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Paroles d'Actu
23 mai 2019

« L'Europe, pour moi, est d'abord une émotion », par Pierre-Yves Le Borgn'

Dans trois jours, les peuples de l’Union européenne se rendront aux urnes pour élire ceux qui les représenteront au sein du Parlement européen, organe communautaire qui a gagné considérablement en importance depuis ses origines. J’ai proposé il y a quelques jours à l’ex-député Pierre-Yves Le Borgn, qui a participé à de nombreuses reprises à Paroles d’Actu, de nous livrer son témoignage de citoyen qui connaît bien les arcanes du pouvoir européen mais qui, au-delà de cela, s’est formé en même temps que l’Europe communautaire, et a appris à en aimer l’idée. Il n’est pas question ici de passer sous silence les défauts, voire les manquements pointés ici ou là et qui alimentent au quotidien les griefs nourris contre une UE souvent perçue comme étant dogmatique et techno, éloignée du citoyen de base et de ses préoccupations. Mais, à l’heure où les caricatures et autres fake news sont reines, et où démonter sans discernement est plus en vogue - et tellement plus simple - que défendre en argumentant, je suis heureux de donner la parole à un honnête homme, qui sait de quoi il parle et le fait avec sa sensibilité. Pour lui, l’Europe « est d’abord une émotion ». Je le remercie pour ce texte, touchant comme le fut celui consacré au centenaire du 11 novembre, et vous invite en cette période électorale à relire deux articles ici publiés, une collection dinterviews deurodéputés réalisées en 2014, et une tribune accordée à Nathalie Griesbeck en 2016 : « L'Europe et les peuples ». Tout un programme. Encore. Toujours. Exclu Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.

 

EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

« L’Europe, pour moi, est d’abord une émotion. »

Par Pierre-Yves Le Borgn’, ancien député, le 22 mai 2019.

 

Dans quelques jours auront lieu les élections européennes. Ce sera un rendez-vous important pour les citoyens d’Europe. Nombre d’enjeux se posent pour lesquels le Parlement européen possède une capacité décisive d’influence. Il faut voter. Cette élection n’est pas lointaine ou inutile. Bien au contraire, elle concerne la vie de chacune et de chacun d’entre nous. Le Parlement européen n’est plus le forum sympathique mais sans pouvoir des premières années de l’aventure européenne, voire de la première élection au suffrage universel direct en 1979. Il est devenu un législateur actif, décidé et même zélé. C’est bien le moins pour un parlement, dira-t-on. C’est vrai, mais il ne faut pas oublier qu’il y a une trentaine d’années, se battre pour que la représentation élue des citoyens d’Europe pèse autant que celle des intérêts nationaux, rassemblés au sein du Conseil, était un courageux combat d’avant-garde, moqué et critiqué par ceux, notamment en France, qui opposaient que l’Europe des nations était l’horizon indépassable de tout projet.

 

« N’oublions pas qu’il y a une trentaine d’années,

se battre pour que la représentation élue des citoyens

d’Europe pèse autant que celle des intérêts nationaux,

rassemblés au sein du Conseil, était un courageux

combat d’avant-garde, moqué et critiqué. »

 

Le monde a tant changé depuis. J’ai 54 ans. J’en avais 14 lorsque les premières élections européennes furent organisées. J’étais en classe de 3ème à Quimper, ma ville natale. Les frontières de notre pays étaient à 1000 km et ma première référence européenne devait être les coupes d’Europe de football… L’Europe n’était pas un sujet que je percevais. J’avais suivi cependant la campagne des élections, me prenant peu à peu au jeu. Deux personnalités m’avaient marqué  : Simone Veil et François Mitterrand. Tous deux parlaient de l’Europe avec passion, évoquant l’histoire tragique du siècle passé et l’urgence de construire un espace de paix par le droit. Cela m’avait touché. Peu après les élections de juin 1979, j’avais assisté en direct à la télévision à la session inaugurale du nouveau Parlement européen. De grands noms comme Willy Brandt avaient été élus aussi. J’avais trouvé cela impressionnant. Comme le discours de la doyenne d’âge Louise Weiss. Je n’avais pas idée alors que je siégerais moi-même un jour dans le même hémicycle.

 

« Les premières élections européennes eurent lieu

l’année de mes 14 ans. Ma première référence européenne

devait alors être les coupes d’Europe de football.

Puis je me suis pris au jeu... »

 

Ces souvenirs sont ceux de mon éveil à l’Europe, ceux d’un adolescent grandissant dans une région périphérique et tranquille. Les élections de 1979 agirent en moi comme un déclic, entraînant des lectures, des conversations avec ma famille, en un mot une prise de conscience à l’âge de l’éveil citoyen. Je suis le fils d’une pupille de la Nation. Mon grand-père est tombé en Belgique en mai 1940, laissant derrière lui son épouse âgée de 25 ans et ma mère qui avait tout juste un an. Je ne faisais pas le lien encore entre cette histoire familiale forte, qui fait partie de ma vie, et le besoin d’Europe. À l’inverse de mes parents, qui avaient voulu que l’allemand soit la première langue que j’étudierais au collège. Comme dans un jeu de construction, c’est à ce moment-là que les cubes s’emboîtèrent pour moi et que, chemin faisant, je me mis à en ajouter d’autres. Je compris que l’Europe n’était pas seulement un continent partagé entre pays, certains dominés par l’Union soviétique et la dictature communiste, mais qu’il s’agissait d’une communauté de destins à construire.

 

« Fils d’une pupille de la Nation, je ne faisais pas

le lien encore entre cette histoire familiale forte,

qui fait partie de ma vie, et le besoin d’Europe dont

mes parents avaient eux bien conscience. » 

 

Quarante ans plus tard, je suis un ancien député qui écrit ces lignes depuis son petit bureau, sous les toits d’une maison de Bruxelles. Je suis le papa de trois enfants qui ont ma nationalité, celle de mon épouse espagnole et, à leur majorité, celle de la Belgique où ils sont nés. J’ai appris le portugais et l’espagnol à l’âge adulte. J’ai consacré ma vie professionnelle au droit européen. Ma vie politique aussi. J’ai eu le bonheur d’étudier au Collège d’Europe, dans un brassage passionnant de nationalités et de cultures qui ont changé ma vie. Et j’ai surtout eu la chance d’aller à la découverte, par de nombreux voyages, de la diversité de l’Europe. Je ressens profondément la devise de l’Union  : «  Unis dans la diversité  ». C’est la somme de nos histoires, de nos différences, de nos cultures, de nos paysages qui fait la force de l’Europe. L’Europe, pour moi, est d’abord une émotion. Je ne peux entendre L’Hymne à la Joie sans frisson, ni regarder le drapeau européen sans fierté. Pour paraphraser François Mitterrand, la France est ma patrie, l’Europe est mon avenir. Et plus encore celui de mes enfants.

 

« C’est la somme de nos histoires, de nos différences,

de nos cultures, de nos paysages qui fait la force

de l’Europe. Tout cela je ne le proclame pas

simplement, je l’ai vécu et le vis au quotidien. »

 

Je n’ai pas dévié durant ces quarante années  : l’Europe a été et reste le cap. J’ai été à un moment passionnant de ma vie un acteur de ce combat. Comme député. J’aurais voulu l’être comme Commissaire européen aux Droits de l’Homme. Il ne s’est pas fallu de grand-chose. C’est la vie. Aujourd’hui, je suis juste un père de famille qui espère passer le témoin, partager la passion, en un mot y croire, encore et toujours. Des cubes, je suis passé aux cercles, aux cercles concentriques. Il y a le premier cercle, celui des droits et libertés, de la démocratie et de l’État de droit. C’est le Conseil de l’Europe et ses 47 États membres. Il y a le second cercle, celui de l’Union européenne, des libertés de circulation et des 28 Etats membres. Et il y a le troisième cercle, celui de la zone Euro, qui doit être un espace économiquement, socialement et environnementalement intégré. Faire vivre ces 3 cercles, développer la zone Euro dans une perspective humaniste, progressiste et de justice, c’est le combat, c’est l’espoir et c’est l’avenir.

 

« Aujourd’hui, je suis "juste" un père de famille

qui espère passer le témoin, partager la passion,

en un mot y croire, encore et toujours. »

 

Pierre-Yves Le Borgn Européennes

 

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23 mai 2019

Olivier Da Lage : « Je connais parfaitement la dimension tragique de beaucoup d'enquêtes journalistiques... »

Le journaliste de RFI Olivier Da Lage est un fidèle de Paroles d’Actu. Parmi ses contributions publiées sur le blog, des éclairages nombreux et précis sur la situation compliquée en péninsule arabique, sur l’Inde qu’il connaît très bien, ou encore sur l’essor inquiétant des nationalismes religieux un peu partout dans le monde. L’article d’aujourd’hui, basé sur une interview réalisée le 20 mai, est une évocation de son roman Le rickshaw de Mr Singh, paru il y a quelques semaines. L’intrigue se déroule à Bombay, de nos jours. Les personnages, et la ville elle-même (n’en est-elle pas un ?) sont bien dessinés, et tout concourt à nous plonger dans l’atmosphère de la mégalopole, et dans l’actualité de cette Inde tourmentée. J’ai apprécié cet ouvrage et vous le recommande : facile à lire et captivant, il ouvre les yeux de manière vivante sur ce qui est en train de se jouer dans cet immense pays aujourd’hui dirigé par les nationalistes hindous (et qui, à l’heure où je boucle cette intro, viennent tout juste de remporter un nouveau succès électoral)... Un clin d’oeil aussi, de la part de M. Da Lage, et de la mienne, pour rappeler (le faut-il encore) à quel point, aujourd’hui davantage peut-être que par le passé, une presse libre et indépendante est cruciale pour que soient assurés les nécessaires équilibres dans nos sociétés. Une exclusivité Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

Olivier Da Lage a sélectionné, à ma demande, des photos de sa collection personnelle,

et quelques musiques indiennes, pour accompagner la lecture

de cet article et, je l’espère, de son roman !

 

Le rickshaw de Mr Singh

Le rickshaw de Mr Singh, 2019.

 

EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

Olivier Da Lage : « Je connais parfaitement

la dimension tragique de beaucoup

denquêtes journalistiques... »

 

Olivier Da Lage bonjour, et merci d’avoir accepté de répondre une nouvelle fois à mes questions pour Paroles d’Actu. L’objet de cet échange, c’est Le rickshaw de Mr Singh, votre premier roman paru il y a quelques semaines… Qu’est-ce qui vous a donné envie justement d’aller vers la fiction, le roman  ? Est-ce là, quelque part, une prolongation de votre travail de journaliste, une autre façon plus incarnée et entraînante de "montrer le réel"  ?

du journalisme à la fiction

Pour être exact, j’avais déjà publié trois autres romans de politique fiction il y a déjà pas mal de temps. De temps en temps, on peut ressentir l’envie de ne pas être contraint par l’exactitude qui s’attache au travail de journaliste ou d’essayiste. Et, avec la liberté du romancier, on se laisse aller et on découvre que ce que l’on fait passer est parfois plus juste que des descriptions factuelles de type journalistique. Donc, l’idée de passer de l’un à l’autre, au gré des envies et es opportunités, me plaît assez.

 

Racontez-nous un peu cette aventure de l’écriture (jusqu’à la publication) de fiction  ? Comment cela s’est-il passé  ? Quels écueils et quelles leçons apprises  ? Des moments de vrai découragement, d’autres de grande excitation  ?

histoire d’un roman

L’idée m’est venue en essayant un logiciel de retouche d’image. Pour m’entraîner, j’ai pris la première photo que j’ai trouvée sur mon ordinateur  : c’était celle d’une rue de Bombay avec des rickshaws, ces taxis scooters. J’ai trouvé que cela ferait une bonne couverture de livre. J’y ai donc mis un titre qui m’est venu après quelques essais ratés. «  Le rickshaw de Mr Singh  », ça sonnait bien. Il fallait trouver une histoire. J’ai donc acheté un cours en ligne sur la façon d’écrire un roman policier à suspense, composé de courtes vidéos correspondant chacune à un chapitre. Le présentateur soutenait que si chacun de ses élèves suivait ses indications chapitre par chapitre, cela ferait pourtant des livres très différents. Il donnait d’ailleurs des exemples de livres et de fils connus qui suivaient la même trame tout en racontant des histoires bien distinctes. J’étais sceptique, mais à mesure que j’avançais en prenant des notes, les personnages archétypaux et les développements prenaient un tour local et s’enracinaient dans le paysage de Bombay tandis qu’une intrigue se dessinait.

 

Rickshaw

 

En fait, aucune difficulté particulière n’est apparue. J’ai fait lire mes chapitres à des amis au fur et à mesure de l’écriture et j’ai intégré leurs remarques et critiques. L’intrigue fonctionnait. Il fallait juste s’assurer qu’il n’y ait pas de contresens dans la chronologie. L’utilisation d’une frise technologique découpée heure par heure, jour après jour, m’a permis de m’en assurer. Donc aucun découragement et quelques moments d’excitation, oui.

 

Quelques mots à propos de l’intrigue  : le directeur du département d’archéologie d’une université prestigieuse de Bombay vient d’être  assassiné  ; un jeune inspecteur de police et ses deux coéquipiers, sur l’affaire, vont tenter de démasquer les coupables et surtout de découvrir leur mobile, assistés plus ou moins volontairement dans leurs investigations d’une journaliste passionnée et ambitieuse… Qu’est-ce qui vous a inspiré pour composer cette histoire  ?

Le cadre urbain de Bombay d’une part, et un article de journal de l’autre pour ce qui concerne le nœud de l’intrigue.

 

Bombay

 

La jeune journaliste de l’histoire, Sangita Sharma, ne tremble pas devant le danger, et dans les faits elle va clairement s’y trouver exposée. Avez-vous eu connaissance, au cours de votre carrière, en France comme à l’étranger, de nombreux cas d’enquêtes par des journalistes qui auraient pu très mal tourner  ? Vous êtes-vous exposé vous-même à de graves périls  ?

journaliste, les risques du métier

Des difficultés, oui, des périls à proprement parler, non, pas en ce qui me concerne. Mais j’ai plusieurs collègues et amis proches, tant dans ma rédaction qu’en dehors, qui ont été assassinés en raison de leurs activités journalistiques. C’est pourquoi je connais parfaitement la dimension tragique de beaucoup d’enquêtes journalistiques, même quand cela se termine bien. Et c’est à raison que l’on défend la liberté de la presse et des journalistes qui courent souvent de grands risques à faire leur travail pour informer les autres. Je sais que ma profession n’a pas bonne réputation ces temps-ci mais je persiste à penser que le devoir d’informer est impérieux et que donner au public des nouvelles que parfois il n’a pas envie d’entendre est l’une des plus belles missions qui soit.

 

Sans spoiler le livre, j’indiquerai simplement que le nationalisme religieux (en l’occurrence ici, hindou), thème qui vous est cher, et d’une actualité brûlante en Inde, pèse d’un poids important, dans votre intrigue.  Ça vous préoccupe tout particulièrement, ce qui se passe en Inde, en ce moment  ?

Oui, il y a de quoi. L’Inde n’a jamais été un pays calme et pacifique. Mais le degré d’intolérance qui s’est développé ces dernières années est réellement inquiétant.

 

Une découverte archéologique contredisant les fondements de la doctrine de cette faction nationaliste hindoue, qui est donc au pouvoir actuellement, met le feu aux poudres (et je précise ici que cette histoire de remise en cause des origines de l’homme indien par l’ADN, et donc du caractère autochtone de l’hindouisme, a également eu lieu dans la réalité). Quelles réactions ces conclusions scientifiques ont-elles provoqué auprès des nationalistes, et comment est-ce que tout cela a été reçu auprès de la population  ?

science et intolérance

Soyons clairs  : la grande majorité de la population n’en a jamais entendu parler et, pour cette raison même, ces découvertes n’ont pas provoqué d’importantes réactions de la part des milieux nationalistes en question. Mais les chercheurs qui ont fait ces découvertes ont été traités par le mépris, on leur a opposé d’autres travaux antérieurs aboutissant à des conclusions opposées et, pour tout dire, dans le climat actuel, certains des chercheurs indiens qui ont participé à ces travaux ont préféré ne pas signer les articles en rendant compte ou ont posé des conditions très strictes quant au vocabulaire employé afin de ne pas compromettre leur carrière.

 

J’en reviens à la presse, tant décriée dans nos sociétés, mais tellement indispensable vous le rappeliez. Dans votre intrigue, son intervention sera déterminante pour faire éclater au grand jour des faits qu’on aurait voulu cacher. Mais la presse d’aujourd’hui est-elle digne de la noblesse de sa vocation s’agissant des  investigations, parfois périlleuses, à mener, notamment lorsqu’un ordre établi et puissant est en cause  ? Quelles grandes menaces, extérieures ou pas d’ailleurs, pèsent sur la presse en général  ?

la presse en Inde, état des lieux

La presse et les journalistes sont critiquables à bien des égards, mais leur rôle d’information du public est irremplaçable. Les réseaux sociaux, à eux seuls, ne peuvent s’y substituer. Et pour faire connaître la vérité, de très nombreux journalistes prennent des risques personnels parfois très élevés. Cela va de la mise au placard à l’assassinat en passant par le licenciement. En Inde, de nombreux journaux ont été rachetés par des hommes d’affaires proches du pouvoir, les rédacteurs en chef précédents ont été licenciés et une autocensure considérable s’est mise en place. C’est pourquoi de nombreux médias alternatifs, comme The Wire ou Scroll.in sont apparus, animés par des journalistes d’expérience qui ne pouvaient plus faire leur travail dans les médias classiques. Un certain nombre de journalistes ont également été assassinés lorsqu’ils s’intéressaient de trop près aux intérêts économiques miniers qui organisent l’expulsion des aborigènes de leur habitat naturel ou à des organisations religieuses extrémistes. C’est le cas de la journaliste Gauri Lankesh, assassinée devant chez elle par des extrémistes hindous, tout comme le Mahatma Gandhi l’avait été en 1948 car ils ne supportent pas que des voix écoutées les critiquent.

 

On retourne à du plus léger, à votre roman, dont j’ai beaucoup apprécié la lecture. Je vous invite ici à faire un "focus" sur un de vos personnages. À nous le présenter, et à nous raconter, un peu, comment vous l’avez "dessiné"  ?

focus sur un personnage

J’ai bizarrement un certain attachement pour le commissaire de quartier, le commissaire Shinde, supérieur de l’inspecteur qui est le héros de l’histoire. Ce commissaire est l’archétype du cadre supérieur lâche et carriériste, qui engueule son subordonné parce qu’il ne va pas assez vite et qui fait un virage à 180 degrés lorsqu’il prend conscience que les résultats de l’enquête ne vont pas dans le sens souhaité «  en haut lieu  ». Ce supérieur est un personnage humain, terriblement banal. Il est de santé fragile (il souffre d’asthme). On devine que sa vie de famille n’est pas exaltante et cela fait longtemps qu’il n’a pas mené une enquête lui-même. Il a besoin d’exister et pour ce faire, il empêche les autres de faire correctement leur travail. Nous connaissons tous des commissaires Shinde.

 

Un des personnages principaux de votre ouvrage, et en fait sans doute le principal, c’est évidemment la ville de Bombay - ou Mumbai, d’ailleurs quelle dénomination utilisez-vous  ? Quelle a été votre histoire personnelle, avec cette ville  ? Comment l’avez-vous vu évoluer, et quel attachement lui portez-vous  ?

Bombay au cœur

Personnellement, j’utilise «  Bombay  », quoique, à l’occasion, je dise aussi «  Mumbai  ». J’ai consacré un livre à cette ville que je décris quartier par quartier (Bombay, d’un quartier à l’autre, Bibliomonde, 2017) où je rappelle en passant que la ville de Mumbai n’existait pas avant Bombay. Ce sont les Portugais, puis les Anglais qui en ont fait une ville, même si dans les langues locales, on disait «  Bambai  » ou «  Mumbai  ». La municipalité nationaliste qui est arrivée aux affaires en 1995 a voulu mettre fin à une appellation étrangère et «  redonner  » son authenticité à la ville, sauf qu’encore une fois, il n’y avait pas de ville s’appelant Mumbai avant.

Je commence à bien connaître cette ville ou je séjourne environ un mois par an (mon épouse en est originaire). C’est une ville trépidante, bruyante, pas spécialement belle, mais très attachante.

 

OdL train

 

Le livre est sorti au mois d’avril. Quels premiers retours vous sont parvenus depuis  ? Ont-ils été encourageants, et de nature à vous donner envie d’écrire d’autres romans  ? D’ailleurs une suite est-elle prévue  ?

Il démarre doucement. Ce n’est pas (pas encore  ?) un best-seller  ! Mais cette fois-ci, j’ai voulu l’autoéditer et donc en maîtriser toute la fabrication (maquette et couverture comprise). Pour le faire connaître, j’ai recours au bouche-à-oreille des amis et aux réseaux sociaux. Les premiers retours sont positifs. J’attends que le cercle s’élargisse. Il y aura très probablement d’autres livres de fiction, peut-être une suite à celui-là. Mais chaque chose en son temps…

 

Quels sont vos projets, vos envies pour la suite  ?

Je travaille à la version anglaise du livre. Mr Singh’s rickshaw devrait voir le jour dans les tout prochains mois. J’aimerais bien atteindre le marché indien, pour tout dire.

 

OdL foule

 

 

Quelques musiques, pour un fond sonore...

 

Kuch Kuch Hota Hai Lyric - Title Track | Shah Rukh Khan | Kajol |Rani Mukherjee

 

"Khaali Hai Tere Bina" Paheli Ft. Rani Mukherjee, Shahrukh Khan

 

Pyar Kiya To Darna Kya | Madhubala | Dilip Kumar | Mughal-E-Azam |Bollywood Classic Songs| Lata HIts

  

Dil Ki Nazar - Raj Kapoor - Nutan - Anari - Lata Mangeshkar - Evergreen Hindi Songs

 

Olivier Da Lage

Olivier Da Lage, journaliste à RFI et auteur de fictions.

 

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6 mai 2019

« Les quatre enseignements des élections législatives en Espagne », par Anthony Sfez

Le 28 avril le peuple espagnol, appelé aux urnes pour renouveler ses Cortes Generales, a accordé la plus grande part de ses suffrages exprimés aux socialistes menés par le chef du gouvernement sortant Pedro Sánchez. Mais la majorité dont il dispose à ce jour (35% des sièges du Congrès des députés pour le PSOE) est loin de lui assurer une assise parlementaire confortable pour agir. Quels enseignements tirer de ce scrutin ? J’ai la joie, une fois de plus, d’accueillir dans ces colonnes le fidèle Anthony Sfez, jeune doctorant et ex-pensionnaire de la Casa de Velázquez devenu fin connaisseur de la question catalane et, plus généralement, de la politique en Espagne. Son texte, limpide et éclairant, pose bien les enjeux. Merci, Anthony. Une exclu Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.

 

Pedro Sanchez

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez. Illustration : REUTERS/Javier Barbancho.

 

« Les quatre enseignements des

élections législatives en Espagne »

Par Anthony Sfez, le 3 mai 2019.

 

1) La renaissance du PSOE

« Ce renouveau, le PSOE le doit en grande partie à

Pedro Sánchez, homme politique qui a la singularité

de s’être construit politiquement en radicale

opposition à l’establishment de son parti. »

On pensait le PSOE mort et définitivement enterré après les élections de juin 2016 où il n’avait obtenu que 85 sièges sur 350. Loin, très loin, des heures de gloire du PSOE du «  légendaire  » Felipe González qui en obtenait, lors des élections législatives de 1982, plus de 200. Ce déclin semblait par ailleurs s’inscrire dans la tendance européenne qui semble être à l’inexorable décadence des partis sociaux-démocrates. Le Parti socialiste français, aujourd’hui moribond, n’est-il pas l’exemple le plus criant  ? Mais le PSOE a su, contre toute attente, renaître de ses cendres et échapper au destin qui semblait lui être promis en se hissant largement en tête du scrutin du 28 avril dernier qui a porté 123 des siens au Congrès des députés. Ce renouveau, le PSOE le doit en grande partie à Pedro Sánchez, homme politique qui a la singularité de s’être construit politiquement en radicale opposition à l’establishment de son parti. C’est clairement la stratégie d’intransigeance de Pedro Sánchez à l’égard de la droite, stratégie laborieusement imposée aux cadres de son parti, qui a permis au PSOE de s’imposer. Cette stratégie, elle se manifeste dès fin 2016 lorsque Pedro Sánchez renonce à son mandat de député, car il s’opposait catégoriquement à la consigne de vote des instances dirigeantes du PSOE qui, pour mettre fin à la crise d’ingouvernabilité de l’Espagne, sommait à ses élus, en arguant de la raison d’État, de s’abstenir lors du second vote d’investiture de M. Rajoy afin de permettre à ce dernier de former un gouvernement. Après avoir dénoncé cette compromission avec la droite jugée par lui inacceptable, Pedro Sánchez repart à la conquête de son mouvement et parvient à se faire élire secrétaire général du PSOE en battant l’andalouse Susana Díaz, pourtant soutenue par les pontes du parti. Après cette victoire interne, Sanchez part cette fois-ci de nouveau à la conquête du pouvoir gouvernemental et, toujours en application de sa stratégie de l’intransigeance, parvient à convaincre un à un les cadres du PSOE de déposer, en cours de législature, une motion de censure dit constructive contre le conservateur M. Rajoy. Le succès de cette dernière lui ouvre les portes du pouvoir, mais dans des conditions loin d’être idéales. La succès de la motion, Sánchez la doit en effet au soutien des partis indépendantistes catalans, soutien dont il avait besoin pour se maintenir au pouvoir. Dans ces conditions, le leader socialiste prenait un grand risque. L’électorat n’allait-il pas lui reprocher de remettre entre les mains des indépendantistes l’avenir de l’Espagne  ? Ce coup de poker s’est finalement avéré gagnant. En arrivant au pouvoir, les socialistes étaient au plus bas dans les sondages. Ces quelques mois de gouvernement les ont clairement revigorés. Ils ont permis de redonner le sentiment aux Espagnols que le PSOE était encore crédible en tant que parti de gouvernement. Les attaques, parfois grotesques tant elles étaient excessives de ses concurrents de Ciudadanos et du PP, n’ont guère convaincu les Espagnols qui n’ont pas vu dans Pedro Sánchez le pourfendeur de l’unité de l’Espagne que la droite dépeignait. C’est d’ailleurs précisément parce qu’il a encore et toujours refusé de céder sur la question de l’autodétermination de la Catalogne que Sánchez a fini par tomber. L’enjeu pour le socialiste à présent est de parvenir à former un gouvernement. Ce qui, comme on va le voir plus bas, n’est pas une mince affaire.

 

2) La déchéance du PP

« Sa stratégie droitière, dite de l’intransigeance, et en réalité

de la discorde, n’a guère convaincu dans une Espagne

aujourd’hui très majoritairement désireuse de dialogue

et non de confrontation avec la Catalogne. »

L’autre enseignement de ces élections, c’est la chute spectaculaire du Parti populaire (PP). Elle est loin l’époque dorée du PP de Mariano Rajoy qui avait pu, entre 2011 et 2015, gouverner l’Espagne en solitaire avec 186 sièges. Le PP tombe aujourd’hui à 66 sièges. Certes, le parti conservateur arrive en deuxième position ce qui, dans l’absolu, n’est pas un si mauvais résultat. Mais il perd tout de même plus de la moitié de ses sièges par rapport au scrutin précédent et, surtout, enregistre de très loin son plus mauvais score depuis sa fondation. Plusieurs facteurs permettent d’expliquer cette débâcle électorale plutôt inattendue, du moins par son ampleur. D’abord, les affaires de corruption qui empoisonnent la vie politique espagnole depuis des décennies. Si M. Rajoy est tombé début 2019 à l’initiative de M. Sánchez, si ce dernier a pu convaincre les cadres du PSOE qu’il fallait impérativement déposer une motion de censure contre le gouvernement du PP, c’est surtout à cause d’une condamnation en justice visant directement le parti conservateur dans une affaire de corruption généralisée dite «  caso Gürtel  ». Précisons que ce ne sont pas seulement des individus rattachés au PP qui ont été mis en cause par le juge mais, aussi, le parti lui-même. Depuis cette condamnation intervenue au cours du mandat de M. Rajoy, les Espagnols n’avaient pas eu l’occasion de s’exprimer dans les urnes. C’est chose faite à présent et on en voit les conséquences électorales pour le PP. Mais il y une autre raison, celle-ci plus politique, qui explique cette bérézina électorale. Cet autre facteur, c’est la stratégie du jeune Pablo Casado, théorisée en arrière-plan par José-Maria Aznar, l’ancien Premier ministre du PP de 1996 à 2004. Cette stratégie, c’était celle de la droitisation affirmée et affichée qui avait permis à Casado de s’imposer dans les élections internes au PP. Pour enrayer la percée de Vox, il fallait, affirmait le mentor de Pablo Casado et Pablo Casado lui-même, adopter un discours fort sur la question migratoire, sur la baisse des impôts mais, aussi et surtout, sur la question territoriale, c’est-à-dire sur la question catalane. Casado, suivant sur ce point Vox, était allé jusqu’a laissé entendre qu’il était disposé à placer, en appliquant l’article 155 de la Constitution, la Catalogne indéfiniment sous tutelle voire même à interdire les partis indépendantistes, deux propositions radicalement anticonstitutionnelles. Cette stratégie dite de l’intransigeance, en réalité de la discorde, n’a guère convaincu dans une Espagne aujourd’hui très majoritairement désireuse de dialogue et non de confrontation avec la Catalogne. Par ailleurs, dans ce rôle de défenseur viril de l’Espagne contre les «  séparatistes  », le leader de Vox, Santiago Abascal, s’est montré bien plus convainquant que son concurrent du PP. En somme, les Espagnols partisans d’une droite dure ont préféré l’original à la copie. En plus de ne pas avoir su gagner les voix de la droite «  dure  » qui se sont donc tournées vers Vox, Casado s’est coupé de celles du centre droit. Les électeurs de centre droit, fuyant son discours «  derechista  » (droitisant), se sont, en effet, tout naturellement réfugiés chez son concurrent du centre droit incarné par Ciuadanos dirige par Albert Rivera qui talonne désormais, avec ses 57 sièges, le PP et qui ainsi en passe de réussir son pari  : substituer le PP comme parti hégémonique de la droite espagnole comme il l’a d’ores et déjà fait en Catalogne.

 

3) L’éclosion de Vox

« Si cette percée est inédite, son score, relativement faible,

révèle aussi que la société espagnole demeure moins sensible

que d’autres sociétés européennes à la rhétorique autoritaire,

encore largement associée au régime franquiste... »

Avant les élections andalouses de fin 2018, Vox était encore largement inconnu du grand public. Aux dernières élections législatives nationales de 2016, il réalisait ainsi un score anecdotique de 0,2%. Ce parti de droite radicale dont les thématiques favorites sont la lutte contre l’immigration (surtout musulmane), contre le «  féminisme radical  » et contre la décentralisation politique fait pourtant aujourd’hui son entrée au Parlement en obtenant 10% des suffrages, score qui lui permet d’obtenir 24 députés. Le facteur qui a propulsé Vox sur le devant de la scène médiatique nationale, c’est son succès inattendu lors d’élections régionales en Andalousie de décembre 2018. Porté par la crise catalane qui a fait craindre une dislocation de l’Espagne, mais aussi par l’arrivée d’un nombre records de migrants illégaux sur les plages andalouses en 2018, il réussissait, contre toute attente, à faire entrer douze députés au Parlement andalou. Suite à quoi il concluait une alliance législative, toujours dans un cadre régional, avec le PP et Ciudadanos, ce qui lui permettait de connaitre, en quelques jours seulement, une sorte de «  banalisation expresse  ». En Espagne, il n’y a guère eu de «  front républicain  » et l’union de toutes les droites s’est faite assez facilement, presque naturellement, ce qui n’est pas si surprenant que cela lorsque l’on sait que Vox est issu d’une rupture d’avec le PP. Vox était ainsi à peine apparu sur la scène politique qu’il devenait, pour le reste de la droite, un parti parfaitement fréquentable. Au point que Pablo Casado émit l’hypothèse, quelques jours avant les élections du 28 avril dernier, qu’il y ait des ministres de Vox au sein d’un éventuel futur gouvernement de coalition des droites. Finalement la droite ne l’a pas emportée et l’irruption de Vox au Parlement espagnol fut moins spectaculaire que prévu. On est loin des 16% et des plus de 50 sièges que prédisaient certains sondages. La mobilisation massive de l’électorat espagnol, qui dépasse les 70% de participation, a, sans doute, beaucoup joué en la défaveur de Vox. Avec ces 24 députés et ces 10 % de suffrages exprimés obtenus, Vox n’est donc pas, comme l’ambitionnait Santiago Abascal, la troisième force politique du pays. Le parti de droite radicale reste en effet très loin derrière les deux principaux partis traditionnels – le PP et le PSOE – et relativement loin derrière les deux autres partis qui ont émergé dans les années 2010  : Podemos et Ciudadanos. Si l’arrivée de Vox au Parlement demeure un événement important - c’est la première fois que la droite radicale dispose en Espagne d’une représentation parlementaire depuis la transition démocratique - son score finalement relativement faible révèle aussi que la société espagnole demeure moins sensible que d’autres sociétés européennes à la rhétorique autoritaire qu’elle associe encore au régime franquiste dont la mémoire demeure très vive.

 

4) Une donnée constante : l’ingouvernabilité

« L’avenir d’un nouveau gouvernement Sánchez semble

devoir reposer, encore et toujours, sur sa capacité à intégrer

les indépendantistes catalans au jeu national, pour s’en

servir comme force d’appoint et former une majorité. »

Mais l’enseignement fondamental de ces élections ce n’est ni la renaissance du PSOE, ni la déchéance du PP, ni l’éclosion de Vox. L’enjeu de ces élections n’était, en réalité, pas tant de savoir qui allait gouverner que de déterminer si l’Espagne serait, enfin, de nouveau gouvernable. Force est de constater à l’issue de ce scrutin que l’Espagne, élection après élection, continue de s’enliser dans l’ingouvernabilité. La crise catalane y est pour beaucoup. Avant le début de la crise territoriale, les députés catalanistes servaient, en effet, de force d’appoint à la gauche comme à la droite. Aucune force politique ne se privait de pactiser avec eux lorsque leur soutient était nécessaire pour gouverner. Et si ce soutien donnait à l’époque naissance à des gouvernements stables, c’est parce que les nationalistes catalans n’avaient, en ce temps, pas les revendications qu’ils ont aujourd’hui. Ils se contentaient alors de troquer contre leur soutien quelques promesses en termes d’approfondissement de l’autogouvernement de leur Communauté autonome. Les exemples sont nombreux. En 2004, le socialiste José-Luis Zapatero était parvenu au pouvoir, et sans encombre jusqu’au bout de son mandat, grâce au soutien décisif des députés catalanistes en échange de la promesse formelle faite à ces derniers de réviser le statut d’autonomie de la Catalogne. Avant, en 1996, c’était le conservateur José-Maria Aznar qui était parvenu au pouvoir grâce au soutien des catalanistes, à l’époque dirigés par Jordi Pujol, à qui il avait promis des transferts de compétences. Bref, la stabilité politique du système politique espagnol reposait, dans une grande mesure, sur l’intégration des partis catalanistes au dit système. C’est cet équilibre qui est brisé depuis la Sentence 31/2010 relative au Statut d’autonomie de la Catalogne et qui explique, bien plus que la fin du bipartisme, la crise d’ingouvernabilité de l’Espagne. Nous ne disons pas que l’Espagne n’aura pas de gouvernement d’ici quelques semaines, mais que ce gouvernement, s’il parvient à être formé, ne bénéficiera pas, en toute hypothèse, d’une majorité parlementaire solide et cohérente, condition indispensable de la stabilité politique. On l’a vu, Pedro Sánchez et les socialistes ont gagné les élections. Mais le socialiste ne dispose pas de majorité absolue, il en est même très loin, se situant exactement au même niveau en termes de nombre de députés que Mariano Rajoy lors des élections de décembre 2015 qui, rappelons-le, avait échoué à cette époque à former un gouvernement ouvrant ainsi la voie à de nouvelles élections. Pour éviter qu’un tel scénario ne se reproduise, le PSOE va donc impérativement devoir trouver des alliés. Cela n’est pas, en soit, problématique. Une alliance, fondée sur un programme de gouvernement clairement préétabli et négocié de bonne foi entre des partis politiques différents peut parfaitement accoucher d’une majorité parlementaire tout à fait stable. Le problème étant qu’en l’occurrence le PSOE n’a pas véritablement d’allié potentiel. Ciudadanos semble avoir catégoriquement exclu toute alliance et tout soutien. Certes, il y a Podemos. Mais même avec le soutien de Podemos, le PSOE demeure à 11 sièges de la majorité absolue. Où trouver les sièges manquants  ? Il y a bien quelques petits partis ici ou là, notamment le PNV, mais même avec le soutien de ces derniers, Pedro Sánchez demeure, dans le meilleur des cas, à un siège de la majorité absolue. Le socialiste va donc avoir besoin, en toute hypothèse, du soutien direct ou indirect des indépendantistes catalans, ce qui le mettrait finalement dans une situation peu ou prou similaire à celle d’avant les élections.

 

Anthony Sfez

Anthony Sfez est doctorant en droit public et attaché temporaire

d’enseignement à l’Université Paris 2 Panthéon Assas.

 

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