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Paroles d'Actu
26 août 2012

Stéphanie Fugain : "Merci Laurette de m'avoir guidée"

Après le départ bien trop prématuré de sa fille cadette, emportée à l'âge de vingt-deux ans par une leucémie aigüe, Stéphanie Fugain aurait pu laisser le désespoir l'envahir. Elle a finalement réussi à tirer de ce chagrin intense une formidable énergie, celle de la volonté. Elle a trouvé la force de se relever pour embrasser la vie, se battre pour elle. En mémoire de Laurette, elle s'est engagée corps et âme pour tenter, par tous les moyens, d'épargner d'autres familles du calvaire que la sienne venait d'endurer. L'Association Laurette Fugain a vu le jour en septembre 2002. Présidée depuis lors par Madame Fugain, elle a pour objet la lutte contre la leucémie. Un engagement qui se traduit par la mise en oeuvre de trois types d'actions : l'information et la sensibilisation du grand public "sur l'importance des Dons de Vie (sang, plaquettes, plasma, moelle osseuse, sang de cordon et organes)", le soutien et le financement de "la recherche sur les maladies du sang", et enfin l'apport d'un soutien, d'un réconfort "aux malades et à leur famille". (Voir le dossier de presse de l'Association)

 

C'était il y a dix ans... Madame Stéphanie Fugain, que j'ai contactée quelques semaines avant l'anniversaire de l'Association, a accepté de répondre à mes questions. J'ai pour habitude d'inclure dans mes introductions un petit mot de remerciement pour chacune des personnes qui ont bien voulu jouer le jeu pour Paroles d'Actu. Celui-ci sera un peu particulier, un peu plus appuyé... J'ai été très touché par la gentillesse et la générosité dont a fait preuve Stéphanie Fugain à mon égard. Et très ému par ses réponses, très belles, pleines d'espoir, pleines de vie... Merci, Madame ! Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer  DOCUMENT

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

STÉPHANIE FUGAIN

Présidente de l'Association Laurette Fugain

 

"Merci Laurette de m'avoir guidée"

 

Stéphanie Fugain

(Photos empruntées à Madame Stéphanie Fugain sur ses albums Facebook)

 

 

Q : 21/08/12

R : 25/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Vous présidez depuis sa création, en septembre 2002, l'Association Laurette Fugain. Quel bilan tirez-vous de son action depuis dix ans ?

 

Stéphanie Fugain : Un bilan extrêmement positif même si, bien sûr, il reste encore tant à faire. Il y a dix ans, grâce à ma fille Laurette, je prenais conscience de l’importance de ces dons de vie. Je connaissais le don de sang et j’étais donneuse mais j’ai découvert les dons de plaquettes et de moelle osseuse en étant confrontée à la maladie de ma fille.

 

Au départ de l’Association nous étions quelques personnes, amis, famille et puis j’ai très vite souhaité monter une équipe de travail pour aller au combat tous les jours, en parallèle de celui des malades. J’ai fait des rencontres humaines extraordinaires, nous avons travaillé encore et encore, sillonné la France pour essayer d’expliquer l’importance de ces dons pour les malades, pour trouver des partenaires financiers et des partenaires désireux de s’engager à nos côtés.

 

Aujourd’hui, à l’aube de nos dix ans, je peux dire « Merci Laurette de m’avoir guidée, montré le chemin qu’il fallait suivre en me transmettant ta force. Le combat continue grâce à toi. » J’ai aussi envie de profiter de l’occasion pour remercier tous ceux qui se sont engagés à nos côtés d’une manière ou d’une autre.

 

 

Paroles d'Actu : Quel regard portez-vous sur cette décennie ? Quels sont les moments de la vie de l'Association qui resteront gravés dans votre coeur ?

 

Stéphanie Fugain : La 1ère Marche en 2003 restera gravée en moi comme un temps fort incontestablement. C’était en mai, il pleuvait à torrents et je me suis retrouvée à arpenter les rues de Paris avec une foule d’amis et de gens pour dire au plus grand nombre combien la vie doit être partagée quand on est en bonne santé. Me retrouver sur scène, à l’issue de cette première marche, devant des malades, des familles de malades, des donneurs et des gens qui ne savaient pas encore qu’ils pouvaient aider, a fait jaillir en moi une émotion intense.

 

Ensuite il y a eu toutes ces rencontres avec des malades extraordinaires qui se battent avec une grandeur d’âme et une ténacité incroyables. Je pense, par exemple, à ce petit Valentin qui, du haut de ses 4 ans, à l’époque, avait décidé de mener la bataille à nos côtés. Aujourd’hui, c’est un grand qui va bien.

 

Je pense aussi à toutes les personnes pleines d’amour qui mènent le combat à mes côtés. C’est une véritable famille de coeur. On partage tellement. Mais je pense bien sûr et avant tout a tous ceux qui comme Laurette n’ont pas eu la chance de vaincre cette maladie.

 

 

Paroles d'Actu : De quoi l'Association a-t-elle besoin actuellement ? Quel appel souhaiteriez-vous lancer ?

  

Stéphanie Fugain : L’Association a toujours besoin de soutien. Nous avons, en permanence, besoin de partenaires qui nous offrent leurs services de manière à pouvoir consacrer la majeure partie de notre budget à la recherche médicale. 500 000 euros sont reversés à des projets de recherche que nous selectionnons avec notre comité scientifique chaque année.

 

Comme vous pouvez l’imaginer, l’argent est le nerf de la guerre, alors il nous faut sans cesse trouver des partenaires financiers désireux d’investir dans notre combat et de faire confiance aux projets que nous menons, des mécènes qui croient en la vie et ont envie de la porter toujours plus haut. Et bien sûr des donneurs, des jeunes, d’ethnies différentes pour couvrir tous les besoins pour tous les malades qui se battent.

 

 

Paroles d'Actu : Le 24 septembre prochain se déroulera à l'Olympia le spectacle "Départ Immédiat !", une création originale pour l'Association Laurette Fugain.

 

Stéphanie Fugain : L’Olympia est une salle mythique qui a une âme et que j’aime profondément. C’est aussi et surtout la grande maison que j’ai connue avec le Big Bazar, la 1ère grande troupe qu’avait créée Michel Fugain. C’est un peu ma seconde maison j’y ai passé de très longs moments dans les studios de danse mais aussi sur scène. J’ai eu l’immense chance de connaître Bruno Coquatrix et la famille qui dirigeait ce temple de la musique.

 

Aujourd’hui, une loge à été baptisée Laurette, j’ai été très émue ce jour là. C’est vous dire l’importance de ce lieu à mes yeux et dans mon cœur.

 

 

Laurette Fugain Olympia

 

 

Paroles d'Actu : Pourquoi la célèbre salle parisienne sera-t-elle ce soir-là, pour reprendre l'expression que vous avez utilisée sur Facebook, "The-Place-To-Be" ? Qu'éprouvez-vous à la vue de l'"affiche" impressionnante du show ?

 

Stéphanie Fugain : De la fierté de voir tous ces artistes, ces musiciens et techniciens se mobiliser pour notre cause et également une grande émotion à l’idée de remonter sur cette scène mythique, tant d’années après le Big Bazar.

 

 

Paroles d'Actu : Votre premier roman, "Tu n'avais peur de rien" (Flammarion), sortira un peu plus tôt dans le mois, le 5 septembre. Voulez-vous nous en parler ?

 

Stéphanie Fugain : Je peux vous dire que c’est un cadeau pour ma Laurette. Elle voulait voyager, écrire. Mais son bateau est resté à quai. Pour elle j’ai pris la plume et le vent. J’ai raconté ses rires, ses envies, ses passions, ses rêves, ses voyages... Chut je n’en dirai pas plus !

 

 

Laurette et Stéphanie Fugain

 

 

Paroles d'Actu : L'écriture, c'est quelque chose que vous avez en vous depuis longtemps ?

 

Stéphanie Fugain : Ce roman est une première pour moi, un premier exercice à la fois passionnant et difficile. C’est un corps à corps avec soi-même et j’y ai pris beaucoup de plaisir.

 

 

Paroles d'Actu : Que représente l'écriture, à vos yeux ?

 

Stéphanie Fugain : On met toujours un peu de soi dans l’écriture. L’écriture c’est un vécu, une émotion, un ressenti, une envie. C’est aussi fort que porter et mettre un enfant au monde.

 

 

Paroles d'Actu : Qu'est-ce qui vous "porte" aujourd'hui ?

 

Stéphanie Fugain : La vie, l’amour, la passion, Imaginer que demain les citoyens auront envie, compris que donner de soi, pour les autres, est le plus bel acte qu’il soit, celui qui nous fait grandir le plus. La vie est courte, on le comprend davantage lorsque l’on est confronté à la maladie. L’instant présent doit être savouré au quotidien.

 

 

Paroles d'Actu : Quels sont vos projets ? Que peut-on vous souhaiter ?

 

Stéphanie Fugain : Tellement de choses simples, légères, bourrées d’humanité et de justice. Un retour aux valeurs fondamentales.

 

Découvrir encore et toujours la vie jusqu’à mon dernier souffle.

 

 

Paroles d'Actu : Quel message aimeriez-vous adresser à nos lecteurs ?

 

Stéphanie Fugain : Aimez chaque seconde de la vie, savourez-la, si vous êtes en bonne santé partagez-la, offrez vos précieuses cellules remplies de vie. Des dons il y en a tellement à faire tout au long de sa vie.

 

 

Paroles d'Actu : La dernière question. En fait, il s'agit d'une tribune libre. Pour vous permettre de conclure l'interview comme il vous plaira. Vous pouvez approfondir un sujet que nous avons traité ensemble, ou bien parler d'autre chose. Vous êtes libre... Merci infiniment !

 

Stéphanie Fugain : La liberté, la simplicité, le souffle de la vie c’est aussi ce que j’aime par-dessus tout. Et si je reprenais simplement une petite phrase de la chanteuse Zaz pour finir en beauté cette interview ? « Je veux d’l’amour, d’la joie, de la bonne humeur ». Et si, en ces temps de crises, nous prenions la peine de poser nos regards différents, de nous sourire davantage, d’être encore plus solidaires, de nous dire que demain ça ira forcément mieux ?

 

 

 

Tout est dit... Je ne peux que m'associer à ce beau message d'espoir, à cette formidable leçon de vie. Non sans avoir adressé de nouveau mes remerciements, toujours insuffisants tant cet échange m'aura apporté, à Madame Stéphanie Fugain. Phil Defer

 

 

 

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Merci

 

 

 

L'Association Laurette Fugain

 

"Départ Immédiat !" à l'Olympia : pour réserver votre place

 

Avec : Anggun, Archimède, Tina Arena, Laurent Baffie, Jean-Marie Bigard, Michel Boujenah, Jeanne Cherhal, Julien Clerc, Gérard Darmon, Gad Elmaleh, Sofia Essaidi, Liane Foly, Alexis Fugain, Marie Fugain, Steve Hewitt, Imany, Yves Jamait, Le Jeune Ballet Européen, Claire Keim, Norbert Nono Krief, Maxime Le Forestier, Nolwenn Leroy, Lys, Mimie Mathy, Maurane, Yannick Noah, Pascal Obispo, Ours, Pauline, Sanseverino, Elie Semoun, Hubert-Félix Thiéfaine, Zaz, Julie Zénatti, Alexandra Lamy, Jean Dujardin, Alain Delon, Pierre Richard, Stéphanie Fugain... (Au 17/09/12)

 

Pour précommander le roman de Stéphanie Fugain, "Tu n'avais peur de rien"

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

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27 août 2012

Jonas Haddad : "Pour entreprendre son avenir, il faut pouvoir le choisir"

Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP depuis 2010, vient de rendre officielle sa candidature à la présidence du parti. Les sondages, eux, sont plutôt favorables à François Fillon, pour le moment. En attendant, poursuivons notre dossier consacré à la reconstruction de la droite. Les ténors de l'UMP s'expriment sans arrêt, mais qu'en est-il des jeunes ? Quel projet souhaitent-ils pour la France ? Benjamin Lancar, Camille Bedin, Aurore Bergé et Robin Pretot se sont déjà confiés à Paroles d'Actu. C'est maintenant au tour de Jonas Haddad, secrétaire national de l'UMP en charge de l'entrepreneuriat, de se prêter à l'exercice. Il a accepté de répondre à mes questions, je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Phil Defer  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JONAS HADDAD

Secrétaire national de l'UMP en charge de l'entrepreneuriat

 

"Pour entreprendre son avenir,

 

il faut pouvoir le choisir"

 

Jonas Haddad

(Photo empruntée à Jonas Haddad sur ses albums Facebook)

 

 

Q : 20/08/12

R : 27/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques phrases ? Qu'est-il utile, intéressant de savoir vous concernant ? (ce que vous faites, aimez, vos références dans la vie, ce qui vous a conduit à vous engager...)

 

Jonas Haddad : À 24 ans, je suis avocat et originaire de Bagnolet en Seine Saint Denis.

 

Secrétaire national de l’UMP, je suis en charge de l’entrepreneuriat. Cette mission m’a été confiée après de nombreuses années d’engagement au sein des Jeunes Populaires, le mouvement des jeunes de droite.

 

J’ai débuté mon engagement en 2007 en allant tout simplement écouter, comme auditeur, le discours de Nicolas Sarkozy à la jeunesse. Passionné de politique depuis longtemps, rien ne me prédestinait dans mon cercle familial à suivre cette voie.
Ça a été la force de Nicolas Sarkozy d’attirer à la politique des gens qui n’y voyaient pas d’intérêt.

 

Mes fonctions me permettent aujourd’hui de rencontrer dans toute la France les jeunes qui créent, inventent ou réinventent des produits, des concepts, des associations ou qui simplement envie de s’engager pour leurs valeurs.

 

 

PdA : Quel bilan faites-vous de la présidence de Nicolas Sarkozy ?

 

J.H. : Résumer le bilan d’un quinquennat si particulier n’est pas chose aisée. Je pense très simplement que notre pays a pu avancer alors que nous étions dans des tempêtes violentes qui ont secoué les économies de tous les pays.

 

Le régime de l’auto-entrepreneur, la réforme du lycée, l’autonomie des universités sont des acquis précieux pour ma génération et celle qui nous suivra.

 

L’histoire dira que Nicolas Sarkozy fut le premier président du XXIème siècle car il en avait compris les enjeux. L’inertie n’est pas une solution dans un monde en mouvement, l’autosatisfaction n’a jamais été la boussole de ce président.

 

 

PdA : Comment avez-vous vécu sa défaite du 6 mai, et comment l'expliquez-vous ? Quelles leçons tirez-vous de ces échecs électoraux de 2012 ?

 

J.H. : J’ai vécu cette défaite comme une énorme déception. Le premier réflexe était de s’étonner de tant d’ingratitude de la part de certains de nos concitoyens envers un homme qui avait tout entrepris pour sauver la France de périls importants et qui y était parvenu.

 

Aujourd’hui, je ne pense pas qu’il faille débuter un quelconque inventaire car les inventaires n’ont de sens qu’en des circonstances normales. Comment faire la fine bouche sur telle ou telle mesure quand ce président a connu quelques mois après son arrivée l’effondrement d’un système voire le déplacement du centre de gravité de l’économie moderne.

 

Nous devons tirer une leçon de cet échec : le service de son pays n’est pas une chose aisée et représente un engagement permanent. Malgré cet engagement permanent, il existe aujourd’hui des interactions, des connexions, des impératifs qui peuvent supplanter la politique. C’est donc à la politique de garder sa grandeur si la politique souhaite continuer à dicter les choix d’une société.

 

 

PdA : Avec le recul, avez-vous des regrets par rapport à cette campagne ? Certaines choses auraient-elles dû être faites différemment ? Avez-vous toujours été totalement à l'aise avec la campagne menée ?

 

J.H. : Pas vraiment si ce n’est le temps qu’il nous a manqué. Nicolas Sarkozy a dû rentrer plus tard que les autres en campagne car sa fonction exigeait un investissement maximal.

 

Les données sont simples : les sondages annonçaient régulièrement une défaite à 60/40 et au final tout ne s’est joué qu’à quelques milliers de voix.

 

Je dois dire que je me suis retrouvé dans cette campagne dans laquelle j’ai trouvé un Sarkozy totalement libéré de tous les artifices politiques et de la langue de bois. Europe, compétitivité de nos PME, modernisation de l’éducation, tout a été mis sur la table de façon très claire.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui vous révolte, vous donne envie d'agir dans le monde d'aujourd'hui ?

 

J.H. : Je déteste deux choses : le déterminisme et l’injustice. Je déteste l’injustice qui fait qu’une famille dont les membres travaillent beaucoup plus qu’une autre doivent faire face aux difficultés de la vie. La notion de mérite est cardinale et toute violation de cette notion m’est difficilement acceptable.

 

Je déteste aussi le déterminisme qui mène à la culture de l’excuse. Beaucoup de facteurs expliquent qu’un jeune d’un quartier difficile puisse percevoir l’inégalité mais à mon sens rien n’est bon dans le ressentiment dans l’aigreur.

 

 

PdA : Que vous inspire la situation de notre pays ?

 

J.H. : Pour vous dire les choses franchement, j’ai parfois l’impression que notre pays et ses habitants n’ont pas conscience de nos atouts et qu’il en résulte une fatigue mêlée à une crainte du lendemain.

 

A mon sens la situation s’aggrave pour les jeunes car ils ne perçoivent plus l’effort comme un épanouissement. Il est vrai que notre pays ne leur donne pas toujours leur chance mais parfois j’ai l’impression qu’ils hésitent même à la saisir.

 

La France ne peut pas se contenter d’être une puissance de second rang, c’est dans l’ADN de ce pays. Parfois, j’ai l’impression que la tâche est si grande qu’elle effraie nos concitoyens alors que les jeunes Chinois, Brésiliens voient ce monde comme une belle opportunité.

 

 

PdA : Quels sont pour la France les enjeux majeurs de cette décennie ? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à notre avenir collectif ?

 

J.H. : Je vois trois enjeux majeurs pour la France :

 

1. Ne pas décrocher dans la compétition économique en conservant son atout le plus précieux : la qualité de notre offre de produits et de services. Nos PME doivent voir plus grand sinon elles ne seront que des supplétifs.

 

2. Rétablir la confiance chez les jeunes : en arrêtant de leur parler de toutes les perfusions possibles (les emplois aidés, les drogues qui adoucissent la dureté de la vie)

 

3. Répondre aux changements démographiques : la France ne peut éluder l’accroissement massif des populations dans certains continents qui va bouleverser la donne des échanges économiques et des besoins premiers : l’eau, la nourriture, la santé.

 

En définitive, beaucoup de choses me pousseraient à être pessimiste mais je suis un éternel optimiste et la France a de merveilleux atouts.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les débuts du président Hollande, de l'assemblée rose et du gouvernement Ayrault ? J'imagine que votre réponse ne sera pas totalement favorable, mais y'a-t-il au moins des points sur lesquels vous considérez qu'"à la limite", de bonnes choses sont réalisées ou en passe de l'être ?

 

J.H. : J’aurais une expression pour les qualifier : pas à la hauteur. Ma conviction c’est que les défis posés à la France effraient profondément le gouvernement actuel.

 

Néanmoins, pour ne pas être taxé d’immobilisme, il a trouvé un remède : défaire ce qui avait été mis en place. Il est rare que je le pense mais je trouve que Mélenchon a plutôt raison quand il dit que ce n’est pas parce que M. Hollande trouvait que la politique de M. Sarkozy était trop énergique qu’elle doit maintenant devenir chloroformée.

 

J’aimerais accorder un point positif à ce Gouvernement mais comprenez mon embarras : ils sont encore dans l’antisarkozysme infantile. Je n’hésiterai pas à reconnaitre à la Gauche un mérite si elle arrive à surpasser ses barrières idéologiques pour maintenir l’auto entrepreneur ou réaliser la mise à jour de son logiciel sur les questions de sécurité.

 

 

PdA : Après la défaite, et avant la reconquête... la réorganisation. Celle d'un appareil, et celle des idées. Qui aimeriez-vous voir élu(e) à la tête de l'UMP à l'automne prochain, et pourquoi ?

 

Quelle doit être, de votre point de vue, la "ligne politique" de l'UMP des cinq années à venir ?

 

 

J.H. : La droite française a toujours eu tendance à faire table rase de tous les acquis à chaque fois qu’elle connaissait une défaite. L’UMP a permis de cimenter des familles qui finalement se ressemblaient beaucoup dans leur approche de la responsabilité, de la fierté nationale.

 

L’UMP doit pouvoir garder ses fondamentaux tout en attirant des citoyens qui n’y croient plus.

 

Les créateurs sont persuadés qu’ils sont le moteur de notre société, c’est vrai mais ils ne peuvent ignorer qu’il y a d’autres impératifs pour toute société : des valeurs, des règles, des choses en partage.

 

Les personnes qui connaissent la difficulté se disent que la politique ne peut rien car elle ne va pas régler leur cas personnel, ils oublient les conséquences énormes que peuvent avoir une décision prise dans un hémicycle qui remet en cause l’équilibre de toute une filière, l’aménagement de tout un territoire.

 

 

PdA : Jusqu'où, et sur la base de quels piliers programmatiques la majorité bleue de demain aura-t-elle vocation à s'étendre ? Quid d'un hypothétique rapprochement avec le Front national ?

 

J.H. : Rien de tout ce que nous proposons ne peut être comparé au Front National car notre approche est foncièrement positive : l’UMP c’est le parti qui aime voir la France en haut du podium et qui veut que chacun où qu’il soit ait la place qu’il mérite car rien de pire qu’une personne qui se sent inutile.

 

 

PdA : Êtes-vous favorable à l'instauration d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée ? Dans quelle mesure ?

 

J.H. : Non je n’y suis pas favorable.

 

 

PdA : La crise des dettes souveraines européennes, couplée à une croissance anémique sur le continent poussent nombre de voix à s'élever pour réclamer une intégration communautaire accrue pour mieux coordonner les politiques financières et économiques. Quelle est votre position sur cette question ?

 

J.H. : Ca devient une évidence. Nous avons choisi une monnaie commune, difficile de penser que les politiques économiques et sociales ne doivent pas être harmonisées.

 

 

PdA : Existe-t-il des sujets, de société notamment, sur lesquels vous souhaiteriez, à titre personnel, voir notre pays "bouger" peut-être un peu plus vite que ne le désirerait votre parti, qui reste essentiellement "conservateur" ? Des thèmes qui pour x ou y raison vous tiendraient à cœur alors qu'ils ne seraient pas prioritaires pour votre parti, voire pas opportuns du tout ?

 

J.H. : D’abord, je veux dire que ce que j’entends par sujets de société ne doit pas se réduire aux sujets traités tous les jours dans les médias. Bien sûr que la question de l’euthanasie, que la question du mariage homosexuel sont importantes mais je trouve qu’on sous-estime les autres questions : Quelles relations entre les enfants et les parents quand les familles changent de forme ? Quelle relation entre les générations quand l’espérance de vie s’allonge et que les jeunes connaissent tout parfois très jeunes ? Comment lutter contre toutes les nouvelles dépendances qui ruinent des vies : cyberaddictions, nouvelles drogues...

 

L’UMP doit avoir un coup d’avance sur les autres partis sur ces sujets quand le mariage va bientôt être autorisé pour tous et que ce sujet sera derrière nous.

 

 

PdA : Un petit bond dans le futur... 2017 est en vue. Souhaitez-vous que des primaires ouvertes soient organisées par l'UMP et ses alliés ? Qui serait, dans l'idéal, VOTRE candidat(e) ? Croyez-vous en l'hypothèse d'un retour de Nicolas Sarkozy ? Le souhaitez-vous ?

 

J.H. : Avec 10 jeunes secrétaires nationaux de l’UMP, nous avons fondé la nouvelle donne qui a demandé aux candidats à la présidence de l’UMP de prendre un engagement : accepter la primaire ouverte en 2017.

  

Ne nous mentons pas, le PS a su intéresser les Français en rendant accessible le choix de son candidat pour créer une dynamique cela doit nous inspirer.

 

J’ai beaucoup aimé la déclaration de Jean-François Copé lorsqu'il a affirmé qu'il serait aux côtés de Nicolas Sarkozy, quelle que soit sa décision pour l'avenir. Je partage cette vision pour 2017.

 

 

PdA : Question "ouverte". Auriez-vous un message à faire passer à quelqu'un ? Une personnalité, un groupe... Profitez-en !

 

J.H. : J’encourage tous les jeunes à s’engager politiquement et tous les jeunes d’esprit à donner envie aux jeunes de le faire. Pour entreprendre son avenir, il faut pouvoir le choisir. Restons en contact par les réseaux sociaux et sur le terrain.

 

 

 

Une nouvelle fois, merci à Jonas Haddad pour ses réponses ! Phil Defer

 

 

 

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Merci

 

 

 

Le site de Jonas Haddad

 

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5 février 2013

Mathieu Rosaz : "Un plaisir physique, instinctif... un exutoire, aussi"

À l'automne dernier, j'avais souhaité converser avec Monsieur Didier Millot, biographe de Barbara et membre fondateur de l'association Barbara Perlimpinpin à l'occasion du quinzième anniversaire de la disparition de la grande « dame brune ». Avec générosité et une passion communicative, il s'était prêté au jeu, pour Paroles d'Actu. Nous y évoquâmes longuement la vie, la carrière de l'artiste. Et celles et ceux avec lesquels, d'après la jolie expression de Didier Millot, « les chansons de Barbara traversent le temps ».

Plusieurs noms illustres sont cités : Marie-Paule Belle, Jean-Louis Aubert, Calogero, Raphaël... Daphné... Et un nom qui, alors, ne me parle pas. Mathieu Rosaz. Depuis, je me suis renseigné sur lui. J'ai lu, un peu. Écouté, surtout. Si vous aimez Barbara et plus généralement la belle chanson française, vous allez l'aimer, c'est sûr... Mathieu Rosaz, notez bien son nom. Vivants poèmes - Mathieu Rosaz chante Barbara, son tout nouvel album. Il a accepté de répondre à mes questions, de se livrer sincèrement, je l'en remercie mille fois. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MATHIEU ROSAZ

Auteur-compositeur-interprète

 

« Un plaisir physique, instinctif...

un exutoire, aussi »

 

Mathieu Rosaz

(Photo de Philippe Matsas, fournie par Mathieu Rosaz)

 

Q : 30/01/13

R : 05/02/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Mathieu Rosaz. Né en 1975, vous vous êtes fait un nom avec vos hommages et vos apports à la belle chanson française. Comment cette histoire d'amour est-elle née ?

 

Mathieu Rosaz : Bonjour Nicolas. Je ne viens pas d'un milieu de musiciens et je crois que la chanson est l'art que l'on peut le plus facilement recevoir et apprécier, sans avoir une instruction musicale particulière. C'est un art avant tout populaire, ce qui lui vaut peut-être à tort cet injuste surnom de "parent pauvre" des arts…

 

J'ai d'abord aimé la chanson dite commerciale, celle qu'on entendait à la radio ou à la télévision, la plus accessible, a priori. Ma curiosité m'a ensuite tout naturellement poussé à creuser et m'a donné envie de connaître l'histoire des chansons et de la chanson en général. Et puis, il y a eu, très tôt le plaisir du chant. Un plaisir physique, instinctif et un exutoire aussi.

 

PdA : Barbara a rejoint le paradis des poètes, c'était il y a un peu plus de quinze ans... Sa place est centrale dans votre univers artistique. Vous lui avez consacré deux albums et plusieurs spectacles, dont l'actuel. Que représente-t-elle pour vous ? Qu'a-t-elle apporté à la chanson française ?

 

M.R. : Barbara n'aimait pas qu'on la dise poète, même si elle reconnaissait la couleur poétique de certains de ses textes. Je ne suis pas certain qu'elle serait ravie d'être au paradis des poètes. Je préfère l'imaginer au paradis tout court si toutefois il existe…

 

J'ai découvert les chansons de Barbara à l'adolescence, vers 15 ou 16 ans. Barbara était peu diffusée à la radio et ne passait plus à la télévision par choix. Il fallait donc qu'il y ait une sorte de rencontre puisqu'on ne nous l'imposait pas. La première image que j'ai vue d'elle est celle du clip de la chanson Gauguin (lettre à Jacques Brel) en 1990, son unique clip. Ce clip était diffusé sur la chaîne M6, de temps en temps. J'ai d'abord été intrigué. À l'époque je devais être encore fan de Jeanne Mas, dont la carrière s'effondrait… Puis, je suis tombé, dans un livre, sur un extrait du texte de L'Aigle noir. J'avais l'impression d'en connaître la musique. J'avais dû l'entendre tout petit et elle avait dû marquer mon inconscient. Je me suis ensuite tout simplement procuré une compilation de Barbara et là, cela a été le coup de foudre intégral. L'impression de rencontrer une âme soeur, quelqu'un qui me comprenait, que je comprenais et qui pansait mes plaies. Elle parlait à l'humain, pas au "consommateur". C'est ainsi qu'elle a déjoué toutes les stratégies commerciales et toutes les lois de ce métier.

 

Barbara est un formidable contrexemple de la société de consommation des années 1960 à 1990. C'est une exception culturelle à elle toute seule ! Elle représente pour moi l'exigence et la liberté. Dans la chanson française, Barbara a participé plus activement que l'on pense au mouvement de libération des femmes des années 60 et 70, par le simple fait de son existence, sans pour autant insister sur un quelconque engagement. En partant de son histoire personnelle, elle a touché à l'universel.

 

Son oeuvre est aussi avant tout un acte de résilience, le moyen de sublimer l'irréparable pour survivre et vivre. Avec les années, ses chansons d'amour adressées à l'autre sont devenues des chants adressés aux autres en général : Perlimpinpin, Mille chevaux d'écume, Le jour se lève encore, Vivant poème… C'est une oeuvre résolument moderne, intemporelle et transgénérationnelle.

 

PdA : Quel est, s'agissant de Barbara, le sens de votre démarche artistique ? L'interpréter avec le respect et la conviction qui sont les vôtres, c'est une façon de perpétuer son oeuvre, de continuer à la faire vivre ?

 

M.R. : C'est tout cela à la fois, et j'essaie de le faire du mieux que je peux, comme je peux. Je me sers bien sûr de ma propre histoire, je choisis les chansons en fonction de mon vécu. Je ne chante rien par hasard. C'est pour cela qu'il m'a parfois fallu des années avant de pouvoir chanter tel ou tel titre. Il me fallait attendre de l'avoir vécu pour mieux le comprendre. J'ai en face de moi une oeuvre écrite par une femme depuis ses 30 ans environ, jusqu'à ses 66 ans. Et je suis un homme de 37 ans. Je dois tenir compte d'un souci de crédibilité d'ordre physique, une crédibilité liée à mon apparence, et une autre beaucoup plus intime, liée à mon évolution personnelle, à ma vie intérieure. Il faut que tout cela coïncide, pour que ça sonne et que le message passe. Cela peut paraître compliqué, mais c'est finalement très simple, très instinctif comme travail. Plus simple à exécuter qu'à expliquer.

 

J'y ai ajouté une autre exigence : celle de tenter de faire découvrir, au milieu des succès, des titres méconnus. C'est le cas actuellement de chansons comme Je t'aime, Pleure pas, Le minotaure, entre autres, que je chante sur scène et que je viens d'enregistrer. Je ne cherche pas à révolutionner le son de Barbara mais juste à prolonger, à ma manière, la vie de chansons que j'aime, à travers le prisme de la scène, avant tout. Les enregistrements de Barbara sont là et si un public les découvre ou les redécouvre grâce à moi, c'est mon plus grand bonheur. J'essaie d'être un passeur.

 

PdA : J'ai lu que, peu avant sa disparition, elle avait soutenu très symboliquement dans la poursuite de vos rêves - on pourrait presque parler de passage de flambeau - le tout jeune homme que vous étiez alors. Voulez-vous nous en parler ?

 

M.R. : Non, non, Barbara ne m'a passé aucun flambeau, on ne peut pas dire ça. Elle m'a envoyé un télégramme en septembre 1997 dans le cabaret où je chantais, ce qui m'a infiniment touché. Je lui avais fait parvenir une vidéo de mon spectacle, dans lequel je chantais une ou deux de ses chansons, et elle m'a fait ce petit signe. Elle était très à l'écoute de ce qui se faisait, que cela ait un rapport ou non avec elle. Elle vivait recluse mais était restée en contact, à sa manière, avec le monde extérieur, ce qui est finalement assez rare chez les artistes de cette dimension. Elle avait gardé la curiosité et le goût des autres.

 

PdA : Nous célébrions il y a quelques jours le cinquantième anniversaire du Traité de l'Élysée, qui marqua une nouvelle étape dans la réconciliation franco-allemande. Vous avez chanté Göttingen à Göttingen, un moment très fort, j'imagine ?

 

M.R. : Un moment intense. C'était le 9 juin 2007, jour de l'anniversaire de Barbara, qui aurait eu 77 ans. C'était au Junges Theater, rebaptisé le cinéma Lumière, là où Barbara est venue chanter en 1964 et là où elle a créé la fameuse chanson, après l'avoir écrite en une demi-heure dans le petit jardin qui jouxte le théâtre. J'ai l'impression que le théâtre n'a pas changé depuis les années 60. C'est fou le chemin de cette chanson. Le public la savait par cœur et j'ai dû la chanter deux fois dans le spectacle. Elle est vraiment devenue l'hymne de cette réconciliation franco-allemande. Le lendemain, j'ai visité l'ancien camp de concentration de Dora, pas loin de Göttingen. Une "Rose Barbara" est discrètement et symboliquement plantée près de l'entrée du réseau de tunnels dans lesquels les détenus travaillaient et mouraient…

 

PdA : Vous venez de vous produire au Vingtième Théâtre, à Paris, pour Mathieu Rosaz chante Barbara. Quel bilan en tirez-vous ? Quel est votre rapport à la scène, au public ?

 

M.R. : D'abord, je constate que, même sans tapage médiatique, le public est là, avec les fidèles qui viennent et reviennent et les nouveaux, entraînés par le bouche à oreille. Je retiens l'intensité de l'échange avec certains après le spectacle, la sincérité évidente de leurs témoignages. C'est ce qui me donne envie aussi de continuer. Je constate que, pour l'instant, le temps joue en ma faveur. J'ai gagné en sobriété, en puissance et en intériorité. Je me sens de plus en plus dans l'épure et dans le détachement par rapport au "modèle", de plus en plus connecté à moi-même, à la fois plus perméable mais aussi plus fort, plus solide. Je force moins la main, je laisse les gens venir à moi. Je ne cherche pas à les regarder par exemple, ni particulièrement à leur plaire. Je ne suis plus trop dans la tentative de séduction. En quelque sorte, je laisse au public un plus grand droit de regard. Je n'impose rien, je propose. Ils prennent ou pas, ils se servent, nous partageons les chansons. Et nous respirons mieux qu'avant, je pense.

 

PdA : Parmi ces références que vous reprenez, je note qu'il y a également quelqu'un que j'aime beaucoup, Véronique Sanson...

 

M.R. : Véronique Sanson est, avec Barbara, l'artiste qui m'a le plus touché. C'est aussi quelqu'un qui est allé très loin dans l'intime. Presque trop loin, parfois, car elle se protège moins que Barbara, ou, du moins, différemment. Elle s'expose beaucoup plus aussi, notamment sur le plan médiatique, à une époque où ce qu'on appelle le "buzz" règne… C'est avant tout une grande musicienne de la période post-Beatles, au carrefour de beaucoup d'influences, que ce soit dans la pop, la musique brésilienne, le jazz, le blues, la musique classique où la chanson française traditionnelle. Une personne d'un grand magnétisme. Bref, je l'aime.

 

PdA : Quels sont, dans le patrimoine comme sur la nouvelle scène, les artistes que vous aimez, que vous suivez ?

 

M.R. : Comme je le dis plus haut, la chanson française (et internationale) me passionne. Avec une nette préférence pour les musiciennes. Donc, je peux m'intéresser autant à l'apport d'une Yvette Guilbert  il y a plus de cent ans, qu'à celui d'une Camille aujourd'hui. Sans pour autant connaître absolument toutes leurs chansons. Mais ce sont deux artistes qui ont, entre autres, fait avancer les choses et qui, tout en restant fidèles à une tradition, renouvellent ou ont renouvelé le genre scéniquement.

 

J'ai, avec un ami, créé une page Facebook qui s'appelle "Les chanteuses échevelées" et qui nous permet d'évoquer toutes ces figures connues ou méconnues. Nous avons choisi une marraine virtuelle : Marie Laforêt. Marie Laforêt est un véritable cas, pas toujours connue pour les bonnes raisons. Elle a dit un jour : « Je suis la fille légitime de Sheila et Barbara » ! Du pain béni pour nous! Laforêt fut, on le sait peu, une pionnière de la world music en France. L'une des premières notamment à importer en France et à faire voyager dans le monde des chants d'Amérique du Sud, des musiques Yiddish, à chanter dans 5 ou 6 langues, bref, à prendre des risques, quitte à brouiller bien des pistes ! C'est ce qui nous intéresse. Sur cette page Facebook, vous entendrez parler aussi bien de Brigitte Fontaine que d'Isabelle Mayereau, Maria Bethania, Blossom Dearie, Dusty Springfield, Marie-Paule Belle, Marie-José Vilar, Anne Sylvestre, Juliette Gréco, Claire Diterzi, Ute Lemper, Anna Prucnal, Amalia Rodriguez, Mercedes Sosa, Barbara Carlotti, Ingrid Caven, Elisa Point, Cora Vaucaire, Michèle Bernard, Pascale Borel, Françoise Hardy... et beaucoup d'autres ! 

 

PdA : Nous avons beaucoup parlé de vos hommages à d'autres artistes jusque là. Il serait injuste de ne pas évoquer vos créations originales, qui gagnent réellement à être connues. Comment définiriez-vous votre univers, Mathieu Rosaz ?

 

M.R. : Mon univers découle d'une multitude d'influences musicales, bien sûr, mais aussi cinématographiques, car je suis devenu assez cinéphile, au fil du temps. J'ai ainsi écrit, il y a quelques années, une chanson en hommage à Éric Rohmer, Comme dans un film de Rohmer, qui est une de mes chansons préférées de mon répertoire, mais pas forcément la plus représentative.

 

Et puis, j'essaie, tout simplement, de mettre des mots et des notes sur ce que je vis, rêve ou vois, quand ça vient… Je suis en quête de mélodies et j'aime les textes clairs, concis, précis. Je crois au mot juste, et je le cherche. Je ne le trouve pas toujours. J'aime les formes classiques pour pouvoir aussi mieux m'en éloigner, parfois. J'aime les univers feutrés, je refuse le clinquant, le "bling-bling musical". J'écris peu, par paresse, doute, et démotivation aussi. Je me sens encore écrasé par certaines influences. Si j'ai une idée, je me dis souvent qu'untel l'a déjà très bien traitée, et je trouve cela vain de recommencer, en moins bien. Mais je me soigne ! Il faut qu'une chanson s'impose à moi, que je ne puisse plus lui résister. Je crois que j'ai peur d'écrire. Je m'interdis encore beaucoup trop de choses !

 

PdA : Quelles sont, dans votre répertoire, les chansons pour lesquelles vous avez une tendresse particulière ? Ces cinq ou dix titres que vous aimeriez inviter nos lecteurs à écouter pour mieux vous découvrir ?

 

M.R. : Mon album La tête haute quitte à me la faire couper !, paru en 2009, est mon disque le plus abouti. Particulièrement des titres comme Banale, Pour ne plus retomber, À tes côtés, Fils de famille, Comme dans un film de Rohmer, Promeneur solitaire. Ce disque doit beaucoup aux arrangements musicaux d'Elvire Aucher. Dans mon album de 2005, Je préfère les chansons tristes…, je suis assez fier d'un texte qui a mis certains mal à l'aise car il évoque un sujet délicat, traité à la première personne du singulier (même si ce n'est pas mon histoire personnelle) : Banquette arrière. J'aime les chansons-portraits comme Madame vit à Paris ou les chansons carte-postale comme Je respire à Buenos-Aires ou Triste à Saint-Tropez. Il y a aussi Fragile équilibre, dans une veine romantique que je ne peux renier, ou encore la Chanson de l'acrobate, qui tente de parler de la scène…

  

PdA : La crise de l'industrie musicale, on en entend régulièrement parler. C'est quelque chose qui vous inquiète, qui vous touche ? À quoi votre "modèle économique" (l'expression est laide lorsque l'on parle d'art, mais elle est parlante) ressemble-t-il ?

 

M.R. : J'ai l'impression d'avoir toujours été en crise donc, en fait, la situation actuelle ne change pas grand chose pour moi. Le nouveau disque et le spectacle actuel ont été produits par les Concerts parisiens (agents et producteurs) qui sont, à la base, spécialisés dans la musique classique. Ils ont un réseau de diffusion qu'ils ont développé au fur et à mesure de ces vingt dernières années, mais rien n'est simple. Il y a des artistes pour qui l'agent organise et gère les propositions. En ce qui me concerne, c'est l'inverse, ou presque. Il faut aller au charbon, co-réaliser le spectacle à Paris, louer les espaces publicitaires, trouver et engager une attachée de presse assez courageuse pour défendre un cas pas évident. C'est un réel investissement sur le plan financier, et un vrai risque. Ensuite, il faut vendre le spectacle en démarchant les salles, en les relançant. C'est aussi un gros investissement en terme de temps, d'énergie, de ténacité.

 

En ce qui concerne ce que j'ai chanté en dehors de Barbara, j'en ai toujours été aussi le producteur (3 albums, un single, plusieurs spectacles). Aujourd'hui, il est vrai que je n'ai personnellement absolument plus les moyens financiers de produire un disque, sachant qu'il se vendra peu et de moins en moins physiquement, et que le numérique est très loin de combler pour le moment le manque à gagner de la dématérialisation. Si j'écris de nouvelles chansons, je crois qu'elles prendront vie sur scène, quitte à ne publier ensuite que des versions enregistrées en public, on verra…

 

À mon sens, l'unique moyen de nous sortir de cette crise de l'industrie musicale est de prélever enfin une taxe sur les abonnements aux divers fournisseurs d'accès à internet et sur les disques durs. Taxe reversée proportionnellement aux différents ayant-droits de ce métier. C'est le principe de la licence globale. J'ignore pourquoi nous n'en sommes pas encore là. De toute évidence, en raison d'histoires de très gros sous dans de très hautes sphères. Mais je ne vois aucune autre solution.

 

PdA : Où pourra-t-on vous applaudir prochainement ?

 

M.R. : À Mâcon les 22, 23 et 24 mars, et puis dans diverses salles (programmation en cours), pendant la saison 2013-2014. Et sans doute au Festival d'Avignon, en 2014 !

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

M.R. : De la scène avant tout et, un jour peut-être, avoir mon propre théâtre, ou du moins un lieu où l'on chante et où l'on puisse aussi parler, se rencontrer. On a beau tout dématérialiser, on aura toujours besoin des autres en chair et en os !

  

PdA : Un dernier mot, pour conclure ? Merci infiniment !

 

M.R. : Merci à vous !

 

 

Merci encore, cher Mathieu Rosaz, pour cet échange. Bravo pour votre talent, pour votre travail que j'ai eu grand plaisir à découvrir - et que je vais désormais suivre. J'ai pris le temps d'agrémenter le texte de notre entretien de nombreux liens pour vous permettre, amis lecteurs, de rencontrer vous aussi cet artiste qui, définitivement, gagne à être connu. Parcourez sa chaîne YouTube, suivez son actu, achetez son dernier album, si vous êtes séduit(e) ! Merci à vous ! Phil Defer... Un commentaire ?

 

 

Vous pouvez retrouver Mathieu Rosaz...

 

20 février 2013

Julien Diez : "L'erreur de l'UMP est historique"

Le 12 février, l'Assemblée nationale adoptait en première lecture le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels. Une première victoire tangible pour ses partisans, après des semaines de débats intenses, pas toujours de haute tenue de part et d'autre... Le clivage sur cette question de société se fait - pour faire très simple - entre "progressistes" et "conservateurs", tous étant persuadés, souvent de bonne foi, d'être dans le vrai s'agissant de défendre la famille, de protéger l'enfant. 329 voix pour. 229 voix contre. La majorité parlementaire a globalement fait bloc autour du "oui", l'opposition a largement défendu le "non". Seuls deux députés UMP ont voté le texte. Après l'interview de Frédéric Gal, directeur général du Refuge, après celle de Pierre-Henri Bovis, voici Julien Diez. Il est membre du bureau politique de GayLib, une association associée à l'UMP. À l'heure de nos premiers contacts, au mois de décembre, il est conseiller national auprès du parti. Mais ça, c'était avant... Merci à Julien Diez pour ses réponses à coeur ouvert ! Bonne lecture. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JULIEN DIEZ

Membre du bureau politique de GayLib

Ex-conseiller national de l'UMP

 

"L'erreur de l'UMP est historique"

 

Julien Diez

(Photos fournies par Julien Diez)

 

 

Q : 09/02/13

R : 14/02/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Julien Diez. Qu'aimeriez-vous que nos lecteurs sachent à votre sujet avant d'aller plus loin ?

 

Julien Diez : La question me paraît piège. Disons que j'ai pour blason un triptyque de valeurs : la Disponibilité, l'Enthousiasme et l'Endurance. Je suis disponible pour tous les échanges, tous les débats. Je vis mon travail d'artiste et mes actions militantes avec un enthousiasme qui rend les choses bien plus faciles. Et je n'ai pas pour habitude de m'essouffler quand une chose me tient à coeur...

 

 

PdA : Lors de notre premier échange, au mois de décembre, vous êtes conseiller national de l'UMP, en charge des sujets de société et de l'économie créative... Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager de la sorte ?

 

J.D. : Je tiens à apporter une précision : les conseillers nationaux n'ont pas de charges précises. Ils peuvent être spécialisés dans certaines questions, certains aspects, mais ils ne sont pas "en charge de...".

 

Précisions à part, mon engagement libéral et humaniste, dans sa forme actuelle, a pris source lors de mes études aux beaux-arts de Londres en 2006-2007. La situation sociale de certains Londoniens, l'état des services de santé, le communautarisme à la carte... ont fini de m'ouvrir les yeux sur les valeurs et la grandeur du modèle républicain français.

 

En rentrant en France, je ne pouvais pas occulter la prise de conscience qui avait été la mienne en Grande-Bretagne. Artiste de métier, l'engagement, le partage, la communication, l'échange font partie de ma vie. Le déplacement de cet engagement vers un engagement politique et militant s'est fait assez naturellement. Aujourd'hui, je ne puis même plus parler de glissement tant l'action d'artiste et l'action politique sont pour moi forgées dans une même démarche.

 

 

PdA : En parallèle, vous êtes membre du bureau politique de GayLib, un mouvement alors associé à l'UMP et qui, d'après votre site, "œuvre en faveur de l’égalité pour les personnes LGBT, dans un esprit républicain et humaniste". Pouvez-vous nous en dire davantage ?

 

J.D. : GayLib est pour moi un engagement supplémentaire, je ne puis exclure ce que je suis dans ma vie intime et amoureuse.

 

Gaylib, c'est aussi pour moi l'idée qu'il n'y pas de différences entres les citoyens français, quels que soient leur sexe, leur ethnie, leur confession. J'avais complètement adhéré au slogan de l'UMP lors de son université d'été 2011, "le parti des droits et des devoirs". Mais encore faut-il que ceux qui ont les mêmes devoirs, aient les mêmes droits.

 

Plus jeune, j'ai eu des amis qui en ont fini avec la vie du fait d'être homosexuel(le)s, et de ne pas pouvoir assumer le rejet social, de leur famille, et/ou de leur entourage. Ce sont des événements qui marquent l'histoire d'un individu. Cette histoire, c'est aussi la mienne, comme beaucoup d'homos qui en ont vu d'autres se détruire du fait du rejet des autres. Le suicide comme les phénomènes d'auto-destruction sont des fléaux dont la responsabilité est (au moins partiellement) une responsabilité collective.

 

Pour autant, l'adhésion à un mouvement LGBT n'allait pas de soi, pour moi. Je ne voulais pas devenir le "Gay de droite" ou entrer dans une case bien établie. Je ne voulais pas devenir la caution homosexuelle de ma famille politique, comme il peut en exister à gauche à Bordeaux et qui, malheureusement, sont loin de se distinguer par de brillantes interventions.

 

Ce qui m'a conduit à adhérer à Gaylib, puis à monter la délégation Aquitaine du mouvement, c'est la conviction qu'ici, à Gaylib, il n'y a pas de place pour les communautarismes à la carte.

 

L'idée première est celle d'une France plus juste, plus belle, méritocratique et qui respecte sa devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité. À la différence de quelques autres associations LGBT, nous ne débattons pas qu'avec ceux qui sont préalablement d'accord avec nous, bien au contraire, nous allons à la rencontre de ceux qui nous sont les plus hostiles. On ne fait rien avancer à cultiver l'entre-soi.

 

Mon engagement à Gaylib pourrait se résumer par une phrase de Roselyne Bachelot devant l'Assemblée pour défendre le PACS : "La France ne reconnaît qu'une communauté, la République".

 

J'invite d'ailleurs tous ceux qui ont un profond respect pour notre devise républicaine à nous rejoindre. S'il n'y a pas besoin d'être noir pour se battre contre le racisme, il n'y a évidemment pas besoin d'être lesbienne, gay, ou trans pour se battre contre l'homophobie ou la transphobie.

 

 

PdA : Les jours passent... Quelques déclarations controversées sur le mariage pour tous et l'ouverture du droit d'adopter aux couples homosexuels en tant que tels... Une participation visible à la manif nationale également estampillée "pour tous". Janvier 2013 : "GayLib quitte l'UMP". Le communiqué dénonce un "parti réduit à son expression la plus rétrograde". Vous vous dites quoi, à ce moment-là ? "Trop, c'est trop" ?

 

J.D. : Tout d'abord, je tiens à vous remercier de citer cet excellent communiqué de la présidente de Gaylib, Catherine Michaud. Il me semble qu'il en dit long sur ce qui a mené à cette dénonciation des accords qui nous associaient à l'UMP. Il traduit aussi un consensus chez les Gaylibiens. Notre mouvement avait pour devoir de quitter l'UMP, nous n'avions plus d'espace pour y travailler plus longtemps.

 

Il y a bien des personnes qui ne sont pas (encore) favorables au mariage, et pour qui j'ai de la considération. Il y a bien des élus qui sont hostiles à l'adoption par des couples de même sexe et pour qui j'ai du respect, et avec qui j'ai pu travailler en bonne intelligence. Tout le monde n'évolue pas à la même vitesse sur ces sujets.

 

Par contre, ce que je ne supporte pas, c'est que la démagogie devienne un processus idéologique. Comme celle qui consiste à dire que l' Union civile, qui était au programme de Nicolas Sarkozy en 2007, est abandonnée sous couvert d'une prétendue inconstitutionnalité en 2009. Et retomberait dans le passage clouté de la Constitution avec la perte de toutes les élections intermédiaires par ceux qui l'avaient mise dans leurs programmes. L'UMP veut nous faire croire que ce qu'ils n'ont pas fait étant au pouvoir, ils le feraient en étant dans l'opposition ?

 

Au delà de la médiocrité qui qualifie, à mon sens, la démarche précédemment citée, la ligne rouge a été franchie quand mon ancien parti politique a appelé à manifester, main dans la main avec le FN, pour que des citoyens français aient moins de droits que d'autres. Ce type d'appels à la manifestation ne correspond pas à ma conception d'un mouvement politique responsable, ni à ma vision de la République.

 

Quand des centaines de milliers de personnes défilent en famille, avec de jeunes enfants, des pré-adolescents, avec des slogans haineux à l'endroits des homosexuels, sous prétexte de la défense des enfants à venir... ceux-là pensent-ils que statistiquement, au moins 8% de ces enfants seront eux aussi des homosexuels ? Ceux-là même qui ont défilé en janvier contre le mariage pour tous avec ces discours ségrégationnistes, pensent-ils au séisme que cela produira quand ces enfants se rendront compte de leur propre homosexualité ? Ils disaient défendre les enfants en refusant des droits à d'autres, ce qui est certain, c'est que beaucoup ont détruit leurs enfants, durablement.

 

Je ne suis pas partenaire de cette démagogie, de ces manifestations haineuses ou de ce mépris pour le principe de réalité. Et puisque je parle souvent de responsabilité, je me devais à moi-même de me l'appliquer. Voulant demeurer intègre, je n'avais plus que le choix de la démission et du départ.

 

 

PdA : L'UMP, dont vous étiez membre il y a encore quelques semaines, est un parti essentiellement conservateur. Espériez-vous sincèrement que ses membres allaient épouser majoritairement cette cause, clairement libérale au plan sociétal ? Avez-vous réellement été déçu par l'UMP ?

 

J.D. : Je n'ai pas feint ma déception. Si je m'attendais à quelques dérapages (il serait faire preuve de langue de bois que de ne pas le dire), j'imaginais que l'UMP saurait tirer l'expérience du PACS... Mais il est vrai que je ne m'attendais pas à ce que l'UMP tombe dans cette course à l'horreur.

 

Ce qui continue de m'étonner depuis mon départ de l'UMP, c'est qu'aucune sanction n'ait été émise contre les députés qui ont entaché leurs écharpes de gras et de honte pour la fonction qu'ils représentent.

 

Pour moi, l'erreur de l'UMP est à la fois historique et politique, comme l'avait dit Emmanuel Blanc, ancien président de Gaylib, dans d'autres circonstances.

 

Une faute historique, d'abord. Que sont devenus ceux qui étaient contre la fin de l'esclavage, contre la fin de la ségrégation, contre le droit de vote des femmes, contre le droit à l'IVG, contre la fin de la peine de mort... ? Peu de choses, sinon des personnalités dont on rit, et dont on a oublié le reste des travaux, occultés par le ridicule de leur opposition d'alors. Concernant le mariage pour tous, l'Histoire ne fera probablement pas exception, rieuse de ceux qui n'ont pas vu qu'ils avaient déjà 15 ans de retard.

 

Une faute politique ensuite. L'UMP est ce mouvement qui a permis les journées de lutte contre l'homophobie en milieu scolaire grâce à Xavier Darcos, qui a permis la journée mondiale de lutte contre l'homophobie avec l'IDAHO (International Day Against HOmophobia, ndlr) et Rama Yade. L'UMP a aussi permis l'inscription de la réalité des familles homoparentales, de la théorie du genre dans les livres scolaires. Pour ne parler que de l'aspect éducatif du bilan de Gaylib et de l'UMP lors de la dernière législature, c'est un bilan qui a durablement préparé la société française à être favorable à l'Egalité des droits pour tous, et y compris pour les homosexuels.

 

Je suis aussi déçu de ce manque de clairvoyance. Je ne pensais pas que les cadres de l'UMP allaient commettre cette double erreur, qui les coupe d'une partie importante de la population française.

 

 

PdA : Vous imaginez-vous adhérer à nouveau à l'UMP un jour ? Auriez-vous un message à adresser à vos anciens camarades ?

 

J.D. : Je pense pouvoir faire à nouveau la campagne d'élus de droite un jour, oui. Je le souhaite pour les municipales, avec une exigence bien plus pointue envers celles et ceux auxquels j'apporterai mon soutien. Je ne suis pas devenu un homme de gauche en 15 jours, mes valeurs n'ont pas changé. De là à reprendre une carte à l'UMP aujourd'hui, cela me paraît inconcevable... J'ai d'ailleurs adhéré à l'UDI, comme beaucoup d'humanistes qui ont quitté l'UMP.

 

Pour mes anciens camarades, à Bordeaux, il règne un climat politique plus paisible, la figure tutélaire d'Alain Juppé n'y est certainement pas pour rien. Ils sont cependant nombreux à ne pas renouveler leur adhésion à l'UMP, lassés de se voir passer pour des extrémistes. Je les invite alors à faire une démarche de militant, à ne pas épuiser leurs énergie à écoper le Titanic avec une bouteille de 50 cl, et à rejoindre l'UDI.

 

En disant cela, je ne puis m'empêcher d'avoir une pensée pour nombre d'entre eux dont je connais le talent, et en particulier à quelques élus de la région bordelaise qui ont su grandir ma vision de l'UMP et pour qui je garde une amitié sincère. Je pense à Anne-Marie Cazalet, Laetitia Jarty, Pierre de Gaétan ou Nicolas Florian, par exemple. Pour moi, ils n'ont en rien perdu de leurs superbe, malgré les événements récents.

 

Il y a maintenant une force de droite à construire avec les énergies libérales, humanistes et républicaines. Cette force, c'est l'UDI, et c'est là que se porte mon engagement aujourd'hui.

 

 

GayLib

 

 

PdA : Revenons au fond, au coeur du sujet... Vifs, les débats l'ont été, et cela continue... Dans la société, au parlement... Dignes ? Pas toujours... Que vous inspire cette "séquence" de la vie publique ?

 

J.D. : Souvent, j'espère des coupures électriques dans les antennes d'émissions de nos chaînes de radio, de télévision. Des panne de rotative chez les imprimeurs... J'espère secrètement... Puis, je me dis que l'information libre, c'est la force d'une Démocratie saine.

 

Parfois, je suis tellement affligé par ce que je peux entendre... que j'en deviendrais grossier. Alors, je coupe la télévision ou ferme mon journal.

 

Les Français n'ont pas la mémoire courte. Je "crains" le même avenir qu'aux anciens députés de la "droite populaire", décimés par les urnes aux dernières législatives. Il y a ici des députés indignes de porter l'écharpe tricolore.

 

 

PdA : Quelle sont, à titre personnel, vos positions sur les questions du mariage pour tous, de l'ouverture du droit à l'adoption pour les couples homosexuels en tant que tels ? Quid de la procréation médicalement assistée (dont la gestation pour autrui), serait-il légitime, d'ailleurs, de traiter ce sujet en même temps que les autres ?

 

J.D. : Je suis favorable à tout cela. Au mariage pour les couples de même sexe. À l'ouverture du droit à l'adoption pour les couples homosexuels. Pour la procréation médicalement assistée et pour la gestation pour autrui encadrée.

 

Je distingue la PMA (Procréation Médicalement Assisté) et la GPA (Gestation pour autrui). La procréation médicalement assistée existe déjà depuis 30 ans en France, elle ne justifiait donc pas une ouverture du conseil d' éthique dans la mesure où la technique n'a pas changé. Dans la mesure où l'on accepte la France comme étant réellement le pays des Droits de l'Homme et des libertés, si les homosexuelles sont des citoyennes comme les autres, alors oui, elles doivent avoir droit à cette ouverture aux mêmes dispositifs que ceux que peuvent avoir les hétérosexuelles. La PMA pouvait, pour moi, être traitée en même temps que la question du mariage.

 

Pour la GPA, il en va autrement. Le risque demeure que la marchandisation du corps, contraire au droit français, soit amorcée par ce biais. Le gestation pour autrui nécessite donc un encadrement bien spécifique, avec des structures, et des parcours à établir, en cela ce dispositif nécessite un débat à part. J'y suis favorable. Regardons, par exemple, du côté de la Grande-Bretagne, où les femmes qui l'utilisent le font surtout par générosité, altruisme, envie d'aider, et libération de leur corps. Si je suis pour la GPA, je ne le suis pas à n'importe quelles conditions.

 

 

PdA : Sur la base de quels témoignages, de quels arguments souhaiteriez-vous tenter de convaincre les sceptiques sur l'ensemble de ces points ? Vous avez la parole...

 

J.D. : Cela pourrait être long. Le plus simple est encore de venir à notre rencontre. Chaque exemple, chaque argument se doit d'être personnalisé. Je vais simplement tenter d'être le plus synthétique possible.

 

Je pense avant tout que la parole de l'Amour est celle qui a la plus grande valeur. Celle d'une femme qui aime profondément une autre femme. Celle de ces dizaines de milliers d'enfants qui vivent déjà dans des familles homoparentales, et qui sont dans un consensus extrêmement large sur leurs modèles familiaux.

 

Il y a aussi le fait qu'en août 2011, l'Association internationale de (pédo-)psychiatrie a conclu la plus longue étude de son histoire, statuant que rien ne s'opposait dans le développement de l'enfant à ce qu'il soit éduqué par un couple de personnes de même sexe. Cette année, en France, l'association des psychanalistes a également rédigé une lettre ouverte dans ce sens. Ceux qui s'inquiètent du développement de l'enfant sont-ils réellement plus savants que ceux-là ?

 

 

PdA : Vous vous êtes impliqué sans compter dans cette bataille. Une vidéo l'illustre... Ce combat est presque gagné. Il y a des images, des instants, des rencontres qui resteront gravés en vous ? Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?

 

J.D. : Des images, des rencontres, il y en a évidemment beaucoup. D'autant plus que ce n'est pas un combat récent. Je pense à cette dame de l'âge de ma propre mère qui est venue me voir en marge d'une manifestation pour me remercier de ce que je faisais pour son garçon, me disant qu'elle avait mis longtemps à comprendre à quel point c'était difficile pour lui, et son besoin de soutien familial, comme tout un chacun. Une rencontre confession, extrêmement émouvante.

 

Au milieu de ces instants, il y a évidemment plusieurs discours de Madame Taubira, plusieurs de ses réponses à l'Assemblée Nationale, qui marqueront l'Histoire. Je ne partage pas ses positions politiques, mais comme il est permis à un homme de gauche de saluer le travail de Madame Veil, je n'ai aucun mal à applaudir le travail et le courage de Madame Taubira.

 

Je pense aussi à ce journaliste un peu brusque, qui interviewant un couple de mères avec leur petite fille, tend le dictaphone à la petite pour lui demander si elle sait pourquoi elle manifestait ce jour là, et la petite fille de répondre, "Oui, pour que ma maman là, ça soit aussi ma maman pour de vrai"... Une émotion m'avait alors parcouru tout entier devant la vérité de cette spontanéité.

 

Concernant mon état d'esprit, il demeure combatif. L'ouverture du mariage aux couples de même sexe a été voté hier. Le moment est historique, mais les combats qu'il reste à gagner ne sont pas des défis à la marge pour moi.

 

 

PdA : Vous êtes un spécialiste de ce que l'on appelle la transidentité au sein de GayLib. Un problème dont on entend peu parler...

 

J.D. : La transidentité est pour moi un volet extrêmement important. Il montre aussi comment parfois au sein de la communauté LGBT, (lesbiennes, gays, bi, trans) le "T" peut être oublié par les autres. La situation des trans, que se soit vis-à-vis des parcours de santé ou de l'accès aux papiers d'identités est souvent proche de l'inhumanité. Il y a un travail immense à abattre ici.

 

Roselyne Bachelot, avec la dépsychiatrisation des trans, a profondément changé la perception de ces personnes. Michèle Alliot-Marie a elle permis une plus grande liberté pour que les juges puissent accorder des papiers d'identité dans des parcours de dignité. Plus qu'une directive ministérielle, nous avons aujourd'hui besoin de lois pour protéger ces citoyens.

 

Il est vrai que les embûches mise au devant des trans pour les ralentir dans leurs processus est inacceptable. Leurs interlocuteurs comprennent hélas rarement qu'il en va de leurs survie que de rétablir une identité conforme à ce qu'ils sont au fond d'eux, et le rejet de leur accès à de nouveaux papiers d'identité ne peut que les pousser dans des situations de détresse sociale inacceptable.

 

 

PdA : Quelles devront être, demain, les barrières à abattre pour tendre à l'accomplissement de ce principe qui vous tient tant à coeur, celui d'égalité ?

 

J.D. : Aujourd'hui, je vous propose de prendre quelques jours pour savourer le vote du mariage. Pour ma part, le combat ne s'arrête pas là, notamment vis-à-vis de la question "trans" dont on a abordé certains des problèmes quotidiens. Si la solidarité de tant d'hétéros envers l'égalité des droits me ravit, je ne puis me défausser. Je ne suis pas trans moi-même, mais je tiens à me battre contre cette injustice qui me révolte profondément.

 

Concernant l'égalité, il y aura la gestation pour autrui à encadrer, la procréation médicalement assistée à faire voter, la question du don du sang dont les homosexuels sont toujours exclus... L'exclusion familiale, les maisons de retraites peu ou pas adaptés pour les couples de personnes de même sexe, la prévention contre les violences homophobes... les trans.... Sur tous ces sujets, il y a encore énormément à faire.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, Julien Diez ?

 

J.D. : Il y a quelque temps, on m'avait fait une demande en mariage, non sans humour. Une jolie alliance et un costume de cérémonie ne serait pas de refus. Dans un village perdu ou dans une petite capitale régionale faisant face à la mer... 

 

Ceci dit, suite à ce combat, j'ai quelque peu délaissé mes expos, mon travail d'artiste et mes créations. Les retrouver avec le même succès que le vote d'hier ne me déplairait pas.

 

Vous pourriez aussi me souhaiter de voir disparaître Gaylib, parce que, tous autant que nous sommes, nous n'accepterons complètement cette disparition que quand nous aurons la conviction que nous avons mené toutes nos missions à bien. Je conçois que ça soit quelque peu utopique, mais on ne se bat pas pour que les choses ne soient qu'à moitié réalisées.

 

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ? Pour quelqu'un en particulier ?

 

J.D. : Oui. Un mot pour le lecteur qui aura eu la patience et l'envie de lire cette interview jusqu'au bout. Je lui note un intérêt dont je ne peux que le remercier. Merci de ce temps.

 

S'il le souhaite, il peut continuer à suivre Gaylib depuis notre site www.gaylib.org. Il peut y adhérer pour nous aider à continuer notre combat.

 

Ce lecteur peut aussi nous rejoindre sur les réseaux sociaux, sur Facebook, sur le groupe Gaylib Aquitaine pour mes voisins régionaux, ou sur Twitter @Gaylib.

 

Par ailleurs, mon site retrace et développe bien des éléments abordés ici www.juliendiez.fr. Il est ouvert aux commentaires et à l'appréciation de chacun.

 

 

PdA : Un dernier mot ? Merci infiniment !

 

J.D. : Mon dernier mot, de mon côté, consistera naturellement en un renouvellement de mes remerciements pour m'avoir donné la parole avec tant de précision dans vos questions.

 

À bientôt !

 

 

 

Merci encore, Julien Diez, pour votre témoignage touchant. Pour l'enthousiasme avec lequel vous défendez les causes qui vous sont chères ! Phil Defer

 

 

 

Un commentaire, qu'il soit positif ou négatif, est toujours apprécié...

 

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3 juillet 2013

F.-H. Désérable : "J'ai voulu saisir les derniers tressaillements de vie"

   « Le bourreau et ses aides veulent me lier les pieds. Je refuse. La loi l'exige. Dura lex, sed lex. Alors je me laisse faire. Et puis on me coupe les cheveux. J'enfile ensuite la chemise rouge, réservée aux condamnés à mort pour crime d'assassinat. J'avais pensé garder mes gants mais le bourreau m'a assuré qu'il saurait me lier les mains sans me faire aucun mal. Il serre le moins possible. Je prends congé du citoyen Richard et de sa femme, qui ont été si bons pour moi. On sort dans la cour. La charrette m'attend. On me donne un tabouret, mais je sais déjà que je resterai debout. Je veux regarder la foule dans les yeux. On ne meurt qu'une fois. C'est la fin qui couronne l'oeuvre. »

   Dans quelques instants, Charlotte Corday ne sera plus, guillotinée pour s'être rendue coupable de l'assassinat du citoyen Marat. Ces mots, elle ne les a pas signés. Leur auteur est de nos contemporains; il dépasse à peine le quart de siècle mais s'est déjà fait un nom dans les milieux littéraires, un nom à retenir : François Henri Désérable. Tu montreras ma tête au peuple nous plonge au coeur de la France de la Révolution - la grande. Mille détails, fruits de lectures passionnées, une imagination féconde - c'est un roman historique - mise au service du récit, une aisance stylistique évidente. On s'y croirait. On y est. Il engage son funeste rituel, terrible, impassible... Ce sera mon tour, bientôt... Clic ! Clac ! Boum ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FRANÇOIS-HENRI

DÉSÉRABLE

Auteur de Tu montreras ma tête au peuple

 

« J'ai voulu saisir les derniers

tressaillements de vie »

 

François-Henri Désérable

(Les photos m'ont été proposées, à ma demande, par François-Henri Désérable)

 

Q : 02/07/13 ; R : 03/07/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour François-Henri Désérable. Tu montreras ma tête au peuple, paru il y a quelques mois aux éditions Gallimard, a été salué par nombre de critiques littéraires. Votre ouvrage a reçu le prix Amic, l'une des distinctions les plus anciennes de l'Académie française moderne. Il y a un an, votre nouvelle intitulée Clic ! Clac ! Boum ! figurait dans le palmarès du Prix du jeune écrivain de langue française. Une question toute bête, dans quel état d'esprit vous trouvez-vous, aujourd'hui ?

 

François-Henri Désérable : Je suis très surpris du succès que rencontre ce livre, car la qualité d’un livre, hélas, n’est pas gage de son succès. Cela étant, il faut relativiser : c’est un succès critique, mais la critique est indulgente, parce qu’il s’agit d’un premier livre. On m’attend au tournant…

 

PdA : Quelle importance accordez-vous au jugement de vos pairs ?

 

F.-H.D. : Je lui accorde une importance prédominante : il y a de nombreux écrivains que j’admire et rien ne me fait plus plaisir que d’apprendre qu’ils me considèrent, après m’avoir lu, comme un des leurs (même si je suis encore très loin de mériter cet honneur !).

 

PdA : Clic ! Clac ! Boum ! nous faisait vivre, dans sa peau, dans sa tête, les derniers instants de Danton, peu avant son exécution. Un schéma que l'on retrouve dans Tu montreras ma tête au peuple - ligne célèbre, que l'Histoire attribua à Danton. On y rencontre, outre celui qui fut député de la Seine, des figures telles que Charlotte Corday, Marie-Antoinette, Robespierre... À quelques mètres de l'échafaud, à quelques heures de la mort, à chaque fois... Vos récits, très documentés, parfois agrémentés d'éléments de mise en scène, nous plongent d'une manière très réaliste dans cette époque troublée. Une époque qui vous fascine, vous avez lu je ne sais combien d'ouvrages la concernant. Quel est, finalement, le sens de votre démarche ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur ce sujet-là ?

 

F.-H.D. : Ce sont bel et bien les derniers mots de Danton qui m’ont donnés envie d’écrire sur la Révolution et les derniers instants de ses grandes figures. Je reste fasciné par la superbe de cette phrase – « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine » – prononcée à l’adresse du bourreau, quelques secondes avant que la lame de la Veuve ne s’abatte sur sa nuque. De là, j’ai voulu saisir les derniers tressaillements de vie – je crois que le mot est de David - chez ces hommes et ces femmes qui ont connu la Conciergerie, le tombereau, l’échafaud et, enfin, le léger souffle d’air frais.

 

PdA : J'aimerais, pour cette prochaine question, faire appel, à nouveau, à votre imagination. Vous avez, à la faveur d'une incroyable prouesse technologique, l'opportunité d'effectuer un voyage dans le temps, un seul, d'une durée d'une semaine. La machine n'est pas encore tout à fait au point, les possibilités sont restreintes : ce sera Paris, forcément, quelque part entre le début du mois de mai 1789 et la fin du mois de janvier 1793. À partir du point de votre choix, une semaine d'immersion totale vous est offerte. Vous accompagnent, cela va sans dire, votre savoir de 2013, vos connaissances érudites du "film" de la fin du XVIIIème siècle en France. Quelle date choisirez-vous ?

 

F.-H.D. : J’ai envie de répondre le 14 juillet, à la Bastille, pour revenir en 2013 et dire : « J’y étais ! », mais c’est peut-être un peu convenu… Quelques jours avant alors, le 20 juin, au Jeu de Paume, quand les députés prêtent serment de ne jamais se séparer tant que la France ne sera pas dotée d’une constitution… Ou quelques jours après, la nuit du 4 août, quand l’Assemblée constituante décide d’abolir les privilèges. Ce sont là des événements fondateurs de la République que j’aurais aimé vivre, au même titre que j’aurais aimé vivre, le 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération, cette grande liesse populaire au Champ-de-Mars, ou encore, le 2 septembre 1792, le discours de Danton qui réclame « de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace » pour sauver la patrie en danger.

 

PdA : Quels cercles chercherez-vous à intégrer ? Quelles rencontres, quels entretiens, quels "coups de pouce" à l'Histoire vous emploierez-vous à provoquer ? À vous de jouer !

 

F.-H.D. : Infléchir le cours des événements ? Je ne pense pas que j’aurais pu faire grand chose. Je me sens proche des Girondins, alors j’aurais peut-être essayé d’en sauver quelques uns… Mais rien n’est moins sûr. Ou peut-être que, pour me marrer, j’aurais interrompu un discours de Robespierre en lui disant : « Mais tu vas la fermer, ta grande gueule ? », histoire de voir ce qui se passerait…

 

PdA : Il y a à l'évidence, vos écrits en sont une illustration parfaite, quelque chose qui relève du tragique dans la marche de l'Histoire. La Révolution française a connu plus que son lot de souffrances inutiles, évitables, d'opportunités gâchées, d'occasions manquées... Un an après la prise de la Bastille, ce fut la Fête de la Fédération, l'espoir, l'espace d'un instant, d'une véritable concorde entre les différentes composantes du peuple français. Hélas, les "années terribles" allaient bientôt succéder aux "années lumières". Quels enseignements l'historien, le doctorant en droit que vous êtes tire-t-il de tout cela ?

 

F.-H.D. : Je ne suis pas historien (je n’ai en tout cas aucun titre universitaire qui me confère le droit un peu ridicule de me présenter comme un historien). L’Histoire m’intéresse (ou en tout cas certains pans de l’Histoire) mais je la pratique en dilettante, un peu comme le droit, d’ailleurs (mais ceci est une autre histoire…)

 

Sans aucune fausse modestie, je serais bien incapable de tirer un quelconque enseignement du passage des « années lumières » aux « années terribles », si ce n’est, peut-être, que l’idéal républicain issu de la Révolution ne s’est pas réalisé en un jour : il a fallu d’autres tentatives pour que la France soit définitivement républicaine. On aurait tort, dès lors, de conspuer les printemps arabes parce qu’ils n’ont pas encore porté les fruits qu’on pouvait espérer. Laissons du temps au temps.

 

PdA : Qu'aimeriez-vous ajouter à tout ce que nous avons déjà dit pour donner à nos lecteurs l'envie de découvrir Tu montreras ma tête au peuple ?

 

F.-H.D. : Que je ne suis pas très bon pour répondre aux interviews : j’ai la faiblesse de croire que le livre est bien meilleur que mes réponses.

 

PdA : Avant d'aborder la dernière partie de notre entretien, permettez-moi d'évoquer votre autre grande passion, je pense évidemment au hockey sur glace, dans lequel vous baignez depuis tout jeune. Un sport finalement assez méconnu en France, et dont la médiatisation est quasiment inexistante... Comment l'expliquez-vous ? L'appel, le cri du cœur, c'est maintenant... ;-)

 

F.-H.D. : C’est un sport magnifique qui, hélas, n’est pas aussi médiatisé qu’il devrait l’être (tout au moins en France). Et pourtant, comme la tête de Danton, il en vaut bien la peine. Il y a, malgré tout, certaines villes dont le cœur bat au rythme du hockey : Amiens, Rouen, Grenoble… Et on est sur la bonne voie : la Fédération française de Hockey fait du très bon travail depuis quelques années, et la France va accueillir les championnats du monde en 2017. De quoi donner un sacré coup de projecteur…

 

PdA : Quels sont vos projets ?

 

F.-H.D. : J’ai écrit, pour l’excellente revue Décapage qui paraîtra en septembre, un court récit sur une garde-à-vue que j’ai vécue à Venise pour un motif assez insolite. Je vais écrire pour autre revue, L’Infini, l’histoire du tatouage de Bernadotte, régicide devenu roi. On m’a également demandé une préface pour la réédition des Mémoires de Sanson. Et puis j’ai commencé un roman, il y a bientôt six mois : l’histoire se passe en partie pendant une autre révolution, celle de 1830, les fameuses Trois glorieuses… Enfin, il y a cette thèse de droit que je dois finir, quand bien même elle est plus proche du début que de la fin.

 

PdA : Vos envies ?

 

F.-H.D. : Sans ordre particulier : lire, écrire, jouer au hockey.

 

PdA : Vos rêves ?

 

F.-H.D. : J’ai caressé un rêve pendant toute ma jeunesse : devenir un grand joueur de hockey, jouer en NHL, remporter la coupe Stanley. Je ne suis pas devenu un grand joueur de hockey, je ne jouerai jamais en NHL, et jamais je n’aurai mon nom gravé sur la coupe Stanley. Mon rêve est derrière moi. J’ai échoué.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, François-Henri Désérable ?

 

F.-H.D. : Des funérailles nationales à la Hugo. Ou, plus modestement, de bonnes vacances (je suis à Istanbul).

 

PdA : Quelque chose à ajouter ?

 

F.-H.D. : Oui : j’ai un ami, jeune (21 ans), talentueux, qui vient de publier son excellent premier roman, L’été slovène, chez Flammarion. Il s’appelle Clément Bénech, et il y a, chez lui, du Modiano, du Toussaint, du Parisis et du Chevillard. Ce qui n’est pas mal, tout de même…

 

PdA : Merci infiniment !

 

 

Tu montreras ma tête au peuple

 

 

Merci, François-Henri, pour vos réponses, passionnantes. Bonnes vacances. Surtout, bons vents... Pas le léger souffle d'air frais, non, ce serait un beau gâchis... Ceux de la chance, du succès, puissent-ils vous pousser à la mesure de votre talent... Et vous, qu'avez-vous pensé de cet ouvrage, Tu montreras ma tête au peuple ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver François-Henri Désérable...

 

  • Sur le site des éditions Gallimard pour Tu montreras ma tête au peuple;
     
  • Sur le site de TV5 Monde pour sa nouvelle, Clic ! Clac ! Boum !;
     
  • Sur le site Hockey Hebdo pour tout savoir de ses stats de hockeyeur professionnel... ;-)

  • Suivez Paroles d'Actu via Facebook et Twitter... MERCI !

 

Présentation remaniée : 10/07/14.

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9 mars 2014

Municipales 2014 : Paroles de jeunes candidats

À la fin du mois, nous nous rendrons aux urnes pour renouveler les plus de trente-six mille conseils municipaux qui constituent, ensemble, la première strate politique et administrative de notre pays, le cœur de la France des territoires. Pour l'occasion, j'ai souhaité donner une nouvelle fois la parole à quelques jeunes engagés, chacun sur une liste. Je ne prétends évidemment pas à l'exhaustivité, pas davantage à une représentativité parfaite du panel tel qu'il apparaît ici : Paris et Lyon sont, au 9 mars (date de la rédaction de cette introduction - 11 réponses reçues), sur-représentées, les hommes le sont largement. Les rapports de forces issus de ce panel ne reflèteront pas nécessairement ceux que l'on retrouvera au plan national, après les résultats. D'autres réponses me parviendront peut-être, je l'espère, en tout cas.

 

Le parti pris est le suivant : laisser s'exprimer quelques jeunes qui croient en la politique, en la capacité qu'elle peut avoir de changer les choses. Le scepticisme, le désabusement ne sont pas de mise ici. Ça fait du bien, parfois... Il y a également dans ce document un aspect "décrochage régional" que j'assume totalement : il vous donnera, je l'espère, l'envie de découvrir les communes, les coins dont il est question, de vous intéresser aussi à ces scrutins-là. Si vous souhaitez réagir à tel ou tel propos, interpeller un candidat ou apporter vos propres réponses, n'hésitez pas... les commentaires sont là pour ça ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

MUNICIPALES 2014 

Paroles de jeunes candidats

 

Marianne

(Illustration : Larousse.)

 

 

 

Bruno Clavet

Bruno Clavet

3e ar. de Paris - FN/RBM (tête de liste)

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Bruno Clavet. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Bruno Clavet : Originaire de Marseille où j’étudiais en école de commerce, j’ai emménagé à Paris en 2012 pour intégrer un master de stratégie à Sup de Pub, la grande école de communication de Paris. Installé durablement dans la capitale, j’ai ainsi fait mes premiers pas en tant que militant frontiste parisien avant de devenir tête de liste du 3e arrondissement pour les élections municipales.

 

Toutefois, c’est depuis mes dix-huit ans que j’ai à cœur de devenir un acteur du changement, afin de ne pas rester spectateur du spectacle catastrophique qui nous est offert depuis des années. Hier à l’UMP, aujourd’hui au Front national, je suis convaincu que nous incarnons la véritable alternative politique attendue par les Français attachés à leur pays, à ses valeurs, à son histoire et à son identité.

 

PdA : Vous serez candidat à Paris, dans le 3e arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ?

 

B.C. : Continuer de voter pour le système UMPS, c’est continuer la politique menée aujourd’hui par le gouvernement - politique que l’on sait injuste et inefficace. À cela s’ajoute une insécurité croissante : vols à la tire, cambriolages, violence des mineurs... Cela est intimement lié à la politique pénale voulu par le PS.

 

Que voit-on ? Une fiscalité écrasante, notamment pour les commerces, qui peinent à payer toutes leurs charges et à employer. Une crise du logement, qui favorise les plus riches et laisse les classes moyennes sur le bord de la route. Pour conclure, les politiques menées jusque là ont fait perdre au troisième son attractivité, aussi bien pour les commerces que pour les classes moyennes.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

B.C. : Nous voulons réduire la fiscalité, afin de recréer un écosystème attractif pour les commerces de proximité, qui sont la force vive de Paris et qui font partie de son histoire. Nous mettrons un terme aux travaux pharaoniques qui creusent la dette un peu plus chaque jour. Nous prônerons l'utilisation accrue de la vidéosurveillance et le retour d’une police municipale mieux équipée, donc plus efficace. Nous ferons en sorte d’appliquer le plus strictement possible le principe de laïcité cher à notre République. Et, pour finir, en ce qui concerne le logement, nous voulons le retour des classes moyennes dans Paris. Les commissions d’attribution des logements sociaux qui se tiendront sous notre mandat seront publiques, transparentes, elles appliqueront le principe de priorité nationale.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

B.C. : Je suis assez optimiste en ce qui concerne un poste de conseiller d’arrondissement. L’accueil est assez chaleureux. La population de l'arrondissement est désormais beaucoup moins fermée à l’idée d’un vote FN. C’est très encourageant... Au niveau de la ville, nous aurons évidemment des conseillers de Paris. Ce qui marque un véritable changement de mentalité.

 

Évidemment, nous attendons également avec impatience les élections européennes, qui signeront la fin du système européiste UMPS...

 

Propos recueillis le 12/02/14

Retrouvez Bruno Clavet sur Twitter...

 

 

Hugo Hanry 2014

Hugo Hanry

15e ar. de Paris - FG

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Hugo Hanry. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Hugo Hanry : Bonjour. Tout d'abord, je suis très heureux de répondre à nouveau à Paroles d'actu, qui avait déjà interrogé les jeunes sur le thème « Hollande, l'an 1 ». J'ai 20 ans et je suis étudiant en deuxième année de science politique à l'Université Paris Ouest Nanterre. J'habite Paris depuis 2000, et j'ai grandi dans le 15e arrondissement, où je suis candidat pour l'élection municipale sur la liste « À Paris, place au peuple ! » du Front de Gauche, menée dans le 15e par Françoise Giboteau et soutenue par Danielle Simonnet, tête de liste dans le 20e et à la mairie de Paris.

 

Je me suis engagé en politique en 2010, au Parti socialiste et au Mouvement des Jeunes socialistes, où j'étais coordinateur d'équipe des 15e et 7e arrondissements. La campagne présidentielle de 2012 a été un moment crucial dans mon engagement politique, puisque c'est à ce moment-là que j'ai pris véritablement conscience de la dérive néo-libérale du Parti socialiste. Le programme politique des « 60 engagements » de François Hollande ne prenait pas la mesure de l'ampleur de la crise que nous connaissons et des urgences sociales qui en découle. Un quinquennat d'austérité s'annonçait, et j'ai donc quitté mes fonctions au MJS et rendu ma carte du Parti socialiste.

 

Mon choix est allé vers le Front de Gauche et, plus précisément, le Parti de Gauche, seul parti à défendre une orientation de résistance à l'austérité et, en même temps, éco-socialiste : l'écologie politique et les réponses aux urgences sociales sont au cœur du programme. La politique économique de droite appliquée aujourd'hui par François Hollande et Jean-Marc Ayrault me conforte dans ma décision, et je porterai donc les couleurs du Front de Gauche aux élections municipales dans mon arrondissement.

 

PdA : Vous serez candidat à Paris, dans le 15e arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ?

 

H.H. : Le 15e arrondissement de Paris est un arrondissement particulier. C'est, tout d'abord, le plus grand, si l'on enlève les bois de Boulogne et de Vincennes des 16e et 12e arrondissements, et le plus peuplé, avec plus de 235 000 habitants. C'est également un arrondissement acquis à la droite depuis toujours.

 

Concernant le bilan de la municipalité sortante, sur Paris, tout d'abord, le bilan est très mitigé. En 2001, les Parisiennes et les Parisiens brandissaient les clefs de Paris devant l'hôtel de ville pour symboliser la fin de l'ère Chirac-Tibéri et exprimer leur ras le bol de la droite à Paris. D'ailleurs, le projet de Nathalie Kosciusko-Morizet, la marquise de Longjumeau qui vit des « moments de grâce » dans la ligne 13 du métro (toujours saturée), est comparable à la politique de la droite menée à Paris avant 2001. Notre opposition y est donc totale, je n'y reviendrai pas, son cas est réglé. Sous les deux mandatures de Bertrand Delanoë, des choses ont été faites. Par exemple, alors que la droite s'obstinait, par volonté politique, à réserver Paris aux riches, refusant de produire du logement social, Bertrand Delanoë a respecté la loi SRU et atteint en deux mandatures le taux de 20% de logement social sur la ville. Cependant, de grandes disparités subsistent selon les arrondissements : le taux de logement social dans le 7e arrondissement n'est que de 1,3%, contre plus de 36% dans le 19e...

 

Pour être plus critique, on constate à Paris un phénomène de « gentrification » qui s'accélère, et donc un exode social toujours plus important des classes populaires et moyennes, du fait du coût de la vie. Celles-ci sont forcées de se loger de plus en plus en banlieue, accentuant les distances domicile-travail et rendant par conséquent souvent obligatoire l'usage de la voiture ou le paiement de tarifs de transports en communs très élevés. On ne peut pas trouver un 50m² à moins d'un SMIC et, du fait de la rapacité des promoteurs immobiliers et du refus de s'attaquer à la spéculation immobilière, les loyers continuent de grimper, et la loi Duflot ALUR n'y changera malheureusement rien. On ne peut plus se loger dans la capitale de la France ! Du fait de la politique d'autofinancement de la ville et du refus d'investir dans le logement social par le recours à l'emprunt, seul un logement social sur trois - parmi les 70 000 produits en douze ans- est accessible aux personnes les moins aisées.

 

L'accès à la santé se dégrade, et de plus en plus de Parisiennes et de Parisiens ne peuvent plus se soigner, du fait des dépassements d'honoraires et du coût exorbitant de certains soins. La municipalité actuelle a d'ailleurs engagé la casse des urgences de l'Hôtel-Dieu, seul hôpital de proximité contenant des urgences dans les neuf premiers arrondissements de Paris. De plus, une grande partie des services de Paris a été privatisée au profit de grands groupes privés : JCDecaux pour Vélib et la publicité, Vinci qui, pour les parkings, pratique des prix exorbitants, Bolloré qui effectue avec Autolib une opération de publicité industrielle en faisant payer les Parisiens, ou encore Derichebourg, pour la collecte des déchets... Ce recours au privé coûte une fortune aux Parisiennes et aux Parisiens, d'une part parce que ces groupes doivent faire du profit pour rémunérer leurs actionnaires, mais aussi du fait des contrats signés. Dans le cas de Vélib, par exemple, si le taux de vélos dégradés dépasse celui prévu par le contrat, la ville paye 400 euros par vélo dégradé supplémentaire !

 

Malgré douze ans de mandature du Parti socialiste, la « gentrification » s'accentue, et Paris devient, de plus en plus, une ville réservée aux riches, du fait, principalement, de la spéculation immobilière. Pour ce qui est du 15e arrondissement, le bilan est également très mitigé et, les mairies d'arrondissements ayant peu de pouvoir, la mairie de Paris a plutôt limité la casse par rapport à ce qu'aurait pu faire le maire de droite du 15e, qui distribue actuellement sur les marchés des tracts anti-Roms racistes. Cependant, les projets de Bertrand Delanoë soutenus par la candidate Anne Hidalgo ne vont pas dans le bon sens. Tout d'abord, les 20% de logements sociaux ne sont toujours pas atteints, et le 15e manque cruellement de logement accessible à toutes et tous.

 

Je vais m'attarder ici sur un projet soutenu uniquement par le Parti socialiste qui résume parfaitement toutes les problématiques de l'arrondissement, et même celles de Paris en général : celui de la « Tour Triangle ». Ce projet inutile et imposé consiste à détruire une partie du Parc des Expositions de la Porte de Versailles pour y construire une tour de 180m de hauteur, composée à 95% de bureaux, sur un terrain vendu à Unibail par la ville à un prix trois à quatre fois inférieur à celui expertisé. Ce projet est anti-écologique, anti-social, il encourage la spéculation immobilière, engraisse les profits d'un groupe privé et est une tache architecturale. Anti-écologique parce qu'une tour de cette hauteur est obligatoirement énergivore, et elle est également contraire au plan climat adopté par le Conseil de Paris. Anti-social car cette tour sera composée à 95% de bureaux, alors que le 15e arrondissement manque cruellement de logements et, surtout, de logement social.

 

Des études ont montré que la construction de tours de grande hauteur faisait mathématiquement augmenter le prix du foncier, des loyers et des baux commerciaux dans le quartier alentour, du fait de la spéculation immobilière. Nous refusons par ailleurs les constructions de grande hauteur, par respect des impératifs écologiques mais aussi du patrimoine architectural de Paris. Bref, des projets coûteux, inutiles, imposés et anti-écologiques, voilà ce que nous réserve Anne Hidalgo si elle est élue, au lieu de s'attaquer à la spéculation immobilière et de rendre Paris accessible à toutes et tous.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

H.H. : Nous proposons aux Parisiennes et aux Parisiens un programme de 424 mesures de radicalités concrètes pour cette élection municipale. Je ne vais évidemment pas toutes les énoncer, mais je vais insister sur quelques points, notamment sur le logement, qui est notre priorité dans cette élection.

 

Tout d'abord, nous assumons de soutenir que l'élection municipale est une élection politique, et que la politique nationale a, bien évidemment, des répercussions à l'échelle locale. Par exemple, dans le budget 2014, du fait des baisses de dotations de l'État aux collectivités décidées par François Hollande, c'est un demi milliard de moins qui rentre dans les caisses de la Ville ! Nous portons l'ambition de faire de Paris la capitale de la résistance à l'austérité. Tous les autres candidats, que ce soient Anne Hidalgo, NKM, le candidat du Front national ou Christophe Najdovki pour EELV, sont dans une logique de soumission à l'austérité. Nous, nous refuserons la baisse des dotations de l'État à la Ville de Paris et nous réclamerons le remboursement de la dette de l'État auprès des Parisiennes et des Parisiens : elle s'élevait déjà, en 2011, à plus d'1,3 milliard. Parce que le logement est notre priorité, et que beaucoup de leviers relèvent du domaine législatif, nous assumons, si les électeurs portent le Front de Gauche à la mairie de Paris, capitale de la France, d'imposer un rapport de force avec le parlement pour faire adopter une loi d'encadrement à la baisse des loyers de 20%, dans le privé et dans le public. Pour en finir avec ce qui relève du domaine national, nous réclamerons une révolution fiscale pour rendre l'impôt plus juste et plus redistributif.

 

Concernant les radicalités concrètes locales, je vais développer plus longuement nos mesures pour l'accès au logement, préoccupation numéro 1 des Parisiens. Nous engagerons un combat sans relâche pour faire baisser les loyers. Pour cela, il faut frapper la spéculation immoblière en augmentant les droits de mutation, que la municipalité sortante a refusé d'augmenter, alors que la loi l'y autorise ! Nous taxerons davantage les transactions immobilières dans les quartiers les plus chers. Il est également indispensable de faire appliquer le droit de réquisition sur les 115 000 logements vides, presque un million de m² de bureaux vides, pour rééquilibrer l'offre et la demande qui mettra fin à la course folle à la hausse des loyers. Malheureusement, pas une seule réquisition n'a eu lieu depuis l'élection de François Hollande et l'arrivée de Cécile Duflot au ministère du Logement. Nous développerons également le compte foncier de la ville, en assumant notamment le recours à l'emprunt. Nous créérons dans cette logique 12 000 logements sociaux par an, répartis dans tous les arrondissements, pour parvenir à l'objectif de 30% de logements sociaux avant la fin de la mandature et non, comme le propose hypocritement Anne Hidalgo, en 2030 (soit trois mandatures)... Nous baisserons également le loyer de ces logements sociaux pour les rendre accessibles à toutes et tous. Nous créerons des conseils de l'habitat social pour avancer dans la participation des locataires à la co-gestion du parc social.

 

Notre programme est ambitieux, il répond aux urgences sociales et écologiques des Parisiens. C'est pourquoi il s'accompagne d'une série de mesures d'émancipation par rapport aux intérêts privés mais aussi, par exemple, par rapport à la publicité. Nous reprendrons la main sur les intérêts privés en municipalisant ou remunicipalisant ce qui a été privatisé. Ce sera le cas pour Autolib, Vélib, les parkings, la collecte des déchets, les cantines scolaires ou encore le nettoyage des bureaux. Nous souhaitons défendre et étendre nos services publics en créant des espaces de gratuité, notamment dans les transports, pour les premiers m3 d'eau, pour les musées, les bibliothèques et médiatèques... Nous instaurerons une régie publique de l'internet et des énergies renouvelables et embaucherons 4 000 nouveaux agents de la ville. Pour désengorger Paris, nous développerons et rendrons les transports publics accessibles à toutes et tous en baissant drastiquement les tarifs et en portant une bataille qui n'a pas été menée par la majorité sortante, celle de la tarification unique - sur les tarifs des zones 1 et 2 - pour toute l'Île-de-France.

 

Pour faire face aux impératifs écologiques et garantir le droit aux espaces verts, nous organiserons une planification écologique municipale et défendrons la création d'un troisième bois dans Paris, en plein coeur du 18e arrondissement, sur la friche « Chapelle International ». Nous repenserons également l'aménagement du territoire pour réduire les distances domicile-travail, rééquilibrer le ratio emploi/logement dans les quartiers et, ainsi, amoindrir le recours à la voiture. Pour faire vivre la vie associative, nous affecterons 50m² pour 100 habitations à des locaux dédiés aux activités associatives dans les immeubles gérés par les bailleurs sociaux. Enfin, à l'instar de São Paulo, nous portons l'ambition de faire de Paris une ville débarrassée de la publicité, notamment sur les édifices publics en travaux, tout cela nourrit la logique consumériste, et, de surcroît, engraisse les profits de JCDecaux. Nous favoriserons au contraire l'art dans la rue.

 

La Ville de Paris n'est pratiquement pas endettée et fonctionne à 80% en autofinancement par ses propres recettes fiscales. Pour planifier et préparer l'avenir, nous assumerons le fait d'avoir un plus grand recours à l'emprunt et nous dégagerons de nouvelles recettes, notamment en taxant la spéculation immobilière.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

H.H. : Je dois d'abord dire que je suis désespéré de constater que nous faisons face à une candidate UMP qui ne connaît pas le prix d'un ticket de métro, ni les horaires de bus, qui propose de créer des « zones franches de droit du travail » dans les quartiers (complètement illégales, et heureusement), qui souhaite engager le plus grand plan social que la Ville ait connu en supprimant 2 500 postes d'agents et veut réserver le logement social aux classes moyennes aisées. Donc, de fait, soutient un Paris réservé aux riches.

 

Je suis également désespéré de voir un candidat du Front national, déjà champion d'absentéisme au Conseil régional de Picardie, déclarer qu'« À Paris, il n'y a que des bobos et des immigrés », qu'il ne « gagne pas (sa) vie si bien que ça » avec des revenus annuels de plus de 100 000 euros - alors que 15% des Parisiens vivent en dessous du seuil de pauvreté (25% dans les 18e, 19e et 20e arrondissement) - et préparer la plus sévère cure d'austérité que la ville ait jamais connue (et, qu'heureusement, elle ne connaîtra jamais). Bref, le profil type du vote inutile : même si, par malheur, il était élu, il ne daignerait même pas siéger au Conseil de Paris...

 

Enfin, je suis consterné par le programme du Parti socialiste et celui d'EELV. Ils manquent gravement d'ambition et condamnent Paris à se soumettre aux logiques d'austérité dictées par le gouvernement et Bruxelles. Les listes d'Anne Hidalgo sont bien des listes gouvernementales.

 

Je pense que le Front de Gauche, dans de nombreuses villes, et également à Paris, sera la surprise de ce scrutin. Nous sommes les seules listes assumant une rupture avec les logiques de réduction des dépenses au détriment des citoyens et préparant l'avenir en investissant dans nos services publics. Malgré un cadrage médiatique déloyal focalisé sur le « duel NKM/Hidalgo » qui n'en est pas un, sauf à être un duel de l'austérité, Danielle Simonnet, notre tête de liste à la mairie de Paris, réussit à percer dans ce cadre médiatique. Lors du débat sur LCP et Europe 1 réunissant les cinq candidats à la mairie de Paris, notamment, où le chef du service politique d'Europe 1 a reconnu qu'elle était « excellente » et « la révélation » de ce débat. Je le dis franchement, les autres candidats ont pour eux l'image et la priorité médiatique, mais nous avons le fond et la force militante de terrain. Pour preuve, nous sommes les seules listes en progression, et, déjà, la troisième force politique de Paris, à cinq semaines du scrutin.

 

Je ne vais pas cacher que, pour le 15e arrondissement, la tâche est rude, mais nous comptons sur le travail de terrain, où nous avons de très bons retours, pour remporter cette élection et faire triompher l'autonomie conquérante. Nous souhaitons remobiliser les 110 000 électrices et électeurs parisiens de Jean-Luc Mélenchon lors de l'élection présidentielle et, bien sûr, rassembler au-delà. Je pense notamment aux électeurs socialistes et écologistes qui ne se reconnaissent pas dans la politique menée par François Hollande et qui ne veulent pas en subir les conséquences à Paris en votant pour Madame Hidalgo. N'hésitez plus. Vous êtes de gauche, votez Front de Gauche ! À Paris, place au peuple !

 

Propos recueillis le 18/02/14

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Valentin Fontan-Moret 2014

Valentin Fontan-Moret

1e ar. de Lyon (Rhône) - UMP

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Valentin Fontan-Moret. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Valentin Fontan-Moret : Bonjour. J'ai 18 ans et suis un militant engagé depuis deux ans aujourd'hui à l'Union pour un Mouvement populaire. Mes convictions viennent toutes d'un même credo : "Il faut que cela change !" Voilà, pour moi, le sens réel et profond d'un engagement : l'envie d'en finir avec ce qui ne va pas, ce qui ne va plus, et participer à l'avènement d'une vision nouvelle. La volonté de faire bouger les lignes et l'optimisme, conditions sine qua non à tout engagement, sont pour moi les piliers indestructibles du combat politique. Et c'est précisément cette envie de porter un projet nouveau qui motive aujourd'hui mon engagement dans le 1er arrondissement de Lyon, aux côtés de Jean-Baptiste Monin. La volonté d'incarner le renouveau et de porter des idées nouvelles est à mon sens une belle façon d'ajouter sa pierre à l'édifice républicain, qui en a bien besoin.

 

Pour ce qui est de mon "étiquette" (UMP), elle est le fruit de l'adhésion à cette idée certaine de la France qui est celle du gaullisme. Aussi bien sur le plan institutionnel, économique que social, je crois que la quintessence du modèle français qui nous est cher est gaulliste avant tout. Mais je ne suis pas un nostalgique : je crois que notre devoir à tous aujourd'hui est d'être tournés vers l'avenir, et qu'il nous faut pour cela ne pas oublier d'où nous venons, c'est aussi ça, le gaullisme, selon moi. C'est cette vision de la France et du monde qui motive mon engagement. 

 

PdA : Vous serez candidat à Lyon, dans le 1e arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ?

 

V.F.-M. : Le pluriel est effectivement de mise ! Je ne suis pas de ceux qui jetteront la pierre à un camp ou l'autre. La gauche est fracturée dans le 1er arrondissement : une liste du Parti socialiste présentée par Gérard Collomb ; une liste plus à gauche portée par Nathalie Perrin-Gilbert, maire sortante après deux mandats, soutenue par le Front de Gauche ainsi que son propre groupe, le Gram ; et, enfin, une liste Europe Écologie Les Verts.

 

On ne peut pas reprocher à Nathalie Perrin-Gilbert d'avoir fait du mal à l'arrondissement. Mais les citoyens ont souffert du jeu politicien de rivalité entre ces différents mouvements de gauche et les ambitions des uns et des autres qui ont trop souvent primé sur l'intérêt des habitants. C'est pour moi la grande part d'ombre du bilan des équipes sortantes, et le drame, c'est que ces équipes, Parti socialiste en tête, ont fait le choix de poursuivre cette bataille d'égos et d'ambitions sur la place publique, devant les électeurs, à l'occasion de cette campagne. Je crains que cela ne se fasse au détriment de notre arrondissement, et c'est pour cela que je milite pour l'alternative ambitieuse et dynamique qu'incarne Jean-Baptiste Monin.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

V.F.-M. : Notre projet est très dense, et c'est une fierté pour nous ! Nous n'avons pas peur d'être ambitieux pour notre arrondissement. Mais, parmi nos propositions, certaines me tiennent particulièrement à cœur : l'idée, par exemple, de rendre son sens et sa fonction à ce lieu chargé d'histoire et pourtant abandonné qu'est l'Amphithéâtre des Trois Gaules, en y organisant régulièrement les états généraux de l'arrondissement : une grande concertation ouverte à tous sur la politique à mettre en oeuvre dans l'arrondissement pour impliquer chacun dans le processus de décision. S'exprimer autrement que par un bulletin de vote tous les six ans : voilà le sens profond de ce qu'est la démocratie !

 

Mais il y a aussi cette proposition de bon sens, et pourtant trop rare, qui est de faire de la police municipale une véritable police de proximité, bien loin d'une politique répressive : l'idée est que les agents soient comme des veilleurs de quartier, vecteurs de lien social, figures connues et respectées dans leurs quartiers et quotidiennement au contact des riverains pour contribuer à ramener une atmosphère paisible. Je pourrais aussi développer longuement les thématiques qui touchent directement les jeunes : l'intergénérationnel ne sera pas laissé de côté avec le projet du Collège Truffaut qui a fait l'actualité ces dernières semaines. C'est une belle perspective qui redonne tout leur sens à ces termes que certains mettent aujourd'hui à toutes les sauces et que sont l'humanisme, le vivre ensemble. Nous n'en faisons pas un argument marketing, et pourtant, c'est l'essence même de ce type de projets.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

V.F.-M. : Je les sens bien, pour tout vous dire !

 

Évidemment, la situation actuelle invite à un vote massif en faveur de notre mouvement, qui représente l'alternative. Mais je vois aussi en ces élections municipales, dans un certain nombre de communes comme dans le 1er arrondissement de Lyon, un moyen de renouveler les tendances, idées et personnes. Et, peut-être, qui sait, de faire définitivement éclater un certain nombre de clivages qui n'ont plus de sens et que certains entretiennent comme un fonds de commerce, électoralement très rentable ?!

 

PdA : Un dernier mot ?

 

V.F.-M. : Engagez-vous ! D'autres vous incitaient à vous indigner, je préfère inciter tous les jeunes qui, comme moi, ne sont pas à l'aise avec la situation politique qui est la nôtre, ni avec une bonne partie des projets qu'on leur soumet pour l'avenir, à s'engager, quelles que soient leurs convictions. Il m'arrive encore, souvent, de me lever le matin, de regarder les nouvelles du jour et de penser : "Nous ne pouvons pas ne pas agir !". Jeunesse, agissons !

  

Propos recueillis le 22/02/14

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Stéphanie V.

8e ar. de Paris - PS

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Stéphanie V. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ?

  

Stéphanie V. : Je suis étudiante en droit des affaires, passionnée par tout ce qui touche à l'entrepreneuriat et aux start-up. J'aime aussi beaucoup le monde de l'art et en particulier le théâtre, que j'ai pratiqué de nombreuses années, notamment au cours Florent, ainsi que la peinture - je me réfugie dans un musée dès que j'ai un peu de temps ! -. Parallèlement à mes études, j'ai la chance de travailler dans une galerie d'art du 10e arrondissement de Paris, où je participe à la programmation et à la logistique. J’adore la musique et joue du violon depuis mon enfance. 

  

PdA : D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ? 

  

S.V. : J'aime mon pays. Depuis petite, je me suis intéressée à l’histoire de France et j'ai voulu apporter ma modeste contribution personnelle à l'histoire collective. J'ai d'abord milité dans l'associatif mais, au bout de quelques années, j'ai eu envie d'agir au cœur du « mécanisme », je me suis donc naturellement tournée vers la politique en adhérant au Mouvement des Jeunes socialistes et en rejoignant la sensibilité La Relève. J'ai aujourd'hui la chance de coordonner l'équipe des jeunes socialistes du 8e arrondissement de Paris, dans lequel je réside.

  

PdA : Vous serez candidate à Paris, dans le 8e arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ? 

  

S.V. : Quel gâchis... Notre arrondissement a un potentiel incroyable, qui n'est absolument pas exploité par la majorité sortante, qui manque cruellement d'énergie et de dynamisme. Le 8e s'est endormi, les familles et les commerçants sont délaissés, le maire ne relaye pas correctement les nombreux dispositifs mis en place par la mairie de Paris pour les habitants de l'arrondissement, et particulièrement pour les jeunes. Ce manque d'ambition et de volonté est affligeant. Nous abritons le premier quartier d'affaires de France et la plus belle avenue du monde : nous méritons un 8e innovant, qui soit un arrondissement d'excellence. Un maire qui soit au service des citoyens et capable de prendre des décisions courageuses sur des dossiers sensibles ou difficiles, sans se dédouaner comme c'est le cas actuellement, en particulier sur le manque de places en crèches, la sécurité ou encore la propreté. 

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ? 

  

S.V. : Nous avons fait le choix de contribuer activement au développement économique de l'arrondissement. Je considère tous les cabinets et les entreprises qui entourent nos résidences comme un patrimoine, une richesse qu'il faut exploiter. Cette réflexion nous a conduit, par exemple, à proposer la création d'une pépinière d'entreprises et la création d'un label "Paris8e".

 

Les petits commerces aussi sont précieux, ils garantissent la vitalité du quartier et sont un facteur de lien social conséquent, pour les personnes âgées en particulier. Nous proposons de mettre en œuvre de nombreux dispositifs pour favoriser et protéger l'implantation des commerces de bouche, tels que l'inscription des principales rues commerçantes dans le plan local d'urbanisme.

 

Nous voulons aussi préparer l’avenir et penser à ceux qui seront le 8eme de demain. Aussi, nous voulons construire une nouvelle école dans le nord de l'arrondissement, ainsi qu'une crèche d'une trentaine de berceaux. Nous avons également souhaité faire un focus sur cette jeunesse trop longtemps oubliée par la droite, en avançant des propositions élaborées par les jeunes pour les jeunes, telles que la création d'une bourse de stage à destination des 15/30 ans ou encore celle d'un local jeunesse muni d'ordinateurs et de wifi en libre accès, ainsi que de nombreux partenariats avec les entreprises environnantes.

 
Des événements récents ( une fusillade puis un blessé par balle) ont aussi démontré la nécessité absolue de traiter des questions afférentes à la sécurité de manière rapide et efficace : si nous sommes élus, nous mettrons en place un conseil local de sécurité, demanderons qu'un bus antenne de police soit présent dans les lieux touristiques, un gardien et l'installation d'une vidéosurveillance dans le square Marcel Pagnol.

 

Un plan local de propreté, en partenariat avec les inspecteurs de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations, ndlr), sera mis en place et nous inscrirons l'arrondissement dans une démarche environnementale plus approfondie (mise en place de l'Agenda 21, trame verte, lieux de compost...).

 

Dans la lignée de mon parcours et de mes hobbies, je suis très attachée à l'idée de promouvoir la culture, dans toute sa dimension intergénérationnelle, en enrichissant notre identité culturelle (création du forum de l'entreprenariat européen, demande d'obtention de la localisation du Musée du Numérique et de la Société Informatique sur notre territoire, création de soirées "Paris Upground" sur les toits d'immeubles parisiens en partenariat avec des galeries d'art du 8e, création d'un centre socio-culturel type Centre Barbara du 18e). Nous favoriserons aussi l'accès au patrimoine existant : le Festival de l'Europe, qui s'appuierait sur les rues affiliées, le Parcours de Design culinaire, en partenariat avec nos grandes maisons gastronomiques du 8e, le Parcours Modo (transposition de l'événement bruxellois)...

 

La solidarité et la citoyenneté sont au cœur de notre engagement, et sont deux thématiques portées avec force et conviction par notre tête de liste, Corine Barlis : un conseil de la jeunesse et une assemblée de tous les conseils de quartiers seront notamment crées en mairie.

 

Enfin, nous nous engageons fermement sur le logement et sommes fiers de voir cette thématique revendiquée comme prioritaire pour Anne Hidalgo. Nous interviendrons, par exemple, en fournissant un effort de vigilance sur les immeubles vacants, par la mise en place de "Relais location 8e", de l'agence Multiloc et, dans un souci de transparence, nous installerons une commission d'attribution des logements sociaux avec une commission de surveillance paritaire.

 

Ceci est très loin d'être exhaustif, je vous invite donc à venir découvrir l'intégralité de notre projet sur notre site.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

S.V. : Très bien! Notre équipe a déjà réussi beaucoup de choses : cohésion, pragmatisme et écoute des habitants lors de l'élaboration de notre programme ont porté leurs fruits et, au fil des tractages, de nos rencontres avec les commerçants, porte-à-porte et autres actions de terrain, je découvre les nombreuses retombées positives de notre travail : une confiance qui croît de jour en jour en la capacité de Corine Barlis et de son équipe à gérer cet arrondissement et à en faire un lieu de vie privilégié. Nos propositions sont pertinentes, concrètes et audacieuses, dans la droite ligne de celles de notre candidate à la mairie de Paris, Anne Hidalgo. Je suis très fière de la soutenir dans le 8e, c'est une personnalité qui m'inspire énormément, en tant que militante mais également en tant que femme : progressiste, écologiste, féministe et bosseuse, je pense qu'elle fera une excellente maire de Paris et j'ai toute confiance en ses chances de victoire.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

S.V. : Oui ! Je vais en profiter pour remercier Corine Barlis et toute la commission qui a procédé à l'élaboration de la liste pour m'avoir donné la chance de participer à cette campagne en tant que candidate. Nous comptons quatre personnes de moins de 30 ans sur notre liste, ce qui témoigne de leur confiance en la jeunesse. Je voudrais également saluer mes colistiers : nous sommes une liste hétéroclite, unie, au sein de laquelle chacun a su trouver sa place et apporter ses compétences, ce qui est suffisamment rare pour être salué. Nous avons une équipe de communication qui fait un incroyable travail, des militants socialistes et des formations politiques partenaires qui savent se mobiliser au quotidien, je tiens à les remercier chaleureusement pour cette belle aventure collective. 

  

Propos recueillis le 02/03/14 

 

 

 

Julien Mariller

Julien Mariller

Binges (Côte-d'Or) - UMP (tête de liste)

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Julien Mariller. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Julien Mariller : Parler de soi est toujours un exercice difficile, surtout lorsque l’on fait preuve d’une certaine humilité. Depuis très jeune, l’engagement public est une véritable passion. Il permet d’offrir des perspectives à nos concitoyens, de transformer le quotidien, d’être l’acteur de notre avenir commun. Depuis huit ans, j’ai la chance d’accompagner un certain nombre d’élus en Côte-d’Or. Ils sont présents pour m’apprendre à analyser les rouages de la République et la servir. Ils sont, pour moi, comme des pères.

  

Depuis 2010, je suis, d’ailleurs, secrétaire de l’association de soutien du député de ma circonscription et membre de Conseil national de l’Union pour un Mouvement populaire. Ce sont de très belles missions. Mais, désormais, je suis prêt, avec l’équipe qui m’accompagne, à assumer d’autres responsabilités : c’est le sens de ma candidature aux élections municipales de notre belle commune, Binges.

 

PdA : Vous serez candidat à Binges (Côte-d'Or) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

J.M. : À cet instant, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces hommes et toutes ces femmes qui, bien avant nous, ont œuvré pour la réussite de notre commune. Je pense notamment à l’ensemble des élus municipaux, aux bénévoles associatifs, aux artisans et commerçants, aux agriculteurs... Binges possède une identité, une histoire qu’il nous faut avant tout respecter pour construire notre avenir. Notre commune est aujourd’hui à la recherche d’une espérance, d’une perspective. Nous avons besoin de retrouver un projet commun, une envie de vivre ensemble.

 

Je suis un amoureux de notre belle commune. D’abord parce que j’y suis né, parce que Binges a toujours été le témoin des étapes de ma vie, de mon enfance à ma vie d’adulte. Mais aussi parce que les liens d’amitié et de proximité que j’ai tissés avec chacun des Bingeois depuis vingt-cinq ans sont pour moi une drogue dont je ne pourrais aujourd’hui me passer.

 

J’ai beaucoup de respect pour l’équipe municipale sortante, même si je considère désormais qu’un autre avenir est possible. Nous n’avons plus le temps d’attendre que le temps passe. Avec mon équipe, nous éveillerons Binges. D’une certaine manière, nous sommes tous les membres d’une même famille. C’est cette famille que nous souhaitons servir avec passion. C’est pour cette famille que nous souhaitons nous battre et donner beaucoup de notre temps.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

J.M. : Le moment est venu de développer un projet de vie qui s'appuie largement sur les contacts humains, l’écoute et la proximité. Le moment de construire une commune qui défende ses racines et ses intérêts. Le projet que nous défendons est enraciné dans l’identité de notre commune. Il est composé de propositions réalistes, comme la redynamisation de notre tissu associatif et de notre cœur de village, la limitation du nombre de nouveaux logements ou encore la sécurisation de notre route départementale, avec le souci permanent du respect des équilibres financiers et de l’argent public. Ce projet est porté par une équipe rassemblée d’hommes et de femmes venant d’horizons complémentaires et animée par une même volonté : mettre leurs compétences et leurs énergies au service de notre commune.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

J.M. : Les élections municipales sont un rendez-vous démocratique majeur. Les Bingeois auront à faire un choix qui engagera notre commune pour les six prochaines années. Je suis très serein, avec le sentiment d’un devoir pleinement accompli. J’ai toujours choisi la sincérité, la proximité et l’honnêteté dans la campagne que nous conduisons. Je ne me détournerai jamais de l’objectif de servir Binges et ses habitants.

 

D’une manière plus générale, ces élections doivent être un moment de vérité. Dans un contexte national difficile, les Français ont besoin de faire confiance à des élus de proximité compétents et présents.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

J.M. : Je veux dire qu’au service de notre commune, il n’y aura pas de clan. Il n’y aura que les bonnes volontés de ceux qui aiment Binges. Il n’y aura que les compétences, les idées, les convictions de ceux qui sont animés par la passion de l’intérêt général. À tous ceux qui veulent servir notre belle commune, je dis, du fond de mon cœur, que nous sommes prêts à travailler avec eux. Qu’est-ce qui nous fédère ? C’est d’abord une conception élevée de notre identité communale. Cette conception n’est en rien démodée. Il y a chez de nombreux habitants une demande d’ordre, d’unité et d’avenir commun. Ce qui nous fédère, c’est aussi une certaine idée de l’engagement publique faite de lucidité et de courage.

 

Nous menons un engagement de vérité. Cette vérité peut parfois déranger mais nous sommes présents pour servir Binges, pas pour séduire avec un tissu de mensonge, ni pour nier la réalité qui nous entoure. Ce qui importe, c’est d’incarner une lucidité, une franchise en continu, et de mettre cette attitude au service d’un projet nouveau et structurant. Nous ne gagnerons pas avec des postures. Je veux dire qu’il est dangereux de penser que les fautes de mon adversaire feront nos succès. Ce sont les idées qui guident les victoires et les actes.

 

Nous avons un travail de crédibilité à accomplir, crédibilité qui doit être solide et qui doit être digne. Crédibilité dans notre projet, qui doit être profondément réfléchi et débattu avec chacun des habitants. Crédibilité, enfin, dans notre volonté de rassembler les Bingeois et de les convaincre que nous devons passer à l’étape que nous permettra de tous nous rassembler.

 

Propos recueillis le 03/03/14

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Anthony_Pitalier

Anthony Pitalier

Château d'Olonne (Vendée) - PS (tête de liste)

   

Paroles d'Actu : Bonjour, Anthony Pitalier. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Anthony Pitalier : Je suis collaborateur parlementaire à l'Assemblée nationale depuis 2007, d'abord aux côtés d'Elisabeth Guigou et aujourd'hui auprès de Pascal Deguilhem et, depuis 2012, de Sandrine Doucet. Je me suis engagé en politique à 18 ans, en adhérant au Parti socialiste. Le virus de la politique, je l'ai attrapé à l'âge de 15 ans.

 

PdA : Vous serez candidat à Château d'Olonne (Vendée) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

A.P. : Ce n'est pas à moi de faire le bilan, mais aux électeurs.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

A.P. : Ma première priorité, c'est un nouveau mode de gouvernance : je veux réconcilier les citoyens avec leurs élus en développant la démocratie participative. Ma deuxième priorité est l'excellence environnementale, les pouvoirs publics doivent montrer l'exemple dans ce domaine. Ma troisième priorité c'est le vivre ensemble et l'intergénérationnel, je ne veux pas d'une ville cloisonnée. Pour les jeunes de moins de 30 ans et les familles monoparentales : je propose la mise en place d'une caution municipale pour leur installation dans ma commune. Pour les personnes âgées : je veux permettre leur maintien à domicile. Enfin, ma quatrième priorité, c'est de redynamiser ma commune, notamment en mettant en place une bourse communale pour les 18-30 ans qui veulent créer leur entreprise. Pour les seniors de 50 ans et plus, je propose un plan "emploi rebond senior" en direction des entreprises de ma commune qui embaucheront un senior. L'aide communale sera de 2 000 euros pour un emploi en CDI, 1 000 euros pour un emploi en CDD. Une charte entre l'entreprise et la commune devra être signée, si elle n'est pas respectée, l'entreprise devra rendre les aides perçues à la commune.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

A.P. : Le porte-à-porte se passe très bien. L'accueil est chaleureux, et je suis plutôt surpri,s car le contexte national n'est pas favorable aux socialistes. Mais je pense que pour les citoyens, les élections municipales restent avant tout des élections locales, ils ne mélangent pas tout.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

A.P. : Je suis très fier et très heureux d'être candidat dans la ville qui m'a vu grandir !

 

Propos recueillis le 04/03/14

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Julien Rochedy 2014

Julien Rochedy

Montélimar (Drôme) - FN/RBM (tête de liste)

   

Paroles d'Actu : Bonjour, Julien Rochedy. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ? 

 

Julien Rochedy : Bonjour. Alors, très rapidement, je suis directeur national du FNJ (Front national de la Jeunesse, ndlr). J’aurai bientôt 26 ans (le 10 mars), j’ai un master de Relations internationales et j’ai déjà écrit quelques livres (mon premier ressort bientôt). Je suis candidat aux municipales à Montélimar, ville que je connais bien puisque j’y ai travaillé et que j’y ai ma belle famille, dont je suis très proche. 

  

PdA : Vous serez candidat à Montélimar (Drôme) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

J.R. : Nous avons à faire, à Montélimar, à un maire du centre droit qui n’a pas vraiment d’idées politiques et qui ne s’intéresse qu’aux affaires. Depuis quelques années, il apparaît que son ambition est de ruiner la ville par de grands projets absolument inutiles et même nuisibles, en oubliant totalement nos atouts, comme le centre-ville qui se meurt, la culture qui n’est pas assez mise en avant, et, bien sûr, la sécurité. Nos objectifs sont tout l’inverse. 

  

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ? 

  

J.R. : Nous voulons, nous, nous reconcentrer sur l’essentiel, sur nos atouts, pour les revaloriser afin d’éviter que Montélimar ne devienne qu’une ville de Provence sinistrée, comme tant d’autres. Nous voulons associer les Montiliens aux grandes dépenses de la ville, en faisant des référendums locaux. Nous voulons rétablir la sécurité par la création de brigades d’intervention de la police municipale, en sous-effectif aujourd’hui dans notre ville. Enfin, pour faire très court, nous voulons baisser la fiscalité pour rendre notre ville attractive aux commerces et aux entreprises.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

J.R. : Je pense que ces élections municipales vont changer beaucoup de choses. Enfin, le Front national aura partout (ou presque) des conseillers municipaux qui incarneront, physiquement, d’autres idées. Et la France en a grand besoin, de ces idées-là...

 

Propos recueillis le 05/03/14

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Charles Aslangul

Charles Aslangul

Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) - UMP (tête de liste)

   

Paroles d'Actu : Bonjour, Charles Aslangul. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Charles Aslangul : Mon engagement politique s’est fait en deux temps. D’abord par amour de l’histoire de France, et donc de mon pays. J’ai appris, à travers le gaullisme, à chérir mon pays, mais surtout l’engagement à son service. Le patriotisme, la souveraineté nationale, la résistance, le refus du renoncement et le rayonnement de la France sont l’essence même du gaullisme. Épouser ces notions, c’est épouser une « certaine idée de la France ». Cette prise de conscience s’est faite à l’âge de 14-15 ans. Dès lors, j’ai voulu concrétiser mon amour de la France non plus dans la contemplation du passé, mais dans l’action pour l’avenir.

 

Au même moment, Nicolas Sarkozy amorçait son ascension vers la présidence de la République. Son dynamisme, son discours décomplexé et volontaire a éveillé l’appétit de l’engagement du jeune gaulliste que j’étais. J’ai donc adhéré à l’UMP en 2006 puis fait campagne pour Nicolas Sarkozy au sein des Jeunes populaires. Après la victoire, j’ai senti le besoin de ne plus rester simple militant. Mais de m’investir à mon tour, concrètement, pour changer les choses. J’ai donc décidé d’écrire fin 2007 au maire de Bry-sur-Marne, à 18 ans, pour lui proposer ma candidature. Trois mois plus tard, je me suis retrouvé élu de la République dans la commune qui accueille ma famille depuis cinq générations. Quel bonheur de concrètement se rendre utile pour sa ville !

 

En parallèle, j’ai fondé L’Ordre républicain, association gaullienne de défense et promotion des valeurs républicaines, citoyennes et civiques. J’ai attaqué l’entreprise Quick pour son offre tout halal, alors accompagné de Maître Gilbert Collard (dont je me suis séparé avec son adhésion au FN). Je ne me doutais sincèrement pas un seul instant que cela allait déclencher un telle polémique au rayonnement national… Beaucoup n’ont pas compris mon message d’alors, que j’assume plus que jamais aujourd’hui : il n’existe qu’une seule communauté, la communauté nationale. Je dénonce fermement la communautarisation de notre société qui se clive de plus en plus. Offrir exclusivement une offre religieuse spécifique dans ces restaurants, c’est participer à ce communautarisme détestable. Par définition, le vivre ensemble commande de ne pas exclure. Cette offre clanique fait tout l’inverse. (J’ajoute que Quick est détenu à 94% par l’État via la Caisse des Dépôts et Consignations). Je ne regrette rien et reste déterminé à me battre pour le retour à une réelle cohésion nationale. Peut-être en commençant par revenir vers une véritable assimilation, un apprentissage scolaire non dogmatique et repentant (Histoire de France) et en appliquant nos lois avec fermeté (Laïcité).

 

Pour Bry, j’ai continué à servir ma vision de la ville, mais différemment, en démissionnant de la majorité municipale avec un autre élu municipal. Nous ne partagions plus la politique menée qui allait, selon nous, à l’encontre de la volonté générale et de ce pourquoi nous avions été élus en 2008.

 

PdA : Vous serez candidat à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

C.A. : Ma candidature était dans la logique. Je ne pouvais pas dénoncer la politique du maire sortant mais me taire dans le secret espoir d’avoir une place au chaud. Ce n’est pas dans mon caractère. J’ai réussi à créer les conditions d’un grand rassemblement bryard de la droite et du centre avec le ralliement de deux anciens maire-adjoints reconnus à Bry pour leur expérience.

 

Nous tirons un bilan assez dur. En effet, en quatorze ans le maire sortant n’a pas livré une seule nouvelle infrastructure à destination des Bryards, pourtant demandeurs. Pire, la seule fut une nouvelle mairie pour la somme de… 10 millions d’euros ! Nous aurions pu faire tellement de choses avec cette somme par une rationalisation de ce projet extravagant. Notre ville pourtant riche s’est donc fortement endettée et nous empêche d’avoir l’ambition que Bry mérite. Sur l’urbanisme, le maire sortant prône une politique de construction immobilière quand je porte l’idée de préservation de notre formidable cadre de vie. Bry est un « village aux portes de Paris » que nous devons protéger.

 

Par ailleurs le maire sortant s’est enfermé dans sa tour d’ivoire au mépris d’un contact indispensable avec les Bryards. Enfin, les Bryards réclament plus de transparence. En effet, l’attribution des permis de construire et des marchés publics pose question à Bry…

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

C.A. : Nos propositions sont très concrètes. Nous souhaitons modifier le P.L.U. pour le rendre plus protecteur et facteur d’activité (nous voulons privilégier l’activité économique à la densification incontrôlée). Il y aura un gel temporaire des constructions des collectifs dans les zones pavillonnaires, le temps de la modification du P.L.U. Nous réduirons les dépenses de 5% par an pour réduire notre dette et injecter les économies dans des investissements utiles aux Bryards : rénovation de la Grande rue, livraison d’un nouveau gymnase et étude de la faisabilité d’un bassin municipal... Une grande moralisation des pratiques interviendra, avec une application ferme de nos règles d’urbanisme, sans traitement de faveur, et l’embauche d’un contrôleur de gestion pour s’assurer de la saine gestion des finances et des marchés publics à Bry… Enfin, nous renouerons le dialogue par la création de permanences du maire, de comités de quartiers et l’organisation régulière de référendums locaux. Je vais m’arrêter là; pour ne pas être trop long, mais il y aurait tellement à dire encore…

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

C.A. : De l’avis commun, la dynamique est de notre côté. Nous livrons toutes nos forces dans cette aventure collective exceptionnelle. Le maire sortant est globalement rejeté à Bry. Encore fallait-il offrir une véritable alternative. C’est ce que nous nous efforçons de faire avec mon équipe. J’ai confiance en la démocratie, seuls les Bryards seront juges, rendez-vous donc les 23 et 30 mars !

 

Nationalement, les Français doivent comprendre qu’avec l’UMP, ils trouveront des réponses à leurs attentes légitimes. Le matraquage fiscal et l’insécurité sont typiquement les sujets sur lesquels l’UMP leur apporte des solutions : maîtrise des dépenses et donc réduction de la pression fiscale, création de postes dans la police municipale, déploiement de la vidéo-protection, etc... Ce sera aussi le moyen de passer un message fort à François Hollande : nous voulons du changement, non plus comme slogan creux mais comme réalité politique !

 

PdA : Un dernier mot ?

 

C.A. : La jeunesse de France doit s’engager pour ses idées, pour son pays. À l’UMP, premier parti d’opposition de France, les jeunes ont toute leur place pour préparer la reconquête et assurer des lendemains meilleurs…

 

Propos recueillis le 06/03/14

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Amaury Rubio

Amaury Rubio

2e ar. de Lyon - EELV (tête de liste)

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Amaury Rubio. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ? 

 

Amaury Rubio : Étudiant de 25 ans en Master 2 Éthique et Développement durable à l’Université Lyon 3, je suis engagé dans la vie politique lyonnaise auprès d’EELV et dans le militantisme associatif étudiant (Lyon 3 Développement durable, Fac verte Lyon, Anciela, Jeunes écologistes).

 

La question de la déforestation en Amazonie m’a confronté très tôt aux enjeux environnementaux. Contrairement à ce que l’on m’enseignait, j’ai compris que les désordres climatiques n’étaient pas la faute de l’autre mais que chacun pouvait, avec ses capacités et à son échelle, tenter de faire bouger les lignes.

 

Je m’engage ainsi pour une écologie concrète au quotidien, qui s’appuie sur l’intelligence collective pour trouver, ensemble, des solutions de long terme aux urgences auxquelles nos concitoyen-ne-s sont confronté-es aujourd’hui. 

  

PdA : Vous serez candidat à Lyon, dans le 2e arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ? 

  

A.R. : Les écologistes lyonnais ont décidé, en décembre 2012, de partir en autonomie au premier tour pour présenter un projet écologiste, responsable et concret pour la ville de Lyon. Nous pensons que les élections municipales sont le moment idéal pour présenter des propositions, que nous co-construirons avec les habitant-e-s de la ville lors de la mandature 2014-2020. Pour nous, l’expertise habitante doit être valorisée et reconnue au même titre que l’expertise institutionnelle des élus ou l’expertise technique des professionnels de l’aménagement.

 

Notre position est claire et sans ambiguïté, tant envers le PS que l’UMP. Le maire sortant souhaite faire de Lyon une ville internationale, mais il ne se tourne que vers Dubai et Abu Dhabi. Nous souhaitons que Lyon s’ouvre plutôt aux expériences internationales en matière de citoyenneté et d’écologie (budget participatif, transport par câble, agriculture urbaine, pistes cyclables sécurisées, fab lab, …) plutôt que vers les pétrodollars des pays de l’OPEP.

 

Dans le 2e arrondissement, le maire sortant UDI-UMP ne dédie son mandat qu’au quartier d’Ainay, où il fait ses meilleurs résultats, en oubliant les autres quartiers. Il bloque les initiatives et entreprises citoyennes (notamment celles et ceux qui ont voulu, en vain, la création d’un composteur dans l’écoquartier Confluence pour valoriser les déchets alimentaires ou sur le refus de développer un centre social au sein de la MJC Presqu’île Confluence).

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ? 

  

A.R. : Nos propositions visent à répondre aux formes de vulnérabilité auxquelles sont confronté-e-s les habitant-e-s du 2e, de Lyon et du Grand Lyon :

 

- Pour une mobilité facilitée, nous souhaitons développer une voie cyclable sécurisée traversant la Presqu’île jusqu’au pont Raymond Barre, développer des lignes de bus supplémentaires pour les Rives de Saône de Perrache et l’écoquartier Confluence, promouvoir le covoiturage, le transport par câble et en finir avec les nuisances (sonores, visuelles, pollutions, olfactives, poussières) de l’autoroute A7 qui coupe le 2e arrondissement en deux.

 

- Pour rendre notre ville respirable, nous proposons de multiplier les murs végétaux dépolluants, la végétalisation des espaces publics, cours d’immeubles, d’accompagner le développement de jardins partagés et de composteurs collectifs.

 

- Pour redonner un nouveau souffle à l’économie locale, nous voulons créer une Cité des Artisans pour faciliter aux habitants l’accès aux services artisanaux, ouvrir une Fab Lab (ateliers de bricolage partagés ouverts à tous et permettant l'innovation et la création via des outils numériques), accélérer l’éco-rénovation du 2e (principalement à Ste Blandine et à la Cité Perrache) pour créer des emplois tout en réduisant la facture énergétique.

 

- Pour une attention particulière aux générations présentes et futures, nous nous engageons à créer de nouvelles crèches, atteindre le 100% bio dans les repas scolaires et de développer l’habitat intergénérationnel.

  

- Pour un arrondissement plus sûr, nous souhaitons le démantèlement immédiat des caméras de vidéosurveillance inefficaces, la mise en place d’une police au service de la population, à l’écoute de ses besoins ou difficultés et la valorisation des métiers qui favorisent la tranquillité publique (médiateurs, gardiens, éducateurs de rue…).

 

Nous voulons également changer les processus de concertation, trop descendantsl afin de laisser de la place à l’expression de l’expérience des habitant-e-s, essentielle sur les projets d’aménagement à venir (rue Victor Hugo, Gare de Perrache, ZAC 2 de Confluence…). 

  

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ? 

  

A.R. : Les écologistes réussissent toujours les élections municipales (et aussi les européennes, qui auront lieu cette année aussi) car nous portons des propositions concrètes et ne tombons pas dans les attaques personnelles. Nous ne faisons pas campagne contre untel ou untel mais nous nous engageons en faveur de propositions qui favorisent le « toujours mieux ».

 

PdA : Un dernier mot ?

 

A.R. : Nous pensons que les expériences des habitant-e-s qui entreprennent chaque jour pour améliorer le cadre de vie, l’économie locale et la tranquillité publique de leur rue, quartier, arrondissement, doivent être reconnues et mises en avant. C’est le sens de mon engagement.

  

Propos recueillis le 07/03/14

 

 

Thomas G.

Chamalières (Puy-de-Dôme) - PS

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Thomas G. (...) D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

T.G. : Je suis né dans une famille de gauche, mais pas engagée, donc sans réseau politique. J’ai eu la fibre militante en échangeant beaucoup avec mon meilleur ami, lui-même colistier sur la préfecture du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand. Puis de fil en aiguille, je me suis encarté, comme on dit, non pas pour changer le monde, mais pour participer activement à « la vie de la cité », qu’est le sens originel de la politique.

 

PdA : Vous serez candidat à Chamalières (Puy-de-Dôme) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

T.G. : L’équipe sortante se targue d’avoir un bilan formidable, après tout, qui ne le ferait pas ? Mais prétendre que des crèches rénovées par un coup de peinture, et quelques trottoirs réajustés sont dignes d’un grand bilan, il ne faut pas exagérer, je dirais même que c’est la moindre des choses. Rien n’est fait depuis près de dix ans, et cela me désole de voir ma belle commune, dans laquelle j’ai grandi, devenir un lieu triste et résidentiel où l'on laisse agoniser le commerce de quartier, et où l'on délaisse les associations, pourtant il s’agit là de deux piliers fondamentaux de l’action communale, avec les employés municipaux qui ne sont pas toujours considérés à leur juste valeur.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

T.G. : Des propositions crédibles, ambitieuses, et justes, tout simplement. Généraliser le stationnement gratuit les vingt premières minutes sur toute la commune, aider les personnes isolées à se connecter au monde en leur fournissant des tablettes numériques et un accompagnement pour se former à ces nouveaux outils, aider les commerces à subsister, car ce n’est pas la qualité qui manque ! Nous avons beaucoup de commerce de bouche et de services qui sont connus et reconnus dans toute la région, nous devons les aider. Mais la droite n’ayant pas l’apanage de la sécurité, nous proposons aussi la création d’un poste d’adjoint à la sécurité, la délinquance sur les biens et les personnes étant malheureusement en hausse, nous devons réagir, les caméras de sécurité servent à éventuellement identifier l’auteur d’infraction, pas à l’arrêter. Il y a de nombreux points, des nombreuses pierres à l’édifice que je vous épargnerai mais qui sont disponibles dans la rubrique programme du site internet de la campagne.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

T.G. : La droite est présente depuis très longtemps dans cette commune, elle se divise en trois listes, deux se revendiquent « de centre et de droite », une « de droite et du centre ». Nous ne voulons pas participer à la lutte fratricide de gros égos de petites personnes qui en oublient toute considération pour nos concitoyens, dont ils font partie, à eux de s’en rappeler ! Mais le sortant ayant toujours l’avantage, nous ne sommes pas certains de l’emporter dans les urnes cette fois-ci. En revanche, nos idées, car nous sommes les premiers à avoir publié notre programme, sont reprises une à une par les listes de droite, ce qui signifie que nous avons déjà gagné une bataille, et pas des moindres, celle des valeurs et des idées !

 

Les autres élections se déroulerons bon gré mal gré, mais grâce au travail de terrain que le PS sait produire, je suis certain que nous allons montrer aux habitants des quelques 36 000 communes de France que l’enjeu local n’est pas l’enjeu national, et que nous sommes à l’écoute des personnes, en allant frapper aux portes, pour écouter et intégrer leurs revendications, afin de ne pas les laisser succomber à l’obscurantisme politique.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

T.G. : Allez voter. Des personnes se sont battues toute une vie sans jamais voir une élection. Des personnes sont mortes pour nous permettre de choisir, de simplement glisser un bulletin dans une urne, de simplement changer les choses, car chaque voix compte, et ce n’est pas qu’un effet de manche à la tribune.

 

Propos recueillis le 07/03/14

 

 

Yasin Amrouche

Yasin Amrouche

Limoges (Haute-Vienne) - PS

   

Paroles d'Actu : Bonjour, Yasin Amrouche. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ? 

 

Yasin Amrouche : Issu d’un quartier de Limoges où j’ai grandi, étudié et forgé ma personnalité, mon premier engagement a été associatif en 2010. Depuis quelques années germait en moi l’idée de m’investir pour essayer d’améliorer le quotidien des habitants de ma ville et plus largement. Il ne faisait aucun doute pour moi que le vote est un acte primordial et fondateur pour changer les choses. Avec des amis, nous avions donc décidé de créer en Haute-Vienne un collectif civique pour promouvoir les droits et les devoirs des citoyens. C’est en animant les débats de ce collectif que j’ai eu envie de m’intéresser de plus près à la politique. J’ai assisté à des réunions publiques de différents candidats républicains et, très rapidement, mon choix s’est porté sur le Parti socialiste, dont le discours correspondait plus à mes valeurs et à mon idéal. Les élections présidentielles et législatives ont été le départ de ma vie de militant politique, période au cours de laquelle j’ai rejoint le MJS. J’ai milité, fait des rencontres et pu confronter mes idées tant avec mes camarades qu’avec la population. Animateur fédéral des jeunes socialistes haut-viennois depuis le dernier congrès, j’ai la chance de pouvoir mettre en avant les propositions de notre mouvement et des jeunes limougeauds.

  

PdA : Vous serez candidat à Limoges (Haute-Vienne) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

Y.A. : Pour convaincre, nous nous appuyons sur un solide bilan. L’équipe sortante n’a pas à rougir. En dépit d’une conjoncture rendue difficile par une crise économique et financière sans précédent, aujourd’hui, les Limougeauds sont en mesure de constater que les objectifs fixés en 2008 ont tous été atteints, et même dépassés. Notre ville est une cité où il fait bon vivre, où la culture est accessible à tous, où, à chaque âge de la vie correspondent des structures adaptées (crèches, établissements scolaires, centres de loisirs, centres culturels, centres sociaux, établissements pour personnes âgées…).

 

De nombreux chantiers ou réalisations ont été menés, je citerai en vrac : le maintien d’une fiscalité modérée, le développement de nouvelles zones d’activités, la labellisation Ville d’Art et d’Histoire, l’ouverture du prestigieux musée des Beaux-Arts, la réhabilitation de nombreux logements, le réaménagement progressif d’un large plateau piétonnier, la création de grands équipements sportifs et de loisirs (Zénith, nouveau conservatoire, centre aquatique et stade de Beaublanc profondément rénové…), la mise en œuvre de solutions énergétiques innovantes, écologiques et sources d’économies pour les usagers (notamment les plus précaires)…

 

Grâce à cette volonté et à l’action des élus, notre ville continue à offrir une sérénité et une qualité de vie largement reconnues en France.

  

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ? 

  

Y.A. : L’équipe conduite par Alain Rodet souhaite continuer à faire de Limoges une capitale régionale dynamique, cœur d’une agglomération en constante expansion économique et démographique. Nous sommes attachés à valoriser les atouts d’une ville au patrimoine exceptionnel,  à visage humain, solidaire et soucieuse de son environnement. Nos propositions visent à améliorer encore la qualité de vie de chaque génération - avec des services accessibles à toutes et à tous - et à poursuivre la mise en valeur de nos quartiers.

 

L’avenir, c’est aussi la poursuite du combat prometteur que nous menons depuis plusieurs années pour permettre à notre ville d’entrer résolument dans le domaine de la grande vitesse ferroviaire, avec la LGV Poitiers-Limoges. Nos propositions sont nombreuses, mais réalistes. Faire un tri est impossible, je vous invite à les découvrir sur notre site internet.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

Y.A. : Comme je vous l’ai exposé précédemment, l’équipe sortante possède un très bon bilan et la richesse de nos propositions aux attentes des citoyens est à la hauteur des capacités de notre ville. Je ne doute pas qu’une majorité de Limougeauds nous accorderons leur confiance car ils savent que, pour nous, l’essentiel, c’est notre ville, et que nous sommes toujours à leur écoute.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

Y.A. : Le vote doit être un acte réfléchi, il ne faut pas le prendre à la légère… Les citoyens doivent analyser les programmes des candidats et ne pas se contenter de belles phrases, souvent simplistes que tiennent malheureusement trop souvent les opposants, et notamment l’extrême-droite. C’est l’avenir de nos villes qui se jouera les 23 et 30 mars 2014.

 

Propos recueillis le 09/03/14

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Robin Pretot 2014 2

Robin Pretot

Istres (Bouches-du-Rhône) - UMP

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Robin Pretot. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Robin Pretot : J'ai 24 ans et je suis étudiant à Sciences-Po Aix, en Master 2 Ingénierie politique. Je suis également surveillant d'internat la nuit au lycée militaire d'Aix pour payer mes études et, en 2012, j'ai fait campagne pour Nicolas Sarkozy, collaborant avec son équipe de campagne web.

 

Mon engagement et mes convictions politiques viennent de très loin. J'ai toujours été intéressé par la chose publique. Mais il y a deux personnes qui ont motivé mon engagement : Nicolas Sarkozy, pour la passion et l'espoir qu'il m'a donnés. Et mon maire actuel, pour tout ce que je déteste et dont je veux me débarrasser dans ce milieu : la magouille, les menaces, le clientélisme forcené...

 

PdA : Vous serez candidat à Istres (Bouches-du-Rhône), lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

R.P. : Forcément, je ne suis pas tendre, mais il y a vraiment de quoi critiquer. À tel point que la presse nationale s'est penchée sur ce bilan, comme le magazine Le Point, qui a fait une double page sur mon maire (édition du 13 février). Il a endetté la ville à hauteur de 23 millions d'euros alors que nous n'avions plus que 11 000 euros d'emprunts à éponger. Pire, en parallèle, il a accablé les contribuables d'une double augmentation d'impôts de 10% (taxe d'habitation et foncière ) pour, au final, construire une troisième mairie de 6 500 m², pour un coût de 25 millions d'euros... Ce n'est pas ce que j'appelle une gestion "en bon père de famille" d'une commune.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

R.P. : L'idée est d'abord de rendre aux contribuables l'effort conséquent qu'on leur a demandé, en baissant les impôts de 10% (ce qui fait une économie de 2,5 millions d'euros, à réaliser en rognant sur le train de vie excessif des élus et les autres dépenses inutiles).

 

Ensuite, nous leur soumettons des projets urbains ambitieux, mais raisonnés, propres à la commune (une grande place au centre-ville pour redonner du souffle aux commerces, ou encore une côte maritime développée avec un musée des savoir-faire et une navette maritime pour relier la ville à Marignane, où se trouvent l'aéroport et Eurocopter). Nous entendons redynamiser notre économie en maximisant son potentiel aéronautique (présence de la base aérienne militaire la plus stratégique de France, avec des industriels comme Dassault et Thalès).

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

R.P. : Il est clair que cela sera compliqué. On ne vient pas à bout d'un tel système facilement. Nous faisons face à des méthodes d'un autre temps. Ce sera d'autant plus difficile que le FN a choisi de cibler la ville pour faire un score, ce qui divise les voix des opposants à la majorité actuelle. Pour autant, je ne perds pas espoir ! Il y a un ras-le-bol palpable au sein de la population.

  

Pour les autres élections, j'ai peur que le FN ne devienne, lors des Européennes, le premier parti de France...

 

PdA : Un dernier mot ?

 

R.P. : « Mot. » Non, je plaisante. Juste merci à toi d'offrir à des jeunes comme moi une tribune qui leur permettent de témoigner de leur engagement.

 

Propos recueillis le 09/03/14

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Martin Dourneau 2014

Martin Dourneau

Angers (Maine-et-Loire) - UDI

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Martin Dourneau. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Martin Dourneau : Bonjour Nicolas. J'ai 19 ans et je suis étudiant en deuxième année de droit à l'Université d'Angers. À côté de mon activité d'étudiant, qui est relativement prenante, j'arrive à me dégager du temps pour assumer, au mieux, je l'espère, ma fonction de président des Jeunes UDI du Maine-et-Loire.

 

Je dois dire que mon engagement politique est réellement né en 2002, lors des résultats du 1er tour de l'élection présidentielle. Ce n'est certainement pas faire preuve d'originalité que de dire ça, mais je me revois, alors âgé de 7 ans, en train de pleurer devant ma télévision. Je crois que j'avais saisi l'intensité du moment, et c'est là que j'ai mesuré l'impact de la politique sur nous, citoyens. J'ai alors décidé, quelques années après avoir fait de l'associatif, de découvrir le monde de la politique. 

 

PdA : Vous serez candidat à Angers (Maine-et-Loire) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ?

 

M.D. : Je suis effectivement sur la liste de Laurent Gérault, candidat UDI à la mairie d'Angers. En cas de victoire, je serai en charge de la jeunesse et de la citoyenneté. Quant à l'équipe sortante, on ne peut avoir qu'une conviction : Angers décroche. Je suis profondément attaché à ma ville et je souffre aujourd'hui de voir que nous perdons des habitants (4 000 en l'espace de 10 ans). Je souffre aussi de voir que les jeunes cherchent à s'éloigner d'Angers pour trouver du travail, alors que nous regorgeons de talents, de créateurs, d'entrepreneurs. Je souffre que, pour la première fois de notre histoire, le taux de chômage à Angers soit supérieur à la moyenne nationale.

 

Depuis près de 40 ans, il n'y a pas eu d'alternance. Il est nécessaire d'opérer cette respiration démocratique, de faire bouger les lignes et qu'apparaissent, enfin, de nouveaux visages. Alors, certes, Angers est une ville formidable, dans laquelle il fait bon vivre - les classements l'attestent au quotidien. Toutefois, il ne faut pas se contenter de ce constat, qui met de côté une grande partie des Angevins qui souffrent de la situation actuelle, qui se sentent délaissés. Je souhaite qu'Angers redevienne une ville attractive dans laquelle aucun habitant n'aura le sentiment d'être oublié par les équipes nouvellement élues.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

M.D. : Il faut distinguer deux dimensions dans cette campagne. La première concerne avant tout l'équipe et la dynamique qui nous anime. Nous avons rassemblé ces propositions dans notre charte éthique.

  

Concernant la liste, nous avons une vision commune de la politique : c'est un mandat, pas un métier. Voilà pourquoi nous nous engageons à limiter les mandats au sein de l'exécutif à deux au maximum. Les élus ont la particularité de tous habiter Angers et d'avoir des compétences particulièrement pointues dans le domaine qui leur a été confié, ce qui nous distingue de nos concurrents. De plus, nous avons fait de la justice fiscale le fondement de notre pacte local. Nous faisons des choix pour ne pas augmenter les impôts, ces choix sont réalistes, pragmatiques et tiennent compte d'une notion fondamentale à nos yeux : l'équité fiscale. Ainsi, nous limiterons les dépenses d'investissement que nous prévoyons pour le mandat suivant. Nous avons le courage d'affirmer qu'il y a des priorités, ce sont l'emploi et le pouvoir d'achat.

 

Les élus seront exemplaires et auront autant une obligation d'engagement que de résultat envers les Angevins. Chaque adjoint aura en effet une délégation dont les contours seront consignés dans une lettre de mission publique, engageant ainsi sa responsabilité sur les résultats attendus. De plus, nous comptons renforcer la notion de démocratie locale, en nous engageant à soumettre à référendum tout investissement supérieur à 10 millions d'euros. Tout cela participe à la construction du nouveau pacte budgétaire et fiscal que nous souhaitons mettre en place. Nos objectifs sont clairs et réalistes : nous n'augmenteront pas les impôts et les taxes en vue d'agir sur le pouvoir d'achat. Vous pouvez retrouver l'ensemble de nos mesures, dont je n'ai évoqué ici que des généralités, sur notre site de campagne.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

M.D. : Je pense qu'il ne faut pas se laisser déstabiliser par les sondages ou les attaques. Le seul sondage qui compte reste celui du 23 mars, et c'est certainement la plus belle réponse que nous pourrons apporter à nos détracteurs.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

M.D. : J'espère que les Angevins se mobiliseront les 23 et 30 mars pour ne pas faire de l'abstention la grande gagnante de ces élections.

 

Propos recueillis le 10/03/14

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PHB 2014

Pierre-Henri Bovis

Achères (Yvelines) - UMP

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Pierre-Henri Bovis. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Pierre-Henri Bovis : Bonjour, merci de me redonner la parole sur votre blog. C’est toujours un immense plaisir de m’exprimer chez vous.

 

Étudiant en Master de Droit public et d’Économie fondamentale à l’Université Sorbonne-Paris Cité, j’ai pris ma carte à l’UMP en 2011. Après avoir travaillé au Bureau des Jeunes populaires auprès de Benjamin Lancar (alors président des Jeunes UMP) puis dans la 5e circonscription de Paris pour les élections législatives (10e et 3e), j’ai monté avec Mickaël Camilleri, entre autres, les « Jeunes avec Fillon » pour la campagne interne à la présidence de l’UMP. J’estimais, à ce moment-là, que l’ancien Premier ministre était l’homme du rassemblement des diverses droites, tout en continuant dans l’héritage sarkozyste. Depuis le début de l’année 2014, je suis Délégué national des Jeunes populaires et membre de la direction collégiale des Jeunes UMP. Par ailleurs, je suis candidat aux élections municipales sur la liste « Unis Pour Achères » (Yvelines, 78230), aux côtés de Marc Honoré.

 

PdA : Vous serez candidat à Achères (Yvelines) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

P.-H.B. : Le maire communiste sortant est élu depuis treize ans et les communistes gèrent la ville depuis 1977, sans interruption. Aujourd’hui, le fort rejet de l’équipe dirigeante mélangé aux nombreux reniements et retournements de veste de François Hollande nous amène à penser que nous pouvons renverser la vapeur ! Nous ressentons aisément une grande amertume à Achères, encore plus depuis que les socialistes ont fait alliance avec les communistes ! Eux qui ne se sont jamais entendus sur aucun sujet au cours du dernier mandat…

 

Notre action quasi-quotidienne sur le terrain démontre sans difficultés que les premières préoccupations des Achérois sont la montée exponentielle des impôts, qui les étouffent par strangulation, l’incohérence des réalisations immobilières, ainsi que l’insécurité permanente.

 

Sans trop m’étendre, le bilan du maire sortant se résume à quelques chiffres : 40% d’impôts locaux supplémentaires, seulement 40 berceaux créés en crèche collective depuis 1976, 44 ans pour mettre en chantier un centre de loisir, une école restée en préfabriqué depuis 40 ans, sans compter l’augmentation de la dette par habitant, qui est passée de 625 à 1 753 euros au cours du dernier mandat ! Cela prouve que les élus communistes n'ont pas été capables de maîtriser leurs finances et d'anticiper l'endettement, en dépensant toujours plus pour encore moins de résultats. Des élus inconscients du risque de banqueroute qui menace Achères. Même le développement économique de la ville est abandonné, comme le prouve la réhabilitation de la ZAC des Communes, qui était une promesse de campagne… mais qui n’a jamais été réalisée…

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

P.-H.B. : Nous voulons redonner espoir aux habitants et montrer que l’essor économique des villes avoisinantes n’est pas le fruit d’un miracle mais d’un déterminisme sans faille.

 

Sur le volet urbanistique, la densification est nécessaire mais le bétonnage intensif du maire sortant se fait au détriment des zones pavillonnaires existantes et défigure nos rues. Nous devrons donc réorienter la politique de la ville, en concertation avec les habitants. L’installation de pistes cyclables est une solution pour combiner le respect de l’environnement et la lutte contre le stationnement anarchique. Pour dépister rapidement les dégradations accidentogènes, nous voulons créer un système d’alerte citoyen pour réagir dans les quarante-huit heures.

 

Côté solidarité, à l’instar de nos voisins, nous proposons la création d’une maison médicale et le renforcement du maintien à domicile, par l’implantation d’une résidence intergénérationnelle. Pour les étudiants, qui vont étudier, en particulier, à Cergy et Nanterre, nous créerons une résidence étudiante.

 

Pour la sécurité, l’un des piliers phares de notre campagne, nous avons la volonté de mettre en place une police municipale. Le tout pour zéro impôt supplémentaire. Démagogie ? Non. Seulement grâce à une meilleure gestion des comptes publics et la suppression des nombreuses gabegies de l’actuelle équipe dirigeante.

 

Enfin, au sujet du développement économique, il nous paraît essentiel de renforcer l’action du SAREF (service d'aide à l'emploi, ndlr) par la création d’un site internet pour se faire rencontrer les offres d’emplois des entreprises et les demandes des Achérois. Réhabiliter la ZAC des Communes est, enfin, essentiel à nos yeux.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

P.-H.B. : Nous sommes très confiants, car la connaissance des dossiers de notre candidat, Marc Honoré, est infaillible, et sa notoriété locale est un atout non négligeable. Les résultats de 2008 étaient déjà très prometteurs. Le contexte national et les mauvais chiffres de François Hollande ne peuvent que nous faire remporter cette élection. La victoire est toute proche… mais l’ennemi redoutable est toujours le même : l’abstention de notre électorat.

 

Au niveau national, la seule réponse forte que les Français peuvent adresser au gouvernement actuel passe par le vote : enlever des pouvoirs à la gauche, en commençant par les municipalités. C’est le moment ou jamais de montrer que nous sommes mobilisés face à une gauche mortuaire qui tue l’économie du pays. Nous sommes confrontés, entre autres, à une hémorragie sans précédent qui est la fuite des jeunes vers l’étranger. L’entreprenariat doit être félicité et l’assistanat sanctionné. Autrement dit, l’inverse de la politique actuelle de François Hollande.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

P.-H.B. : Comme le disait un ancien président, « Il n’est rien de plus beau en démocratie que d’aimer son pays ». Pour que celui-ci rayonne à l’international et conserve son rang de cinquième puissance mondiale, la politique menée doit être à la hauteur des exigences. Cela commence au niveau local, au premier maillon d’une longue chaîne...

 

Propos recueillis le 12/03/14

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Jérémy Coste 2014

Jérémy Coste

Vanves (Hauts-de-Seine) - UDI

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Jérémy Coste. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politiques ?

 

Jérémy Coste : Bonjour, Paroles d'Actu. J'ai 28 ans et je suis conseiller parlementaire à la Société du Grand Paris dont la mission est de réaliser le métro Grand Paris Express. Dans cet établissement public, je suis particulièrement responsable du Comité stratégique qui réunit les collectivités et acteurs socio-économiques d'Île-de-France concernés. J'effectue également un travail de veille parlementaire et suis les relations institutionnelles d'André Santini, président du conseil de surveillance de la SGP.

 

Politiquement, j'ai été adhérent UMP de 16 à 18 ans puis j'ai cessé mon engagement pour créer une association de promotion de l'identité européenne avec des étudiants. Parallèlement à cet engagement politique et associatif, j'ai participé à la formation de jeunes sportifs aux fonctions de dirigeants au sein du Comité olympique de la région Rhône-Alpes. C'est donc dans l'engagement associatif sportif et européen, ainsi que dans la richesse de ces expériences que je puise mes convictions et mes méthodes de fonctionnement. En 2007, j'ai soutenu Nicolas Sarkozy puis rejoint le Nouveau Centre. En 2010, j'ai été élu président national des Jeunes centristes.

 

Candidat en 2008 à Lyon, en 2010 en Rhône-Alpes et aux législatives dans le Rhône en 2012, j'ai finalement décidé de m'investir pleinement en Île-de-France où je suis installé et où je travaille depuis 2009. C'est un déracinement/enracinement qui fut progressif. Sans oublier mes terres natales, j'ai choisi Vanves car je m'y sens bien. J'apprécie les transitions douces et réfléchies. Aujourd'hui, je suis prêt à m'investir à 100% dans la région capitale, car les défis sont nombreux pour demeurer au premier rang des villes mondes et des pays qui comptent. La mondialisation nous impose de réussir ce pari.

 

PdA : Vous serez candidat à Vanves (Hauts-de-Seine) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ?

 

J.C. : Vanves est un "village" de 27 000 habitants. J'aime l'état d'esprit qui y règne, aux portes de Paris. On y trouve une douceur de vivre, un climat apaisé, loin de la tornade stimulante et épuisante parisienne. Pour autant, j'aime pouvoir me rendre dans la capitale en quelques arrêts de métro, de Transilien ou de coups de pédales grâce au Vélib'. Cette ville est bien située. Le bois de Meudon est tout proche, la Seine à Issy-les-Moulineaux offre des balades très agréables, et le niveau d'emploi y est excellent, grâce à une politique dynamique de l'agglomération Grand Paris Seine Ouest (GPSO). Vivre à Vanves, c'est un peu vivre dans une campagne urbaine avec tous les avantages que peut offrir une capitale en termes de culture et d'emploi. Mais Vanves est par elle-même dynamique et attractive, tant au niveau sportif que culturel. Nous avons deux équipes sportives de très bon niveau et un festival international qui attire les foules.

 

Voilà une partie du bilan du maire centriste que je soutiens. Si la ville ressemble à cela aujourd'hui, c'est incontestablement grace à son action ainsi que celle de son équipe depuis douze ans. Bernard Gauducheau (UDI) et Isabelle Debré (sa première adjointe UMP) ont su inscrire Vanves dans une dynamique régionale et nationale. Évidemment, il reste de nombreuses choses à faire. Le maire actuel souhaite poursuivre l'embellissement de la ville, qui a souffert d'un aménagement incohérent, et parfois disgracieux, après la Seconde Guerre mondiale. Après avoir rénové le centre-ville, la place de la République et son église du 15ème siècle, Bernard Gauducheau souhaite entamer une réflexion sur les autres quartiers. Vanves doit continuer de progresser et de nombreux chantiers doivent être finalisés, c'est pourquoi nous sollicitions la confiance des Vanvéennes et des Vanvéens.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

J.C. : Notre défi, avec la création de la Métropole du Grand Paris en 2016, c'est de garantir aux Vanvéens une réelle proximité entre eux et l'équipe municipale. Lors de la mise en place de la MGP, nous veillerons à conserver ce lien, car nous refusons que cette structure géante réunissant plus de six millions d'habitants se coupe des préoccupations réelles des habitants du Grand Paris et de Vanves en particulier. A Vanves, il faut faire campagne pour réaliser à quel point les citoyens connaissent leur maire. C'est un atout essentiel pour préserver la confiance des Français dans les institutions républicaines. La MGP risque de réduire l'influence du maire, ses compétences et ses marges de manœuvre. Nous militerons au coté de Bernard Gauducheau pour défendre cette proximité importante aux yeux des habitants et la faculté du maire de prendre des décisions qui concernent le quotidien de chacun.

 

Plus généralement, notre projet consiste dans un premier temps à poursuivre ce que le maire et son équipe ont commencé. Mais nous souhaitons aussi améliorer les portes d'entrée de la ville, en assurant une meilleure liaison avec Paris. Si l'on veut construire une métropole cohérente, il faudra que Paris et ses voisines investissent massivement pour faire disparaitre ses frontières, telles que le périphérique. C'est la même chose pour le tunnel du métro, que nous souhaitons rénover. Mais une ville, c'est aussi un espace de détente le week-end et les soirs de semaine. C'est pourquoi, malgé le refus des socialistes du Conseil régional d'Île-de-France, nous souhaitons offrir un second parc à Vanves, en ouvrant le domaine du lycée Michelet aux familles de notre commune

 

La ville doit aussi poursuivre sa politique en faveur des commerçants. Jeunes et moins jeunes aiment les services de proximité, les restaurants et commerces. Nous nous nous battrons pour que de nouvelles entreprises s'installent dans notre commune. En 2020, la gare du Grand Paris Express viendra accroître l'offre de transport dans la ville. Nos souhaitons accompagner les riverains de la future gare dans l'aménagement de leur quartier.

 

Les projets sont nombreux. Je vous invite à venir les découvrir le 20 mars, à l'espace Saint-Rémy. Vanves est une ville "village" que nous souhaitons développer tout en garantissant ce cadre de vie si paisible et plaisant.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ?

 

J.C. : Je suis serein, mais vigilant. Chaque élection est différente et le contexte national décourage de nombreux Français d'aller voter. C'est la raison pour laquelle nous avons débuté notre campagne très tôt pour expliquer le bilan du maire et notre ambition pour Vanves à l'horizon 2020. Les Vanvéennes et les Vanvéens sont assez réceptifs et ils apprécient le maire, car c'est un élu de proximité et compétent. Toutefois, chaque élection est un combat et une confrontation d'idées. Dans une relative bonne entente avec nos opposants, nous sommes sur le terrain pour défendre notre vision.

 

PdA : Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

J.C. : Ces élections sont un plaisir. Rencontrer les gens est une bouffée d'oxygène, car cela nous inspire pour la suite. Les Français et les Vanvéens, notamment, ont une tonne d'idées géniales pour améliorer leur quotidien. C'est une expérience à chaque fois enrichissante d'aller à leur rencontre et d'entendre leur doléances.

 

Les élections européennes seront pour les centristes de l'Alternative un moment important, il sera déterminant pour l'Europe et la France. À l'heure où des gens meurent pour rejoindre notre communauté, d'autres tombent dans la facilité du populisme et du repli sur soi. C'est inquiétant. C'est pourquoi, avec le MoDem, l'UDI a décidé d'investir le terrain des idées et de la vérité. Nous serons mobilisés pour dire aux Français ce que l'Europe apporte concrètement dans leur quotidien. Nous leur dirons aussi que l'Europe telle qu'elle est construite n'est pas idéale, mais qu'elle est l'unique voie à suivre pour se protéger de la vision des États-Unis, qui veulent faire la guerre partout et tout le temps pour faire tourner leur économie, de l'hégémonie naissante de la Chine, qui exploite l'Afrique de façon déraisonnée et d'une Russie bien décidée à récupérer ses territoires perdus en 1991. L'Union européenne n'est pas la coupable de nos problèmes, ceux qui sont responsables, ce sont les politiques qui nous gouvernent. Il est donc inutile de s'en prendre à l'Europe mais il faut sanctionner ses gouvernants. Voilà les messages que nous défendrons, dès mai prochain. Nous voulons que l'Europe et les Européens reprennent confiance en eux et défendent leur vision dans le reste du monde, sans attendre d'autrui une quelconque aide. L'Europe puissance qui protège ses citoyens et lancent de grands projets pour garantir l'emploi, voilà de quoi nous avons besoin. L'Alternative et les Européens sont les seuls à pouvoir offrir cet avenir.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

J.C. : J'ai été stupéfait et agréablement surpris par un sondage récent sur la politique et les jeunes. Dans cette étude, on voit que les jeunes ne sont pas en rupture avec la politique mais avec les partis politiques. La jeunesse préfère s'investir dans le monde associatif et syndical, elle aime manifester ses opinions, sur le web comme dans la rue. C'est très positif pour notre démocratie. Les partis, quant à eux ne nous représentent plus réellement. Je suis bien placé pour le dire, puisque j'en suis membre depuis l'âge de 16 ans. C'est un repère de citoyens conscients, voire un club d'intérêt. Néanmoins, s'ils sont de plus en plus éloignés des préoccupations des Français, les partis politiques sont essentiels au bon fonctionnement de la démocratie car ils forment et accompagnent les Français dans l'exercice des fonctions républicaines. Voilà pourquoi je milite pour une modification de la gestion des partis et une autre façon de concevoir le lien avec les Français.

 

Je souhaite défendre un modèle davantage coopératif et direct de la politique où les partis, les militants et les élus seraient davantage des facilitateurs, des accompagnateurs de projets que des guides et des concepteurs d'idées. Les Français regorgent d'initiatives, écoutons-les, défendons-les et rendons-les concrets grâce à nos réseaux et l'influence de nos élus dans tous les territoires. Voilà mon combat, je veux révolutionner la façon de faire de la politique. Avec des copains, nous avons quelques idées concrètes... Cela passe également par le niveau local. Selon moi, depuis la loi portant sur les métropoles, les communes doivent s'adapter et se concentrer sur la gestion du quotidien et l'accompagnement des projets citoyens. Le rôle des élus, c'est de représenter et aider le peuple. Alors, il est temps de retrouver cette mission première.

 

Dernier mot. Ma photo est un peu décalée et estivale, mais je tenais à vous la transmettre pour parler de la Nouvelle-Calédonie, où je me suis rendu l'été dernier. C'est un territoire français du Pacifique exceptionnel, je le conseille vivement aux lecteurs de Paroles d'Actu. C'est loin, mais c'est un paradis qui vaut le détour. Alors, mention spéciale à ces territoires et ces Français du bout du monde qui participent au rayonnement de notre beau pays.

 

Propos recueillis le 13/03/14

 

 

Michael Rameil

Michael Rameil

18e ar. de Paris - UDI

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Michael Rameil. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ?

 

Michael Rameil : J’ai fait toute ma scolarité en région parisienne, je me suis installé à Paris à l’été 2012 afin de poursuivre mes études en management politique. Le 18e est un arrondissement dynamique et multiculturel. Ses habitants peuvent être fiers de participer à une vie locale et associative aussi riche. J’aimerais faire triompher cette vision de l’arrondissement, loin des images d’insécurité et de précarité auxquelles il est souvent attaché.

 

J’ai rejoint l’UDI peu après sa formation et je me suis engagé totalement dans la campagne municipale. Malheureusement, les accords nationaux UDI-Modem-UMP n’ont pas tenu compte du travail et des compétences de l’UDI locale. Aussi, j’ai pris part à la liste dissidente « Le 18e, évidemment » emmenée par David Pierre-Bloch. Cette indépendance vis-à-vis de l’UDI, nous a permis de construire une liste citoyenne, avec des propositions concrètes qui font appel au dynamisme de la société civile.

 

PdA : Vous serez candidat à Paris, dans le dix-huitième arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ?

 

M.R. : C’est sans conteste un constat d’échec. Durant les dix-neuf ans de gestion socialiste, l’arrondissement s’est paupérisée, et la délinquance s’est accrue. Les problèmes liés à la vente à la sauvette ou aux trafics perdurent. Par ailleurs, très peu d’efforts ont été faits pour les jeunes couples, qui souffrent d’un manque cruel de crèches et de solutions de garde. La prochaine équipe devra prendre à bras le corps ces problèmes cruciaux, et y obtenir des résultats.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

M.R. : En premier lieu, nous nous engageons à soumettre une grande part de nos décisions aux suffrages de nos concitoyens, via la procédure du référendum local, qui demeure sous-utilisée, malgré sa reconnaissance légale, et nous prônons une gestion irréprochable et transparente de la part de nos élus. Pour pallier le manque de crèches publiques, nous voulons favoriser l’implantation de crèches privées. Nous souhaitons également la création d’une antenne de sécurité municipale locale joignable à toute heure pour compléter l’action de la police, et l’instauration de « zones de nettoyage prioritaire ». Enfin, nous appelons de nos vœux le développement de ramassages scolaires piétons effectués par des retraités du 18e pour alléger l’emploi du temps des parents.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

M.R. : Nos propositions sont très bien accueillies, notre offre politique séduit et suscite la curiosité des habitants. La plupart de nos interlocuteurs sont étonnés de trouver les principes de consultation citoyenne et de transparence en tête de nos priorités. Nous pouvons créer la surprise dans cet arrondissement historiquement ancré à gauche.

 

Concernant les élections municipales d’une manière générale, je crains une montée des extrêmes et de l’abstention. Il y a une profonde exaspération à l’encontre des partis traditionnels, beaucoup d’habitants se détournent du politique. Rousseau écrivait : « Sitôt que quelqu'un dit des affaires de l'État, "Que m'importe ?", on doit compter l'État pour perdu. ». Je veux croire qu’il y a encore de l’espoir, toujours est-il qu’il faut de solides convictions pour se présenter aujourd’hui devant les électeurs, il me paraît urgent d’en revenir à des listes locales et citoyennes qui fassent passer l’intérêt des habitants avant les querelles et les intrigues de parti.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

M.R. : J’ai été heureux d’apprendre la constitution d’une liste de 18-25 ans à Saint-Cloud, les Français placent beaucoup d’espoir dans le renouveau du personnel politique. La profusion de listes enregistrées pour ces municipales montrent que l’envie de participer au processus démocratique reste vive contrairement à ce que pourrait laisser supposer l’abstention.

 

Propos recueillis le 13/03/14

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Cédric Mouflard

Cédric Mouflard

Lille (Nord) - FN/RBM

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Cédric Mouflard. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ?

 

Cédric Mouflard : Bonjour ! J'ai 34 ans. Je suis divorcé, et papa de trois enfants. Professionnellement, je suis Chef d'Antenne. Titulaire d'un BTS audiovisuel en option administration de la production et des spectacles vivants, obtenu au lycée Jean Rostand de Roubaix (59), voilà bientôt 14 ans que j'évolue dans l'univers de la programmation télé !

 

Politiquement, je suis engagé au Front national - Rassemblement Bleu Marine depuis l'été 2012. Candidat aux élections municipales de Lille les 23 et 30 mars prochains, je suis neuvième de la liste « Lille Bleu Marine », conduite par Éric Dillies.

 

PdA : D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ?

 

C.M. : Pour mieux me cerner politiquement, voici, en résumé, mon parcours...

 

La chose publique m'a mordu dès le jeune âge ! Il arrivait souvent que l'on me reproche de trop m'intéresser à des sujets qui n'étaient pas de mon âge... Mais visiblement, si je vous réponds aujourd'hui, c'est sans doute que, malgré la critique, je n'ai pas contrarié cette disposition à la réflexion et la controverse.

 

Passionné par l'histoire de France, je me suis attaché assez tôt à sa souveraineté, jusqu'à en faire pleinement mon cheval de bataille. En effet, j'avais 12 ans l'année de Maastricht, lorsque j'ai commencé à développer ma conscience politique, et que je me suis positionné pour la première fois. C'était pour dire « non » au traité ! Même si, malheureusement, il me fallait encore attendre pour pouvoir voter, c'était déjà un bon point de départ. Aurais-je été influencé par mon entourage, me demanderez-vous ? M'aurait-on inculqué cela ? Assurément non. Ma famille et mes fréquentations ont toujours été politiquement très hétéroclites ! À l'époque, une partie pour Jacques Chirac, l'autre pour François Mitterrand, un peu de Raymond Barre, et même de Georges Marchais... Une diversité d'opinions à l'image du résultat serré du référendum en 1992 ! D'ailleurs, je serais d'avis de consulter à nouveau le peuple français à ce sujet...

  

Je suis souverainiste, et conservateur social. J'ai navigué dans les eaux de la droite dite de gouvernement tant que je l'assumais. Cependant, les pertes successives, pan après pan, de notre souveraineté - et particulièrement l'adoption de traité de Lisbonne dans le dos du peuple français, alors que nous avions dit « non » - ont sonné le glas de mon engagement avec l'UMP, dont j'ai été adhérent par contrat d'association, de 2002 à 2006, via le Forum des Républicains sociaux. 2007 a été pour moi l'année de la contestation, pour ce qui a été de mon vote de premier tour - et de la rupture avec l'UMP. Je n'ai absolument pas pris au phénomène Sarkozy, bien au contraire : il m'a fait partir ! Maintenant, je dois avouer, je voulais m'abstenir au second tour, mais pour ne pas avoir Ségolène Royal, j'ai voté contre elle. C'était la dernière fois que je faisais le choix du "moins pire". Ensuite, je me suis rapproché du Front National pour les échéances électorales suivantes, tout en restant sans appartenance politique jusqu'en 2012, où j'ai adhéré au Front national dans la lignée de la présidentielle de 2012.

 

L'échiquier politique a glissé avec le temps, j'ai été attentif à Marine Le Pen, une femme d'aujourd'hui, qui développait et défendait les grandes idées qui sont miennes depuis l'éveil de ma conscience politique. J'ai donc franchi le Rubicon ! J'y suis venu par Marine Le Pen, sa personnalité, son propos ; pour la défense de la souveraineté de la France, et le volet Europe notamment. Sur le fond des idées, j'abordais cette traversée sans craintes ! Sur la forme, après tout ce que j'avais pu lire et entendre au sujet du Front national depuis mon enfance, étant homosexuel, je vous avouerais avoir eu quelques appréhensions... Cependant, une fois arrivé sur l'autre berge, et depuis que je m'investis au Front national, il en est tout autre en réalité ! Cela n'était que préjugés ! Lorsque l'on dépasse ces derniers, que l'on pousse la porte, on rencontre des personnes sincères, de valeurs, attachées à la France, et au débat d'idées. Après, comme dans tous groupes, tous les caractères sont présents, et on ne peut pas forcément plaire à tout le monde. Néanmoins, je n'y ai pas d'ennemis, bien au contraire ! Sur un plan humain, j'y ai trouvé des camarades d'engagement pour la défense et l'avancée de nos idées, et même une amie sincère en politique, ce qui m'est très précieux !

 

J'aime la France, mon pays ! J'aime sa culture, ses traditions, son identité, ses valeurs ! Mon engagement politique vient de la volonté de transmission, ainsi que de la défense de toute cette richesse à partager, de l'idée que j'ai de la nation, de la patrie, de la nécessité de notre souveraineté. Aujourd'hui, plus que jamais, ces grandes idées que certains voudraient présenter comme désuètes, arriérées, ou très sombres, revêtent toute leur superbe, car seuls remparts et réponses à cette mondialisation galopante sans règles sacrifiant l'Homme sur l'autel de l'argent ! La raison de mon engagement politique, ce sont mes enfants, et plus largement les générations qui nous suivent, à qui je ne veux pas laisser la société telle qu'elle est, ni le monde tel qu'il part à la dérive, sans m'être investi pour changer le cours des choses...

 

Ceux qui ne chercheront pas à voir plus loin que le bout de leur prêt-à-penser conformiste, me trouveront sans doute pessimiste. Si je le suis, à prime abord, c'est par pur réalisme de la situation. Mais il n'y a aucune fatalité à cela ! Au contraire, je suis en parallèle terriblement optimiste car je considère que lorsque nous sommes tombés bien bas, nous ne pouvons que nous relever ! Je crois que je fais partie de cette génération qui va user de son droit d'inventaire ; rectifier le choix de la facilité aveugle, intéressée, individualiste, et court-termiste qui a été fait par ses aînés ; restaurer une cohésion et un avenir commun plus juste ; et sortir de la honte de nous-même et de l'état de repentance permanente dans lesquels nous nous sommes progressivement laissés plonger. Lorsque nous relevons la tête, et que nous réalisons pleinement qui nous sommes, d'où nous venons, nous savons où nous allons !

 

PdA : Vous serez candidat à Lille (Nord) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

C.M. : Je suis critique quant à l'action du mandat de Martine Aubry qui s'achève.

 

De mon point de vue, le bilan de sa majorité rose, vert, rouge est en réalité en trompe-l'oeil ! À l'image du feuillet de 79 pages distribué il y a peu chez chaque administré(e) pour la promotion de la liste de Martine Aubry. Un vrai catalogue de tour opérateur ! Au moins, à mon sens, ils pourront se recycler dans ce domaine, à défaut de gérer convenablement la commune pour les Lilloises et les Lillois. Des photos et des propos alléchants, épurés et pris sous leur meilleur angle... Néanmoins, une fois que vous ouvrez votre porte et partez en immersion dans le monde réel... vous cherchez le décor carte postale ! À la place, insalubrité, bouchons permanents, mendicité agressive, insécurité, chômage... Alors que Lille est une très belle ville, aux atouts nombreux, et au potentiel énorme ! À ces teintes plurielles des tenants du bilan, je rajouterais également le bleu ciel délavé, à savoir "l'opposition" UMP et centriste qui a finalement voté 95% des délibérations socialistes du mandat qui se termine ! Et ce n'est pas le sénateur Jean-René Lecerf - soutien de la réforme pénale de Christiane Taubira, pour qui la campagne de l'UMP-UDI sur Lille ressemble plus à un chemin de croix imposé, qu'à une motivation réelle et profonde de s'investir pour modifier et reconstruire les choses - qui est capable d'incarner un quelconque changement. Au contraire ! Ces dernières semaines, la campagne de l'UMP-UDI, c'est un peu Règlements de comptes à O.K. Corral, à qui arrachera le leadership de la "droite" locale. Dans ces brisbrouilles internes, une fois de plus, l'intérêt premier des Lilloises et des Lillois est le grand absent ! Jean-René Lecerf fera comme Valérie Létard, en son temps, lors des élections régionales de 2010 en Nord Pas de Calais... un petit tour... et puis s'en va !

 

Les échecs de Martine Aubry, qu'elle partage avec ses alliés objectifs précédemment nommés, en termes de sécurité ; d'emploi ; de dette par habitant ; d'insuffisances d'intendance de la commune - comme la propreté que l'on souhaiterait identique dans tous les quartiers sur la durée totale du mandat au zèle mis en place le mois précédant le premier tour de l'élection municipale... ; de transports et de déplacements dans la commune..., etc. sont masqués en fait par le volet culture "Lille Fantastic" que Martine Aubry s'empresse sans cesse de mettre en avant, quasi religieusement. À 15% du budget municipal, lorsque la sécurité, par exemple, n'en représente que 3%, ce serait un tort !

  

Cependant, voilà, il y a juste comme un "petit" bémol à cette gestion de façade, avant tout idéologique, des affaires courantes. L'insécurité, bien plus que le simple sentiment d'insécurité, ne grimperait pas en flèche à Lille, ainsi que dans la communauté urbaine de Lille (j'aimerais pouvoir vous donner des chiffres, mais même après la demande faite auprès de la préfecture, l'opacité reste totale sur la réalité de la situation. En parallèle, les témoignages et sollicitations de victimes lilloises et de la communauté urbaine de Lille victimes se multiplient) ; le chômage ne serait pas, dans la capitale du Nord, significativement supérieur à la moyenne nationale ; Lille ne serait pas un immense bouchon permanent ; la propreté serait la règle dans tous les quartiers et non l'exception... alors, je comprendrais sans doute ce tel déséquilibre dans les priorités et moyens accordés par la majorité sortante ! Alors, je saurais sûrement expliquer qu'ils aient réussi à trouver le moyen de doubler la dette de la commune ces quatre dernières années pour un résultat quasi nul, au regard des critères qui intéressent nos administré(e)s dans les enjeux de cette élection ; et un résultat fait surtout de paillettes, tourné davantage vers les citoyens du monde et les bobos de passage, qu'au profit des Lilloises et des Lillois eux-mêmes. C'est important d'être attractif, pourtant il ne faudrait pas que les premiers acteurs et intéressés, qui vivent tous les jours dans leur ville, en soient les grands oubliés !

 

Hormis pour les grandes parades de Lille Fantastic et la Grande braderie - que Martine Aubry n'a d'ailleurs pas inventée - (j'en profite pour vous inviter toutes et tous à venir y faire plus qu'un tour, les 6 et 7 septembre prochains ! :)), Lille n'est pas assez connue pour sa gastronomie régionale, ses savoir-faire, son histoire et son influence flamande, notamment. Ce déficit de notoriété lui est préjudiciable pour son développement, et c'est sûrement cela que les Lilloises et les Lillois sont en droit d'attendre d'une équipe municipale. Un cap ; une valorisation de l'existant, des acquis et de l'histoire ; des priorités et des moyens équilibrés, en premier lieu au service des Lilloises et des Lillois, pour leur présent et leur avenir !

 

À l'issue de ce constat, la seule alternative à Martine Aubry et son système - limite féodal - en place, c'est Éric Dillies, ses co-listières et ses co-listiers de la liste « Lille Bleu Marine » ! Un homme de bon sens, conseiller régional, implanté localement de longue date. Une équipe dynamique et motivée pour défendre et porter la voix des Lilloises et des Lillois, et leur rendre la part de leur cité qui leur revient !

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

C.M. : La recherche de l'intérêt premier de toutes les Lilloises et de tous les Lillois est la clé de voûte de notre projet pour Lille, le lien entre chacune de nos propositions. Nous voulons rendre aux habitantes et aux habitants de Lille la place qui est la leur, à savoir les principaux bénéficiaires des politiques de la ville, puisqu'ils en sont les premiers contributeurs. Une équipe municipale, et des services municipaux au service de leurs administré(e)s.

 

Nous redéfinirons les priorités, et redéploieront les moyens alloués à leur financement. Pour Lille, nous nous engageons à :

- Rétablir la sécurité. La première des libertés, c'est la sécurité !
- Attirer, protéger, encourager l'emploi.
- Lutter contre les gaspillages, les dépenses fastueuses et inutiles.
- Assurer la transparence totale des critères et procédures d'attribution des logements sociaux.
- Donner le pouvoir aux Lilloises et aux Lillois par référendum.
- Faire de nos écoles un lieu de transmission des savoirs dans la sérénité.
- Défendre la laïcité dans tous les secteurs de la vie municipale.
- Restaurer la propreté dans toute la ville.
- Mettre fin aux installations sauvages de campements de Roms et interdire la mendicité agressive.

 

Afin d'y parvenir voici quelques une de nos propositions phares, par thèmes, qui nous différencient des autres listes.

 

Délinquance et criminalité - Sous le mandat municipal qui se termine, Martine Aubry a consacré 3% du budget à la sécurité des Lilloises et des Lillois, alors qu'elle en a attribué 15% à la culture. Les moyens financiers existent. Nous proposons juste aux Lilloises et au Lillois, sans dénigrer une thématique par rapport à une autre, de répartir équitablement les priorités et les moyens accordés. Afin de rétablir la sécurité dans notre commune de Lille, nous proposons de redéfinir la convention de coordination entre la police municipale et les forces de sécurité de l'État. Concernant la police municipale, nous proposons de tripler les effectifs. Actuellement, 95 agents, dont près de la moitié affectés au stationnement, assurent la protection de plus de 225 000 habitants. Nous proposons de porter leur nombre à 300. Les policiers municipaux seront présents et répartis sur l'ensemble de la commune. Pour assurer cette présence sur le terrain, un poste de police municipale sera créé dans chaque quartier de Lille et des villes associées (Hellemmes et Lomme). Les agents de la police municipale seront armés, et formés au port de l'arme. Un professionnel reconnu sera placé à sa tête, et des cadres issus de la police nationale et de la gendarmerie seront recrutés. Parallèlement, nous créerons un réseau de vidéo-surveillance. Dans les transports en commun lillois, les postes de médiateurs seront remplacés par une police métropolitaine des transports.

 

Économie et emploi - Nous voulons attirer, protéger, et encourager l'emploi à Lille. Parmi nos propositions, l'aide à la création d'entreprises par la mise à disposition de locaux à loyer minoré pendant les trois premières années d'activité, et la création de zones d'activités sécurisées. Nous proposons de favoriser l'attribution des marchés publics aux PME/PMI, TPE, et aux artisans. Ces entreprises qui emploient les travailleuses lilloises et les travailleurs lillois, qui payent réellement des impôts, et qui sont respectueuses des droits du travail, doivent être encouragées ; de même, les aides directes leur seront exclusivement réservées.

 

Nous voulons également faire de Lille un moteur de croissance ! Ce ne sont pas les projets qui manquent, ni les femmes, ni les hommes, mais bien les financements. Force est de constater que les banques et les collectivités locales n'assurent plus leur mission de financement. Pour pallier cet abandon, nous proposons d'innover en mettant en place de nouveaux instruments permettant de mobiliser l'épargne disponible dans la région, par la création d'une coopérative d'investisseurs particuliers permettant de lever l'épargne des ménages au profit de la petite entreprise.

 

Fiscalité et gestion - Nous voulons agir pour le désendettement de notre ville. Une fois élus, afin de réaffecter les fonds à des dépenses utiles pour les Lilloises et les Lillois, nous commencerons par réaliser un audit complet des finances réelles de la ville. Nous proposons de recourir au référendum d'initiative municipale pour tout sujet majeur qui engage les deniers publics et augmente le niveau de la dette des contribuables.

 

Nous proposons de supprimer les subventions aux associations communautaristes, électoralistes et celles dont les actions ne servent pas l'intérêt local. Nous porterons l'idée du chèque associatif, à discuter et à définir, permettant aux Lilloises et aux Lillois de décider de la répartition de tout ou partie des subventions publiques municipales accordées aux associations. Nous créerons une commission citoyenne d'audit financier composée d'électeurs, chargée de contrôler les comptes de la commune, et également des associations qui reçoivent des subventions publiques. Afin que les Lilloises et les Lillois puissent juger des finances publiques en toute liberté, et par eux-même, tous les rapports d'audit seront publiés.

 

Démocratie locale - Nous voulons une vraie participation des citoyennes et des citoyens à la vie de leur cité. La démocratie, c'est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Élire un maire, ce n'est pas lui signer un chèque en blanc pour six ans. Les habitantes et les habitants doivent pouvoir exercer un contrôle sur les choix majeurs, sur l'utilisation de l'argent public durant cette période. Un peu à l'image de la démocratie suisse, nous proposons aux Lilloises et aux Lillois de rétablir un droit de pétition réel. Le dépôt d'une pétition signée par 2 000 habitants permettra d'inscrire automatiquement une question à l'ordre du jour soumise au débat du conseil municipal. Nous consulterons régulièrement les Lilloises et les Lillois par la voie du référendum local. Nous permettrons aussi aux Lilloises et aux Lillois de déclencher l'organisation d'un référendum local dès lors qu'une pétition recueillera 10 000 signatures.

 

Logement - Il manque à Lille, et aux villes associées (Hellemmes et Lomme) 16 500 logements pour satisfaire la demande des habitantes et des habitants. Afin de lutter contre la spéculation immobilière qui en découle, nous lutterons contre la pénurie de logements en libérant du foncier public. Les friches et les bâtiments publics non occupés seront affectés prioritairement au logement. Concernant les logements sociaux, nous proposons de mettre fin au clientélisme, et d'imposer la transparence dans leur attribution.

 

Nous proposons de développer les aides financières allouées à la rénovation des logements insalubres, et inciterons à la construction de logements à énergie positive. Nous refuserons que les hébergements d'urgence soient principalement attribués aux Roms et aux immigrés clandestins. Nous proposerons de créer un service de consignes pour les SDF, afin qu'ils puissent y déposer leurs papiers d'identité et leurs documents administratifs, trop souvent volés dans les centres d'hébergement.

 

Circulation et stationnement - Le chantage permanent exercé par les Verts sur leurs alliés socialistes a eu pour conséquence d'abandonner complètement le transport routier à Lille et dans toute la métropole. La congestion a gagné toute l'agglomération. Nous proposons de redéfinir le plan de circulation pour fluidifier les déplacements dans la ville et raccourcir les temps de trajets ; doubler les places de stationnement en mutualisant les parkings des administrations pour les ouvrir au public entre 17h00 et 7h00 ; rétablir la gratuité du stationnement entre 12h00 et 14h00 ; réaliser le contournement autoroutiers au sud-est de Lille.

 

Concernant les transports en commun, nous proposons de les redéployer dans toute la ville et de les sécuriser ; le prolongement de la ligne 1 du métro de la station des 4 cantons jusqu'à l'aéroport de Lille-Lesquin ; également la création d'une 3ème ligne de métro entre Wattignies et Saint-André desservant le quartier universitaire Vauban-Esquermes, le Vieux-Lille, Lille-Europe et La Madeleine.

 

Environnement et propreté - Nous proposons de renégocier le contrat de ramassage des ordures ménagères et affecter un opérateur unique par secteur géographique ; de mettre en place une incitation financière pour le recyclage déchets, afin d'affiner leur tri ; de développer la production de biogaz à partir des déchets ménagers. Concernant la distribution de l'eau, nous proposons de renégocier la délégation de service public à l'avantage des Lilloises et des Lillois, auquel cas nous remettrons sa distribution en régie. Nous accélérerons la transition vers l'éclairage LED pour réaliser des économies sans altérer la puissance de l'éclairage de nos rues, en installant des chaussées et des trottoirs à récupération d'énergie cinétique.

 

École et petite enfance - L'école doit redevenir le lieu de l'apprentissage du respect, de l'effort et de l'excellence. Cela passe par la sérénité. Il est anormal de constater que les écoles primaires elles-mêmes puissent devenir des lieux d'insécurité. Les enfants des quartiers populaires ont eux aussi le droit à la sécurité et à l'excellence. Dans le cadre de la réforme scolaire, nous proposons de privilégier le mercredi pour son application ; et de favoriser les activités sportives et artistiques, de promouvoir le patrimoine local et son histoire. Dans les cantines, nous proposons d'augmenter la part de produits issus de l'agriculture locale et biologique, et d'y faire respecter la laïcité.

 

Lille souffre d'un manque de place de crèche et de personnel dédié. Nous proposons d'accompagner le développement des crèches d'entreprises, et de mettre en place des crèches de nuit, en co-gestion et en co-financement. Nous proposons de développer les crèches familiales, sous la responsabilité d'une assistante maternelle, subventionnées par la municipalité ; ainsi que la mise à disposition des bâtiments publics vides pour créer des maisons d'assistantes maternelles.

 

Culture - La municipalité actuelle dépense plus de 63 millions d'euros pour la culture, soit 15% du budget, essentiellement pour des spectacles éphémères et coûteux, qui expliquent le délabrement des finances municipales et font l'objet d'un clientélisme scandaleux. Nous proposons de permettre l'émergence d'artistes indépendants en généralisant la pratique des concours, sous la direction de jurys indépendants. Comme évoqué dans le thème "Fiscalité et gestion" au sujet du chèque associatif, nous souhaitons associer les Lilloises et les Lillois à la décision de subventionner des artistes ou des structures culturelles. Concernant le zoo de Lille, nous sommes pour le maintien de sa gratuité. Nous privilégierons l'entretien des bâtiments historiques de la ville, tel que le Palais des Beaux-Arts.

 

Sport - Les socialistes engagent des dépenses pharaoniques dans des projets tels que le grand stade à Villeneuve d'Ascq, et ne financent presque pas les équipements sportifs de proximité. Il ne reste que des reliquats pour les habitantes et les habitants : 4% des investissements. Nous proposons de doter Lille de piscines modernes, et réhabiliter ou reconstruire la piscine Max Dormoy. Nous avons en projet de rouvrir la salle de sport La Chênaie, à Lille-Sud, après l'avoir réhabilitée, et également de réaménager les créneaux horaires dans tous les équipements sportifs pour qu'ils soient ouverts au plus grand nombre. Nous proposons de passer un accord avec le LOSC pour que les joueurs s'impliquent, une journée par mois, auprès des jeunes lilloises et lillois.

 

Personnes âgées - Nous pensons que nos aînés doivent devenir une force vive de la vie locale. Ils disposent de deux atouts qui peuvent être mis à profit par la collectivité : d'une part, ils ont des compétences et de l'expérience ; d'autre part, ils ont du temps libre. Nous proposons de favoriser le tutorat par des personnes âgées, pour transmettre les expériences professionnelles. Également d'associer les personnes âgées aux activités périscolaires. Nous proposons de développer la solidarité entre les générations, par l'hébergement des étudiants contre des services d'assistance à la personne. Nous sommes pour le maintien des EHPAD au cœur de la ville.

 

Personnes handicapées -La cité ne peut laisser à l'écart les personnes souffrant d'un handicap physique. Nous proposons de créer, en concertation avec les associations de défense des handicapés, un label et un logo pour signaler les bâtiments publics et privés qui leurs sont accessibles. Dans un même temps, nous proposons d'accroître l'accessibilité aux bâtiments et lieux publics, et de faciliter l'accès aux transports en commun. Concernant le parc de logements sociaux LMH (Lille Métropole Habitat), nous réaliserons un audit des besoins en la matière.

 

Pour prendre connaissance de l'ensemble de nos propositions, je vous invite à consulter l'intégralité de notre programme sur internet.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

C.M. : Je n'ai pas de boule de cristal... Néanmoins, sans vouloir tomber dans des lieux communs, tout dépendra de la participation ! Maintenant, force est de constater qu'il y a plus qu'un malaise dans notre pays, dans nos communes ! Malgré les manipulations, les coups bas, et les calculs politiques de l'exécutif, je crois que les Françaises et les Français sauront se faire entendre, sans doute dans une mesure moindre nationalement que la lame de fond que l'on peut déjà percevoir, et qui déferlera lors des élections européennes le 25 mai prochain.

 

Cependant, localement pour les municipales, il est certain que là où le FN-RBM est présent, le signal sera fort et scruté de très près ! Concernant les villes politisées où le FN-RBM ne sera pas présent, l'UMP par défaut captera certainement les mécontentements du moment, mais je pense en réalité que le PS et ses satellites résisteront mieux qu'attendu... Les résultats des listes de Debout la République (Nicolas Dupont-Aignan) seront aussi à observer, et plus précisément leur capacité à capter la fronde de l'électorat centriste qui ne serait pas encore prêt à soutenir nos listes FN-RBM dans les urnes.

 

Pour ce qui est de Lille, la situation est particulière. Martine Aubry y règne presque en régente absolue ! Entre clientélisme, réseaux d'influence, et accointance avec la presse régionale et locale, le débat est quasi verrouillé, difficile alors de laisser entrevoir autre chose et de sonder la réalité du terrain... En tous cas, lorsque je tracte dans la rue, ou que je fais du porte-à-porte, comme samedi dernier par exemple, les sympathisants socialistes vous témoignent leur désamour pour Martine Aubry ! Étrangement, comme quelque chose que l'on se transmet de mère en fille, et de père en fils, sans pour autant savoir pourquoi, si ce n'est peut-être la peur de l'inconnu, je comprends que certains s'interdisent de se libérer et votent religieusement pour le système en place. L'outrance, pour une partie d'entre eux, cette fois-ci, sera sans doute le "choix" éphémère parmi les quelques listes dissidentes de gauche et d'extrême gauche, qui le soir venu des résultats du premier tour auront déjà convolé avec Martine Aubry pour former sa liste du second tour... Par contre, toujours sur le terrain, il en est tout autre des sympathisants UMP ! D'une manière générale, à l'exception des quelques personnes politisées, ou débordant de préjugés à notre égard... l'accueil chez les commerçants, les habitantes et les habitants de Lille est chaleureux. Les échanges sont constructifs, les attentes et les espoirs très grands ! Les gens prennent et demandent nos tracts ainsi que notre programme de plus en plus facilement, et avec le sourire !

 

Je crois que notre liste « Lille Bleu Marine » va créer la surprise le 23 mars ! Aujourd'hui, nous sommes estimés entre 14 et 20%, là où, en 2008, une liste déjà conduite par Éric Dillies avait obtenu 5,69%, après le siphonnage temporaire des voix FN par Nicolas Sarkozy. L'UMP-UDI chute d'autant entre les résultats de 2008 et les estimations pour le prochain scrutin, que de points supplémentaires que l'on veut bien nous accorder dans les sondages. Il n'est, à mon sens, pas impossible de voir notre liste talonner celle de l'UMP-UDI, et peut-être même arriver devant, au final, face à Martine Aubry dans une triangulaire avec l'UMP-UDI. L'avenir nous le dira !

 

PdA : Un dernier mot ?

 

C.M. : À l'heure où tout est insidieusement fait pour favoriser l'abstention (absence de débat, polémiques nationales à mille lieux des enjeux locaux, affaires...), en réalité le meilleur moyen pour ne mener aux urnes que les bataillons de fidèles politisés et reconduire les majorités sortantes - notamment UMP et PS - j'exhorte sincèrement toutes les électrices et tous les électeurs à reprendre en main le destin de leur cité ! Pour cela, une première chose à faire : se déplacer massivement les 23 et 30 mars prochains, et voter ! La deuxième, être attentif et exigeant après l'élection, en veillant et s'impliquant dans la vie et la gestion de leur commune. Merci pour vos questions, et peut-être à bientôt !

 

Propos recueillis le 17/03/14

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Vincent Fleury

Vincent Fleury

Montrouge (Hauts-de-Seine) - MoDem

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Vincent Fleury. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ?

 

Vincent Fleury : Bonjour. Merci de me donner la parole. Alors, j’ai 28 ans, je suis actuellement vice-président des Jeunes démocrates (MoDem), après en avoir été le trésorier. J’ai fait des études de droit et d’assurance, exercé plusieurs métiers. Comme je suis aujourd’hui demandeur d’emploi et que j’ai la possibilité de me réorienter, je cherche un secteur dans lequel je puisse vraiment m’épanouir. Pourquoi pas la politique, puisque ça me plaît ? On ne travaille bien que quand on est heureux de faire ce qu’on fait, non ?

 

PdA : D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ?

 

V.F. : J’ai toujours aimé l’engagement citoyen. C’est un truc qui est en moi depuis pas mal de temps. Adolescent, j’ai été délégué de classe, scout de France… Mais honnêtement, avant la création du MoDem en 2007, aucun parti ne me donnait envie d’adhérer. C’était pour moi synonyme d’enfermement idéologique ! Le Mouvement démocrate m’a prouvé le contraire. Quand j’ai pris ma carte pour la première fois, en 2011, je ne l’ai fait que pour soutenir un parti qui correspondait à mes idées, un parti centriste qui ne voyait pas la gauche et la droite comme des suppôts de Satan. Un parti pragmatique et bienveillant. Bon, au départ, je voulais juste lui donner 20 euros et un adhérent de plus. Mais en fait, depuis, tout s’est enchaîné assez vite. Chassez le naturel, il revient au galop !

 

Pour résumer mon engagement, je pense à une phrase de Gandhi. Il disait que « croire en quelque chose et ne pas le vivre, c’est malhonnête ». Voilà, je cherche à être honnête avec moi-même.

 

PdA : Vous serez candidat à Montrouge (Hauts-de-Seine) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ?

 

V.F. : Le bilan est bon. Comme vient très justement de l’écrire la revue Challenges, Montrouge est « une ville aux allures de village ». À deux pas de Paris et avec 49 000 habitants, ce n’est pas rien. On comprend que de plus en plus de Parisiens viennent y trouver ce qui leur manque dans la capitale. L’équipe sortante accompagne cela, tout en dotant Montrouge de belles infrastructures. Alors, effectivement, il manque des places en crèche, et la ville devient de plus en plus chère, mais c’est la rançon du succès. La prochaine équipe municipale devra se pencher là-dessus, afin que Montrouge reste une ville accueillante. La politique est toujours une question d’équilibre.

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

V.F. : Il n’y a pas grand-chose à changer à Montrouge aujourd’hui. L’heure n’est plus vraiment aux grands travaux, elle est aux finitions et à l’entretien. Ce qu’il faut préserver et améliorer désormais, c’est la qualité de vie des Montrougiens. Il va falloir rénover certains lieux, rajouter des espaces verts, un cinéma, une école, des gymnases, limiter l’implantation des panneaux publicitaires, etc. Et il faudra lancer tout ça avant 2016, avant que Montrouge ne soit absorbée par la création du Grand Paris dans laquelle elle risque de perdre une bonne partie de son autonomie politique. Je pense que l’équipe actuelle, avec son bilan et son expérience, est la mieux préparée pour face à ces défis. C’est pour ça que j’ai accepté de rejoindre la liste du maire sortant.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres... ?

 

V.F. : À Montrouge, ça sent bon. L’équipe sortante devrait être reconduite assez facilement, peut-être même dès le premier tour. Elle a un bon bilan, les Montrougiens aiment bien leur maire, et l’opposition ne propose rien de solide.

 

Pour le reste de la France, j’avoue que je ne sens pas grand-chose ! Il faut dire que, malgré ce que pensent certains partis et certains médias, les municipales sont des élections locales. Dans la plupart des cas, elles ne sont pas liées à la couleur politique des candidats, mais à leur compétence, leurs propositions, leur bilan, s’ils en ont un, etc.

 

Le seul truc que je sens, c’est que les extrémistes et les écolos vont faire de bons scores. Je crois que beaucoup de gens n’ont plus envie de voter de façon réfléchie, car ils ne croient plus à la politique. Ils votent en réaction, et attendent une espèce de grand soir. Du coup, comme c’est la crise, ils votent FN ou Front de Gauche, et comme il vient d’y avoir un nuage de pollution, ils vont sans doute aussi voter pour les Verts. À force d’avoir des politiques qui ne pensent qu’à court terme, les électeurs s’y mettent aussi. Bon, dans le cas des Verts, ce n’est pas une si mauvaise chose, car il y a une urgence écologique que le PS prend à la légère. Mais sinon, la France a besoin d’aller de l’avant avec pragmatisme. Il ne faut pas qu’on cherche à sanctionner le passé, il faut construire l’avenir, et il y a du boulot.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

V.F. : Deux en fait. D’abord, je crois que la tendance générale est à la passivité et à la résignation, mais je suis convaincu que c’est en agissant tous un peu qu’on avancera. « Je me révolte donc nous sommes », disait Camus. C’est tout à fait ça, on est tous dans le même bateau. Donc, si le monde dans lequel vous vivez ne vous convient pas, quelle que soit votre sensibilité, engagez-vous ! Ensuite, le premier des engagements, c’est le vote. Vous pouvez voter deux fois cette année, aux municipales et aux européennes. Profitez-en.

 

Propos recueillis le 17/03/14

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Laurine Nocera

Laurine Nocera

Loire-sur-Rhône (Rhône) - Sans étiquette

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Laurine Nocera. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ?

 

Laurine Nocera : Bonjour, je suis actuellement en deuxième année de DUT Génie Civil à Lyon. Le bâtiment est un milieu qui me passionne depuis toute petite. Je souhaiterais donc intégrer une école d'ingénieur l'année prochaine.

 

En ce qui concerne mon engagement politique, il y a trois mois, je ne pensais pas intégrer une liste. Puis Anne-Marie Sanchez m'a contactée et m'a parlé de son projet de monter une liste apolitique. J'ai trouvé cela intéressant de pouvoir s'investir dans les projets de sa commune, d'exprimer ses opinions et d'être écoutée, malgré mon jeune âge.

 

PdA : Vous serez candidate à Loire-sur-Rhône (Rhône) lors des élections municipales qui se tiendront à la fin du mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

L.N. : Il est plus difficile, pour ce qui me concerne, de faire un bilan, car je n'avais que 13 ans lors de l'élection de l'équipe sortante. Néanmoins, j'ai pu voir que beaucoup de leurs projets n'ont pas été réalisés. De plus, il n'y a pas beaucoup de différences entre leurs propositions d'il y a six ans et celles d'aujourd'hui. 

 

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

 

L.N. : Il a y un réel esprit d'équipe dans notre liste. Nous voulons montrer que nous sommes 19, et non pas 1+18. De plus, il y a aussi bien des "nouveaux" Loirards que des "anciens", cela nous permet d'avoir une vision assez large. Nous voulons essayer de donner un nouvel élan à Loire-sur-Rhône. Nous avons quelques projets clés, comme la création d'une Halle au centre du village, ou encore une fête pour réunir toutes les associations. Enfin, la communication entre les conseillers et les habitants est très importante, nous aimerions donc travailler à son amélioration.

 

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ?

 

L.N. : Il est très difficile de savoir si nous allons être élus. Quoi qu'il arrive, cela m'aura permis de rencontrer de nouvelles personnes, de découvrir une nouvelle facette de Loire-sur-Rhône, qui est la vie politique. J'ai pu d'ores et déjà m'investir, lors de rédactions de tracts, notamment. 

 

PdA : Un dernier mot ?

 

L.N. : Je remercie Anne-Marie Sanchez pour m'avoir permis de me joindre à elle pour cette aventure. Et je trouve cela intéressant d'intégrer des jeunes dans les listes, car nous apportons une vision différente pour certaines choses.

 

Propos recueillis le 19/03/14

 

 

Nicolas Vervliet

Nicolas Vervliet

1er ar. de Lyon (Rhône) - PS

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Nicolas Vervliet. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ? 

 

Nicolas Vervliet : Bonjour Nicolas. Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour votre travail au sein de Paroles d’Actu, car il est rare que les jeunes, quelle que soit leur sensibilité politique, aient une tribune dans la presse à la hauteur de leur engagement au service de la cité.

 

Me concernant, j’ai 31 ans et suis originaire de Dunkerque. Après des débuts professionnels à Paris, j’ai choisi d’habiter Lyon à la suite d’un séjour chez des amis lyonnais. C’est une ville pour laquelle j’ai eu le coup de foudre, et notamment pour la Croix-Rousse. Ingénieur en électronique (ENSEA), spécialisé dans l’organisation du travail (Arts et Métiers ParisTech), je préside une coopérative de consultants indépendants que j’ai créée dans le 1er arrondissement. Une coopérative, parce que c’est le modèle de l’entreprise que je promeus, du fait de mon attachement à la valorisation de la force de travail avant la valorisation du capital, une coopérative dans le 1er arrondissement parce que c’est aussi cela, l’héritage des Canuts.

 

Je me suis engagé en politique à l’âge de 21 ans, au MJS et au PS, puis à HES (Homosexualités et Socialisme), dont je suis l’actuel trésorier national. Issu d’une famille de classe moyenne non politisée, mes convictions sont nées de la volonté de construire un monde plus juste, un monde meilleur où chacune et chacun peut trouver sa place sans prendre celle de l’autre, des convictions profondément humanistes. Pour moi, le respect des différences est ce qu’il y a de plus essentiel pour donner du sens au vivre ensemble. Lyon est une ville ouverte, notamment aux LGBT, j’œuvre pour qu’elle le soit encore plus. 

  

PdA : Vous serez candidat à Lyon, dans le premier arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action des équipes sortantes ? 

 

N.V. : Je suis candidat dans le 1er arrondissement de Lyon, aux côtés d’Odile Belinga, sur la liste « Évidemment Lyon », portée par le maire sortant Gérard Collomb, qui a un excellent bilan. Lyon est classée la ville la mieux gérée de France alors que les investissements publics sont nombreux et très appréciés des Lyonnais. Cela prouve que l’on peut mettre en œuvre une politique de gauche ambitieuse tout en étant soucieux de maîtriser la dépense publique. Et les réalisations profitables aux Lyonnais-e-s sont nombreuses : trois fois plus de logements sociaux construits par an par rapport à 2001 (dont de nombreuses préemptions dans le 1er arrondissement), création des maisons de santé, création de deux trams et prolongations de trois lignes de métro/tram existantes, aménagement des rives de Saône, deux fois plus de pistes cyclables (par rapport à 2008), baisse de 10% des émissions de CO2, un développement économique profitable à l’emploi… Bref, un bilan que je porte fièrement. 

  

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ? 

  

N.V. : Continuer à développer l’offre de logements sur Lyon, c’est aussi développer les logements étudiants, nous en créerons 6 000 d’ici 2020, tout en continuant notre politique volontariste en matière de logement social (4 500 logements par an) et de réhabilitation des quartiers.

 

Lyon est une ville économiquement dynamique, et nous avons un vivier de ressources précieuses, c’est pourquoi nous souhaitons développer les technologies vertes, numériques et robotiques. Pour cela, nous donnerons aux étudiants et chercheurs de la métropole les moyens de travailler dans de bonnes conditions, en rénovation des campus Lyon Tech la Doua, Charles Mérieux et Bron-Parilly.

 

En matière de transport, nous souhaitons prolonger le service de nuit du métro jusqu’à 2h le week-end – une mesure que nous attendons avec impatience –, accroître la capacité des rames de métro pour désencombrer l’espace lors des périodes de pointe, développer les voitures électriques libre service (1 000 d’ici 2020) et compléter l’offre de Vélo’v par des Vélo’v à assistance électrique - très pratique pour remonter les pentes de la Croix-Rousse.

 

Lyon, c’est aussi une capitale culturelle. Nous développerons les pratiques amateurs dans chaque institution culturelle pour que la culture soit notre bien commun. Dans le 1er arrondissement, la galerie des Terreaux (place des Terreaux) accueillera une galerie de l’architecture et du paysage. La culture passant aussi par la culture numérique, nous installerons le wifi en ville, la 4G dans les stations de métro et créerons des applications mobiles pour faciliter la vie quotidienne.

 

Niveau urbanisme, nous réhabiliterons la place des Terreaux, requalifierons la gare de Perrache et son centre d’échange afin de réunifier la Presqu’île à la Confluence.

 

Côté environnement, nous continuerons à rendre la ville plus verte, à développer les pistes cyclables et les lieux de balades piétonnes, dont les terrasses de la Presqu’île, qui seront aménagées au dessus du parking Saint-Antoine, qui deviendra alors souterrain... Il est très difficile de résumer les 400 pages de notre projet pour Lyon en quelques lignes. Des idées, nous n’en manquons pas et nous tiendrons nos engagements, comme nous les avons toujours tenus à Lyon. 

  

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement… Et les autres … ?

 

 

N.V. : Sur Lyon, je regrette que l’ensemble des sensibilités de gauche ne se soit pas toutes rassemblées autour de Gérard Collomb car contrairement à 2008, nous ne pourrons pas gagner dès le 1er tour. Notre liste est favorite mais cela ne nous empêche pas d’aller à la rencontre, dans la rue et en porte-à-porte, de nos concitoyens depuis 6 mois pour échanger avec eux et les inciter à aller voter pour nous dès le 1er tour. Sachant que le 1er arrondissement compte 16 400 électeurs inscrits, nous avons frappé près de 10 000 portes. C’est un travail de proximité qui est notre marque de fabrique : nous sommes à l’écoute parce que nous sommes proches de nos électeurs pour améliorer leur quotidien.

 

Au niveau national, les difficultés économiques que connaît notre pays, et plus globalement l’Europe, ne créent pas un climat favorable à la victoire de la gauche aussi largement qu’en 2008, cela malgré la bonne gestion des municipalités socialistes. Je suis navré que le président de la République et son gouvernement soient aussi peu populaires, cela joue en notre défaveur au niveau local. J’attends beaucoup de leur part d’ici 2017 pour être fier de leur bilan.

 

Par ailleurs, je suis inquiet de la montée du Front national, et d’autant plus pour les élections européennes car Marine Le Pen et ses amis font la politique de la haine en créant les conditions favorables à un repli sur soi, à encore plus d’individualisme. Leurs solutions sont extrêmes et irréalisables dans une démocratie. Le passé nous a montré qu’ils étaient capables du pire au niveau d’une municipalité, imaginez les conséquences dramatiques sur la France et sur l’Europe que causerait leur politique appliquée à plus grande échelle ! 

  

PdA : Un dernier mot ? 

  

N.V. : Je crois que j’en ai déjà beaucoup dit… alors je serai bref. E-lectrices, e-lecteurs n’oubliez pas d’aller voter les dimanches 23 et 30 mars prochains, votez à gauche, votez pour les listes soutenues par le PS. À Lyon votez pour les listes « Évidemment Lyon » ! 

 

Propos recueillis le 21/03/14

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Gaëtan Dussausaye

Gaëtan Dussausaye

11e ar. de Paris - FN/RBM (tête de liste)

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Gaëtan Dussausaye. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ? 

 

Gaëtan Dussausaye : Bonjour. 19 ans, étudiant en troisième année de Licence Philosophie et Lettres modernes à Paris 1 (Panthéon-Sorbonne) et à Paris 3 (Sorbonne Nouvelle), je suis actuellement Secrétaire départemental du FNJ de Paris et candidat FN-RBM à la mairie du 11ème arrondissement de Paris.

 

Je me suis découvert un certain intérêt pour la question politique à partir de la troisième. Ayant été confronté, assez jeune, à différentes problématiques qui malmènent encore aujourd’hui le quotidien d’un grand nombre de jeunes Français - que ce soit l’absence progressive d’autorité au sein des établissements scolaires, la nécessité de porter telle ou telle marque ou d’écouter telle ou telle musique dans un souci de reconnaissance de soi vis-à-vis des autres – je me suis posé un certain nombre de questions qui m’ont amené progressivement et plus largement à la question politique.

 

Afin d’être en mesure de mieux saisir notre actualité politique, j’ai pris le temps et le soin de regarder et de scruter les différents projets, réactions et communiqués de tous les mouvements politiques possibles. C’est au début de l’année 2011 que j’ai compris que le premier bulletin que je glisserais lors des présidentielles de 2012 serait un bulletin Front national - Rassemblement Bleu Marine. Face aux deux grands perdants de ces quarante dernières années, que sont l’UMP et le PS confondus, je considérais - et je considère évidemment encore - le FN-RBM comme le seul mouvement politique crédible, cohérent et clairvoyant, qui permet d’espérer à nouveau en la France et en son peuple.

 

Souveraineté, liberté, républicanisme, patriotisme, démocratie (réelle), unité nationale, justice sociale, laïcité, etc… Voici mes convictions ; convictions qui font les raisons de mon engagement au sein du Front national-Rassemblement Bleu Marine, que j’ai rejoint officiellement début décembre 2011.

  

PdA : Vous serez candidat à Paris, dans le 11e arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l’action des équipes sortantes ?

 

G.D. : Vois-tu, nous avons « la chance » d’avoir au sein du conseil municipal du 11e arrondissement non moins de sept sensibilités politiques « différentes » : PS, UMP, PCF, EELV, Modem, PRG, et MRC. Pourtant, à chaque conseil d’arrondissement, toutes les propositions faites par l’équipe municipale de Monsieur Patrick Bloche (PS) sont votées à l’unanimité ! Par conséquent, j’en tire la conclusion que tous les élus au conseil du 11e arrondissement, quelle que soit leur étiquette politique, sont tous responsables du matraquage fiscal que subissent de plein fouet les familles et les classes moyennes et populaires de l’arrondissement, de la chasse des classes moyennes et populaires hors de la capitale, de l’explosion des cambriolages, des braquages et des incivilités, de l’abandon des commerçants et des artisans au profit de la grande distribution sauvage, des politiques nocives à la qualité de vie des habitants et tout particulièrement des familles (crèches, hygiène, propreté, etc…).

  

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ? 

  

G.D. : Le 23 mars, les citoyens du 11e arrondissement auront le choix entre le projet des sœurs jumelles de l’UMPS et de leurs alliés, et notre projet – un projet de bon sens, dont le fondement repose sur ces trois éléments : prospérité, sérénité et solidarité. Ainsi, conformément aux attentes des Parisiennes et des Parisiens, nous proposons de faire du 11e arrondissement :

- un arrondissement fiscalement attractif, pour rendre de l’oxygène aux commerces et redonner du pouvoir d’achat aux ménages ;

- un arrondissement tranquille et serein, en développant davantage la vidéosurveillance, en renforçant l’action municipale, et en encourageant les initiatives citoyennes à travers le milieu associatif ;

- un arrondissement où les classes moyennes et populaires peuvent de nouveau s’y loger, en vendant une partie du parc social aux locataires, en priorisant ceux qui travaillent dans la capitale dans l’attribution des logements sociaux, en créant de nouveaux logements par des réquisitions-réhabilitations de logements ou de bureaux vides ;

- un arrondissement qui soutienne les commerçants et les artisans d’abord, seuls garants d’une ville à taille humaine, plutôt que la grande distribution folle ;

- un arrondissement où les citoyens pourront enfin retrouver la parole, par la mise en place d’une démocratie locale et participative réelle (notamment par l’organisation de référendums locaux sur les grands sujets de l’action municipale)...

  

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... 

 

G.D. : Cela fait plus d’un an que nous sommes, mes équipes et moi-même, sur le terrain dans le 11e arrondissement. Que ce soit sur les marchés, à la sortie des métros, ou lors de visites aux commerçants et artisans, l’accueil a incroyablement changé. Les réactions vives, colériques ou agressives ont définitivement laissé place à la curiosité, aux échanges nombreux, si ce n’est à l’adhésion. Je crois que nous pouvons d’ores et déjà nous féliciter de cette évolution. Maintenant, rendez-vous le 23 mars au soir pour les résultats !

  

PdA : Et les autres... ?

  

G.D. : Je pense que le Front national-Rassemblement Bleu Marine sera le grand vainqueur de ces élections municipales de 2014. Déjà, nous avons réussi, à la grande surprise de nos adversaires de l’UMPS, à constituer près de 600 listes FN-RBM dans la France entière ! Et je suis persuadé que la quasi-totalité de ces listes parviendront à se maintenir au second tour. Cette élection sera donc très bénéfique pour notre mouvement, nous en tirerons plus d’un millier de conseillers municipaux, et plus d’une dizaine de mairies. Les Français verront ainsi, directement, de quoi sont capables les élus FN-RBM.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

G.D. : Merci ! Je tiens à te remercier de laisser une telle place à la jeunesse qui s’engage, comme tu le fais à travers ton blog. La jeunesse de France veut s’engager, veut s’exprimer, mais elle veut encore plus être écoutée ! Ta démarche contribue à lui ouvrir cette dernière porte.

 

Propos recueillis le 21/03/14

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Aurélien Taché 2014

Aurélien Taché

18e ar. de Paris - PS 

   

Paroles d'Actu : Bonjour, Aurélien Taché. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ?  

 

Aurélien Taché : Bonjour Nicolas. J’ai 29 ans et j’habite le 18e arrondissement de Paris. Je travaille comme chargé de mission Lutte contre les Exclusions au Conseil régional d’Île de France, où je suis plus particulièrement en charge des dispositifs d’aide aux personnes sans abris, habitants des bidonvilles et gens du voyage. J’ai grandi dans un milieu rural modeste et j’ai pu mesurer, après un parcours scolaire chaotique, les difficultés que l’on peut rencontrer en France pour prendre un nouveau départ et notamment suivre un cursus universitaire, quand on est sorti des sentiers battus.

 

Tout cela, conjugué à une conviction profonde dans les valeurs de liberté et de solidarité et à une aversion totale pour les situations d’injustices, m’a rapidement conduit à ma passionner pour l’action politique et à vouloir agir pour l’émancipation du plus grand nombre. Dans cette optique, la lutte contre le racisme et ceux qui le propagent, en particulier l’extrême-droite et l’idée que la démocratie et la coopération doivent trouver à s’appliquer au niveau international, ont pour moi été des marqueurs forts. L’engagement est néanmoins arrivé un peu plus tard, sans doute en raison d’un attachement prononcé pour l’indépendance (rires), puisque c’est seulement à l’âge de 24 ans que j’ai sauté le pas en rejoignant à la fois une organisation politique de jeunesse - à travers le MJS - et un syndicat étudiant - l’UNEF. J’ai ensuite adhéré au Parti socialiste, quelques temp après. 

   

PdA : Vous serez candidat à Paris, dans le 18e arrondissement, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l’action des équipes sortantes ? 

 

A.T. : C’est un exercice assez convenu pour les sortants de défendre le bilan, mais pour ce qui est de Paris et du 18e arrondissement, on peut vraiment dire qu’il est excellent. Même si je n’y vivais pas encore, combien d’amis parisiens, engagés ou non, m’ont dit combien Paris avait changé depuis l’élection de Bertrand Delanoë... On est passé de 13 à 20% de logements sociaux entre 2001 et 2014, nous avons gagné deux moyens de transports en commun supplémentaires avec le tramway et le Vélib', de nombreux événements culturels comme Paris Plages ou la Nuit blanche, qui rythment la vie de Paris, ont vu le jour…Et, au-delà des réalisations, Bertrand Delanoë et son équipe ont su renouveler profondément la démocratie locale. Je ne prendrai qu’un exemple, qui me touche, car il est en lien avec mon combat pour le droit de vote des étrangers (non-communautaires, ndlr) aux élections locales : l'Assemblée des Citoyens parisiens extra communautaires, qui permet aux Parisiens n’ayant pas le droit de vote en raison de leur nationalité de s’exprimer sur les affaires de la Ville. En un mot, Bertrand Delanoë, a redonné les clefs de la ville aux Parisiens, à tous les Parisiens.

 

On peut dire exactement la même chose du 18e arrondissement, que Daniel Vaillant administre depuis 1995. Là encore et a fortiori, je ne vivais pas dans le 18e avant, mais autour de moi, le sentiment est unanime : le 18e s’est métamorphosé. En 2001, Daniel Vaillant a lancé, avec le soutien de Bertrand Delanoë, nouvellement élu, le plus vaste plan d’éradication de l’insalubrité et de l’habitat indigne qu’ait connu Paris. Des quartiers entiers ont été rénovés, notamment à la Goutte-d’Or, et plus de 3 000 logements sociaux nouveaux ont été créés.

 

De grands projets d’aménagements, tels que l’éco-quartier Chapelle International ou la création d’un grand pôle universitaire Porte de la Chapelle ont aussi été initiés. Surtout, le 18e arrondissement est un arrondissement jeune, et Daniel Vaillant a su en prendre toute la mesure, en le dotant d’équipements tels que le Centre Barbara, pour la culture, la Cité Traëger, pour le sport, ou encore la ZAC Pajol et sa superbe auberge de jeunesse. Bref c’est simple, avant il fallait lutter contre le risque de ghettoïsation du 18e, bientôt ce sera contre celui de sa boboïsation ! (rires) 

   

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

   

A.T. : Anne Hidalgo à Paris et Éric Lejoindre dans le 18e ont a cœur de poursuivre ce qui a été entrepris, mais aussi d’aller plus loin. En matière de logement, qui est leur priorité n°1, par exemple, Anne Hidalgo s’est engagée à atteindre 30% de logement sociaux à Paris en 2030, en construisant 10 000 nouveaux logements par an. Rien que pour le 18e, nous avons pour objectif la construction de 6 000 nouveaux logements diversifiés d’ici à 2020. Anne Hidalgo souhaite aussi s’engager fortement pour les transports et lutter contre la pollution, en créant un métro fluvial, en faisant fonctionner les lignes 1 et 14 du métro toute la nuit le week-end, en développant un réseau de scooters électriques en libre-service (Scootlib') et en faisant, d’une manière générale, le pari de la voiture électrique. Anne Hidalgo va aussi créer, avec son projet d’« Arc de l’Innovation », 100 000 m² d’incubateurs d’entreprises et de centres de télétravail supplémentaires autour de Paris. Elle compte enfin imaginer de nouveaux dispositifs de solidarité, tels que les premiers mètres cubes d’eau gratuits pour les Parisiens les plus modestes, et accentuer la politique de soutien aux jeunes créateurs et aux lieux culturels. Mettre la puissance de la capitale au service de sa bienveillance, voilà le programme d’Anne Hidalgo.

 

Éric Lejoindre à la même ambition pour le 18e. Il veut poursuivre la métamorphose urbaine de l’arrondissement, en accentuant notamment la rénovation des quartiers situés sur les portes, qui sont prioritaires et en poursuivant les grands projets d’aménagement. Mais il veut aussi plus loin, en étendant le tramway jusqu’à la porte d’Asnières, en créant une grande promenade urbaine sous le viaduc du métro aérien de Barbès à Jaurès, ou encore transformant les terrains « Chapelle Charbon » et « Hébert » en 250 000 m² dédiés aux loisirs et aux espaces verts ! Il veut aussi renforcer les effectifs de sécurité et de propreté dans notre arrondissement et y doubler le nombre de pistes cyclables ! 800 places nouvelles de crèches seront aussi créees, ainsi qu’un « café jeunes associatifs » et des maisons intergénérationnelles. Enfin, l’attractivité du 18e sera aussi renforcée, avec notamment la mise en place du dispositif « Vital'Quartier » pour maintenir et favoriser le commerce de proximité. Ce dispositif permet d’utiliser le droit de préemption urbain de la Ville de Paris afin d’acquérir des murs de locaux commerciaux, implanter des acteurs économiques de qualité et les accompagner dans leurs démarches d’installation, ce qui est crucial pour des quartiers comme la Goutte-d’Or ou Amiraux-Simplon. Un « marché des cinq continents » sera aussi créé Porte de la Chapelle, car pour Éric Lejoindre, la diversité culturelle de notre arrondissement est une richesse qu’il faut valoriser dans cette ville-monde qu’est Paris. 

   

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres ? 

  

A.T. : Très bien ! Les Parisiens savent ce que cela veut dire, la gauche à Paris et dans le 18e arrondissement, ils n’ont aucune envie de revenir en arrière. On ne va pas se mentir, nous nous heurtons à des difficultés sur le plan national, notamment en raison de la dette abyssale laissée par Nicolas Sarkozy - il l’a creusée de près de 600 milliards en cinq ans - mais aussi car certaines politiques peuvent être mal comprises, voir questionnées. Mais la dimension locale des élections municipales a toujours primé dans notre pays, et les électeurs ne s’y tromperont pas : dimanche, c’est le maire qu’on élit. 

 

Propos recueillis le 21/03/14

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Rémi Tell

Rémi Tell

Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) - UMP

   

Paroles d'Actu : Bonjour, Rémi Tell. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ? D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ?  

 

Rémi Tell : Je suis originaire des Yvelines. J’ai passé mon enfance à Conflans-Sainte-Honorine, où je vis encore. J’ai 19 ans, et je suis étudiant à l’Institut d’Études Politiques de Paris (Sciences Po). Je viens d’un milieu modeste, ce qui ne nous a jamais empêché de toujours beaucoup échanger sur la politique à la maison. Très tôt déjà, j’avais des discussions avec mes parents sur des sujets d’actualité. Je trouvais le monde politique fascinant : ses codes, ses destins personnels, les ascensions comme les chutes… cela avait un caractère romanesque qui émerveillait mes yeux d’enfant. Puis, j’ai commencé à essayer de m’investir, en tant que délégué de classe, d’abord, puis en tant qu’élu, dans le conseil municipal des enfants de ma ville. J’avais cette envie, même à un niveau modeste, de pouvoir changer la donne, d’avoir une prise sur la réalité. Faire quelque chose qui puisse aider les autres, rendre leur quotidien meilleur.

 

Aujourd’hui, je suis engagé au sein de l’UMP, parce que je crois beaucoup aux valeurs de liberté et de responsabilité. Être un jeune militant dans ce parti est passionnant, car nous sommes dans l’opposition. Rien ne nous est acquis, et nous devons nous battre sans cesse pour faire valoir nos idées.

   

PdA : Vous serez candidat à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l’action des équipes sortantes ? 

 

R.T. : Nous sommes les challengers lors de ces élections. Cela fait maintenant presque quarante ans que la ville est aux mains des socialistes. Des personnalités fortes comme Michel Rocard ou Jean-Paul Huchon en ont été les maires. Mais nous ne sommes pas dans une stratégie de revanche. Nous voulons construire quelque chose pour Conflans et pour les Conflanais, leur proposer un véritable projet.

 

Certaines des politiques qui ont été menées par la muncipalité en place ont été positives, et c’est de notre devoir de le reconnaître, car il en va de notre crédibilité. Je pense à l’action vis-à-vis des seniors, notamment. Mais pour le reste, beaucoup de choses restent très insatisfaisantes. Conflans est une ville “dortoir”. Beaucoup ne font qu’en partir le matin pour aller travailler ailleurs et en revenir le soir pour se coucher, afin de… mieux repartir le lendemain ! Il y a très peu d’animation, et le potentiel de notre commune, pourtant capitale européenne de la batellerie, reste très largement inexploité. L’équipe en place n’a pas su développer une vision à moyen et à long terme, ne se contentant que de satisfaire des clientèles.

 

La situation est aussi critiquable au niveau des personnes. Nous avons un sénateur-maire, Philippe Esnol, qui a choisi, contre l’avis du plus grand nombre, y compris dans son propre camp, de présenter sa femme aux élections pour lui succéder. Cela pose des problèmes évidents de démocratie, et les Conflanais ne sont pas dupes de ces basses manoeuvres. C’est pour cela qu’un vent nouveau doit souffler sur la ville, qui permettra de d’apporter quelque chose de neuf pour les habitants.

  

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

   

R.T. : Nous avons des propositions résolument innovantes à proposer aux Conflanais. L’enjeu n’est ni plus ni moins que de faire rentrer pleinement Conflans dans le 21e siècle.

 

Nous formulons 78 propositions très concrètes pour la vie des gens, selon trois grands axes : la rénovation de l’aménagement du territoire, le développement économqiue et touristique, et enfin la scolarité et la petite enfance. Nous avons eu à cœur de formuler des propositions qui puissent s’adresser à tout le monde, quels que soient son origine, son âge ou sa condition sociale.

 

Pour l’aménagement du territoire, nous proposons par exemple de mettre fin au bétonnage de la ville et de favoriser, sauvegarder et mettre en valeur les espaces verts existants, afin de rendre le cadre de vie plus agréable, de faire de Conflans une ville moins grise, moins stressante. Et ce tout en garantissant l’accès de chacun au logement, qui est une priorité pour nous. Nous avons aussi de grands projets de réaménagement dans des endroits clés de la ville, afin de la redynamiser et de lui redonner toutes ses couleurs.

 

En ce qui concerne le développement économique et touristique, nous voulons faire de Conflans une ville attractive pour les entreprises, en créant un cadre d’accueil favorable. Il s’agira aussi de bâtir des ponts entre la municipalité et le secteur privé, afin de permettre aux Conflanais sans emploi de se réinsérer plus facilement dans le monde du travail. Pour favoriser le développement du tourisme, nous avons prévu l’installation de commerces et de lieux culturels sur les quais de Seine, ainsi que la mise en place d’une meilleure communication autour de la ville à l’extérieur. Nous avons des propositions très précises sur le sujet, qui je n’en doute pas permettront enfin à Conflans de mériter son titre de capital européenne de la batellerie.

 

Enfin, nous voulons faire de la jeunesse, de la scolarité et de la petite enfance nos priorités, en redéfinissant les besoins en place dans les crèches et dans les classes, en favorisant l’installation de logements pour les étudiants ou en élargissant la gamme d’activités proposées aux jeunes.

 

Bien sûr, nous avons aussi beaucoup de projets qui concernent la sécurité, les loisirs ou les sports, ainsi que le renforcement de la proximité entre la municipalité et les citoyens.

   

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres ? 

  

R.T. : Je suis assez serein en ce qui concerne ces élections. Nous avons mené une belle campagne, audacieuse, respectueuse des habitants, et je sais qu’elle portera ses fruits.

 

Au niveau national, l’UMP devrait aussi faire de très bons scores. Beaucoup de villes de taille moyenne vont basculer de notre côté. Plus que le résultat de la politique du gouvernement, je crois que ce sera la consequence logique de l’incroyable investissement de nos candidats sur le terrain. Ils ont fait au cours des mois passés un formidable travail, et je suis sûr qu’ils en seront récompensés.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

R.T. : Votez. Votez et engagez-vous. Notre pays va mal, et c’est le seul moyen de le sortir de l’état calamiteux dans lequel il se trouve. Des défis majeurs nous attendant, et c’est la nouvelle génération qui va devoir les relever. Les jeunes d’aujourd’hui doivent prendre leurs responsabilités en main, car le monde de demain est déjà le leur et parce qu’ensemble, malgré nos différences, nous pouvons faire quelque chose de grand pour la France, redresser ce pays qui souffre depuis tant d’années, et être à l’initiative des changements majeurs et indispensables qui se profilent pour les décennies à venir.

  

Propos recueillis le 21/03/14

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Aurélien Sebton

Aurélien Sebton

Talence (Gironde) - UDI

  

Paroles d'Actu : Bonjour, Aurélien Sebton. Voulez-vous vous présenter, en quelques mots ?

 

Aurélien Sebton : J'ai 29 ans, je suis un jeune de mon temps, prototype de la Génération Y. Je suis juriste de formation, diplômé de l'Université Bordeaux IV où j'ai étudié le droit et les sciences politiques. Depuis 2007, je travaille comme attaché de groupe politique, d'abord au Conseil régional d'Aquitaine, pour le groupe centriste, et dorénavant à la Communauté urbaine de Bordeaux, au sein du groupe Communauté d'avenir, présidé par Alain Juppé.

 

En ce qui concerne mes fonctions électives, je suis conseiller municipal de Talence (ville de 45 000 habitants, la banlieue bordelaise), en charge de la jeunesse, de la politique de la ville et de la ZUS (zone urbaine sensible, ndlr). J'ai été élu président national de l'UDI Jeunes en novembre dernier et je suis par ailleurs vice-président de l'UDI en Gironde. En parallèle, et afin de m'ouvrir au monde de l'entreprise, je passe le Master des Grandes écoles de commerce à l'ESC de Bordeaux (Kedge Business School).

 

Je suis passionné de sport, que je pratique le plus régulièrement possible. L'amitié, la fraternité occupent une place prépondérante dans mon fonctionement. Les échanges, l'ouverture aux autres et l'entraide que cela engendre sont primordiaux pour moi. Je marche à l'affect.

 

PdA : D'où vous viennent vos convictions, votre engagement politique ?

 

A.S. : Très jeune, j'ai voulu m'engager, monter au créneau pour défendre ce qui me semblait juste, j'ai souhaité prendre mes responsabilités, ne pas "laisser faire" par les autres. J'ai commencé dans la cause anti-raciste, l'injustice des injustices. C'était insupportable pour un jeune qui vivait quotidiennement la diversité culturelle et sociale des « ZEP ». Il n'y a aucun doute, le 21 avril 2002 a été le déclencheur de mon engagement, je me souviens encore de l'effroi, à me glacer le sang, que j'ai ressenti quand j'ai vu apparaître le nom de Jean-Marie Le Pen.

 

Par ailleurs j'ai toujours été convaincu que la défiance du citoyen pour sa classe politique venait essentiellement de l'impression d'entre-soi, voire même de népotisme que l'on retrouve dans l'organisation des partis et la distribution des mandats. Ce n'est cependant pas une fatalité et j'en fais une de mes priorités, le rôle des dirigeants des partis politiques et a fortiori des responsables des mouvements de jeunes est de inciter les uns et les autres à s'engager dans le débat public, de rappeller que le mandat d'élu ne necessite pas de qualifiaction particulière, que chaque point de vue mérite d'être entendu, que la politique, c'est l'affaire de tous... Pour reprendre une expression d'initié : les voix se comptent, elles ne se pèsent pas...

 

PdA : Vous serez candidat à Talence (Gironde) lors des élections municipales qui se tiendront au mois de mars. Quel bilan faites-vous de l'action de l'équipe sortante ?

 

A.S. : Oui, je suis candidat sur la liste du maire Alain Cazabonne, pour exercer un deuxième mandat à ses côtés. Je le dis à souhait, il est pour moi un « père » en politique. J'apprends avec lui l'importance de la proximité qu'il doit y avoir entre l'élu local et ses administrés. L'expertise et la maîtrise des dossiers ne suffisent pas. La présence au-delà des murs de la mairie, l'écoute des préoccupations quotidiennes des habitants sont indispensables  Le rôle de l'élu est d'aller prendre le pouls de la population, d'aller à la rencontre de ceux qui sont les plus éloignés des institutions, souvent d'ailleurs ceux qui en ont le plus besoin. Cette mandature qui s'achève a été placé sous le signe de la solidarité. Je pense à la mixité sociale, notamment, Talence étant la seule ville de l'agglomération à imposer aux promoteurs immobiliers 25% de logement sociaux dans leurs projets, ainsi qu'une obligation d'y inclure des logements familiaux. Je pense à la construction du plus bel équipement de la ville, le « Dôme », qui accueille une médiathèque, un centre social, un centre de loisirs, la maison des droits de l'Homme... dans notre quartier politique de la ville.

 

Notre bilan, c'est aussi l'accueil des « chalets d'Emmaüs ». Je suis assez fier que nous ayons été avant-gardistes en France sur ce projet. Cela se traduit évidemment par la requalification entière du quartier de Thouars, notre ZUS. Nos services sociaux sont plus performants. Ce que l'on observe, c'est aussi l'excellence de notre politique associative et sportive, puisque nous avons été récompensés en accédant à la plus haute notation au classement « Sports pour tous » : je citerai la construction du gymnase Boris Diaw dans les quartiers nord, le développement de notre politique culturelle avec le Festival 1,2,3 Musique, l'extension du Centre Animation Jeunesse, la création de la manifestation jeunesse Code Forum, pour sensibiliser sur les discriminations, la création d'une pépinière d'entreprises, de la crèche dans le nouveau quartier Renaissance, etc... En somme, nous pouvons être fiers du bilan de notre équipe.

  

PdA : Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions que vous entendrez soumettre aux suffrages de vos concitoyens ?

   

A.S. : En ces temps difficiles pour les Français, nous ferons de la solidarité la priorité de ce mandat. Nous allons continuer à nous battre pour réouverture de la gare de la Médoquine et, à la différence du bus proposé par l'opposition socialiste, avec Alain Juppé, nous réaliserons un tramway desservant le campus et le quartier de Thouars, si les électeurs nous donne la majorité à la C.U.B. (Communauté urbaine de Bordeaux, ndlr). Nous construirons une nouvelle école de musique, avec un des plus grands auditoriums de l'agglomération, pour continuer nos efforts afin de faciliter l'accession à la culture pour tous. Nous lancerons le chantier du stationnement pour faciliter les déplacements des riverains encombrés par les voitures-ventouses, du fait du succès du tramway. Nous continuerons nos efforts pour l'environnement, en nous battant pour que le PLU nous permette de diminuer la hauteur des constructions, pour protéger nos espaces verts et de nouveaux espaces de respiration verte. Nous achèverons la construction de l'école Georges Lasserre. Nous réaliserons tous ces projets en contrôlant les finances de la ville et en nous assurant de ne pas aloudir la pression fiscale subie par les Talençais, déjà trop lourdement taxés par le gouvernement de François Hollande.

  

PdA : Comment les "sentez"-vous, ces élections municipales ? Celle qui vous concerne directement... et les autres ? 

  

A.S. : Je les sens bien, mais rien n'est jamais gagné d'avance ! Nous avons un bilan qui nous rend fier, tant en ce qui concerne la gestion de la ville que sur notre présence au quotidien, à l'écoute des Talençais. Et franchement, je pense que les Talençais réalisent la chance qu'ils ont d'avoir un maire d'un humanisme rare, et dont le dévouement pour sa ville et ses habitants n'est plus à démontrer. Enfin, même si ce n'est pas le principal, et que je ne peux m'en réjouir, c'est la première fois que les Français auront l'occasion de juger l'action de François Hollande et de son gouvernement. La réaction des Français risque d'être cinglante pour le socialistes. Hélas, je crains, comme tous, la tentation pour les extrêmes. Je note tout de même sur le terrain que l'union du centre UDI-MoDem, allié sans ambiguïté avec la droite républicaine, est un signal d'unité bien perçu par les électeurs.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

A.S. : Toutes ces « affaires » me font enrager, ce sont d'énièmes coups de canif portés à la démocratie. Certains jouent scandaleusement les intrigants, comme si nous étions dans une serie américaine avec Kevin Spacey. Sauf qu'à la fin, la seule gagnante sera Marine Le Pen. Enfin, évidemment, je tiens à féliciter tous les jeunes UDI, qui ont été candidats par centaines dans toute la France, et tous ceux qui ont fait camapgne pour défendre nos valeurs. Alors, à tous « merde » pour dimanche !

  

Propos recueillis le 21/03/14

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Merci à toutes et à tous...

Au 21 mars, 24 réponses dont :

6 UMP (25%), 6 PS (25%), 4 FN (17%), 4 UDI (17%), 1 FG (4%), 1 EELV (4%), 1 MoDem (4%), 1 sans étiquette (4%)...

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26 octobre 2013

Bel Plaine : "On aime l'adrénaline du live !"

« Bel Plaine traduit l’urgence et la contemplation, l’insouciance et l’envie. Dans des contes romantiques et modernes interprétés rageusement par les deux chanteurs aux voix aussi lointaines que jumelles. Le groupe à cinq têtes, formé en 2011, délivre une musique efficace, teintée de douce nostalgie folk. Une pop soutenue par des harmonies vocales qui apaisent comme la parole rassurante soufflée au creux d’une oreille. » Ils ont été, avec deux autres groupes, les lauréats 2013 du fameux Prix Paris Jeunes Talents. Une consécration méritée, un tremplin vers de nouvelles aventures, tellement exaltantes... Morgan Renault et Antoine Blond sont les deux chanteurs et guitaristes de Bel Plaine. Ancelin Quinton est bassiste, Cédric Van Der Gucht, batteur, Alexis Pivot, claviériste. Un quintette gagnant. Écoutez leur musique. Leur chanson Summer Ends. Leur EP, Present. Allez les voir. En vidéo. En live, surtout. Bel Plaine, l'un des groupes les plus touchants, les plus prometteurs de la scène actuelle... Un groupe à suivre... Petite interview-présentation. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MORGAN, ANTOINE

BEL PLAINE

 

« On aime l'adrénaline du live ! »

 

Bel Plaine 1

(Photos proposées à ma demande par Bel Plaine.

Ci-dessus, de g. à d. : Morgan Renault, Ancelin Quinton, Antoine Blond, Cédric Van Der Gucht.)

 

Q : 24/07/13

R : 19/10/13

  

Paroles d'Actu : Bonjour Morgan, bonjour Antoine. Vous êtes chanteurs, guitaristes au sein de Bel Plaine. D'où vous vient cet amour de la musique, à la base ?

 

Morgan : Pas de ma famille, en tous cas, car je n'ai pas été élevé autour de musiciens. Quoique... Je me souviens avoir été captivé, même très jeune, par un instituteur qui nous jouait de la guitare en classe. Après, c'est seulement à l'adolescence que je me suis mis à la musique, après avoir ramené une guitare d'Espagne.

 

Antoine : C'est marrant, moi aussi, c'est un instit' qui m'a donné l'envie de jouer de la guitare, mais à l'origine, je viens d'une famille de musiciens, donc j'ai toujours plus ou moins baigné dedans...

 

PdA : Parlez-nous de Bel Plaine, de l'histoire du groupe, qui est très récent je crois ?

 

Morgan : Oui, le groupe est né exactement le 31 décembre 2010, lors de ma rencontre avec Antoine. On était à la même fête du jour de l'An, on ne s'est pas calculés de la soirée, et c'est au moment de se dire au revoir que l'un de nous a fait une réflexion sur la musique qui passait, c'était un titre de The Drums. On a beaucoup discuté en se promettant de se revoir pour faire de la musique. On s'est recroisés le lendemain sur un quai de métro, par hasard…

 

PdA : Quels ont été jusqu'ici, à vos yeux, les moments forts de votre parcours ? Quels sont vos morceaux préférés, ceux que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ?

 

Antoine : L'un des grands moments a été l'enregistrement de notre premier EP, Present, dans une ferme du Lot que nous avons transformée en studio. C'est là qu'Alexis, notre pianiste, est arrivé et que Bel Plaine est devenu un groupe à cinq têtes, ce qui correspond à la vraie naissance du groupe pour nous.

 

Un autre moment fort a été de gagner le prix "Paris Jeunes Talents" cette année. En effet nous avons humblement sorti notre EP en auto-production, sans aucune structure, donc ça a été énorme pour nous de gagner un tel prix, sachant qu'on a enchaîné avec une participation aux Francofolies…

 

Morgan : Pour ce qui est de nos morceaux préférés, allez écouter Summer Ends, puis notre EP, et ensuite venez nous voir en concert !

 

PdA : Le nom Bel Plaine vient d'un t-shirt. Si votre univers devait être représenté par un dessin, à quoi ressemblerait-il ?

 

Morgan : À un bison galopant au milieu d'une vaste prairie, chevauché par un couple nu.

 

Antoine : J'ai pas mieux.

 

PdA : Les retours de la presse et du public sont, pour le moment, plutôt positifs (voire très positifs). Quels sont ceux qui vous ont le plus touchés jusqu'à présent ? Quelle est votre "stratégie" pour toucher le plus grand nombre ?

 

Antoine : Ce qui nous touche beaucoup, ce sont les e-mails d'anonymes qui nous écrivent pour nous dire qu'ils écoutent notre musique et qu'elle leur fait du bien. C'est toujours étonnant de recevoir de tels messages.

 

Morgan : Et sinon, c'est toujours encourageant d'être soutenu par la presse, que ce soient les petits blogs ou bien les magazines à plus grosse parution.

 

PdA : Quels sont les artistes, les groupes d'hier et d'aujourd'hui, connus ou moins connus qui vous inspirent, que vous aimez et que vous voudriez nous faire découvrir à l'occasion de cette interview ?

 

Morgan : Allez dévorer l'album de Half Moon Run, un groupe montréalais, c'est notre coup de cœur du moment.

 

Antoine : Et autre belle découverte, Unknown Mortal Orchestra.

 

PdA : Quels sont vos projets ?

 

Antoine : Pour être concret, nous voulons sortir un EP au printemps prochain. On a composé de nouveaux morceaux que l'on a hâte de présenter aux gens.

 

PdA : Vos envies ?

 

Morgan : Nous voulons continuer à faire de la scène pour partager notre musique avec le plus de gens possible, car on aime vraiment l'adrénaline du live.

 

PdA : Vos rêves ?

 

Antoine : Peut être vivre un peu mieux de notre musique, histoire d'en faire plus...

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

 

Morgan : Encore plus de concerts. D'ailleurs, n'hésitez pas à venir nous voir le 31 octobre au Badaboum (nouvelle scène Bastille), le 16 novembre à la CLEF de St Germain-en-Laye et le 26 novembre aux Trois Baudets.

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

Antoine : Merci à toi et à bientôt.

 

Morgan : À bientôt dans une salle de concert.

 

Present

 

Merci Morgan, merci Antoine, pour vos réponses, pour votre enthousiasme ! Merci à Maëva Saurine, leur manager, pour nos échanges. 5 lettres pour la suite du parcours de Bel Plaine, mais je ne m'en fais pas, je sais qu'elle sera belle... ;-) Et vous, que pensez-vous de Bel Plaine ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Bel Plaine...

 

14 juillet 2014

François-Henri Désérable : "J'ai voulu raconter la vie d'Évariste Galois"

Un an après la publication de notre première interview, François-Henri Désérable, l'auteur brillant de Tu montreras ma tête au peuple (que je ne cesserai de vous recommander) m'a fait l'honneur, une nouvelle fois, d'accepter de répondre à mes questions pour Paroles d'Actu. L'occasion d'évoquer, pêle-mêle, l'accueil réservé à son premier ouvrage, la journée du 14 juillet 1789, ses goûts et conseils littéraires. Et de nous offrir, en exclusivité, quelques infos sur son prochain livre... Je l'en remercie et espère qu'il aura, à l'heure de la rédaction de ce texte - le 14 juillet, autour de 18h05 - dégusté la crêpe au sucre qui lui faisait tant envie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FRANÇOIS-HENRI

DÉSÉRABLE

Auteur de Tu montreras ma tête au peuple

 

« J'ai voulu raconter

la vie d'Évariste Galois »

 

François-Henri Désérable

(Photo proposée par François-Henri Désérable)

 

Q : 12/07/14 ; R : 14/07/14

 

Paroles d'Actu : François-Henri Désérable, bonjour. L'an dernier, à peu près à cette époque, nous évoquions, lors de notre première interview, ton ouvrage édité chez Gallimard, Tu montreras ma tête au peuple. Quinze mois ont passé depuis sa sortie. L'occasion, peut-être, d'un bilan d'étape ?

 

François-Henri Désérable : Oui, quinze mois. Déjà. Mais les bilans, en littérature, se font sur plusieurs années. Quand Alcools paraît en 1913, il ne trouve qu’une centaine de lecteurs. Un siècle plus tard, deux millions d’exemplaires se sont écoulés. Qu’aurait dit Apollinaire un an après la parution de son recueil ? Que ses poèmes n’ont pas trouvé leur public, mais que la vie continue, d’ailleurs l’année 1914 s’annonce radieuse… Faisons un premier bilan dans dix ans.

 

PdA : As-tu été touché d'une manière toute particulière par certaines critiques, certains retours - qu'ils soient positifs ou négatifs, d'ailleurs ?

 

F.-H.D. : Bien sûr. Surtout par les retours de quelques écrivains que je tiens en très haute estime. Et par les lettres de lecteurs. À l’heure d’internet et du mail, les lettres ont un charme un peu suranné.

 

PdA : En mai 2013, un journaliste de France 3 Languedoc t'interrogeait quant à ta position sur la peine de mort; ta réponse fut sans ambiguïté : « Je suis résolument contre la peine de mort. C'est un assassinat grimé sous les oripeaux du droit. On pourrait ériger une statue à Robert Badinter pour l'avoir abolie. » Il est une question que j'aimerais te poser, un peu dans le même ordre d'idées. Bon, ça plombera l'ambiance deux minutes, mais je crois qu'elle peut être intéressante, surtout pour qui a lu Tu montreras ma tête au peuple : quel est ton rapport à la mort ?

 

F.-H.D. : Paradoxalement, un monde sans la mort serait invivable. Et ce n’est pas tant la mort qui me fascine et m’angoisse, mais le temps qui s’enfuit. Je pense avoir pris conscience très tôt de la préciosité du temps.

 

PdA : « J’ai envie de répondre le 14 juillet, à la Bastille, pour revenir en 2013 et dire : 'J’y étais' ». Ce fut là la première de tes idées lorsque j'entrepris, lors de notre entretien, de te convier à un hypothétique voyage dans le temps, à l'époque de la Révolution. Deux fois cent ans, plus le quart de siècle, tout juste... Ta requête est accordée : tu y es, à la date, au lieu dits...

 

F.-H.D. : Eh bien je regarde. La foule en liesse, la tête du gouverneur de la Bastille au bout d’une pique, oui, je regarde tous ces gens et je me dis qu’ils n’ont aucune idée de ce qu’ils font : ils sont en train d’écrire l’une des pages les plus importantes, les plus belles de l’Histoire de France, et ils ne le savent pas. À ce moment-là, ça n’est qu’une petite révolte. Pas une révolution. Mais peut-être que je me trompe, peut-être pressentent-ils déjà que l’ordre immuable des choses n’est plus si immuable que ça…

 

PdA : On retrouve souvent chez nos compatriotes - et bien au-delà - la confusion qui touche à la fête nationale, au 14 juillet. De la prise de la Bastille en 1789 ou de la fête de la Fédération en 1790, quel est celui qui, un peu plus que l'autre, tendrait à recueillir tes suffrages ?

 

F.-H.D. : La prise de la Bastille : il y a du sang, de la sueur et des larmes. La fête de la Fédération, il y a de la sueur, quelques larmes de joie, mais pas de sang. Il me faut du sang.

 

PdA : On déconnecte un peu... juste le temps, parce qu'il faudra bien le faire à un moment ou à un autre, d'aborder une question un peu pénible. On sera débarrassé, comme ça. Promis, après, on n'en parle plus. Où en est ta thèse ? Tu nous en dis deux mots ?

 

F.-H.D. : Elle en est exactement au même point que lors de notre dernière interview il y a un an.

 

PdA : L'année dernière, tu évoquais ce projet d'un nouveau roman débuté six mois auparavant et dont l'histoire allait se passer en partie durant la révolution de 1830 - les Trois glorieuses. L'attente est interminable, le peuple le réclame, il veut... plus d'infos !

 

F.-H.D. : Le livre paraîtra début 2015, toujours chez Gallimard. Je raconte la vie d’Évariste Galois, qui était le Rimbaud des mathématiques : à quinze ans, il les découvre ; à dix-huit, il les révolutionne ; à vingt, il meurt en duel. (Et le tout se passe entre 1811 et 1832). C’est cette vie fulgurante, qui fut un crescendo tourmenté, au rythme marqué par le tambour des mathématiques, que j’ai voulu raconter. 

 

PdA : Tu nous en offres quelques lignes, en exclu ?

 

F.-H.D. : Tout est écrit et, de fait, sur Évariste on a beaucoup écrit. On ne compte plus les essais, les biographies, les témoignages de contemporains. On ne compte plus les colloques, les mémoires, les thèses, les articles. On a dit tout et son contraire : on s’est souvent trompé. On a dit à tort qu’il fut victime d’un complot ; à raison qu’il fut aux mathématiques ce qu’à la poésie fut Arthur Rimbaud : un Rimbaud qui n’aurait pas eu le temps de nous envoyer la Saison à la gueule ; qui aurait cassé sa pipe après Le bateau ivre, les vingt-cinq quatrains depuis le fin fond des Ardennes envoyés à la gueule de Verlaine en même temps qu’à celle de Paris ; un Rimbaud qui n’aurait connu ni Harar ni Aden ni les dents d’éléphant ni la scie sur la jambe à Marseille : parce qu’en vérité c’est la fin du dormeur que ce Rimbaud a connue, c’est le trou de verdure, la nuque baignant dans le frais cresson bleu, le soleil, la main sur la poitrine. Le trou rouge au côté droit.

 

PdA : Merci... Il serait bon que je souligne, à ce stade de notre échange, que tu es un vrai globe-trotter. Tu as beaucoup voyagé ces derniers mois. Tu étais à Istanbul au moment de notre première interview ; tu souhaites t'installer un jour à Venise. On inaugure une toute nouvelle séquence sur Paroles d'Actu avec cette question : Les conseils de François-Henri. La question, donc : quels seraient tes conseils touristiques ? Ta liste d'endroits-à-voir-absolument-avant-de-mourir-si-si-il-le-faut ?

 

F.-H.D. : Je vais essayer d’être très précis : il faut voir Venise depuis les marches de la basilique Santa Maria della Salute. Le plus bel endroit du monde.

 

PdA : As-tu été séduit par quelques livres, ces derniers temps ?

 

F.-H.D. : Parmi les livres sortis depuis le début d’année, il y en a trois que j’ai beaucoup aimés : Histoire de ma sexualité d’Arthur Dreyfus, La vie privée d’Olivier Steiner et Réparer les vivants de Maylis de Kerangal. J’ai aussi apprécié, dans mes lectures récentes, la biographie de Flaubert par Bernard Fauconnier, 14 de Jean Echenoz, Histoire d’un Allemand de l’Est de Maxim Leo (lu sur les conseils avisés de Clément Bénech) et un fabuleux recueil des critiques de Renaud Matignon, qui a sévi pendant trente ans au Figaro : La liberté de blâmer.

 

PdA : S'il te fallait n'en sélectionner que dix, tous genres, toutes périodes confondues... ?

 

F.-H.D. : Sans ordre particulier, si ce n’est alphabétique :

Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne

Albert Cohen, Belle du Seigneur

Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo

Victor Hugo, Quatrevingt-treize

Primo Levi, Si c’est un homme

Pierre Michon, Les Onze

Pierre Michon, Rimbaud le fils

Jean d’Ormesson, Histoire du Juif errant

Jean-Paul Sartre, Les mots

Stefan Zweig, Le monde d’hier

 

PdA : Quels sont tes projets, François-Henri ?

 

F.-H.D. : Dans l’immédiat, manger une crêpe au sucre.

 

PdA : De quoi as-tu envie, aujourd'hui ?

 

F.-H.D. : D’une crêpe. Et de sucre.

 

PdA : Comment te vois-tu, comment vois-tu ta vie dans... disons... dix ans ?

 

F.-H.D. : Vivant, ce sera déjà bien assez.

 

PdA : Que peut-on te souhaiter ?

 

F.-H.D. : Un bon appétit.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

F.-H.D. : Merci.

 

PdA : C'est moi... Un bon appétit, donc !

 

 

Tu montreras ma tête au peuple

 

 

Une réaction, un commentaire ?

 

 

Vous pouvez retrouver François-Henri Désérable...

 

  • Sur le site des éditions Gallimard pour Tu montreras ma tête au peuple... en attendant son prochain ouvrage;
     
  • Sur le site de TV5 Monde pour sa nouvelle, Clic ! Clac ! Boum !;
     
  • Sur le site Hockey Hebdo pour tout savoir de ses stats de hockeyeur professionnel...

  • Suivez Paroles d'Actu via Facebook et Twitter... MERCI !
22 mai 2013

P.-Y. Bournazel : "Mon projet n'a pas été improvisé sur un coin de table"

Si l'on se fiait à la couverture qu'en proposent les grands médias nationaux en ce moment, deux impressions pourraient habiter le spectateur non-averti - bon, d'accord, surtout l'observateur un brin malhonnête - : les municipales se résument à Paris, et celles de la capitale à un duel. "Paris et le désert français", Jean-François Gravier se penchait déjà sur la question en 1947, rien de nouveau sous le soleil - façon de parler ! -. L'affaire serait entendue, le siège de Bertrand Delanoë se jouant entre sa première adjointe socialiste Anne Hidalgo et l'ex-ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement Nathalie Kosciusko-Morizet. Ce serait faire offense aux électeurs parisiens que d'ignorer les propositions des autres formations politiques - dont le MoDem, représenté par sa vice-présidente Marielle de Sarnez - et, s'agissant du principal groupe d'opposition au sein du Conseil de Paris, les alternatives à "NKM". Outre l'ancienne maire de Longjumeau, qui ne fait pas l'unanimité dans son camp, ils seront quatre à prendre part aux primaires ouvertes organisées par l'UMP pour désigner sa tête de liste : Jean-François Legaret, Franck Margain, Chenva Tieu et Pierre-Yves Bournazel. J'ai contacté ce dernier pour lui proposer une interview, il m'a donné son accord, je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PIERRE-YVES

BOURNAZEL

Candidat à la Marie de Paris, dans le cadre des Primaires organisées par l'UMP

 

"Mon projet n'a pas été improvisé

 

sur un coin de table"

 

Pierre-Yves Bournazel

(Photo de Jean-François Damois, fournie par l'équipe de Pierre-Yves Bournazel)

 

 

Q : 06/05/13

R : 22/05/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Pierre-Yves Bournazel. Un mot d'actu pour commencer. Il y a un an, François Hollande était élu à la présidence de la République. Quel bilan tirez-vous, objectivement, de cette première année ?

 

Pierre-Yves Bournazel : François Hollande n'a pas donné à la France les moyens de peser dans un monde en mutation. En préférant une augmentation massive des impôts à une meilleure maîtrise des dépenses publiques, il a cassé une croissance déjà fragile et plongé notre pays dans la récession. L'économie française a besoin de réformes structurelles de compétitivité et d'un investissement massif dans les nouvelles technologies. Le premier devoir d'un Président est de rassembler les Français, sur ce point aussi il a échoué.

 

 

PdA : Maire de Paris, vous aurez à coeur de mettre fin à la "muséification"de la ville, avec le souhait d'être un manager pour une métropole économiquement dynamique et ouverte au monde, à l'image de Londres ou de New York. Voulez-vous expliciter ce retard que vous croyez percevoir à Paris par rapport aux autres grandes métropoles ? Comment comptez-vous y remédier ? 

 

P.-Y.B. : Plusieurs études récentes (KPMG, PwC) ont montré la perte de compétitivité de l'espace économique parisien, notamment dans sa propension à accueillir les fonctions stratégiques des entreprises. Le virage manqué de l’exemplarité numérique et du développement digital, les infrastructures inadaptées, la difficulté à faire des affaires, les problèmes de sécurité, le coût de la vie exorbitant sont autant de lacunes désormais identifiées par les investisseurs du monde entier. Nous devrons par conséquent recréer une dynamique globale à l'échelle du Grand Paris pour reconquérir notre place dans le monde. D'un point de vue économique, je souhaite créer dans le nord-est de la capitale une cité de l'innovation, en partenariat avec les grandes écoles et les universités, qui sera dédiée aux nouvelles technologies. Je veillerai également à dynamiser le monde des affaires et de l’entrepreneuriat grâce à plusieurs leviers : un fonds de capital investissement dans l'innovation, une politique du microcrédit, un statut du jeune entrepreneur, le recours au city branding, l'extension des zones touristiques pour favoriser l’ouverture des magasins le dimanche et la diminution de la CFE (cotisation foncière des entreprises, ndlr). 

 

 

PdA : Vous avez affirmé être plutôt en phase avec les politiques menées par le maire sortant Bertrand Delanoë en matière de transports en commun, d'événements culturels ou festifs et voulez mettre l'accent sur les questions de sécurité. Comment vous positionnez-vous sur deux problématiques brûlantes, les tensions que connaît le foncier parisien et les relations de la capitale avec les villes qui l'entourent ?  

 

P.-Y.B. : Depuis cinq ans, au Conseil de Paris, je mène une opposition ferme mais pas fermée face à la politique de Bertrand Delanoë. Le tramway, Velib', Nuit blanche ont obtenu l'adhésion des Parisiennes et des Parisiens. Je ne remettrai pas en cause ces réussites même si je les réaménagerai à ma façon. Je dénonce depuis douze ans le dogmatisme de la gauche parisienne. Je ne lui substituerai pas le sectarisme de la droite. Seuls le pragmatisme et l'intérêt général guideront mon action. Cette position me donne plus de légitimité et de force pour dénoncer l'échec de la majorité sortante. Je pense en premier lieu à la stratégie foncière : en systématisant des préemptions dispendieuses, en réduisant la politique du logement à la construction des HLM et en cédant des terrains aux promoteurs sans limiter le prix de vente des futurs appartements, la gauche a encouragé une spéculation dont les Parisiens sont les premières victimes. Dès 2014, je rééquilibrai cette politique au profit du logement intermédiaire destiné aux classes moyennes et aux familles. Je développerai les aides à l'accession à la propriété. J'apporterai des réponses pertinentes (que j'ai déjà eu l'occasion de détailler) au problème des logements vacants. Enfin, et c'est le deuxième sens de votre question, je mettrai en place une stratégie de développement cohérente à l’échelle du Grand Paris (notamment en matière de construction et d’attribution d’habitations à loyer modéré) pour répondre à l’urgence sociale.

 

 

PdA : Maire de Paris... L'une des charges les plus prestigieuses de France. Vous n'avez que 35 ans. Qu'est-ce qui, dans votre parcours, dans ce que vous êtes, vous qualifie à votre avis pour cette fonction de pouvoir et de symboles ?

 

P.-Y.B. : Je suis engagé depuis dix ans au service de la capitale, dont cinq au Conseil de Paris. J'ai été porte-parole de notre candidate, Françoise de Panafieu, lors des municipales de 2008. Je suis secrétaire national de l'UMP en charge des grandes métropoles et j'ai à ce titre beaucoup travaillé sur la question du Grand Paris. La jeunesse n'est pas un problème. Elle est une force. Quels âges avaient les généraux de l'Empire, les fondateurs de Google ou Mark Zuckerberg lorsqu'il a créé Facebook ? Élu du 18ème arrondissement dans lequel je vis, j’ai beaucoup appris et compris les attentes des Parisiens. Le 18ème (204 000 habitants) est un petit Paris de la diversité sociale, générationelle et d’origine.

 

 

PdA : Vous serez principalement opposé à Nathalie Kosciusko-Morizet lors des primaires organisées par l'UMP. Vous dites vouloir être un maire à plein temps, sans vue sur autre chose durant son mandat, et affirmez régulièrement votre ancrage à Paris, deux piques lancées à votre camarade de parti. Ceci mis à part, qu'est-ce qui, sur le fond, rend de votre point de vue votre candidature, votre projet supérieurs aux siens ? Pourquoi les électeurs seraient-ils bien inspirés de vous choisir plutôt qu'elle ?

 

P.-Y.B. : Aucun candidat, ni à gauche, ni à droite, n'a mené la réflexion de fond que j'ai engagée avec mon équipe depuis des années. Mon projet n'a pas été improvisé sur un coin de table ou dans le cadre d'une candidature de dernière minute. Il est le fruit d'un travail de terrain et de proximité. De nombreux journalistes ont d'ailleurs eu l'occasion de souligner que mon programme est le seul à être consistant, réfléchi, argumenté, chiffré et financé.

 

 

PdA : Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a pour elle une véritable expérience du pouvoir - plusieurs fois ministre, députée depuis 2002 -, de la gestion locale - maire de Longjumeau depuis 2008 -, et une notoriété certaine, est ultra- favorite dans votre camp. Qui est avec vous ? Vous avez annoncé avoir été rejoint par plusieurs proches de Rachida Dati. Clairement, avez-vous le soutien de l'ex-Garde des Sceaux ?

 

P.-Y.B. : Je ne suis pas le candidat de la notoriété d'en haut. Je suis le candidat de la légitimité d'en bas. Cette logique de terrain ne m'a pas empêché d'obtenir les parrainages d'élus nécessaires à ma candidature. Beaucoup d'entre eux me soutiennent activement : je pense au sénateur Pierre Charon mais aussi à Géraldine Poirault-Gauvin (conseillère de Paris) et Geoffroy Boulard (adjoint à la maire du 17ème arrondissement). Je peux compter sur Nathalie Fanfant qui est secrétaire nationale de l'UMP. Des proches de Rachida Dati m'ont effectivement déjà rejoint. J'ai été très sensible au témoignage d'amitié de Françoise de Panafieu mais aussi au soutien apporté par Geoffroy Didier. Je veux également remercier La droite progressiste qui a décidé, à l'unanimité, de m'apporter son soutien. Je ne me sens pas seul. Beaucoup d'élus me font savoir qu'ils voteront pour moi et qu'ils appellent à voter pour moi. Je suis chaque jour rejoint par des citoyens avides d'un renouvellement des idées et des méthodes.

 

 

PdA : Quelques mots sur votre campagne ? Pourquoi – les exemples de candidats battus d'avance et au final victorieux, la méthode Coué laissés de côté – êtes-vous optimiste quant à l'issue de cette confrontation entre « amis » ?

 

P.-Y.B. : Je respecte toutes les candidatures. Si je suis investi, je tendrais la main à Nathalie Kosciusko-Morizet et aux trois autres concurrents pour construire ensemble l’alternance. Si je suis battu, je proposerais à l’élu(e) de travailler à ses côtés sans amertume et en toute loyauté. Je veux que notre famille politique gagne dans un an la bataille des municipales à Paris. C’est au nom de cette ambition que j’ai mis en garde contre les méthodes du passé. De Philippe Séguin à Nathalie Kosciusko-Morizet, en passant par Dominique Versini, Christine Lagarde, Jean-Marie Cavada, Arno Klarsfeld et Chantal Jouanno, toute l’histoire de la droite parisienne depuis douze ans est la même. La suite, tout le monde la connaît : nous n’avons cessé de reculer et de perdre. Un sondage et la notoriété n’ont jamais fait une élection. Mais la proximité, le travail, la sincérité et l’authenticité ont souvent créé la surprise.

 

 

PdA : Admettons que vous l'emportiez. Dès lors débutera pour vous l'élection générale. Anne Hidalgo est depuis 2001 le bras droit d'un Bertrand Delanoë populaire. Qu'est-ce qui, dans la confrontation des projets, peut-être dans le jugement des bilans, vous fait penser que les Parisiens, apparemment favorables aux convictions progressistes de l'équipe sortante, pourraient vouloir vous donner une majorité ?

 

P.-Y.B. : La majorité sortante peut s’enorgueillir d’afficher un très bon bilan en matière de communication. Le quotidien des Parisiens lui s’est dégradé. Les loyers ont progressé de 47 %, l’accession à la propriété est devenue une utopie pour le plus grand nombre des habitants de notre ville, la politique des transports aboutit à une thrombose généralisée, la pollution n’a pas diminué et la pression fiscale a bondi dans des proportions inédites pour les particuliers comme pour les entreprises. Lutter contre la démocratie des apparences, c'est le fondement et le sens de ma candidature. Ce qu’ils ont fait de bien (tramway, Vélib’ par exemple) je le garderai car le sectarisme est la pire des politiques.

 

 

PdA : Parlez-nous de "votre" Paris, celui que vous aimez. Comment comptez-vous faire briller davantage encore la "Ville Lumière" ?

 

P.-Y.B. : Peu de villes au monde recèlent autant d'atouts légués par le temps, façonnés par l'architecture, mis en lumière par l'offre culturelle, servis par la puissance économique, habillés par un art de vivre, traduits dans la vie quotidienne de ses habitants. En la parcourant inlassablement, de jour et de nuit, j'ai conservé, malgré les années, la force de l'étonnement des premiers jours. J'y puise mon énergie en pensant à la formule de Sinatra, consacrée à New York, mais qui s'applique si bien à Paris : « I want to wake up in a city that never sleeps ; je veux me réveiller dans une ville qui ne dort jamais ».

 

Paris est une ville rebelle, frondeuse, indomptable mais également avant-gardiste et généreuse. Elle étonnera demain le monde en élisant un maire de 36 ans qui n'est pas le candidat du système.

 

 

PdA : Finalement, pourquoi êtes-vous le meilleur candidat pour porter les couleurs de la droite puis, par la suite, faire gagner Paris ?

 

P.-Y.B. : Je suis engagé depuis dix ans au service des Parisiennes et des Parisiens, dont cinq au Conseil de Paris. Je suis le seul candidat à mener la reconquête depuis le nord-est de la capitale. J'habite dans le 18ème arrondissement, dont je suis l'élu. Dans ces quartiers populaires comme dans les autres, je mène chaque jour depuis des années une action de proximité au plus près de la réalité du terrain. Personne ne peut contester le courage, l'authenticité et la sincérité de mon engagement. À plusieurs reprises, j'aurais pu opter pour des choix plus faciles et confortables. J'ai toujours privilégié la continuité de mon engagement et la fidélité à ma terre électorale. Je n'ai d'autre ambition que celle de servir Paris. Quand on aime sa ville, on ne la quitte pas.

 

 

 

Merci encore à Pierre-Yves Bournazel pour ses réponses. Merci également à Clarisse Coufourier, ainsi qu'à Marion Lecuyer, pour nos échanges.

 

Les cinq candidats aux primaires ouvertes organisées par l'UMP sont Jean-François LegaretFranck MargainChenva Tieu, Nathalie Kosciusko-Morizet et Pierre-Yves Bournazel. Le site officiel de ces primaires vous permettra d'en savoir davantage. Et vous, que vous inspire ce scrutin ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Le site officiel "Élection primaire ouverte pour l'alternance à Paris en 2014"

 

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3 août 2013

Yvette Horner : "Mettez de la musique dans vos cœurs..."

L'idée m'est venue peu avant que ne soit donné le "coup d'envoi" de ce Tour de France 2013, le centième. Combien d'exploits héroïques, de figures mythiques, désormais entrés dans ce qu'il convient d'appeler la "légende" du Tour" ? Étant né en 1985, je n'en ai pas connu l'"âge d'or", ce temps où tout un peuple vibrait presque littéralement au rythme des étapes, ce temps où subsistait encore au moins l'illusion de sa propreté. N'ayant, du reste, jamais compté parmi les adeptes les plus fervents de la compétition, je me garderai bien d'aller beaucoup plus avant dans l'évocation de ces souvenirs collectifs, d'autres étant bien plus à même de le faire. Yvette Horner fait partie de ces visages qui, pour moi, pour les Français, resteront à jamais associés à l'histoire du Tour de France. La Grande Boucle, cette accordéoniste virtuose l'a accompagnée à onze reprises, de 1952 à 1963. Elle est, depuis soixante-dix ans, l'une des ambassadrices les plus emblématiques de l'accordéon, instrument souvent moqué, voire méprisé, en général par des gens qui n'y connaissent d'ailleurs pas grand chose. Peu lui importe : le public lui est resté fidèle. Quant à son art, elle n'a jamais cessé de le vivre, de le partager avec enthousiasme. L'éclectisme de ses collaborations l'a aidée à traverser les décennies, à se faire connaître auprès des jeunes générations, sans jamais se renier. Égérie (et amie) de Jean-Paul Gaultier, celle que Jacques Higelin surnomma jadis "la Reine de France" a travaillé avec des artistes issus du classique, du jazz, de la Country... et même du rap. En 1994, elle offrit aux téléspectateurs de Taratata un improbable mais savoureux duo avec Boy George. Son album le plus récent, "Yvette Hors norme", sorti en 2012, invite l'auditeur à découvrir les fruits d'autres jolies rencontres : avec Marcel Amont, avec Didier Lockwood, avec Lio...

 

J'ai cherché, voulu voir si elle avait un site officiel sur internet. Celui-ci n'est pas directement référencé par Google. Heureusement, Wikipedia m'a vite renseigné : www.yvettehorsnorme.com. La fonction de contact était bien présente, mais elle était défaillante. Parmi les coordonnées affichées, celles de son agent, Jean-Pierre Brun, de Nabab Consultants. Je me suis débrouillé pour lui faire parvenir un message, le 29 juin. En lui proposant, en substance, de faire avec Yvette Horner ce que Jean-Paul Delvor avait accepté de faire avec Micheline Dax : lui lire mes questions, recueillir pour moi ses réponses. Son accord de principe, je l'ai reçu le 2 juillet. Le 7, je lui soumettai mon questionnaire. Trois jours plus tard, nous apprenions la disparition d'un autre grand accordéoniste, un ami d'Yvette Horner, André Verchuren. Une épreuve... J'ai reçu les réponses qui étaient celles d'Yvette Horner le 22 juillet, par un mail de Jean-Pierre Brun. Lui a bien voulu, à ma demande, participer à l'article, me raconter leur rencontre. Son texte, qui introduit les réponses de l'artiste, est extrait du "Biscuit dans la poche", l'autobiographie de cette dernière, à laquelle il a contribué. Je tiens à vous exprimer, à tous les deux, ma gratitude, ma profonde reconnaissance, ma sympathie, surtout... Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps. Artiste authentique et authentiquement populaire, Yvette Horner aura bientôt 91 ans. Des projets plein la tête et, toujours, la musique au coeur... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

YVETTE HORNER

 

"Mettez de la musique dans vos coeurs..."

 

Yvette Horner 1

(Photos fournies à ma demande par M. Jean-Pierre Brun)

 

 

Jean-Pierre Brun : Voici le récit de ma rencontre avec Yvette Horner, tel que je l'ai décrite dans "Le Biscuit dans la poche".

 

« Madame descend dans un instant », a dit le maître d’hôtel.

 

À peine ai-je eu le temps de jeter un œil écarquillé au décor qui m’entourait que « Madame » est descendue. Et elle l’a bien descendu ! Le spectacle commençait. Il dure depuis plus de vingt-cinq ans.

 

Chevelure flamboyante, maquillage appuyé, deux immenses anneaux aux oreilles, chemisier vert pomme sur une jupe fleurie, large ceinture dorée, « Madame » avait mis le paquet. À croire que le Père Noël venait de lui offrir une panoplie d’Yvette Horner.

 

À cet instant, une bouffée d’enfance m’envahit. Je revoyais les arrivées du Tour de France à la télévision, en noir et blanc sur fond d’accordéon, les photos sépia dans « Miroir Sprint », les géants de la route, Bobet, Anquetil… Et cette scène immuable : le champion ruisselant embrassant Yvette Horner qui lui remettait le bouquet du vainqueur. Ay, sombrero !

 

Et voilà qu’Yvette Horner était maintenant devant moi. J’étais chez elle, cerné par des accordéons. J’étais face à un mythe. Elle m’avait invité à dîner dans sa maison de Nogent pour parler affaires. Nous nous étions rencontrés quelques temps auparavant à Sète, du côté de chez Brassens, et elle voulait en savoir un peu plus sur mon métier.

 

« Madame » étant servie, nous sommes passés à table.

 

Avec un étonnant talent de conteuse, elle m’a longuement parlé de sa vie, de ses drames, de ses joies, des valeurs qui lui sont chères : la musique, l’amour, la droiture. J’étais sous le charme : « Madame » était une grande séductrice.

 

Elle me décrivit le vide immense qu’avait causé la disparition de son mari, René, l’homme de toute sa vie. Peu à peu, la conversation prit un tournant plus professionnel, plus personnel. Insensiblement, ses questions s’orientèrent sur ma façon de travailler, sur mes goûts. Quelque part, je la voyais venir.

 

Je lui avouais qu’évoluant depuis de longues années dans le monde de la chanson et du jazz, j’étais professionnellement éloigné de celui des « flonflons, de la valse musette et de l’accordéon »… Bien que n’ayant pas d’interdits musicaux, je n’étais peut-être pas l’homme de la situation.

 

La conversation s’est prolongée et nous sous sommes quittés très tard. Le lendemain, à la première heure, elle m’appelait :

 

- J’ai bien réfléchi : voulez-vous vous occuper de moi ?

 

Une nouvelle fois, je lui fis part de mon peu de connaissance pour le monde de l’accordéon.

 

- Ce n’est pas ce que je vous demande. Vous savez négocier les contrats ? Vous savez lez rédiger ? Ca me suffit, le reste, j’en fais mon affaire. Au fait, que pensez-vous de ma nouvelle collaboration avec Jean-Paul Gaultier ?

 

- C’est une idée géniale. Il faut continuer.

 

- Parfait ! C’est la réponse que j’attendais. Voyons-nous rapidement et travaillons ensemble.

 

Avais-je le choix ? On ne dit pas non à la Tour Eiffel.

 

J’ai dit oui et notre collaboration a commencé. De contrat, il n’y en a jamais eu entre nous ; en tous cas pas sur le papier. Dans les Pyrénées, en bons terriens, on se regarde droit dans les yeux, on se tape dans la main et ça vaut tous les contrats du monde.

 

En peu de temps, j’allais réaliser à quel point j’avais affaire à un personnage hors norme. Je retournais à l’école : celle de la rigueur, du travail sans relâche, de la parole donnée. Celle de l’humour aussi… À se demander lequel des deux était le saltimbanque.

 

Ainsi, je suis devenu l’agent d’un mythe. Un mythe qui, depuis des années, n'a qu'une seule référence : la musique. Qu'un seul combat : donner ses lettres de noblesse à l'accordéon.

 

De la France profonde, celle des bals qu'elle a fait danser durant tant d’années, aux clubs les plus branchés, en passant par l'Opéra, elle a forcé le respect de tous. Elle est de toutes les musiques. Elle est la musique. Il n’est pas un seul défi qu’elle n’ait relevé. Un album classique mi-piano mi-accordéon de concert, un autre enregistré à Nashville avec Charlie McCoy, le Tour de France, le Casino de Paris, Casse-Noisette, Gaultier, Béjart… Rien ni personne ne lui a résisté.

 

Peu à peu, de notre relation professionnelle est née une belle amitié, aujourd’hui robuste comme la terre de Bigorre, solide comme la pierre. « Madame » est devenue Yvette.

 

 

 

Q : 07/07/13

R : 22/07/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Yvette Horner. Comment allez-vous ?

 

Yvette Horner : Comme une musicienne comblée par sa passion.

 

 

PdA : Cette année 2013 est celle du centième Tour de France. Vous avez accompagné, égayé par votre musique et votre bonne humeur un grand nombre d'éditions de la compétition, dans les années 1950 et 1960. Le Tour était sans doute plus populaire, à l'époque. L'engouement était plus fort, on entendait moins parler d'argent, de dopage. Regardez-vous toujours le Tour à la télévision ?

 

Y.H. : Je ne manque pratiquement aucune étape et suis toujours en contact avec mes amis du Tour.

 

 

PdA : Vous devez avoir des centaines de merveilleux souvenirs à l'esprit, en repensant à vos participations au Tour de France. Voulez-vous nous en raconter quelques uns ? 

 

Y.H. : René, toujours plein d’égards, faisait halte le plus souvent possible afin que je puisse souffler un peu. J’en profitai pour faire quelques pas hors de la machine infernale et ces instants-là, aussi brefs fussent-ils, étaient un vrai bonheur. Mais très vite, il fallait regagner la voiture, reprendre l’accordéon et faire bonne figure.

 

La mixture du suiveur faisait son effet. Mais pas fatalement celui escompté. En fait, il jouait un rôle de collecteur d’insectes. Papillons, pucerons, mouches, moustiques et autres volatiles minuscules, soit qu’ils trouvaient la crème à leur goût, soit qu’ils fussent projeté sur elle par un vent peu soucieux de leurs préférences alimentaires, venaient s’agglutiner sur mon visage plus populeux qu’un pare-brise sur l’autoroute des vacances ! Outre ces visiteurs englués, la poussière de la route et les fumées noires exhalées par les pots d’échappement venaient parfaire mon maquillage.

 

René profitait de chacune de nos haltes pour faire une brève remise en état et, comme la maman singe épouillant avec amour le fruit de ses entrailles, il me désinsectisait patiemment ! A l’arrivée, honteuse de ce look plus qu’improbable, je suppliais mon époux de me trouver une fontaine, un évier ou n’importe quel lavabo où je pourrais laver le papier tue-mouche qui me servait de visage !

 

(Extrait de ma biographie, "Le Biscuit dans la poche", aux Éditions du Rocher)

 

 

PdA : Vous avez remporté en 1948 la Coupe du monde d'Accordéon, cet instrument remarquable dont vous n'avez cessé d'être depuis lors l'une des plus belles ambassadrices. Combien de prestations en public ? Combien de disques produits et vendus ? Difficile d'y répondre. Ce qui est certain, c'est que ces chiffres seraient impressionnants, très impressionnants. Quels sont, sur cet ensemble, les morceaux que vous préférez ? Ceux que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir, via les plateformes de téléchargement légal ?

 

Y.H. : Je sais que j'ai enregistré plus de 150 albums. Quant aux ventes , plusieurs dizaines de millions. Mes trois albums préférés sont "Le jardin secret d'Yvette Horner" (qui fit d'elle la lauréate du Grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros en 1950, ndlr), "Yvette Horner à Nashville" (avec la star de la Country Charlie McCoy, en 1977, ndlr) et surtout le dernier, "Yvette Hors norme" (sorti en 2012, ndlr).

 

 

PdA : Les accordéonistes n'ont plus guère d'espaces d'exposition dans les grands médias généralistes, notamment depuis l'arrêt d'émissions telles que "La Chance aux chansons". Heureusement, pas mal de jeunes prennent la relève, avec enthousiasme, dans les villes, dans les villages, sur les scènes de France... Vous êtes confiante dans l'avenir de l'accordéon en tant qu'instrument de musique populaire ?

 

Y.H. : L'accordéon est éternel, il appartient à toute les musiques et il y aura toujours de nouveaux virtuoses pour le servir. La passion n'a pas de fin.

 

 

PdA : Vous êtes largement respectée par vos pairs du métier. Des artistes issus de plusieurs générations et adeptes de styles musicaux différents ont eu à coeur de vous témoigner leur affection. Je pense à Julien Doré - vous avez participé à l'une de ses chansons, "Homosexuel" -, je pense à Lio, à Didier Lockwood, à Marcel Amont - qui ont contribué à votre album "Yvette hors norme" -. Quels sont, parmi les artistes d'hier et d'aujourd'hui, celles et ceux qui vous plaisent, que vous aimez écouter ?

 

Y.H. : Il en a trop. J'aime le talent quel qu'en soit le style.

 

 

PdA : Quelles ont été, jusqu'ici, les grandes rencontres de votre carrière ? De votre vie ?

 

Y.H. : Mes parents, mon mari René, les musiciens, mes amis, et le public... J'en oublie ?

 

 

PdA : Quel message souhaiteriez-vous adresser à celles et ceux de nos lecteurs qui, nombreux, vous aiment et seront heureux, à l'occasion de cette interview, d'avoir de vos nouvelles ?

 

Y.H. : Mettez de la Musique, beaucoup de Musique dans vos coeurs, et vous verrez bien que vous finirez par danser...

 

 

PdA : Quels sont vos projets ? Vos envies ?

 

Y.H. : Travailler mon instrument, encore et encore. Découvrir de nouvelles aventures musicales.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, chère Yvette Horner ?

 

Y.H. : Que la vie continue, le monde ne peut pas se passer de musique...

 

 

Yvette Horner 2

 

 

Merci encore pour ce joli cadeau... Que la vie continue oui. Puissiez-vous, Madame, continuer à nous enchanter, à nous surprendre, de longues années durant. Je le souhaite de tout coeur. Je vous embrasse ! ;-) Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Sur son site officiel ;

 

Sur les sites de téléchargement légal, comme musicMe ;

 

Chez tous les bons disquaires, pas loin de chez vous... ou en ligne ;

 

Sur YouTube.

 

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28 août 2012

Aurélien Merle (Le Saule) : "L'industrie musicale est morte, vive la musique !"

L'industrie musicale est en crise. C'est en tout cas ce que nous disent, depuis des années, les majors du disque. Incontestablement, il y a du vrai. Les chiffres des ventes ne sont pas au beau fixe, en partie parce que la culture de la gratuité sur internet a modifié les comportements des consommateurs. Le piratage est présenté comme le fléau à l'origine de tous les maux, la cible à abattre. Mais n'est-ce pas une réponse un peu facile, exonérant les maisons de disques de leur propre responsabilité ? Ont-elles réellement joué leur rôle, ces dernières années ? Comment les "petits" de la profession se débrouillent-ils ? J'ai souhaité donner la parole au représentant d'un label indépendant. Le co-fondateur du Saule, l'auteur-compositeur-interprète Aurélien Merle, a bien voulu répondre à mes questions, non sans humour. L'occasion d'entendre un son de cloche un peu différent... et surtout de découvrir d'autres artistes, d'autres talents... Merci à lui ! Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

AURÉLIEN MERLE

Co-fondateur du label indépendant Le Saule

Auteur-compositeur-interprète

 

"L'industrie musicale est morte,

 

vive la musique !"

 

Aurélien Merle

(Photos fournies par Aurélien Merle - celui de gauche, enfin je crois...)

 

 

Q : 30/07/12

R : 28/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? 

 

Aurélien Merle : 33 ans, dont 20 de pratiques diverses de la musique. Hyperactif à tendances paresseuses et réciproquement.

 

 

PdA : Quel rôle la musique tient-elle dans votre vie ? Quelles sont vos influences personnelles en la matière ?

 

A.M. : Pratiquer la musique est une des rares activités de ma vie vers laquelle je reviens toujours. En écouter, en revanche, est de moins en moins systématique, en vieillissant. La musique que j'écoute influe sur ma vie, mais pas nécessairement sur la musique que je joue. Tout de même, aujourd'hui, je peux vous citer Nick Drake, Dick Annegarn et Areski comme des parents proches en chanson.

 

 

PdA : Quelle est l'histoire du label Le Saule ? Pourquoi vous être engagé dans cette aventure ? Quel y est votre rôle ?

 

A.M. : L'idée du label a germé il y a presque 5 ans, après la rencontre avec JD Botta, Léonore Boulanger, Philippe Crab et Antoine Loyer. Cette série de rencontres s'est faite en très peu de temps. D'abord nous aimions la musique des uns et des autres (et pourtant nous n'aimons pas grand chose en chanson !) et ensuite, ce fut une belle rencontre humaine. Moi, arrivant de province, je n'attendais rien des maisons de disques et d'un système dont je m'étais toujours senti éloigné. J'avais appris à me passer d'elles. Mais je voyais mes camarades qui espéraient toujours un signe, attendaient qu'on s'intéresse enfin à eux. Je leur ai proposé qu'on regroupe nos efforts, qu'on communique ensemble, qu'on joue ensemble, qu'on enregistre, qu'on tourne, etc. Et on a choisi de s'appeler "Le Saule" car c'est la première chanson qu'on a chantée tous ensemble sur scène, sur une proposition d'Antoine Loyer qui venait de travailler cette chanson de Dick Annegarn avec JP Nataf. C'est une chanson parfaite, qui nous mettait tous d'accord.

 

Depuis, mon rôle à moi est grosso modo de coordonner nos initiatives, et puis j'ai plus de compétences administratives et informatiques que mes camarades. Malheureusement.

 

 

PdA : Depuis plusieurs années, les grosses maisons de disques se lamentent d'en vendre moins, pointant du doigt internet et sa culture de la gratuité, le piratage notamment... Qu'en pensez-vous ? N'est-ce pas une explication un peu "facile", tendant à passer sous silence un manque d'esprit de risque, d'innovation ? Je vous pose cette question après avoir observé tous ces best of, ces albums de reprises. J'ai un peu le sentiment que ces maisons de disques misent de plus en plus sur leurs valeurs sûres, sans réellement donner leur chance à de jeunes artistes. Et que l'innovation se fait, au moins dans un premier temps, sur internet, et chez les indépendants. Qu'est-ce que tout cela vous inspire ?

 

A.M. : Je pense que la bonne musique se pirate aussi bien que la mauvaise et que la crise de l'industrie musicale aurait sans doute été aussi forte, quand bien même les choix éditoriaux auraient été différents. Les ventes de disques ont commencé à baisser avant le développement d'Internet : on a d'abord copié les K7 puis les CD des copains, puis on a échangé des fichiers avec le monde entier. C'est le piratage de masse que l'industrie musicale n'a pas su maîtriser. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose dans le fond. L'industrie musicale s'est massivement développée à partir du moment où elle a transformé la musique en objets, soit écrite, soit enregistrée sur des supports de plus en plus sophistiqués. Il y avait tellement d'argent que des dizaines de métiers se sont créées autour des musiciens : managers, attachés de presse, tourneurs, distributeurs, directeurs artistiques, producteurs, etc. Certains disparaissent aujourd'hui. Pas les musiciens. L'inertie de l'industrie musicale vient à mon avis de son conservatisme : chacun essaye de sauver son boulot, donc rien ne change vraiment. Alors elle coule lentement.

 

Quant à ce qui est vendu... il faut quand même se dire que, plus largement, l'industrie de la culture s'est transformée en industrie du divertissement. Mais tant qu'il y avait de l'argent, il existait toujours des directeurs artistiques dans des maisons de disques qui signaient des gens audacieux. C'était encore vrai dans les années 70 en chanson avec des gens comme Dick Annegarn, Colette Magny, Albert Marcoeur, Areski & Fontaine... et puis terminé. D'ailleurs tous ceux que je viens de citer sont sortis du système d'une manière ou d'une autre dans les années 80 (avant éventuellement d'y revenir...). Maintenant, on peut faire de la chanson plus audacieuse, mais on est tout de suite étiqueté "intello" ou "art & essai", autrement dit ce n'est pas supposé être de la chanson populaire. En France, le cinéma avec son mode de financement, et la littérature grâce à la politique sur le prix du livre qui a sauvé les libraires indépendants, s'en sortent un peu mieux, mais à peine. La chanson, elle, est dans un sale état.

 

 

PdA : Hadopi, etc... vous en pensez quoi ? 

 

A.M. : Hadopi, dix ans plus tôt, pourquoi pas. Mais là, les habitudes sont prises et on ne peut pas mettre à l'amende toute la nouvelle génération qui ne comprend plus pourquoi on achèterait la musique. Aujourd'hui, je n'imagine qu'une mort progressive mais rapide de tous les plus faibles du système et pas d'autre choix que de revenir à une forme d'artisanat qui pourra être tout à fait bénéfique à la chanson.

 

 

PdA : Parlez-nous du label Le Saule, que représente-t-il aujourd'hui ? Comment fonctionne-t-il, et quel est votre modèle économique ? 

 

Le Saule représente aujourd'hui 7 parcours, ou "carrières" si vous préférez : ceux que j'ai déjà cités et moi-même, ainsi que Camille Couteau et June et Jim qui nous ont rejoint l'an dernier.

 

Juridiquement, c'est une association loi 1901 qui fonctionne sans salarié ni subvention. Donc peu de moyens financiers, mais pas de souci de rentabilité pour l'association et totale indépendance.

 

 

PdA : Comment la rencontre se fait-elle entre Le Saule et ses futurs artistes ? Ces derniers peuvent vous contacter d'eux-mêmes et vous présenter leur travail ? 

 

A.M. : On reçoit beaucoup de choses, alors qu'on ne cherche rien et qu'on a très peu de moyens. Mais il y a écrit "label" alors des gens envoient des disques, c'est normal. On aimerait bien tomber sur quelque chose qui nous épate et qui nous mette tous d'accord. Mais non, rien. Je me dis souvent qu'il faudrait chercher ailleurs, hors de France, mais on est attachés à l'idée de "faire de la chanson française" malgré tout ce que cette expression charrie de péjoratif et de désuet.

 

 

PdA : Quelques mots pour nous faire découvrir quelques uns de vos artistes ? Avec si possible des liens vers quatre ou cinq chansons emblématiques de votre label ?

 

A.M. : Tout simplement, baladez-vous sur www.lesaule.fr. Tout y est.

 

 

PdA : Quelle est la clé du succès dans votre métier ? Comment être rentable à l'ère du tout-internet tout en privilégiant l'innovation ? 

 

A.M. : Je crois que cette question est destinée à Pascal Nègre, pas à moi !

 

 

PdA : Dernière question, qui n'en est pas une. Pour vous permettre de conclure l'interview comme il vous plaira. Vous pouvez approfondir un sujet, ou bien en aborder un autre. 

 

A.M. : Eh bien, pour finir, poussons tous ce cri de soulagement : l'industrie musicale est morte, vive la musique !

 

 

 

"Le Saule" en images

 

Sélectionnées et commentées à ma demande par Aurélien Merle

 

Botta et Loyer

 

"Jean-Daniel Botta et Antoine Loyer, s'interrogeant sur la pertinence de la loi Hadopi"

 

 

Crab

 

"Philippe Crab, sur le point de trouver la clé du succès"

 

 

June Jim et Boulanger

 

"June et Jim et Léonore Boulanger, grisés par l'ère du tout-numérique"

 

 

 

Un grand merci, une nouvelle fois, à Aurélien Merle, ainsi qu'à toute l'équipe du Saule ! Tous mes voeux... Phil Defer

 

 

 

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Le Saule

 

Le site d'Aurélien Merle

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

29 janvier 2012

Who wants to abolish the Monarchy ?

On February the 6th, 1952, Princess Elizabeth, the King's eldest child, was in Kenya with her husband Philip. It was him who had to tell her the news : her father, King George VI had just died. Past the grief of a 25-year-old daughter, Elizabeth knew from then what would soon be upon her head : one of the world's most prestigious crowns. Being the head of state, the figurehead of dozens of nations, including the United Kingdom, Canada and Australia. From now, she would be The Queen. This was 60 years ago. Queen Elizabeth II is still here, one of the world's longest-reigning monarch, and the second only to Queen Victoria (nearly 64 years) considering British monarchs. Her reign has seen (as of Jan., 2012) twelve Prime ministers (from Sir Winston Churchill to David Cameron, including Margaret Thatcher and Tony Blair) and U.S. presidents (from Harry Truman to Barack Obama). Eight presidents of France, from Vincent Auriol to Nicolas Sarkozy. Many major events have occurred in her country and in the world during her tenure as the constitutional monarch of 16 countries (she doesn't have any real political power but is a symbol of historical continuity and national unity).

 

60 years... It means... three generations... and a Diamond Jubilee. Nearly 140 million subjects today... And a legitimate question : will they all rejoice ? Six years ago, the year of the Queen's 80th birthday, I decided to find out. I was then a 21-year-old student from France - so please forgive any misformulation or error in English since it isn't my mother language. I read several articles about the monarchy. Including one about an organization called Republic. And I decided to e-mail questions to Mr Graham Smith, their campaign manager. With no prejudice, but curiosity. Here's the text. Exclusive F21-PdA report. Phil Defer. EXCLU

 

 

EXCLUSIVE - PAROLES D'ACTU

WHO WANTS TO ABOLISH

 

THE MONARCHY ?

 

 

(Photo : Gala.fr)

 

 

 

Q : 30/06/06

A : 05/07/06

 

 

 

Paroles d'Actu : Could you please introduce yourself ?

 

Graham Smith : My name is Graham Smith, I am Campaign Manager for Republic, which campaigns for a democratic alternative to the monarchy.

 

 

PdA : What's at the origin of REPUBLIC ? What are your main claims ?

 

G.S. : Republic has been around for over twenty years. In the past few years it has been transforming itself from a small club into a serious campaign organisation.

 

Our one and only claim is that the monarchy is undemocratic and unacceptable. We call for its abolition in favour of a democractic republic.

 

 

PdA : Are your claims widespread in the United Kingdom ?

 

G.S. : In the UK about 20% consistently agree with Republic. In Scotland that figure is closer to 50%. Most people in the UK do not have strong views on the issue.

 

Our mission, as set out in our constitution is as follows :

 

1 - to mount a successful campaign to persuade a majority of voters to support the replacement of our hereditary monarchy with an elected head of state.

 

2 - having done so, to participate in and try to guide the process of change.

 

3 - to promote democratic republican forms of government, and to facilitate a debate on the best model for a future republic.

 

 

PdA : Can't you find any positive aspect about the British monarchy, in its past and present ?

  

G.S. : No, Republic believes that the inheritance of public office is not only wrong in principle but also bad in practice. Democracy provides accountability of power that monarchy cannot provide. The only benefits of monarchy are enjoyed by the Windsor family.

 

 

PdA : Don't you think, like (philosopher Edmund) Burke said, that monarchy is a way of maintaining a certain continuity in British traditions and history, between past and modernity ?

 

G.S. : No, Britain is quite capable of maintaining its traditions and history without the Windsor family taking a place in our constitution. Continuity - for what it's worth - is maintained by the practices and values of the people, not the existence of the monarchy.

 

 

PdA : You are against the system of the monarchy, but do you have anything to reproach to the Queen and the Royal family personally ?

 

G.S. : We are very definitely against the institution. We only criticise the individuals if they do something wrong in the context of their constitutional position.

 

 

PdA : What do you think about Queen Elizabeth II as a person ? What about her family ?

 

G.S. : I've never met any of them and - as I implied in answer to the last question - we don't regard their personalities as part of the issue.

 

 

PdA : What would you wish her for her 80th birthday ?

 

G.S. : A long and happy retirement.

 

 

PdA : You seem to imply that an elected president would be the solution to everything. But what do you think on what is sometimes said about the "monarchisation" of regimes with strong presidents, like in France, with François Mitterrand and Jacques Chirac ?

  

G.S. : We certainly don't suggest that a republic would be the solution to everything. To quote our website, "While Republic has no illusions about creating some sort of Utopia, we are confident that the British people are capable of replacing an undemocratic constitution, stuck in the past, with one that is democratic, fair and open, and looks towards our future."

 

We propose a system closer to that of Ireland, where the parliament and government have the power and the president is ceremonial. If the French are concerned about the 'monarchisation' of the presidency they do still have democratic control over the system. If it's broke, fix it. In this country we have no such control.

 

  

PdA : If you succeeded, what would be the future of the Windsor family ?

 

G.S. : In a British republic the Winsor family would be free and equal citizens just like the rest of us. Their futures would be up to them.

 

 

PdA : What political system do you want for the U.K. exactly ? A ceremonial president with a P.M., a president with most executive powers, etc... ? What about the Parliament ?

 

G.S. : As I said to an earlier question, we propose a system like in Ireland, where we have a president and PM, but where the president is almost entirely ceremonial. (similar systems can be found in Germany, Austria, Italy, Israel etc)

 

 

PdA : What would be the seat of the presidency ?

 

G.S. : If you mean where would their official residence be - I don't know. I personally hope it would be somewhere suitably humble but also fitting for state occasions.

 

 

PdA : Free question, if you want to add anything.

 

G.S. : Only that I hope the British people can one day enjoy the same freedom as the French and most Europeans, of choosing their own Head of State, and of being masters of their own political system. Democracy is never perfect, but it's a lot more perfect than monarchy can ever be.

 

 

 

I want to thank again Mr Graham Smith for his answers. I tried to contact him for another set of questions recently, but sadly had no response. I'd be happy to ask questions to other people, British or not, on the issue. If you're reading this article and are willing to answer my questions, please feel free to contact me. What the questions are, basically : 1. Who are you ? 2. How do you feel about Queen Elizabeth II ? 3. Would you be given the choice between keeping the monarchy or being able to elect your head of state, what would you vote for ? I won't conclude before wishing the primary subject of my article, whether you want her to be called Her Majesty the Queen or Elizabeth Windsor, a happy jubilee celebration, and many additional years of healthy life ! A happy new year to you all !!! Merci !!! Phil Defer

 

 

 

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Merci

 

 

 

The Republic website

 

The Monarchy's website

 

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Article edition on June the 26th, 2012. New edition on July 31, 2013.

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12

19 avril 2012

Xavier Collet : "Je suis un homme libre"

Il y a près d'un an, M. Xavier Collet avait accepté de répondre à mes questions pour Paroles d'Actu. Dans le cadre de cet entretien daté de juillet 2011, il avait évoqué pour moi sa philosophie, le libertarianisme. Les libertariens, d'après lui, se distinguent des libéraux (au sens où ce terme est généralement entendu en France) dans la mesure où les libéraux sont en général, précisément, libéraux en matière d'économie, mais conservateurs dans la plupart des autres domaines. Les libertariens eux, prônent un "libéralisme total", un exercice des libertés individuelles uniquement entravé par la notion de responsabilité de chacun et auquel l'État, notamment, ne devrait pouvoir faire obstacle. "L'État n'est pas la solution à notre problème, l'État est le problème" disait Ronald Reagan en 1981. Les libertariens souscrivent largement à cette phrase, même si son auteur a été beaucoup plus libéral (au sens français, conservative américain) que libertarien. M. Collet me disait aussi, dans cet entretien, ce qu'il pensait de la façon dont la France était gérée par sa classe politique. Il a accepté, une nouvelle fois, de me consacrer un peu de son temps pour aborder, en pleine saison électorale, les scrutins présidentiel et législatifs de la France de 2012. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu, par Phil Defer.  EXCLU

  

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

XAVIER COLLET

Président du CEDIF
Secrétaire général de l'Association des libertariens

 

"Je suis un homme libre"

 

(Photo fournie par Monsieur Xavier Collet)

 

 

Q : 17/04/12

R : 18/04/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Dans les deux mois à venir, le peuple français va tracer de façon cruciale le chemin qui sera le sien pendant les cinq prochaines années. Cinq années. Largement déterminées sur deux mois (présidentielle puis législatives). Quel regard portez-vous sur cette question en particulier, et sur nos institutions en général ? Avez-vous à l'esprit un autre mode d'organisation pour notre démocratie ?

 

Xavier Collet : Je ne pense pas que les élections changent en profondeur notre quotidien. Ceci est comme vous le dites profondément lié au fonctionnement même des institutions françaises, lesquelles sont un simulacre de démocratie.

 

J’ai développé cette analyse dans un article sous le titre « De la réalité du pouvoir politique en France » (http://libertariens.wordpress.com/2011/11/13/de-la-realite-du-pouvoir-politique-en-france), pour résumer j’y considère que le véritable pouvoir se trouve entre les mains des bureaucrates intermédiaires et plus largement des syndicats. Claude Allègre avait d’ailleurs expliqué qu’il ne pouvait pas dégraisser le mammouth et que c’est la FSU qui faisait la loi dans l’éducation nationale. Ceci est vrai et pas seulement pour l’éducation nationale.

 

 

PdA : Quels sont, pour vous, les enjeux principaux auxquels la France va devoir faire face durant le quinquennat 2012-17 ?

 

X.C. : Nous vivons une crise de l’État impressionnante avec une dette jamais vue et une part des dépenses publiques qui dépasse les 54 % du PIB. Cette situation entraîne une crise sociale gravissime sur fond de faillite de la pyramide financière dite Sécurité Sociale.

 

Les Français sont drogués à l’État providence et avec son écroulement déjà perceptible en Grèce, sur fond de malaise du vivre ensemble, je n’exclus pas des événements de type insurrectionnels.

 

Face à cette situation les politiques nous proposent d’aller dans le mur avec un renforcement du tout État et un protectionnisme que certains appellent démondialisation. Le sursaut est possible mais il sera douloureux comme n’importe quel sevrage.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur la campagne telle qu'elle s'est déroulée jusqu'à présent ? Les vrais sujets, ceux dont vous venez de me parler, ont-ils pour vous été abordés de façon sérieuse ?

 

X.C. : Je ne prends pas tellement au sérieux ces élections dans lesquelles chaque candidat émet sa profession de foi antilibérale. Il faut changer de logiciel et aucun politique n’a intérêt à le faire, leur vision est à 5 ans et je ne suis pas certain qu’ils soient conscients de la situation d’urgence.

 

 

PdA : Que pensez-vous des différents candidats ? (Si possible, j'apprécierais que vous vous livriez, selon votre propre grille de lecture, à un "examen" des cinq "grands" candidats, à savoir Sarkozy, Hollande, Mélenchon, Le Pen et Bayrou, pourquoi pas avec une note générale sur 10 et un petit commentaire sur chacun)

 

X.C. : Aucun n’a la moyenne, mais si je donnais une meilleure note à l’un plutôt qu’à l’autre alors on pensera que j’en soutiens un, même du bout des lèvres.

 

Sarkozy a trahi ses électeurs une fois et a partiellement mis en place le programme d’Attac avec son pote Stiglitz. Hollande a un programme économique qui date de plusieurs décennies, il n’est même pas crédible au sein de son propre camp. Mélenchon est un pitre pathétique, admirateur de Robespierre et du premier génocide de l’histoire, celui des Vendéens. Marine Le Pen a un programme économique qui ne tient pas la route et joue à une surenchère anticapitaliste, Bayrou est un opportuniste inconsistant.

 

Je me permets aussi de balancer sur Eva Joly, réalisez un peu que cette bonne femme qui dit n’importe quoi a été magistrate et a dit le droit en France, il y en a malheureusement plein d’autres comme elles qui ont eu et ont encore un pouvoir sans contrepoids, le pouvoir des juges.

 

 

PdA : Imaginons un instant que vous soyez vous-même candidat à la présidence de la République. En quoi votre programme serait-il fondamentalement différent de tout ce que l'on entend actuellement ?

 

X.C. : Je n’ai pas cette vocation, élu je ne serais que le prisonnier de ma fonction. Mais si je pouvais enfreindre un certain nombre de règles implicites, je casserais le pouvoir syndical et celui des lobbies tout en rétablissant le délit de forfaiture. Pour cela il suffirait de lancer un grand programme de réduction des dépenses publiques et d’affronter avec la plus grande vigueur le « pouvoir de la rue ». Ensuite alors les réformes pourront commencer, mais elles seraient forcément douloureuses car j’appliquerais à la lettre ce principe d’Ayn Rand qui veut qu’il n’est de plus grande injustice que de donner à celui qui ne mérite pas.

 

Je restaurerais ainsi la démocratie selon le principe de subsidiarité, celui qui veut que les prérogatives exercées par les hommes de l’Etat soient strictement limitées à celles qui ne peuvent pas être exercées à la base. Très honnêtement je pense qu’ainsi je pourrais réduire à rien ces prérogatives.

 

 

PdA : Finalement, l'heure du choix approche... Savez-vous ce que vous allez faire ? Vous abstenir, voter blanc, voter pour un candidat ? Pour qui ? Pourquoi ? (Précision : le vote était évidemment une action éminemment privée, et ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre, je comprendrais parfaitement que vous décidiez de ne pas répondre à cette question)

 

X.C. : Mon choix a malheureusement moins d’importance que le film que je pourrais choisir de regarder ce soir. Si je devais émettre un vote parlant j’écrirais : « Je dénie tout pouvoir de me représenter à la personne issue du scrutin. » Mais ce serait très vilain à ce qu’il parait de réagir ainsi, ce ne serait pas très citoyen. Mais justement je ne suis pas un citoyen, je suis un homme libre.

 

 

PdA : Souhaitez-vous ajouter quelque chose pour compléter cet entretien ?

 

X.C. : Oui, comme nos politiques m’exaspèrent et qu’ils sont de toute façon assez impuissants face aux forces du statu quo, je voudrais plutôt inciter les français à se mobiliser à la base comme je le fais pour la défense des familles, pour celle des enfants broyés par les sévices publics.

 

Mon activisme libertarien a beaucoup moins d’importance que le combat que je mène pour des enfants, des femmes, des hommes sacrifiés à la création d’emploi publics et abandonnés à la perversité des hommes de l’État. Pour mieux comprendre à quoi je fais référence, je vous invite à vous mobiliser plutôt pour le CEDIF (http://comitecedif.wordpress.com) et à vous tenir prêt à prendre votre vie en main.

 

 

 

Je remercie de nouveau Monsieur Xavier Collet pour ses réponses, très intéressantes, et qu'il m'a fait parvenir très rapidement. Il exprime des idées dont on entend rarement parler en France. Elles méritent certainement d'être invitées au débat ! Phil Defer

 

 

 

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Le site Association des libertariens de X. Collet

 

Le site du CEDIF

 

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Modification de la présentation de l'article le 26 juin 2012

 

Times New Roman > Georgia : 01/10/12

28 décembre 2013

Thierry Lentz : "Napoléon a manqué l'Allemagne"

   En août dernier, j'avais pris l'initiative d'inviter M. Thierry Lentz, auteur de L'assassinat de John F. Kennedy : Histoire d'un mystère d'État (Nouveau monde), à évoquer pour Paroles d'Actu la funeste journée du 22 novembre 1963 et ses nombreuses zones d'ombre, la présidence de J.F.K. et l'évolution qu'a connue l'Amérique depuis lors. Son accord de principe me parvint rapidement. Le 26 août, trois mois avant le cinquantième anniversaire de la tragédie de Dallas, l'entretien était en ligne.

   Thierry Lentz dirige depuis 2000 la Fondation Napoléon ; il compte au rang des spécialistes les plus éminents du Consulat et de l'Empire. Parmi ses projets tels qu'évoqués lors de notre première interview : la sortie prochaine d'un nouvel ouvrage consacré à Bonaparte, une étude extrêmement fouillée et franchement novatrice de l'épisode dit de l'« agonie de Fontainebleau » (1814). L'idée fut lancée d'un deuxième échange, finalement concrétisé au mois de décembre et dont le texte est reproduit ci-dessous. Un point, notamment, à lire absolument : le développement passionnant qu'il nous livre quant aux politiques allemandes de Napoléon et à leurs conséquences pour la suite de l'histoire... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

THIERRY LENTZ

Directeur de la Fondation Napoléon

 

« Napoléon a manqué l'Allemagne »

 

Tableau Napoléon

Les Adieux de Napoléon à la Garde impériale, le 20 avril 1814

(Antoine Alphonse Montfort, d'après Horace Vernet)

 

Q. : 18/12/13 ; R. : 23/12/13

  

Paroles d'Actu : Bonjour Thierry Lentz. Qu'est-ce qui, dans votre parcours, dans votre vie, a fait naître et nourri l'intérêt marqué que vous portez à Napoléon ?

 

Thierry Lentz : Je me suis toujours passionné pour l’histoire, depuis mon enfance. Mon grand-père, Charles Lentz, était abonné à toutes les revues historiques et m’a beaucoup raconté ce qu’il y lisait. Et puis, en 1969 - j’avais dix ans -, la France a célébré en grand le bicentenaire de la naissance de Napoléon. Cela m’a passionné. Une voisine m’a alors offert le livre que toute ma génération « napoléonienne » a lu : Napoléon raconté à tous les enfants, édité par Fernand Nathan. C’était un très grand livre avec des textes simples et de très belles illustrations. Je crois que tout est parti de là. Il y a eu ensuite le Napoléon d’André Castelot et d’autres lectures, toujours plus nombreuses.

 

PdA : Quels sont l'objet et les activités de la Fondation Napoléon, dont vous êtes directeur ?

 

T.L. : La Fondation Napoléon a un double objet : aider au développement des études napoléoniennes au sens le plus large et pour tous les publics, d’une part ; aider à la préservation du patrimoine napoléonien, d’autre part. Pour la première mission, nous créons des outils pour le public : sites internet, livres, conférences. Nous touchons, grâce au site napoleon.org, environ 3,5 millions de personnes par an, dans le monde entier. Nous avons aussi des activités historiques plus pointues : édition de la Correspondance générale de Napoléon (dix volumes parus sur quatorze aux éditions Fayard), organisation de colloques scientifiques. Dans la même veine, nous donnons chaque année sept bourses de 7 000 euros à des étudiants de doctorat sélectionnés par un jury indépendant et, pour les auteurs plus chevronnés, trois prix d’histoire.

 

Concernant le patrimoine, nous conservons nous-même une grande collection d’objets historiques dont une partie est actuellement exposée à Astana, capitale du Kazakhstan. Notre collection a plus de 1 200 numéros d’inventaire. Par ailleurs, nous subventionnons parfois des projets de restauration, dont celui des Domaines nationaux de Sainte-Hélène.

 

PdA : Justement. Vous vous trouvez, à l'heure de notre entretien, sur l'île de Sainte-Hélène. Le cadre de l'ultime exil forcé de l'ex-empereur, celui de ses dernières années... Quel est votre ressenti quant à ce séjour ?

 

T.L. : J’étais déjà venu à Sainte-Hélène en 2003, pour un voyage purement historique et de mémoire. Comme j’ai un assez bon souvenir de ce premier voyage, l’émotion est moindre cette fois-ci. De plus, je suis ici pour travailler, puisque la Fondation Napoléon et le ministère des Affaires étrangères conduisent depuis deux ans une vaste opération de restauration et de mise en valeur des Domaines nationaux de Sainte-Hélène, afin qu’ils soient prêts pour l’ouverture de l’aéroport, en 2017.

 

Mon séjour de douze jours, sans compter les onze jours de bateau, est l’occasion, d’une part, de vérifier le chantier, et d’autre part, de travailler avec le directeur des Domaines, M. Dancoisne-Martineau, à l’avenir de cet établissement si émouvant et important pour la mémoire nationale et même mondiale. J’ai pratiquement une réunion de travail par jour pendant mon séjour, avec les différentes autorités de l’île. Notre but est d’augmenter à la fois la fréquentation et les ressources des Domaines, pour les mettre à l’abri autant que ce sera possible des économies budgétaires de l’État.

 

PdA : Opérons, si vous le voulez bien, un petit retour en arrière... 1805 fut une année de contrastes pour l'Empire, une année charnière pour l'Europe. Il y eut le chef d’œuvre tactique de Napoléon : la victoire retentissante remportée à Austerlitz, en terre autrichienne. Quelques semaines auparavant, un désastre, celui de Trafalgar. Une défaite franco-espagnole qui marqua la fin de ses rêves de conquête des îles britanniques, le point de départ d'une suprématie maritime qui allait durer un siècle...

 

T.L. : 1805 est une année paradoxale, en effet. D’un côté, Napoléon rend inéluctable la prépondérance continentale de la France. De l’autre, il perd quasiment toute chance de vaincre l’Angleterre sur mer. Il en conclut qu’il faudra que « la terre vainque la mer », donc assurer à l’Empire français une domination totale du continent pour assécher le commerce britannique.

 

PdA : On a souvent dit de Bonaparte qu'il n'entendait pas grand chose aux questions navales, mais comment expliquer, au vu de son génie organisationnel et du statut assumé d'« âme des coalitions » du Royaume-Uni, qu'il n'ait pas cherché avec davantage de conviction à bâtir une flotte offensive réellement capable de rivaliser avec celles que dirigeait Nelson ?

 

T.L. : Il n’a cessé de construire une flotte, et même plutôt deux fois qu’une après Trafalgar. Mais on ne construit pas des dizaines de vaisseaux en quelques années. Selon les plans très optimistes qu’il avait élaborés, il pensait pouvoir rivaliser vers les années 1811-1812 avec la Royal Navy. Il s’aperçut bien vite que c’était impossible. Et puis, depuis l’émigration massive des capitaines de vaisseaux pendant la Révolution, il ne disposait pas des marins nécessaires à la manœuvre, si tant est qu’il aurait pu disposer des bateaux nécessaires. Il consentit donc un grand effort de formation, qui porta ses fruits au milieu des années 1820 : ce sont les amiraux et capitaines formés sous l’Empire qui redonnèrent du lustre à la Royale… de Charles X et Louis-Philippe.

 

PdA : Après avoir renoncé à les atteindre sur et par les mers, Napoléon a déployé des efforts colossaux pour frapper les Britanniques via un terrain ultra-sensible, celui du commerce, donc de l'industrie. Son intransigeance sur la question du « blocus continental » l'a contraint à des entreprises de plus en plus démesurées, l'exposant à des revers - des difficultés rencontrées dans la péninsule ibérique jusqu'à la catastrophe russe - qui allaient précipiter sa chute...

 

T.L. : Le calcul n’était ni neuf, ni mauvais. Depuis toujours, les continentaux essayaient non pas de rivaliser avec l’Angleterre sur les mers, mais de perturber sa puissance commerciale. Napoléon faillit y parvenir, autour de l’année 1811. Il y eut une grave crise économique et sociale en Angleterre, qui fut réprimée avec violence par les autorités. L’année suivante, il partait en Russie et risquait tout sur ce qu’il appela lui-même « la guerre suprême ». Ce faisant, il donna un répit inattendu à l’industrie et au commerce britanniques. La « cavalerie de St George », c’est-à-dire la puissance financière de Londres, maintenue à grands coups d’emprunts, fit le reste : c’est avec l’argent anglais que les autres puissances européennes purent financer les coalitions qui mirent l’Empire à genoux.

 

PdA : Londres craignait un déséquilibre trop marqué des rapports de force sur le continent, elle redoutait la perte des marchés européens - ce qui l'a conduite à refuser toujours, avec acharnement, le contrôle par la France de la Belgique et des Pays-Bas -. Paris, quant à elle, ne pouvait tolérer sans s'en inquiéter la suprématie de sa rivale sur les mers, les océans et, donc, les colonies. Une entente sincère et durable entre ces deux géants était-elle réellement hors de portée, sur des bases acceptables par chacune des parties ?

 

T.L. : Dans cette lutte de titans, personne n’a joué le jeu de l’apaisement. On en veut pour preuve les négociations de 1806, qui faillirent aboutir à une paix souhaitée par les deux peuples, mais pas forcément par leurs gouvernements. L’histoire complexe de cette négociation le montre : les deux parties ont perdu une belle occasion de s’entendre. Mais ni l’un ni l’autre ne souhaitait partager la puissance.

 

PdA : Les stratégies adoptées par Napoléon en Allemagne se sont, sur bien des aspects, inscrites dans la continuité de traditions dont les origines remontaient aux Bourbon : une volonté d'abaisser l'Autriche des Habsbourg ; une bienveillance à l'égard de la Prusse, celle, toujours, du mythe Frédéric II. La destruction du Saint-Empire et de l'ordre établi au sein du monde germanique, l'affaiblissement de l'Autriche au profit de la Prusse puis, in fine, la poussée des nationalismes en réaction aux subjugations napoléoniennes n'ont-ils pas été autant d'éléments ayant favorisé un processus - l'unité allemande autour de la Prusse des Hohenzollern - portant en lui de nouveaux déséquilibres et, bientôt, de nouveaux malheurs pour les peuples d'Europe ?

 

T.L. : Ce thème est un de mes favoris, aussi répondrai-je un peu plus longuement à cette question. Napoléon manqua avec les États allemands une alliance stratégique, en raison d’une sorte de préjugé qui voulait que la France soit plus forte contre l’Autriche ou la Prusse si l’Allemagne restait divisée. Mais ce qui était vrai en un temps où aucune force n’était en mesure de fédérer la « tierce Allemagne », l’était moins lorsque la France dominait à ce point l’Europe. Napoléon aurait pu créer puis soutenir une entité politique solide dans la partie sud de l’espace germanique, avec les États les plus ouverts à l’influence française : Bavière, Bade, Wurtemberg, les deux Hesse, voire la Saxe. Il eût fallu pour cela assigner des buts finis au système napoléonien et avoir une vision de l’Europe future. Napoléon n’avait pas clairement cette vision et c’est pourquoi il ne s’éloigna pas des traditions diplomatiques, alors même que les États qui auraient pu constituer le socle d’un accord de grande ampleur ne demandaient qu’à se rapprocher de lui.

 

Leur premier objectif était de se débarrasser du Saint-Empire, ressenti comme un obstacle à leur indépendance. Mais l’empereur ne sut pas approfondir les rapprochements franco-allemands. Il voulut seulement les mettre au service de ses propres desseins. Le renoncement à la couronne impériale par François d’Autriche (1806) permit pourtant une redistribution des cartes : Vienne était exclue de l’Allemagne, avec la complicité des États moyens. C’est alors que Napoléon tenta d’organiser la coopération au sein de la Confédération du Rhin créée par le traité du 12 juillet 1806. Elle compta une quarantaine d’adhérents autour de la France. L’empereur en était le « protecteur ». Les premiers fruits de l’accord furent récoltés sur le terrain de la guerre franco-prussienne (1806) et de la paix de Tilsit (1807) : après avoir confiné l’Autriche au sud, l’empereur des Français rejeta la Prusse vers le nord.

 

Un espace politique et géographique s’ouvrait. Il aurait fallu l’occuper et en renforcer les composantes. On put le croire avec cette Confédération, dont le texte fondateur prévoyait des institutions politiques communes : l’archevêque de Mayence, Dalberg, fut désigné prince-primat et président d’un « collège des rois », d’une diète confédérale qui aurait dû s’assembler à Mayence… mais ne fut jamais réunie. La Confédération du Rhin ne fut qu’un outil militaire, permettant certes aux alliés de se protéger les uns les autres mais servant surtout à appuyer les projets napoléoniens : il y eut environ 125 000 Allemands dans la Grande Armée de 1812. L’historien Michel Kerautret a pertinemment comparé ce montage à l’Otan. Les autres domaines de coopération restèrent du ressort des relations bilatérales, ce qui avec l’empereur des Français était synonyme de dialogue entre fort et faible.

 

Finalement, Napoléon se servit surtout de la Confédération du Rhin pour maintenir la division de l’Allemagne, désormais sous autorité française, et non tenter une « union » politique autour de la France. La dureté des règles du Blocus continental, le favoritisme commercial, les tentatives d’imposer des solutions juridiques et administratives auxquelles toutes les élites allemandes n’étaient pas favorables, le mépris manifesté aux princes confédérés n’étaient sans doute pas de bonne politique pour souder la tierce Allemagne à la France. L’effondrement de l’Allemagne « napoléonienne » en 1813, le retour à l’incertaine bascule entre l’Autriche et la Prusse allaient s’avérer à long terme une calamité pour le continent. En ayant sanctionné aussi durement la Prusse après 1806 et en ayant manqué l’Allemagne, Napoléon en porte une part de responsabilité.

 

PdA : Votre prochain ouvrage, prévu pour le mois de janvier, sera consacré aux « vingt jours de Fontainebleau », qui précédèrent la première abdication de l'Empereur, en 1814. Qu'avez-vous appris de vos recherches à propos de cet épisode plutôt méconnu de sa vie et de notre histoire ?

 

T.L. : Ce que de nombreux historiens ont appelé l’« agonie de Fontainebleau » tient en deux tableaux célèbres. Le premier, conservé au Musée de l’Armée, a été peint en 1840 par Paul Delaroche. Il représente Napoléon à Fontainebleau, le 31 mars 1814. Le second, intitulé Les Adieux de Napoléon à la Garde impériale, le 20 avril 1814, est une composition d’Horace Vernet, réalisée en 1825. Les deux œuvres illustrent la légende de l’agonie : Napoléon seul et prostré, les bras presque ballants, son arme inutile, son chapeau tombé comme sa couronne ; puis le même, vingt jours plus tard, redevenu ferme et droit, contenant son émotion et forcé de se dégager avec dignité de l’étreinte de ses soldats que symbolise le baiser de leur général. Les historiens du Consulat et de l’Empire peinent à détacher leurs regards de ces deux représentations postérieures aux événements. Ils racontent ces vingt jours comme la tragédie du héros abandonné de tous mais qui accepte son destin.

 

J’ai voulu rouvrir ce dossier en revenant sur ce qui s’est passé entre les deux tableaux. Mon récit provoquera peut-être quelques surprises chez certains lecteurs. Car même si mon projet n’est pas de s’opposer par principe aux mythes qui embrument ces vingt jours tragiques, tout ne s’est pas toujours passé comme on le dit ou comme on le croit.

 

Dans mon ouvrage, j’ai tiré plusieurs remises en cause, parfois profondes, quelquefois anecdotiques, de ce que l’on croit savoir sur ces vingt jours : réévaluation du rôle de Caulaincourt, un des « préférés » des napoléonistes mais qui fut sans doute celui qui poussa le mieux à l’abdication ; contestation de la vulgate sur le rôle des maréchaux, autour de ce que nous appelons « la grande scène » du 4 avril 1814 où, nous a-t-on dit, ils forcèrent la porte de l’empereur pour l’obliger à abdiquer ; confirmation de la tentative de suicide de Napoléon, dans la nuit du 12 au 13 avril, grâce à un exceptionnel témoignage inédit ; atténuation du reproche fait au major-général Berthier d’avoir « lâchement » abandonné son chef ; déroulement revisité de la négociation et de la ratification du traité de Fontainebleau qui attribuait l’île d’Elbe au vaincu ; circonstances revues et corrigées de la signature des deux versions de l’abdication ; rejet du texte habituel du discours d’adieu prononcé par Napoléon au matin du 20 avril, etc...

 

PdA : Des zones d'ombre subsistent-elles encore s'agissant d'un sujet auquel tant d'études et d'ouvrages ont déjà été consacrés ? Entrevoyez-vous de nouvelles perspectives de recherche ?

 

T.L. : On n’a pas fini de parler et d’écrire de et sur Napoléon. Chaque génération, chaque école historique, chaque historien a sa propre vision, c’est ce qui fait l’exceptionnalité des études napoléoniennes. Par exemple, le Bonaparte de Patrice Gueniffey, qui vient de paraître chez Gallimard, ouvre de nouvelles pistes, amène à de nouvelles conclusions et hypothèses sur un sujet biographique que l’on croyait pourtant clos. Et je puis vous dire que ça n’est pas fini.

 

PdA : Quel regard l'historien honnête et objectif devrait-il, de votre point de vue, porter sur Napoléon ?

 

T.L. : Tout mon travail se fonde sur le refus des anachronismes et des comparaisons d’actualité. Napoléon est un personnage historique qui doit être traité comme tel. Rien ne m’agace plus que ceux qui parlent à tort et à travers, le comparent à Hitler, voient du Napoléon en Sarkozy, et je ne sais quoi d’autre dans les événements de la vie quotidienne. Si l’histoire n’est pas seulement le passé, le grand saut vers les comparaisons doit être fait avec prudence, retenue, j’oserais dire « avec intelligence ». C’est à ce prix que nous pouvons évaluer le rôle de Napoléon dans notre histoire et à quel point l’étape de son passage aux affaires a été essentiel pour la France, et même pour l’Europe. En clair, je milite pour que nous étudions cette période historique de la même façon que les autres, sans aucun excès, ni dans la passion, ni dans le dénigrement.

 

PdA : Je n'ai pas pour habitude de chercher à faire parler les morts... mais je suis sûr que vous vous êtes déjà posé la question, je me permets donc de vous la proposer. Que penserait-il de la France d'aujourd'hui ? De l'Europe telle qu'elle s'est (ré)organisée ?

 

T.L. : Pour les raisons évoquées ci-dessus, je me garderai bien de vous dire ce qu’il dirait. Son Europe n’était pas la même que la nôtre et sa France, n’en parlons pas. Sans doute serait-il surpris par l’inconsistance d’une grande partie du personnel politique, le manque d’enthousiasme des citoyens et de courage des dirigeants. Mais, ceci est une autre histoire… qui n’est pas de l’histoire.

 

PdA : 2014 et 2015 seront riches d'occasions de commémorations relatives à l'épopée napoléonienne. Ce sera le bicentenaire de nombreux événements : la Campagne de France, l'invasion, l'abdication et l'exil sur l'île d'Elbe, les Cent jours, la bataille de Waterloo, la seconde abdication de l'Empereur et son ultime déportation, sur l'île de Sainte-Hélène. Comment la Fondation Napoléon entend-elle aborder ces deux prochaines années ?

 

T.L. : Comme nous le faisons toujours, nous serons en retrait des commémorations proprement dites, sans les rejeter, bien sûr. Nous resterons dans notre domaine d’expertise : l’histoire et le patrimoine. Nous aurons donc un colloque en mars 2014 sur la diplomatie au temps de Napoléon ; nous consentirons des prêts d’objets aux expositions ; nous assisterons à des événements et organiserons des conférences, tout en poursuivant notre travail de fond. La seule exception sera l’inauguration de la « nouvelle » maison de Longwood, entièrement restaurée, en octobre 2015, et peut-être un événement surprenant à Waterloo… mais je ne vous en dirai pas plus.

 

PdA : Quels sont vos projets, Thierry Lentz ?

 

T.L. : Continuer à diriger le mieux possible la Fondation et poursuivre mon travail d’écriture sont au programme des dernières années de ma vie professionnelle. J’ai plusieurs projets de livres dont nous reparlerons probablement.

 

Thierry Lentz

 

Mille mercis, cher Thierry Lentz, pour vos réponses et votre bienveillance à mon égard. Heureux et honoré que vous ayez accepté, une nouvelle fois, de m'accorder un peu de votre temps. Et vous, que vous inspire la figure de Napoléon ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Thierry Lentz...

 

6 janvier 2012

François Hollande (2003) : "Assumer la responsabilité d'agir pour transformer la société"

Je n'ai pas de doute là-dessus : je n'obtiendrai pas d'interview de M. François Hollande pour Paroles d'Actu d'ici à l'élection présidentielle de 2012. Parce qu'il réserve sa parole, qui est rare, aux médias susceptibles de relayer son message le plus largement, le plus efficacement possible. Surtout, parce qu'il est aujourd'hui un homme ô combien occupé. Sorti largement vainqueur des Primaires citoyennes d'octobre 2011, il est depuis lors le candidat soutenu par le Parti socialiste et le Parti radical de gauche pour accéder à la magistrature suprême. Les sondages le présentent comme le challenger numéro 1 de Nicolas Sarkozy. Si l'on en croit ces études d'opinion, il battra le président sortant. Sur le papier, François Hollande est et sera le prochain président de la République.

 

En 2003, alors que Paroles d'Actu n'existait pas encore, j'étais déjà, à 18 ans, très intéressé par la politique. Je m'occupais depuis un an du forum d'actualité que j'avais créé, le Forum 21. Et j'écrivais pour un webzine aujourd'hui disparu. À cette époque, François Hollande est le Premier secrétaire d'un Parti socialiste encore sous le choc de l'élimination de Lionel Jospin en 2002. Avec la réélection de Jacques Chirac, et une majorité UMP écrasante au Parlement, François Hollande se retrouve à la barre d'un parti résolument ancré dans l'opposition. Je lui avais envoyé un mail à l'époque pour chercher à lui poser quelques questions. C'est avec beaucoup de générosité qu'il avait accepté de me répondre. Une précision : je n'ai pas demandé à la campagne de François Hollande l'autorisation de publier de nouveau ce texte après tant d'année. Il va sans dire que les mots du François Hollande de 2003, s'ils fournissent un éclairage intéressant sur le présent, sont à prendre pour ce que constitue cet article : une interview d'archive. Rien de plus. Une exclusivité F21-PdA, évidemment. Phil Defer. EXCLU

 

(Edition du 8 juillet 2012, par Phil Defer) : François Hollande est, chacun le sait, le nouveau président de la République. Une bonne partie des réponses qui m'avaient été apportées lors de cet échange de mails en 2003 concernaient des sujets (la politique menée par Jean-Pierre Raffarin, etc...) qui ne sont plus d'actualité aujourd'hui. Surtout, elles étaient en grande partie tirées mot pour mot, et pas toujours de manière très heureuse, de la motion "Pour un grand Parti socialiste" qu'avait présentée le Premier secrétaire d'alors lors du Congrès national de Dijon de mars 2003. Cela n'enlève rien à la générosité d'esprit qui a conduit M. Hollande à me répondre. Pour autant, étant donné que je ne souhaite que de l'inédit sur ce blog, je ne garderai ici que sa conclusion, qui résume bien les idées, la philosophie de François Hollande. Ces quelques phrases n'apparaissent nulle part ailleurs. Merci encore.

 

 

ARCHIVE EXCLUSIVE DE 2003 - PAROLES D'ACTU

FRANCOIS HOLLANDE

Premier secrétaire du Parti socialiste

 

"Assumer la responsabilité d'agir

 

pour transformer la société"

 

https://storage.canalblog.com/70/11/871067/71658644.jpg

(Photo : RTL.fr)

 

 

Q : 02/08/03

R : 22/10/03

 

 

 

(...)

 

Nous, socialistes, avons le souci d'être utiles aux Français. C'est-à-dire aller au-delà de la nécessaire opposition critique en montrant sur chaque grand sujet (éducation, protection sociale, emploi) qu'une autre voie est possible. De même, le renouveau de l'engagement altermondialiste, les aspirations à un monde plus juste, l'exigence écologique, le souci de défendre les services publics et le refus de la « marchandisation » de l'éducation, de la santé, de la culture sont autant de nouveaux thèmes de réflexion pour la gauche.

 

Notre démarche est ouverte, sans exclusive et s'adresse à tous ceux qui partagent avec nous l'ambition d'assumer la responsabilité d'agir pour transformer la société.

 

Je vous prie de croire, Monsieur, à l'assurance de toute ma considération.



François HOLLANDE

Premier Secrétaire

 

 

 

Merci à François Hollande pour ces quelques mots qu'il avait bien voulu m'accorder, il y a de cela huit années. Deviendra-t-il le septième président de la Cinquième république ? L'avenir, cet avenir que seul le peuple français est à même d'écrire, nous le dira... Merci pour votre lecture. Belle et heureuse année 2012 pour toutes et tous ! Phil Defer

 

 

 

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Modification de la présentation de l'article le 8 juillet 2012

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12

14 août 2012

Jérémy Coste : Une troisième voie ? "J'y crois encore"

Cent jours après l'élection de François Hollande, où sont passés les centristes ? Les Bayrou, les Morin... ? Comment vont-ils, ces hommes et ces femmes de convictions, ceux-là même qui refusent d'être étiquetés à gauche ou à droite et les dogmes qui, parfois, s'y rattachent ? Plutôt pas mal, merci pour eux ! Certes, l'Élysée n'est toujours pas occupé par l'un des leurs. Ils restent très minoritaires à l'Assemblée. Mais qu'on se le dise... le centre est en mouvement. La nouvelle '"Union des démocrates et indépendants", groupe parlementaire présidé par Jean-Louis Borloo, rassemble à ce jour 29 députés. Leurs couleurs : Parti radical valoisien, Nouveau Centre, Force européenne démocrate... Force européenne démocrate ? Une autre nouveauté, un parti qui "se donne pour objectif premier de contribuer à la création d’une confédération des mouvements centristes qui y sont favorables". Il compte parmi ses rangs des figures du Nouveau Centre : Jean-Christophe Lagarde, André Santini (voir : l'interview qu'il m'avait accordée au mois de février), notamment... Entretien avec l'un de ses adhérents. Jérémy Coste, porte-parole des Jeunes forces démocrates, a 25 ans. Et, à n'en pas douter, un bel avenir devant lui... Je ne prendrai pas la peine de le présenter davantage, il s'en charge tout de suite, et bien mieux que moi... Je le remercie pour les réponses, passionnées et très élaborées, qu'il a bien voulu m'apporter. Une exclusivité Paroles d'Actu. Phil Defer  EXCLU 

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEREMY COSTE

Porte-parole des Jeunes forces démocrates

 

Une troisième voie ? "J'y crois encore !"

 

Jérémy Coste

(Photo fournie par Jérémy Coste)

 

 

Q : 26/07/12

R : 14/08/12

 

 

 

Paroles d'Actu : Que faut-il savoir sur vous avant d'aborder cet entretien, Jérémy Coste ? Qui êtes-vous ? Comment votre engagement actuel est-il né ? Qu'aimez-vous dans la vie ?

 

Jérémy Coste : Bonjour à tous. Je tiens d’abord à vous remercier de m’exprimer sur votre blog.

 

Je suis né à Lyon en 1986. J’ai grandi dans une famille populaire dans laquelle le sport tenait une grande place. Chez nous, le sport était obligatoire. Mes parents tenaient à ce que ma sœur, mon frère et moi ayons une activité extra-scolaire. C’était important pour eux car le sport représente à leurs yeux (et aux miens) de nombreuses valeurs telles que l’apprentissage du goût de l’effort, le respect, la compétitivité, la précision, la rigueur, la performance… Gymnaste pendant près de 16 ans, j’ai terminé ma carrière de sportif sur un titre de champion de France. C’était en quelque sorte l’aboutissement de plusieurs années d’efforts et d’investissement. Je parle de cette expérience car c’est elle qui m’a donné le goût de la politique.

 

En effet, parallèlement à mes activités sportives, j’ai souhaité dès l’âge de 16 ans prendre des responsabilités au sein de mon club. D’abord en entrainant moi-même des juniors puis en intégrant le bureau de mon club. Les jeunes étaient rares alors mon président m’a encouragé à participer à une formation « jeunes dirigeants » organisée par le Comité olympique français et rhônalpin. J’en suis ressorti des projets plein la tête. J’ai donc poursuivi ma carrière sportive jusqu’à 22 ans tout en faisant une licence de science politique mention « relations internationales » à Lyon 3 et en dirigeant la commission jeune du comité olympique de la région Rhône Alpes. J’ai eu la chance d’y rencontrer des personnes exceptionnelles comme Daniel TRONTIN, le président de mon club ou Guy MARGOTTON, le président du CROS Rhône Alpes.

 

Cet engagement associatif et sportif m’a fait prendre conscience de l’importance de la politique. A 16 ans, j’ai donc décidé de m’engager en politique. Mes parents m’ont d’abord découragé. Selon eux, « ce n’était pas notre monde ». Je crois avec le recul que cette phrase m’a profondément marqué. A 16 ans, on croit au principe d’égalité alors quand tes parents te disent cela, tu déchantes. Mais je ne me suis pas découragé pour autant. J’ai donc fait un « deal » avec eux. Je leur ai dit que pendant 1 an, je me renseignerais sur les valeurs de chaque parti. Après plusieurs mois, je me suis donc engagé à l’UMP. J’hésitais beaucoup avec l’UDF car je suis profondément européen mais l’énergie de Nicolas SARKOZY à cette époque m’a convaincu. J’en profite d’ailleurs pour raconter une anecdote. Lorsque je suis allé pour la première fois au siège de la fédération UMP 69, les jeunes m’ont accueilli en me disant qu’il n’y avait rien à faire. Ils m’ont gentiment encouragé à contacter mon député de circonscription. Avec du recul, mon allure lycéenne de jeunes sportifs en jogging ne coïncidait visiblement pas avec le « style » des jeunes de l’UMP du Rhône. Je suis donc allé voir mon député. Il se trouvait que je connaissais sa déléguée de circonscription car elle représentait souvent le député lors des réunions de mon club. J’ai donc tout de suite sympathisé et je me suis investi aux cotés de Jean-Michel DUBERNARD pour animer les jeunes UMP de sa circo. Cela a duré 2 ans puis je me suis rendu compte, malgré les amitiés que j’ai développé et entretenu, que je n’étais pas à ma place. On m’appelait « le petit européen »… LOL.

 

Voilà, j’ai donc interrompu mon engagement partisan et j’ai fondé une association de promotion de l’identité européenne avec une jeune socialiste. Cela a duré le temps de nos études à l’Université. C’était passionnant car nous allions à la rencontre des écoliers pour monter des projets culturels avec eux pendant une année. Nous avons associé des étudiants de l’Union européenne… une expérience formidable. Arrive 2007 et l’élection présidentielle. Je rejoins le Nouveau Centre. Puis les choses s’enchainent. Je rejoins Damien ABAD, premier président des jeunes du Nouveau Centre, je prends des responsabilités régionales et locales au sein du mouvement et en juin 2010, je suis élu président des Jeunes centristes.

 

Parallèlement, je reste engagé au Comité olympique où je suis toujours membre de la commission jeune nationale. En ces temps olympiques, je rappelle que le sport et les sportifs de haut niveau réussissent grâce à leur talent avant tout mais aussi grâce à l’engagement de millions de bénévoles dans nos clubs. Je salue la force du bénévolat français. Au CNOSF, je contribue à la formation de tous ces jeunes sportifs qui veulent diriger nos clubs et nos structures partout en France.

 

Enfin, professionnellement, je suis conseiller parlementaire d'un établissement public après avoir travaillé pour André SANTINI pendant deux ans à l’Assemblée nationale.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur les premiers pas de la présidence Hollande ?

 

J.C. : Selon moi, François HOLLANDE est un président qui correspond assez bien aux critères de la présidence. Il dégage une certaine sérénité et semble attaché à prendre de la hauteur sur les questions de politique intérieure. Ne pas trop parler, sur tout et tout le temps, ne pas trop agir pour éviter les confusions. Pour le moment, son attitude est appréciable. Cela concerne la forme. On a le sentiment de souffler après 5 ans d’hyper présidence où le gouvernement et le premier ministre semblaient être relégués au second plan.

 

Pour moi, le président de la République doit agir avec sagesse, intelligence, consensus. Il doit consulter puis impulser et définir les orientations stratégiques de notre pays. Charge au gouvernement de proposer et exécuter.

 

Sur le fond, je suis beaucoup plus critique. François HOLLANDE ne m’inspire pas confiance. Son équipe agit avec hésitations et contradictions. En pleine crise européenne, le cap n’est pas fixé. Sur le plan international, c’est le néant politique. Que dit, et surtout que fait la France concernant la Syrie ? Je suis stupéfait de voir chaque jour ce peuple qui se bat seul sans que la France et l’Europe ne les aident. On parle tout de même de vies d’enfants… Rappelons-le !

 

Je suis donc inquiet. Je trouve que ce gouvernement mis à part quelques ministres, manque de professionnalisme et d’ambition pour notre pays, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

 

 

PdA : En 2007, François Bayrou a recueilli sur son nom près de 7 millions de suffrages (18,57% des exprimés), suscitant l'espoir massif d'une troisième voie possible. Aujourd'hui privé de son siège à l'Assemblée, il lutte pour sa survie politique. Que vous inspire sa situation ? Est-il une voix qui compte à vos yeux ?

 

J.C. : François BAYROU est et restera une voix qui compte. Sa grande culture et sa connaissance profonde de l’histoire de notre pays sont des qualités essentielles pour bien gouverner. On sent une sincérité dans son engagement et dans ses combats politiques. En revanche, je regrette que ses qualités de stratège ne soient manifestement pas à la hauteur de ses qualités intellectuelles. François BAYROU est une sorte de philosophe qui aspire à rendre concrètes ses idées et ses ambitions pour la France et l’Europe mais son incapacité à faire les bons choix stratégiques l’empêchera vraisemblablement d’y parvenir. C’est terrible car cela démontre qu’en politique, ce n’est pas le plus brillant et le plus visionnaire qui gagne mais celui qui est capable de faire le plus de compromis.

 

François BAYROU est selon moi le président qu’il nous faut mais que nous n’aurons probablement jamais. A présent, je crois qu’il doit continuer à participer au débat politique mais laisser une nouvelle génération poursuivre son combat pour une troisième voie. Personnellement, j’y crois encore…

 

 

PdA : De voix, il sera également question dans cette nouvelle question. Considérez-vous que le Nouveau centre, allié de l'UMP, a réellement pu faire entendre la sienne durant les cinq dernières années (campagne 2012 comprise) ? Et qu'il a été un partenaire respecté du parti majoritaire ? Quel bilan tirez-vous de cette législature, s'agissant de vos idées, de vos valeurs ?

 

J.C. : Le Nouveau Centre n’a pas démérité. Nous nous sommes battus au Parlement pour défendre notre vision de la société. Nous avons défendu de nombreuses propositions de lois visant à rendre l’action du gouvernement plus juste. Malheureusement, ce ne sont pas 22 parlementaires qui peuvent bousculer les lignes. Concrètement, nous avons toujours été attachés à décentraliser davantage notre pays en faisant confiance aux régions, nous avons défendu la règle d’or qui prévoit des budgets en équilibre. Nous avons également alerté le gouvernement lorsque celui dérivait trop à Droite et notamment concernant Edwige ou l’affaire des Roms. A ce sujet, c’est nous qui avons été les premiers à dénoncer cette attitude irresponsable et scandaleuse. Nous défendons une société apaisée. Nous ne tolérons pas la stigmatisation, encore moins lorsqu’elle est à visée politicienne et électoraliste. Nous n’avons donc pas accepté que les Roms, citoyens européens, soient traités avec tant de méprise et de violence.

 

Alors effectivement, je crois que nous avons fait ce que nous devions faire mais que notre division (je parle de la division des centristes) ne nous a pas permis d’être suffisamment entendus au point de faire reculer ou accélérer le gouvernement précédent sur des sujets essentiels.

 

Quant à l’UMP, il est évident que face à notre division et donc notre poids politique marginal, nous étions le dernier de ses soucis. Le résultat, c’est qu’en 2012, les français n’ont pas entendu notre message et notre projet.

 

 

PdA : Vos idées, vos valeurs, justement, parlons-en. Vous vous définissez volontiers comme étant un "centriste". Qu'est-ce que cela signifie pour vous, s'agissant des valeurs (nous reviendrons sur les idées plus tard dans l'interview) ? Qu'est-ce qui vous différencie sur ce plan de l'actuelle UMP, par exemple ?

 

J.C. : C’est très simple. 3 choses :

  • L’Europe. Selon nous, il est évident que seule l’union des nations européennes est en mesure de garantir la survie de nos principes fondamentaux. On le voit bien, plus nous tardons à concrétiser la création d’une Europe politique et donc fédérale, plus nous sombrons et plus les autres puissances avancent et nous dépassent. Qui peut raisonnablement croire que 70 millions de français, seuls, peuvent concurrencer 1 milliards 400 millions de Chinois, autant d’Indiens… L’UMP reste enfermée dans les vieux schémas. Elle croit encore à la grandeur de la France. Je ne renie rien de notre histoire mais je considère que le principe de nation évolue et qu’il est temps d’offrir à la France et aux français une nouvelle grandeur. Seule la construction d’une Europe politique, populaire et démocratique nous permettra d’y arriver.

  • La décentralisation ensuite. Il faut en cesser avec la centralisation qui asphyxie notre économie. Nous devons faire confiance aux territoires et prendre conscience que chaque terroir est détenteur d’une histoire, d’une richesse, d’un rapport à ses acteurs locaux, d’un patrimoine. Nous devons donc donner aux régions une large autonomie et les encourager à innover avec des entreprises, des hommes, des femmes, des jeunes qui veulent contribuer au développement de leur territoire local qu’ils connaissent bien et auquel ils sont attachés.

  • La responsabilité de l’Etat. Il faut agir avec courage et ambition. Il faut cesser de mentir aux français pour être réélu. L’environnement doit être une priorité, la gestion responsable de nos finances publiques doit être garantie, la moralisation de la vie publique assurée. L’UMP agit avec le souci principal d’être au pouvoir, comme le PS. Et si pour cela, il faut mentir et dépenser sans compter, ils le font. Le résultat, la banqueroute et le désengagement des citoyens car ces derniers finissent par perdre espoir.

 

Voilà 3 idées principales sur lesquelles il y a des différences majeures avec l’UMP et le PS. Nous sommes prêts à défendre une 6ème République qui mettrait tout à plat !

 

 

PdA : L'idée centriste semble reprendre du poil de la bête avec l'organisation de députés d'horizons divers sous la bannière Union des démocrates et indépendants à l'Assemblée. Diriez-vous qu'il s'agit là d'une amorce de reconstitution d'un pôle centriste réellement indépendant ?

 

J.C. : Les centristes ont toujours été indépendants. Ils n’avaient en revanche pas suffisamment de poids pour peser et se faire entendre, d’où cette impression de soumission. En réalité, le groupe UDI est le prolongement de que fut l’UDF puis le NC. Nous rassemblons des députés qui souhaitent agir et réagir avec justesse dans un souci de justice pour les français. Quand nous estimerons que les orientations sont bonnes, nous le dirons. Nous voulons incarner une opposition vigilante et constructive. Le pays ne peut plus se permettre de jouer la comédie. Nos élus doivent faire tomber le masque.

 

Ensuite, j’espère que ce groupe inspirera nos élus et que les forces centristes (je parle des militants) de toutes les chapelles sauront se retrouver. D’abord pour peser et ensuite pour que les français entendent enfin notre projet. J’ai fait tout ce que je pouvais quand j’étais à la tête des Jeunes centristes. Aujourd’hui, je prends un peu de recul tout en continuant ce combat.

 

 

PdA : Longtemps patron des jeunes du Nouveau centre, vous avez tout récemment rejoint, avec André Santini, le parti Force européenne démocrate, fondé par Jean-Christophe Lagarde. Pourquoi cette rupture ? Quelle est la vocation de cette nouvelle formation ?

 

J.C. : La FED a pour objectif premier de contribuer au rassemblement de la famille centriste. Pour témoigner notre bonne foi, nous avons même décidé de permettre la double appartenance à tous ceux qui appartiennent à une autre formation centriste. Ainsi, nous démontrons notre volonté de travailler avec tout le monde, sans exclusive. Concernant les valeurs que nous défendons, pas de langue de bois. Il s’agit pour l’essentiel des mêmes que tous les autres partis. A la différence que nous offrons enfin aux Démocrates-sociaux une maison dont les alliances sont claires. La FED encouragera donc les partis du Centre à se rassembler en portant ce message partout. Ceux qui nous rejoignent sont clairement engagés dans cette voie, c’est notre cap politique. Plus largement, nous continuerons avec les jeunes, les militants et les élus à défendre notre projet de société.

 

 

PdA : Question liée aux deux précédentes. Sous quelle forme souhaitez-vous voir s'organiser à terme cette famille centriste éclatée ? Une confédération de partis indépendants mais unis lors des élections ? Un parti unique mais acceptant les "tendances" ?

 

J.C. : Le Centre est pas nature complexe. Il réunit des sensibilités de centre-droit, de centre-gauche, des démocrates-chrétiens, des libéraux… cette diversité ne peut donc pas se réunir dans une structure intégrée. Nous devons faire vivre notre famille dans le respect des opinions de chacun.

 

Notre défi est donc de faire vivre la diversité. C’est pourquoi, je suis favorable à la création d’un parti dans lequel les sensibilités cohabiteront. Concrètement, chaque parti adhèrera à la confédération, les militants feront donc partie de la même formation. Puis tous réunis, ils désigneront une équipe dirigeante du parti confédéral. Les décisions stratégiques se prendront à ce niveau. Les partis membres devront s’engager à respecter et suivre les décisions prises majoritairement ou quitter la confédération après une consultation des militants pour qu’un dirigeant ne prenne pas en otage l’ensemble des adhérents.

 

Quant aux choix des alliances, même chose. L’équipe dirigeante composée d’une partie des dirigeants de chaque formation et d’une partie élue directement par l’ensemble des militants, définira la ligne politique à suivre. En revanche je n’exclus pas par principe une alliance à gauche si un jour celle-ci évolue et se rapproche de notre projet politique plus que la Droite ne le ferait.

 

 

PdA : La viabilité d'une alternative dite centriste, vous le savez mieux que moi, se heurte à la logique implacable de l'affrontement des blocs en vigueur sous la Vè République. Valéry Giscard d'Estaing n'a été élu président que parce qu'il avait été soutenu par une bonne partie de la droite. Quel jugement portez-vous sur cette Vè République ? Pensez-vous sincèrement qu'un mouvement centriste indépendant puisse réellement exister dans ce cadre ?

 

J.C. : Je crois simplement que notre faiblesse nous incombe. Si nous parvenons à nous réunir, former une nouvelle génération, parler avec simplicité et sincérité des problèmes que notre pays rencontre, et qu’enfin, nous parvenons à faire émerger un leader (je dis bien que NOUS parvenons à faire émerger COLLECTIVEMENT un leader), nous pouvons être en mesure d’inspirer confiance aux français. Si nous inspirons confiance, nous serons en mesure de gagner et qui sait, de mener une coalition avec ceux qui se sentiront le plus proche de nous. Si VGE l’a fait, c’est possible de le refaire !

 

A ce moment-là, il faudra réformer le pays en profondeur et permettre dans nos institutions l’expression de tous au Parlement. Clairement, instaurer un système en partie proportionnel.

 

 

PdA : Cette question nous amène naturellement vers celle, fondamentale, de la proportionnelle. Êtes-vous favorable à la proportionnelle intégrale ou partielle ? Sur la base de listes locales ou nationales ? Et celle-ci serait-elle "pure" ou bien tempérée par un système de prime au parti majoritaire ? Derrière ce dernier point, il y a bien sûr la question de l'instabilité (dans une période déjà fort troublée), le souvenir de la IVè République avec les coalitions qui se font et se défont. Quelle est, le plus complètement possible, car l'enjeu est majeur, votre vision sur cette question ?

 

J.C. : Je souhaite une proportionnelle partielle qui garantisse justement une stabilité gouvernementale. Le système actuel où les députés sont élus au suffrage universel direct me convient. Il est important que chacun puisse s’adresser à quelqu’un en cas de besoin. La république doit avoir un visage. Les partis majoritaires seront bien entendu avantagés pour que se dégage une majorité claire qui puisse gouverner efficacement. A travers cette question il s’agit plus de permettre à chaque français d’être représenté que de donner à tout le monde la possibilité de bloquer ou de gouverner. La démocratie, c’est l’expression d’une confiance populaire à un tiers.

 

 

PdA : Quelles sont, pour rester sur l'organisation des pouvoirs, les autres réformes institutionnelles qui vous paraissent être fondamentales ? Souhaitez-vous qu'il y ait une modification du calendrier électoral (qui voit les législatives succéder directement à la présidentielle pour une même durée de mandats) ? Souhaitez-vous la fin de l'élection du Président de la République au suffrage universel direct, que suivrait l'instauration d'un véritable régime parlementaire ? D'autres choses ?

 

J.C. : C’est une question très intéressante qui me permettra de vous dire sincèrement et profondément quelles sont mes convictions. Personnellement, je suis favorable à la suppression du poste de Président de la République. Je m’explique. Européiste, convaincu que seule l’Union européenne (dans un format plus populaire et démocratique) pourra garantir la survie de nos valeurs et de notre histoire, je crois que nous devons donner une voix politique à l’Europe. Cette voix ne doit souffrir d’aucune contradiction institutionnelle. C’est pourquoi, si nous voulons donner une existence réelle à l’Europe, nous devons selon moi supprimer le poste de président de la République et confier les affaires de notre Etat au gouvernement qui serait alors dirigé par un Premier ministre. Cela fonctionne partout en Europe, nous pourrons nous y faire également. Mais cette suppression n’est envisageable que si nous avons un Président de l’Union européenne qui ait un rôle important et qui soit le fruit d’un processus démocratique direct ou indirect. En effet, je pense que l’importance du président de la République française liée à la confiance qu’il reçoit de manière directe de tout un peuple empêche toute émergence d’une forte personnalité politique européenne.

 

 

PdA : La famille centriste s'est illustrée depuis longtemps, souvent en solitaire, dans sa mise en garde contre les déficits publics excessifs. Nous voici parvenus à une situation où la dette est devenue écrasante. Quelles sont, dans les grandes lignes, vos solutions pour faire repartir la croissance et contenir les déficits ?

 

J.C. : Je le disais plus tôt, il faut décentraliser notre pays réellement et adopter la règle d’or. Ces deux réformes sont les préalables à toute politique d’investissement et de croissance. Sans responsabilité et sans confiance dans nos territoires, nous ne sortirons pas de la crise. Ensuite, il faut révolutionner notre système éducatif et adapter notre système de formation et d’accompagnement vers le retour à l’emploi au 21ème siècle. Un exemple concret, nous devons absolument faire en sorte qu’un agent du Pôle Emploi ait une expérience professionnelle dans le privé et/ou le public. Comment bien orienter un chômeur sans connaissance concrète du monde du travail. Même chose pour les enseignants, je crois que le parcours d’un enseignant doit comprendre avant ou pendant sa carrière une expérience dans le monde du travail. Comment enseigner les bases des connaissances nécessaires à la formation professionnelle sans connaître le monde du travail (je parle des enseignants du secondaire) ?

 

Si tout cela peut sembler éloigné des questions liées au déficit public, il n’en est rien. Nous n’en sommes plus aux petites réformes. Le pays a besoin de réformes structurelles. Nous devons traiter le mal par la racine. Si la France entre en récession, si les entreprises ne produisent plus assez, si les jeunes sont moins compétitifs, c’est parce que notre formation et notre administration ne sont plus efficaces. Il faut donc réformer notre pays en profondeur pour récréer la confiance. Pour cela, il faut oser s’inspirer de l’étranger tout en conservant nos valeurs.

 

Enfin pour donner un coup de pouce aux finances publiques, il ne faut surtout pas hésiter à taxer les transactions financières. Mais là aussi, ce serait plus efficace si l’Europe toute entière adoptait cette mesure…

 

 

PdA : Un autre grand pilier du centrisme, c'est celui de la construction européenne. Il en est beaucoup question en ce moment, alors que le niveau des dettes publiques européennes semble mettre en péril la monnaie unique elle-même. Nombre de voix s'élèvent pour réclamer une intégration communautaire accrue, notamment en matière budgétaire. Peut-être un pas de plus vers un fédéralisme européen, une idée au cœur de l'idéal centriste. Quelle Europe souhaitez-vous, à terme ?

 

J.C. : Je l’ai dit tout au long de l’interview car pour moi, la question européenne n’est pas une question à traiter séparément. L’Europe est notre cadre, nous avons besoin de règles justes et claires. Sans règles, on obtient vite un brouillon. Il faut fixer des règles et définir des limites. Les règles sont guidées par la solidarité et doivent découler d’un processus majoritaire. Le consensus tue l’Europe. Nous devons donc créer une Europe politique davantage populaire et démocratique. Nous devons également procéder à l’élection directe ou indirecte d’un président de l’Union européenne qui serait notre représentant dans toutes les instances internationales. Bien entendu, on ne peut pas laisser un homme décider et parler librement au nom de 27 nations. Nous devons donc avoir un parlement fort et des commissaires européens (l’équivalent de nos ministres) réellement compétents.

 

Je milite également pour que cette Europe fédérale clarifie son fonctionnement. Personnellement je souhaite que l’Europe et les régions de l’Union européenne (il existe d’ailleurs un comité des régions de l’UE) agissent de concert sur les sujets stratégiques notamment concernant le développement économique et la formation. Concernant les questions sociales, au-delà la nécessité évidente de fixer un cadre concernant les prestations sociales, les salaires, le prix des produits de première nécessité, je considère que c’est aux nations et aux échelles départementales/locales de décider car ce sont elles qui connaissent le mieux les réalités sociologiques et sociales.

 

Il faut donc clarifier les compétences. La stratégie et de le développement pour l’UE et les Régions et l’accompagnement social pour les nations et leurs échelons locaux.

 

 

PdA : Avez-vous à l'esprit des sujets de société qui mériteraient pour vous de faire l'objet de "réformes" ?

 

J.C. : L’Education et nos institutions… Il faut également valoriser nos Outre-Mer qui ont tant de choses à nous apprendre…

 

 

PdA : L'ensemble de vos priorités n'ont sans doute pas été abordées ici. Que souhaiteriez-vous ajouter en la matière ?

 

J.C. : Que sans espoir, nous ne parviendrons pas à retrouver le chemin de la croissance et de la prospérité qui, jadis, ont fait la gloire de la France et de l’Europe. Nous devons donc nous remettre en question pour adapter notre vision du monde aux réalités du 21ème siècle et bâtir tous ensemble une Europe puissance qui soit à nouveau un modèle pour le monde.

 

 

PdA : Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste aujourd'hui quant à l'avenir de la France et de l'Europe ?

 

J.C. : Je suis inquiet quand je vois l’état du monde mais je demeure un éternel optimiste car l’Homme est avant tout génie.

 

 

PdA : Si vous désirez adresser un message à nos lecteurs ou à quelqu'un en particulier, lancer un appel... profitez-en, c'est ici, c'est maintenant !

 

J.C. : Je lance un appel à tous ces jeunes qui au fond d’eux-mêmes souhaitent construire une société alternative. Tous ceux qui prennent conscience que nous devons modifier notre regard sur le monde et retrouver plus de simplicité dans notre rapport aux autres et à notre environnement.

 

Je les invite donc à se parler et s’unir pour créer une force militante qui défendra à la fois notre histoire et nos valeurs mais qui dans le même temps sera ouverte au changement tant que celui se fonde sur le respect et le dialogue. Mettons fin aux barrières partisanes et créons plutôt des digues qui séparent ceux qui veulent un monde nouveau de ceux qui veulent conserver et défendre celui-ci, qui clive et nous appauvrit. Nicolas HULOT disait : « Je veux mettre fin à mes illusions, réaliser mes rêves » et j’ajouterai à cela : notre système est une illusion confortable ! A méditer…

 

 

PdA : Dernière question, qui n'en est pas une... Pour vous permettre de conclure l'interview comme il vous plaira. Vous pouvez approfondir un sujet pas suffisamment traité, ou bien en aborder un autre...

 

J.C. : Comme en son temps où ceux qui voulaient philosopher sur le monde se retrouvaient dans des cafés, j’invite ceux qui me liront à me contacter pour prendre un café et rêver à un monde nouveau… ;)

 

 

 

(Question supplémentaire, posée à Jérémy Coste le 14 août. Réponse reçue le même jour, quelques minutes plus tard)

 

PdA : Quelques mots sur les Jeux olympiques de Londres ?

 

J.C. : Les Jeux olympiques sont d'abord une exceptionnelle démonstration d'humilité. Ces champions soulèvent des foules, relèvent des défis, remportent des records et restent souvent simples et respectueux. Ces athlètes, qui pendant 17 jours nous ont fait vibrer, rêver et parfois pleurer, se sont battus en donnant le meilleur d'eux-mêmes.

  

L'olympisme que notre baron Pierre de Coubertin a remis au goût du jour représente ces valeurs de respect et de combativité. Les athlètes du monde entier se sont battus contre eux-mêmes et pour leur famille, mais cette famille s'agrandit le temps d'une épreuve et c'est tout un pays qui est derrière eux. Dès lors, ils ne se battent plus uniquement pour eux mais pour offrir de la fierté à leurs compatriotes. Le temps d'une course, d'un plongeon, d'un saut... toute une nation se surprend à espérer l'or ou la performance. A ce moment, il n'y a plus d'hésitation, on appartient tous à la même nation. Plus de division, plus de suspicion, on ressent tous ce formidable frisson qui envahit notre corps et nous donne la rage de la victoire. On aspire à la fierté et au spectaculaire. Voilà les sensations des jeux olympiques. On y croit, on encourage, on espère, on rit, on pleure, on explose de joie... pour une médaille ou pour l'exploit, ce qui compte c'est uniquement de prendre du plaisir. Et finalement, peu importe la médaille ou sa couleur, on ne retient que l'essentiel : l'effort.

 

Notre équipe de France a été formidable. 11 belles médailles d'or, autant de champions. C'est en tout 34 exploits que le sport français a réalisé. En revanche, cette aventure de Londres 2012 ne doit pas nous faire oublier la nécessité pour la France d'investir davantage sur le sport comme vecteur d'éducation. Autrefois, le sport était populaire, il réunissait des foules immenses. Aujourd'hui, il n'y a guère que le football qui remplit des stades, et pas toujours pour de nobles intentions. La France doit donc encourager les étudiants à faire du sport dans les championnats scolaires et universitaires. C'est la première marche vers un club ou une fédération lorsqu'on a pas la chance d'avoir une famille de sportifs. Le sport est également un outil de santé publique que l'on ne développe pas suffisamment. Bref, le sport c'est la santé, la vitalité, l'effort, le respect. Le souffle de Londres ne doit pas disparaître... Il faut revoir le temps scolaire et permettre aux jeunes de pratiquer obligatoirement une activité culturelle ou sportive l'après midi. C'est une proposition que je défends depuis des années. Tout comme le défilé des nations lors de la cérémonie d'ouverture des jeux derrière la bannière européenne et l'envolée du drapeau européen au coté du drapeau national à chaque fois qu'un sportif de l'Union européenne monte sur un podium... Rêvons ! 

 

 

 

Je tiens à remercier, une fois de plus, Jérémy Coste pour ses réponses et pour nos échanges ! Phil Defer

 

 

 

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Times New Roman > Georgia : 30/09/12

25 février 2013

Alain Duverne : "Les Guignols devraient aller plus loin"

   Pour introduire ce nouvel entretien, je vais - une fois n'est pas coutume - laisser parler mon invité. Voici comment Monsieur Alain Duverne, concepteur en chef des Guignols depuis l'origine, avait répondu à ma sollicitation, à la fin du mois de janvier. Des mots que je ne pouvais pas ne pas inclure dans le présent document...

   « J'entends des gens remercier l'école républicaine, ils disent qu'il lui doivent tout. Moi, elle a mis mon enfance dans la grisaille, mais je dois beaucoup à des gars comme Alain de Greef. Il aurait dû rester avec ses nombreux enfants, que nous avons élevés ensemble. Lui était le papa des Guignols, moi la maman. Ce n'était pas le mariage pour tous mais le mariage de l'intelligence et du fin bricolage. On marie aussi le cuivre et le zinc pour faire du bronze et je marie la sculpture d'un Guignol, avec l'écoute de livres audio, pour rendre le travail manuel aussi très intelligent. Il n'y a pas besoin d'utiliser le mot "mariage" venu des religieux au 11ème siècle pour un contrat civil d'union avec deux mêmes entités. Les responsables politiques qui tiennent à tordre ainsi le mot "mariage" touchent le fond de la démagogie chafouine... à moins que cela ne présage l'une des plus grandes conquêtes de l'histoire... ».

   Le décor est posé, place à l'Artiste ; un artiste engagé, un artiste passionné et passionnant... Après celle du papa, j'ai l'honneur et la joie de vous présenter mon interview de la maman des Guignols. Une bien belle famille... Et pour moi, un rêve de gosse... Merci infiniment, cher Alain Duverne, pour ce beau cadeau. Bonne lecture ! Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

ALAIN DUVERNE

 

« Les Guignols devraient

aller plus loin »

 

Alain Duverne 1

(Photos fournies par Alain Duverne)

 

Q. : 17/02/13 ; R. : 22-25/02/13

 

Paroles d'Actu : Bonjour Alain Duverne. Comment allez-vous ?

 

Alain Duverne : Je vais à pieds, en vélo, en taxi, en métro, en bus... selon les lieux, selon les heures, selon les manifs, selon la pluie ou le beau temps. Je suis souple, je m'adapte.

 

PdA : C'était quoi votre vie, avant de construire des marionnettes, avant le Bébête Show ?

 

A.D. : Tu es une « petite nature », disait avec tendresse mon père, quand j’étais réfugié dans le giron de ma mère, pour conjurer mes chagrins scolaires. Tant qu’il y avait de l’encre dans le stylo des autorités éducatives, ces deux mots s’inscrivaient à répétition d’une année sur l’autre à travers les trimestres : « agité et bavard », « agité et bavard »... Petite nature, agité et bavard.

 

Après un service militaire marqué par la découverte d’un large échantillon de mes contemporains, j’ai passé quelques années en laboratoire de fiabilité de composants électroniques chez Ericsson pour travailler à l’obsolescence programmée. J’ai vite quitté ce bateau naufragé d’avance. J’ai commencé alors à vivre dans le maquis de l’existence pour apprendre à faire “ mon devoir d’être heureux ! ”.

 

Je découvre l’incroyable pouvoir d’expression des marionnettes de Philippe Genty. J’ai vu là les instruments qui me tombaient du ciel pour “ dire ”. Dire des réalités… Des vérités, celles qui sortent de la bouche des enfants ! Avec ces instruments, je peux m’amuser à mettre en lumière les surplus de tartuferies, construire des passerelles, échafauder des thèses… Mon luxe est caché là : par l’activité manuelle dans les fabrications, intellectuelle dans l’écriture, physique et expressive dans la mise en scène et manipulation.

 

La suite, en quelques mots : plus de 200 représentations des “ Œufs de Hasard ”, spectacle théâtral visuel et musical (qu'il a créé, ndlr). Sociétaire de la S.A.C.D. Nombreuses créations de marionnettes et écriture pour les programmes jeunesse de TF1 et Antenne 2. Puis le célèbre Bébête Show...

  

PdA : Le Bébête Show, c'est un concept très novateur pour l'époque... Une belle aventure ?

 

A.D. : C'était une première mondiale. Les chansonniers, humoristes... disparaissaient derrière les politiciens sculptés en mousse de polyuréthane. Depuis, une vingtaine de pays ont suivi cette comédie manipulable populaire. Je n'avais jamais fait que des marionnettes pour les enfants. Avec les playmates aux seins nus, j'étais servi, dans le programme de Stéphane Collaro ! À la télé, on acquiert la célébrité et on gagne de l'argent. J'ai pu me payer un atelier. L'estime, on la gagne au théâtre.

 

PdA : Dans les années 80, Français et Anglais rivalisent de bonnes idées en matière d'humour satirique. Le Bébête leur inspire Spitting Image. Le concept va intéresser un certain Alain de Greef... Les Guignols sont sur le point de naître, ou presque... Au départ, ça s'appelle Les Arènes de l'info...

 

A.D. : C'est le départ des Nuls qui amène Alain de Greef à tenter l'aventure des Guignols, inspirée de Spitting Image. En janvier 1988, j'ai fait les 10 premières marios, pour tourner un pilote. J'avais déjà mon équipe de manipulateurs, seulement, les auteurs entraînés au style humour anglais manquaient dans l'équipe. Les Arènes de l'info ont donc été écrites par les auteurs qui écrivaient pour les Nuls. Mais une marionnette ne sait pas jouer la finesse que pouvait faire passer la bande à Alain Chabat. L'écriture s'est améliorée par la suite pour culminer en 95 pendant les présidentielles.

 

PdA : Vous m'avez dit, évoquant les Guignols et Alain de Greef, « Lui était le papa, (...) moi la maman ». La suite, chacun la connaît : un couple heureux avec de beaux, de nombreux enfants. Des précurseurs ! Mais avant toute histoire d'amour, il y a une rencontre... Vous nous la racontez ?

 

A.D. : Ayant approché les arrogants énarques - ou équivalents - qui dirigeaient TF1 ou Antenne 2, mes premières rencontres avec Alain dans la tour Olivier-de-Serres, où l'équipe de Canal + oeuvrait à l'étroit, j'avais du mal à les prendre au sérieux. Ils ressemblaient à mes potes. Quant Alain de Greef m'apprit qu'il voulait faire Spitting Image, que je connaissais pour être allé les voir lors d'enregistrements, j'ai tout de suite dit, « Vous savez qu'un programme comme cela coûte au moins 80 000 francs la minute ? ». Il m'a répondu « oui ».

 

Sachant que la grosse chaîne française TF1 mégotait pour le Bébête Show, qui devait coûter dix fois moins, j'ai d'abord pensé qu'Alain s'était trompé d'un zéro ! Pas du tout, passé la porte de Canal, je changeais de pays. Pour la première fois, un dirigeant prenait la marionnette au sérieux. À l'époque, les émissions de variétés anglaises avaient quinze ans d'avance sur les françaises.

 

Nos enfants de caoutchouc ? Tous des fanfarons qui s'agitent dans la lumière et qui nous disent ce qu'on veut entendre. Si ce sont des présentateurs, des artistes ou des journalistes, pourquoi pas... mais les politiques sont pareils.

 

PdA : PPD, évidemment... Chirac... Johnny... Trois marionnettes, parmi les plus emblématiques. Leur design est-il venu naturellement ?

 

A.D. : En démocratie, nous sommes à peu près égaux devant la loi, mais en caricature nous ne le sommes pas du tout. Ces trois-là sont évidemment de bons clients, les présidents ou les premiers ministres de droite le sont aussi. Thatcher, Aznar en Espagne, Chirac, Sarkozy... leur dessin, je dirais que ça s'écrit comme ça se prononce. Ils ont des gueules qui marquent, une voix aussi. Il suffit de recopier en en retranchant là on il y en a le moins et en en rajoutant là où il y en a plus.

 

Plus ou moins, c'est pas rapport à un visage moyen, où toutes les parties sont moyennes. Si le front d'un sujet est large, il sera modelé encore plus large. Si les lèvres sont minces, elles seront encore plus minces. Si le menton est petit, il sera encore plus petit. Cela pour toutes les parties du visage. Le moindre détail qui sort de la moyenne, il faut lui faire un sort.

 

PdA : Sans faire de mauvais esprit... vous vous êtes arraché les cheveux, pour certaines réalisations ?

 

A.D. : J'ai perdu mes cheveux pendant les six ans d'un procès, au début des Guignols, suite aux manigances d'un producteur un peu trop audacieux... Et je me suis arraché ceux qui restaient avec Ségolène Royal, avec Strauss-Kahn, récemment avec Montebourg. Difficile de dire pourquoi, les stars de la caricature ont aussi des difficultés avec des têtes qui résistent et ne laissent pas montrer le bout par lequel il faut les prendre.

 

PdA : Je sais qu'on ne demande pas à une maman d'émettre ouvertement des préférences lorsque l'on parle de ses enfants... Quelles sont, malgré cela, les marionnettes pour lesquelles vous avez une tendresse particulière, et pourquoi ?

 

A.D. : Rien de très différent, comparé avec les stars reconnues par tous. Les auteurs ont su trouver des jeux fabuleux pour Jean-Paul II, une faconde craquante pour de Villiers, des dialogues dignes de Marcel Pagnol pour Papin et Cantona...

 

PdA : Pauvre Stallone... Il incarne, bien malgré lui, tout ce que l'Amérique, le business, la religion comptent d'excès, de cynisme éhontés. Vous n'avez pas honte ? ;-) Vous saviez à quelle sauce il allait être mangé avant de créer son Guignol ?

 

A.D. : Personne ne le savait, sauf que chacun tombe du côté de son penchant. C'est-à-dire que les auteurs ont la finesse de trouver le juste penchant de nos créatures.

 

PdA : Est-ce qu'il vous est déjà arrivé, d'ailleurs, de livrer telle ou telle marionnette avec à l'esprit, au-delà du physique, un trait de caractère, une personnalité ? "Je le vois bien comme ça, d'ailleurs j'ai accentué ce trait du visage pour souligner cet aspect du personnage". Vous êtes écouté par l'équipe, s'agissant de la vie post-création du Guignol ?

 

A.D. : Les auteurs n'ont pas souvent trop d'a priori, le personnage s'épure avec la voix, de sketch en sketch.

 

PdA : Combien de marionnettes avez-vous créées, à ce jour ?

 

A.D. : Je ne sais pas exactement... Entre 5 et 700. Il n'y a pas que les Guignols.

 

PdA : De quoi remplir un Musée des Guignols... Je vous garantis que ça marcherait ! Fantasme - assumé - de ma part... Réalisable, à votre avis ?

 

A.D. : Il ne s’agit ni d’une sculpture, ni d’une œuvre d’art mais d’un “ instrument de comédie ”. La musique a aussi les siens. Voir ces marionnettes immobiles, ça les tue un peu. 4 ou 5 footballeurs sont visibles au Musée des Sports.

 

PdA : Revenons à leur conception. Combien êtes-vous à créer les Guignols ? Vous nous parlez de votre équipe ?

 

A.D. : Franck Demory, au cheveu dru argenté, est devenu spécialiste des mécanismes. Il doit y avoir une trentaine de petites pièces par mécanisme des yeux - gauche, droite, et paupières. Avec ses deux bras, il fait comme s'il en avait quatre pour ajuster les iris, au dixième de millimètre près. Il est le maître de tous les accessoires et effets spéciaux qui rendent magiques les sketchs.

 

Bénédicte Fay, fine madone discrète au regard doux et mélancolique, fait les moules en résine stratifiée et les tirages en mousse de latex. C'est une cuisine délicate à mettre en oeuvre et à digérer.

 

L'énergique Alex Leseur chante et rit avec gourmandise. Elle peint à l'aérographe le maquillage avec du latex teinté. Elle a les nerfs solides, parce qu'il ne faut pas s'énerver, avec cette émanation gluante élastique, et néanmoins naturelle.

 

Annaïc Penon, taille mince comme un modèle haute couture et hauts talons, taille dans les perruques pour les ajuster sur des têtes patatoïdales et taille les bustes dans la mousse de polyuréthane.

 

L'air qui entoure la grande Sophie Coeffic n'a pas la même densité qu'ailleurs, sans qu'elle perde sa belle énergie, tous ses mouvements ondulent. Elle ne rate pas une occasion pour nous éclairer de son rire mais, a contrario, elle n'en rate pas une, cinglante, pour terroriser la bêtise et l'orgueil mal placé. Sophie est la première personne qui, arrivant ici, connaissait déjà 80% des secrets pour créer une marionnette. C'est normal, elle ondule aussi en rythmes dans l'atelier de mon maître Philippe Genty.

 

Laetitia Calzetta passe de Photoshop à l'imprimerie ; elle s'occupe de toutes les affiches, couvertures de presse, jaquettes de DVD guignolisés. Elle fabrique aussi tous les insolites accessoires. Elle est la dernière arrivée. Elle habite avec d'autres artistes et artisans, dans une usine en grande banlieue. Les trajets sont longs, elle organise méticuleusement son temps.

 

Corinne Bron est la patience, la gentillesse, la grâce et le savoir administratif qui font dormir le gérant d'Images et Mouvement comme un bébé. Elle fait aussi les mystiques feuilles de paie. Carolle et Léo sont restés plus de dix ans. Seb, Laurent aussi. Ils et elles continuent, à leur gré, notre artisanat particulier, plutôt en période de développement. Stéphane, pilote d'avion amateur, est mort d'une chute de ski... Philippe est parti dessiner des voiliers au Maroc. Christian, Sami sont les plus doués de tous. Thierry, Cyril, Véronique, Stéphane, Monique sont passés de l'atelier à la manipulation.

 

Tant d'autres sont passés au troisième étage de notre usine parisienne. Surtout des filles. Sur 100 CV reçus à la société, de gens venus globalement d'écoles d'Arts appliqués, plus de 95% sont des filles ! Cherchez l'erreur ou la juste conjugaison... J'ai aussi recruté une vingtaine d'autres manipulateurs, pour les Guignols.

 

Alain Duverne 2

 

PdA : Accepteriez-vous de nous narrer, en quelques étapes clés, la confection d'un personnage, celui de votre choix ?

 

A.D. : Beaucoup d’indices entrent en jeu pour dégager la vérité du personnage. Globalement, il s’agit des proportions du dessin du visage et de la disposition de chaque élément par rapport à l’ensemble. Tout ce qui se passe autour du regard est capital : la profondeur, la place et la grosseur des yeux par rapport à l’arcade sourcilière et aux joues ; l’écart entre les yeux, la grandeur de l’iris ; la position de l’axe des paupières vis-à-vis de l’iris ; la direction des lignes hautes et basses qui coupent l’iris ; l’épaisseur des paupières et des cils ; le dessin et le volume des sourcils. Chacun de ces éléments doit être chargé en fonction de leurs caractéristiques.

 

Pour tout le reste, c’est centimètre- cube par centimètre cube qu’il faudra négocier. Prenons le cas du nez, et de ses narines : à tout vent, auguste, timide, sec, busqué, tourmenté, dodu, pointu, poilu, aguicheur, retroussé, épais, épaté, moqueur, proéminent... ou le pilier en bas-relief du front, précieux, ornementé, strict, solide, crochu m’as-tu-vu. La nature est ainsi, son choix n’est pas si mal... le seul nez imbécile serait le nez normal.

 

C’est la position la plus caractéristique des lèvres pendant l’élocution qui sera choisie. Tout ce qui est poil et cheveux, quand c’est fait d’un manière très soignée, ajoute une touche très réaliste au Guignol. Les modifications apportés aux parties poussent à des corrections dans l’équilibre du tout. Si je grossis les joues et les maxillaires, le front et l’espace des yeux seront logiquement réduits. Si la bouche doit être agrandie, il faudra bien réduire l’épaisseur des joues si la mâchoire n’a pas à être élargie. Ces simples règles ont évidemment des exceptions.

 

Notre Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, est un épais aux petit nez tordu et petites narines. Il n'entre pas assez d'air dans ce corps rigide. Les lèvres et les joues sont plutôt petites mais épaisses aussi. C'est l'avancée du front et celle des arcades sourcilières touffues et proéminentes qui sont sa principale caractéristique. J'aurais pu en faire davantage, sur ce point. Nous sommes plutôt, aux Guignols, dans des charges caricaturales modestes.

 

PdA : Qu'est-ce qui différencie, techniquement parlant, les Guignols de la fin des années 80 de ceux de 2013 ?

 

A.D. : Tout est plus précis, plus soigné, plus sécurisé, plus solide, plus confortable pour la manipulation. Il n'y a que la mousse de latex que l'on connaît un peu mieux, mais c'est un produit naturel dont on ne maîtrise pas tous les caprices. Des têtes fonctionnent depuis quinze ans, d'autres deviennent bisquottes beaucoup plus tôt, malgré les anti-oxydants.

 

PdA : Êtes-vous, globalement, toujours en phase avec leur humour ? D'accord, à l'aise avec ce que les auteurs font dire à vos bébés ? ;-)

 

A.D. : Avec leur humour, je suis en phase. "La critique est aisée mais l'art est difficile". Ils sont bons, bûcheurs et acharnés. A contrario, c'est sur leur penchant politique que je souffre. Deux exemples :

1. Aux 9 suicides de France Télécom, il faut répondre par les 70 suicides de paysans, mais ne pas surjouer sur ce qui a été déjà dit par le PS.

2. Concernant l'eau de javel jetée sur tous les restes des cantines scolaires et des restaurants pour qu'ils ne soient pas réutilisés, il faut se révolter violemment contre ce gâchis organisé et décadent, mais les Guignols de Canal + approuvent ? J'ai bu toute mon enfance de succulents jus venant d'oranges abîmées dans des cageots que mon père, petit fonctionnaire libre d'esprit, ramenait régulièrement des Halles. Ce geste de mon père a été formateur pour la vie.

 

J'ai toujours pensé que le pouvoir des marionnettes autorisait, en visant juste, à blâmer les corruptions des pouvoirs mais plus encore, à dérouiller les conservatismes fâcheux des gentils mammifères humains grincheux autant acclimatés en France à la chicane qu’a la servitude volontaire, peu soucieuse de son avenir. Il n’y pas que les saillies capitalistes de l'Américain Mr Sylvestre qui coincent un pays, la lente avancée de ses propres arthroses est aussi très efficace. Nos fanfarons de caoutchouc pourraient afficher dans la rigolade ces stigmates de la décadence pour mieux les ringardiser. Mais voila, la machine Guignols, malgré son grand pouvoir pédagogique, agit comme les communicants et les chansonniers ; elle ne rebondit que sur des opinions et des croyances déjà entendus. "On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde", c’est la loi de la séductrice TV.

 

N’imaginez pas pour autant qu’un directeur d’édition à Canal + censure les auteurs, les auteurs des Guignols ont le génie d’écrire et d’inventer ce que nos spectateurs veulent entendre. C’est-à-dire, rester dans le politiquement correct, forme acceptée auprès d’un large public, au risque de s’attarder un peu trop dans la pensée unique bobocrate. Notre public, ce sont les 15-30 ans. Ceux qui s’éclatent dans le théâtre bondé de l’humoriste Dieudonné-le-proscrit, sont plutôt les 20-35 ans. Déjà, en son temps, Fernand Raynaud était beaucoup plus cinglant pour tout le monde en cabaret qu'à la radio. Coluche tapait autant sur les flics, les Belges, les syndicalistes, les juifs, les chrétiens, les musulmans. Tous les biens-pensants soumis aux maîtres obscurs le jugeaient raciste.

 

Maintenant, les ouvriers des groupes internationaux se font licencier. Ils aimeraient bien rester en place, puisque le groupe est bénéficiaire ? En fait, ces ouvriers français voudraient bien partager les bénefs que leurs patrons font sur le dos des ouvriers des usines du tiers-monde ! Un proverbe dit : "Le receleur est pire que le voleur"... Donc aujourd'hui, motus. Quel humoriste oserait rire de cela dans les grands médias ?

 

PdA : Les Guignols ont 25 ans... Quel regard portez-vous sur leur évolution depuis une génération ? Les points positifs ? Ce qui l'est un peu moins ?

 

A.D. : En 1973, le subtil observateur Alain Peyrefitte a écrit Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera. Un document des archives de l’INA montre, la même année, un autre ministre de Pompidou, Michel Debré, expliquer, suite au  premier choc pétrolier , à quel point utiliser le terme de crise était un contre-sens. Car, par définition, une crise connaît une montée, un pic paroxysmique puis, un retour à la normale. Mais, cette fois, le monde entier, dit-il, entre dans une “ guerre économique sans fin .

 

Plus le peuple découvre les quarante ans de mensonges politiques, plus il comprend l'état de décadence du pays... Les Guignols, eux, continuent d'avancer sur des oeufs... ils n'osent pas.

 

Le mariage pour tous est une extravagante mine d'humour. L’objectif est clair, il mettra sur le marché le futur bébé garanti par l’État et produit en utérus d’élastomère, bébé pour tous et pour toutes les bourses des papas pédés. Après « Tu n’accoucheras plus dans la douleur », qui rayait de la Bible « Tu accoucheras dans la douleur », et pour faire vraiment la nique aux catholiques, le bouquet de la mariée arrive ; « Tu n’accoucheras plus du tout, la techno-science s’occupera de ta ligne ». Les industriels sont bien sûr partants pour concrétiser cette utopie, les jeunes que j’ai interrogés dans la manif du mariage pour tous aussi et, à terme, beaucoup de femmes seront intéressées. Le marché de l'embryogénie du bébé est là.

 

Ce qui est positif, dans les Guignols comme dans mon atelier, c'est d'avoir toujours plus de perfectionnements techniques ; je pense aux costumes, aux lumières, aux perruques, aux trucages, aux réalisations des petits films... Les voix sont parfaites depuis le début, le plus-que-parfait n'existe pas chez nous. Le “ plus-que-parfait ” n'est qu'une bêtise qui emmerde les enfants à l'école, alors qu'avant 5 ans, ils ont déjà instinctivement intégré la grammaire.

 

En philosophie politique, je dirais que les Guignols, comme nos spectacles, sont du divertissement d'avant-guerre. C'est ainsi. Mais dormez tranquilles, il n'y aura pas de guerre, seulement un long carême venue de l'économie ; cette fois, la religion n'est pas dans le coup.

 

PdA : Quels sont, sur toutes ces années, vos grands moments avec les Guignols ; en coulisses comme en tant que spectateur ?

 

A.D. : En coulisses, les fêtes de l'époque d'Alain de Greef. En tant que spectateur, Le monsieur te demande... et Mangez des pommes (la campagne de J. Chirac pour 95, ndlr). Le couple Papin-Cantona...

 

PdA : Quels secrets, quels scoops pourriez-vous nous dévoiler à propos des Guignols ? Quelque chose qui n'aurait jamais été révélé au public... ?

 

A.D. : Une marionnette de Chirac a été volée... une de Stallone perdue. Pour le détail.

 

Pour beaucoup plus gros : Canal + a dû verser 3 millions de francs à un producteur, celui avec qui j'ai été longtemps en procès. Cet escroc avait déposé le projet du programme des Guignols, à son nom, à une société de protection industrielle. Il pouvait faire chanter Canal + en disant, "Vous faites mon programme". Canal + a payé, ne voulant pas être éclaboussée par un procès.

 

À cette époque, Mitterrand disait à ses ministres, "N'allez jamais en justice, surtout si vous n'êtes pas dans votre tort !". La maison de production a pris ses 3 millions de francs, et plus personne n'a jamais entendu parler d'elle. Elle était sur liste noire pour toutes les chaînes françaises et d'Europe.

 

PdA : Revoyez-vous toujours Alain de Greef ? Les "historiques" de Canal ? Êtes-vous, vous aussi, nostalgique d'un certain esprit dont on a dit qu'il avait animé la chaîne à ses débuts ?

 

A.D. : Depuis que j'ai l'imail d'Alain, je vais reprendre contact. Philippe Genty et lui sont mes deux mentors. Je ne suis pas nostalgique d'un certain esprit, mais plus d'une volonté collective de faire des choses avec amour pour une bonne cause. Faire des marios pour une TV tunisienne qui pense amener, grâce à elles, de la laïcité au Maghreb... ça, ça a de la gueule !

 

PdA : Quels programmes aimez-vous regarder, sur Canal ou ailleurs ? Quel jugement de téléspectateur portez-vous sur la télé d'aujourd'hui ?

 

A.D. : Parfois Paris Première, le soir. Les chaînes d'info en continu, LCP, en particulier, avec Bibliothèque Médicis. Des films sur le bouquet Canal +, des chaînes thématiques sur la nature... Le  gros du reste me fait penser au mot anglais “ entertainement ”, traduit par divertir, ou distraire.

 

Ce flot ininterrompu de gens en couleurs, agités et bavards, semble maintenir en survie une moitié de  France en léthargie. Si ça s'éteint, j'imagine cette demi-France s'avachir sur elle-même, en compote sur les canapés. Mais l'autre moitié de la France est en pleine santé. Il y a toujours deux France qui se regardent en chien de faïence, depuis Jeanne d'Arc, depuis l'édit de Nantes, depuis la Révolution, depuis la dernière guerre. Quand je vote, je vote Bayrou. 

 

PdA : Quelles sont vos autres passions, celles que l'on ne connaît pas forcément de vous ?

 

A.D. : Mon paradis est de modeler un Guignol en écoutant un livre audio ; le dernier, c'était Ayrault au modelage, et Chagrin d'école, de Daniel Pennac, à l'écoute.

 

PdA : Vos grandes fiertés ?

 

A.D. : Ma fierté, c'est d'avoir regroupé dans mon atelier des gens qui s'aiment, qui aiment travailler ensemble et partent en vacances ensemble.

 

PdA : Des sentiments d'échec ?

 

A.D. : Ce que j'ai raté, magistralement, c'est de n'avoir pas su défendre, à Canal +, l'intégrité de l'activité liée à la marionnette face aux corporatismes, potentiellement virulents à la TV. Les voix sont faites par d'excellents comédiennes et comédiens-imitateurs. Leurs talents contribuent étroitement aux succès des Guignols. J'aurais voulu former une grande équipe de marionnettistes pouvant passer de la fabrication à la manipulation des marios. Les auteurs de Spitting Image s'amusaient à manipuler. Les manipulateurs que j'ai recrutés ou qui sortent de mon atelier n'ont donc qu'à suivre les voix des comédiens-imitateurs. Mais face à des producteurs délégués lambda de la TV... Ils ont réussi à installer une mini-corporation d'“ artistes-interprètes ”, payés le double des gens - beaucoup plus longs à former - qui travaillent dans mon atelier.

 

C'est ma honte, parce ce que, ce que je reproche le plus au diplodocus éducatif, c'est sa faculté à classer les humains en deux infirmités : les manuels et les intellectuels. J’affirme que se résigner à ces deux “ infirmités ” est une calamité pour le genre humain, et cette dislocation est très vivace dans les traditions culturelles françaises. Ces “ mutilations ” sont souvent subies, mais aussi très souvent choisies. Car on ne peut pas ignorer le fait que les postes enviés de pouvoirs, petits et grands, et les postes administratifs qui servent ces pouvoirs, sont concentrés principalement dans les “ mains maladroites ” de ceux qui se sont laissés enfermer étroitement dans le moule de l’intelligence d’adaptation au microcosme scolaire.

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

A.D. : J'ai écrit un film, aidé des frères Ringer, producteur et réalisateur, et j'ai créé une trentaine de personnages d'animaux humanoïdes pour ce film. Il s'agissait de démontrer que la décadence de notre démocratie n'est pas due qu'aux saillies capitalistes... Mais que la lente avancée de ses propres arthroses, inhérentes à sa culture de monoglote orthographeur assisté, plus cigale que fourmi dans sa non-anticipation, est aussi très efficace. Ce film est en stand-by pour l'instant, j'écris un livre audio pour le remplacer.

 

Alain Duverne 3

 

PdA : Aimeriez-vous adresser un message à nos lecteurs ?

 

A.D. : Pour vos enfants : n'attendez surtout pas grand chose de l'école, qui fait ce qu'elle peut, mais pensez bien que "c'est un devoir d'être heureux". C'est surtout valable pour les enfants qui n'ont pas une prédisposition naturelle pour le microcosme scolaire.

 

PdA : Un message... pour quelqu'un en particulier ?

 

A.D. : Pour Rodolphe Belmer, directeur de la chaîne Canal + :

 

Pourquoi ne pas faire un module de “ Guignols bis ” ? (plus tard dans la soirée, sur Canal Décalé, ou en rubrique spéciale dans les Guignols, avec éventuellement d’autres auteurs : “ La face cachée des Guignols ” ? “ L’antichambre des Guignols ” ?...)

 

Sous la forme d’une caméra cachée, dans des réunions privées. On y verrait, autour d’une table ronde (dans une cave à vin ?), autour d'un monsieur ou d'une madame tout-le-monde en latex, les hommes et les femmes politiques, chefs de partis et présidentiables, défaits de leur apparence publique, préparant un gouvernement d’union nationale. Ils chercheraient maladroitement les idées pour sortir par le haut des déclins du futur et chercher à refonder réellement la salle de classe.

 

Même si c'est faux, enfin montrer une capacité d'anticipation et d'innovation à la France...

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Alain Duverne ?

 

A.D. : D'avoir moins mal aux genoux !

 

PdA : Quelque chose à ajouter avant de conclure ? Merci infiniment !

 

A.D. : Dario Fo sortirait, "Nous sommes dans la merde jusqu’aux narines, que personne ne fasse de vagues !"...

 

 

MERCI, merci encore, cher Alain Duverne, pour ce témoignage exceptionnel, pour votre enthousiasme hors du commun. Continuez, avec votre merveilleuse équipe, à nous faire rêver. En espérant que les Guignols prendront le parti de nous faire, à l'avenir, davantage réfléchir. Phil Defer. Un commentaire ?

 

 

Les Guignols : le site web

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Présentation remaniée : 04/11/14.

25 février 2013

Jean-Claude Dreyfus : "Avec Devos, nous sommes d'une même famille..."

Très vite, Jean-Claude Dreyfus a accepté, sur le principe, de se prêter au jeu des questions-réponses, pour Paroles d'Actu. Gracieusement, le grand acteur a bien voulu me parler de ses débuts, des gens qu'il aime bien, de son parcours. Parmi les figures qui l'ont émaillé jusqu'ici, il y a évidemment Jean-Pierre Jeunet. Dreyfus en parle avec pudeur, sans mentionner, à aucun moment, le drame qui vient de secouer le réalisateur du film Un long dimanche de fiançailles. Sans doute l'aurez-vous lu dans les pages les plus sérieuses de la presse people, sa chère Amélie Poulain vient en effet d'être retrouvée dans une barquette de lasagnes, mystérieusement estampillée « Trouvez-nous ». Chacun se souvient, cruelle coïncidence, de l'inquiétant boucher qu'interprétait Jean-Claude Dreyfus dans le film de Jeunet, Delicatessen. Troublant... D'ailleurs, n'a-t-il pas fait de pub pour...   STOOOP !!! On arrête ! Fin du cirque... De toute façon, J.-C.D. est davantage cochons que chevaux. Pas les « cochons » qui portent des récits à hauuute valeur informative et en assurent la médiatisation, non. Les vrais. Ceux auxquels il voue une vraie, une belle tendresse.

 

Cet entretien, dans l'idéal, nous aurions dû le réaliser, au départ, attablés à la terrasse d'un bistrot parisien. Des contraintes, principalement géographiques, ne l'ayant pas permis, l'échange s'est fait par textes. Ce n'est que partie remise... Je tiens ici à faire part à Monsieur Jean-Claude Dreyfus de mon amitieuse reconnaissance pour le temps qu'il a bien voulu me consacrer. Pour son humour, sa gentillesse à mon égard. Il vient de sortir le premier tome de son autobiographie, Ma bio dégradable : J'acte I. Et sera bientôt sur la scène du Théâtre du Petit Hébertot pour un hommage très vivant à Raymond Devos. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-CLAUDE DREYFUS

Acteur... Auteur... Et bien plus enqueur...

 

« Avec Devos, nous sommes

d'une même famille... »

 

Jean-Claude Dreyfus 1

(Photos fournies par M. Jean-Claude Dreyfus ;

Portrait ci-dessus réalisé par Patrice Murciano.)

 

Q. : 13/02/13 ; R. : 25/02/13

 

Paroles d'Actu : La première question que j'aurais envie de vous poser aujourd'hui, c'est « Quand est-ce que la chaleur va revenir ? Vous avez des infos là-dessus ? L'hiver, c'est dur quand ça dure ! » Mais bon... tout bien réfléchi, je m'en tiendrai à un plus traditionnel « Comment allez-vous ? » (Vous avez sorti un bouquin intitulé Les Questions à la con il y a quelques années, j'espère que vous ne penserez pas ça des miennes... ouch... trop tard ?)

 

Jean-Claude Dreyfus : La chaleur chez moi est permanente. Pour éviter de dire, « Les chaleurs n'ont pas besoin de saisons, mes quatre saisons ne vivent pas chez Aldi »... Wouaf wouaf... c'est bien mauvais, mais effectivement, question à la con entraîne réponse très con. Mais vraisemblablement, ça réchauffe en rude hiver, et ça ne dure jamais, malgré les fameuses couches d'ozone qui répartissent bien les zones, qui dans nos pays d'Europe ponctuent les couleurs de l'année.

 

PdA : Votre bio, enfin, sa première partie, est parue au mois de septembre : Ma bio dégradable : J'acte I, au Cherche Midi. Comment l'idée vous est-elle venue de vous raconter ainsi ?

 

J.-C.D. : Après une série d'entretiens avec un monsieur qui m'entreprit pour raconter ma vie à son propre chef et désirant paraître "entretien avec" sur la couve première, et après avoir compris que lui ne comprenait jamais là où je voulais aller dans l'humour de mon parcours désuet... Après l'avoir gentiment "fait piquer", donc m'en être débarrassé, je repris tout a zéro, me pris au jeu de l'écriture. Vraiment, j'ai décidé de prendre mon pied, et même les deux, du plaisir de conter, de compter sur moi même, ce qui me paraît plus sûr pour m'entendre dire les vérités mensongères que je gère et digère, avec un petit verre de Fernet-Branca...

 

PdA : De quelle manière vous y êtes-vous pris pour mener cet ouvrage à terme ? A-t-il été long à écrire, éprouvant à composer par moments ? Sans doute a-t-il fait rejaillir en vous des souvenirs plus ou moins heureux ?

 

J.-C.D. : N'ayant pas relu l'ordre des questions, je pense avoir joliment répondu à celle-ci... Dans la mesure où les souvenirs « plus ou moins heureux » chez moi rejaillissent souvent travestis, trans-déformés en simple mémoire de moments revus et corrigés, à l'amiable.

 

PdA : Votre fibre écolo, on la retrouve dans le titre. À moins qu'il ne s'agisse d'une réflexion plus personnelle sur la biodégradation, celle qu'a priori nous connaîtrons tous (à échéance raisonnable évidemment !). Histoire d'être un peu sombres deux minutes, c'est une idée à laquelle vous pensez souvent ?

 

J.-C.D. : Vous voulez dire la mort... ? Moi, je ne songe qu'à l'amor qui mène ma vie et mon vit par ma main ou celle des autres... ou plus si raffinement. Et là, j'en viens au titre de mon livre, où je livre avec ambiguïté mon rapport éternel pour les bons produits mais aussi pour l'éphémère modasse et modeste de nos envies...

 

PdA : Qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de lire votre livre ? Y retrouve-t-on de savoureux récits, voire... de croustillantes anecdotes ? ;-) Quelques exemples ?

 

J.-C.D. : Je leur dis qu'une bière et un morceau de pain autour d'une tranche de mon animal fétiche va leur coûter le même prix que mon appétissant bouquin, et que, même dégradable, celui-ci les nourrira d'amour et d'humour sans les alourdir...

 

Bio dégradable

(Photo : Dominique Desrue)

 

PdA : Le tome 2, c'est pour bientôt ?

 

J.-C.D. : J'ai déjà commencé J'acte II, bien sûr, et puis un roman, mais le tome 2 ne viendra que si mes spectateurs et lecteurs se privent de sandwichs au jambon pour que le Cherche Midi, autrement dit l'éditeur, ait l'envie de me rééditer...

 

PdA : Je vous propose maintenant d'évoquer ensemble quelques points de votre vie publique. Commençons par le commencement... J'ai découvert qu'avant de faire l'acteur, vous aviez été magicien. De belles images vous viennent à l'esprit en repensant à cette époque, j'imagine...

 

J.-C.D. : Oui, je fus magicien, mais je ne me faisais aucune illusion, la magie n'était pas vraiment mon "truc". Ce que j'adorais, c'était de voir les autres prestidigitateurs, qui me fascinaient. Savoir les moyens de créer l'illusion me paraissait illusoire. L'envers du décor gâchait mon envie... Alors, je suis passé a une autre forme d'allusion, celle du théâtre...

 

PdA : C'est évidemment d'abord pour votre parcours - le terme de carrière est assez laid dans ce cas - d'acteur que le public vous connaît, vous aime. Parlez-nous de vos débuts ? Quel a été le déclic qui a pu vous faire penser, à un moment donné, "Oui, décidément, c'est ça que j'ai envie de faire" ?

 

J.-C.D. : Mon chemin, de jeux, et non de croix, a toujours été sur les planches, essence de ce "métier", car même si l'on ne parle pas de carrière mais de long chemin à parcourir, de continuité, c'est le plaisir et l'envie de jouer qui m'ont sans cesse mené par le bout du nez. Bien sûr, il faut en avoir, "du nez", pour les textes et les aventures de saltimbanque. On est loin de la roulotte, mais la roulette chance m'a porté, souvent, vers de superbes projets...

 

PdA : Sur la base de votre expérience, justement, quels conseils pourriez-vous donner à un(e) jeune qui rêverait de vivre pleinement sa passion pour la comédie, voire d'en vivre ?

 

J.-C.D. : Pour une personne qui, comme moi, passe son temps à repartir de zéro, à éviter toute routine, il est complexe de donner des conseils à qui que ce soit. Le doute est permanent, le trac subsiste. La seule recommandation est de faire, défaire et refaire, et surtout savoir faire, avec un caractère de fer...

 

PdA : Tenter d'aborder l'ensemble de votre "carrière" serait vain, tant elle est conséquente. S'agissant du cinéma, vous avez tourné sous la direction des plus grands noms : Audiard, Lelouch, Mocky, Pinoteau, Rohmer, Annaud... Je vais peut-être m'attarder un peu sur une collaboration, peut-être la plus importante de votre filmo, je pense à Jean-Pierre Jeunet. Delicatessen, La Cité des enfants perdus puis, plus tard, Un long dimanche de fiançailles. Trois films qui ont fait date. Quelle place tient-il, à vos yeux, dans votre parcours, peut-être dans votre vie ?

 

J.-C.D. : J'ai une denture petite, de bébé, écartée devant au milieu. La chance donc m'accompagne dans des histoires belles et de qualité. Ma vie a pris souvent les chemins de traverse, qui mènent à certains succès sans pour autant vraiment en changer le cours...

 

PdA : Quelles ont été les expériences, les rencontres qui vous ont le plus marqué, touché durant les quarante premières années de votre petit bonhomme de chemin (théâtre, cinéma, télévision...) ?

 

J.-C.D. : La liste serait bien longue de décrypter ce qui aurait marqué quarante années de rencontres et expériences, entre l'éducation offerte par mes parents, celle de mes professeurs et aussi des partenaires côtoyés tout au long d'une, sans cesse, densité d'activités. Le mieux, je crois, est de lire mon premier livre, ma bio.

 

PdA : Une partie de la population - certes pas parmi les plus cinéphiles - aura immanquablement une réaction en voyant votre visage apparaître dans les médias, pour telle ou telle raison. "Oh, mais c'est Monsieur Marie !" Je sais que vous avez beaucoup d'humour. Mais ça n'est pas un peu agaçant, parfois, d'être à ce point populaire pour ce rôle-là alors que tant d'autres auraient davantage mérité une telle reconnaissance ?

 

J.-C.D. : Ça m'est complètement égal qu'il y ait des crétins réducteurs et incultes. Je reste, d'une façon ou d'une autre, un culte vivant...

 

PdA : Justement... On va essayer de remettre un peu de justice dans tout ça ! Quels sont, parmi vos films, - courts comme longs métrages - ceux pour lesquels vous avez une tendresse particulière, même s'ils ne sont pas forcément objectivement les meilleurs ? Ceux que vous aimeriez recommander à nos lecteurs ?

 

J.-C.D. : Mis a part les films de Jeunet et (Marc, ndlr) Caro, puis Jean-Jacques Annaud (Deux frères, ndlr), ou Mocky (Bonsoir, Le deal, Le bénévole, ndlr), justice serait faite auprès de vos lecteurs de s'emparer du sublime film de Rohmer, L'Anglaise et le Duc.

 

PdA : Ce que l'on demande entre autre au cinéma, c'est de nous faire oublier nos soucis, l'espace d'un film. De nous faire rêver, un peu... Quel est le cinéma qui vous fait rêver ? Le fait-il toujours aussi bien aujourd'hui qu'hier ?

 

J.-C.D. : Bien sûr, les films d'antan, avec tous ces acteurs hauts en couleurs. Et puis certaines grandes fresques cinémato et très graphiques, tournées dans des espaces et des lieux au sein d'histoires auxquelles je ne serai jamais confronté. Celles-ci me ferons toujours partir dans des rêves dont on ne voudrait jamais sortir...

 

PdA : Questions évidemment liées. Quels sont, hors les vôtres et toutes époques confondues, vos films préférés ?

 

J.-C.D. : Le Golem, Freaks, Sous le plus grand chapiteau du monde...

 

PdA : Vos acteurs de référence ?

 

J.-C.D. : Visconti, Michel Simon et Serrault, Madeleine Renaud, Annie Cordy... Merde, trop dur et compliqué comme question... Je n'aime pas les références, ma devise est de ne pas en avoir.

 

PdA : Vous serez bientôt sur la scène du Théâtre du Petit Hébertot - du 28 février au 27 avril 2013 - pour Devos - Dreyfus, d'Hommages sans interdit(s). Avec le maître Devos, vous vous attaquez à un monument de l'humour. Devos, c'est quelqu'un qui vous inspire ? Who else, comme pourrait dire l'un de vos confrères également star de pub ?

 

J.-C.D. : Pierre Desproges, Zouc, Muriel Robin, Pierre Palmade, Joly (Sylvie, pas Eva, ndlr), Jonathan Lambert, Gerra, Fernand Raynaud, Louis de Funès, Bourvil, Jacqueline Maillan... Et Raymond Devos.

 

PdA : Une question pour inciter nos lecteurs à vous découvrir dans cette pièce... Qu'apportez-vous de votre univers à celui de Raymond Devos ? Pourquoi faut-il absolument voir ce spectacle ?

 

J.-C.D. : Je pense profondément que nous sommes d'une même famille. L'oeil sur la scène. En coulisse, de l'absurde poétique...

 

Dreyfus-Devos

 

PdA : Vous avez été nommé sur les listes de 2010 et 2011 pour le Molière du comédien pour la pièce Le Mardi à Monoprix. Quatre fois en tout, ce qui est exceptionnel... Si vous aviez un choix à faire entre ciné et théâtre, votre coeur pencherait davantage vers les planches, vers le vivant, j'imagine ?

 

J.-C.D. : Oui. OUI, quatre fois, pour ne jamais repartir avec. Ils ont spurement peur que ce trophée soit perdu dans mon immense collection de cochonneries, et puis sans doute s'attendent-ils à ce que je ne puisse plus le porter, à ce que je n'en aie plus ni la force, ni l'envie... ?

 

Quant à mon choix entre César et Molière... Quand je fais du théatre, je meurs d'envie de faire du cinéma et lycée de Versailles... car les vices sont ô combien versatiles…

 

PdA : J'écoutais récemment l'une de vos interviews, dans laquelle vous déploriez un certain manque de prises de risques de la part des producteurs et du public. Ce qui, in fine, tend à brider la création, à auto-alimenter un système dans lequel la qualité n'importe pas tant que la rentabilité. Êtes-vous malgré tout optimiste quant à l'avenir d'une création artistique de qualité ?

 

J.-C.D. : Moi je reste optimiste. Quand je choisis un auteur, par exemple Devos, j'arrive à trouver les moyens de le monter. Mais il faut bien savoir que deux personnes sur un plateau ne coûtent pas trop cher (je suis avec Thomas Février au piano). Mais arriver aujourd'hui à réaliser une création avec de nombreux comédiens devient de plus en plus complexe, voire impossible. Donc optimiste, mais pas rose comme l'on pouvait le croire pour la culture à gauche...

 

PdA : Ma prochaine question, ça ne sera pas celle du portrait chinois, non. D'ailleurs, je sais que vous avez déjà répondu à ce genre de sollicitations. J'aimerais inviter le comédien que vous êtes, qui a joué plus qu'à son tour en costume, à répondre à une question que je pose souvent, parce que je l'aime bien. Imaginons qu'un vieux type un peu fou, un savant fou en quelque sorte, que l'on appellerait, bah... "Doc", disons, invente une machine à voyager dans le temps, en avant ou en arrière. Je sais pas, un truc complètement loufoque. Une DeLorean qui nous permettrait de choisir le lieu et la date (pas mal mon idée, je devrais la proposer à un producteur). Un seul voyage par personne. Aller-retour, ou simple aller, c'est vous qui voyez... Alors, quel est votre choix ? 

 

J.-C.D. : Le voyage, à vrai dire, n'est pas complètement mon trip, même si je viens de faire 24h de vol pour Nouméa avec mon Devos. Et comme, à ce jour, j'ai plus de 24h de vol, le trajet, dear Doc', qui me paraîtrait le plus dépaysant serait de me faire tout petit et de rentrer dans la Batmobile Playmobil et de me rendre dans la Batcave pour repérer les meilleurs vins "pinard", crus... d'un autre monde...

 

PdA : Du Cochon considéré comme l'un des beaux-arts, c'est le titre de votre livre de 2005. Une bien belle passion, ma foi, même si elle étonne certaines personnes ! En avez-vous d'autres, moins connues ?

 

J.-C.D. : Ah oui, j'ai une nécessaire passion, à ce jour, pour les vitrines, avec plus de cinq-mille cochons. De port en porc, je dois enfermer, emprisonner cette énorme batterie porcine pour qu'elle ne me fasse pas partir en eau de boudin... et que je ne devienne pas le "mâle des truies" ou le "mal détruit"...

 

PdA : Un scoop, une info inédite pour Paroles d'Actu ?

 

J.-C.D. : Roseline Bachelor serait-elle un homme ? Ne serait-ce pas une idée folle, démente ou démentie... ? ...

 

PdA : Qu'est-ce qui, dans notre société, dans le monde, vous donne envie de réagir, de vous engager ?

 

J.-C.D. : Trop vaste cette question... il fallait la poser au début. Là, je suis fatigué du monde et de sa société. Je ne m'engage pas... mais je vais réagir…

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

J.-C.D. : Plus de crise, faisons comme si... Ah oui, une crise de nerfs, de temps en temps, gratuite.

 

PdA : Un message pour quelqu'un en particulier ?

 

J.-C.D. : J'aime la personne que j'aime…

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

J.-C.D. : Je projette des rêves pour les suites de chacun de nous tous... (il tousse)

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter, cher Jean-Claude Dreyfus ?

 

J.-C.D. : D'être contraint au carcan de sa liberté !

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

J.-C.D. : Amitieusement à tous…

 

Jean-Claude Dreyfus 2  

Très heureux et flatté de cet échange, cher Jean-Claude Dreyfus... Merci encore ! Amitieusement... Phil Defer Et vous, quels rôles, quelles images vous viennent à l'esprit en pensant à ce grand acteur ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Jean-Claude Dreyfus...

 

Présentation remaniée : 15/01/14.

31 août 2013

Marc-Antoine Le Bret : "Je rêve de faire l'Olympia"

Pas sûr que son nom vous parle, comme ça. Ça ne saurait durer... Sa voix, vous l'avez certainement déjà entendue. "Sa", ou devrais-je dire, "ses" voix. Marc-Antoine Le Bret en maîtrise plus d'une soixantaine, un nombre que ce gros bosseur fait constamment évoluer. C'est dans sa Bretagne natale (il est originaire de Saint-Brieuc) qu'il a développé son goût de l'imitation, rencontré ses premiers publics. Les premiers cercles... Les petites scènes locales, les événements un peu plus conséquents... Les cabarets... Et puis Paris. Un début de parcours, d'ascension remarquables pour ce jeune artiste (il n'a pas vingt-huit ans) très talentueux qui, en dépit des succès qu'il connaît actuellement, garde résolument les pieds sur terre. "Ce métier peut s’arrêter très vite..." Une sagesse qui ne l'empêche heureusement pas d'entretenir un rêve, une ambition : "faire un jour une tournée partout en France qui se terminerait à l’Olympia".

 

Ses imitations sont franchement réussies, souvent irrésistibles... On le retrouve avec bonheur à la radio et à la télé, tous les jours, du lundi au vendredi : le matin sur Europe 1 ("Le Tweet-Répondeur" dans "Le Grand direct des médias"), le soir sur Canal + ("Les Guignols de l'info"). Laurent Ruquier, David Pujadas, l'ex-directeur sportif du PSG Leonardo, Cyril Hanouna, Yann Barthès, Lorànt Deutsch, le chef gourmand croquant Cyril Lignac... : quelques uns de ses personnages favoris. Servi par des textes de grande qualité, il les incarne avec une bonne humeur et une bienveillance communicatives. Un artiste à découvrir, vraiment... À ne pas manquer, pour le voir en "live" : son spectacle, "Marc-Antoine Le Bret fait des imitations". Il reprendra à la mi-septembre, au Théâtre BO Saint-Martin. Avant une tournée en province, avant un Olympia ? C'est tout le mal qu'on lui souhaite... Merci, Marc-Antoine... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MARC-ANTOINE LE BRET

Humoriste à voix...

 

"Je rêve de faire l'Olympia"

 

Marc-Antoine Le Bret

(La photo est de Véronique Constance.

Marc-Antoine Le Bret est ici en compagnie de Yann Barthès, ou presque...)

 

 

Q : 19/06/13

R : 27/08/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Marc-Antoine Le Bret. Vos chroniques sur Europe 1, votre participation aux Guignols de Canal, votre spectacle... Pas trop dur de tenir des plannings aussi chargés ? ;-) À quoi ressemble l'une de vos journées rassemblant les trois activités ?

 

Marc-Antoine Le Bret : C’est un rythme à prendre, je me couche tard et je me lève tôt, du coup, je fais une sieste dans la journée et je fais du sport pour m’entretenir. Le matin, je me rends à Europe 1. Je répète à 09h30 et le direct est à 09H55. Ensuite, je rentre à mon domicile, pour travailler de nouvelles imitations. Je me repose un peu puis je file aux Guignols, de 16H30 à 20H. Le soir, en semaine, je vais tester des sketches dans des scènes ouvertes. Les vendredis et samedis soirs, je joue mon spectacle au théâtre BO, à Paris.

 

 

PdA : "Le Tweet-Répondeur" dans "Le Grand direct des médias" de Morandini (du lundi au vendredi, de 09h00 à 10h30 sur Europe 1). "Les Guignols de l'info" (du lundi au vendredi, de 19h50 à 20h00 sur Canal +). Deux expériences très différentes, j'imagine. Des exercices, des plaisirs qui se complètent ?

 

M.-A.L.B. : Ce sont deux émissions différentes, car il y a d’un côté la radio, et de l’autre la télé, même si au fond mon travail est le même : aux Guignols, je ne montre pas mon visage, les stars, ce sont les marionnettes. Dans les deux cas, je suis derrière un micro et j’interprète, en lisant les textes des auteurs.

 

 

PdA : Comment vous y prenez-vous pour travailler vos voix, vos textes ? Vous nous présentez vos coauteurs ?

 

M.-A.L.B. : Pour la radio et le spectacle, j’ai deux auteurs qui travaillent avec moi : Arsen et Grégoire Dey. Pour les voix, nous décidons ensemble, en fonction de l’actualité ou par critères (sportifs, journalistes…). Par exemple, quand le PSG a été racheté par les Qataris il y a deux ans, j’ai entendu le directeur sportif Leonardo parler en conférence de presse. Sa voix m’a fait rire. Je l’ai proposé aux auteurs, puis ils ont trouvé un axe.

 

 

PdA : Votre répertoire compte déjà une grosse soixantaine de voix. Souvent originales car peu faites auparavant. Et souvent très réussies ! Quelles sont celles que vous préférez, pour lesquelles vous avez une tendresse particulière ?

 

M.-A.L.B. : Je travaille en permanence de nouvelles imitations, originales si possible, et pas ou peu entendus. J’ai horreur de faire des voix qui ont déjà été faites par un imitateur, comme par exemple l’imitation de Sarkozy. Je ne l’ai jamais travaillée, puisque Yves Lecoq l’imite très bien. Si je fais une voix qui a déjà été imitée, j’essaie d’apporter un plus, sinon j’abandonne. Il faut aussi que le personnage me plaise. J’ai une préférence pour les voix pour lesquelles j’ai créé ou accentué une expression, comme le rire de Cyril Lignac.

 

 

PdA : Il y en a que vous avez eu du mal à dompter ?

 

M.-A.L.B. : Jean Dujardin, je l’imite très bien dans son rôle dans « OSS 117 », mais je n’ai pas le timbre pour sa voix "normale". Je suis plus à l’aise dans les médiums-aigus que dans les voix graves.

 

 

PdA : Quel message adresseriez-vous à tous les petits Marc-Antoine - ou à toutes les petites Marie-Antoinette, il n'y a pas de raison ! - qui s'amusent aujourd'hui à imiter leurs potes, leurs profs. Et qui se prennent à rêver, en écoutant vos aînés, en vous écoutant, que peut-être, un jour...

 

M.-A.L.B. : Eh bien de croire en soi, déjà. De ne pas faire comme les autres imitateurs. Et enfin, comme me l’a très bien résumé le journaliste Patrick Montel, il y a cinq ans : « Travail et patience ». Je l’ai écrit en gros sur une feuille dans ma chambre quand j’étais en Bretagne.

 

 

PdA : J'ai écouté, lu plusieurs de vos interviews pour préparer celle-ci. On sent que vous avez les pieds sur terre, que vous gardez la tête froide par rapport au succès. Que voulez-vous nous dire, malgré cela, de vos envies, de vos rêves pour demain... ou après-demain ?

 

M.-A.L.B. : Je me dis souvent que ce métier peut s’arrêter très vite, et donc que les professionnels et le public peuvent très vite vous oublier. Quand je suis moins bon sur scène ou à la radio, c’est que je n’ai pas assez travaillé, ou pas suffisamment bien. Je rêve de faire un jour une tournée partout en France qui se terminerait à l’Olympia ! 

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour la suite, cher Marc-Antoine Le Bret ?

 

M.-A.L.B. : "Travail et santé", comme on dit au réveillon de la Saint-Sylvestre !

 

 

 

Merci encore, Marc-Antoine, pour tes réponses. Bonne route... Et que tes rêves se réalisent ! Et vous, que pensez-vous des imitations de Marc-Antoine Le Bret ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Sur Europe 1 :"Le Tweet Répondeur" dans "Le Grand direct des médias" (du lundi au vendredi, de 09h00 à 10h30) ;

 

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Au Théâtre BO Saint-Martinbientôt...

 

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27 février 2013

Thomas Misrachi : "BFMTV doit devenir incontournable"

Lors de l'interview qu'il m'avait accordée il y a quelques mois, Laurent Bazin me faisait part de cette réflexion à propos de l'information en continu : "C'est (...) une forme de zapping en continu... C'est la règle du genre. Je l'ai pratiquée.". Ce sentiment n'est pas nouveau. Sur les chaînes égrenant les titres de l'actu 24/24, une info chasserait l'autre, chacune étant traitée dans le feu de l'action, sans approfondissements ni véritables prises de recul... L'image est excessivement caricaturale, elle ne correspond évidemment pas à celle qu'avait à l'esprit le patron de la matinale de RTL. BFMTV, i>Télé, LCI ne manquent pas d'excellents journalistes et reporters, couvrant l'instantané et ses conséquences à moyen ou long terme. Sur chacune de ces antennes sont diffusés au quotidien des éditos, des débats de haute tenue. Il n'empêche, le cliché est tenace... Depuis l'automne dernier, BFMTV propose "7 jours BFM", un magazine d'information et d'investigations. Un regard différent, posé, sur l'actu de la semaine. À sa tête, un journaliste de talent, un parcours à suivre, sans le moindre doute... Thomas Misrachi a accepté de répondre à mes questions. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

THOMAS MISRACHI

Rédacteur et animateur de "7 jours BFM", sur BFMTV

 

"BFMTV doit devenir incontournable"

 

Thomas Misrachi

(Photo fournie par Thomas Misrachi)

 

 

Q : 17/02/13

R : 25/02/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Thomas Misrachi. Vous êtes diplômé de Sciences Po Aix et de la London School of Economics. À cette époque, au milieu des années 90, vous vouliez déjà devenir journaliste ?

 

Thomas Misrachi : Non, pas nécessairement, même si j'étais intéressé par la presse et les médias, je ne me destinais pas forcément au journalisme. C'est arrivé un peu après. Un peu par hasard... Et il fait souvent bien les choses.

 

 

PdA : Vos débuts, vous les avez effectués dans des cadres assez originaux pour un journaliste français. Qu'avez-vous appris de vos expériences auprès de médias anglo-saxons tels que la BBC ou Bloomberg TV ?

 

T.M. : La rigueur et le travail. Dans notre métier, comme dans beaucoup d'autres, ces deux éléments sont indispensables. Chaque mot compte. Sortir ou bien comprendre une information prend du temps. De la persévérance. Et une très grande prudence.

 

 

PdA : En 2005, vous êtes de l'équipe qui lance BFMTV. Comment la rencontre s'est-elle établie ? Vous y croyez réellement, au départ ?

 

T.M. : Je travaillais à New York pour Bloomberg, à l'époque. Je faisais aussi les points bourses en direct du NYSE (New York Stock Exchange, la Bourse de New York, ndlr) pour BFM radio. J'ai eu l'occasion de rencontrer Alain Weill (le président du groupe NextradioTV) et Guillaume Dubois (directeur de BFMTV et à l'époque journaliste/présentateur sur BFM radio). Nous avions de bons rapports. Lorsqu'ils m'ont parlé du projet, j'ai été enthousiasmé. Malgré la présence de LCI et de i>Télé sur le PAF, il y avait, à mon sens, de la place pour un nouvel acteur, une chaîne info différente, un concept à l'anglo-saxonne en France. Je n'ai pas hésité bien longtemps. Et oui, j'y ai cru. Et j'y crois encore !

 

 

PdA : Quels sont les événements d'actualité qui vous ont marqué, que vous ayez été en leur temps journaliste ou simple téléspectateur ?

 

T.M. : J'étais à New York et sous les tours du World Trade Center le 11 septembre 2001. C'est quelque chose que je n'oublierai évidemment jamais.

 

Avant de devenir journaliste, de nombreux événements m'ont marqué. Parmi mes premiers souvenirs : l'élection de François Mitterrand, l'explosion de Challenger en 1986, la chute du mur de Berlin ou le "procès" du couple Ceausescu. Depuis, difficile de faire un choix. Je crois que récemment, les affaires DSK ou Merah ont marqué les esprits. La mort de Ben Laden et le printemps arabe sont aussi extrêmement importants à mon sens.

 

 

PdA : Quels ont été jusqu'ici, à vos yeux, les moments forts, émouvants de votre parcours ?

 

T.M. : Il y en a eu beaucoup, beaucoup trop pour en faire une simple liste, mais c'est précisément ce qui est formidable dans ce métier.

 

 

PdA : Quelles personnalités rêveriez-vous d'interviewer ? Quelles questions leur poseriez-vous ?

 

T.M. : La liste serait très, très longue ! Tous les gens qui, par leur démarche, leurs idées, leurs actes, réussissent à changer le monde, ou leur monde en tout cas. Tous les autres aussi, ceux, qui parfois, font des choses tellement terribles, tellement insensées que l'on peut se demander pourquoi. Les questions se feraient en fonction des personnes interrogées... En ce moment, je serai très curieux de savoir ce que pensent DSK ou Nicolas Sarkozy ! Je rêverais aussi d'aller interroger les preneurs d'otages du Cameroun. Mais cette réponse ne vaut que pour l'actualité de ces dernières heures !

 

 

PdA : Vous êtes à la tête de l'émission "7 jours BFM" depuis le mois d'octobre. C'est important de se poser, de s'offrir ce recul dans un monde où l'info en continu est reine ?

 

T.M. : 7 jours BFM est une autre façon de faire de l'info en continu. Ce qui est important à mon sens, c'est d'évoluer, de continuer a avancer dans une carrière, de ne jamais s'endormir. Depuis que je suis à BFMTV, j'ai présenté la matinale, le 12-15, le 15-18 puis, brièvement, le soir. J'ai fait du reportage et des opérations spéciales pendant près de 2 ans. Depuis octobre, 7 jours est une nouvelle aventure. J'y prends beaucoup de plaisir. J'y apprends aussi beaucoup. Mais il y a encore énormément à faire pour que cette émission soit un rendez-vous incontournable de l'actualité. Et nous y travaillons !

 

 

PdA : Accepteriez-vous de nous parler de l'élaboration de cette émission ? (votre rôle, le calendrier, ce qui motive le choix des sujets...)

 

T.M. : Nous travaillons le plus en amont possible, mais notre plus grande préoccupation, c'est de coller à l'actu de la semaine. Mon rôle est, principalement, un rôle de présentateur. J'écris et j'anime l'émission. Je propose aussi des thématiques de sujets sur certaines éditions. Pour le reste, il y a deux rédacteurs en chef, deux petites équipes dédiées aux 26 minutes. Pour les autres sujets, nous travaillons avec la rédaction de BFMTV.

 

 

PdA : BFMTV est née en 2005, nous le rappelions tout à l'heure. Quel regard portez-vous sur les huit premières années de la chaîne ?

 

T.M. : BFMTV est un très beau succès. C'est la preuve qu'en France, avec du travail, du sérieux et un peu d'audace, on peut encore créer, faire et réussir. Depuis 2/3 ans, nous sommes entrés dans une nouvelle phase de développement. Nous devons devenir LA référence incontournable de l'info télé en France. Nous débordons d'idées et de projets, et j'espère que les 8 prochaines années seront aussi riches que les (bientôt) 8 dernières.

 

 

PdA : La télé, vous la regardez ?

 

T.M. : La télé, je la regarde peu... Je regarde BFMTV et i>Télé. Les journaux de 20h des grandes chaînes en alternance et quelque émissions politiques comme C dans l'Air ou Dimanche plus, quand je le peux... Mais j'ai peu de temps à y consacrer...

 

 

PdA : Vous avez couvert les marchés actions U.S. à New York pour Bloomberg TV entre 2001 et 2005. Vous avez également produit et réalisé "Jim Maguire, A Life on Wall Street", un documentaire relatant la vie d'un trader du NYSE avec, en toile de fond, un demi-siècle d'histoire de la finance américaine. Comment avez-vous vécu, analysé les déflagrations qui ont ébranlé l'économie mondiale à partir de la fin 2008 ? En avez-vous été surpris ?

 

T.M. : Je n'ai pas été très surpris par la crise de 2007. De très nombreux spécialistes avaient mis en garde. Y compris ceux qui ont contribué à l'emballement général de la machine. Une partie du monde financier a perdu le sens des réalités. Malheureusement, cette partie-là a emporté avec elle un bon morceau de l'édifice. 

 

 

PdA : N'avez-vous pas tendance à penser, à propos de l'économie, qu'elle n'est pas assez enseignée en France, donc mal comprise par le public français ? Les médias pallient-ils efficacement ces insuffisances, à votre sens ?

 

T.M. : La formation et l'information (économique) existent. Et en France, elles sont de plutôt bonne qualité. Il suffit de s'en saisir. Faut-il en faire plus ? Peut-être... En revanche, je ne sais pas si c'est aux médias de "pallier" les lacunes éventuelles de l'enseignement en sciences économiques !

 

 

PdA : Êtes-vous optimiste quant au retour prochain d'une croissance solide et durable pour la France ? Les ingrédients sont-ils réunis pour ce faire ?

 

T.M. : Franchement, je n'en sais pas beaucoup plus que ce que peuvent dire la Commission européenne, le FMI, l'OCDE ou Bercy. J'espère que le plus difficile est passé. Visiblement, 2013 ne sera pas une bonne année. 2014 devrait être un peu meilleure. La situation est très compliquée. Il faut réduire les postes de dépenses (déficits, notamment... donc réduire le poids de la dette) sans pour autant peser sur la croissance. C'est un équilibre délicat, mais pas impossible. D'autres pays l'ont fait. Il faut avoir du courage politique. J'espère que nos dirigeants, présents et futurs, en feront preuve. Il faut aussi rester optimistes. Et ne pas penser que ce que l'on peut vivre est inéluctable. Il faut croire que les choses peuvent changer, s'améliorer, c'est un premier pas essentiel !

 

 

PdA : Vous coanimiez il y a quelques années une émission nommée "Aujourd'hui le monde", sur BFM TV. Quel jugement portez-vous sur celui dans lequel nous évoluons ?

 

T.M. : Aujourd'hui, le monde est passionnant. Les progrès techniques sont incroyables. L'humanité a tout pour réussir... Il ne reste plus qu'à se mettre d'accord... Visiblement, c'est ce qui pose problème à notre espèce. Il faut donc que chacun fasse sa part. Et espérer que les autres fassent de même !

 

 

PdA : Qu'est-ce qui, sorti de votre travail, vous détend, vous permet de décompresser ? D'ailleurs, réussissez-vous réellement à vous "déconnecter" ?

 

T.M. : Je sors avec des amis, vais au musée, au cinéma... Je profite de ma famille quand je peux... Bref, une vie normale... Même si j'ai un peu de mal à trop "décrocher", au bout de quelque jours, j'y arrive... C'est important de se laisser quelques plages de respiration...

 

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

T.M. : Je travaille sur plusieurs projets d'émissions : qu'ils se réalisent !

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter ?

 

T.M. : De belles rencontres... et de beaux voyages !

 

 

PdA : Aimeriez-vous adresser un message à nos lecteurs ?

 

T.M. : Quoi que vous fassiez, soyez passionnés ! 

 

 

PdA : Un mot pour conclure ? Merci infiniment !

 

T.M. : Longue vie à "Paroles d'actu" !

 

 

 

Merci à vous, cher Thomas Misrachi. À mon tour d'émettre un double souhait : que votre parcours connaisse l'évolution que vous méritez ; que vos désirs se réalisent... Phil Defer

 

 

 

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8 août 2013

Clément Bénech : "L'écrivain est une miette..."

Lui aussi, il en vaut la peine... François-Henri Désérable ne tarit pas d'éloges à son endroit. Lors de l'interview qu'il m'avait accordée le mois dernier, l'auteur de l'émouvant Tu montreras ma tête au peuple (aux éditions Gallimard, je vous le recommande avec enthousiasme) eut ces mots pour celui qui, comme lui, compte parmi les révélations littéraires de l'année : "J’ai un ami, jeune (21 ans), talentueux, qui vient de publier son excellent premier roman, L’été slovène, chez Flammarion. Il s’appelle Clément Bénech, et il y a, chez lui, du Modiano, du Toussaint, du Parisis et du Chevillard. Ce qui n’est pas mal, tout de même…". Je n'avais alors jamais entendu parler de ce jeune auteur. Les critiques, elles, ne l'ont pas laissé filer, et c'est heureux. "Le Monde des livres", "Les Inrocks", "Télérama", pour ne citer qu'eux, ont salué la qualité de cette première oeuvre. L'histoire d'un amour mis à l'épreuve d'un cadre différent, d'un monde inconnu, le temps d'un été... Le lecteur se laisse prendre par le récit : il découvre, s'étonne, sourit, est ému. Il le vit. Et se dit que, décidément, il va falloir retenir ce nom : Clément Bénech. Rencontre avec un auteur de talent. Il a 21 ans. Il est mature, lucide. Il a l'avenir devant lui. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

CLÉMENT BÉNECH

Auteur de L'Été slovène, du blog Humoétique

 

"L'écrivain est une miette"

 

Clément Benech

(La photo de Clément Benech est signée Julie Biancardini)

 

 

Q : 25/07/13

R : 07/08/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Clément Benech. Vous avez 22 ans, êtes étudiant en Lettres et l'auteur d'un roman, L'été slovène, édité chez Flammarion depuis le mois de mars. Qu'aimeriez-vous ajouter pour que l'on vous connaisse mieux, à ce stade de l'entretien ?

 

Clément Benech : J'ai un chat très mignon qui s'appelle Sushi et qui adore faire des bêtises.

 

 

PdA : Vous m'avez dit avoir commencé à écrire après le bac. Quelques pensées, quelques poèmes, quelques nouvelles par-ci par-là avant, j'imagine ?

 

C.B. : Là-dessus, je n'ai pas menti. Mais en CM2, comme tout le monde, j'ai écrit quelques poésies sur la cour de récré ou les crayons de couleur...

 

 

PdA : Quelques mots sur votre blog, Humoétique ? Un post, chaque jour à midi... difficile de s'y tenir ? ;-)

 

C.B. : Merci de me rappeler à mon devoir, j'ai un retard monstre. C'est un blog que j'ai commencé en hommage à celui d'Éric Chevillard, et qui vit maintenant de sa vie propre. Il m'a fait rencontrer des gens qui sont devenus des amis, et il me procure une plate-forme de liberté totale.

 

 

PdA : Quels sont les livres, les lectures que vous érigeriez volontiers au rang de références ?

 

C.B. : La Salle de bain, de Jean-Philippe Toussaint, Le Portrait de Dorian Gray, puis Proust, Modiano et Chevillard. Emmanuelle Pireyre, qui a eu le prix Médicis cette année, m'intéresse aussi beaucoup.

 

 

PdA : L'été slovène, c'est l'histoire d'un couple un peu bancal pour lequel un séjour en Slovénie aura l'effet, disons, d'un révélateur... Sous votre plume, très talentueuse, le lecteur ira de découverte en découverte... Y a-t-il un peu de vous, de votre vie dans ce récit ?

 

C.B. : Un peu, oui. Mais je vous gâcherais la lecture en vous disant en quelle proportion...

 

 

PdA : De l'ébauche d'une idée... à une publication chez Flammarion. Vous nous racontez ?

 

C.B. : J'ai eu la chance d'intéresser la revue Décapage pour la publication d'une nouvelle. Puis, la revue étant chez Flammarion...

 

 

PdA : L'accueil critique qu'a reçu L'été slovène a été très bon jusqu'ici. Je pourrais citer "Le Monde des livres", "Les Inrocks", "Télérama"... Ou encore François-Henri Désérable, auteur de Tu montreras ma tête au peuple (à lire !), qui affirme qu'il y a chez vous "du Modiano, du Toussaint, du Parisis et du Chevillard". La canicule ambiante mise de côté, vous réussissez à garder la tête froide ? ;-)

 

C.B. : Je mentirais en vous disant que ça ne m'atteint pas. Mais il faut garder la tête froide, comme vous dites, se rappeler quelle suite de hasards a présidé à votre publication (au-delà d'un éventuel talent) et voir que de nombreux auteurs talentueux sont encore dans l'ombre. Et puis comme dirait Hervé Le Tellier, le marché du livre en France n'équivaut après tout qu'à 10 % du chiffre d'affaires de Renault... L'écrivain est une miette.

 

 

PdA : Je sais qu'un bon auteur ne fait pas nécessairement un bon commercial, mais bon, ça ne coûte rien d'essayer... Que souhaiteriez-vous dire à nos lecteurs pour leur donner envie de découvrir, de feuilleter, d'acheter "L'été slovène" ?

 

C.B. : Vous y perdriez moins que j'y gagnerais.

 

 

PdA : À part la lecture... vos loisirs, vos espaces d'évasion ?

 

C.B. : Le basket, le chant sous ma douche, et les œuvres complètes de François-Henri Désérable.

 

 

PdA : Quels sont vos projets pour la suite Clément ?

 

C.B. : Je suis sur un nouveau projet qui m'occupe beaucoup l'esprit, un portrait de femme qui se passe à Berlin. Et je vais étudier deux ans à Bordeaux, à l'IJBA (Institut de Journalisme Bordeaux-Aquitaine, ndlr), à la rentrée.

 

 

PdA : Vos rêves ?

 

C.B. : Faire un film avec mon frère. Et je ne serais pas fâché de voir la chute du régime nord-coréen avant ma mort.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter ?

 

C.B. : Bonne nuit.

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment.

 

C.B. : Du beurre, pour ne pas que le gratin colle. Merci à vous, Nicolas.

 

 

 

L'été slovène

 

 

 

Merci, Clément ! Tous mes voeux les plus chaleureux pour la suite... Et vous, qu'avez-vous pensé de cet ouvrage, L'été slovène ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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23 août 2013

Nawel Ben Kraiem : "J'ai toujours soif de rencontres"

"Sur une île entre deux rives, des vocalises liant l'arabe à l'anglais, celles d'une jeune femme blonde comme les blés brouillent les pistes. Elle joue avec la voix, avec les langues, les émotions, drôles et profondes, puissantes et sensibles, enrobées par une musique tribale et actuelle. Une rythmique groovy, un guitariste aux riffs tribals ou progressifs, un contrebassiste aux influences jazz et world et des touches éléctroniques portent la voix rauque et suave de Nawel. Ces protagonistes nous racontent le sud et le nord, l'ancien et l'actuel, la vie d'hier et celle d'aujourd'hui." Je n'aurais pu ouvrir le présent article avec davantage de justesse. Cet extrait de la bio de l'artiste plante le décor, il esquisse un univers, son univers. Nawel Ben Kraiem est française et tunisienne, deux cultures dont elle se nourrit et s'inspire, sans exclusives. Sa musique, ses mots sont universels. Ses aspirations, ses combats, ceux d'une jeune femme résolument ancrée dans son époque, pétrie de contradictions et génératrice de doutes, de révoltes et d'espoirs... Nawel Ben Kraiem, une auteure-compositrice-interprète à découvrir et à suivre, je suis persuadé qu'après l'avoir entendue, vous serez d'accord avec moi... Pour m'en assurer, j'ai agrémenté le texte qui suit de quelques vidéos, dont celle-ci, le clip du superbe "Figurine". Écoutez-la, elle va vous envoûter... Merci, Nawel, de m'avoir accordé cette interview... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NAWEL BEN KRAIEM

Auteure-compositrice-interprète

 

"J'ai toujours soif de rencontres"

 

Nawel Ben Kraiem 1

(Photos fournies par Nawel Ben Kraiem)

 

 

Q : 23/07/13

R : 21/08/13

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Nawel. Franco-Tunisienne, vous vous êtes installée à Paris à l'âge de 16 ans. C'est là que vous avez suivi une formation de comédienne, cherchant en parallèle à approfondir votre passion pour la musique. D'où vous vient-il, cet amour pour la musique ?

 

Nawel Ben Kraiem : Je suis depuis toute petite fascinée par la musique, et je l'ai d'abord été par les concerts, par la musique sur scène. À trois ans déjà, mes parents m'avaient emmenée voir Marcel Khalifa en concert, et je suis montée sur scène, comme aimantée par le pouvoir de cet endroit... La scène et la musique énergisent, rassemblent, émeuvent, font danser... Bref, mon amour de la musique remonte à loin et est assez instinctif !

 

 

PdA : Racontez-nous le début de votre aventure ?

 

N.B.K. : À quinze ans, en Tunisie, je chantais avec ma guitare, dans ma chambre ou pour des amis, plutôt des reprises anglo-saxonnes. À dix-huit ans, je me suis mise à avoir envie de mettre en "sons" et en mélodies mes mots à moi... C'est alors que j'ai commencé à chercher des musiciens, en collant et en relevant des annonces dans Paris, et à me mettre dans une dynamique de groupe et de travail, qui n'a depuis jamais cessé.

 

 

PdA : Quels ont été jusqu'ici, à vos yeux, les moments forts de votre parcours ?

 

N.B.K. : Ils sont nombreux ! Mon premier concert dans un bar parisien, tremblante de timidité, rue Mouffetard, à dix-huit ans. Lorsque le réalisateur Tony Gatlif, que j'admire beaucoup, m'a proposé de collaborer sur son film ("Indignados", ndlr). La rencontre avec le chanteur Christophe, et le duo que nous avons fait sur France Inter... Et bien d'autres rencontres, plus ou moins ponctuelles, et plus ou moins professionnelles, d'amis et partenaires de route, ont été des moments forts... Ma rencontre de la musique de Lhasa a aussi été un moment fort !!! Bref, la route de la musique est une route chargée... !

 

 

PdA : Quels sont vos morceaux préférés, ceux que vous aimeriez inciter nos lecteurs à écouter avec une attention particulière ?

 

N.B.K. : Je ne réécoute pas mes chansons, mais je crois avoir une affection particulière pour "Mama Please", qui figure sur le disque "Cirrus", pour "Figurine", pour "Den Den City"... pour parler de celles qui sont disponibles sur Internet...

 

 

PdA : Votre travail est salué, régulièrement, par les professionnels du métier. Est-ce suffisant pour se faire connaître ? Quelle est votre "stratégie" pour toucher le plus grand nombre ?

 

N.B.K. : Mon travail commence à rencontrer des médias, des professionnels, et j'ai depuis un an des partenaires solides sur qui je peux m appuyer. Mais mon CD reste autoproduit et distribué artisanalement, et je n ai pas de label.

 

Je n'ai aucune stratégie, si ce n'est celle de travailler à affiner les contours de mon univers artistique. Travail et sincérité ! Avoir une maison de disque ou un distributeur qui puissent m'offrir de meilleurs conditions de travail et m'aider à la diffuser tout en me laissant libre et indépendante dans ma démarche artistique pourrait m'aider à passer un stade et à toucher plus de monde, mais je pense que les vraies rencontres des partenaires de route se font naturellement et au bon moment, et j aurai beaucoup appris dans cette étape d'auto-production.

 

 

PdA : Quels sont les artistes, les groupes d'hier ou d'aujourd'hui qui, connus ou moins connus, vous inspirent ? Ceux que vous aimez et que vous voudriez nous faire découvrir à l'occasion de cette interview ?

 

N.B.K. : J'ai été marquée par des artistes femmes profondes et sensibles comme Lhasa et PJ Harvey et par des groupes comme Gnawa Diffusion et Soap Kills, specialistes du mélange des genres ! Plus récemment, je trouve l'album d'Azealia Banks très original.

 

 

PdA : En plus d'être une artiste, vous êtes une citoyenne, résolument engagée pour les causes qui vous tiennent à coeur : le progressisme, la démocratie. Quel regard portez-vous sur la Tunisie d'aujourd'hui, trois ans après le déclenchement de la "Révolution de Jasmin" ?

 

N.B.K. : La construction d'une vie politique démocratique va prendre du temps, et la situation n'est pas de tout repos... mais j'ai confiance en mon pays, la société civile est active et vigilante.

 

 

PdA : Quels sont vos projets, Nawel ?

 

N.B.K. : Je serai au théâtre à la rentrée, dans une pièce de Milka Assaf (à partir d'octobre, au Vingtième Théâtre). Je vais également retravailler mon live, qui devrait tourner davantage en France au printemps prochain. J'ai aussi des idées de clips qui devraient se concrétiser dans les mois à venir...

 

 

PdA : Vos envies ?

 

N.B.K. : J'aimerais prendre le temps cet hiver de finaliser mon album et de trier, finaliser et rassembler la vingtaine de titres que j'ai en cours... !

 

 

PdA : Vos rêves ?

 

N.B.K. : Continuer à collaborer, à me faire embarquer dans des univers musicaux et humains qui ouvrent de nouvelles portes à mon imagination et à ma sensibilité... J'ai toujours soif de rencontres, et il y a beaucoup de musiciens et chanteurs avec qui j'aimerais travailler.

 

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

 

N.B.K. : Des voyages géographiques, humains et musicaux... Du partage... De la scène, de la scène et de la scène !!!

 

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment !

 

N.B.K. : Merci à vous, et faites passer le mot : www.nawelmusic.com !!!

 

 

 

Nawel 2

(Photo de Cyrille Choupas)

 

 

 

Merci encore, Nawel, pour tes réponses. Pour ta générosité, pour ta sincérité, pour ton enthousiasme ! Mes voeux de succès et de bonheur t'accompagnent pour la suite... Et vous, que pensez-vous de Nawel Ben Kraiem ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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28 juin 2013

Marc Touati : "Pour être très franc, je suis assez inquiet..."

Son "Dictionnaire terrifiant de la dette", paru en mars 2013 aux Éditions du Moment, vient d'être sélectionné, il obtiendra peut-être le prix du livre économique de l'année. Marc Touati préside le cabinet Aux Commandes de l'Économie et de la Finance (ACDEFI), qu'il a fondé en 2007. Outre cette activité, il intervient régulièrement dans les médias pour livrer ses analyses sur les questions d'actualité qui touchent à ses domaines d'expertise. La France et une bonne partie de l'Europe de 2013 sont les témoins - pas tout à fait extérieurs - de la résurgence de ce drame humain que constitue le chômage de masse. Les niveaux de déficits et d'endettements publics, la faiblesse des perspectives de croissance inquiètent, bien au-delà du continent. Les tout derniers chiffres pour la France, tombés au moment de la rédaction de ce texte, ne sont pas forcément de nature à rassurer... Vous l'aurez compris, Marc Touati a de quoi faire, en ce moment. Il a accepté de répondre à mes questions, s'appuyant en partie sur des tribunes qu'il avait livrées par ailleurs. Un regard éclairant, sans concession sur la situation économique et financière de notre pays. Ses prises de positions, engagées, (voir : sa pétition Sauvez la France) ne feront sans doute pas l'unanimité, c'est aussi une invitation au débat, les commentaires sont là pour cela. Merci. Merci à vous, surtout, Marc Touati. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer.  EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MARC TOUATI

Président du cabinet Aux Commandes de l'Économie et de la Finance

Auteur du "Dictionnaire terrifiant de la dette"

 

"Pour être très franc, je suis assez inquiet..."

 

Marc Touati

(Photos fournies à ma demande par Marc Touati)

 

 

Q : 12/04/13

R : 27/06/13

 

 

 

Paroles d'Actu : Bonjour Marc Touati. Depuis cinq ans, la "crise" s'est installée dans nos quotidiens. Je n'en développerai pas l'historique. Quelques points. Un retournement de l'immobilier - prétendument toujours ascendant - provoque une crise aigüe de l'emprunt hypothécaire aux États-Unis. La confection de produits dérivés et leurs échanges facilite sa propagation, comme une traînée de poudre. Une dilution ultra-toxique du risque, risque en partie encouragé par des politiques monétaires contestables et l'action d'organismes publics ou parapublics (garanties, etc...). Certains établissements tombent, d'autres, "too big to fail", "doivent" être sauvés, souvent par l'argent public, également mis à contribution pour sauvegarder la foi dans le système, éviter tant bien que mal de reproduire les erreurs des années 30. Limiter la casse... Cela ne suffit pas pour préserver la confiance dans l'avenir, donnée fondamentale... L'octroi de crédits bancaires se contracte, la frilosité, pour ne pas dire la peur, se généralise. La crise financière américaine devient mondiale (poids de l'Amérique et mondialisation des échanges obligent), économique (diminution de la consommation, de la production, du commerce, explosion du chômage... le cercle vicieux par excellence) et budgétaire (baisse des recettes fiscales et plans de relance conduisant à une explosion de l'endettement public). L'Europe, particulièrement touchée et handicapée par la bancalité des fondations de sa monnaie commune, peine à entrevoir le bout du tunnel... Voilà, pour le tableau, rapide, de la situation. Vous me direz sans doute que la dérive des comptes publics, qui a aggravé la crise en privant le politique de marges de manœuvre et en plombant la croissance, est bien antérieure à 2007-2008, mais nous y reviendrons un peu plus tard.

 

Pour cette première question, j'aimerais vous inviter à nous donner votre sentiment sur les cinq années qui viennent de s'écouler. Quelles leçons l'économiste chevronné que vous êtes tire-t-il de cette "Great recession", de cet enchaînement d'évènements dramatiques qui nous rappellent, sur bien des points, ce que fut la "Great depression" ?

 

Marc Touati : Au moins quatre grands enseignements peuvent être tirés de cette crise historique.

 

Premièrement, le pire n’est jamais certain. Ainsi, en dépit des points de ressemblances, la « great depression » des années 1930 a été évitée. Pourquoi ? Car, deuxième enseignement, la force de notre système économique, voire de l’être humain, réside dans le fait que l’on arrive généralement à tirer les leçons des erreurs passées pour ne pas les rééditer. Ainsi, en 2009, le monde économique a fait l’inverse de celui de 1929. A l’époque, c’était le vrai ultra-libéralisme : on a laissé les banques faire faillite, la Réserve fédérale n’a pas baissé ses taux directeurs au début de la crise et la relance budgétaire n’existait pas. Autrement dit, on a laissé la crise s’installer et devenir une grave dépression. En 2009, les banques ont été sauvées, les banques centrales ont baissé leurs taux directeurs et la relance budgétaire planétaire a atteint 5 000 milliards de dollars.

 

Troisièmement, les crises sont toujours des phases d’opportunités. Celui qui baisse les bras est sûr de perdre, celui qui ose regarder vers l’avenir en investissant et en innovant dispose d’une grande chance de gagner. La preuve ? De nombreuses entreprises sont plus fortes aujourd’hui qu’avant la crise. Et pour cause : elles ont pris les parts de marchés des entreprises qui n’ont pas fait les bons choix stratégiques et ont souvent disparu.

 

Quatrièmement, l’augmentation « bête et méchante » des dépenses publiques n’est pas la recette absolue contre la crise. Il ne faut pas plus d’État mais mieux d’État, la faiblesse de la croissance française en dépit de la forte augmentation des dépenses publiques en est la preuve parfaite.

 

 

PdA : La gestion de l'"après" par les acteurs d'influence (les États, les banques, les institutions internationales, etc...), les décisions qui ont été prises vous rassurent-elles quant à la prévention d'une nouvelle crise de ce type ?

 

M.T. : Si les réactions des États et des institutions internationales au début de la crise ont été bonnes, le cafouillage et les erreurs stratégiques sont malheureusement revenus très rapidement. On peut noter au moins trois grandes erreurs. Primo, la trop forte augmentation de la réglementation bancaire (appelée Bâle III) qui limite l’octroi de crédits aux entreprises. Secundo, le maintien d’un euro trop fort. Tertio, l’exacerbation de la pression fiscale, en particulier dans l’Hexagone. Trois évolutions qui empêchent le retour de la croissance, donc la sortie réelle et définitive de la crise.

 

 

PdA : Nous évoquions tout à l'heure le cas particulier de l'Europe. Plusieurs pays membres de la zone euro ont vécu ces dernières années une dégradation brutale de l'état de leur économie... et de leurs comptes publics. Pour certains d'entre eux, la "crise" a agi comme un révélateur, révélateur de structures économiques pas forcément saines ni durablement soutenables. Qui dit déficits et dettes dit prêteurs. Ceux-ci, souvent institutionnels et étrangers, ont exprimé leur inquiétude s'agissant de la capacité de ces États à les rembourser. Le risque perçu a été intégré, il explique le différentiel constaté dans les taux d'intérêt réclamés, bien plus importants que ceux attachés aux emprunts allemands par exemple, moins onéreux car jugés plus sûrs. Les peuples chypriote, espagnol, grec, irlandais, portugais... n'ont pas fini de payer la facture, elle est écrasante. La solidarité financière joue à plein entre pays de la zone euro, mais ce au prix de cures d'austérité très douloureuses... L'idée : éviter coûte que coûte un défaut de paiement, qui sait quel impact celui-ci pourrait avoir sur l'euro... Combien de sommets de la dernière chance ? On ne les compte plus...

 

M.T. : La rigueur pour la rigueur n’a pas de sens. Si on augmente trop les impôts, on aggrave la récession, donc le chômage flambe encore, les déficits publics s’accroissent et la dette s’envole de plus en plus haut. In fine, la zone euro est menacée jusqu’à son existence même.

 

Sur votre deuxième remarque, effectivement, cela finit vraiment par devenir lassant. Depuis la fin 2009, tous les six à neuf mois, nous avons droit à une nouvelle crise grecque, avec ses faux-semblants, ses dangers et ses « vraies fausses » solutions. À chaque fois, la majorité des économistes et des politiciens bien-pensants se répandent un peu partout pour annoncer que la crise grecque et, par là même, celle de la zone euro sont terminées. Malheureusement, rien n’a jamais été réglé. Bien au contraire. En fait, les dirigeants eurolandais ont simplement posé des gros pansements sur une plaie béante sans la cautériser. Si bien que lorsque le pansement s’effiloche, puis disparaît, la plaie est non seulement toujours là, mais elle s’est, de surcroît, infectée.

 

En effaçant la moitié de la dette grecque détenue par des agents privés, les Européens n’ont fait que gagner du temps. Car, dans la mesure où l’euro est resté trop fort et où rien n’a été mis en œuvre pour soutenir la croissance, la Grèce a continué de sombrer dans la récession et dans le malaise social. Depuis le début de la crise (c’est-à-dire depuis le quatrième trimestre 2007), le PIB hellène a plongé d’environ 30 %. Conséquence logique de ce marasme, le taux de chômage atteint désormais 27 %, et 62,5 % pour les moins de 25 ans.

 

Pour « couronner » le tout, la Grèce s’est engagée dans une crise politique qui rappelle de bien mauvais souvenirs, avec, qui plus est, une extrême gauche qui est toujours à deux doigts de prendre le pouvoir, ainsi qu’un parti néonazi qui est entré au Parlement et a même créé des « milices ». Dès lors, la moindre étincelle, comme la fermeture des médias publics par le gouvernement Samaras il y a deux semaines, réactive un incendie qui n’a en fait jamais été circonscrit.

 

Cela confirme que, sans union politique, la zone euro reste menacée par un pays qui ne représente que 2 % de son PIB.

 

 

PdA : L'erreur, majeure, n'a-t-elle pas été d'aller trop vite dans la constitution du dernier cercle communautaire, celui de la monnaie commune ? Ne fallait-il pas conditionner son intégration à un contrôle a priori bien plus poussé, coupler à sa création celle d'un véritable gouvernement économique ? Intégrer les pays petit à petit, quitte à n'en avoir que trois ou quatre, au départ, le temps de laisser aux autres celui d'assainir leur situation dans des conditions moins violentes... ? Quel est votre avis sur la question ? Comment sortir de ce long cauchemar par le haut, désormais ?

 

M.T. : Il faut arrêter de tourner autour du pot : l’Union Économique et Monétaire ne pourra sortir de la crise de la dette, et plus globalement de sa crise existentielle tant qu’elle ne sera pas une zone monétaire optimale. Cela signifie qu’il existe une parfaite mobilité des capitaux, des entreprises, mais aussi des travailleurs au sein de la zone en question. Pour y parvenir, les pays qui la composent doivent œuvrer à une harmonisation de leurs conditions fiscales, budgétaires et réglementaires, préparer le terrain à un marché du travail unique, sans oublier d’instaurer un budget fédéral conséquent, capable de supprimer les chocs asymétriques au sein de la zone. En d’autres termes, si un des États membres connaît une crise spécifique (que l’on appelle un choc asymétrique), le budget fédéral pourra y remédier directement, annihilant ainsi les risques de contagion à l’ensemble de la zone.

 

Ne l’oublions pas, la création de l’euro n’était qu’une étape visant à donner naissance à une union politique et fédérale. On peut être favorable ou opposé à cette dernière mais si on la refuse, il faut d’ores et déjà savoir que l’UEM finira par exploser, sortant donc de la crise de la dette par le bas, replongeant l’Europe dans un jeu non-coopératif et forcément destructeur.
Comme nous ne cessons de le répéter depuis le début de la crise, les plans de sauvetage de la zone euro ne font que colmater les brèches et continuent d’oublier l’essentiel : la croissance. Tant que l’euro ne passera pas sous les 1,15 dollar pour un euro, que les impôts augmenteront et qu’il n’y aura pas de budget fédéral, la récession perdurera et la crise de la zone euro empirera.

 

Le problème est que les dirigeants eurolandais continuent d’être dogmatiques et de se focaliser sur une faible inflation et une rigueur mal placée. Autrement dit, ils préfèrent « mourir guéri » que vivre avec un peu d’inflation. C’est vraiment dommage.

 

 

PdA : Zoom... sur la France. Dans votre dernier ouvrage, "Le dictionnaire terrifiant de la dette", vous dressez un état sans concession de la situation budgétaire de notre pays, de ses perspectives d'avenir. Quels chiffres, quelles données souhaiteriez-vous que nos lecteurs aient à l'esprit, à ce stade de notre entretien ?

 

M.T. : Lorsque l’on observe l’évolution récente de la dette publique des pays européens et en particulier celle de la France, une question revient souvent : comment en est-on arrivé là ? Autrement dit, comment la dette publique française a-t-elle pu passer de 20 % du PIB en 1980 à 59 % au milieu des années 1990 et à plus de 90,2 % en 2012 ? L’évolution de ce ratio est encore plus inquiétante depuis quelques années : 64,2 % en 2007, 79 % en 2009, 86 % en 2011 et certainement 100 % en 2013. Et encore, par convention comptable, la dette publique française (comme ses homologues européennes d’ailleurs) n’intègre pas le « hors-bilan », c’est-à-dire le paiement des retraites des fonctionnaires. Si tel était le cas, nous serions plutôt autour des 130 % du PIB.

 

En monnaies sonnantes et trébuchantes, le choc est encore plus effroyable. De 92 milliards d’euros en 1980, la dette publique a atteint 515 milliards en 1993, 1 000 milliards en 2003 et sera d’environ 2 000 milliards en 2013 ! Bien sûr, entre-temps, les prix ont également progressé de 172 %. Toujours est-il que de 1980 à 2013, la dette publique française a explosé de 2 073 % en valeur et de 1 901 % en volume (c’est-à-dire sans inflation). De quoi donner le vertige…

 

D’où une question incontournable : comment, en si peu de temps, la France a-t-elle pu passer d’une dette relativement normale à une dette aussi explosive ?

 

La réponse est malheureusement simple. La dette publique n’est que le cumul des déficits publics annuels. Plus ces derniers augmentent, plus la dette flambe. à partir du moment où la croissance économique ne suffit pas à rembourser les intérêts de la dette, alors cette dernière devient cumulative et auto-entretenue. Et encore, il faut noter que, dans son malheur, la France a bénéficié d’un atout incroyable, en l’occurrence des taux d’intérêt bas pour les obligations du Trésor. Lorsque ces derniers remonteront, ce qui se produira inévitablement en 2013, l’écart entre la croissance et la charge d’intérêts de la dette s’agrandira et la bulle de la dette deviendra encore plus explosive. Eh oui ! avec la dette publique, c’est un peu comme avec un célèbre liquide vaisselle jaune : « quand il n’y en a plus, il y en a encore… »

 

Le seul moyen de stopper l’hémorragie puis d’inverser la tendance serait déjà de restaurer une croissance durablement forte et ensuite d’obtenir un excédent des comptes publics. Seulement voilà, la dernière fois que la croissance française a été forte pendant plus de deux ans remonte aux années 1998-2000. Ce « phénomène » relativement court n’a pas permis de retrouver le chemin de l’équilibre budgétaire. C’est bien là que réside le mal principal de la puissance publique française : elle ne sait produire que des déficits sans réussir à relancer la croissance et à faire baisser le chômage. Le dernier excédent des comptes publics remonte à 1974.

 

Aujourd’hui encore, en dépit d’autant d’années de déficits sans croissance et de gaspillage des deniers publics, le gouvernement français n’a aucunement l’intention de renverser la vapeur, même s’il multiplie les efforts marketing pour essayer de faire croire le contraire. Plus grave, la plupart des Français jugent ce comportement normal. Il est donc urgent de réagir. Non, une dette publique de 100 % du PIB n’est pas acceptable ! Non, une croissance économique structurellement inférieure à la charge d’intérêts de la dette publique n’est pas supportable ! Non, il n’est pas sérieux et responsable de laisser encore filer la dépense publique et de se contenter d’augmenter les impôts !

 

Tant que nos dirigeants n’auront pas compris ces éléments de bon sens, la crise de la dette publique enflera. À ce rythme, cette dernière atteindra aisément les 2 500 milliards d’euros en 2017. Dans ces conditions, l’économie française ne connaîtra pas de rebond et les crises sociales et sociétales deviendront notre quotidien.

 

 

PdA : Vous avez lancé il y a quelques jours une pétition, que l'on retrouve sur SauvezLaFrance.com. Le gouvernement y est exhorté à agir à propos du poids de la dette, du niveau des prélèvements obligatoires et de la dépense publique dans notre pays. Si vous deviez attribuer de bons et de mauvais points au pouvoir actuel en matière d'économie et de finance, quel en serait le bilan ?

 

M.T. : La situation économique de la France est de plus en plus catastrophique : la croissance a été nulle au cours des cinq dernières années, la récession est de retour, le chômage flambe et la dette publique devrait atteindre 100 % du PIB d’ici la fin 2013. Pour ne rien arranger, la crise politique qui sévit depuis quelques semaines fait craindre un véritable chaos.

 

Bref, l’heure est grave et il est urgent de réagir. Pourtant, bien loin de prendre le taureau par les cornes et continuant de se voiler la face, le Président Hollande et le gouvernement Ayrault préfèrent le dogmatisme et la méthode Coué. Pis, ils veulent continuer à augmenter la pression fiscale et la dépense publique, qui atteignent déjà des niveaux pléthoriques. Soyons clairs : avec cette double erreur, la récession va encore s’aggraver, le chômage augmenter et la dette publique battre de nouveaux records. Est-ce vraiment cela que nous voulons pour notre douce France ?

 

Certainement pas. C’est pourquoi, il est grand temps de dire STOP ! et d’inverser la tendance. Aussi, devant la dictature du politiquement correct et face à l’omerta économique ambiante, je vous propose de crier tout haut la nécessité d’un véritable changement vers une politique économique plus pragmatique et plus efficace. Celle-ci devra notamment passer par moins d’impôts et moins de dépenses publiques superflues. Une fois que ces deux évolutions auront été engagées, la France pourra retrouver le chemin de la croissance, mais aussi celui de la crédibilité économique et, in fine, sortir par le haut de cette crise qui n’en finit plus.

 

Exigeons donc simplement du gouvernement français qu’il s’engage à abaisser au plus vite le poids des impôts et des dépenses publiques dans le PIB vers le niveau moyen qui prévaut dans la zone euro, en l’occurrence 41 % et 49 %, contre actuellement 46 % et 57 % dans l’Hexagone (estimations 2013). Ces poids sont devenus insupportables et ruinent l’avenir de la France.

 

Alors disons Non ! au dogmatisme et Oui ! au retour de la croissance dans notre beau pays. Signons donc la pétition pour que, d’ici 2017, en France, le poids des dépenses publiques dans le PIB passe de 57 % à 49 % et celui des prélèvements obligatoires reculent de 46 % à 41 % !

 

 

PdA : Quand vous songez à notre pays, à notre continent, là tout de suite, quand vous pensez à leur avenir, le sentiment qui prédomine, c'est plutôt l'optimisme ou le pessimisme ?

  

M.T. : Pour être très franc, je suis assez inquiet, car cela fait quinze que j’essaie de convaincre les dirigeants français de faire les réformes qui s’imposent, mais ils refusent systématiquement, préférant le dogmatisme et pensant surtout à leur réélection. C’est vraiment triste.

 

 

PdA : Imaginons un instant que le président de la République, ou le Premier ministre, peu importe, décide demain de vous confier, sur la base de votre expertise et de votre expérience sur ces questions, une mission. La rédaction d'un rapport destiné à être suivi d'actes. Son objet ? "La régénération durable et prospective de l'économie et l'assainissement structurel des finances publiques de la France". Quelles seraient vos recommandations ?

 

M.T. : Les rapports ne servent à rien. Ils finissent tous dans les oubliettes de la République. Les mesures structurelles à prendre sont simples, je les ai évoquées dans la pétition SauvezLaFrance.com ou encore dans « Le dictionnaire terrifiant de la dette ». Après, il faut simplement avoir du courage politique.

 

 

PdA : La dernière question, en fait une tribune libre. Pour conclure comme vous le désirerez notre entretien. Merci !

 

M.T. : Je terminerai en enfonçant le clou sur la dépense publique. Certes, un pays développé comme la France a besoin d’un État fort et de dépenses publiques importantes. Ces dernières doivent effectivement permettre d’assurer la sécurité du pays, de ses citoyens, de mettre en place une justice efficace, un système éducatif performant, le tout en garantissant une croissance économique durablement forte, un chômage faible, une réduction de la pauvreté et des inégalités. Si la dépense publique parvient à tout cela, alors oui, elle est non seulement justifiée, mais également indispensable.

 

Relevons-nous ce défi aujourd’hui dans l’Hexagone ? Sans vouloir jouer les Cassandre, nous en sommes loin. Certes, nos infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aériennes sont exceptionnelles. Certes, l’école est gratuite, du moins jusqu’au Bac. Certes, le système de santé est plutôt performant.

 

Toutefois, depuis dix ans et a fortiori depuis cinq ans, nos « performances » économiques et sociales ont été déplorables. La croissance française n’a jamais été aussi faible. Le taux de chômage ne cesse de croître. La sécurité intérieure laisse de plus en plus à désirer. L’ascenseur social est bloqué au rez-de-chaussée depuis des années. L’égalité des chances à l’école et devant la maladie est loin d’être assurée. Le nombre de Bac +5 sans emploi devient affolant… Autant de piètres résultats malgré une débauche de moyens publics impressionnants. Ainsi, le poids de nos dépenses publiques dans le PIB atteint 56,3 % en 2012 (certainement plus de 57 % en 2013), contre 52,6 % en 2007. À l’exception du Danemark (avec un niveau de 58 %), aucun pays européen n’arrive à un tel sommet.

 

Loin de ces niveaux, la part des dépenses publiques dans le PIB atteint 49,3 % pour l’ensemble de la zone euro, 44,9 % en Allemagne, 42,7 % en Espagne. Même la Grèce a réduit la voilure, avec un niveau de 50 % en 2012, contre 54 % en 2009. Au niveau mondial, sur les 188 pays recensés par le FMI, seuls quatre font « mieux » que le Danemark et la France : l’Irak, les îles Kiribati, le Lesotho et la Monarchie des Tuvalu…

 

Bref, la France est bien le seul grand pays de la planète à s’engager dans une augmentation maladive de ses dépenses publiques et ce, sans parvenir à améliorer sa croissance. De la sorte, elle enregistre un déficit permanent, qui accroît continuellement la dette publique. Il est grand temps d’arrêter les dégâts.

 

 

Le dictionnaire terrifiant de la dette

 

 

Merci encore, Marc Touati. Bonne chance pour l'obtention du prix du livre économique de l'année pour votre "Dictionnaire terrifiant de la dette" ! Et vous, quel regard portez-vous sur la situation économique et financière de notre pays ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

 

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Vous pouvez retrouver Marc Touati...

 

Sur le site du cabinet Aux Commandes De l'Économie et de la Finance (ACDEFI) ;

 

Sur le site de sa pétition, Sauvez la France.

 

En librairie pour son "Dictionnaire terrifiant de la dette" ;

 

...et bien sûr, régulièrement dans les médias.

 

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6 octobre 2014

Nicolas Marié : "La politique mérite mieux que des réactions émotionnelles"

   Dans la première saison des Hommes de l'ombre, la série de politique-fiction de France 2, Nicolas Marié incarnait Alain Marjorie, candidat socialiste à la présidence de la République. La seconde, dont la diffusion a débuté mercredi dernier, s'ouvre sur les scènes de liesse populaire d'une soirée de victoire - empruntées, pour l'anecdote, à celle de François Hollande en 2012. Dès la deuxième scène, on entre dans le vif du sujet. Un an après. Alain Marjorie est à l'Élysée. Et il va être confronté, bientôt, à de nombreuses, à de graves difficultés, tant aux plans politique que personnel.

   Nicolas Marié est de ces acteurs dont le visage nous est familier, sans pour autant réussir toujours à lui associer un nom. J'espère que cet article contribuera à pallier cette lacune imméritée, tant l'acteur est talentueux et l'homme attachant. Il a répondu tout de suite à ma sollicitation : je tiens à le remercier pour la gentillesse dont il a fait preuve à mon égard. Il nous livre quelques confidences à propos du tournage des Hommes de l'ombre ; nous parle de son personnage, du regard - affûté - que lui-même porte sur le monde politique. Surtout, il évoque pour nous son métier, avec une passion communicative. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

NICOLAS MARIÉ

 

« La politique mérite mieux

que des réactions émotionnelles »

 

Nicolas Marié 1

(Source des illustrations : Les Hommes de l'ombre, France 2.

Sauf : photo n°3, tirée du site Cinéma Passion.)

 

Q. : 04/10/14 ; R. : 06/10/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Nicolas Marié. Ce mercredi étaient diffusés sur France 2 les deux premiers épisodes de la deuxième saison de la série de politique-fiction Les Hommes de l'ombre. On ne se dit à aucun moment, à propos du personnage que vous y campez, le président de la République, Alain Marjorie, qu'il "sonne faux". Comment vous êtes-vous préparé pour cette interprétation ?

 

Nicolas Marié : Je n’ai pas eu de préparation particulière pour incarner ce Président. Il m’est arrivé dans ma vie de côtoyer assez fréquemment des hommes politiques. Ajoutez à cela le déferlement quotidien d’images sur le monde politique. Avec un texte bien écrit et suffisamment évocateur quant à l’autorité qui doit présider à ce type de rôle, il n’y avait plus qu’à se laisser porter par son instinct…

 

PdA : L'action se déroule un an après l'élection de votre personnage. L'état de grâce, s'il a existé, est derrière lui. Les difficultés s'accumulent. Sa majorité de coalition, précaire, vient de survivre à une motion de censure à l'issue incertaine. Surtout, deux affaires menacent de ruiner sa présidence : un scandale politico-financier et un faits-divers tragique ; la seconde ayant pour protagoniste principal son épouse (qu'interprète par Carole Bouquet) et pour dissimulateur en chef l'ex-ministre de l'Intérieur, éclaboussé par la première affaire et "démissionné" depuis.

« On ment pour protéger les siens et on ment ensuite parce qu’on a déjà menti ». Cette réplique qui fait mouche est lâchée par un Alain Marjorie manifestement désabusé. Un homme dont on ne doute pas, parce que ça se sent, qu'il est honnête et qu'il voulait faire de la politique "autrement". Cet état d'esprit s'accorde-t-il au vôtre lorsque vous considérez le monde politique ?

 

N.M. : Je crois qu’il y a un grand espace entre le mensonge et la trahison. On a le droit de mentir. Bien mentir est une qualité. Un bon acteur est un bon menteur. Il se sert de la couverture d’un personnage et d’un texte pour exprimer une vérité. Sa vérité. Alors le mensonge devient un outil de vérité.

 

Pour Marjorie, comme pour tout homme politique, le mensonge est aussi un outil. C’est un bon outil s’il est un outil nécessaire dans un objectif légitime. L’histoire regorge de mensonges d’hommes politiques ou de militaires et de stratèges (l’opération « Fortitude » aura été l’exemple même du mensonge salutaire…) qu’il ne viendrait à l’idée de personne de condamner dès lors qu’ils ont permis de gagner des guerres, de sauver des vies humaines. « Mensonge » ne veut pas forcément dire « malhonnêteté »… Ici, Marjorie prend simplement conscience des vraies difficultés de l’exercice du pouvoir. Comme il y a un grand espace entre « mensonge » et « trahison », il y a un grand espace entre « compromis » et « compromission »…

 

Pour ce qui me concerne, je ne me voyais pas aborder ce Président sans une haute idée de ce que doit être la politique et l’idée que s’en ferait mon Président… Je suis issue d’une famille de résistants de la 2nde Guerre mondiale qui ont été déportés en Allemagne et qui ont été sauvés grâce au courage et à la détermination de ces grands responsables politiques qui nous ont libérés de la bête immonde. Quelquefois grâce à des mensonges meurtriers, qui n’en étaient pas moins nécessaires… Je ne pouvais incarner un de ces responsables sans avoir chevillé au corps leur sens aigu du patriotisme. Cette réplique n’aura donc été que la traduction d’une interrogation légitime. Un instant d’intimité, de doute. Un constat qui ébranle mais ne remet pas en question l’objectif de grandeur.

 

PdA : La politique, c'est un engagement qui, dans une autre vie, aurait pu vous séduire, vous tenter... ?

 

N.M. : Ma réponse à la question précédente implique forcément une réponse affirmative à celle-ci. La désillusion, le désenchantement, le refuge vers les extrêmes, ne sont que réactions émotionnelles. La politique (avec un grand P) mérite mieux que cela.

 

PdA : Revenons à la série. Pour cette nouvelle question, c'est à une sorte de numéro d'équilibriste que j'ai envie de vous inviter. Je le disais, pour l'heure, deux épisodes sur six ont été diffusés. À la fin du deuxième épisode, le président Marjorie est pris d'un malaise dont on avait déjà pu percevoir, ici ou là, des signes avant-coureurs... Parlez-nous de la suite de l'intrigue, sans rien en révéler, évidemment ?

 

N.M. : Le Président, très malade, ne va pas mourir. L’exécutif va être confronté à une courte période de vacance du pouvoir, qui sera prétexte à montrer au public comment nos responsables gèrent ce type de situation extrême.

 

PdA : Que retiendrez-vous de cette expérience ? Quels souvenirs en garderez-vous ?

 

N.M. : Ces six épisodes ont été tournés en crossboarding. Ce qui signifie que, dès le premier jour, nous tournions des scènes du 6 avec des scènes du 3, du 5 et du 1. Le lendemain, des scènes du 2, du 4, du 3, du 1 et du 5… et ce pendant trente jours… C’est un exercice exaltant, mais qui demande beaucoup de travail et une grande rigueur. Il faut dès le premier jour de tournage avoir construit la ligne générale de son personnage et en fonction des péripéties auxquelles il est confronté, avoir ajusté très précisément son évolution au fil des scènes de chaque épisode. Et respecter bien entendu scrupuleusement cette évolution pendant le tournage de chaque scène de ce grand puzzle.

 

Carole Bouquet, Bruno Wolkovitch, Aure Atika, Philippe Magnan, Yves Pignot, Emmanuelle Bach, sont des camarades de jeu délicieux, et nous avons été encadrés par un réalisateur talentueux et imaginatif et une production exigeante et attentive. Quelles qu’aient donc été les difficultés de ce type d’exercice, j’en garde un excellent souvenir.

 

Nicolas Marié 2

 

PdA : Quand on entreprend de regarder ce qu'a été votre parcours d'artiste jusqu'à présent, Nicolas Marié, on est impressionné, forcément. Vous êtes de ces visages, de ces voix que l'on a tous croisé au moins trois ou quatre fois, au détour d'un film, d'une série, sans forcément pouvoir mettre de nom dessus. Le nombre de pièces, de productions télé auxquelles vous avez participé force le respect. Vos voxo et filmographie noirciraient à elles seules pas mal de pages. S'agissant du cinéma, il conviendrait évidemment de citer 9 mois ferme, de votre ami Albert Dupontel, auquel on pourrait accoler 99 francs (J. Kounen), Micmacs à tire-larigot (J.-P. Jeunet), entre autres...

Quelles seraient, justement, sur l'ensemble des œuvres auxquelles vous avez collaboré, celles que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir, et pourquoi ?

 

N.M. : Comme une vie d’homme, la carrière d’un acteur est multiple. Je revendique cette multiplicité, elle m’a nourri au fil des années. Je l’ai encouragée, provoquée. Donc ce n’est pas une oeuvre en particulier que je mettrais en avant, mais la grande diversité des supports (théâtre, cinéma, télévision, radio, synchro..), des réalisateurs, des textes, qui a jalonné mon parcours.

 

PdA : Qu'est-ce qui vous rend fier, quand vous regardez dans le rétro et autour de vous ?

 

N.M. : Une vie d’adulte nourri d’abord par le bonheur d’aimer et d’être aimé.

 

PdA : Voulez-vous nous parler de vos projets ?

 

N.M. : Mon professeur d’art dramatique lorsque j’avais vingt ans disait toujours qu’on n’est pas sûr d’avoir le rôle tant que la dernière représentation n’est pas jouée… Les acteurs sont très superstitieux… Rares sont ceux qui dévoilent leurs projets… Je peux donc juste vous confier que mes projets sont multiples eux aussi… Dans les quatre mois qui viennent, il y a du théâtre, du cinéma, de la synchro et de la télé.

 

PdA : Des envies, des rêves, pour aujourd'hui ou demain ?

 

N.M. : Continuer de respirer à pleins poumons le grand air de la vie, en continuant de jouer avec le support du mensonge pour exprimer ma vérité…

 

PdA : « Au fond de moi, je n'ai pas le souvenir d'avoir voulu faire autre chose que comédien, c'est terrible ! D'une certaine manière, je n'avais pas d'autre choix ! (rires) J'ai toujours eu envie de faire ça. » Voici ce que vous déclariez lors d'une interview à Allociné, l'année dernière.

Quels conseils donneriez-vous à un(e) jeune qui se poserait aujourd'hui les mêmes questions que vous à l'époque, qui rêverait de devenir tragédien(ne) ou de jouer la comédie et, idéalement, d'en faire sa vie ?

 

N.M. : Un seul conseil : faire. Il n’y a que dans le « faire » qu’on apprend, crée, se grandit, vit. Faire. Faire. Faire. Un projet, aussi banal apparaît-il, sera plus fondateur pour un jeune acteur que tous les discours. S’il ressent donc l’appel de ce métier, qu’il embrasse avec avidité, avec gourmandise, tous les projets qu’il se soumet à lui-même, toutes les sollicitations qui se présentent à lui.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

N.M. : Peter Brook termine un de ses livres (L’Espace vide) par : « Jouer sur une scène demande de gros efforts. Mais quand le travail est vécu comme un jeu, alors ce n’est plus du travail. Jouer est un jeu… ». Pour un acteur, la vie est un immense terrain de jeu. Vive la vie. Vive le jeu.

 

Nicolas Marié 3

 

 

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Vous pouvez retrouver Nicolas Marié...

 

1 juillet 2016

Julien Holtz : « Il faut se fixer des challenges réalistes, c'est ainsi qu'on progresse... »

Les Jeux olympiques d’été 2016, qui se tiendront à Rio (Brésil), s’ouvriront dans un peu plus d’un mois. Une bonne occasion de se replonger dans la petite et grande histoire de l’Olympisme: ça tombe bien, c’est précisément ce que propose l’ouvrage 100 Histoires de légende des Jeux olympiques, paru chez Gründ il y a quelques semaines. Un beau livre écrit à quatre mains, par un père - le célèbre journaliste sportif Gérard Holtz, qui commentera à partir de demain son dernier Tour de France sur France Télévisions - et son fils - Julien Holtz, jusqu’ici largement méconnu. J’écris « jusqu’ici » parce que j’ai le sentiment qu’après publication de cette interview, ça risque de bouger un peu.

Un long et agréable échange dont je vous remercie, Julien. Le présent article, que je me suis efforcé de ponctuer d’une multitude de liens et visuels pour compléter l’expérience, est une plongée passionnante dans l’univers des JO et du sport de haut niveau en général. Expression d’une passion incontestable, d’une culture solide et de sentiments perso souvent touchants, parfois dérangeants, inspirants dans bien des cas... l’émergence d’un futur journaliste sportif populaire ? La suite le dira... Bonne lecture ! Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

PS : un grand merci, également, à Caroline Destais, sans qui rien cet article naurait pu être réalisé, ainsi qu’à Gérard Holtz, pour ses contributions précieuses (en P.II)

 

Exclusif - Paroles d’Actu

« Il faut se fixer des challenges réalistes,

c’est ainsi qu’on progresse... »

Interview de Julien Holtz

27-29/06/16

CV JEUX OLYMPIQUES indd pdf_00_P100

100 Histoires de légende des Jeux olympiques (Gründ, 2016)

 

Partie I : l’interview de Julien Holtz

 

Paroles dActu : Julien Holtz bonjour, merci de m’accorder cet entretien pour Paroles d’Actu à l’occasion de la sortie de l’ouvrage 100 Histoires de légende des Jeux olympiques, que vous avez coécrit avec votre père. On ne présente plus Gérard Holtz, votre père, mais vous, parlez-nous de vous ? de votre parcours ?

 

Julien Holtz : Bonjour ! Gérard n’a plus beaucoup de secret car tout ce qu’il fait est destiné au partage. La télévision, le théâtre, la réalisation, l’écriture. Et c’est vrai que les «  fils de » ont à se faire une place, dans l’ombre de leurs parents. J’avais choisi de faire mon propre chemin : prépa HEC, école de commerce (l’ESC Lille) puis une carrière qui de fil en aiguille m’a mené vers le web et le conseil en expérience utilisateur. Je ne voulais pas devoir mes réalisations et mon épanouissement d’adulte à mes parents. Je ne voulais pas qu’au jour de leur décès, je n’aie rien fait de constructif, et que je sois comme un oiseau tombé du nid avant d’avoir appris à voler… Alors je l’ai fait, j’ai déployé mes ailes. Puis au bout de dix ans de carrière, j’avais des doutes, envie de changer d’air. Gérard m’a écouté, il a eu une opportunité, une occasion en or qu’il a voulu partager avec moi et je l’ai saisie !

 

PdA : Ce florilège de grands moments et noms des JO, publié chez Gründ à quelques semaines de l’ouverture de ceux de Rio, vient à la suite d’une série de livres que vous avez ensemble consacrés, toujours chez le même éditeur, au Tour de France (2013), au sport français (2014) et au rugby (2015). Je ne vais pas vous demander comment vous est venue l’idée de ce dernier opus... mais plutôt comment est née celle de ces ouvrages réalisés avec votre père, et quelques éléments des coulisses de leur élaboration : qui fait quoi/quand/comment ? Est-ce que celui-ci avait une saveur, des traits particuliers par rapport aux autres ?

 

J.H. : Je vous parlais d’une opportunité. C’est tout simplement notre éditeur, Gründ, qui a contacté Gérard fin 2012 alors que la 100ème édition du Tour de France approchait. Gérard m’avait alors parlé d’un livre de photos du Tour à légender. Sans même y réfléchir, même si je n’avais jamais encore confronté ma plume au marché, j’ai dit « oui » ! Nous avons rencontré notre éditeur et découvert qu’il s’agissait en fait d’histoires à choisir et à raconter avec nos mots. D’un album de portraits, d’exploits et de scandales à butiner et picorer.

 

Sur ce premier livre, nous avons un peu tâtonné d’un point de vue méthodologique. Mais il s’avère que la méthode était la bonne et nous avons reproduit la recette sur les trois livres suivants ! Nous sommes « associés » à 50/50 tant sur la recherche d’idées, la liste des histoires, le choix des thèmes, la répartition des textes, le choix des photos, la promo. Un duo équilibré et complémentaire ! Gérard plutôt sur l’histoire et les petits secrets. Moi plutôt sur les scandales, les tragédies, les grands exploits et les images fortes. Gérard source son écriture dans les livres et moi je farfouille sur internet. YouTube est mon ami  !

 

PdA : Dans cet ouvrage riche et agréablement illustré, on retrouve, comme promis, tous les marqueurs qui ont fait l’histoire des Jeux olympiques au 20ème siècle : exploits incroyables et injustices terribles, portraits d’hommes et de femmes d’exception et incursions, souvent, de la grande Histoire dans celle de l’Olympisme. Quelles sont, parmi toutes ces histoires, que vous les ayez « vécues en direct » ou apprises après coup, celles qui, à titre personnel, vous ont le plus marqué et pourquoi ?

 

J.H. : Il y a l’image de Derek Redmond à Barcelone en 1992, foudroyé par un claquage en pleine course du 400m, qui veut passer la ligne quoiqu’il lui en coûte. Son père passe les cordons de bénévoles et saute sur la piste pour le soutenir !

Derek Redmond

Src. de la photo : www.athslife.com. Vidéo : cliquez sur la photo.

Il y a Elizabeth Robinson, championne olympique du 100m en 1928, promise au doublé à Los Angeles en 1932 et qui entre-temps frôle la mort dans un accident d’avion avec son cousin… Prise pour morte, elle avait même été envoyée au croque-mort  ! Figurez-vous qu’en 1936 elle glanera une nouvelle médaille, malgré une jambe raidie, avec le relais 4x100m !

Il a les japonais Nishida et Oe qui en 1936 refusent de se départager sur le podium du saut la perche. De retour au pays, ils couperont leurs médailles d’argent et de bronze pour en ressouder deux, mi-argent mi-bronze !

Il y a Károly Takács, le Hongrois qui mettait dans le mille au tir. Il devra franchir bien des obstacles pour parvenir au titre olympique. Jeune soldat, il n’avait d’abord pas le grade suffisant pour participer aux Jeux. Plus tard, une fois la condition remplie, il s’était blessé à la guerre et avait du apprendre à tirer de l’autre main ! Cela ne l’a pas empêché d’être double champion olympique !

Il y a les immenses exploits, comme Carl Lewis qui égale Jesse Owens aux Jeux de Los Angeles avec quatre titres lors d’une même olympiade. Les stakhanovistes comme Emil Zátopek ou plus récemment Steven Redgrave en aviron.

Dans le sport comme dans la vie, on n’a rien sans travail. Le plaisir est fade, la fierté est inexistante s’il n’y a pas eu de la souffrance pour y parvenir !

 

PdA : Combien d’athlètes présents sur ces pages ou lors de ces manifestations avez-vous pu rencontrer jusqu’à présent ? Que retenez-vous de ces rencontres et comment percevez-vous ces personnalités ? Les classeriez-vous « un peu à part » du commun des mortels ?

 

J.H. : À vrai dire, j’en ai rencontré assez peu. Les grands événements sportifs n’étaient pas mon quotidien, c’étaient mes récréations exceptionnelles. Il me faut reconnaître que j’ai eu une enfance particulièrement privilégiée de ce point de vue-là !

J’ai croisé récemment Marie-Jo Pérec dans un Monoprix du 17ème arrondissement de Paris. Une femme douce, gentille. Une timidité qui cachait certainement une rage de vaincre à toute épreuve. Marie-Jo c’était notre gazelle face aux félines sprinteuses.

À l’intronisation de Renaud Lavillenie à Grévin, j’ai pu échanger quelques mots avec lui et rencontrer aussi la fille de Colette Besson. Renaud est assez fidèle au portait que nous avons fait de lui : on sent sous ce masque de cire une impétuosité et un caractère de feu ! Un vrai voltigeur.

Renaud Lavillenie

Renaud Lavillenie aux J.O. de Londres en 2012. Src. de la photo : http://www.lejdd.fr.

Lors d’un spectacle de Michael Gregorio au Bataclan, j’étais assis derrière Teddy Riner, inutile de vous dire que je n’ai pas vu grand-chose du spectacle tellement le colosse est immense !

Enfin je connais intimement Thierry Rey et il est dans la vie comme il l’était sur les tatamis : un bosseur, un fonceur. Un gars authentique, fidèle et loyal.

 

« Tous ces champions ont eu en eux ce feu sacré

qui les poussait à ne jamais renoncer »

 

J’ai la conviction qu’on ne peut être un champion sans avoir une envie au-dessus de la moyenne. Vouloir réussir, c’est accepter l’idée de sacrifice. Que ce soit en sport comme en business ou dans n’importe quel art. Tous ces champions dont nous racontons l’histoire ont eu en eux ce feu sacré qui les poussait à ne jamais renoncer, ou en tout cas à renoncer plus tard que les autres !

 

PdA : Quels sont les sentiments qui vous habitent lorsque vous vous trouvez, devant votre poste de télé ou dans un stade, face à un exploit authentique ? De l’admiration certainement mais est-ce qu’il n’y a pas aussi, quelque part, une espèce, sinon de jalousie, en tout cas d’envie de se retrouver, à ce moment-là, dans la peau de l’athlète, à sa place ? Avez-vous jamais caressé cette envie, ne serait-ce qu’un temps, d’embrasser vous-même un parcours sérieux de sportif de haut niveau ?

 

J.H. : Je conseille à tout le monde d’avoir des rêves et des projets. De tracer un chemin pour s’approcher au plus près de ce qui vous guide. Je n’ai jamais éprouvé de la jalousie. C’est un sentiment négatif. A contrario l’envie est un élément moteur. Quand je suis dans mon canapé comme téléspectateur, je vis par procuration des émotions intenses. J’adore les retournements de situation, quand le petit dépasse le grand, quand le fort faiblit et que sa carapace se fendille.

 

Être un champion, un sportif de haut niveau ne m’a jamais fait envie. L’écart est bien trop grand pour qu’il fasse envie. C’est comme si je vous demandais, rêveriez-vous d’habiter l’Élysée ou le château de Versailles ? C’est tout simplement irréaliste. En revanche, monter un col mythique du Tour de France, gravir le Mont Blanc, courir un marathon, participer à une course de karting ou de vélo de 24h, ce sont des choses réalistes qui permettent de réaliser des exploits à sa portée. J’ai fait tout ça et à chaque fois, j’ai été fier de moi de le faire, d’y arriver et de progresser.

 

PdA : La question du dopage est omniprésente quand on parle de sport de haut niveau depuis des années et même... bien plus que ça. Est-ce qu’il n’y a pas aussi, là-dessus, une hypocrisie de la part du (télé)spectateur qui demande toujours plus de performances à l’athlète, quel que soit le sport concerné (et je pense évidemment en premier lieu au cyclisme) ? Le doping dans le sport n’est-il pas devenu inévitable au vu des masses financières impliquées ?

 

J.H. : Le téléspectateur n’a rien à voir dans le problème du dopage. C’est dans la nature humaine de chercher le petit truc qui va lui simplifier la tâche et lui donner les 5% ou 10% de performance en plus pour aller chercher la victoire. Astérix, un personnage de BD, en est le meilleur exemple ! Qui n’a pas fait une cure de vitamines avant de passer le bac ? Quel chanteur ne s’est pas saoulé avant un concert (pour ne pas dire pire) ?

Le problème en réalité c’est la suspicion entre les sportifs : Tiens, il marche à quoi lui ? Ben, je veux la même chose ou je veux mieux ! L’engrenage est rapide, au début on prend des petites médications pour récupérer, puis on arrive in fine aux transfusions sanguines, à l’Aicar, etc…

En cyclisme par exemple, il y a une énorme pression sur les coureurs. Leur carrière est tellement précaire et les sponsors veulent un retour sur investissement (qu’on cite le maillot). La tentation est grande de « passer du côté obscur de la force ». C’est presque culturel. Et plus on s’enfonce moins on a de scrupules. L’histoire de Lance Armstrong est le summum.

Le rugby a pris la même direction. Dans les années 80, c’étaient encore des gabarits comme vous et moi. Puis avec le professionnalisme, la multiplication des matches, les nouveaux gabarits de l’hémisphère sud aussi et ce nouveau style de jeu où on n’évite plus le défenseur et l’on cherche  l’impact… Il fallait se muscler, lever de la fonte. Tout cela nous donne des éléments pour comprendre la plongée vers le dopage.

 

PdA : Muhammad Ali, figure de légende par excellence, sur le ring comme à la ville, nous a quittés au début du mois de juin. Que vous inspire le personnage ? Qu’est-ce que vous auriez envie d’écrire sur lui si on vous ouvrait un espace pour le faire ?

 

J.H. : Il y a eu un magnifique film sur lui avec comme acteur principal Will Smith. Son caractère et son aura sont très inspirants. Maintenant écrire sur lui, il y a matière c’est sûr mais la question est « y-a-t-il un public pour ce sujet en France ? »

 

PdA : Lionel Messi, un des meilleurs footballeurs du monde, vient tout juste d’annoncer sa retraite internationale. Est-ce que vous l’intégreriez dans la catégorie des « légendes » du sport ? Question liée : comment définir ce concept de « légende » ?

 

J.H. : Messi est une légende, ne serait-ce que par son palmarès collectif et inviduel. Son histoire comporte tous les ingrédients pour en faire une de nos histoires de légende. Son enfance, sa petite taille, le Barça qui le recueille et l’aide à grandir tant physiquement qu’humainement. Son jeu, sa vista, ses records… Typiquement le genre de logique qui colle au concept des 100 Histoires de Légende !

 

Lionel Messi

Lionel Messi aux couleurs du F.C. Barcelone. Src. de la photo : CNN.com.

 

PdA : Justement... On vit aujourd’hui à l’époque de l’instantané, du trop-plein médiatique ; peut-être vit-on les événements avec moins de recul, peut-être néglige-t-on les vertus de la rareté et du silence. Les coulisses sont de plus en plus accessibles, on connaît davantage la vie des athlètes, eux-mêmes s’expriment sur Twitter, etc. Est-ce que, dans ce contexte, l’émergence de « légendes » est encore possible ? Les grands exploits sportifs font-ils rêver autant qu’avant ? Avez-vous à l’esprit des noms de sportifs ayant émergé dans les toutes dernières années et qui à votre avis porteraient bien (ou seraient susceptibles de bien porter) le qualificatif de « légende » ? Usain Bolt peut-être ?

 

J.H. : Usain Bolt est un champion hors normes. Laissons de côté les soupçons de dopage en Jamaïque, si un jour il devait tomber, il deviendrait un paria comme Lance Armstrong

Quelques journalistes triés sur le volet ont ces dernières années pu suivre le sprinteur à l’entraînement. C’est un sportif très bien entouré et qui sait se faire mal. Il a fait de sa taille (un handicap potentiel) un atout car il a travaillé sa puissance et sa fréquence de foulée.

 

« C’est souvent a posteriori qu’on dit d’untel

qu’il a été une légende »

 

Il faut être vigilant avec le qualificatif de « légende » car il y a une notion d’absolu. Or, un sportif en activité n’est jamais dans l’absolu, il se compare tous les jours aux autres. C’est souvent a posteriori qu’on dit d’untel qu’il a été une légende.

On peut dire de Bubka qu’il a été une légende du saut à la perche. Inversement, on ne peut pas encore le dire de Lavillenie car sa domination n’est pas absolue. Il lui arrive de faire « chou blanc » lors de quelques grands rendez-vous. On peut dire de Federer qu’il a été une légende du tennis tout comme Djokovic. Leur domination a été ou est absolue. Ils collectionnent les Grand Chelem.

En sports auto : Schumacher a été une légende, Loeb aussi. Alain Prost et Senna, des pilotes de légende mais pas des palmarès ahurissants. À mon sens la nuance est fine, c’est cette histoire de domination absolue.

 

PdA : « Votre » top 3 ou 5 des sportifs, passé/présent, toutes catégories et toutes disciplines confondues, que vous placeriez au-dessus de tous les autres, au top de votre palmarès personnel ?

 

J.H. : Mon Top 5  :

Michael Jordan
Carl Lewis
Michael Phelps
Lance Armstrong
Hicham El Guerrouj

 

PdA : Armstrong, malgré tout ?

 

Lance Armstrong

Src. de la photo : www.sportsinside.fr.

« J’ai malgré tout de l’admiration pour Armstrong »

J.H. : Ça peut vous étonner mais j’ai une certaine « admiration » pour Lance Armstrong. Malgré tout ce qu’il a fait. Malgré le tort qu’il a causé aux coureurs propres, à ceux qu’il a muselés. 7 Tours de France, 7 ans d’une domination absolue et mensonge de 14 ans. Comme toujours, les tricheurs ont un coup d’avance sur la police. Et à travers les livres L.A. Confidential de David Walsh et Pierre Ballester ou encore La Course secrète de Tyler Hamilton, on découvre le « Système Armstrong », cette mafia organisée autour de la victoire. La victoire à tout prix. Les menaces à ceux qui se plaignent ou veulent parler (Bassons, Simeoni, Betsy Andreu, etc...), le déni systématique de l’intéressé face aux médias (« pas positif donc pas dopé ») mais en réalité des moyens colossaux et des complicités à tous les étages. L’Américain aurait souscrit à toutes les méthodes, à tous les produits : corticoides, EPO... les microdoses pour ne pas être positif au contrôle... pire, les transfusions sanguines ! En 1999 lorsqu’il est positif aux corticoides, Armstrong répond à mon père que c’était une « skin cream » (une pommade pour son irritation sous les fesses). Face à ce crime de lèse-majesté que Gérard a commis, Armstrong répond par un boycott de son émission pendant quatre ans. Avec le nouveau thème du dopage mécanique, il serait même question qu’il ait déjà triché dès 1999, ce qui expliquerait sa cadence de pédalage folle en montagne... Telle est la face sombre du champion... Et dans la liste, Il y a Carl Lewis, qui n’est pas non plus le champion irréprochable qu’il affirmait être durant les années 80. On l’évoque dans notre livre, Les 100 Histoires de Légende des Jeux olympiques. Carl Lewis s’est dopé, lui aussi exerçait une certaine influence sur son sport. Le pouvoir et son exercice donnent des moyens et certaines libertés que l’on protège par tous les moyens.

Pourtant ces deux types font partie de mon Top 5 car ce sont des personnages hors normes, ils ont fait l’histoire de leur sport, l’histoire du sport en général. Êtres de conquêtes, assoiffés de victoires. Des exigeants, des champions du moindre détail qui ne laissaient rien au hasard. Ils programmaient leur victoire. Cela retirait le charme de l’imprévu mais cela dopait le spectacle de la performance. « Mais comment fait-il ? », « Comment est-ce possible ? ». Aujourd’hui on se pose la même question à propos d’Usain Bolt. Ce concours 1991 du saut en longueur pour Lewis face à Powell. Ce contre-la-montre de 2005 entre Fromentine et Noirmoutier-en-l’Île où Armstrong, parti une minute après Ullrich, revient comme un boulet de canon sur l’Allemand et le dépose en moins de 19km ! Grande image de télévision, sacré souvenir de passionné. Tout comme l’Alpe d’Huez 2001 dans une étape où il avait d’abord bluffé sur une possible méforme, ce qui tactiquement était intelligent (cela incitait l’équipe d’Ullrich et les autres concurrents à rouler à la place des US Postal), avant au pied de l’Alpe d’Huez de toiser l’Allemand du regard, de le jauger puis de la déposer. Intelligence tactique qui frisait l’humiliation. Mais Ullrich, l’éternel second de l’Américain, n’avait et n’aurait jamais les moyens de se défendre.

Ce que je retiens de ce type, c’est sa soif insatiable de victoire. Cette hargne qui vous mène aux grandes réussites et nourrit les palmarès. Un sportif de haut niveau ne peut prétendre devenir un grand champion et marquer son temps sans avoir cette envie qui vous aide à supporter et apprivoiser la souffrance. Entre art et business, il faut ajouter à cela une maîtrise absolue et certaine intelligence tactique. Chose qu’Armstrong avait et qu’Ullrich et Virenque n’avaient pas. L’Américain décidait de tout, dirigeait, organisait comme un entrepreneur. Alors que ses principaux concurrents n’étaient que des pions, parmi les meilleurs de l’échiquier, mais jamais ils n’auraient pu prétendre à être rois !

 

PdA : Quels seront les athlètes français, connus et moins connus, à suivre de près durant cette Olympiade 2016 ?

 

J.H. : Si Diniz est dans la forme de sa vie, il peut nous ramener la breloque comme on dit ! Je trouverais cela extraordinaire. Même si la marche athlétique n’a rien de spectaculaire, Yohann est garçon plein d’envie et ultra méritant !

 

Yohann Diniz

Yohann Diniz. Src. de la photo : www.sport.fr.

 

PdA : Peut-on raisonnablement espérer une récolte de médailles meilleure peut-être que les années précédentes (qui n’étaient déjà pas si mauvaises...) ?

 

J.H. : La France peut espérer une trentaine de médailles. Ce serait bien qu’en cyclisme sur piste, en escrime, en judo et en natation les Français respectent la tradition et fassent le plein ! Yannick Agnel n’était pas à son meilleur niveau aux championnats de France, espérons qu’il ait rattrapé son retard ! Sur piste, Greg Baugé et Pervis : des valeurs sûres.

 

« Ça va être compliqué cette année

pour l’athlétisme aux JO... »

 

En athlétisme, ça va être très compliqué. Le niveau mondial est très élevé. Jimmy Vicaut peut prétendre à une finale sur le 100m mais le podium, j’en doute. Et il est bien possible que l’âge d’or de Lemaitre soit passé aussi…

 

PdA : Gérard Holtz va quitter France Télévisions après avoir animé, cet été, son dernier Tour de France... qu’est-ce que ça vous fait à titre perso ?

 

J.H. : J’ai grandi en regardant « Papa » à la télé. Il fallait se faire une raison, l’âge fait son œuvre et il faut laisser la place. Depuis quelques années, avec cette aventure des livres, j’ai le plaisir de partager un peu de son aventure avec le public français. Des lecteurs passionnés, connaisseurs et parfois novices aussi.

 

C’est sûr que ça fait un vide dans mon quotidien mais maintenant c’est mon épouse que je regarde à la télévision ! Elle présente un magazine sur France 3 le matin !

 

PdA : Partagez-vous complètement la passion de votre père pour le vélo ou bien avez-vous une préférence pour d’autres sports ?

 

J.H. : Oui je la partage mais cela m’est venu « sur le tard ». Je faisais souvent du VTT au Parc de Saint-Cloud dans mon adolescence mais rien de plus. Puis en 2003, lorsque j’ai signé mon premier CDI au marketing chez Kärcher, Gérard a fait un exploit en faisant à vélo le parcours du Tour 1903. J’étais envieux de son aventure… et je me suis mis à la petite reine un an après !

On a souvent roulé ensemble à Longchamp et sur les jolies routes des Yvelines. On a même fait des cyclosportives comme la Ronde Picarde, la Look, et aussi les 24h du Mans en relais. Nous avions même fini 24ème de la première édition ! Nous avons aussi des passions communes pour le ski et le karting.

Et j’ai développé aussi un attrait particulier pour la course à pied, sport plus accessible et qui nécessite moins de temps. Du coup je peux m’entrainer la semaine et j’ai bouclé le Marathon de Paris en 2011 ! Je viens tout juste de courir ma 3ème Transbaie, une course nature à travers la Baie de Somme et je prépare pour octobre l’Ecorun de Vaucresson, un 20km 100% nature.

 

PdA : Un mot tout de même sur l’Euro de foot qui se joue actuellement en France: que vous inspire l’équipe nationale ? est-elle cette année au niveau des meilleures du continent ? votre pronostic pour la finale ? 

 

J.H. : L’Euro est en train de me réconcilier avec le football. On retrouve enfin du spectacle, de la bonne humeur et moins de vulgarité et de violence. Même le 0-0 des Bleus contre la Suisse était un beau match ! Le nombre de tirs sur les poteaux le prouve !

 

« Je ne me retrouve pas dans ce que sont

les Bleus d’aujourd’hui »

 

Je n’ai pas d’amour particulier pour notre équipe de France comme je l’avais dans les années 90. J’aimais nos joueurs, les Papin, Canto, Ginola, Pirès, Deschamps, Sauzée... Il y avait du talent avec Zidane et des valeurs aussi. De l’éducation et des principes. Aujourd’hui je ne me retrouve plus du tout dans le collectif des Bleus, dans l’image qu’ils renvoient, dans leur état d’esprit.

 

PdA : « Votre » anthologie du foot, c’est pour l’an prochain ?

 

J.H. : Nous aurions pu la sortir cette année mais nous avons pensé que le thème des JO se prêtait plus à notre concept et notre écriture romanesque… Il faudra probablement attendre 2018 et la Coupe du Monde ! Nous aimons bien nous adosser au calendrier des grands événements pour que notre travail soit dans l’ère du temps et correspondant aux envies ou besoins de notre public. L’année prochaine ce seront les sports mécaniques. Il y a là aussi matière à raconter plein de choses !

 

PdA : Quels sont vos projets, vos envies pour la suite, Julien Holtz ?

 

J.H. : Coté plume, poursuivre l’aventure avec Gründ et étoffer notre collection. Coté crayon et souris, prendre du volume dans mon métier de consultant en expérience utilisateur !

 

PdA : C’est tout le mal que je vous souhaite... ;-) Un dernier mot ?

 

J.H. : Tout simplement merci de votre curiosité ! Et à vos lecteurs : foncez en librairie, vous le verrez, vous serez surpris par nos histoires !

 

Partie II : Gérard Holtz, quelques mots...

Réponses datées du 3 juillet 2016... Merci !

 

Paroles d’Actu : Votre top 5 des grands sportifs ?

 

Gérard Holtz : J’en sélectionnerai six.

 

Killy, car notre triple champion olympique (dont nous parlons dans notre livre Les 100 Histoires de Légende du Sport français), est un champion d’une intelligence supérieure. Il a eu justement cette intelligence de savoir s’arrêter au sommet. Cette notion d’absolu dont on parlait. C’est exactement ça. Pas la compétition de trop. Et suite à sa carrière, il a poursuivi dans l’élite au sein du Comité international olympique, chez Coca-Cola et au comité d’organisation des Jeux d’Albertville notamment.

Bolt, qui a pulvérisé tous les records de vitesse sur piste et que m’a marqué par sa décontraction avant le départ de ses courses alors que d’autres ont besoin de faire le vide, de s’isoler. Barbara par exemple arrivait à midi au théâtre avant ses représentation du soir ! Lui, il ne se prend pas la tête !

Ali, champion olympique de boxe à Rome, dont nous dressons le portrait dans Les 100 Histoires de Légende des Jeux Olympiques, fait partie de mon top en vertu de son immense carrière et de sa personnalité. Au-delà de son palmarès et de son style unique, c’était un personnage public, un type qui avait du caractère et du courage. Le courage de dire haut et fort ce qu’une communauté pensait tout bas. Le courage de s’opposer, notamment, à la guerre du Viet Nam.

Muhammad Ali

Cassius Clay, futur Muhammad Ali, aux J.O. de Rome en 1960. Src. de la photo : rio2016.com.

Pelé est mon footballeur préféré, une véritable idole ! Je garde en mémoire sa Coupe du Monde 56 en Suède qu’il a survolée et son illustre « grand pont » lors d’un match au Mexique.

Coté tennis, Roger Federer, qui est pour moi le plus grand tennisman de tous les temps. Il a tout gagné et c’est un vrai gentleman.

Je ne pouvais oublier un 6ème : Eddy Merckx, le cannibale. Lui aussi dans son domaine, il a tout gagné. Il a dévoré tout le monde, la faim de victoire... Sept Milan-San Rémo, cinq Tours de France par exemple ! Et comme les autres de mon top, un gars gentil et simple.

 

« Mes pronos ? Allemagne-Portugal en finale

de l’Euro (2-1) et Froome pour le Tour » (G. Holtz)

 

PdA : Votre pronostic pour la finale de l’Euro 2016 (affiche et score) ? 

 

G.H. : Ma finale, ce sera Allemagne-Portugal. Et je pensais à l’Allemagne avant qu’elle ne gagne hier contre l’Italie !

Le score : 2-1 pour l’Allemagne.

 

PdA : Votre pronostic pour le nom du futur maillot jaune de cette édition 2016 du Tour ? 

 

G.H. : Je vois la 3ème victoire de Froome. Il est clairement au-dessus en montagne.

 

Partie III : l’album photos commenté

Julien Holtz a accepté, à ma demande, de nous livrer quelques photos... et de les « légender »...

 

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« Le Mont Blanc, en 2006. Je suis à gauche. Antoine, le cadet, est à droite. »

 

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« Entre mecs à la maison, en 2014. Je suis en bas et Antoine en haut. »

 

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« En plein effort durant la Gentleman du Cœur en 2009.

On a emmené les Sannier père et fils pendant deux tours... »

 

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« Août 2009, les 24h du Mans Vélo. J’ai dessiné la tenue ! Et on finit 24è de l'épreuve.

Je suis le troisieme en partant de la gauche. Antoine est derrière, Gérard à droite de la photo.

On court avec la famille Legeay. Roger a deux fils qui sont de gros rouleurs et se sont mis à l'ultra trail. »

 

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« Marathon de Paris, 2011. Coup de chaud à Bastille... cette édition était presque caniculaire. »

 

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« L’arrivée de la Paris-Saint-Germain-en-Laye 2012. »

 

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« 24h de karting du Circuit Carole. »

 

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« Essais en Formule France à Lohéac. »

 

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