Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Paroles d'Actu
20 février 2014

François Cochet : "Avant 14-18, seuls les chefs étaient honorés"

   Le dernier « poilu » français est mort en 2008. Il n'y a plus, depuis 2012, de survivant parmi les vétérans connus de la « Grande Guerre », toutes nations confondues. Restent quelques témoins directs de l'époque, un lien vivant, pour quelques années encore... Ensuite ? Quelle place la mémoire collective, les consciences de chacun feront-elles à cette guerre qui devait être la « dernière des dernières » mais qui n'attendit pas l'espace d'une génération avant de trouver, par son ampleur, par ses horreurs, sa digne successeur ? La Seconde Guerre mondiale « parle », au moins dans ses grandes lignes, aux jeunes générations. Le souvenir de la première, la perpétuation de son enseignement semblent, eux, doucement s'estomper, en dépit des manifestations qui, heureusement, marqueront dès cette année son centenaire...

   J'ai souhaité, à cette occasion, poser quelques questions à l'un des grands spécialistes de la guerre de 1914-18, M. François Cochet. Professeur d'Histoire contemporaine et responsable du Master "Politique et conflits" de l'Université de Lorraine-Metz, il a consacré de nombreux ouvrages au conflit - dont le tout récent La Grande Guerre : Fin d'un monde, début d'un siècle (Perrin, 2014) - et est membre du conseil scientifique de la Mission du Centenaire. Je le remercie pour ses réponses passionnantes et très instructives. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FRANÇOIS COCHET

Responsable du Master "Politique et conflits" de l'Université de Lorraine-Metz ;

Professeur d'Histoire contemporaine.

 

« Avant 14-18, seuls les chefs

étaient honorés »

 

La Grande Guerre

(Affiche : Éd. Perrin. Photographie : F. Cochet.)

 

Q., R. : 16/02/14

  

Paroles d'Actu : Bonjour François Cochet. Nous commémorerons cette année, à l'occasion du centenaire de son démarrage, la guerre à laquelle allait rapidement être accolé le qualificatif de « grande ». La cause formelle de son déclenchement, par le jeu des alliances, chacun la connaît : l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand par un militant nationaliste serbe.

Parmi les mouvements de fond ayant contribué à faire de ce conflit local un cataclysme continental, n'est-il pas juste, au regard de l'Histoire, de pointer les ambitions, l'agressivité de l'Empire allemand ?

 

François Cochet : Les choses sont complexes aux yeux de l'historien. D'une part, parce qu'il n'existe pas une raison de l'entrée en guerre, mais toute une palette entrant en interférence. La "Grande Guerre" est le résultat de causes venant faire masse entre elles. Par ailleurs, un très récent ouvrage, qui connaît un succès éditorial considérable en Europe, Les Somnambules, de l'Australien Christopher Clark, revient totalement sur la responsabilité de l'Allemagne dans le déclenchement de la guerre et insiste - un peu trop, sans doute - sur les responsabilités françaises. Il faut donc raison garder et analyser l'entrée en guerre en fonction d'éléments sûrs, loin des modes intellectuelles et des relectures anachroniques :

- Le climat international est tendu depuis la deuxième crise marocaine de 1911.

- Les nationalismes s'expriment un peu partout en Europe, mais il convient de nuancer ce point : les pacifismes aussi semblent très puissants.

 

Qu'est-ce qui fait l'enchaînement infernal vers la guerre (européenne, dans un premier temps, ne l'oublions pas) ?

- La conviction qu'une guerre entre l'Autriche et la Serbie (rendue imminente par l'assassinat de François-Ferdinand et de sa femme Sophie) doit être limitée à ces deux États. Le soutien de l'Empire allemand à l'Autriche se fait dans ces conditions.

- La mobilisation partielle de la Russie vient changer la donne le 31 juillet. C'est l'acte fondamental.

- Que se sont dit le Président de la République Raymond Poincaré et le Tsar Nicolas II durant le voyage officiel du premier à Saint-Pétersbourg, quelques jours avant l'enchaînement fatal ? Personne ne le saura jamais. Rien d'essentiel, sans doute se sont-ils contentés de réaffirmer, en termes vagues, l'alliance des deux États.

- Poincaré n'est pas le "va-t-en-guerre" que les pacifistes proches du PCF ont décrit par la suite.

- L'Angleterre ne veut pas d'une guerre continentale, et ce n'est que l'invasion de la Belgique qui la décide à entrer en guerre.

- Dans tous les camps s'exprime une politique du "risque mal calculé". Chacun est persuadé - à la lumière des événements récents, notamment des guerres balkaniques - qu'un conflit ne peut être que localisé et, du coup, "pousse ses pions trop loin".

 

En tout cas, contrairement à ce qu'affirment le fameux article 231 du Traité de Versailles de 1919 et la tradition historiographique allemande issue de Fritz Fischer, l'Allemagne n'est pas la seule responsable de la Grande Guerre.

 

PdA : Près de quarante-cinq années après la perte de l'Alsace et de la Lorraine, la France entre, à la mi-août 1914, à nouveau en guerre contre l'Allemagne...

Dans quel état d'esprit l'armée, la population françaises se trouvent-elles, à ce moment-là ? Sont-ils nombreux, alors, ceux qui anticipent avec clairvoyance l'ampleur de ce qui attend l'Europe entière ?

 

F.C. : Cette question de la "clairvoyance" relève de la téléologie. À l'époque, personne ne peut imaginer ce que sera cette guerre. L'historien doit se méfier méthodologiquement des reconstructions a posteriori. Plusieurs choses sont certaines et avérées par la recherche historique : 

- L'Alsace-Lorraine, même si elle est du registre de la reconstruction mémorielle qui a cours peu avant la Grande Guerre (Colette Baudoche de Maurice Barrès paraît en 1909), ne passionne pas les Français en 1914. Les Alsaco-Lorrains eux-mêmes ont, dans leur immense majorité - les milieux favorables au retour à la France représentent 2% des électeurs au Reichstag en 1913 - intégré le fait qu'ils appartenaient au Reich. Ils veulent simplement être considérés comme des citoyens de plein droit du Reich, ce qui n'est pas encore le cas.

- En France, la population est alors préparée par toutes les institutions sociales (École, Armée, Justice, Églises...) à obéir. Chaque citoyen accepte de faire son devoir pour la République. Le fait qu'elle soit apparue comme menacée (les premières opérations de guerre sont le fait des Allemands) joue un rôle absolument essentiel dans le ralliement de l'opinion à la guerre, y compris dans ses composantes socialistes et pacifistes. De ce point de vue, les analyses marxistes se révèlent totalement fausses. Le sentiment national l'emporte, aussi bien en Allemagne qu'en France, sur le sentiment "prolétarien", preuve de la superficialité de ce dernier.

 

PdA : On a beaucoup parlé de « miracle » à propos de la bataille dite de « la Marne» (1914) : les Allemands croyaient pouvoir venir à bout de la France plus rapidement encore qu'en 1870-71, ils se sont heurtés à une résistance tenace, bien organisée et ont finalement dû reculer. La guerre allait s'installer dans la durée...

 

F.C. : La bataille de la Marne ne relève en rien du "miracle", même si la République - pourtant anti-cléricale ! - de l'époque a beaucoup insisté sur cette notion. Le plan allemand « Schlieffen » s'appuie sur une notion fondamentale : la rapidité d'éxécution. Il faut se débarrasser des armées françaises le plus rapidement possible afin de se tourner ensuite contre les forces russes, dont on sait qu'elles sont lentes à mobiliser. D'où l'idée d'enfermer les forces armées françaises dans une nasse, les repoussant à l'est de Paris, dos à la Lorraine.

  

Joffre, en bon logisticien, sait utiliser au mieux les forces françaises après la tragique offensive - au vrai, davantage voulue par le pouvoir politique que par le pouvoir militaire - sur la Lorraine et l'Alsace. Grâce à sa remarquable maitrise des flux ferroviaires, il fait "roquer" des troupes de l'est du front français - notamment du secteur de Verdun - vers l'ouest, ce afin de briser l'aile marchante des Allemands. Au moment de l'inflexion de von Kluck vers le sud-ouest - une incontestable erreur stratégique, par ambition personnelle -, les Français sont en mesure de "tronçonner" les Allemands. Si le centre français (Foch et son armée dans les marais de Saint-Gond) tient, les Allemands peuvent être repoussés. Mais non évacués du territoire français. Chacun tente, entre septembre et novembre 1914, de se déborder par les flancs. Quand les deux adversaires buttent sur les rives de la mer du Nord et s'enterrent dans les tranchées, il devient évident aux yeux du plus grand nombre que la guerre va s'installer dans le temps.

 

Durant la phase de la guerre de mouvement, les actes d'héroïsme sont légion de part et d'autre, mais se trouvent confrontés à une représentation ancienne de la guerre - faite de charges à la baïonnette - alors même que les progrès de l'armurerie de la fin du XIXème siècle sont immenses et viennent périmer ces actes d'héroïsme archaïque.

 

PdA : Le bilan humain de la Première Guerre mondiale a été lourd, exceptionnellement lourd : quarante millions de victimes, dix-neuf millions de morts - neuf millions de civils, dix millions de militaires. Ces chiffres sont terrifiants et ont, en même temps, quelque chose d'inhumain au regard des masses concernées. Vous avez dirigé en 2012 l'ouvrage Les Soldats inconnus de la Grande Guerre (Soteca/14-18 éditions)...

 

F.C. : La démarche qui s'inscrit à la fin de la guerre est tout à fait intéressante. Jusqu'alors, les nations en guerre avaient honoré les chefs, ou, en tout cas, les officiers. Les simples soldats tombés à l'ennemi étaient largement ignorés. Leurs corps étaient souvent incinérés, ou, dans le meilleur des cas, inhumés dans des fosses collectives. En Lorraine, c'est encore le cas des tués des combats de Gravelotte, en 1870. Pour la première fois, à la fin de la guerre de 1914-1918, le besoin se faire sentir d'honorer les anonymes.

 

PdA : L'entrée en guerre des États-Unis - en 1917, en même temps que le retrait russe - a-t-elle réellement été, comme on l'a souvent lu, décisive pour la victoire de 1918 ?

 

F.C. : Ce n'est pas l'entrée en guerre des États-Unis qui marque un tournant décisif pour la victoire. C'est la montée en puissance des forces armées de cet État telle qu'attendue pour 1918 et 1919 qui est vraiment importante. La défection russe permet aux Allemands, dans le court terme de mars 1918, de ramener leurs troupes du front est vers le front ouest. Ils savent qu'ils ne peuvent l'emporter définitivement, mais pensent que des succès militaires à l'ouest pourront les mettre en position de négocier une sortie de guerre favorable.

 

Pour en revenir aux États-Unis, il faut s'imaginer que, d'après les projections d'opérations prévues sur l'année 1919, les forces américaines auraient fini par représenter la majeure partie des troupes de l'alliance. C'est en cela que leur poids est considérable.

 

PdA : C'est dans le cadre de la conférence de Paris, qui s'est tenue en 1919-1920, qu'ont été organisées la paix, l'Europe d'après-guerre. Son volet le plus fameux demeure, évidemment, le Traité de Versailles, qui définit les modalités de la fin des hostilités entre l'Allemagne et les Alliés.

J'aimerais vous demander, à ce stade de notre entretien, à cet instant de l'Histoire, ce qu'ont été, de votre point de vue, les erreurs, pour ne pas dire les fautes les plus manifestes qui ont été commises lors de la conférence de Paris, au regard de toutes les difficultés, de toutes les rancœurs - et de tous les prétextes faciles - qu'elles allaient faire naître, au regard des conséquences funestes qu'elles contribueraient bientôt à engendrer en Italie, en Allemagne...

 

F.C. : L'historien n'est pas un moraliste ! Il est difficile pour moi de répondre à votre question. D'une part, il est certain que tout traité de paix révèle le "droit du vainqueur" est que le fameux article 231 attribuant à l'Allemagne la seule responsabilité de la guerre était parfaitement outrancier. De là à prévoir, comme l'a fait De Gaulle - en 1940-1944 ! - une « guerre de trente ans », cela relève de la téléologie et de la reconstruction mémorielle. Que les clauses à l'égard de l'Allemagne aient été trop dures, cela semble relever de l'évidence. Que certaines forces nationalistes allemandes en aient fait leur cheval de bataille relève aussi de la tautologie : cela va de soi.

 

Mais si vous voulez me faire dire que la Seconde Guerre mondiale est inscrite, dès 1919, dans les suites de la Grande Guerre, je ne vous suivrais pas. Bien d'autres dimensions spécifiques de la période 1919-1939 - évolutions des mentalités pacifistes dans les démocraties occidentales, évolution du régime soviétique, crise économique, etc... - entrent en jeu pour expliquer la deuxième guerre.

 

PdA : La Grande Guerre et ses suites ont vu l'effondrement des régimes monarchiques russe, autrichien, allemand, ottoman ; l'ouverture d'une période de désorganisation, de troubles profonds, nous les avons évoqués il y a un instant... On l'a dit, ses conséquences démographiques ont été terrifiantes, incalculables.

La Première Guerre, n'équivaut-elle pas, d'une certaine manière, au suicide collectif des puissances européennes en tant que grandes puissances mondiales, ce qu'elles avaient été depuis le XVIe siècle, ce qu'elles cesseront d'être à partir de cette guerre apocalyptique ?

 

F.C. : Les thématiques du « suicide collectif » sont des réprésentations a posteriori. En 1914, personne n'imagine que la guerre va durer quatre ans et demi. Personne ne peut avoir la moindre idée des pertes militaires et civiles. L'apocalypse est toujours du registre de la reconstruction mémorielle.

 

L'Europe s'est-elle suicidée, en 1914 ? C'est justement sa puissance qui lui permet d'entrer en guerre, tant au plan économique que militaire ou humain. Les puissances continentales font un choix qui s'avère désastreux après-coup. Est-ce le dernier ? Pourquoi alors les États européens sont-ils encore la deuxième puissance économique mondiale ?

 

PdA : Vous avez à cœur, depuis de nombreuses années, de vous assurer de la perpétuation de la mémoire de cette guerre, qui devait être la dernière. Les derniers poilus ont quitté ce monde voilà plusieurs années.

Pourquoi est-il, pour vous, essentiel que ce souvenir, la conscience de ces faits demeurent présents, cent ans après, en chacun de nous, et notamment chez les jeunes générations ?

 

F.C. : Les témoins ne font, fort heureusement, pas l'Histoire. D'une part, parce qu'ils se trompent souvent ; d'autre part, parce que leur disparition marque au contraire le commencement de l'Histoire. La recherche en histoire ancienne ou médiévale se fait sans témoin, sauf de leur temps. La conscience des événements doit passer par les travaux d'historiens, à la condition que ces derniers ne sombrent pas dans l'empathie à l'égard des témoins, mais fassent leur travail de nécessaire distanciation.

 

PdA : Souhaitez-vous ajouter quelque chose avant de conclure cette interview ?

 

F.C. : Un vœu pieux, sans doute ! Que le "devoir d'histoire" l'emporte définitivement sur le pseudo "devoir de mémoire". Dans les médias, le monde politique et le monde scolaire...

 

François Cochet

 

Quel regard portez-vous sur ce qu'a été, sur ce qu'a signifié la Grande Guerre ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver François Cochet...

  

Publicité
Publicité
19 février 2014

Jonas Haddad : "La droite doit se reconnecter aux réalités du pays"

Le secrétaire national de l'UMP (en charge de l'entrepreneuriat des jeunes) et délégué national des Jeunes populaires Jonas Haddad est devenu, je l'en remercie, un habitué de Paroles d'Actu. Il a participé à trois articles avant celui-ci, m'a accordé trois interviews correspondant, chacune, à un moment de la vie de sa formation politique. Il a exprimé avec force ce qu'étaient ses convictions après les défaites de la droite en 2012, s'est clairement engagé en faveur de Jean-François Copé dans le cadre de l'élection à la présidence de l'UMP et a fait, comme d'autres, un premier bilan négatif de la présidence de François Hollande, un an après son investiture.

 

L'UMP bénéficiera-t-elle de l'impopularité record de l'exécutif national pour gagner quelques positions lors des élections locales et européennes qui se tiendront ce printemps ? Chacun l'espère, en tout cas, rue de Vaugirard... Dans ce contexte préélectoral intense, Jonas Haddad a accepté, une nouvelle fois, de répondre à mes questions. Parmi les sujets évoqués : l'entrepreneuriat et la politique économique de François Hollande, l'hypothétique retour de Nicolas Sarkozy et la nouvelle direction des Jeunes pop'... À propos de la branche junior de l'UMP, il affirme - Julien Rochedy ne sera pas forcément d'accord avec lui - qu'elle est aujourd'hui le premier parti jeune de France. Son dernier livre, Droite 2.0 (coécrit avec son camarade Michael Miguères, préfacé par Jean-Pierre Raffarin et publié aux éditions L'Harmattan), vient de sortir, il nous en dit quelques mots, en ouverture de l'entretien... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JONAS HADDAD

 

« La droite doit se reconnecter

aux réalités du pays »

 

Jonas Haddad 2014

(Photo proposée par Jonas Haddad.)

 

Q. : 13/02/14 ; R. : 19/02/14

  

Paroles d'Actu : Bonjour Jonas Haddad. L'été dernier, vous avez fait parvenir à Nicolas Sarkozy, qui vous a reçu en privé, une note sur la notion de « progrès », une thématique à laquelle vous avez consacré un livre, Droite 2.0, cosigné avec Michael Miguères... Pouvez-vous nous en dire davantage à propos de cet ouvrage ?

 

Jonas Haddad : C'est un ouvrage qui a nécessité deux ans de travail, mais qui se fonde surtout sur un constat implacable, issu de nos réunions dans toute la France : si la gauche est intégralement décrédibilisée, toute une frange de la population ne voit pas dans la droite une alternative innovante. C'est une condition sine qua non à tout retour au pouvoir que de remettre notre logiciel idéologique à jour.

 

L'objectif de ce livre est de redonner des boussoles claires à la droite, le « progrès » et le « patriotisme », pour qu'elle soit enfin le rempart au déclin de notre pays, qu'elle incarne un espoir pour les jeunes, les entrepreneurs.

 

PdA : Ces derniers mois, je le suggérais à l'instant, Nicolas Sarkozy a multiplié les rencontres avec les « jeunes pousses » les plus en vue de l'UMP, celles en lesquelles il croit pour l'avenir et sur la fidélité desquelles il compte sans doute dans l'optique d'un retour éventuel pour 2017. Voulez-vous nous révéler ce qu'a été la teneur de votre conversation, de ses interrogations ? Quels ont été vos sentiments quant à cet entretien ?

 

J.H. : Notre conversation a d'abord porté sur la France. En me rendant à ce rendez-vous, j'avais beaucoup entendu dans la presse cette conviction des journalistes que Nicolas Sarkozy voulait s'attacher la jeune génération. Sauf qu'une fois rentré dans son bureau, celui d'un président de la République, j'ai sincèrement oublié tout cela. Je ne fais pas partie de ces blasés de la politique et, conscient de l'importance de l'instant, j'ai évoqué tous les sujets qui me semblaient à la hauteur de l'importance du moment.

 

Nous avons évoqué le sort des jeunes générations, leur capacité à croire en l'avenir de la France, comment le pays pouvait redevenir une terre de progrès. Pour le reste, cela tient du privé.

 

PdA : Quelle est votre intime conviction ? Reviendra-t-il sur le devant de la scène ? Le souhaitez-vous, ou bien est-il temps pour l'UMP de passer à autre chose, de favoriser l'émergence de nouvelles idées, de nouvelles têtes ?

 

J.H. : Vous me permettrez de laisser à un ancien président de la République la décision de revenir ou pas. J'ai déjà dit clairement que son retour était souhaitable, et surtout que ce n'était pas incompatible avec l'émergence de nouvelles têtes... La preuve, vous m'avez évoqué parmi les « jeunes pousses » dans votre question précédente.

 

PdA : L'UMP continue tant bien que mal de panser les plaies nées du scrutin calamiteux qu'elle a tenu pour sa présidence au mois de novembre 2012. Des directions collégiales - et pléthoriques - ont été mises en place pour essayer de contenter les deux parties, à la tête du parti et de sa branche junior, les « Jeunes populaires ». Plusieurs jeunes responsables de la Droite sociale de Laurent Wauquiez, présidée par Mickaël Camilleri - pour ne parler que d'eux - ont fait savoir à l'automne dernier qu'ils se sentaient marginalisés, voire, pour certains, sciemment floués par le montage d'alors. La composition du nouveau bureau national transitoire, annoncée il y a quelques jours, semble répondre en partie à ces inquiétudes. Les « Jeunes populaires » sont-ils pour de bon en ordre de bataille ? N'en êtes-vous pas, de facto, le nouveau chef ?

 

J.H. : Je ne partage pas votre pessimisme. Malgré les difficultés de novembre 2012 - qui commencent d'ailleurs à dater, nous sommes en 2014 - nous avons réussi à promouvoir une nouvelle génération qui va partir à la reconquête des territoires avec une foi inébranlable dans nos valeurs, dans notre pays.

 

Quant à moi, je me contente, à la place qui est la mienne, de mettre toute mon énergie au service des Jeunes Populaires qui, au nombre de 20 000, sont aujourd'hui le premier parti jeune de France.

 

PdA : Lors de sa conférence de presse du 14 janvier, le président de la République a affirmé, sans ambiguïté, son appartenance au courant de pensée social-démocrate. Il a dévoilé son intention de procéder à une baisse massive des charges incombant aux entreprises au titre de la politique familiale en échange d'engagements en matière d'embauches. Ces annonces ont été globalement bien accueillies, y compris par certaines personnalités de l'UMP. Ne vont-elles pas, à votre avis, dans le bon sens ?

 

J.H. : Tout ce qui va dans le sens de sortir nos entreprises de l'étranglement provoqué par l'empilement des impôts est positif, si cela produit des emplois. Cependant comment s'enthousiasmer sur un virage sémantique, un débat interne à la gauche sur la ligne à adopter ? Trop de temps a été perdu par ce gouvernement pour se rendre enfin compte des réalités économiques, des besoins profonds du pays.

 

PdA :  L'entrepreneuriat, c'est votre sujet de prédilection au sein de l'UMP et, à l'évidence, l'une des clés maîtresses pour l'avenir de notre économie, de notre pays. Quelles actions d'ordres législatif - budgets compris - et réglementaire devraient, de votre point de vue, être conduites pour favoriser au maximum l'éclosion et le développement d'entreprises en France ?

 

J.H. : Depuis des années, bien avant que ce sujet ne soit à la mode, j'ai rencontré des associations, des entrepreneurs de tous âges pour m'imprégner des aspirations de cette nouvelle économie. J'ai proposé de façon claire de supprimer l'impôt sur les sociétés pour les moins de 25 ans. Ce n'est pas une mesure qui va plomber les finances de la France - déjà bien dégradées. C'est un signal puissant envoyé à tous ces jeunes qui ne croient plus en l'avenir de notre pays, qui pensent que le système est plus porteur d'espoir ailleurs.

 

PdA : Au vu de l'impopularité record de l'exécutif actuel, l'UMP paraît être en mesure d'aborder - au moins sur le papier - les échéances électorales de 2014 (les municipales au mois de mars, les européennes en mai) dans une position relativement favorable. Vous travaillez à titre personnel sur le fond des sujets, nous l'avons vu avec l'entrepreneuriat. Les interventions des différents ténors de votre parti semblent, elles, être riches davantage de critiques que de propositions concrètes ou prospectives. L'UMP, qui a exercé le pouvoir au plan national pendant dix ans, se veut toujours l'alternative naturelle à François Hollande et aux socialistes. Quand aura-t-elle un projet pour la France et les Français ?

 

J.H. : L'UMP décline depuis plusieurs mois des conventions destinés à bâtir un projet alternatif à la société divisée que produit la gauche. Je comprends de votre propos que nous ne sommes pas assez entendus sur les propositions, davantage sur l'opposition. Mais quand un président de la République est au plus bas niveau historique d'adhésion des Français, ces derniers comprendraient-ils qu'on ne dénonce pas, qu'on ne pointe pas toutes les failles du système ?

 

Si l'UMP ne fait pas ce travail d'opposition pied à pied, elle laissera prospérer ceux qui préfèrent la contestation à l'opposition républicaine.

 

PdA : Quelque chose à ajouter ?

 

J.H. : 2013 a été l'année de la société civile, 2014 doit être l'année de la droite 2.0, celle qui se reconnecte aux réalités du pays, à ses aspirations profondes.

 

PdA : Merci !

 

Droite 2

 

 

Et vous, que vous inspirent les propos, les propositions de Jonas Haddad ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Jonas Haddad...

  

9 février 2014

Pascal Légitimus : "Entre nous et le public, c'est affectif"

Un p'tit message à ton endroit, ami lecteur, avant d'aller plus loin. Si tu n'as pas aimé Les trois frères, pour toi, je n'peux rien. L'humour des Inconnus t'est étranger ? Je n'te traite pas d'Martien, mais j'te l'dis cash, tu peux passer ton chemin. Rien d'perso, mais cet article ne t'apport'ra rien. C'est en fan assumé de ce film depuis des années, en amateur inconditionnel de toutes ses répliques incontournables que j'ai la joie, la fierté de vous proposer ce document, une interview exclusive de Monsieur Pascal Légitimus.

 

Je l'avais contacté pour la première fois à l'occasion de notre date d'anniversaire commune, le 13 mars 2013. On savait déjà qu'il y aurait une suite, à l'époque, mais on n'en parlait pas - encore - beaucoup. Je lui avais demandé s'il accepterait de répondre à quelques unes de mes questions, pour Paroles d'Actu. « Ok », m'avait-il répondu, mais pas avant l'automne. Finalement, pas avant janvier. J'ai regardé le calendrier défiler. La grosse montée en puissance de la promo. Très heureux de les revoir, un peu dépité, aussi. « Ça ne se fera plus... ». « Dimanche, dernier carat. ». Hum... trois jours avant la sortie du film ? C'est gentil de me donner un peu d'espoir, mais je n'y crois plus trop... Enfin, on verra...

 

C'est tout vu. Ses réponses me sont parvenues aujourd'hui, vous pouvez imaginer ce qu'a été ma joie en les découvrant. Merci, cher Pascal Légitimus, d'avoir tenu votre promesse. Et pour vos réponses, généreuses, enthousiastes... « Entre nous et le public, c'est affectif. » Le public sera au rendez-vous, dès mercredi, pour Les trois frères, le retour... Je ne l'ai pas encore vu, mais je sais à quel point j'apprécierai, comme des millions de spectateurs, de vous retrouver, tous les trois... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

PASCAL LÉGITIMUS

 

« Entre nous et le public,

c'est affectif »

 

Pascal Légitimus

(Photos proposées par Pascal Légitimus.)

 

Q. : 04/01/13 ; R. : 09/02/14

  

Paroles d'Actu : Bonjour Pascal Légitimus. Ce mercredi, ce sera la sortie en salles des Trois frères, le retour. Retour, justement, sur le premier film, totalement culte... On vous en a certainement beaucoup parlé depuis sa sortie en 1995 et jusqu'à aujourd'hui. Quels ont été les interpellations, les témoignages qui vous ont le plus amusé, touché à propos des Trois frères ?

 

Pascal Légitimus : Je ne cesse d'être surpris par ce côté « culte », justement. Des dialogues entiers du film sont cités par cœur, et cela touche tout le monde : toutes les couches sociales, toutes les catégories socioprofessionnelles...

 

PdA : Est-ce que, comme nous, vous vous marrez toujours autant en le revisionnant ?

 

P.L. : En général, je regarde souvent mes « oeuvres » en compagnie d'autres personnes, cela me permet de découvrir le film avec un oeil neuf, comme un spectateur lambda. C'est toujours difficile de regarder son travail : on y trouve des erreurs, on regrette certaines choses, on aurait aimé mieux faire, etc... L'oeil du critique se met à analyser. C'est pour cela qu'entendre des gens rire de mes bêtises autour de moi me plonge dans une écoute différente.

 

PdA : Une scène qui, parmi tant d'autres, me fait mourir de rire à chaque fois : celle de ce dîner d'affaires entre gens très spirituels, bientôt perturbé par de talentueux « artistes-peintres »... Voulez-vous nous parler de cette séquence ? Peut-être nous offrir quelques anecdotes à son sujet ?

 

P.L. : C'est une belle situation, pour un acteur. Être dans l'embarras, au point de paniquer, parce que les événements ne se déroulent pas comme prévu, avec surtout l'impératif de ne rien montrer... c'est du velours. Il faut jouer la scène avec sincérité, sinon, cela devient « gugusse » et burlesque, et on y croit moins. Il y a eu, ce jour-là, de vrais fous rires entre Élie et moi. D'autre part, Bernard et Didier s'en donnaient a cœur joie pour trouver des mimiques de drogués parmi les plus éthérées qui soient. Bernard étant celui qui a vraiment fait l'expérience de la drogue, il était le spécialiste-conseil sur le tournage ! (Rires)

 

PdA : Les Trois frères dressait avec humour et une bonne dose de tendresse un tableau assez représentatif, dans une certaine mesure, de ce qu'ont été les années 90. Pas mal de galères, déjà. Le Monochrome de WhiteMan et le Koendelietzsche (merci Google !) ont été saisis depuis longtemps. Eux n'ont « pas changé », on veut bien vous croire, et on l'espère, d'ailleurs. En quoi la société dans laquelle évoluent Bernard, Didier et Pascal Latour a-t-elle changé depuis 20 ans ?

 

P.L. : On nous a souvent reproché, en leur temps, le « manque d'agressivité » ou de « causticité » de certains de nos sketchs ou films. C'est ce que disaient certains journaleux, en tout cas. Alors qu'aujourd'hui, quand on les revisionne, on nous taxe du contraire. On dit que la chanson des vampires (Rap tout, ndlr) est - malheureusement - encore d'actualité. En fait, nous avons toujours été des témoins de notre temps, des chroniqueurs, des imitateurs sociaux qui retracent, à l'aide de petites saynètes, l'humeur, la vibration du présent. D'où l'aspect indémodable de nos sketchs, qui ont été vus par des millions d'internautes. La transmission s'est faite par les parents, et par internet.

 

Les Inconnus 2

 

PdA : Que pouvez-vous - et voulez-vous ! - nous révéler, à ce stade, quant à l'intrigue de cette suite et au film en lui-même ?

 

P.L. : Le pitch : « La société a changé, pas eux ». Les trois frères Latour sont toujours aussi mythos, minables, menteurs, mal dans leur peau, en carence affective... et la crise n'arrange pas les choses !

 

PdA : Le film vous plaît, c'est ce que vous avez déclaré lors d'une interview accordée au Figaro. Avez-vous la conviction qu'il sera à la hauteur de ce qu'en espère votre public ?

 

P.L. : Depuis quelques semaines, nous faisons la tournée des villes de province pour présenter le film, et je dois dire que l'accueil est au-delà de nos espérances. Non seulement les exploitants ouvrent plusieurs salles - jusqu'à sept, parfois - dans la même ville, ce qui est rare, mais, à la sortie, le bouche à oreille est exceptionnel. Cela nous rassure quant au démarrage...

 

PdA : Les Inconnus, c'est l'histoire d'une collaboration artistique géniale. C'est aussi celle d'une amitié authentique, de trente ans, je crois. Quelques mots sur vos compères, Bernard Campan et Didier Bourdon ?

 

P.L. : Ce sont avant tout des amis, avec lesquels j'ai débuté ma carrière. Nous avons à la fois des points communs et des différences, c'est ce qui fait la richesse créative du groupe, que je considère comme une famille artistique. Bernard, c'est le plus rationnel, réflexif et concret de l'équipe. Didier a le sens de la mise en scène, il aime mener, contrôler, il a de l'énergie à revendre. Et moi, je navigue entre les deux. Je suis l'aîné, non pas en âge, mais en responsabilité. Quand on voyage, par exemple, c'est moi qui ai les billets de train. J'ai aussi une imagination débordante, et le sens du risque.

 

Affiche Les trois frères le retour

 

PdA : Quels sont vos projets, vos rêves pour la suite ?

 

P.L. : Aucun. Nous sommes monotâches. Le film est une priorité. Cela faisait onze ans que nous n'avions pas tourné ensemble, on n'est pas pressés. On goûte le plaisir de l'instant présent...

 

PdA : La réunion de votre bande s'est vue accélérée par les innombrables signes d'attachement, d'affection et de désir qui vous ont été témoignés par toutes celles et tous ceux qui vous aiment depuis tant d'années. Je pense au triomphe qui vous avait été réservé lors d'une représentation fameuse de la pièce Plus si affinités et, depuis, aux très beaux chiffres qui ont accompagné chacune de vos apparitions : vos vidéos, celle avec Norman, votre émission sur France 2... Quel message souhaiteriez-vous adresser à votre public en ce début d'année ?

 

P.L. : Nous avons reçu beaucoup de témoignages d'amour de la part du public, des spectateurs, des téléspectateurs, des fans, des aficionados, des fidèles... Ce film est une réponse à tout cela. Entre eux et nous, c'est affectif. Pas de divorce, on est liés pour le meilleur et le meilleur, c'est pour cela que nous prenons notre temps pour bien faire les choses, par respect, vis-à-vis de nous, et vis-à-vis d'eux. On ne veut pas être obligatoirement reconnus. Mais appréciés, en tout cas.

 

PdA : Que peut-on vous souhaiter pour 2014, cher Pascal Légitimus ?

 

P.L. : Que ça dure... Que ce film soit un franc succès. Et que les prochains projets, seul ou à trois, soient aussi qualitatifs...

 

PdA : Quelque chose à ajouter ? Merci infiniment...

 

P.L. : À bientôt peut-être...

 

PdA : Merci infiniment...

 

Les Inconnus 1

 

Et toi, cher lecteur, quel message aimerais-tu adresser à Pascal Légitimus, aux Inconnus ? Les commentaires sont là pour ça ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Les Inconnus...

  

4 février 2014

Jean-Claude Dreyfus : "Il y a beaucoup de respect mutuel avec Francis Huster"

Lors de notre premier entretien, qui s'était tenu au mois de février de l'année dernière, nous avions évoqué pas mal de sujets, avec Jean-Claude Dreyfus : son actualité du moment, quelques éléments de sa bio, etc. J'ai voulu remettre cela, il y a quelques jours, à l'occasion du démarrage d'une nouvelle pièce dont il partage la vedette avec Francis Huster : La Trahison d'Einstein, écrite par Éric-Emmanuel Schmitt et réalisée par Steve Suissa. Il m'a immédiatement donné son accord, avec la gentillesse que je connais à ce grand homme de scène et de cœur. Je lui ai fait parvenir mes questions quelques jours avant la première. En dépit du rythme effrené avec lequel les représentations s'enchaînent depuis le 30 janvier au Théâtre Rive Gauche, malgré les plannings tendus liés à la préparation, aux répétitions du spectacle, il a pris un peu de son temps pour me répondre. Je l'en remercie et lui transmets mon amitieuse gratitude. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

JEAN-CLAUDE DREYFUS

 

« Il y a beaucoup de respect mutuel

avec Francis Huster »

 

Dreyfus 1

(Photos n.b. : Olivier Denis. Affiche : production.)

 

Q. : 14/01/13 ; R. : 04/02/14

  

Paroles d'Actu : Bonjour Jean-Claude Dreyfus. Lors de notre première interview, datée de février 2013, nous nous étions livrés, pour mon plus grand plaisir - partagé, j'espère ! -, à une longue évocation de votre vie et de votre parcours, à l'occasion de la sortie du premier tome de votre autobiographie, Ma bio dégradable : J'acte I. Votre actu du moment, c'était également Dreyfus-Devos, d'Hommages sans interdit(s)votre spectacle que les spectateurs et la critique ont largement salué... Quel bilan tirez-vous de cette belle expérience de scène et de cœur ?

 

Jean-Claude Dreyfus : Ç'a été un bonheur de jouer des textes de Devos... Savoureux. Et le public a suivi !

 

PdA : Vous serez bientôt à l'affiche de La Trahison d'Einstein, aux côtés de Francis Huster et de Dan Herzberg. La pièce a été écrite par Éric-Emmanuel Schmitt, sa mise mise en scène est de Steve Suissa. Quelle a été l'histoire de ce projet dont le public découvrira bientôt la concrétisation ?

 

J.-C.D. : Une belle aventure, là aussi... Après avoir joué deux spectacles seul, revenir au dialogue, à l'écoute de l'autre, en l'occurrence Francis Huster, c'est super !

 

PdA : « Sur les rives d'un lac du New Jersey, deux excentriques se rencontrent et sympathisent. L'un est Albert Einstein, le physicien de génie ; l'autre est un vagabond en rupture avec la société... » L'action se déroule sur une quinzaine d'années avec, en toile de fond : le développement du projet Manhattan, les interrogations torturées du père "malgré lui" de la bombe, les soupçons nés de ces états d'âme, aux premières heures de la Guerre froide...

 

J.-C.D. : Dix-neuf ans, exactement. Il serait venu converser avec ce vagabond, miroir de lui-même...

 

PdA : Qu'est-ce qui, sur le papier puis, par la suite, vous a séduit dans cette aventure ? Chez votre personnage ?

 

J.-C.D. : Avant tout, l'écriture d'Éric-Emmanuel Schmitt. C'est le plus important, d'autant qu'il a pas mal réécrit après la première lecture, en pensant plus à nous, et à nos personnages.

 

PdA : Parlez-nous de la pièce, de sa mise en scène ? De votre équipe ? Que souhaiteriez-vous dire à nos lecteurs pour tenter de leur donner envie de venir la découvrir au Théâtre Rive Gauche, ce à partir du 30 janvier ?

 

J.-C.D. : Je suis tombé au sein d'une équipe déjà soudée et qui, grâce a Steve Suissa, le papa de l'entreprise avec Éric-Emmanuel Schmitt, avait l'habitude de travailler ensemble. L'harmonie est totale, tant sur le plan des décors - signés Stéfanie Jarre - que sur les vidéos et la musique. Sans oublier, bien sûr, mon partenaire, Francis Huster, qui collabore depuis plusieurs années avec Steve... Je me suis facilement fondu dans leurs moules, le rapport avec Francis étant par ailleurs très simple et clair, plein de respect mutuel et d'amour du théâtre...

 

PdA : Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous, à quelques jours de la première représentation de La Trahison d'Einstein ? Comment appréhendez-vous ces instants, le trac, d'une manière générale ?

 

J.-C.D. : Il y a le trac, l'angoisse de perdre un texte encore trop frais. La peur de commencer... et surtout d'aller au bout... et de finir !

 

Einstein

 

PdA : On ne compte plus les pièces, les films et téléfilms auxquels vous avez participé... Est-ce qu'il y a, à ce jour, des rôles ou des types de personnages que vous aimeriez, a priori, comme ça, interpréter ?

 

J.-C.D. : Oui... J'aime aller à la découverte de personnages complexes. Les décortiquer, pour les rendre simples. Et rendre toute leur panoplie, sans en avoir l'air...

 

PdA : La mise en scène, la réalisation, c'est quelque chose qui pourrait vous attirer pour la suite, ou pas du tout ?

 

J.-C.D. : J'ai déjà fait quelques mises en scène. Ça me plaît bien de travailler avec des comédiens pour tirer des émotions rares que, peut-être, je n'arriverais pas à donner moi-même ?

 

PdA : Je compléterai votre actu de ce début d'année en rappelant que vous serez bientôt à l'affiche du court métrage Sauliac, signé Édouard Giraudo, avec Sheila O'Connor. Et que l'on peut d'ores et déjà retrouver chez tous les bons libraires votre belle voix lisant César Birotteau de Balzac. Quels sont, à côté de tout cela, vos projets, vos rêves ?

 

J.-C.D. : Ce serait, après La Trahison d'Einstein, de reprendre mon spectacle sur Devos et mon tour de chant, En toute sobriété, à Paris et en tournée. 

 

PdA : Janvier, c'est le temps d'une jolie tradition, celle des échanges de voeux... Que peut-on vous souhaiter pour 2014, cher Jean-Claude Dreyfus ?

 

J.-C.D. : De continuer sur cette longue route déjà parcourue. De la poursuivre en pleine santé, surtout...

 

PdA : Un message pour nos lecteurs ?

 

J.-C.D. : Non à la morosité. Même si le temps paraît morose, derrière, toujours, un nuage rose en prose se posera...

 

PdA : Pour quelqu'un en particulier ?

 

J.-C.D. : Pour Albert et Francis : c'est une joie de vous retrouver chaque soir !

 

PdA : Quelque chose à ajouter ?

 

J.-C.D. : Amitieusement. À tous.

 

PdA : Merci infiniment !

 

Dreyfus 2

 

Si vous avez vu la pièce, qu'en avez-vous pensé ? (Sinon, allez-y ! Allez au théâtre, d'une manière générale !) Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Jean-Claude Dreyfus...

  

1 février 2014

Marie-Paule Belle : "Le public ? Ils sont toute ma vie..."

   « Est-ce que vous avez déjà entendu parler de Marie-Paule Belle ? Non ? Ça ne m'étonne pas, et si vous m'aviez répondu "oui", j'aurais presque été inquiet. Inquiet, et puis déçu, parce que je comptais ce soir la faire découvrir aux téléspectateurs, pour la première fois. Regardez-la bien. Vous la reverrez, certainement. Vous en entendrez parler. Il y a très peu de jeunes chanteuses à qui l'on puisse prédire ce destin, en ce moment... » Nous sommes en mars 1973. Philippe Bouvard est emballé par cette nouvelle venue sur la scène musicale, à tel point qu'il va lui permettre d'interpréter deux de ses chansons, deux titres plutôt fantaisistes : Wolfgang et moi et Nosferatu. Elle est seule sur scène, en piano-voix. C'est elle qui en a signé les mélodies... La Parisienne sortira trois ans plus tard...

   « Cette femme est absolument faite pour "attaquer" Barbara » (Fabrice Luchini, Vivement dimanche, 2011). « Elle a la volupté et la grâce pour chanter du Barbara » (Fabien Lecœuvre, Les années bonheur, 2011). J'en passe, et des meilleures (la grande dame brune elle-même lui avait confié, dans un élan de tendre enthousiasme, qu'elle adorait son travail)... Marie-Paule Belle n'est pas uniquement le « diablotin sautillant sur un tabouret de piano » que l'on pourrait croire, vue de loin, en surface. Ses fans, eux, connaissent parfaitement l'étendue de sa palette, de son œuvre. Écoutez ses reprises de Attendez que ma joie revienne, de Dis, quand reviendras-tu ?, de Nantes... Écoutez Berlin des années vingt, L'enfant et la mouche, La petite écriture grise, Quand nous serons amis... Écoutez Un pas de plusCelles qui aiment elles, Assez... Quelques échantillons, simplement, il y en a tellement...

   Pour cette première publication Paroles d'Actu de l'année, je vous invite à découvrir ou à redécouvrir une grande, une très grande musicienne et artiste de la chanson française. Les médias feraient bien de s'en souvenir et d'en faire autant, tout le monde y gagnerait... Un talent. Une femme de cœur et de convictions. En trois mots comme en cent : une « Belle » personne... Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

MARIE-PAULE BELLE

 

« Le public ? Ils sont toute ma vie... »

 

Marie-Paule Belle

(Source des photos : production)

 

Entretien réalisé entre le 27 janvier et le 1er février 2014

  

Paroles d'Actu : Bonjour Marie-Paule Belle. J'aimerais, pour débuter cet entretien, vous inviter à évoquer pour nous la figure de Barbara : vous lui avez consacré plusieurs enregistrements, deux spectacles et de nombreuses représentations publiques depuis 2001. Quelle est la place qu'elle a occupé, qu'elle occupe dans votre vie ?

 

Marie-Paule Belle : C'est grâce à Barbara et Brel que j'ai décidé de chanter, lorsque je les ai vus sur scène, adolescente... J'étais bouleversée... Barbara a été une révélation pour moi. C'était la première fois qu'une femme parlait de l'amour, de la mort avec un éclairage si personnel ! Elle s'accompagnait au piano avec des mélodies classiques, parlait de ses sentiments, de son histoire... Tout ce que j'aime ! Par la suite, mon chemin est passé par l'Écluse, cabaret de la Rive gauche, où elle a chanté longtemps !

 

J'ai eu la chance de la rencontrer et de lui parler quelquefois... J'ai deux fax d'elle dans mon bureau, je les considère comme des porte-bonheur... Les spectacles que je lui ai consacrés m'ont apporté beaucoup d'émotions, même au Japon et en Pologne ! Parfois le public a redécouvert quelques chansons, ce qui m'a fait très plaisir... Elle est toujours présente dans ma vie...

 

PdA : Et dans la nôtre... Abordons maintenant, si vous le voulez bien, votre répertoire à proprement parler. La Parisienne est probablement celui de vos titres que l'on vous associe le plus naturellement. Son succès a contribué à vous apporter notoriété et reconnaissance.

Quels sont, au quotidien, les signes de cette popularité, les témoignages d'affection du public qui vous touchent particulièrement ? Question subsidiaire : n'est-ce pas un peu frustrant, parfois, d'être régulièrement "réduite" à cette chanson dans les médias ? Entendons-nous bien : elle est formidable, éminemment moderne, et l'énergie que vous dégagez avec elle est à chaque fois communicative. Mais vous en avez d'autres, beaucoup d'autres...

 

M.-P.B. : Il est vrai que La Parisienne est ma carte d'identité ! Lorsque l'on me reconnaît, on me chante cette chanson, ou l'on sourit avec gentillesse et complicité à un feu rouge, par exemple ! On me dit : « Vous avez enchanté ma jeunesse », « Quelle énergie ! », etc..., etc...

 

C'est vrai qu'au bout de plus de quarante ans de carrière, et une vingtaine d'albums, j'aurais aimé que l'on se souvienne d'autres chansons que j'aime aussi, soit pour leur mélodie, soit pour leur sujet, car j'ai chanté des chansons très différentes... Mon public fidèle, mes fans s'en souviennent ! Je ne suis pas frustrée car je trouve merveilleux de rester encore dans la mémoire de certains, d'une façon aussi joyeuse et positive ! Si je suis venue au monde pour apporter un peu de joie, c'est déjà pas mal, et j'ai plaisir à le constater lors des signatures, après les concerts. J'ai aussi une grande chance de partager encore, de nos jours, cette joie sur scène !

 

PdA : C'est en effet quelque chose d'exceptionnel et qui n'est pas donné à tout le monde... La plus belle des récompenses pour un artiste, j'imagine... S'agissant, justement, de ces autres titres qui gagnent à être connus, parlons-en.

Quelles sont, sur l'ensemble de votre répertoire, les cinq ou dix chansons que vous préférez ? Celles que vous aimeriez inviter nos lecteurs à découvrir ou redécouvrir via, par exemple, les plateformes de téléchargement légal ?

 

M.-P.B. : Il est difficile pour moi de répondre à cette question ! De plus, beaucoup de mes chansons ne peuvent être téléchargées, car elles sont introuvables sur internet, ou ailleurs, mes albums ayant eu des producteurs indépendants et des distributeurs différents...

 

Il y a des chansons comme Sur un volcan, L'enfant et la mouche, Berlin des années vingt qui sont très bien écrites, par Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris. Ou, dans le dernier album, Assez et Celles qui aiment elles, écrites par Dominique Valls. Elles évoquent des sujets graves, en dehors des modes, comme la décadence conduisant aux extrêmes, l'indifférence, la cruauté, la violence, l'homophobie, etc... Ces sujets sont traités sans lourdeur, avec justesse, avec poésie par leurs auteurs.

 

Il y a des chansons romantiques ou nostalgiques, comme Quand nous serons amis, La petite écriture grise, Elle t'a changé, Patins à roulettes, 42 colonnes corinthiennes, La cabine en verre, Matin d'amour, Nuage rose, etc... Il y a des chansons comme Beauté de banlieue, dont je suis fière de la musique, ou des chansons autobiographiques dont je suis l'auteur, comme Sans pouvoir se dire au revoir. Enfin, les chansons drôles qui m'ont beaucoup fait rire en les créant avec mes amis, dont Isabelle Mayereau, avec qui j'ai écrit aussi des chansons drôles pour Anne Baquet. Je pense à Moujik russe, L'oeuf -complètement surréaliste -, Placali Calalou, etc...

 

Mes goûts personnels vont plus vers les chansons graves ou romantiques, qui sont souvent à l'opposée de mon image médiatique caricaturée, celle d'un diablotin sautillant sur un tabouret de piano !

 

PdA : Parmi ces chansons, il en est qui sont, pour le coup, à la fois romantiques et graves. Vous évoquiez l'un des titres de votre dernier album en date, Celles qui aiment elles, sur Marie Paule ReBelle. Des trésors de sensibilité, dans ce texte... Vous savez « le prix de leurs amours rebelles »...

Qu'avez-vous ressenti après l'adoption en 2013 de la loi Taubira ouvrant droit au mariage pour tous ? Cette reconnaissance par la République de ces amours encore trop souvent montrées du doigts, vous l'attendiez, vous l'espériez depuis longtemps ?

 

M.-P.B. : Je l'attendais et je suis très heureuse qu'enfin, cette loi soit votée !

 

PdA : Plusieurs sondages ont indiqué, à l'occasion de ces débats, qu'un grand nombre de Français approuvait cette évolution et qu'il y avait, en tout état de cause, un recul de l'intolérance en matière d'homosexualité. Mais il y a eu, ici ou là, à la marge mais de manière parfois organisée, des actes, des mots qui n'ont pas grandi leurs auteurs...

J'aimerais vous demander, en tant que femme engagée, en tant qu'artiste populaire, quel message vous adresseriez à un père, à une mère qui, de bonne foi, sans pensée haineuse, vivrait mal l'annonce par son enfant de son homosexualité ?

 

M.-P.B. : Je lui demanderais simplement ce qui est le plus important : le bonheur de son enfant ou le souci du regard des autres ?! Cela dit, je ne suis pas du tout d'accord avec les sondages : l'homophobie (comme le racisme) a progressé en France, on l'a vu lors des manifestations contre le mariage pour tous ! Je le vois tous les jours après mes concerts, avec les nombreux témoignages d'homosexuels, hommes et femmes, qui me remercient pour la chanson Celles qui aiment elles et qui souffrent beaucoup dans leur quotidien, surtout en province !

 

PdA : Puissent cette chanson, la sagesse de vos propos contribuer à faire progresser l'esprit de tolérance, ou plutôt de respect, je le souhaite de tout cœur. Parmi vos titres récents, il y en a un autre, très beau, qui aborde le sujet ô combien douloureux des femmes battues : Assez (Marie Paule ReBelle). J'imagine que, dans un domaine qui ne s'éloigne pas trop de cette question et de celle abordée précédemment, la résurgence des débats portant sur l'IVG, en France, en Espagne, surtout, ne doit pas vous laisser indifférente...

Quels sont les sujets d'actualité qui vous interpellent, vous révoltent et qui pourraient, peut-être, vous inspirer la création de nouvelles chansons ?

 

M.-P.B. : Tout est dit dans votre question. Dominique Valls a écrit de très beaux textes sur ce qui me tient à cœur... Quand un sujet me révolte ou m'interpelle de quelque façon que ce soit, j'en parle avec mes auteurs, et ils m'écrivent de très jolies choses... C'est vrai que la résurgence des débats portant sur l'IVG m'inquiète beaucoup, moi qui ai défilé pour dans les années 70 ! Quelle régression...

 

PdA : Vous avez justement rendu hommage à vos auteurs au cours de notre interview. Envisageons maintenant, si vous le voulez bien, un domaine qui passe souvent au second plan et dans lequel vous excellez depuis toujours : la composition. Quel rapport entretenez-vous avec votre piano ?

 

M.-P.B. : Le piano est comme une personne. Certains me parlent tout de suite, d'autres ne me diront jamais rien ! J'avais évoqué le sujet avec Barbara, qui avait le même dialogue avec son piano. Un jour où je n'avais aucune inspiration, ce qui me rendait malheureuse, elle m'a dit, en parlant de mon piano : « Laisse-le bouder ! Laisse passer le temps et il te reparlera ! ».

 

Mon piano est réglé spécialement pour moi, selon mes goûts (graves profonds, un peu métalliques, mécanique souple, aigus perlés). Pour les concerts, je fais très attention à la qualité du piano, car j'ai eu beaucoup de problèmes, surtout en début de carrière... Je chante complètement différemment si j'ai un bon piano ou pas.

 

PdA : Quel est, pour ce qui vous concerne, le processus qui mène à la naissance d'une mélodie ? Vient-elle, en général, avant ou après le texte ?

 

M.-P.B. : Les mélodies arrivent souvent avec le plaisir de l'improvisation, ou bien n'importe où et n'importe quand. Je ne le commande pas et je les enregistre dès qu'elles me restent dans la tête. J'ai dans mon iPhone et mon ordinateur des musiques très différentes allant de la ballade classique au jazz.

 

Pour les chansons, je pars sur quatre vers que l'on me donne, et je m'envole... Ou bien, je donne à l'auteur la mélodie structurée en couplets, refrains, avec la métrique des vers. Il n'y a pas de règle, mais j'écris très rarement sur un texte définitif. 

 

PdA : Merci pour ces quelques anecdotes précieuses, tout droit venues des coulisses de votre art. En filigrane, il y a aussi la question de la production musicale, de son évolution. Vous aviez fait appel aux internautes pour coproduire votre dernier album.

Qu'est-ce qui, depuis vos débuts, a changé dans la manière de faire de la musique, de la diffuser ? Quel regard portez-vous sur le paysage musical actuel ?

 

M.-P.B. : Tout a changé depuis mes débuts ! Les mentalités, la technique, le marché, etc... Large question ! Je dirai seulement que, lorsque j'ai commencé, j'ai signé pour trois albums ! À cette époque, on pouvait donner une chance à l'artiste, afin qu'il dispose d'un temps suffisant pour faire connaître son univers. J'ai eu la chance d'être récompensée par des prix prestigieux pour les trois premiers albums, ce qui m'a aidée pour resigner... Aujourd'hui, peu importe l'univers de l'artiste ! Ce qui compte c'est qu'il vende. L'artiste est d'abord un produit, il doit être formaté, avec des critères précis pour cibler une clientèle précise. Le CD ne se vend plus. Tout se passe par internet. Pour reprendre le slogan d'une pub : avant, il y avait des directeurs artistiques qui lisaient les partitions, mais ça, c'était avant ! Aujourd'hui, il y a des directeurs de marketing qui regardent les chiffres... Moi, je n'ai regardé que l'artistique !

 

Avec internet, on découvre de belles choses, mais aussi n'importe quoi ! Ce qui est merveilleux, c'est qu'avec un bon logiciel, un clavier, tout le monde peut faire de la musique, avoir un Steinway ou un orchestre philharmonique au bout des doigts... faire un album à la maison ! J'adore ces nouvelles technologies ! Ce qui est moins merveilleux, c'est ce qu'on entend parfois... Hélas, certaines émissions de télé ont développé de fausses valeurs... Tout le monde chante pareil, sans charisme, sans présence. Peu de personnalités sont "habitées" ! Peu se détachent (quelques exceptions, comme Stromae). On a montré les paillettes et non le travail ! J'espère encore que, si le talent est là, avec le travail, la chance (les bonnes rencontres au bon moment), on peut garder l'espoir d'être agréablement surpris !

 

PdA : Quels sont celles et ceux qui, pour ce qui concerne la chanson française, trouvent grâce à vos yeux - ou plutôt à vos oreilles - aujourd'hui ? Je pense à ceux, plus ou moins connus, qui émergent, je pense évidemment, aussi, à ceux qui, fort heureusement, sont toujours là...

 

M.-P.B. : Les grands auteurs-compositeurs, dans des styles très variés, de Trenet, Brel, Bécaud, Barbara, à Gainsbourg, Berger, Bobby Lapointe, pour ceux qui nous ont quittés. Et d'Aznavour, Sheller, Le Forestier, Lama à Jonasz, Souchon, Sanson, Voulzy, Julien Clerc, pour ceux d'aujourd'hui. Piaf, Maurane pour les voix... J'en oublie... Mouloudji, Cora Vaucaire, Montand, etc... De nos jours, Stromae se détache par son originalité, Zaz pour son timbre de voix. Je ne connais ni le rap, ni l'électro, et j'écoute des voix féminines anglo-saxonnes dans le jazz classique ou actuel.

 

PdA : Vous avez récemment annoncé, à regret, l'annulation de la tournée Sacrée soirée, à laquelle vous deviez participer. Où et quand pourra-t-on vous applaudir, dans les prochaines semaines, dans les prochains mois ?

 

M.-P.B. : À cause de cette tournée, aucun contrat n'a été signé, aucune démarche n'a été faite, car je ne pouvais cumuler les concerts de la tournée et les miens. Les deux prochaines et dernières dates de concerts du spectacle De Belle à Barbara, signées avant cette tournée, sont le 7 février, à Villeparisis, en région parisienne, et le 11 février, à Bayeux. Ensuite... ?

 

PdA : Allez-vous essayer de proposer de nouvelles dates, en Île-de-France et en province, pour De Belle à Barbara ?

 

M.-P.B. : Je ne crois pas... C'est trop tard. Toutes les salles sont programmées et prises, y compris pour les réunions électorales. La production est en train de voir si l'on peut avancer le nouveau spectacle, mais là aussi, c'est compliqué...

 

PdA : Voulez-vous nous dire quelques mots de ce que sera ce nouveau spectacle ?

 

M.-P.B. : Ce sera toujours du piano-voix, avec des chansons du répertoire et les miennes, dont certaines remontent à la période de mon passage à l'Écluse. Je le donnerai dans des petites salles, pour être très proche du public. Le titre provisoire est Comme au cabaret.

 

PdA : Avez-vous d'autres projets, d'autres envies dont il vous plairait de nous faire part ? Par exemple, planchez-vous, ou allez-vous plancher sur de nouvelles chansons ? Sur un nouvel album ?

 

M.-P.B. : Pour l'instant, je n'ai pas d'autre projet.

 

PdA : Quel message auriez-vous envie d'adresser à nos lecteurs et, en particulier, à celles et ceux d'entre eux qui, nombreux, vous suivent et vous aiment, depuis six mois, dix ans ou trente-cinq ans ?

 

M.-P.B. : Merci ! Car c'est grâce à leur fidélité, à leurs témoignages, à leur amour, tout simplement, si je suis toujours là ! C'est cet élan d'amour qui me donne l'énergie et l'envie de continuer lorsque je suis découragée et que je songe arrêter... Je le leur ai redit sur scène il y a huit jours, je l'écris en dédicace sur les albums ou les programmes, je le leur redis maintenant et je le ferai toujours, car ils sont toute ma vie !

 

PdA : « Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous »... Très belle dédicace, je suis sûr qu'elle les touchera beaucoup... Que peut-on vous souhaiter, chère Marie-Paule Belle ?

 

M.-P.B. : Que je continue à être émerveillée...

 

PdA : Je vous le souhaite de tout cœur... Continuez à nous émerveiller, à nous émouvoir... Un dernier mot ?

 

M.-P.B. : Merci Nicolas ! À bientôt ?...

 

PdA : Ce serait un honneur et, surtout, un plaisir. Merci infiniment pour ce bel entretien...

 

Marie-Paule Belle 2 

 

Que vous inspirent l'oeuvre, les combats de Marie-Paule Belle ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Vous pouvez retrouver Marie-Paule Belle...

 

Publicité
Publicité
Paroles d'Actu
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 1 056 587
Publicité