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Paroles d'Actu
30 septembre 2012

Laurent Bazin : "Le buzz est l'ennemi du bien-informer"

L'invité de Paroles d'Actu aujourd'hui... c'est un homme qui en a reçu d'innombrables. Laurent Bazin a été grand reporter, posté à Washington puis à Tel-Aviv pour TF1. Il a débuté sa carrière il y a vingt-cinq ans, c'était sur RTL, déjà... Un quart de siècle au cours duquel le journaliste s'est retrouvé aux premières loges pour observer, commenter la folle marche du monde comme les évolutions de notre temps. Il a rencontré les plus grands, discuté avec les meilleurs spécialistes. Acquis, également, une solide expérience des médias... LCI, Europe 1, i>Télé complètent jusqu'ici son parcours. Depuis la rentrée, il aide des centaines de milliers d'auditeurs à s'éveiller en douceur à la tête de "RTL Matin", la matinale de la station. Sur France 5, il remplace régulièrement Yves Calvi à l'animation des débats de "C dans l'air". Il a donc, je le disais, accepté de répondre à mes questions, portant sur ses deux émissions, sa carrière, le monde des médias... Je tiens à lui exprimer toute ma reconnaissance pour la générosité et la bienveillance qu'il m'a témoignées. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

LAURENT BAZIN

Présentateur de RTL Matin (RTL)

Présentateur de C dans l'air (France 5)

 

"Le buzz est l'ennemi du bien-informer"

 

Laurent Bazin

(Source de la photo : RTL)

 

 

Q : 27/09/12

R : 30/09/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Monsieur Bazin. Je pourrais débuter cet entretien en rappelant que vous êtes journaliste, que vous avez débuté sur RTL avant de travailler pour TF1, LCI, Europe 1, i>Télé... Je pourrais également ajouter que vous remplacez régulièrement Yves Calvi à l'animation de C dans l'air sur France 5... et que vous présentez la matinale de RTL depuis la rentrée. Je le pourrais... mais comment aimeriez-vous vous présenter vous-même ?

 

Laurent Bazin : Je suis journaliste, curieux, professionnel... Et effectivement, animateur de la matinale de RTL et joker d'Yves le lundi à C dans l'air...

 

 

PdA : Quel premier bilan tirez-vous de l'expérience RTL Matin ?

 

L.B. : C'est du plaisir, beaucoup de plaisir... Passé évidemment le moment où le réveil sonne. Mais même ça, ça va ! Non, chouette exercice, varié, enrichissant.

 

 

PdA : Revenons aux sources... Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir journaliste ?

 

L.B. : Je crois que j'ai toujours eu envie d'être journaliste. Je jouais à 10 ans à faire des émissions de radio avec mon frère ! À part un bref moment à l'adolescence où j'ai caressé l'envie de devenir vétérinaire, ça ne m'a jamais lâché.

 

 

PdA : L'actualité, son commentaire, c'est votre métier. Mais vous en êtes également, comme nous tous, spectateur. Quels sont les évènements qui vous ont le plus marqué, et pourquoi ? Les points forts de votre carrière ?

 

L.B. : Les accords israélo-palestiniens de Washington (1993, ndlr), parce que j'étais alors dans le bain, correspondant de TF1 aux États-Unis...

 

Mais plus que tout, le 11 septembre. Parce que ce jour là, j'ai compris qu'il fallait arrêter de penser en terme de : crédible, pas crédible ; probable, pas probable. Mais plutôt avancer en se disant que tout, même le plus invraisemblable - 2 avions dans une tour new-yorkaise... - pouvait arriver. Ça a été un choc. Et une sorte de révélation.

 

 

PdA : Le journalisme, c'est aussi des rencontres. Quelles sont celles dont vous êtes le plus fier ? Qui êtes-vous heureux d'avoir pu interviewer ?

 

L.B. : Clinton président. Mitterrand juste avant qu'il ne quitte l'Élysée... Mais c'étaient des interviews improvisées, presque volées... J'ai aimé rencontrer plus longuement des gens comme Arafat ou Shimon Peres, pour ce qu'ils représentent de haine, de passion et d'Histoire accumulées.

 

 

PdA : Qui rêveriez-vous d'interviewer ? Quelles questions souhaiteriez-vous poser à telle ou telle personnalité ?

 

L.B. : Obama, sans doute. Avec le risque peut-être d'être déçu... De me trouver face à un homme politique finalement assez standard, froid... J'aime les gens qui partagent, qui donnent lors des interviews... Ce ne sont pas forcément les plus connus !

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur l'évolution des médias d'information, sur le règne de l'info en continu, de l'instantané, peut-être au détriment d'une nécessaire prise de recul ?

 

L.B. : La réponse est dans la question ! Le buzz est parfois - souvent - l'ennemi du bien-informer. C'est superficiel, ça va trop vite. L'information en continu, c'est aussi une forme de zapping en continu... C'est la règle du genre. Je l'ai pratiquée. Ça doit nous pousser, nous médias traditionnels, à être encore plus exigeants, plus sélectifs. C'est notre défi pour les cinq ans qui viennent.

 

 

PdA : La campagne présidentielle américaine fait rage en ce moment. Que vous inspire-t-elle, et notamment le rôle qu'y jouent la communication, les médias ? Il y a des exemples à suivre en matière d'émissions politiques aux États-Unis ?

 

L.B. : C'est une campagne en trompe-l'oeil qui repose largement sur l'argent que les uns et les autres ont à y mettre. Une bagarre frontale qui éloigne le citoyen des vrais débats. Mais nous n'avons pas de leçons à donner. Cela dit, je dirais plutôt que les États-Unis devraient nous envier une émission comme "Des paroles et des actes", pratiquement inimaginable là-bas.

 

 

PdA : Comment préparez-vous vos émissions, en général ? Quel est votre rôle dans la détermination du contenu éditorial de l'une comme de l'autre ?

 

L.B. : Je prépare beaucoup, je lis et je discute beaucoup. Mais les exercices sont très différents. Je suis très investi dans les décisions qui concernent la Matinale de RTL, auprès de la rédaction comme des chroniqueurs. Pour C dans l'air, je m'en remets totalement au producteur Jérôme Bellay et à ses équipes dirigées par Manuel Saint-Paul. Je suis le mécano de la Matinale. C dans l'air, au contraire, c'est une sorte d'émission "clé en main".

 

 

PdA : Vous arrive-t-il parfois, lorsqu'un sujet ou un invité vous inspirent moins qu'à l'accoutumée, d'avoir du mal à véritablement intégrer le thème et animer la discussion ?

 

L.B. : Non. D'abord parce que je suis très en phase avec Jérôme Bellay. C'est vraiment la même culture d'info. Ensuite parce que tout est mis à ma disposition pour le faire bien...

 

 

PdA : Dans le même esprit, lorsqu'au contraire un débat vous parle particulièrement, avez-vous parfois du mal à vous retenir d'y prendre part ?

 

L.B. : Ça arrive... Surtout quand il s'agit de politique ! ;-) Mais pas au sens militant du terme. Plutôt dans le sens du grain de sel que j'ai envie de mettre.

 

 

PdA : Une question liée. Durant votre carrière de journaliste, vous avez "touché" aux relations internationales, à l'économie, aux sujets de société, à l'organisation de la République... Vous avez côtoyé les plus grands experts, les décideurs de premier ordre. Vous vous êtes vous-même familiarisé avec ces problématiques d'importance. N'avez-vous jamais eu la tentation de passer de l'"autre côté", de vous aventurer en politique ?

 

L.B. : Non jamais. J'ai du respect pour ceux qui le font. Je sais ce qu'ils sacrifient. Mais ce n'est pas mon métier.

 

 

PdA : La crise... enjeu majeur. Quelle est votre intime conviction à ce sujet ? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant aux perspectives de redressement et de "reprise", à échéance raisonnable, de la France et de l'Europe ?

 

L.B. : Je suis d'une nature optimiste... Mais c'est vrai que la situation est grave. Ce qui me frappe, c'est que les solutions - toutes les solutions - sont sur la table. Et que personne n'ose, - ni Sarkozy hier, ni Hollande aujourd'hui - ne semble décidé à franchir le pas.

 

 

PdA : Quittons un peu l'actualité, parfois brutale, souvent morose, et parlons un peu de vous. J'ai récemment découvert votre passion pour les bons vins, auxquels vous consacrez d'ailleurs un blog. Voulez-vous nous en dire plus ? Plus généralement, qu'est-ce qui vous permet de "décompresser", hors travail ? Qu'aimez-vous dans la vie ?

 

L.B. : J'aime effectivement beaucoup le vin. Depuis longtemps. Manger, aussi... Le vin de mes amis (http://levindemesamis.blogspot.fr), c'est une histoire d'amitiés avec des vignerons qui ont décidé de faire bio et bon. Ce sont des gens courageux et précieux dans un univers finalement très standardisé... J'ai même fini par acheter une vigne de Grenaches près de Carcassonne, que travaille mon copain Frédéric Palacios. Nous y produisons la cuvée "Cause toujours"... Dans un style très différent, je suis aussi fan de polars étrangers, suédois, islandais, entre autres...

 

 

PdA : Quels sont, à la radio comme à la télévision, les programmes, toutes stations et chaînes confondues, qui trouvent grâce à vos yeux ?

 

L.B. : À la radio, j'ai gardé un attachement tout particulier aux "Auditeurs ont la parole" que Vincent Parisot anime maintenant avec Elizabeth Martichoux. J'aime ce côté "À vous de jouer"... Le côté baromètre aussi, prise de pouls de la France... À la télé, le JT de David Pujadas sur France 2, "Des paroles et des actes", "C dans l'air" avec Yves Calvi et "Castle". J'adore les séries télé...

 

 

PdA : Quel est votre rapport à internet ?

 

L.B. : Raisonnable. Connecté mais pas accro... Je suis sur Twitter, un peu moins sur Facebook. Je surfe régulièrement sur les sites d'info via l'ordinateur ou mes applis Smartphone. C'est une source d'info. À tamiser impérativement !

 

 

PdA : Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui souhaiterait se lancer dans l'univers du journalisme ?

 

L.B. : Sois curieux de tout... Et ne va pas trop vite. Commence par le terrain, le reportage. Fais le plein d'images et de rencontres. C'est là que tout se passe !

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Laurent Bazin ?

 

L.B. : Que ça dure !

 

 

PdA : La dernière question. En fait, une tribune libre, pour vous permettre de conclure l'interview comme il vous plaira. Merci infiniment !

 

L.B. : Je vous attends sur RTL lundi matin... C'est ça ma tribune !

 

 

 

Merci beaucoup cher Laurent Bazin pour le temps que vous avez bien voulu me consacrer. Pour votre gentillesse ! Phil Defer

 

 

 

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Merci

 

 

 

Vous pouvez retrouver Laurent Bazin...

 

Sur RTL : "RTL Matin" du lundi au vendredi, de 7h à 9h30

 

Sur France 5 : "C dans l'air" les lundis et à d'autres occasions

 

Sur son blog, "Le vin de mes amis"

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

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12 novembre 2012

Didier Millot : "Barbara et le public, c'était une relation fusionnelle"

"Quinze ans à peine"... Dans l'une des chansons les plus célèbres de son répertoire, Barbara évoquait, avec un parfum de paradis perdu, le temps des "premières peines", le temps du "premier rendez-vous". Quinze ans... Barbara est partie il y a quinze ans. Loin des yeux depuis ce jour de novembre 1997, la "longue dame brune" n'a jamais quitté le coeur de ses admirateurs. Au-delà de ces fidèles, c'est la chanson française dans son ensemble qu'elle a marquée de son empreinte. On ne compte plus les reprises, y compris par la jeune génération, de ses classiques intemporels. Göttingen. L'Aigle noir... Trois ans après la disparition de l'artiste, l'association "Barbara Perlimpinpin" a vu le jour. Son objet ? Perpétuer la mémoire de celle qui était née Monique Serf. Continuer à faire vivre son oeuvre... Didier Millot fut durant une décennie le président de l'association. Il a accepté de répondre à mes questions, je tiens ici à l'en remercier très chaleureusement. Il retrace pour Paroles d'Actu les temps forts de la carrière de Barbara, non sans aborder, avec émotion, le lien qui l'unit à elle. Et celui qui unissait cette dernière à son public. Ma plus belle histoire... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

DIDIER MILLOT

Membre fondateur et ancien président de l'association "Barbara Perlimpinpin"

Auteur de plusieurs ouvrages, notamment consacrés à Barbara

 

"Barbara et le public, c'était

 

une relation fusionnelle"

 

Didier Millot

(Photos transmises à ma demande par Didier Millot)

 

 

Q : 13/10/12

R : 11/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Didier Millot, comment allez-vous ? Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent de vous avant d'aller plus loin ?

 

Didier Millot : Bonjour Nicolas Roche et merci de m'inviter sur votre blog Paroles d'actu. En réponse à votre question, je dirai que je suis quelqu'un de passionné. Par l'écriture, par Barbara... et il se trouve que ces deux passions se rejoignent puisque je publie des ouvrages où Barbara est très présente. Cela me rend particulièrement heureux, surtout en ce moment avec la parution d'un nouveau livre "Je me souviens...Barbara" et du coffret "Barbara, une femme qui chante".

 

 

PdA : Vous avez été pendant dix ans le président de l'Association Barbara Perlimpinpin, association dédiée à la mémoire et à l'œuvre d'une "longue dame brune"... Comment cette aventure est-elle née ?

 

D.M. : C'est Marie Chaix (écrivain, secrétaire de Barbara de 1966 à 1970, et actuelle présidente de l'association) qui m'a sollicité. Et j'ai plongé dans cette aventure sans hésitation. Une aventure collective qui m'a permis de participer à la réalisation de très beaux projets autour de Barbara. L'association rassemble des personnes qui ressentent le besoin de prendre part à une action collective de mémoire.

 

 

PdA : Voulez-vous nous parler de l'Association, de son objet, de ses activités ?

 

D.M. : L'association Barbara Perlimpinpin s'est donné pour but de perpétuer la mémoire et de faire connaître et vivre l'œuvre de Barbara. Elle dispose d’un fonds patrimonial, ayant en partie appartenu à Barbara, (costumes et matériel de scène, partitions et documents manuscrits, affiches, photos, disques…) qui lui permet d'organiser des manifestations (expositions, concerts, rencontres) et de participer à des publications qui illustrent son chemin de chansons. L'association administre également le site Internet officiel dédié à la chanteuse.

 

Parmi les réalisations de l'association ces dernières années, on peut noter le baptême à Göttingen en novembre 2003 d'une "Barbara Straβe" (Rue Barbara), la parution d’un "Agenda Barbara 2003" réalisé avec les éditions Mille et une nuits. En 2004, on lui doit la création d’une rose "Hommage à Barbara". En 2007, pour les dix ans de la disparition de Barbara, un spectacle "Une cantate pour Barbara" a été organisé au Théâtre des Variétés. Cette année encore, qui marque les 15 ans de la disparition de Barbara, l'association est impliquée dans de nombreux projets dont un spectacle le 23 novembre au Studio Raspail.

 

 

PdA : À quelle occasion avez-vous découvert Barbara ? Qu'est-ce qui vous a séduit chez cette femme, chez cette artiste, au point de continuer à œuvrer, quinze ans après sa disparition, pour la préservation de son art ?

 

D.M. : J'ai l'impression d'avoir toujours connu Barbara. Je revois des images d'elle à la télévision dans les années soixante. En 1970, L'Aigle noir s'est retrouvé en bonne place dans ma discothèque. Mais comme je l'explique dans l'avant propos de mon dernier livre, c’est en 1979, que s'est produit le véritable déclic. Je suis tombé, tout à fait par hasard, un soir où je regardais la télévision, sur le film réalisé par François Reichenbach, à l’Olympia en 1978 et pendant la tournée qui a suivi. Ce fut un choc immense. Je me reconnaissais dans ce que Barbara chantait, dans ce qu’elle disait. Elle mettait des mots sur des émotions et des sentiments que, jusqu’alors, je ne savais pas exprimer. Je me suis senti comme irradié par sa personnalité. Dès lors, sa présence ne m'a plus jamais quitté.

 

 

PdA : L'avez-vous souvent rencontrée ? Comment était-elle dans la vie ? Nous raconteriez-vous quelques anecdotes à ce sujet... ?

 

D.M. : J’ai été pendant près de vingt ans le spectateur assidu de ses spectacles. La première fois où je lui ai parlé c'était à Pantin, en 1981, à l'occasion d'une dédicace. Comme pour beaucoup d’autres admirateurs fidèles, de lettres en fax, un échange épistolaire m’a permis de garder le contact avec elle en dehors de la scène. Barbara était quelqu'un qui avait un magnétisme extraordinaire. Sa présence était réellement envoutante. C'était une artiste, une femme d'une très grande générosité. Elle savait reconnaître "ses fidèles". J'ai un souvenir particulièrement émouvant avec elle un soir de 1990 à Mogador. Beaucoup de gens s’étaient rassemblés dans la petite cour située à la sortie des artistes. Sous le long porche un peu sombre, ma femme et moi, nous nous étions mis à l’écart. J’aimais rester en retrait de la foule et, simplement, profiter de l’instant de son départ. Ce soir-là, Barbara a fait arrêter sa voiture à notre hauteur, ouvert la vitre et avec une grâce infinie nous a tendu les mains. Ce fut un bref échange mais à la symbolique si forte que j’y repense souvent. J'ai encore très présente la sensation de ses mains sur les miennes.

 

 

PdA : Monique Serf, dite Barbara, est aujourd'hui largement reconnue et saluée par ses pairs. Mais ce succès est-il venu rapidement ?

 

D.M. : Dans les années cinquante, une carrière se bâtissait dans la durée. Avant de conquérir les grandes scènes parisiennes, Bobino puis l'Olympia, la période des cabarets a été longue pour Barbara ; d'abord en Belgique, puis à Paris, à l'Écluse principalement dont elle est devenue la figure de proue de 1958 à 1964. Barbara est donc l’illustration d’un parcours qui s’est construit grâce à un mélange de travail et de persévérance, bien sûr également grâce à son immense talent. D'abord interprète, Barbara est devenue auteur compositeur de ses chansons. Elle a composé ses premières musiques en Belgique sous le pseudonyme d'André Olga puis chanté à l'Écluse, sans dire qu'elle en était l'auteur, ses premiers grands succès comme Chapeau bas ou Dis, quand reviendras-tu ?.

 

 

PdA : Quels ont été les grands moments fondateurs de sa carrière ?

 

D.M. : L'Écluse, d'abord, où elle a fait ses premiers pas. En 1963, son passage au Théâtre des Capucines où elle créé Nantes lui ouvre les portes de Bobino où, en 1964, elle assure la première partie de Brassens pendant trois semaines. Elle revient à Bobino en vedette en septembre 1965. Sa chanson écrite pour le public, Ma plus belle histoire d'amour, est née de ce succès. La consécration à l'Olympia en 1968 est un aboutissement. Barbara devient alors une chanteuse populaire, ce que viendra confirmer deux ans plus tard l'immense succès de L'Aigle noir.

 

Son arrivée chez Philips en 1964, avec Claude Dejacques comme directeur artistique, lui permet aussi de sortir un premier 30 tours "Barbara chante Barbara" resté comme une référence dans son œuvre. Il contient, hormis Chapeau bas et Nantes, des incontournables comme À mourir pour mourir, Pierre, Au bois de Saint-Amand, Gare de Lyon.

 

 

Barbara par Didier Millot 1

Collection personnelle de Didier Millot - Barbara à Mogador (1990)

 

 

PdA : Le 5 novembre dernier est sortie "Une femme qui chante", l'intégrale de l'artiste. 19 CD, un écrin de luxe et un ouvrage biographique auquel vous avez largement participé. Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de se procurer ce bel objet ?

 

D.M. : Ce coffret permet de retrouver en intégralité, pour la première fois, l'ensemble de son œuvre discographique enregistrée en studio et tous les titres créés sur scène mais jamais repris en studio, et pour certains jamais sortis en disque. Il contient des chansons inédites que Barbara avait enregistrées dans les années soixante pour un projet de disque qui n'avait pas abouti. On retrouve également de nombreuses raretés, des versions inédites avec des variantes d'interprétation ou de texte. Il y a ainsi une version de L'Aigle noir comprenant deux phrases inédites. Une des premières versions de Nantes, dont le texte est très différent du texte enregistré en 1964 ; une autre version parlée de Nantes chantée à Mogador en 1990 ; des duos aussi, inédits avec Julien Clerc et Jean-Louis Aubert. Plus de 50 titres, sur les 370 du coffret, couvrant la période 1956-1997, qui donnent une autre vision de Barbara.

 

 

PdA : 19 CD, nous le disions à l'instant. Plus de 350 titres. Certains très connus - Nantes, Göttingen, Ma plus belle histoire... L'Aigle noir. Sans doute la plus célèbre, celle que l'on associe immédiatement à Barbara. Plusieurs interprétations ont été faites à propos de cette très belle chanson, l'une pour le moins glaçante... Que savez-vous de la genèse de L'Aigle noir ? Comment la recevez-vous personnellement ?

 

D.M. : Cette chanson est née d’un rêve, mêlé d’images lointaines de l’enfance et de la découverte étonnante d’un aigle naturalisé dans une vieille grange à la campagne. Si le succès a été immédiat, L’Aigle noir figure parmi les chansons de Barbara qui ont nécessité du temps pour trouver leur maturité. En septembre 1970, elle dira avoir mis six ans pour l’écrire. "J’avais fait une musique et les paroles, et je n’arrivais pas à le faire… Il ne s’envolait pas. Je n’y arrivais pas du tout et c’est seulement il y a quelques mois, juste avant mon disque, que j’ai repris cette chanson, tout à coup, et tout m’est arrivé. J’ai fini L’Aigle noir." La chanson a effectivement donné lieu a de nombreuses interprétations, surtout depuis la parution des mémoires de Barbara, liant la figure du père à la présence mystérieuse qu’incarne l’oiseau qui surgit de nulle part comme autrefois le père disparu depuis dix ans, revenu un soir de décembre 1959 dans la vie de Barbara, au moment où il décède à Nantes.

 

Je suis personnellement attaché à cette chanson onirique que j'ai énormément écouté adolescent et qui terminait le spectacle la première fois où j'ai vu Barbara sur scène. C'était aussi, à partir de Pantin, un moment très fort des récitals de Barbara.

 

Si l'on cherche une explication, le mieux est sans doute de relire ce qu'en disait Barbara : "J’ai fait un rêve. Beaucoup plus beau que dans la chanson. Un oiseau tournait autour d’un canyon, descendant, descendant… J’ai vraiment rêvé de ça, en couleur, et après, j’ai rêvé de deux panthères. Elles allaient se jeter sur moi. Après ce rêve d’aigle, des choses extrêmement bénéfiques sont arrivées."

 

 

PdA : Göttingen, c'est un hymne à la paix, à ces "enfants qui sont les mêmes" des deux côtés du Rhin. Cette peur de l'"alarme" qui pourrait de nouveau sonner un jour, était-ce quelque chose de réellement présent chez cette fille de Juifs ayant grandi pendant la guerre ?

 

D.M. : Cette période a sans aucun doute marqué Barbara. Même si dans Mon enfance, elle écrit "La guerre nous avait jetés là, d'autres furent moins heureux, je crois, au temps joli de leur enfance. La guerre nous avait jetés là, nous vivions comme hors la loi, et j'aimais cela quand j'y pense.", le fait que dans son dernier album, en 1996, elle ait repris Il me revient, une chanson commencée dans les années soixante-dix, montre combien cette période restait très présente dans sa mémoire. Cette chanson raconte l'arrestation d'un résistant à Saint-Marcellin où sa famille s'était réfugiée de 1943 à 1945.

 

Pour elle, accepter d'aller chanter à Göttingen n'a pas été une décision facile. On est en 1964, l'Europe se construit. Adenauer et De Gaulle ont permis de consolider la réconciliation entre la France et l'Allemagne. Göttingen, qui est, vous avez raison de le souligner, un très bel hymne à la paix, a pu être mal perçu lorsque Barbara enregistre ce titre en 1965. Barbara dira que c'est une chanson de la réconciliation mais pas d'oubli précisant : "Je ne porte pas de message, dans aucune de mes chansons… Göttingen, par exemple, n’est pas une chanson contre la guerre, c’est une chanson d’amour. En quittant Göttingen, j’ai voulu remercier mes amis, je l’ai fait à ma façon, c’est tout."

 

 

PdA : Dans Ma plus belle histoire d'amour, c'est à son public qu'elle déclare sa flamme, sa fidélité. Quel était ce lien si particulier qui les unissait ? Que lui apportait le contact avec le public ?

 

D.M. : C'était une relation fusionnelle. Barbara était avant tout une femme de scène. Elle trouvait là un accomplissement, un aboutissement à ce qu'elle avait toujours voulu être : une femme qui chante. Je cite souvent ce qu'elle nous confia, un soir de 1990 sur la scène de Mogador, à propos de ce lien entre elle et le public : "C’est un secret, un secret entre vous et moi. Je ne pouvais pas traduire cette chose-là, elle est intraduisible pour moi. Elle sera intraduisible jusqu’au dernier instant où je chanterai. Parce que c’est une chose comme ça, exceptionnelle, rare. Ce n’est pas une chose comme on dit, mystique, femme en noir, la messe… Ce n’est pas ça du tout ! C’est une histoire d’amour magnifique. Une passion magnifique."

 

 

PdA : Nous avons évoqué trois des chansons phares de son répertoire. Vous qui le connaissez parfaitement, pourriez-vous nous citer vos chansons préférées de Barbara, notamment celles qui sont moins connues, et que vous voudriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir ?

 

D.M. : C'est difficile de choisir dans un répertoire original de plus de 150 chansons !

 

Le premier titre qui me vient immédiatement à l'esprit est : Tu ne te souviendras pas, qui date de 1962. C'est pour moi une des plus belles chansons de Barbara. Le texte est d'une beauté absolue avec des images pleines de sensualité. C'est une merveilleuse chanson d’amour où, comme souvent, amour et désespoir sont mêlés. Mais Barbara laisse la porte entr’ouverte. L’autre peut choisir de revenir. C’est la joie de vivre après le mal de vivre. C’est peut-être cela qui, dans son répertoire, marque notre inconscient. L’espoir, tout aussi indicible qu’indispensable, qui nous permet de croire en la vie quand tout semble désespéré.

 

Une autre chanson que j'écoute très souvent est : Mémoire, mémoire, écrite par Barbara pour Lily Passion (le spectacle écrit par Barbara dans les années 80, ndlr) et que Barbara a chanté le soir de la dernière au Châtelet en 1987. C'est un très beau texte sur son parcours d'artiste et son lien avec le public. J'ai d'ailleurs pris quelques phrases de cette chanson comme fil conducteur de l'avant-propos de mon dernier livre.

 

Je pense aussi à Madame (à ne pas confondre avec la pièce Madame) et Parce que je t'aime écrites en 1967, Le minotaure une chanson de 1973. Enfin, John Parker Lee qui se trouve sur son dernier disque enregistré en 1996 et qui dit "Il y a comme ça dans la vie de merveilleux passagers qui croisent nos existences… Qui nous jouent d’étranges musiques... Qui nous tanguent le cœur et l’âme." C'est exactement ce que je ressens à propos de Barbara.

 

 

PdA : Nous avons parlé de l'intégrale, à laquelle vous avez participé. Je rappelle que vous êtes également l'auteur de "Je me souviens... Barbara", ouvrage qui sort ces jours, à l'occasion du quinzième anniversaire de la disparition de l'artiste. Pouvez-vous nous en dire plus ? Qu'a-t-il d'original ? Pourquoi est-il un "must" pour les amateurs de Barbara ? (05/11/12)

 

D.M. : C'est la première fois que j'utilise le "je" pour m'exprimer à propos de Barbara. Un "je" un peu particulier puisque c'est un livre qui s'inspire du procédé littéraire "Je me souviens" popularisé en France par Georges Pérec en 1978. C'est donc avant tout une biographie à la forme originale.

 

Le propos du livre est de restituer les souvenirs épars d’images, d’événements, de faits, d’anecdotes, qui parfois me sont personnels, mais qui ont pu être vécus par d'autres et que j’ai eu envie de partager. Ce qui est important pour moi c'est, à côté des éléments purement biographiques de la vie de Barbara, de faire revivre des moments forts, des instants de beauté, vécus grâce à elle.

 

J’ai pensé que ce livre pourrait, à sa manière, montrer combien Barbara, artiste inoubliable et inoubliée, fait partie de notre vie. J'espère contribuer à faire découvrir son univers à une nouvelle génération, de plus en plus nombreuse à apprécier son œuvre, notamment ceux qui n'ont pas vu Barbara sur scène ; avec mes mots, transmettre des émotions et des sentiments. Être, en quelque sorte, un passeur.

 

 

PdA : Barbara s'en est allée il y a quinze ans, le 24 novembre 1997. Novembre, un mois que, paraît-il, elle détestait... Comment l'avez-vous appris ? Comment était-elle perçue, dans les derniers mois de sa vie ? Comment les a-t-elle vécus ? Quel était son rapport à la mort ?

 

D.M. : J'ai été réveillé par la radio qui, au matin du 25 novembre, annonçait que Barbara avait été hospitalisée. Puis, vers 13 heures, la nouvelle de son décès a été connue. J'étais effondré. J'avais reçu un fax d'elle, plein d'humour, une dizaine de jours auparavant. Je savais qu'elle avait plein de projets et qu'elle rédigeait un livre. Barbara était quelqu'un qui aimait la vie et qui n'était pas du tout morbide. Elle avait d'ailleurs écrit une chanson La mort pour démystifier ce sujet. Beaucoup de ses proches disent avoir beaucoup ri avec elle. C'est l'image d'une femme lumière, qui a aidé beaucoup de gens à vivre, que je garde en moi.

 

 

PdA : Nombre d'artistes ont repris ses chansons après sa mort, sans doute avec conviction, mais sans jamais les vivre comme elle les a vécues. Y'a-t-il malgré tout sur la scène francophone actuelle, parmi les jeunes comme les moins jeunes d'ailleurs, des artistes qui réussissent à vous toucher un peu comme elle vous touche ?

 

D.M. : Compte tenu de la force de ses chansons, il y aurait quelque chose d'incongru à ce que la génération actuelle de la scène francophone ne reprenne pas son répertoire. Barbara a elle même commencé sa carrière en chantant le répertoire d'autres chanteurs, comme Brel et Brassens pour ne citer qu'eux.

 

Je suis touché par les émotions que ceux qui la reprennent sont capables de faire passer en s'appropriant à leur manière les textes et la mélodie. La première fois que j'ai vu Marie Paule Belle reprendre sur scène le répertoire de Barbara cela a été un moment très fort et de grande beauté. On peut avoir un vécu différent et chanter Dis, quand reviendras-tu ?Mon enfanceUne petite cantate de façon tout à fait bouleversante. Je pense à Jean-Louis Aubert , Calogero, Raphaël.

 

Des artistes comme Mathieu Rosaz, Daphné, par exemple, apportent avec leur voix, leur phrasé, quelque chose de nouveau. C'est ce qui me paraît essentiel. Avec eux, les chansons de Barbara traversent le temps.

 

 

Barbara par Didier Millot 2

Collection personnelle de Didier Millot - Barbara à Mogador (1990)

 

 

PdA : Finalement, qu'est-ce qui vous touche chez elle ? Qu'est-ce qui la rend si importante à vos yeux ?

 

D.M. : Pour moi, Barbara est une femme hors du commun. C'est difficile à exprimer. C'est une présence. Un partage d'âme, quelqu'un qui m'apporte du réconfort et qui m'accompagne dans ma vie de tous les jours. Je peux rester des mois sans l'écouter mais elle est quand même là. Avec ma famille très proche, Barbara fait partie des personnes qui sont essentielles à mon équilibre.

 

 

PdA : Qu'a-t-elle apporté à la chanson française ? Quel est l'héritage de Barbara ?

 

D.M. : Comme Piaf ou Gréco, elle a fait une incursion au théâtre et au cinéma. Barbara est une artiste complète. Auteur, compositeur et interprète, elle a su traverser son époque, sans jamais se répéter ni trahir ses choix, projetant un univers personnel où chacun peut retrouver ses combats, ses épreuves, sa propre vérité. Le mélange de texte et de musique qu’elle confectionne en artisan garde au fil du temps sa couleur d’origine. Il existe dans les chansons de Barbara une alchimie dont le secret n’a pas encore été découvert ! Personne n’a réussi à écrire et composer comme elle. C'est pour cela que Barbara reste aussi moderne et continue d'influencer les artistes : écrivains, chanteurs, peintres. Je crois que cela la ferait rire, mais ce n'est pas exagéré de dire que Barbara fait aujourd'hui partie de notre patrimoine.

 

 

PdA : Si vous pouviez lui adresser un message, lui poser une question... ?

 

D.M. : Je lui dirais ces quelques phrases de sa chanson Tu ne te souviendras pas :

 

"Passent les jours, file le temps,

 

S’égrènent les calendriers,

 

Brûle l’été, soufflent les vents,

 

Moi, je ne peux rien oublier."

 

 

PdA : Un message à nos lecteurs ? À quelqu'un en particulier ?

 

D.M. : Un message d'amour : penser à dire et redire "Je t’aime" à ceux que l'on aime.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Didier Millot ?

 

D.M. : J'espère que ma passion pour l'écriture et pour Barbara est commutative.

 

 

PdA : Un dernier mot ?

 

D.M. : Merci infiniment !

 

 

 

Oui Didier Millot, votre passion est communicative, soyez-en assuré... Merci infiniment pour ce bel entretien à coeur ouvert... Phil Defer

 

 

 

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Le site de l'Association Barbara Perlimpinpin

 

L'intégrale Barbara : une femme qui chante

 

"Je me souviens... Barbara" de Didier Millot (dédicacé, jusqu'au 15/11/12)

 

"Je me souviens... Barbara" de Didier Millot (achat en ligne)

 

Le site de Didier Millot

 

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Modifications mineures : 13/11/12

14 janvier 2013

Pierre-Henri Bovis : "Les Jeunes populaires doivent montrer l'exemple"

   En 2012, j'ai eu à coeur de donner la parole à de nombreux jeunes engagés en politique, ou en tout cas intéressés par notre avenir collectif. Le leur. Pour cette première interview politique de l'année, voici Pierre-Henri Bovis, membre des Jeunes populaires qui a bien voulu évoquer pour Paroles d'Actu son parcours, ses idées, ses espoirs. Des questions d'actu, comme le mariage gay et la manifestation de la veille. Militant à l'UMP dès l'âge de 19 ans, il a appris sur le tas à s'imposer au sein d'organisations préexistantes. Une expérience qui parlera sans doute à pas mal de "juniors", quelle que soit leur bannière.

   Pierre-Henri Bovis l'affirme, la reconquête qu'entend opérer la droite se fera avec les jeunes... ou ne se fera pas. Ils fourniront à leur parti ses cadres de demain et ont dès aujourd'hui un message à délivrer à leurs aînés, à la société, à la jeunesse. Un enthousiasme à communiquer. Lui aussi, vous allez vite le découvrir... Merci. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PIERRE-HENRI BOVIS

Ancien coordinateur de campagne de Benjamin Lancar

Membre des Jeunes avec Fillon, aux côtés de Mickaël Camilleri

 

« Les Jeunes populaires doivent

 montrer l'exemple »

 

PHB

(Photo fournie par Pierre-Henri Bovis)

 

Q. : 30/12/12 ; R. : 14/01/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Pierre-Henri Bovis. Vous avez 20 ans et déjà derrière vous un joli début de parcours de militant. Parlez-nous de vous. Qu'est-ce qui vous a poussé à adhérer à l'UMP ?

 

Pierre-Henri Bovis : Je suis originaire de Toulon, dans le Var. C’est près de la Côte d’Azur que j’ai grandi et passé mes quinze premières années. En quelques sorte, je peux dire que j’ai presque toujours baigné dans la politique, grâce à ma mère, qui s’est dévouée et engagée sans relâche dans les années 2000, peu de temps avant la création de l’UMP. Malgré mon jeune âge et mon incompréhension face à des réunions qui se terminaient sur les coups de minuit, 1h du matin, j’ai appris d’elle la sociabilité, le fait d’aller de l’avant, de ne pas avoir peur de se présenter et de parler sans cesse.

 

C’est justement cette origine familiale qui m’a convaincu de m’engager en politique aux côtés de la droite républicaine. En parcourant les différents cantons provinciaux avec elle, j’ai pu observer de mes propres yeux un système, dirigé la plupart du temps par des socialistes, qui ne fonctionne pas. Soit il achète à coups d’allocations le silence de personnes qui n’ont plus la force de descendre dans la rue, soit il matraque fiscalement des classes moyennes qui ne parviennent plus à se relever. Dans les deux cas, ce sont des milliers de personnes qui perdent foi en eux et qui, à chaque période électorale, croient voir en un nouveau candidat le messie qui peut les aider.

 

Plus grave encore, j’ai pu remarquer de moi-même que ce système présente une perversité telle qu’il est difficile de s’en échapper. Dans cette politique de la « main tendue » d’un côté et du « matraquage fiscal » de l’autre, la haine de celui qui habite en face de chez vous ne fait que progresser de jour en jour. Lorsque vous avez dans un même immeuble deux personnes, une qui se lève tous les matins pour gagner un SMIC qui sera avalé par une trop lourde fiscalité et une autre qui reste chez elle toute la journée sans rechercher forcément un travail, avec, pour « l’aider », le RSA, la CMU, l’allocation logement, la gratuité des transports... comment voulez-vous éviter un vote extrême de la part du « smicard » ? Il ne faut pas leur jeter la pierre, ni à l'un ni à l'autre, mais au contraire combattre ce système qui les dévore de l’intérieur.

 

C’est pour ce combat que je me suis engagé réellement en 2011, contre cette politique de gauche qui aliène plus qu’elle n’aide. Je suivais déjà depuis longtemps les affaires politiciennes. Lassé d'entendre toutes ces critiques contre un homme qui a tant fait pour ce pays, je ne pouvais que m’engager. Je venais d’avoir 19 ans et, comme beaucoup, j’ai pris ma carte à l’UMP pour Nicolas Sarkozy, un homme qui a redoré le blason de la méritocratie et du travail.

 

PdA : 2012, année électorale intense. Vous avez notamment été coordinateur de la campagne législative de Benjamin Lancar dans la cinquième circonscription de Paris. Quels moments forts, quelles leçons retiendrez-vous de toutes ces expériences sur le terrain ?

 

P.-H.B. : Benjamin Lancar est une personne extraordinaire, qui a un immense talent. C’était d’ailleurs au début très dur de le suivre. Je rentrais à peine dans la machine, en novembre 2011, et j’ai dû m’adapter à un rythme extrêmement soutenu, dès le mois de mars 2012.

 

Je ne le remercierai sans doute jamais assez pour la confiance qu’il m’a accordée, alors que nous nous connaissions à peine personnellement. De tout ce que nous avons fait, je pense que j’ai appris la réelle signification du mot « envie ». Nous avions un emploi du temps très chargé, de 8h du matin à parfois 23h le soir, avec peu de pauses - et, souvent, courtes - dans la journée. Nous ne comptions pas les heures de travail, de tractages, de réunions, d’appels…

 

Cette expérience nous a tous beaucoup rapprochés, car nous étions dans une équipe qui s’entendait très bien. Nous étions, stagiaires ou non, très investis dans cette campagne. Je pense notamment à Déborah Pawlik (sa suppléante), Sébastien Julienne, William Pesson, Charles-Henri Alloncle, Lucie Roche, Constance Nebbula, Aloïs Bazin de Jessey, et tous les autres ! Nous avons vraiment vécu de très bons moments !

 

Grâce à Benjamin, j’ai pu apprendre en trois mois ce que j’aurais appris en une année : gérer un planning de campagne, une équipe, des relations presse, des rendez-vous avec des anciens ministres… C’est une expérience inoubliable que j'ai pu vivre avec toute cette grande équipe !

 

PdA : Après les défaites du printemps, l'automne de la discorde, on parle de possibles difficultés financières pour l'UMP. Annus horribilis ? Pas la meilleure, en tout cas... Quel regard portez-vous sur l'année qui s'achève ? Dans quel état d'esprit aborderez-vous 2013 ?

 

P.-H.B. : Une défaite électorale se traduit toujours par une perte d’argent considérable, c’est une évidence. Mais il faut arrêter de porter un regard toujours négatif sur la situation. Cela fait vingt ans que la droite se prend des coups par l’opposition, à nous maintenant de les rendre. Je remarque une chose à ce sujet : la gauche était au pouvoir la dernière fois avec Mitterrand. Depuis, elle n’a eu cesse de lancer des pierres successivement à la présidence de Chirac et de Sarkozy. Les médias nous annonçaient une victoire de la gauche, à la limite d’un plébiscite, avec un 70/30, dès les mois de janvier, février. Au final, la présidentielle ne s'est jouée qu’à 500.000 voix.

 

Aujourd’hui, c’est la première fois sous la Vème République que la gauche détient tous les pouvoirs et cela veut dire une chose simple : nous avons plus à gagner qu’à perdre. Perdre... François Hollande est plutôt bien placé pour en parler. Sa cote de popularité est en forte baisse depuis sa prise de fonction, et pas moins de 63% des sondés désapprouvent son action, avec 59% de mauvaises opinions, selon BVA, à la fin du mois de décembre. Mais le plus grave est de remarquer que François Hollande a fait des promesses purement électoralistes. La tranche d’imposition à 75% est anticonstitutionnelle et il le savait. Pourtant, il a fait cette promesse alors même que son conseiller économique, Jérôme Cahuzac, ignorait ce projet de réforme au moment de l’annonce.

 

Amateurisme ? Sûrement. Car ce début de quinquennat est marqué par une profonde incompétence qui « change » réellement avec l’image présidentielle que Nicolas Sarkozy avait laissée. Au moins, il ne nous a pas menti : le « changement » est bien maintenant. Mais la réelle question est de savoir si c’est bien celui que les gens attendaient. On se la pose lorsqu’on voit la presse qui, telle Marianne, titre « Hollande, secoue-toi, il y a le feu »… Cette même presse qui l’a mis au pouvoir quelques mois plus tôt.

 

Du prix de l’essence au traité européen, ces derniers mois n’ont été que des retournements de veste. Sans parler des couacs permanents du gouvernement, comme récemment avec Najat Vallaud-Belkacem, qui a fait la propagande du « mariage pour tous » à des élèves de 4ème le lendemain même du jour où Vincent Peillon envoie une lettre aux recteurs d’académie pour demander le respect d’une totale neutralité…

 

En résumé, la présidence de François Hollande, se résume pour le moment à un reniement en tous genres ! C’est pourquoi, nous avons lancé une initiative nationale appelée « Les Reniements, c’est maintenant », compilant chaque trahison, chaque promesse non-tenue de François Hollande. Et nous avons de quoi faire. Ce groupe est accessible sur son site web, sur Facebook et Twitter. Aujourd’hui, nous avons dépassé les trente reniements au compteur et, au regard du succès que nous avons eu dès la création du groupe, nous savons que nous aurons beaucoup de travail en cette année 2013.

 

PdA : J'évoquais tout à l'heure l'élection du président de votre parti. Les suites du scrutin de novembre ont eu le parfum de chaos que l'on sait, mais les tensions semblent s'être apaisées, un nouveau vote se tiendra bientôt. J'aimerais vous interroger sur une autre échéance dont on parle peu : la présidence des Jeunes populaires. Vous êtes proche de l'un des favoris à la succession de Benjamin Lancar, Mickaël Camilleri.

Quel bilan tirez-vous de l'action accomplie depuis 2008 ? Que pouvez-vous nous dire, à ce stade, des enjeux de cette consultation qui devrait également avoir lieu en 2013 ?

 

P.-H.B. : L’UMP reste aujourd'hui une force politique de plus de 300.000 adhérents, ce qui en fait le premier parti de France. C'est incontestable. Et je regrette énormément les dires du Parti socialiste et du Front national, qui n'ont cessé d'attaquer notre famille politique. Si le spectacle donné a été désastreux, il ne doit pas être moqué par des partis qui élisent leur dirigeant soit à huis clos, soit sur présentation d'un livret de famille.

 

Entre la dictature imposée par les ténors du PS et la monarchie instaurée par la dynastie Le Pen, je préfère ma famille politique, qui s'est lancée dans une campagne au sein même de son parti. Cette campagne a abouti à des déceptions, c'est vrai. Les premiers déçus restent les militants, que nous avons souvent tendance à oublier.

 

Aujourd’hui, un accord a été conclu entre « Copéistes » et « Fillonistes », et nous aurons un nouveau vote dès septembre 2013. En attendant, nous avons une direction plus ou moins collégiale et nous nous en contenterons. Les tensions étaient aussi très fortes chez les jeunes, mais elles semblent également s’être apaisées.

 

L’élection du président des Jeunes populaires est encore incertaine à ce jour et la solution la plus plausible reste une direction collégiale avec des « jeunes copéistes » et des « jeunes fillonistes ». C'est-à-dire une direction similaire à celle des aînés.

 

Vous parliez de « favori », mais aujourd’hui, il n’y en a pas vraiment. En revanche, il y a ceux qui peuvent se féliciter d’un passé militant, avec de l’expérience de terrain, des déplacements dans les différentes fédérations de France, et d’autres qui n’ont que leur parole pour se défendre. Je pense très sincèrement que, chez les aînés, comme chez les jeunes, on privilégiera ceux qui ont agi contre ceux qui n’ont fait que parler.

 

PdA : Quel devra être, de votre point de vue, le message adressé à vos aînés de l'UMP et, au-delà, à l'ensemble de la société par les Jeunes populaires ? Quelle ligne politique, quelle voix originale souhaiteriez-vous porter ?

 

P.-H.B. : Les militants, qui ont été oubliés dans cette campagne interne, veulent aujourd’hui montrer, à l’instar des Jeunes socialistes, des Jeunes frontistes, des Jeunes du Front de Gauche, qu’ils sont capables de porter un message de démocratie militante. Et ce sera le rôle du président des Jeunes - ou de cette direction collégiale - de montrer, y compris à nos aînés, qu’une démocratie interne est possible. Nous voulons montrer l’exemple.

 

Cette campagne interne nous a permis de visiter plusieurs fédérations et de parler avec les militants. Le message était clair : « Nous voulons le respect des voix des militants et que la victoire électorale soit méritée ; qu’elle soit le fruit d’un travail collectif de plusieurs mois. Nous ne voulons pas qu’elle soit volée, nous voulons le meilleur président pour une reconquête assurée des territoires. »

 

Le message à porter est donc simple : quoi de mieux pour assurer une reconquête territoriale que d’avoir des jeunes formés ? Il faut prendre le problème à la base, et préparer les jeunes désireux de réussir et de changer les choses aux prochaines échéances électorales. Le bureau des Jeunes avait créé une École de Formation pour, justement, préparer ces jeunes talents à prendre la relève de leurs aînés.

 

Si nous voulons remporter les municipales, nous devons avoir un maximum de jeunes sur les listes, un maximum de jeunes sur le terrain. Cette formation, qui s’étend sur un week-end, enseignait le fond (développer des idées fortes, des arguments pertinents...) et la forme (comment agencer les idées, comment aborder les personnes...), avec un cours de media-training (savoir parler devant une caméra, prendre la parole au micro...). Les aînés nous parlent de reconquête. Si, effectivement, nous en voulons une, ce ne sera pas sans les jeunes, sans cette force de frappe incroyable que l’UMP a à sa disposition.

 

Quant au parti en lui-même, il doit continuer de tenir un discours ferme sur les questions d’immigration, de sécurité, de lutte contre l’assistanat, principal cheval de bataille de Laurent Wauquiez. L’UMP ne doit pas se laisser piéger par des discours de pseudo-intellectuels bien-pensants jactant que les ténors du parti ne tiennent pas un discours politiquement correct. Il faut récupérer les électeurs du Front national que nous avons perdus, tout en affirmant le côté social du parti.

 

La gauche n'a pas le monopole de l’écologie, elle n'a pas celui du pouvoir d’achat. L’immigration et la sécurité ne sont pas des sujets frontistes. Ils sont des sujets essentiels au maintien de notre société et l’UMP ne doit pas avoir peur de dire la vérité aux Français, de tenir un discours juste et réel. C’est aussi le rôle des Jeunes populaires aujourd’hui de tenir ce discours de fermeté et de rigueur. Qu’en est-il pour la jeunesse ? Que nous réserve la politique de François Hollande, quand celui-ci déclare, Porte de Versailles, que son ennemi est la finance, ou quand celui-ci insulte les investisseurs et les créateurs d’emplois ?

 

PdA : Je le suggérais tout à l'heure, vous n'aviez pas 20 ans au moment de vos premiers combats militants. Je crois savoir qu'il n'a pas toujours été facile de vous faire accepter, respecter en tant que militant à part entière. Voulez-vous vous exprimer sur ce sujet ?

 

P.-H.B. : Il est vrai que lorsque vous avez 25, 26 ans, que vous travaillez, vous n’avez pas forcément envie d’entendre les conseils d’un jeune de 19, 20 ans, encore en études. C’était parfois agaçant mais ça a un avantage : j’ai beaucoup appris de mes « aînés », et ce partage de compétences qui peut s’opérer force à l’humilité. Même si cela a été effectivement difficile au début, les choses se sont arrangées depuis, et si quelque chose ne me convient pas, je ne me gêne pas pour le faire remarquer.

 

Je ne veux pas rester spectateur, ou simple exécutant. Pire, rester grincer des dents devant ma télé, sans pour autant avoir le courage de dire ce que je pense. Nous avons une chance extraordinaire, qui est de pouvoir s’exprimer. Je ne vois pas pourquoi, au nom d’un certain conformisme qui viserait à faire taire les plus jeunes face aux aînés, j’exécuterais ma tâche de militant sans donner mon avis.

 

PdA : Quels sont vos projets, vos ambitions pour la suite ?

 

P.-H.B. : Je suis actuellement en Licence 3 en Droit à Paris Descartes. J’attends donc de valider mon année pour envisager la suite, pour le Master. À l’issue de mon cursus, je passerai certainement des concours administratifs, ou bien l’école du Barreau.

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ? Pour quelqu'un en particulier ?

 

P.-H.B. : Oui, j’aimerais m’adresser à Frédéric Gal, pour lui transmettre toute ma sympathie. J’ai beaucoup apprécié cette interview et le combat qu’il mène avec son association « Le Refuge ». L’homophobie mène aujourd’hui à de terribles drames, et il est nécessaire de la combattre.

 

Toutefois, il est dangereux de faire l’amalgame entre l’homophobie et les opposants au mariage gay.  Ce dimanche 13 janvier, plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé pour sauvegarder la notion même de mariage. La France reste attachée aux « valeurs ». Il ne s’agit pas là de refuser les mêmes droits aux couples homosexuels, car cela serait intolérable dans une démocratie comme la nôtre. Il s’agit de préserver une institution républicaine basée au départ sur la relation entre un homme et une femme, binôme indispensable pour assurer la procréation naturelle. Cela assure la stabilité de la famille et, par voie de conséquence, celle de la société.

 

Le mariage gay est mis sur la table de manière trop hâtive, c’est une réforme à la va-vite. Comment nier le fait que le mariage n’ouvrira pas nécessairement à l’adoption, à la filiation ? À l'heure d'aujourd'hui, les conventions européennes et internationales ne permettent pas d'adopter ou, du moins, difficilement, pour des couples homosexuels. Pour l'adoption, en France, les couples hétérosexuels attendent dix ans, en moyenne. L'alternative à l'adoption reste la marchandisation du corps de la femme, restée interdite en France et d'ailleurs dans la plupart des pays européens.

 

Regardons si, moralement, l'individu a réellement un « droit à l'enfant », considéré alors comme un objet de vente, acheté à une femme qui « louerait » son ventre comme si elle « louait » ses bras (Pierre Bergé, ami de F. Hollande). Sur un plan moral et éthique, cette alternative reste discutable. Eu égard à ces deux raisons, le mariage civil en tant que tel pour les homosexuels est trop rapide et reste incertain. Il faudrait aller, selon moi, étape par étape, et ouvrir tout d’abord une « union civile », pour ensuite commencer à revoir les conventions européennes d'adoption et, peut-être, mieux réguler l'adoption nationale.

 

Il ne faut pas oublier que l’enfant n’est pas « un droit », mais une chance de la nature. L’argument de l’amour n’est pas valable dans un débat portant sur le mariage. Il ne faut pas oublier non plus que celui-ci reste une institution placée sous le coup dune législation. Depuis quand fait-on rentrer les sentiments dans le domaine de la loi ?

 

Si la question doit être réglée rapidement, je pense alors que la solution du référendum est la bonne. Pour une question qui touche autant la société, le peuple devrait pouvoir s’exprimer directement.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Pierre-Henri Bovis ?

 

P.-H.B. : J’aimerais plutôt qu’on souhaite quelque chose à tous les Français, et plus particulièrement à tous les jeunes de France. Quand je vois, aujourd’hui, d’un côté, des jeunes à la recherche d’emplois, des jeunes au chômage ; quand je vois, a contrario, ce gouvernement qui crée la polémique sur le « mariage pour tous », je me dis qu’il n’y a aucune preuve de responsabilité de la part du pouvoir en place.

 

François Hollande agit avec amateurisme et clientélisme. Au lieu de vouloir faire plaisir à tel ou tel corporatisme, il serait préférable qu’il renverse la courbe du chômage et qu’il en fasse une priorité. Cette réforme sur le mariage gay a été très mal amenée et tombe, à cette heure, un peu comme un cheveu sur la soupe. Elle reste cependant trop médiatique au regard des problèmes touchant au pouvoir d’achat, à l’emploi et, donc, au chômage.

 

Je veux pour mon pays qu’il soit responsable et créateur d’emplois pour nos jeunes. Ce n’est pas en déresponsabilisant un pays, en créant, par exemple, des salles de shoot, que nous redressons un État. Ce n’est pas en reniant nos racines judéo-chrétiennes pour satisfaire des corporatismes religieux que nous serons une France forte.

 

PdA : Un dernier mot ? Merci !

 

P.-H.B. : Merci. Merci de m’avoir donné la parole…

 

 

Merci Pierre-Henri pour vos réponses. Bravo pour votre engagement, votre enthousiasme très prometteurs... Un commentaire ?

 

Quelques liens...

 

 

Présentation remaniée : 12/10/14.

10 février 2013

Patrick Adler : "L'essentiel est de faire rire dans l'élégance"

Être prof d'allemand mène à tout, semble-t-il. Il en est qui deviennent Premier ministre. D'autres, de talentueux humoristes. Bon, pour être franc, je n'ai qu'un exemple en tête pour chacune de ces catégories. Pas de généralisation ni d'amalgame... pas de polémique ! En 1989, Patrick Adler quitte le monde de l'éducation nationale pour celui, a priori plus exaltant, plus fou, plus fun... du Music-Hall. Depuis, il a tracé sa voie. Libre ! Il est un imitateur, un humoriste de grande qualité. Un auteur authentique... qui n'a pas l'intention de se laisser enfermer dans telle ou telle case ! On l'a beaucoup vu dans les médias dans les années 90. Moins depuis... Mais qu'on se le dise : Patrick Adler est toujours là, il continue son bonhomme de chemin, accompagné d'un public fidèle. Il a, plus que jamais, des projets plein la tête. Son univers du moment, à l'heure de nos contacts, c'est un cabaret. Demain, une nouvelle aventure... Un grand merci cher Patrick Adler pour vos réponses généreuses, parfois mordantes, souvent empreintes de tendresse. Le texte est agrémenté de vidéos que j'ai souhaité inclure pour vous permettre, chers lecteurs, de joindre le son et l'image à cette lecture qui, je l'espère, vous intéressera. Bonne (re)découverte ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PATRICK ADLER

Auteur, imitateur, comédien...

 

"L'essentiel est de faire rire dans l'élégance"

 

Patrick Adler

(Photo fournies par Patrick Adler)

 

 

Q : 07/02/13

R : 10/02/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Patrick Adler. (...) On apprend sur votre bio en ligne que vous avez fait votre propre révolution en 1989, deux siècles après la grande. Envoyant valser études et enseignement pour le monde déjanté du Music-Hall. Quel regard le Patrick de 2013 porte-t-il sur ce jeune fou qu'il était il y a (presque !) un quart de siècle ? ;-)

 

Patrick Adler : Je porte un regard amusé et très distancié sur mes débuts. Passer de la petite estrade à la grande scène n'a pas été si simple, je n'y étais pas préparé. J'étais, comme tout bon prof qui se respecte (j'enseignais l'allemand en lycée à des futurs bacheliers) formaté : préparation des cours, correction de copies, cours, conseils de classe et... direction de colonies pendant les vacances scolaires. Il n'y avait pas trop de place pour la fantaisie, à part le week-end, où j'animais déjà des soirées en discothèque.

 

En arrivant dans le monde du Music'Hall, en dépit de la rigueur qu'il faut avoir pour tenir sur scène - il faut, à l'instar des sportifs, une certaine hygiène de vie - il y avait de grandes plages libres, ce qui a pu un temps me déstabiliser mais rapidement, j'ai trouvé à m'occuper (écriture, cours de chant lyrique, sport).

 

 

PdA : On vous connaît surtout pour vos imitations. Comment est-ce que tout cela a commencé ?

 

P.A. : Il aura suffi d'une missive - paraît-il amusante et bien tournée - à Michel Drucker, accompagnée d'une cassette (c'était au siècle dernier, en 1989) pour que, d'emblée, l'intérêt soit suscité. Apparemment, personne alors ne s'était engouffré dans cette brèche : j'étais et reste encore un des rares imitateurs à tenir les voix féminines.

 

 

PdA : Vous maîtrisez de nombreux personnages. Quelles sont, parmi vos interprétations, celles pour lesquelles vous avez une tendresse particulière ? Pourquoi ?

 

P.A. : J'ai évidemment une tendresse particulière pour mes "femmes" : Zézette, qui est une sorte de Candide, au bon sens populaire, Barbara, à qui je voue une admiration sans bornes, Véronique Sanson, qui m'émeut souvent. Je ne délaisse pas pour autant mes "hommes" : Benoît Poelvoorde pour ses excès qui traduisent une certaine fragilité, voire une fêlure, Dominique Besnéhard dont l'indolence et le chuintement m'amusent, d'Ormesson pour son éternelle jeunesse et bien d'autres... 

 

 

PdA : Comment vous y prenez-vous, typiquement, pour acquérir la voix d'une célébrité ?

 

P.A. : Il n'y a pas de recettes pour imiter, ça se saurait ! Les voix que je choisis de "travailler" sont, d'une, fonction de l'actu - je fais rarement les morts -, secundo, fonction de ma tessiture. Étant dans le registre "ténor", j'aurais beaucoup de mal à imiter des voix très graves. Je suis en revanche spécialisé dans les voix dites "cassées" ou simplement "voilées" (Adamo, Lenorman, Eicher, Pacôme, Jeanne Moreau, Régis Laspalès,... pour ne citer qu'eux).

 

 

PdA : Il y a, j'imagine, des gens plus faciles à imiter que d'autres...

 

P.A. : Il y a des voix qui, en fonction de ma tessiture, sont facilement imitables. Ce fut le cas de Claude Piéplu qui, une fois parti de ce monde, a laissé place à Maria Pacôme par le biais d'une différente intonation. Zézette fut aussi une évidence, comme Tina Turner, Bonnie Tyler, Lana del Rey qui sont, apparemment spectaculaires pour le public et d'une désarmante simplicité pour moi. J'ai eu, curieusement, plus de difficultés à trouver un angle pour l'ex-première Dame de France que pour Zucchero. Allez comprendre lol !

 

 

PdA : Comment les "croqués" réagissent-ils, en général ? Vous avez des retours ?

 

P.A. : Je n'ai pas toujours des "retours" à proprement parler. Imiter une célébrité, c'est déjà la consacrer. Quand Chantal Ladesou - que j'imitais déjà quand nous étions en tournée sur la pièce de Jean-François Champion "Ainsi soit-il", mise en scène par Jean-Luc Moreau - devient aujourd'hui une de mes cibles, c'est parce qu'elle est devenue une incontournable dans la comédie. Elle adore cela car elle a beaucoup d'humour. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à l'imiter. Liane Foly s'y emploie aussi. Et même les travestis de chez Michou l'ont inscrite dans leur nouveau tour. Dominique Besnéhard est fan, Marie-Anne Chazel - la première à avoir interprété Zézette - aussi. Maria Pacôme, Anémone sont plus dubitatives. Véronique Sanson, Vanessa Paradis un peu gênées. Je reconnais qu'il n'est pas simple de voir son "double". Les autres ne se sont pas encore prononcés.

 

 

PdA : Avez-vous eu à regretter telle ou telle imitation qui aurait pu, en son temps, blesser la personne concernée ?

 

P.A. : Je n'ai pas l'impression d'avoir blessé qui que ce soit dans mes spectacles, donc... La seule limite que je m'impose est l'attaque sur la vie privée.

 

Pour le reste, je m'autorise beaucoup de libertés (ton, gestuelle). L'essentiel est que cela fasse rire. Dans l'élégance.

 

 

Zézette

 

 

PdA : La France vous a découvert chez Drucker, vous avez été élève de la Classe, chroniqueur avec Ruquier... Outre vos one-man shows, il y a eu des pièces de théâtre et quelques passages sur les écrans. Quels ont été, pour vous, les grands moments, les rencontres décisives de votre carrière jusqu'ici ?

 

P.A. : Ma rencontre décisive a été le 14 février 1989, celle de Michel Drucker, ce fut mon premier "Champs-Elysées". Il y eut ensuite Laure Chaubaroux, programmatrice de feu "La Classe", puis Patrice Laffont  dans "les Bons Génies", sans oublier mes amies "les Vamps" qui m'ont accordé de faire l'Olympia en 1ère partie de leurs "adieux"en 1991/92 et un an de tournée dans les plus grandes salles de France, Belgique et Suisse. Un grand merci aussi à Hélène Ségara qui a réitéré ce cadeau en 2002/2003, avec le Palais des Sports de Paris en sus. J'éprouve avec le temps un certain regret d'avoir quitté Gérard Louvin, de ne pas l'avoir écouté assez à l'époque. Je refusais de "faire de la politique" alors qu'aujourd'hui j'écris des papiers dans un blog politique (Tak.fr) et je parle politique dans mes spectacles. On n'évolue pas tous à la même vitesse !

 

  

PdA : On vous voit beaucoup moins dans les médias traditionnels en ce moment. Si vous voulez mon avis - même si vous ne le voulez pas, je vous le donne - je trouve ça regrettable. Je ne vais pas vous demander de dire du mal de vos petits camarades, les Canteloup & cie, mais plutôt de me dire si la télé vous manque à l'heure d'internet ?

 

P.A. : La télé ne me manque pas, la radio, en revanche, oui. Il y a une liberté de ton que j'aimerais retrouver mais l'heure est un peu au "jeunisme".

 

Chaque antenne est à la recherche de "nouveaux talents". C'est tout à fait légitime. personnellement, je m'inscrirais plus, si j'étais Directeur des Programmes ou simple Programmateur dans la "mixité des talents", la rencontre inter-générationnelle. Nous avons tous à apprendre les uns des autres.

 

Ce combat des "Anciens et des Modernes", clivant, est un combat d'arrière-garde mais il n'est pas impossible que le rire soit générationnel, comme disait feu Michel Serrault car je ne me reconnais pas beaucoup dans l'humour ado de certains confrères (Kev Adams, Max Boublil...). En revanche, je salue l'arrivée de nouveaux talents comme le Comte de Bouderbala, Gaspard Proust, Rudy Milstein, Nicole Ferroni, les Lascars Gays.

 

Je n'ai pas d'avis sur mes collègues imitateurs : j'aime profondément Laurent Gerra, qui est un ami. Je trouve Canteloup talentueux en radio , moins sur scène (trop indolent, pour moi). J'apprécie le surdoué Michael Grégorio, mais il s'inscrit plus dans la performance d'un André-Philippe Gagnon, moins dans l'humour. Gustin suit gentiment son chemin avec des textes très lisses, à son image. Je préfère de loin la corrosion d'un Gerra. Moi-même, je suis monté en gamme et fais davantage grincer les dents depuis quelques années.

 

 

PdA : Patrick Adler, ce sont des voix... mais aussi des textes ! Je pense à ceux de vos spectacles évidemment, mais aussi à ceux, remarquables, de vos billets (et j'aime autant le dire à nos lecteurs pour leur donner envie de les découvrir, vous ne mâchez pas vos mots). Où puisez-vous votre inspiration ? Qu'est-ce qui, dans la vie, dans le monde, vous donne envie de réagir, de prendre la plume ? (Bon, d'accord, le clavier...)

 

P.A. : Je suis un fou de l'actu. Donc, je puise dans les journaux toute mon inspiration. Et il y a de quoi faire !

 

 

PdA : "L'accouchement, c'est maintenant !", ou plutôt à partir de septembre, à Paris. Parlez-nous de ce bébé ?

 

P.A. : Je voulais donner une fin élégante à mon personnage fétiche : Zézette. En voyant les affiches de la campagne de François Hollande, m'est venu le titre de mon prochain Opus : "L'Accouchement, c'est maintenant !". En gros, ce sera un peu, pour paraphraser Woody Allen, "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'accouchement sans jamais oser le demander". Une mise bas en 60 à 80 voix parlées et chantées. Ce sera sans doute mon dernier one-man show car j'aspire de plus en plus à travailler en équipe, à refaire de la radio, mais aussi à continuer de mener la revue en cabaret, à tourner pour le cinéma et la télévision.

 

La retraite, ça n'est pas pour demain car j'ai un projet par heure ! lol

 

 

PdA : En attendant, il y a toujours "Même pas changé ?!", votre show adapté en permanence à l'actualité. Une formule gagnante, et de beaux moments avec le public, j'imagine...

 

P.A. : En attendant que le spectacle voie le jour, je peaufine en fonction de l'actu "Même pas changé ?!" et m'amuse encore beaucoup.

 

 

PdA : Où pourra-t-on vous applaudir prochainement ?

 

P.A. : On ira m'applaudir à Paris en septembre 2013... mais rien n'est signé, donc vous en saurez plus en consultant mon site www.patrick-adler.com.

 

 

PdA : Sans transition, une question totalement décalée mais que j'aime bien poser à mes invités du monde culturel. J'espère qu'elle vous amusera, vous avez déjà joué en costume, après tout. Imaginons donc que la DeLorean d'un type un peu fou surnommé "Doc" permette réellement de voyager dans le temps et dans l'espace. Chaque personne a droit à un voyage, un seul. Aller-retour, ou aller simple. Où elle veut, à l'époque de son choix. Quel est le vôtre ?

 

P.A. : Je m'inscris bien dans mon temps, donc je n'ai aucune nostalgie et me retourne rarement sur le passé, alors que -contradiction oblige - j'adore l'Histoire, mais notre époque me convient bien. Pas de voyage interstellaire me concernant. Peut-être un Aller-retour Paris-New York car j'aime éperdument cette ville, comme Mahdia, mon lieu de villégiature préféré en Tunisie. J'y écris avec bonheur.

 

 

PdA : Allez, on revient sur la terre ferme... Quoique... ? Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

P.A. : J'espère surtout refaire de la radio et continuer à travailler comme je le fais depuis 23 ans.

 

 

PdA : Aimeriez-vous adresser un message à nos lecteurs, à ce public qui vous suit et vous aime depuis des anneés ? Que peut-on vous souhaiter, cher Patrick Adler ?

 

P.A. : Je n'ai aucun message à distiller, je ne suis pas "leader d'opinion". Je souhaite juste conserver et élargir ce public, si enthousiaste et participatif, à mes spectacles !

 

 

PdA : Un dernier mot, pour conclure ? Merci infiniment !

 

P.A. : Merci à vous de m'avoir laissé cet espace de liberté. A très bientôt. Je vous embrasse.

 

 

 

Patrick Adler 2

 

 

 

C'est moi qui vous remercie, cher Patrick Adler. Merci pour votre générosité, bravo pour votre talent, pour votre travail. Quant aux souhaits que vous formulez, j'espère de tout coeur qu'ils se concrétiseront. Si un responsable de radio lit ces quelques lignes... Merci à vous ! Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Patrick Adler...

 

Sur son site officiel (dont : spectacles à venir) ;

 

Sur le site Tak.fr ;

 

Sur ses chaînes de vidéos : YouTube et Dailymotion.

 

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11 mars 2013

Faby : "L'envie, la rage de vivre"

En avril 2008, Fabienne Perier apprenait qu'elle était atteinte d'un cancer du sein. Difficile de garder le sourire, lorsqu'une telle nouvelle vous est annoncée. Mais Fabienne est une battante, elle l'est depuis toujours. Elle sait qu'il n'est rien de tel que le découragement pour permettre à cet insidieux ennemi de progresser, d'accomplir son funeste dessein. Elle ne baissera pas les bras. Jamais. Un an plus tard, elle apprend qu'elle est en rémission. L'espoir ne l'a jamais quittée, désormais, cette artiste va le partager, le transmettre... "Ce matin-là", c'est l'histoire d'un choc. C'est surtout l'histoire d'une renaissance. Un regard différent, plus intense sur la vie, sur sa valeur, ses merveilles. "Ce matin-là" est devenue un hymne, hymne à l'envie, hymne à "la rage de vivre". Une formidable aventure humaine... Merci infiniment, chère Faby, d'avoir accepté de répondre à mes questions. Votre parcours, votre combat, votre enthousiasme forcent le respect et l'admiration. Sur bien des points, notre interview me rappelle celle que nous avions eue avec une femme que vous admirez, Madame Stéphanie Fugain. Votre combat est le même : "celui de la vie"... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FABY

Auteure-interprète "engagée"

 

"L'envie, la rage de vivre"

 

Faby

(Photos fournies par Faby)

 

 

Q : 10/03/13

R : 11/03/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Faby. Que diriez-vous, avant d'aller plus loin, de nous parler un peu de votre vie, de votre parcours... ?

 

Faby : Je suis auteur-interprète depuis une quinzaine d’années, et chanteuse depuis un peu plus longtemps. J’ai un parcours dans l’enfance particulier, puisque ma mère m’a abandonnée à quelques mois. Vers l’âge de 4 ans, j’ai été adoptée par une famille mélomane, et l’amour de la musique ne m’a plus jamais quittée. Depuis toujours, j’aime la scène et le public, celui que j’ai rencontré dans les pianos-bars ou sur des scènes de France. J’aime et j’espère chacun de nos rendez-vous.

 

 

PdA : Le clip de votre chanson "Ce matin-là" a rencontré - et ce n'est pas fini ! - un succès considérable sur le web. Plus de 600 000 vues pour le simple cumul Dailymotion + YouTube... L'histoire de ce titre et de son clip est très particulière... Vous nous la racontez ?

 

F. : Ce succès, c’est l’histoire, encore une fois, d’une rencontre avec le public et les internautes. Il y a 4 ans, il y a eu la découverte d’une épreuve :  j’ai appris que je souffrais d’un cancer du sein. Quelques mois après, mon médecin m’a annoncé, un petit matin d’octobre, que j’étais en rémission. Je suis rentrée chez moi, et j’ai écrit cette chanson, « Ce matin-là », que j’ai partagée très vite via les réseaux sociaux. Et la magie du net a fait le reste. Les internautes l’ont partagée, de plus en plus…

 

Je recevais des témoignages touchants de personnes qui me disaient « Cette chanson, c’est mon histoire ». Alors, j’ai décidé de leur donner la parole. Je me suis inscrite sur un site participatif qui permet aux artistes de réaliser un projet. Mon projet, c’était un clip participatif, produit et réalisé par et avec les internautes. En quelques semaines, la somme fut réunie et nous avons pu réaliser un clip dans lequel, des hommes, des femmes et des enfants sont venus de France et d’ailleurs pour chanter « Ce matin-là, je me souviens... » Un cri du cœur, un chant en chœur pour dire « Nous sommes tous ensemble mobilisés pour la lutte contre le cancer et lever le tabou de la maladie ».

 

 

PdA : "Ce matin-là", nous l'évoquions à l'instant, c'est une chanson que vous avez voulu écrire pour coucher sur papier et partager votre ressenti de femme se découvrant atteinte d'un cancer du sein. Quels sont, parmi les retours que vous en avez eus, ceux qui vous ont le plus touchée ?

 

F. : C’est une chanson que j’ai voulu écrire pour témoigner pour tous ceux qui ne le peuvent pas… Pour tous ceux qui cachent la maladie parce que le cancer est encore trop souvent la maladie de la honte. Plus nous en parlerons, plus les tabous seront levés. Je crois que c’est le rôle d’un artiste de mettre à la lumière les épreuves de la vie, et surtout le ressenti de chacun d’entre nous.

 

 

PdA : Une autre question, évidemment essentielle... Comment allez-vous, aujourd'hui ?

 

F. : Je vais bien aujourd’hui. Je vais bientôt fêter les 5 ans de rémission. Mais le chemin est long encore, parce qu’être en rémission ne veut pas dire « guérie ». Alors, ma vie est rythmée par des contrôles médicaux et la peur de la récidive. Vivre avec cette épée de Damoclès est un parcours de vie difficile pour beaucoup d’entre nous, et c’est important d’en parler aussi.

 

 

PdA : "Ce matin-là" décrit très bien l'abattement des premiers jours, lorsque la terre se met "à trembler", l'enfance "à défiler". Mais c'est aussi une merveilleuse chanson d'espoir, à l'image du combat que vous menez contre le cancer. Parmi les images que l'on y retrouve, la "rage de vivre" perçue sur le "visage d'un enfant". Le "regard de cette petite fille", votre "chance", votre "renaissance"... Et cette envie d'être à demain, jamais "oubliée"... La chanson est superbe, le message est lumineux, solaire... Mais j'aimerais vous demander d'aller un peu plus loin aujourd'hui... Il y a peut-être, parmi les lecteurs de nos lignes, une personne - ou quelqu'un qui l'aime - qui est en proie à la peur, au désespoir... du fait d'une mauvaise "sentence", d'un corps venant de la "trahir". Qu'avez-vous envie de lui dire ?

 

F. : En effet, c’est un témoignage sur l’annonce de la maladie, mais aussi une chanson d’espoir. Je crois à la force du témoignage pour mobiliser, parce que raconter, c’est mobiliser, raconter, c’est dire que ça n’arrive pas qu’aux autres. Les autres, c’est nous, ou ceux que nous aimons… alors battons-nous ensemble.

 

Je reçois tous les jours des témoignages, et chacun d’entre eux me touche profondément. Chaque histoire est différente et chaque combat est tellement personnel, qu’il est difficile de dire…

 

Je crois qu’on ne peut qu’être là chaque jour, et chaque fois que l’autre a besoin. Accompagner, c’est important, et c’est aussi un chemin difficile. Mais être là, c’est déjà le début du chemin vers l’autre, et c’est accompagner à la guérison, j’en suis certaine. Il y a un mot que nous les malades, nous detestons, c’est le mot COURAGE ! Il est pourtant dans le langage courant lorsque l’on rencontre des épreuves de la vie. Nous n’avons pas de courage et surtout, nous ne voulons pas qu’on nous en souhaite… Nous avons juste l’envie de vivre et la rage de vivre, et nous nous y accrochons très fort.

 

 

Au fil de nos vies

 

 

PdA : Nous avons beaucoup parlé de "Ce matin-là", car c'est évidemment votre chanson la plus emblématique. Elle est devenue une sorte d'étendard pour les malades, pas uniquement malades du cancer, d'ailleurs. Mais il ne faudrait pas oublier pour autant que vous avez écrit bien d'autres chansons. "Ce matin-là" est l'un des titres de votre troisième album, "Au fil de nos vies". Vos chansons sont souvent engagées. "Au nom de celles" est résolument féministe. "Lisa" aborde le thème de l'homoparentalité, "L'Européen" celui de l'immigration. Qu'est-ce qui, dans notre société, dans notre monde, vous révolte, vous donne l'envie de vous engager, d'agir ?

 

F. : Ce qui me révole dans notre société, ce sont les injustices et les discriminations, quelles qu’elles soient. C’est tellement humain d’être envieux, de juger ou de critiquer les autres… Pourtant, les autres, c’est nous... C’est ce que j’essaie de me dire quand je sens que je me positionne, parfois, dans le jugement.

 

 

PdA : D'où vous vient votre amour de la musique, de l'écriture ? Quelles sont, parmi vos chansons, celles pour lesquelles vous avez une tendresse toute particulière, et que vous aimeriez inciter nos lecteurs à découvrir ?

 

F. : L’amour de la musique, c’est ce qui a accompagné mon enfance et a guidé mes pas vers l’âge adulte. J’ai eu une enfance particulière, et je me réfugiais dans la pratique des instruments (piano, violoncelle, guitare). Je m’imaginais concertiste…

 

Depuis toujours, je rêve de la scène et ce rêve m’a portée et me portera encore longtemps. Les artistes que j’aime sont Véronique Sanson, Michel Berger, Alain Bashung, Gainsbourg, et tellement d’autres... Je n’ai pas de chanson préférée, chaque chanson à son histoire et nous raconte souvent la nôtre. C’est ce que j’aime faire en écrivant des chansons, raconter notre histoire.

 

 

PdA : À qui souhaiteriez-vous dédier la très belle "J'entends" ?

 

F. : La chanson « J’entends », qui figurera sur le prochain album, est dédiée tout particulièrement à une amie, combattante elle aussi, qui a lutté longtemps contre le cancer du sein et qui s’est envolée… trop vite. C’était une combattante et une militante, une femme tout simplement, comme j’en rencontre souvent. À travers elle, il y a le combat qui continue, sa colère aussi contre l’injustice de cette maladie. Et ses mots, qui me guident encore…

 

 

PdA : Est-il difficile pour une artiste partie de rien telle que vous de réellement exister médiatiquement ?

 

F. : C’est extrêmement difficile pour une artiste venue de nulle part d’exister. Dans ce métier, il n’y a que deux façons d’y arriver : avoir de l’argent ou des relations. Je n’ai ni l’un, ni l’autre, mais j’ai la foi, la rage de vaincre, et surtout le public, qui est de plus en plus nombreux à me soutenir.

 

 

PdA : Financièrement, vous réussissez à faire vivre votre art, à en vivre ?

 

F. : Financièrement, je ne vis pas du tout de mon art, et il me coûte même plutôt cher. C’est un pari sur la vie, sur l’avenir, mais je crois fermement que si je suis encore là aujourd’hui, c’est que j’ai quelque chose à y faire… Alors… je crois à mon rêve... et le public aussi, de plus en plus fort.

 

 

PdA : Le 4 avril prochain aura lieu au Théâtre de la Reine blanche (Paris) un grand concert solidaire au profit notamment de la lutte contre le cancer. "Faby et ses amis" est organisé par les associations "2 Mains Rouges" et "Au nom de celles", dont vous êtes la marraine. Voulez-vous nous présenter ce spectacle ? Pourquoi l’évènement sera-t-il à ne manquer sous aucun prétexte ?

 

F. : Ce spectacle est organisé par les associations Au nom de celles et 2 Mains Rouges. Il a pour but de récolter des fonds pour la lutte contre le cancer, et surtout de permettre à des personnes qui ont rencontré l’épreuve du cancer de pouvoir bénéficier des places que nous offrons via nos partenaires (Rose Magazine et Mademoiselle).

 

C’est un spectacle dans lequel des humoristes et des chanteurs seront nombreux pour faire la fête avec nous. Nous allons chanter et rire, et surtout partager avec le public des instants qui, je le crois, seront magiques, parce que tous les artistes sont bénévoles et donc très mobilisés.

 

 

Faby et ses amis

 

 

PdA : Quels sont vos projets ?

 

F. : Mes projets sont l’écriture d’un quatrième album qui, je l’espère, sortira en octobre 2013. Je souhaite être sur scène et à la rencontre du public de plus en plus souvent.

 

 

PdA : Vos rêves ?

 

F. : Mes rêves sont les mêmes depuis toujours. Chanter. Et partager...

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, chère Faby ?

 

F. : J’espère que mon souhait de rencontrer un producteur se réalisera un jour, parce qu’être un artiste indépendant n’est pas viable sur le long terme. J’espère aussi que je pourrai soutenir et me mobiliser encore longtemps dans la lutte contre le cancer, pour que le mot « guérison » existe.

 

 

PdA : Faby par elle-même, en trois mots... ?

 

F. : Authentique. Espérance. Femme...

 

 

PdA : Aimeriez-vous adresser un message à nos lecteurs ?

 

F. : Je suis très heureuse d’aller à votre rencontre via Paroles d’Actu, et j’espère que ce n’est que le début d’une belle histoire… :)

 

 

PdA : Un autre, pour quelqu'un en particulier ?

 

F. : Merci à tous ceux qui me soutiennent. Je ne vous connais pas tous, mais chacun d’entre vous est important pour moi.

 

 

PdA : Un mot pour conclure ? Une tribune totalement libre... Merci infiniment... et bravo pour ce que vous faites !

 

F. : Merci à la vie de m’offrir toutes ces rencontres, ces pépites de l’existence qui font que la vie vaut de l’or.

 

Merci à vous... et le combat continue !

 

 

 

Faby nouvelle

 

 

 

Merci Faby... Pour votre talent, pour votre enthousiasme, pour votre joie de vivre... Tous mes voeux de succès, de bonne santé, surtout... de bonheur... Et vous, que vous inspirent la musique, le combat de Faby... ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Merci. Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Faby...

 

En concert... le 4 avril, sur la scène du Théâtre de la Reine blanche, à Paris. "Faby et ses amis". Avec Grégoire Collard, Grégory Bakian, Rayan Djellal, Karine Lima, Chris V, Claudio Lemmi, David Bacci, Djamboy, Eric Blanc, Gaëlle Buswel...

 

Sur ses comptes Dailymotion et YouTube  ;

 

Sur son site web (dont quelques chansons et l'achat du CD dédicacé) ;

 

Sur les sites Amazon et Fnac ;

 

Sur Facebook ;

 

Sur Twitter.

 

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1 novembre 2023

Dobbs : « Ce projet, c'est une pure histoire d'alchimie(s) »

L’album 13 batailles : Une histoire de France qui vient de paraître chez Passés Composés partait d’une idée ambitieuse, portée par un patron de maison d’édition (Nicolas Gras-Payen), par un éditeur (Stéphane Dubreil) et un scénariste de BD (Dobbs) : comme son titre l’indique, évoquer avec treize dessinateurs d’horizons de styles bien différents, treize batailles emblématiques de l’histoire de France, toujours à hauteur d’homme, histoire de... raconter différemment, une histoire de la guerre. Un livre qui entraînera le lecteur curieux dans des moments bien précis, et souvent méconnus du passé, et qui certainement lui apprendra pas mal de choses, à chaque fois en l’aidant à s’identifier à ceux qui les ont vécues. Une réussite pour un chouette projet collectif. Merci à Stéphane Dubreil et à Dobbs, déjà interviewé dans ces colonnes il y a un an, pour les réponses qu’ils ont bien voulu apporter à mes questions. Une exclu Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.

 

13 Batailles

13 batailles : Une histoire de France (Passés Composés, octobre 2023).

 

EXCLU PAROLES D’ACTU

Dobbs : « Ce projet,

c’est une pure histoire d’alchimie(s) »

 

 

 

I. Stéphane Dubreil, l’éditeur

 

Stéphane Dubreil bonjour. Vous êtes historien de formation, d’où vous vient votre passion pour l’Histoire ?

D’un professeur de CM2 qui nous a fait faire une rédaction sur les poilus de 14...

 

Comment en êtes-vous arrivé à devenir éditeur de BD historiques pour Passés Composés ? Vous étiez auparavant amateur de bande dessinée ?

Je suis journaliste critique de bandes dessinées et créateur, avec Thierry Lemaire et Philippe Peter, du site Cases d’histoire qui traite de l’actualité de la BD historique. L’édition est venue avec l’amitié qui me lie à Nicolas Gras-Payen et à l’équipe de Passés Composés, c’est une idée dont nous parlions régulièrement...

 

On a vu passer plusieurs BD de votre série Biopic chez Passés Composés, chroniquées pour certaines sur Paroles d’Actu. Plus rien depuis quelques mois, est-elle toujours active ?

Oui, mais sous une autre forme, plus dense, plus riche. L’avenir réserve des surprises

 

Quelle a été l’histoire de cet album, 13 batailles : Une histoire de France, concrétisé avec Dobbs à l’écriture, et 13 dessinateurs ? Comment le projet est-il né, et dans quel esprit ?

C’est une idée que j’ai eu en discutant avec Nicolas Gras-Payen. Les Français aiment qu’on leur raconte leur histoire et l’histoire militaire a le vent en poupe. Le ministère des Armées s’intéresse lui aussi beaucoup à la BD, notre rencontre s’est donc faite naturellement.

 

Une volonté, d’une certaine manière, de réhabiliter auprès du public l’armée française, notamment en mettant en avant ce qu’elle a fait de glorieux et d’honorable, y compris lors de graves défaites, comme en 1870-1, comme en 40 ?

Non, il ne s’agit pas réhabiliter l’armée, nous n’avons rien à réhabiliter. Notre volonté est de raconter de bonnes histoires avec de bons personnages et d’avoir 13 grands dessinateurs engagés et généreux pour nous accompagner. Dobbs a troussé 13 histoires à partir de la liste que je lui ai fournie, ce n’était pas simple mais il s’en est tiré magistralement. Enfin, ce n’est ni la défaite, ni la victoire qui nous ont conduit mais le fait que ces batailles se soient déroulées dans notre pays. Depuis 1944, la guerre a disparu de notre territoire mais elle a été présente pendant 2000 ans quasiment sans discontinuer. Cet état de guerre permanent est constitutif de notre histoire, d’où le titre 13 batailles : Une histoire de France. Enfin, pour une séance plus intello, si vous lisez attentivement l’album, vous verrez que les 13 récits ne racontent qu’une seule bataille qui est vue de 13 manières différentes.

 

Quel public visez-vous ? Les passionnés d’histoire ? Peut-être les plus jeunes aussi ?

Les passionnés d’histoire et de BD.

 

Cet ouvrage a-t-il été compliqué à mettre en œuvre, ne serait-ce qu’au niveau des agendas à accorder ?

Non, les auteurs ont été enthousiastes et je me suis coulé dans leurs agendas. Pas un n’a été en retard.

 

Pourquoi ces batailles en particulier ? Il y a eu des débats sur ce choix ? Et quel travail préparatoire (documentation, etc...) cela a-t-il nécessité pour vous ?

Il y avait des milliers de batailles possibles. Le choix s’est fait en fonction de la chronologie, il fallait bayer 2000 ans d’histoire. Il y a ainsi des batailles incontournables comme Gergovie ou Valmy, des batailles étonnantes comme celle de Chartres, qui n’a connu aucun combat. Certains auteurs avaient des envies d’époque. Pour Blary, les Gaulois. Pour Tristan Josse et Luché, des machines, chars ou avions. Bandini voulait évoquer la guerre de 14. Fawzi, Napoléon, et Bones, la guerre de 1870. Quant à la documentation, grâce à mon métier d’iconographe pour Guerres et Histoire, la documentation ne me pose aucuns soucis.

 

Parlez-nous de votre relation avec Dobbs, et avec chacun des dessinateurs ? Comment les interactions se sont-elles faites ?

Travailler avec Dobbs est une histoire d’amitié et de respect. Il écoute et est tout le temps dans l’échange avec l’éditeur et les auteurs. Il n’écrit pas pour lui mais pour le lecteur, et pour que le dessin se coule dans le scénario. Je sais que les dessinateurs ont pris beaucoup de plaisir à travailler avec lui. Ça se voit maintenant que le projet est fini, une petite communauté s’est créée et nous échangeons souvent à plusieurs.

 

Quelles sont les bio, ou bien les époques d’histoire que vous rêveriez de porter un jour sur papier BD ?

Vous verrez !

 

La BD peut-elle, parmi d’autres médias, démocratiser ou en tout cas, donner une envie d’histoire ?

Bien sûr, et je vous conseille de vous abonner au site Cases d’histoire pour découvrir la richesse de la BD historique, et de venir à nos Café BD Histoire, tous les deux mois.

 

Celles que vous avez éditées mises à part, quelles sont les BD que vous tenez pour vos préférées et que vous aimeriez nous inciter à découvrir ?

Les séries Alix Senator (Casterman), la série Révolution (Actes Sud), Madeleine Résistante (Dupuis), Les Enfants de la Résistance (Lombard).

 

Stéphane Dubreil

Réponses datées du 26 octobre 2023.

 

 

II. Dobbs, le scénariste

 

Dobbs bonjour. C’est notre deuxième entretien, un an après celui fait autour de la BD Leonov, déjà réalisée en collaboration avec Stéphane Dubreil, avec lequel vous avez donc travaillé pour ce nouvel ouvrage, 13 batailles : Une histoire de France. Ça a été quoi l’histoire de ce projet un peu particulier ?

Mon ami et éditeur Stéphane est venu me voir avec cette idée au moment de boucler Leonov. On en a discuté et rapidement ça a tilté dans les cerveaux des uns et des autres (avec Nicolas Gras-Payen). J’avais déjà travaillé sur des projets à multi-artistes (Méchants, le côté obscur), je me suis dit que ça pouvait être un beau challenge narratif et éditorial de se coller à ces treize batailles !

 

Dans quel état d’esprit avez-vous travaillé, et comment s’est fait le choix des batailles sélectionnées ? Il y a eu débats entre vous et Stéphane Dubreil, notamment sur le fait de choisir des batailles emblématiques, ou forcément des batailles où l’honneur des armées françaises aura été au rendez-vous ? Il y a un message ou pas du tout ?

Il n’y a aucun message particulier, aucune des histoires ne glorifie le combat ou l’attitude héroïque. Les guerres et les batailles choisies sont des lieux, des thèmes, des leitmotivs dans lesquels se retrouvent coincées des personnalités qui tentent de s’en sortir. Ces batailles sont emblématiques, certes, mais ce qui fait convergence c’est que celles-ci se soient passées dans notre pays. Stéphane m’a proposé une série de contextes, on en a discuté longuement et ceux qui ont été sélectionnés se trouvent dans l’album.

 

Toutes les histoires sont racontées à hauteur d’homme : on ne suit pas des masses abstraites de combattants, mais à chaque fois un, deux ou trois personnage(s) bien identifié(s). C’était important, ne serait-ce que pour que le lecteur les trouve plus vivants, de faire que ces épisodes de l’Histoire soient incarnés ? Qu’est-ce qu’il a supposé comme travail pour vous, ce projet ? Il a fallu se renseigner assez finement sur chacune des batailles, des époques extraordinairement variées (2000 ans entre la première et les dernières), les grands faits, les armements, etc... Comment avez-vous travaillé sur l’écriture, et combien de temps cela vous a-t-il pris ? Vous êtes passionné d’histoire à la base ?

Ces questions mériteraient à elle seules un très long paragraphe…

Je suis effectivement passionné d’histoire. Je me situe souvent, en effet, dans l’écriture à hauteur humaine pour une véritable incarnation. Toutes les recherches tactiques, vestimentaires, circonstancielles sont importantes, mais pas autant que celles visant à trouver et caractériser le personnage ainsi que son point de vue car c’est à travers cette matière-là qui sera mené le récit pour le lecteur. Quant au temps de travail, c’est assez difficile à définir : chaque histoire de 12 pages a dû être anticipée en amont pour l’adapter au style et au planning de chaque dessinateur. C’était ça en fait le plus difficile mais aussi le plus jubilatoire.

 

Le concept c’est donc treize batailles racontées par vous au scénario, et à chaque fois, un dessinateur différent. Parfois des styles visuels extrêmement divers, ce qui ajoute du charme à l’ensemble. Comment les uns et les autres ont-ils été contactés, et comment avez-vous décidé d’affecter untel ou untel à telle ou telle bataille ?

Stéphane avait déjà des idées, on a mis en commun des noms pour avoir l’éventail de style le plus large pour couvrir 2000 ans. Il est toujours assez prioritaire de demander aux artistes leurs goûts, et ce qu’ils aiment ou n’aiment pas dessiner : résultat, une liste de propositions de batailles à croiser avec les envies des uns et des autres. Il fallait des machines pour certains, un certain type d’action ou d’atmosphère pour d’autres, ou alors un artiste s’était clairement porté positionné pour telle ou telle période… C’est une pure histoire d’alchimie(s) en fait. D’autant que travailler avec des dessinateurs aux styles différents provoque et stimule pour ce qui est de l’approche scénaristique : faire de la pure action pour Tristan Josse ou Ludovic Luché, provoquer le rire par le décalage avec Ohazar, donner un élan d’horreur ou de romantisme avec Bones ou Bandini etc... c’est un bonheur d’être à ce point dans la diversité narrative. Ce type de projet permet de retrouver les copains (Chris Regnault, Greg Lofé, Stéphane Dubreil) mais surtout de découvrir des artistes, leurs personnalités, leurs traits, leurs process…

 

À qui cette BD est-elle destinée au fond, et est-ce qu’à votre avis la BD est un média qui peut contribuer à non pas apprendre mais sensibiliser à l’Histoire, y compris auprès de jeunes lecteurs ? Il peut y avoir quelque chose de pédagogique dans une BD ?

La BD est à mon sens pédagogique sur le fond et la forme, d’autant plus si elle est historique, factuelle, documentée. D’ailleurs un certain nombre d’enseignants en français, histoire, arts plastiques se servent de tels supports afin de sensibiliser leurs élèves à un sujet, des thématiques, des témoignages, une façon de raconter des personnages etc. Un ouvrage d’une telle nature est orienté public de passionnés de BD et d’histoire mais pourrait en effet servir de support de cours ou pour sensibiliser un jeune lectorat.

 

Je vous sais aussi amateur de cinéma : aimeriez-vous parfois adapter, directement ou non, un de vos albums pour un film ou un animé ? Scénariste d’une production audiovisuelle, c’est quelque chose qui vous plaît aussi ?

Je travaille pour des studios d’animation ou d’effets spéciaux sur de la pub, du court-métrage ou des trailers de jeu vidéo. Mon écriture scénaristique est très visuelle, très découpée, car je suis habitué à travailler avec des story-boarders qui ont besoin de clarté dans le propos pour aller à l’essentiel des plans. Donc dans ma tête, mes BD sont déjà des films quelque part.

 

Vos projets, vos envies surtout pour la suite ? Quels sujets historiques pourriez-vous vouloir traiter, ou d’autres qui ne le seraient pas du tout ?

J’accompagne la sortie de Koursk et de 13 Batailles en ce moment, mais je suis aussi sur la réalisation du tome 2 d’Aléa Drumman et l’écriture d’une histoire concernant certains bâtiments célèbres de Paris. Pour le reste, je suis en train d’écrire 3-4 projets à présenter aux éditeurs : du thriller fantastique, de l’historique portant sur les années 1960 en France, un conte de dark fantasy et une biographie sur une personnalité américaine des années 1950…

Des sujets qui me passionneraient à écrire ? Le contexte de l’Age d’or hollywoodien, et un portrait de Diane Arbus (une célèbre photographe américaine, ndlr).

 

Dobbs

Réponses datées du 30 octobre 2023.

 

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12 juillet 2011

Olivier Besancenot : "La politique, ça ne doit pas être un métier"

En 2002, un inconnu réalise une entrée remarquée sur la scène politique nationale. À 28 ans à peine, Olivier Besancenot est candidat à l'élection présidentielle, il porte les couleurs de la Ligue Communiste Révolutionnaire. Il réalise cette année-là le score honorable de 4,25%, un score supérieur à celui de Robert Hue (Parti communiste) mais inférieur à celui d'Arlette Laguiller (5,72%). Cinq ans plus tard, en 2007, il sera de nouveau candidat. Il avait accepté de répondre à un long questionnaire que je lui avais adressé en octobre ou novembre 2006, je l'en remercie de nouveau ici. Une exclusivité F21-PdA.  ARCHIVE

 

 

ARCHIVE EXCLUSIVE DE 2006 - PAROLES D'ACTU

OLIVIER BESANCENOT

Candidat à l'élection présidentielle de 2007, pour la Ligue communiste révolutionnaire

 

"La politique, ça ne doit pas

 

être un métier"

 

https://storage.canalblog.com/23/33/871067/66463759.jpg

(Photo : fr.electionsmeter.com)

 

 

Q : ??/11/06

R : 03/12/06

 

 

 

Paroles d'Actu : Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?

 

Olivier Besancenot : Je suis né en 1974 (quand Giscard a été élu président... quelques mois avant le coup d'état de Pinochet financé par la CIA contre Allende au Chili, mais aussi à quelques jours de la révolution portugaise qui a viré le dictateur Salazar, bref quand même un peu du bon...). Ca va faire dix ans que je suis facteur, et seulement deux fois (sans doute la dernière d'ailleurs) que je me présente aux élections présidentielles.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui a fait naître en vous cet engagement politique ?

 

O.B. : Ma première révolte, elle est née contre le racisme. Déjà, le FN était monté dans les votes, et chacun (Mitterrand comme Chirac) tentaient de s'en servir pour affaiblir le "parti d'en face" (on a vu ce que ça a donné en 2002...). En militant au début dans SOS Racisme (fondé par des militant-e-s de la LCR principalement, dont certains l'ont quitté depuis), j'y ai croisé beaucoup de militantes et militants de la LCR. Et j'ai trouvé leur analyse beaucoup plus intéressante que celle des autres, plus proche de moi, de ce que mes potes et moi on vivait quotidiennement (donc, pas le soutien inconditionnel à l'URSS comme le PCF par exemple, ni la conversion au libéralisme du PS).

 

 

PdA : Quel cheminement personnel vous a conduit à briguer aujourd'hui la présidence de la République ?

 

O.B. : Déjà, c'est une décision collective, des militantes et militants de la LCR, lors de la Conférence Nationale de juin dernier, qui l'a décidé, et j'ai accepté. Pas parce que dormir dans un palais de lambris comme l'Elyseé me fait rêver, mais justement parce que je ne veux plus de palais de lambris réservés à un-e seul-e ! Un journaliste écrivait d'ailleurs récemment que je ne rêvais pas de l’Elysée tous les matins en me rasant. Oui, j’assume, parce que je fais volontiers mienne la formule de Louise Michel : « tant que le pouvoir ne sera pas partagé par toutes et tous il donnera le vertige ». Chacun peut s’apercevoir tous les jours en regardant le JT de 20 h combien cette vieille formule qui date de la Commune de Paris en 1871 est d’une brûlante actualité.

 

 

PdA : En quoi consiste votre programme, et quelles sont vos idées principales ?

 

O.B. : Ouhla, un programme, c'est long ! Bon, allez, je pourrais vous dire d'aller jeter un oeil sur le site de la LCR (http://www.lcr-rouge.org) ou sur mon blog (http://www.besancenot2007.org) pour le lire, mais en gros, je vais quand même vous le résumer :

* Emploi, salaires :

   - Interdiction des licenciements et maintien du CDI comme seule norme légale d'emploi

   - Aucun revenu inférieur au SMIC

   - Augmentation du SMIC à 1500 euros nets (et non pas brut...), et augmentation de tous les revenus de 300 euros.

   - Réduction du temps de travail à 32h, sans réduction de salaire, ni flexibilité, et avec nouvelles embauches correspondantes

* Ecologie :

   - Développement du ferroutage et interdiction du transport routier de marchandise longue distance

   - Sortie rapide du nucléaire, et financement conséquent de la recherche sur les énergies non-polluantes

   - Arrêt de toutes les cultures OGM

Ca y est, je sens déjà que je suis trop long, parce qu'il y en a encore bien plus ! Le plus simple, quand même, c'est de vous faire votre propre idée en allant voir tout ça sur http://besancenot2007.org/rubrique=4.php3?id_rubrique=4 (Comment ça je suis flemmard ? La politique, c'est aussi à vous de faire le boulôt, de vous renseigner, de vous inscrire sur les listes électorales ! Les "hommes et femmes politiques" ne sont supposé-e-s être que des représentants, donc à vous de faire de la politique pour que d'autres n'en fassent pas à votre place ;o). Et puis bon, on est dimanche, et je n'ai pas eu de jours de repos depuis...trop longtemps !)

 

 

PdA : Un peu de politique fiction. Nous sommes au lendemain de votre victoire au second tour de la présidentielle. Ce fut serré, mais c'est acquis ! Quelles sont vos premières mesures ?

 

O.B. : La première, ce serait déjà de supprimer la fonction présidentielle (et donc de quitter le poste...). Ensuite, augmentation générale des salaires (il y a l'argent, plus que largement, donc aucun problème là-dessus, et si on veut empêcher que les "capitaux" partent, il suffit de prendre exemple actuellement sur les multinationales des OGM, qui font saisir par l'Etat les comptes en banque des militants anti-OGM pour voir que si c'est faisable par eux, ça peut être faisable dans l'autre sens aussi...)

 

 

PdA : Que vous inspire la situation socio-économique actuelle de notre pays ? Que proposez-vous pour améliorer les choses ?

 

O.B. : Comme tout le monde, mes potes, mes voisins, les camarades de la LCR, chaque jour, c'est plusieurs plans de licenciements partout ! Alors des dizaines d'années de politique droite-gauche qui ne règlent rien, on en voit les conséquences tous les jours autour de nous. Et ça fait 30 ans qu'on donne des subventions aux entreprises, qu'on les exonère de cotisations sociales, soit-disant pour faire baisser le chômage. On voit le résultat... Pour améliorer les choses, il suffirait de prendre des mesures politiques, jamais prises : interdiction des licenciements, augmentation des revenus, taxation des revenus financiers, bref, de prendre l'argent où il est, puisque le MEDEF de son côté, sait bien où le prendre aujourd'hui... Pourquoi pas nous, toutes et tous ensemble ? (mais bon, le plus simple, et le plus court, pour ne pas dépasser quinze pages sur votre forum, ce serait encore une fois de lire notre programme, beaucoup plus détaillé)

 

 

PdA : Même question pour la situation du monde.

 

O.B. : Soutenir toutes les résistances démocratiques à l'impérialisme (Palestine, Bolivie, Vénézuéla, Liban, etc.), imposer politiquement aux Etats-Unis et à la Chine la signature des accords de Kyoto et même les renforcer (puisqu'ils sont déjà maintenant dépassés tellement l'urgence écologique est grande !), supprimer le droit de véto et le statut de membre permanent de l'ONU, plein de boulot en gros, avec en plus plein de partenaires au niveau international pour le faire ! On est pas isolés !

 

 

PdA : Politique-fiction (encore)... Vous êtes à l'Elysée. L'Iran, qui vient de se doter de l'arme atomique, menace de lancer un missile sur Tel Aviv si les Israéliens n'évacuent pas les territoires sous 48 heures. En tant que Chef de l'Etat, que faites-vous ?

 

O.B. : Déjà, je suis pour le désarmement nucléaire total, non seulement de l'Iran, qui ne l'a pas encore, mais aussi de la France, des Etats-Unis, et d'Israel, entre autres, qui eux l'ont déjà ! Ensuite, il y a déjà eu des centaines de résolutions de l'ONU non appliquées qui demandent à Israel de quitter les territoires occupés. Donc, soutenir la résistance démocratique palestinienne, et faire respecter par Israel le départ des territoires, désarmement multilatéral nucléaire.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur Jacques Chirac en tant que président ? Sur quels points vous inspireriez-vous ou vous démarqueriez-vous de lui ?

 

O.B. : En désaccord sur tout ! Même si sur l'Irak, Supermenteur a été plus "raisonnable" que Bush, ça ne l'a pas empêché d'envoyer des troupes françaises en Afghanistan, en Côte d'Ivoire, etc. Donc, démarquement total sur tout, puis dépassement, comme au foot !

 

 

PdA : Qu'avez-vous ressenti au soir du 21 avril 2002 ? Croyez-vous que cela puisse se reproduire ?

 

O.B. : D'abord, alors que pourtant la LCR avait fait un bon "score", on n'a pas fait la fête, parce qu'on a appelé tout de suite à une manif contre Le Pen ! Donc, belle gueule de bois... Le meilleur moyen pour que cela ne se reproduise pas, c'est encore que la gauche arrête de trahir, et mène une vraie politique de gauche. Et vu le programme du PS, on en est loin... Si les électrices et électeurs de gauche ne vont pas voter, les électeurs du FN eux, y vont tout le temps ! Ensuite, instrumentalisé par le PS et le RPR à ses débuts, le FN a profité des politiques libérales menées par les différents gouvernements qui nous mènent droit dans le mur, pour jouer la carte du tout sécuritaire, reprise très vite par Sarko, et même Ségo (les jeunes en caserne...). Donc, parler de l'insécurité sociale ! De ce que vivent au quotidien les salarié-e-s, retraité-e-s, étudiant-e-s et chômeur-se-s en France, plutôt que de nous passer en boucle Sarkozy au JT tous les soirs !

 

 

PdA : Quels sont, pour vous, les grands enjeux de ce XXIè siècle, et comment y faire face ?

 

O.B. : Changer de monde ! Ca fait des siècles qu'on est sous un régime capitaliste (et le stalinisme en Russie ou ailleurs n'a pas aidé...), et on voit où ça mène ! Que la politique ne soit plus le gagne-pain d'une minorité, mais que toutes et tous, en France, comme ailleurs, et comme on le fait déjà dans la rue à Seattle, aux Forums Sociaux, la politique soit l'affaire de toutes et tous ! Ensuite, les deux grands chantiers seront l'écologie, et une autre répartition des richesses (85% des ressources et des richesses de la planète sont dans les mains de 11% des plus riches du monde...).

 

 

PdA : On a tous été marqués par des évènements d'actualité, pour telle ou telle raison. Quels ont été les vôtres ?

 

O.B. : La victoire contre le CPE, alors que le PS nous expliquait qu'il fallait attendre 2007 pour le changement, et qu'heureusement, personne n'a attendu pour gagner !

 

 

PdA : Quelle est votre "vision de la France" ?

 

O.B. : Une France ouverte sur le monde, qui accueille toutes celles et ceux qui le souhaitent. Une France qui ne va pas exploiter d'autres pays ou y imposer sa loi, solidaire, égalitaire, féministe, écologiste. Et à terme, la disparition de nos petites frontières étriquées !

 

 

PdA : Quels sont les personnages historiques, ou plus simplement les personnalités, connues ou inconnues, qui vous inspirent, vous portent ?

 

O.B. : Louise Michel, parce que féministe, révolutionnaire. Che Guevara, parce qu'internationaliste, révolutionnaire aussi, et antistalinien. Malcolm X peut-être aussi, pour son combat pour l'égalité ? Et bien sûr, ma compagne et mon fils (même si pour ce cas, c'est moi qui le porte plus que l'inverse...)

 

 

PdA : En privé, qu'aimez-vous faire, que ce soit en terme de culture (cinéma, musique, télévision...), de loisirs, etc ?

 

O.B. : Jouer au foot avec des potes, écouter du rap, jouer avec mon gamin, et surtout, trouver un peu de temps à moi, pour le partager avec ma compagne, et mes potes ! (et ça, c'est rare...)

 

 

PdA : Avez-vous une devise dans la vie, et si oui quelle est-elle ?

 

O.B. : Pas de devise...ou sinon, Un autre monde est possible !

 

 

PdA : Quel usage faites-vous des nouvelles technologies et notamment d'Internet ? Chats, forums, actualités, achats en ligne...?

 

O.B. : J'ai peu de temps à moi, et donc quand j'en ai, j'essaie plus de le passer avec des êtres humains qu'avec un machin froid comme l'ordinateur... Mais j'aime bien le principe du chat, des forums, des mmorpgs par exemple même si je n'ai pas du tout le temps d'y jouer et que je n'y connais rien. Le côté collectif d'Internet en gros.

 

 

PdA : Finalement, pourquoi VOUS plus qu'un(e) autre à la présidence ? Donnez-nous un argument infaillible !

 

O.B. : Je ne suis pas infaillible justement ! Parce que je ne crois pas à l'homme ou à la femme providentielle ! Et que la politique, c'est l'affaire de toutes et tous, que ça ne doit pas être un métier !

 

 

PdA : Dernière question, qui n'en est pas une, puisqu'elle est "libre". Je vous invite à l'utiliser pour compléter cette interview, par tout ce qui vous passe par la tête. Un petit message, une anecdote inédite... N'hésitez pas !

 

O.B. : Alors, vous, n'hésitez pas à venir discuter avec des militantes et militants de la LCR ! Et coucou au cinéma l'Eldo de Dijon où je suis passé quelques fois avant 2002, et à Ad Kamera (je ne sais pas si ça existe encore...). A bientôt dans les luttes ou dans les urnes ?

 

 

 

>>> Après le choc de l'élection présidentielle de 2002, 2007 a été celle du "vote utile", Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal rassemblant sur leurs deux noms plus de 57% des suffrages exprimés dès le premier tour (contre 36% pour Jacques Chirac et Lionel Jospin cinq ans plus tôt). La percée remarquée de François Bayrou mise à part, les "petits" candidats ont réalisé des scores moins importants qu'en 2002. À la gauche de la gauche, seul Olivier Besancenot a pu tirer son épingle du jeu (4,08%), devançant très nettement Marie-George Buffet (PCF) et, cette fois, Arlette Laguiller (LO).

 

Pour 2012, ainsi qu'il le laissait entendre dans ce texte, Olivier Besancenot a décidé de passer la main. C'est un inconnu, Philippe Poutou, qui représentera au printemps prochain le Nouveau Parti Anticapitaliste, fondé en partie sur les fondations de la LCR.

 

Merci encore à Olivier Besancenot pour la générosité de ses réponses. Phil Defer

 

 

 

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Modification de la présentation de l'article le 22 juillet 2012

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12

19 septembre 2012

Aurore Bergé - Jonas Haddad : Fillon ou Copé pour l'UMP ?

Qui succédera à Nicolas Sarkozy à la tête de la droite ? L'enjeu est de taille. L'UMP orpheline de son chef emblématique élira, au mois de novembre, son nouveau président. Celui-ci devra reconstruire un parti qui, jusqu'au mois de mai dernier, n'avait jamais connu l'opposition au niveau national. Remobiliser, redonner le moral aux troupes. Préparer la reconquête... Les militants devront départager deux hommes, les seuls à avoir pu recueillir les parrainages de 3% des adhérents. À ma gauche, l'ancien Premier ministre François Fillon, aujourd'hui député. À ma droite, Jean-François Copé, actuel secrétaire général de l'UMP et député-maire de Meaux. Une confrontation entre camarades, mais une confrontation quand même... Deux personnalités, des sensibilités différentes... Quant aux projets, il leur reviendra de les préciser, de les développer dans les semaines à venir... Chacun des candidats pourra en tout cas s'appuyer sur des équipes déterminées qui, comme lui, chercheront à convaincre les leurs sur tout le territoire. Dans les deux camps, d'anciens ministres, d'éminents politiciens mais aussi et surtout des militants inconnus mais enthousiastes, des jeunes... J'ai souhaité interroger deux jeunes responsables de l'UMP, engagés l'un et l'autre dans l'une des "teams". J'ai demandé à chacun d'expliquer son choix et de nous présenter ses meilleurs arguments en faveur de son champion. Je cède donc de nouveau la parole à Aurore Bergé, ex-porte-parole des Jeunes UMP, chargée de mission au sein de la fédération des Yvelines, ainsi qu'à Jonas Haddad, secrétaire national en charge de l'entrepreneuriat... Je les remercie d'avoir accepté de jouer le jeu ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer  EXCLU

 

 

ENTRETIENS EXCLUSIFS - PAROLES D'ACTU

 

AURORE BERGÉ

 

JONAS HADDAD

 

Aurore Bergé a été porte-parole des Jeunes UMP, elle est aujourd'hui chargée de mission au sein de la fédération UMP des Yvelines

 Jonas Haddad est le secrétaire national de l'UMP en charge de l'entrepreneuriat

 

 

Q : 17/09/12

R : 18/09/12

 

 

 

AURORE BERGÉ

 

"François Fillon est un homme de volonté

 

et de réformes"

 

Bergé Fillon

(Photo fournie par Aurore Bergé)

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Aurore Bergé. Jeune responsable UMP, vous soutenez François Fillon dans la course à la présidence du parti. Parlez-nous du François Fillon que vous connaissez... celui que le grand public ne connait pas forcément... Quel regard portez-vous sur l'homme ? Qu'est-ce qui vous inspire, vous convainc chez lui ? Pourquoi est-il votre candidat ?

 

Aurore Bergé : François Fillon est un homme déterminé et courageux. Il est un homme d’une intégrité et d’une exemplarité sans faille.

 

Il suffit pour s’en convaincre de regarder le lien si fort qui l’a uni à quelqu’un qui a tant compté dans l’histoire politique française, Philippe Seguin, et la filiation évidente qui en découle.

 

Il suffit de remarquer la confiance que lui a témoignée Nicolas Sarkozy en le nommant Premier Ministre et en le maintenant durant tout son mandat, preuve de la loyauté et de la fidélité de François Fillon !

 

François Fillon est un homme de volonté et de réformes. Il a été à l’origine des plus grandes réformes de ces quinze dernières années : télécommunications, école ou retraites puis celles accomplies aux cotés de Nicolas Sarkozy. Avec le Président de la République, il a été celui qui a recommandé de tenir sur les réformes les plus difficiles, malgré l’opinion ou les sondages. C’est grâce à leur complémentarité et leur pugnacité partagée que la France a su maintenir son rang et que les Français ont été protégés.

 

 

Paroles d'Actu : Quel message souhaiteriez-vous adresser à Jonas Haddad et, au-delà, à toutes celles et à tous ceux de vos camarades qui eux penchent plutôt pour Jean-François Copé, ou en tout cas ne se prononceraient pas a priori pour François Fillon ? Certes, Jean-François Copé est un homme que vous respectez... Mais pourquoi diriez-vous de François Fillon qu'il est l'homme dont le parti aura besoin dans les années à venir ? Quels sont vos meilleurs arguments pour tenter de convaincre les autres adhérents ? À vous !

 

Aurore Bergé : Je leur dirais que Nicolas Sarkozy n’a pas à être remplacé, car il est irremplaçable.

 

Je leur dirais que je ne veux pas un clone, un sosie ou un nouveau Nicolas Sarkozy.

 

Je leur dirais que l’UMP a besoin d’être remise en mouvement car les Français attendent que l’opposition soit incarnée pour croire à nouveau en la droite. Ils souhaitent une opposition ferme, inflexible sur ses valeurs et responsable.

 

Je leur dirais que l’UMP a besoin d’être rassemblée et de rassembler l’ensemble des forces de la droite et du centre, comme cela est d’ailleurs sa vocation première.

 

Parce qu’il est le mieux à même de rassembler,

 

Parce qu’il est le meilleur opposant à François Hollande,

 

Parce qu’il est le plus crédible pour assumer et porter avec fierté le bilan du quinquennat et des réformes réalisées avec Nicolas Sarkozy,

 

Je leur dirais que l’UMP a besoin de François Fillon !

 

 

 

 

JONAS HADDAD

 

"Jean-François Copé est le mieux placé

 

pour la reconquête"

 

Haddad Copé

(Photo fournie par Jonas Haddad)

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Jonas Haddad. Jeune responsable UMP, vous soutenez Jean-François Copé dans la course à la présidence du parti. Parlez-nous du Jean-François Copé que vous connaissez... celui que le grand public ne connait pas forcément... Quel regard portez-vous sur l'homme ? Qu'est-ce qui vous inspire, vous convainc chez lui ? Pourquoi est-il votre candidat ?

 

Jonas Haddad : C’est quelqu’un de profondément déterminé et qui sait entrainer à ses côtés des profils très variés. J’ai pu échanger avec Nicolas Sarkozy lors de la dernière campagne et j’ai retrouvé quelques similitudes. Ils ont une passion pour leur pays qui me semble commune car elle est communicative.

 

Au-delà de l’homme, le leader politique se caractérise par un trait de caractère essentiel : le courage. Sans remonter très loin, tout le monde sait qu’en 2007, il n’était pas dans le cercle rapproché de Nicolas Sarkozy. Pourtant, il a su apporter de nouvelles idées et faire du Parlement puis de l’UMP une plateforme pour avancer ses idées, d’une droite décomplexée.

 

Depuis plus d’un an, à 23 ans seulement à l’époque, il a décidé de me faire confiance en me nommant secrétaire national à l’entrepreneuriat des jeunes. Cette année m’a permis de rencontrer des associations, des militants, des Jeunes Populaires dans toutes les fédérations. J’en ai retenu une chose : les supporters de la droite républicaine veulent que l’on parle sans tabou de tous les sujets qui les préoccupent. Quand un jeune créateur d’entreprise, un jeune artiste ou un jeune dirigeant d’association me dit qu’il est heureux que l’UMP soit venue à sa rencontre, je considère qu’il faut le mettre à l’actif de Jean-François Copé.

 

 

Paroles d'Actu : Quel message souhaiteriez-vous adresser à Aurore Bergé et, au-delà, à toutes celles et à tous ceux de vos camarades qui eux penchent plutôt pour François Fillon, ou en tout cas ne se prononceraient pas a priori pour Jean-François Copé ? Certes, François Fillon est un homme que vous respectez... Mais pourquoi diriez-vous de Jean-François Copé qu'il est l'homme dont le parti aura besoin dans les années à venir ? Quels sont vos meilleurs arguments pour tenter de convaincre les autres adhérents ? À vous !

 

Jonas Haddad : Chère Aurore, je nous reconnais un point commun : nous aimons notre parti, notre pays. Avec d’autres, vous avez décidé de soutenir François Fillon mais donnons-nous un objectif : le respect durant ce combat démocratique. Notre implication à l’UMP ne s’arrêtera pas le 25 novembre, ne reproduisons pas les erreurs de la droite du début des années 90 qui s’était profondément divisée.

 

Pourtant, je considère que si nous les jeunes souhaitons méthodiquement reconquérir les villes, nous avons besoin de quelqu’un qui s’implique dans les rouages du parti, qui puisse détecter les jeunes talents. Combien de jeunes sont venus nous voir après les meetings de Nicolas Sarkozy nous demandant de s’impliquer ? J’ai vu à la Mutualité le soir du second tour des visages tristes mais qui voulaient regarder vers l’avenir. Je pense que Jean-François Copé est le mieux placé pour la reconquête. Il en a l’expérience depuis Meaux. Il en a l’envie depuis la création de Génération France. Il en a la méthode depuis sa prise de fonction à l’UMP.

 

Enfin, je suis persuadé d’une chose : les jeunes de notre parti ne supportent plus la chape de plomb que veut lui imposer une certaine gauche bien-pensante. Combien de jeunes sont venus me voir pour me dire leur colère quand François Hollande se disait candidat de la jeunesse ? Cette crainte n’en est que plus forte depuis qu’ils ont entendu parler de la dépénalisation du cannabis, des emplois « d’avenir » qui les envoient dans le mur. En réalité, ils détestent cette double perfusion qu’on veut leur imposer. Je pense que dans ce cadre, il nous faut une opposition déterminée, tonique car le risque est grand pour notre pays et à mon sens c’est Jean-François Copé qui incarne cette position.

 

 

 

Merci encore à tous les deux pour vos réponses. Le débat peut se poursuivre via les commentaires à cet articles... Quant au scrutin... que le meilleur gagne !

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

13 novembre 2011

Najat Vallaud-Belkacem : "Une société plus juste et solidaire"

Cette fois, c'est officiel. C'est François Hollande qui portera les couleurs du Parti socialiste et du Parti radical de gauche lors de l'élection présidentielle de 2012. Mais pour quelle politique, dans un monde bouleversé par la crise et où les marges de manoeuvre financières semblent, plus que jamais, restreintes ? Najat Vallaud-Belkacem a accepté de répondre à mes questions par mail (transmises dès juillet 2011). Une nouvelle exclusivité PdA, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NAJAT VALLAUD-

BELKACEM

Adjointe au Maire de Lyon (Grands événements, jeunesse et vie associative)
Conseillère générale du Rhône (Lyon III - Montchat)

 

"Une société plus juste et solidaire"

 

https://storage.canalblog.com/92/27/871067/77335342.png
(Photo : François LAFITE, http://desirsdavenir.blog.fr)

 

 

Q : 07-10/11

R : 28/10/11

 

 

 

Note : Najat Vallaud-Belkacem est la porte-parole de Ségolène Royal. Alors qu'elle n'avait pas encore répondu à mes questions, à la mi-octobre, je lui avais envoyé un nouveau message pour lui faire part du ressenti qui avait été le mien à la vue des résultats du premier tour des primaires. Je trouvais que l'extrême faiblesse du résultat de Ségolène Royal (à peine 7% pour la candidate de 2007) n'était pas méritée, et qu'au fond les larmes de celle-ci au soir du 9 octobre nous rappelaient à quel point la vie politique pouvait être cruelle, parfois. J'ai donc dit à Najat Vallaud-Belkacem que, si Ségolène Royal n'était pas ma candidate pour 2012, elle avait malgré tout ma sympathie et mon respect. Elle a répondu à cela en même temps qu'aux autres questions.

 

Najat Vallaud-Belkacem : Merci beaucoup pour ce message de sympathie et de soutien.

 

Pour être honnête, le résultat a été très dur. A mes yeux, nous avions mené une très belle campagne. L'accueil sur le terrain et la reprise de nos idées par la plupart des candidats ne nous laissaient pas présager un score aussi sévère.

 

J'ai été d'autant plus émue par la dignité et l'émotion de Ségolène Royal que j'étais à ses côtés.

 

Au-delà de la déception, nous devons désormais nous engager corps et âmes aux côtés de François Hollande pour offrir aux Français l'alternance qu'ils méritent.

 

 

 

Paroles d'Actu : Comment vous présenteriez-vous en quelques mots pour qui ne vous connaîtrait pas ?

 

Najat Vallaud-Belkacem :

 

Sur le plan local :

 

Depuis mars 2008, je suis Adjointe au Maire de Lyon, déléguée aux Grands Évènements, à la Vie associative et à la Jeunesse.

 

J’ai également été élue Conseillère Générale du Rhône dans le canton de Montchat (Lyon 3e) : je siège depuis dans l’opposition de l’Assemblée départementale.

 

Sur le plan national :

 

Depuis 2007, je suis la porte-parole de Ségolène Royal.

 

En 2008, je suis devenue Secrétaire nationale du parti socialiste aux questions de société. Depuis j’ai travaillé sur des questions aussi diverses que les questions bioéthiques, le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, la mixité sociale et la lutte contre les discriminations ou encore les thèses du Front National et les réponses à y apporter.

 

 

PdA : Pour vous, c'est quoi, être "de gauche" ?

 

N.V.-B. : Être de gauche c’est être convaincu que l’action politique, lorsqu’elle est au service du bien commun et qu’elle respecte un certain nombre de valeurs fondamentales, a le pouvoir de faire progresser la société.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la gestion de l'État depuis 2002 par la droite ?

 

N.V.-B. : Les chiffres sont là et ils sont partout très mauvais.

 

Certains argueront qu’il y a eu une crise économique qui a fortement dégradé notre situation, mais il n’en demeure pas moins qu’elle a été très mal gérée par l’équipe en place.

 

Des mesures toutes plus injustes les unes que les autres, le bouclier fiscal, la recapitalisation des banques sans aucune contrepartie, la diminution aveugle du nombre de fonctionnaires, l’asphyxie organisée des collectivités territoriales...  le bilan n’est pas très glorieux. Sans compter un relâchement de la parole publique, notamment sous l’effet des coups de boutoir de la droite populaire, qui fait peser des risques lourds sur la  « cohésion sociale » dans notre pays.

 

 

PdA : Vous êtes très engagée sur les questions dites de société. Si la gauche l'emporte en 2012, quels sont pour vous les chantiers qu'elle devra impérativement lancer en la matière ?

 

N.V.-B. : De grands chantiers sont à mes yeux essentiels, ils ne coûtent pas nécessairement aux finances publiques mais permettent de faire progresser la société. Parmi eux :

 

- la question de la jeunesse de France : sa place dans les procédures décisionnelles, son sort en matière économique et sociale, sa réussite en matière d’éducation, sa diversité qu’il faudra enfin reconnaître.

 

- la question de la pauvreté : cf ma toute récente tribune dans le Monde : nous devons comprendre que ses formes ont changé et que nous sommes désormais dans une société de la précarité généralisée : il faut apporter des réponses notamment en termes de droits fondamentaux (accès aux biens essentiels, à l’énergie, au logement… ce ne sont pas des questions accessoires mais le cœur de ce que doit être une politique de gauche)

 

- le mariage et l’adoption pour les homosexuels car il est important de mettre fin à cette injustice et anomalie républicaine

 

- la mise en œuvre d’une politique volontariste de lutte contre toutes les discriminations, en particulier territoriales, car notre pays ne peut plus supporter l’existence de véritables quartiers de relégation en son sein.

 

 

PdA : À l'heure où les marges sont minces et où la question de la dette fait la une de l'actualité, la gauche de gouvernement peut-elle réellement se démarquer en matière de budget, et ne pas au fond laisser l'impression d'abandonner le socio-économique au profit du sociétal ?

 

N.V.-B. : À la tête des collectivités territoriales, la gauche a montré ses capacités gestionnaires.

 

Tout en contenant les déficits, nous avons été sur deux fronts :

 

- sur le front social, nous avons essayé tant bien que mal de pallier l’absence de politique sociale du gouvernement;

 

- sur le front économique, nous avons mis en œuvre des politiques pour encourager la compétitivité de nos territoires et de nos entreprises locales.

 

D’ailleurs, une économie locale dynamique permet de dégager des moyens qui peuvent être mis en partie pour le social et en partie pour la diminution des déficits.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui, dans votre esprit, rend la victoire de la gauche essentielle en 2012 ? Pourquoi la gauche doit-elle l'emporter ?

 

N.V.-B. : La gauche doit l’emporter ;  nos valeurs et nos acquis sociaux ont été trop abimés ces dernières années. L’abaissement de la France sur la scène internationale, le démantèlement de nos retraites, de notre Éducation nationale et de nos services publics, ça suffit ! Surtout, la Gauche porte un projet politique bien plus ambitieux que celui de la droite : plutôt que de se laisser sombrer dans la crise en imposant des cures d’austérité, investir dans des secteurs d’avenir, la croissance verte notamment, qui permettront enfin au pays de se redresser.

 

 

PdA : Finalement, quels sont vos arguments pour tous les sceptiques, les indécis ? Pourquoi faudra-t-il voter à gauche en 2012 ?

 

N.V.-B. : La gauche est bien consciente qu’elle n’a plus le droit de décevoir. Nos promesses sont mesurées et nos propositions sont financées. Contrairement à la droite, la gauche refuse de démissionner face à la toute puissance des marchés et compte bien instaurer une société plus juste et solidaire.

 

 

 

Je tiens à remercier de nouveau Najat Vallaud-Belkacem pour la gentillesse de sa réponse et l'intérêt de celles qu'elle m'a fournies ! Phil Defer

 

 

 

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Le site de Najat Vallaud-Balkacem

 

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Modification de la présentation de l'article le 8 juillet 2012, le 10 octobre 2012

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12

30 août 2012

Pierre-Alain Weill : "Redonner tout son sens au mot progrès"

75%. C'est le taux marginal supérieur auquel le candidat Hollande souhaitait, s'il était élu, taxer les revenus au-delà d'un million d'euros. Une mesure phare, retenue par le nouveau président de la République. Elle ne résoudra en rien le problème de la dette publique. Mais le symbole est fort pour la gauche au pouvoir : il y aura des efforts à faire pour redresser le pays, ils devront d'abord être assumés par les plus riches. La "justice", exigence fondatrice du "changement". La force du symbole n'échappe pas non plus à la droite. Mais sa lecture est un peu différente. La gauche enverrait un très mauvais signal aux entrepreneurs, à ceux qui voudraient créer de la richesse, des emplois en France. Une partie du patronat s'en inquiète également. D'ailleurs, cette gauche, celle-là même dont le nouveau leader disait jadis qu'il n'aimait "pas les riches", a-t-elle jamais aimé les entreprises ? Les caricatures mises de côté, qu'en est-il vraiment ? Élémént de réponse avec une personnalité au profil atypique. Pierre-Alain Weill, secrétaire national adjoint chargé, au Parti socialiste, des PME, du commerce et de l'artisanat est aussi... un chef d'entreprise. Je le remercie d'avoir bien voulu jouer le jeu en répondant à mes questions portant sur des sujets importants, dont celui, primordial pour notre économie, de la vitalité des petites et moyennes entreprises... Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PIERRE-ALAIN WEILL

Chef d'entreprise

Secrétaire national adjoint du P.S., en charge des PME, du commerce et de l'artisanat

 

"Redonner tout son sens au mot progrès"

 

Pierre-Alain Weill

(Photo fournie par M. Pierre-Alain Weill)

 

 

Q : 28/08/12

R : 29/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Vous êtes chef d'entreprise... et socialiste. Comment vivez-vous cette contradiction apparente ? En est-ce vraiment une, d'ailleurs ?

 

Pierre-Alain Weill : La droite se satisfait de l’état des choses et navigue en conséquence, la gauche cherche par la transformation le progrès. Pour « tracer la route », entraîner ses équipes, un chef d’entreprise doit définir l’objectif, le cap à attendre. À mes yeux le profit ne peut-être son seul objectif. Cela est d’autant plus vrai en temps de crise. Ce choix me semble donc bien cohérent. François Hollande s’est fait élire sur un programme, publié et chiffré. Il a expliqué aux Français son objectif, ce n’était pas le cas de son prédécesseur qui n’avait pas de programme, et peinait à défendre son bilan.

 

 

PdA : La droite et une bonne partie des entrepreneurs, du patronat ne cessent de dire que la mise en œuvre du programme économique de François Hollande serait dangereuse pour la création de richesses en France. Pourquoi dites-vous le contraire ?

 

P.-A.W. : Ce n’est pas l’avis de la CGPME, ni l’avis du cercle des jeunes dirigeants, qui représentent les petites et moyennes entreprises. Nous entretenons de bons contacts aussi avec les représentants des artisans. Concernant les dirigeant du CAC 40, si le programme de gauche leur semble plus contraignant, ils reconnaissent que, chaque fois que la gauche à dirigé la France, la croissance est revenue. Ils recevaient ce matin (le mercredi 29 août, date des réponses de M. Weill, ndlr) au Medef le Premier ministre pour que le travail à accomplir ensemble pendant cinq ans, ou plus, soit constructif. Notre volonté et nos propositions industrielles leur semblent intéressantes. Notre engagement de séparation des banques de dépôt et de crédit des activités plus spéculatives est semble-t-il ressenti par de nombreux entrepreneurs comme une mesure sage.

 

 

PdA : Vous êtes en charge au sein du PS des questions relatives aux PME-PMI. L'un des sujets les plus importants pour notre économie, de toute évidence... Que faut-il faire, d'après vous, pour inciter et aider nos PME-PMI qui le font trop peu à exporter ?

 

P.-A.W. : En France, le nombre des PME exportatrices est deux fois moins important qu’en Italie et quatre fois mois qu’en Allemagne. Ces écarts se sont aggravés puisqu’en dix ans de gouvernements de droite, 10 000 entreprises exportatrices ont disparu. L’appareil exportateur français est tiré par quelques très grands groupes multinationaux.

 

Le dernier point de ce triple constat n’est nullement une spécificité hexagonale ; en revanche, contrairement à nos voisins allemands et italiens, le renoncement au développement international est un mal français puisque 70% des primo-exportateurs renoncent à poursuivre leur effort d’implantation à l’export au bout d’une année. Nous devons simplifier l’accès aux information et aux aides. Mutualiser les projets export en repérant sur un même territoire des entreprises ayant des compétences complémentaires. Un projet à ainsi été couronné de succès dans la région Pays de la Loire en regroupant des chercheurs, industriels, des designers, des spécialistes de la commercialisation.

 

Il faut se concentrer sur les zones export à la portée des PME. Pour conquérir des marchés plus lointains, il faut associer par le portage des petites entreprises innovantes et des grand groupes mais dans un esprit de co-traitance plutôt que de sous-traitance. Le financement public devra se faire sous l’égide de la banque publique d’investissement qui verra le jour en 2013.

 

 

PdA : Quid de l'attraction d'investisseurs étrangers sur le sol français ?

 

P.-A.W. : La France est un des pays européens qui bénéficient le plus des investissements étrangers. Les critères principaux pour le choix des investisseurs sont la compétitivité hors coût, la qualité de nos infrastructures, les brevets et l’innovation. Sur tous ces points, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault souhaite donner une priorité. La marge de manoeuvre budgétaire est étroite du fait de la crise et de l’endettement accumulé.

 

Nous ne retrouverons pas les emplois perdus sans renouveler l’offre française à l’exportation. Il nous faut penser export à la conception des produits plutôt que de chercher à imposer à l’export des produits conçus pour le marché français.

 

 

PdA : Pour cette question, c'est surtout au chef d'entreprise que je m'adresse... Qu'est-ce qui, à votre avis, doit être fait pour favoriser le retour d'une croissance soutenue et durable en France ? Sur quels leviers jouer, hors ceux évoqués dans la question précédente ?

 

P.-A.W. : Comme chef d’entreprise je dirais 3 impératifs.

  • La formation, les métiers de demain doivent s’apprendre dès à présent. Il faut 5 à 7 ans pour former un jeune. Former des ingénieurs, donner envie aux plus jeunes de choisir ces métiers et, au sortir de l’école, convaincre ces jeunes ingénieurs de rejoindre des PME ou de créer leur entreprise.
  • Une nouvelle organisation de circulation de l’information dans les entreprises. Nous sommes très en retard.
  • Redonner le goût de la production, de l’innovation dans la façon de produire.

 

Cette crise n’est pas simplement une crise des subprimes ou une crise de l’Euro. Dans l’opposition, ces dix dernières années, nous avons travaillé à un nouveau modèle de développement plus social et plus durable. Pendant toutes ces années, nous étions dans les régions dirigées par la gauche au plus près du terrain, des entreprises, de leurs salariés. Nous avons beaucoup aidé, nous avons aussi beaucoup appris. Nous avions en charge la formation professionnelle, nous avons lancé des systèmes de financement et de cautionnements qui, en parallèle du systeme bancaire, ont permis à de nombreuses entreprises de résister. Nous devons continuer, aider à l’apparition de nouvelle filières, de nouveaux services, réfléchissant chaque fois au niveau le plus pertinent : Europe, France, région.

 

 

PdA : Que souhaiteriez-vous ajouter, Pierre-Alain Weill, pour compléter notre entretien et le conclure ? Merci infiniment !

 

P.-A.W. : Les objectifs à atteindre sont ambitieux, rien ne dit que nous allons réussir mais nous avons provoqué l’alternance et les Français nous font cette confiance. Si la crise ne facilite pas les choses, nous n’avons pas d’alternative, pas de conservatisme, pas de retour en arrière possible.

 

C’est un défi formidable et enthousiasmant à relever. Pour susciter l’adhésion à ces changements, nous devons montrer qu’ils sont justes. C’est ce qui a manqué dans les choix précédents. Nous devons redonner tous son sens au mot progrès.

 

 

 

Merci encore à Monsieur Weill pour ses réponses, très intéressantes ! Phil Defer

 

 

 

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Le blog de M. Pierre-Alain Weill

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

30 novembre 2011

United States : 2011, 2012... and beyond...

It has begun in the fall of 2003. A then 18-year-old student from France, I was reading about the California gubernatorial recall election. Not for my studies, but because of my longtime interest in the United States, its culture, its history, its political life, not to mention my interest for the English language, in large part thanks to my teachers. My readings drove me to notice that there were many candidates in this election. So many names which would never be really covered in the big media. Actually, there was not much more than a listing concerning those "small" candidates on the page I read (I think it was CNN.com). A listing... and, a link to each one's website... I decided to elaborate a questionnaire, and I sent it to many, if not all of them. As a political interest - who were they, what were they proposing for California ? As a personal challenge, too - were they going to comply, given I was going to publish them in French, on an amateur webzine, certainly not read by any Californian ? The answer was definitely "yes". I received many mails, and many of those candidates accepted to play the game. To be sure, none of them was either incumbent governor Gray Davis nor his successor-to-be, movie star Arnold Schwarzenegger. But they gave me some of their time. They told me about them, their ideas, some of them... pretty unexpected. And I appreciated very much. I became fully aware of the potential of Internet for who was open-minded, interested to know about other peoples.

 

This was the first act in my long journey with Americans through the Web. I've never been to the U.S. yet. But for the past eight years, I've had many contacts with some of its citizens. I wrote and sent questionnaires on Ronald Reagan (after his death in 2004), on the 9/11 attacks (the French text can be read here), on the 2004 presidential election. I'm still in touch with some of them. Other contacts include "small" candidates to the 2008 presidential election, who had the kindness to answer my probably overlong questionnaire. ^^ They all have my gratefulness, and I'm happy and proud to have had so many great, interesting contacts.

 

As time went by, other tools appeared. At first reluctant to enter the Facebook frenzy - actually, because of the frenzy - I finally surrendered. Facebook is a great tool to chat with the world. Another tool, for a different time. This one seems to be pretty grim for the United States. The world's lighthouse for most of the twentieth century now seems to be exhausted. Shattered by the crises it has faced for the past decade, strongly challenged by emerging powers in the global stage, its people seemingly divided, we hardly hear about an American dream anymore. In 1979, President Jimmy Carter told his audience about the "crisis of confidence" hurting the nation in his so-called "Malaise" speech. What about malaise now ? What's next ? One year to the next presidential election, I wrote messages on campaign pages for major candidates, including President Barack Obama, inviting those who'd be interested to receive my questionnaire. Actually, two questionnaires. There's a specific one for Ron Paul supporters... Donc ask me why... or ask me why if you want ! ^^ Here's what you say about it all...

 

Thank you so much for everything. For your answers, for your kindness. For our friendship, for some of you, as much as possible, I hope. This time, as a sign of respect to you, I'm publishing the answers to my questionnaire in English first. A less honorable reason : it takes a huge time to translate it all in French (often for rare, poor feedbacks). Since I want in no way to betray or cut any of your ideas, your words will be transcripted here the way you wrote them. For the next year, this article will be in permanent evolution. If you want to change anything, you're welcome. If you're reading it and want to answer my questions, you're welcome. Here's the end of my - oops I did it again, sorry - overlong intro. I'm sorry for any fault of english in it. You know this is not my real name, but my Internet signature remains the same. Now, the interesting part. No censorship, you'll notice fast... Merci, et bonne lecture ! Phil Defer   DOCUMENT

 

 

U.S.A. : 2011, 2012...

 

and beyond...

 

https://storage.canalblog.com/45/14/871067/70601697.jpg

 (Photo picked from : http://www.jazzhostels.com)

 

 

 

 

"BASIC" QUESTIONNAIRE

 

- Could you please introduce yourself in a few sentences ? What's important, or just interesting, to know about you ?

- What's your reading of the current state of the United States ?

- On a 1 to 10 scale, how would you rate Barack Obama's tenure as president ? The plus and the minus ?

- Next year, the election. Who's your candidate, and why do you think this candidate should be the next President ? What would you say to "sell" this candidate to your fellow American voters ? Are you gonna involve yourself into the 2012 campaign, if yes, how ?

- The bitter fight over the debt ceiling in the Congress, the rise of hardline voices from both sides strengthen the impression that bipartisan dialogue, negociation and compromise are less and less part of the culture in Washington. What do you think about that ? Do Democrats and Republicans have so little in common ? Is today's America, as President Lincoln said on a fundamental issue, "a house divided" ?

- From your point of view, what should be the priorities of the next President of the United States and the Congress ? How do you think they should be addressed ?

- Let's go further. How do you expect the situation of the U.S. to be in, say, 25 years, both internally and externally ? What will be the fundamental challenges the country will have to face ? And, how to face them so the American Dream remains alive - if you believe in any "American Dream" ?

- Last question. Actually, more what we'd call in France a "carte blanche". If you want to add anything about those topics, if you want to tell me about something completely different, if you want to share something with me... or anything else... it's up to you !

 

 

 

"RON PAUL" QUESTIONNAIRE

 

- Could you please introduce yourself in a few sentences ?

- In the most honest way possible, how would you rate Barack Obama's tenure (scale from 1 to 10) as President ? The plus and the minus ? Simply said, would you say the country's on the right track ?

- Categorization, sometimes, is not easy. How would you differenciate Paul from both the Tea Party and the Libertarian Party, which is likely to have a candidate next year ?

- It appears to me that Ron Paul seems close on many points to Ronald Reagan on the idea that, as the 40th President said, "Government is the problem". But with many major differences : Reagan was conservative on social issues, Paul is for large liberty. The differences are more obvious concerning foreign and military policy. Military expenses were very important under Reagan, they seem to be evil for Paul. Could you please tell me what you think of President Reagan, and how you explain those different views ?

- If you had to summarize Ron Paul's platform, what would you say ? Why do you believe so strongly in those ideas ?

- More specifically, what's your reading of America's current economic woes ? Do you equally blame Republican and Democratic administrations and Congresses for them ? What should be done by a Paul-led U.S. government to address them ?

- To what extent do you think the goals Paul and you share can be achieved ? Don't you fear, especially in the state of Washington's finances, and because of the political constraints there, that any Paul presidency would be doomed to disappoint and, more than that, to damage his ideological purity ?

- Liberty is an extremely important value in Paul's philosophy. What do you think should be its limits ? Maybe you have some differences with your candidate on the issue ?

- Ron Paul is a great orator and debater, with a true ideological constancy and many faithful followers. But he is far from being the frontrunner in next year's presidential election. What is the strategy of the campaign to win the Republican nomination ? How do you intend to help ? Do you believe he will get it ?

- What do you think about the 2012 Republican field ? Would Paul not win the nomination, could you imagine yourself supporting another candidate, Mitt Romney for example ? In such a case, would you tend to vote more for Romney or for the Libertarian Party candidate in the general election ?

- Now, imagine Ron Paul gets the Republican nomination. Imagine he faces Barack Obama on November the 6th, 2012. Given that Independents often decide of the winner with their votes, notably in "swing states", do you think a candidate with stances as radical as Paul would have any chance to win the election ?

- Finally, after all those words... why do you think Ron Paul should be the next President of the United States ? What do you like in the man, in the politician, what would you say to Americans so they vote for him to get the G.O.P. nomination and the 270 E.V. ?

- Last question... Not a question actually but a tribune, if you want to add anything to this interview. Or if you want to tell me about anything else you'd like to share.

 

 

 

ANSWERS

(CHRONOLOGICAL ORDER OF RECEPTION)

 

 

 

October 26

 

 

Sara P. (BASIC)

 

Ronald Reagan was an asshole who destroyed millions of lives by helping implement the Shock and Awe campaign under the direction of Milton Friedman... as did Maggie Thatcher. The difference being that Reagan did it in another country. Reagan implemented horrible economic policies that are elitist in nature and stepped back what people have been fighting for since there were people and governments --- equality.

9/11 was a conspiracy. Any building containing millions of dollars worth of gold (that was never recovered... ever) that falls to the ground as if demolished by a demolition company when it was never on fire, and in the same manner as the other buildings was not destroyed accidentally.

People don't want to believe their governments do horrible things. But seriously, Bush Jr. said there was a shadow government - it came right out of his mouth. Don't give me this shit that they didn't know. It's too ironic that drills were being run on the same day.
And isn't it ironic that drills be being run when London was bombed? Spain? Also Norway? Yeah... not buying their "terrorists" cover.

What else did you want to know about?

If you want an opinion from an "American" on stuff happening, it's all over the news on Occupy and it's all over Facebook.


This country's government has been a joke for the past 80 years. And it's had the same families running it for that time frame. It's not a coincidence, and it's not just in this government.

Peace, Nic. Hope you find what you're looking for...

 

 

After I sent her the link to this article... (Day of its publishing, two answers the day after, December the first)

 

Dear Nic,


Apologies for the long wait - I, like so many others, have so much going on in my life that it's hard to write.

Sometimes I imagine what it must have been like before the internet: the long process of delivery, and the trip across the Atlantic... Anyway. I have lately been really thinking about running for Congress in my district. It seems that we elect people who have been bought.

There is nothing wrong with the free market, there is only something wrong with the free market when it places a government of the people under an impairment. The purpose of government it to create rules that are fair to all the people. The age of question of consent amongst the governed must be addressed to the this point.

We are seeing so many uprisings that I have to wonder about the End-of-days Prophesies that exist in so many religions and cultures. Maybe it was more of the people rising up against those that take advantage too greatly upon the hospitality of the masses.

I'm grateful for what you've done. I think we can affect great change individually if we put our minds to it. Indeed, history has only proven this to be correct.

I can't predict what people will do - but I can predict what will happen based upon our actions now. We need to change our way of treating not only one another, but the things that sustain our life. Those two are directly linked together, too, by means of energy, and monetary value.

I want to take back my government from those in the free market who would enslave not only the market and government. I can only hope that there are those out there who are willing to stand with me (as I stand by them) in this effort to create a more perfect union.

Thanks again, Nicolas,

By Threes May it be Returned -
Sara

 

 

Then...



Could you please introduce yourself in a few sentences ? What's important, or just interesting, to know about you ?

I'm 33. Although I grew up roaming the woods and streams near Lake Michigan, in my latter years I have lived in a variety of different places across the United States and have spoken to people from all walks of life. I never attended University as I think it a sham. I think the whole education system is designed to do little in the way of producing thinking people, but more to do with producing mindless yes-men who do not think at all but to think of what they have been told to think: Obey...


What's your reading of the current state of the United States ?

The United States government is a bully and a thug. The people of the United States are puppets who don't even know they're on stage.

 

On a 1 to 10 scale, how would you rate Barack Obama's tenure as president ? The plus and the minus ?

I give Obama a 4. There are few issues in which I think the interest of the people is served; On the whole, however, he is as bought and paid for as the rest of "our" elected officials. I say "our" in the sense that as they do Not serve our public interest, they cannot be the public servants they were hired to be, but hold the people's will ransomed.


Next year, the election. Who's your candidate, and why do you think this candidate should be the next President ? What would you say to "sell" this candidate to your fellow American voters ? Are you gonna involve yourself into the 2012 campaign, if yes, how ?

I don't know who my candidate it. I have faith that there will be someone I can trust will not be there for the money, but to truly fight to regain a sense of why, exactly, government exists (though, to some, that may not be an exact thing).


The bitter fight over the debt ceiling in the Congress, the rise of hardline voices from both sides strengthen the impression that bipartisan dialogue, negociation and compromise are less and less part of the culture in Washington. What do you think about that ? Do Democrats and Republicans have so little in common ? Is today's America, as President Lincoln said on a fundamental issue, "a house divided" ?

On the contrary, Democrats and Republicans have too much in common and that is the problem. There is only a difference in the meaurable amount of destruction to the individual between them. That they both are guilty of destruction is not debatable. ... This whole thing about 99% to 1%... it's more like 80% to 20%. Republicans want an imbalance, but they recognize that this is Too great an injustice. Democrats seek to utterly wipe out the 1%. They don't even recognize how that doesn't serve even their interests. They are in the 20%, many of them, and they fight like dogs to climb higher. While they do so, they further that field and that affects millions and millions of people. The differences are somewhat great.

It's their likeness that are truly scary.

The people are not divided. They have only been taught by the politicians to focus on their differences. Occupy has grown because it celebrates the ways in which we are alike rather than how we are different.

 

From your point of view, what should be the priorities of the next President of the United States and the Congress ? How do you think they should be addressed ?

The priorities of the people are not making weapons and exporting them to other countries and fighting wars to attain resources. The priorities of this county are these:

***Creating/supporting sustainable energy - it's how we power business and education. It's a resource we have.

***Funding education that is not built upon the creation of wealth, but the creation of knowledge.

***Restoring a larger portion of production back to the people by disallowing products made through means that harm the people of the country it was made in and harms the environment. ...We are funding the profits of these corporations by not only allowing them to pay people less than their worth, but by polluting grossly the very things we need to live (not want): our air and water. We also do this at the expense of ourselves.

***Ending the Federal Reserve.

***Stop putting our fingers into foreign pies we don't belong in because the oil's good.


Let's go further. How do you expect the situation of the U.S. to be in, say, 25 years, both internally and externally ? What will be the fundamental challenges the country will have to face ? And, how to face them so the American Dream remains alive - if you believe in any "American Dream" ?

I don't know what the situation will be in 25 years. A lot can happen in 25 years. I would hope that those issue I just spoke of would be addressed.

 

Last question. Actually, more what we'd call in France a "carte blanche". If you want to add anything about those topics, if you want to tell me about something completely different, if you want to share something with me... or anything else... it's up to you !

Where we spend our money is what affects change. We can't legislate where others spend their money, but as a government, we can outlaw practices that are harmful to the consumers. That's the point of government. None-the-less.... don't buy stuff you know to be junk.

 

 

 

October 27

 

 

Marianne D. (BASIC)

 

Nice to meet you, enchanted. I am as old as your grandmother, but I live a young life. I have a large family and I raised excellent kids, so I am proud of my life. I live by the ocean and belong to Mensa. What is my read, not lecture. I think we are in trouble as is Europe. For some of the same reasons. I had hopes for Obama but he quickly disappointed me. Barack Obama is a 2 out of 10. He has moved the country toward Socialism and that is a travesty, we are not fated to be Socialist by the very nature of our Constitution: limited government, low taxes. If I want to add how dangerous he is we would grade him a minus. I like Santorum because he speaks his values, Cain because he is man of accomplishment, Romney because he is strong and knowledgeable, Gingrich because of his beautiful mind. Bachman because she serves a good cup of tea, anyone but Obama. I will end here because I'm sleepy and won't put the effort out that you deserve. I will do my part by keeping informed, extremely open-minded, to the point that if Obama can help this country I would not even fight his re-election. But that is so unlikely, he has done nothing right. Bon soir.

 

 

After I sent Marianne the link to this article, Nov. 30, here's her answer, same day...

 

My candidate is now Gingrich, he has been using his wits and not making blunders, that's what it takes to win this electon. The press is like a pool of sharks, they have no intenton but to shred any Republican candidate.

 

On the debt ceiling the clay feet of members of both parties is in strong evidence. We cannot literally afford to fail on this issue. Hopefully a new president will hold everyone's feet to the fire and yes, it will be painful. We are so polarised it is a house divided, one side does not venture into the publications, literature, media of the other side. I think Gingrich has the right priorities, God is in control of this country and that concept is paramount to our success. I agree with all his points, especially his emphasis on American exceptionalism. I agree we should be celebrated, and not go around apologising to the world for our existence. Repeal Dodd-Frank and try to erase everything those two have ever done.

 

 

 

October 30

 

 

Lannie M. (BASIC)

 

My name is Lannette and I am an elementary school teacher. My husband Jim works in the security field of computers. We are both registered 'republicans.' We respect the office of the president of the USA but we do not respect, nor support our current president. There are many like us here, our media is biased and you will not hear of it.


We believe the USA is a great country, and in serious trouble. You can call us believers in the tea party. We are not the radicals as our media portrays us but are taking a stand in what we believe. We basically believe we have been taxed enough. We believe that the principles on which our country was founded have been lost. WE do not want a larger government, we believe the money we work for is ours to do with as we see fit. We will gladly pay taxes, but when they keep rising, it's time to take a stand. Enough is enough. We do support various charities, we do not believe that people who do nothing to support themselves should be rewarded with entitlements. We DO believe in helping people who do try and help themselves but are in difficult situations. We have morals, Christian beliefs and values and honor what we say, and follow through with what we do.

 

We would both rate Barack Obama as a 1. Again, we do not believe in his ideals and strategies on what made this country great. We will both be involved in him NOT being reelected again-a 1 term president. I can't tell you one thing that we believe our current president has accomplished on a positive note. We have been called racist, and bigots because we do not agree with our current president. We do not care what 'color' the man is, we do not agree with his policies. There has been much talk that our economy will collapse due to the frivioulous spending of our 'leaders.' Jobs are difficult to find, unemployment is the highest it's been in years, prices are going up and up with no end in sight. Honestly, we believe things will get worse before it gets better. Our faith and confidence is not in 'man' but our God.

 

We do believe in the American Dream-people have lost what that means when we can't work and pay for basic necessities. We believe that we have opportunities to find our own energy and should be supportive of our own people first. I would agree that our country is a house divided right now. It's sad that agreements can't be made. We call it the 'game' of politics and big money. Our government doesn't care for the people anymore.


My husband favors Mitt Romney right now. Personally I like Newt Gingrich as a candidate. At this point, we will vote for anyone that runs as long as they go back to the same principals of our forefathers. Those who started our country. We would like our next president to work on our economy. It is horrible right now. Our national security is also at risk. We welcome people to come here, as long as they follow our laws to do it.

 

I tried to be basic. I guess to finish, we are saddened that our current situation has become an argument between the races instead of what is right. We are still proud to be Americans. I wish we could speak in person as it's much easier to know us than to make an opinion of us through words. Until then, I'd be happy to help you further if you so desire.

 

 

After a message from me in which I tell her about the vision we often get in France about the "tea party"...

 

I'm not at all surprised at what you hear about the Tea Party. I have a good friend who lives in Mexico and she was under the impression that the majority of Americans are supporters of Obama, due to their own Mexican media. This is far from the truth! There are many, MANY who are like us.


I would tell you that the now protesters on Wall Street are more radical than the tea party protests ever were. This unfairness is exactly what makes us so angry! We can not even have a discussion with any who support Obama as we are immediately called racists! My own daughter is a minority in this country! My husband and I are not closed at all, nor are our friends, we can discuss and present facts and proof on what we believe and why we believe so. If you watch the 'Accomplisments of Barack Obama' page on facebook, you will see that comments against the current presidents policies are deleted or countered with name calling! I have never in my life seen so much anger among the people against our current government. It is a scary time for us. I do believe it will get much worse before it gets better.

 

 

 

Andrew H. (RON PAUL)

 

I'm a senior at Sparkman high school. I live in Alabama. I've been interested in politics and the economy for about two years now. I consider myself a conservative, but after studying Dr. Paul and his ideals i would say i'm more of a libertarian.


I would give Obama like A 2-. The only reason he has that high is because he got Osama Bin Laden and Gaddafi and I have to give him some credit there. Other than that, I feel like he's done terrible on the economy and his foreign policy is horrible. I didn't even agree with going after Gaddafi mainly because I don't feel we should interject ourselves in other countries affairs, although my heart goes out to the people of Libya and their suffering. No, the country isn't on the right track, in my opinion, and Obama hasn't done much to turn it around. And umm, I'm not really educated on Reagan and his policies, so I couldn't really comment on that.


I agree so strongly with Dr. Paul because I don't think that the government should be as big as they are. Everything the government interjects itself in slowly because more expensive or worse, or both. The people of America should be totally free to make their own decisions and accept responsibility of their actions. We don't need the government to force us to buy health care, or tell us what substances one can or cannot put in its body, or if women have to have a child or abort it. Although I am pro life and believe life is incredibly important, it's not the government's choice to make that decision.


I think our economic woes is too much regulation and taxation on businesses. Let the free market work it's course. Get government out of health and let the people of America buy private health care if they want. Get the government out of student loans, because students can easily get federal loans, so of course the prices of college goes up. If you stop the loans, then the market will regulate the prices down to a sustainable price that the people could afford. Lower taxes and less regulations. Give companies tax cuts if they hire workers who have been unemployed for and extended period of time. Abolish the federal reserve, they have devalued the dollar and it is unconstitutional. Go back to sound money ad the gold standard. Stop taxing the people so much. If we have more money to spend, businesses receive more income and can therefore hire more workers and the likes. And yes, republicans and democrats and congress are all to blame. This is the build up of many years of bad policies.


I think liberty should be limitless as long as you don't harm anyone or anyone's property or do any damage to other people and their family, etc. I don't necessarily like legalizing all drugs, but I understand that it puts to many people non violent criminals in prison, which comes form the taxpayers pockets, and we've spent a trillion dollars on the drug war and it is a complete and utter failure.

 

The strategy of spreading the word of Dr. Paul is mostly grass roots by word of mouth from supporter to undecided, because of the media black out. The message of Dr. Paul needs to spread by his supporters. I talk about Dr. Paul all the time and tell all my friends about his message. And yes, I believe with all my heart and soul that Dr. Paul can get the republican nomination. His supporter base is ever-growing, and once you believe in Dr. Paul you don't switch to anyother candidate. He holds on to his supporters because his message is true and he's and honest man of integrity and doesn't change his viewpoints.

 

If Ron Paul doesn't get the nomination, I honestly don't know who I would vote for. I guess Herman Cain would be alright, and Gingrich is okay. I'm not really a fan of Mitt Romney, myself. I would vote for Ron Paul hands down if he was the libertarian candidate. I guess it would depend on who was running.


I think that he could win. In a few polls, he's been very close behind Obama if not ahead. Unless Obama pulls of miracles within the next year I don't think he has a chance to win. People will be so sick of Obama I hope they would vote for Dr Paul. But we cannot rely on that. Hopefully by that time, people will come around to his message.

I like his message of liberty and his knowledge of the constitution and his knowledge of Austrian economics. I feel like he's an honest man and he means he says. I feel he's the best man for the job, based on what he says and his voting record as a congressman. And I wouldn't say anything specific thing. I would explain his ideals and why they are important and why they would help us as a society.

 

 

 

October 31

 

 

David C. (RON PAUL)

 

In the most honest way possible, how would you rate Barack Obama's tenure (scale from 1 to 10) as President ? The plus and the minus ? Simply said, would you say the country's on the right track ?

I would rate Obama's tenure with a 3/10. I judge him harder because of the promises he made during the 2008 election. To start with the positives, he supported the end of "Don't Ask, Dont Tell" which was a major civil rights issue for me. He also has made it clear that he doesn't support the Defense of Marriage Act, which I'm extremely opposed to.

A few of the issues that bother me about Obama is the people he's included in his cabinet and not ending the war in Afghanistan while also being involved militarily in Libya, Yemen, Syria and Pakistan. I believe a president should seek congressional approval before joining major conflicts. The same issue happened with Bush before invading Iraq. He cared more about the approval of the United Nations than his own congress. As for Obama's cabinet, it's filled with so many Wall Street and Federal Reserve sympathizers that it's no wonder the bail outs went through. Bush had the same kind of cabinet. They're one in the same.


Categorization, sometimes, is not easy. How would you differenciate Paul from both the Tea Party and the Libertarian Party, which is likely to have a candidate next year ?

I honestly think of Ron Paul as a Libertarian. The only reason he runs as a Republican is because its the closest of the two major parties to his ideals. The two party system is a shame. All you have to do is follow the money and you'll see who props up both parties. Look up the top donors for McCain and Obama in 2008 on opensecrets.org and you'll see the same companies. The big banks, insurance companies and the military industrial complex. That's who runs the politics of this country. Ron Paul would be a fool not to run in the Republican primaries, it's the only way to get his voice heard.

It appears to me that Ron Paul seems close on many points to Ronald Reagan on the idea that, as the 40th President said, "Government is the problem". But with many major differences : Reagan was conservative on social issues, Paul is for large liberty. The differences are more obvious concerning foreign and military policy. Military expenses were very important under Reagan, they seem to be evil for Paul. Could you please tell me what you think of President Reagan, and how you explain those different views ?

I believe Reagan and Obama are very similar in that they ran on ideas that excited the people but then fell through on them. Reagan wanted to end the Department of Education, among other departments, at the beginning of his presidency. I think a lot of the issues we see today in the Middle East can be directly tied to Reagan. Whether it was supporting Afghanistan against Russia or both sides of the Iran-Iraq war, which killed millions of people, to overthrowing nations in Central America, Reagan was not the small government minded individual people credit him as being. If you look at our national debt, it doubled during his 8 years. As for Ron Paul's view on liberties, people seem to have him confused for this pro-drug/prostitution radical but all he's really saying is that he believes in state's rights. End the DEA which wastes billions of dollars and hasn't made a dent in the nation's drug use. Let's the states compete with ideas. If one outlaws abortion and is for capital punishment, let another state have the exact opposite stance and have the people decide where they want to live/what is right.


If you had to summarize Ron Paul's platform, what would you say ? Why do you believe so strongly in those ideas ?

If I had to summarize Ron Paul it would be he believes in the common phrase, "live and let live". Live your life the way you want to and don't infringe on other person's life. It means laws that protect people's rights, not nation building and taxing the entire country by bailing companies. It's to believe in a free market with respect to people's rights to Unions to stand up to corrupt corporations. Let the market/people decide on what is right. Nothing should be too big to fail.


More specifically, what's your reading of America's current economic woes ? Do you equally blame Republican and Democratic administrations and Congresses for them ? What should be done by a Paul-led U.S. government to address them ?

Yes, I believe both parties are at fault because they no longer have the control of our currency so don't feel the need to have a balanced budget. 14 trillion dollars of debt didn't happen because of one political party. It happened because we live beyond our means. Militarily, we're spread thin throughout the world. At home, over 40% of our debt is to social programs that mean well but aren't sustainable. It also doesn't help that the Federal Reserve is sending trillions of dollars to banks throughout the world behind everyone's back. In a Ron Paul presidency I see the Federal Reserve slowly dissolving while a new currency is issued that is actually backed by something real instead of just printed out of thin air. I also see a major portion of our military bases being closed and major departments like the Department of Education, Energy and Commerce being slowly dissolved as well. Drastic changes are needed during drastic times. The idea of more moderate politics isn't going to fix anything, and I'm betting we'll see the national debt reach 20 trillion in the next 5 years.


To what extent do you think the goals Paul and you share can be achieved ? Don't you fear, especially in the state of Washington's finances, and because of the political constraints there, that any Paul presidency would be doomed to disappoint and, more than that, to damage his ideological purity ?

I don't see a Paul presidency as all sunshine and rainbows. But I can't imagine what will happen at our current pace. This debt will never be paid off. Not even the interest alone on the debt will be paid off if we don't do something. For anyone who wants an easy way out of this, they're living in a pipe dream. I believe more than anything, there will finally be some honesty in the White House on what is really going on in this world monetarily and with our foreign policy. The majority of the time I talk with strangers about where this country is going, they have no clue how fragile it is, how far removed we are from this free and prosperous country that everyone preaches about.


Liberty is an extremely important value in Paul's philosophy. What do you think should be its limits ? Maybe you have some differences with your candidate on the issue ?

As long as it doesn't hurt anyone else, I believe you should be able to do whatever you want. I have certain things that Dr. Paul and I wouldn't agree on. He's extremely pro-life while I believe abortion is a civil rights issue and the only law that should be in place is not having abortions after being pregnant for 8-9+ weeks. He's also not for the use of drugs while I honestly think of some drugs as medicinal that shouldn't be used recreationally but can very beneficial under the right circumstances. He was asked once about his views on evolution and he said it was just a theory that he didn't agree with. I see evolution as one of the most important ideas we have as humans, whether it be our humility to respect one another or respect every life form, it is the quintessential idea that says that we're all connected. I'm also agnostic and a vegan so there's two more differences we have.


Ron Paul is a great orator and debater, with a true ideological constancy and many faithful followers. But he is far from being the frontrunner in next year's presidential election. What is the strategy of the campaign to win the Republican nomination ? How do you intend to help ? Do you believe he will get it ?

I think the best strategy is continuing to donate to his campaign, tell everyone you know about his views and organize heavily in the early primary states of New Hampshire, Iowa and Nevada. The majority of Americans are against the wars and the bailouts, yet most of the Republican candidates and Obama support them. It doesn't add up, and it's our job to continue to show people it doesn't have to be like this. I honestly believe he can become the president, maybe not by winning the GOP primaries but as an independent anything can happen.


What do you think about the 2012 Republican field ? Would Paul not win the nomination, could you imagine yourself supporting another candidate, Mitt Romney for example ? In such a case, would you tend to vote more for Romney or for the Libertarian Party candidate in the general election ?

I couldn't vote for any of the other candidates besides maybe Gary Johnson or if Dennis Kucinich ran against Obama. I'm just hoping Dr. Paul will run as an independent. I can't imagine how ugly the Democratic and GOP conventions will be next year. This Occupy Wall Street movement is just a taste of things to come.


Now, imagine Ron Paul gets the Republican nomination. Imagine he faces Barack Obama on November the 6th, 2012. Given that Independents often decide of the winner with their votes, notably in "swing states", do you think a candidate with stances as radical as Paul would have any chance to win the election ?

Numerous polls have already shown that Ron Paul matches up with Obama. So yes, they match up very well.


Finally, after all those words... why do you think Ron Paul should be the next President of the United States ? What do you like in the man, in the politician, what would you say to Americans so they vote for him to get the G.O.P. nomination and the 270 E.V. ?

I think Ron Paul should be president because the system is corrupt. From the bailouts, to endless wars, to 14 trillion dollars of debt and a dollar that has dropped 96% since the enactment of the Federal Reserve, people are sick and tired of this unsustainable government. Where is the honesty? Where is the urgency? Doesn't anyone see how far removed we are from the country we were raised to believe in? In what dream world are we now the moral compass of this world ?

 

 

After he reads the article, David tells me "I've noticed a trend in the people who don't vote for Ron Paul (they don't have any specific complaints about their government)." (30/11/11)

 

 

 

November 1

 

 

Sam J. (RON PAUL)

 

My overview of the situation of the 2012 election is that Ron Paul is the only one with a strong enough conviction to be a President. When I listen to him debate the other candidates he sounds like the only adult on the stage. Mitt Romney, Herman Cain are the new "front runners" according to most major news sources. However when you really examine them they are just greedy men looking to benefit themselves first. Mitt Romney has $250 million in the bank, Herman worked for our private central bank, the Federal Reserve. They would both just use the POTUS position to continue make laws that benefit them. They offer no real conviction or record to run such a high position. We need a statesman like Ron Paul. Since the Bush Presidency there has been an erosion of civil liberties and increase on a police state. There is an oligarchy that controls this country by feeding of the population of the world. We pay taxes for rich men to spend, often benefiting them. When Ron Paul says he will get rid of the Federal Income Tax he means it and he will get it done. However, Herman and Mitt would just continue to print and spend money, and continue making laws to help them make money. Ron Paul has a lot of experience dealing with the Federal Reserve, he understands Austrian Economics, and he lives his life by a set of unwavering principles. He is truly a revolutionary figure who will be remembered by history as one. The United States Constitution is the most sublime government contract ever conceived by a group of men. However some of the top officials break that contract of small government and liberty; sometimes in the name of bringing more security and safety from a foreign group, sometimes to keep you "safer" from internal dangers. Big government which we have now can only run by tricking the masses into supporting it. If we all had our freedom and our money back we could survive better without supporting this huge government and their wars.

 

 

 

Reggie C. (BASIC)

 

Could you please introduce yourself in a few sentences ? What's important, or just interesting, to know about you ?

Hi Nicholas, I am 26 years old, I have a degree in Business Administration. I am a bar manager living in Worcester, Massachusetts.


What's your reading of the current state of the United States ?

The deregulation that has been passed by congress over the last several years has caught up to us and hurt the world economy. We have no system to take big corporate money our of our politics. Candidates need big money to run for office. The money comes from the big corporations and then the laws are passed to benefit the companies not the people.


On a 1 to 10 scale, how would you rate Barack Obama's tenure as president ? The plus and the minus ?

I would give Obama a 7 out of 10. I think he has done a good job in foreign policy. I like that he is ending the Iraq war, I think finding and killing Bin Laden was a good thing for the world. I like the way he handled Libya and the entire Arab Spring situation. He bailed out the American auto industry and they are slowly recovering, so we will continue to build cars in America. He passed health care legislation so insurance companies can no longer deny coverage for pre existing conditions or cancel your policy just because you are ill. Many want to blame Obama for the economy, but you can't take a hit like we did from the Wall Street mess and not feel it. I give Obama 7 because I would like to see more investigation of why the large financial institutions were allowed to make a casino game out of the mortgage market. I would like to see more regulations put on the financial institutions that caused this mess so we know that the system is fair and this can't happen again. I would take more points of Obama but gets no cooperation from the Republican congress. They don't want to see any success for Obama and they do not care if this harms the Country. They like to brag that they are the. "party of no".


Next year, the election. Who's your candidate, and why do you think this candidate should be the next President ? What would you say to "sell" this candidate to your fellow American voters ? Are you gonna involve yourself into the 2012 campaign, if yes, how ?

I will vote for Obama. I will donate money but that will be the extent of my involvement.

 

The bitter fight over the debt ceiling in the Congress, the rise of hardline voices from both sides strengthen the impression that bipartisan dialogue, negotiation and compromise are less and less part of the culture in Washington. What do you think about that ? Do Democrats and Republicans have so little in common ? Is today's America, as President Lincoln said on a fundamental issue, "a house divided" ?

The Republicans aren't shy to tell the American people that their number one priority is to get Obama out of office. The President has tried to work with Congress but they refuse to work with him and admit that is their plan. Obama has introduced legislation that the Republicans have pushed for in the past but they now reject it because it is from him. Obama's health care plan is very similar to what Bob Dole (ran against Bill Clinton - 1996 election) proposed for a solution to our health care problem. Mitt Romney passed the plan as a republican solution in Massachusetts. Obama pushed for the current plan instead of a single payer plan to appease the Republicans.

 

 

I send her a message saying the Obama supporters haven't constituted a majority of responders to that point


I think (maybe a better word is hope) the Obama supporters are a little less vocal on Republican candidates Facebook pages. I am on the pages a lot as I find it very interesting how people can support candidates who are for policies that will hurt these very same people who support them. The Republican candidates use this pro gun, pro life, anti illegal alien mantra to convince people to vote for them. Then these same Republican elected official spend the bulk of their time trying to gut social programs and get rid of taxes on the wealthy. People who benefit from what Obama is trying to accomplish want to replace him with someone who wants to raise their taxes and cut their social programs and they are for it because they have been told that a wall is going to be built on the Mexican border. It is a fine example of marketing. You can sell people anything.

 

 

 

Anthony T. (BASIC)

 

Could you please introduce yourself in a few sentences ? What's important, or just interesting, to know about you ?

My name is Anthony T. and I am a Veteran. I have just been seperated from my wife, We have two children that I love dearly and they are both girls. I am a very honest and forth comeing person and it is interesting to know that I one day want to start a non-profit organization to help African Americans.


What's your reading of the current state of the United States ?

I believe that America will be OK. it seems to be a lot of talk about how to solve America's problems and I believe if our political leaders as well as the citizens work together then we would be in much better shape.

On a 1 to 10 scale, how would you rate Barack Obama's tenure as president ? The plus and the minus ?

I would rate him a 10 and it's not because he's an African American.

Next year, the election. Who's your candidate, and why do you think this candidate should be the next President ? What would you say to "sell" this candidate to your fellow American voters ? Are you gonna involve yourself into the 2012 campaign, if yes, how ?

My candidate is Barack Obama. He is working very hard to solve problems that are no so easily fixable, I believe he gives effort to his position as President. I would say choose wisely and fairly and that the choice is not a hard one to make, and that most republican candidates seem to be unfocused on doing the things it would take to get the country back going. Yes I will involve myself, I plan on volunteering in anyway that I can.

The bitter fight over the debt ceiling in the Congress, the rise of hardline voices from both sides strengthen the impression that bipartisan dialogue, negociation and compromise are less and less part of the culture in Washington. What do you think about that ? Do Democrats and Republicans have so little in common ? Is today's America, as President Lincoln said on a fundamental issue, "a house divided" ?

There seems to be no compromising between parties, I sincerly believe that it's partially a racial thing and partially a difference of opinions. Yes I do believe that America is divided.

From your point of view, what should be the priorities of the next President of the United States and the Congress ? How do you think they should be addressed ?

Entrepreneurship should be at the top of the list, everyone is talking about jobs but how can every person have the same job. There is hardly any growth in Small Businesss. The problems should be addressed by finding ways to stimulate Americans to become entrepreneurs and focus on a better method of how to Educate young and older Americans.

Let's go further. How do you expect the situation of the U.S. to be in, say, 25 years, both internally and externally ? What will be the fundamental challenges the country will have to face ? And, how to face them so the American Dream remains alive - if you believe in any "American Dream" ?

Honestly I have enough problems on my own and enough on my plate thinking about where my kids and I will be in 25 years, so I will pass on that question. I think that the fundamental problem that Americans face is Race relations and I hope it is addressed appropriately. There is an American dream but because of the difficulty that African Americans face, I believe we can as African Americans achieve it but it is very tedious.

 

 

After I ask Anthony about the wars he's a veteran of, and the way he's considered as a veteran in the U.S...

 

I will have to say that it is a great thing to serve your country, but I would have to say that being a Veteran has been hard after serving, it is difficult to deal with the VA. I have been many places Saudi Arabia, Bosnia, Germany, ect. Yet getting help is very hard for me, but I suppose things will work out.

 

 

 

November 4

 

 

Tom R. (BASIC)

 

Hi Nicolas. Here are my initial answers. Please let me know if you need anything clarified, or developed further.


Could you please introduce yourself in a few sentences ? What's important, or just interesting, to know about you ?

I’m just an average American who lost all the money he had saved from working for 20 years when I lost my job at a polyester polymer manufacturer at the end of 2006. I run my own business, which is struggling terribly as the Depression continues. I’m a massive sports fan, especially football (soccer), Formula One, ice hockey, baseball. I used to love cycling, until it was overrun by doping scandals. I’m not married but I enjoy the company of women. I cook dinner for myself, my brother and his wife, and my mother every day. I enjoy baking sweet things.


What's your reading of the current state of the United States ?

It’s sad, the current state of the United States. This could have been an amazing country, almost a paradise on earth, given its tremendous natural advantages (e.g. friendly nations on its north and south borders, oceans to the east and west, varied climates, abundant fertile soil, etc.) Instead, it has become a paranoid, frightened faded power, controlled by a very small minority of extremely wealthy people, who have no genuine idea how the world works and is chiefly concerned with amassing more and more wealth, at any cost to people in any country of the world. Our Congress is beholden to corporate interests, and it has alienated the masses of the American people who were supposed to be represented by Congress.


On a 1 to 10 scale, how would you rate Barack Obama's tenure as president ? The plus and the minus ?

3. Obama didn’t fool me with his “Change you can believe in” crap. He had a record in the Senate as a middle-of-the-road, corporate Democrat, who accepted plenty of campaign donations from the finance, real estate and insurance industry donors. He lied about closing Guantanamo Bay, he expanded the insanely stupid war in Afghanistan, he kept on fighting the insanely stupid war in Iraq, he took sides in the Libyan war for no good reason, he supports capital punishment, he opposes equal rights for homosexuals, he supported the ridiculous Farm Bill, he has perpetuated the U.S.’ blind support of Israel, even as it pursues policies that frustrate the peace process and deny the humanity of the Palestinian people.


Next year, the election. Who's your candidate, and why do you think this candidate should be the next President ? What would you say to "sell" this candidate to your fellow American voters ? Are you gonna involve yourself into the 2012 campaign, if yes, how ?

I am a member of the Green Party. I have been since 2000, when I realized that neither the Democrats nor Republicans gave a damn about working people, they were only interested in helping the already wealthy to amass more money, and to pursue the same idiotic policies that made so much of the world hate the U.S. I will either support the Green Party’s candidate, or whichever 3rd-party candidate best supports my beliefs, be it a Socialist Party candidate or someone else. I won’t support the Democratic Party anymore. It has failed.

 

The bitter fight over the debt ceiling in the Congress, the rise of hardline voices from both sides strengthen the impression that bipartisan dialogue, negociation and compromise are less and less part of the culture in Washington. What do you think about that ? Do Democrats and Republicans have so little in common? Is today's America, as President Lincoln said on a fundamental issue, "a house divided" ?

Don’t be fooled by that little charade. Democrats and Republicans agree on so many things, it’s absolutely ridiculous. The disagreements are minor, usually at the fringes. The fight over the debt ceiling happened in part because the “Tea Party” wing of the Republican Party didn’t understand what raising the debt ceiling actually meant. Those people thought that if we refused to raise the debt ceiling, we’d somehow be conducting our affairs in a more honest way. In actual fact it didn’t matter much that we raised the debt ceiling, because as a country, we haven’t come to the decision that we should pay for what we have now, instead of deferring that cost to our children and grandchildren. We’re a nation of spoiled brats, and it’s a damn good thing we don’t have to storm the beaches at Normandy and Omaha today, because we wouldn’t be able to pull it off. America today should replace its flag with a picture of the dollar bill, because that’s what this country is about: the all-encompassing pursuit of wealth.

 

From your point of view, what should be the priorities of the next President of the United States and the Congress ? How do you think they should be addressed ?

For far too long, the political class in the U.S. has been captured by the already wealthy. It has been obsessed with policies that served to make the already wealthy even wealthier. The next president of the U.S. needs to understand that for too long, the U.S. has been about pursuing an agenda that only really benefited those who already had more of everything than the masses of the people. Whether it is allowing oil companies access to lawmakers crafting our energy policy, or always bowing to the Israel lobby on policy in the Middle East, or perpetuating the system whereby the workers are crushed with health care costs, bank fees, continually rising prices, etc., while the already wealthy get even wealthier, the next president needs to understand that the world is changing, and the U.S. will be passed by if it continues to pretend that the world is how the already wealthy perceive it, as opposed to how it actually is.


Let's go further. How do you expect the situation of the U.S. to be in, say, 25 years, both internally and externally ? What will be the fundamental challenges the country will have to face ? And, how to face them so the American Dream remains alive - if you believe in any "American Dream" ?

There is no “American Dream”. That is one of the fantasy stories we tell children so that they won’t lose their minds until they’re in their 20s, and they start to understand the lies and myths they’ve been told all their lives, and begin to understand the real role the U.S. has played in the world. I despair every day for the state of the U.S in 25 years, when my very gifted and intelligent niece will be in her supposed prime. We have so failed her, and her friends, it’s atrocious.


Last question. Actually, more what we'd call in France a "carte blanche". If you want to add anything about those topics, if you want to tell me about something completely different, if you want to share something with me... or anything else... it's up to you !

I chose to respond to your questions because I felt that your initiative was precisely what the World Wide Web was supposed to be about: Normal citizens wherever they may live, breaking down the barriers that once existed between us, so that we started to act as citizens of one world, as opposed to this country or the other. I have so much respect and admiration for France, how its workers have remained strong and how you have tried to remain relevant in a world dominated by the arrogance of the U.S. I still watch the Tour de France mostly to see not just the natural beauty of France, but the creativity of its people who sometimes create novel ways to welcome the race to their little villages. While France has done good things and bad on the world stage, much like the U.S., I hold out hope that the U.S. can learn from France’s experiences, and maybe we can help each other to navigate a rapidly changing world, drawing on our histories, the values we hold in common, and our hopes for a better, more peaceful and less-contentious world as the 21st Century plays out.


If there is anything I said that you did not fully comprehend, or if you wish to pursue these or any other questions, please do not hesitate to contact me. I am but one voice in 300 million, but I very much appreciate your effort to reach out across the many miles to engage me in thought about such matters of importance. I applaud your initiative, and I hope that you get a great many people to answer the questions you have posed.


Best regards.
Forza France!

 

 

After I asked him about a possible Ralph Nader candidacy in 2012...


As much as I love Ralph Nader (I voted for him in 2000, 2004 & 2008), I believe he deserves a rest, and I don't believe I would vote for him in 2012. For someone whose politics are so left like me, the choices in America are generally poor. This country is about wealth and preserving the status quo, even if it means pursuing the same failed policies which we're now seeing rejected in places like Egypt, Palestine, and Occupy Wall Street.


I'm sure you've seen the news that the "Supercommittee" has failed to achieve a deficit reduction agreement. No big surprise there. The Republicans will not risk doing any deal that might make Obama look good, and the Democrats get to pretend like they're looking out for the interests of the common working American without having to make any agreements. Our system needs something like an invasion from Mars to shock it back into reality. People need jobs, and need to have a chance to enjoy their lives while they are still alive. It's all there in the Preamble to our Constitution, only no one truly believes that stuff anymore. It's all about corporate profits.

 

 

 

November 6

 

 

James C. (BASIC)

 

Hello Nicolas, thanks for your interest. To begin, I'm a citizen of the United States who was born, raised, & has lived in the Midwestern state of Illinois for all of my 44 years. As a Midwesterner, I value hard work & independence. I eventually moved to Chicago to become a High School World History teacher. Married for 16 years, no kids, a homeowner, I guess you'd say I'm just a typical American guy in my interests: reading a lot, biking, following pro-sports teams like the Chicago Bears & White Sox (though I have acquired a taste for international soccer), going to bars & music concerts, etc. At the same time, because of my job & personal financial situation, I've been able to travel around the world & see things most people in America aren't able to see.

 

The current state of the United States is poor in some areas yet rich in others. Socially, we are a nation obsessed with getting rich & being famous. I consider this to be a weakness of our culture that manifests itself in what we see, hear, & do. Politically, we see a divided electorate. Our diplomacy has collapsed for reasons I'll explain later. We do have some strengths; we are an incredibly inventive nation with some good fundamental values that we ought to return to.

 

For 2012, I'll be voting for President Barack Obama. I am a member of the Democratic party, so I would say that my views are closely aligned with his. I was a strong supporter of the President in 2008; I guess I'd say I'm less so today. If I had to convince another to vote for President Obama I'd say that fundamentally, he has worked hard to benefit the ordinary American in such areas as education, health care, & job creation. Not all of his initiatives have worked, but I'd argue that they were preferable to the alternative Republican prescription for what ails us. Mainly, I'd argue that the alternative side suffers from a bankruptcy of ideas to such an extent that the ideas they are left with (tax cuts/less government) would only reinforce and exasperate our problems.

 

1-10 scale: a 7 for Obama, and remember that 7 on a 10 scale would be only a 70% or a C- on the American system of grading. An AVERAGE President at best. While he has worked very hard to accomplish a number of objectives, he has failed to inspire America in the way that I thought he would. From my perspective, the greatest weakness has been his propensity to continue standard American foreign policy of the post-World War 2 era. I voted for Obama in 2008 largely because he convinced me that he would change our direction of repeatedly interfering in the affairs of other nations. Instead? We see more of the same...bombs over Libya, more troops in Afghanistan, more $ for dictators. When there has been change, it seems to have been forced upon him to such an extent that he is leading from the back of the parade. The Arab Spring is a perfect example of that; only after it was clear that change was inevitable did the Obama administration jump on the bandwagon to pull the rug out from under our "ally" Mubarak. The only good thing I've seen in this area is his announcement that we'll be leaving Iraq & his efforts to reduce nuclear stockpiles with renewed arms control negotiations with Russia. Domestically, I voted for Obama because I thought he'd be able to overcome the partisan divide. He hasn't been able to. However, I don't perceive that right now anybody could do it. Again, I'll still vote for Obama in 2012, but I'll do it with less enthusiasm.

 

We are most definitely a house divided politically. My perspective of why that is happening goes back to my critique of American society. We have become so obsessed with money, with fame, with winning that it has seeped its way into our politics. There are too few statesmen and too many poseurs. Let me tell you what I mean by that. In my hometown of Pekin, Illinois we had a famous politician named Everett Dirksen who was a Republican leader in the US Senate during the 1960s (before I was born). Dirksen led many Republicans to abandon their resistance to the Civil Rights Act which greatly expanded voting rights for all US citizens and reduced discrimination. He compromised which is something I don't see enough of today. He wasn't on TV all the time trying to pose for cameras & spout off with meaningless soundbites. He wasn't working 1/2 of his time to get campaign donations from large corporations. Even though I'm a Democrat, I can say we need more politicians like Everett Dirksen (R). Most politicians today make me want to puke.

 

Greatest priority for the next President: There needs to be a return to a "level playing field". Right now, I think that most Americans believe that the 'game' is rigged in favor of those with power. Americans will take economic inequality because we believe that our system affords the ability to overcome our economic challenges to rise through hard work & effort. But the moment that's not possible, the moment people perceive that the game is rigged, that's the moment we'll walk away from the table. In those moments, you'll see labor unrest, street protests, or 'occupations'. That's what you're seeing now. It could get worse if the American people don't perceive that economic mobility is possible. Tax reform would be something to start with that I think everybody can agree on. The challenge will be getting that through Congress.

 

25 years out is a long time. Economically, we'll probably be ok because I think we're going through a typical supply side recession. We have had a 60 year run of such amazing abundance, that we have so much...houses, cars, clothing. What more 'supply' is there to have? America needs this moment when we just kind of 'chill' on the spending and overconsumption of 'stuff'. I hope that we start saving and investing more 25 years from now rather than spending & wasting. Internationally, I'm kind of optimistic. I think that the Iraq war has so poisoned our appetitite for foreign intervention that it's possible that 25 years from now we'll see what I want to see. I firmly believe that we need to return to George Washington's admonition: it is wrong for America to act in the manner of an empire & we ought to avoid foreign entanglements. Obama has started this off with our withdrawl from Iraq by the end of 2011. We need to continue in the future by withdrawing our troops from EVERY nation which they are currently stationed in: Germany, Japan, South Korea, the Middle East, etc. I believe that WW2 so warped American attitudes to the use of military force that we have spent the last 65+ years becoming what we have historically despised--an empire. Hopefully we can get away from that.

 

Hm, the American Dream. Do I believe in that? That's a tough one because I'm pretty atypical in that regard. I've got no children...by choice, which I guess is a big part of the American Dream. I live in the city of Chicago, in what some would call a "bad" neighborhood, so I guess I'm also not typical for someone of my income class who has typically moved out to more prosperous & economically well-off suburbs. Yeah, I guess I don't really believe in the whole "American Dream". I think people should aspire to better things, but they need to have the self-control to be satisfied with what they have because we truly are a blessed country compared to many. Basically, I think people need to put their heads down, do the best job they can, work hard, be independent, & quit complaining so much that they don't have this or they don't have that. That's my American dream.

 

Hm, a blank check you say? Ok, I guess I'll talk about my trip to France 2 years ago. I loved Paris even though I was there over Christmas break; it was crazy cold and snowy. I greatly enjoyed the culture, all of the museums, the ballet. But I was most impressed by the Palace of Versailles. I'd heard about it as a history teacher of course, but to see it up close was just...stunning. Hopefully the elite of our times will make the right decisions to understand that something has to give. Or they might just "lose their heads". I like to ponder history in this way...what it has to teach us & whether or not we really learn from it.

 

 

 

November 9

 

 

Sarah G. (BASIC)

 

Mon Plaisir :) My name is Sarah...I am from Ibiza Spain, but currently live in America. I LOVE politics :)

I love Obama... I like all the real changes he has made and the fact that he has so many, many people trying to stop him and yet he STILL gets stuff done... I do not like some of the people he has chosen for his cabinet... like the head of Monsantos was a very, very bad choice... but he will learn that soon enough. I give Obama a 9 on that scale.

Next year I will be voting for ALL Democrats including Obama... Obama will be very effective next time because he won't be running for office again as president... he has nothing to lose by being the best President we can possibly have... I am very active in my state helping the Democrats get elected and reelected... this is the most important election of my lifetime... the Republicans must NOT win.

Our Congress is very VERY divided right now and some of the Democrats are at fault here too... but the most divisive people are the Republicans who want ONLY what the big Corporations want... money. They fight for the rich and have been fighting for the rich for a long time. They have a lot of money that they use to corrupt our Supreme Court Judges and they use it also to influence the votes.

Obama has tried to get a Jobs bill passed and the most important issue (in my opinion) is to make sure that Obama gets reelected so that HE can pick the next 3 (THREE) Supreme Court Justices. Before that however is the need for more jobs... the Republicans REFUSE to help Obama get more jobs for the people because they think it will be bad for him when it comes time to vote in 2012... but the people are the ones who are paying for that by becoming homeless and 1 out of every 4 children go without food too... it's very, very sad to see this happen in this once great country.

I expect this country to once again be the world leader in all sorts of things like education and industry..we are not scared of hard work and it is very important to become self sufficient and not have to use oil etc to be able to live both safely and progressively. The American Dream is still alive... but people are starting to see it as just a dream, because the top 1% refuse to allow anyone else to actually have decent dreams... they offer us nightmares instead.

And "Mon Carte Blanche"? Would be to PRAY that Obama gets reelected, because while we know things are not good right now, they can get much worse especially if the Republicans win in 2012... Thank you for the opportunity to share my views... "Merci"

 

 

 

November 21

 

 

Travis S. (RON PAUL)

 

I'm Travis S and I am a practicing chiropractic physician in Texas. (01/12/11)
 
Currently the US and it's currency are in for a shock. The system will soon come down because the only thing left to do is borrow, but there is really nowhere to borrow anymore. Most other countries are going to start using other currencies for trading and at that point we will have to call it quits as the world super power. (01/12/11)
 
Democrats and Republicans have everything in common. Both owned by Big business and the Democrats are pushing for bigger gov't as the Republicans are pushing for more war. Same story... (01/12/11)
 
Obama is one of our worse Presidents I have ever seen. Our country was founded on a constitution and merely everything he does is against the const. Our founding fathers wanted our Federal gov't to protect us from foreign enemies only. It was up to the States to represent the people and take care of everything else. Our nation has become so federally dependent that it takes away power to the people. Obama, just like the previous 5-6 Presidents are puppets to Wall Street and the bankers. His staff was mostly GoldMan Sach and others and his campaign was financed by Goldman Sach. Ron Paul's campaign is funded by the people olny. He does not take corporate money! Obama's decisions rarely go through congress anymore. example: Attack on Libya. He never vetos bills that hurt the people, always in favor of big business and big govt! Scale from one to 10, I honestly give him a 1. You can look at a countries national debt, housing, and unemployment too. He says nothing about all the money we print from the Fed. Inflation, inflation, inflation !!! Hope and Change was just a rhetoric, nothing more...
 
 
 
 

Marie F. (RON PAUL)

 

For now I should say that I don't think Ron Paul is at all "radical" or "crazy." He's the ONLY one with good solid ideas. He's the Champion of the US Constitution! The media just blacks him out because they're afraid of him. In reality he's the best candidate for the job & probably in the lead.

Obama is exactly the same as George W. Bush- no good. They are both presidents who are bought and sold by special interest groups. They're just marketed differently. They are both to blame for America's economic woes. People are delusional if they think that there's any difference between the two.

No I would not want to support Mitt Romney. I'm tired of both Republicans AND democrats equally. For years I was a democrat but when I voted for Obama I noticed that nothing changed and in fact everything got even worse.

The thing is Ron Paul really CAN get the nomination. He has the largest grass roots support of any of the candidates. He wins all the straw poles by landslides. He's been nicknamed, "Ronstoppable." If you don't think he can win you've just been watching too much mainstream news & you don't really realize what's actually happening. Most of the people who support Ron are former democrats, people in the military and YOUNG people. Young people LOVE Ron Paul. Most of them don't watch TV- they get all their news from youtube & the internet. They are EXTREMELY passionate about Ron Paul. Don't ever underestimate the power of large numbers of young people with a unified idea !!!

All the best,

Marie

 

 

 
November 22

 

 

Kate V. (RON PAUL)

 

Could you please introduce yourself in a few sentences ?

I'm a 28 year old female living in MI. I'm happily married to my high-school sweetheart and define myself as a conservative leaning libertarian and a Christian. I am generally optimistic about life but have found it very hard to be optimistic in light of everything going on in the world. I strongly believe that the entire meaning of life is to leave the earth and those we leave behind just a little bit better off because we were here. It really is as simple as that.

 

In the most honest way possible, how would you rate Barack Obama's tenure (scale from 1 to 10) as President ? The plus and the minus ? Simply said, would you say the country's on the right track ?

I'd give him a 1 (as in worst). Unfortunately, I wouldn't rank any of the recent presidents much higher. We've had an ongoing/long standing political environment where all leaders, regardless of party, are bought and owned by major corporations and special interest groups that pull the strings of these puppets that we've elected. I have little issue with Obama as a person but feel that he has been more manipulated by these outside sources than a few more recent presidents. I almost feel bad for him in that I truly feel he came into office with good intentions but had to give those up to the real powers that be. Basically, the USA is so far off of the right track that we need extreme changes to get anywhere near where we need to be moving.

 

 

 
December 6

 
Patricia M. (BASIC)

 

Briefly - I live on coast in New England. Age : 66, female. Democrat. Obama fan. 3 grown children. Really was at Woodstock. The country has moved to right. Middle class endangered. The Tea party are idiots. Ron Paul is for all sorts of freedoms but not for women or the poor. Personally I think he is an idiot. He believes in gold like some King Midas. Isolationist. The right are closet racists homophobic cultural illiterates. Internationally arrogant. Have I said enough bad things? Oh and they dont like non-Christians. are afraid of Islam. Newt Gingrich gets them all riled with fears of the 'other'. They are xenophobic. I like science fiction. Was a computer programmer and systems designer. I have a son your age. Be well. Live long and prosper.

 

 

 

December 13
 
 

Eric C. (BASIC)

 

I'm Eric & 20 yrs old, and I have a large family on my dad's side. Roughly about 150 people. I'm very Irish and Polish, and a smidgen of Russian lol. I live in a rural part of Pennsylvania and I love it! I prefer rural places over cities, because to me cities are just for visiting. I'm am somewhat of an environmentalist and try my best to recycle everything I can. I love Nascar and Football. Family and music are most important.

I listen to all types of music such as Big Band & Swing, ambient, electronica/techno, classic rock, (some) modern pop, Irish, Reggae, and Indie. Some of my favorite bands are The B-52s, Phoenix (from France), the Head and the Heart, The Guess Who, Frank Sinatra, Tony Bennett, Norah Jones, Enya, Aerosmith, MGMT, Animal Collective, YeahYeahYeahs, Talking Heads, Foster the People, Bjork, Trans Siberian Orchestra, Florence and the Machine and so much more. My favorite TV shows are Dead Like Me, Harry's Law, Adventure Time, Merlin, Invader Zim, Revenge, Red Green, Monty Python, Twilight Zone and Doctor Who.

Anyway, that was a lot. I get carried away haha. The current state of America is a bit grim, yet hopeful. It seems when other countries are in trouble, than we're also effected. Poverty here isn't as bad as other nations, but still on the rise.
I'd give Barack Obama a 4. It's a shame he hasn't accomplished much. I partly blame the Republicans for blocking everything he tries to pass in the White House. Both parties argue constantly and I've been fed up for years. I hate the 2 party political system we have here. It's killing America.

My candidate for next year is Ron Paul. He's a pure genius and understands what's going on in the world. His message has been the same for 30 years and never flip flops unlike another GOP candidate Mitt Romney, and even Newt Gingrich. This man may be 76 but he is brighter than all the ones running for 2012. He has the biggest support from young voters and Veterans. I have donated to his campaign in the past few months. I have a Ron Paul 2012 "Defender of the Constitution" T-Shirt. I have a large pin on my bookbag. I have 2 bumper stickers as well. I have recently ordered 50 Paul brochures at a low cost and a few slim jim cards so I can go mailbox to mailbox to put them in.

Dems and Republicans have little in common, other than they like to fight verbally every day and not get anything passed. It's no secret the Republicans lean toward the rich more. America IS a nation divided it seems.
The priorities of the next president should be never declaring war unconstitutionally and getting out of all these nonsense wars. We should cut military spending and bring troops home to defend our own borders. We have over 600 bases across the world, AND FOR WHAT?!?... America should not be policing the world. If we have military bases in France than you know what I mean. I wouldn't want Chinese bases in my country. Also, illegal immigration is way out of hand here and should be a major priority, and the economy. I would like a gold standard and less government.

25 years from now I think it will be better. We would have better policies to tackle Global Warming and deforestation. I think more products in America will be made in USA and not China and Taiwan. The American Dream will be much different, but I don't know how much. I see better border control and less useless wars in the future. Also, more peace with other countries.

Thanks fo
r letting me in on your survey!

Eric

 

P.S....I'm an Independent and don't affiliate myself with Democrats, Republicans or any other party. However, if more people in the country belonged to the Constitutionalists Party or Green Party, I would be in one of those.

 

 

 

December 19
 
 

James H. (BASIC)

 

Could you please introduce yourself in a few sentences ? What's important, or just interesting, to know about you ?

I’m James and I come from Alabama. I have a bachelor’s degree in science for psychology. I enjoy life and all the achievements that I have been given the opportunity to get.

 

What's your reading of the current state of the United States ?

The United States is in a very interesting part of its brief history. We are in a state of flux, meaning that the people of this nation are at a crossroads of where to go. One way leads down the same path that we have traveled. A status quo that we know will lead us to where we are now. The other way goes in an entirely new direction. It is something new and intriguing. The American people have made the choice to go a new way. Factors that attributed to that are the economy, and tons of corruption in D.C. A new day is dawning for the United States, and the people are ready to close the book on the black days of government corruption.

 

On a 1 to 10 scale, how would you rate Barack Obama's tenure as president ? The plus and the minus ?

I give Obama a solid 5. He was responsible for the mission that found and killed Osama bin Laden. He has ended the War in Iraq and our troops will be home in time for Christmas.

The major problem for Obama has been filibuster from the House Republicans. No matter what idea he comes up with (whether it be based off of previous Republican ideas or not) is blocked by the House. Congressional Republicans deserve a lot of blame but certainly not all.

Obama has also increased government spending despite the fact that our country is badly in debt. We continue to spend as if we have no debt and it is constantly hurting our country. The people who pay for government spending is the American tax payers. Obama has increased government and it is the exact opposite of what our country needs.

 

Next year, the election. Who's your candidate, and why do you think this candidate should be the next President ? What would you say to "sell" this candidate to your fellow American voters ? Are you gonna involve yourself into the 2012 campaign, if yes, how ?

My candidate for the 2012 Election is Dr. Ron Paul. I think he should be the next president because he has been steadfast in his beliefs and has not wavered on them in the 30+ years as a Congressman. Ron Paul stands for civil liberties and is a strong proponent of the Constitution. Most recent candidates and former presidents have been following a Hamiltonian principle. That means that they believed a strong central government was necessary to keep the nation strong. Ron Paul follows Jeffersonian principles which mean he opposes a strong federal government and reserves most authority to the state level. Ron Paul wants to put more power at a local level which would mean more power to the average citizen. Ron Paul supports the restoration of our civil liberties and would abolish unconstitutional laws such as the Patriot Act. I am going to try and get involved with the 2012 campaign by drawing support here in Alabama. As soon as the primaries get close, I would like to set up a base in the capital Montgomery or Birmingham. He needs to have a base here in the southern states which a typically red states.

 

The bitter fight over the debt ceiling in the Congress, the rise of hardline voices from both sides strengthen the impression that bipartisan dialogue, negociation and compromise are less and less part of the culture in Washington. What do you think about that ? Do Democrats and Republicans have so little in common ? Is today's America, as President Lincoln said on a fundamental issue, "a house divided" ?

I think the politicians in Washington could care less about the greater good of our country and care more about their own personal agendas. Democrats and Republicans by definition have little in common, but the one thing that was usually there was middle ground to lay something out to improve our country. I think “a house divided” describes today’s America very well. Complete indecision by both parties and utter failure for the past decade has grown tiresome for the people. I honestly think that at the rate both parties are going that an independent third party can emerge to challenge them.

 

From your point of view, what should be the priorities of the next President of the United States and the Congress ? How do you think they should be addressed ?

The next president and congress must address our national debt problem. They should do this by cutting government spending by a large margin and ending the Federal Reserve System that allows us to print money at will. We must end the American occupation of foreign nations and end our worldwide empire. It is entirely too expensive and we are following a history of other failed empires. We are stretching ourselves far to thin across the world which eventually leads to collapse.

 

Let's go further. How do you expect the situation of the U.S. to be in, say, 25 years, both internally and externally ? What will be the fundamental challenges the country will have to face ? And, how to face them so the American Dream remains alive - if you believe in any "American Dream" ?

This question poses the thought that America will still be around in 25 years. If our problems aren’t fixed in the near future then our collapse will happen before a quarter century. We are looking down a barrel of a gun and a finger is on the trigger. That finger belongs to China and if they choose to shoot then we’re done. Our challenges are before our eyes now, and if we don’t address them then there is no future to ponder about. The so-called “American Dream” was a creation of big businessmen and a ruse to make people work harder and have greater production. This idea that “the harder you work then the more success you will achieve,” is just downright false. You can work your whole life doing something extremely hard and achieve very little. It was a way for manufacturing companies to keep their workers in line and production up. They knew that there was no way for an average worker to reach any sort of glory or riches. This “American Dream” was a creation and it never really existed. In fact, now companies continue to promote this false dream to cloud the nightmare of reality.

 

Last question. Actually, more what we'd call in France a "carte blanche". If you want to add anything about those topics, if you want to tell me about something completely different, if you want to share something with me... or anything else... it's up to you !

I think it is time for the average American to realize the state of our country and the brink of collapse that we are at. It is time to act and not sit around and allow things to happen. Change is something that has to be done, and it doesn’t just happen. We must come together and return America to what it was meant to be… a country of the people by the people and for the people.

 

 

 

I.O. (BASIC)

 

First off I am a Conservative troll on the DCCC page. I am part of the Tea Party. I work in the medical profession here in the South.

 

The current state of this U.S. is obviously not very good. I believe the Housing Market crisis has led to many of our problems. Politician encouraged banks to lend money to people to buy houses they couldn't afford. This overly inflated the market. Also allowing commercial banks to act like financial banks really screwed things up. See Glass-Stegall Act.

 

Obama has been a complete failure as POTUS. Not only because I don't agree with his policies, his own party considers him incompetent. So and 1 would be generous.

 

I will support whomever is nominated for the Republican ticket. I have predicted Romney/Gingrich for 2012 for sometime. How would I "sell" them? By saying they are not Obama... lol

 

The bitterness in Congress, I believe, is all part of the process. The way our Founding Fathers designed the system is that if there is not a general consence of what actions to take, then no action should be taken at all. Having said that, the atmosphere has been worse in Washington since the Republicans took over the House of Representatives in 1994 for the first time in 40 years. This was always a Democratic stronghold.

Also since 9/11 many of the politicians travel to their homes on weekends and holidays. Because of 9/11, Congress passed a bill to grant money to themselves for increased travel on private jets instead of commercial airlines. So now they spend less time fraternizing with each other.

 

The priorities of the next POTUS and congress should be job creation and the economy. I believe tax cuts will help achieve this. If you look at the unemployment rates after tax cuts have been implemented, you will see they have gone down. Immigration reform, energy security, and the war on terror should be addressed also.

 

I don't know what our situation will be like in 25 years. I am a little worried because most governments evolve into socialism over time. I do have faith in the American people and our ability to face challenges though.

 

My carte blanche point would be this:
Over the past 30 years or so the bureaucratic environment has grown in this country. Many new rules and regulations have led to more and more regulators or bureaucratic in many industries. Specifically Medicine and Education. Medical and tuition costs have risen more than anything else in this country. Hospitals and school now employ more people that don't really contribute to the overall service provided than every before. This change has occurred in virtually every industry. Many of these positions need to be eliminated before our economy can fully recover.

 

 

 

December 25
 

 

Christian A. (RON PAUL)

 

Well Nick, my name is Christian A. I'm 17 and am very involved with politics, I'm quite bright unlike most 17 year olds. My family is from: England, Spain, and Jamaica.

As for Obama, out of a 10 he would be a 2, he has not helped the country in any way. He has driven this country into a hole, the debt this country has is over trillions and still counting.

I think Paul is libertarian more then the tea party, they both have one thing in common, their " FOR THE PEOPLE".
Libertarians will most likely have a candidate next year.

Reagan was a very good president and his military choices were solid in the people's eyes, he knew what he was doing, Paul having military experience as a surgeon for the airforce, also knows we've been in war for too long, I call it the war on oil not terrorism, we've been In the middle east for too long

Ron paul believed in liberty, he wants to take away the federal reserve and stop taxing the poor and start taxing the rich, he understands the point of view of the poor.

 

 

 

February 2

 

Tina K.C. (BASIC)

 

I am a 38 year old stay at home mom to two young daughters, ages 1 and 5. When I did work, I worked for the private sector, including the federal government. I grew up in NYC and I consider myself liberal. I also am bi-racial, Filipino and Caucasian.

 

I am extremely concerned about the state of politics in US today. Everything seems to be split between two extremes: the conservatives and the liberals. Unfortunately the conservatives seem to be more vocal than any one else.

 

I would rate Obama at 8/10. The biggest disappointment was bailing the banks out with taxpayer money. The highlight was passing Universal Healthcare legislation. I support Obama in the next election. I can not involve myself in the campaign since I have no time. I really don't feel the need to sell Obama to any one else. I think people make up their minds and they do not change it.

 

I think Congress is so dysfunctional that it literally can not get anything done. I support term limits for all members of Congress. They can serve one 4 year term and and they are out for at least 10 years, and then they can run again. We need new blood and new ideas.

 

Priorities should be 1) economy 2) overhaul of the tax system making taxes more progressive and taxing the rich more 3) social policies that will help the poor 4) more regulation of the financial industry 5) education

 

In 25 years I don't see much changing. I think politically we are stuck in a rut. If we are going to keep the American dream alive, we have to be compassionate toward those people who are different from us, and uphold freedom of speech and religion.

 

 

 

February 23

 

 

Mary K. (RON PAUL)

 

Could you please introduce yourself in a few sentences ?

My name is Mary, and I am 29 years old. I’m a late bloomer on the college-front since I spent most of my 20’s working in Hollywood, but I recently started working on a bachelor’s degree in Energy & Sustainability Policy from Penn State. I am very happily married, for two years now, and we enjoy the company of our three dogs and two turtles.

 

In the most honest way possible, how would you rate Barack Obama's tenure (scale from 1 to 10) as President ? The plus and the minus ? Simply said, would you say the country's on the right track ?

I used to like Obama, but it has become apparent to me over the past 3 years that he lacks the experience and integrity to lead this nation. I would give him a 4.

 

Categorization, sometimes, is not easy. How would you differenciate Paul from both the Tea Party and the Libertarian Party, which is likely to have a candidate next year ?

I am Libertarian myself, so I see a lot of similarities between Ron Paul and the Libertarian Party. However, I respect his decision to be a Republican and I will put my principles before party. When it comes to the Tea Party, that is a different story. The Tea Party isn’t officially a party, but a movement of conservatives that started a couple years ago. It used to be that the movement shared the same ideals as Ron Paul, and he is often times referred to as the “grandfather of the Tea Party.” However, it is widely considered to have been hijacked by neoconservatives. No longer does the movement stand for limited government, reduced government spending, and the Constitution. Many people who consider themselves Teapartiers now support Mitt Romney, Newt Gingrich, and Rick Santorum. These are candidates who favored TARP, the Patriot Act, government healthcare mandates, and the wars. One notable example of how different Ron Paul is from this movement that he founded? He was booed emphatically at a Tea Party debate for saying that we should not go to war, and treat other countries how we would like to be treated ourselves.

 

If you had to summarize Ron Paul's platform, what would you say ? Why do you believe so strongly in those ideas ?

At the heart of all his issues stands the principle of responsibility. He wants to put an end to the wars. He wants to put an end to the war on drugs. He wants to cut $1 trillion from the budget. Doing these things will result in less money being spent and more lives being saved, and I think that in the face of the irresponsible and reckless actions of our government, that these may be the only actions that put us on the right track again.

 

More specifically, what's your reading of America's current economic woes ? Do you equally blame Republican and Democratic administrations and Congresses for them ? What should be done by a Paul-led U.S. government to address them ?

Yes, I do hold both parties responsible for the mess we are in. Following Ron Paul’s “Plan to Restore America” would reign in spending. Also, he wants to end the Federal Reserve and bring us back to a Gold Standard, which would prevent us from flippantly printing money whenever we need it. I was watching television a few months ago, and the former Chairman of the Federal Reserve, Alan Greenspan, was speaking seriously about our overseas spending. He said, “We never need to worry about debt because we can always print money.” With people like him running the show, this country will be bankrupt in a matter of another century (and that’s being generous). The ignorance of history will be the damnation of this country. Nations have risen and fallen for many centuries, and to think that this cannot happen to us is foolish.

 

To what extent do you think the goals Paul and you share can be achieved ? Don't you fear, especially in the state of Washington's finances, and because of the political constraints there, that any Paul presidency would be doomed to disappoint and, more than that, to damage his ideological purity ?

I don’t fear this at all. Realistically, the battle does not end when he becomes our president. The battle will really just be beginning. I do believe that Ron Paul is outspoken and influential enough to make an impact. If you look at the talking points of the other candidates right now, they are all mimicking Ron Paul because they see it is popular. I think that this phenomenon will be present in President Paul administration.

 

Liberty is an extremely important value in Paul's philosophy. What do you think should be its limits ? Maybe you have some differences with your candidate on the issue ?

I’ve been following Ron Paul since 2007, and so far, I do not disagree with him on much. I had questions about his stance on the environment, but after some research, I can see where he is coming from. And one thing that I have learned during my educational pursuits so far is that government intervention is an ineffective way to fight pollution as Congress and Senate are so susceptible to the influence of energy industry lobbying. The shale natural gas industry is a prime example. They have paid off Congress for years to make themselves exempt from the regulations of the Clean Water Act. $747 million over the past 10 years, to be exact. The only thing that is making an impact on the potential for fracking pollution is that private citizens are filing lawsuits. Ron Paul says, “The more socialized a system is, the worse the property is, and the worse the environment is. We should never be bashful about saying we believe in property rights ... and we don’t have to give one inch and say that we’re careless with the environment, because you don’t have a right to pollute your neighbor’s property.”

Here is a report on lobbying in the energy industry: http://www.commoncause.org/atf/cf/%7Bfb3c17e2-cdd1-4df6-92be-bd4429893665%7D/DEEP%20DRILLING%20DEEP%20POCKETS%20NOV%202011.PDF

 

Ron Paul is a great orator and debater, with a true ideological constancy and many faithful followers. But he is far from being the frontrunner in next year's presidential election. What is the strategy of the campaign to win the Republican nomination ? How do you intend to help ? Do you believe he will get it ?

Ron Paul is second in total delegates right now (as of 2/23/2011), only about 8 behind Mitt Romney. His delegate strategy is the same one used by Barack Obama in 2008. While the media may say he is not the frontrunner, it is clear to us that do not tune in to the news and do our reading online and watch foreign news sources that Ron Paul has a high likelihood of becoming the GOP nominee. You know those caucuses and primaries where you hear that so-and-so came in first place? None of that matters, because they are technically straw polls. What matters is when the faithful supporters volunteer to become delegates.

My husband and I have been helping by donating on a regular basis, talking to our friends and family about him, and we plan on becoming delegates in our caucus.

 

What do you think about the 2012 Republican field ? Would Paul not win the nomination, could you imagine yourself supporting another candidate, Mitt Romney for example ? In such a case, would you tend to vote more for Romney or for the Libertarian Party candidate in the general election ?

Ron Paul all the way! I will not compromise my values by voting for another candidate. I will write his name in, just as I did in 2008. A vote for anyone else is a vote for the same: big spending, war, and less freedom. I will go to my grave supporting this man. There will never be another Ron Paul.

 

Now, imagine Ron Paul gets the Republican nomination. Imagine he faces Barack Obama on November the 6th, 2012. Given that Independents often decide of the winner with their votes, notably in "swing states", do you think a candidate with stances as radical as Paul would have any chance to win the election ?

Ron Paul is beating Barack Obama in 4 state polls right now, including Ohio, which is the biggest swing state of them all. Many former Obama supporters are turning to Ron Paul, including high-profile people such as Oliver Stone. I think that Ron Paul has a better chance than anyone to beat Obama, and there are lots of current polls to back this claim.

 

Finally, after all those words... why do you think Ron Paul should be the next President of the United States ? What do you like in the man, in the politician, what would you say to Americans so they vote for him to get the G.O.P. nomination and the 270 E.V. ?

I think Ron Paul should be the next President of the United States because 1) he predicted the financial crisis back when everyone else was laughing at him, 2) he is realistic about our capacity for national defense, 3) he follows the Constitution and supports personal liberty, 4) he has supporters all over the world and he would help restore our place in the world as a beacon of true hope and freedom.

 

Last question... Not a question actually but a tribune, if you want to add anything to this interview. Or if you want to tell me about anything else you'd like to share.

I think that many people say, “Ron Paul is weak on defense!” For those people, I say: Canada minds its own business. Does anyone attack them for being free and prosperous? No! But if they policed the world, murdering millions of people in the name of “freedom,” then maybe they would have as many enemies as we do.

And for those that say we need to attack Iran: there is no proof that they have a weapon, yet we were diplomatic during the Cold War with Russia when they had hundreds of thousands of nuclear weapons. What is the difference?


 

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To be continued...
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V1, date : 30/11/11, 20h25, French hour. Please tell me if something's wrong with your text. Or if you wanna change anything.
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Your turn to propose your answers ?
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Thank you so much, once again, to you all, for your truly interesting, kind answers...
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Amitiés de France.
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November 30 : initial release (including the writing of the introduction)
December 1 : many corrections, editions, additions (20h30)
December 25 : four additional contributions added
February 28 : three additional contributions added
July 8 : "lecture" and article general presentation fixed
October 5 : "it has begun"
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Note : This document will constantly evolve (corrections, editions, additions...). I will try to tell you about all the changes very regularly. If you want to react to any of the responders, please don't hesitate, contact me. I hope we're gonna have debates !!!
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And, if you've enjoyed this article, please share it on your Facebook wall... or wherever you like ! http://parolesdactu.canalblog.com/archives/2011/11/30/22852544.html
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Phil
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Times New Roman > Georgia : 02/10/12
9 août 2012

Ronald Reagan, une passion américaine

Dans quelques jours, l'identité du colistier de Mitt Romney sera connue. Son profil pourra-t-il booster la campagne du candidat républicain à la Maison Blanche ? Il faut dire que pour l'instant, l'ex-gouverneur du Massachusetts est loin d'avoir gagné son duel avec Barack Obama... Jugé trop "liberal" par les conservateurs, pas assez crédible par les centristes, trop inconsistant par à peu près tout le monde, "Flip-flop Mitt" peine à convaincre, et en tout cas à séduire. Alors, certains se prennent à rêver, au "Grand Old Party". On rêve d'un passé glorieux, celui d'un temps où le champion s'appelait Ronald Reagan. Lors de la campagne de 80, était-il vraiment convainquant ? Après tout, celui qui allait devenir son colistier lors de la convention, le futur vice-président Bush, disait de son programme économique, lors de la campagne des primaires, qu'il tenait du "vaudou". Niveau séduction, par contre, Reagan est le maître. L'ancien acteur, que l'on surnommera bientôt "The Great communicator", s'adresse lors d'un débat avec le président sortant Carter à une Amérique frappée par l'inflation, le chômage, les échecs diplomatiques, une Amérique rongée par les doutes. "Vivez-vous mieux qu'il y a quatre ans ?" Il triomphe dans les urnes. C'est le début de la Reagan Revolution. Deux grands axes : la libération de l'économie, et le renforcement militaire. À la fin de la décennie, le blog de l'Est s'effondre. L'inflation est jugulée, l'économie semble dynamique, l'Etat en retrait. L'Amérique croit de nouveau en sa bonne étoile. La morosité des années 70 n'est plus de mise. On dirait bien qu'"America is back !" Auprès des conservateurs, le mythe Reagan est né.

J'ai réalisé ce dossier en 2004, juste après la mort de Reagan. J'avais 19 ans, à l'époque. J'étais assez intrigué, pour ne pas dire fasciné, par le personnage de Reagan, par ce qu'il incarnait. Les réponses qui suivent proviennent pour l'essentiel de témoignages de conservateurs américains, politiquement proches de l'ex-président défunt. Mes questions touchent également à la guerre d'Irak, alors que les tensions demeurent vives entre les Etats-Unis et la France. À l'élection de novembre 2004. Et, je le suggérais à l'instant, à la France. Mes conclusions de l'époque manquent sans doute un peu de distance. Je reste très intrigué par le personnage, et les trois grands points de bilan que j'ai cités plus loin sont réels. Mais les années Reagan, c'est aussi l'explosion des inégalités et des déficits publics. Deux gros points noirs devenus maladies chroniques de l'Amérique, personne ne le nierait aujourd'hui. Nous sommes en 2004. Reagan vient de mourir. Voyage dans le monde des conservateurs américains. Un document qui ne cherche pas à faire la part des choses, mais qui donne la parole, simplement, naturellement, à des hommes, à des femmes qui expriment leurs convictions sincères. Des paroles toujours d'actu et qui, au-delà des caricatures, méritent d'être entendues. J'ai volontairement omis d'y inclure le témoignage d'Eusebio A., un homme très cultivé et dont le témoignage, très long et élaboré, méritera certainement une publication, dans un autre cadre... À partir de maintenant, tout le texte est "d'époque". Bonne lecture.  Phil Defer   DOCUMENT

 

 

RONALD REAGAN

 

UNE PASSION AMERICAINE

 

RR

(Photo : Ronald Reagan Presidential Libary)

 

Le 5 juin 2004, à la veille des cérémonies commémoratives du Débarquement allié de 1944 en Normandie, le monde apprenait une triste nouvelle. Ronald Reagan, l’homme qui fut acteur à Hollywood, Gouverneur de Californie puis Président des Etats-Unis de 1980 à 1988, venait de mourir après s’être battu pendant plus de dix ans contre la maladie d’Alzheimer. Il avait 93 ans. A l’annonce de son décès, que l’on disait imminent, les leaders du monde entier ont rendu hommage au 40ème Président des Etats-Unis, sans aucun doute l’un des plus charismatiques, à l’unanimité. George W. Bush, John Kerry, George Bush Senior, Bill Clinton, Mikhaïl Gorbatchev et bien d’autres ont rendu hommage à l’ancien chef d’Etat.

 

J’ai voulu savoir ce que le peuple américain retenait du président Reagan. Pour cela, je suis allé sur un site qui lui était consacré, site où les messages de sympathie ont afflué depuis l’annonce de la mort de "Ronnie". J’en ai lu un grand nombre et j’ai contacté par mail quelques personnes dont j’ai trouvé les témoignages les plus touchants, émouvants et symboliques, auxquelles j’ai soumis un questionnaire, consacré en large partie à l’événement mais également à d’autres sujets intéressants d’un point de vue américain (pour l’essentiel). Voici les réponses de toutes celles qui ont eu la gentillesse de me répondre.

 

Les questions et les réponses ayant été rédigées en anglais, j’ai traduit toutes les réponses (à une exception), de façon donc parfois approximative mais toujours le plus fidèlement possible à ce qui représentait la réalité des témoignages d’après moi. Les traductions ont été très longues et parfois très difficiles et j’ai donc parfois dû interpréter certaines phrases, espérant qu’il s’agissait bien de ce qu’a voulu dire la personne.

 

 

 

 

QUESTIONNAIRE

 

Que représentait Ronald Reagan pour vous ? Selon vous, quel héritage a-t-il laissé à l’Amérique ?

 

Que pensez-vous de George W. Bush ? Aura-t-il votre soutien en novembre prochain ?

 

Que pensez-vous de la guerre en Irak ?

 

Qu’évoque la France pour vous ?

 

 

 

 

REACTIONS

(PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE DE RECEPTION)

 

 

 

7 juin (2004)

 

 

Edwin C.

Retraité de la Police montée royale canadienne

Alberta, CANADA

 

(…) Je suis un citoyen canadien et je n’ai par conséquent pas le droit de vote pour les élections américaines. J’ai servi dans la Marine canadienne entre 1976 et 1980, juste avant l’élection de M. Reagan. En ce temps-là, Pierre Trudeau était le Premier ministre du Canada. Trudeau n’a jamais aimé l’armée et quoi que ce soit que l’on pouvait associer à l’aile droite.

 

A l’élection de Reagan, j’ai vu un visionnaire qui par la suite remettrait les Soviétiques à leur place, avec l’aide d’une autre visionnaire, Margaret Thatcher. J’ai souvent souhaité que l’un deux ou les deux soient Canadiens.

 

Si j’étais un citoyen américain, je soutiendrais très certainement Bush, et je soutiens de tout mon cœur la guerre en Irak.

 

Mon opinion de la France. Difficile de dire cela de façon concise. Si vous connaissez un peu le Canada, vous savez que les deux cultures fondatrices du pays, le protestantisme britannique et le catholicisme français, se battent ici depuis plus de 300 ans. Comme les membres de ma famille, des deux côtés, sont des Irlandais protestants et des Orangistes (Ordre protestant anti-catholique et anti-francophone, ndlr) de longue date, vous pouvez deviner de quel côté je me place politiquement…

 

 

 

Ryan V.

Etudiant

Caroline du Sud, U.S.A.

 

(…) Je suis divisé concernant la guerre en Irak. Je suis d’un côté heureux pour le peuple d’Irak qui a été libéré d’une dictature et a maintenant l’opportunité d’instaurer une démocratie et de s’autogérer. Mais je pense d’autre part que nous autres Américains avons été bernés par un manque d’informations. De plus, j’ai, comme le reste du monde, été dégoûté par les images récemment révélées de la prison d’Abu Graib.

 

Concernant votre question sur l’élection, à savoir si je voterai pour George W. Bush ou non, et bien j’ai tendance à pencher vers Kerry, simplement à cause de la manière déplorable dont a été gérée la guerre. Egalement, je ne me souviens pas dans l’histoire récente d’une situation où l’Amérique a été autant haïe et notre président autant décrié qu’aujourd’hui. Une réélection de Bush ne ferait que conduire à plus d’agressivité et d’agressions envers les USA. Mon espoir est que John Kerry pourra réparer quelques-uns des liens internationaux si chers aux Etats-Unis. C’est une condition cruciale au succès de l’Amérique dans le futur.

 

Le Président Reagan personnifiait un sentiment de fierté et de patriotisme en Amérique. Il nous manquera beaucoup. Je suis encouragé par votre intérêt dans la politique américaine et j’espère vous avoir éclairé sur ce qui je pense représente la majorité de l’opinion américaine.

 

 

 

Richard T.

Marine américain

Caroline du Nord, U.S.A.

 

Phil,

 

J’apprécie beaucoup l’email que vous m’avez envoyé. Ronald Reagan fut un grand Président, mais plus important encore, il fut un grand homme. Je suis heureux de voir que vous pensez tant de bien de notre ancien Président et des Etats-Unis.

 

Pour moi, le Président Reagan a représenté le calme durant une période de chaos. Il a restauré la confiance que les Américains avaient perdu durant les présidences précédentes. L’Amérique pouvait enfin être fière à nouveau. Il était l’homme parfait dans le temps et le lieu. La seule chose, je pense, que nous pouvons faire pour perpétuer l’héritage de M. Reagan, c’est de continuer à prêcher la liberté et toutes les grandes valeurs qui ont fondé l’Amérique.

 

Ce que je pense de George W. Bush ? Il est un homme décent mais il est pris dans des moments difficiles. J’espère seulement que ses intentions sont justes et qu’il se soucie vraiment des principes dont il parle continuellement dans ses discours. Je suis un Marine américain and j’ai passé quelque temps au Moyen-Orient, et je vais bientôt y retourner, ce est une très bonne raison pour laquelle je suis très attentif à sa politique, mais dans le même temps j’ai confiance dans le fait qu’il sait ce qu’il fait. Il est difficile de parler des élections de novembre. Bush est sans doute le meilleur pour le poste, cela parce que je n’ai pas confiance en Kerry.

 

A propos de la guerre en Irak, étant directement impliqué, je ne veux personnellement pas y être. La guerre avec l’Irak semblait nécessaire. Maintenant que nous sommes impliqués, il est très difficile de se sortir de la situation actuelle. Je suis troublé de savoir qu’il y a tant de gens à travers le monde qui nourrissent pour le peuple américain une haine absolue.

 

La France est un pays merveilleux. Les relations que l’Amérique entretient avec la France sont très bonne. "The French Legionnaires kick ass" !

 

 

 

Ronald L.

Retraité

Tennessee, U.S.A.

 

Je vais faire de mon mieux pour passer en revue les points fondamentaux de ma vision de l’Humanité et de notre Terre.

 

Cela est vrai, j’ai admiré Ronald Reagan depuis ma tendre enfance. Une des raisons est peut-être que nous partagions le même prénom, mais la raison principale qui m’a fait aimer cet homme fut sa capacité à surpasser les difficultés et à tenir la plupart de ses promesses. J’ai été élevé sous la règle d’or "Traite les autres comme tu aimerais que l’on te traite". Ronald Reagan n’a jamais eu à servir le peuple des Etats-Unis, mais il avait pour vision d’améliorer le mode de vie ("way of life"), pas seulement pour les Américains mais aussi pour le reste du monde. Nous savons tous les deux que toutes les espèces vivantes ont besoin de nourriture, d’eau, de protection contre l’environnement et d’un ensemble de choses nécessaires à notre survie sur Terre. Partager avec les autres conduit à une harmonie avec soi-même. L’égoïsme n’a jamais rien apporté de bon. Les ressources mondiales sont abondantes dans certaines parties de la planète, et d’autres coins souffrent du manque d’un commerce nécessaire.

 

La démocratie américaine a été fondée par nos ancêtres. Leurs principes généraux étaient la protection, la civilisation et l’éducation du peuple. Je pense que M. Reagan a fait un excellent travail pour la Californie et les Etats-Unis en tant que notre 40ème Président. Le monde est devenu bien plus sûr, et durant son service, le calme et la paix se sont imposés. La satisfaction de voir se terminer la Guerre Froide fut célébrée dans le monde entier.

 

Certains de nos présidents héritent des fruits du travail des présidents passés. C’est un travail très dur d’être un bon président, et un plus gros travail encore d’être juste aux yeux de tous. George W. Bush a essayé de montrer une société qui se préoccupe de ce qui se passe dans le monde. Peut-être qu’une guerre ne résout rien, mais quand la diplomatie ne fonctionne pas, la guerre est parfois la seule alternative. La situation en Irak nous a échappé il y a de nombreuses années, avant même que George Bush père ne devienne président. N’est-ce pas choquant de se dire que vous et moi, nous nous levons le matin, allons travailler et rentrons ensuite le soir pour se relaxer et être en famille… Nous avons été éduqués pour essayer d’aider les autres. Et il y a les extrémistes, les radicaux… Ces gens se lèvent et étudient comment détruire les sociétés en assassinant, volant, et causant le chaos à travers la planète… Je pense que l’Amérique a fait un pas en Irak avec un fort soutien pour aider ce pays à se débarrasser de la tyrannie. La publicité faite par le traitement par certains Américains des prisonniers irakiens n’est pas l’Amérique… C’est une honte de voir que quelques uns de nos concitoyens aient pu faire cela… L’Amérique a toujours été leader mais jamais oppresseur. Si un jour nous devenions une dictature, ce serait contre-nature. Nous sommes une nation de partage, de compassion. Je suis fier d’être ici, et je me sens bien et en sécurité en Amérique.

 

Je ne sais pas grand chose de la France… Je sais que votre nation nous a donné la Statue de la Liberté, un grand symbole de paix pour chacun qui a l’honneur de la voir en personne. Vous et mois partageons sans doute les mêmes buts dans la vie. La vie est aussi bonne que nous la faisons. La rendre meilleure est bon. La rendre pire nous fait tous perdre.

 

Que Dieu vous bénisse, et Dieu bénisse votre nation.

 

 

(…)

 

 

(autre mail)

 

Je pense que les visions de M. Reagan faisaient partie des lignes que la plupart des Américains voulaient voir développer dans le monde. Une meilleure amitié avec les nations appauvries. La protection des valeurs communes de la vie pour ceux affectés par le Mur de Berlin. Il était un vrai chef, et pas un dictateur.

 

Je crois que la pire chose qui soit arrivée depuis 1969 est le terrorisme international. Les méthodes idéologiques des terroristes seront toujours contraire à la valeur du partage de la vie, au lieu de l’enlever. Evidemment, il peut y avoir une sorte de jalousie associée à leurs sentiments terroristes. J’ai été élevé en Amérique, pour apprendre sur la vie et les gens, avoir une éducation dont j’ai pu fixer moi-même les limites, travailler et avoir une vie agréable, soutenir ma famille, partager mes sentiments, suggérer, comparer, protéger, bref être tout simplement un véritable être humain aux yeux des gens… et s’il est une chose que l’Amérique valorise, c’est la liberté. Nous sommes tous ensemble dans ce monde. Pourquoi ne pas partager les informations et l’amitié ? Je me sens désolé pour les jeunes enfants terroristes. On leur apprend à haïr et à tuer. Il ne sont pas nés comme cela instinctivement. Ce n’est pas la faute des enfants mais celles des adultes qui les ont guidés à agir ainsi. Nous avons besoin de demander aux terroristes la réelle raison de leurs actions. Les Américains sont un peuple généreux, et ce qui semble tromper les autres pays à propos des Américains corrompus, égoïstes et impérialistes n’est… qu’une illusion. Notre démocratie dépend de notre capacité à travailler ensemble, même si nos idées peuvent être différentes, nous allons toujours de l’avant. Nous ne sommes pas parfait mais faisons preuve de la meilleure volonté.

 

Encore une fois, merci pour votre soutien pour notre 40ème Président, Ronald Wilson Reagan. Son esprit sera toujours avec nous…

 

 

 

Patricia G.

Mère d'un soldat américain tombé en Irak

U.S.A.

 

Phil,

 

Je pense que Ronald Reagan fut le plus grand Président de ma vie. Plus important encore, il était un homme bon. J’ai 49 ans, j’ai donc "connu" beaucoup de présidents.

 

A propos de l’Irak, c’est très difficile. J’ai beaucoup de sentiment à ce sujet, certains étant en conflit.

 

Mon fils était dans la Garde Nationale de Floride, pas dans l’armée régulière. Il était également étudiant, à l’Université du Sud de la Floride, à Tampa. Il avait 23 ans. Il était en classe un jour, puis s’est retrouvé en Irak le jour suivant. Dans une de ses lettres, il disant qu’il voyait là bas de nombreux enfants mourant de faim, parce que la nourriture était stockée et distribuée en petites quantités, une façon pour Saddam de contrôler son peuple. Il disait que si sa présence en Irak pouvait permettre qu’un enfant de moins ne meure de faim, alors cela en valait la peine.

 

Il était mon unique fils, mon bébé. Pour moi, les Irakiens ne valaient pas la vie de mon fils, lorsque l’on voit qu’un si grand nombre d’entre eux ne font rien pour s’aider eux-mêmes.

 

 

 

Patricia F.

Sans emploi

Caroline du Nord, U.S.A.

 

(…) Pour moi, Ronald Reagan représente la véritable signification des valeurs de notre pays. Il était totalement pour le peuple, il aimait l’Amérique et voulait la voir prospérer. Il fut à l’origine de la fin de la Guerre froide, et ce sans que le moindre coup de feu ne soit tiré. Il fut également à l’origine de la chute du Mur de Berlin. Il a tenu toutes les promesses qu’il avait faites lorsqu’il s’est présenté à la présidence. Aucun autre président ne s’est tenu à ses promesses. Il fut le meilleur président que notre pays ait eu. Lorsqu’il a quitté son poste, j’ai pleuré toute la journée.

 

Si je soutiendrai Bush en novembre ? Oui ! Il n’est pas responsable de ce qui est arrivé à l’économie. Si les attaques terroristes du 11 septembre 2001 n’avaient pas eu lieu, nous nous porterions très bien. Le seul problème que je retiendrai est la tendance à la délocalisation de certaines activités et donc de l’emploi. Mais Bush n’est pas responsable. Ce sont les compagnies qui font cela, pour ne plus avoir à payer de taxes.

 

Concernant l’Irak, j’ai soutenu le fait d’avoir fait quitter le pouvoir à Saddam, et la mort de ses fils, mais je pense que nous avons besoin de nous retirer maintenant, et de laisser les Irakiens gérer leur pays eux-mêmes. Ils veulent juste continuer à tuer nos hommes parce qu’ils ne veulent pas de notre présence, c’est pourquoi nous devons nous partir.

 

Je n’ai aucun problème avec la France. Je pense qu’il s’agit d’un grand pays, et je rêverais de voir la France.

 

 

 

Sandi S.

Artiste

Georgie, U.S.A.

 

(…) Bien sûr, comme vous le savez, il y a eu des tensions ces derniers temps entre les gouvernements français et américains, mais ce n’est pas la faute des peuples français et américains. Par conséquent, je n’ai aucun mauvais sentiment envers la France et son peuple, pas du tout. Nous sommes amis depuis tant d’années, n’est-ce pas ?

 

Je suis honorée que vous m’ayez choisie pour répondre à vos questions, et je vais être aussi honnête que possible.

 

Pour moi, Ronald Reagan représentait la force de l’esprit, qui a permis aux Etats-Unis de devenir ce qu’ils sont devenus. Il représentait également notre foi en tant que peuple en Dieu, et tout ce qu’un peuple peut faire avec de la foi.

 

Le plus parfait héritage serait de perpétuer sa vision pour notre pays et pour le monde.

 

Bien que M. Bush ait fait un certain nombre de choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord, je pense qu’il est également un homme de foi et de force, et oui, je le soutiendrai en novembre, parce qu’il est la force dont nous avons besoin en temps de guerre.

 

La plupart des gens, y compris aux Etats-Unis, ne reçoivent pas les informations nécessaires pour se forger une opinion réfléchie concernant la guerre en Irak. Je suis très politisée dans mon esprit, et j’ai lu d’autres sources qui disaient que la guerre était la bonne chose à faire. Je suis triste que nous ayons dû aller en guerre, mais maintenant que nous y sommes, nous devons rester et la terminer afin que l’Irak ne retombe pas à nouveau dans de mauvaises mains. Quand les tanks nazis défilaient sur les Champs-Élysées, les Etats-Unis ont pleuré avec la France, mais nous savions que nous devions rester en Normandie pour empêcher les Nazis de prendre Paris à nouveau. Maintenant, nous sommes partis, et la France est à nouveau un grand pays. C’est ce que nous devons faire pour l’Irak.

 

Nous ne voulons pas envahir des pays. Nous devons protéger nos amis.

 

Pour moi, la France évoque les balades dans les rues de Paris, Brest, Lyon…

 

Visiter Bordeaux, aller dans un café de rue, manger des escargots avec du beurre et du vin ! Comme je l’ai dit, politiquement, je n’ai aucun problème avec le peuple français. On doit toujours faire ce qui est le meilleur pour tous, non ?

 

D’ailleurs, mon prénom français est Diane !

 

 

 

Corey T.

Conceptrice mécanique

Minnesota, U.S.A.

 

Bonjour Phil,

 

Merci pour votre gentil mail. Je suis sure que nous ressentons tous de la tristesse à cause du décès du Président Reagan. J’ai une vingtaine d’années, mais je me souviens bien de lui. J’ai été élevée dans un foyer démocrate, mais j’ai toujours respecté cet homme pour ce qu’il représentait ainsi que pour ses choix et l’exemple qu’il a instauré pour nous, les jeunes.

 

Je pense que l’Amérique va apprendre que les valeurs morales de la famille et de la décence sont toujours présentes. Cela se perd parfois dans cet âge de glamour, etc… Je pense qu’il avait une façon par la communication, un don, qui lui permettait d’atteindre des gens qui d’ordinaire ne l’auraient pas été. C’est pourquoi je pense qu’il ne sera jamais oublié.

 

Concernant le Président Bush, je pense que l’Amérique a besoin d’un changement de leadership. Il a su nous guider durant des temps obscurs, mais je pense qu’un changement sera meilleur. Je soutiendrai donc John Kerry comme nouveau président.

 

La guerre en Irak sera bientôt terminée, je l’espère comme tous les peuples du monde. Je pense qu’elle était justifiée par le terrorisme omniprésent dans notre monde et le besoin de le combattre. Je prie chaque nuit pour que cela s’arrête bientôt et que la paix soit restaurée partout sur la planète.

 

J’ai toujours voulu visiter la France. Je suis fière que la France nous ait donné la Statue de la Liberté. Le pays en lui-même paraît très beau dans les livres que j’ai lu, par l’art et les sites historiques. J’aime la façon de parler des Français, j’aimerais un jour pouvoir parler français couramment.

 

Meilleurs vœux, de paix et d’amitié.

 

 

 

Daniel T.

Vendeur, écrivain

Kentucky, U.S.A.

 

Merci pour vos gentils commentaires. Je savais que ce jour allait arriver, mais comme beaucoup, cela m’a réellement beaucoup frappé très durement (et cela continue), plus que je ne le pensais. Je serai heureux de vous répondre.

 

Pour moi, Ronald Reagan représentait le meilleur de l’Amérique. Il a commencé pauvre, avec une situation familiale pas si parfaite que cela. Pourtant, il a été capable d’avoir une éducation, puis de se frayer un chemin dans le monde de la radio. Ensuite, il y a eu les films (c’était son rêve). Vers la fin de sa carrière, il a rencontré Nancy (sa femme, ndlr), et ils sont tombés amoureux. Leur romance et leur amour continu l’un pour l’autre était extrêmement touchant, un modèle.

 

Il est devenu confiant dans ses idées du monde, et a toujours su qui il était jusqu’au jour de sa mort. Pour moi, il représentait ce qu’un homme américain devrait être : fort, charismatique ("rugged good looks", pas de certitude sur la traduction, ndlr), confiant, un homme de foi, courageux, et qui ne recule jamais devant ce qui est juste. Son héritage sera de trois ordres :

 

Il fut la force conductrice du renouveau de l’esprit de l’Amérique. Durant les deux décennies précédentes, l’Amérique (pour des raisons diverses) avait en effet perdu de son âme. M. Reagan n’acceptait pas cela. Il a remis au goût du jour l’amour de la patrie et la fierté d’être Américain, partiellement grâce à sa volonté de toujours mettre en valeur le pouvoir des individus sur celui de l’Etat.

 

Il a donné un nouveau souffle à l’économie américaine. Il a fait exactement comme JFK en son temps, en donnant aux gens plus de contrôle sur leur argent. Lorsque les gens ont plus de contrôle sur leur argent et qu’ils l’épargnent ou le dépensent, cela renforce l’économie. Pour chaque bien ou service payé, de la richesse est alors créée et un travail est sécurisé ou créé. Cela a créé un cercle vertueux, toujours croissant. Il a favorisé l’ouvertures de portes, et nous autres Américains l’avons suivi. George W. Bush a fait de même.

 

Il restera enfin dans nos mémoires pour avoir détruit l’Empire soviétique sans aucun tir. Il savait dans son cœur que l’Union soviétique était vouée à l’implosion. Vous ne pouvez pas enfermer indéfiniment les hommes et les femmes, il y a forcément un moment où ils se révoltent pour la liberté. Il croyait en la paix par la force. Les Soviétiques n’ont pas pu tenir le rythme qu’il leur a imposé (notamment concernant la course aux armement, ndlr).

 

Comme Reagan, je pense que George W. Bush restera dans l’Histoire comme un grand président. J’ai apprécié l’homme depuis qu’il est devenu pour la première fois Gouverneur du Texas. Lorsque je l’ai vu gagner sa première bataille électorale, j’ai su qu’un jour il deviendrait Président. J’ai voté pour lui en 2000 et je voterai à nouveau avec entrain pour lui en 2004. Il me rappelle énormément Reagan, et, comme l’Histoire se répète souvent, il doit faire face à nombre de défis auxquels Reagan a dû faire face : une gauche extrême (jusqu’à la trahison parfois), la guerre contre le terrorisme (à mettre en rapport avec la guerre de Reagan contre le communisme), et, comme toujours, l’économie. Comme Reagan, Bush est un homme de principes et de foi, cela ne fait aucun doute. Je désapprouve Bush sur le montant des dépenses occasionnées et sur quelques unes de ses politiques domestiques, mais il a mon soutien concernant le leadership, la guerre contre le terrorisme et l’économie.

 

Je pense que la guerre en Irak devrait avoir eu lieu environ dix ans plus tôt. (…)

 

Nous aurions dû finir le travail en 91. Je soutiens la guerre en Irak à 100%. Je crois que tous les peuples (pas seulement les riches blancs, comme la gauche le pense) ont droit à la liberté. Saddam oppressait son peuple, il avait (ou a) des armes de destruction massive (je pense que ce qu’il avait est caché en Irak, et d’autres ont été transportées en Syrie), et il était une base potentielle pour des opérations terroristes. Je pense et j’espère que ça ne s’arrêtera pas là. Pour réellement résoudre le problème du terrorisme, il va falloir s’occuper de l’Iran, de la Syrie, du Soudan. Je crois que certaines personnes ont peur d’appeler ceci tel que c’est, la 3è Guerre mondiale.

 

La France est un pays qui je crois sera toujours notre allié. Toutefois, j’ai été extrêmement déçu par le gouvernement de France, par leur implication dans le scandale du programme "pétrole contre nourriture" et le fait qu’il ne nous ait pas soutenu sur l’Irak. Je ne blâme pas les Français, mais je désapprouve les principes de votre gouvernement actuel.

 

 

 

Michael R.
Manu.
Caroline du Nord, U.S.A.

 

J’apprécie vos gentils mots et le respect que vous avez montré envers non seulement un grand Américain, mais également un grand être humain, Ronald Reagan.

 

Je serai heureux de vous répondre, de mon mieux.

 

Le Président Reagan, pour moi, représentait de toute façon, avec une absolue détermination, l’idée que les Américains devaient réaliser à quel point ils étaient chanceux de vivre dans ce grand pays, mais surtout d’être libres. Il est difficile pour moi d’exprimer par des mots, le sentiment de fierté qu’il a redonné à notre pays. Le Président Carter (prédécesseur de Reagan, de 1977 à 1981, ndlr) était sans doute un homme bon comme cela a toujours été le cas à la Maison Blanche, mais il n’était simplement pas un Président. Durant et à la fin du mandat de Jimmy Carter, le pays avait glissé dans une situation de malaise. Nous avions même un index de misère pour documenter à quel point les choses s’étaient dégradées. Notre armée avait été décimée, à la sortie du Vietnam, nous n’étions plus une armée que dans un seul domaine, plus aucune force de dissuasion conventionnelle à proprement parler, nous ne dépendions que de la Destruction mutuelle par le biais des missiles intercontinentaux et des bombardiers SAC. J’ai grandi sous le nuage d’une dizaine de milliers de têtes nucléaires soviétiques pointées sur mon pays, avec la conscience que mon pays en avait approximativement le même nombre, pointés sur l’Union soviétique. Nos destins collectifs dépendaient du moins stable de cette paire, le maillon faible pour faire une paraphrase.

 

Les Iraniens avaient pris 52 otages américains et le pays était incapable de faire quoi que ce soit à ce sujet. J’avais 12 ans en 1980, l’année où le Président Reagan a été élu pour son premier mandat. C’était drôle, nous pouvions penser qu’un homme de 69 ans lorsqu’il est entré en fonction se serait aliéné la jeunesse, mais je me souviens que nous avons parlé de lui en études sociales, et tout le monde était derrière lui. Il nous disait que les jours les plus glorieux de l’Amérique étaient devant elle, pas derrière, il nous a permis d’être fiers d’être américains à nouveau. L’Iran, craignant le "cow-boy", libéra les 52 otages retenus pendant 444 jours, immédiatement après la prise de fonction du Président Reagan. Durant les années Reagan, le patriotisme a atteint des sommets. Son épouse Nancy a rendu son prestige à la Maison Blanche, et j’ai un souvenir très particulier du 4 juillet 1986, lors de la réouverture de la Statue de la Liberté pour son 100ème anniversaire, un présent spécial de votre pays au mien. Quand il a quitté le poste, le monde était plus sûr. Le Mur de Berlin allait bientôt tomber et le Communisme s’effritait peu à peu pour ne devenir plus tard qu’une page de l’histoire. Les enfants qui grandissent aujourd’hui ne savent pas ce que cela fait de vivre dans un monde en présence d’un régime dont le leader avait revendiqué à l’ONU qu’il nous enterrerait tous (Nikita Khrouchtchev en 1956, ndlr). Je suis heureux de savoir que ma nièce n’aura pas ce souci.

 

Je pense que l’Amérique restera fidèle aux valeurs prônées et défendues par le Président Reagan.

 

La nation a créé le gouvernement fédéral, pas l’inverse. Je pense que nous réaliserons l’importance de maintenir une défense nationale forte, et par-dessus tout, l’importance de rester optimistes. J’espère qu’un jour il y aura à Washington D.-C. un monument qui lui sera dédié, à lui et à son héritage.

 

J’aime le Président Bush et j’essaie de le soutenir autant que faire se peut. Je pense qu’il a réalisé un très bon travail, en ayant eu à gérer plus de difficultés que n’importe quel autre président dans la mémoire récente. L’élection serrée de 2000 et les défis qui ont suivi avec l’incertitude des résultats ont fait tomber notre confiance à l’aube de 2001. Les choses commençaient juste à se normaliser et à s’améliorer lorsque survinrent les attaques terroristes du 11 septembre. Nous avions, en tant que pays, ainsi que nos dirigeants, ignoré le terrorisme pendant trop longtemps, et il est venu nous frapper à nouveau d’une façon sans précédent. 1993, une bombe explose au World Trade Center. Les explosions des ambassades en Afrique et contre l’U.S.S. Cole en octobre 2000. Toutes ces attaques ont été organisées par Oussama ben Laden et ses lieutenants, et toutes ces attaques n’ont eu droit qu’à des réponses très limitées de la part des Etats-Unis. Ben Laden pensait que nous étions des cibles faciles et dociles, mais il n’avait pas compté avec la détermination du Président Bush. C’est ce moment qui a défini sa présidence. La guerre contre le terrorisme continuera dans l’avenir. Et, même si nous ne pouvons pas espérer de stopper chaque nouvelle tentative d’attentat, nous pouvons tout de même dire que les Etats-Unis et le monde sont plus sûrs depuis ce qu’il s’est passé en Afghanistan et en Irak.

 

Les gens disent que la guerre en Irak était pour le pétrole, ils disent qu’elle était basée sur des renseignements défaillants concernant les ADM, ou encore que le Président Bush voulait juste faire payer à Saddam pour avoir voulu attenter à la vie de son père peu de temps après qu’il ait quitté [la Maison Blanche], en 1993. Pour moi, c’est vraiment une question d’Etat de droit. Saddam avait accepté, à la suite de l’opération Tempête du Désert, en 1991-92, de démilitariser le pays et de détruire ses ADM et autres SKUD qui avaient été tirés sur des innocents en Israël durant la guerre. Les inspecteurs de l’ONU surveillaient le respect de ces accords. Mais Saddam a essayé de cacher ces armes interdites, de tromper les inspecteurs et d’autres coups bas. L’ONU a alors passé résolution après résolution pour condamner puis autoriser l’autorisation de la force. Chaque résolution lui laissait un peu plus le champ libre. Il a finalement pensé qu’il pouvait relever la tête et a expulsé les inspecteurs d’Irak en 1998.

 

Nous avons trouvé un grand nombre d’armes interdites. Nous commençons à reparler de ces ADM et à trouver des preuves sur l’endroit où elles ont été transportées. Les combats dont vous entendez parler aux informations sont en premier lieu le fait d’étrangers affiliés à Al Qaida. Nous subissons des pertes, c’est vrai, mais ce sont eux qui prennent le gros des pertes. D’après ce que j’ai entendu de la part d’amis de retour d’Irak, le peuple irakien est très pro-américain et est très heureux d’avoir été libéré de la tyrannie de Saddam et de ses bouchers. Je pense que l’Histoire dira que c’était la bonne chose à faire.

 

Ce que la France évoque pour moi ? Question difficile ! Historiquement, la France et l’Amérique ont toujours été très proches. La République française est basée sur notre Constitution. Durant la Première guerre mondiale, les Américains ("Yanks") se sont battus aux côtés des Français et des Anglais contre les Allemands. Durant la Seconde guerre mondiale, nous avons aidé à la libération de la France et mis fin à la menace nazie. Dans les années 1950, nous avons soutenu les troupes françaises en Indochine avec de l’argent et des armes. Après le retrait français de la région, nous sommes intervenus dans les années 1960, dans ce qui s’appelait désormais Vietnam. La France a été et reste un allié loyal de l’OTAN. Elle a été en désaccord avec les USA sur l’Irak, ce qui arrive de temps en temps. Le couple le plus loyal a des désaccords de temps en temps. Je sais qu’après la décision française de ne pas s’impliquer en Irak, il était à la mode d’attaquer le peuple français. Personnellement je n’ai pas de problème avec le peuple français. Je pense que le Président Bush sait également faire la part des choses. J’espère simplement que vous serez attentifs à ce que disent les médias. Un grand nombre de choses qui sont dites par les médias américains sont des demi vérités destinées à desservir le Président Bush, simplement parce qu’ils ne sont pas d’accord avec lui.

 

 

 

Paul F.

Technicien informatique, propriétaire d'entreprise

New York, U.S.A.

 

(…) J’ai 30 ans, j’avais donc 7 ans lorsque Reagan est arrivé à la Maison Blanche en 1981. Je suis heureux de voir des Européens rendre hommage à Reagan. Si je devais faire une liste des trois plus grands présidents de tous les temps, je dirais que Reagan serait n°2, derrière George Washington, le père de mon pays. Sa mort m’a vraiment contrarié toute la journée de samedi, lorsque je l’ai apprise aux informations. Ronald Reagan a fait de moi le conservateur que je suis aujourd’hui. Mon premier souvenir de lui correspond au jour où on lui a tiré dessus. Je me souviens l’avoir regardé se lever, comme si de rien n’était, et marcher vers l’hôpital. En tant qu’enfant, je l’avais alors placé à un niveau supérieur, presque divin. Il semblait ne pas avoir été plus choqué par cela de l’évènement. L’homme qui représentait l’Amérique venait d’être pris pour cible, et s’était relevé encore plus fort ! Pour un petit garçon, cela m’a fait [symboliquement] prendre conscience que personne ne pourrait nous abattre, en tant que pays. Nous pourrions être touché mais nous resterions debout, fort et en continuant de faire ce qui doit l’être. De plus, mon père me parlait de mon grand-père que je n’avais jamais connu, qui s’était battu en tant que "Ranger landing" en Normandie. Il est mort quelques années avant ma naissance, il avait survécu à la guerre. Mon père m’avait dit que mon grand-père lui avait dit qu’il s’était battu à la guerre pour que les générations futures n’aient pas à le faire. Reagan était un peu notre grand-père à tous. Reagan, pour moi, représentait tout ce sur quoi notre nation a été bâtie… tous les idéaux de nos pères fondateurs, Washington, Jefferson, Adams, Franklin. Les idéaux que ces hommes brillants ont toujours défendu durant toutes ces années me restent toujours en mémoire, mais parmi eux, un restera toujours vrai : "Tous les Hommes ont le droit d’être libres". Ronald Reagan a basé sa présidence sur ce principe. C’est pourquoi il s’est adressé à l’Union soviétique et l’a forcée à détruire le Mur de Berlin, à quitter l’Europe de l’Est et à libérer des millions et des millions de gens de la tyrannie. Je travaille avec des personnes qui ont immigré ici grâce à Ronald Reagan et à sa façon de gérer le problème soviétique. Je travaille avec un groupe d’immigrants russes et polonais, et avec un homme qui est un Juif hongrois. Les histoires que celui-ci m’a raconté à propos de la vie sous le communisme, n’a fait que renforcer mon opinion sur la chance que j’ai eu de naître ici, aux Etats-Unis. Lorsque vous voyez tous ces gens critiquer et attaquer l’Amérique (spécialement ces imbéciles qui traitent Bush de terroriste), ce sont des gens qui sont enfants de personnes qui ont beaucoup d’argent et n’ont pas d’idée de ce que signifie la souffrance, comme l’ont vécu et le vivent encore les gens soumis à la règle communiste. Il est triste de voir que certains gosses de riches pensent savoir ce qui est juste alors qu’ils n’ont jamais eu à travailler pour rien dans leur vie.

 

L’héritage de Reagan fera partie du modèle de fabrique américain. Les baisses d’impôts qui permettent aux gens de travailler (19 millions d’emplois ont été créés grâce à ses fortes réductions d’impôts), une défense forte, une confrontation face à face avec le Mal sans jamais reculer. Voilà ce que sera son héritage.

 

Je suis un grand supporter de Bush. Je ne suis pas d’accord avec toutes les dépenses du gouvernement, mais il a fait ce qu’il avait promis de faire. Il a fait des promesses lors de la campagne et les a toutes tenues arrivé au poste suprême. Il n’est pas comme la plupart des politiciens, il se préoccupe réellement de son pays et non de son pouvoir personnel. Comme Reagan. Je voterai à nouveau pour Bush en novembre.

 

Honnêtement, nous aurions dû faire tomber Saddam et ses fils meurtriers, violeurs et gangsters, durant la 1ère Guerre du Golfe, en oubliant l’ONU. Nous avons fait ce que nous aurions dû faire il y a longtemps. Encore une fois, George W. Bush est comme Reagan. Tout le monde critique tout ce qu’il a fait, pourtant il est toujours là, en connaissance de ce qui est juste et moral. 50 millions de personnes ont été libérées de la tyrannie grâce à George W. Bush. Cela ne vous rappelle rien ? Reagan a libéré des millions de gens en Europe de l’Est alors que ses détracteurs critiquaient tout ce qu’il faisait.

 

Maintenant, la France. J’ai des cousins français, et honnêtement, je souhaite que Chirac et votre gouvernement se réveillent. Je veux dire, que faut-il, que le Louvre ou la Tour Eiffel soient détruits pour que votre gouvernement prenne conscience de l’ampleur de la menace du terrorisme global ? Ben Laden ne veut pas terre ou gloire comme Hitler, il veut simplement la mort de tout ce qui n’est pas musulman et de tous ceux qui ne sont pas musulmans. Le 11 septembre n’était pas un événement isolé. Madrid a été attaquée, ainsi que Bali en Indonésie et d’autres… Cela fait trop longtemps que ça dure. On ne peut pas capituler au Mal, il faut le détruire. Que ce soit le marxisme, le nazisme ou le terrorisme, le Mal est le Mal, et il vous coupera la tête si on lui en donne la moindre petite chance. Une partie du problème réside dans le fait que Chirac était corrompu par le pétrole de Saddam, j’ai en effet vu dans un reportage qu’il a reçu 11 millions de barils de pétrole, pour une valeur d’environ 350 millions de dollars d’argent entaché de sang. Ce que je veux dire, c’est que tout le monde savait ce que Saddam faisait à son peuple. Son fils Uday pouvait violer une vingtaine de filles en une semaine. Si elles parlaient, elles étaient tuées et leur famille torturée. J’espère qu’avec l’anniversaire du D-Day et le dîner entre Chirac et Bush, les choses vont changer. De plus, il y a aux Etats-Unis une sorte de boycott des produits français, initié par Bill O’Reilly de la chaîne d’informations Fox News. Il sera sans doute "levé" si votre gouvernement vient à l’aide en Irak. Ce qui me gêne profondément est le fait que maintenant, votre gouvernement mais aussi l’Allemagne, la Russie et la Chine veulent tous des contrats pour reconstruire l’Irak. Les pays qui ont aidés seront les premiers à être pris en considération. Je parle du Japon, de l’Italie et de la Pologne, qui ont tous perdu des hommes dans la bataille. Comme Reagan, George W. Bush fera ce qu’il sait être juste, et le peuple sera avec lui. Quand vous faites ce que vous dites, même vos adversaires vous respecteront, et feront ce que vous demandez d’eux. Bush va demander à votre gouvernement et aux autres de pardonner à l’Irak, et d’annuler ses dettes. Cela arrivera, et alors votre gouvernement et les autres pourront faire des profits par du commerce légal avec l’Irak. Une nouvelle fois, Bush fait ici preuve d’une qualité de Reagan.

 

Une dernière chose que j’ai apprise. Vendredi (11 juin, ndlr) auront lieu les obsèques de Reagan. Mikhaïl Gorbatchev sera dans l’assistance. L’homme qui s’est trouvé face à face à Reagan, avant de reculer, sachant qu’il était battu, respecte maintenant et honorera son grand adversaire d’hier. Bush sera également respecté et peut-être craint comme Reagan.

 

 

(…)

 

 

(autre mail)

 

Une partie du problème est que les journaux et les informations télévisées adaptent les informations à leurs convictions. C’est une pratique effrayante car de ce fait ils amènent les gens à penser ce qu’eux pensent, sans se faire donc leur propre opinion. Recevez-vous en France la chaîne américaine Fox News ? Cette chaîne a une vision plus neutre sur les news. Avec les médias traditionnels, vous avez une vision très libérale (comprenez "à gauche" du pdv américain, ndlr), très anti-Reagan, anti-Bush sur tous les sujets.

 

 

 

Rodney C.

Méd.

Virginie, U.S.A.

 

(…) Oui, Ronald Reagan était un grand homme. De mon opinion, il était l’un des plus grands présidents et des plus grands Américains que ce pays ait connu. Il est très mauvais cependant que des personnes comme les Clinton et leur parti (le parti démocrate, ndlr) aient essayé de détruire tout ce qui est moral et bon dans notre monde. Mais ce n’est que mon opinion j’imagine…

 

Ronald Reagan représentait pour moi un grand nombre de choses. Il m’a appris ainsi qu’à la nation à rester debout pour ce en quoi l’on croit, et à ne jamais reculer devant rien. Il représentait un bon caractère moral, une force, et une forte croyance religieuse. Il m’a également montré comment, en croyant fort à quelque chose, on peut tout accomplir.

 

L’Amérique gardera de lui en héritage la fin de la Guerre froide, une croyance en moins de gouvernement, et une plus grande puissance militaire, ainsi qu’un croyance dans le fait qu’en baissant les taxes, plus d’argent est introduit dans l’économie.

 

J’aime le Président Bush, je vois beaucoup de Ronald Reagan en lui et je voterai à nouveau pour lui en novembre.

 

Concernant la guerre en Irak, je pense que nous aurions dû la terminer lorsque nous étions en Irak en 1992. De plus, l’administration Clinton aurait dû se soucier un peu plus de l’Irak et du terrorisme au lieu de trop s’inquiéter des impeachments, et de faire voter la minorité d’une façon folle.

 

Pour moi, la France est un pays romantique avec de beaux sites.

 

 

 

8 juin

 

 

Mario H.

Etudiant

Californie, U.S.A.

 

Le Président Reagan est synonyme de grand changement pour moi. Au départ, j’étais opposé à son élection parce qu’il était un acteur et qu’avec la malhonnêteté qui régnait en politique, je ne voulais pas de quelqu’un qui allait jouer le rôle de mon président, mais quelqu’un qui serait mon président. Je me suis très vite rendu compte que je m’étais trompé à son sujet, et je n’ai pas pu attendre plus avant de voter pour lui.

 

En tant que mon président, il est devenu le symbole d’une plus grande morale et d’une plus grande intégrité. Il a mis la barre haut, si je puis dire, pour les politiciens futurs.

 

Pour maintenir son héritage, j’espère que nous établirons un jour de congé pour se souvenir de lui et l’honorer.

 

Vous m’avez également demandé mon opinion à propos de Bush. J’ai voté Bush parce que je recherchais un président avec de la poigne et avec un fort sens moral.

 

Au sujet de l’Irak… Je pense que nous avons été trop diplomates. Nous aurions dû répondre de façon plus agressive aux instabilités et retirer notre soutien financier aux pays qui se sont physiquement opposés à nous. Je sais que la presse dit de nos actions qu’elles étaient destinées à libérer le peuple irakien. Je suis d’accord avec cette partie, mais tous les peuples et pays devraient comprendre que cela a été aussi en réponse aux terroristes du 11/09 et surtout à leurs soutiens. Etre l’un, si ce n’est le pays le plus puissant du monde, fait que nous devons être attentifs à ne pas intimider les autres, mais que nous ne permettrons également jamais à d’autres entités ou pays de nous défier voire de penser, car d’une attaque contre nos citoyens ou nos intérêts résulterait une réponse forte et éventuellement, violente.

 

Dans votre dernière question, vous m’interrogez sur mes sentiments concernant la France. Je sais qu’il s’agit de votre pays, mais je dois dire que j’ai perdu pour elle beaucoup de respect. À travers l’Histoire, la France s’est appuyée sur la générosité d’autres pays pour lui assurer des aides, et notamment une protection physique. (Vous savez, si les attaques du 11/09 avaient eu lieu en France, les Etats-Unis seraient entrés en guerre contre les organisations terroristes et les pays impliqués en représailles). Ce serait injuste de ma part de présumer que tous les citoyens de France se sont opposés aux Etats-Unis et à leurs actions, mais dans son ensemble la France devrait ressentir tristesse et colère (envers son gouvernement, si j’ai bien compris, ndlr) d’être tombée ainsi en disgrâce aux yeux de l’Amérique. [pas de certitude concernant la traduction suivante] Pour être parfaitement honnête, je pense votre pays devra être dans un trouble profond à l’avenir pour avoir notre aide, sous les quelques prochaines décennies. Les politiciens ne l’admettent pas ouvertement, mais nous savons tous qu’ils refuseraient de venir en aide à la France s’il n’y a pas de nécessité absolue. Ma suggestion aux citoyens de France sera d’encourager leurs dirigeants à agir rapidement et à renforcer les forces militaires françaises.

 

 

 

Margarita A.

Chef d'entreprise dans l'imprimerie

Californie, U.S.A.

 

(…) Ce que Reagan représente à mes yeux ? Des changements positifs, avec un sourire et une bonne conversation, avec lui vous voyiez les résultats. Une personne d’action.

M. Reagan a mis en place tellement de changements positifs que mon esprit va à 100 miles à la seconde, mais je vais essayer de ralentir pour citer ceux qui me semblent les plus importants. A propos de son héritage, il a fait tellement de choses… Ce qui suit est ce dont je me souviens, et ce qui a pour moi comme vous pouvez le deviner le plus d’intérêt.

 

En Amérique, il a fait pression pour relancer le programme spatial qui avait été ralenti. Il a réduit les taxes. Il a su unir Démocrates et Républicains pour faire passer certaines lois. Il a fait élire la première femme au Pouvoir judiciaire, ce qui a eu un impact considérable sur les droits des femmes. Il a libéré des otages au Moyen-Orient.

 

Au niveau du globe, il a réussi de façon très stratégique, par le biais de conversations, à faire en sorte que le monde entier voie l’effondrement du Mur de Berlin sans aucune perte humaine. Il a eu des échanges diplomatiques avec les autres puissances, l’Angleterre, la Russie, a obtenu leur soutien, encore une fois sans intimidation et dans effusion de sang. Il a personnifié la phrase "Le Pouvoir de Chacun". Derrière ses sourires et ses plaisanteries, il y avait un homme d’affaires avec une âme. Un homme religieux sans en être pompeux pour autant, qui pensait toujours au peuple qu’il représentait. En ce temps-là, il avait confiance en l’Amérique pour le futur et les réformes qu’il a faites dans le service public seront en vigueur pour longtemps encore. Alors que sa maladie était inconnue (de lui y compris, ndlr), il a été un précurseur dans l’incitation à la recherche contre cette triste maladie [d’Alzheimer]. Maintenant qu’il est parti, je suis sûre que Mme Reagan, l’amour de sa vie, et vice-versa, va devenir le porte-parole de ceux qui en souffrent. Elle va pousser à la recherche médicale controversée qui concerne les "Cellules souches embryonnaires".

 

Il n’y a qu’en Amérique que quelqu’un d’origine modeste, peut devenir le leader du monde libre et un acteur majeur dans le monde.

 

L’actuel Président Bush me fait sourire… Je ne sais pas si c’est correct de ma part de dire cela, mais je pense qu’il est un gamin chanceux mais avec de solides pistons familiaux. Je pense qu’il s’en est pris à Saddam pour venger son père. Le côté cow-boy, je ne m’en occupe pas. Je n’aurais pas aimé non plus que mon père soit menacé. Bien sûr, il y a la raison légitime : le 11 septembre. Il a été élu au bon moment, quand on voit ce qu’il est devenu. Je pense qu’il pourrait avoir quelques problèmes en ayant affaire avec la "société gay", car il est un homme de famille et croit fermement au mariage entre un homme et une femme. Je ne vois pas d’opposants crédibles des côtés démocrate et républicain. Il est et sera aussi bon que les gens qui l’entourent. Je ne pense pas qu’il avait l’expérience mais il a mûri depuis l’élection.

 

Je crois que c’est le manque d’informations provenant de la CIA et du FBI, reconnu publiquement, qui a provoqué la chaos auquel nous assistons au Moyen-Orient.

 

La France, au nom de son peuple, s’est levée dans la communauté internationale. Le président a d’abord protégé son peuple, regardez le résultat. Regardez les parents de jeunes soldats américains. Je sais que la liberté a un prix très élevé, c’est pourquoi elle doit être valorisée.

 

 

(…)

 

 

(autre mail)

 

Ce vendredi (11 juin, jour des obsèques de Reagan, ndlr), a été déclaré jour "ferié" pour pleurer et regarder à la télévision toutes les cérémonies historiques pour notre ancien président. Les bureaux municipaux et gouvernementaux, les services postaux sont donc fermés.

 

 

 

David L.

Com.

Texas, U.S.A.

 

Le Président Reagan a relevé encore le niveau de fierté de l’Amérique. Il nous a fait prendre conscience qu’il est bon d’aimer notre pays, d’être fier d’être Américain. Trop longtemps, nous avons été à l’extrémité du monde, mais nous sommes les premiers à répondre lorsque il y a un ennui et que d’autres nations ont besoin d’aide. Je pense comme John Wayne qu’il était un homme d’honneur, et vous saviez toujours ce qu’il pensait de vous. N’était-il pas quelque part divin ? Il était un grand Américain.

 

Quant à un legs ? Je pense qu’une belle statue à côté du Monument de Lincoln serait bien.

 

Je pense que Bush est également un homme qui aime notre pays, mais, plus important encore, un homme qui aime Dieu et qui recherche ses conseils, pas seulement pour sa propre vie mais pour notre pays tout entier. Je suis de ces Américains qui croient que ce pays a été fondé pour que le peuple puisse aimer Dieu, quels que soient leurs choix. Aucun Etat n’a exigé la religion, la liberté religieuse. Je ne pense pas que Dieu devrait rester hors de nos vies, mais qu’il devrait être plus dans nos vies. Et oui, je voterai pour que le Président soit réélu.

 

Par ailleurs, je dois admettre que j’ai honte d’avoir participé à des plaisanteries au sujet de l’ancien Président Clinton, alors que Dieu nous dit que nous devons prier pour nos dirigeants, et je n’ai jamais prié pour Clinton jusqu’à ses trois derniers mois de mandat, mais j’ai prié Dieu pour qu’il perde son poste. J’ai senti que Dieu m’a dit très distinctement dans Ses mots que je me devais de soutenir le Président Clinton par la prière, et que je n’avais pas pris ma part dans sa protection contre l’enfer. J’ai donc écrit au Président Clinton et lui ai demandé pardon, et j’ai prié pour lui depuis. Il en est de même pour tous les autres chefs dans notre communauté, ville, Etat, monde, afin que Dieu les amène à l’esprit.

 

Concernant l’Irak, j’ai soutenu mon Président et sa décision de partir en guerre. Je sais (en tant qu’ancien de l’US Navy moi-même) qu’il a bien plus d’informations que ce qui peut être rendu public. S’il pensait que nous devions partir en guerre, alors je soutiens sa décision. Je pense qu’un grand nombre des choses que j’ai entendues sur l’ancien dictateur (Saddam Hussein, ndlr) était vrai et qu’il a fait beaucoup de mal à son peuple, mais comme pour Hitler, [les Irakiens] avaient peur de se soulever contre lui, et ils lui ont donc permis de rester au pouvoir. J’aurais aimé voir le problème résolu et que nous puissions quitter le pays et le rendre à son peuple. Je ne veux pas aller au fond de mes pensées, parce que je crois que les religieux irakiens apprennent aux enfants à haïr l’Amérique et les Américains depuis la plus tendre enfance. C’est triste, parce que toutes les bonnes religions apprennent l’amour, pas la haine.

 

Quoique je n’aime pas le péché, quand quelqu’un s’y trouve, je ne déteste pas cette personne. Et je ne penserais jamais à faire exploser la maison de personnes que je n’ai pas vu droit dans les yeux (?).

 

Là bas, ils résolvent les problèmes en tuant, et peut-être sans procès. Nous avons vu dans la vidéo du meurtre du jeune chauffeur de camion américain le type de personnes qui sont contre les Américains là-bas, ce ne sont que des gangsters, pas des religieux ("not religions God fearing people"). Mais à la place, ils sont justes similaires au leader déchu. Mais, je vous en prie, comprenez moi, je ne crois pas que tous ces gens soient comme cela. Je ne crois pas qu’ils haïssent tous l’Amérique.

 

Mais il est triste de voir que cette zone du monde est couverte de haine et d’envie de tuer des gens comme les Juifs. Je ne vous dirai pas que je comprends tout ce qu’il y a à comprendre au sujet de ces sentiments sur les Juifs. Je sais que ma Bible, à laquelle je crois, dit qu’ils sont son peuple élu et que ceux qui sont contre eux sont contre Dieu. Et quant à moi et à ma maison, nous servirons le Seigneur.

 

La France est un bel endroit, de grand vin, de grande nourriture… Question trop large mais ce sont mes premières pensées. A propos de la France et de la Guerre en Irak, c’est une autre affaire…

 

Mon ami, que Dieu vous bénisse, vous et les vôtres.

 

 

 

Hillary L.

Mil.

U.S.A.

 

J’apprécie votre mail et voudrais vous remercier pour vos commentaires concernant les Etats-Unis. Vous m’avez posé plusieurs questions, et j’espère que je pourrai vous y répondre.

 

Je suis entrée dans l’armée lorsque Reagan était président. Il fut également le premier président pour lequel j’ai voté. Mais, au delà, j’ai vu en lui un homme d’honneur et de dignité. Il était inspirant, motivant et un homme profondément gentil. Avec beaucoup de respect, était l’un des chefs les plus exceptionnels que l’Amérique ait eu l’honneur de servir, et il nous manquera cruellement.

 

Il y a déjà des mémoriaux qui honorent la vie de Reagan. Je ne serai pas surprise d’en voir d’autres voir le jour. Ses discours et ses mots sont facilement à le disposition de qui les veut, et tout à fait honnêtement, il est déjà dans nos cœurs.

 

J’aime George W. Bush. Est-il le grand communicateur qu’était Reagan ? Non, il ne l’est pas, mais cela veut-il forcément dire qu’il n’est pas un grand homme ? A-t-il fait des erreurs ? Bien sûr, mais quel homme n’en a jamais faites ? Mais le véritable esprit d’un homme se trouve dans ses yeux, et si vous regardez dans les yeux de Bush, vous verrez une gentillesse et un esprit qui font de lui un chef. J’aime sa passion, son intégrité et son honneur pour notre pays et oui, je voterai encore pour lui en novembre.

 

Comme je l’ai dit, je suis dans l’armée. Mon opinion de la guerre est peu importante. Je suis ici pour faire un travail, et ce travail est de défendre et de protéger ce pays de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs. Le 11 septembre a mis en lumière une nouvelle ère de guerre pour l’Amérique. L’Irak fait partie de cette guerre, et aussi longtemps que mon commandant et mon chef me demandera de servir mon pays, je le servirai. J’ai prêté serment pour cela, et je continuerai ma mission jusqu'à ce que je ne sois plus demandée. Plus important encore, nous ne pouvons pas, nous autres Américains, rester immobiles et regarder des personnes innocents être abattues sans rien faire. Ce n’est simplement pas notre façon de faire.

 

Je suis heureuse que vous m’ayez interrogée sur la France. J’ai rencontré beaucoup de gens de France dans mon travail, et j’ai toujours apprécié de les rencontrer. Durant ma mission au Kosovo, j’ai travaillé avec de nombreux soldats français et j’ai aimé travailler avec eux. Ils étaient toujours amicaux, utiles et très agréables. Je n’ai aucune rancune envers la France, et je n’en aurai jamais. Votre pays a aidé le nôtre dans les années 1800, le nôtre vous a aidé dans les années 1940. C’est ce que font les amis. Il s’aident mutuellement.

 

Quand j’entends quelqu’un soupirer, ‘La vie est dure’ , je suis toujours tenté de lui demander ‘Comparé à quoi ?’ -- Sydney J. Harris

 

 

 

James B.

Auteur compositeur

Alabama, U.S.A.

 

(…) Pour moi, [la mort de Reagan] va constituer un grand changement, comme vous avez pu le lire dans le lien que je vous ai donné, sur WAFF 48 NEWS (il est apparu à la télévision, ndlr), où je suis cité et vous pouvez lire mon hommage. J’ai rencontré Ronald Reagan une fois, devant quelques 30,000 personnes !

 

Notre héritage est vaste. Il était un homme honnête, ce qui n’est pas chose facile à un tel niveau, mais il s’y est tenu toute sa vie. Je ne suis pas du tout un homme politique, mais plutôt un philosophe/écrivain/compositeur. J’ai toutefois de forts sentiments, qui pour moi (et pour je pense la plupart des Américains) me font croire que l’ancien Président Ronald Reagan fut l’un des plus grands présidents de tous les temps. Je crois profondément que l’histoire retiendra ce fait.

 

Je ne suis pas du tout une personne partisane, je crois en notre président, mais je ne suis pas d’accord avec lui sur tous les points. Je ne suis pas suffisamment informé pour juger ses choix, mais je l’ai approuvé sur de nombreuses choses et entendu quelques discours très puissants, qui ont su changer mon opinion, du négatif au positif. Maintenant, la question se pose, suis-je positif sur des choses négatives, ou suis-je négatif sur des choses qu’il croit positives ? Je suis sûr que ça n’aide pas, mais c’est honnête.

 

Concernant l’élection, je ne sais pas encore si je vais voter pour Bush. Je sais en tous les cas que je ne voterai jamais pour Kerry.

 

Je ne suis jamais pour la guerre, lorsque elle peut être évitée. J’ai à ce sujet des sentiments extrêmement partagés, mais je soutiens complètement mon président, toujours, c’est pourquoi il est président et pas moi. Il est bien sûr mieux informé. J’aurais aimé voir toutes les nations que nous avons aidé à obtenir/retrouver la liberté nous soutenir dans ce noble effort. Il y a des périodes où il semble imprudent de croire qu’une seule puissance, quelle qu’elle soit, puisse être capable de maintenir l’ordre du monde entier. Toujours est-il qu’après l’horreur du 11 septembre ici, en Amérique, je ne peux et n’oublierai jamais cela en tant qu’individu. Le terrorisme et son potentiel mondial, doit être arrêté. Celui qui se croit en danger est soit mal informé, soit il fait l’autruche. Ces gens [les terroristes] peuvent vous faire preuve d’allégeance aujourd’hui mais ils vous tueront assurément demain !

 

Question difficile à propos de la France. Ma fille (qui parle français et souhaite grandement visiter la France) et moi aimons la France. Je n’y suis jamais allé, j’ai failli une fois, via l’Assurance vie et accident coloniale, pour qui je travaillais. Mais je n’y suis pas allé. Mon cher ami disparu Joe Hendricks et sa femme y sont allés. Je suis un romantique et en tant que tel, la pensée de la France évoque donc pour moi beaucoup de belles choses. Je suis toutefois grandement ennuyé par ses choix présents en matière de politique internationale, et je ne peux que prier pour que cela tourne au mieux.

 

Je veux sincèrement vous dire "Merci" pour vos gentils mots et votre évident sincère intérêt en nous autres Américains.

 

 

 

John K.

Pasteur

Virginie, U.S.A.

 

Cher Phil,

 

Merci pour vos gentils mots concernant notre ancien Président. Je serai heureux de répondre à vos questions. En fait, je vous remercie de m’en donner l’opportunité.

 

Ronald Reagan a été le premier Président américain pour lequel j’ai été assez âgé pour voter - donc au delà de mon admiration pour lui, ce fait l’a toujours rendu spécial à mes yeux. De mon point de vue, le Président Reagan représentait le meilleur que l’Amérique a à offrir - à son propre peuple et au monde :

 

Une force de caractère et une vision enracinée dans une foi personnelle immuable en Dieu, mais en laissant toutefois la place pour accepter affectueusement ceux d’autres milieux religieux.

 

Des normes basées sur ces mêmes convictions, devenues des "must", pour le guider dans sa politique, ses relations avec les autres dirigeants mondiaux, et (si nécessaire) dans la défense des Etats-Unis et de leurs alliés.

 

De grandes espérances du peuple, qui n’était ni délaissé ni désespéré, mais il avait les dons et les capacités de rendre notre pays grand. Contrairement aux autres politiciens que j’ai connu, Reagan a constamment mis en valeur le meilleur des gens, qu’ils aient été d’accord avec sa politique ou non.

 

Une vive conscience de ce qu’implique le fait de conduire et de bénir le reste du monde. Reagan connaissait et parlait souvent de la responsabilité des Etats-Unis dans l’utilisation de ses bénédictions (comprendre "dons de Dieu", ndlr) pour apporter la paix aux autres peuples et nations, et pour aider nos alliés de toutes les façons possibles. Je pense que c’est cela qui m’a le plus blessé, au sujet des réponses de plusieurs de nos "amis" de longue date - qui, même si les Etats-Unis sont certainement loin de la perfection, semblent n’avoir que peu de reconnaissance pour les vies et ressources américaines sacrifiées pour permettre à tant d’entre eux de rester libres.

 

Reagan était également, bien sûr, un maître en communication et en humour.

 

Concernant son héritage, je ne suis pas sûr de pouvoir parler pour le pays, très divisé politiquement (comme cela a toujours été le cas) ; cependant je sais que je continuerai (comme je l’ai toujours fait) à me tenir aux principes de liberté authentique, de responsabilité personnelle et aux normes inscrites dans les Saintes Ecritures qui font de la vie non pas une malédiction mais une bénédiction.

 

Avec ce que j’ai déjà écrit, vous pouvez voir que je suis conservateur (républicains, droite, ndlr), selon la tradition politique américaine. J’ai voté pour George W. Bush en 2000, et je voterai volontiers pour lui une nouvelle fois en novembre. Ceci dit, je ne peux pas dire que je suis d’accord avec tout ce qu’il a fait. Mais, en principe, je pense qu’il est l’homme de l’héritage de Reagan.

 

S’il vous plaît, sachez qu’il jouit de beaucoup plus de soutien dans ce pays que notre presse libérale (démocrates, gauche, ndlr) ne veut bien le montrer. En 2000, il a perdu dans beaucoup de grandes villes, mais a remporté une grande majorité du total des comtés du pays. Mises à part les villes du Nord-est et de Californie (où se situent les plus grandes zones métropolitaines), Al Gore n’a pas fait un bon score et les Démocrates le savent.

 

A propos de la guerre en Irak… Comme pour toutes les guerres, je suis très préoccupé. Ceci dit, je crois du fond du cœur que c’était et est une guerre juste. Les atrocités commises des deux côtés me rendent profondément malade, mais l’effort de guerre en lui-même a permis une incroyable libération pour le peuple d’Irak. Je connais plusieurs hommes et femmes militaires qui ont servi (ou servent encore) en Irak - certains dans ma famille - et sans exception ils continuent de dire que de nombreux Irakiens viennent vers eux dans les rues pour les remercier d’avoir renversé Saddam et de reconstruire leurs infrastructures. Malheureusement, ces faits ne sont également pas relatés dans la presse américaine.

 

Au sujet de la France ? Dans mon travail, j’ai fait beaucoup de voyages à travers le monde. Je suis allé dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest, où j’ai de merveilleux amis en France (Marseille et Villeneuve-sur-Lot) et en Belgique (Bruxelles et Liège). J’ai un grand amour pour le peuple français, mais j’ai été très déçu par votre gouvernement. Je n’ai aucune mauvaise volonté, mais j’aimerais voir une plus grande participation et coopération pour trouver des solutions sur l’Irak et d’autres sujets, plutôt que simplement une opposition ouverte et bruyante.

 

Que Dieu vous bénisse richement pendant que vous continuez vos recherches. Reagan est un grand exemple de ce que nous autres en Amérique aspirons à devenir.

 

Mes bénédictions.

 

 

 

Charles W.

Vidéo. d'info.

Floride, U.S.A.

 

(…)

 

M. Reagan représentait pour moi l’esprit de l’Amérique et l’optimisme en notre futur.

 

Concernant l’héritage, je ne peux pas parler aux nom de tous les Américains car nous avons tous des points de vue différents, mais le plus important pour moi est ce que je viens de citer.

 

L’Amérique est un lieu où tout est possible. J’ai assisté, dans ma vie, à la chute du Mur de Berlin, et à la chute de l’URSS. Maintenant, lorsque vous dites le mot "Russe" aux Etats-Unis, ce n’est plus avec un ton méchant. Il nous a montré que nous pouvions être amis avec le peuple russe, ce qui n’était pas chose évidente en ce temps-là.

 

Le Président Bush a eu à changer le cours de sa présidence. Le 11 septembre a alarmé toute personne un minimum sensée. Il s’est attaché à préserver et défendre la Constitution des Etats-Unis. Pour moi, la Constitution n’est pas seulement un document. Les premières lignes disent "Nous, le peuple…". Cela signifie que nous, peuple américain, sommes la Constitution. Cela fait partie du travail du Président Bush de nous protéger de la meilleure façon possible de tout ce qui pourrait protéger notre mode de vie. Certains voient en lui un homme qui veut juste prendre aux pays arabes leur pétrole. Si c’était le cas, le baril ne serait pas à 2$ chez moi. Il fait du mieux qu’il peut dans un monde différent. Du temps de Reagan, c’était le terrorisme qui menaçait notre Constitution, aujourd’hui c’est le terrorisme.

 

Oui, je le soutiendrai en novembre car il est le seul auquel je peux faire confiance. John Kerry change d’avis trop souvent. Il a fait le Vietnam mais si vous examinez son service, vous verrez quel type de soldat il a été. Il n’a passé que cinq mois au Vietnam. La plupart des soldats là bas y ont été beaucoup plus longtemps. Ses médailles sont honorables, mais aucune blessure n’a mis sa vie en danger. J’imagine qu’il est difficile de ne pas être blessé à la chair dans la jungle du Vietnam.

 

Le gouvernement irakien était cruel. On ne pouvait faire confiance à Saddam. Ses mensonges et menaces le rendaient dangereux. Il abritait des terroristes. Certains de ses hommes faisaient partie d’[Al Qaïda].

 

Libérer le peuple irakien était également nécessaire. Aucun homme, femme ou enfant ne mérite de vivre sous la menace d’être assassiné, violé ou torturé.

 

Honnêtement, la France m’a déçu l’année dernière. Je ne suis pas en colère parce que je ne sais pas ce qu’ils ont réellement à l’esprit. Je pense que dans le monde notre histoire et celle de la France ont toujours été liées. Avec la reconstruction de l’Irak sera reconstruite la relation franco-américaine. Nos relations ont déjà commencé à "guérir".

 

 

 

Antonio L.

ITALIE

 

Le Président Reagan a donné à l’Amérique de nouvelles énergies, un nouvel esprit pour une nouvelle ascension après la crise des années 70. Sa contribution à la fin du communisme (l’une des pires dictatures jamais connues) a été totale.

 

Je ne crois pas que M. Bush Jr. soit l’héritier du Président Reagan, il n’a pas la bonne personnalité. J’espère qu’en novembre, l’Amérique changera de cap.

 

Je soutiens la guerre contre le terrorisme, mais je ne suis pas totalement convaincu au sujet de la guerre en Irak.

 

La France ? Je vis en Italie, donc très près de la France, et j’y ai voyagé de nombreuses fois. Elle évoque pour moi charme et fort sentiment de fierté nationale, notamment de part votre longue et riche histoire.

 

Comme vous, j’ai toujours aimé et j’aime toujours l’Amérique. Je me sens plus proche de sa tradition et de ses valeurs que de celles de l’Europe.

 

 

 

Chris B.

Fin.

Floride, U.S.A.

 

J’apprécie sincèrement les sentiments que vous avez exprimé concernant le Président Reagan et mes commentaires.

 

M. Reagan a sorti les USA de la nuit noire issue du Vietnam, du Watergate et de Jimmy Carter. Le mal qui rongeait mon pays en 1980 menaçait de le renverser de son statut de superpuissance. M. Reagan nous a rappelé que, en tant qu’Américains, nous sommes capables de tout ce que nous avons à l’esprit. Il a rendu bon à nouveau le fait d’être Américain, et nous a montré de quoi nous étions capables en tant que peuple.

 

Sans doute, nous nous souviendrons de lui comme de l’homme qui s’est assuré que la menace de Nikita Khrouchtchev de nous "enterrer" ne se réaliserait jamais.

 

Je pense que George W. Bush est un homme honorable pris dans une présidence si exigeante qu’elle peut être impossible à continuer. Je soutiens mon président et je crois fermement qu’il sera soutenu sur ses actions en Irak et en Afghanistan. Je voterai pour lui en novembre.

 

La guerre en Irak aurait dû être terminée en 1991. Cependant, George H.W. (le père de l’actuel président, ndlr) a concédé à l’ONU de s’arrêter avant la vraie victoire. L’ONU s’est avérée à maintes reprises être un corps d’épiciers plutôt que de justiciers. Par cela, je veux dire qu’en temps de famine, l’ONU fait du bon travail pour s’assurer que les peuples aient de la nourriture. Mais toutefois quand viennent les décisions difficiles à prendre, cette institution mondiale est impuissante.

 

Je ne suis jamais allé [en France] mais je prévois de réaliser un jour une excursion sur le chemin suivi par nos troupes, à travers la France, à partir de Carentan en passant par la Hollande et l’Allemagne. J’ai rencontré très peu de Français, je ne peux donc tirer sur eux aucune conclusion. Cependant, je me demande si le gouvernement français représente de façon correcte son peuple. Il a donné une image, au moins dans ce pays [aux USA], d’un pays constamment opposé à l’Ouest. Je ne sais pas si c’est par peur de l’énorme population musulmane dans votre pays, mais quelque chose semble pousser Chirac à regarder plutôt à l’Est. Aujourd’hui même, Chirac a snobé ce pays en décidant de ne pas assister aux funérailles d’Etat de M. Reagan. Il n’était cependant pas le seul. Poutine de Russie et Fox du Mexique ont fait de même. Dans une période où nous devrions réparer les dégâts, ces chefs choisissent [de boycotter] les funérailles d’un autre leader pour montrer leur désapprobation de la politique actuelle. Cela va entraîner dans l’avenir des mauvais sentiments dans la population américaine au sujet de ces pays, ce qui n’est jamais bon. J’espère que ces amitiés peuvent être réparées, pour maintenant et dans le futur.

 

 

 

11 juin

 

 

Clifford W.

Shérif, officier

New Jersey, U.S.A.

 

Ronald Reagan représentait le commandement intense et l’esprit de tous les Américains, il était également mon Commandant en Chef lorsque j’étais à Beyrouth avec les Marines, j’ai d’ailleurs apprécié la compagnie de Français de la Légion étrangère là-bas, des mecs biens !

 

Son héritage sera de l’optimisme dans les temps pessimistes, un héritage de faire que les choses soient faites, et l’élimination de la menace communiste de la face du monde.

 

George Bush est un président capable, mais ne peut être comparé à Reagan. Il est un homme très bon et qui se débrouille très bien, mais il est parfois trop bridé par le "politiquement correct", ce dont Reagan ne se préoccupait pas.

 

Oui je le soutiendrai en novembre.

 

La guerre en Irak, je crois qu’elle était sur le point d’arriver, tôt ou tard. Le fou Hussein allait menacer le reste du monde très bientôt, donc il est bon que nous ayons fait ce que nous avons fait, quand nous l’avons fait. Concernant les armes de destruction massive, je ne sais pas où elles sont, et personne ne le sait d’ailleurs, je pourrais penser qu’elles ont été transférées en Syrie avant la guerre.

 

Je n’ai pas de problème avec le peuple français. Le politiquement correct qui envahit le reste du monde est très présent en France, prenons à titre d’exemple la condamnation récente de Brigitte Bardot pour ses déclarations sur les Musulmans.

 

Nos deux pays sont liés pour toujours dans le feu et la révolution. Depuis notre Indépendance jusqu’aux plages de Normandie, la France et l’Amérique se sont données la main à travers la mer.

 

J’ai appris un peu de Français en étant à Beyrouth.

 

 

 

Patricia C.

Serv. rep.

Alabama, U.S.A.

 

(…) J’apprécie votre curiosité intellectuelle au sujet de mon pays et de ses politiques.

 

Pour moi, Ronald Reagan représentait un chef qui combinait une grande détermination avec une vision optimiste de l’Amérique et du monde. Il avait compris qu’il ne fallait pas s’accomoder du communisme, mais l’éradiquer. Sur le front domestique, il voulait moins de taxes et moins d’intrusion du gouvernement dans la vie des Américains. Ce sont les principales choses qu’il a faites quand il s’est installé en tant que président, et il a réussi les deux.

 

Son héritage est de deux ordres : le fait que durant les années 80-90 les Etats-Unis aient connu leur plus forte croissance économique en temps de paix, et un monde qui n’a plus à craindre la menace de l’Union soviétique.

 

Je pense que Bush est un bon président. J’ai voté pour lui en 2000, et je voterai pour lui cette année. Le point sur lequel je l’approuve le plus est probablement la guerre contre le terrorisme. Je pense que sa guerre aux terroristes et aux nations qui les soutiennent est la meilleure ligne de conduite possible. Je ne pense pas en revanche que Bush a fait un bon travail en ce qui concerne les dépenses gouvernementales. Il a augmenté les dépenses dans des domaines où il n’est pas nécessaire ni approprié que le gouvernement soit impliqué. Avec notre système bipartite, la seule alternative sera John Kerry, qui est un Démocrate, et en tant que tel va très certainement augmenter les dépenses de l’Etat bien davantage que Bush ne l’a fait. Sur ce sujet, Bush est un moindre mal.

 

Quelles que soient les quantités d’ADM trouvées, je pense qu’envahir l’Irak était la meilleure décision à prendre à ce moment là. Les services secrets américains, comme d’autres de nombreuses nations, étaient certains de la production d’ADM par Saddam Hussein. À la lumière des évênements du 11 septembre 2001, la pensée d’organisations terroristes comme Al Qaïda qui pourraient obtenir des ADM était trop horrible à imaginer. Ils avaient déjà tué plus de 3,000 personnes avec 4 avions de lignes. Imaginez ce qu’ils pourraient faire avec des ADM. Je crois qu’il y avait des liens entre Saddam Hussein et Oussama ben Laden. Ils ne se sont peut-être pas rencontrés en tête à tête, mais ils voulaient tous les deux faire du mal aux Etats-Unis, et des preuves montrent qu’ils étaient secrètement en contact. Récemment, de petites quantités d’ADM comme du gaz sarin ont été trouvées en Irak. Je crois qu’un plus grand nombre existe, probablement à l’intérieur du pays, ou cachés en dehors avant le début de la guerre. Je pense que les Irakiens devraient pouvoir reprendre le contrôle de leur gouvernement aussi tôt que possible.

 

Dans l’histoire récente, je n’ai pas été en accord avec le gouvernement français sur la guerre en Irak. Je comprends que le gouvernement français, le Président Chirac inclut, doive faire ce qui est dans le meilleur intérêt du peuple français. Cependant, j’ai été en colère par le fait que la France ne s’est pas contentée de s’opposer à la guerre, mais qu’elle a en plus activement fait campagne pour que d’autres pays s’opposent aux USA sur ce sujet. J’ai ressenti cela comme si le gouvernement français essayait de nier à mon pays l’opportunité de se protéger après une attaque non-provoquée par des terroristes.

 

Historiquement, je n’ai rien contre le France et son peuple, si ce n’est du respect. Les Français ont aidé les Etats-Unis pendant notre révolution, il y a plus de 200 ans. La France et les USA se sont battus côte à côte durant les Premiere et la Seconde guerres mondiales. Nous nous sommes également soutenus durant la Guerre froide contre l’Union soviétique. Le symbole le plus célèbre de l’Amérique, la Statue de la Liberté, était un cadeau de la France. Je pense que les Français sont à juste titre fiers de leur culture unique. La beauté des campagnes françaises, comme les rues historiques de Paris, sont bien connues ici. Sur le long terme, je ne crois pas que le désaccord qu’ont eu nos gouvernements sera durable. Nous avons besoin de nous serrer les coudes pour confronter les nouveaux défis du monde d’aujourd’hui.

 

 

 

Timothy K.

Comptable

New York, U.S.A.

 

(…) Je viens de rentrer de Washington où j’ai rendu hommage à Ronald Reagan. Ce fut un honneur de faire 500 miles et de faire la queue pendant trois heures et demi pour une visite d’une minute et demi, au Capitole. J’ai été très ému et ragaillardi par cette expérience. Mon fils et moi ne l’oublierons jamais.

 

 

 

Poème de James BRANDES, écrit juste après les funérailles de Reagan

 

Here is the poem, Hope you like it. I spent the day watching all the elements of FORMER PRESIDENT, RONALD W. REAGAN'S FUNERAL, this is what resulted:

 

"SO, SO"

 

Written while viewing the funeral of:

 

RONALD W. REAGAN

 

11 June 2004

 

At: 9:28 am to the funeral end

 

Viewing WAFF Channel 48 NEWS and FOX NEWS NETWORK

 

By: James A. Brandes

 

Pilgrim & Stranger to this world

 

1.

 

My mission is accomplished

 

I’ve done all I know to do

 

For this WONDERFUL FORMER PRESIDENT

 

Whom I only briefly knew

 

2.

 

Just now a beautiful dove,

 

Launches from my window sill

 

As Nancy is seen standing

 

Stately, calm, and still

 

3.

 

As the Honor Guard descend stairs,

 

While Ronald Reagan is ascending higher

 

To a final resting place

 

To which we all aspire

 

4.

 

Slowly the procession moves

 

To the sound of the Navy Hymn

 

As PRESIDENT RONALD REAGAN is forever free

 

Of sickness, suffering,… all effects of sin

 

5.

 

I can hardly contain my thoughts

 

Or see to write such words

 

For tears of sorrow are interspersed

 

With tears of joy for what I’ve heard

 

6.

 

THE VOICE of GOD Who speaks just now

 

As in my feeble way I attempt to write

 

All the things He’s telling me

 

On this dark day, soon to become a darker night

 

7.

 

The hearse moves on from a flag at half-mast

 

As the world too is now reposed

 

Many I’m sure thinking in their hearts and minds,

 

"Where in truth does one really go?"

 

8.

 

In "THE TRUTH" my friends is the answer still

 

If only man would see

 

THEE only ONE above all creation

 

Able to set us FREE

 

9.

 

Christ Yahshua, known to most

 

In a name not really true

 

For only in less than six-hundred years

 

Could anyone the name of Jesus, knew

 

10.

 

We see the route, the last and final trip

 

For the shell once known as him

 

As the very misty tears of GOD

 

Continue to fall at the thought of sin

 

11.

 

A Cathedral chime, a misty line

 

Proceed at a very slow pace

 

While Ronald Reagan no doubt is there

 

Viewing our Saviour’s face

 

12.

 

As Brit Hume, a man of honor to me

 

Speaks in reverent tears and awe

 

Attempting to relay the facts he knows

 

As these chimes are heard by all

 

13.

 

I can’t wait to hear the angels sing

 

As Ronald Reagan is doing, no doubt now

 

To me, it sounds as good as can be

 

Until I view my Saviour’s thorn pierced brow

 

14.

 

I see Prince Charles, standing there

 

And know Prince William too

 

Or am told has also come with him

 

So he could this funeral view

 

15.

 

I’m forced to remember

 

Princess Diana, for whom also I have written

 

Foretelling at Prince William’s beginning of life

 

Of a crown he to one day will be committing

 

16.

 

To a crown unlike that of the: "KING of KINGS"

 

As Brit Hume recites: "GOD’S" words

 

He that truly believes in Christ

 

"Will never die", is what I heard

 

17.

 

The arrival of the last remains

 

Of what soon will go into history

 

As our President and his Wife enter to: "Amazing Grace"

 

For the entire world to see

 

18.

 

Oh, how true is this fact Newton’s hymn proclaims

 

That all the world might hear

 

The reality of which GRACE can truly be

 

As thousands upon thousands are in tears

 

20.

 

I’m glad "HE" paid this price for we

 

That eternally we shall know

 

Something all of us can obtain

 

If to the foot of the cross we go

 

21.

 

Freedom beyond, what even Ronald Reagan knew

 

And tried to the world, impart

 

For he too had loved us more than we know

 

As He and Nancy shared with us their hearts

 

22.

 

I couldn’t hold my tears of joy

 

To see them both embrace

 

At the foot of simple aircraft stairs

 

Displaying deep love as they met face to face

 

23.

 

Just think of the joy yet to be

 

For they both know the foot of: "THE CROSS"

 

Both willing to pay a price we really can’t know

 

Which comes with being President,… what an awesome cost

 

24.

 

For once again they shall kiss and embrace

 

On the very best of final days

 

As all will come: "Face to Face" with HIM

 

Just beyond life’s grave

 

26.

 

There Nancy stands as with a slight jilt she attempts

 

Her best posture to employ

 

As we’re called to attention for our beloved President

 

Nancy’s, Ronnie Boy

 

27.

 

For our departure is only a short time away

 

I tell you this is true

 

For like the umbrella I see, sheltering Nancy now

 

GOD will shelter HIS, through and through

 

28

 

Scripture is now heard,

 

Which is both powerful and true

 

No man lives unto himself,

 

Something, Ronald Reagan knew

 

29.

 

As President Bush seats Nancy

 

Where she is soon to hear

 

America is a: "City upon the Hill"

 

A truth, which to Ronald Reagan was clear

 

30.

 

Oh’ Nancy, what joy, at thoughts of your Ronnie Boy

 

And all he really means to me

 

As once again the AMERICA, I knew

 

Today the entire world can see

 

31.

 

I now see another person, dear to me

 

As Lady Thatcher shall always be

 

For England has never known such grace

 

And is not likely soon again to see

 

32.

 

She elegantly speaks of the humor we know

 

Ronald Reagan’s crowning joy

 

And how His used this humor we heard

 

For which he had reason to employ

 

33.

 

Dear Margaret Thatcher, we all love you so

 

Just as I have always loved your QUEEN

 

For She is "The Crown Jewel" as once I said

 

A person for which I hold GREAT ESTEEM

 

34.

 

I’ve never been honored enough to meet you both

 

But believe one day it will become a reality

 

For sure we’ll one day meet, on the streets

 

In our future Eternity

 

35.

 

I now hear uttered those wonderful words

 

"GOD BLESS AMERICA", which is our request

 

And truly HE has answered this prayer

 

With Ronald Reagan, GOD gave us HIS BEST

 

36.

 

I’m tired and know my flesh must stop

 

But before I go I want to say

 

To the Reagan children whom I never knew

 

My love is with you all and I shall pray

 

37.

 

That one-day you find REAL peace of mind

 

Wherein SCRIPTURE one can truly learn

 

Nothing is exactly as we’ve been told

 

And each of you Eternity, in self can never earn

 

38.

 

Everything happens for a reason

 

It matters not that men refuse to acknowledge or see

 

I leave with Ronald Reagan’s own words

 

Which mean all the world to me

 

39.

 

I do not fear what men think of what I write

 

All I’ll say as now I go

 

Life has always been, in the simplest of words

 

RONALD REAGAN’S WORDS

 

 

 

"SO, SO"

 

 

 

CONCLUSION

 

Je tiens à remercier très chaleureusement et amicalement toutes les personnes qui m’ont répondu avec tant de gentillesse et de respect. Ils sont tous cités ici, à l’exception d’un nombre très minoritaire (2 personnes) qui n’ont fait que critiquer la France, l’un sur toute son histoire, et l’autre sur le fait que Jacques Chirac n’ait pas participé aux funérailles du Président Reagan.

 

Sur le fond, j’ai appris par ce dossier à connaître Ronald Reagan. Ce grand homme d’Etat américain était incontestablement aimé et respecté, pour des qualités et des actions qui reviennent souvent dans les différents témoignages.

 

Au sujet de la France, une tendance très nette revient : les personnes interrogées sont très souvent en désaccord avec le gouvernement mais aiment dans le fond profondément ce pays et ses habitants, de par notre histoire commune.

 

George Bush est quant à lui très largement soutenu, il est souvent comparé à Ronald Reagan. Il y a de plus un soutien très majoritaire à la guerre en Irak. Ces témoins sont, il faut le rappeler, en majorité républicains.

 

Merci pour votre lecture, et merci d’avance pour vos commentaires, pour ce dossier qui m’a pris beaucoup de temps, mais qui a été extrêmement intéressant à réaliser.

 

Phil Defer

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

13 juillet 2011

Xavier Collet : "Sortir des carcans de l'irresponsabilisation et du contrôle permanent"

Le libertarianisme, ça vous dit quelque chose ? Peut-être pas, il faut dire que cette philosophie reçoit assez peu d'échos dans les médias traditionnels en France. Session de rattrapage avec une interview de M. Xavier COLLET, qui a très gentiment accepté de répondre à mes questions. Comme toujours, un document inédit F21-PdA. Par Phil Defer. CURIOSITE

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

XAVIER COLLET

Président du CEDIF
Secrétaire général de l'Association des libertariens

 

"Sortir des carcans de l'irresponsabilisation

 

et du contrôle permanent"

 

(Photo : Fournie par M. Collet)

 

 

Q : 02/07/11

R : 12/07/11

 

 

 

Paroles d'Actu : En quelques mots, Xavier Collet Prégentil, que doit-on savoir de vous ?

 

Xavier Collet : Ce que je fais est certainement plus important que ce que je suis. Certains pensent cependant que les idées et les combats dépendent largement des expériences et du positionnement social, supposant que l’idéalisme pur n’existe pas. Je suis donc un père de famille de 43 ans, enseignant en économie et je milite depuis de très nombreuses années pour défendre les prérogatives individuelles contre les ingérences de l’État. À ce titre j’anime un cercle de réflexion (ADEL http://libertariens.chez.com), je défends l’institution familiale contre des atteintes perpétrées par une certaine magistrature et des travailleurs sociaux (CEDIF http://comitecedif.wordpress.com), je collabore avec Contribuables Associés sur des actions locales et développe un site consacrée à l’économie pour les lycéens et les étudiants (http://libertariens.chez.com/indexa.htm).

 

 

PdA : Le libertarianisme... Ca ne parle pas à tout le monde. Comment définiriez-vous cette philosophie ?

 

X.C. : Le terme est largement inconnu en France et est une transposition du « libertarian » anglo-saxon qui sert à qualifier les libéraux. Si nous reprenons cette appellation, c’est pour nous distinguer des libéraux qui ne se positionnent que sur le terrain de l’économie tout en étant conservateurs sur tous les autres plans et donc en appellent à l’État au nom d’un certain ordre moral ou par nationalisme. Le terme libertarien correspond donc à un libéralisme total qui ne doit pas pour autant être considéré comme la promotion du « tout se vaut » et « rien n’est interdit », ainsi pour les libertariens modérés dits minarchistes les règles doivent demeurer de la compétence de l’État limité à ses fonctions régaliennes. Pour les plus radicaux dits anarcho-capitalistes, dont je suis, l’intervention de l’État dans la société ne peut se limiter car les hommes de l’État assument un pouvoir de plus en plus absolu et conditionnent la population à l’extension des prérogatives de l’Etat et à l’abdication des prérogatives individuelles comme l’avaient anticipé Tocqueville et Bastiat.

 

 

PdA : La crise... Quelle lecture en faites-vous, et quelles sont pour vous les remèdes à lui prodiguer ? Je pense notamment à la situation explosive en Europe et aux Etats-Unis des dettes souveraines...

 

X.C. : La crise est née de l’affaire des subprimes que j’explique ici (http://libertariens.chez.com/subprimes.htm).

 

Contrairement aux conneries véhiculées par les media mainstream cette crise n’est pas une crise du capitalisme mais de l’interventionnisme. Pour faire face à la bêtise des subprimes, les autorités monétaires vont en commettre d’autres. Ainsi les taux d’intérêt deviennent très faibles et l’émission monétaire bat des records afin d’éviter une crise de liquidité, cela au prix d’un endettement toujours plus fort. A court terme, les investissements reprennent, mais ils ne sont pas durables car la crise financière devient crise économique et la rentabilité des investissements n’est pas à la hauteur des attentes. L’Etat amplifie alors les déficits par des politiques de soutien à la demande.

 

En Europe le pacte de stabilité et de croissance a complètement éclaté sans que la confiance des entreprises ne soit au rendez-vous, chacun s’attend plutôt à payer le prix de l’austérité à venir. La plupart des crises se déroulent d’ailleurs selon le même schéma avec des politiques économiques qui aggravent le mal et le font durer. Que faire maintenant ? Revenir assez rapidement au pacte de stabilité et de croissance en Europe, quitte à revoir la zone euro. Le remboursement des dettes publiques peut se faire en partie par des opérations massives de privatisation et par l’engagement de ne plus voter de budget en déséquilibre. Cela risque d’être insuffisant si les économies européennes ne se remettent pas structurellement en cause et là je pense particulièrement à l’économie française qui ne peut relever la tête qu’en se débarrassant de l’ensemble de ses rigidités institutionnelles.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur la France d'aujourd'hui, sur la manière dont elle est gérée ?

 

X.C. : J’ai bien souvent honte de la France ou plutôt de ce qu’en font ceux qui la gouvernent. S’avouer français à l’étranger c’est supporter le stigmate du velléitaire, du donneur de leçon, de celui qui pense être issu du plus grand pays du monde, de la patrie des droits de l’homme (quelle blague !) et qui ne sera donc pas franchement pris au sérieux. La France est cogérée par des technocrates issus des grands corps de l’État et des organisations syndicales et autres lobbies qui sont les gardiens de l’immobilisme. Que la gestion soit aux mains de la gauche ou de la droite ne change donc pas grand-chose, au final ce sont toujours les mêmes qui décident et donc qui gèrent l’immobilisme des droits acquis. J’étouffe dans ce pays, je suis de plus en plus fliqué, contrôlé à tous les niveaux, je ne vois pas comment y créer, y entreprendre, certains y arrivent heureusement mais se plaignent tout de même d’être tondus par des parasites.

 

 

PdA : Comment expliquez-vous l'absence presque complète des libertariens des sphères de pouvoir, notamment politique, en France ? Quid des élections, notamment présidentielles ?

 

X.C. : Nous avions un peu fait entendre parler de nous lors des manifestations en 2002 et 2003 sur la sécurité sociale en compagnie de Liberté Chérie. Mais c’est vrai que nous n’avons pas mis l’appellation libertarienne en avant. Aujourd’hui le Parti Libéral Démocrate compte quelques minarchistes en ses rangs, de même qu’Alternative Libérale. Ceux qui sont Libertariens à certains niveaux ne font pas non plus leur « coming out », ce n’est pas plus mal d’ailleurs.

 

Maintenant en ce qui concerne le jeu démocratique, je ne vois pas trop l’intérêt de se ruiner dans des campagnes électorales à l’intérieur d’un système complètement verrouillé. Évidemment nous pourrions orienter le pouvoir vers certaines réformes en avalant beaucoup de couleuvres, pour qu’ensuite tout reparte en arrière. En France on n’avance rarement par des réformes, davantage par les révolutions. Si l’extrême-gauche espère et alimente dans ses réseaux cette évolution en nos temps troublés, qu’ils sachent que sur ce terrain ils sauront nous trouver en face car ce dont les Français ont besoin aujourd’hui ce ne sont pas les délires du vieil Hessel, c’est au contraire de sortir des carcans de l’irresponsabilisation et du contrôle permanent. Donc je passe ce message aux cogérants technocrates et syndiqués du système, la situation actuelle ne saurait perdurer, nous arracherons les œillères que vous nous avons mis inquiétez-vous alors de ce qui vous restera de légitimité.

 

 

PdA : Vous l'avez vu, j'ai pu avoir des contacts pour F21 et PdA avec Wayne Allyn Root, futur candidat à la vice-présidence du Parti libertarien aux Etats-Unis. Quelle vision avez-vous de vos camarades américains, Ron Paul en particulier ?

 

X.C. : À titre personnel je n’ai pas toujours été d’accord avec les orientations du Parti Libertarien Américain, tout simplement parce qu’ennemi de l’État il a voulu faire de l’État américain le grand Satan, alors que les américains ont eu le mérite d’avoir de grands présidents comme Ronald Reagan par exemple. Au nom de la lutte contre le fléau communiste je n’ai donc pas été choqué d’interventions américaines nécessaires que le Parti Libertarien US refuse sur des bases doctrinales que je comprends également. Ron Paul, puisque vous m’interrogez à son sujet, représente la frange libertarienne du Parti Républicain, il est aussi un des animateurs du mouvement Tea Party. Un mouvement qui se réfère aux révolutionnaires de l’indépendance américaine contre la férule britannique. J’ai beaucoup d’admiration pour ce mouvement qui part de la base et qui a décidé de ne plus subir les puissants du pouvoir au nom des droits constitutionnels de chaque Américain. Lorsque l’on se bat avec le CEDIF pour sortir des familles de la ruine morale que des fonctionnaires des sévices sociaux ou de la magistrature leur imposent, lorsque l’on se bat pour des enfants arrachés à des mains aimantes, on ne cherche pas à connaître le pedigree de ces familles, ni à mettre en avant une étiquette, non, on fait ce que font là bas des militants des Tea Parties qui veulent remettre au cœur de toute société le principe de subsidiarité sans lequel nos démocraties ne sont que des dictatures de technocrates interchangeables.

 

 

PdA : Politique fiction. Un libertarien accède à l'Elysée, avec une majorité au parlement. À quoi devraient ressembler leurs cent premiers jours, d'après vous ?

 

X.C. : Les cent premiers jours sont décisifs surtout pour des Libertariens qui n’arriveraient au pouvoir qu’à l’occasion d’une crise majeure. Dans la situation d’urgence qui prévaudrait des mesures nécessaires qui n’ont jamais été prises le seraient à un rythme accéléré.   Les premières initiatives viseraient à lever les blocages de notre société donc suppression du statut de la fonction publique, rétablissement de l’incrimination de forfaiture. La levée des blocages suppose aussi la liberté du travail, donc la déréglementation totale du salariat et la fin du monopole de la sécurité sociale permettant notamment pour les salariés de percevoir un salaire complet (les charges sociales salariales et patronales leur sont dues), de plus l’impôt sur le revenu sera supprimé. Parallèlement, encouragement à évoluer au-delà du salariat par la levée des entraves administratives à l’entrepreneuriat, le statut de l’auto-entrepreneur, le développement du travail indépendant en général sont de nouvelles pistes d’emploi à développer. La magistrature serait aussi largement réformée, les juges du sièges auraient à répondre de forfaiture, dénis de justice et d’erreurs de jugements autrement que par de simples blâmes, ils ne seraient plus jugés par leurs pairs mais par des commissions issues de la société civile. De façon générale le recours à la judiciarisation des conflits ne doit pas être systématique, des procédures d’arbitrage et de médiation (notamment en matière de divorces) seront encouragées.

 

Aller dans le sens de la justice, de l’équité c’est favoriser les libertés individuelles, ce qui est aussi une source d’économies budgétaires. Dans ce cadre le choix des parents en matière scolaire sera complet grâce au chèque scolaire, ainsi le coût de l’éducation pour chaque famille se matérialisera par ce chèque qui leur permettra de choisir l’école de leurs enfants, les différents établissements seront donc privés et autonomes budgétairement, mais également pédagogiquement.

 

 

PdA : La Liberté... Elle semble jouir à vos yeux de toutes les vertus. Malgré tout, quels vices lui reconnaissez-vous, et quelles limites lui sont parfois utiles sinon nécessaires ?

 

X.C. : La liberté n’est pas la licence, celle de faire ce que nos passions nous inspirent, notre liberté n’a pas à être payée par d’autres. Malheureusement dans le cadre de l’État-providence, c’est ce qui se passe, par exemple la liberté de choisir le temps libre plutôt que le travail est rémunéré par les aides sociales, la liberté de polluer est payée par la collectivité, d’autres libertés dites par exemple syndicales sont appelées des « droits de » qui doivent être garantis par la souffrance et le portefeuille des autres, je pense par exemple aux grèves de la SNCF. Le terme liberté a été falsifié par une novlangue, il n’existe de libertés qu’individuelles et ces libertés individuelles supposent l’exercice de la responsabilité.

 

Dans une société de liberté, chacun peut réaliser ses choix puisqu’il doit les assumer seul. Certes la cigale a le droit de chanter tout l’été, mais j’ai aussi le droit de ne rien lui donner lorsqu’elle criera famine. La solidarité ce n’est pas accepter de payer le choix des autres contrairement à ce que l’on nous inculque, je suis solidaire si je veux et avec qui je veux, par exemple avec celui qui est handicapé, qui n’a pas eu de chance. Je suis solidaire non parce que je dois payer un impôt (où est  la solidarité là dedans ?) mais parce que je suis sensible à certaines détresses ce qui fait de moi quelqu’un de vertueux. Difficile de faire acte de vertu dans un monde où vos actions ne vous appartiennent pas.

 

 

PdA : Tribune libre. Si vous souhaitez ajouter quelque chose...

 

X.C. : Oui j’ai quelque chose à ajouter justement. J’ai envie de vous parler de ces parents qui n’ont pas renoncé à être parents mais dont les enfants ont été placés, j’ai fait référence à eux en filigrane dans notre entretien. Ce que subissent ces familles est à mon sens une des pires détresses que nous vivons dans notre société et qui découle d’un Etat Providence qui remet en cause la première de nos institutions : la famille. Je ne vous parle pas là des parents maltraitants ou défaillants, je ne défends pas cela, quoi qu’à leur niveau ils sont aussi victimes d’une logique publique qui transforme les enfants en source d’allocations et qui persuade les familles que l’éducation est du ressort des assistantes sociales et des enseignants. Non, je vous parle de ceux qui, dans la difficulté, ont un jour frappé à la porte de l’aide sociale et qui ont ainsi appris trop tard ce qu’était le plus  froid des monstres froids (dixit Nietzsche), ils se sont retrouvés aux prises avec l’aide sociale à l’enfance qui leur a placé ces fils et filles qui sont leur première source de bonheur. Je pourrais vous en donner des exemples particulièrement déchirants. Quand on travaille comme je le fais désormais sur de telles détresses avec des parents au bord du suicide alors on comprend bien que tous les principes dont nous avons parlé ne sont pas que de simples théories, la croyance en l’État telle qu’elle nous est inculquée depuis notre naissance est une croyance qui tue. Et croyez bien que je pèse mes mots. Pas besoin de parler de libertarianisme pour cela, mais besoin d’agir avec des familles dont les travailleurs sociaux tenant du « meilleur des mondes » ont placé les enfants sans autre justification que de s’assurer des débouchés et des budgets. Il suffit donc de comprendre que pour les hommes de l’État la gestion de nos vies, de nos libertés est  leur raison d’être et de se développer comme le théorisent aussi les analystes du Public Choice.

 

 

 

>>> N'hésitez pas à réagir, à commenter cette interview. Je pense qu'un débat est envisageable. Merci encore à M. Collet pour sa disponibilité et ces réponses. Phil Defer

 

 

 

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Le site Association des libertariens de X. Collet

 

Le site du CEDIF

 

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Modification de la présentation de l'article le 22 juillet 2012

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12

15 juin 2011

Becky Rusher : "I am all about helping others"

EXCLUSIVE - PAROLES D'ACTU

BECKY RUSHER

Candidate to the 2012 U.S. Presidential election

 

"I'm all about helping others"

 

https://storage.canalblog.com/34/24/871067/77720839.png

(Photo provided by Becky Rusher)

 

 

Q : 14/06/11

A : 14/06/11

 

 

 

Paroles d'Actu : How would you introduce yourself to someone who doesn't know you ?

 

Becky Rusher : Becky Rusher. Usually I just say Becky.

 

 

PdA : Why do you want to run for President of the United States ?

 

B.R. : We are supposed to be a free country, yet everyday it seems more and more freedoms are being taken away. I want to try and stop that. I want to put our daily lives back in our hands. I dont think the government should be part of my day to day life and they need to be reined in and kept under control. They have been out of control for a long time now and it needs to stop now before they get even worse.

 

 

PdA : What do you think about President Obama's performance at the White House ?

 

B.R. : He's done alright but he lies too much. He lied to each and every group he talked to before he was elected and told them just what they wanted to hear but I dont think he meant any of it. He is out for notoriety and nothing else. I do not think he really cares about anyone but himself and getting into the history books.

 

 

PdA : What are, for you, America's biggest, more pressing problems ?

 

B.R. : Budget, Unemployment and Energy. The budget needs cutbacks and that starts with a sliding pay scale for Congress. We really need a good plan for jobs, get people working again. Anything from lowering taxes on businesses to bringing all the outsourced jobs back here. We need to focus more on green energy and doing things that will help keep the planet going, not keep breaking it apart.

 

 

PdA : What's your project for America ?

 

B.R. : I don't think I have a project for America. If anything I want people to think more about how their actions effect others around them and how greed isn't a good thing. Capitalism is great but greed is something else all together and we need to understand that. Greed is what's getting in the way right now, businesses want more and more money but they don't give anything back, don't keep people employed.

 

 

PdA : Finally, why should the American voters elect you as Number 45 ? Try to convince them in a few sentences.

 

B.R. : I'm not a seller. I won't sell myself. I am all about helping others, whether it's a kid down the street or someone on a street corner. I'll give over my last dollar to anyone who needs it more then me. I'm not out for anything but to get my ideas out there. This is the best forum to do that. Why start small like others have told me when it would just take longer. If you want something done get out there and do it. I want America to be a good place to live again. How else do I do that but go for it all and run for president ? I know I have no experience in the political arena but I think that's what makes me a better candidate than the others. I don't lie, I won't hold back, I am honest to the point of it might sound rude sometimes and yes, the truth hurts sometimes but it needs said.

 

 

PdA : Free expression, if you want to add anything...

 

B.R. : I think it would be good for a change to have someone single in the White House. No sex scandals, no family problems, no problem children to deal with. It would free up the secret service for more important things they need to do. I would be the first person to do a completely free campaign and prove it can be done. Prove to the politicians they have been lying yet again to everyone saying it takes millions of dollars to run a campaign. All it takes is the internet.

 

People need to know that you don't have to be 60 and over to run. You have to be 35, I'm 36. I've never been out of the country, I've been to 25 states, I have lived in 9. I've been in every financial area from living in a tent to have a great job and money in the bank. Life takes you places. You need to go there to see things from a different prospective sometimes and learn how others deal with the same problem you have had in the past. You can compare notes and see what you or they could have been better. We need to talk and learn from each other so that we can stop going in these circles and go straight for a change. We haven't made any real move forward in a long time. We need to get off the merry go round and move on.

 

 

 

Article edition on July the 22th, 2012

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12
29 septembre 2012

Véronique de Villèle : "Il ne faut pas penser qu'ils ne comprennent plus rien, c'est faux..."

Véronique de Villèle, ça vous parle ? Non ? Et si je vous dis... Véronique et Davina ? Voilà. Pendant sept ans, de 1981 à 1987, le duo culte a fait bouger toute la France avec son émission Gym Tonic. Elle était diffusée les dimanches, en fin de matinée, sur la chaîne qui s'appelait à l'époque Antenne 2. Aujourd'hui, Véronique aime toujours autant le sport, elle continue d'ailleurs de l'enseigner. C'est l'un des sujets qu'elle a accepté d'aborder pour Paroles d'Actu. Surtout, elle évoque pour nous le combat de sa vie, celui qu'elle mène au sein de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer (ifrad). Et quelques uns des visages qui sont et resteront chers à son cœur : son père, sa maman, son filleul Max, Mireille Darc, Alain Delon, le docteur de Ladoucette, le professeur Dubois, Stéphanie Fugain...

 

Le questionnaire d'origine date du 13 septembre, quelques jours avant le grand gala de la Fondation. C'est sur cette base qu'a eu lieu, le 29 au matin, notre échange avec Véronique de Villèle. Un très beau moment, un moment d'émotions. Et quelques images, images d'une vie, images d'une femme de cœur... Merci infiniment, chère Véronique de Villèle. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

VÉRONIQUE DE VILLÈLE

Membre d'honneur de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer

Membre du Comité d'organisation de la Fondation

 

« Il ne faut pas penser qu'ils ne

comprennent plus rien, c'est faux... »

 

Véronique de Villèle

(Photos fournies à ma demande par Madame Véronique de Villèle)

 

Entretien : 29/09/12

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Véronique de Villèle. Comment allez-vous ?

 

Véronique de Villèle : Ça va très bien !

 

PdA : Pour le grand public, vous êtes avant tout et pour toujours la Véronique de Véronique et Davina, le duo mythique de l'émission Gym Tonic. Quel regard portez-vous sur cette expérience, avec le recul ?

 

V.d.V. : Cette émission est une magnifique expérience... Une rencontre immense avec un public enchanté. Un succès incroyable... Tous les dimanches matins, plus de douze millions de téléspectateurs... Fou ! Et ça a duré sept ans !

 

PdA : Que vous a apporté l'émission ?

 

V.d.V. : Une reconnaissance du public, un immense succès. Et le bonheur d'apporter dans des foyers loin de Paris un peu de bonne humeur et des exercices à faire chez eux, en famille.

 

Véronique et Davina

 

PdA : Aujourd'hui encore, vous continuez à donner des cours. Fitness, danse, pétanque... D'où vous vient cette passion pour le sport ? Quelle place tient-il dans votre vie ?

 

V.d.V. : Une place importante. L'exercice physique est obligatoire pour la santé. J'ai toujours fait du sport : natation, ski, golf, gym, et bien sûr pétanque. La pétanque est un sport où il faut réfléchir, c'est de la stratégie. On y fait aussi de l'exercice, on se baisse environ quarante fois pour ramasser ses boules...

 

PdA : Quel est, en substance, le message que vous essayez de transmettre à celles et ceux qui, nombreux et de tous âges, comptent parmi vos élèves ?

 

V.d.V. : De l'énergie, de la bonne humeur. D'être toujours positif. Travailler le corps, mais aussi sa tête. 

 

PdA : Ouvrons une page un peu plus politique... Vous vous êtes très clairement prononcée pour Nicolas Sarkozy lors de la dernière campagne présidentielle, apparaissant même comme "vice présidente" dans l'organigramme de son comité de soutien. Voulez-vous évoquer pour nous cet engagement ?

 

V.d.V. : Oui, pourquoi pas... J'aime l'intelligence de cet homme. J'aime son énergie. J'aime ses idées. Je l'aime tout court. En plus, il a de l'humour... Je pense qu'il a l'envergure d'un grand chef d'État, c'est tout ! Je le regrette énormément...

 

Véronique et NS

 

PdA : Sans transition... Engagement, toujours, d'une autre nature... Vous faites partie du Comité d'organisation de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer (ifrad). Pourquoi cette cause vous tient-elle tellement à coeur ?

 

V.d.V. : Très à cœur... C'est une rencontre importante, avec le docteur Olivier de Ladoucette, il y a dix ans. À la mort de mon père, j'étais désespérée. Il m'a aidée, beaucoup parlé, et m'a dit, « Je vais avoir besoin de vous, besoin de toute votre énergie, nous allons créer une fondation pour aider les chercheurs sur cette maladie atroce, Alzheimer... ». J'ai dit oui.

 

Et voilà, depuis, j'y mets tout mon cœur. J'utilise mon "joli" carnet d'adresses et nous organisons des soirées de gala, des conférences, nous cherchons des donateurs. J'ai un de mes frères, Frédéric, qui m'aide beaucoup aussi avec ses relations. Maintenant, nous sommes une grande équipe, nous fonctionnons très bien. La Fondation est connue et nous aidons la recherche. Il y a dix ans, nous étions six !

 

PdA : Le 18 septembre dernier s'est tenu un grand gala au Cirque d'Hiver au profit de la Fondation, présidé par Alain Delon et présenté par vous-même. Quelles images en garderez-vous ?

 

V.d.V. : Ce que je vais vous dire est idiot ! Mais... grand souvenir, lorsque je suis sur scène pour présenter cette magnifique soirée et que j'appelle le président de la Fondation... Il arrive avec une bougie allumée, me l'offre, dit quelques mots sur moi et demande à la salle entière (neuf-cents personnes) de chanter « Happy birthday Véro »... Émouvant et magnifique ! Le soir du gala, le 18 septembre, était pile le jour de mon anniversaire !

 

Plus sérieusement, je garde le souvenir d'une belle soirée, d'un concert aux airs de Michel Berger... Et surtout, une tombola, avec des lots offerts par des maisons prestigieuses, qui a rapporté beaucoup d'argent, pour la recherche toujours. Qui plus est, tombola animée par Alain Delon et moi-même !

 

PdA : Quel message souhaiteriez-vous adresser aux malades, aux membres de la famille d'un malade d'Alzheimer, désemparés, démunis face à ce terrible fléau ?

 

V.d.V. : De toujours garder un espoir, de parler aux personnes malades, de ne jamais vous montrer agacé parce que vous n'avez pas de réaction en face de vous. Pour aider les malades, il faut leur raconter des choses de leur mémoire ancienne, ils réagiront bien plus que si vous insistez sur la journée d'hier, dont ils ne se rappellent plus ! Je sais que le plus douloureux est pour les familles, les accompagnants, mais il faut être généreux et doux avec les malades, ils n'en seront que mieux. Ne jamais penser qu'ils ne comprennent plus rien, c'est faux !

 

PdA : Qu'est-ce qui doit être entrepris par les différents acteurs, je pense notamment à l'État, pour s'y attaquer et y répondre de manière efficace ?

 

V.d.V. : Malheureusement, c'est l'argent, toujours l'argent, qui manque à la recherche... Alors, l'État doit continuer le Plan qu'avait lancé Nicolas Sarkozy (merci, Monsieur Hollande, j'ai vu qu'il s'y était engagé). Et puis aussi, impliquer de grosses institutions pour aider à faire avancer la recherche. Je voudrais aussi dire un mot sur un homme exemplaire, le professeur Bruno Dubois, qui se donne tant pour ses malades mais aussi pour la recherche. Il est également le président du Comité scientifique de la Fondation pour la Recherche sur la maladie d'Alzheimer.

 

PdA : Le 3 octobre sera publié votre ouvrage Véro trouve tout, dont la couverture annonce « 100 adresses, astuces, exercices et bons plans incontournables d'une vraie Parisienne ». Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de le découvrir ?

 

V.d.V. : Qu'il va leur rendre service ! J'ai toujours besoin d'avoir dans ma vie le mot "aider". Ce petit guide va vous aider à trouver une bonne adresse, une bonne combine, pas chère, et des petites astuces... Je pense qu'il va plaire, si j'en crois les échos... alors qu'il n'est pas encore sorti !

 

PdA : À quoi ressemblerait votre "journée idéale" à Paris ?

 

V.d.V. : Je dirais à ma sublime maman, « Prépare toi, on va se promener »... Mais elle n'est plus là, c'est le drame de ma vie en ce moment...

 

Véronique et sa maman

 

PdA : Très belle réponse... très émouvante... Quels étaient vos coins de promenades favoris, ceux où vous aimez toujours flâner aujourd'hui ?

 

V.d.V. : Le musée Rodin. La chapelle de la Médaille miraculeuse, rue du Bac. L'esplanade des Invalides. Et flâner au Bon marché...

 

PdA : Nous avons déjà évoqué plusieurs des aventures de votre parcours. J'ajouterai que vous avez été la secrétaire de Mireille Darc, actrice, femme de médias et de lettres...

 

V.d.V. : Secrétaire non, mais assistante. J'avais un rôle de petite sœur très débrouillarde qui disait toujours, « Ok, rien n'est impossible ». J'étais partout avec elle, puis avec elle et Alain. C'était extraordinaire. Que de souvenirs... J'avais à peine dix-huit ans... Et depuis, nous sommes inséparables. Je les aime pour toujours.

 

Véronique, AD et MD

 

PdA : Quels sont les autres combats qui vous tiennent à cœur ?

 

V.d.V. : La leucémie. J'ai dans ma vie un petit garçon qui est mon filleul. Il a passé six ans à l'hôpital ! Avec une leucémie, puis une rechute, puis un grave problème aux poumons, puis un coma de seize jours... Imaginez... un drame ! Aujourd'hui, Max a douze ans. Il a été un guerrier, il a tout gagné. Il va bien, il est brillantissime à l'école et le cinéma se l'arrache avec des rôles importants. Sa maman a écrit des livres sur Max, je vous les recommande (Gaëlle de Malglaive, ndlr). Ce petit garçon surdoué est un exemple pour tout les enfants qui ont cette maladie. Max est d'ailleurs la mascotte de l'association Laurette Fugain. Stéphanie est une amie et je la soutiens dans son combat. 

 

Max

 

PdA : Quelles ont été, jusque là, les plus belles expériences de votre vie ?

 

V.d.V. : Certainement nos émissions de télévision, ma rencontre avec Davina, ma rencontre avec Mireille Darc et Alain Delon, ma rencontre avec Max... Et, surtout, entretenir au jour le jour l'amitié. J'aime la fidélité en tout.

 

PdA : Davina, justement... vous êtes toujours en contact régulier avec elle ?

 

V.d.V. : Oui bien sûr, mais moins. Elle vit complètement dans son monastère du Poitou. Elle est heureuse. 

 

PdA : Quel message voudriez-vous adresser à nos lecteurs ?

 

V.d.V. : Qu'ils donnent un peu d'amour et de générosité autour d'eux. Il y a toujours quelqu'un de malheureux pas loin... il faut regarder et écouter... puis donner.

 

PdA : Un message à quelqu'un en particulier ?

 

V.d.V. : Oui, mais je le garde dans mon cœur...

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Véronique de Villèle ?

 

V.d.V. : D'aller bien, et de toujours aider les autres...

 

PdA : Ce souhait, je le formule, de tout cœur .. La dernière question, qui n'en est pas vraiment une... Une tribune libre. Vous pouvez ajouter ce que vous voulez, pour conclure l'interview... Merci infiniment !

 

V.d.V. : Merci Nicolas pour ce joli moment avec vous.

 

La question en + (30/09)

 

PdA : On l'aura compris, votre actualité est chargée en ce moment. Quid de la suite ? Où pourra-t-on vous retrouver dans les prochains mois ? Quels sont vos projets ?

 

V.d.V. : Pas réellement de grand projet mais, surtout, continuer à aider la Fondation pour la recherche sur Alzheimer et commencer à penser au prochain gala de l'année prochaine !

 

Et puis avancer, quoi qu'il arrive... Avancer dans la vie, et peut-être aussi penser à une suite de mon livre qui sort le 3 octobre. J'aimerais Véro trouve tout à Marseille... en Corse... à New York... à Londres... à Limoges ! J'aimerais aussi une émission Véro trouve tout à la radio. L'idée que les gens appellent et qu'ils aient une réponse immédiate me plaît ! À bon entendeur...

 

 

Merci à vous, chère Véronique... Merci pour tout ! Un commentaire ?

 

 

Véronique et Max

 

 

Quelques liens...

 

 

Times New Roman > Georgia : 30/09/12. Présentation remaniée : 27/10/13.

23 février 2013

Pierre-Jean Baillot : "Profondément optimiste !"

Mon stage de fin d'études, j'ai eu le privilège de le réaliser au sein de l'association Entreprise Rhône-Alpes International, auprès de son président, Monsieur Daniel Gouffé, et en contact permanent avec l'ensemble de ses équipes, en France comme à l'étranger. Une expérience enrichissante, qui m'a permis de vivre au quotidien le défi de l'international, tellement crucial pour la bonne santé économique de nos entreprises et de nos territoires. L'association soutient le développement des petites et moyennes entreprises rhônalpines, les aidant notamment à tenter l'aventure de l'export. Elle met en avant les richesses de la région pour inciter les investisseurs étrangers à s'y implanter. Elle favorise les rencontres, les interactions entre les différents acteurs en vue de l'émergence de pôles d'excellence. Trois grands axes qui constituent autant de clés pour le renforcement et la redynamisation de notre économie. Après Pierre-Alain Weill et le sénateur Jean Besson, Pierre-Jean Baillot, Directeur général adjoint d'ERAI, a accepté de répondre à mes questions. Je l'en remercie à nouveau, très chaleureusement. Les Français tendraient à redouter la mondialisation, plusieurs sondages l'indiquent, et l'actualité récente n'est pas pour arranger les choses... À cette vision, Pierre-Jean Baillot souhaite opposer la sienne. À contre-courant, elle est résolument optimiste. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PIERRE-JEAN BAILLOT

Directeur général adjoint d'ERAI

 

"Profondément optimiste !"

 

Pierre-Jean Baillot

(Photo fournie par Pierre-Jean Baillot)

 

 

Q : 16/11/12

R : 22/02/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Pierre-Jean Baillot. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs aient à l'esprit vous concernant avant d'aller plus loin ?

 

Pierre-Jean Baillot : Nous sommes certes dans un contexte économique difficile, mais le pessimisme n’a jamais porté haut les couleurs de la réussite. Alors, oui soyons réalistes et conscients des difficultés pour mieux les surmonter, mais surtout soyons prêts à rêver, à entreprendre, à s’ouvrir au monde… car c’est à la découverte de nouveaux horizons que bien souvent de nouvelles opportunités apparaissent. 

 

 

PdA : Racontez-nous votre parcours. Comment votre chemin a-t-il croisé celui de l'agence Entreprise Rhône-Alpes International ?

 

P.-J.B. : Un début de carrière dans la banque (Banque Française du Commerce Extérieur, une banque régionale) et des synergies avec les équipes d’ERAI qui, à l’époque, m’avaient -car dossiers professionnels partagés- proposé de les rejoindre.

 

En fil rouge, et constamment : le partage de la passion de l’international !

 

 

PdA : Parlez-nous des grandes missions d'ERAI. De son bilan...

 

P.-J.B. : ERAI (Entreprise Rhône-Alpes International), créée en 1987, est l’agence pour le développement économique de la Région Rhône-Alpes à l’international.

 

150 collaborateurs sont mobilisés quotidiennement en région et dans 27 implantations à l’étranger pour aider les PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire, ndlr) rhônalpines à se développer à l’export et en parallèle, pour promouvoir auprès des investisseurs internationaux les compétences, réseaux et atouts de la région. Conjuguant ces savoir-faire complémentaires, ERAI dispose également d’une expertise reconnue en matière de conseil en financements internationaux et joue un rôle important dans l’internationalisation des « clusters » et des pôles de compétitivité présents sur le territoire, ce qui lui permet de proposer un accompagnement global qui intègre l’ensemble des composantes liées au développement export d’une entreprise.

 

Depuis juin 2011, ERAI est membre fondateur de L’équipe Rhône-Alpes de l’export qui réunit l’Etat, la Région Rhône-Alpes, la Chambre de Commerce et d’Industrie de région Rhône-Alpes et UBIFRANCE autour d’une stratégie commune et partagée pour un meilleur accompagnement des entreprises à l’international. Cette nouvelle dynamique porte ses fruits, notamment dans le rapprochement opérationnel entre ERAI et UBIFRANCE tant en France que dans tous les pays où nous sommes conjointement présents. Nous avons créé en  juin dernier un service commun le « VIE – IMPLANTIS » qui permet de mutualiser les ressources des deux structures au profit des entreprises qui souhaitent disposer d’une force commerciale à l’étranger encadrée dans les incubateurs Implantis® d’ERAI.

 

Autre axe fort sur lequel nous travaillons depuis plus de 20 ans : la Chine. ERAI gère et anime l’Espace Rhône-Alpes à Shanghai, seul et unique pavillon français pérennisé suite à l’Exposition Universelle de 2010. Situé au cœur de la nouvelle zone d’affaires de la plus grande mégalopole d’Asie du Sud Est, ce  bâtiment est dédié au développement des entreprises et acteurs économiques français en République Populaire de Chine.

 

En termes de chiffres clés, ERAI c’est chaque année plus de 3 500 chefs d’entreprises rhônalpins rencontrés, près de 800 prestations individuelles à l’export réalisées par nos implantations à l’étranger, plus de 350 entreprises conseillées en matière de financements internationaux, plus de 3 800 décideurs étrangers rencontrés en direct, ce qui nous permet in fine de générer environ 25 000 contacts d’affaires dans le monde.

 

 

PdA : Quel y est votre rôle actuellement ? À quoi votre quotidien ressemble-t-il ?

 

P.-J.B. : Je suis Directeur Général Adjoint. Comme ma fonction le précise, j’accompagne le Président et le Directeur Général d’ERAI dans la mise en place et le développement de la stratégie, dans le suivi de nos objectifs et de nos équipes en France comme à l’international. Je suis très souvent sur le terrain aux côtés de nos partenaires économiques, consulaires, clusters ou pôles de compétitivité. Notre métier est un métier de relations humaines, de réseau, de maillage comme diraient nos amis québécois.

 

Je ne peux pas parler de quotidien car si une chose est vraie concernant l’international, c’est que le quotidien n’existe pas, chaque jour est différent, il faut savoir être réactif, sinon même proactif, il faut savoir s’adapter. Il faut surtout aimer ce qu’on fait, et je peux dire que l’international est inscrit dans mon ADN, c’est donc pour moi une évidence.

 

 

PdA : Le but premier de l'agence, c'est d'aider les entreprises rhônalpines à franchir le cap de l'international. Le mur de l'export franchi, ce sont de nouveaux débouchés qui s'offrent à elles, donc une solidité accrue et un développement favorisé (emploi, etc...). Vous avez rencontré de nombreux chefs de petites, voire de très petites entreprises. Quels sont les "points de blocage" qui reviennent souvent chez eux ?

 

P.-J.B. : La capacité à investir sur le moyen – long terme par manque de financement, souvent le manque de ressources humaines internes permettant de suivre le développement export… d’où l’intérêt pour ces TPE de pouvoir s’appuyer sur des organismes tel qu’ERAI pour les accompagner tout au long de leur projet export, de la recherche de financement à l’implantation.

 

Le plus compliqué dans l’international est de passer le cap du « one shot », nombreuses sont les entreprises qui font une belle opération mais qui ont ensuite du mal à pérenniser leur présence et accroître considérablement leurs ventes à l’export… Là aussi, les organismes régionaux ont un rôle à jouer dans les solutions proposées. Les incubateurs IMPLANTIS® mis en place par ERAI à l’étranger depuis près de 20 ans proposent un package clé en main « recrutement, hébergement, encadrement » ce qui permet à l’entreprise de pouvoir assurer sa présence sur le marché dans un cadre sécurisé et optimisé.

 

Dernièrement nous avons développé avec UBIFRANCE une nouvelle offre le « VIE – IMPLANTIS » qui combine le programme VIE et les services d’IMPLANTIS® et permet à l’entreprise de disposer pour un coût optimisé d’une force commerciale encadrée et hébergée à l’étranger.

 

 

PdA : Quel message souhaiteriez-vous adresser au "petit" entrepreneur - pas forcément rhônalpin - qui lirait cet entretien ? Avec, en toile de fond pour lui, une frilosité liée à une inquiétude quant à son avenir, la survie de sa boîte ?

 

P.-J.B. : Le contexte actuel, porté par un marasme ambiant, est forcément difficile. Nous nous rendons bien compte au contact des entreprises au quotidien que les chefs d’entreprises sont inquiets quant à l’avenir économique du pays, et donc par répercussion de leur entreprise. Sans avoir la prétention de penser que l’international peut tout régler, je suis en revanche persuadé que l’international peut, pour certaines entreprises, en fonction de leurs produits ou process, s’avérer une solution porteuse de croissance et donc d’une nouvelle dynamique.

 

 

PdA : Question liée. Vous faites partie - je le dis sans malice, vous avez travaillé dur pour cela - d'une certaine élite ayant embrassé, consciente de ses bienfaits, la mondialisation. Nombre de nos concitoyens n'ont pas à l'esprit ses aspects positifs, et c'est bien légitime. Ce qu'ils en perçoivent immédiatement, ce sont surtout les menaces. Menaces sur l'emploi, menaces sur le niveau des salaires du fait d'une concurrence internationale féroce... Ce sont des craintes que vous comprenez ? Vos visions sont-elles conciliables ?

 

P.-J.B. : La concurrence a toujours fait peur, alors qu’elle doit être selon moi stimulante et permettre de grandir.

 

Le spectre de la mondialisation est à mon sens dépassé. Je comprends les craintes de nos concitoyens, mais je vois sur le terrain les bienfaits d’une ouverture à l’international. L’entreprise qui, sur le marché français, voit ses parts de marché stagner, peut par la mise en place d’une stratégie export aborder des marchés qui lui permettront de générer un chiffres d’affaires qui lui permettra de ré-investir dans son outil de production, de maintenir, voire de créer de nouveaux emplois.

 

Il en va de même quant au spectre de l’investisseur étranger qui s’implante sur le territoire, et même si certains derniers exemples nous prouvent le contraire, nombreux sont les investisseurs qui par leur implantation ont permis à une entreprise d’être sauvegardée, à des emplois d’être créés….

 

Le but in fine de notre action est bien de créer des richesses, de la croissance et des emplois et absolument pas de fragiliser un territoire et ses entreprises. Sans international, il est difficile d’envisager un développement pérenne et croissant de l’entreprise.

 

 

PdA : Louis Gallois a remis il y a peu son rapport sur la compétitivité française au Premier ministre. Imaginons un instant que, sur la base de votre expérience en matière d'entreprises et d'économie mondialisée, le gouvernement vous demande d'en rédiger un avec pour objectifs le renforcement de notre tissu industriel et une présence accrue sur les marchés émergents. Quelles seraient vos recommandations ?

 

P.-J.B. : Déjà, je ne pense pas, très humblement, avoir les talents de Monsieur Gallois. Je peux sincèrement dire que je partage nombre de ses idées. C’est ensemble, tous réunis, que nous serons plus performants, c’est pourquoi nous proposons aux entreprises de travailler sous forme de consortium ou de missions collectives à l’étranger. Le financement des entreprises dans leur projet de développement est également essentiel et peut leur permettre de passer le cap nécessaire.

 

 

PdA : L'orientation générale de la politique impulsée depuis plusieurs mois par le président de la République, François Hollande, vous paraît-elle aller dans le bon sens s'agissant d'un retour à une bonne santé économique et financière de la France (pour ne parler que d'elle) ?

 

P.-J.B. : Oui, sans retenue !

 

Mais nous ne sommes pas seuls, il ne s’agit pas uniquement de la France, mais aussi et surtout d’une dimension englobant désormais l’approche européenne.

 

 

PdA : Des taux de chômage très élevés. Des taux de croissance en berne, notamment dans les pays que l'on qualifiait jadis d'"industrialisés". Des États hyper-endettés, condamnés à mener des politiques d'austérité néfastes pour la croissance immédiate. L'inquiétude, en tout cas l'absence d'optimisme - nous parlions tout à l'heure de frilosité - chez les différents acteurs, avec au final une paralysie des financements, des investissements, de la consommation, des échanges... La crise... une réalité omniprésente aujourd'hui. Elle frappe depuis cinq ans de larges pans du monde. Quel regard portez-vous sur cette situation ? Avez-vous réellement perçu, depuis la fin 2008 en particulier, une modification du climat des affaires, en France comme à l'étranger ?

 

P.-J.B. : Oui comme nous l’avons déjà observé, la situation est complexe, mais nous faisons aussi face à de nombreuses opportunités. En sortant des pré-carrés des pays industrialisés, en allant sur les pays émergents voire très émergents, de nombreuses places sont encore à prendre, et c’est aujourd’hui que les entreprises doivent se positionner.

 

 

PdA : Vous avez "vu du pays", si je puis dire, depuis votre arrivée à ERAI. Quels sont les visages, les lieux, les instants qui vous ont particulièrement marqué jusqu'ici ? Ceux dont vous vous souviendrez sans doute pendant longtemps ?

 

P.-J.B. : Je crois que chaque pays, chaque rencontre peut être marquant, du moment qu’on y prête attention, qu’on prend le temps d’écouter, de voir, de ressentir… Il m’est impossible de faire un choix, mais comment ne pas parler de l’Exposition Universelle à Shanghai, un événement hors normes dans une mégapole aux mille visages, à la réalité surprenante, à l’efficacité déroutante et à l’accueil sincèrement touchant. Je garde avec la Chine un lien particulier, c’est un pays qui s’ouvre de plus et plus, culturellement comme économiquement, je crois que nous avons encore de beaux projets à mener sur place. Plus près de nous, le Maghreb, et plus particulièrement le Maroc : là aussi un lien particulier, un attachement fort car dynamisme et optimisme sont liés. Tous les pays en fait m’ont marqué car tous sont porteurs de découvertes et de remise en question. 

 

 

PdA : Quelles sont les grandes leçons que vous avez tirées à titre personnel de ces voyages dans tant de pays différents ? Sur les différences au niveau du business, comme peut-être sur la façon de voir la vie ? Qu'aimeriez-vous nous transmettre ?

 

P.-J.B. : Travailler à l’international, c’est avant toute chose bannir les a priori, c’est être en mesure de recevoir et d’apprendre dans chaque rencontre faite. L’interculturel n’est pas un vain mot, les différences culturelles sont à prendre en compte dans la manière d’aborder le milieu des affaires de chaque pays. Vous n’allez pas négocier en Chine comme au Japon, même si ces deux pays sont sur le continent asiatique. Il en va de même au Canada, avec toute la spécificité du Québec, qui se distingue des États-Unis.

 

 

PdA : La découverte d'autrui permet sans nul doute de porter un jugement plus lucide sur sa propre situation. Quel est celui que vous portez sur la France ? Sur ses faiblesses ? Sur ses forces ? Sur son avenir ?

 

P.-J.B. : La France est un formidable pays. Ce sont les Français qui en ont une mauvais image, mais je peux vous dire que la France fait rêver de nombreux étrangers. Nous avons certes quelques points en notre défaveur, comme la complexité administrative, mais c’est aussi le cas du Brésil par exemple… Notre cadre de vie est envié par beaucoup et la capacité d’innover de nos entreprises recherchée. C’est à nous tous de travailler en faveur de l’image de la France.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui fait l'importance d'une structure comme ERAI pour notre économie ? Pourquoi d'autres collectivités territoriales auraient-elles intérêt à s'inspirer de son modèle ?

 

P.-J.B. : ERAI est sur le terrain aux côtés des entreprises depuis plus de 25 ans, nous connaissons notre métier, nous nous sommes implantés à l’étranger dès l’ouverture des marchés européens.

 

La force d’une structure comme la nôtre est sa capacité à anticiper, s’adapter, avancer avec et pour les entreprises. C’est une équipe jeune, soudée autour d’une stratégie partagée et d’objectifs ambitieux.

 

 

PdA : Nous avons énormément parlé d'économie, de sujets finalement assez lourds... Je vous propose, si cela vous dit, de parler un peu de vous. Qu'est-ce qui, en dehors de vos heures de travail, vous détend, vous permet de vous ressourcer ?

 

P.-J.B. : C’est très simple : je suis profondément un homme des montagnes !!! J’aime pouvoir retrouver mes alpages le week-end venu, entre randonnée, ski et ….bon(s) repas entre amis.

 

 

PdA : Souhaiteriez-vous adresser un message à quelqu'un en particulier ?

 

P.-J.B. : Pas une mais quelques unes -rares !- : celles qui m’ont fait confiance et qui m’ont aidé à avancer.

 

Ces personnes en particulier me sont chères... très chères !

 

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

P.-J.B. : Deux messages valables à mon sens, tant d’un point de vue personnel que professionnel : Oser prendre des risques et S’ouvrir aux autres.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Pierre-Jean Baillot ?

 

P.-J.B. : Continuer à voir le monde sous un œil -bleu et pétillant aussi longtemps que possible !- profondément optimiste ! 

 

 

PdA : Un dernier mot ? (Pour approfondir une question traitée précédemment ou parler d'autre chose...) Merci infiniment !

 

P.-J.B. : Il n’est d’aventure que partagée et collective.

 

 

 

Encore merci, cher Pierre-Jean Baillot, pour votre bonne humeur, pour votre message résolument positif. Phil Defer

 

 

 

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13 juin 2013

Pierre-Yves Le Borgn' : "Aidons nos PME, revalorisons l'apprentissage"

Le week end dernier, deux législatives partielles avaient lieu en dehors du territoire national. Les Français établis en Amérique du Nord ont préféré l'ex-député altoséquanais Frédéric Levebre au Montréalais Franck Scemama pour les représenter. Dans la huitième circonscription, comprenant notamment Israël, l'Italie, la Grèce et la Turquie, c'est l'UDI Meyer Habib qui l'a emporté face à la candidate UMP Valérie Hoffenberg. Il y a un an, chacun de ces sièges était occupé par une socialiste, avant l'annulation des deux élections par le Conseil Constitutionnel - et la diminution d'autant des effectifs de la majorité présidentielle -. Il y a cinq ans, ces circonscriptions extraterritoriales n'existaient pas. Elles sont nées de la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008, voulue par Nicolas Sarkozy. Un an après son élection et l'installation de François Hollande à l'Élysée, le député socialiste de la septième circonscription (l'Europe centrale et orientale) Pierre-Yves Le Borgn' a accepté d'évoquer pour Paroles d'Actu ces Français dont il entend porter les voix, ses idées, ses engagements, ses espoirs pour le quinquennat. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PIERRE-YVES LE BORGN'

Député de la 7ème circonscription des Français établis hors de France

 

"Aidons nos PME, revalorisons l'apprentissage"

 

Pierre-Yves Le Borgn'

(Photos proposées à ma demande par Pierre-Yves Le Borgn')

 

 

Q : 23/04/13

R : 09/06/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Pierre-Yves le Borgn'. Vous êtes depuis juin 2012 le Député des Français de l'étranger établis dans la septième circonscription extraterritoriale. (Albanie, Allemagne, Autriche, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Hongrie, ancienne République yougoslave de Macédoine, Pologne, Roumanie, Serbie, Monténégro, Kosovo, Slovénie, République tchèque, Slovaquie) Un territoire vaste, très vaste... À quoi votre quotidien d'élu ressemble-t-il ?

 

Pierre-Yves Le Borgn' : En effet, le territoire est grand. Seize pays, un territoire de 1,6 million de km2. C’est certain que ce chiffre n’a pas grand-chose à voir avec la taille des circonscriptions de mes collègues de France métropolitaine et ultramarine, qui mesurent quelques dizaines voire centaines de km2.

 

Après quasiment un an à l’Assemblée nationale, j’arrive à gérer mon emploi du temps. Il m’a cependant fallu près d’un semestre de rodage. Le lundi, je suis chez moi où je peux travailler au calme. Les mardis, mercredis et jeudis, je suis au Palais Bourbon où j’enchaîne les rendez-vous et les réunions. J’assiste naturellement aux questions posées au gouvernement et aux différentes séances dans l’hémicycle et ce de jour comme de nuit. C’est un rythme d’enfer, passionnant et parfois éprouvant.

 

Enfin, le vendredi, je suis à Cologne, où se trouve ma permanence parlementaire, pour y rencontrer les compatriotes qui le souhaitent ou bien je me rends dans le reste de la circonscription. Lorsque je suis en dehors de l’Allemagne, ce qui est en général le cas une à deux fois par mois au moins, j’organise des déplacements de deux à trois jours afin de tenir compte des difficultés de transport, notamment vers les Balkans.

 

 

PdA : Il est difficile et toujours un peu périlleux de chercher à synthétiser sur la base de situations individuelles complexes et souvent très différentes. Pouvez-vous malgré cela nous parler de ces Français qui vous ont élu l'année dernière, nous faire part de ce qui les préoccupe, peut-être d'une manière un peu décalée par rapport au reste de la communauté nationale ?

 

P.-Y.L.B. : Il y a des  sujets communs à tous les Français de la 7ème circonscription comme les bourses scolaires, les frais de scolarité élevés dans les écoles françaises, la protection consulaire, l’action sociale et plus particulièrement la question de la liquidation des retraites ou celle de la couverture santé. Une question plus légère mais non moins importante qui revient souvent lors de mes réunions publiques concerne le visionnage de programmes télévisuels par Internet depuis l’étranger. Enfin, un sujet très délicat est celui des conflits d’autorité parentale. Beaucoup de parents divorcés, en Allemagne notamment, me contactent parce qu’ils rencontrent des difficultés à obtenir un droit de garde et de visite de leur enfant. Ces difficultés sont induites par le défaut de la coordination de droit de la famille au niveau européen et je m’emploie beaucoup depuis de nombreux mois à prévenir ces difficultés. Je n’ai pas trop communiqué sur cette action-là car le sujet est très sensible et je préfère le faire au bon moment, lorsque j’aurai au demeurant des résultats à afficher.

 

 

PdA : Juriste international de formation, vous avez notamment travaillé à Mayence, à Francfort, en tant que cadre-dirigeant au sein d'une société de fabrication de panneaux solaires. L'Allemagne, sa culture du dialogue, sa politique de l'offre... sont souvent présentés comme des modèles dont il faudrait s'inspirer pour assainir et redynamiser notre économie. Vous connaissez bien nos deux pays. Voyez-vous des domaines dans lesquels nous devrions, à votre avis, nous inspirer de nos partenaires allemands ?

 

P.-Y.L.B. : Pourquoi se limiter à l’Allemagne ? Il me semble qu’il faudrait s’inspirer des méthodes ayant fait leurs preuves dans chaque pays de la circonscription et pas seulement en Allemagne. J’admire le dynamisme de l’économie allemande et notamment la force de son tissu d’entreprises de taille intermédiaire, championnes de l’exportation. C’est le fameux « Mittelstand », qui n’a pas d’équivalent en France, malheureusement. Il faut aider nos petites et moyennes entreprises à se développer car elles sont un atout pour notre économie et de ce fait pour l’emploi.

 

Un autre point positif que nous pouvons trouver de ce côté du Rhin concerne l’apprentissage. En effet, cette méthode d’enseignement est trop peu valorisée en France. Il faut encourager les collégiens à rejoindre un Centre de Formation pour Apprentis et faire disparaître cette idée reçue consistant à faire passer les apprentis pour des personnes inintelligentes. Lors de son déplacement à Blois, le Président François Hollande a annoncé des mesures importantes pour l’apprentissage. Cette formation professionnelle est un atout pour les adolescents et pour notre pays.

 

 

PYLB 1

 

 

PdA : Plus globalement, vous revendiquez pleinement votre ouverture sur l'international, votre culture profondément européenne. Vous avez ainsi étudié au Collège d'Europe à Bruges, travaillé en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg et aux États-Unis. Qu'avez-vous appris au contact de ce monde-là, ces leçons que vous souhaiteriez, peut-être, partager avec ceux de nos compatriotes - et ils sont nombreux - qui ne voient pas forcément la mondialisation d'un très bon œil ?

 

P.-Y.L.B. : Nous célébrons cette année le cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée, dont l’une des heureuses conséquences a été de donner naissance à l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ), qui a permis à des milliers de jeunes de découvrir une autre culture en traversant le Rhin. Quitter son pays pour s’établir ailleurs n’est pas une décision facile à prendre. J’ai fait ce choix. Cela n’a pas toujours été facile. J’en ai parfois bavé, mais j’ai travaillé d’arrache-pied, apprenant de toutes les cultures dans lesquelles je m’immergeais, et j’ai réussi professionnellement. Vivre dans différents pays m’a permis de découvrir d’autres méthodes de travail. Mon expérience professionnelle est un melting pot de ces cultures d’entreprises dans les quatre pays que j’ai connus.

 

Ma conclusion est donc qu’il ne faut pas craindre l’ouverture au monde et aux autres mais bien au contraire utiliser ce qu’elle peut apporter de positif pour une carrière et un parcours de vie.

 

 

PdA : Sans transition, une question d'"actualité immédiate", ce sera la seule de cet entretien. À l'heure où je vous la propose, l'Assemblée nationale vient d'adopter le Mariage pour tous. Vous l'avez fait, avec vos collègues députés. Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous suite à ce vote ?

 

P.-Y.L.B. : Je suis heureux et fier. Cela est un véritable honneur pour moi d’avoir participé à ce changement sociétal important. Avec cette loi, le mariage est devenu ouvert à tous. Il n’était pas normal que dans notre pays, nous ne reconnaissions pas l’égalité des couples devant la loi.

 

 

PdA : Quelles sont les thématiques, les causes sur lesquelles vous souhaiterez vous engager tout particulièrement à titre personnel durant ce quinquennat ?

 

P.-Y.L.B. : J’ai déjà évoqué les problèmes de garde d’enfants, qui sont l’une de mes priorités. Je souhaiterais œuvrer pour rapprocher nos politiques et législations nationales en droit de la famille. Si nous sommes arrivés à élaborer un droit matériel commun du mariage entre la France et l’Allemagne, nous pourrons le faire sur le divorce et les successions. C’est une nécessité. L’accès à l’enseignement français à l’étranger est également une thématique importante car beaucoup de familles souffrent de frais de scolarité trop élevés. Pour les familles demeurant trop loin d’un établissement français, une solution serait de développer les filières bilingues.

 

L’accès à la langue et à la culture française par nos compatriotes est aussi une priorité car c’est souvent ce qui permet à nos concitoyens de garder un lien avec notre pays. J’ai d’ailleurs utilisé une grande partie de ma réserve parlementaire pour permettre à différentes bibliothèques de ma circonscription d’acquérir de nouveaux livres, de faire des travaux pour rendre l’accueil des usagers agréable ou permettre un meilleur accès aux livres.

 

 

PYLB 2

 

 

PdA : Près d'un an a passé depuis les élections présidentielle et législatives... L'enthousiasme populaire n'est plus tout à fait de mise... Quant la confiance, celle accordée à l'exécutif, elle est en berne. La crise, d'accord, mais elle n'est jamais qu'un élément de ce désamour, plus profond et qui touche à la politique menée, aux priorités affichées, aux personnalités elles-mêmes. L'inquiétude, voire la défiance sont exprimées par nombre de nos compatriotes, dont pas mal d'électeurs du président. Où en êtes-vous par rapport à tout cela ? Confiant, vous l'êtes toujours ?

 

P.-Y.L.B. : Bien sûr que je suis toujours confiant. Un célèbre adage dit : Paris ne s’est pas fait en un jour. Il me semble donc qu’il faut laisser du temps au temps. Je comprends bien évidemment les Français vivant dans une situation délicate qui souhaiteraient que leur vie s’améliore rapidement. La majorité a besoin de temps pour améliorer la situation de la France. Nous avons hérité d’une situation économique et sociale très dégradée par la crise certes, mais aussi par les choix de la droite au pouvoir durant 10 années. François Hollande l’a très bien dit lui-même : « Je demande à être jugé au terme des cinq ans ».

 

 

PdA : Cette question de la confiance me pousse à en aborder une autre, fondamentale pour le bon fonctionnement de notre société. Votre parcours, celui de votre famille est exemplaire. Celui de la méritocratie républicaine, de "l'émancipation et l'élévation sociale grâce à l'école laïque et aux bourses scolaires". Aujourd'hui, l'ascension de l'échelle sociale, la génération suivante vivant forcément mieux que la précédente, beaucoup de gens n'y croient tout simplement plus. La morosité des perspectives économiques, la remise en cause d'acquis sociaux - y compris par la gauche - et le poids écrasant de la dette ne sont évidemment pas étrangers à ce ressenti ô combien préoccupant... Qu'avez-vous envie de répondre à ces personnes ?

 

P.-Y.L.B. : Je répondrais qu’il ne faut jamais baisser les bras. Grâce à l’École de la République, l’ascension sociale est possible. J’en suis le parfait exemple. Je suis le petit-fils d’un cheminot, d’une garde-barrière, d’un boulanger et d’une coiffeuse. Grâce aux bourses, mon père et mère ont pu suivre des études et devenir instituteurs. Ils ont su, confiants en l’école et nous inculquant le goût du travail, nous aider, ma sœur et moi, à faire des études longues.

 

Nous vivons une époque difficile et je comprends les doutes de nos compatriotes, mais ne plus essayer de se battre contre l’injustice sociale serait le pire exemple à donner à nos enfants. C’est dans la solidarité nationale, avec le sens des devoirs et des droits qui fondent la République, que l’on construit l’avenir.

 

 

PdA : Revenons à des horizons plus immédiats, même si l'avenir se jouera en grande partie au cours de ce quinquennat... Sur la base de quels résultats tangibles, de quels chantiers sérieusement entrepris pourrez-vous sincèrement déclarer, au printemps 2017, "Oui, Hollande, a été utile à la France et aux Français" ?

 

P.-Y.L.B. : Comme vous l’écrivez, tout va se jouer au cours du quinquennat. Je vous donne donc rendez-vous en 2017 pour répondre à cette question. Et je vous redis ma confiance en l’action menée par le Président de la République.

 

 

PYLB 3

 

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

P.-Y.L.B. : N’hésitez par à aller sur mon site, j‘y poste très régulièrement des articles.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Pierre-Yves Le Borgn' ?

 

P.-Y.L.B. : Que j’arrive à réaliser tout ce que j’ai entrepris pour nos compatriotes. C’est là qu’est ma motivation, ma volonté de servir.

 

 

 

Merci encore, Pierre-Yves Le Borgn', pour vos réponses, pour votre enthousiasme. Merci également à Cyril Mallet, collaborateur du Député, pour sa patience, pour nos échanges. Si vous êtes vous aussi un(e) Français(e) établi(e) à l'étranger, n'hésitez pas à nous faire part de votre expérience, en commentaire. Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Pierre-Yves Le Borgn'...

 

Sur le site de l'Assemblée Nationale ;

 

Sur son propre site ;

 

Sur Twitter.

 

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7 février 2024

Anny Duperey : « La 'Famille formidable', ça allait bien au-delà de la fiction »

Je ne vais pas vous mentir : il y a des articles dont la réalisation procure une plus grande satisfaction que d’autres. Autant le dire sans faire planer un faux suspense : celui qui vient est de ceux-ci. Grâce à une amie qui se reconnaîtra, j’ai pu contacter une grande comédienne, Anny Duperey. Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai découvert Anny Duperey avec la télé et ce feuilleton attachant qu’était Une famille formidable. Pour préparer l’interview, qui allait se faire par téléphone, j’ai regardé ses téléfilms récents et lu, après en avoir acheté une copie, son ouvrage autobiographique, Le voile noir. Une claque, ce bouquin. À tous, je recommande de le lire, parce que c’est un grand livre sur le deuil et le travail de reconstruction, en fait un grand livre tout court. À un ami biographe auquel je racontais l’imminence de l’interview avec elle, j’ai dit : "C’est quelqu’un d’intéressant, tu pourrais avoir envie d’écrire son histoire ?" Sa réponse : "Elle a écrit Le voile noir. Que veux-tu que j’écrive après ça..."

Beaucoup d’actu, pour Anny Duperey. Celle que j’avais notée, et celle que je ne lui connaissais pas. Tout est illustré au fil du texte, et développé dans la retranscription de notre interview, qui s’est faite par téléphone samedi dernier, le 3 février. J’ai souhaité en retranscrire le texte au plus près de ce qui a été dit, pour en conserver l’authenticité, et pour que le lecteur puisse nous "entendre". Cet article aura aussi été l’occasion de mettre à la lumière un film injustement oublié, le premier réalisé par Bernard Giraudeau (avec Anny Duperey au scénario) : La face de l’ogre. Il est désormais, depuis ce jour, en ligne sur YouTube.

Dès que j’ai su que l’interview allait se faire, j’ai voulu solliciter un témoignage sur Anny Duperey, pour assurer si je puis dire, un peu comme au spectacle, la "première partie" de l’article. Et je savais qui je voulais : la grande comédienne de théâtre Béatrice Agenin. Les fidèles de la Famille formidable s’en souviennent surtout comme de Reine, la meilleure amie de Catherine Beaumont qu’incarnait Anny Duperey. Moi j’avais pris la série en cours, je la regardais de manière décousue, mais je me souviens très bien, des années après, que l’épisode où Reine mourait m’avait marqué. Bref, Béatrice Agenin, dès le 30 janvier, a accepté d’écrire pour moi, pour son amie dans-la-vraie-vie-aussi, ce beau témoignage. Merci à vous Béatrice pour ce temps que vous m’avez accordé, et merci à vous chère Anny, pour votre disponibilité, pour ces confidences et ce moment particulier, et pour votre humanité. Exclu, Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.

 

 

partie 1 : le témoignage de Béatrice Agenin

 

Béatrice Agenin

Photo fournie par B. Agenin.

 

J’ai rencontré Anny Duperey au Théâtre Edouard VII dans La répétition ou l’amour puni de Jean Anouilh, en 1986.

Je ne la connaissais pas, je l’avais vue en spectatrice dans Un éléphant, ça trompe énormément, et dans La guerre de Troie n’aura pas lieu, au Théâtre de la Ville. Sculpturale, étourdissante de beauté, Anny était gentille avec tout le monde, mais distante. Il régnait une incroyable gaieté sur cette aventure, même si Anny semblait toujours impénétrable. Il y avait Pierre Arditi, Emmanuelle Béart dans la distribution, nous étions tous très joyeux dans ce Théâtre Edouard VII. À cette époque, Anny vivait avec Bernard Giraudeau, que je connaissais bien depuis le Conservatoire. Tout naturellement je demande à Bernard pourquoi aucune personne de la famille d’Anny ne vient jamais la voir au Théâtre. Il me répond cette phrase incroyable : "Ses parents sont morts quand elle avait 8 ans et elle pense qu’elle en est responsable". Des années plus tard, elle écrit Le voile noir, où elle raconte la tragédie de ses parents. C’est un poème, un hommage, une réparation. Un cri d’amour. Je lui téléphone pour lui dire mon émerveillement.

Plus tard, nous nous retrouvons sur la Famille formidable. Ce n’est plus la même femme. Nous devenons amies. En relatant son histoire, en recevant les lettres de ses lecteurs, elle perd sa carapace. Un médecin lui a écrit qu’elle avait elle-même subi les émanations du gaz qui a tué ses parents… et la libère de la culpabilité qu’elle avait de ne pas avoir répondu à leur appel, le jour du drame.

Elle est drôle, vraie, spontanée. C’est une magnifique comédienne, elle se donne à fond dans les rôles qu’on lui propose. Elle aime la vie, ses enfants, les chats, le soleil, l’ardeur au travail, elle est entière. Elle est entourée des fleurs de ses jardins, qu’elle a dessinés. Elle est peintre aussi. Créatrice de costumes. Photographe. Quand elle ne tourne pas, elle écrit des livres.

Elle ne sait pas mentir. Notre amitié dure depuis presque 40 ans.

Témoignage daté du 5 février 2024

 

 

partie 2 : l’interview avec Anny Duperey

 

Anny Duperey

Photo fournie par A. Duperey.

 

Anny Duperey bonjour, je suis ravi de pouvoir échanger avec vous à l’occasion de cette interview. Je vous ai regardée pendant des années en famille dans Une famille formidable. Beau souvenir pour moi et pour pas mal de gens...

Et pour nous donc ! Merci à vous.

 

 

Une de vos actus du moment, c’est un film qui, je crois, vous vient particulièrement à coeur : Le voyage en pyjama, de Pascal Thomas...

Oui, je l’aime beaucoup... J’espère vraiment qu’il va rester en salle. C’est toujours le problème quand il n’y a pas de véritable tête d’affiche "motrice" pour donner envie aux gens d’entrer dans un cinema. C’est un film un peu choral, le rôle principal est assuré par quelqu’un de charmant, Alexandre Lafaurie, mais qui est totalement inconnu, donc c’était un gros risque... Ce film, je l’aime énormément. C’est un poème. On s’est demandé : est-ce qu’il y aura un petit miracle ? Est-ce que les gens ont envie de ça, de ce questionnement sur le temps qui passe, sur le hasard, les rencontres... Est-ce que ça va les toucher, ou pas ? On espère qu’il y aura un engouement, mais c’est vrai que, suivant les lois commerciales qui régissent un peu notre cinéma, le pari  était hardi, sans tête d’affiche...

 

Je vous souhaite que ça marche en tout cas.

J’espère qu’au moins il restera quelques semaines en salle. Parmi les films que je vois passer, il y a beaucoup de choses que j’appelle quelquefois des télés "déguisées", produits aux trois quarts ou à moitié par la TV, diffusés au cinéma pour faire chic mais qui sont plutôt destinés à un futur passage télé je pense...

 

En tout cas celui-ci vous a plu on le sent bien.

Je ne suis plus vraiment dans le circuit cinéma maintenant. De temps en temps, un fou me propose un rôle. (Elle rit) Sur les chemins noirs, de Denis Imbert, avec Dujardin, a été une bonne surprise. Qu’on me propose de jouer sa tante, c’était sympathique. Mais là, c’était une adaptation d’un livre de Sylvain Tesson, qui est un écrivain très reconnu, et il y avait Jean, qui portait le film... Au début, pour le producteur, ça a été une énorme surprise que ça marche autant. C’était hardi, là encore, de faire un film sur un type qui marche pendant une heure et demie - même s’il y a des rencontres, etc  ! Il y avait dans ce film une quête de la liberté qui, pile après le confinement, a parlé aux gens. Le film tombait bien, même si encore une fois il y a eu l’effet-vedette avec Jean, l’effet Sylvain Tesson... Il est arrivé à un moment où les gens avaient été frustrés de liberté de mouvement d’abord, mais aussi de liberté de l’emploi de SOI. Le personnage refusait le parcours officiel qu’on lui proposait, c’est-à-dire la rééducation en centre de rééducation, pour aller à l’aventure. Les gens ont pris ça comme une bouffée de rêve et d’oxygène. Moi je l’ai analysé comme ça, le succès du film.

 

 

Qu’auriez-vous envie de dire à nos lecteurs pour leur donner envie de donner une chance au Voyage en pyjama, dans un contexte qui est difficile vous l’avez rappelé, notamment pour les petites productions ?

Je dirais que c’est un film qui fait du bien... J’y joue un joli personnage qui dit : "Laissez-vous faire, comme un bouchon au fil de la rivière, croyez en la vie". Laissez-vous faire, laissez-vous porter, par les émotions, etc... J’ai trouvé que ce film commençait joliment, par ce prof qui avait une vie un peu rétrécie, avec sa femme autoritaire et assez désagréable. Il était enfermé dans sa petite vie, puis il a décidé de prendre une année sabbatique "pour savoir ce qu’il restait de sa jeunesse", j’ai beaucoup aimé cette expression. Et il prend son vélo. Et il s’en va ! Je trouve ça...

 

Inspirant !

Oui. Très...

 

Le duplex

 

À partir de la fin février, vous partez pour 40 dates pour Le Duplex, une pièce avec une chouette distribution autour d’affaires de voisins. Vous nous en parlez ?

Absolument (rires). C’est un peu un challenge parce que les trois autres acteurs ont répété et joué cette pièce uniquement pour faire une captation. Elle n’a pas été conçue pour être jouée au public. Mais ils ont eu l’heur, eux, de répéter deux mois (rires). La quatrième larronne est partie pour je ne sais quelle raison, et moi je vais avoir trois répétitions avec la troupe au complet avant de monter sur la scène du Théâtre de Paris. L’exercice est assez Rock ’n’ roll (rires), mais ces circonstances n’ont pas d’intérêt pour les gens, seul le résultat les intéressera, mais c’est un vrai défi. Et je n’ai jamais joué de boulevard léger comme celui-là. En tout cas la compagnie est très gaie, je me suis dit tiens, c’est une bonne manière de finir l’hiver ! Et on s’entend très bien.

 

Et donc vous connaissez très bien, effectivement, en tant qu’actrice, la télé, le cinéma, et donc le théâtre. Est-ce que ce sont véritablement trois facettes distinctes du métier, trois exercices différents ?

Non, le théâtre est extrêmement différent. L’autre jour, à  C à vous,  à Babeth qui me demandait quelle était la différence entre le théâtre et le cinéma,  j’ai dit péremptoirement que "le théâtre est l’état adulte de l’acteur". C’est ma formule et je la partage, parce que c’est absolument ça. Pour le théâtre, on a préparé un rôle. Je pense que le metteur en scène y est beaucoup plus un accoucheur qui aide l’acteur à trouver, LUI-MÊME, son personnage, à être en charge de ce qu’il fait. Parce qu’après l’acteur est totalement responsable du spectacle, de bout en bout, c’est pour ça que je dis "état adulte". Quand la pièce commence, généralement il n’y a plus le directeur, il n’y a pas le producteur, souvent pas le metteur en scène... C’est nous qui menons la barque. Alors qu’on n’a pas ce niveau de responsabilité au cinéma et la télévision - je ne fais pas vraiment de différence entre les deux. C’est filmé, avec un metteur en scène qui pour le coup, n’est pas un accoucheur mais le véritable père du film.

 

Il vous fera refaire les scènes autant qu’il le voudra...

Autant qu’il le voudra. Surtout, il choisit ce qu’il veut. S’il y a une scène en trop il la coupe. Il choisit de vous saisir en gros plan ou de loin, etc. L’acteur n’est maître de rien. Et même lorsqu’il y a une grande complicité avec le metteur en scène, comme j’en ai eu, ça reste SON film. En aucun cas le film d’un acteur.

 

Dans votre expérience, vous avez senti que vous aviez plus de liberté pour vos personnages au théâtre qu’à l’écran ?

Pas du tout, au théâtre on n’est pas Jean Lefebvre (rires), il ne s’agit pas de changer le texte tous les soirs. Au théâtre le texte est absolument répété, fixe, etc... Pour le coup, cette liberté d’invention on l’a plutôt eue avec la Famille formidable. On parlait des thèmes avec Joël Santoni, on les choisissait ensemble... Tant qu’on a fait ces séries tous les deux voire trois ans, on avait le temps pour concocter la saison suivante. Mais complètement en accord avec Joël. On se voyait souvent. Je dois vous dire que j’ai failli y entrer comme auteure, parce que j’ai écrit un nombre incalculable de scènes là-dedans. Mais je ne l’ai pas fait, parce que je ne voulais pas avoir affaire aux pré discussions sur le scénario avec TF1, je n’aurais pas tenu le coup... J’ai assisté à une de ces réunions, après quoi j’ai dit à Joël que je déclarais forfait parce que je n’aurais pas "le cuir". J’écrivais quand on tournait, ou la veille pour le lendemain, quand j’avais une idée je la lui proposais directement… On improvisait beaucoup, aussi. On fonctionnait comme ça, dans une complicité totale, et souvent TF1 n’y voyait que du feu puisque le résultat leur plaisait. Il n’y avait pas de "flic" sur le plateau pour voir si on tournait réellement ce qui était écrit et validé officiellement au départ (rires). Il y avait des trous dans les mailles du filet !

 

Le voile noir

 

Bel élément d’info sur les coulisses !

J’ai lu avant de préparer cet échange votre fameux ouvrage autobiographique, Le voile noir, et je dois dire, VOUS dire, je ne suis pas le premier et ne serai pas le dernier à le faire, que ça a été comme une claque pour moi. Votre récit, sensible et déchirant d’un drame, le vôtre, la mort accidentelle de vos parents alors que vous n’aviez pas neuf ans - votre soeur était bien plus jeune encore...

Je reste encore étonnée d’une chose. Aujourd’hui encore je reste estomaquée d’avoir écrit à treize ans : "un jour j’écrirai MON LIVRE". C’est dingue. D’avoir eu la conscience totale que ça ne serait pas une confidence - ce n’était pas la mode psy à l’époque, il n’était pas question de ça -, que si j’attaquais le problème un jour ce serait forcément par un livre, rien d’autre.

 

Ce "malheur fondateur" de votre vie, dans quelle mesure diriez-vous qu’il vous a façonnée dans votre vie, mais aussi dans votre parcours professionnel ?

Comment vous dire... On m’a demandé dans une émission de parler du deuil, et j’ai dit une chose dont j’ai pris conscience petit à petit, bien après avoir écrit ce livre. En me retournant sur mon parcours, j’ai écrit un autre livre, presque plus intime. Parce que finalement, Le voile noir, c’est un livre sur le deuil, sur le déni du deuil, je soulève le pansement, qu’est-ce qui se passe quand on n’a pas voulu faire un pas pendant trente ans ? Cet autre livre donc, Le rêve de ma mère, paru il y a quelques années seulement, est mon plus "perso perso". J’y reviens effectivement sur le parcours, sur comment j’ai évolué artistiquement et humainement avec cette histoire. Je dis au début de ce livre que c’est très étrange d’avoir assez sûrement mené sa vie sans du tout la mener. C’est-à-dire sans volonté. Je n’ai presque fait qu’obéir. Obéir à ce qui se présentait. À ce que je sentais. Dans les rencontres, dans les projets, à ce qui me semblait bon, ou pas bon pour moi... Quelquefois on me disait : tu devrais faire ça, et moi j’avais un sentiment de recul. Parfois j’ai su, après coup, que j’avais raison. C’est d’ailleurs le thème de mon dernier roman,  Le tour des arènes : l’instinct, l’inconscient et le hasard, les trois se donnant la main. Au bout d’un moment, j’ai pensé que j’avais été menée. Du moins, qu’en tant que survivante, j’avais  un instinct de survie absolument démentiel pour me diriger. Je n’avais plus de soutien avec les parents, mais j’avais des antennes terribles !

Je déteste l’expression "faire son deuil". On apprend à vivre avec son drame, mais faire son deuil, mon dieu... on ne fait pas son deuil. Quand on me demande si j’ai accepté ? Jamais de la vie ! Accepter, ça veut dire "oui". Je ne dirai jamais oui à ce qui est arrivé. Admettre que ça ait pu exister c’est déjà énormissime, mais accepter, ça non, et je n’accepterai jamais. Mais on apprend, petit à petit, et il faut bien dix ans pour faire un pas, à vivre avec. Et le déni, la colère, ce sont des forces extraordinaires. Il ne faut pas coller les gens tout de suite dans leur malheur en voulant absolument qu’ils acceptent, qu’ils pleurent, etc... La colère c’est un moteur extraordinaire ! Et la révolte contre ce qui s’est passé, une force. La révolte vous tient debout.

 

Le rêve de ma mère

 

D’ailleurs vous écrivez, à la fin du Voile noir, cette phrase marquante, comme tant d’autres dans le livre : "Je ne veux pas tuer mon regret", ce qui dans votre esprit voulait dire je crois : tout faire pour ne pas oublier ces parents que vous aviez si peu connus, au prix d’une souffrance prolongée, d’un deuil non réalisé...

Je ne me souvenais plus que j’avais écrit cette phrase. Il y a une amie qui écrit aussi et qui, à propos d’une de mes phrases, m’a dit qu’elle aurait aimé l’écrire elle-même. C’est quand j’analyse la photo des enfants dans le pré. J’ai écrit : "Seuls les enfants ne sourient pas, parce qu’ils n’ont pas peur".

 

D’ailleurs je vais vous en reparler de cette photo. Mais en tout cas, un peu plus de 30 ans après l’écriture de cet ouvrage, et notamment après avoir reçu beaucoup de témoignages bienveillants...

Bienveillants et bousculants !

 

Je vous écris

 

Est-ce que vous vous sentez apaisée aujourd’hui ?

Oui. Absolument. Mais c’est venu avec les gens, mes lecteurs. Avec leurs lettres. Je les ai rencontrés d’ailleurs. Après le livre  Je vous écris..., nous avons organisé, avec ma soeur, avec Le Seuil, etc, une expo des photos de mes parents à Beaubourg. Et on a invité tous ceux auxquels j’avais demandé de reproduire une lettre qu’ils m’avaient envoyée. Je dois dire que ça a été chargé en émotion parce que les gens venaient me voir en me disant "Moi je suis la page 87", "Moi je suis la page 132", etc... Ces lettres qu’ils avaient écrites et qui m’avaient bousculée. C’était extraordinaire. Je crois avoir écrit : "Ils m’ont sorti de ma douleur unique pour m’amener dans le sort commun". C’est exactement ça. Ils m’ont pris par la main pour m’amener dans le sort commun ! Et ça c’est... (Émue)

 

Je comprends... Je veux revenir justement, parmi les photos de votre père, sur ce cliché très émouvant dont vous parliez, on y voit votre grand-mère surplombant et regardant avec bonté et une pointe d’inquiétude la famille réunie. Vous disiez l’aimer, cette photo, pour ce qu’elle vous inspirait, et aussi pour son parfum de paradis perdu. Est-ce que vous vous voyez aujourd’hui, apaisée donc, dans la peau de cette grand-mère, de cette matriarche ?

Un peu (rires). Je vais vous dire honnêtement, je pense peu à l’âge, je ne fais pas le point, instinctivement j’oublie les dates, j’estompe les repères. Mais effectivement il y a quelques photos de réunions familiales comme cela, prises dans ma maison en Creuse, qui est la maison familiale où on se retrouve, parce que j’ai réussi à faire une petite tribu comme ça, un peu comme la Famille formidable (rires). Je pourrais bien me voir dans ce rôle-là. Mais comme je m’accroche très fort à mon sentiment d’enfance, je m’en fous un peu aussi, et je suis souvent plutôt parmi les gamins, à faire le clown (rires).

 

Photo A

Extrait de Le voile noir. La photo est de Lucien Legras,

le père d’Anny Duperey, évidemment.

 

Quel conseil auriez-vous envie de donner à quelqu’un qu’un drame de la vie aurait meurtri, paralysé, et qui ne trouverait pas le chemin pour s’en sortir ?

Oh... Bien, peut-être ça : n’allez pas trop vite. Enfin, ça dépend de ce dont on parle. La perte d’un enfant par exemple, c’est un summum dans l’horreur. Comment jamais s’en remettre ? N’allez pas trop vite si vous avez un chemin à construire après, c’est ça le truc. N’allez pas trop vite si vous êtes très jeune.

 

J’ai entendu récemment votre anecdote à propos de la Famille formidable : après Le voile noir vous avez eu envie de faire quelque chose de plus léger, et vous vous êtes trouvé, avec le futur réalisateur de la série Joël Santoni un incroyable point commun : orphelins de père et de mère tous deux, au même âge je crois...

C’est inouï ce qui est arrivé. J’étais sur le point de finir le livre, j’en étais à  sa conclusion - je l’ai écrit dans l’ordre. Un détail, mais je pleurais tellement, parce que ça a fait remonter tant de choses, qu’avec une ficelle je m’étais attaché autour du cou un rouleau de papier toilettes, comme ça ça m’évitait de devoir chercher des kleenex (rires) pour m’éponger. C’est un détail qui a l’air marrant comme ça, mais ça résume bien l’état de la fille ! Et c’est vrai que mon amie et agent Danièle m’a appelée au mois d’août en me disant : "Tu voulais une comédie pour t’alléger, c’est extraordinaire, on t’en propose trois". Trois fois une heure et demie. J’ai trouvé ça merveilleux, et elle a ajouté que ça commençait tout de suite. Là, j’ai dit non, parce que je ne pouvais pas. J’avais promis au Seuil de leur rendre tout mon texte pour le 15 septembre au plus tard - il y avait une mise en page difficile, avec les photos de mon père, etc... Elle m’a dit : "Tu as de la chance, ça commence le 16" : premier "hasard" marquant.

Puis j’ai rencontré Joël Santoni, le futur metteur en scène, qui m’a immédiatement dit : "Anny, je dois te prévenir, je n’ai jamais rien fait de drôle de ma vie". Et c’est vrai que jusque là il n’avait fait que des films assez noirs. Alors, je rigole et je lui raconte ce que je suis en train d’écrire. Là, je vous jure, en cinq phrases, on découvre qu’on est orphelins de père et de mère au même âge ! Je crois que tous les deux on a levé la tête, parce qu’on ne sait pas où ils sont, nos anges, mais on a fait : "Trop bien organisé"...

 

 

Trop bien organisé... Et est-ce que justement cette Famille formidable, si populaire pendant 25 ans, a constitué pour vous deux comme une sorte de thérapie, et créé peut-être une famille bis ?

Oui, on l’a pensé après, au moins pour deux des créateurs donc. Il y avait comme une manière de se fantasmer une famille "tribale" comme on aurait aimé en avoir une. La mienne n’était pas encore tout à fait construite. Joël ne l’a pas construite. Il y a de ça, et je suis même certaine que quelque part les gens l’ont senti, que cette histoire-là allait bien au-delà d’une télévision. Ils devaient sentir que c’était tellement sincère qu’il y avait une nécessité. Ce n’était pas un feuilleton comme les autres. Il y avait de la part de ceux qui nous suivaient véritablement de l’amour pour cette série. Et à mon avis, cet amour, on l’a récolté parce qu’on était nous-mêmes en création de cet amour.  Ça allait bien au-delà d’une fiction...

 

Ça s’est ressenti en tout cas. Il y avait quelque chose de différent... Et justement, vous êtes toujours en contact régulier avec Bernard Le Coq, Béatrice Agenin et tous les membres de cette "famille bis" ?

Les jeunes, les ai revus un peu dernièrement parce qu’il y a une charmante actrice qui a eu envie justement de faire une petite réunion, mais c’est vrai que j’ai moins de contacts avec eux. Bernard, je le vois de temps en temps, on reprend la conversation là où on l’a laissée. Notre entente est intacte, telle quelle, on pourrait recommencer demain avec la même complicité... C’est drôle d’ailleurs qu’il ait joué le père de ma fille (Sara Giraudeau, ndlr) dans ce très beau feuilleton, Tout va bien. Et Béatrice est une très grande amie...

 

Très bien... Et, même si Joël Santoni n’est plus là, vous auriez envie de refaire des choses ensemble, peut-être de reprendre cette histoire ?

Non, pas sans Joël. Bien sûr que non. C’est en partie pour ça qu’on a arrêté d’ailleurs. Joël était extrêmement malade, on savait qu’il allait disparaître incessamment. Il était évident qu’on ne continuerait pas sans lui.

 

C’est en tout cas un bel héritage collectif !

Oui...

 

Je trouve d’ailleurs dommage, au passage, qu’on ne la diffuse plus que très rarement, la série, ne serait-ce que sur TF1 ?

Oui. Je crois que pendant quelque temps elle est passée en boucle sur TV Breizh !

 

Plus ou moins consciemment, vous vous êtes dit qu’être comédienne, vous mettre dans la peau d’autres femmes, ça vous aiderait à vivre ?

Il y a une chose qui m’a aidée, je l’ai écrit dans Le rêve de ma mère justement. J’ai compris après coup pourquoi le métier de comédienne l’avait emporté sur ma vocation de peintre. J’avais, avec ce déni du deuil qui me tenait, une espèce de force, comme ça, incroyable, après cette petite tentative de suicide qui ne disait pas son nom que j’ai fait à 13 ans. Ayant vérifié que, non, on ne voulait pas de moi là-haut (rires) et qu’il fallait rester ici-bas, là plus rien ne pouvait m’arrêter ! J’ai fait les Beaux Arts, et je me destinais donc à être peintre - j’ai fait deux ans de Beaux Arts et j’allais rentrer en section Peinture au moment où j’ai réussi le concours du conservatoire de Paris.  Pour suivre les copains. Tout cela était encore très indéfini.

Après, je me suis dit que, un peu murée comme je l’étais avec mon deuil impossible, et en même temps cette force, j’avais grand besoin d’exprimer des émotions. Mais il ne fallait pas qu’elles me surprennent... J’étais en maîtrise, en maîtrise totale. Ce métier m’a aidée sur ce point : j’avais à exprimer des sentiments, y compris dramatiques, mais je les avais concoctés, je savais comment ils me venaient, s’ils surgissaient brusquement, si c’était une montée lente, etc... En fait, c’était absolument under control. Et j’avais besoin de ça. D’exprimer des émotions je l’ai dit, tout en gardant le contrôle. Ce qui est tout à fait le travail du comédien.

 

L'admiroir

 

Bien. Je le disais tout à l’heure, la qualité de votre plume impressionne, quand on vous lit. Longtemps je crois, l’écriture a été pour vous comme un refuge, plus jeune vous écriviez de longues lettres à une tante...

Oui, 10 pages par semaine, environ. Et un jour ma tante, cette chère "Tata" qui m’a élevée, a eu le téléphone. Je me suis dit : "Zut, j’ai perdu ma lectrice, à qui je vais écrire maintenant ?", et c’est là que j’ai eu l’idée d’écrire une histoire, mon premier roman L’admiroir. Mais si ma tante n’avait pas eu le téléphone, j’aurais peut-être continué à lui écrire des lettres (rires). Sans penser à écrire autre chose. J’étais frustrée de ne plus lui faire ses dix pages par semaine, on se disait désormais tout en cinq minutes.

L’idée de la comédie, en plus des Beaux Arts, est venue d’un orientateur professionnel. J’étais déjà entrée aux Beaux Arts de Rouen, une magnifique école, à 14 ans et demi. Et ma tante, qui voulait se rassurer elle-même de cette orientation artistique, m’a envoyée faire un test d’orientation professionnelle. On a vu qu’en arithmétique, j’étais au niveau d’une enfant de 4 ans. Mais première en français, première en espagnol, etc. Le mec a dit une chose extraordinaire : "Écoutez, elle vient de réussir son entrée aux Beaux Arts, entrée deuxième sur concours, qu’est-ce que vous voulez de mieux ? Seulement, il y a un truc qui me chiffonne : vous me dites qu’elle écrit, qu’elle lit tout le temps, première en français, etc. Pourquoi ne l’inscrivez-vous pas au conservatoire d’art dramatique deux fois par semaine pour qu’elle continue à étudier des textes ?" C’était ça le principe de base : étudier des textes !

Donc tout est parti de l’écriture, en fait. Et figurez-vous qu’il n’y a pas si longtemps, deux trois ans je crois, dans un salon du Livre, une très vieille dame est venue me voir et m’a dit : "Vous cherchez le nom de l’orientateur professionnel qui vous a dirigée ainsi aussi intelligemment, il s’appelait M. René Galligeau". C’est dingue. Et d’ailleurs dans Le rêve de ma mère, je parle de l’entrée aux Beaux Arts, de mon parcours artistique, et j’ai eu la surprise de me rendre compte en l’écrivant que j’avais de l’entrée aux Beaux Arts un souvenir éblouissant, et AUCUN souvenir de l’entrée au conservatoire, aucun ! Même pas les premiers mois, rien. Je n’avais aucun investissement là-dessus. J’y allais comme ça... J’ai écrit aussi qu’il y a une chose qui m’a complètement embarquée aussi vers ce métier, à part le fait d’exprimer des émotions, c’est la découverte des copains... J’avais été très solitaire à l’école, puis aux Beaux Arts où le travail est un travail aussi solitaire - chacun seul devant sa toile, devant son dessin... Là tout à coup, émerveillement, le "à toi"-"à moi", on se monte des scènes ensemble, on discute…, (elle soupire) mais quelle merveille... C’est ça qui m’a poussée aussi vers ce métier. L’échange.

 

Aimez-vous écrire aussi en tant que scénariste, en vous disant que vos mots prendront forme et vie sur scène ou à l’écran ?

J’ai écrit un scénario dans ma vie, pour que Bernard (Giraudeau, ndlr) fasse son premier film, qui s’appelait La face de l’ogre. Il est fort dommage d’ailleurs que ce film, et je ne sais pourquoi, soit oublié. Quelquefois dans des festivals, quand on parle de Bernard, des films qu’il a faits, on ressort souvent certains titres, mais son premier film, qu’on a fait ensemble donc et dont j’ai écrit le scénario complètement, est passé à la trappe ! La face de l’ogre est un très beau film que j’avais écrit en m’inspirant, de manière assez lointaine, d’un livre de Simone Desmaison. Je n’avais pas compris à l’époque pourquoi j’étais autant à l’aise dans le sujet du refus du deuil. Mais c’est bien de ne pas comprendre, parce que sinon on ne fait pas les choses... C’était l’histoire d’une femme en montagne dont le mari était resté pendu, là-haut, au bout d’une corde. Tous les touristes venaient voir "le pendu", et elle, elle était là tranquille, elle buvait son thé, elle n’avait pas regardé dans la jumelle… Elle faisait absolument comme s’il allait revenir. Elle était dans ce déni, jusqu’à ce qu’on la force à prendre conscience qu’on allait le faire descendre de là-haut. C’était un film super sur le déni du deuil, sur la montagne aussi, j’en suis très fière.

 

La face de l'ogre

(Avec aussi, Anny Duperey y tient et elle a bien raison, Jacques Denis !)

 

Et ce que vous racontez, sur cette femme qu’on pousse à affronter la réalité, à toucher du doigt sa souffrance, ça évoque forcément ce que vous racontez dans Le voile noir, quand on vous a disons fortement incitée à assister à l’enterrement de vos parents...

Bien sûr. Et en même temps, heureusement qu’ils l’ont fait...

 

Mais vous pourriez avoir envie d’écrire à nouveau des scénarios ?

Pas vraiment, quoique... Mon dernier roman est manifestement un film. Mais personne n’en veut (rires). Le tour des arènes est un scénario total, avec un très beau rôle pour moi puisque j’ai la chance que les gens m’acceptent dans des rôles extrêmement différents. Dernièrement, j’ai fait une psychopathe dans un téléfilm qui s’appelait Petit ange. Dans Mort d’un berger, j’incarnais une paysanne assez dure... Pour ce film, s’il se faisait, j’aurais une clocharde extraordinaire à jouer. Mais ça n’intéresse personne !

 

Le tour des arênes

 

Peut-être que ça viendra ? Je vous le souhaite.

Pour la télévision, je sais comment ils fonctionnent. S’il n’y a pas de suspense pour maintenir les gens devant leur écran, ils rechignent. Or, c’est un film (sic) où il n’y a pas de suspense. C’est un conte. Moi je suis persuadée que les gens peuvent rester accrochés à un conte, mais convaincre les gens de la télévision c’est compliqué... J’espère que ça se fera. Et comme ma clocharde est hors d’âge, il n’y a pas de limite d’âge ! (Rires)

 

Revenons à votre métier de comédienne. Comment choisissez-vous vos rôles en général ? Beaucoup aux coups de cœur ? Est-ce qu’il y en a que, de par votre histoire, ou peut-être simplement, de par votre sensibilité, vous ne vous verriez pas jouer ?

En général, quand je lis un scénario, une pièce, etc, il faut évidemment que ça me plaise, qu’il ne me tombe pas des mains. Si je le lis jusqu’au bout, que je le trouve bien écrit, etc, c’est tout simple : je le pose et je vois sans même m’en rendre compte si, cinq minutes ou une heure après, je me dis "Tiens, dans telle scène, je ferais bien ça..." Dans ce cas je me dis, ça commence à travailler ! Et pour ce qui est des rôles, il y en a deux que j’ai obstinément refusés, et que ma copine Béatrice Agénin a brillamment joués d’ailleurs. Deux rôles que je n’ai pas voulu interpréter, et qui m’ont été proposés plusieurs fois. Je n’ai jamais voulu jouer Phèdre, je ne comprends rien à cette bonne femme. Et je n’ai pas voulu jouer Qui a peur de Virginia Woolf ?. Béatrice j’en suis sûre a été magnifique dans Phèdre, et aussi dans Virginia Woolf ! Moi, une dame qui meurt d’amour sans avoir jamais couché avec l’objet de son tourment, j’avoue que je ne comprends pas. C’est là où je me dis que j’ai peut-être une petite infirmité : je dois comprendre ce que je vais jouer, or la passion, c’est un truc que je ne comprends pas. La passion qui vous tombe dessus comme ça et dont on est victime...

Il y a eu un metteur en scène, Michael Cacoyannis, ce n’est pas rien (il a notamment réalisé Zorba le Grec, ndlr), qui a voulu que je joue Phèdre. Il a failli me faire fléchir, avec un argument-massue quand je lui ai dit que je ne comprenais rien à ce que vivait cette femme, que j’allais devoir penser aux enfants qui meurent de faim dans le monde, à n’importe quoi mais tout sauf ce qui se passe dans la pièce. Parce que je n’y comprenais rien. Et il m’a dit (elle l’imite en prenant l’accent grec) : "C’est exactement pourquoi tu es faite pour le rôle, parce qu’elle aussi ne comprend pas" (rires). Et là, c’est la phrase qui vous fait vaciller. Il m’a dit aussi (elle reprend l’imitation) : "On prend toujours des actrices qui ont une voix vaginale pour jouer Phèdre ! Au contraire, c’est une femme qui est plutôt une intellectuelle sur laquelle tombe quelque chose qu’elle ne comprend pas." Et c’était très juste comme argument. Mais je n’y suis pas allée quand même.

 

 

J’aime la manière dont vous racontez tout cela, et votre façon de choisir un rôle ! Et justement vous en parliez, est-ce que, comme dans votre personnage de Mort d’un berger, vous pensez que vous pourriez endosser la responsabilité d’un crime pour protéger quelqu’un que vous aimez ?

Oh, là je ne sais pas du tout. Je ne me pose pas cette question, et je me garderais bien de me la poser ! (Rires)

 

Très bien (rires). Dans Petit ange, votre personnage était moins sympathique, névrosé au point de broyer sa fille pour des malheurs passés...

Ce rôle était extraordinaire. Une psychopathe... Il y a dans le scénario cette histoire de jumeau qui meurt dans son ventre et qui "re meurt" après, etc... On voit très bien comment a pu se développer la folie de cette femme autour de sa petite fille, en disant "Elle l’a déjà tué dans mon ventre, etc..." C’est terrible ! Tordre sa douleur, comme ça, pour en faire une espèce de folie.

 

 

C’est jubilatoire de jouer un rôle aussi éloigné de soi et de l’image qu’on renvoie ? Vous aimez jouer des personnages négatifs, inquiétants même ?

Oh oui alors ! Vous savez, j’ai eu beaucoup de chance sur ce plan. Tout de suite après les Famille formidable, quand on a arrêté, je me suis dit qu’on n’allait plus me proposer que des "grandes sympas". Finalement, le premier rôle qu’on m’a offert, ça a été la mère d’un tueur dans quelque chose qui s’appelait Le tueur du lac. C’était une série pour la 3. La mère du tueur, ce personnage !!! Je me suis foutu les boules à moi-même. Je vous assure que quand j’ai regardé ça, il y avait des scènes où je me serais presque fait peur ! Une femme si dure, qui n’aimait rien ni personne, un personnage à l’oeil complètement froid, fermée à tout sentiment… C’est drôle à jouer ce genre de personnage ! Et c’était génial d’avoir ça tout de suite après La famille formidable. Ça m’a immédiatement démarquée du personnage de Catherine.

 

J’espère qu’ils rediffuseront ça ? Dans toute votre filmographie, et j’inclus dans ce terme les choses faites pour la télé, de quoi êtes-vous particulièrement fière ?

Oh... Il y en a pas mal. Il y a des films qui ne valent pas le coup, mais aussi de belles choses. Il y a une chose qui est très belle, un téléfilm que j’avais fait avec Christopher Frank. Je l’ai revu, celui là, parce que j’ai un ami biographe qui écrivait sur Colette et sa fille. Quand j’ai su ça, je lui ai dit que j’avais tourné un jour avec Christopher Frank donc, un beau metteur en scène qui avait fait l’adaptation de La seconde de Colette. Le film est formidable.

 

La seconde

 

Je parlais tout à l’heure de La face de l’ogre, le premier film de Bernard. J’adorerais qu’on en diffuse une copie correcte. J’ai cherché partout, il n’est dispo ni en DVD, ni en téléchargement, ni même en VHS.  Il n’est même pas disponible sur l’INA. Un ami amoureux de ce film m’en a envoyé une copie, des techniciens ont travaillé dessus, ils ont enlevé un maximum de défauts...  J’adorerais que les gens voient ça. Par ailleurs, une troupe de théâtre amateur, au Havre, en a fait une adaptation théâtrale, qu’ils ont jouée plusieurs fois. Le scénario s’y prête parfaitement : c’est presque un huis-clos.

 

Si notre interview pouvait y contribuer j’en serais vraiment ravi...

 

Note de l’auteur : à la suite de notre entretien, Anny Duperey m’a envoyé

une copie de La face de l’ogre, que j’ai visionné (et aimé). Je l’ai légèrement retouché

pour en gommer certaines imperfections liées aux supports d’origine (TV, puis VHS).

J’ai proposé à Anny Duperey, dans l’attente d’une restauration et d’une mise à disposition

par l’INA ou autre, de le mettre, via YouTube, à la disposition des internautes,

au premier rang desquels, les lecteurs de cet article. Bon film !

 

Est-ce que vous êtes heureuse aujourd’hui, Anny Duperey ?

Ça fait partie des questions que je ne me pose pas. Je crois que je peux dire oui... Disons que je suis bien dans ma vie. J’ai la chance de travailler encore beaucoup, j’adore ça. Je ne me vois pas arrêter d’écrire, de jouer, de chanter aussi - ça c’est nouveau, ça vient de sortir.

 

 

Avec un camarade du music-hall nous avons écrit un spectacle  sur  et  de  café concert. On a 18 chansons à deux, et on a concocté un historique du café concert pour expliquer aux gens, gaiement, ce qu’était vraiment le café concert. J’ai donc ce spectacle, que je joue de temps en temps. Le jouer davantage c’est mon grand projet du moment - avec le fait de faire un film de mon dernier roman. Je veux reprendre au théâtre ce spectacle donc, Viens poupoule, qui m’avait été commandé au départ à l’occasion des Journées Marcel Proust de Cabourg, où j’avais fait des lectures très sérieuses, avec des musiciennes classiques... Et un jour ils m’ont appelée pour me dire : "On vient de trouver un texte magnifique de Proust sur le café concert qui s’appelle Éloge de la mauvaise musique. Ce texte on l’a gardé dans notre spectacle bien sûr. Et ils m’ont demandé si je voudrais y ajouter quelques chansons, comme j’avais déjà fait des comédies musicales, etc. Je ne me voyais pas faire ça toute seule !

J’ai pris par la main ce camarade du music-hall, que je connaissais et qui joue un personnage féminin, on a monté ce spectacle. Après les Journées Marcel Proust de Cabourg, on l’a réglé en l’améliorant au théâtre de Passy, on l’a joué dans un cabaret et on va le rejouer d’ailleurs dans ce même Cabaret de la brèche, près de Paris, les mercredi 12 et jeudi 13 juin - qu’on se le dise ! On l’a joué aussi, figurez-vous, pour être le spectacle surprise de la maison de la culture d’Orléans ! Nous sommes passés pour cette occasion d’une scène de 5 m de large à 14,5 m ! Et 650 personnes dans la salle du CADO. Et c’était génial. Alors ce spectacle, je veux absolument le reprendre quelque part au théâtre, en  2025.

Avant cela, j’espère faire une jolie tournée avec le beau "seul en scène", le texte de Jean Marbœuf, Mes chers enfants. C’est formidable...

 

 

Vous avez pas mal écrit sur les chats, et je crois comme vous qu’ils sont un joli remède contre la déprime. Vous en avez eu beaucoup dans votre vie ?

J’en ai eu beaucoup oui. Actuellement j’en ai deux. Un très vieux chat, tombé dans une grave dépression quand sa vieille compagne est morte il y a deux ans, tiens, au même moment que lorsque j’ai créé Viens poupoule à Cabourg... Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, il était au bord de se laisser mourir. De chagrin, vraiment. Sur le passage du grand hôtel de Cabourg, où se tenaient les journées Marcel Proust, il y avait une SPA et j’y ai adopté une petite chatte qui l’a sauvé, et que j’ai toujours.

Je vis avec des chats, je ne pourrais pas avoir de chien. Il faut être le dominant, le roi d’un chien. On est son patron. Ils sont faits comme ça, puisqu’il viennent de "la meute", avec sa hiérarchie. Mais moi je n’ai envie d’être le dominant de personne. Alors, les gens me parlent de l’indifférence des chats. Mais non les chats ne sont pas indifférents du tout ! Mais il n’y a pas cette demande constante, cette attente, qui moi me serait insupportable. Mon livre sur les chats, je l’ai commencé par cette phrase : "J’ai pour les animaux un amour raisonnable". À partir de ce moment-là, on n’a pas arrêté de me dire que j’étais folle, ou amoureuse des chats. Non : j’aime les chats tels qu’ils sont. Il y a des cons, j’en ai rencontré, comme chez les hommes. Beaucoup de "braves" gens, quelques personnalités exceptionnelles, et de rares authentiques salopards… Exactement comme chez les humains !

 

Les chats de hasard

 

C’est une jolie réponse. Je voulais vous interroger sur vos projets mais vous avez déjà largement répondu.

Oui. Il y a une vague idée de livre. La tournée de Mes chers enfants, j’espère qu’elle sera belle, c’est vraiment un texte qui parle à tellement de gens : qu’est-ce qu’on fait de sa vie après 65 ans ? Si on ne veut pas rester dans le canapé en attendant désespérément que les enfants viennent vous voir, comment se réinventer, repartir... Et je l’ai dit, remonter Viens poupoule dans un théâtre à Paris !

 

Que peut-on vous souhaiter, chère Anny Duperey ?

Que tout ça marche ! (Rires) Et de continuer à avoir la santé, parce que sans elle rien n’est possible... Continuer, voilà.

 

Interview datée du 3 février 2024.

 

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26 novembre 2012

Libres ! ... "La liberté est en très grand danger"

Il y a ce plombier de Belgique. Cet économiste français. Cette secrétaire, basée en Suisse. Ce professeur vivant aux États-Unis. Ce qui les réunit tient en un mot. C'est un cri de ralliement. "Libres !" Ils sont cent. Certains sont d'éminents universitaires. Dans tous les cas, des individus dotés d'un solide bon sens. Ils ont pris part, bénévolement, à la rédaction de l'ouvrage "Libres !", produit par le collectif "La main invisible". Une ode à la liberté au travers de cent articles, cent thématiques concrètes. Un manifeste contre les idées reçues. Un appel à la réflexion, à la conscience de chacun. Leurs positions ne feront à l'évidence pas l'unanimité, mais les questions qu'ils abordent mériteraient toutes de faire l'objet d'une publicité accrue, de débats publics. Ulrich Genisson et Stéphane Geyres, co-fondateurs du collectif, ont eu l'idée de ce livre libre de droits il y a un an. Ils ont accepté, deux mois après sa sortie, de répondre à mes questions. Je les en remercie chaleureusement. Et je suis heureux, avec ce document, d'offrir à ma modeste mesure un espace d'expression supplémentaire à une initiative originale, qui gagne à être connue. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIENS EXCLUSIFS - PAROLES D'ACTU

ULRICH GENISSON

et

STÉPHANE GEYRES

Co-fondateurs du collectif "La main invisible"

Coordinateurs, co-auteurs de "Libres !"

 

"La liberté est en très grand danger"

 

Libres

(Photos fournies par U. Genisson et S. Geyres)

 

 

Q : 17/11/12

R : 25/11/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Stéphane Geyres, bonjour Ulrich Genisson. Avant d'aller plus loin, qu'est-il intéressant, utile que nos lecteurs sachent de vous ? Quels parcours individuels vous ont conduits à nous présenter aujourd'hui ce "bébé" commun, un livre intitulé "Libres !"?

 

Stéphane Geyres : J’ai depuis toujours trouvé bizarre que le système qui nous entoure soit à ce point plein d’incohérences et de malversations, sans que les gens semblent vraiment choqués. Un truc n’allait pas, mais quoi ? Ensuite, ingénieur, j’ai eu pour mon métier à me former à l’économie. Après pas mal de recherches infructueuses, où toutes les théories voulaient me mettre dans d’improbables équations, je suis tombé avec bonheur sur l’école autrichienne, puis sur la littérature libertarienne, et le puzzle s’est enfin mis en place. Depuis, pour mes filles et les jeunes, je milite sur Internet.

 

Ulrich Genisson : Passionné par l’économie depuis toujours pourrais-je dire, en quête permanente pour rassembler les éléments manquants, je suis arrivé au libéralisme à proprement dit, par Milton Friedman, qui, quoi qu’on puisse en penser, à largement participé à la vulgarisation des idées de la liberté économique, du libre échange et d’un état moins présent. J’ai ensuite pris la peine de remonter dans le temps pour lire les ouvrages incontournables du libéralisme classique. Restant toujours sur ma faim, avec une pièce de puzzle manquante, j’ai enfin découvert l’œuvre de Murray Rothbard, et alors tout s’est parfaitement emboité, avec une logique et une légitimité implacable : l’homme libre, propriétaire et responsable.

 

 

PdA : Racontez-nous l'histoire, tout à fait atypique, de "Libres !", de l'idée d'origine à sa sortie effective ?

 

Ulrich Genisson : L’idée à germé le 17 octobre 2011 et quelques minutes après, Stéphane me disait : banco ! Pourquoi autant de méconnaissance sur les idées de la liberté, pourquoi en est-on arrivé à qualifier à tort « d’ultralibérales » toutes les dérives du capitalisme de connivence et de la social-démocratie, pourquoi l’espoir de rendre aux individus les libertés que nous avions quelques décennies auparavant passent-elles pour une utopie ? Il n’y a je crois, que peu de sujets aussi mal connu que le libéralisme, et même pire, on lui prête des maux qu’il combat pourtant sans aucun doute possible. Nous avons la chance d’avoir quelques centaines d’excellents auteurs de par les siècles. Malheureusement ils sont très méconnus en France. Il suffit de demander dans la rue qui connait Frédéric Bastiat, député des Landes en 1850, pour s’en rendre compte, alors qu’il est mondialement connu (nul n’est prophète en son pays)! Nous avons donc eu l’idée de faire un livre à 100 auteurs, sur 100 sujets, très facile à lire, au prix le plus bas, pour mettre les idées d’un monde libre dans les mains du plus grand nombre, rien de moins. Nous avons fait un super best-of d’initiation à « la liberté rendue à chacun » avec pour ambition de donner envie, de susciter des vocations et surtout – l’esprit – de l’homme libre !

 

Stéphane Geyres : L’idée est d’Ulrich au départ, mais je l’ai tout de suite suivi, il fallait – il faut encore – secouer les libéraux qui sommeillent en chacun de nos amis, voisins, concitoyens. Pour ma part, outre le suivi de mes 50 auteurs, j’ai plus spécialement pris en charge la revue des articles, la maquette, l’assemblage et le respect des règles – 2 pages chacun – bref la préparation du livre. L’organisation de l’expédition des 2000 exemplaires de la pré-édition aux 200 auteurs et supporters a aussi été un grand moment – les postières s’en souviennent encore… Ulrich a été un grand marketeur.

 

 

PdA : Quel premier bilan tirez-vous de cette aventure, deux mois après la publication de l'ouvrage ? Quelles sont vos ambitions avouées le concernant ?

 

Stéphane Geyres : Je suis à la fois très heureux et fier, et très mitigé. Nous avons montré qu’il est possible de mobiliser 200 personnes sur le thème de la liberté, la simple existence du livre est en soi une satisfaction. Les retours sont tous très positifs. Mais – et je suis sûr qu’Ulrich le dira – nous espérions un démarrage plus flamboyant. Rien n’est joué, mais si un tel livre ne perce pas plus vite, c’est qu’il y a vraiment un grave problème en France en matière de perception de la liberté.

 

Ulrich Genisson : Dans mon esprit, le libéralisme souffre d’une de ses qualités. Dans les courants de pensées collectivistes, qu’ils soient marxistes, socialistes et autres joyeusetés de ce genre, il y a quelques « intellectuels » qui en sont les leaders et un énorme pourcentage de « veaux » à qui on fait faire n’importe quoi – y compris la guerre – des personnes qui ne sont pas là pour penser, mais pour agir. Chez les libéraux, la quasi-totalité des individus a pris le temps de lire beaucoup d’ouvrages et s’est donc forgé sa propre opinion. Effet pervers, depuis des siècles maintenant, les libéraux de tous les courants ont pris comme habitude, et même comme religion, d’être incapables de travailler ensemble sur les 95% qui les rassemblent, tout en prenant tout le temps et toute l’énergie nécessaire à s’éviscérer sur les 5% qui les opposent. Le bilan est pitoyable, car non seulement nous sommes totalement inaudibles aux yeux du grand public, mais si par chance une idée libérale venait à sortir du lot, elle serait immédiatement lapidée par des libéraux qui sont en opposition. Non seulement nous devons nous battre contre les ennemis de la liberté, mais nous devons aussi consacrer une large part de notre énergie pour nous bagarrer entre nous. Heureusement, je pense qu’avec LIBRES ! Nous avons prouvé qu’il était possible de collaborer, dans le respect des idées de chacun. Nous avons réussi en peu de pages, à faire travailler 100 auteurs, qui sont presque autant de courants de pensées, en formulant un message clair et cohérent : la liberté, pour tous, partout, maintenant !

 

 

PdA : Vous vous revendiquez tous deux de « l'anarcho-capitalisme ». Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?

 

Ulrich Genisson : C’est très simple. Murray Rothbard disait : « La liberté, c’est le droit de faire ce qu’on désire avec ce qu’on a. » Quand on prend le temps de réfléchir à cela, on s’aperçoit qu’on a là un tout. Ne pas voler, respecter l’autre, pouvoir utiliser toute sa liberté dans le respect de la même liberté pour les autres, c’est-à-dire utiliser ce qu’on a et pas ce que les autres ont. L’anarcho-capitalisme se fonde sur la liberté pour chaque individu ainsi que son corolaire, qui est la responsabilité de ses choix, le tout dans un cadre de propriété privée. Ce terme désigne simplement la possibilité pour chacun de vivre sa vie pleinement, de pouvoir faire absolument tout ce qui ne crée pas de préjudice aux autres. Liberté de choisir ses mœurs, sa vie, de sa propre naissance à sa propre mort, son alimentation, ses vices et ses vertus, sa religion, où aller et avec qui, quoi faire comme métier, comment dépenser son argent… L’anarcho-capitalisme c’est aussi la mise en place d’une vie en société riche ! Christian Michel le résume parfaitement ainsi : « La société que nous construisons, inédite dans l'Histoire, est une société sans pouvoir, à la fois très modeste, car elle renonce aux grandes épopées des princes et des États, et très ambitieuse, car elle demande l’engagement de chacun au quotidien. C’est une société qui abandonne la politique pour la politesse, la citoyenneté et le civisme pour la civilité. » C’est donc une société concrètement humaine, une société qui permet à chacun d’aider la personne en détresse qui se trouve sur son chemin et pas une société équipée d’œillères qui demande à l’état de s’occuper de tout – hypocritement – mais qui laisse mourir des gens dans la rue avec bonne conscience. L’anarcho-capitalisme c’est simplement une société d’hommes et de femmes, libres, responsables, propriétaires, à commencer dans leur travail. C’est une société qui s’est débarrassée de ses politiciens, une société d’affranchis ! Nous n’avons pas besoin d’état, mais l’état à besoin de nous et nous le rappelle sans cesse. Arriver à se débarrasser des coercitions de l’état sera probablement l’évolution humaine la plus importante de toute histoire.

 

Stéphane Geyres : Ce terme d’anarcho-capitalisme est un peu barbare, mais en fait le concept est très simple. Il consiste à constater que la seule manière de réaliser une société juste et humaine parce que vide de privilèges indus et de dissymétries de pouvoir, c’est de s’appuyer entièrement sur l’équité que le marché de libre-échange seul garantit. Autrement dit, « l’anarcapie » est une société sans pouvoir ni bureaucratie où tout repose sur la propriété privée et le commerce – y compris pour les fameuses fonctions régaliennes. Vos lecteurs seront probablement choqués par une telle idée, car on nous explique depuis notre plus jeune âge que le marché, « c’est mal », mais en réalité, il n’en est rien – et les contre-exemples grouillent autour de nous. Le simple fait que le marché noir se mette spontanément en place lorsque l’état devient insupportable démontre le caractère naturel du marché – et malsain de l’état. Je tiens à rappeler que le livre n’est pas pour autant anarchiste, le libéralisme que vous y lirez vient de 100 personnes aux sensibilités variées et souvent très réalistes.

 

 

PdA : Imaginons un instant que, portés par une vague d'enthousiasme extraordinaire en faveur de vos idées libérales, vous arriviez au pouvoir en France. L'un de vous deux serait à l'Élysée, l'autre à Matignon, soutenu par un parlement acquis à vos idées. Certes, il y a des hypothèses plus réalistes. Et de toute façon, vous me direz sans doute que vous ne voulez pas du pouvoir... Mais vous avez compris le sens de ce scénario. Que feriez-vous de ce pouvoir ? Quel serait votre programme, votre plan d'action ?

 

Stéphane Geyres : C’est extrêmement simple – on y a déjà réfléchi, au cas où… :) Ce scénario est proche de ce que Ron Paul aurait je pense joué aux Etats-Unis s’il avait eu l’investiture républicaine. Il y a trois temps. Tout d’abord, on libéralise tout ce qui peut l’être immédiatement, c’est-à-dire ce qui n’affecte pas le social ni la sécurité. Par exemple, tous les services publics perdent leurs monopoles. Cela dégage vite assez d'économies pour permettre de peu à peu supprimer tous les avantages sociaux et de libérer tout le droit du travail. Chômage réglé. En cinq ans, on doit pouvoir même réduire à néant le plus gros du mille-feuilles des collectivités territoriales. C’est cela le courage libéral. Le livre propose une autre approche que votre scénario. Celui de la panarchie, où plusieurs régimes politiques sont en concurrence sur le même territoire.

 

Ulrich Genisson : Le seul pouvoir qui m’intéresse c’est celui que je veux sur moi-même. La seule chose utile à faire pour profondément libérer chaque individu est la mise en œuvre d’une liquidation de l’état. Quand on réalise au fond de quelle ruine les hommes de l’état vont nous plonger pour des décennies, on est en droit de se demander jusqu’à quand les peuples vont tolérer et supporter cela. Il existe une 3è voie entre continuer la fuite en avant et tout arrêter en souffrant pendant des dizaines d’années pour éponger les dérives d’hommes irresponsables. Cette voie est simple, facile à mettre en œuvre, ne piétine la liberté de personne et peut remettre les compteurs à zéro en quelques mois, tout en limitant très largement les pertes… Mais pour cela, il faut liquider l’état. Vivre sans état n’est pas le désordre comme beaucoup le pensent, bien au contraire. Une vie sans état, c’est le droit pour chaque individu de vivre librement, en sécurité et non sous le joug d’une classe dirigeante capable des pires injustices pour s’imposer de force !

 

 

PdA : Bon... Revenons à des considérations plus terre-à-terre. Plus réalistes, en tout cas. Imaginons maintenant qu'un gouvernement, quelle que soit sa "couleur", vous commande un rapport sur le thème suivant : "Libérer la société et l'économie françaises". Quelles seraient vos recommandations principales ?

 

Ulrich Genisson : Si on devait me commander un tel rapport, il serait favorable à la lutte contre la déforestation car il tiendrait sur une page, où serait inscrit simplement : « Cessez de vous occuper de nous ! » Plus sérieusement, je doute de l’utilité d’un tel rapport. Les peuples sont devenus des junkies de la dépense publique. On ne vote plus pour un bien-être collectif (défense, justice…) mais pour imposer aux autres ses propres choix. Quand dans un pays, plus de 50% des citoyens reçoivent de la part de l’état, alors que moins de 50% sont obligés de donner à l’état, comment voulez-vous espérer la moindre prise de conscience autrement que lors de la faillite du système ? Plus que jamais, Frédéric Bastiat avait raison : « L’état, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »

 

Stéphane Geyres : Il faut bien voir que contrairement aux croyances ambiantes, il est naturel d’être libéral, on naît libéral et la société laissée à elle-même s’organise spontanément toujours selon les principes libéraux. Ce qui rend la France non-libre, c’est sa culture et son jacobinisme, enseignés à l’école. Je rejoins Ulrich, pour libérer la France, pas besoin d’un rapport, on en connaît la substance depuis Say, Turgot, Constant, Bastiat, Molinari et tous leurs héritiers : il faut et il suffit de retirer l’état de tout ce qui ne touche pas strictement à la justice et à la sécurité, et cesser de dire et d’enseigner que l’état est la solution légitime et unique à tous nos problèmes. Mon rapport se contenterait de rappeler que le seul rôle éventuellement légitime pour l’état, ce sont les fonctions régaliennes et rien d’autre, et qu’en gros tous les fonctionnaires et assimilés intervenant hors du champ de la police et de la justice doivent être remis sur le champ sur le marché du travail, où ils pourront trouver une fonction bénéfique.

 

 

PdA : Quels sont les pays, les territoires, les expériences historiques... qui font figure d'exemples à vos yeux ?

 

Stéphane Geyres : Les États-Unis à leur tout début étaient un espace proche de l’idéal de la société libre. Les micros-états et paradis fiscaux comme San Marin ou Andorre sont aussi de bons candidats. L’Europe médiévale avec ces multiples villes-états fut aussi proche de ce qui sera – indubitablement – l’avenir de l’organisation sociale libre.

 

Ulrich Genisson : À mes yeux, je ne vois que des bribes de libertés tantôt sociétales, tantôt économiques, car au fond partout dans le monde, les peuples sont soumis plus ou moins à la coercition de quelques-uns. Il est d’ailleurs caustique de voir qu’on jette des gens en prison dans certains pays pour une même pratique vue comme totalement légale dans d’autres, sans que ça ne choque personne. La France est devenue un pays de joueurs de loto qui détestent les riches tout en voulant le devenir. Schizophrénie ? Beaucoup l’ont déjà dit, mais le retour aux réalités sera dur !

 

  

Ulrich Genisson

Ulrich Genisson

 

  

Stéphane Geyres

Stéphane Geyres

 

 

PdA : Où devrait-on placer, de votre point de vue, les bornes de limitation de l'intervention des personnes publiques ? Quels secteurs l'État et ses assimilés devraient-ils évacuer ? Où se situe l'action publique souhaitable parce que nécessaire ?

 

Ulrich Genisson : Tout ce qui ne cause pas de préjudice à un autre individu doit être légal. La liberté d’établir des contrats devrait être totale. Aucune participation dans aucune activité économique ne devrait être possible pour l’état, ce qui implique par exemple la disparition de ce qui est qualifié de si précieux en France : le service public. Partant de là, les prérogatives de l’état seraient déjà réduites de 95%.

 

Stéphane Geyres : La liberté, ce n’est pas la loi de la jungle. Il y a classiquement deux façons de voir les choses. Les « minarchistes » pensent que l’état et ses bureaucrates doivent se limiter au strict périmètre régalien – justice et sécurité, mais aucunement ni santé, ni monnaie, ni éducation, ni routes. Les libertariens que nous sommes pensent que même justice et sécurité sont trop importantes pour être confiées et assurées par les hommes de l’état. Il faut bien voir que c’est une question de moralité. Quand on parle d’état, on entend en général bureaucratie et fonctionnaires au statut inamovible. Or c’est là qu’est le danger car ce statut rend le fonctionnaire irresponsable de ses actes. Le policier ou le juge fonctionnaire peut commettre la pire des erreurs judiciaires sans être remis en cause. Pour un juge privé, ce serait tout le contraire et c’est précisément cette pression du marché et de la responsabilité qui assurerait des services de police et de justice de bien meilleure qualité. L’anarchie n’est pas la jungle, c’est au contraire un havre de justice et de sécurité.

 

 

PdA : J'aimerais votre avis sur la Sécurité sociale à la française. Le dispositif est certes coûteux, mais il garantit un bon niveau de santé à la population. La prévention joue à plein, et nul n'est exclu, du fait d'un manque de revenus - sur le papier en tout cas - des soins les plus lourds. Il y a sur ce sujet un relatif consensus dans la société. Et vous, qu'en pensez-vous ?

 

Stéphane Geyres : Ulrich sera, je pense, d’accord, je conteste ce consensus que vous avancez et je le pense pour ma part tout à fait incertain. Comment savez-vous par exemple que le niveau de soin et de santé est bon ? Comment peut-on même imaginer savoir le mesurer ? Car la santé, c’est comme tout dans la société, une affaire individuelle. Mon besoin de soin n’est pas le même que le vôtre. Donc ma mesure de satisfaction a toute chance d’être différente aussi. Contrairement à tout ce qu’il est politiquement correct de dire en ce pays, la santé est un sujet qui relève strictement de l’économique, car il s’agit d’utiliser au mieux les ressources rares que sont les médecins, les laboratoires, les médicaments, les équipements. Il faut donc au contraire totalement la rendre au marché privé pour qu’elle soit « de bon niveau ». Patrick Casanove, médecin de nos auteurs, a rédigé un article et même un livre qui dénoncent cette croyance en nos Sécu et système de santé.

 

Ulrich Genisson : J’ai perdu ma grand-mère par manque de couvertures dans un hôpital public, on a refusé un traitement expérimental à ma mère parce que non encore validé par la sécurité sociale alors qu’il coûtait 10 fois moins cher que son traitement en cours. Alors celui qui vient me parler de « bon niveau », je pense qu’il faut simplement lui payer un billet d’avion, pour aller voir aux USA, en Suisse, en Asie, ce qu’on peut avoir comme qualité de soins et à quel prix. Il suffit de voir ce qui se passe à l’étranger pour s’apercevoir que nous avons un système de soin de plus en plus défaillant, qui use les personnels, qui démotive, et qui coûte de plus en plus cher. 

 

 

PdA : Arnaud Montebourg en ministre activiste du Redressement productif pour tenter de maintenir certaines activités sur le territoire, de promouvoir le "Made in France"... Plutôt pas mal ? Risible ? Carrément néfaste ?

 

Ulrich Genisson : Si j’étais libre de m’exprimer, je dirais : risible, carrément néfaste et j’ajouterais très dangereux. Mais comme je ne suis pas libre… Achille Tournier disait : « La politique est le seul métier qui se passe d’apprentissage, sans doute parce que les fautes en sont supportées par d'autres que par ceux qui les ont commises. »

 

Stéphane Geyres : Les Renseignements Généreux m’empêchent de dire ici ce que je pense du personnage et de son incompétence en économie, laquelle finit par le rendre catastrophique pour ces couches sociales mêmes qu’il prétend avoir à cœur. Juste une chose. Frédéric Bastiat, Député des Landes en 1848 et fin économiste, oublié depuis en France mais mondialement connu, l’a démontré dès cette époque – et bien d’autres auteurs depuis : le protectionnisme, sous quelque forme que ce soit, est néfaste pour toute économie, pour tout pays, pour toute commune. Il enrichit les mauvais industriels et appauvrit les consommateurs, c’est-à-dire ceux qui sont les plus nombreux. La prospérité passe par la mondialisation du libre-échange. L’enrichissement de tous suppose que les entreprises – y compris publiques – affrontent la concurrence et se tiennent compétitives. Montebourg devrait pousser à la compétitivité du pays et non à la protection courte-vue d’emplois déjà dépassés.

 

 

PdA : Les deux questions précédentes m'inspirent celle qui suit... La solidarité nationale... La patrie... Une attaque récurrente - ça ne la rend pas juste pour autant - lancée par leurs détracteurs aux "très" libéraux : ces valeurs leur seraient étrangères. Que vous inspirent ces notions ? Qu'aimeriez-vous répondre à cela ?

 

Stéphane Geyres : Il y a trois choses différentes je crois dans cette question. La solidarité, tout d’abord, est je crois un phénomène spontané. Contrairement à ce que beaucoup avancent, les gens s’entraident spontanément, la charité existe, elle est même énorme dans les pays anglo-saxons – là encore, il y a un article dans Libres !, par Alexandre Gitakos, sur ce sujet. Par contre, je ne vois pas en quoi la solidarité « nationale » aurait un sens. Faut-il être obligé d’être « solidaire » d’un inconnu sous prétexte qu’il a le même passeport ? Même s’il ne donne aucun signe de mériter un tel geste ? Patrie et nation sont en effet des notions très contestées par les libéraux, car elles nient la nature individuelle de l’homme et tentent de lui sur-imposer une abstraction arbitraire. J’ai moi-même écrit un article dans Libres ! qui explique ce point de vue sur la nation.

 

Ulrich Genisson : Le jour ou l’on m’expliquera ce qu’est la France, ce qu’est un français, par déduction on pourra peut-être définir ce qu’est la patrie. A ce jour, ma patrie c’est la liberté et tous ceux qui pensent que la liberté est une cause primordiale dans leur vie défendent la même patrie que moi. Un français, bientôt, ce ne sera rien d’autre qu’un individu obligé et soumis à l’état contrôlant les français. Je suis désolé, mais cette patrie là, je n’en veux pas.

 

 

PdA : Quelles restrictions au concept de "liberté" jugez-vous raisonnablement acceptables ?

 

Ulrich Genisson : Aucune restriction n’est recevable. Les droits naturels que nous recevons, la vie, la liberté, sont inaliénables. La propriété (concept expliqué simplement dans LIBRES !) est absolument centrale dans la vie de chaque individu, aussi bien envers son propre corps qu’envers ses biens c’est-à-dire son travail. Une nouvelle fois, Murray Rothbard nous l’explique si simplement : « Je considère la liberté de l’individu non seulement comme moralement excellente en elle-même, mais aussi comme la condition nécessaire de toutes les autres valeurs que chérit l'humanité : la vertu, la civilisation, les arts et sciences, la prospérité. Mais la liberté a toujours été menacée par les ingérences du pouvoir politique, pouvoir qui essaie de réprimer, de maîtriser, de paralyser, d’imposer et d’exploiter les fruits de la production. Le pouvoir ennemi de la liberté, est presque toujours concentré dans ce réceptacle de la violence qu’est l’état, et obnubilé par lui. »

 

Stéphane Geyres : Restrictions ? Aucune bien sûr. Mais votre question montre à mon sens une incompréhension chez bien des gens. On oublie souvent que la liberté suppose la responsabilité, car pour respecter celle d’autrui – et donc qu’autrui respecte la mienne – il faut que je sois conduit à assumer mes actes et mes éventuels irrespects. La responsabilité m’assure qu’autrui sera motivé à respecter ma liberté, et moi la sienne. A partir de cet équilibre de base, pourquoi chercher à limiter ? Au contraire, un des enjeux de notre société, où de nouvelles formes de relations sociales émergent – via Internet, les réseaux sociaux, demain le robots peut-être – c’est justement de tirer cet enseignement de la simplicité efficace de la liberté pour la voir appliquée à tous ces nouveaux espace. Un grand risque moderne, c’est la prise en main d’Internet par les bureaucrates. Il faut absolument conserver à Internet sa nature apolitique et apatride.

 

 

PdA : Quelles sont, finalement, ces libertés que vous revendiquez ?

 

Stéphane Geyres : Toutes donc. :) A commencer par celle de ne pas avoir à payer d’impôts, surtout pour des services que je n’utilise pas ni n’ai même souhaités. Celle de faire ce que je veux chez moi, y compris jeter dehors tout locataire qui ne respecterait pas son engagement à payer son loyer. Celle de rouler à la vitesse que je veux, pourvu que je m’assure que je ne heurte ni n’accidente personne. Celle d’embaucher ou de licencier sans avoir de comptes à rendre à personne à part ces employés eux-mêmes. Toutes.

 

Ulrich Genisson : Simplement la liberté de vivre à 100% sa vie ! Rien de plus, rien de moins. Si vous voulez vivre dans une cabane au fond du jardin en mangeant bio tout en travaillant 15h par semaine, libre à vous ! Si vous voulez sauter en parachute d’endroits improbables et risquer de perdre votre vie au quotidien, libre à vous ! Si vous voulez travailler dur pour sortir de la misère et donner un avenir à vos enfants, libre à vous ! Personne ne sait mieux que vous la route que vous devez suivre, car vous seul êtes légitime pour la tracer…

 

 

PdA : Pourquoi nos lecteurs devraient-ils acheter "Libres !" ? Quels sont vos meilleurs arguments ?

 

Ulrich Genisson : Les français et plus largement tous les citoyens occidentaux ont troqué leur liberté contre une hypothétique sécurité et une passion pour l’égalité. Victor Hugo disait : « En général, en France, on abandonne trop volontiers la liberté, qui est la réalité, pour courir après l’égalité, qui est la chimère. C’est assez la manie française de lâcher le corps pour l’ombre ». Nous sommes arrivé à la fin d’un cycle, l’état étant à bout de souffle et manque de carburant c'est-à-dire d’argent. Nous arrivons à la croisée des chemins où chacun va se retrouver devant un choix : d’un coté la liberté, de l’autre, l’esclavage le plus total. LIBRES ! a été initié, conçu pour attirer l’attention ce qu’est vraiment la « route de la liberté » pour ne pas que nous empruntions une fois de plus « la route de la servitude ». 100 sujets simples d’accès, chaque thème se lisant entre 3 stations de métro. 100 auteurs représentants toute la diversité possible d’âges, de professions, de niveaux possibles. Vous êtes une mère de famille inquiète pour l’avenir de ses enfants ? Ce livre est pour vous ! Vous êtes un motard qui en a ras-le-bol de se faire persécuter ? Ce livre est pour vous ! Vous êtes un jeune chef d’entreprise qui ne comprend pas pourquoi, malgré tout ses efforts, l’état vit très bien sur son dos alors que lui ne vit plus ? Ce livre est pour vous ! Personne n’est exclu dans ce livre, tout le monde y trouvera une résonance dans sa propre vie.

 

Stéphane Geyres : Ils sont libres eux-mêmes, mais ils l’ont oublié. Quand ils se seront rendu compte qu’ils sont en fait libéraux, que la liberté, c’est la vie, ils se rendront compte que cette liberté dont ils ont envie au fond d’eux est en réalité légitime et possible. Libres ! a été écrit pour que les gens se rendent compte que la liberté, ils l’ont en eux, que le droit libéral est une notion simple, naturelle et de bon sens. Que toutes – je dis bien toutes – nos difficultés sociales sont en réalité l’effet de quelque immixtion abusive et injustifiée des bureaucrates dans notre vie et nos affaires privées légitimes.

 

 

PdA : Quels sont vos projets ? Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

 

Stéphane Geyres : Pour l’instant, il s’agit de faire de Libres ! un succès, c’est-à-dire qu’on vienne à parler de Libres ! comme d’un événement politique et littéraire majeur.

 

Ulrich Genisson : Nous attendons sincèrement que ce livre soit repris massivement. Nous avons réunis toutes les conditions pour cela, que se soit par les courants représentés, le nombre d’auteurs, les textes libres de droits, les 550 journalistes et célébrités contactées qui ont reçu un exemplaire de LIBRES ! Nous avons tous offert ce travail à notre cause : La liberté !

 

 

PdA : Un message à adresser à nos lecteurs ?

 

Ulrich Genisson : La liberté est en très grand danger. Si vous la laissez tomber maintenant, ne vous plaignez pas un jour qu’elle vous laisse tomber à son tour.

 

Stéphane Geyres : Libres ! a été écrit pour tout le monde, pour les gens inconnus comme vous et moi. Il est facile à lire, il parle de sujets qui vous concernent. C’est votre livre.

 

 

PdA : Un dernier mot ? Merci infiniment !

 

Stéphane Geyres : Ces questions sont intéressantes, mais souvent mériteraient d’y consacrer du temps, tant on n’est peu habitué de parler de liberté. Une série d’interviews, sujet par sujet, me semblerait une bonne idée, une suite logique…

 

Ulrich Genisson : Je souhaite que nos lecteurs se posent cette question : On dit du peuple qu’il n’est pas assez lucide et intelligent pour décider de son destin. Mais alors pourquoi lui donner le droit de choisir les hommes et les femmes politiques qui le feront à sa place ? Un individu capable de choisir ses chefs, ne devrait-il pas plutôt voter pour lui-même ?

 

 

 

Merci encore à tous les deux pour vos réponses, tous mes voeux de succès pour "Libres !". Phil Defer

 

 

 

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Un extrait libre de "Libres !"

 

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15 avril 2013

Lionel Dutemple : "J'aimerais faire un film des Guignols pour le ciné..."

   Les Guignols... On est des millions à les suivre chaque soir, à rire du regard qu'ils portent sur l'actualité du moment. Mais savez-vous qui se cache derrière vos personnages préférés ? Après l'interview d'Alain Duverne, maman de centaines de marionnettes depuis sa rencontre avec Alain de Greef, Paroles d'Actu vous propose un entretien avec Lionel Dutemple. Depuis 2000, il fait partie du cerle très fermé des auteurs des Guignols.

   Il a accepté d'évoquer pour nous les coulisses de l'émission, ses relations avec le monde politique et l'équipe du Grand journal... Et, quelques jours après la diffusion de sketchs controversés en réaction aux drames Koh-Lanta, il expose sans langue de bois ses conceptions de l'humour, de ce qui est ou n'est pas moral. Je le remercie pour le temps qu'il a bien voulu m'accorder. Bonne lecture ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

LIONEL DUTEMPLE

 

« J'aimerais faire un film

des Guignols pour le ciné... »

 

Auteurs des Guignols

(Photo fournie par Lionel Dutemple, éditée par Paroles d'Actu.

De g. à d. : Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen, Benjamin Morgaine)

 

Q. : 29/03/13 ; R. : 13/04/13

 

Avant de lire cette interview, j'aimerais dire ce mot aux éventuels lecteurs : parler sérieusement de l'humour, c'est un exercice compliqué. Tout ce qu'on fait aux Guignols, avant toute chose, c'est essayer de faire rire. Tout ce qui est dit autour est secondaire. (Note préliminaire, signée Lionel Dutemple)

 

Paroles d'Actu : Bonjour Lionel Dutemple. Vous faites partie de l'équipe des auteurs des Guignols depuis 2000. Racontez-nous... comment est-ce que tout a commencé ?

 

Lionel Dutemple : Alors que j'écrivais sur la sérié H, j'ai été recruté avec Ahmed Hamidi et Julien Hervé par Canalidée, une structure mise en place à Canal à l'époque pour chercher de nouveaux talents, que ce soit en animation, en tant qu'auteurs, comiques, realisateurs, etc... Ils cherchaient de jeunes auteurs pour Nulle part ailleurs. Après un an passé à écrire pour Nagui, le Jamel Show, le Visiophon (ancêtre du SAV) et les Césars, Bruno Gaccio a pensé à nous pour succéder à Franck Magnier et Alexandre Charlot, qui quittaient alors l'équipe des Guignols.

 

Gaccio travaillait dans le même bureau que nous durant cette première année, il assistait à nos débordements, crises d'hystérie, jeux idiots dans les couloirs... Et au lieu d'être saoulé, il nous a pris sous son aile.

 

PdA : On est des millions à rire grâce à vous chaque soir, mais finalement, on ne vous connaît que très, très peu... Et si vous nous parliez de vous, de votre équipe, de votre organisation ?

 

L.D. : Nous sommes avant tout une bande de copains. Julien, Philippe, Benjamin et moi ne faisons pas que bosser ensemble sur les Guignols. Nous bossons sur d'autres projets, et nous partons même en vacances ensemble ! C'est un drôle de métier, auteur des Guignols. Nous nous retrouvons chaque jour pour dire des conneries, ce qui pourrait apparemment ne pas vraiment passer pour un travail. Mais nous disons des conneries avec sérieux et réflexions, ce qui fait la force des Guignols. Nous nous attachons autant à la forme qu'au fond.

  

PdA : À quoi ressemblerait, si vous deviez nous la décrire heure par heure, votre journée-type, un jour d'émission ?

 

L.D. : Perso, j'écoute les infos et lis le journal chez moi jusqu'à 8h30-9h00, puis je me rends au bureau. Le matin, on parle entre nous de l'actu du jour, des conneries qu'on a vues à la téloche, au ciné, en soirée, avec en fond les chaînes infos en boucle. Si on a quelques idées matinales, on les note, mais en général on attaque l'écriture vers 13H00, quand on a des idées !

 

Il faut rendre le texte vers 16H30. On relit alors en compagnie du directeur artistique, d'un marionnettiste, et on corrige les défauts éventuels du JT. Certains soirs, on écrit également les séries, qui sont les sketchs tournés en extérieur et qui ne sont pas en direct. Il en faut quatre nouveaux par semaine. Mais les Guignols ne s'arrêtent pas vraiment le reste du temps, on est toujours à l'affût d'une connerie... Ça m'arrive de me relever la nuit et de noter une idée.

 

PdA : Une séquence que j'aime particulièrement, celle du "film". Parfois, ce sont des chansons, souvent très réussies et qui feront immanquablement le buzz. (Je pense à Désolé, à Rappelle Sarkozy, à À l'UMP y'a un groupe..., aux chansons de Carla Bruni...) Comment ça se passe, l'élaboration et le tournage d'une telle séquence ? Peut-être accepteriez-vous d'en illustrer le récit, en en prenant une pour exemple ?

 

L.D. : Le texte est écrit sur la base d'une de nos idées ou de celles d'un auteur extérieur, qui sont au nombre de trois : Ludovic Bruneau, Patrick Lhonoré et Yvan Longuet. Vous dire comment une idée naît, c'est comme essayer d'expliquer le Big bang. Une idée drôle, ça vient, c'est tout. Une idée pas drôle, ça vient souvent aussi, mais celle là, on essaye de pas s'en servir ! :)

 

Une fois le sketch écrit, dans ce cas-là, une parodie de chanson, on le lit à un réalisateur, qui va le réaliser avec trois autres sketchs, et cela en moins de trois semaines. Une semaine de préparation, où le réalisateur fait son découpage, où nos équipes cherchent ou construisent un décor. On enregistre les voix des imitateurs. Les maquilleuses et habilleuses, les documentalistes s'occupent de rassembler l'ensemble des marionnettes pour qu'elles soient le plus raccord aux personnages existants. Une semaine de tournage, où un sketch est tourné en une journée en général. Pour un clip, ça peut aller jusqu'à deux jours. Une semaine de montage, enfin, on les visionne et on corrige d'éventuels défauts ou lenteurs.

 

PdA : Je suis impressionné par votre capacité à créer chaque jour presque dix minutes de sketchs totalement inédits. J'imagine la pression que cela doit représenter, la terreur de la page blanche que chacun pourrait ressentir dans de telles conditions... Est-ce que ça vous arrive, ou pas du tout ?

 

L.D. : Non. Ça arrive d'être un peu pressé par le temps, mais en douze ans de Guignols, soit environ 3 000 JT (putain de merde, j'en ai pas marre ???), il y a toujours quelque chose qui a fini par sortir, donc pas d'inquiétude. L'inquiétude, on l'a plus sur des périodes longues, si on trouve que ça ronronne, ou qu'on a pas été très bon pendant une semaine ou plus, là on se remet très vite en question, pour trouver des solutions...

  

PdA : Abordons maintenant deux critiques distinctes qui peuvent, de temps en temps, vous être faites...

 

Il arrive que certaines personnes soient, de bonne foi, parfois choquées par votre humour, jugé gratuitement méchant sur tel ou tel sketch. Très récemment, ce fut le cas à propos de votre réaction à la mort d'un jeune candidat de Koh-Lanta. Avez-vous des remords, des regrets à propos de certains sketchs ou traitements de personnages ? Quelles sont les limites que vous vous fixez ?

 

L.D. : Ce qui me choque (et attention, j'en dors très bien la nuit), c'est l'ensemble de cette vague de téléréalité où on est prêt à détruire la vie d'un inconnu pour faire des recettes publicitaires... deux morts en dix ans de téléréalité, c'est un miracle. Et on ne compte pas les tentatives de suicide, les dépressions, la descente aux enfers de 99% - ou à peu près - des candidats. Et je parle même pas de la morale de ces émissions inculquée aux plus jeunes : "le plus fort, le plus vicieux, le plus machiavélique" emporte les 50 000 euros promis au vainqueur, soit, 0,0000000001% des recettes publicitaires générées par ces vides cerveaux.

 

Sur Koh-Lanta, on a juste ri avec cette mécanique infernale qui brise la vie des candidats en reproduisant une de leurs séquences vedettes. Et c'est de l'humour, je rappelle ! L'humour, ça sert aussi à exorciser des peurs, des drames. Je ne suis pas sûr qu'un mort sur Koh-Lanta soit plus grave qu'un mort SDF, un mort syrien, un mort de... Si, y'a des catégories de morts plus cool que d'autres ???

 

Et puis, on ne sera jamais d'aussi mauvais goût que ce qu'on critique. D'après le Canard enchaîné, qui est l'une de nos sources préférées, car indépendante, Denis Brogniart, attention, accrochez vos ceintuires, aurait remis, en souvenir à la famille, un vase de sable de la plage où le pauvre gars est décédé, et... un totem d'immunité !!! C'est qui, les plus drôles ???

 

On rit de tout sous peine de ne rire de rien. C'est là aussi le prix de la liberté chèrement acquise par les anciens des Guignols. Si on se fixe une limite, on est foutu. La seule limite que l'on ait, c'est de ne pas parler de vie privée. On ne parle pas non plus des rumeurs, on attend que l'information sorte pour en parler. On n'est pas des journalistes, mais des gagmen.

  

PdA : Alain Duverne, créateur des marionnettes des Guignols, me faisait part il y a quelques semaines de son admiration pour votre équipe d'auteurs, « bons, bûcheurs, acharnés », de son goût pour votre humour. Mais également de ses regrets quant à la ligne éditoriale, voire « politique », qui serait la vôtre lorsque vous vous engagez. Trop timide, trop « politiquement correct » face aux aberrations qui nous entourent.

Il pense que vous devriez employer vos talents à la mise à la lumière des « arthroses » de notre peuple et de notre société ; contribuer à élever le débat. Une idée, notamment : un spin-off dans lequel les leaders politiques guignolisés discuteraient autour d'un « monsieur ou d'une madame tout-le-monde en latex ». Qu'aimeriez-vous lui répondre ? C'est une idée qui pourrait vous intéresser ? Plus généralement, quelle conception vous faites-vous du "rôle" des Guignols ?

 

L.D. : Alain est un utopiste, un grand rêveur. C'est plus simple que ça en fait. On n'est pas là pour faire la morale, régler des comptes ou mener une guerre idéologique. On est là, tous les soirs à 19H52, pour divertir le public. On le fait d'une façon plutôt "intelligente", peut-être, puisqu'on cherche les travers de nos contemporains pour les caricaturer et que l'on cherche à savoir pourquoi telle ou tel personne a dit ça. Il y a une régle immuable pour tenter de trouver des idées : imaginer le pire. C'est ce qu'on fait, et malheureusement, on est souvent loin de la réalité.

 

Quand les équipes précédentes ont inventé la World Company, personne ne pensait alors que les grandes firmes, les grands financiers dirigeaient la planète. En imaginant une petite troupe d'hommes cyniques se partageant le pouvoir et les richesses de la planète, ils ne se doutaient pas qu'ils taperaient aussi juste. Et aujourd'hui, vingt ans après... C'est pire que ça !

 

PdA : Lors d'une interview accordée à Télé Câble Sat l'an dernier, vous déclariez que Nicolas Sarkozy « aurait adoré (vous) supprimer ». Avez-vous déjà reçu des réactions ouvertement exaspérées de la part de personnalités croquées, voire... subi des pressions ? (11/04/13)

 

L.D. : On ne subit aucune pression. S'il y en a, notre président Rodolphe Belmer (le patron de Canal, ndlr) ne nous en parle pas. Et honnêtement, les hommes politiques ont d'autres chats à fouetter que s'occuper d'une troupe de... bah, de guignols.

 

PdA : Parmi les personnages que vous égratignez - gentiment - en ce moment, Michel Denisot et Jean-Michel Aphatie. Franchement, où en sont vos relations avec l'équipe du Grand journal ? (13/04/13)

 

L.D. : Le Grand journal est traité de la même façon que les autres. S'il y a des choses qui nous amusent sur leur plateau, on n'hésite pas à en parler. De plus, on aime bien les marionnettes d'Aphatie et Denisot, donc, on ne se prive pas de les utiliser ! (13/04/13)

 

PdA : Quels ont été, jusqu'ici, vos moments les plus forts parmi ceux vécus avec les Guignols ? Ceux dont vous êtes le plus fier, parce que vous les trouvez franchement réussis, ou parce qu'ils sont devenus très populaires - ou les deux ?

 

L.D. : Ce dont je suis fier, c'est d'avoir fait perdurer cette machine de guerre que sont les Guignols. Je dirais que le plus dur, c'est aujourd'hui et demain, d'arriver à se renouveler sans cesse. Il y a quelques moments forts que j'ai vécus et que je trouve réussis. Supermenteur, le 11 septembre et notre traitement de Ben Laden, l'évolution et la transformation de Sarkozy, en fait, y'en a mille, et je vais pas vous faire un catalogue chiant de mes douze années ! Putain, j'ai la grosse tête !!!

 

PdA : Quels sont les réactions, les retours du public qui vous amusent, vous touchent le plus ?

 

L.D. : La réussite d'une blague, c'est quand les enfants en parlent à l'école, ou les gens au bureau. Entendre mes propres enfants reprendre des expressions des Guignols sans le faire exprès, ça me surprend toujours.

 

PdA : J'ai 28 ans. Je suis fan de l'émission depuis la présidentielle de 1995, j'avais 10 ans à l'époque. Et je vous suis resté fidèle depuis. Pour moi, et pour tous vos fans (et ils sont trèèès nombreux), pourriez-vous nous faire quelques révélations inédites, nous livrer quelques scoops à propos des Guignols ?

 

L.D. : Je crois qu'il n'y a rien de secret aux Guignols. On ne fréquente pas beaucoup le milieu des gens qu'on caricature, donc nos vies sont plutôt banales, en dehors du bureau.

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

L.D. : J'aimerais qu'un film des Guignols voie le jour au cinéma. Et j'aimerais être de ceux qui vivront cette aventure.

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

L.D. : J'ai été roux jusqu'à 18 ans, et j'ai survécu. Tout obstacle peut être vaincu à force de volonté. (bon, moi, c'est grâce à une teinture, mais bon... :) )

 

PdA : Un mot... pour quelqu'un en particulier ?

 

L.D. : François Hollande, si tu me lis : fais gaffe, t'as repris trente kilos depuis mai.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Lionel Dutemple ?

 

L.D. : À moi, rien, tout va bien. Je souhaite aux gens le bonheur. J'aimerais aussi que les guerres s'arrêtent. Que la faim dans le monde soit éradiquée. Que le PSG achète Ronaldo. Que j'arrête de faire des fautes d'orthographe à toutes mes phrases. Que les épisodes 7, 8 et 9 de Star Wars ne soient pas des navets. Que Bayrou devienne président. Bref, j'aimerais que des trucs impossibles, en fait (à part Ronaldo au PSG).

 

PdA : Une tribune libre. Pour conclure cet entretien comme bon vous semblera.

 

L.D. : J'aimerais que vous ne lisiez pas cette interview sur un iPad tout en regardant un épisode des Anges de la téléréalité.

 

PdA : Merci infiniment...

 

 

Une précision : J'aurais souhaité agrémenter ce texte de quelques liens vers des vidéos de l'émission (les chansons citées, notamment). Mais Canal les bloque systématiquement sur les réseaux sociaux, donc... Merci encore, cher Lionel Dutemple, pour vos réponses, très intéressantes. Pour votre enthousiasme, votre créativité... Longue vie aux Guignols ! Un commentaire ? Phil Defer

 

  

Les Guignols : le site web, la page Facebook...

 

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Présentation remaniée : 07/11/14.

10 octobre 2013

Barthélémy Courmont : "N'oublions pas l'héritage d'Hiroshima..."

   En août 2015, le Japon et le reste du monde se souviendront, à l'occasion de leur soixante-dixième anniversaire, des deux uniques bombardements atomiques de l'Histoire : Hiroshima, le 6 août 1945, Nagasaki, le 9 août 1945. Deux noms qui resteront à jamais associés à l'horreur qu'inspire cette arme : ses retombées, ses images, terrifiantes... Ses victimes, innombrables... Jusqu'à quatre cent mille morts, peut-être davantage... Des dommages irréversibles. Des stigmates qui se sont perpétués, transmis, et qui se transmettent encore. Les leçons, le message aussi : « Plus jamais ça ! ».

   Barthélémy Courmont est professeur de science politique à l'Université Hallym, en Corée du Sud, il est également chercheur associé à l'I.R.I.S. Il fut il y a quelques années l'auteur de l'ouvrage Pourquoi Hiroshima ? (L'Harmattan). Il a accepté d'évoquer pour Paroles d'Actu les coulisses de la décision de Truman, quelques aspects méconnus de la Guerre froide, les enjeux, les périls liés au nucléaire militaire au 21ème siècle. Tantôt terrifiant, tantôt rassurant, un document passionnant, dont je le remercie chaleureusement. Bonne lecture ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

BARTHÉLÉMY COURMONT

Rédacteur en chef de la revue trimestrielle Monde chinois, nouvelle Asie

Chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS)

 

« N'oublions pas l'héritage d'Hiroshima »

 

Hiroshima

(Hiroshima. AP)

 

Q. : 21/09/13 ; R. : 08/10/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Barthélémy Courmont... « Comme si la Lune, les étoiles, et toutes les planètes venaient de me tomber sur la tête ». Avril 1945. Franklin Roosevelt est mort. Harry Truman n'a que trop conscience du poids de la charge qui pèse désormais sur lui. Lorsqu'il est informé, quelques semaines plus tard, de la réussite du test d'une nouvelle arme surpuissante, il apparaît qu'il sera rapidement confronté à un choix extraordinairement lourd... Que sait-on de ses réflexions, de ses questionnements préliminaires ? A-t-il été sérieusement pris de doutes, de cas de conscience avant de valider l'utilisation du feu nucléaire contre le Japon ?

 

Barthélémy Courmont : Il convient de replacer le moment où Harry Truman est informé de l’existence du Projet Manhattan par Stimson (le secrétaire à la Guerre, ndlr), en avril 1945, dans son contexte. Roosevelt vient de disparaître et, en vertu de la Constitution, c’est le vice-président qui devient immédiatement président des États-Unis. Truman est alors aux antipodes de ce que fut Roosevelt. L’homme du New Deal, élu quatre fois (cas unique dans l’histoire des États-Unis), au fort charisme et garant d’une présidence forte, laissait sa place à un sénateur du Missouri, arrivé à la Maison Blanche consécutivement à l’élection de novembre 1944, et qu’il avait, aux dires des historiens, choisi comme co-listier pour ne pas être encombré d’une personnalité trop forte. Autant dire que rien ne prédestinait alors Truman à la présidence des États-Unis. Ajoutons à cela que la guerre n’était pas terminée, ni en Asie, ni en Europe, et qu’il lui restait donc non seulement à finir le travail, mais aussi et surtout à préparer les États-Unis au nouvel ordre mondial issu du conflit. Truman n’avait pas la moindre idée de l’existence du Projet Manhattan, que Roosevelt avait souhaité garder secret au point de ne pas en informer son vice-président. Trois semaines plus tard, l’Allemagne capitulait sans conditions, puis venait le temps des empoignades avec Staline à Postdam, tandis qu’exactement au même moment, le premier essai nucléaire était mené avec succès à Alamogordo, dans le désert du Nouveau-Mexique, le 18 juillet 1945. Ces premiers mois de la présidence Truman furent d’une richesse exceptionnelle, un véritable moment historique, et c’est sur les épaules d’un président peu expérimenté que des décisions d’une importance cruciale pesèrent. Il fit front avec détermination, et, si on peut bien sûr lui reprocher d’avoir été le seul homme d’État à utiliser le feu nucléaire, il convient de tenir compte de ce contexte très particulier.

 

Dès l’annonce officielle de la destruction d’Hiroshima, Harry Truman a reconnu avoir pris la décision seul, après consultation de ses conseillers militaires et diplomatiques, mais considérant qu’il s’agissait de la décision la plus sage. Dans ses Mémoires, Truman est revenu sur cette décision, qu’il reconnaît avoir été l’une des plus importantes de sa vie. S’il n’exprime pas le moindre doute sur le fait qu’il a pris la bonne décision, c’est en s’appuyant sur le lien de cause à effet entre le bombardement nucléaire et la capitulation japonaise (même s’il est difficile de savoir si le Japon n’aurait pas, de toute façon, capitulé à très courte échéance), et sur le fait que ce choix était selon lui le “moins pire”, notamment si on se réfère aux évaluations des pertes consécutives à une invasion du Japon, comparable à la campagne menée en Europe. N’oublions pas non plus le volet financier du projet, qui a coûté à l’époque deux milliards de dollars, en d’autres termes un immense sacrifice, d’autant que les États-Unis étaient en guerre sur deux fronts, et ne pouvaient dès lors se permettre des dépenses inutiles. En utilisant le résultat de ces recherches coûteuses, Truman justifiait ces dépenses, notamment auprès des membres du Congrès, dont il convient de rappeler qu’ils n’en étaient en rien informés. Dans ces conditions, il va de soi que, dans les réflexions du président américain, le sort des victimes japonaises n’entrait pas en considération.

 

Aux côtés de Truman, deux personnages jouèrent un rôle décisif : Henry Stimson et James Byrnes. Le secrétaire à la Guerre, qui fut le premier à informer Truman de l’existence du projet Manhattan, n’appréciait pas le principe du bombardement des villes, et fut celui qui demanda le retrait de Kyoto (l'ancienne capitale impériale, ndlr) des cibles nucléaires. Il accepta l’idée que la bombe atomique était un choix permettant l’économie de vies humaines, mais il serait erroné de considérer qu’il s’en accommoda pleinement. De son côté, Byrnes, que Truman nomma au Département d’État à la place de Stettinius, était plus concerné par la confrontation éventuelle avec les Soviétiques qu’avec la fin de la guerre du Pacifique. Pour lui, la bombe atomique permettait de porter un coup à Moscou autant qu’à Tokyo, et pour cette raison il fut dès le départ enthousiasmé par le projet. Notons en parallèle que les scientifiques ayant contribué au Projet Manhattan s’élevèrent contre une utilisation de leur engin une fois la capitulation allemande validée, par le biais d’une pétition, mais qui resta lettre morte. L’utilisation de la bombe atomique, c’est le passage de relais du monde scientifique aux décideurs politiques, qui deviennent les seuls maîtres du feu nucléaire.

 

Enfin, en août 1945, la haine vis-à-vis des Japonais atteignait aux États-Unis son paroxysme, avec notamment les douloureuses expériences d’attaques kamikazes, et si elle ne put influencer directement la décision d’utiliser l’arme nucléaire, elle joua en revanche un rôle important dans les préparatifs de l’attaque, notamment en laissant de côté des questions humanistes et moralisatrices qui auraient été soulevées dans le cas d’un bombardement atomique d’une ville allemande. Ainsi, là où l’utilisation de l’arme nucléaire contre l’Allemagne aurait sans doute été à l’origine d’un vaste débat de société, même a posteriori, de telles considérations ne furent jamais évoquées à un tel niveau dans le cas d’Hiroshima, et il fallut attendre la Guerre froide et la crainte d’une guerre nucléaire avec des pertes civiles potentiellement inacceptables pour que le souvenir des horreurs d’Hiroshima et de Nagasaki ne s’impose dans des débats sur la discrimination raciale.

 

PdA : Parmi les arguments invoqués pour justifier cette décision : la fanatisation de l'État-major japonais qui eût requis, pour l'obtention d'une paix sans condition par des voies conventionnelles, une victoire militaire totale, donc une invasion, forcément terriblement coûteuse au plan humain ; la volonté d'affirmer la puissance et la résolution des États-Unis face à une Union soviétique de plus en plus entreprenante en Europe de l'est. Quel est le jugement des historiens d'aujourd'hui, votre jugement s'agissant de l'éventuel "bien-fondé" de l'arbitrage final de Truman ?

 

B.C. : Comme sur de nombreux autres points, les historiens restent divisés sur cette question essentielle, et notamment en ce qui concerne les tentatives de négociation d’une capitulation honorable par la diplomatie japonaise dans les semaines qui précédèrent le double bombardement nucléaire. C’est cependant au milieu des années 1960, sous l’impulsion de jeunes historiens comme Gar Alperovitz ou Barton Bernstein (qui publièrent par la suite un nombre important d’ouvrages et d’articles scientifiques), qu’un nouveau regard, beaucoup plus critique, fut porté sur la décision d’utiliser la nouvelle arme et les premières semaines de l’administration Truman. Qualifiés de révisionnistes, ces historiens remirent en cause les arguments “officiels”, en apportant les preuve des efforts des diplomates japonais, et en replaçant la décision de Truman dans le cadre d’une Guerre froide qui ne disait pas encore son nom.

 

Nous avons vu que plusieurs membres de l’administration Truman, Byrnes en particulier, étaient incontestablement partisans d’une ligne dure vis-à-vis de Moscou. Le nouveau secrétaire d’État considérait ouvertement, en juillet 1945, alors que s’organisait la conférence de Postdam, que la confrontation avec l’Union soviétique était, d’une manière ou d’une autre, inévitable. Dès lors, s’il était décidé d’adopter une position de fermeté dans les négociations diplomatiques qui opposaient Truman à Staline, tous les moyens pouvant permettre de prendre un avantage décisif devaient être prises en considération. Ces éléments nous amènent à penser que l’arme nucléaire fut dès lors pensée comme une asymétrie dans ce qui deviendra officiellement la Guerre froide, offrait à Washington une avance dans sa rivalité avec Moscou. Il est nécessaire ici de revenir sur les conditions dans lesquelles les relations russo-américaines se détériorèrent après la conférence de Yalta, les points de divergence, ainsi que les questions relatives aux informations concernant l’utilisation de la bombe atomique, l’entrée en guerre de l’Union soviétique contre le Japon, et la stratégie « pré-Guerre froide » telle qu’elle fut développée à Washington.

 

Reste la question de l’estimation des pertes américaines consécutives à la prolongation du conflit, qui joua un rôle important dans le processus décisionnel. Elle mérite quelques éclaircissements sur lesquels je me suis penché. Dans les mois qui précédèrent la capitulation du Japon, et plus encore après la fin des hostilités en Europe, les autorités politico-militaires américaines se penchèrent sur les différents scénarios permettant de mettre un terme à la guerre du Pacifique. Après la fin des hostilités en Europe, les premières troupes américaines furent transférées sur le théâtre du Pacifique, en vue d’un éventuel débarquement sur les côtes japonaises, suivi d’une progression terrestre, à la manière de ce qui avait été effectué un an plus tôt en Europe.

 

Le 10 mai 1945, au lendemain de la première réunion de la commission provisoire chargée d’étudier les différentes options offertes dans la guerre contre le Japon, Henry Stimson assista à une réunion des chefs d’état-major dont l’objectif était d’étudier les différents aspects de l’invasion du Japon, et de préparer cette invasion. La première conclusion des chefs militaires était que l’entrée en guerre de l’Union soviétique n’était pas nécessaire au succès du débarquement, et que les troupes américaines avaient la capacité technique de faire plier les forces japonaises sans avoir besoin d’une assistance de Moscou. Cela supposait bien entendu un sacrifice important, mais celui-ci permettait d’éviter un partage des bénéfices une fois la victoire obtenue. D’un autre côté, les chefs d’état-major reconnaissaient qu’une invasion de la Mandchourie par l’Armée rouge pouvait être suffisante pour pousser le Japon à la capitulation, et ce avant même que les troupes américaines ne doivent s’engager dans un débarquement coûteux en vies humaines. S’opposaient ainsi deux conceptions, l’une favorisant une invasion et la non-participation de l’Union soviétique, l’autre privilégiant une économie de vies humaines et l’entrée en guerre de l’Armée rouge. Mais, tandis que les hostilités venaient de prendre fin en Europe, les dirigeants politiques américains continuaient d’espérer que Moscou se joigne rapidement aux opérations dans le Pacifique. La priorité des dirigeants américains, y compris des militaires, était de parvenir à une reddition du Japon à moindre coût humain, et, pour cette raison, la participation de l’Armée rouge était vivement souhaitée. Pour autant, la possibilité d’une invasion ne fut pas écartée, et les chefs d’état-major furent chargés de réfléchir aux différentes options.

 

Le 25 mai, le Joint Chiefs of Staff approuva un plan d’invasion du Japon prévu par un débarquement sur l’île de Kyushu le 1er novembre 1945, sous le nom d’opération Olympic. Considérant que la poursuite des bombardements conventionnels et du blocus maritime ne pouvait être suffisante pour faire plier l’empereur, les chefs militaires américains décidèrent de préparer un plan d’invasion comparable à ceux en Europe, qui apporterait des résultats significatifs malgré des pertes lourdes. Le président Truman donna son accord le 18 juin, considérant à ce moment que la situation politico-militaire du Japon justifiait un débarquement, qui malgré les pertes énormes aurait été un succès et aurait mis fin aux hostilités. Cette opération nécessitait la participation de l’allié soviétique qui, en attaquant la Mandchourie, aurait occupé le plus gros de l’armée japonaise, rendant le débarquement possible. L’opération Olympic supposait donc, comme cela avait été prévu à Yalta, la coopération de Staline contre le Japon. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la date du 1er novembre avait été retenue, soit trois mois après la date limite prévue pour l’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon, c’est-à-dire à un moment où le gros des forces japonaises aurait été mobilisé en Mandchourie.

 

L’opération Olympic, dans l’hypothèse où elle n'aurait suffi à faire capituler le Japon, devait être suivie d’une autre opération, du nom de Coronet, qui consistait, à partir de Kyushu, à débarquer sur l’île principale de l’archipel, Honshu, puis de progresser jusqu’à Tokyo, à la manière de ce qui avait été fait en Allemagne. Le début de cette opération était prévu pour le 1er mars 1946, supposant au préalable le succès d’Olympic et l’implantation des forces américaines dans l’archipel.

 

Le général George C. Marshall était favorable au plan d’invasion, qu’il avait cautionné comme étant à son avis la seule possibilité de venir à bout des forces japonaises. Si certains, comme l’amiral Ernest J. King, souhaitaient multiplier les assauts sur les positions japonaises en Chine et en Corée avant d’attaquer l’archipel, Marshall considérait qu’un débarquement sur Kyushu était possible, et aurait été couronné de succès. Avant que la bombe atomique ne vienne s’installer comme un adversaire de taille à la stratégie de l’invasion, Marshall s’était imposé à Washington parmi les autres chefs militaires comme l’homme providentiel apportant enfin une solution à une guerre trop longue et coûteuse. L’Army prenait le dessus sur la Navy, profitant des effectifs mis à disposition de ces opérations après leur démobilisation en Europe, et offrant la solution la plus radicale, permettant à coup sûr un succès sur le Japon, même au prix de lourdes pertes.

 

Les principaux amiraux, King à leur tête, considéraient pour leur part que l’invasion du Japon n’était pas nécessaire, et en ce sens ne partageaient pas le point de vue des généraux de l’Army. Pour eux, les opérations Olympic et Coronet n’auraient jamais dû être préparées, puisque tout débarquement sur les côtes japonaises aurait été plus meurtrier que la poursuite des raids aériens et du blocus maritime. Cependant, et ce point est important, dans les discours qui ont immédiatement suivi le bombardement d’Hiroshima, aucune mention n’a été faite de la possibilité de poursuivre le blocus maritime, tandis que l’invasion était annoncée comme étant la seule alternative à la bombe. Il semble donc que les choix stratégiques de l’Army aient fortement influencé les dirigeants américains, tandis que les options de la Navy furent négligées. Cela s’explique en partie par l’image dont bénéficiaient les généraux de l’Army, auréolés de victoires en Europe, par rapport aux amiraux de la Navy.

 

Les options proposées par la Navy, qui reposaient sur une stratégie de long terme visant à affaiblir un Japon totalement isolé, et un usage limité de la violence, restèrent ainsi sans écho, et ne furent révélées que par la suite, notamment dans les mémoires des amiraux concernés. Intensifier le blocus maritime, et le poursuivre pendant plusieurs mois, aurait ainsi, selon la Navy, permis d’éviter Hiroshima et Nagasaki, et rendu inutile toute tentative de débarquement. Il convient donc de s’interroger sur les choix de l’état-major et de la Maison Blanche, qui dès leurs premières réunions concernant la préparation de la dernière phase de la guerre du Pacifique, semblèrent écarter des stratégies d’essoufflement. En fait, à l’inverse des généraux de l’Air Force, les officiers de la Navy n’estimaient pas indispensable une intensification des bombardements contre les villes japonaises, considérant que l’endiguement aurait pu être suffisant.

 

La conférence du 18 juin autour du président Truman rassembla les principaux acteurs militaires et politiques américains, les généraux Marshall et Ira C. Eaker (représentant le chef d’état-major des forces aériennes, Henry H. Arnold), les amiraux Leahy et King, le secrétaire à la Marine Forrestal et le secrétaire-adjoint à la Guerre John McCloy. Le secrétaire à la Guerre Henry Stimson était souffrant et avait au départ annoncé qu’il serait absent (et remplacé par McCloy), mais il se présenta pourtant à la Maison Blanche au début de la réunion. Si ce fut à l’occasion de cette rencontre que Truman donna son aval à l’opération Olympic, les différentes personnalités présentes montrèrent leurs divergences, et masquèrent leurs préoccupations concernant la participation de l’Union soviétique à l’effort de guerre. Les chefs militaires avaient été convoqués quatre jours plus tôt, le 14 juin, avec comme recommandation de présenter des estimations concernant les pertes humaines dans le cas d’une invasion terrestre du Japon, de l’intensification des bombardements, ou d’un blocus naval. Dans le memorandum conviant les participants à la réunion, Leahy notait ainsi que « Truman souhaite être informé de ce que nous souhaitons que les Russes fassent ». Illustrant l’importance de l’événement, Truman nota dans son journal la veille de la réunion : « Je dois prendre une décision concernant la stratégie à adopter au Japon. Devons-nous envahir le Japon ou le bombarder et préparer un blocus ? C’est la décision la plus importante à ce jour, mais je la prendrai une fois que j’aurais tous les éléments entre les mains ».

 

Stimson avait entretenu McCloy de ses préoccupations la veille de la réunion, et devant le silence du secrétaire-adjoint lors de la conférence, Truman lui demanda son avis alors que celle-ci se terminait. McCloy le lui donna, selon ces termes, qui restent l’un des témoignages les plus importants concernant les débats entourant l’utilisation de l’arme nucléaire : « Il suggéra alors une solution politique… Quelque communication au gouvernement japonais qui énoncerait nos conditions, où nous n’emploierions pas les mots de ‘reddition inconditionnelle’, mais qui nous procurerait tous nos objectifs. ‘Quelles seraient ces conditions ?’ me demanda le président. J’improvisai : nous ne menacerions pas leur existence en tant que nation ; nous les autoriserions à choisir leur propre forme de gouvernement, y compris le maintien du Mikado (l'institution impériale, ndlr), mais uniquement sur la base d’une monarchie constitutionnelle, etc. ‘Bon ! J’y avais pensé, dit le président. Pourriez-vous mettre cela en forme, le donner au secrétaire d’État pour voir ce que nous pourrions en faire ?’ ‘Je suis très heureux que cette question ait été soulevée’, observa M. Stimson. Je demandais alors s’il ne fallait pas leur dire que nous avions la bombe atomique. Le mot produisit comme un saisissement. On n’avait pas le droit de le prononcer, pas plus que de parler de tête de mort et de tibias dans un cercle distingué à Yale. Cela ne se faisait pas ! ‘Je pense que notre position morale serait meilleure si nous leur donnions un avertissement spécifique au sujet de la bombe’ ajoutai-je. Un désaccord se manifesta. ‘Nous ne savons pas si elle éclatera, objecta-t-on. En cas d’échec, notre prestige serait grandement atteint.’ ‘Mais, répondis-je, tous les savants assurent que la chose explosera ; il est précisément question de l’essayer, mais ils sont tout à fait certains, d’après les rapports que j’ai vus, de la réussite. L’avantage moral que nous prendrions devrait faire accepter le risque d’un essai raté. Parlons au moins en termes généraux de sa puissance. Annonçons qu’une seule bombe détruirait une ville entière. Ils comprendraient.’ ‘Envoyez votre mémorandum au Département d’État, dit le président ; nous étudierons la question.’ Le point de vue des soldats et des marins présents était intéressant. Ils se montrèrent tous soucieux d’employer leurs propres forces pour mettre fin à la guerre. L’amiral Leahy, qui était une sorte de conseiller général et ne commandait aucune force, me parut seul d’accord pour rechercher un règlement politique… Je m’en souviens très nettement… Le général Marshall prit position. L’utilisation de la bombe, dit-il, aurait des conséquences politiques si formidables qu’il laisserait les civils prendre toutes les décisions à son sujet. Il comptait n’y intervenir d’aucune manière. Cependant, je ne l’entendis jamais exprimer l’opinion qu’il ne fallait pas l’utiliser… ».

 

La réunion commença à 15h30. Après avoir présenté l’enjeu de la réunion, Truman donna la parole à Marshall, en tant que chef du Joint Chiefs of Staff. Celui-ci se montra favorable à un débarquement à Kyushu, considérant qu’il s’agissait de l’option la moins coûteuse en vies humaines. Marshall estimait que la conquète de Kyushu était essentielle à la bonne poursuite des bombardements des villes d’Honshu, et indispensable à l’éventuelle formation d’un blocus. Le chef du J.C.S. expliqua ensuite que le débarquement devrait être programmé avant le 1er novembre 1945, afin de ne pas laisser à l’industrie japonaise le temps de se réorganiser et de produire de nouvelles capacités de défense. S’attardant sur la question du calcul des pertes dans le cas d’une invasion, Marshall considéra enfin que toute projection était déplacée, mais qu’il ne pensait cependant pas que le nombre de victimes américaines puisse dépasser le chiffre de la prise de Luzon (Philippines), c’est-à-dire 31 000 morts et disparus. Les arguments de Marshall, appuyés par l’Army et la Navy, étaient que la victoire sur le Japon ne pourrait être obtenue uniquement depuis les airs, et qu’il fallait par conséquent se résoudre à considérer un débarquement comme la seule option permettant d’envisager la victoire finale. Marshall rappelait souvent que les bombardements n’avaient pas été suffisants pour faire définitivement plier l’Allemagne nazie, et qu’il avait fallu attendre le débarquement sur les côtes normandes, et la progression vers Berlin pour que la victoire finale se dessine enfin. L’amiral King se montra totalement favorable à la proposition de Marshall, considérant que Kyushu était la « clef de toute opération », et que l’invasion d’une des principales îles de l’archipel japonais aurait des effets importants, permettant même une éventuelle fin des hostilités avant même l’invasion d’Honshu.

 

Suite à ces présentations, l’amiral Leahy contesta les estimations de Marshall concernant le nombre de victimes, considérant que les pertes dans le cas d’un débarquement à Kyushu seraient comparables à celles d’Okinawa. Il avança donc le chiffre de 49 000 morts en opposition aux 31 000 de Marshall. King se montra immédiatement sceptique, considérant que la marge de manœuvre à Kyushu serait nettement supérieure à celle d’Okinawa, et que pour cette raison, le nombre de victimes ne dépasserait pas celui de Luzon, ou de très peu, mais en aucun cas ne serait aussi élevé qu’à Okinawa. En réponse à cette réaction, Leahy décrivit les différentes raisons rendant l’invasion de Kyushu difficile et particulièrement meurtrière, appuyant une fois de plus sur l’idée selon laquelle les pertes seraient plus proches de celles d’Okinawa que de Luzon.

 

Truman se montra nerveux, et conclua que, d’une façon ou d’une autre, l’opération proposée pouvait avoir pour conséquence, dans le pire des cas, de provoquer des pertes aussi lourdes qu’à Okinawa, ce à quoi les personnalités présentes ne purent que se montrer d’accord, notamment le général Eaker, qui mentionna au passage avoir également l’accord d’Arnold. Les personnes présentes tombèrent également d’accord sur le fait que le temps était favorable aux Japonais, et qu’il fallait dans ces conditions préparer un plan d’invasion dans les délais les plus brefs possibles, et sans retard. Le président Truman conclua la séance en considérant que, malgré le coût humain important d’un débarquement à Kyushu, à certains égards comparable à Okinawa, cette opération s’avérait être l’option la plus crédible, et c’est donc à cette occasion qu’il donna son feu vert à la préparation du plan d’invasion.

 

Enfin, et ce point est important, lors de la conférence, le général Marshall cita l’opinion du général MacArthur, qui n’était pas présent. Ceux-ci se présentaient ainsi : « Les risques et les pertes du débarquement seront grandement réduits si les Russes attaquent en Sibérie suffisamment à l’avance pour obliger l’ennemi à engager le gros de ses forces. A mon avis, rien ne doit être changé à Olympic ». Truman comprenait le désir des militaires de voir l’Armée rouge entrer en guerre, mais, d’un autre côté, souhaitait limiter autant que possible la participation de l’Union soviétique à la guerre contre le Japon, afin de se placer en position de force une fois l’armistice signée. Indiscutablement, dans l’esprit du président américain, du succès de l’essai nucléaire dépendait le choix de la stratégie à adopter pour remporter la victoire finale. Si, en juin, l’opération Olympic était l’option la plus acceptable, car elle permettait de conduire à la défaite du Japon, les conditions évoluèrent rapidement, et ,un mois plus tard, les perspectives d’un débarquement furent laissées de côté au profit d’une option nettement moins coûteuse, et plus rapide.

 

Cependant, considérer que, dès le départ, les considérations entourant le projet d’un débarquement étaient une fausse piste est une erreur dans la mesure où, malgré les rapports des scientifiques, rien n’indiquait que la bombe serait opérationnelle dans les délais prévus. Ce qui préoccupait Truman n’était pas de savoir si les États-Unis disposeraient un jour de la bombe atomique, et si celle-ci serait effectivement aussi puissante que prévu, mais à quel moment elle serait opérationnelle et utilisable. Dans le cas d’une entrée en guerre de l’Union soviétique, les États-Unis devaient être prêts à lancer une offensive permettant de remporter la victoire finale, même si cela devait supposer un coût humain excessivement important. Cependant, il convient de s’interroger sur les conditions dans lesquelles l’opération Olympic a peu a peu été abandonnée au profit du bombardement atomique, et les arguments qui furent avancés par les autorités américaines.

 

PdA : 6 août 1945 : Hiroshima... 9 août 1945 : Nagasaki... et leurs suites... Quels sont les chiffres, les images dont vous estimez qu'ils devraient rester gravés dans l'esprit de nos lecteurs comme ils le sont dans le vôtre ?

 

B.C. : Au-delà de son caractère sinistre, la question des chiffres concernant les victimes est intéressante en ce qu’elle continue de diviser, près de soixante-dix ans après les deux bombardements nucléaires, les historiens. La raison est propre à la nature même des engins utilisés, dont on sait que les victimes succombèrent à quatre catégories de facteurs : le souffle de l’explosion; l’extrême chaleur dégagée lors de l’explosion; les incendies qui se propagèrent dans des villes construites essentiellement en bois; et, bien entendu, les radiations. L’évaluation des victimes dues aux radiations est beaucoup plus difficiles que les trois catégories précédentes, en raison de la période d’étude, et de l’identification de conditions au-delà desquelles les victimes ne seraient pas considérées comme directement exposées.

 

Dans ces conditions, le nombre de victimes exact est difficile à déterminer, et varie de données dites “basses” (80 000 pour Hiroshima et 60 000 pour Nagasaki) à “hautes” (plus de 400 000 pour les deux bombardements réunis), selon la place qu’on accorde aux victimes de cancers des années après l’évènement, et pour lesquels le lien avec l’exposition aux radiations est hautement probable, mais ne constitue pas toujours une évidence. Prenons l’exemple d’Hiroshima. Plusieurs années après l’explosion atomique, les habitants se sont dispersés. Certains sont restés à Hiroshima, d’autres par contre ont quitté à jamais cette terre maudite. C’est notamment le cas de ceux qui avaient perdu biens et proches, ou plus simplement de ceux qui ont trouvé refuge dans d’autres régions, une fois la guerre finie. Il est par conséquent difficile de retrouver des traces de tous les habitants pour les comptabiliser parmi des victimes d’Hiroshima. De plus, rien ne prouve, malgré les soupçons, que ces personnes sont décédées des suites d’Hiroshima, et les nombreux cas de cancers peuvent, même pour une part infime d’entre eux, ne pas être dus aux radiations dégagées le 6 août 1945. Dans cette catégorie sont également comptés tous les enfants nés de victimes d’Hiroshima, et qui souffraient de maux transmis par leurs parents, et transmirent ces maux par la suite. Là encore, il est particulièrement difficile de compter combien de personnes sont décédées vingt, trente ou cinquante ans plus tard des suites des radiations dégagées. Enfin, cette catégorie souffre du rapport victimes/population qui n’est pas quantifiable. Si 300 000 personnes sont décédées directement ou indirectement des suites de la destruction d’Hiroshima depuis 1945, comme l’affirment certaines sources, la population de la ville reste difficile à connaître, à moins de faire une somme de tous les renouvellements de population depuis cette période, ce qui semble impossible.

 

Un chiffre mérite cependant à mon sens d’être retenu : 1. Il a fallu une seule bombe pour détruire chaque ville, là où le bombardement de Tokyo en mars 1945 (plus de 300 000 morts) a nécessité la mobilisation de milliers de bombardiers, et d’un nombre incalculable de bombes incendiaires. Ce chiffre est encore plus éloquent dans le cas d’Hiroshima, quand on sait que cette ville n’avait pas été victime d’un seul raid aérien avant le 6 août 1945. Une seule bombe fut donc nécessaire pour détruire à près de 90% une ville importante, et les images prises dans les jours qui suivirent les deux bombardements se passent à ce titre de commentaires. L’image d’une déshumanisation, qui contraste, quand on visite les magnifiques et terrifiants à la fois musées d’Hiroshima et de Nagasaki, avec l’humanisme que ces deux villes souhaitent désormais véhiculer.

 

Pourquoi H

 

PdA : Au-delà de l'horreur qu'elles évoquent, peut-on dire de ces dates qu'elles marquent le début de quelque chose de profondément nouveau, différent, dans la manière d'aborder les relations internationales notamment ?

 

B.C. : Incontestablement. La capacité de destruction de l’arme nucléaire ouvrit une nouvelle ère des relations internationales, dont la Guerre froide fut le catalyseur pendant plus de quarante ans, et dans laquelle les rapports de force sont totalement bouleversés.

 

De fait, depuis soixante-dix ans, l’arme nucléaire s’impose comme le symbole de la puissance par excellence. Avec elle, l’humanité a été mise en possession de sa propre mort car, si la planète a survécu à toutes les guerres, y compris deux à échelle mondiale, qu’elle a subies, chacun a conscience qu’elle aurait été anéantie par la troisième si celle-ci avait été nucléaire. Lancés dans une formidable course aux armements, qui les a conduit à posséder chacun jusqu’à plus de 13 000 armes nucléaires déployées, et autant en réserve, Moscou et Washington avaient de quoi faire disparaître trente à quarante fois le monde. Cependant, conscients de leurs responsabilités, les deux superpuissances ont toujours évité, depuis Hiroshima et Nagasaki, d’utiliser ces armes dont elles savaient qu’elles pourraient les entraîner au-delà de l’irréparable.

 

On peut considérer qu’avec l’arme nucléaire, l’Homme devint maître de son propre destin, mais cette maîtrise est placée entre les mains de certains. En d’autres termes, à partir de 1945, certaines personnes disposèrent du pouvoir de destruction de tous, eux-mêmes compris. La victoire était celle de l’État (et des théories réalistes des relations internationales), mais pas de l’individu, là où des armes plus simples restaient accessibles au plus grand nombre, comme le prouve l’importance des trafics d’armes de petit calibre. En ce sens, le progrès technique réalisé avec la bombe atomique ne peut être comparé avec les différentes évolutions dans l’histoire de la guerre, aucune arme n’ayant jamais eu de capacité décisive aussi marquée. C’est non seulement l’intensité de la destruction, mais aussi la nature de celle-ci, reposant sur le pouvoir décisionnel d’un petit nombre, qui furent totalement bouleversées. De même, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’Homme en possession de l’arme nucléaire pouvait avoir le contrôle de la terre, avec tous les risques que cela implique. La guerre restait la « poursuite de la politique par d’autres moyens », selon les termes de Carl von Clausewitz, mais l’arme nucléaire offrit la possibilité de contrôler l’avenir de l’humanité toute entière. Ces « moyens » devenaient quasi irrationnels, dans la mesure où ils pouvaient apporter une destruction totale et sans aucune distinction.

 

Admirée, redoutée, fascinante, terrorisante, déshumanisante aussi, l’arme nucléaire a ainsi été génératrices de sentiments contradictoires. Gage de paix et de sécurité pour les uns, annonce de l’apocalypse pour les autres ; partisans de la dissuasion nucléaire ou avocats d’un désarmement nucléaire général et complet convaincus de l’urgence absolue d’un tel programme ; pays dotés d’armes nucléaires ou pays qui par choix ou par impossibilité juridique, scientifique ou financière n’en sont pas pourvus ; responsables politiques, chefs militaires, essayistes ou experts, du Nord au Sud, tous restent persuadés du caractère absolu de l’atout nucléaire. Les pays qui en sont pourvus, qu’on les jalouse, les admire ou les condamne, restent malgré tout considérés comme au-dessus du lot, dotés d’un avantage incomparable à tous les autres. Ainsi, depuis soixante-dix ans, les pays nucléaires règnent sur l’Olympe de la puissance, et l’arme suprême sert de moteur aux relations internationales.

 

PdA : J'aimerais, pour cette question, faire appel à votre intime conviction. La possession par chacun des deux camps d'arsenaux pléthoriques, l'assurance qui en a découlé d'une destruction mutuelle certaine en cas de conflit nucléaire ont contribué à éviter, précisément, les conflits directs et à grande échelle entre les deux blocs. La situation aurait-elle été la même si l'arme nucléaire n'avait pas été développée ? La "guerre froide" serait-elle restée "froide", je pense en particulier au théâtre européen ?

 

B.C. : Il est bien sûr difficile de répondre à cette question sans tomber dans une forme de politique-fiction, ou d’extrapolations qui resteront de toute façon invérifiables. Il convient d’abord de rappeler que, si l’arme nucléaire a, de fait, réduit les risques de confrontation entre Washington et Moscou, elle n’est pas parvenue, selon la formule de Raymond Aron, à assurer la paix entre les deux blocs. Par ailleurs, plusieurs conflits, même par acteurs interposés, confirment que les deux blocs n’en restèrent pas à des rhétoriques et des politiques de dissuasion, mais n’hésitèrent pas en certaines occasions à passer à l’attaque. Le cas de la Guerre de Corée est à ce titre particulièrement intéressant, considérant que les deux puissances possédaient déjà le feu nucléaire (Moscou ayant procédé à son premier essai en 1949), et que la puissance de ces armes était suffisamment limitée (en comparaison avec les armes thermonucléaires développées plus tard) pour en « permettre » l’utilisation. La question fut évoquée côté américain, pour endiguer l’offensive des « volontaires » chinois, mais elle resta sans effet, et la déclassification des archives des deux pays n’indique pas une volonté d’utiliser l’arme nucléaire afin de prendre l’avantage sur l’autre bloc.

 

Cela signifie-t-il que l’opposition idéologique et politique entre Moscou et Washington n’aurait pas été au-delà de ce qu’elle fut sans l’équilibre de la terreur imposé par l’arme nucléaire ? Difficile de se prononcer, mais il serait erroné de considérer l’origine des conflits, et les motivations de ceux-ci, sur la simple base des capacités militaires à la fois offensives et défensives. La guerre est analysée de multiples manières, et les théories sur le dilemme de sécurité nous offrent un regard pertinent sur les risques de déclenchement d’un conflit. Mais de là à en conclure que, sans l’arme nucléaire et les capacités de représailles, la guerre froide aurait dégénéré en un conflit ouvert entre les deux blocs, il y a un pas. N’oublions pas que les deux pays disposaient, en marge de leur arsenal nucléaire, de capacités dites conventionnelles considérables, qui ne furent cependant jamais utilisées à grande échelle, et ce malgré l’existence de « plans », desquels étaient d’ailleurs exclues les armes nucléaires.

 

Vous faites cependant référence, dans votre question, à la possibilité de voir les deux grandes puissances s’affronter sur d’autres théâtres d’opérations, et cette question fait écho à la crise des euromissiles. Moins célèbres que les fusées de Cuba, les forces nucléaires intermédiaires (FNI), plus communément appelées euromissiles, ont cependant donné lieu à la plus grande controverse stratégique des années 1980, et à certains égards de toute la Guerre froide. L’Union soviétique avait déployé au milieu des années 1970 des SS-20, missiles nucléaires terrestres qualifiés d’« euromissiles », car leur portée ne leur permettait d’atteindre que le sol européen, et laissait le territoire américain à l’abri. Les dirigeants européens, au premier rang desquels les Allemands de l’Ouest, craignaient un « découplage » de la défense de l’Europe de celle des États-Unis. Si l’Union soviétique utilisait les SS-20, les Américains étaient certains de ne subir aucun dommage chez eux, ce qui ne devait pas nécessairement supposer que la puissance nucléaire américaine soit utilisée au même titre qu’elle le serait dans le cas d’une attaque contre le territoire américain.

 

Pour répondre au défi, les Européens demandèrent aux Américains de déployer leurs propres euromissiles, l’objectif étant de dissuader Moscou de se lancer dans une bataille nucléaire sur le sol européen, dont les conséquences auraient été aussi terribles de part et d’autre. En 1979, l’OTAN adoptait ainsi la « double décision ».

 

Les États-Unis déployèrent des missiles de croisière et des Pershing II à partir de 1983, mais entre temps, une négociation soviéto-américaine s’engagea et aboutit sur un accord mutuellement acceptable. Moscou choisit l’intransigeance en profitant du décalage entre l’ouverture des négociations et le déploiement des missiles américains. Les autorités soviétiques espéraient qu’en durcissant le ton, elles feraient peur aux gouvernements européens qui, du coup, renonceraient au soutien apporté par les missiles américains. Alors que Moscou avait déployé ses SS-20 plusieurs années auparavant, les Soviétiques accusaient Washington de relancer la course aux armements. Finalement, malgré une mobilisation d’une partie des opinions publiques ouest-européennes contre le déploiement des missiles, les Occidentaux gardèrent le cap et, devant l’échec de la négociation - que l’Union soviétique, jouant la carte de l’intimidation, n’avait jamais prise au sérieux -, les premiers déploiements de Pershing eurent lieu en novembre 1983. Les Soviétiques réagirent vivement en rompant les négociations nucléaires de Genève. Mais après une courte période de bouderie diplomatique, Moscou allait revenir à la table de négociation. De façon réaliste, elle enregistrait que son opération de découplage non seulement n’avait pas réussi, mais se retournait contre elle. Elle comptait obtenir un avantage stratégique, mais se retrouvait finalement sous la menace de missiles terrestres à dix minutes de Moscou. Les États-Unis, de par leur éloignement, n’étaient pas pour leur part dans la ligne de mire des euromissiles, ce qui était un avantage considérable. Cette crise est en ce sens révélatrice de l’absence de situation totalement symétrique, en Europe comme à Cuba vingt ans plus tôt, et c’est peut-être cette absence de symétrie qui fut, dans le cas de la Guerre froide, la meilleure garantie de non-utilisation de la force armée, et de sa composante nucléaire.

 

Tsar Bomba

La Tsar Bomba soviétique (1961) fut l'arme la plus puissante jamais utilisée par l'Homme.

Elle équivalut aux explosions combinées d'Hiroshima et de Nagasaki... multipliées par 1 400...

Elle représenta l'apogée d'une course folle aux armements. Le début d'une sérieuse prise de conscience...

 

PdA : Avançons un peu dans le temps... 2003 : l'Irak est envahi par l'Amérique de Bush. Le rapport de forces est totalement disproportionné, le régime écrasé. 2006 : la Corée du nord effectue son premier essai nucléaire. Une assurance-vie à l'efficacité redoutable... Un moyen d'entamer de sérieuses négociations, de pouvoir faire valoir son point de vue, en tout cas. L'appel d'air n'est-il pas préoccupant s'agissant de la non-prolifération ?

 

B.C. : Ce qui est intéressant dans cette question, c’est l’attitude de Pyongyang face à l’invasion de l’Irak en 2003. Le régime de Saddam Hussein ne disposait pas d’armes de destruction massive, ce qui précipita la campagne militaire américaine. De son côté, la stratégie du fou ou du pire de Pyongyang repose sur sa force nucléaire supposée et déclarée, et des capacités balistiques démontrées à l’occasion de plusieurs essais. Si elle n’est pas officiellement formulée, la stratégie de dissuasion nord-coréenne, qui doit assurer la survie du régime et favoriser les négociations avec les adversaires désignés, s’appuie sur deux piliers sans lesquels elle n’aurait aucune portée : la menace permanente d’une utilisation, et une opacité complète sur les réelles capacités nucléaires dont dispose ce pays. Cette double caractéristique est essentielle pour permettre à Pyongyang d’énoncer une stratégie pouvant être couronnée d’effet. Elle est fragile et dangereuse, mais si elle bien maniée, elle offre à ce petit pays exsangue une capacité de nuisance, et donc de marchandage, totalement disproportionnée.

 

Les États proliférants s’efforcent généralement, une fois qu’ils ont constitué un arsenal nucléaire, de définir une doctrine de dissuasion informant les agresseurs éventuels des réponses auxquelles ils devraient s’attendre. L’Inde et le Pakistan se sont ainsi échangé des signaux très clairs en ce sens après leurs campagnes d’essais en 1998, et instauré une sorte d’équilibre de la terreur calqué sur le modèle de la guerre froide. Pyongyang a pour sa part choisi de terroriser ses voisins en brandissant la menace de l’emploi, et allant même jusqu’à l’annoncer en réponse à ce qui serait perçu comme une provocation. Il s’agit là d’une nouvelle forme d’utilisation de l’arme nucléaire, qualifiée de stratégie du fou en ce qu’elle s’inspire de la Mutual Assured Destruction (MAD), et est renforcée par le caractère souvent jugé imprévisible du régime nord-coréen. Le message pourrait ainsi être caricaturé en ces termes : « Ne m’approchez pas de trop près où je fais tout sauter ! ». En terrorisant ses adversaires, et en utilisant à cet effet son arme nucléaire, là où ses capacités conventionnelles dépassées n’ont pas le même impact, Pyongyang pratique une forme de dissuasion par le chantage. Il faut remonter, toutes proportions gardées, à l’époque où les États-Unis détenaient le monopole du nucléaire, entre 1945 et 1949, pour retrouver une situation similaire, avant que l’équilibre de la terreur ne s’impose. La différence de taille est que la Corée du Nord place son existence dans la balance, ce qui a pour effet de bouleverser les comportements habituels qui définissent la dissuasion nucléaire.

 

L’autre pilier de la stratégie de dissuasion de Pyongyang est l’opacité de ses capacités. Les adversaires désignés du régime nord-coréen sont ainsi dans l’incertitude la plus totale, non seulement en ce qui concerne ses intentions, mais aussi et surtout les moyens permettant de les mettre à exécution. Or, dans un bras de fer de cette nature, le plus important n’est pas l’information dont on dispose sur le niveau de ses propres forces, mais l’information à laquelle l’autre n’a pas accès. Pyongyang joue sur cette incertitude, et l’alimente en permanence, à coup d’annonces et de tests dont les succès réels ne peuvent être démontrés et restent flous. Ici, le message serait : « Ne m’approchez pas de trop près car vous ne savez pas de quoi je suis capable ! ». Face à ce discours, la prise de risque est totale. Qui se lancerait ainsi dans une offensive militaire contre un pays dont on ne connaît que trop peu les capacités, et qui prétend par ailleurs disposer de moyens de riposte disproportionnés ?

 

L’opacité des capacités nucléaires de Pyongyang peut être interprétée comme la preuve de son manque de consistance. En d’autres termes, nous sommes en droit de nous interroger si la Corée du Nord dispose d’une véritable force de frappe nucléaire (à savoir des ogives pouvant être montées sur des missiles), et même si elle dispose de l’arme nucléaire tout court. Après tout, on pourrait tout aussi bien considérer que Pyongyang ne dispose pas de l’arme, ou en tout cas d’une arme utilisable, et pratique ainsi une forme inédite de dissuasion nucléaire sans le nucléaire. En ce sens, l’arme nucléaire nord-coréenne peut être qualifiée d’arme du pauvre, moins coûteuse que des capacités conventionnelles auxquelles le régime ne peut prétendre, mais qui lui permet par son potentiel destructeur de se hisser au niveau des grandes puissances. Et le résultat est plutôt spectaculaire pour un petit pays dont on imagine difficilement le régime capable de survivre sans l’arme nucléaire, ou plus exactement sans le doute qu’il laisse planer sur la possibilité qu’il la possède. À ce petit jeu, il y a de fortes chances que Pyongyang poursuive cette stratégie tant qu’elle sera en mesure de le faire, et on pourrait même imaginer d’autres régimes tentés par la même forme de dissuasion, suggérant un risque de prolifération de telles pratiques.

 

PdA : Il est difficile d'imaginer qu'un État, quel qu'il soit, utilise l'arme (thermo)nucléaire de nos jours, sauf en cas de péril mortel. Les retombées seraient incalculables, la désapprobation internationale unanime. Est-il réaliste, en revanche, de craindre que certaines ogives puissent tomber entre les mains de groupes extrémistes ? On a beaucoup parlé du Pakistan comme possible "maillon faible" du club nucléaire. Le club compte-t-il des "maillons faibles" évidents, aujourd'hui ?

 

B.C. : Il est évident que des groupes terroristes se dotant de l’arme nucléaire imposeraient une nouvelle grille de lecture de la dissuasion. Cette dernière repose sur le rôle central de l’État, et sur la rationalité qui l’accompagne. Il est ainsi de fait assez difficile d’imaginer un dirigeant s’exposer à des représailles massives, également qualifiées de disproportionnées, se mettre à dos la communauté internationale, sans même faire mention des effets possibles de l’utilisation de sa propre arme contre lui-même. Le scénario d’Hitler dans son bunker, prêt à toutes les extrémités pour entrainer avec lui sa propre population, reste heureusement très rare, mais il ne doit cependant pas être exclu, et sert de mise en garde contre ceux qui détiennent le feu nucléaire. Dans le cas des États, s’il est souhaitable que la dissuasion repose sur les épaules d’un individu, afin d’en assurer la crédibilité, elle doit également être entourée de garde-fous, afin d’éviter le pire. Dans le cas des groupes terroristes, de tels garde-fous n’existent pas nécessairement, selon la nature et les revendications du groupe terroriste bien entendu. Les attentats de New York et Washington du 11 septembre 2001 eurent pour effet de renforcer la crainte de voir des groupes terroristes se doter d’armes de destruction massive (il s’agissait notamment d’un des aveux d’Oussama ben Laden, enregistré en 1998), et d’imposer de nouveaux codes de conduite en matière de contrôle des activités pouvant être détournées par des groupes terroristes. C’est ainsi que le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. adopta en 2004 une de ses résolutions les plus importantes de ces dernières années, la 1540, dont l’objectif est de réduire les risques de prolifération par des acteurs non étatiques, en imposant aux États de renforcer les contrôles et les dispositifs juridiques liés à la protection des sites dits sensibles.

 

Pour autant, les armes de destruction massive constituent-elles la principale menace à laquelle des puissances comme les Etats-Unis doivent faire face ? Utilisées de façon classique, à savoir par le biais d’un vecteur balistique, elles restent l’apanage des États, et la politique de dissuasion permet d’en limiter la portée. Dès lors, les regards se tournent vers la possibilité d’utiliser de façon à la fois efficace et asymétrique les armes N.B.C (nucléaire, biologique, chimique), et d’obtenir des résultats aussi « satisfaisants » pour leurs commanditaires que les attentats du 11 septembre 2001. Par ailleurs, des groupes terroristes peuvent-ils réellement atteindre une capacité de nuisance en matière d’armes N.B.C. sans l’aide d’un État ? Enfin, la couverture médiatique des nouvelles armes, comme les agents bactériologiques, n’a-t-elle pas pour effet de favoriser la prolifération, de fait que surestimer la puissance des armes biologiques pourrait inciter les terroristes à les acquérir ? En fait, il convient d’établir une distinction entre les armes nucléaires d’une part, et les armes chimiques et bactériologiques de l’autre, bien que toutes appartiennent à la catégorie des armes de destruction massive. Si les risques de prolifération des armes chimiques et bactériologiques sont plus importants que dans le cas des armes nucléaires, la capacité destructrice de ces dernières reste nettement supérieure, ce qui justifie une attention particulière.

 

La résolution 1540 tend vers une réduction des capacités de développement de telles armes en se procurant les matériaux nécessaires, reste l’hypothèse d’une « association de malfaiteurs » avec des États, ou des responsables dans des États ne bénéficiant pas de mesures de contrôle suffisamment strictes. C’est ici que le Pakistan est souvent montré du doigt comme un maillon faible, non pas en raison des dirigeants, mais du fait des difficultés relatives au contrôle de ses activités. En février 2004 (deux mois avant l’adoption de la résolution 1540), le Pakistan reconnaissait ainsi que le directeur de son programme nucléaire, Abdul Kader Khan, a transmis des informations à d’autres pays. Le « pays des purs », État fragile et menacé d’implosion, est sans aucun doute le maillon faible, malgré lui. Mais il ne faut pas exclure d’autres scénarios. Après tout, l’ex-U.R.S.S. fut, dans les années qui suivirent sa disparition, un territoire identifié comme à hauts risques en matière de possibilité d’accès à des matières fissiles et des composants nucléaires. Et la Corée du Nord, à l’agonie, pourrait très bien être tentée par la vente de quelques composants à des groupes terroristes transnationaux. Le risque est donc réel, il serait cependant exagéré de parler de menace pour les raisons évoquées.

 

PdA : Quels seront, à votre sens, les périls, les enjeux liés au nucléaire militaire dans les prochaines années  ?

 

B.C. : Ils sont de deux ordres, que j’estime en continuité avec la trajectoire de ces armes depuis 1945. D’abord, les risques liés à la prolifération, fut-elle horizontale (augmentation du nombre de pussances nucléaires) ou verticale (augmentation des stocks d’armes nucléaires). La possibilité de voir le nombre de puissances nucléaires augmenter reste entière, malgré des traités internationaux et des dispositifs de contrôle efficaces. Nous sommes certes très loin de la prolifération généralisée annoncée dans les années 1950, et le fait que le club des puissances nucléaires – officiellement reconnues par le Traité de non prolifération ou non – reste inférieur à dix est à mettre au crédit de ces initiatives multilatérales. Cela ne doit cependant pas nous écarter de l’impératif d’une mise en garde permanente adressée à tous les candidats potentiels, et quelles que soient leurs motivations.

 

En Asie, la question de la prolifération verticale reste d’actualité. La Chine continue d’augmenter son arsenal, et la rivalité Inde-Pakistan s’est traduite par une augmentation des arsenaux de ces deux pays. Tandis que les autres puissances nucléaires se sont engagées dans un processus de désarmement, ces trois pays continuent leur progression. La Corée du Nord est bien entendu un problème encore plus sérieux, compte-tenu des incertitudes concernant la rivalité avec le Sud et les réactions des États de la région, mais la prolifération de Pyongyang n’a, d’un point de vue légal, rien de différent de celle de New Delhi et d’Islamabad. Elle s’est effectuée au mépris du Traité de non prolifération et, quelle que soit la position que ces États aient manifesté à son égard, sa portée universelle en fait des actes de violation. Le problème nord-coréen est donc ailleurs. Si l’Inde et le Pakistan sont les principales puissances militaires en Asie du Sud, la nucléarisation de la Corée du Nord pourrait à terme entraîner celle de la Corée du Sud, du Japon, voire de Taiwan, ces trois entités disposant de la technologie et des matières fissiles (par le biais de leurs programmes civils) pouvant leur permettre de franchir le pas en l’espace de quelques mois, au point qu’on évoque parfois le principe de dissuasion virtuelle pour ces pays, à savoir des capacités indiscutables, mais sans que le seuil du nucléaire n’ait encore été franchi. C’est donc, assez logiquement, en Asie du Nord-est que les risques liés à la prolifération restent les plus sensibles, et ne sont pas forcément liés à la nature des régimes, mais à des réactions justifiées par une perception négative de leur propre sécurité.

 

L’autre risque est lié à une forme de banalisation de l’arme nucléaire, qui laisserait la porte ouverte à son emploi. Le souvenir d’Hiroshima et Nagasaki s’éloigne un peu plus de nous chaque jour, et le nombre de survivants – les fameux Hibakusha porteurs d’un message d’espoir, de tolérance mais aussi d’intransigeance face à la bombe – se réduit. Que restera-t-il de cet héritage une fois les derniers témoins disparus ? Quel regard porteront les générations futures sur un évènement appartenant au passé, et auquel se sont superposés une multitude d’autres évènements depuis ? Il est indispensable d’entretenir la mémoire des bombardements atomiques, au même titre que la mémoire de l’Holocauste, et à ce titre les efforts des municipalités d’Hiroshima et Nagasaki doivent être loués mais aussi encouragés, pour que leur drame ne soit jamais reproduit ailleurs.

 

PdA : Pour vous, le désarmement nucléaire doit-il être, à terme, un objectif ?

 

B.C. : S’il doit être un objectif, afin de s’assurer que plus jamais de telles armes ne seront utilisées ? Sans aucun doute. S’il est possible ? Je reste malheureusement très méfiant sur ce point. Les premiers appels au contrôle international des armes nucléaires ont été formulés par les scientifiques du Projet Manhattan, dès 1945, avant même la formulation de politiques de dissuasion et des pratiques proliférantes. Ces appels furent répétés un nombre incalculable de fois, mais ne reçurent qu’un faible écho, bipolarité oblige. La fin de la Guerre froide accéléra le processus de désarmement de Moscou et Washington, mais elle fut également marquée par l’intrusion de nouveaux acteurs proliférants. De fait, la prolifération ne s’est jamais si bien portée que depuis la fin de la Guerre froide, si on tient compte du fait que trois nouveaux États, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord, ont procédé à des essais.

  

Le geste le plus fort, le plus symbolique aussi, en matière de désarmement nucléaire total ces dernières années est le discours de Barack Obama à Prague en avril 2009, en marge d’une tournée en Europe. Ce discours s’impose comme une mise en garde à l’attention des proliférants, mais aussi comme un appel à une réflexion considérant la possibilité de sortir du nucléaire. Le souhait de Barack Obama se heurte cependant à des limites qu’il convient de mentionner. Le principal défi vient du Congrès américain, qui pourrait contrecarrer les souhaits de ratifier le T.I.C.E., comme il l’avait fait en 1999, au grand dam de Bill Clinton, qui était alors favorable à un engagement plus net de Washington dans ce domaine. Les Républicains, pourtant nettement minoritaires, pourraient contrer les projets américains, et l’administration Obama devra convaincre de la nécessité du changement dans un domaine qui a sérieusement divisé la classe politique américaine ces dernières années. Sur la scène internationale, l’accord passé avec la Russie n’est que l’arbre qui cache une forêt touffue, et qu’il sera difficile de franchir sans encombre. Les points de désaccord restent ainsi nombreux, comme le bouclier antimissile, ou le traitement des États proliférants.

 

Mais c’est surtout sur la relation avec les États dits « voyous » que les regards se portent. Les souhaits de Barack Obama se heurtent en effet aux gesticulations de Pyongyang et Téhéran (et potentiellement d’autres États proliférants), mais également au bon vouloir de la Chine, puissance nucléaire reconnue par le T.N.P., et élève parfois dissipé de la lutte contre la prolifération nucléaire. En se replaçant sur la question du désarmement tout en gardant la main sur la lutte contre la prolifération, l’administration Obama donne de nouveaux espoirs au contrôle des armes nucléaires, et à la conférence d’examen du T.N.P., dont on craignait il y a encore peu de temps qu’elle perde en crédibilité. Mais les défis n’en demeurent pas moins importants, et à la bonne volonté de Barack Obama devra s’ajouter la complicité de l’ensemble des États, en vue de restaurer un environnement de confiance propice au désarmement et à une lutte plus efficace contre la prolifération. Un vœu aussi pieux que difficile à concrétiser, et le président américain n’est d’ailleurs jamais parvenu à transformer son discours en des actes concrets.

 

Dans l’hypothèse, pour l’heure improbable, où l’ensemble des puissances nucléaires – reconnues ou non par le T.N.P. – s’accordaient pour détruire tous les stocks, le problème ne disparaîtrait pas pour autant. L’arme nucléaire, c’est avant tout un savoir, une accumulation de techniques qui, en associant plusieurs composants, mettent au point l’arme la plus puissante jamais produite. Si les stocks disparaissent, le savoir ne s’effacera pas, et le risque de voir, pour des raisons multiples, des acteurs choisir de se lancer à nouveau dans des programmes nucléaires restera entier. On peut ainsi poser la question dans l’autre sens et se demander si les armes nucléaires ne sont finalement pas la meilleure garantie face à leur prolifération incontrôlée. La réponse à cette question serait de donner les clef du nucléaire à la communauté internationale dans son ensemble – en reprenant exactement les souhaits des scientifiques en 1945 – mais si l’espoir est permis, il convient de douter du succès d’une telle entreprise.

 

Sans doute faut-il donc se résoudre à vivre avec le nucléaire, comme nous n’avons fait depuis soixante-dix ans, et surtout s’assurer que les doctrines de dissuasion n’évoluent pas vers des doctrines d’emploi, tout en imposant un cadre multilatéral en matière de contrôle. Et partir du principe simple mais incontournable que le danger ne vient pas tant de l’arme elle-même que de celui qui la possède et pourrait être amené à l’utiliser.

 

PdA : Quels sont vos projets, Barthélémy Courmont ?

 

B.C. : En marge de mes activités universitaires, je travaille actuellement sur des projets de recherche très différents, mais qui traitent essentiellement des questions politiques et sécuritaires en Asie-Pacifique, ainsi que des stratégies des grandes puissances. Mon prochain livre, qui paraîtra en décembre, s’intitule Une guerre pacifique, et traite de la relation Pékin-Washington. J’ambitionne cependant, en vue de la célébration des soixante-dix ans du bombardement d’Hiroshima, de consacrer un nouveau travail à cette ville, portant sur une analyse du nucléaire par le biais de mes propres expériences en relation avec ce sujet pour lequel j’ai consacré ma thèse de doctorat en science politique présentée en 2005. Je proposerai un synopsis à plusieurs éditeurs, et espère pouvoir produire un petit essai invitant à un devoir de mémoire, mais aussi de réflexion sur le sens à donner à ces évènements tragiques des 6 et 9 août 1945.

 

Barthélémy Courmont

 

Merci infiniment, cher Barthélémy Courmont, pour votre investissement, pour vos réponses passionnantes. Et vous, quelle décision auriez-vous prise, à la place de Truman ? Quels seront, de votre point de vue, les périls, les enjeux liés au nucléaire militaire dans les mois, les années à venir ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Barthélémy Courmont...

 

28 février 2012

André Santini : "Mon soutien au Président de la République est clair"

À l'été 2004, Monsieur André Santini, député-maire d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) avait accepté de répondre à un questionnaire que je lui avais adressé par mail. Il y évoquait pour moi des sujets dont certains restent largement d'actualité aujourd'hui. La situation de l'économie française ("Ne pas réagir, c'est abdiquer devant le déclin annoncé de notre pays", et la Chine ("Un marché formidable et un empire fascinant") pour ne citer qu'eux. La situation politique de l'époque est également abordée... Il est alors un membre éminent de l'UDF, formation de centre-droit alliée à l'UMP. Jacques Chirac est président, et son parti domine largement la vie politique depuis 2002. L'UDF est présidée par François Bayrou qui va, petit à petit, prendre ses distances avec les gouvernements successifs du quinquennat.

 

En 2006, le parti, par un vote massif de ses militants, se définit comme "libre". Bayrou se rêve un autre destin que celui d'allié naturel, presque automatique, de la droite. Une troisième voie pour la France. Beaucoup de gens vont y croire, et il n'est pas loin de gagner son pari. Lors de la présidentielle de 2007, il réalise un score exceptionnel pour un candidat "tiers", près de 19% des suffrages exprimés. Mais il n'est que troisième. C'est le début de la "refondation". Le Mouvement Démocrate (MoDem) est créé pour porter cet espoir d'une troisième voie à l'occasion des législatives. Il n'en sera rien. Le mode de scrutin de ces élections, en cohérence avec l'esprit de la Cinquième République, encourage cette bipolarisation de la vie politique que rejette Bayrou. Dans 86% des cas, les députés seront UMP et soutiendront le nouveau président Sarkozy, ou PS et constitueront la force principale d'opposition. Des implantations locales particulières ou bien des accords électoraux permettent à d'autres forces de rejoindre le nouvel hémicycle. Le groupe UDF n'existe plus.

 

Le MoDem ayant rompu avec l'UMP, les accords électoraux ne sont plus de mise. Les rangs des fidèles à François Bayrou sont décimés. Dans le Rhône, Anne-Marie Comparini (qui m'a accordé plusieurs entretiens dont je publierai prochainement un recueil sur le blog) est battue, son siège revient à l'UMP Michel Havard. Le troisième homme de mai n'a plus que trois députés en juin... Malgré l'aura dont il disposait après la présidentielle, il vient de perdre une grande partie de sa capacité à peser sur la vie politique des cinq années à venir. Cette situation, d'autres au sein de l'UDF l'avaient anticipée. Pour eux, la stratégie de François Bayrou conduira l'UDF à l'isolement, à l'impuissance. La meilleure façon de peser, de faire avancer ses idées, dans cette Cinquième république qui écrase les petits, c'est encore l'alliance.

 

Le Nouveau Centre est créé et rejoint la majorité présidentielle. Hervé Morin, lieutenant de Bayrou durant la campagne présidentielle, en est l'un des membres fondateurs. André Santini aussi. Tous deux entrent au gouvernement. Morin est ministre de la Défense, Santini a la charge de la Fonction publique. Les années passent. La majorité présidentielle est solide. L'UMP domine largement le partenariat mais le Nouveau Centre est respecté et a le sentiment de faire entendre sa voix. Arrive la présidentielle de 2012... Contre une bonne partie des cadres du Nouveau Centre, son président Hervé Morin annonce sa candidature. Les sondages sont calamiteux. André Santini et d'autres personnalités majeures du parti publient une tribune dans le Figaro dans laquelle ils annoncent clairement que leur candidat, c'est Nicolas Sarkozy.

 

J'ai rédigé l'interview qui suit le 26 janvier, deux jours après la publication de cette tribune. Monsieur Santini m'a envoyé sa réponse le 27 février. Entre temps, Nicolas Sarkozy a déclaré sa candidature, Hervé Morin a retiré la sienne et annoncé son soutien au président sortant. Lequel a repris dans l'un de ses premiers discours un thème cher aux centristes : l'introductions d'une dose de proportionnelle pour les élections législatives. Un grand merci à Monsieur Santini pour les réponses qu'il a bien voulu me faire parvenir, je lui en suis très reconnaissant, et j'ai été sensible à ce geste. Une exclusivité Paroles d'Actu. Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

ANDRE SANTINI

Député-Maire d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)
Vice-président du Nouveau Centre

 

"Mon soutien au Président de

 

la République est clair"

 

(Photo fournie par Monsieur André Santini)

 

 

Q : 26/01/12

R : 27/02/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Vous avez cosigné, avec plusieurs députés du Nouveau Centre, une tribune dans laquelle vous dites clairement faire "le choix de l'unité et du rassemblement" derrière Nicolas Sarkozy. Notamment pour éviter, comme en 2002, "de voir (...) les Français privés de leur choix".

 

Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ? Pourquoi doit-il remporter l'élection présidentielle au mois de mai prochain, d'après vous ?

 

André Santini : Le Président de la République a prouvé ces 5 dernières années qu'il a les capacités et la stature d'un chef d'Etat. D'une part, il a su conduire avec fermeté des réformes difficiles mais indispensables. Je pense notamment aux réformes des retraites, des universités, ou de la carte militaire... Autant de réformes qui étaient toujours remises au lendemain par les gouvernements précédents, et dont personne aujourd'hui ne remet en cause le bien-fondé.

  

D'autre part, Nicolas Sarkozy a maintenu la puissance française et l'équilibre européen, en traversant toutes les crises économiques et politiques. La crise en Géorgie, en Libye ou les « subprimes »... Il était essentiel que nous ayons un Président déterminé dans ces situations difficiles, où notre pays a pleinement consolidé son rang d'acteur international majeur.

 

La seconde crise financière n'est pas encore finie et des réformes doivent encore être conduites. Il me paraît donc imprudent de vouloir remplacer le chef de l'Etat, de ne pas assurer la continuité du travail entrepris pour que notre pays renoue rapidement avec la croissance et l'emploi. Les Français le savent, et je crois qu'ils ne prendront pas le risque d'une aggravation de la situation.

 

 

PdA : La candidature de M. Hervé Morin peine à décoller. Doit-il la retirer ? Regrettez-vous la non-candidature de Jean-Louis Borloo ? Comment comptez-vous, au Nouveau Centre, faire entendre votre voix et votre différence en renonçant à la présidentielle, élection ô combien centrale dans le paysage politique français ?

 

André Santini : Hervé Morin a enfin retrouvé la lucidité et a retiré sa candidature, c'est une bonne chose, la majorité des élus et militants du Nouveau Centre le réclamaient depuis longtemps, je regrette que nous n'ayons pas été entendus plus tôt.

  

Cette candidature solitaire et égoïste, décidée sans l'accord du Nouveau Centre, a menacé l'existence de notre parti, mis en difficulté nos élus et, au final, porté préjudice à nos idées en affaiblissant le poids politique et la crédibilité qui nous permettent de les défendre et les valoriser au sein de la majorité présidentielle.

 

 

PdA : Vous le dites dans votre tribune, le pouvoir actuel semble avoir repris pour son compte des questions chères aux centristes depuis longtemps, comme la maîtrise des déficits ou le renforcement de l'intégration européenne. Sur ces questions, et sur d'autres, quelles avancées, quels engagements exigerez-vous pour maintenir votre soutien à M. Sarkozy ? (Je pense notamment à votre souhait d'introduire "la proportionnelle" : cela ne fait pas à ma connaissance partie ni de la philosophie, ni du projet de l'UMP, comment comptez-vous "pousser" cette question en particulier ?)

 

André Santini : Évidemment que nos idées sont reprises, puisqu'elles sont justes et pragmatiques ! Depuis 30 ans, les Centristes ont souvent eu raison, en particulier sur la dette, mais on nous a toujours écouté trop tard. Nicolas Sarkozy est le premier a avoir compris que nous n'étions pas des Cassandre illuminées ! Les Centristes sont des gens réalistes qui refusent la facilité de l'idéologie et de la démagogie.

 

Concernant la proportionnelle, je me réjouis de l'annonce du candidat Nicolas Sarkozy lors du discours de Marseille. En effet, l'introduction d'une dose de proportionnelle aux élections législatives permettrait à l'Assemblée nationale d'assurer une meilleure représentation des différents courants de pensée qui existent dans notre pays.

 

 

PdA : Vous avez choisi, avec Hervé Morin et d'autres personnalités, de rester résolument dans la majorité pour affirmer votre différence mais aussi pouvoir peser dans ses choix. Avez-vous eu le sentiment de réellement peser au cours de la présente législature ? Quel regard portez-vous sur le parcours de votre ancien camarade François Bayrou qui, après son score remarquable de 2007, ne sera sans doute pas très éloigné de la qualification pour le second tour ?

 

André Santini : Les Centristes ne sont pas aujourd'hui en capacité d'agir seuls. Même au temps de l'UDF, nous avons toujours refusé une position d'isolement. Grâce aux Nouveau Centre, la voix centriste a été présente dans nos institutions ces 5 dernières années. A l'Assemblée nationale, mais aussi au Sénat ou dans les Conseils régionaux, et nous avons gagné des élus à toutes les élections intermédiaires.

 

Comme en 2007, la démarche de François Bayrou est vaine et stérile. Privé de la force centriste qu'il avait à ses côtés à la précédente élection présidentielle, il ne sera pas cette fois-ci le 3ème homme mais un petit candidat parmi tant d'autres.

 

 

PdA : Justement... question piège ! Hypothèse peu probable, mais intéressante. Imaginons que le second tour (pour une raison que, je vous l'accorde, je peine à visualiser) se joue entre Nicolas Sarkozy et François Bayrou. Que faites-vous dans ce cas ?

 

André Santini : La fiction politique est quand même limitée par le principe de réalité ! Voulez-vous aussi me demander qui je soutiendrais dans un second tour Eva Joly / Nicolas Dupont-Aignan ?

 

Mon soutien au Président de la République est clair, nous devons lui donner les moyens de poursuivre le travail entrepris, d'autant qu'il ne pourra pas prétendre à un 3ème mandat en vertu de la réforme constitutionnelle. Il pourra donc agir pleinement sans qu'on l'accuse de penser à sa réélection en 2017.

 

 

PdA : Vous avez dirigé plusieurs partis, plusieurs collectivités territoriales. Vous avez été ministre trois fois et êtes député de la République depuis plus de vingt ans. Vous êtes sympathique, populaire, indépendant d'esprit. Vous maîtrisez à merveille l'art des bons mots. N'avez-vous jamais souhaité briguer vous-même la présidence de la République ? Cette perspective vous séduit-elle, ou pas du tout ?

 

André Santini : Je connais mes propres limites et cela n'a jamais fait partie de mes objectifs. Je suis un homme de terrain, j'aime être auprès des gens au quotidien et je suis un bâtisseur. La gestion d'un État requière d'autres qualités et isole. Je préfère me consacrer entièrement à un petit territoire et avancer avec ses habitants vers le mieux-vivre. C'est peut-être mon âme corse...

 

 

PdA : J'ai un peu débordé sur le nombre de questions... j'en suis désolé... Celle-ci, je vous le promets, est la dernière. De ce questionnaire en tout cas. Et, en fait, elle n'en est pas vraiment une, puisque c'est une carte blanche : pour que vous complétiez cet entretien par ce que vous désirez. Un message, une anecdote, un bon mot ? …

 

André Santini : Vous savez, le bon mot c'est comme les truffes, c'est parce qu'ils sont rares qu'ils ont de la valeur. Le devoir de l'homme politique c'est aussi faire en sorte que les Français gardent le sourire, c'est pour cela que nous travaillons. Je le dis solennellement : je préfère que mes concitoyens meurent de rire plutôt que de faim ou de froid ! Cela résume assez bien mon action, tout faire pour améliorer la vie de mes administrés sans pour autant me prendre trop au sérieux.

 

 

 

Encore une fois, un grand merci à Monsieur Santini pour la générosité dont il a fait preuve en acceptant de répondre à mon questionnaire et en me faisant parvenir une photo pour l'illustrer, comme je le lui avais demandé ! Phil Defer

 

 

 

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Le site de campagne de Nicolas Sarkozy

 

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Modification de la présentation de l'article le 26 juin 2012

 

Times New Roman > Georgia : 01/10/12

19 juillet 2012

Camille Bedin : "Une opposition crédible et constructive"

Alors que le nouveau Parlement détricote une bonne partie des mesures fiscales phares de l'ère Sarkozy, l'UMP "orpheline" tente de faire front uni. Dans l'opposition pour la première fois depuis sa création, il y a dix ans, le parti sait qu'il devra, avant d'espérer reconquérir le pays, se remettre en ordre de bataille. Autour d'un projet. Derrière un chef. L'ancien Premier ministre François Fillon a annoncé qu'il briguera à l'automne prochain la présidence de l'UMP. Son chef actuel, Jean-François Copé, sera sans doute lui aussi candidat. Deux styles, à défaut d'incarner des chemins réellement différents. J'ai souhaité, à l'occasion de cette réorganisation de la droite, donner la parole à plusieurs jeunes membres du parti. Après Benjamin Lancar, président des Jeunes Populaires, voici les réponses qu'a accepté de me communiquer Camille Bedin, la secrétaire nationale de l'UMP en charge de l'égalité des chances. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

CAMILLE BEDIN

Secrétaire nationale de l'UMP en charge de l'égalité des chances

 

"Une opposition crédible et constructive"

 

(Photo fournie par Camille Bedin)

 

 

Q : 17/07/12

R : 19/07/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ?

 

Camille Bedin : Secrétaire nationale de l’UMP en charge de l’égalité des chances, 27 ans, de Nanterre, je suis avant tout responsable associative, et engagée dans les quartiers pour permettre aux jeunes de réaliser leurs ambitions.

 

J’ai publié en février dernier un livre chez Plon, Pourquoi les banlieues sont de droite.

 

Je me bats aujourd’hui à l’UMP pour que notre génération, la « Génération Sarkozy », poursuive le travail des réformes accomplies et parte à la conquête des territoires.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

 

C.B. Quelques mots : volontarisme, réforme, détermination, courage. Si nous ne continuons pas les réformes entreprises (pour l’école, la formation, la compétitivité, les retraites,…), nous courrons droit dans le mur et c’est notre génération qui paiera.

 

 

PdA : Comment avez-vous vécu sa défaite du 6 mai, et comment l'expliquez-vous ? Quelles leçons tirez-vous de ces échecs électoraux de 2012 ?

 

C.B. : Tristesse, émotion. Une défaite en grande partie due à la situation économique et internationale très difficile et au rejet de la politique (2 millions d’abstentionnistes).

 

Nous sommes la Génération Sarkozy. C’est lui qui a guidé une grande partie de l’engagement des jeunes de ma génération. À nous de faire de ce tournant un rebond ! (voir ma tribune dans le Figaro du 5 juillet)

 

 

PdA : Avec le recul, avez-vous des regrets par rapport à cette campagne ? Certaines choses auraient-elles dû être faites différemment ? Avez-vous toujours été totalement à l'aise avec la campagne menée ?

 

C.B.Oui, très à l’aise ! C’était une formidable campagne. Et le score est très important dans le contexte de crise actuel. Aucun regret ! et je ne me reconnaîtrai jamais dans ceux qui n’assument pas l’action à laquelle ils ont eux-mêmes participé.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui vous révolte, vous donne envie d'agir dans le monde d'aujourd'hui ?

 

C.B.L’inégalité des chances : le fait que les jeunes, selon l’endroit d’où ils viennent, où ils ont grandi, leur milieu social, etc… n’ont pas les mêmes chances de réussir selon leur travail. Seul le travail devrait compter et non l’origine sociale ! Et il y a tellement de jeunes qui le méritent !

 

 

PdA : Que vous inspire la situation de notre pays ?

 

C.B. : De la crainte, au regard des mesures socialistes. De l'espoir pour notre génération si nous nous prenons en main et si nous rebâtissons notre modèle économique, social, et notre vivre-ensemble.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les débuts du président Hollande, de l'assemblée rose et du gouvernement Ayrault ? J'imagine que votre réponse ne sera pas totalement favorable, mais y'a-t-il au moins des points sur lesquels vous considérez qu'"à la limite", de bonnes choses sont réalisées ou en passe de l'être ?

 

C.B.Ils m’inspirent le retour en arrière et l’inquiétude. Aucune réforme structurelle, aucune restriction des dépenses, que des hausses d’impôts. Ce sont toujours les mêmes qui vont payer : ceux qui galèrent, ceux qui travaillent, ceux qui cherchent à travailler.

 

 

PdA : Après la défaite, et avant la reconquête... la réorganisation. Celle d'un appareil, et celle des idées. Qui aimeriez-vous voir élu(e) à la tête de l'UMP à l'automne prochain, et pourquoi ?

 

C.B.Jean-François Copé, parce que c’est un militant, un battant et un vrai leader capable de s’engager corps et âme pour sa famille politique et ses convictions. (voir l'article sur mon blog)

 

 

PdA : Quelle doit être, de votre point de vue, la "ligne politique" de l'UMP des cinq années à venir ?

 

C.B. : Une opposition crédible et constructive, une force de propositions, fière de ses valeurs, ancrée dans ses territoires.

 

 

PdA : Jusqu'où, et sur la base de quels piliers programmatiques la majorité bleue de demain aura-t-elle vocation à s'étendre ? Quid d'un hypothétique rapprochement avec le Front national ?

 

C.B. : Pas d’alliance avec le FN ! Pas d’appel non plus, lors de triangulaires, à voter pour la gauche alliée à l’extrême gauche. Une UMP forte, une droite forte.

 

 

PdA : Existe-t-il des sujets, de société notamment, sur lesquels vous souhaiteriez, à titre personnel, voir notre pays "bouger" peut-être un peu plus vite que ne le désirerait votre parti, qui reste essentiellement "conservateur" ? Des thèmes qui pour x ou y raison vous tiendraient à cœur alors qu'ils ne seraient pas prioritaires pour votre parti, voire pas opportuns du tout ?

 

C.B. : L’éducation.

 

La droite peut être, je crois, profondément réformiste, voire révolutionnaire sur ce sujet, mais elle doit l’expliquer, l’approfondir, en débattre. C’est un sujet d’avenir majeur. Sans une école qui fonctionne, on peut faire toutes les réformes du monde, la France n’ira pas mieux.

 

 

 

Merci encore à Camille Bedin pour ses réponses ! Phil Defer

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

10 septembre 2012

Alain de Greef : "Canal ? J'envisage de me désabonner"

« Il avait une qualité de contact avec les gens qui était formidable (...) Il fait partie de la trentaine de personnes extraordinaires que j'ai côtoyées à Canal+. » C'est en ces termes qu'Alain de Greef a rendu hommage à Jean-Luc Delarue après la disparition de l'icône du PAF. Quelques heures avant l'annonce de ce triste évènement, survenu dans la nuit du 23 au 24 août, j'avais contacté M. De Greef pour lui proposer de lui poser quelques questions. L'ancien directeur des programmes de la chaîne cryptée m'a fait parvenir, très rapidement, son accord de principe. L'échange s'est réalisé dans la foulée.

 

La retraite ? Canal ? La télé d'aujourd'hui ? Celui qui fut, aux côtés de Pierre Lescure, l'un des piliers historiques de la 4 jusqu'à la page Vivendi se livre en toute liberté et sans langue de bois. La parole à un jeune retraité. À une voix qui compte dans l'univers de la télé... La parole à un pionnier... Merci infiniment, cher Monsieur de Greef, merci d'avoir accepté, avec bienveillance et générosité, mon invitation... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer  EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

ALAIN DE GREEF

Directeur des programmes de Canal+ (1986-2000)

 

« Canal ? J'envisage de me désabonner »

 

Alain de Greef

(Photo fournie par M. Alain de Greef)

 

Q. : 24/08/12 ; R : 03/09/12

  

Paroles d'Actu : Comment allez-vous, Alain de Greef ? Que devenez-vous ?

 

Alain de Greef : Très bien ! Comme un retraité qui en ce moment précis se la coule douce dans la chaleur provençale…

 

PdA : Sans faire dans la nostalgie (je ne pense pas que vous soyez homme à vivre dans le passé), quel regard portez-vous sur vos années Canal ?

 

A.d.G. : Sans doute la plus belle période de ma vie, même si je ne crache pas sur mes années ORTF, puis Antenne 2, qui ont été formidablement formatrices.

 

PdA : De quoi êtes-vous le plus fier s'agissant du temps - de 1986 à 2000 - où vous avez été en charge des programmes de Canal + ? Qu'est-ce qui guidait vos choix ?

 

A.d.G. : Je pense que ma première fierté fut, en 1984, deux ans avant de devenir patron des programmes, d’avoir inventé la multidiffusion des films, au contraire des rediffusions sans fin qui étaient le lot des chaînes à péage américaines qu’on me demandait de prendre pour modèle. Puis, bien sûr, Les Nuls, même si je n’y étais pas pour grand chose, si ce n’est de les avoir réunis. Nulle Part Ailleurs, parce que c’était beaucoup plus qu’une émission. Les Guignols, parce que, 25 ans plus tard, c’est toujours unique dans le Paf. Le Vrai Journal, parce que la bonhomie de Karl Zéro a permis à des reportages pointus d’être vus par dix fois plus de monde que les actuelles émissions politiques sur Canal+. Et encore tous ces gens exceptionnels avec lesquels j’ai bossé pendant quinze ans…

 

PdA : On a beaucoup entendu parler, sous Pierre Lescure et Alain de Greef, de l'"esprit Canal". A-t-il jamais réellement existé ? Si oui, il est mort depuis longtemps, non ?

 

A.d.G. : Ce n’est pas nous qui en parlions, mais les gens qui regardaient et trouvaient que cette télé n’était pas comme les autres. En tous cas c’était une question de personnes et nous sommes presque tous partis. Restent Groland, Les Guignols et Le Zapping

 

PdA : Vous regardez toujours Canal, aujourd'hui ? Quels sont, en tant qu'ancien directeur des programmes, mais aussi en tant que téléspectateur (abonné ?), les programmes de la chaîne que vous applaudissez ? Ceux que vous n'auriez pas validés ?

 

A.d.G. : Je regarde très peu en fait, juste Le Zapping et Les Guignols, quelques films, de moins en moins de foot, je regarde surtout L’Équipe du dimanche, malgré son présentateur souvent lourdingue. Je regarderai ce qui se passera dans les prochains mois, mais j’envisage de me désabonner de cette chaîne qui ne donne plus grand chose à mettre sous la dent de mes goûts marginaux…

 

PdA : Question liée. Quels sont, toutes chaînes confondues, les programmes qui trouvent grâce à vos yeux ? Je pense notamment aux chaînes étrangères. Vous les regardez ? Que peut-on en apprendre ? 

 

A.d.G. : Je regarde assez peu la télé. Mes principaux centres d’intérêt sont le jazz et je suis abonné aux deux canaux de Mezzo, la comédie pas trop beauf et là, faut faire le tri. Et enfin, surtout les émissions consacrées aux arts plastiques, au patrimoine, à la création, donc plutôt sur le service public, Arte compris. Je ne regarde que très peu les chaînes étrangères…

 

PdA : Vous avez écrit en 2005 Vous regardez trop la publicité (Flammarion), un livre très critique sur le Paf de l'époque, visant surtout la course à l’Audimat et aux annonceurs, au détriment parfois de la qualité des programmes. Les choses ont-elles changé ? 

 

A.d.G. : Je crois que c’est pire ! Il y avait dans ce livre l’idée de supprimer la pub sur le service public. Sarkozy l’a fait, mais sans fixer de nouveaux objectifs à ces chaînes. Surtout, sans reprendre mon idée principale, qui était de privatiser la 2 pour pouvoir financer France Télé sans pub et faire baisser la part de marché exorbitante des chaînes privées. Aujourd’hui, personne ne sait comment France Télé se financera dans les années à venir, et personne ne veut augmenter la redevance !

 

PdA : Que vous inspire la télé d'aujourd'hui ?

 

A.d.G. : Sur la télé d’aujourd’hui, je crois qu’il y a deux choses bien distinctes. Les gens qui ne reçoivent que la TNT et qui ont un choix indigent de chaînes qui diffusent presque toutes les mêmes choses, à quelques années de distance, hors le service public. Et puis ceux qui peuvent vraiment se composer un programme en ayant accès à un bouquet fourni, tel CanalSat.

 

PdA : Les Qataris, en pleine frénésie d'achats parisiens en ce moment, ont remporté avec Al Jazeera une victoire contre Canal dans le domaine des droits du foot. C'est inquiétant, pour la chaîne cryptée, et peut-être à terme pour le cinéma français ? L'argent n'a-t-il pas pris trop d'importance dans la balance des décisions d'attribution ?

 

A.d.G. : Nous vivons dans un monde libéral et il faut en accepter les règles, ou alors changer d’univers ! L’argent a longtemps été le moteur du succès de Canal +, notamment contre TPS. Aujourd’hui, Canal + serait plutôt la vitrine luxueuse de CanalSat, qui n’est pas près du gouffre, loin de là !  

 

PdA : Imaginons que le patron d'une chaîne naissante vous appelle demain pour vous proposer la direction de ses programmes, avec les mains totalement libres. C'est une offre que vous pourriez accepter ? À quoi ressemblerait votre grille ?

 

A.d.G. : Je n’ai vraiment plus la volonté de travailler, il y a des jeunes gens qui feraient ça mieux que moi. Ma devise depuis le précédent président est : « Travailler moins pour vivre mieux ! ». Je vis mieux…

 

PdA : Avez-vous en tête des concepts d'émissions dont vous rêvez, ou bien d'ex-projets avortés pour x ou y raison mais qui vous tenaient à coeur ? Vous aimeriez nous en parler ?

 

A.d.G. : Malheureusement non ! J’aurais aimé trouver le cadre nécessaire pour avoir des émissions qui parlent de jazz ou d’art plastique de manière populaire, mais je n’ai pas trouvé. J’ai bien deux trois idées pour d’autres types de programmes, mais c’est une question à plusieurs millions d’euros… ;-)

 

PdA : Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui croirait, justement, avoir en tête un concept révolutionnaire mais ne saurait comment s'y prendre ? Comment les choses se passaient-elles, lorsque vous étiez le patron des programmes ? 

 

A.d.G. : Pour ce qui me concerne, nous inventions nos émissions de flux avec mon équipe. Nous avions peu recours à d’autres. Mais si l’idée était lumineuse, nous pouvions partir au quart de tour. Par exemple, quand Hervé Chabalier de Capa m’a proposé le magazine 24 heures, je lui ai tout de suite dit « Ok ! ». Trois jours plus tard, je discutais le devis une petite heure avec lui. Plus de tournages en France, moins à l’étranger, donc moins cher et plus attractif (les Français s’intéressent surtout à ce qui se passe chez eux), et hop, nous étions d’accord ! Malheureusement c’était rare !

 

PdA : Votre popularité est aussi due, en grande partie, à votre marionnette mythique des Guignols. J'ai le souvenir d'un sketch très drôle concernant, justement, l'humour et le CSA (le sérieux de ce blog m'interdit de retranscrire la phrase que répétait votre personnage... lol) J'ai aussi en tête une saison où, en plein Festival de Cannes, votre fêtard de Guignol faisait tout pour éviter Pierre Lescure, terrorisé par ses questions sur les programmes de l'année suivante. C'était vraiment un calvaire, de décider de la grille de rentrée ? Vous l'aimiez bien, votre marionnette ?

 

A.d.G. : La grille de rentrée n’était pas un calvaire, bien au contraire. Mais oui, j’aimais bien cette marionnette, qui était plus que sympathique à mon égard !

 

PdA : Les Guignols vous font-ils toujours autant rire ?

 

A.d.G. : Je regarde les Guignols presque tous les soirs, et avec le même plaisir depuis le début. Même si je suis bien placé pour savoir qu’on n’est pas Molière tous les jours, je trouve les auteurs très pertinents.

 

PdA : Un élément connu de votre vie : vous aimez la musique (pas seulement The Rhythm of the Night de Corona) et le cinéma. Quel est votre top 5 dans ces deux domaines, ce que vous aimeriez que nos lecteurs découvrent ou redécouvrent ?

 

A.d.G. : Top 5 en musique... C’est trop peu pour quelqu’un qui, comme moi, écoute du jazz à longueur de journée, mais bon allons-y :

Top 5 des albums de ces derniers mois (ceux qui n’aiment pas le jazz instrumental circulez, y a rien à voir !)

- The Well, Tord Gustavsen.

- Knee-Deep In The North Sea, Portico Quartet.

- 301, Esbjörn Svensson Trio.

- The Art of Dreaming, Jacques Schwarz-Bart Quartet.

- Accelerando, Vijay Iyer Trio.

 

Pour le Top 5 du cinéma, j’aime autant montrer une liste de cinq films anciens que j’aime plutôt que des films de l’année, ce qui aurait un caractère promotionnel… Sans aucun ordre de préférence, et sachant que demain ma liste serait différente :

- La Dame de Shangaï, Orson Welles.

- All That Jazz, Bob Fosse.

- Philadelphia Story, George Cukor.

- L’homme qui tua Liberty Valance, John Ford.

- Lost in translation, Sofia Coppolla.

 

PdA : Quels sont, aujourd'hui, vos rêves ? Vos projets ?

 

A.d.G. : Vivre au soleil l’hiver, comme souvent les retraités !

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter ?

 

A.d.G. : Une santé d’enfer !

 

PdA : Souhaiteriez-vous adresser un message à nos lecteurs ? À quelqu'un en particulier ?

 

A.d.G. : Ma devise, « Travailler moins pour vivre mieux ».

 

PdA : La dernière question. En fait, une tribune libre, pour vous permettre de conclure l'interview. Comme vous le souhaitez. Vous êtes... libre ! Merci infiniment...

 

A.d.G. : Je suis profondément choqué par ce qui s’est passé en Tunisie, en Libye et en Egypte, et qui risque de se transmettre à l’ensemble des pays musulmans. Une révolution menée par des élites qui met à bas une dictature sanguinaire, suivie d’un suffrage universel où une majorité d’analphabètes s’expriment pour mettre au pouvoir une dictature religieuse non moins sanguinaire. Mais je suis également choqué de voir dans nos contrées les affrontements politiciens se passer à un niveau d’une bassesse révoltante. Donc, je suis pour la modération du suffrage universel par l’instauration d’un permis de voter. Il reposerait sur une connaissance correcte des institutions pour lesquelles on vote, avec une brève dissertation sur la démocratie qui permettrait de juger de la qualité d’expression, orthographe et grammaire compris, de l’aspirant citoyen…

 

 

La « santé d'enfer », je vous la souhaite de tout coeur, cher Alain de Greef ! Merci encore ! Phil Defer. Un commentaire ?

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12. Présentation remaniée : 04/11/13.

17 février 2013

Samuel Grzybowski : "D'abord se parler..."

À la mi-janvier, j'ai proposé à Samuel Grzybowski de l'interviewer pour Paroles d'Actu. Il m'a donné son accord, avec enthousiasme. Mes questions, qui lui ont été transmises le 20 janvier, portent sur l'objet, l'organisation et les activités de l'association Coexister, qu'il a fondée et qu'il préside. Sur le grand "tour" interreligieux qu'il entreprendra bientôt. Sur l'Église, celle de Vatican II, celle de demain. Fervent Catholique, Samuel Grzybowski plaide inlassablement pour que dialogues et échanges s'établissent entre les différentes religions. Un véritable sacerdoce. Peu après l'envoi de mes questions, une décision vécue comme "injuste, incohérente et scandaleuse" est intervenue. Une décision relayée par la presse : l'association Coexister perd son statut d'intérêt général. Un nouvel obstacle qui n'entamera pas la détermination sans faille de ce jeune homme d'à peine 21 ans...

 

Ses réponses, Samuel Grzybowski me les a transmises oralement, le 10 février (j'ai souhaité retranscrire l'enregistrement en en conservant la spontanéité). Quelques heures plus tard, une nouvelle est annoncée, elle fera réagir bien au-delà des frontières du monde catholique : le pape Benoît XVI renonce à sa charge, estimant qu'étant donné l'avancement de son âge, ses forces ne lui permettent plus de l'assumer convenablement. Une décision sage, empreinte de lucidité et d'humilité venant d'un homme, Joseph Ratzinger, qui a eu le courage de reconnaître, tout pape qu'il était, qu'il était humainement faillible. Samuel Grzybowski a accepté de me confier sa réaction (17 février), en marge de notre entretien : "Je suis particulièrement admiratif de cette décision. Sa capacité a surprendre révèle la force d'une Église éternellement jeune, toujours renouvelée !" Voilà pour l'actualité. Place à Samuel Grzybowski, 21 ans à peine. Place à demain, un demain résolument optimiste quant à une coexistence pacifique des Hommes... Merci ! Bonne lecture. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

SAMUEL GRZYBOWSKI

Président-fondateur de l'association Coexister

 

"D'abord se parler..."

 

Samuel Grzybowski

(Photo fournies par Samuel Grzybowski)

 

 

Q : 20/01/13

R : 10/02/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Samuel Grzybowski. Avant d'aller plus avant, qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent à votre propos ? Quelle place la foi tient-elle dans votre vie ?

 

Samuel Grzybowski : Je suis étudiant en double licence Science Politique - Histoire politique à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Cela fait trois ans que j'étudie au sein de cette université, je suis en troisième année de licence.

 

Je suis également et surtout le président et fondateur de Coexister, le mouvement interreligieux des jeunes dans lequel je me suis engagé il y a maintenant quatre ans et dans lequel je crois discerner une part importante de ma vocation.

 

La foi tient une place fondamentale dans mon existence. C'est en m'engageant que je donne corps, que je donne cohérence à cette foi.

 

 

PdA : Vous êtes le président de l'association Coexister, que vous avez créée en 2009. Racontez-nous ce cheminement personnel qui vous a conduit à vous engager ainsi, pour cette cause ?

 

S.G. : Mon cheminement, je le décrirais en trois temps.

 

D'abord, l'école primaire dans laquelle j'étais. Sur 300 élèves, 42 nationalités étaient représentées. 7 religions, et trois principales sphères sociales. Des enfants d'ambassadeurs, qui étaient là puisqu'il y avait un internat pour les jeunes d'écoles primaires. Des enfants placés par la DDASS. Des enfants de la petite bourgeoisie du 15è, dont j'étais issu. Dans cet établissement, les jeunes de toutes sensibilités, de toutes religions, de toutes cultures coexistaient de façon pacifique. Du coup, j'ai eu la chance de pouvoir banaliser, dans le bon sens du terme, la diversité dès mon plus jeune âge comme quelque chose de constructif et de favorable à l'épanouissement. J'avais créé un club des cinq dans lequel il y avait deux Asiatiques, un Arabe et deux Occidentaux. Je leur rends hommage encore aujourd'hui, ils m'ont beaucoup apporté pendant cinq ans. On était une bande d'amis inséparables. J'ai pris conscience que les liens se tissaient notamment sur l'importance de la différence.

 

Un deuxième évènement fondateur, c'est le scoutisme. J'ai été scout pendant plus de huit ans. J'ai participé au Jamboree mondial en 2007 à Londres, qui avait lieu pour les cent ans du scoutisme sur les traces du premier camp scout. Celui-ci était sur Brownsea Island, juste en face de Londres, dans la mer, évidemment. Là-bas, j'ai fait une autre rencontre, une autre prise de conscience assez fondamentale. Déjà, que le scoutisme n'était pas chrétien, il était d'abord musulman. Il y a plus de scouts musulmans sur terre que de scouts chrétiens. Et que le scoutisme abritait une diversité phénoménale. On prenait conscience, une fois sur place, qu'il y avait des scouts du monde entier, unis par le foulard, unis par la chemise, unis par des valeurs communes, comme celles de Baden-Powell. Unis par des citations, des phrases affichées en grand au-dessus de la scène principale. Je me souviens de cette phrase, "Essayez de repartir de ce monde un peu plus beau que vous ne l'avez trouvé en arrivant" ou "Soyez le changement que vous voulez voir advenir pour le monde". Et en même temps, au-delà de cette unité très forte, il y avait une très grande diversité. Beaucoup de religions, beaucoup de cultures. Évidemment des milliers d'origines géographiques. 50 000 scouts qui venaient de 195 pays, de mémoire. Quelque chose de colossal. Ce paradoxe entre l'unité et la diversité m'a beaucoup appris. J'ai découvert très tôt que c'est par le caractère irréductible de nos différences que l'unité devient, elle, indestructible. L'unité ne peut pas s'appuyer sur des ressemblances, parce que les ressemblances ont tendance justement, parfois, à oublier la différence comme quelque chose de coercitif. Et à tort, on considère que la différence est inférieure ou subordonnée à la ressemblance. Je pense que c'est un risque, puisque la différence, les identités singulières reviennent souvent sur le devant de la scène. Si l'on n'apprend pas très tôt à les appréhender comme quelque chose de favorable à l'unité, ça pose problème. Très sincèrement, je dirais, de par mon expérience que c'est justement l'irréductibilité de nos différences qui rend indestructible l'unité.

 

Troisième évènement dans ce cheminement, la participation au train de la mémoire. Vers Auschwitz, en novembre 2008. J'ai participé à une expédition hors du commun. 28 heures de train dans un sens, 28 heures de train dans l'autre. Avec deux amies, une amie juive, une amie musulmane. Avec elles, j'ai eu la chance de lire les noms, en plein milieu du camp d'Auschwitz-Birkenau. Cette lecture à trois voix a aussi changé ma vie. C'était juste trois mois avant la création de Coexister. C'est donc en janvier 2009, trois mois plus tard, au moment de l'Opération Plomb durci que je participe à une manifestation contre l'importation du conflit en France. C'est au sein de cette manifestation que je lance un appel, un peu improvisé. Je propose alors aux jeunes de se joindre à moi pour créer une initiative interreligieuse entre jeunes.

 

 

PdA : À quoi la vie de l'association ressemble-t-elle ? Quelles sont ses activités au quotidien ?

 

S.G. : La vie de l'association au quotidien, c'est du travail ! (Rires) D'abord. Du travail, beaucoup de travail, encore du travail. Il y a beaucoup de projets à organiser. Il ne se passe pas des choses tous les jours mais il y a de gros évènements, plusieurs fois par an. Coexister oriente son action autour de cinq domaines :

- le dialogue interreligieux. Comment est-ce qu'on se parle, comment est-ce qu'on se respecte... ;

- la solidarité interreligieuse. Le fait d'agir ensemble avec des personnes de provenances différentes mais avec une destination commune ;

- la sensibilisation interreligieuse. Éveiller les consciences des lycéens, des collégiens, des étudiants... ;

- la formation interreligieuse. Pour donner des outils concrets, des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être ;

- les voyages interreligieux. Pour mettre dans un même "panier de crabes" des jeunes de différentes religions, ensemble, H24, nuit et jour, et les laisser appréhender, apprendre ce que cela implique.

 

Pour mener de front ces cinq domaines d'actions qui sont réalisés par nos dix groupes locaux aujourd'hui, nous avons une équipe nationale avec 37 jeunes actifs dont 10 qui constituent le comité de direction de l'association. Chaque groupe local est dirigé par un comité de pilotage d'au moins 7 jeunes aidé par un service civique volontaire à plein temps. Au niveau national, nous avons 9 temps partiel et un temps plein qui travaillent. Tous ces jeunes qui travaillent participent à donner du corps au mouvement. Je suis frappé au quotiden par ce travail, toujours dans la bonne humeur, parfois l'humour. Certains observateurs qui viennent nous voir disent qu'ils ont l'impression de voir une start-up, c'est-à-dire le contraste entre beaucoup de sérieux, beaucoup de professionalisme et en même temps beaucoup de déconnade. Il y a du café qui traîne, il y a de quoi manger partout... On est vraiment dans une logique de création et de croissance.

 

 

PdA : Quel bilan établissez-vous de la vie de Coexister depuis sa fondation ?

 

S.G. : Il faut laisser les chiffres parler, quatre ans plus tard. On était 11 au départ, on est 300 maintenant. Il n'y avait qu'un seul groupe, on en a 10. On n'avait réalisé qu'un seul projet, on en a réalisé plus d'une cinquantaine. On a rencontré 7000 jeunes. On en a formé 150. Emmené 75 en voyage. Pratiquement 500 jeunes ont participé à des programmes de dialogue. Le budget de l'association est également révélateur, il est passé de 900 à 30.000€ en trois ans. On a un prévisionnel de 100.000 cette année.

 

Au-delà des chiffres, pour moi, le bilan est très positif. On constate que l'avion décolle et qu'il est loin d'avoir atteint sa vitesse de croisière. Surtout, on a le sentiment de répondre à une vraie demande. Coexister n'a rien provoqué pendant trois ans, rien. On n'a fait que répondre à des demandes, à des besoins. Quand on crée un programme de dialogue, c'est parce que sur place, des jeunes ont envie de se rencontrer. Les opérations de solidarité marquent peut-être l'exception dans le sens où c'est vraiment le seul type de projet que l'on initie nous-même. Les 150 sensibilisations réalisées en deux ans ne sont que des réponses à des sollicitations d'établissements. Nous n'avons jamais fait de pub auprès d'un établissement. C'est toujours eux qui viennent nous chercher parce qu'il y a besoin de sensibiliser les jeunes sur place. Nos formations répondent à une demande en interne. Nos voyages également.

 

 

PdA : Vous vous apprêtez à entreprendre un tour du monde interreligieux (InterFaith Tour) visant à encourager des initiatives d'échange et de coopération entre les grandes fois monothéistes. Parlez-nous de cet ambitieux projet ?

 

S.G. : Il ne s'agit pas tout à fait d'encourager les initiatives d'échange et de coopération entre les grandes fois. C'est plutôt aller rencontrer ce qui existe déjà dans le monde. Nous, on pensait qu'on allait galérer comme des oufs pour chercher des initiatives. En fait, le plus difficile n'a pas été de les chercher mais de les choisir. Il y en a partout. Dans tous les pays, dans tous les continents, il se passe des choses interreligieuses. On sent que notre génération a cette double spécificité d'être à la fois engagée sur le terrain du social, l'action sociale - ce sont des projets qui rassemblent, donc le but n'est pas de s'accorder sur nos fois mais d'accorder nos fois sur la paix. Ça, c'est la première spécificité. La deuxième, c'est que ce sont les jeunes qui se munissent souvent de ce dialogue, sous différentes formes. J'en relève trois, de mes observations internationales :

- les sections jeunes de mouvements internationaux d'adultes, très important. Je voudrais rendre hommage, en particulier, à l'International Council of Christians and Jews (ICCJ), qui est en fait l'Amitié judéo-chrétienne mondiale. Sa section Jeunes, le Young Leadership Council, est très active. Elle rassemble des Juifs et Chrétiens du monde entier, une fois par an, dans une ville. D'ailleurs, cette année, c'est plutôt étonnant, c'est à Aix-en-Provence que ces jeunes se rassemblent. Coexister est heureux et fier d'accueillir le bureau de cette Amitié judéo-chrétienne mondiale des jeunes, une semaine en mars pour les préparatifs. Voilà, pour l'actualité.

- les organisations "umbrella" (parapluie). Elles rassemblent des représentants. Les jeunes ne sont pas là en tant qu'eux-mêmes, ils sont là pour représenter des organisations juives, musulmanes, chrétiennes.

- la typologie Coexister. Des jeunes sont là en tant qu'eux-mêmes, qui ne sont pas une section d'un mouvement plus grand. Là où il y a vraiment une vie associative indépendante et autonome. Sur Terre, on en relève seulement deux. Interfaith Youth Core, à Chicago, fondée et dirigée par Eboo Patel, un Musulman américain très connu. Et Coexister, en France.

 

Le projet va durer 12 mois. Nous partons vers l'est. Nous nous arrêterons un mois dans chacun des pays suivants : Israël-Palestine, Turquie, Inde, Malaisie, États-Unis. Nous ferons des road-trips de deux mois en Europe, un mois en Afrique, un mois en péninsule indochinoise, un mois en Amérique du sud. Nous finirons ce tour, après dix mois de globetrotting, par deux mois de tour de France. Le programme est déjà prêt. Si vous voulez nous inviter chez vous, c'est avec grand plaisir, partout où vous êtes, partout où on nous le demande. Nous allons passer à peu près une demi-journée ou un jour par département en France. Nous ferons tous les départements. Donc, n'hésitez pas à nous prévenir et nous dire que vous êtes intéressé, que vous soyez une collectivité territoriale, une association, une entreprise, un établissement scolaire...

 

 

PdA : Quels sont, d'après vous, les obstacles majeurs à l'harmonie interreligieuse à travers le monde ? Ces troubles trouvent-ils essentiellement leur origine dans une incompréhension de la foi d'autrui, d'ailleurs ? Les religions ne sont-elles pas, souvent, instrumentalisées par quelques excités extrémistes, utilisées à dessein, sans scrupule et sur le terreau de problèmes politiques, économiques, sociaux, identitaires pour imposer leurs idées ?

 

S.G. : La réponse est dans la question : c'est évident que oui. Les problèmes sont souvent liés, dans leur immense majorité, à des problèmes politiques, sociaux, économiques.

 

Les obstacles, on les connaît. J'en relève deux, en fait :

- le premier obstacle regroupe, à mon avis, tous les autres. C'est celui de vouloir imposer son identité à l'autre parce que c'est la bonne, c'est la vérité, le droit chemin... ;

- le deuxième écueil, tout aussi dangereux à mon avis, c'est celui de vouloir se dissoudre dans l'autre. C'est un peu la mode actuelle... On entend beaucoup dire que la différence est un problème... Comme si la ressemblance était plus élevée que tout. Je ne suis pas d'accord avec cette conception. Je pense que la différence a une place noble dans les relations entre les gens. Qu'il faut respecter cette place, justement pour respecter les identités singulières et dépasser cette logique selon laquelle seule la ressemblance rassemblerait. La différence rassemble, il faut qu'on arrête de vivre ensemble "malgré" les différences. Il faut vivre ensemble "grâce" aux différences." La différence est coercitive quand on décide de l'appréhender ainsi.

 

Le terrain politique, économique, social, c'est évident. On fait toujours ce rapprochement entre la carte de la liberté religieuse sur Terre. On voit une coïncidence entre les zones rouges de l'absence de liberté religieuse qui correspondent aux zones vertes, où l'Islam est le plus dense. Le problème, c'est que cette carte coïncide avec une autre carte, qui est la véritable cause du problème. Celui-ci n'a rien à voir avec l'Islam. Cette carte coïncide avec le taux d'éducation. Les zones rouges de la carte des libertés religieuses correspondent à celles du manque d'éducation. D'ailleurs, certains pays hautement musulmans, pour ne pas dire les premiers pays musulmans - un Musulman sur deux est asiatique - sont des pays où la liberté religieuse est totalement respectée. Mais le niveau d'éducation y est plus haut. Je pense notamment à l'Indonésie. Voilà, tout simplement, l'explication est là.

 

 

PdA : Quelles sont les petites et les grandes actions qui, d'après vous, devraient être entreprises par les différents acteurs concernés pour apaiser les tensions interreligieuses ?

 

S.G. : D'abord se connaître. Se dire bonjour. On a tous des voisins de différentes religions maintenant, un peu partout sur Terre. Il faut leur parler. Il faut les inviter à boire le thé. Je voudrais saluer cette initiative incroyable des Musulmans de Norvège. Ils ont invité l'ensemble de leurs concitoyens, un jour. Chacun, chaque famille musulmane a ouvert les portes de son domicile pour inviter les familles norvégiennes à boire le thé. Je pense que c'est ce genre d'initiatives qui favorisent incroyabement la paix entre les individus. Il faut commencer par là, et ensuite, pourquoi pas, aller plus loin. Mais d'abord, se parler, ça, c'est une initiative de taille abordable.

 

 

PdA : Les dialogues œcuméniques et interreligieux ont été largement encouragés à l'occasion du Concile Vatican II, à partir duquel les messes en langue locale ont supplanté celles, traditionnelles, en latin. Sur d'autres sujets tels le contrôle des naissances, Paul VI et la curie ont choisi le statu quo. Cinquante ans après, quel est l'héritage de Vatican II ?

 

S.G. : Oulà, là, on touche à un autre domaine ! Je ne suis pas sûr d'être habilité à m'exprimer sur la question. Je voudrais juste citer ce passage du Concile Vatican II, que je trouve incroyable... Sur les différentes religions, l'Église rappelle qu'elle exhorte les croyants à faire grandir, mûrir les valeurs spirituelles, morales, sociales, culturelles qui se trouvent chez les croyants d'une autre religion. C'est quelque chose de très fort. L'Église ne se contente pas de dire, "Vivez ensemble parce que c'est important", elle dit aux Chrétiens, "Permettez aux autres religions de s'exprimer, de grandir en humanité". Et ça c'est très fort.

 

J'ai 100 000 raisons d'espérer pour l'Église de demain, et même l'Église d'aujourd'hui. Je ne suis pas sûr d'avoir envie de parler de "statu quo", de problèmes quelconques... Il y a des difficultés, comme partout. Je ne suis pas sûr que ce soit forcément lié à la question de l'interreligieux... Moi, j'applaudis l'Église à deux mains pour le travail incroyable qu'elle fait sur l'interreligieux. En particulier Monseigneur (Jean-Louis) Tauran, qui dirige le Conseil pontifical pour les Relations interreligieuses.

 

  

PdA : Récemment, Rome a décidé de réintégrer au sein de l'Église les prêtres de la Fraternité Saint-Pie-X (les lefebvristes), dont l'un des membres, M. Williamson avait tenu des propos assez difficilement compatibles avec l'esprit de réconciliation de Vatican II. D'autre part, Benoît XVI a libéralisé, de nouveau, la messe en latin. Franchement, au vu de votre combat, quel est votre sentiment face à ces gages apportés sans concession aux mouvement les plus réactionnaires de l'Église catholique ?

 

S.G. : Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation. Je ne crois pas que Benoît XVI ait donné de gages aux mouvements les plus réactionnaires de l'Église. Ou en tout cas, il en a donné autant aux autres. J'ai été invité et reçu très tôt par Monseigneur Tauran à la Curie romaine pour soutenir l'engagement de Coexister. Le Saint Père nous a fait l'honneur de nous inviter aux rencontres d'Assise, en novembre 2011.

 

Je crois que Benoît XVI est un pape formidable, qui travaille à l'unité des Chrétiens. Non sans peine. Il a beaucoup de difficulté à communiquer et à gouverner. Ce ne sont pas ses atouts. C'est d'abord un intellectuel, un homme de grande envergure avec un esprit profond et large. Je pense qu'on ne peut pas lui demander ce qu'il ne sait pas faire. Je trouve qu'il fait un travail extraordinaire sur le rapprochement avec les autres religions et l'ouverture de l'Église. Il prépare l'Église de demain. Je crois qu'il rend un grand service à ses successeurs, qui n'auront pas à faire le sale travail qu'il a fait.

 

Maintenant, effectivement, il y a des choses sur lesquelles il faut des garde-fous. Je trouve très positif que Benoît XVI ait refusé au final la réintégration de la Fraternité Saint-Pie-X. Ceux-ci se refusaient en effet à reconnaître le Concile Vatican II. L'argument est clair : le Concile est donc le point de rassemblement de tous les Catholiques du monde. En dehors de Vatican II, pas d'Église.

 

 

PdA : Un point d'unanimité entre les différentes religions : le rejet du mariage pour tous, et de ce qui va avec. Mon idée n'est pas de vous inviter à un énième débat sur le sujet. J'aimerais par contre vous faire réagir à propos d'une déclaration faite par Frédéric Gal, directeur général du Refuge, lors de notre interview. "Le fait religieux est (...) extrêmement présent avec une référence régulière à l'homosexualité comme un véritable péché impardonnable". Évidemment, l'Église ne va pas, demain, célébrer de mariage homosexuel, c'est compréhensible, personne ne le lui demande, d'ailleurs. Mais ce sentiment que peuvent avoir certains homosexuels, parfois croyants, d'être rejetés, voire stigmatisés pour un amour, un mode de vie qu'ils n'ont pas choisis, ça vous inspire quoi ?

 

S.G. : Je ne suis, là encore, pas sûr d'être compétent sur le sujet. Pour rebondir, je voudrais souligner et applaudir le Conseil pontifical de la Famille qui vient de lancer un ultimatum aux grands pays du monde qui n'ont pas encore dépénalisé l'homosexualité.

 

 

PdA : Nous parlions de Vatican II tout à l'heure. Le mot d'ordre du pape de Jean XXIII à l'époque : "Aggiornamento". Mise à jour. Quelles mesures un Aggionamento des années 2010-2020 devrait-il comprendre, à votre avis ? Encore une fois, que l'Église refuse le mariage religieux de deux hommes ou de deux femmes, cela se conçoit. Quid, en revanche, de l'adoption d'une position de neutralité, sinon de bénédiction de la contraception dans un monde toujours rongé par le Sida (pour, in fine, préserver la vie, si chère à l'Église). Quid de l'ordination de femmes à la prêtrise ? Quid de la fin du célibat imposé pour les prêtres ? En un mot comme en cent : quel Vatican III appeleriez-vous de vos voeux ?

 

S.G. : Aucun ! D'abord, Vatican II n'est pas qu'un Aggiornamento. Il l'a été dans les voeux de Jean XXIII, mais l'a-t-il été réellement ? Pour moi, Vatican II, c'est d'abord une continuité de l'Église après 2000 ans d'histoire. Le Concile vient puiser à la source des pères de l'Église, à la source des Apôtres. Il en fait ressortir toute la splendeur pour le 21è siècle. L'Église prend conscience avec Vatican II que Dieu n'est pas seul à rentrer dans l'Histoire. Elle le fait elle-même. Elle n'est pas immuable, elle n'est pas absolue. Elle n'est pas éternelle. Elle est relative, construite par les individus. Et en même temps, elle a cette double identité d'être l'Église du Ciel et le corps du Christ.

 

L'Église a certainement beaucoup de progrès à faire, puisque l'Église est humaine. Ce sont en tout cas les hommes qui la composent qui ont des progrès à faire et doivent marcher vers la sainteté. Ces progrès passent-ils par des questions aussi simples que celles de l'ordination des femmes, du mariage des prêtres... peut-être ! Peut-être pas. Je ne suis pas sûr que ce soit la priorité aujourd'hui.

 

Si l'on devait réfléchir, pour moi, à des mesures pour les années 2010-2020, ce serait d'abord d'approfondir tous les textes, tout l'esprit du Concile Vatican II. Il faudrait aller plus loin dans l'ensemble des chantiers entrepris après le Concile. J'en vois douze, d'après le travail que j'ai accompli dans le cadre de l'association Youcoun (Vatican II pour les jeunes, ndlr). Douze grands chantiers sur lesquels les Chrétiens et l'Église peuvent encore travailler pour les dix années à venir.

- la lecture régulière de la parole de Dieu et sa compréhension ;

- la formation à la célébration liturgique ;

- l'engagement dans la vie de l'Église, qui va également avec l'amour pour l'Église ;

- l'engagement pour l'unité des Chrétiens, avec Taizé ;

- des espaces de discernement pour les vocations, et peut-être adapter de nouvelles vocations... comprendre qu'il y ait d'autres vocations que celles que l'on connaît déjà ;

- former les Chrétiens à leurs responsabilités de croyants ;

- former les Chrétiens à leurs responsabilités de citoyens, c'est l'engagement politique ;

- former ces derniers, chantier évidemment très important, à leurs responsabilités de citoyens s'agissant cette fois de la solidarité et du service du Pauvre ;

- la dignité de l'être humain, sur laquelle l'Église a ouvert un chantier phénoménal d'anthropologie au nom du Concile et dans lequel il y a encore tant à faire ;

- la Mission, qui prend un jour neuf et dynamique avec la nouvelle évangélisation ;

- l'usage des médias et des réseaux sociaux ;

- l'interreligieux, douzième chantier, pour moi.

 

Effectivement, si ces douze chantiers, avec leurs chantiers parallèles (l'engagement des laïcs, etc...) sont approfondis, je pense que l'Église a encore de belles heures et de beaux siècles devant elle.

 

 

PdA : Êtes-vous optimiste quant à un futur où les différences de religions ne seraient plus un motif de conflits, de souffrances, de malheur, mais peut-être, finalement, de richesse culturelle ?

 

S.G. : Bien sûr que je suis optimiste ! J'en suis même convaincu. La question, c'est "Quand ?". Demain. À la fin du mois. L'année prochaine. Dans un siècle. (Rires) J'espère voir un petit bout de ce monde où les religions s'apportent les unes aux autres avant de mourir.

 

 

PdA : En cette période de voeux, que peut-on vous souhaiter pour 2013 et pour la suite, cher Samuel Grzybowski ?

 

S.G. : D'entendre l'appel. Le bon.

 

 

PdA : Quel message souhaiteriez-vous adresser à nos lecteurs ?

 

S.G. : Cessez la coexistence passive pour passer en mode "coexistence active".

 

 

PdA : Souhaiteriez-vous en adresser un à quelqu'un, à un groupe en particulier ?

 

S.G. : Oui. Je voudrais souhaiter des voeux sincères, amicaux, et surtout d'estime à tous mes amis qui travaillent dans Coexister, ces 300 jeunes militants dans toute la France. Ils font un travail extraordinaire. Ils portent aujourd'hui les valeurs de la coexistence active et ils en défendent le message. Un message neuf, un message extrêmement dynamique. Je pense qu'ils portent une très grande vitalité, que nous espérons défendre encore pendant longtemps longtemps. Merci beaucoup !

 

 

 

Merci à vous, Samuel Grzybowski, pour vos réponses enthousiastes et passionnées. Et bravo pour votre engagement au service d'un monde un peu plus fraternel. Longue vie à Coexister ! Phil Defer

 

 

 

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