temps à se développer et n’a acquis de réelle stabilité qu’à la faveur de l’avènement de la Vè République, en 1958. La France a pendant longtemps été embourbée dans un système parlementariste (Ière République avant le Consulat, IIIè puis IVè République) qui a provoqué de l’instabilité politique et des crises multiples : les gouvernements étaient, pour certains, contraints de démissionner au bout de quelques semaines seulement, faute de majorité d’appui au Parlement.

Le Général de Gaulle, qui avait pour la France l’objectif de restaurer l’autorité de son État, a expliqué ses intentions dans son discours de Bayeux de 1946 : le Premier ministre ne doit plus procéder du Parlement ; il convient qu’il soit nommé directement par le président de la République. En proposant plusieurs mécanismes de rationalisation des institutions, il permet ainsi de sortir du régime parlementaire à proprement parler, celui-ci ayant fait montre de ses (nombreux) travers. C’est ce qui sera mis en place à partir de 1958, avec la Vè République.

Il faudra donc attendre 1958 et le retour du Général de Gaulle aux affaires pour que les principes de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et ceux de la séparation des pouvoirs, pour que la reconnaissance du chef de l’État en tant que « capitaine » et l’introduction doutils de démocratie directe - couplés avec ceux propres à la démocratie représentative - soient mis en œuvre de concert. On a l’impression de retrouver ici ce qu’il nous manque aujourd’hui, finalement.

Nos dirigeants actuels ont les clefs en main pour éviter de se retrouver sous le joug des critiques, et pourtant, ils n’en font rien, par peur de perdre leur place. Dans un premier temps, le référendum, outil qui n’est plus utilisé depuis dix ans en France, doit être réhabilité, puisque son utilisation est prévue par la Constitution. Le Président et le Parlement ne doivent plus avoir peur du peuple, surtout s’ils veulent continuer à obtenir ses suffrages...

Le chef de l’État doit avoir l’autorité qui lui est conférée par son statut mais aussi le rôle qui est le sien dans les institutions de la République : il doit indiquer les grandes orientations, guider la politique menée par le gouvernement, bref, donner le cap. C’est aussi ce qui manque cruellement à l’heure actuelle, où lon a plutôt l’impression que les Français sont oubliés, et que le gouvernement est sourd alors même que les manifestations se font de plus en plus entendre.

D’un point de vue organique, l’État est affaibli : au départ unitaire et centralisé, l’État français devient de plus en plus décentralisé et communautaire. Il n’y a, de ce fait, plus de réelle autorité : les affaires ont tendance à transiter d’une collectivité à une autre, et cela en ralentit considérablement le traitement. Ce phénomène s’est vu généralisé par les réformes de décentralisation qui ont eu lieu dans et depuis les années 80. Il aurait plutôt fallu faire, à mon sens, davantage de réformes de déconcentration. Je crois que le problème du mille-feuille administratif pourrait être résolu en supprimant des échelons intermédiaires, tels que les communautés de communes ou les régions. De cette manière, les affaires publiques n’auraient plus à transiter qu’entre les communes, les départements et l’État. On simplifiera l’organigramme et la coopération sera en tous domaines préférée aux logiques d’intégration, peu démocratiques.

Le scrutin majoritaire, qui n’a d’intérêt que pour la constitution dune majorité pour le pouvoir exécutif, montre ses limites en ne reconnaissant pas des voix minoritaires mais pourtant souvent importantes. En France, pour plusieurs élections, et notamment les régionales, qui approchent, c’est un mode de scrutin mixte qui est mis en place : toutes les listes recueillant plus de 10% des voix sont représentées, et la liste qui arrive en tête au second tour obtient une prime majoritaire. Si lon adapte et modifie ce principe pour les élections nationales, et en particulier pour les législatives, - dont le mode de scrutin n’est pas fixé dans le marbre constitutionnel et peut de ce fait être modifié - on peut composer une assemblée élue avec une dose importante de proportionnelle. On peut considérer que le fait majoritaire est viable dès lors que la prime majoritaire est de 20 ou 25% pour la liste qui arrive en tête. Ainsi, on pourrait établir à 75 ou 80% la dose de proportionnelle pour les législatives, et assurer ainsi la représentation de la plupart des mouvements politiques, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. Le fait majoritaire serait préservé, la stabilité de la République également.

Le calendrier électoral, en vertu duquel le Président est élu quasiment au même moment que les députés, donne l’impression qu’au niveau national, les Français choisissent leurs représentants une fois tous les cinq ans, sans jamais voir de leur part de signe de responsabilité politique. Cela va dans le sens de Rousseau quand il disait qu’une fois ses représentants élus, le peuple est dépouillé de sa souveraineté.

La question de la limitation du nombre de mandats, directement liée à la précédente, n’est véritablement utile que s’il existe une réelle contestation populaire des représentants du peuple. Si un élu est efficace, peu de gens soutiendront la limitation du nombre de mandats. Si un président élu ne revient jamais devant le peuple durant son mandat, par un référendum par exemple, alors le peuple sera plus prompt à demander une limitation du nombre de mandats. Si un président remet en cause son mandat plus souvent, comme le faisait le Général de Gaulle lorsqu’il organisait un référendum en y associant sa propre responsabilité politique, alors son action suscitera la confiance auprès du peuple. La volonté de limiter le nombre de mandats vient de l’absence de confiance qui règne aujourd’hui entre le pouvoir et le peuple. Elle ne trouve sa justification, à mon sens, que dans le cas où les élus ne remplissent manifestement pas correctement leur fonction.

Cette confiance qui devrait exister entre les élus et le peuple est d’une certaine manière organisée par la constitution de la Vè République, qui mêle démocratie représentative et démocratie directe. Seulement, les outils de démocratie directe sont oubliés car non obligatoires ; les élus se reposent sur la démocratie représentative. Il s’agit donc ici d’un dévoiement de l’esprit de notre république, puisque, d’une démocratie semi-directe, nous sommes passés à une démocratie purement représentative. La situation politique en France rejoint de plus en plus les conclusions qu’émettait Rousseau : le peuple a l’impression d’avoir perdu sa souveraineté.

Cette impression se retrouve s’agissant de l’Union européenne. Sur ce sujet, De Gaulle, qui a un temps pratiqué la politique de la chaise vide, consistant à refuser un développement excessif de la construction européenne, a toujours considéré que ledit développement nuisait à l’indépendance de la France. Si Maastricht est passé de justesse en 1992, le résultat du référendum de 2005 s’est avéré clairement négatif, nouvelle preuve que les Français veulent préserver l’indépendance de leur pays. Et pour cause, plus personne en France ne veut être dirigé par un gouvernement non élu !

La construction européenne apparaît en fait comme un brutal retour en arrière sur le terrain de la politique. Alors que nous avons mis des années à établir une république stable, voilà que les élites de Bruxelles veulent contrôler notre budget, notre monnaie, et même nos lois : la France est punie d’une lourde amende si elle ne respecte pas les décisions de la Cour européenne des Droits de l’Homme, l’obligeant alors à modifier ses lois en conséquence !

L’Union européenne, d’ailleurs, ne respecte même pas la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, reconnue constitutionnellement par la France. Son article 3, notamment, précise que « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation » et que « nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ».

Tous ces points tendent à un même résultat : au final, le peuple n’a plus confiance en ses élus, et il le leur fait savoir comme il le peut. Avec, chaque jour davantage, le sentiment que ces élus constituent une « élite » totalement coupée de ses préoccupations, et dont la fin serait de tirer, aux dépens du peuple, les bénéfices sociaux et financiers afférents à ces fonctions qu’ils monopolisent. Ce qui entraîne un mécontentement populaire légitime et qui va croissant. Ce mécontentement, qui nourrit une véritable crise de la citoyenneté, exige de profondes modifications institutionnelles et une véritable refondation de la République sur ses principes de 1958 et de 1962.

 

Arnaud de Rigné

« Restaurons l’autorité de l’État »

par Arnaud de Rigné, le 25 août 2015

 

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Avant d’exprimer ma vision personnelle de la République et du système idéal pour la France - et non pas celle du mouvement politique dans lequel je milite -, je vais établir un état des lieux (nécessaire) de certains fondamentaux :

« Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. » (C. de Gaulle). Un rappel sur l’identité et ses évidences : la France, depuis quinze siècles, repose sur une essence délicate et rare : le métissage des peuples blancs européens, la fusion avec la religion chrétienne et la continuité de l’héritage grec et romain. Je ne dis pas que nous sommes restés inchangés de Clovis à Saint-Louis en terminant par de Gaulle, ce serait une erreur. Je parle des fondamentaux qui structurent une civilisation. Nos trois piliers : essence charnelle, spirituelle et culturelle.

Ce ne sont pas cinquante ans d’immigration, d’américanisation, de castration et de diabolisation de ces évidences, qui feront oublier aux héritiers de la France, nos racines. Non, en aucun cas !

Concernant la République française, qui naquit de la Révolution de 1789, des miasmes des politiques libérales de Turgot aux entreprises de conquête du pouvoir de la nouvelle bourgeoisie mobilière – nourrissant une haine de l’ancien régime catholique, alors dirigé par le clergé et la noblesse – je préciserai que malgré toutes les ardeurs laïcistes et anticléricales, les seules lettres de noblesse, la seule force d’incarnation qui a nourri la République, viennent précisément de la France et de son essence chrétienne – triste ironie !

Je réduirai donc la République à ce qu’elle est, et doit être aujourd’hui : un simple régime au service de la France, et non comme cela est le cas depuis trop longtemps, une France au service de la République.

Le modèle que je présente ci-dessous est une réflexion, une vue de l’esprit - comme tous les modèles, à l’origine. Utopique, irréalisable, peu importe ! L’intérêt est la réflexion qui peut en découler. L’esquisse de cette idée d’institution se nommant « Nation Française » - Nation, pour insérer dans le marbre, ce principe national, que toutes les forces de l’établissement tentent aujourd’hui de dissiper. C’est un rappel de soi, et cela en découlera, dans sa constitution et sa loi. Commençons.

 

Projet David Berton

Schéma. Source : D. Berton.

 

Le Premier Citoyen :

Comparable au Président de la Vème République, il incarne le pouvoir exécutif, et en assume les prérogatives dans sa globalité. Le gouvernement n’est que son prolongement. Il est élu par le suffrage universel uninominal à un tour. Il nomme 1/3 des sénateurs pour 5 ans, sans possibilité de les révoquer. Droit de véto, utilisable une seule fois par an, sur toute motion du Sénat.

Le Roi :

Il est une figure symbolique, représentant l’image de la France à l’international, supplantant l’exécutif sur ce point. Il est roi par primogéniture de sang royal. Il incarne l’essence de la France et est le garant de l’identité de la France et des vertus chrétiennes. Il nomme 1/3 des sénateurs pour 5 ans, sans possibilité de les révoquer. Droit de véto, utilisable une seule fois par an, sur toute motion du Sénat.

Le Sénat :

Les sénateurs discutent, étudient et votent les lois et les budgets : ils incarnent le pouvoir législatif ; une commission annexe de sénateurs jugent de la constitutionnalité des lois. La nouveauté réside dans le mode de désignation des sénateurs, ce que je nomme la règle des trois tiers : 1/3 élus par les électeurs (scrutin uninominal à 1 tour), 1/3 nommés par le Premier Citoyen, 1/3 nommés par le Roi.

La politique et l’argent :

Toutes les indemnités des élus, du Premier Citoyen aux Conseillers des assemblées (sauf municipalités), seront établies d’après le salaire moyen en France (2 874 euros brut pour 2012 par exemple) ; chaque année l’indemnité sera adaptée selon l’évolution – je précise que l’indemnité est en brut du salaire moyen, non en net. Les indemnités des élus municipaux ne peuvent pas dépasser le salaire moyen national. Les mandats et les indemnités peuvent se cumuler, mais ne peuvent dépasser le salaire moyen national.

Il est vital, pour amener une nouvelle génération d’hommes politiques, d’enlever les appâts de l’avarice qui ornent le fronton du monde politique.

Trinité nationale du territoire :

La République française avait à son origine pour triptyque : commune, département, État ; nous aurons pour notre part, un triptyque semblable, mais plus adaptée aux nécessités géographiques et culturelles plutôt que politiques et administratives. Notre trinité sera : commune, Assemblée provinciale, Nation. Les structures intermédiaires, telles que les agglomérations, ayant pour conséquence la concentration urbaine, la centralisation des domaines de compétences, la désertification rurale, etc., sont à réduire ou à annihiler. Une coordination des communes et une coordination des provinces doivent subsister, mais uniquement d’ordre administrative et technique ; pas d’élus.

Défendre la nation, c’est défendre ses ramifications à toutes les échelles. Défendre une ramification locale allant contre le principe même de la nation, c’est se suicider. Le régionalisme promu par l’Union européenne en est un exemple.

Je ne développerai pas plus avant, voulant rester dans l’esquisse. Des systèmes de renversement, etc. seraient à développer…

 

David Berton

« Un modèle différent pour la Nation française »

par David Berton, le 26 août 2015

 

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Il y a quelques semaines, Libération publiait une étude d’une agence de Publicis, soulignant la volonté de ‘coup d’État citoyen’’ de notre classe moyenne, rejetant une vie politique ternie par les scandales, le manque de transparence et de résultats, et le storytelling à outrance. Le 11 janvier 2015, des millions de Français - musulmans, juifs, catholiques, laïques, blacks, blancs, beurs... - défilaient ensemble pour rappeler les valeurs qui font le socle de notre République. Certains parlèrent de marche citoyenne, d’autres de manifestation, et beaucoup eurent des difficultés à qualifier ce qui était en train de se passer. Jérôme Fourquet et Alain Mergier, de la Fondation Jaurès, ont dans un ouvrage récent évoqué les épisodes de janvier 2015 comme un catalyseur, amplifiant deux processus : la volonté de soulèvement populaire, qui prend ses racines dans notre histoire nationale, ainsi que l’écart entre la France silencieuse, que beaucoup ont eu pour dessein d’invoquer ces derniers mois, et la France qui se réveille et s’exprime dans la rue. Cette forme d’ébullition populaire pourrait faire écho à d’autres situations, dans d’autres pays européens où extrêmes de tous bords avancent pour prendre le pouvoir - s’ils ne l’ont déjà conquis. Le peuple crie pour se faire entendre, partout sur notre vieux continent, et les politiques s’écartent, de peur de recevoir un quelconque retour de bâton. Et ces cris ne sont que l’écho d’un problème bien ancré dans notre système politique depuis des dizaines d’années : cette triple crise démocratique dont on essaie de taire l’existence.

Une crise démocratique à l’échelon national, de prime abord, avec une difficulté des politiques à porter les convictions des citoyens qu’ils représentent, et un manque de pédagogie consternant. Peu de députés vont aujourd’hui sur le terrain pour expliquer ce qu’il se passe en Assemblée, pour justifier leurs idées et prises de position, de peur de ne pas être réélus. Sans parler des sénateurs, qui ont pour beaucoup et depuis bien longtemps oublié le sens de la mission républicaine qui leur a été confiée : le Sénat est devenu désuet, incapable de représenter les intérêts territoriaux, et enclin souvent aux intérêts purement partisans. Le Gouvernement de Manuel Valls ne porte que peu d’ambitions sur le long-terme pour notre pays, et chaque ministre, quand il a du poids politiquement parlant, s’attelle à faire des réformes qui pour la plupart sont mal ficelées, sans ligne politique claire ou, au contraire, jouant sur des clivages qui ne refondent en rien le domaine qu’il est censé porter. Emmanuel Macron, qui a pour fil directeur le déverrouillage des vieux dogmes économiques français, s’est heurté aux rouages technocratiques et corporatistes qui ont fait de sa première loi un projet certes ambitieux, mais affaibli par de nombreux intérêts particuliers qui n’ont en rien rendu service à l’intérêt général.

Ces blocages, on ne le dit pas assez, viennent non seulement de clivages archaïques, mais aussi d’une élite technocrate formée pour maintenir des blocages qui ne nous permettent pas de participer pleinement au challenge de la globalisation. Ces ‘‘verrouilleurs’’ prennent la place du peuple, censé être souverain, dans la construction de nos lois. Depuis quand n’avons nous pas eu de consultation citoyenne d’envergure, alors que des sujets cruciaux font notre actualité ? On pense à l’afflux de réfugiés vers notre vieux continent, par exemple. On en vient ici à un autre échelon qui connaît une crise démocratique sans précédent.

La chose européenne, incomprise depuis plus de dix ans, ne peut avancer tant que le dessein européen n’est pas expliqué, valorisé et repensé. Et il doit l’être par le peuple européen, pour le peuple européen. Le président de la République évoquait récemment l’idée d’un gouvernement et d’un Parlement de la zone euro, une réflexion qui n’est en rien nouvelle. Qu’il ose, comme d’autres chefs d’État européens, demander au peuple son avis ! Les différentes études d’opinion montrent que les Français, comme d’autres nations européennes, y sont pleinement favorables. L’Union Européenne du début de XXIe siècle doit être démocratique ou ne sera plus sous peu. Elle peut être ainsi fédérale, si ce projet est porté par le peuple, et pensé par nos politiques et intellectuels, qui sont là pour jouer ce rôle. Quel Victor Hugo ou Aristide Briand du XXIe osera parler à nouveau d’États-Unis d’Europe ? Oser, toujours ce mot. Encore. Parce qu’oser n’est plus le maître mot de notre vie politique. Même les Démocrates, s’ils ne sont pas jeunes et optimistes, ont perdu cette rhétorique.

A l’échelon local, enfin, ceux qui veulent oser n’ont plus les moyens de le faire. La baisse des dotations des collectivités territoriales est une des plus graves erreurs de ce quinquennat, tout bonnement parce que la vie politique locale est, de nos jours, la moins décrédibilisée et la plus audible de toutes. Les investissements sont devenus trop coûteux pour être engagés si les dépenses locales ne sont pas au préalable maîtrisées. Un nombre conséquent de municipalités utilise cette baisse comme argumentaire pour justifier de leurs inactions. C’est le cas à Grenoble, pour ne citer qu’une grande ville. Pourtant, pour faire face à cette décision de diminution des dotations, qui a permis de désigner un nouveau bouc émissaire, certaines majorités se sont montrées innovantes en ‘faisant mieux avec moins’’, comme le fait François Bayrou sur le territoire palois. Et il n’est pas le seul.

Alors, face à cette crise, que répondre  ? Sursaut démocratique.

Les règles du jeu doivent changer, avec une grande réflexion sur ce que doit être le nouveau pacte républicain, à toutes les strates. Et si la classe politique actuelle est incapable de porter cet idéal, - cette France moderne, entrant pleinement dans la globalisation pour maintenir son rang tout en créant une proximité nouvelle entre citoyens et vie politique, par le biais d’une démocratie représentative nouvelle - ce sera aux jeunes, de tous bords républicains et de toutes conditions, de le porter.

Osons parler d’une Sixième République où des règles éthiques soient mises en place, avec un fonctionnement institutionnel plus contemporain, ainsi qu’une sanctuarisation des principes qui ont marqué notre histoire nationale. Il faut, de prime abord, revoir notre organisation. Démolissons le Sénat pour le transformer en Chambre des Territoires, avec des représentants élus par le peuple pour défendre des intérêts purement locaux face aux propositions de loi qui sont soumises. Réhabilitons l’Assemblée nationale en lui redonnant son influence d’antan, inspiré du modèle outre-Rhin, avec des représentants moins importants numériquement, tout comme dans la seconde Chambre, mais représentatifs de l’ensemble des courants de pensée politique, par le biais de l’instauration du scrutin proportionnel, via le système dit de ‘‘deux voix par électeur’’.

Faisons du Premier ministre le personnage central de la vie politique nationale, avec un chef de l’État garant des institutions, et des intérêts de la nation à l’étranger. Pour une démocratie plus parlementaire, tout en restant stable. Mettons en place une justice indépendante, aux mains d’une Cour Suprême neutre, sur le modèle étatsunien. Rendons régulier l’usage du référendum, sur des sujets centraux mais qui n’aient pas vocation à diviser la France en deux ; si l’usage en est fréquent, le vote n’est plus, ou bien moins, une occasion de sanction à l’égard du Gouvernement. Attaquons-nous au cumul des mandats en interdisant la pratique de plus de deux mandats électifs, et seulement un si l’élu est maire d’une ville de plus de 50 000 habitants, ou membre voire à la tête de l’exécutif d’une grande collectivité. Sans oublier la fin d’un cumul dans le temps à outrance, avec l’interdiction de renouveler un mandat parlementaire une deuxième fois, et une troisième fois pour les mandats locaux (région, communes). Le politologue Nicolas Matyjasik soulignait récemment, dans une tribune pour le Huffington Post, la nécessité de lévaluation des politiques publiques par et pour les citoyens, via la création d’agences citoyennes indépendantes : osons non seulement la consultation préalable, à la manière des conférences des parties sur le thème de l’écologie, pour les réformes d’ampleur, mais aussi la généralisation de ce principe d’évaluation pour tendre vers l’amélioration constante. Enfin, enterrons les ors de l’État pour que les représentants du peuple soient des représentants du peuple, et non des monarques républicains.

Supprimons les départements pour laisser place à des régions fortes, ouvertes sur le monde, compétitives et proches des citoyens. Des référendums régionaux seraient possibles, un représentant régional serait désigné pour chaque département par la majorité élue, et des maisons de la Région seraient mises en place partout où cela serait nécessaire, comme intermédiaires entre l’élu et le citoyen. Maintenons les communautés de communes dans leurs prérogatives actuelles, tout en réfléchissant à de nouvelles compétences, de façon à ce que les deux échelons soient complémentaires. Rationalisons les moyens des collectivités territoriales pour qu’elles soient plus efficaces et plus lisibles, tout en favorisant la fusion de nombreuses communes, pour qu’il n’y ait plus, à terme, de villes comptant moins de 2000 habitants. Augmentons les dotations vers les collectivités territoriales pour les sanctuariser par la suite. Redonnons à l’expression ‘démocratie locale’’ son véritable sens, avec la généralisation des forums citoyens dans chaque ville, et selon la superficie, dans chaque quartier, ainsi que la possibilité de référendums locaux non pas consultatifs mais décisionnaires.

De cette manière, nous pourrons inspirer et porter un nouveau modèle européen, fédéral, libre et démocratique, muni d’un président de l’Union européenne, avec un gouvernement élu par le peuple, et un Parlement européen qui ne sera plus seulement à l’aune de directives vues par le peuple comme un lot de blocages, mais porteur de plans divers ambitieux et financièrement conséquents. Rendons là aussi possible la consultation populaire européenne lorsque des pétitions atteignent un certain nombre de voix, venant d’un certain nombre de pays de l’UE. Il en irait de même pour la strate française, lorsqu’une pétition atteindrait plus de 500 000 signatures. Ben Rattray, fondateur de Change.org, a d’ailleurs eu des mots justes à ce sujet  : ‘Ce sont les petites choses qui font changer le monde’’.

Ces idées, bien évidemment non exhaustives, pourraient redonner à la France sa crédibilité en matière de démocratie, d’humanisme et de liberté. Les Français en sont capables et n’attendent même que ça : une révolution citoyenne pacifique pour tourner une page de notre histoire et laisser place à la France et l’Europe du XXIe siècle. Aux jeunes de porter ce sursaut, et de construire cette nouvelle République !

 

Loïc Terrenes 2015

« Pour une VIe République de la jeunesse ! »

par Loïc Terrenes, le 30 août 2015

 

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On ne le dit pas assez mais la France a la chance d’avoir des institutions solides, une culture démocratique ancrée et un processus législatif qui fonctionne. Il est peut-être simpliste de le rappeler mais les réelles démocraties sont encore minoritaires dans le monde (quand ce n’est pas tout bonnement le chaos, comme en Libye ou en Syrie). Qu’on pense aux pays d’Afrique, où la quasi-totalité des régimes sont des dictatures militaires ou familiales, à l’Asie, où règnent partis uniques et corruption, à l’Amérique centrale, avec des institutions gangrenées par les cartels... l’Europe et singulièrement la France peuvent s’enorgueillir d’une stabilité démocratique depuis des décennies.

Cela étant dit, on ne peut se reposer sur l’outil de comparaison pour affirmer que, la situation étant pire ailleurs, elle n’est pas chez nous perfectible. La démocratie n’est pas une chose installée, c’est un idéal à poursuivre, vers lequel on doit tendre. Et tant qu’en France il existera des affaires de corruption, de fraude (Jérôme Cahuzac...), d’abus de biens publics (Agnès Saal...) et de tricheries électorales, on ne pourra pas s’étendre sur nos acquis et dire que le travail est terminé. Améliorer les institutions et les conditions d’organisation de la chose publique reste un combat de tous les jours.

On pourra se satisfaire du fait qu’il ne s’agit que d’épiphénomènes, que la majorité de la classe politique reste dévouée au bien-être des citoyens lambda et que les « affaires » ne concernent heureusement que quelques élus ou hauts fonctionnaires. Ce serait oublier que le diable se cache dans les détails. Pour voir (un peu) de l’intérieur comment les choses fonctionnent, pour entendre les vantardises des uns et les coups de manche des autres, il faut reconnaître qu’il demeure chez nos représentants une culture de la « chose due » qui en invite beaucoup à profiter du système, au moins par petites touches. Des banquets dans les ministères sans lien avec le portefeuille du ministre, des voitures de fonction ou une protection rapprochée pour des personnes qui pourraient tout autant bien prendre le métro (comme en Scandinavie), des notes de restaurant et de déplacement sans réel lien avec l’objet de leur mandat... Ça peut paraître peu de chose, mais à la longue ça fait beaucoup.

Premier point, il faut donc rompre avec les privilèges. Pas forcement refaire une « nuit du 4 août », mais réduire drastiquement tout ce qui bénéficie aux élus plus par tradition que nécessité. Trajets gratuits pour la famille, frais de représentation, chauffeurs pour de simples adjoints, ristournes sur des voyages pas vraiment professionnels, etc.

Second point, il faut faire promouvoir le mérite sur les accointances personnelles. Pourquoi ne pas s’inspirer des États-Unis où les ministres et dirigeants d’institutions publiques doivent passer une audition devant le Sénat, exposer leur projet et faire état de leur expérience ? On pourrait imaginer une commission bipartisane qui ne serait pas suspecte de règlements de comptes politiques et qui permettrait d’en finir avec ces nominations faites dans les couloirs feutrés des salons dorés pour récompenser untel et promouvoir les amis. De la même façon, il faudrait, comme le proposa Dominique de Villepin par le passé, inscrire dans le marbre une dizaine de portefeuilles ministériels inamovibles, ce qui permettrait d’empêcher la création de portefeuilles uniquement dévolus à caser les membres de chaque courant du parti au pouvoir (« Ministère délégué au Développement », « Ministère délégué à la Réussite éducative ») et regrouper les secrétariats d’État (Personnes âgées, Réforme administrative...) dans des directions de ministères. Et tant qu’à faire, attendre des personnalités nommées qu’elles connaissent à fond leur dossier (un universitaire à l’Éducation nationale, un président de syndicat agricole à l’Agriculture, un économiste à Bercy...) plutôt que voir à chaque valse de remaniements des titulaires qui découvrent leur poste le jour même et des apparatchiks nommés parce qu’ils hantent depuis des années les couloirs des partis, parfois sans études, en tout cas en ayant rarement, voire jamais, eu d’expérience professionnelle hors ce cadre.

Troisième point, il faut garantir la totale indépendance des médias. Non pas souhaiter que les journalistes deviennent des hyènes enragées face à des ministres obligés de démissionner car simplement soupçonnés, mais laisser à la presse la liberté de mener les enquêtes qu’elle veut, accéder aux documents et pouvoir être autre chose que des porte-parole à la déontologie douteuse, comme ces grands pontes de l’audiovisuel qui se font payer des fortunes pour animer des séminaires d’entreprise avant de dîner tous frais payés dans les palais de la République avec un membre du gouvernement dont il aura ciré les pompes dans un édito. Le journalisme, c’est « tremper la plume dans la plaie » disait Albert Londres. Ce n’est pas l’honneur de la France de voir des articles web modifiés à la suite d’appels de pression ou de journaux empêchés de sortie à la suite d’un coup de fil de ministre.

Quatrième et dernier point, assurer la pérennité de nos institutions tout en les transformant. Je ne suis pas favorable au délire de VIe République, juste exalté pour le plaisir de changer de chiffre. La France a une histoire, des habitudes politiques, et je ne pense pas qu’il serait faisable de greffer un système parlementaire à la danoise (quand bien même on peut s’en inspirer). Le retour des jeux de pouvoir façon IVe République, des micro-partis sans base électorale représentés au Parlement, l’impossibilité d’avoir une large majorité... tout cela participerait plus à la déstabilisation qu’autre chose. Mais introduire une dose de proportionnelle, instaurer des primaires locales (facilement faisable avec Internet) pour désigner les candidats au lieu de voir des parachutés imposés, faire en sorte qu’un certain seuil de vote blanc oblige à recommencer l’élection, limiter les mandats dans le temps, rajeunir, féminiser et diversifier les origines de la classe politique, alléger la procédure des référendums populaires, réduire le poids et l’influence néfaste de certains lobbys (qui osent encore aujourd’hui donner des places de concert à des députés pour qu’ils soutiennent des projets de loi), éjecter définitivement de la vie politique les élus condamnés pour faute grave, etc... tout cela concourrait à assainir le processus.

Je reste un optimiste. Sans croire à un fumeux « sens de l’Histoire », je reste convaincu qu’année après année, par petits pas plus que par esprit révolutionnaire, la vie politique française est moins sale. Les années 80 et leurs valises de billets, les journalistes qui se font dicter leurs textes, les petites peines pour les magouilleurs, tout cela se réduit et tend à disparaître. Internet, le développement des associations anti-corruption et la transparence participent à créer un environnement plus sain. Gageons que nos représentons continueront à aller en ce sens et comprendront qu’aujourd’hui plus qu’hier, les comportements inacceptables ne sont plus de l’ordre du détail, et que s’ils veulent être réélus, ils ont un devoir d’exemplarité, et pas seulement sur leurs prospectus électoraux.

 

« Vers un assainissement de notre démocratie »

par Arthur Choiseul, le 9 septembre 2015

 

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Refonder la République. Mais d’abord... pourquoi ?

Après tout, notre exécutif ne semble pas outre mesure entravé dans son action : les lois sont toujours votées – au grès parfois de quelques comédies médiatiques, mais en général, toujours votées – et nous ne connaissons pas ces phases d’instabilité gouvernementale à répétition qui caractérisait la fin de la IVe République. Au fond, la mécanique de la Ve République, renforcée par le quinquennat, semble assez bien remplir son office premier : celui de privilégier l’action d’une majorité – fusse-t-elle juste moins minoritaire que les autres – plutôt que la paralysie des institutions.

Oui mais voilà, il y a tout de même quelques symptômes qui ne trompent pas :

1. Même s’il y a déjà eu par le passé des taux d’abstention importants, on ne peut nier une tendance générale à l’augmentation de celui-ci depuis les années 90, et plus fortement encore depuis les années 2000.

2. Les électeurs sont, dans un même temps, plus nombreux à se détourner des partis qui gouvernent habituellement la France et ses échelons territoriaux, au profit de formations souvent plus extrémistes.

3. Enfin, et c’est finalement le pire de nos échecs : bien que nos majorités et nos oppositions donnent toujours l’impression d’être en mouvement, bien que les débats, les lois et les mesures se succèdent, la France est toujours incapable de se réformer sur autre chose que des détails. Au fond, à l’« esprit de la Ve République » qui préférait l’action à la paralysie, nous sommes en droit maintenant de demander : « à quoi sert l’action, si c’est celle de piétiner sur place ? »

Quand communiquer vaut mieux que répondre

Mais la cause de ce double constat de désaffection citoyenne et d’impuissance politique est-elle seulement institutionnelle ? Notre manière de faire de la politique, ou d’en parler n’est-elle pas également en cause ? Se contenter de changer les règles du jeu changerait-il le résultat final ?

À une époque où la multiplication et l’intensification des canaux d’information a imposé la communication comme nécessité d’existence politique, et les diverses côtes de popularité comme principale boussole, montrer que l’on s’attache à résoudre un problème semble être devenu plus important que de le résoudre effectivement, et répondre vite semble valoir mieux que répondre juste.

Il arrive même que la mesure ou la décision politique elle-même soit vidée de toute autre fonction que celle de « communiquer », de montrer que l’on agit. Mais au final, une fois la frénésie de l’actualité passée, qu’en reste-t-il ? La montagne accouche trop souvent d’une souris. Comment, dans ces conditions, imaginer que l’action politique soit encore perçue comme ayant l’ambition de répondre durablement – et pertinemment – aux problématiques posées  ?

Un déficit de légitimité

Pour autant, la mise en cause des pratiques politiciennes et médiatiques dans le bilan de l’impuissance républicaine ne doivent pas occulter un autre aspect du problème : celui du déficit de légitimité à la tête de l’État ! Au fond :

  • Le Président de la République, élu au suffrage universel direct, n’est jamais que le plus apprécié des deux candidats ayant obtenu les meilleurs scores au premier tour. Mais aucun n’a jamais obtenu plus d’un tiers des suffrages au premier tour ! (sur les 40 dernières années)
     
  • La composition finale de l’Assemblée nationale, désormais élue juste après le Président de la République, ne reflète pas plus la disparité des opinions exprimées au premier tour dans l’ensemble des circonscriptions de France : elle ne sert qu’à asseoir suffisamment largement la majorité du parti présidentiel, balayant même la nécessité de composer des coalitions.
     
  • Comment imaginer alors que le Gouvernement, issu de la majorité à l’Assemblée, ne soit pas inféodé à l’autorité du Président de la République nouvellement élu ou réélu, alors même que l’esprit de nos institutions instaure un « Président arbitre » et un Premier ministre menant la politique gouvernementale  ?

  • Le Sénat, enfin, n’est pas mieux loti en termes de représentation des opinions citoyennes, avec un mode de scrutin complexe qui ne favorise que l’émergence de quelques «  grosses écuries  ».

Au final, le parti gouvernemental est dispensé d’avoir à composer, discuter, négocier, avec des partenaires : il peut faire passer sans trop de mal la quasi-totalité de sa politique sans vrais risques de blocage. Il perd ainsi l’occasion de se remettre parfois en cause, et de réfléchir à l’efficacité et au bien-fondé de son action, en général comme dans les détails. Mais surtout, il perd également la légitimité nécessaire à réformer en profondeur la nation, parce qu’il ne représente jamais qu’au plus un tiers de l’opinion citoyenne, et ne peut jamais se prévaloir que de ce tiers face aux deux autres.

Ceci dit, quelles solutions  ?

     1° Encourager l’exigence citoyenne

Nous devons prendre conscience que nous avons changé d’ère en termes de communication politique et institutionnelle, à l’échelle mondiale, depuis quelques dizaines d’années. Il serait illusoire voire nocif d’imaginer changer par la loi la pertinence de la communication politique et de sa diffusion médiatique.

C’est au peuple, finalement, de choisir s’il souhaite être exigeant, et privilégier ceux qui répondent juste à ceux qui répondent vite ou fort. En la matière, le seul pouvoir qu’il nous est offert d’exercer, élus, militants, acteurs de la vie associative on institutionnelle, vecteurs d’opinion, c’est celui d’encourager nos concitoyens à être exigeants.

     2° Lutter pour la transparence et contre le mélange des intérêts

Qu’il s’agisse du pouvoir politique (législatif, exécutif, territorial), du pouvoir judiciaire, du pouvoir médiatique, ou du pouvoir économique, il est impératif de lutter contre le mélange des intérêts de tous ordres (commerciaux, personnels, corporatistes, partisans…). C’est une chose aisée à dire, et bien plus délicate à mettre en œuvre efficacement sans tomber dans l’abus. Aucune tribune ne permettrait de répondre précisément à un problème aussi épineux, sur ce sujet, nous avons besoin d’un vrai débat citoyen, large, et long si nécessaire.

Deux pistes toutefois :

Une plus grande transparence concernant le train de vie des élus permettrait certainement de mettre un terme à certains fantasmes du « tous profiteurs » d’un côté, et de lutter également de l’autre contre la corruption. Dans une République où le lien de confiance entre citoyens et élus est de plus en plus fragile, peut-être faut-il en passer par là, « montrer patte blanche » ?

Un meilleur cloisonnement – ou tout du moins contrôle – entre les responsabilités électives et les pouvoirs de nomination dans les hautes fonctions administratives, judiciaires, ou dans l’audiovisuelle publique – pour ne citer que ces 3 pouvoirs – permettraient certainement de lutter contre les innombrables tentatives de « verrouillages » partisans que l’on observe un peu à tous les échelons de la République.

     3° Fonder une VIe République

Nous devrons un jour résoudre l’équation apparemment impossible qui consiste à permettre l’action et la stabilité gouvernementale tout en respectant dans les proportions, la diversité des opinions citoyennes.

Le bicaméralisme (le fait que le parlement soit constitué de deux assemblées, aujourd’hui Assemblée nationale et Sénat) nous offre peut-être une voie… mais pas un bicaméralisme où, comme c’est le cas aujourd’hui, l’une des chambres ne soit qu’un doublon de la seconde  !

Notre gouvernement n’a besoin que d’une chambre, en vérité, pour élaborer sa politique « quotidienne », pourquoi ne pas refondre la seconde chambre pour que, via une élection à la proportionnelle intégrale (et avec un nombre restreint de sièges, pour plus de lisibilité, pourquoi pas 100 tout rond ?) cette dernière devienne le reflet le plus fidèle possible de la diversité des opinions citoyennes. À cette seconde chambre reviendrait alors les pouvoirs de décisions sur des points plus profonds ou structurels de notre organisation républicaine et de notre législation. (On constate d’ailleurs qu’une telle distinction entre différents niveaux de décisions existe déjà sous la Ve République, via notamment la distinction entre la gouvernance par décrets et la gouvernance par la loi)

On pourrait enfin imaginer confier à cette seconde chambre un plus grand pouvoir de regard ou de décision quant aux nominations et révocations aux postes clés de l’administration, de la justice, et autres organismes d’État… un moyen aussi de lutter contre le népotisme.

     4° Clarifier, simplifier, alléger l’organisation territoriale et étatique

Ce n’est pas une question aussi prioritaire que les trois points précédents. Toutefois, elle devra un jour vraiment être traitée. Nos réformes successives des collectivités territoriales n’ont fait qu’empiler de nouvelles structures, gonfler les dépenses, générer des doublons… à tel point que certains de nos concitoyens n’y voient plus là – à tort ou à raison – que des « structures pour caser les copains ».

Déplorable en terme d’image, d’efficacité, de déséquilibre des comptes publics – que l’on renfloue aujourd’hui grâce à des dettes dont nos enfants paieront demain le prix – le « mille-feuille français » n’a jamais vraiment été allégé, bien au contraire. La grande gabegie doit cesser  !

Conclusion

Réécrire les « règles du jeu » ne suffira pas à réconcilier la politique française avec les citoyens, nous avons également besoin d’exigence, l’exigence des citoyens vis-à-vis de leurs représentants et de la couverture médiatique, exigence des élus et des médias vis-à-vis d’eux-mêmes, exigence, enfin, des militants vis-à-vis des cadres de leurs partis.

Le premier pouvoir du peuple, en démocratie, est certainement celui de choisir ces représentants – ses dirigeants – mais si le peuple venait à négliger ce pouvoir qui est le sien, c’est le fonctionnement même de la démocratie qui serait remis en cause, et avec elle, la liberté qu’elle garantit et l’égalité qu’elle promeut.

 

Christophe Vasquez

« Soyons exigeants... soyez exigeants ! »

par Christophe Vasquez, le 11 septembre 2015

 

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Trop peu connaissent l’épisode historique qui faillit mener à la fusion des gouvernements britannique et français, et de leurs empires coloniaux, en 1940. Il fallait des esprits visionnaires et audacieux comme Churchill et De Gaulle, pénétrés de l’amour profondde leur patrie autant que conscients des soubresauts du monde, pour concevoir et mettre en œuvre un tel projet. Face à un péril immense et un basculement inévitable, choisir de se fondre pour évoluer et persister sous une forme nouvelle, ou risquer l’anéantissement.

Là est le cœur du débat sur les institutions, la démocratie, la société. Nous sommes dans une période de fluctuations comparable à 1940 et non pas à 1958. Ne tombons pas dans l’écueil facile et futile d’une discussion mécaniste, proposant telle réforme électorale ou révision des échelons institutionnels, telle nouvelle République, telle méthode pour remobiliser les citoyens, telle autre pour renouveler la classe politique. Ce serait être bien crédule que de considérer un traitement par feuille ou par branche quand c’est l’arbre en son entier qu’il faut soigner.

Les institutions ne sont pas ahistoriques. Elles sont, au contraire, intrinsèquement liées à une époque, aux aspirations d’une population, à l’état des savoirs. Par conséquent, elles sont changeantes et mortelles. C’est un conservatisme malsain de souhaiter leur immuabilité, au risque de les vider de leur essence fondamentale – fournir une organisation des rapports humains adaptée aux exigences du moment – et d’entraîner leur inadaptation, leur dessiccation. Pire, si ces institutions sont démocratiques, c’est livrer la démocratie inopérante et la souveraineté populaire abandonnée à quelque tyran malin.

Le constat est souvent partagé – notamment en France (voir l’ouvrage de Pierre Rosanvallon) – que l’organisation politique de notre société est dépassée, caduque. Il ne semble pas aventureux d’affirmer que la République française est un temple sacré qui n’a plus ni fondations ni colonnades, de rares sectateurs pour beaucoup de mécréants, mais qui demeure par le confort de l’habitude.

Pourtant personne ne veut pointer et nommer la cause véritable. On ne peut comprendre l’état actuel de nos institutions et penser les institutions à venir sans prendre en compte la mort de l’État-nation, sans observer les trépidations puissantes qui agitent le monde ni expliciter les défis qui s’imposent à nous.

Aborder la mort de l’État-nation, c’est s’attendre à des cris d’orfraie convenus. L’État-nation est érigé en idole. Il a les beaux atours postiches d’un modèle structurant et indépassable de nos sociétés, bien qu’il n’ait émergé que deux siècles plus tôt. La civilisation l’a précédé et nous parions que le chaos ne suivra pas sa disparition. L’État-nation est la congruence opportune de deux éléments : l’État, en tant qu’entité politique qui régente l’organisation de la société et l’exercice courant de la souveraineté ; et la nation, ce groupement qui unit les individus entre eux et les particularise par rapport à d’autres groupes d’individus.

Le succès de l’État-nation au XXème siècle est incontestable, il devient la forme dominante et quasi-exclusive, grâce à un mouvement centripète qui accompagne l’explosion des empires et légitime les revendications nationalistes. Cette parcellisation du monde a lieu avec l’assentiment des États-Unis et de l’Occident. Évidemment, toutes les revendications nationalistes ne sont pas satisfaites, le processus connaît des ratés et des États multinationaux se maintiennent. La victoire n’est pas absolue mais la tendance est nette.

Qu’en est-il aujourd’hui ? L’État-nation est toujours là mais il décline. Considérons ses parties pour juger de l’ensemble, en nous restreignant au cas de la France. La nation, tout d’abord. Toutes les analyses et toutes les définitions pour qualifier la “nation française” actuelle sont battues en brèche car les constituants objectifs et subjectifs disparaissent les uns après les autres. La religion, l’armée, l’école, la famille, l’histoire, la culture, la langue... tous ces éléments qui favorisent et entretiennent le lien sociétal – et participent donc au maintien de la nation – se trouvent affaiblis, dilués, abandonnés. L’on pourrait détailler longuement et individuellement ces éléments mais chacun saisit aisément les enjeux qu’ils sous-tendent et les polémiques qui surgissent à leur propos.

Dès lors, peut-il encore y avoir une nation lorsque les liens qui permettent de faire société et de se singulariser sont à ce point distendus ? La nation n’a plus de sens, à l’heure où les frontières physiques sont abolies, où les rapports humains sont redéfinis par la communication et le numérique. Pour preuve, le renouveau des régionalismes sans revendication d’indépendance ou du “communautarisme”, qui ne doivent pas nécessairement être perçus comme des menaces (voir les travaux de Michel Maffessoli).

La dimension nationale n’est plus pertinente car chaque individu se sent singulier, s'attache à des communautés (linguistique, ethnique, culturelle…) qui ne sont pas confondues avec la communauté nationale. D’ailleurs, ce sentiment national n’est pas inné, il ne peut exister que s’il est stimulé, et les stimuli sont rares dans la France d’aujourd’hui. À tout le moins, le lien national se réanime lors de certaines occasions, où l’émotion sert de vecteur à la cohésion (commémoration mémorielle ou attentat, définition d’un ennemi commun…). Il faut voir aussi en cela un symptôme de l’impuissance croissante de l’État, qui ne mobilise plus sa nation en dehors de ces circonstances exceptionnelles.

L’État (et en particulier l’État démocratique, par nature limité et contrôlé dans l’usage de ses moyens d’action, à l’inverse de l’État autoritaire) devient impotent face à un monde qui invente des règles permettant de se passer de lui. On ne peut ignorer que l’économie prime désormais sur le politique.

Il serait d’ailleurs intéressant d’observer le grignotage des fonds privés et mécénats sur les missions régaliennes de l’État, dans des domaines aussi divers que la recherche, la culture, l’éducation, etc. C’est un autre sujet. Quoi qu’il en soit, les véritables leviers sont économiques. La croissance, le chômage, sont des maux que le pouvoir politique ne peut endiguer seul. Le marché n’a pas de frontière, pas de visage, guère de limites et peu d’unicité, puisque les règles du capitalisme ne sont pas unifiées au niveau mondial.

L’État s’endette, s’échine à atténuer les variations économiques qui ont un impact sur la population, sans succès. L’ultime levier encore entre ses mains – qui lui permet de réaffirmer sa force et son utilité – c’est l’impératif de sécurité, primordiale pour la population autant que pour la stabilité économique. De ce point de vue, le terrorisme se révèle une calamité aux atouts opportuns, puisque l’existence de l’État est confortée et justifiée s’il se mobilise pour la protection des citoyens et des biens. Le résultat est néanmoins mitigé. C’est que même en ce domaine, l’État est faible. Le crime est mondialisé, ses sources de financement aussi, et aucune politique mondiale efficace ne vient gêner ce système.

Ainsi, le meilleur indice – et le plus terrible – de la mort de l’État-nation est peut-être la naissance de Daech. Il est par nature transnational voire international, fondant sa cohésion sur une certaine vison extrémiste de la religion musulmane. Il n’a pas d’État à proprement parler, fixe ses propres règles, défie l’équilibre mondial des frontières et des puissances, attaque tout pays sans déclaration de guerre et par “des intermédiaires” grâce à l’endoctrinement, se rétribue sur le pétrole ou le trafic d’œuvres d’art. Il n’a que faire du bien-être de sa population et de son développement. Cette entité obscurantiste est animée par le double objectif de conquérir et convertir.

Le succès de cette entreprise de terreur vient de sa “liberté”, n’étant pas restreint par un carcan et des normes inadaptés. Le péril est grand que nos États-nations ne puissent plus faire illusion longtemps et que leur déclin entraîne des régressions qui nous plongeraient dans une ère de troubles. Ce n’est certainement pas le souhait des populations. Il est donc temps de prendre acte du changement mondial.

Notre monde est traversé de courants puissants, parfois antagonistes, qui transforment irrémédiablement l’organisation des sociétés humaines. Ne sous-estimons pas la force et le triomphe de l’idée, du virtuel, sur le réel. Cela induit la création, la coexistence et bientôt la concurrence, avec un autre univers. Internet en est l’illustration la plus simple, l’individu s’y dépasse, se réinvente, les États n’y ont quasiment aucune autorité, c’est un monde illimité, instantané, aujourd’hui livré à lui-même. Et l’individu qui y pénètre est également livré à lui-même. Il doit juger les informations qu’il reçoit sans toujours en discerner la réalité, il peut enfreindre les lois de son pays en achetant drogues, armes, prestations sexuelles…

Dans un registre moins grave, la mise en réseau de tous les individus offre un potentiel de partage jamais égalé : partage de sa voiture, de sa maison, de ses compétences… Chacun a quelque chose à offrir et recherche quelque chose. Cette économie du partage, économie participative, cette “ubérisation” diront certains, redéfinit la réalité et remet en cause, par exemple, l’existence de certaines professions organisées. Certains (tel Jeremy Rifkin) vont mêmes jusqu’à théoriser l’effondrement du système industriel et la mutation du salariat. L’économie fait face à son propre bouleversement et c’est une formidable occasion pour les citoyens de se ressaisir du pouvoir perdu par le politique.

Cet autre monde, virtuel et immatériel, influence donc de manière croissante le monde physique. Le progrès technologique a pulvérisé les cadres de pensée et l’horizon des possibles est béant. Puisque l’idée devient reine, tout est réalisable, au service du plus grand bien comme des plus grandes folies. On le voit avec les inquiétudes naissantes autour de l’impression 3D, du transhumanisme, de l’intelligence artificielle. Chacun va pouvoir concevoir et obtenir ce dont il a envie, sous la forme et au moment souhaité. Le triomphe de l’idée est aussi le triomphe de l’égoïsme.

La déconstruction de l’homme ancien est à l’œuvre avec la perte de nos illusions : la fin de la perspective d’un développement infini, la fin probable du prétexte d’existence par le travail au gré des avancées technologiques… un citoyen nouveau naît, s’invente, une autre vie en quelque sorte. Sous cet angle, l’inquiétude de certains scientifiques (menés par l’astrophysicien Stephen Hawking) vis-à-vis d’une intelligence artificielle qui supplanterait l’homme, n’est pas une idiotie. Si l’on dépossède l’homme de toute utilité et de tout intérêt de vivre, si l’humanité curieuse, ambitieuse, inventive est éternellement battue par la supériorité de la machine et tombe sous son joug comme une proie, quel avenir obscur !

Dès lors, pour ce nouveau citoyen et cette nouvelle société, tout ne peut pas être acceptable, il faut établir des règles. Qui alors pour imposer une règle ? On l’aura compris, la structuration des mondes physiques et virtuels est distincte, et les schémas du réel ne peuvent être appliqués au virtuel ni réunir ces deux mondes. L’État, et plus encore l’État-nation, ne nous semble plus apte pour régenter cela.

Il faut maintenant raisonner à l’échelon supra-étatique, ce que la grande majorité des pays a commencé à faire depuis plusieurs décennies, avec des niveaux d’intégration très divers (Union européenne, ASEAN, Union africaine…). L’avenir est au regroupement et plus à l'éparpillement, à la création de nouveaux empires continentaux. Le mouvement est enclenché mais le défi est ailleurs. Les citoyens soucieux de préserver les acquis démocratiques devraient s’engager pour un fédéralisme mondial, un universalisme qui créerait des institutions mondiales réellement détentrice d’un pouvoir. En somme, un “giga-État” capable de fixer des principes planétaires.

Un “giga-État” capable d’unifier et de réguler le fonctionnement de l’économie capitaliste, de combattre la criminalité et le terrorisme, de protéger les libertés et les Droits de l’Homme, de reprendre le contrôle du monde virtuel, de définir universellement les règles que l’humanité s’impose à elle-même face à l'emballement technologique. Les institutions mondiales, comme l’ONU, nées après de grands traumatismes, sont une esquisse et une base qu’il faut améliorer et amplifier. Nous avons renoncé, depuis la seconde moitié du XXème siècle, à poursuivre véritablement cet élan universaliste.

Aux problèmes du monde actuel, il est indispensable d’apporter une réponse politique. Il ne faut pas avoir peur de la mort de l’État-nation, de la vieille société mais il faut l’accompagner, préparer la transition vers quelque chose de plus haut, de différent. Se fondre et se regrouper pour évoluer, sinon disparaître. Il ne faut pas céder au fatalisme et à l’obscurantisme, ne pas abdiquer devant la barbarie des réactionnaires et l’enthousiasme incontrôlé des progressistes.

Une voie médiane est envisageable, souhaitable. Nos sociétés plurielles, dont la cohérence et la cohésion ne sont assurées, doivent s'accepter et se dépasser. Les individus ne peuvent plus être catégorisés ni les États limités par des frontières. Il faut raisonner en termes d’humanité et plus de nationalité, d’universalité et plus de territorialité parcellaire. La contiguïté des sociétés n’existe plus, elles s’interpénètrent, s’influencent d’une manière décuplée, sont étroitement liées par la technologie. Telle catastrophe du bout du monde mobilise chez nous et telle nouveauté à la mode ici traversera demain les océans.

La recherche d’une nouvelle forme d’universalité fraternelle non uniformisatrice, voilà le vrai défi, l’unique défi du XXIème siècle. Cela doit se faire par étapes car, nonobstant la mise en réseau de l’humanité, certaines barrières mentales résistent face à l’impensé de la globalité. Sans doute la naissance d’une Europe fédérale, où les États abandonnent définitivement leurs pouvoirs, est un premier palier à atteindre, si l’on reste sur la construction déjà entamée et qui se fonde sur des critères historico-géographiques. L’on pourrait imaginer une toute autre intégration, fondée par exemple sur la francophonie, avec la création d’une entité supranationale fédéraliste mêlant la France, la Belgique, le Québec et des pays d’Afrique.

Qu’importe le lien que l’on mobilise et la justification que l’on donne, la finalité est le dépassement de l’État-nation. La religion, la couleur de peau, la nationalité, tout cela n’est plus structurant. Ce qui compte désormais est bien plus fort : ce sont les manières de vivre et de concevoir l’avenir.

Concomitamment, il faut rejeter toute tentation uniformisatrice, qui ne peut être source que de résistances violentes, l’expression d’une peur de la disparition. La conflagration contemporaine vient de cela. Le communautarisme, le terrorisme, prolifèrent par le truchement de l’incompréhension, de l’inquiétude, de l’instinct réactionnaire pour la survie de sa civilisation et de soi-même. La haine de l’Autre et le repli sur soi sont les serviteurs d’une protection désespérée.

On a laissé les identités, les sociétés, les cultures se livrer une véritable guerre, une concurrence libérale – au sens économique – où le plus offrant, le meilleur communicant, pouvait emporter la mise. Comment s’étonner alors de toutes ces identités frustrées, spoliées, ces unités nationales perdues (si tant est qu’elles aient véritablement existées). La radicalité germe quand il n’y a plus de rationalité, et le monde actuel n’est pas rationnel. Les crises qu’on laisse s’envenimer tout en sachant les solutions à mettre en œuvre, sont un aveu de folie et d’impuissance.

La situation migratoire, la criminalité... ces problèmes d’envergure appellent des réponses à grande échelle, nous le savons tous. Les frontières héritées des deux guerres mondiales et la parcellisation nationaliste – cette recherche du plus petit dénominateur commun sur un territoire donné – n’offrent plus un cadre pertinent de gestion. Comme ces clercs bornés contre Galilée, refusant obstinément de reconnaître l’évidence de la caducité de leur interprétation devant l’impérieux argument de la réalité, il faut nous aussi cesser de penser en termes de systèmes clos et exclusifs.

Il ne s’agit pas de forcer une tribu Sioux à vivre avec et comme une tribu Inca. Mais au sein de la fraternité humaine il est possible d’établir des règles de coexistence pacifique. Il ne faudrait pas croire que le retour au village isolé et auto-suffisant, comme certains aiment à l’imaginer, soit la solution. Le monde est désormais en réseau et interdépendant. Les enjeux des décennies à venir sont donc colossaux : la gestion d’une masse de population dont on ne connaît pas encore le seuil maximal ; la préservation des espaces naturels et des ressources ; le maintien de nos conforts de vie.

On comprendra donc qu’une “refondation des institutions nationales” aux contours flous et aux résultats hypothétiques, dans une telle configuration mondiale qui subit un profond changement de paradigme, d’épistémè, n’est guère satisfaisante. Il faut une plus haute ambition, à la mesure des enjeux, pour les citoyens.

Puisque la réponse ne peut et ne doit être que politique - au sens profond et originel de ce“qui concerne les citoyens” - il faudra des dirigeants courageux et audacieux, des citoyens lucides, capables de ressentir l’intérêt général et non plus leur intérêt propre. Les premiers devront abandonner leur pouvoir à une institution qui les dépasse, les seconds exercer leur souveraineté sous une forme nouvelle, à l’aune de la démocratie participative qui s’invente sous nos yeux.

La recomposition du paysage politique français, qui s’opère actuellement, témoigne des bouleversements qui ont lieu et de l’évolution des mentalités. Un nouveau clivage émerge, celui de l’universalisme, qui divisera les partisans d’un conservatisme acharné, convaincu que la nation et l’État ne sont pas morts ; et ceux, plus éclairés, à la manière de Churchill et De Gaulle, qui se préparent à penser l’après.

 

Vincent Métivier

« Penser la rupture. Inventer un nouvel universalisme. »

par Vincent Métivier, le 13 septembre 2015

 

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Ce constat, partiellement injuste, n’exprime aucune nuance. Je le revendique en refusant de le tempérer car j’ai le sentiment qu’il faut aller à l’essentiel. Le lecteur offusqué pourra rajouter des « parfois », « un peu », « en partie » aussi souvent qu’il le souhaite ; il aura toujours raison de le faire.

Après des mois d’engagement, je ne vois plus qu’une alternative à la décrépitude de notre système politique : sa disparition.

Nous, militants, avons beau gesticuler dans nos partis, faire des enquêtes d’opinion, appeler comme des moutons à des sauts ou des sursauts démocratiques, la défiance des citoyens envers le monde politique s’aggrave.

Des deux côtés, une forme d’autisme fait rejeter la faute sur l’autre. Les élus, aveuglés par leurs ambitions, sont incapables de se remettre vraiment en question ; les électeurs, eux, votent comme des pieds en s’en lavant les mains. Personne ne se sent plus coupable de rien. Pour faire simple, notre crise institutionnelle est avant tout une crise de responsabilités.

Pour donner un nouveau souffle à notre démocratie, il est indispensable d’augmenter considérablement la représentation et le pouvoir des citoyens. Selon le principe des vases communicants, cela se fera au détriment des partis et des professionnels de la politique, mais on ne peut pas se payer le luxe d’entretenir ceux qui desservent ceux qu’ils devraient servir.

Dans cette optique, attaquons-nous d’abord au problème de représentation du peuple.

Nous serions, paraît-il, en démocratie. Pourtant, à regarder la composition de l’Assemblée nationale, le doute est permis. Les élections parlementaires répondent à la loi du plus fort et une majorité des Français ayant une opinion « minoritaire » n’y est pas représentée. Il y a là une anomalie à corriger. Un scrutin avec une bonne grosse dose de proportionnelle, du genre à dynamiter les groupes majoritaires, changerait cela. Je sais bien que la France a eu quelques mauvaises expériences de ce type par le passé. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, certains de nos voisins européens ne s’en sortent pas trop mal (le Danemark, notamment).

Allons même plus loin. Plus loin, c’est le tirage au sort. En nous libérant des logiques électoralistes, le panachage d’un large tiers de l’Assemblée par de simples citoyens désignés par hasard – et évidemment défrayés – pourrait permettre au Parlement de retrouver une assise ainsi qu’une légitimité populaire qui lui font largement défaut aujourd’hui. Et, accessoirement, une honnêteté que ne connaissent pas nos lobbyistes actuels. Ce système, hérité de la démocratie athénienne, a notamment été utilisé pour l’Assemblée constituante islandaise de 2011.

Enfin, toujours sur la question de la représentativité, il serait bon d’améliorer l’accessibilité de tous les citoyens aux mandats électifs. Se présenter à une élection est aujourd’hui un vrai parcours du combattant. En vrac, cela requiert : du temps, de l’argent, un suicide professionnel (si on est pas fonctionnaire), un parti politique, une place à prendre à un autre candidat potentiel ou à l’élu sortant. Un Monsieur-tout-le-monde armé de son seul courage n’a donc aucune chance de se retrouver sur d’autres bancs publics que ceux du parc le plus proche. Pour changer ce paradigme, diverses mesures doivent être prises, allant du non-cumul des mandats au soutien financier et logistique du candidat indépendant.

La question de la représentation étant abordée, reste à soulever celle de la détention et de l’exercice du pouvoir, symbolique ou effectif.

Je précise symbolique ou effectif car il existe, de fait, une confusion entre les deux. Certains représentants de la Nation partent du principe qu’ils en sont d’abord une incarnation, donc qu’ils sont au-dessus des lois, de la morale et du peuple. Cette confiscation de la symbolique du pouvoir en font des demi-dieux capables, pour les députés par exemple, de voter l’impôt sans être assujetti au même régime que leurs concitoyens, ou de bénéficier d’une immunité pour profiter bien tranquillement de leur mandat et de ses largesses. Il serait bon de réformer le statut de l’élu pour l’inviter à une certaine modestie.

Cette confusion existe également au plus haut sommet de l’État, et c’est là qu’elle fait le plus de dégâts. Avoir un exécutif bicéphale sans cohabitation est une aberration, car ce régime donne tous les rôles au Président, et n’en donne plus aucun au Premier Ministre. Le chef du Gouvernement n’est désormais plus un fusible viable et le chef de l’État, normalement garant de sa continuité et de l’unité de la Nation, se fait siffler dans les stades… Comme Emmanuel Macron (Le 1 Hebdo, 08/07/15), je pense qu’il manque un roi à la France. Qu’importe qu’il soit de droit divin ou républicain, nous gagnerions, à ce niveau du pouvoir, à séparer la charge symbolique de la portée politique. Difficile d’imaginer Hollande en Reine d’Angleterre (pardon pour l’image !), mais c’est à mon sens la voie à emprunter.

Les politiques, élus ou mandatés, doivent par ailleurs être responsables de leur parole et de leurs actes. J’utilise ici la notion de responsabilité dans les deux sens.

D’une part, les gouvernements, tous échelons confondus, gagneraient à être composés d’experts dans leur domaine. D’autre part, il faudrait instaurer des contrats de gouvernance, contraignants et sanctionnables (idée empruntée à Sam Karmann, Twitter, 13/09/15). La conduite de la France ne peut plus être un chèque en blanc de la durée d’un mandat, laissé aux mains de semi-professionnels de la communication, mielleux et interchangeables.

Enfin, je suis intimement persuadé qu’il faut généraliser la pratique du référendum, d’autant que grâce aux nouvelles technologies, son recours n’est plus aussi coûteux ou fastidieux que par le passé. Toute question d’ordre sociale ou structurelle devrait y passer. Son utilisation fait peur en France, nos politiques estimant que les citoyens sont dénués de recul. C’est en partie vrai, mais à infantiliser le peuple, il reste un éternel adolescent en crise. La maturité s’acquiert par le respect et la reconnaissance. Les Suisses, exemples en la matière, décident ainsi de leur sort en conscience ; ils ont notamment refusé début 2012, via référendum, le passage de quatre à six semaines de congés payés.

Tout un programme, n’est-ce pas ? Soyez toutefois rassurés, ces propositions sont irréalisables car ceux qui pourraient les voter sont principalement ceux qu’elles limiteraient. La politique n’a jusqu’alors jamais atteint un tel degré de masochisme !

 

Vincent Fleury 2015

« Moins de politique pour plus

de démocratie (et vice versa) »

par Vincent Fleury, le 15 septembre 2015

 

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On voudrait nous faire croire que la jeunesse est désabusée et son engagement essoufflé. Elle incarne pourtant un élan nouveau, souvent incompris. Débrouillarde, elle rebat les cartes et impose de nouvelles règles du jeu. Elle forge les institutions neuves. Elle se débat en dehors des statuts qui ont protégé leurs parents et au sein desquels on raisonne encore trop souvent.

Dans un pays sans croissance et sans emploi, les jeunes sont en première ligne. Face à un taux de chômage quatre fois plus élevé qu’il y a quarante ans, face à une temporalité accélérée par la mondialisation, ils se considèrent souvent mal armés.

Le constat est simple : notre monde bouge plus vite que nos méthodes, nos structures et in fine nos institutions. Cette génération du système D plus que "Y" a donc mis en place un système parallèle, à rebours des idées reçues, en passe de devenir le système de référence.

La jeunesse modélise un système où l’engagement est tentaculaire et moins codé. L'engagement n'est pas mort. Il est même de plus en plus vivant et s'exprime sous des formes renouvelées ! On manifeste moins, on pétitionne plus. On adhère moins à un parti politique ou à un syndicat, mais on s'inscrit en ligne pour accueillir chez soi des réfugiés de guerre. On s'affranchit des appartenances politiques, mais on organise des mouvements à l'extérieur des cercles traditionnels, qu'il s'agisse des Pigeons ou de la mobilisation « Je suis Charlie » du 11 janvier.

La jeunesse est mature. Elle ne court pas après un strapontin dans la décision publique, elle œuvre déjà et en dehors des institutions. Les structures traditionnelles sont dépassées. Logique. Elles ont refusé de changer. Les règles du jeu sont écrites par celles et ceux qui en bénéficient et permettent avant tout de protéger les "insiders".

La désillusion de la jeunesse envers nos institutions n’est pas un mouvement d’humeur... Alors que leurs aînés jurent encore par l’État, les jeunes sont 80% à considérer que la politique doit favoriser l’entreprise. Plus d’un tiers des lycéens et étudiants souhaitent créer leur propre structure. Ultra-connectée, la jeunesse ne comprend plus l’inertie d’un système dépassé.

Le réferendum de 2005 sur le projet de constitution européenne en est un exemple symptomatique. Une jeunesse mobilisée sur des enjeux techniques, qui vote en masse « non » et qui, quelques années plus tard, comprend que le plan B est un passage en force du plan A. Cette désillusion marque la fin d’un espoir.

Est-il alors trop tard pour ré-enchanter les institutions actuelles et éviter leur renversement brutal ? Non. Mais devant l’urgence, il faut agir vite ! Face à la crise de légitimité du politique, la démocratie doit être plus directe, les projets politiques davantage co-construits avec les citoyens. Face à l’inefficacité des politiques publiques, ce sont non seulement des évaluations permanentes qui doivent être mises en place, mais aussi un véritable « devoir de rendre compte » des responsables qui doit être instauré.

 

Aurore Bergé     Matthieu Ellerbach

Julien Miro

« Les institutions de demain seront forgées

par une jeunesse plus engagée que jamais »

par Aurore BergéMatthieu Ellerbach

et Julien Miro, le 16 septembre 2015

 

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« La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » Cette citation d’Abraham Lincoln qui caractérise la démocratie est sans nul doute la définition la plus célèbre du mot « démocratie ».

À l’heure où de nombreux peuples dans le monde ne peuvent toujours pas dire qu’ils vivent sous un régime démocratique et où, en Europe notamment, les volontés des peuples sont balayées d’un revers de main par les technocrates et les financiers qui nous gouvernent, je vais essayer d’être concis pour développer ma vision de ce que devrait être les changements que je souhaite au sein de la République française.

Je me bornerai (comme il nous l’est demandé) à développer ma vision pour la France et non une vision généraliste européenne même si je reste persuadé qu’une rénovation profonde des institutions de la république doit s’accompagner du retour à une Europe des Nations libres et indépendante, dirigées par les peuples et non pas les marchés et les lobbys.

J’ai choisi de commencer mon exposé par la citation de Lincoln car j’estime qu’à l’heure actuelle la république est malade de sa démocratie qui ne représente pas (ou plus) l’idéal qu’elle devait porter.

Je n’en appellerais pas à une VIème République (effet de style plus que changement de fond) mais à une Vème République rénovée et refondée pour recentrer le citoyen au cœur de la cité, comme c’est le cas par exemple en Suisse. Les référendums d’initiative populaire sont à cet effet l’exemple le plus criant d’une démocratie « participative » - en plus de « représentative » - réussie. L’Europe a tenté elle aussi, avec ses initiatives citoyennes, d’aller sur ce terrain, mais il ne s’est agi que d’un artifice, comme nous avons pu le constater avec l’initiative sur la fin de l’expérimentation animale, qui a été sacrifiée. Il faudra instaurer en France de véritables référendums d’initiative populaire (avec un seuil fixé entre 500 000 et 1 million de signatures) que l’on soumettrait obligatoirement au vote de la population (avec, malgré tout, une limite par an).

Le régime français est semi-présidentiel (à la différence des régimes parlementaires de nombreux pays européens). S’il est nécessaire de conserver la stabilité qu’il procure, je pense qu’il faut revenir à un mandat présidentiel de sept ans, non renouvelable, afin que le président élu fasse réellement les réformes pour lesquelles il s’est fait élire, sachant bien qu’il ne pourra pas se représenter. Parallèlement, on pourra renforcer les pouvoirs du Parlement qui pourra avoir un rôle d’initiative plus important.

Le Sénat et le Conseil économique et social devraient être supprimés, mais il faudrait veiller à ce que l’Assemblée représente de manière équilibrée les élus, les territoires, et toutes les composantes de la société civile. Le mandat législatif serait toujours de cinq ans, avec une proportionnelle intégrale, non par département mais par région (les vingt-deux anciennes régions, pas les grandes régions), avec un seuil de 5% des voix pour que soient représentés tous les mouvements et en même temps garantir une juste représentation des territoires (ce que la liste unique ne fait pas forcément, favorisant souvent une élite parisienne).

Une vingtaine de sièges seraient attribués au niveau national pour permettre à tous les partis politiques ayant obtenu au niveau national entre 1 et 5% des suffrages de bénéficier d’un représentant à l’Assemblée s’ils n’en ont pas eu un seul via le scrutin à base régionale. L’obligation liée à la parité tomberait - car on doit choisir les personnes pour leurs compétences et non autre chose - mais elle serait encouragée (malus dans le financement public, désavantage dans la répartition des sièges en cas dégalité) pour inciter les femmes à s’engager en politique puisque notre pays n’a pas encore la mentalité des pays scandinaves, par exemple, en la matière.

Le cas de l’Outre-Mer serait traité à part avec un scrutin majoritaire à un tour conservé pour les circonscriptions uniques et une proportionnelle pour les autres, comme pour les Français de l’étranger. Le nombre de députés serait maintenu (compte tenu de la suppression du Sénat et du CES) mais les indemnités encadrées, diminuées et les retraites alignées (comme au gouvernement) sur le privé pour une équité, une moralité réelles. La politique deviendra l’espace qu’il devrait être : celui de servir les citoyens et non de se servir soi-même.

De même, le financement des partis devra être revu et les micro-partis interditsEnfin, le cumul des mandats devra s’appliquer strictement. Un élu national - ou membre du gouvernement - ne pourra cumuler avec la présidence d’un exécutif local (un mandat de simple élu départemental sans responsabilité ou de simple conseiller municipal ou conseiller délégué sera autorisé, de la même manière qu’un mandat d’adjoint au maire ou de maire d’une commune rurale de moins de mille habitants).

Il en serait de même au niveau des collectivités locales, avec une défense de l’héritage de la commune, des départements et de la Nation. Les Régions (actuelles) seraient des lieux de concertation où siégerait des représentants des départements et des communes. Les scrutins départementaux et municipaux seraient proportionnels eux aussi (intégralement pour le département et avec une prime de majorité pour les communes). Les intercommunalités seraient supprimées ; les collectivités garderaient la possibilité de se regrouper pour certaines compétences (les communes rurales notamment), sans institutions propres ni indemnités correspondantes.

La principale caractéristique de la République telle que je l’imagine, avant même d’en articuler les compétences, les définitions ou le mode de gouvernement : elle se doit d’être morale et exemplaire. Les nominations de responsables ou de fonctionnaires se feront sur la base du mérite et de l’exemplarité. Les frais seront contrôlés, les conflits d’intérêts interdits et nous devrons nous inspirer des modèles scandinaves sur la transparence de la vie politique et l’intégrité des élus (tout élu corrompu ou soupçonné de corruption et autre ne pourrait tout simplement plus se présenter à une élection). Les liens entre les élus et les lobbys seraient activement contrôlés et des sanctions importantes pourront être prises pour ceux qui tentent d’influencer la vie politique par des pratiques de lobbying.

Les médias devront jouir d’une totale liberté d’opinions ; toute censure ou pression sera interdite. Néanmoins, nous contrôlerons et limiterons les liens entre industriels et groupes de presse en créant de nouvelles règles liées à la détention du capital des médias.

Enfin, tout les budgets des institutions et de la vie politique seront diminués pour montrer symboliquement l’exemple aux citoyens si ceux-ci doivent aussi supporter le prix de sacrifices et d’efforts.

 

Jordan Grosse Cruciani

« Appliquons à la lettre la maxime de Lincoln »

par Jordan Grosse Cruciani, le 17 septembre 2015

 

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Une étude du Cevipof (le Centre de recherches politiques de Sciences Po, ndlr) montre que 90% des Français « considèrent que les responsables politiques ne se préoccupent peu ou pas de gens comme eux » (avril 2014). Cette nouvelle préfigurait les résultats alarmants du Front national lors des élections européennes en mai 2014. Ce parti se nourrit du rejet de la politique et de ses représentants par les Français. Indéniablement, une réflexion sur les institutions et le système politique doit être ouverte pour tenter de comprendre les motifs de cette rupture durable entraînant la montée des partis extrêmes.

     1/ Pour une réforme profonde des institutions de la République

La France compte aujourd’hui 510 000 élus pour une population de soixante-six millions d’habitants. Cela représente un élu pour 130 habitants. Paradoxalement, l’impression des Français de n’être pas représentés coïncide avec cette hausse du nombre de politiques. Ceci témoigne donc d’abord d’un grave problème institutionnel.

Au Parlement, 577 députés et 348 sénateurs siègent. Dans les IIIème et IVème Républiques les élus avaient un rôle fondamental comme dans les régimes parlementaires classiques. Ils ont voté des lois socles de nos systèmes juridiques et représentaient parfaitement la société dans le cadre du scrutin proportionnel. Avec l’avènement du régime semi-présidentiel, le parlementarisme est « rationalisé » et les élus affaiblis face à l’exécutif pour une meilleure gouvernabilité.

Ils sont connus pour être trop bien payés, trop nombreux et asservis au mass media. Leur soi-disant « impossible ubiquité » conduit certains à vouloir limiter le cumul des mandats dans le même temps, voire dans la vie (pas plus de deux mandats de député dans toute sa vie). De la même façon, le Sénat est critiqué pour son mode de scrutin et son rôle. Ainsi, la désignation par des grands électeurs serait, selon ses détracteurs, anachronique. De plus, il sur-représenterait les régions rurales, car 98% des agglomérations françaises ont moins de 9 000 habitants et 48% de la population vit dans ces dernières.

Alors que faire ? On serait tenté de céder à la facilité et la démagogie en demandant la suppression du cumul des mandats. Toutefois, avec une équipe compétente autour de soi, il est possible de traiter tous les dossiers locaux ou législatifs. De plus, cela reviendrait à empêcher les citoyens de choisir l’homme politique qu’ils désirent véritablement puisque celui-ci pourrait être constitutionnellement empêché de se présenter aux élections, ce qui est profondément antidémocratique. Le cumul des mandats permet de donner la parole à des politiciens forts, affranchis de la tutelle du Parti, qui s’expriment au nom d’un nombre important d’habitants d’une circonscription et d’une ville. Les communautés locales sont de fait mieux représentées. En plus, des parlementaires plus forts permettent de faire contrepoids à l’exécutif qui gagne en importance.

Pour pallier la crise de représentation, on peut envisager une élection de liste à prime majoritaire (au moins la moitié des sièges pour la formation politique en tête) pour garantir la gouvernabilité au niveau national et permettre à des partis non moins importants de figurer au Parlement, miroir de l’opinion des Français. En tout cas, l’enjeu principal des années à venir sera de réduire le nombre de députés pour accélérer le processus législatif tout en luttant contre l’inflation de lois. De plus, les parlementaires disposeront d’une vraie équipe dotée de moyens plus importants pour engager des réflexions de fond avec des experts et davantage de collaborateurs. L’enveloppe de 6 500 euros nets à distribuer entre tous les assistants d’un élu paraît beaucoup trop faible pour recruter des professionnels capables de répondre de façon plus méticuleuse aux attentes des Français.

L’autre Chambre est vieillissante (moyenne d’âge de 61 ans) et jugée moins utile. Le Sénat est élu au suffrage indirect, grande source d’illégitimité. Sa mission de représentation est inadaptée et incohérente. En effet, la France s’urbanise et ses campagnes se vident ; elle doit rester une République jacobine indivisible et ne peut faire de distinction entre les territoires, source de tensions sociales et montée des extrêmes. Les sénateurs ne peuvent pas prétendre être les sages de la Républiques puisque le Conseil Constitutionnel remplit déjà ce rôle. Il reste alors deux solutions : élire les sénateurs au scrutin proportionnel sans changer les compétences du Sénat pour représenter des partis plus petits mais parfois innovants ; supprimer le Sénat et confier ses missions d’analyses au Conseil Economique et Social et ainsi décomplexifier le processus législatif.

     2/ Pour que les citoyens soient (enfin) placés au cœur du projet démocratique

La participation des citoyens à la rédaction des projets locaux

Étant personnellement engagé en politique, j’ai pu me rendre compte que les citoyens avaient besoin d’être associés à l’écriture des propositions. Pour les élections municipales, j’ai milité dans le 7ème arrondissement de Paris dans lequel je vis, près de Sciences Po où j’étudie. Pour moi, l’engagement local doit primer. L’année d’avant, j’ai participé dans ma ville natale de Chalon-sur-Saône à des forums de projets citoyens dans lesquels j’ai pu faire des propositions pour la jeunesse et l’économie de la municipalité aux côtés d’acteurs de premier plan pour la liste de Gilles Platret/Sébastien Martin. Cette expérience m’a permis de comprendre que de telles concertations étaient indispensables de la part des candidats pour mieux comprendre les attentes de leurs futurs administrés. Ce travail doit venir des formations politiques qui comptent gouverner. Le citoyen doit pouvoir participer à l’écriture des programmes, et être un acteur local. Le concerter pour connaître ses préoccupations de sa vie quotidienne doit être obligatoire.

Plaidoyer pour l’utilisation du numérique pour une démocratie 2.0

Depuis ma deuxième année d’études, je travaille dans une initiative civique, Initiative Commune Connectée. Elle a pour but de doter l’ensemble des mairies de France d’une application mobile performante. Grâce à cette solution déjà mise en place dans plusieurs villes, les citoyens ont la possibilité de s’informer sur toutes les actualités de la commune, de signaler des problèmes rencontrés dans leur vie quotidienne. La démocratie participative est accrue car les habitants envoient des propositions/questions à leurs élus municipaux. Ils peuvent ainsi interpeller le maire et ses adjoints sur des problématiques qui les concernent. Ces modules sont consultables notamment sur l’application du 8ème arrondissement de Paris.

Plus ambitieux encore sont les modules de consultation et de conseils numériques. Grâce à des sondages, la ville peut consulter ses administrés sur des projets urbains, des manifestations culturelles, etc. Il s’agirait de rendre référendaire ce type de consultation, de sorte que si elle n’obtienne un nombre de voix suffisamment important sur une part élevée de citoyens, la proposition soit rejetée. Cela sous-entend bien sûr qu’une grande partie des citoyens aient accès à internet ou à des smartphones sur lesquels ce type d’outils peut être téléchargé. Or, les structures telles que Initiative Commune Connectée s’adaptent à toutes les demandes et sont capables de fournir des outils conviviaux que tous peuvent utiliser. L’outil de conseils de quartiers numériques est une plateforme interactive sur laquelle les citoyens peuvent déposer des propositions et recueillir des voix sur ces initiatives. Les plus soutenues sont portées aux oreilles des services et des élus municipaux et peuvent être mis en œuvre.

La politique locale doit être ouverte à tous. C’est un chantier majeur pour pallier le rejet des Français des représentants publics. Le numérique est une solution pour répondre à ce besoin croissant et urgent. Bien entendu, il est un outil intéressant sur les questions nationales ou supranationales.

Initiative Commune Connectée a découlé d’une démarche citoyenne, Politiclic. C’est une plateforme de débat interactif lancée au moment des élections municipales. Chaque liste candidate pouvait s’y inscrire et indiquer les thématiques détaillées qui lui étaient chères. Les citoyens pouvaient retrouver des thèmes grâce à une recherche par proposition et non par nom pour permettre à tous les acteurs d’émerger (en gommant ainsi les privilèges de notoriété). Utilisée dans plus de 5000 villes et par plus de 20 000 listes candidates, cette plateforme a été une réussite pour faire émerger de nouvelles idées et permettre aux citoyens de découvrir des nouvelles propositions car « si leur devoir est de voter, celui des candidats est d’informer » (devise de Politiclic). Cette initiative a été réutilisée lors des élections européennes, cette fois-ci dans plus de vingt-sept pays pour favoriser le rapprochement entre les candidats européens.

Il ne s’agit pas bien sûr de créer une République de démocratie participative, irréaliste car des experts sont plus compétents pour statuer sur des problématiques précises. Il ne s’agit pas non plus de revenir à une démocratie athénienne, car les représentants sont indispensables pour une population de soixante-six millions d’âmes.

Néanmoins, pensons au numérique dans les processus de prises de décisions pour inclure les citoyens isolés dans la communauté politique et mettre fin à la montée des extrêmes, cancers de la démocratie et sources d’instabilité institutionnelle et sociale...

 

Camille Chevalier

« Vers une démocratie 2.0 »

par Camille Chevalier, le 17 septembre 2015

 

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Les principaux résultats de la troisième vague de l’enquête annuelle « Fractures françaises », publiée en avril 2015 par Ipsos/Steria, sont accablants ; en particulier, 76% des sondés estiment que le système démocratique fonctionne plutôt mal en France et que leurs idées sont mal représentées, soit une progression de quatre points par rapport à 2013. Pire, 86% d’entre eux considèrent que les décideurs politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels. De quoi s’interroger sur la pertinence de nos institutions, sur le caractère démocratique de leur fonctionnement et sur la façon dont doit se penser l’exercice du pouvoir aujourd’hui.

Un changement de paradigme institutionnel

Le fait est que ce désenchantement du politique accompagne un changement profond de paradigme institutionnel. L’idéal démocratique français, développé au XVIIIe siècle et concrétisé à l’occasion de la Révolution de 1789, s’est d’abord articulé autour d’un modèle parlementaire, reposant sur deux principes : l’universalité de la loi et la représentativité du législateur. Par universalité de loi d’une part, il faut entendre l’établissement d’une justice véritable, impersonnelle et épargnée de toute décision arbitraire. Par représentativité du législateur d’autre part, il faut appréhender la loi en tant qu’émanation de la volonté du peuple, par le biais de députés élus par celui-ci. À cet égard, l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen est formel :

« La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. »

Seulement, il semble que désormais ce règne de la loi ait pris fin. Pierre Rosanvallon, dans son essai Le Bon Gouvernement paru en août de cette année, détaille l’idée selon laquelle nous serions passés d’un régime « parlementaire-représentant » à un régime « présidentiel-gouvernant ». Ce changement, opéré définitivement en 1962 avec l’instauration de l’élection du président au suffrage universel direct, correspond à un transfert de pouvoir effectué au détriment d’une assemblée de parlementaires et en la faveur d’un homme placé à la tête de l’exécutif. Si, sous la IIIe République, la conduite de la politique de la nation revenait au président du Conseil, dépositaire d’une coalition majoritaire au sein du Parlement et donc à la merci de la défection d’une de ses composantes, elle est aujourd’hui l’apanage d’un président, choisi au détour d’un « moment démocratique », celui d’une élection ponctuelle et qui ne saurait être contestée le temps du mandat attribué.

Vers un retour au parlementarisme ?

Les problèmes suscités par ce bouleversement sont multiples. L’effacement du Parlement au profit d’une figure présidentielle pose la question de la représentativité. Dans un régime parlementaire, le pouvoir est détenu par une assemblée plurielle qui de fait peut prétendre représenter les différentes franges d’une population donnée. A contrario, il apparaît difficile pour un homme de synthétiser en sa seule personne l’ensemble des composantes d’une même société. Plus encore, l’exercice du pouvoir, plutôt que de se manifester selon un mode représentant-représenté, garanti par le régime parlementaire, se concrétise selon un rapport gouvernant-gouverné : une fois élu, le président dispose des coudées franches pour appliquer la politique de son souhait, parfois bien différente des promesses avancées lors des campagnes antérieures, sans que le peuple – prétendu souverain – ne dispose de réels moyens de contre-pouvoir. « Monarchie républicaine », « démocratie d’autorisation » : les termes ne manquent pas pour qualifier les failles démocratiques qu’entrouvre la présidentialisation de notre régime politique.

De telle sorte que la tentation d’une VIe République parlementaire, en remplacement du régime semi-présidentiel actuel, revient régulièrement au centre du débat d’idées. Jean-Luc Mélenchon en a fait son cheval de bataille lors de la campagne présidentielle de 2012, et a lancé en 2014 le réseau citoyen nommé Mouvement pour la VIe République (M6R) ; Arnaud Montebourg, créateur dès 2001 d’une Convention pour la VIe République (C6R), déplorait dans son blog lors de la primaire socialiste de 2012 un président « élu pour cinq ans et qui concentre durant cette période l'ensemble des pouvoirs sans jamais en répondre devant qui que ce soit ». Plus récemment, le think tank Allons Enfants, lancé par Rama Yade, ambitionne de doter la France d’une nouvelle République, pour faire face à « l’essoufflement du débat public » et au « discrédit des partis politiques ».

Vertus du présidentialisme

Pourtant, il est difficile d’imaginer qu’une réactualisation du parlementarisme ait réellement un impact positif sur nos pratiques démocratiques. Historiquement, un tel régime ne s’est pas porté garant de l’intégrité des élus de la République : citons, au crépuscule du XIXe siècle, le scandale des décorations à l’origine de la démission de Jules Grévy ou bien encore le soudoiement de parlementaires dans le cadre de l’affaire de Panama, parmi tant d’autres. D’autant plus que les rivalités partisanes, exacerbées au sein d’un régime parlementaire, ont ankylosé les IIIe et IVe Républiques. Charles de Gaulle le rappelle amèrement dans ses Mémoires d’espoir : entre 1946 et 1958, « dix-sept présidents du Conseil, constituant vingt-quatre ministères, campèrent tour à tour à Matignon ».

La présidentialisation de la mécanique institutionnelle a le mérite de répondre à un triple défi, identifié par Pierre Rosanvallon. Celui de l’imputation, puisqu’en tant que « clef de voûte des institutions », le président porte la responsabilité de l’exercice du pouvoir, et il est alors possible de le sanctionner par les urnes si le jugement porté à l’égard de sa politique est majoritairement négatif à l’issue de sa mandature. Celui de l’identification ensuite, dans un contexte où les grands affrontements idéologiques ne sont plus, et où c’est aujourd’hui le soutien à telle ou telle personnalité qui constitue le moyen le plus évident d’être acteur de la vie politique. Celui de la simplification enfin, puisque le suivi possible de l’actualité gouvernementale par la voix seule de la tête de l’exécutif, dont toutes les paroles sont reproduites et largement diffusées, s’oppose à un système politico-administratif jugé opaque à bien des égards. À Pierre Rosanvallon de conclure : la stature de président est perçue par les citoyens comme un vecteur possible de « réappropriation sensible du politique ».

Repenser la stature de président

En ce sens, c’est moins le système qu’il s’agit de réformer que la façon dont sont exercées actuellement les fonctions présidentielles. Le président Charles de Gaulle incarnait la théorie des « deux corps du Roi » avancée dans les années 1950 par l’historien Ernst Kantorowicz. Selon ce concept, le Roi par nature dispose de deux corps : le corps « privé » de l’individu qui est porté à la fonction royale et un corps « public », qui transcende l’être humain et le situe au niveau de l’État dont il est la personnification. Nicolas Sarkozy a marqué une rupture fondamentale en brouillant la frontière entre ces deux corps. Par la surexposition volontaire de sa vie privée, par une succession d’incidents désacralisant ses fonctions, à l’instar du « casse-toi pauv’ con », il a fossoyé cette double identité que son successeur n’est pas parvenu à recouvrir.

L’enseignement du gaullisme est essentiel, puisqu’il associe le président à une conception unitaire de la nation. Le responsable politique, selon cette vision, rassemble les Français autour de projets de société en accord avec l’intérêt supérieur national. Évidemment, Charles de Gaulle lui-même n’a pas toujours suscité le consensus autour de ses décisions, mais il a toujours su porter et incarner la voix de la République. La Ve République, intrinsèquement, ne semble pas mal adaptée aux enjeux face auxquels la société française doit faire front. Les principes édictés par la Constitution de 1958 nous ont jusqu’ici préservés des crises politiques de la IIIe République et des atermoiements de la IVe. C’est davantage ce que Pierre Rosanvallon nomme le « mal-gouvernement » qu’il s’agit de combattre. À vouloir changer d’institutions, le risque est d’oublier de s’interroger sur la qualité de celles et ceux qui sont portés à la tête de l’État.

 

« Le président est mort, vive le président ! »

par Nicolas Germain, le 17 septembre 2015

 

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S’essayer à l’exercice que me propose Nicolas peut paraître prétentieux. Il le serait si je souhaitais apporter un modèle type idéal de l’organisation démocratique de notre société, de surcroît si je le faisais en m’absolvant de toutes considérations partisanes. Il est surtout utile, car j’ai la conviction que c’est à ma génération qu’il reviendra de trouver des réponses durables.

Cela nécessite d’abord de s’attarder un peu sur la manière dont se formule le débat autour de notre démocratie. De là uniquement peuvent émerger une vision d’ensemble, et un certain nombre de préconisations futures.

La première interrogation porte ainsi sur les causes et la nature réelle de la « crise  politique » que nous vivons et qui raffole des qualificatifs (de « confiance » envers les politiques, de la « représentation », « démocratique »...). Problème d’efficacité de l’action publique, déficit de leadership, démocratie supplantée par la technocratie, représentants corrompus…  ? Les réponses existantes sont multiples et variées.

Commençons par les symptômes. Le premier d’entre eux est l’abstention qui remet en cause la légitimité des représentants. Mais il y a aussi la réduction du nombre d’adhérents des grands partis qui remet en question les formes d’action politique traditionnelles. La baisse du nombre de salariés syndiqués qui affaiblit le rôle de l’action syndicale. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une crise des pratiques et de la représentation politique.

Ce n’est pas tout. La confiance envers plusieurs institutions comme la justice ou l’éducation nationale est en baisse selon de récents sondages d’opinion. L’impôt, fondement du consentement à l’État démocratique, est aussi largement contesté dans les enquêtes. La perception selon laquelle la démocratie fonctionnerait de plus en plus mal est présente. Il y a certainement une remise en cause plus globale de la démocratie. S’agit-il pour autant d’une remise en cause de l’idée démocratique  ? Je ne pense pas.

Il est nécessaire pour préciser le diagnostic, de sortir du cadre national et d’adopter une vision plus large. Je partage l’idée que le monde traverse une crise « systémique », à la fois économique, sociale, écologique et politique. En d’autres termes une crise globale de nos modèles d’organisation sociale et de leurs institutions, régis en premier lieu par le capitalisme.

La capitalisme n’a cessé de creuser les inégalités en exploitant dans un même élan les Hommes et la nature, jusqu’à ce que les inégalités soient trop fortes et jusqu’à ce que les ressources naturelles aient atteint leurs limites pour qu’il se retrouve dans l’incapacité de se renouveler en faisant croître les profits par la croissance de la production.

De la même façon, le capitalisme organise la concentration et l’accumulation des pouvoirs aux mains d’une minorité. Avec le néolibéralisme, le pouvoir des forces économiques et financières s’est considérablement accru depuis les années 1980. De même, ceux qu’on appelle les « experts » ont acquis eux aussi un pouvoir véritable. Certains parlent même de technocratie (la tyrannie des experts).

L’écologie politique apporte un regard complémentaire sur nos sociétés capitalistes. Notamment à travers un courant particulier qui émerge depuis les années 1970 : l’écosocialisme. Celui-ci reprend la dialectique kantienne de l’hétéronomie et de l’autonomie. Nos sociétés sont décrites comme étant hétéronomes. C’est à dire qu’elles confèrent l’autorité à une instance extra-sociale : divin, lois naturelles, supériorité de l'économie (main invisible de la concurrence, domination des marchés financiers et de la technoscience, idée que le travail ne peut avoir d’autre forme que sa forme d’aliénation actuelle, etc.).

Pour Cornélius Castoriadis, penseur écosocialiste que j’affectionne, il faut reconnaître que les institutions de la société sont de type « auto-institution », c'est-à-dire une œuvre humaine, non quelque chose appartenant à des "ancêtres", à l'Histoire, à Dieu... Castoriadis s’oppose ainsi au système de représentation politique irrévocable, car les représentants aliéneraient la souveraineté des représentés qui ne seraient « libres qu’un jour tous les cinq ans » (référence aux élections présidentielles en France qui dirigent la vie politique du pays). C’est donc par la démocratie directe ou la plus locale possible, et l’autogestion des secteurs sociaux que la société accèdera à une pleine autonomie démocratique.

Depuis les années 1980, l’altermondialisme est le mouvement social mondial qui porte cette critique du capitalisme et qui a par là même cherche à s’organiser en réseau au fonctionnement horizontal.

Ces dernières années il y a eu aussi Maïdan, Tahrir, 15 de Mayo, Occupy Wall Street, etc… des mouvements sociaux qui sont apparus dans des contextes différents mais qui présentent néanmoins des similitudes importantes : ils mobilisent une grande majorité de jeunes et recherchent tous une forme d’organisation horizontale.

Certains se structurent aujourd’hui en mouvements politiques, à l’image de Podemos en Espagne (issu du mouvement 15 de Mayo), qui acquiert l’adhésion des masses dans un pays où la crise ravage la cohésion sociale et territoriale, où la classe politique est touchée par de nombreux cas de corruption et perçue comme une oligarchie à part entière et où la monarchie reste un pouvoir symbolique. Podemos surfe sur les dysfonctionnements du système politique espagnol pour transformer son modèle. Son leader, Pablo Iglesias, théorise en effet le remplacement du clivage gauche-droite traditionnel par un clivage peuple-oligarchie. Il y a la volonté de faire évoluer la représentation pour aller vers davantage de démocratie.

La crise « systémique » que nous traversons n’a donc pas mené à un rejet de l’idée de démocratie mais plutôt à une remise en cause de ses formes d’organisation.

Revenons-en à la France. Je le disais précédemment, la perception selon laquelle notre démocratie fonctionnerait mal est très présente. Elle l’est d’autant plus pour les électeurs de gauche, comme le démontrent plusieurs sondages. L’exercice du pouvoir par la gauche semble provoquer des déceptions majeures pour son camp. Cette situation est-elle pour autant immuable ? Je pense que la gauche, a fortiori parce qu’elle est au pouvoir, doit questionner notre démocratie, revenir aux racines et aux principes de la chose démocratique pour lui donner du sens et de l’espérance.

À l’origine de la démocratie il y a le peuple, entité concrète, à l’inverse de la nation, notion abstraite qui transcende le peuple, l’associe à un territoire et à un ensemble de valeurs, de rites, d’institutions... Le peuple est une association politique d’individus. Le droit fonde le peuple.

La gauche au pouvoir doit se ressaisir de la question du peuple. Elle doit être capable de mieux le définir dans la globalisation, mieux comprendre par là même ses réalités et son rapport à la démocratie représentative.

Face au marché qui n’a cessé de s’étendre, le peuple tend à s’effacer. L’extension de la sphère marchande apporte toujours plus de concurrence entre les individus, le citoyen est supplanté par le consommateur. Les inégalités entre les individus ne cessent de croître. Elles favorisent ainsi plus facilement les égoïsmes sociaux. Elles affaiblissent par là même le contrat social qui fonde le peuple.

Pour redonner de la substance au « peuple » je reprendrais la distinction faite par le sociologue Robert Castel entre les différentes formes de citoyenneté. La citoyenneté politique s’accompagne d’une citoyenneté sociale pour former les « socles » d’une citoyenneté démocratique, explique-t-il. « La citoyenneté sociale est le fait de pouvoir disposer d’un minimum de ressources et de droits indispensables pour pouvoir s’assurer une certaine indépendance sociale. (…) C’est la question de l’indépendance minimale dont on peut disposer pour être maître de ses choix », selon Robert Castel. En d’autres termes, la citoyenneté nécessite de s’interroger sur les conditions qui rendent possible ou impossible la participation des individus aux décisions qui engagent leur destin politique. D’après Castel, au fondement de la citoyenneté sociale en France, il y a l’accès à l’emploi et les conditions salariales. Force est de constater que le chômage de masse et la précarité croissante du salariat ont mené un nombre toujours plus grand d’individus à perdre ces conditions. Agir pour l’emploi et la dignité seraient donc des priorités pour renforcer la citoyenneté.

Au lendemain des attentats de janvier dernier, celles et ceux qui n’étaient pas « Charlie » (j’entends, ceux qui ne se retrouvaient pas dans la perception républicaine de la communauté nationale) sont surtout celles et ceux qui ont perdu les conditions de cette citoyenneté car exclus du droit commun : droit à l’emploi, au logement, à l’éducation ou encore à la santé. Ces personnes se définissent dès lors en contradiction vis à vis de cette république qui ne veut plus d’eux. Ils se définissent contre la nation et davantage par rapport à leur lieu de vie ou leur religion.

Rappelons maintenant que le ralliement du socialisme à la démocratie s’est historiquement accompagné de la consolidation de la citoyenneté politique par l’affirmation d’une citoyenneté sociale. Jaurès le théorisait au début du siècle dernier.

La gauche au pouvoir, qui souhaite reconquérir les esprits et les voix qu’elle a perdus, doit donc retrouver un imaginaire démocratique fondé sur le peuple. Le peuple qui existe concrètement par l’acquisition de la citoyenneté sociale pour le plus grand nombre. Le combat pour la dignité et, au-delà de l’accès à l’emploi, l’égalité en sont les conditions.

Force est de constater que le compromis social-démocrate échoue parce qu’il a cessé de poursuivre ce combat. Aujourd’hui, la poursuite de règles budgétaires absurdes, notamment par les sociaux-démocrates, dirige l’action politique. Si l’on ne peut s’en dissocier totalement, il faut savoir contester l’idéologie néolibérale qui les formule et remettre en cause les dogmes qui leur sont associés. Car cette situation affaiblit tout espoir dans le progrès collectif qui a toujours fondé l’adhésion au projet socialiste.

Elle participe aussi au repli et aux égoïsmes sociaux qui font l’apanage du vote réactionnaire. Le discours réactionnaire progresse en France. Il défend une forme de radicalisme au sens étymologique du terme  (revenir aux fondamentaux). Il propose de revenir aux institutions passées.

Et c’est le Front national qui incarne le mieux ce discours. Il s’imposa en suscitant l’indignation et la polémique. Avec cela il réussit à imposer ses thèmes à la sphère politico-médiatique. Il participa grandement à formuler les termes du débat politique, notamment sur la question de l’immigration, question sur laquelle il parvint à multiplier les amalgames et les stéréotypes. Il a compris qu’il fallait se battre sur le terrain des mots, ce qu’Antonio Gramsci appelait la « bataille culturelle ».

À lheure de nouvelles menaces qui attisent les peurs et les haines - à l’instar du terrorisme islamiste -, à l’heure de la domination des discours identitaires - à l’image du « choc des civilisations » -, il est temps que la gauche se souvienne des mots du Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, au lendemain de la tuerie d’Utoya en 2011 où soixante-neuf jeunes travaillistes furent assassinés par un fanatique d’extrême droite : «  Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et plus de tolérance ». Face à la réaction et à la droitisation de la société, la gauche doit s’organiser et mener la bataille culturelle pour la dignité et l’égalité.

Mais, au-delà du peuple, de la dignité et de l’égalité, la démocratie doit intervenir plus concrètement dans le quotidien des Français. Cela passe par un rapprochement entre les institutions et les citoyens, en les intégrant davantage à la prise de décision au quotidien. La mise en place de budgets participatifs est un très bon outil qui émerge dans certaines grandes agglomérations, à l’instar de la Ville de Paris. Les villes sont précurseurs dans ce domaine et doivent être accompagnées pour inventer une démocratie locale plus directe et participative. Attention cependant à ne pas se limiter à de la concertation. De multiples outils sont à créer pour favoriser l’initiative citoyenne et le partage des savoirs qui permettra au plus grand nombre de participer.

Les progrès proviendront surtout d’en bas. Cependant il faut aussi penser à l’exécutif national, dont l’élection donne le « la » de la vie politique française.

Dans la Vème République, les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’un seul dirigeant, le Président, qui nomme et révoque le gouvernement, alors même que la Constitution dans son article 20 stipule que c’est le gouvernement qui conduit et détermine la politique de la nation.

Une nouvelle république doit accompagner les transformations de la démocratie locale. Une république sociale permettant une réelle reconquête démocratique. Je soutiens à ce titre l’instauration d’une VIème République parlementaire et primo-ministérielle où le Parlement, au-delà de faire et de voter la loi, aurait un réel pouvoir de contrôle sur l’exécutif représenté par un Premier ministre détenant son pouvoir du Parlement. Pour éviter toute instabilité, des procédures pourraient être mises en place pour obliger les députés votant une motion de censure contre un Premier ministre à s’accorder sur le nom de son remplaçant. Mais la priorité réside dans le renouvellement et la représentativité du Parlement. Les règles de parité y participent mais la possibilité pour chacun d’exercer la démocratie passe par le non-cumul des mandats. Je suis personnellement favorable au mandat parlementaire unique, au non-cumul des fonctions exécutives et au non-cumul dans le temps. Le statut de l’élu local est aussi un outil intéressant pour permettre à tous d’exercer un mandat politique tout en retrouvant un emploi à la sortie. Voilà les mesures phares concernant l’évolution de nos institutions représentatives.

La VIème République passe aussi par la décentralisation pour approfondir la démocratie locale. Elle est un échelon nécessaire pour soutenir le développement de la démocratie dans toutes les sphères économiques et sociales à côté de l’État, du modèle coopératif à l’économie sociale et solidaire. Pour exister les ressources des collectivités doivent être pérennisées, à la fois par le biais de la fiscalité mais aussi de la solidarité entre collectivités.

Avec le processus de décentralisation doit être assumée une certaine vision de la République laïque, le « nous sommes différents donc nous sommes égaux ». Cela passe par la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution, engagée par le gouvernement. Cela passe aussi par reconnaissance de toutes les mémoires de la France, notamment de ses diverses vagues d’immigration.

Ces mesures sont loin d’être exhaustives. Je n’ai pas parlé des partis politiques ou des syndicats, ni du numérique qui constitue une véritable opportunité pour la démocratie. Je préfère en rester à ces mesures qui posent, selon moi, les bases d’une réforme institutionnelle nécessaire pour la France - et pour la gauche.

Nous sommes en état de faire ces choix aujourd’hui. Nous avons la possibilité d’inventer les mots et les institutions d’un nouveau modèle démocratique écosocialiste. Nous avons la possibilité de redonner de l’espoir dans le projet démocratique socialiste. Après avoir permis plusieurs progrès tels que le non-cumul des mandats ou l’amélioration des règles déontologiques, le gouvernement peut et doit prendre cette direction.

 

LucasTrotouin 2015

« Le socialisme c’est la démocratie jusqu’au bout ! »

par Lucas Trotouin, le 24 septembre 2015

 

 

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Et vous, lecteur, quelles modifications apporteriez-vous à nos institutions ?

 

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26 novembre 2014

Pierre-Henri Bovis : "Jeunes intéressés par la politique, n'hésitez pas une seconde !"

   J'ai toujours eu à cœur, dans le cadre de mes activités liées à ce blog, de donner la parole à la jeunesse. Celle qui s'implique dans la vie de la cité, notamment. J'essaie de le faire de la manière la plus honnête qui soit, laissant de côté mes propres opinions pour ouvrir, sans discrimination, ces espaces d'opinion à celles et ceux qui acceptent de les saisir. En janvier 2013, Pierre-Henri Bovis, tout jeune militant UMP, évoquait dans une longue interview son engagement, ses idées...

   Treize mois plus tard, présent sur la liste « Unis pour Achères » conduite par Marc Honoré dans cette commune des Yvelines, il devenait, à la faveur de la volonté populaire, un élu de la République. J'ai demandé à Pierre-Henri, maire-adjoint aux Sports d'Achères, d'écrire pour Paroles d'Actu un texte dans lequel il nous ferait part du ressenti, des réflexions qui lui seraient inspirés par cette expérience nouvelle. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

Pierre-Henri BOVIS « Aux jeunes que la politique

intéresse : n'hésitez pas une seconde ! »

 

Pierre-Henri Bovis

 

   Le 2 mai et le 4 octobre 2014 sont des dates ancrées dans ma mémoire, elles font désormais partie de mes plus beaux jours. Ces jours-là, vous avez le cœur battant, l'estomac noué ; ces jours-là, vous vous invitez chez les gens, furtivement... bref, ces jours où, pour la première fois, vous mariez, en qualité d'élu, sont des jours inoubliables.

   Déjà, la date du 30 mars 2014, date à laquelle nous avons appris notre victoire, était très émouvante. Il faut vivre ce genre de moments pour comprendre ce que ressentent les candidats lors de ces épreuves, tant physiques que mentales.

   Étudiant, comme certains, j'ai dû allier dès le début les obligations de l'université avec la campagne électorale. Le droit à l'erreur n'a pas sa place dans ces conditions. Parce que vous êtes « le » jeune, vous devez faire vos preuves, vous imposer par vos idées, par vos actions, par votre travail. Plus d'une fois, je me suis retrouvé dans la situation de rédiger un devoir dans les transports ou à des heures impossibles, aussi bien le matin, très tôt, que le soir, très tard. Si un membre de l'équipe travaille quatre heures, vous devrez travailler huit heures. C'est ainsi, et seulement ainsi, que vous pourrez acquérir votre crédibilité. Et cela, même une fois élu ! Il faut savoir que la légitimité se gagne par les élections, mais la crédibilité se gagne par le travail et les actions menées.

   Être élu est, de loin, la meilleure expérience qu'un étudiant dans le secteur public puisse espérer. Lorsque vous êtes conseiller, adjoint ou, a fortiori, maire, bien sûr, vous avez une forte responsabilité envers ceux qui ont cru en vous.

   Personnellement, j'ai été élu maire-adjoint au service des Sports et suis en charge d'un budget de deux millions d'euros.

   Il y a nécessairement, au début, une sensation de vertige et la volonté d'agir rapidement, de changer le quotidien des gens, de répondre à leurs attentes. Mais, dans le contexte actuel de restrictions budgétaires, les projets sont difficiles à mettre en place. Pour un jeune élu, c'est très frustrant de se dire qu'on ne peut pas avancer comme on veut, à cause de l'ancienne génération qui s'est trop reposée sur ses acquis et qui a vécu au-dessus de ses moyens. L'heure des économies sur les budgets est arrivée, et ça peut en décevoir plus d'un. Il faut l'accepter et continuer d'innover, de lutter pour la réalisation concrète de ses idées.

   Il est politiquement correct de dire que la politique n'est pas un métier. Ce que je peux dire, au bout de quelques mois, c'est que ça y ressemble beaucoup. Je n'arrive pas à comptabiliser le nombre d'heures passées en mairie, sur le terrain, en réunion... Nous sommes proches des trente-cinq heures.

   C'est aussi un aspect qui renforce mon idée de faire de la politique. Parmi les cumuls de mandats, je m'interroge sérieusement quant à l'opportunité et au bien-fondé, pour les administrés, du cumul « loco-local ».

   Concernant la politique, je considère, de manière générale, que le meilleur exercice est l'activité municipale. Il faut aller sur le terrain, « mouiller la chemise », aller à la rencontre des gens et écouter ce qu'ils ont à vous dire. Il faut nécessairement passer par là pour comprendre ce que le mot « politique » signifie réellement.

   Aujourd'hui, de nombreux barons veulent pousser les jeunes à prendre le relai... la seule chose à faire, c'est de ne pas hésiter, pas une seconde !

   Il faut prendre le risque d'entrer dans l'arène politique et faire valoir ses idées. Comme disait autrefois un certain Nicolas, « le pire des risques, c'est celui de ne pas en prendre » !

 

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16 octobre 2014

Jeunes centristes : Déclarations d'indépendance

   « Lors de son retour - officiel - sur la scène publique, Nicolas Sarkozy a fait part de sa volonté de recréer un grand parti qui puisse rassembler, en son sein, de larges pans de la droite et du centre-droit. Vous comptez parmi les jeunes militants centristes : j'aimerais vous demander ce que devraient être, à vos yeux, les orientations programmatiques et stratégiques ; le positionnement original sur l'échiquier politique de votre famille politique dans les années à venir ? En quatre mot comme en trente : quel centre pour demain ? ».

   Je remercie ceux qui, parmi les jeunes militants MoDem et UDI que j'ai contactés, ont accepté de répondre à cette question ; d'apporter à cet article leur contribution, pour Paroles d'Actu. Ils ne se sont pas concertés avant d'écrire, chacun, la sienne mais, prises collectivement et par-delà les « chapelles », elles sonnent résolument - davantage, sans doute, que les mots de leurs aînés - comme une déclaration commune : une double déclaration d'existence et d'indépendance. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Jeunes centristes Déclarations

d'indépendance

 

UDI MoDem 16-9

 

 

Antoine Carette

Antoine CARETTE

A. Carette est président des Jeunes Démocrates (branche jeunes du MoDem).

 

« Travaillons ensemble,

pas chacun pour sa chapelle »

 

   Le Centre a sa propre identité. Ce n'est pas le ni-ni comme on l'entend encore trop souvent. Non, le Centre n'est pas mou et doit continuer à porter son message singulier pour continuer à exister. Ce message est assez simple : c'est par le travail en commun de toutes les énergies modérées, des sociaux-démocrates à la droite sociale en passant par les libéraux que nous devons redresser la France. Bref, dialoguer et travailler ensemble plutôt que pour sa chapelle !

   C'est un message difficile à faire entendre dans la Vème République car les règles électorales (scrutins majoritaires) ont créé petit à petit les concepts complètement abstraits de "peuple de gauche" et "peuple de droite" qui s'opposent. J'aimerais savoir combien de Français se reconnaissent dans l'un de ces camps ! Aujourd'hui notre pays meurt de ce manque de pluralisme, des postures qui étouffent le fond, la réflexion, et l'intérêt général. Sarkozy propose de créer l'UMP, car c'est ça, ni plus ni moins, que sa volonté de fondre le centre et la droite dans un même bloc. On a vu le résultat de la création de l'UMP depuis 2002...

   Le Centre, dans les années qui viennent, devra retrouver la confiance des citoyens. Aujourd'hui, les Français se détournent de la politique, la démocratie vascille. Or sans participation des citoyens, sans adhésion des Français à un projet, il ne peut pas y avoir de démocratie, il ne peut pas y avoir de redressement.

   Le Centre devra continuer à porter ce message pourtant tellement évident, que nous avons besoin de toutes les forces vives de ce pays pour le reconstruire. Je pense aux jeunes entrepreneurs, aux créateurs, inventeurs, qui sont aujourd'hui anéantis par la lourdeur administrative. Je pense aux professeurs : l'Éducation est la base de toute société en bonne santé. Il faut créer du travail - plus que de l'emploi - pour que chacun puisse se sentir utile et vivre dignement. Pour cela, il faut libérer les énergies, encourager les initiatives. Bref, il faut sortir des postures de clan, regarder la réalité avec honnêteté pour réparer et changer ce qui ne fonctionne pas !

 

Propos recueillis le 03/10/14

Retrouvez Antoine Carette sur Twitter...

 

 

Romain Cherrier

Romain CHERRIER

R. Cherrier, conseiller municipal à Ennordres (Cher),

est prés. du MoDem Sciences Po et responsable de com. chez les Jeunes Démocrates.

 

« Faisons le choix de la liberté ! »

 

   Nicolas Sarkozy a émis l’idée de rassembler droite et centre sous un même parti. Cette stratégie n’est absolument pas une option envisageable pour nous. La démarche initiée par Nicolas Sarkozy s’apparente plus à celle d’une OPA sur le centre qu’à celle d’un rapprochement cohérent entre deux formations politiques. Or je suis persuadé que pour exister, le centre doit rester à tout prix libre et indépendant. Quelle qu’en soit la difficulté, quels qu’en soient les obstacles, et ils sont nombreux sous la Vème République, le centre doit rester autonome. Dès lors que le centre s’affilie à un grand parti de droite, il perd son identité, sa liberté, sa raison d’être.

   La question qui se pose pour le centre est toute simple : faisons nous le choix de la cohérence et de la liberté ? Choix qui requiert du courage et beaucoup de détermination. Ou faisons nous le choix de la soumission et de la facilité ? Choix qui apporterait un plus grand nombre d’élus et des financements plus importants grâce à des accords qui seraient passés en coulisse. À mes yeux, le choix que nous devons faire est évident : c’est celui de la liberté !

   Le système constitué de deux grands partis qui monopolisent la Vème République nous a déjà conduit à suffisamment de dérives et d’échecs. Les Français ne croient plus en la politique et les deux principaux partis ont une immense part de responsabilité dans cette situation. Dès lors, pourquoi suivrions-nous un modèle qui ne fonctionne pas depuis plus de 30 ans ?

   La vocation même du centre est justement de proposer une offre alternative en dépassant le clivage gauche-droite. Le débat politique français ne peut pas se cantonner à un débat entre l’UMP et le PS. L’existence d’un centre fort et indépendant, c’est le meilleur rempart possible face à une simplification mortifère, populiste et dangereuse des débats qui n’aurait d’autre conséquence que d’assurer la victoire au Front national.

   Concernant nos orientations programmatiques, là encore, elles s’entrechoquent frontalement avec les valeurs qu’incarne Nicolas Sarkozy. La course à l’extrême droite durant la campagne de 2012, l’obsession de l’immigration et des frontières, la conception de l’argent comme seule source de réussite, ce sont des éléments qui ne sont pas compatibles avec les valeurs humanistes du centre. Enfin, la moralisation de la vie politique est l’un des grands combats du Mouvement démocrate. Là encore, il y a une incompatibilité évidente au vu de toutes les « affaires » du moment (accusation de financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007, arbitrage Tapie, affaire Bygmalion…)

   En somme, travailler ensemble avec les modérés de gauche et de droite à la reconstruction du pays, oui ! Se ranger dans l’orbite d’un grand parti tel un satellite pour y perdre notre liberté et pour renouer avec les vieilles habitudes et les vieilles dérives des grands partis sous la Vème République, non !

 

Propos recueillis le 01/10/14

Retrouvez Romain Cherrier sur Twitter...

 

 

François-Xavier Hen

François-Xavier HEN

F.-X. Hen est membre du bureau de l'UDI Jeunes de Paris.

 

« Réhabilitons le collectif »

 

   Comme souvent chez les souverainistes, Nicolas Sarkozy est généreux de décisions appartenant à d'autres. S'il se présente à la tête de l'UMP, pour quelle raison un autre parti, l'UDI, se rangerait-elle derrière lui ? Pourquoi ne lui reviendrait-il pas d'épouser les valeurs du centre-droit s'il souhaite que le centre-droit le suive ? Hors de question d'être dans le même parti qu'un candidat qui, en 2012, a évoqué une sortie de Schengen et a fait un éloge de la frontière. Ceux qui souhaitent le rejoindre n'ont qu'à adhérer à son mouvement directement, l'UDI n'admet pas la double appartenance.

   Cette stratégie du parti unique a non seulement échoué électoralement, mais elle témoigne en plus d'un mépris manifeste pour les idées que nous défendons. Quelle considération pour la dette publique de la France le « grand parti de la droite et du centre » a-t-il eu depuis qu'il existe ? Quel fédéralisme européen a-t-il promu depuis 2002 ? Quelle évolution sociétale a-t-il ne serait-ce qu'accompagnée toutes ces années où il était au pouvoir ?

   L'Union des Démocrates et Indépendants défend une république fédérale d'Europe contre les franco-béats qui orchestrent la sortie de l'Histoire de notre nation. Afin de protéger les intérêts et les droits des citoyens européens dans la mondialisation, mais aussi d'offrir au monde ce modèle, imparfait et cependant fonctionnel, d'un continent apaisé et relativement prospère, entièrement régi par le droit.

   Elle défend une décentralisation du territoire national, par démocratie, par efficacité et par bienveillance, quand la centralisation n'est qu'un mode de gestion par la crise et pour les crises. Elle promeut une république exemplaire, une démocratie réellement représentative, et un État de droit irréprochable ; une transparence puissante pour chaque élu ; et par dessus tout une lutte féroce contre la corruption, dont la moindre manifestation avilit toute notre société. À ce prix seulement pourrons-nous renvoyer les extrêmes dans les poubelles de l'Histoire, et engendrer estime et confiance chez nos compatriotes pour leurs élus.

   Je n'ai pas retrouvé ces propositions ailleurs qu'à l'UDI. À aucun autre endroit on ne m'a proposé un social-libéralisme tempéré à l'européenne, c'est-à-dire dans la compétition qui stimule, mais dans la solidarité qui unit ; promouvant l'idéal coopératif au sein d'entreprises qui rapprochent salariés et dirigeants.

   Dans aucun autre mouvement je n'ai eu le plaisir d'écouter une jeune sénatrice, ne faisant pas de la politique son métier, parler d'écologie de manière responsable et non dogmatique, afin d'engendrer une croissance durable et non-délocalisable.

   Le centre-droit aura son candidat en 2017. Ainsi nous pourrons démontrer aux Français que nous seuls anticipons véritablement l'avenir : parce que nous avons l'ouverture d'esprit suffisante pour précéder les évolutions sociétales sans susciter de peurs infondées ; parce que nous voyons dans l'éducation de nos citoyens un investissement stratégique aux bénéfices matériels comme immatériels ; parce que nous proposons une société collaborative de transparence, d'efficacité et de communication en réseau qui permettra enfin à notre pays, notre société et notre continent de faire face aux défis mondiaux qui se présentent.

   Rien ne se fait sans les individus, rien ne dure sans les institutions, disait Jean Monnet. À nous d'être ces personnes qui créeront les structures durables d'un monde meilleur. Y'a du boulot !

 

Propos recueillis le 09/10/14

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Vincent Fleury

Vincent FLEURY

V. Fleury est conseiller municipal de Montrouge (Hauts-de-Seine)

et vice-président des Jeunes Démocrates.

 

« Changeons et nous gagnerons

notre indépendance »

 

   Nicolas Sarkozy souhaite créer un grand parti de la droite et du centre, mais il échouera. L’UMP avait, à l’origine, la même ambition et s’y est cassée les dents. Le centre n’est pas et ne sera jamais la droite. Le centre a des valeurs propres et vocation à être indépendant. Pourtant, nous ne le sommes pas. Pas encore. Sans aller jusqu’à nous fondre dans un parti unique, nous devons pour le moment nous allier à la droite, et parfois à la gauche, pour exister. Cette contrainte existera tant que nous ne représenterons pas au moins 20% des électeurs, tant que nous ne pourrons pas amener un candidat au second tour de la présidentielle. Pour ce faire, l’alliance avec la droite ne peut pas être une fin en soi. La conquête de ces 20% doit l’être. Ces 20% sont notre indépendance, notre graal.

   Nous pesons aujourd’hui 10% de l’électorat. C’est peu ou prou notre base, et plus peu que prou. Trop peu, évidemment, pour pouvoir peser. Ce déficit de popularité a des causes multiples. Nous pouvons bien sûr accuser les institutions, qui ne nous permettent pas d’avoir une juste représentation à l’Assemblée, créant ainsi le cercle vicieux « absence de poids/déficit d’image/absence de votes ». Mais nous gagnerions à voir la réalité en face. Nous sommes en grande partie responsables de nos échecs. Je suis convaincu que nous ne changerons ni la politique, ni la France, si nous ne sommes pas capable de nous remettre en question. Je crois que nous avons trois caps à suivre pour réformer le centre et lui donner la place qu’il mérite.

   Premièrement, il faut un centre offensif. Nous devons enterrer l’image de centre mou. Nous ne sommes pas des ni-ni, pas plus que des oui-oui. Nous avons nos propres idées, nos propres valeurs. Nous devons les défendre. Quand Montebourg récupère le « produire en France » de la campagne présidentielle de Bayrou, nous devons rappeler avec acharnement que nous sommes à l’origine de ce combat et qu’il ne doit pas se faire sans nous. De la même façon, n’ayons pas peur de nous exprimer sur l’immigration, l’écologie, comme sur l’ensemble des sujets spoliés par d’autres partis. N’ayons aucun tabou et parlons avec force de tout ce qui préoccupe les Français. Car nous avons d’autres ambitions que celle de stagner à 10% de voix. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de nos derniers scores, même s’ils marquent une légère progression. Nous avons vocation à être le parti majoritaire, à regrouper autour de nous les réformistes de droite comme de gauche, et à faire gagner notre candidat à l’élection présidentielle. Nous devrions être la principale force politique français. Considérons nous comme tel et peut-être qu’alors, les citoyens nous considéreront ainsi !

   Deuxièmement, il faut un centre proche des gens, sur le fond et sur la forme. Cette proximité, nous la recherchons, nous la fantasmons, mais nous sommes incapables de l’avoir réellement. Beaucoup d’entre nous font de grandes études, se lancent dans une carrière exclusivement politique, théorisent les problèmes du quotidien mais ne les pratiquent pas. Nos programmes politiques, pertinents et pragmatiques, rivalisent d’intelligence, campagne après campagne. Mais cette intelligence est trop souvent celle des hautes sphères technocratiques, brillantes et lointaines. Comme les étoiles du ciel, leur lumière met des années à parvenir et éclaire bien trop faiblement. Ce n’est pas ainsi que nous réchaufferont les cœurs de nos concitoyens. De plus, pour beaucoup de centristes, simplicité et proximité sont synonymes de démagogie. Ceux-là ont peut-être raison, mais qu’importe ! Acceptons notre part de populisme, vulgarisons-nous. Vulgariser, dans le bon sens du terme, c’est donner envie d’en savoir plus, c’est finalement tendre à la finesse, pousser à la curiosité. C’est toucher le cœur pour atteindre l’esprit. Cet atout cœur, c’est celui qui nous fait cruellement défaut aujourd’hui, alors que nous avons le reste des cartes en main.

   Troisièmement, il faut un centre bienveillant. Nos valeurs le sont, pas nous. Nous prétendons changer la politique, mais nous sommes aussi politiciens que les autres. Nos guéguerres internes sont indignes, nos responsables cumulent tout en défendant le non-cumul, et certains prétendent agir pour l’intérêt général mais souhaitent l’échec des gouvernants - donc l’échec de la France - pour pouvoir prendre le pouvoir à la prochaine élection… Comme les socialistes, nous ne sommes pas à la hauteur de nos idées. Je crois que pour changer le centre, il faut aussi changer cela. Les citoyens attendent d’abord de nous que nous ayons un regard différent mais positif sur les camps adverses. Comment prôner une union nationale si nous leur tapons sans cesse dessus, si nous sommes incapables de reconnaître qu’ils ont parfois raison ? Je suis de ceux qui pensent que dans l’expression « opposition constructive » la notion de construction est plus importante que celle d’opposition.

   Nos électeurs potentiels attendent aussi que nous arrêtions de nous donner en spectacle. Nos guerres d’égos sont irresponsables. Nous réclamons souvent des gouvernants qu’ils fassent de grandes réformes quitte à sacrifier leur popularité, et parfois leur poste, pour le bien commun. Or comment pourrions-nous avoir ce courage une fois au pouvoir si, déjà en interne, nous privilégions notre carrière au détriment de l’union – et donc de la réussite – de notre camp ? L’extrême droite comme l’extrême gauche capitalisent sur l’agressivité et le ressentiment, le PS et l’UMP sur le rejet de l’autre camp, mais personne n’a une démarche bienveillante envers soi et envers les autres. Il y a sans doute là quelque chose à faire, une singularité à marquer, un créneau à prendre.

   Un centre offensif, proche des gens et bienveillant, voilà qui ferait bouger les lignes. Je sais bien que Rome ne s’est pas faite en un jour, et que ce ne serait pas une petite (r)évolution pour notre famille politique, mais je suis convaincu que sa reconnaissance et son indépendance sont à ce prix. Tant que nous ne changerons pas, nous ne pourrons pas demander aux gens de changer leur regard sur nous.

 

Propos recueillis le 05/10/14

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Vincent Métivier

Vincent MÉTIVIER

V. Métivier est président des Jeunes UDI des Hauts-de-Seine

et délégué national des Jeunes UDI (aux réseaux et relations institutionnelles).

 

« Révolutionnons-nous pour

transformer la société »

 

   La dernière décennie a été pour le Centre en France une période d’expérimentations politiques – si on peut le dire ainsi –, source de nombreuses désillusions. Nous avons tenté la fusion avec la droite républicaine, nous y avons perdu notre identité et notre singularité, devenant inaudibles et incapables d’imposer nos idées. Nous avons également tenté de créer une force centrale, se défiant du clivage droite/gauche, mais constamment contrariée par des alliances tactiques aussi nécessaires que chaotiques. Cela n’a été que des échecs cuisants.

   Ce n’est qu’en 2012, avec la création de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI), que le Centre a retrouvé une voix forte, un positionnement clair et les capacités de peser à nouveau dans le paysage politique français. La meilleure preuve de cela, ce sont les succès électoraux enregistrés depuis lors par l’UDI, à toutes les élections, montrant que nous avons réinvesti un espace politique délaissé et répondu aux attentes d’une part de la population. En deux ans seulement, nous nous sommes rehaussés au rang de troisième parti de France !

   Pourtant, nous ne pouvons pas céder à l’euphorie et à l'autosatisfaction, le contexte actuel ne s’y prête pas. Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon… quel que soit le meneur de la droite en 2017, celui-­ci voudra avoir le Centre sous sa coupe pour s’assurer la victoire. C’est pour nous une menace délétère. Nous ne voulons pas d’une une fusion/absorption, nous avons déjà été échaudés. L'indépendance est la clef de notre existence. Et puis, il y a la vigueur grandissante de l’extrême droite, l’aggravation de la situation socio­-économique du pays, l’affaiblissement inquiétant de l’Union européenne… Plus que jamais, le Centre a un rôle crucial à jouer et nous devons nous y préparer.

   D’abord, en maintenant une ligne politique claire, au centre­-centre droit. Comme le théorise finement Jean­-Louis Bourlanges, nous ne pouvons nous allier ni avec la gauche archaïque française, qui n’est pas encore parvenue à se défaire de ses réflexes socialo-­communistes, ni avec une droite trop conservatrice, complaisante voire compromise avec l’extrême droite. Par ailleurs, la configuration des institutions de la Vème République, poussant au bipolarisme, ne nous permet pas de progresser seuls.

   L’enjeu pour le Centre, dans les mois et les années à venir, est donc d’atteindre une masse critique, de fédérer largement pour devenir l’un des pivots incontournables du paysage politique, de susciter des ralliements plutôt que d’y être nous-­mêmes contraints. Pour y parvenir, nous devons faire notre propre révolution – au double sens étymologique de rupture et de retour à des fondements originels – pour révolutionner ensuite la société française. Cet aggiornamento centriste impose de relever plusieurs défis difficiles.

   En premier lieu, devenir un parti de masse et non plus un parti de cadres. Les centristes n’ont pas vraiment la fibre militante. Il y a un travail conséquent de formation à réaliser pour créer et développer cet état d’esprit militant, qui revient à considérer qu’après l’étape de la réflexion et l’esquisse de grandes idées, il y en a une autre : l’étape déterminante du terrain. Nous devons surmonter l’atavisme centriste de l’« intellectuel immobile ». Il faut convaincre, défendre soi-­même ses idées, se rendre visible et apprendre à communiquer, recruter et multiplier les effectifs, les relais…

   En second lieu, il nous faut impérativement développer et proposer une vision concrète et cohérente du monde et de l’avenir. La France souffre aujourd’hui d’avoir des partis politiques aux idéologies rances, qui ne proposent plus une manière globale d’envisager la société et de la réformer, prostrés sur des visions fragmentaires et généralement fallacieuses. Les Français ont envie de croire en l’avenir, de croire que tout peut et va s’améliorer, mais personne ne suscite plus cet espoir, hormis les extrêmes.

   Le Centre est en capacité de réunir derrière lui une majorité de citoyens, car le pragmatisme qui le caractérise est à la fois ce qui peut créer le plus d’engouement et répondre avec efficacité aux problèmes de notre société. Pragmatisme politique ne signifie pas consensus mou. C’est au contraire affirmer avec vigueur que la solution au bénéfice de l’intérêt général n’est pas un juste milieu entre les exagérations des uns et des autres, qu’elle se situe ailleurs.

   Nous devons par conséquent proposer un nouveau modèle de société, fondé sur un retour aux valeurs premières de notre République. Il est intolérable que l'idéal républicain, la Patrie, la laïcité… soient aujourd’hui des thèmes largement abandonnés. Pire, profitant de ce vide, c’est le Front national qui s’en saisit par opportunisme, allant ainsi à contre­-courant de tout le passif historique de l’extrême droite. Les centristes doivent réinvestir ce domaine politique, être les nouveaux « hussards de la République » et soumettre au vote des Français un programme structuré, ayant pour fondement la revivification de la République et son adaptation au XXIème siècle.

   Jean-­Louis Borloo a tracé des voies innovantes qui méritent d’être prolongées, telles que la rénovation urbaine comme moteur d'intégration et de cohésion sociale, l’écologie source de croissance économique… Tout cela fait partie d’un ensemble plus vaste, à partir duquel il nous faut redonner à chaque citoyen les moyens de sa réussite et à la société les atouts pour sa pérennité. Réformer entièrement l’École, le système de retraites, le système de Sécurité sociale, l’organisation des collectivités, envisager l’industrie à l’ère numérique, la démocratie à l’ère collaborative… Les sujets abondent, le monde a évolué et personne n'en a pris acte.

   La France meurt de se reposer sur des mécanismes et une pensée passéistes, inadaptés au monde actuel. Toutefois, c’est en prenant appui, c’est en réactualisant et en faisant perdurer des principes directeurs pluriséculaires comme ceux de la République, que nous pourrons trouver l’élan nécessaire pour faire cette révolution et transformer la société, à l’image du programme du Conseil national de la Résistance, en 1945.

   Je crois sincèrement que les centristes sont les seuls à pouvoir mener à bien ce travail, enclencher cette mobilisation réformatrice et progressiste au bénéfice de la France et des Français. Nous ne devons pas nous croire investis d’une mission mais ayons conscience du rôle que nous pouvons jouer et, sans doute, du risque pour nous-­mêmes et nos enfants.

   Si nous ne sommes pas ceux qui font l’effort ardu d'impulser ce changement profond, alors acceptons de porter la culpabilité du déclin, de livrer la République aux extrêmes et de nous préparer à des jours plus sombres. Ce n’est pas ce que nous voulons, à nous d’agir et de reprendre le destin de la France en mains.

 

Propos recueillis le 14/10/14

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Jérémy Coste

Jérémy COSTE

J. Coste est adjoint au maire de Vanves (Hauts-de-Seine)

et porte-parole des Jeunes Démocrates Européens.

 

« Associés, les progressistes

construiront la France de demain »

 

   Vaste question… Tout d’abord, et autant évacuer ce sujet dès le début, je ne crois pas en l’homme providentiel, pas plus en Nicolas Sarkozy comme sauveur du pays. Ce temps-là est révolu ! La France a besoin d’un cap, les Français de retrouver confiance en eux. Cela passe par la construction collective d’un projet ambitieux, innovant et rassembleur, au-delà des clivages anciens. Voilà notre mission.

   Si je ne partage pas l’envie d’une partie des Français de voir Nicolas Sarkozy revenir aux affaires, je suis néanmoins d’accord avec l’ancien président sur le constat selon lequel les vieux schémas ne correspondent plus à nos attentes. Droite, gauche, extrême droite, extrême gauche, économie sociale, communiste, conservatrice et libérale... cela représente à mes yeux le passé, des réponses à la (re)construction de la France d’après-guerre.

   Aujourd’hui, le monde a changé. Nous sommes pleinement entrés dans une société du savoir et du partage. Le rôle de « guide » des partis n’a plus lieu d’être. Au contraire, les nouvelles générations attendent des dirigeants et formations politiques qu’ils réussissent à associer les citoyens dans la construction d’idées et la prise de décision.

   Nous devons désormais faire face à une troisième révolution. Concrètement, la révolution industrielle que nous connaissons à travers les livres d’histoire s’est déplacée dans d’autres régions du monde, économiquement moins avancées que l’Occident. Cela crée une compétition, souvent des tensions. La seconde révolution, numérique cette fois, est également en train de se déplacer dans les pays émergents. Ces pays nous rattrapent. C’est positif, mais cela inquiète !

   En France, Internet est une réalité pour tout le monde, mais elle doit devenir une base de données sur laquelle s’appuyer pour inventer le monde de demain, un monde de l’« intelligence ». C’est selon moi cela qui intéresse les jeunes et les progressistes, et c’est la question que notre sensibilité doit se poser : "Comment faire entrer complètement la France dans cette troisième révolution qui fait du partage des savoirs et idées ainsi que de la coopération la base nouvelle du vivre ensemble ?"

   Pour entrer dans le 21ème siècle, je suis convaincu qu’il faut abandonner nos vieilles recettes et oser penser l’impossible. Il est temps d’opérer un changement radical de nos institutions et de notre modèle économique et social. De faire « avec les citoyens » plutôt que « pour les citoyens » ! Cela nécessite de faire évoluer la 5ème République, pourquoi pas d’en faire émerger une nouvelle.

   Nous devons imaginer une nouvelle façon de gouverner. Dans nos sociétés industrielles et technologiques, chacun ne peut que constater la difficulté de nos dirigeants à s’adapter au monde actuel, car ces derniers appartiennent naturellement à un monde ancien. Cela ne signifie pas pour autant qu’une partie d’entre eux ne peut s’adapter et comprendre ce monde nouveau - certains y parviennent parfaitement -, mais les codes sociaux et les pratiques ont tellement - et rapidement - évolué qu’un fossé naturel se creuse entre les générations, entre ceux qui dirigent et ceux qui subissent les décisions publiques.

   Parallèlement à cette réalité, je vois l’essoufflement des partis politiques classiques et deux sensibilités qui n’ont pas encore gouverné par eux-mêmes : les démocrates/progressistes ainsi que les écologistes. Cela s’explique selon moi par leur analyse prématurée des problèmes du monde et l’inquiétude que leurs réponses suscitent pour une population encore trop tournée vers la jouissance personnelle. Je crois fondamentalement que les progressistes et les écologistes ont souvent eu une longueur d’avance dans la compréhension des problématiques du monde. J’illustrerai ce point en prenant deux exemples.

   Pour les uns, la thématique de l’environnement. Les écologistes – je ne parle pas d’EELV mais initialement des associations écologistes - ont compris avant tout le monde la nécessité de repenser notre modèle économique et social afin de protéger la planète et préserver l’avenir des générations futures. Dans les années 60, l’écrasante majorité des scientifiques et gouvernants prenait ces « alerteurs » pour des illuminés. Aujourd’hui, on les remercie ! Toute action publique moderne se doit de prendre en compte les réglementations en faveur de la protection environnementale.

   Pour les seconds, la thématique de la coopération. Les démocrates/progressistes – je ne parle pas exclusivement des centristes mais des millions de structures coopératives et associatives rejetant l’alternative droite/gauche – ont défendu le principe du dialogue en politique. Cela a commencé avec les pères fondateurs de l’Europe. Ces derniers ont compris que le monde évoluait de façon multipolaire autour de grands ensembles démographiques, culturels, militaires et politiques et qu’il était primordial de mutualiser nos forces par la coopération pour préserver nos intérêts et notre modèle de société basé sur la solidarité. Cette conception de la politique s’est également manifestée à quelques époques par la décentralisation et le rôle donné aux acteurs locaux dans la prise de décision, par la confiance accordée à la jeunesse avec la majorité à 18 ans ou encore l’émancipation des femmes avec l’avortement…

   Nous devons concevoir un nouveau modèle. La défense de l’environnement, les principes de mutualisation des richesses et de dialogue en politique ont ainsi permis l’émergence d’une ère de la coopération. Il n’y a quasi plus une décision publique (dialogue social), une guerre (droit international) ou une stratégie (OMC, OMS…) qui ne soit décidée collectivement. Ces notions sont si fortes que malgré l’incapacité des écologistes et des progressistes à gouverner par eux-mêmes, ces idées sont présentes dans toute la société.

   En France, chacun est conscient de l’importance de la protection de l’environnement et de la pertinence des échanges et du dialogue social. Plus personne ne veut d’une société qui pollue ni d’une société caporaliste où le citoyen suivrait aveuglément un chef. Nous sommes nombreux à vouloir une société « verte », équitable et responsable, où chacun peut s’épanouir dans un environnement sain. Un régime politique qui écoute, respecte et associe chacun d’entre nous aux décisions publiques. Ces phénomènes sont le résultat des combats des écologistes et des démocrates/progressistes.

   Il est fini, le temps où nous n’avions pas tous accès à l’enseignement, où de nombreux citoyens ne savaient pas lire ou comment s’informer. Aujourd’hui, grâce à l’enrichissement de la France pendant les Trente glorieuses, grâce aux nouvelles technologies et à Internet, chacun peut comprendre le monde dans lequel il vit et tenter de contribuer à son amélioration. Il est même fréquent que certains citoyens non-élus soient plus compétents que leurs représentants. Ceci peut provoquer un choc, une confrontation et finalement une crise de confiance entre le citoyen et le système politique.

   Cette série de bouleversements, la troisième révolution, la remise en cause de la gouvernance, et le modèle à réinventer, provoquent une fracture sociale et un besoin de nouvellement. Quel devrait être notre comportement face au changement ? D’un côté, il y a ceux qui voient ce changement arriver et préfèrent conserver le modèle ancien en essayant de le réformer à la marge car il leur apporte encore le confort nécessaire. De l’autre, on trouve ceux qui voient ces bouleversements et comprennent la nécessité de réfléchir à un nouveau modèle.

   Ces derniers, je crois, sont proches d’une grande partie de la population qui ne profite plus des richesses produites et qui constate, impuissante, qu’elle est lésée. Ces Français qui souffrent au quotidien d’un manque de confiance en l’avenir, à cause du chômage notamment, et qui voient l’inégalité se creuser, ont le sentiment de ne pas pouvoir entraîner la société vers un modèle qui réponde à leurs attentes. Cela crée une frustration dangereuse. C’est ce moment précis que nous vivons.

   Ce trouble touche en premier lieu les nouvelles générations, qui souffrent du manque de ressources et d’emplois, les éloignant ainsi de ceux censés leur trouver des solutions. La jeunesse souffre également d’une forme d’impuissance face à l’accroissement de la misère dans le monde que les médias nous renvoient à la figure et qui crée en nous un sentiment de culpabilité et de colère parfois.

   Deux France s’opposent donc : ceux qui, suffisamment puissants, détiennent le pouvoir et souhaitent conserver un système qui les rassure - en entraînant derrière eux les plus effrayés par le changement - et ceux qui, puissants ou pas, désirent vivre dans un pays qui respire, prend des risques et innove pour redonner du sens à leur vie et par conséquent au destin commun.

   Personnellement, je suis persuadé que nous tous, citoyens, détenons chacun une partie de la solution et qu’il est du rôle de notre sensibilité de changer en profondeur nos méthodes. Nous devons avant tout écouter, non pas pour faire plaisir, mais pour entendre les craintes, tenter de les comprendre et transformer en actes politiques concrets et efficaces.

   Évidemment, souhaiter un nouveau modèle demande du courage et nécessite aussi d’être réaliste. Il ne s’agit pas de tomber dans l’utopie. Tout le monde ne peut pas réécrire la Constitution française, ni même écouter avec patience ce que chacun à dire. Cela demande des compétences techniques, des qualités personnelles particulières, de l’organisation et de la pédagogie. Mais chacun, confronté à ses propres difficultés, peut donner son idée pour que celles-ci inspirent ce que doit être la France de demain. C’est ce que j’attends de ma famille politique.

   Évidemment, plus qu’une indépendance politique vis-à-vis des conservateurs de droite et de gauche, cela nécessite une liberté de pensée absolue, le dépassement des clivages, et l’association de tous les progressistes. La première richesse de la France, ce sont ses ressources humaines (nous !).

   Alors, sur tous les territoires, écoutons-nous plus largement qu’au sein des partis, partageons nos idées avec la société civile et ces milliers de coopératives, et imaginons ensemble une France nouvelle. Voici mon vœu.

 

Propos recueillis le 17/10/14

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Marine Denis

Marine DENIS

M. Denis est présidente de l'UDI Sciences Po.

 

« Ayons du courage et de l'ambition ! »

 

   Oui, le grand retour médiatique de Nicolas Sarkozy est un échec ; un échec qui doit nous redonner confiance en notre liberté et notre indépendance politique. Nous ne pouvons associer l'avenir de l'UDI à celui d'un ancien chef d'État poursuivi pour des affaires de corruption et de trafic d'influence. Il en va de notre crédibilité, mais surtout de notre responsabilité politique, en tant qu'élus et militants centristes.

   Si les Français sont lassés d'un paysage politique majoritaire gauche/droite, où seuls les extrêmes semblent pouvoir se frayer une place pour venir contrebalancer l'équilibre UMP-PS par un discours violent et stérile, c'est à notre tour de replacer le centre au cœur de l'échiquier politique. Il n'y a pas de politique de droite ou de gauche au pouvoir, il n'y a qu'une politique du centre fondée sur une realpolitik ambitieuse et modérée, celle du juste équilibre, celle que nous défendons.

   Nos axes de réflexion et d'engagement politique sont tracés, il faut désormais en faire un véritable plan d'architecte de projet politique pour 2017. Assurons notre indépendance intellectuelle et politique par les idées et les projets de réformes politiques ! Intervenons sur des sujets techniques, car nous avons les experts compétents, et emparons-nous des sujets d'actualité qui défraient la chronique pour nous donner une véritable visibilité médiatique ! Il est de la responsabilité des élus, mais aussi des militants, de produire des idées et de les mettre en valeur. Décentralisation, Union européenne, immigration, politique de santé... : le centre, loin de rejeter systématiquement toutes les propositions portées à gauche et à droite, doit s'appuyer sur les points forts que sont sa modération et son expertise technique pour constituer le projet politique le plus ambitieux, réaliste et proche des grands enjeux locaux, nationaux, européens et internationaux de la France.

   Pour exister sur la scène extérieure, nous devons nous assurer d'un modèle politique viable et démocratique en interne. Le centre compte et s'appuie sur un électorat qui est présent mais qui tend à se conforter dans de vieilles positions. Soyons modernes, appuyons-nous sur les idées des jeunes militants qui nous rejoignent, écoutons-les et donnons leur une voix ! L'organisation de commissions de réflexion rassemblant élus et militants, jeunes et aînés, doit devenir notre force et notre distinction à l'égard des autres partis politiques français, où le lien démocratique interne existe trop peu, dévoré par l'ambition et l'ascension hiérarchique.

   Une famille se doit d'avancer ensemble, le centre doit reconstruire ce maillon qui constitue le lien entre les différents mouvements internes. Nous défendons des idées, nous aimons la chose publique, nous sommes républicains et convaincus que la politique n'est pas uniquement affaire de stratégie et de batailles pour le pouvoir. Quand nos idées sont similaires, ne laissons pas l'ambition personnelle dépasser l'ambition politique. Le climat politique délétère et les affaires, récurrentes, sont à la source du mépris et du désespoir des citoyens français à l'égard de la sphère politique gouvernante. Tâchons de ne pas reproduire les mêmes erreurs en nous perdant dans des errances purement politiques et stratégiques ! Ayons le courage politique de rester indépendants pour 2017 !

 

Propos recueillis le 22/10/14

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Olivier Gloaguen

Olivier GLOAGUEN

O. Gloaguen est vice-président des Jeunes Forces Démocrates, en charge du projet.

 

« Le centre se doit de se faire entendre »

 

   Quel centre pour demain ? Eh bien, la réponse tient en un seul mot : « conquérant » ! En effet, le centrisme, c’est-à-dire les forces progressistes, fédéralistes européennes, écologistes, réformatrices, humanistes, décentralisatrices et pro-entrepreneurs de l’échiquier politique français ont devant elles une grande opportunité, mais aussi une grande responsabilité.

   Après plus de trente années d’échecs successifs menés sans fracas ni trompettes par la gauche comme par le droite, la France paye désormais son immobilisme. Tout naturellement, les Français sont dégoûtés et ils ont bien raison : élections après élections, on leur promet monts et merveilles (« travaillons moins pour que tous travaillent » un jour, et « travaillons plus pour gagner plus » le lendemain) et… rien. Alors, ils ne croient plus en la parole des partis politiques et tentent de se réfugier, faute de mieux, dans le vote frontiste, ce parti démagogique qui n’attend que ça car là où il sait le mieux proliférer, c’est sur la misère, la rancœur et le désespoir.

   Le délitement de la classe politique, désormais flagrant, et les divisions surannées gauche-droite s’estompent face à de nouveaux axes de choix de société : replis identitaire ou ouverture ? Europe fédérale ou des nations ? Progrès ou conservatisme ? Réformes ou immobilisme ? Décentralisation ou concentration ? Transition énergétique ou laisser-faire ? Soutien résolu à l’innovation et l’entrepreneuriat ou empilement des contraintes ?

   Alors, oui, dans ce contexte, les centristes peuvent, s’ils s’en donnent les moyens et s’ils en ont véritablement l’ambition, proposer une alternative crédible et attendue par les électeurs. Une alternative crédible car ce ne sont pas des centristes qui sont aux manettes depuis trente ans. Nos idées ont été souvent reprises (car ce sont les plus sensées et les plus logiques), mais aussi malheureusement trop souvent dénaturées (un exemple : la TVA sociale). Attendue, car contrairement aux populistes, nous ne vivons pas prostrés dans le souvenir d’un passé nécessairement meilleur, mais nous regardons résolument vers l’avenir et proposons des réponses sans tabous aux problèmes d’aujourd’hui.

   Sauf que le centre n’est pas assez entendu. Sa chance dans les années qui viennent est justement de disposer d’un espace qui s’ouvre entre une droite profondément divisée et une gauche sans programme et qui se cherche. Un espace dans lequel il sera possible de faire émerger un centre uni et fort, mené par des hommes et des femmes politiques nouveaux. Un centre qui prenne la peine de parler à tous les Français, un centre qui n’a pas peur de conquérir le pouvoir, qui va jusqu’au bout de ses ambitions et surtout qui s’en donne les moyens.

   Pour cela, la recette n’est pas compliquée, mais elle requiert de la volonté : il faut fédérer, regrouper, rassembler au delà des petites ‘chapelles’ et des petits partis, des courants et des ‘écuries’ présidentielles sans lendemains. Il faut structurer, attirer des militants, les former, les écouter, les faire élire à tous les échelons, bâtir une machine de conquête et ne pas s’en cacher, affirmer notre indépendance, changer notre langage et parler celui des Français, de tous les Français, sans tomber dans la démagogie, mais en leur disant nettement ce qu’il en est, où nous comptons aller et comment le faire.

   Nos concitoyens « ne sont pas des veaux », ils ont bien compris la situation actuelle et se doutent de ce qu’il faut faire. Mais ils attendent désormais un leader crédible, c’est-à-dire quelqu’un capable de leur montrer le chemin et le but à atteindre. Quelqu'un qui leur redonne confiance en eux-même. Ils attendent une nouvelle génération de centristes, une génération qui a envie d’un centre conquérant, pour une France conquérante.

 

Propos recueillis le 23/10/14

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6 octobre 2014

Nicolas Marié : "La politique mérite mieux que des réactions émotionnelles"

   Dans la première saison des Hommes de l'ombre, la série de politique-fiction de France 2, Nicolas Marié incarnait Alain Marjorie, candidat socialiste à la présidence de la République. La seconde, dont la diffusion a débuté mercredi dernier, s'ouvre sur les scènes de liesse populaire d'une soirée de victoire - empruntées, pour l'anecdote, à celle de François Hollande en 2012. Dès la deuxième scène, on entre dans le vif du sujet. Un an après. Alain Marjorie est à l'Élysée. Et il va être confronté, bientôt, à de nombreuses, à de graves difficultés, tant aux plans politique que personnel.

   Nicolas Marié est de ces acteurs dont le visage nous est familier, sans pour autant réussir toujours à lui associer un nom. J'espère que cet article contribuera à pallier cette lacune imméritée, tant l'acteur est talentueux et l'homme attachant. Il a répondu tout de suite à ma sollicitation : je tiens à le remercier pour la gentillesse dont il a fait preuve à mon égard. Il nous livre quelques confidences à propos du tournage des Hommes de l'ombre ; nous parle de son personnage, du regard - affûté - que lui-même porte sur le monde politique. Surtout, il évoque pour nous son métier, avec une passion communicative. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NICOLAS MARIÉ

 

« La politique mérite mieux

que des réactions émotionnelles »

 

Nicolas Marié 1

(Source des illustrations : Les Hommes de l'ombre, France 2.

Sauf : photo n°3, tirée du site Cinéma Passion.)

 

Q. : 04/10/14 ; R. : 06/10/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Nicolas Marié. Ce mercredi étaient diffusés sur France 2 les deux premiers épisodes de la deuxième saison de la série de politique-fiction Les Hommes de l'ombre. On ne se dit à aucun moment, à propos du personnage que vous y campez, le président de la République, Alain Marjorie, qu'il "sonne faux". Comment vous êtes-vous préparé pour cette interprétation ?

 

Nicolas Marié : Je n’ai pas eu de préparation particulière pour incarner ce Président. Il m’est arrivé dans ma vie de côtoyer assez fréquemment des hommes politiques. Ajoutez à cela le déferlement quotidien d’images sur le monde politique. Avec un texte bien écrit et suffisamment évocateur quant à l’autorité qui doit présider à ce type de rôle, il n’y avait plus qu’à se laisser porter par son instinct…

 

PdA : L'action se déroule un an après l'élection de votre personnage. L'état de grâce, s'il a existé, est derrière lui. Les difficultés s'accumulent. Sa majorité de coalition, précaire, vient de survivre à une motion de censure à l'issue incertaine. Surtout, deux affaires menacent de ruiner sa présidence : un scandale politico-financier et un faits-divers tragique ; la seconde ayant pour protagoniste principal son épouse (qu'interprète par Carole Bouquet) et pour dissimulateur en chef l'ex-ministre de l'Intérieur, éclaboussé par la première affaire et "démissionné" depuis.

« On ment pour protéger les siens et on ment ensuite parce qu’on a déjà menti ». Cette réplique qui fait mouche est lâchée par un Alain Marjorie manifestement désabusé. Un homme dont on ne doute pas, parce que ça se sent, qu'il est honnête et qu'il voulait faire de la politique "autrement". Cet état d'esprit s'accorde-t-il au vôtre lorsque vous considérez le monde politique ?

 

N.M. : Je crois qu’il y a un grand espace entre le mensonge et la trahison. On a le droit de mentir. Bien mentir est une qualité. Un bon acteur est un bon menteur. Il se sert de la couverture d’un personnage et d’un texte pour exprimer une vérité. Sa vérité. Alors le mensonge devient un outil de vérité.

 

Pour Marjorie, comme pour tout homme politique, le mensonge est aussi un outil. C’est un bon outil s’il est un outil nécessaire dans un objectif légitime. L’histoire regorge de mensonges d’hommes politiques ou de militaires et de stratèges (l’opération « Fortitude » aura été l’exemple même du mensonge salutaire…) qu’il ne viendrait à l’idée de personne de condamner dès lors qu’ils ont permis de gagner des guerres, de sauver des vies humaines. « Mensonge » ne veut pas forcément dire « malhonnêteté »… Ici, Marjorie prend simplement conscience des vraies difficultés de l’exercice du pouvoir. Comme il y a un grand espace entre « mensonge » et « trahison », il y a un grand espace entre « compromis » et « compromission »…

 

Pour ce qui me concerne, je ne me voyais pas aborder ce Président sans une haute idée de ce que doit être la politique et l’idée que s’en ferait mon Président… Je suis issue d’une famille de résistants de la 2nde Guerre mondiale qui ont été déportés en Allemagne et qui ont été sauvés grâce au courage et à la détermination de ces grands responsables politiques qui nous ont libérés de la bête immonde. Quelquefois grâce à des mensonges meurtriers, qui n’en étaient pas moins nécessaires… Je ne pouvais incarner un de ces responsables sans avoir chevillé au corps leur sens aigu du patriotisme. Cette réplique n’aura donc été que la traduction d’une interrogation légitime. Un instant d’intimité, de doute. Un constat qui ébranle mais ne remet pas en question l’objectif de grandeur.

 

PdA : La politique, c'est un engagement qui, dans une autre vie, aurait pu vous séduire, vous tenter... ?

 

N.M. : Ma réponse à la question précédente implique forcément une réponse affirmative à celle-ci. La désillusion, le désenchantement, le refuge vers les extrêmes, ne sont que réactions émotionnelles. La politique (avec un grand P) mérite mieux que cela.

 

PdA : Revenons à la série. Pour cette nouvelle question, c'est à une sorte de numéro d'équilibriste que j'ai envie de vous inviter. Je le disais, pour l'heure, deux épisodes sur six ont été diffusés. À la fin du deuxième épisode, le président Marjorie est pris d'un malaise dont on avait déjà pu percevoir, ici ou là, des signes avant-coureurs... Parlez-nous de la suite de l'intrigue, sans rien en révéler, évidemment ?

 

N.M. : Le Président, très malade, ne va pas mourir. L’exécutif va être confronté à une courte période de vacance du pouvoir, qui sera prétexte à montrer au public comment nos responsables gèrent ce type de situation extrême.

 

PdA : Que retiendrez-vous de cette expérience ? Quels souvenirs en garderez-vous ?

 

N.M. : Ces six épisodes ont été tournés en crossboarding. Ce qui signifie que, dès le premier jour, nous tournions des scènes du 6 avec des scènes du 3, du 5 et du 1. Le lendemain, des scènes du 2, du 4, du 3, du 1 et du 5… et ce pendant trente jours… C’est un exercice exaltant, mais qui demande beaucoup de travail et une grande rigueur. Il faut dès le premier jour de tournage avoir construit la ligne générale de son personnage et en fonction des péripéties auxquelles il est confronté, avoir ajusté très précisément son évolution au fil des scènes de chaque épisode. Et respecter bien entendu scrupuleusement cette évolution pendant le tournage de chaque scène de ce grand puzzle.

 

Carole Bouquet, Bruno Wolkovitch, Aure Atika, Philippe Magnan, Yves Pignot, Emmanuelle Bach, sont des camarades de jeu délicieux, et nous avons été encadrés par un réalisateur talentueux et imaginatif et une production exigeante et attentive. Quelles qu’aient donc été les difficultés de ce type d’exercice, j’en garde un excellent souvenir.

 

Nicolas Marié 2

 

PdA : Quand on entreprend de regarder ce qu'a été votre parcours d'artiste jusqu'à présent, Nicolas Marié, on est impressionné, forcément. Vous êtes de ces visages, de ces voix que l'on a tous croisé au moins trois ou quatre fois, au détour d'un film, d'une série, sans forcément pouvoir mettre de nom dessus. Le nombre de pièces, de productions télé auxquelles vous avez participé force le respect. Vos voxo et filmographie noirciraient à elles seules pas mal de pages. S'agissant du cinéma, il conviendrait évidemment de citer 9 mois ferme, de votre ami Albert Dupontel, auquel on pourrait accoler 99 francs (J. Kounen), Micmacs à tire-larigot (J.-P. Jeunet), entre autres...

Quelles seraient, justement, sur l'ensemble des œuvres auxquelles vous avez collaboré, celles que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir, et pourquoi ?

 

N.M. : Comme une vie d’homme, la carrière d’un acteur est multiple. Je revendique cette multiplicité, elle m’a nourri au fil des années. Je l’ai encouragée, provoquée. Donc ce n’est pas une oeuvre en particulier que je mettrais en avant, mais la grande diversité des supports (théâtre, cinéma, télévision, radio, synchro..), des réalisateurs, des textes, qui a jalonné mon parcours.

 

PdA : Qu'est-ce qui vous rend fier, quand vous regardez dans le rétro et autour de vous ?

 

N.M. : Une vie d’adulte nourri d’abord par le bonheur d’aimer et d’être aimé.

 

PdA : Voulez-vous nous parler de vos projets ?

 

N.M. : Mon professeur d’art dramatique lorsque j’avais vingt ans disait toujours qu’on n’est pas sûr d’avoir le rôle tant que la dernière représentation n’est pas jouée… Les acteurs sont très superstitieux… Rares sont ceux qui dévoilent leurs projets… Je peux donc juste vous confier que mes projets sont multiples eux aussi… Dans les quatre mois qui viennent, il y a du théâtre, du cinéma, de la synchro et de la télé.

 

PdA : Des envies, des rêves, pour aujourd'hui ou demain ?

 

N.M. : Continuer de respirer à pleins poumons le grand air de la vie, en continuant de jouer avec le support du mensonge pour exprimer ma vérité…

 

PdA : « Au fond de moi, je n'ai pas le souvenir d'avoir voulu faire autre chose que comédien, c'est terrible ! D'une certaine manière, je n'avais pas d'autre choix ! (rires) J'ai toujours eu envie de faire ça. » Voici ce que vous déclariez lors d'une interview à Allociné, l'année dernière.

Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui se poserait aujourd'hui les mêmes questions que vous à l'époque, qui rêverait de devenir tragédien(ne) ou de jouer la comédie et, idéalement, d'en faire sa vie ?

 

N.M. : Un seul conseil : faire. Il n’y a que dans le « faire » qu’on apprend, crée, se grandit, vit. Faire. Faire. Faire. Un projet, aussi banal apparaît-il, sera plus fondateur pour un jeune acteur que tous les discours. S’il ressent donc l’appel de ce métier, qu’il embrasse avec avidité, avec gourmandise, tous les projets qu’il se soumet à lui-même, toutes les sollicitations qui se présentent à lui.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

N.M. : Peter Brook termine un de ses livres (L’Espace vide) par : « Jouer sur une scène demande de gros efforts. Mais quand le travail est vécu comme un jeu, alors ce n’est plus du travail. Jouer est un jeu… ». Pour un acteur, la vie est un immense terrain de jeu. Vive la vie. Vive le jeu.

 

Nicolas Marié 3

 

 

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30 septembre 2014

Sarkozy : Son retour vu et commenté par de jeunes militants UMP

   Convenons-en : l'annonce par Nicolas Sarkozy de son retour sur le devant de la scène politique n'a pas surpris grand monde. Tout juste s'est-il agi d'une clarification : oui, il entend reprendre les rênes ; demain, du parti, après-demain, peut-être, celles du pays. Un mois après la mise en ligne de l'article regroupant les réflexions qu'ont développées, à ma demande, quelques jeunes de l'UMP quant à l'avenir de leur formation politique, j'ai souhaité inviter quelques-uns de leurs camarades à un exercice similaire et qui se rapporte plus précisément, cette fois, à la personnalité, à l'avenir de l'ancien président.

   Le texte sur lequel ils ont travaillé est le suivant : « Nicolas Sarkozy vient d'annoncer sa candidature à la présidence de l'UMP. J'aimerais vous demander, vous qui comptez parmi les jeunes militants du parti, ce que cela vous inspire. Peut-il incarner l'avenir de votre formation politique ; porter vos idées et son projet tels que vous les envisagez ? Est-ce que vous auriez, finalement, un message à lui adresser ? ». Leurs retours, publiés au fil de l'eau, sont organisés par ordre chronologique. Merci à eux ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Sarkozy Son retour vu et commenté

par de jeunes militants UMP

Sarkozy_France_2

(Image : France 2)

 

 

R.S.

R. , chirurgien-dentiste, milite à l'UMP depuis quelques mois.

 

   Je m’appelle R.S., je suis chirurgien dentiste en préparation de ma thèse d’exercice. J’ai commencé à militer réellement pour l’UMP depuis quatre mois, par le biais du réseau social Twitter, puis cela s’est étendu sur Facebook. J’ai trouvé que la situation du pays dans lequel nous vivons était calamiteuse. Je suis un jeune homme du peuple, je suis sur le terrain, de par mon métier ; ayant exercé dans le milieu hospitalier, j’ai vu les classes défavorisées défiler continuellement, et cela est de plus en plus marqué.

   Ce qui m’a conduit à militer, c’est l’injustice sociale que j’observe tous les jours en France. On matraque les classes moyennes : aujourd’hui, ce sont les populations les plus maltraitées par le système français. On parle de socialisme et d’humanisme, mais où est l’humanisme quand, dans certains cas, il devient plus avantageux de ne pas travailler et de toucher des aides de l’État que de gagner un petit salaire ? Le chômage monte en flèche, les gens ne croient plus en la politique car les promesses ne sont pas tenues.

   Mon militantisme va, je le crois, dans le bon sens ; il rassemble tous les démocrates qui veulent des réformes pour que le pays aille mieux, des démocrates allant du centre gauche à la droite conservatrice, ce que propose Nicolas Sarkozy.

   Je veux aider les classes populaires qui se lèvent tôt et travaillent dur pour un salaire ne leur permettant pas de vivre décemment. Le dumping social, avec la mondialisation et la concurrence déloyale des pays de l’Est, qui n’ont pas le même code du Travail que nous, écrase les classes populaires. Il faut réformer Schengen, repenser certaines positions de l'Union européenne. Cela, Nicolas Sarkozy l’entend bien.

   Je suis pour des réformes radicales visant la simplification du Code du Travail, pour baisser radicalement les impôts et les charges ; en contrepartie, je suis pour la suppression d’aides sociales sur le long terme, elles ne devraient être octroyées que sur une courte période, le temps de retrouver un emploi. Il faut également favoriser la création d’emplois en matière de formation professionnelle - je pense aux cours du soir notamment.

   Ce pays a besoin de réformes, il suffit de s’inspirer de pays d’Asie comme la Chine, la Corée du Sud, où la culture du travail est valorisée et les universités souvent bien positionnées dans les classements internationaux. Nicolas Sarkozy a beaucoup voyagé à l’étranger, il a constaté tout cela.

   Pourquoi aujourd’hui nous ne sommes plus en tête de liste ? Parce que la France a peur de se réformer, de changer de modèle ; elle a peur de s’adapter au 21ème siècle, de se moderniser et d’intégrer pleinement le numérique et Internet. La France n’ose pas assez développer les échanges culturels ; un enseignement qui soit personnalisé, adapté aux talents de la personne, plutôt qu’un baccalauréat avec différentes filières n’ayant plus aucune valeur sur le marché du travail.

   Je crois en Nicolas Sarkozy, car selon moi, il incarne le rassemblement, il peut rassembler les libéraux, les humanistes, les conservateurs : donc ses militants et au-delà. Il sait communiquer, il a de l’expérience en politique et sur la scène internationale.  Se priver de Nicolas Sarkozy en 2017 serait une erreur, car il a, je pense, encore des ressources intéressantes à nous apporter, malgré les critiques qui ont pu être émises quant à son bilan.

   Le message que je lui adresse, c’est d’écouter les Français. D’être à leur écoute, vraiment. D’écouter leurs préoccupations, sans tenir compte du politiquement correct ; d’apporter à leurs problèmes des solutions intelligentes, sans démagogie.

 

Propos recueillis le 24/09/14 

 

 

H_l_ne_Bulle

Hélène BULLE

H. Bulle, directrice d'établissements sanitaires et médico-sociaux,

est conseillère municipale à Ribeauvillé (68) et responsable Droite sociale pour le Haut-Rhin.

 

   Au cours de son interview, au journal télévisé de France 2, le 21 septembre dernier, Nicolas Sarkozy a eu cette phrase : « Si je ne fais pas le travail, qui le fera ? ».

   Suite à la défaite de notre famille politique en mai 2012, Nicolas Sarkozy s’est mis en retrait, laissant un véritable boulevard aux différents élus et responsables du parti souhaitant redonner un nouvel élan, une nouvelle orientation à l’UMP.

   Quel en est le résultat, deux ans et demi plus tard ? Qui a « fait le travail » ? Il faut le reconnaître, l’UMP a fait l’objet d’un spectacle désolant, dont certains actes sont dignes d’une tragédie grecque. Il y a eu cette fameuse élection de novembre 2012 dont on connaît trop bien la fin. S’en est suivi le groupe des « non-alignés », prônant l’objectivité et la fin des ambitions personnelles et dont on peut constater désormais le chemin parcouru et les différentes déclarations de candidatures de chacun de ses membres.

   Cette période de latence, aussi difficile soit-elle à assumer pour tout militant engagé, n’est pas un mal en soi à moyen terme : elle permet une prise de recul, une remise en question, et la redéfinition d’un socle permettant un départ sur de nouvelles bases, plus saines et - dans la mesure du possible - plus sereines.

   Toutefois, pour que ce socle repose sur des fondements solides, deux points de vigilance sont à intégrer. Le premier concerne l’électorat français : celui-ci doit apprendre à se forger sa propre opinion et prendre du recul par rapport à la vision court-termiste présentée par les médias, avides de scandales. Le second concerne la jeune génération : être passionné c’est bien, être passionné et avoir une profession, c’est mieux. Nous dénonçons chez certains de nos aînés, de tout bord politique, la préservation de leurs intérêts personnels au détriment de l’intérêt général. Cette jeune génération doit prouver son dynamisme, et démontrer que la politique doit être avant tout une passion avant de devenir éventuellement, par la suite,  une rétribution.

   Ces bases étant posées, deux personnes sont à même - selon moi - de redonner un sens à notre famille politique à ce jour, que ce soit dans le cadre de l’UMP ou dans le cadre de la fondation d’un nouveau parti.

   Laurent Wauquiez, qui en appelle aujourd’hui à une droite des valeurs, et dont le discours a eu le mérite de se recentrer sur les classes moyennes, mises en difficulté de manière croissante depuis mai 2012. Il a toujours assumé ses prises de positions, quelles qu’elles soient, et que ces dernières plaisent ou non, cela lui donne le mérite d’exister sur la scène politique, tandis que d’autres font profil bas et attendent des jours meilleurs.

   Enfin et bien évidemment, le retour de Nicolas Sarkozy laisse présager le rétablissement d’une certaine autorité et d’un rassemblement, qui ont cruellement manqué depuis mai 2012. Notre ancien président a son franc-parler, c’est indéniable. Cela pouvait choquer, mais avait le mérite d’être exprimé, évitant ainsi à une partie de l’électorat français cette frustration qui la pousse aujourd’hui à voter aux extrêmes. N’oublions pas que voter FN, c’est faire le jeu des socialistes qui comptent se faire réélire sur cet égarement, cette dispersion des voix à droite de l’échiquier politique.

   Nicolas Sarkozy sera certes controversé, mais son retour se doit d’être envisagé dans la mesure où personne n'a été capable de reprendre le flambeau depuis son départ. Nicolas Sarkozy incarne également ce côté honorifique de la fonction présidentielle, et fait partie des rares personnalités politiques françaises qui ont su s’imposer sur la scène internationale et redonner une voix - doublée d’un écho - à la France.

   Il ne faut pas se leurrer : si les sondages lui attribuaient une cote de popularité croissante lors de son absence, et dépeignent un profil de perdant depuis l’annonce de son retour sur la scène politique, c’est qu’il est craint. Et je me plais à penser qu’une personne suscite la crainte et la critique dès lors que ses adversaires savent pertinemment que son potentiel dépasse largement le leur.

   À bon entendeur...

 

Propos recueillis le 24/09/14

 

 

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Aurore BERGÉ

A. Bergé, plus jeune conseillère politique de l'UMP, est chef de file de l'opposition municipale

à Magny-les-Hameaux et conseillère communautaire de la C.A. de Saint-Quentin-en-Yvelines (78).

 

   Mon engagement politique a grandi avec Nicolas Sarkozy. Je ne peux pas croire que l'histoire commune entre Nicolas Sarkozy et notre famille politique, entre Nicolas Sarkozy et les Français se soit arrêtée le 6 mai 2012. 

   Notre famille politique a vécu ces deux dernières années une période particulièrement douloureuse, où elle a failli disparaître. Elle a besoin aujourd'hui d'être complètement rénovée : il faut tout changer ! Nicolas Sarkozy est le seul aujourd'hui qui a la légitimité, l'énergie et l'autorité pour réaliser cette révolution.

   Nous vivons aujourd'hui dans une société en proie au doute, à la défiance, dans un contexte de crise identitaire, économique, financière. Nous devons rétablir la confiance, le risque, l'esprit d'initiative. Nous devons cesser d'avoir peur de tout. Cela passe par un mouvement de respiration de notre société.

   Cela veut dire établir un système scolaire qui accepte le droit à la différence et à l'imagination, un marché du travail moins rigide, la fin des carcans réglementaires et bureaucratiques, la suppression des rentes, la remise en cause du principe de précaution.

   Ce projet a été initié avec le mouvement de réformes conduit dès 2007 et arrêté brutalement en 2012. Nicolas Sarkozy est celui qui peut inspirer ce nouveau départ pour notre société.

   La génération qui a osé partir sur des combats difficiles en mars 2014 et dont je fais partie doit à Nicolas Sarkozy de lui avoir insufflé l'audace nécessaire. C'est avec cette audace que nous devons aujourd'hui renouer. C'est l'un des messages que j'ai eu l'opportunité de lui délivrer lorsque je l'ai revu, fin septembre.

 

Propos recueillis le 28/09/14

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Charles_Aslangul

Charles ASLANGUL

C. Aslangul est chef de file de l'opposition UMP à Bry-sur-Marne (94).

 

   Le retour de Nicolas Sarkozy est un grand soulagement et source d’espoir nouveau pour beaucoup d’entre nous. 

   Grand soulagement car force est de constater que depuis mai 2012, l’UMP n’a pas réussi a incarner pleinement son rôle de premier parti d’opposition, trop occupée qu'elle était avec ses luttes intestines. Il faut néanmoins rendre hommage à Jean-François Copé, qui n’a pas ménagé ses efforts pour permettre l’historique vague bleue de mars 2014.

   Néanmoins, l’absence de Nicolas Sarkozy a laissé un vide qui a divisé et menacé l’existence même de l’UMP. C’est donc un soulagement de le voir revenir, il suffit de regarder l’enthousiasme, l’énergie et la ferveur qui émanent des militants depuis son retour. Quel bonheur de tous nous retrouver après tant de déchirements stériles ! 

   Source d’espoir nouveau car Nicolas Sarkozy, aux talents incontestés, est un chef naturel. Vous savez, quoi qu’on en dise, à droite nous sommes héritiers du gaullisme et du bonapartisme. Au-delà des considérations de grandeur de la France, de France forte, la notion du « commandeur », du chef, est aussi un de ces héritages. Nous avons besoin d’un leader, d’un homme fort à la tête des troupes ! Ce chef naturel est de retour et nous permet de recouvrer l’espoir de grandes victoires à venir. 

   Ces victoires, nous les devons aux Français qui souffrent d’une gauche incapable de résoudre leurs problèmes et qui les accule sous l’impôt quand elle devrait leur rendre du pouvoir d’achat. Ce qui est le plus navrant, c’est que nous les avions prévenus.

   Nous savions où nous mèneraient François Hollande et les socialistes. Il suffisait de se pencher sur leur programme pour comprendre qu’ils étaient à côté de la plaque ! Les Français ont cru aux promesses de Monsieur Hollande, ils ont cru à l’anaphore « Moi, Président... », ils ont cru au meeting du Bourget et à l’adversaire invisible du monde de la finance, ils ont cru à l’apaisement et au rassemblement du peuple par-delà les différences, bref ils ont cru à cette fameuse promesse du « réenchantement du rêve français ».

   Que reste-t-il de tout ça ? Un immense mensonge. Jamais la France n’a été aussi durement confrontée au chômage. Jamais la France n’a été à ce point incapable de créer de la richesse, de la croissance. Jamais la France n’a été à ce point déchirée par le communautarisme. Jamais la fonction de Président n’a été à ce point abaissée, ridiculisée. Jamais un gouvernement n’a connu autant de scandales. Jamais les Français n’ont été à ce point désabusés, ils n’ont jamais aussi peu cru en la politique. 

   François Hollande est comptable de ce bilan désastreux. Il a menti pour se faire élire coûte que coûte sur fond d’anti-sarkozysme primaire et de promesses qui n’engageaient que ceux qui les recevaient… Avec dogmatisme, il a détricoté toute une batterie de mesures prises sous Nicolas Sarkozy. Prenez les heures supplémentaires défiscalisées… Elles permettaient aux plus modestes d’augmenter leur pouvoir d’achat, de travailler plus pour gagner plus. En temps de crise, ce n’était pas négligeable. Et voilà que ceux qui se réclament du socialisme, donc des plus modestes, suppriment cette mesure de justice parce qu’elle venait de Nicolas Sarkozy... Affligeant. 

   Je ne veux pas être trop long, mais nous pourrions parler de Madame Taubira et de sa réforme pénale consternante de laxisme et d’angélisme. Quand Nicolas Sarkozy avait mis en place les peines planchers pour les multirecidivistes, Madame Taubira souhaite des peines de substitution. En clair, plutôt que de réprimer la délinquance, elle l’entretient en ne mettant pas en prison les voyous et en permettant des remises en liberté plus facilement. Le monde à l’envers. 

   Nous pourrions parler également du mensonge du « mariage pour tous », qui ne devait pas ouvrir la porte sur la PMA et la GPA, alors que c’est précisément ce qu’il advient. Nous pourrions parler de l’absence de leadership Français au niveau européen, de la politique consternante qui consiste à faire l’autruche face aux défis de l’immigration, ou encore de notre Éducation nationale, qui préfère brader les fondamentaux, savoir lire, écrire, compter, sur l’autel du divertissement.

   Ou bien encore de l’effondrement de l’apprentissage de l’histoire de France, devenue repentante et vidée de sa substance au profit d’une prétendue ouverture aux cultures africaines et orientales. Mais avant de s’ouvrir au monde, ne doit-on pas savoir d’où l’on vient ? Avant de parler d’union nationale, ne devons-nous pas la permettre en ressuscitant la fierté nationale d’un passé si riche, si singulier, si grand ?

   L’heure n’est plus aux remords, mais à l’action ! Le temps est venu pour nous de redonner au peuple l’espoir d’un avenir meilleur en démontrant calmement, sereinement, mais avec une implacable détermination que nous sommes en capacité d’opérer le redressement national. 

   Pour répondre à votre question, oui, Nicolas Sarkozy a selon moi toutes les compétences et qualités pour incarner ce nouveau souffle dont la France a besoin. Avant cela, il doit rassembler et remobiliser notre camp. Cela passe par la case UMP. Puisque Nicolas Sarkozy est revenu, nous devons lui donner un large succès pour préparer les futures échéances le mieux possible. Mais nous ne devrons pas réactiver la droite la plus bête du monde en nous divisant. Je pense, par exemple, à Bruno Le Maire, qui devra compter dans les années à venir. Il serait idiot de se passer de talents comme lui. 

   Par ailleurs, nous devrons oser une remise en question. Si nous avons perdu en 2012 c’est bien que nous n’avons pas totalement rempli le contrat. Les seuls mensonges de la gauche ne font pas tout. Il faudra donc que Nicolas Sarkozy aille plus loin, plus vite, plus fort. Il faudra tenir chaque promesse, ou ne pas les faire. Nous devons rendre de la noblesse à l’engagement politique. Cela passe par la reconstruction du lien de confiance avec les Français.

   Enfin, j’entends ceux qui hurlent à la droitisation comme raison principale de l’échec de 2012. Rien n’est plus faux ! Nous avons perdu car nous n’avons pas tout fait ou tout bien fait. Mais, à l’heure où le FN n’a jamais été aussi puissant, à l’heure où le bloc de droite n’a jamais été si large, en appeler au centre est une ineptie ! Nous ne devons pas nous tourner vers le centre, nous devons nous recentrer. Nous recentrer sur ce que nous sommes ! Assumer nos convictions devant les Français. Une fois que nous aurons réaffirmé notre rôle de grand parti de droite, alors nous pourrons discuter avec le centre pour permettre l’alternance en 2017. Mais une fois encore, attention à ce que l’union ne devienne pas confusion.

   Alors voilà, si j’ai un message à faire passer à Nicolas Sarkozy, c’est que nous sommes prêts ! Prêts à œuvrer sans relâche à ses côtés pour nos valeurs communes s’il est capable, et je n’en doute pas un seul instant, d’incarner à nouveau un grand parti de droite fier et sûr de ses valeurs. 

   Comme de nombreux jeunes UMP j’ai adhéré au moment de la campagne de 2007, je suis devenu élu municipal en 2008, tout juste majeur. Une véritable génération s’est alors constituée. Puisque vous m’interpellez en tant que jeune UMP, soyez assuré de la totale détermination de cette jeunesse fidèle à Nicolas Sarkozy. Avec Nicolas Sarkozy, nous sommes en marche pour créer les conditions d’un nouveau souffle pour l’UMP, pour la droite républicaine et, plus largement, pour la France !

 

Propos recueillis le 29/09/14

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Julien BLANC-GALERA

J. Blanc-Galera, conseiller municipal à Mazères (09),

est assistant chargé des relations presse à l'UMP.

 

   L’UMP traverse depuis le psychodrame de l’élection interne ratée de 2012, de nombreuses difficultés. Si les problèmes financiers sont, aujourd’hui, sur le devant de la scène, il existe aussi des fractures idéologiques fortes au sein de la droite. Mais le principal problème réside en l’absence totale de chef et de leader incontesté.

   En ce sens, le retour de Nicolas Sarkozy est une bonne chose. Face aux autres candidats pour la présidence de l’UMP, il va apporter l’énergie et le punch nécessaires pour faire revivre le parti de droite et stopper toutes les querelles d’égo qui ont parasité le travail de l’opposition depuis deux ans.

   S’il ne peut incarner le renouveau, du fait de sa longue carrière politique, il possède l’expérience, la vista pour permettre à l’UMP de se doter d’un projet solide et de reconquérir la confiance des Français. Si l’élection interne n’est qu’une formalité - qu’il devrait gagner assez aisément -, il sera très compliqué pour lui et pour la droite de regagner la crédibilité perdue depuis deux ans.

   S’il veut réussir son opération, il devra avoir encore la volonté de briser les tabous et répondre au plus près des préoccupations des Français ; s’appuyer sur la jeunesse, qui est une précieuse force de propositions. La jeunesse est la force du monde présent, prolongé dans l’existence, donnons-lui ses chances !

 

Propos recueillis le 30/09/14

Retrouvez Julien Blanc-Galera sur Twitter...

 

 

Stéphane Tiki

Stéphane TIKI

Stéphane Tiki, auto-entrepreneur, est le plus jeune secrétaire national de l'UMP.

Également délégué national des jeunes UMP, il a cofondé le collectif Génération Sarkozy.

 

   Je me suis engagé en politique en 2006 lorsque j'étais à l'université Tolbiac. C'est Nicolas Sarkozy qui nous a donné l'envie de nous engager. Nous sommes la Génération Sarkozy.

   Depuis 2012, nous avons connu des querelles internes, notre famille politique ne parlait plus d'une même voix. Et malgré cela nous avons remporté une large victoire aux municipales avec cette vague bleue.

   François Hollande a beaucoup promis et a menti. Le gouvernement a supprimé la défiscalisation des heures supplémentaires, les peines planchers, la bourse au mérite.

   Aujourd'hui les Français attendent que l'on joue notre rôle de leader de l'opposition. Il est important de rappeler que l'on fait de la politique pour défendre nos valeurs , parce qu'on aime les gens et aussi parce qu'on est là pour servir les autres.

   À l'UMP, nous avons besoin d'un chef, nous avons besoin d'un leader et de quelqu'un qui peut renouveler, moderniser et rassembler notre famille politique. Et le seul qui rassemble notre famille politique et qui a l'expérience nécessaire, c'est Nicolas Sarkozy. Personne ne peut contester l'autorité de Nicolas Sarkozy.

   Il est essentiel que cette élection interne se déroule dans un climat de sérénité. Nous aurons besoin de Bruno Le Maire et Hervé Mariton, qui sont des talents de notre famille politique.

   Si j'avais un message à adresser à Nicolas Sarkozy, je lui dirais que nous, militants de l'UMP, sommes mobilisés pour défendre nos valeurs, battre la gauche et le Front national aux élections départementales et régionales.

 

Propos recueillis le 12/10/14

Retrouvez Stéphane Tiki sur Twitter...

 

 

Julien Mariller

Julien MARILLER

Julien Mariller est conseiller national de l'UMP.

 

   Le retour de Nicolas Sarkozy sur la scène politique est une bonne nouvelle. Je l’attendais avec une certaine impatience. Notre devoir est de construire un grand mouvement populaire qui rassemble et qui réconcilie durablement les Français avec la politique. Pour cela, nous travaillons à la refondation totale de notre famille politique, afin de rester crédible.

   Dans cette campagne pour la présidence de l’UMP, Nicolas Sarkozy souhaite être au plus prés des préoccupations de nos militants et de nos adhérents. Ses échanges directs avec un grand nombre d’entre eux dans les villes de France est un exercice plutôt assez inédit, mais indispensable.

   J’apprécie, par ailleurs, qu’il s’entoure d’une génération nouvelle pour relever l’ensemble ces défis. Je suis très heureux, par exemple, qu’une personne comme Laurent Wauquiez travaille en équipe avec lui. Dans cette campagne, Nicolas Sarkozy impose un renouveau tout en conservant son énergie et sa capacité à fédérer.

   Au-delà de notre formation politique, il y a la France. Elle s’abîme de jour en jour sous la présidence de François Hollande. C’est aussi la raison pour laquelle notre présence est capitale pour porter un projet nouveau et reconquérir le cœur de chacun des Français.

 

Propos recueillis le 12/10/14

Retrouvez Julien Mariller sur Twitter...

 

 

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23 août 2014

UMP : Paroles de jeunes militants

« Si l'on en croit un sondage récent (Le Parisien-CQFD-iTélé ; 10-11/07/14), un tiers des sympathisants UMP seraient désormais favorables à une dissolution du parti, une proportion qui aurait doublé en deux semaines. En cause : les révélations touchant au train de vie de certains des cadres de l'UMP et qui suivent de peu le scandale Bygmalion. Ce sur fond de difficultés financières majeures : la dette du parti s’élèverait à 74,6 millions d'euros... Les militants, eux, sont souvent déboussolés : le nombre de ceux à jour de cotisation est en forte baisse... Pour le député-maire de Nice, Christian Estrosi, 'le parti est déjà mort'. J'aimerais vous demander ce que vous inspire la situation de votre formation politique, savoir comment vous envisagez son avenir ? » Voici, sur la base de cette question que j'ai rédigée le 14 juillet dernier, quelques réflexions signées par de jeunes militants de l'UMP, ici disposées par ordre de réception. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

UMP : Paroles de jeunes militants

 

 

Pierre-Henri Bovis

Pierre-Henri BOVIS

P.-H. Bovis est adjoint au maire d'Achères (78) et délégué national des Jeunes populaires.

 

« Tout est à reconstruire »

 

Après la défaite aux présidentielles et la débâcle que nous avons vécue, il existe quelque chose de merveilleux : il y a tout à reconstruire. C’est un message d’espérance à adresser à nos militants et à tous ceux qui n’ont jamais franchi le pas. C’est le moment d’apporter sa pierre pour construire un nouvel édifice avec de nouvelles fondations, de nouvelles idées et une nouvelle dynamique.

 

À ceux qui ont profité de l’étiquette UMP pour être élus et qui aujourd’hui pilonnent le parti et ses responsables : il faut savoir se regarder dans une glace. Fuir l’orage sans l’affronter, c’est lâche, irresponsable et irrespectueux envers les militants et les électeurs qui vous ont accordé leur confiance. Les élus qui ne paient pas leur cotisation n’ont, quant à eux, plus rien à faire au sein du parti, selon moi.

 

Mon expérience de campagne me fait dire aussi qu’il faut laisser la place à la jeune génération, propre de tout soupçon. Elle a des idées, de l’ambition pour son pays. Que ce soit Nicolas Sarkozy ou un autre, le chef de l’UMP devra se rapprocher et s’entourer inéluctablement de la jeunesse, qui n’a pas été assez écoutée. Elle en a assez que l’on parle en son nom avec des idées qui ne sont pas les siennes.

 

Les Français veulent voir de nouvelles têtes prendre les commandes. Toutefois, c’est bien l’expérience qui fait la différence, et c’est pourquoi un Nicolas Sarkozy aujourd’hui me paraît tout à fait légitime pour reprendre les rennes.

 

C’est bien le politique qui doit ciseler l’opinion générale et non l’inverse ; je vois là l’une des difficultés de notre société, où l’inquiétude du passage devant les urnes force certains à adopter des positions parfois contraires à leurs convictions… La force des idées doit suivre la force des convictions pour mener une politique forte, sans peur ni crainte, sans tabou. La nouvelle génération saura y faire face.

 

Et s’il doit y avoir un nouveau parti, il faudra rebattre les cartes des dirigeants politiques avec un nouveau système qui inclue plus de transparence sur la gestion du parti et l’attribution de ses comptes. Une erreur, pas deux. Les jeunes du parti doivent être mieux considérés et avoir plus la parole. C’est à eux d’aller devant les urnes désormais, y compris sur les terres de reconquête.

 

La jeunesse n’est pas le monopole du Front National !

 

Propos recueillis le 24/07/14

Retrouvez Pierre-Henri Bovis sur Twitter, sur Paroles d'Actu...

 

 

Jonas_Haddad

Jonas HADDAD

J. Haddad est adjoint au maire de Bernay (27) et délégué national des Jeunes populaires.

 

« Nous devons nous réinventer »

 

Comme dans toute organisation, il peut exister des déceptions, des désillusions même. Pourtant depuis cet été, il me semble que l'UMP a retrouvé de l'attrait, peut-être tellement d'attrait que les candidatures se multiplient...

 

Au-delà de ces questions de personnes et d'ambitions, la vacuité tient lieu de programme au Gouvernement et l'incantation est le seul levier du FN.

 

En réalité, je sens à Bernay, comme ailleurs en France, que nos concitoyens seront extrêmement exigeants à l'égard de l'UMP et ils ont raison : nous devons nous réinventer.

 

Comme Refonder la Droite, de nombreux groupes de réflexion se créent à l'initiative de la nouvelle génération. Tous ces projets me rassurent pleinement sur notre capacité à recréer un projet 2.0 pour la France : modernisé et mieux connecté aux réalités du pays !

 

Propos recueillis le 21/08/14

Retrouvez Jonas Haddad sur Twitter, sur son site, sur Paroles d'Actu...

 

 

Pierre_Gentillet

Pierre GENTILLET

P. Gentillet est président des Jeunes de la Droite populaire.

 

« L'UMP devra clarifier sa ligne »

 

Clairement la situation n'est pas au beau fixe. Notre parti traverse une crise très grave, sur le fond comme sur la forme.

 

Sur le fond, le parti est entaché de scandales financiers, mais aussi d'une dette colossale, de plus de 70 millions. D'après moi, la vraie crise n'est pas là. On a voulu nous faire croire que les problèmes liés à la gestion du parti étaient la raison du score décevant de l'UMP aux européennes. En réalité, on a exigé la tête de Copé pour éviter de regarder la vérité en face. La raison essentielle pour laquelle nous avons fait un score si décevant, il faut bien le dire, c'est la ligne idéologique adoptée au moment des élections. Notre électorat attend depuis plus de dix ans une véritable politique de droite, c'est à dire gaulliste, souverainiste et réformiste. C'est cette politique-là que nous aurions dû mener au moment des européennes pour arriver en tête. Au lieu de cela, nous avons préférer mener la campagne sur une ligne centriste, libérale et euro béate. Au final, la droite a fait 20% et le Front national a atteint 25%.

 

J'aurais beaucoup aimé que nous puissions avoir à l'UMP un débat sur les raisons de cet échec, il faut bien le dire, aux dernières élections européennes. Au lieu de cela, on s'est contenté de remercier Jean-François Copé.

 

L'avenir de l'UMP ne doit pas passer par des règlements de comptes et de l'étalage d'ambitions personnelles. Les Français s'en moquent complètement. Ce qui les intéresse, c'est de savoir comment on va pouvoir changer leur quotidien, rétablir l'autorité et la souveraineté de l'État, résoudre les problèmes de chômage, d'insécurité dans des quartiers désormais assimilables à des territoires non-français, redonner à la France la place qui devrait être la sienne dans le concert des grandes nations, rendre les Français fiers de leur appartenance à la communauté nationale.

 

Hélas, on risque de se retrouver dans la même situation que la gauche en 2012. Les Français qui voteront UMP ne le feront pas pour les idées mais uniquement pour évacuer le pouvoir en place. À terme ce désamour croissant de la politique peut s’avérer fatal. L'UMP doit donc se repenser, clarifier sa ligne et choisir pour de bon entre une vraie politique de droite et une politique du centre. C'est à cette seule condition que nous récupérerons un véritable vote d'adhésion des Français.

 

Dans le cas contraire, notre parti, et la droite française, courront un grave et réel risque de disparition.

 

Propos recueillis le 22/08/14

Retrouvez Pierre Gentillet sur Twitter...

 

 

R_mi_Tell_2014

Rémi TELL

R. Tell est conseiller délégué à la Jeunesse de Conflans-Sainte-Honorine (78).

 

« Les militants doivent

reprendre la main »

 

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'à première vue, la situation de l'UMP n'est guère reluisante. Affecté par les scandales financiers, par la guerre des chefs, et par l'absence d'une ligne politique claire, notre parti semble être complètement exsangue. Nous avons beaucoup promis, mais très peu fait. Nous en payons aujourd'hui le prix. Ne nous voilons pas la face, notre famille politique est discréditée de ne pas avoir su répondre aux attentes de nos compatriotes, quand nous étions encore aux responsabilités. Mais la crise que nous traversons est une crise qui, j'en suis convaincu, sera une crise salutaire. Et plus que jamais, il y a toutes les raisons de croire en l'UMP. C'est un parti d'avenir. Parce ce que c'est le parti de la jeunesse.

 

En mars dernier, ce sont des dizaines de jeunes maires, certains d'à peine 30 ans, qui ont été élus sous nos couleurs pour agir dans nos villes. Ils ont mis en place des équipes renouvelées qui apportent un grand vent d'air frais dans les localités de notre pays. Si nous avons perdu notre crédibilité au niveau national, nous déjà sommes en passe de la regagner au niveau local. L'UMP est un parti d'avenir, parce que c'est aussi une force militante considérable, Malgré les scandales, malgré leur écœurement légitime, les militants sont restés fidèles à leur engagement. Chaque soir, ce sont des centaines, des milliers d'entre eux qui vont à la rencontre des Français, qui vont frapper à leurs portes, distribuer des tracts dans leurs boites au lettres pour défendre leurs convictions. Ce week-end encore, ils étaient nombreux au campus du Touquet. Leur enthousiasme et leur détermination forcent le respect et l'admiration.

 

La crise, c'est donc celle de l'UMP d'en haut, pas celle de l'UMP d'en bas. Celle des cadres, pas celle des militants. Nous avons un grand rendez-vous à ne pas manquer pour cette année 2014, celui de la désignation de notre président lors du congrès de l'automne. Bruno Le Maire me paraît être le mieux à même de porter ce renouveau dont nous avons tant besoin. C'est un homme droit, sincère, et qui a démontré qu'il était capable de donner la parole aux jeunes, de leur donner une chance. Il est sans conteste l'homme de la situation, et a donc tout mon soutien dans cette campagne qui commence. Après viendra le temps du projet pour la présidentielle de 2017. Quelle France voulons-nous dans dix ans ? Voilà la question à laquelle il va falloir répondre. Les militants devront incontestablement y être associés, car si ils sont déjà le cœur et le poumon de notre mouvement, il est désormais temps d'en devenir la tête.

 

Propos recueillis le 30/08/14

Retrouvez Rémi Tell sur Twitter, en lisant son livre publié chez EdiLivre...

 

 

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13 juillet 2012

PPDA : "Il vaut mieux avoir des remords que des regrets"

Après une longue série d'interviews politiques, actualité oblige, une pause. Voici, en quelque sorte, le bonus de l'été. Une archive. Tout d'abord, le contexte. J'ai évoqué en quelques mots dans le billet anniversaire mon parcours, ma démarche. Je n'y reviendrai pas ici. J'ai essayé à plusieurs reprises d'obtenir une interview de M. Patrick Poivre d'Arvor. En 2005, il m'avait indiqué, dans un mail très sympathique, qu'il ne pouvait donner une suite favorable à ma proposition. Nouvelle tentative deux ans plus tard, fructueuse cette fois-ci. Généreusement, il accepte de répondre au questionnaire que j'ai élaboré pour lui.

 

Nous sommes en juillet 2007. Nicolas Sarkozy vient d'être élu. PPDA, présentateur-vedette du 20h de TF1 depuis vingt ans, a coanimé avec Arlette Chabot le grand débat présidentiel d'entre-deux-tours. Il ne le sait pas encore, mais il n'aura pas l'occasion de diriger son JT jusqu'en 2012, comme il le souhaitait. Un an après notre échange, en juillet 2008, il présente son dernier journal sur la première chaîne. De son éviction, il dira qu'elle "n'est pas journalistique". Depuis, il a été présent sur nos écrans d'une autre manière, en animant des émissions culturelles, notamment. Surtout, il a continué à exercer sa grande passion : l'écriture. Je suis heureux d'avoir le privilège d'avoir eu, et d'avoir toujours à ce jour des contacts avec lui. Merci !  Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  ARCHIVE EXCLUSIVE

 

 

ARCHIVE EXCLUSIVE DE 2007 - PAROLES D'ACTU

PATRICK POIVRE

D'ARVOR

Ancien présentateur du 20h de TF1 (1987-2008)
Écrivain, animateur de télévision

 

"Il vaut mieux avoir des remords

 

que des regrets"

 

(Photo empruntée à M. Poivre d'Arvor sur sa page Facebook)

 

 

Q : ??/07/07

R : ??/07/07

 

 

 

Paroles d'Actu : Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir journaliste ?

 

Patrick Poivre d'Arvor : La passion.

 

 

PdA : Vous rejoignez TF1 en 1986, un an avant la privatisation de la chaîne...

 

PPDA Je devais avoir du nez !

 

 

PdA : À quoi ressemble une journée "type" pour vous sur TF1, et notamment quel est votre rôle dans le contenu éditorial de vos JT ?

 

PPDAJ’en suis le patron, tout comme Jean-Pierre Pernaut l’est à 13h.

 

 

PdA : Quels sont les évènements d’actualité qui vous ont le plus marqué et pourquoi ?

 

PPDALa chute du mur de Berlin, la catastrophe de Furiani et bien sûr le 11 septembre.

 

 

PdA : Vous est-il arrivé d'avoir du mal à gérer vos émotions face à un évènement d'actualité particulièrement touchant ?

 

PPDAJ’essaie. Ce n’est pas toujours facile.

 

 

PdA : Pourriez-vous me raconter votre journée du 11 septembre 2001 ?

 

PPDAJ’ai pris l’antenne à 15h. Je l’ai rendue à 23h…

 

 

PdA : Même question à propos du 21 avril 2002. (à partir de quand avez vous su, quelle a été votre réaction, l'ambiance sur le plateau, les critiques faites aux médias à propos du traitement de l'insécurité...)

 

PPDAÀ partir de 18h30. Pour les critiques, on a l’habitude, s’agissant de la chaîne la plus regardée. Tout ce qui est excessif devient insignifiant.

 

 

PdA : En tant qu'observateur de la vie politique, comment expliquez-vous la victoire de Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle, et en quoi constitue-t-elle d'après vous un renouveau ? Quel bilan tirez-vous de cette saison politique de 2007 ?

 

PPDAEn ce qui nous concerne, jamais des émissions politiques n’ont été aussi regardées (J’ai une question à vous poser, les soirées électorales, le débat Sarkozy-Royal : 13 millions de téléspectateurs).

 

 

PdA : L'évènement majeur de l'an prochain sera sans nul doute l'élection présidentielle américaine de 2008. Quel regard portez-vous sur ce scrutin, et avez-vous une préférence personnelle quant aux candidats en lice pour l'instant ?

 

PPDA : Un journaliste n’a pas à marquer de préférence.

 

 

PdA : N'avez-vous jamais été vous-même tenté par une aventure politique ?

 

PPDA Oui mais je m’en suis jusqu’alors gardé.

 

 

PdA : Au regard de votre carrière jusqu'à présent, de quoi êtes vous le plus fier ?

 

PPDADe mes enfants. Et de mes livres !

 

 

PdA : Avez-vous, au contraire, des regrets en la matière ?

 

PPDAIl vaut mieux avoir des remords que des regrets.

 

 

PdA : Parmi les nombreuses interviews que vous avez menées, lesquelles vous laissent les meilleurs souvenirs et pourquoi ?

 

PPDAJe n’aime pas cette sorte de classement. Ne m’en voulez pas.

 

 

PdA : Les pires souvenirs ?

 

PPDAIdem !

 

 

PdA : Quelles sont les personnalités que vous êtes tout simplement fier d'avoir pu rencontrer dans le cadre de votre profession ?

 

PPDAMère Teresa, Jean Paul II, le Dalaï Lama.

 

 

PdA : Qui rêveriez-vous d'interviewer ?

 

PPDAVictor Hugo…

 

 

PdA : Qui regrettez-vous de n'avoir pas pu interviewer ?

 

PPDA : Arthur Rimbaud ! Mais dans les deux cas, c’est trop tard…

 

 

PdA : PPD, votre double de Canal +, n'est sans doute pas étranger au statut si particulier qui est le vôtre dans le paysage audiovisuel français. L'aimez-vous, regardez-vous souvent les Guignols, et que pensez-vous de cette émission en général ?

 

PPDA Je ne regarde pas. Je travaille à la même heure. Mais je suis respectueux de leur travail.

 

 

PdA : Au fond, vous qui êtes au quotidien confronté à l'actualité, quel regard portez-vous sur l'état de notre monde et son évolution ?

 

PPDAPeut mieux faire !

 

 

PdA : Vous êtez bien sûr, au delà de votre profession de journaliste, un écrivain de talent. Cela vous permet-il, justement, de décompresser, de prendre du recul vis-à-vis de cette actualité souvent si dure ?

 

PPDA : Je le crois en effet.

 

 

PdA : Mis à part cela, qu'aimez-vous faire dans la vie ? Pourriez-vous nous livrer quelques scoops sur vos passions, vos influences ?

 

PPDA J’aime aimer tout simplement. Avec passion.

 

 

 

Je tiens encore une fois à remercier chaleureusement M. Poivre d'Arvor pour la générosité dont il a fait preuve à mon égard ! Phil Defer

 

 

 

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Le site officiel / blog de PPDA

 

PPDA a réalisé le film "Mon frère Yves", diffusé le mardi 17 juillet 2012 à 20h35, sur France 3

(Éd. 16/07/12)

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

20 juin 2012

Paroles d'Actu : un an

Le premier billet du blog a été publié il y a un an, c'était le 15 juin 2011. L'occasion pour moi de revenir sur cette année riche en événements et en contributions. L'occasion de remercier, une fois de plus, celles et ceux qui ont accepté de m'accorder un peu de leur temps, en me répondant, en me lisant. L'occasion, enfin, de dire quelques mots sur l'origine de ce blog et sur ma démarche.

 

Le 18 septembre 2002, j'ai souhaité créer sur la plateforme gratuite Aceboard un forum convivial, fortement axé sur les sujets et les débats d'actualité, questions m'intéressant tout particulièrement. Le Forum 21 était né. Pseudo : Phil Defer. 17 ans, à l'époque. Sous l'impulsion d'un membre du forum, nous avons décidé, quelques mois plus tard, de créer un "webzine" sur lequel nous publierions quelques billets d'humeur, quelques réflexions personnelles sur la culture, la politique française ou la marche du monde.

 

À l'automne 2003, un événement attire mon attention. Un vote de recall aura bientôt lieu en Californie. Les citoyens de l'État doré devront dire s'ils souhaitent la destitution ou le maintien de leur gouverneur, le démocrate Gray Davis. Ils choisissent au même moment le nom de celui ou de celle qui lui succédera à Sacramento si la destitution est majoritaire. Parmi les candidats, une grande star, le républicain Arnold Schwarzenegger. Quelques candidats soutenus par des partis majeurs, ou du moins bien implantés sur le territoire. Et une grosse centaine de petits candidats... Sur un site d'information américain (CNN, de mémoire), la liste de tous ces candidats. Noms... et adresses de sites web pour ceux qui en disposent. Tous farfelus ? Qui sont-ils ? Quels sont leurs projets ? Que pensent ces hommes et ces femmes, auxquels les médias ne donneront jamais d'exposition à la hauteur de leur engagement, du gouverneur sortant, de la situation de l'État... De la France, tiens, pourquoi pas ? Question pas tout à fait hors de propos en cette période où les tensions américano-françaises nées de la guerre d'Irak sont vives. J'ai décidé d'élaborer un questionnaire "type", et de le transmettre à une bonne partie de ces personnes. Ils sont une dizaine à m'avoir répondu. J'ai rédigé le questionnaire en anglais, leurs réponses m'ont évidemment été transmises dans la même langue. J'ai tout traduit en français et ai élaboré pour le webzine un grand article recueillant ces différents témoignages, inédits en France et en français. J'ai toujours aimé l'anglais, un fait que je porte au crédit des différents professeurs qui ont jalonné mon parcours scolaire puis universitaire. J'ai toujours été attiré par l'Amérique, par son histoire, sa culture, ce qu'elle dégage. Deux de mes passions ainsi réunies. Et le début, dans l'esprit, de l'expérience Paroles d'Actu. Suivront, sur le même modèle, trois grands dossiers, consacrés à Ronald Reagan après sa mort, aux attentats du 11 septembre 2001 (reproduit avec une introduction inédite sur le blog Paroles d'Actu), et à l'élection de 2004 opposant Bush à Kerry.

 

Le blog a disparu assez vite. Mais l'envie était intacte de continuer dans cette voie, même si je pouvais ressentir un peu de frustration, du fait de ne pas recevoir de commentaires, de critiques qui soient en nombre à la hauteur du travail fourni. Bien avant l'élection américaine de 2008, j'ai contacté quelques "petits" candidats pour leur proposer un questionnaire bien plus poussé que celui de 2003. Sur les raisons de leur engagement, leurs idées, leurs solutions. Là encore, un beau succès. Parmi les réponses, celle de M. Wayne Allyn Root, qui allait être un an après le candidat pour la vice-présidence sur le ticket du Parti libertarien. Je l'avais notamment interrogé sur sa perception de Nicolas Sarkozy, tout juste élu président de la République. Un regard totalement inédit. Tous ces documents ont été publiés sur le Forum 21. Je profite de l'occasion pour annoncer, avec tristesse, sa disparition puisque l'hébergeur Aceboard, après des années de parcours chaotique, est définitivement H.S. Des milliers de pages de débats, d'analyses, de moments partagés... Envolées. Le forum aurait eu dix ans au mois de septembre. La fin d'une belle épopée... Resteront des souvenirs, et des amis.

 

La politique m'intéresse depuis bien longtemps. Dès l'âge de dix ans, je regardais les Guignols, et c'est un univers qui me fascinait, déjà. J'avais enregistré, à l'époque, la soirée de deuxième tour de la présidentielle de 95 qu'avaient organisée les Guignols. Je l'ai regardée plus d'une fois. Je me suis familiarisé avec ce milieu auquel rien ne me rattachait, à la base. Depuis, j'ai appris à diversifier mes sources... et j'ai appris d'autres choses. Après le bac, j'ai opté pour un cursus licence AES-Histoire à l'Université Lyon 2. Un parcours qui m'a éveillé à un grand nombre d'enjeux, je pense à l'organisation territoriale de la France, je pense à l'économie, je pense à l'Europe. Mon Master 1 en Droit public a aiguisé mes connaissances en matière de fonctionnement de l'État, de droit international. Mon Master 2, "Action et coopération des collectivités territoriales en Europe" m'a davantage encore ouvert l'esprit et m'a fait prendre conscience de ces multiples interdépendances qui existent au sein de notre continent. Des systèmes différents, mais toujours des moyens, en tout cas une volonté de travailler ensemble. Je souhaite exprimer à tous ces professeurs qui m'ont tant appris ma sympathie et ma reconnaissance, aujourd'hui. Un stage a conclu ces cinq années d'études supérieures. J'ai eu la chance de le réaliser au sein du siège rhônalpin de l'agence ERAI, une association ayant pour but d'aider les entreprises régionales à exporter sur les points dynamiques du globe, et les entreprises étrangères à s'installer en Rhône-Alpes. Une expérience très enrichissante au cours de laquelle j'ai eu la chance de côtoyer des gens réellement passionnés, et qui avaient les deux pieds dans ce concept un peu effrayant, un peu obscur, celui de la "mondialisation". J'ai développé à l'occasion de ce stage deux des disciplines qui me passionnaient le plus, l'anglais, et l'économie. Deux ans après, face au droit public, c'est l'économie que je choisis comme thème majeur de mon concours externe d'attaché territorial. Admissible, je suis finalement admis après des oraux concluants - particulièrement en anglais - à Aubagne. Une grande fierté, même si je n'ai pas à ce jour de poste.

 

La politique, donc. J'ai très tôt souhaité renouveler l'expérience "californienne" avec la politique française. L'objectif : alors que je ne connais aucune personnalité politique, essayer d'en contacter. Par mail. Leur demander s'ils accepteraient de consacrer un peu de leur temps à un jeune "journaliste amateur". Qui publierait leurs réponses sur son webzine ou son forum. Pas plus de 100 vues à en attendre, et encore... Le résultat m'a fait et me fait toujours chaud au cœur. Un grand nombre de personnalités ont joué le jeu, au moins en s'excusant personnellement de n'avoir pas assez de temps à me consacrer. Parfois, en me donnant un accord de principe, aboutissant souvent à un échange. Une "interview par mail". Je dispose de quelques archives que je publierai sans doute sur Paroles d'Actu, pour certaines. D'autres sont déjà en ligne. Les réponses d'Olivier Besancenot au long questionnaire que je lui avais adressé avant la présidentielle de 2007, celles de François Hollande en 2003 (copier-coller assez maladroit issu d'un document de congrès pour les premières questions, mais fin inédite et assez savoureuse). Celles de Georges Sarre sur François Mitterrand ou encore l'entre-deux-tours de 2007. Voilà pour les archives, pour le moment.

 

En créant Paroles d'Actu, je me suis fixé comme objectif de recueillir de nouveaux témoignages, en cette année politique (2011-2012) qui s'annonçait logiquement chargée. Je tiens à remercier ici, du fond du coeur, toutes celles et tous ceux, cités ou non jusque là et qui avaient accepté de m'accorder de le temps, avant l'existence de Paroles d'Actu. Et ces personnes qui m'ont répondu depuis juin 2011. Je vous suis extrêmement reconnaissant de l'avoir fait. C'était à chaque fois un acte généreux. Et merci à Google News d'avoir accepté ma demande d'être inclus dans leurs sources d'actualité, c'est un grand privilège que je reçois comme tel...

 

Depuis juin 2011, donc, par ordre chronologique... Becky Rusher, candidate à la présidentielle américaine de 2012, Xavier Collet sur le libertarianisme et la présidentielle, Maxime Verner, Nicolas Dupont-Aignan, Jacques Borie, Nathalie Arthaud, candidats à la présidentielle de 2012, des Américains sur leur élection de 2012 et l'avenir de leur pays, Najat Vallaud-Belkacem, future ministre, André Santini, figure du Nouveau Centre, Jean-François Debat, membre de l'équipe de campagne de François Hollande, de jeunes Français de tous bords pendant la présidentielle, Michel Dinet, président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, Grigori Michel et Arnaud Dussud, jeunes candidat aux législatives, Philippe Meirieu, pédagogue reconnu et candidat à Lyon, deux témoignages de Britanniques à l'occasion du jubilé de la Reine Elizabeth II, Benjamin Lancar, président des Jeunes UMP, Ahmed Laaraj, soutien de Ségolène Royal. Un immense merci à toutes ces personnes. J'attache beaucoup d'importance au fait de donner la parole à des gens de sensibilités très diverses. J'ai contacté beaucoup de monde. Je pourrais presque dire, en réponse à n'importe quelle personne qui me demanderait "Pourquoi pas de représentant de tel parti ?", que j'ai contacté l'un de ses représentants, mais sans succès. Pour le moment ?

 

Voilà une présentation rapide, un petit bilan que je souhaitais faire à l'occasion de cet anniversaire. Je remercie ces milliers de lecteurs, dont vous êtes, qui avez lu les pages de mon blog jusqu'à présent. Je précise que je ne touche pas un centime sur Paroles d'Actu, pas plus que je n'en touchais sur le Webzine F21 ou sur le Forum 21. Il s'agit là d'activités exercées totalement bénévolement. J'espère que vous serez toujours plus nombreux à nous lire, et qu'il y aura encore plus d'intervenants à l'avenir. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, de vos réactions, positives ou négatives, de vos suggestions... Je vous invite à rejoindre le groupe Paroles d'Actu sur Facebook, pour être informés des nouveautés du blog. À vous abonner à notre compte Twitter, parolesdactu. Aidez-nous à nous faire connaître !!! Diffusez le lien ! Voici ma page Facebook, voici donc... Phil Defer. À l'occasion de cet anniversaire, je ferai en sorte de "toiletter" un peu les anciens articles pour leur faire atteindre le standard de présentation des nouveaux. Je publierai également quelques archives.

 

Plus que jamais, je reste fidèle à la devise du blog...

 

 

 

La parole à celles et ceux qui l'ont rarement. La parole de celles et ceux qui l'offrent peu à de "petites" structures. C'est là notre double défi.

 

 

Merci infiniment. À bientôt sur les pages de Paroles d'Actu, un nouvel espace de liberté sur le web !!! Et un bel été à toutes et à tous !!!

 

Nicolas, alias Phil Defer

 

Avec... Nathalie Arthaud, Najat Vallaud-Belkacem, Olivier Besancenot, Jacques Borie, Xavier Collet, Jean-François Debat, Michel Dinet, Nicolas Dupont-Aignan,  Arnaud Dussud, François Hollande, Ahmed Laaraj, Benjamin Lancar, Philippe Meirieu, Grigori Michel, Wayne Allyn Root, Becky Rusher, André Santini, Georges Sarre, Maxime Verner, les jeunes Français, les Américains, les Britanniques qui m'ont répondu... @ suivre

 

 

 

(Edition du 10 juillet 2012, par Phil Defer) : Un grand merci à mon ami Cédric BUONO pour le logo qu'il a confectionné pour Paroles d'Actu. Vous pouvez le retrouver sur son site dédié à l'informatique et au multimédia, http://www.cedricsoft.com.

 


 

 

 

(Edition du 18 juillet 2012, par Phil Defer) : Si vous appréciez Paroles d'Actu et que vous souhaitez être tenu(e) informé(e) de son actualité, "aimez" notre toute nouvelle page Facebook, http://www.facebook.com/ParolesDActu !

 

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