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Paroles d'Actu
24 juin 2018

Françoise Deville : « Personne n'a aimé Joséphine comme Bonaparte, de façon exclusive et unique »

Moi la Malmaison : l’amie intime de Joséphine (Éditions de la Bisquine, 2018) est le premier livre de Françoise Deville. Passionnée d’histoire napoléonienne - elle possède une belle collection d’objets ayant trait à cette époque - et titulaire d’une maîtrise en Histoire de l’Université de Genève, l’auteure, qui a déjà signé plusieurs articles dans la presse, a voulu s’attacher à dresser un portrait original de l’unique, de l’incomparable Joséphine, « sa » Joséphine. L’angle trouvé est original, il est servi par sa jolie plume, et par sa connaissance pointue de l’histoire de ce temps-là : ici, c’est la Malmaison, la demeure, le havre de paix (pas toujours !) du couple Bonaparte, qui observe, qui s’exprime et interpelle, et qui raconte... Mais qu’on ne s’y trompe pas, comme chez Pierre Branda, celle qui crève l’écran, c’est bien Joséphine, décidément une des figures les plus attachantes de notre histoire. Interview exclusive, Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

Q. : 12/06/18 ; R. : 17/06/18.

Françoise Deville: « Personne n’a aimé Joséphine

comme Bonaparte, de façon exclusive et unique. »

Moi la Malmaison

Moi la Malmaison : l’amie intime de Joséphine, Éditions de la Bisquine, 2018.

 

Qui êtes-vous Françoise Deville ?

Une passionnée de Joséphine et de Bonaparte. En 1979, j’ai découvert ces deux personnages grâce à la série Joséphine ou la comédie de l’ambition avec Danièle Lebrun et Daniel Mesguich dans les rôles titres. Ce jour-là, ma vie a été bouleversée et Joséphine ne m’a plus quittée. J’ai obtenu un Master en Histoire à l’Université de Genève. J’ai toujours voulu écrire un livre sur Joséphine, mais il fallait que le projet mûrisse car je voulais aller au plus près de l’âme de cette femme. Depuis 2013, je constitue une collection d’objets et de lettres ayant appartenus ou ayant été écrites par Joséphine et Napoléon principalement. Le fleuron de ma collection est la lettre d’amour écrite par Napoléon à Joséphine le 30 mars 1796.

 

Pourquoi la Malmaison, Joséphine et ses enfants ? Pourquoi Bonaparte ?

Malmaison est le lieu le plus aimé par Joséphine et Bonaparte. C’est un lieu privé, témoin de leur vie, de leur amour. Ce lieu a une âme, la présence de Joséphine y est palpable. C’est aussi l’histoire des enfants de Joséphine, Eugène et Hortense, qu’elle a tant aimés et qui tiennent une place majeure dans l’épopée napoléonienne.

 

Peut-on dire que Joséphine a fait grandir Bonaparte dans sa vie d’homme, et que lui a redonné foi en l’amour et au bonheur à sa Joséphine ?

Napoléon était un novice en amour. Joséphine lui a tout appris. Dans ses bras, il a découvert l’amour, la plénitude. Elle lui a donné confiance et l’a fait se sentir homme. Elle lui a offert un statut familial et social. Joséphine a beaucoup souffert, Alexandre de Beauharnais, son premier époux, a été odieux avec elle, il lui a fait subir les pires humiliations. Son cœur de femme était blessé. Personne ne l’a aimée comme Bonaparte de façon exclusive et unique. Joséphine a aussi eu peur de mourir lors de son emprisonnement aux Carmes en 1794. Sa vie en a été profondément marquée. Elle ne sera plus jamais la même, son insouciance a totalement disparu.

 

L’officier qu’il fut quand il rencontra la veuve Beauharnais serait-il devenu grand comme il l’a été sans elle  ?

Oui, car avec ou sans Joséphine, Napoléon était doué. Il avait le quelque chose en plus sur les autres généraux. Le côté intellectuel sans doute qui fera de lui le Consul que l’on connaît avec toutes les grandes œuvres accomplies, tel le Code civil par exemple. L’idée de la Campagne d’Italie germait en lui depuis deux ans. Il avait même proposé son plan à Talleyrand. Il était sûr que les Autrichiens seraient vaincus sur ce front moins protégé.

 

Quel regard portez-vous sur l’exécution du duc d’Enghien, qui parut troubler beaucoup Joséphine ?

Elle était nécessaire. Des complots royalistes visant à tuer Bonaparte étaient légions. Il devait frapper fort. Le Duc était peut-être ignorant du dernier en date, quoique ? Il était en attente du renversement de Bonaparte pour entrer avec ses troupes en France. Il était contre-révolutionnaire et portait les armes contre la France. Cependant, Bonaparte a outrepassé ses droits en l’enlevant hors des frontières françaises sur les terres du Grand-Duché de Bade. À l’époque, l’exécution du Duc n’a pas eu un grand retentissement, c’est la Restauration qui en fît un martyr. Joséphine si bienveillante était touchée par la mort de ce jeune homme et était choquée par le fait que l’on pourrait reprocher à son Bonaparte cette exécution. C’est la forme de cette exécution dans sa rapidité et non le fond qui cause problème ainsi que l’enlèvement en territoire étranger. Les royalistes n’auraient eu aucun scrupule à assassiner Bonaparte.

 

Diriez-vous que Bonaparte a perdu pied en instituant l’Empire ? Qu’au fond, Napoléon a perdu Bonaparte ?

L’Empire a brisé les digues révolutionnaires. Le souci est le côté monarchique de l’Empire. Un Consul n’a rien à prouver aux anciennes monarchies. A contrario, l’Empire doit tout prouver en adoptant les codes monarchiques. Le Consulat est un régime politique fondé sur sa propre légitimité qui ne doit rien aux monarchies. Bonaparte pensait qu’en adoptant un côté monarchique, il apaiserait la peur de la Révolution des autres souverains. Ce fut une erreur car, pour eux, Empire ou non, Bonaparte reste l’usurpateur révolutionnaire.

 

Bonaparte a-t-il perdu sa bonne étoile quand il a répudié Joséphine pour Marie-Louise ?

Oui et non. C’est l’année 1807 qui marque un tournant décisif avec la rencontre de Tilsit et « l’amitié » du Tsar Alexandre Ier. Napoléon se sent accepté en tant que souverain monarchique. De plus, il gagne toutes ses guerres, les limites s’estompent et le vertige du pouvoir n’a plus de limites. Joséphine le tempère, l’adoucit et lui rappelle le passé, l’Histoire française de la Révolution. Ils ont une identité non souveraine, Monsieur et Madame Bonaparte. Marie-Louise est une princesse, élevée pour épouser un souverain.

 

Comment caractériser les rapports entre Bonaparte et Joséphine après la répudiation ? C’était quoi entre eux, une estime mutuelle et une grande tendresse ?

Après leur séparation, Joséphine et Napoléon ne se verront plus que six fois mais une grande tendresse les unissait toujours, un grand respect l’un pour l’autre, et aussi de l’amour.

 

Napoléon a-t-il été accablé par la mort de Joséphine ? A-t-il souvent parlé d’elle après , et en quels termes ?

Napoléon a été anéanti par la mort de Joséphine. Lorsqu’il apprend sa mort à l’île d’Elbe, il s’enferme seul dans une pièce durant plusieurs heures. Lors de son retour en France en mars 1815, il passera une journée, en avril, à Malmaison avec Hortense. Il se rendra seul dans la chambre de Joséphine et en ressortira bouleversé. A Sainte-Hélène, il parle souvent d’elle, de leur amour vrai, unique que seule la mort peut rompre. Il affirme qu’elle l’aimait plus que tout et il avait raison.

 

Portrait Joséphine

Portrait méconnu de Joséphine, peint par Guérin, son miniaturiste de Malmaison.

Illustration sélectionnée par Françoise Deville.

 

Peut-on dire que les enfants de Joséphine, Eugène et Hortense, ont été plus constamment fidèles à leur beau-père que ne le fut, prise tout ensemble, la famille Bonaparte ? Sa famille de cœur, c’était les Beauharnais ?

Non, sans conteste plus dévoués, plus aimants mais pas plus fidèles. Seule Caroline trahit honteusement son frère en 1814, les autres essaient de sauver les meubles. En 1815, ils sont au rendez-vous pour certains, Joseph, Lucien, Madame Mère, Jérôme, Hortense… Les autres attendent ou sont empêchés. Pauline et Madame mère étaient à l’île d’Elbe. Eugène ne viendra pas, il est deveunu prince allemand dévoué à sa femme Auguste de Bavière. En 1813-1814, l’attitude dure et injuste de Napoléon face à Eugène qui attendait des ordres clairs de l’Empereur pour quitter l’Italie et rejoindre la France a perturbé les sentiments d’Eugène et d’Auguste. Certains ont parlé de trahison d’Eugène. Napoléon était confus et Eugène habitué à être téléguider par l’Empereur attendait l’ordre de ce dernier. Après, il fut trop tard et Eugène décida de défendre ses intérêts au Congrès de Vienne sous la protection du Tsar Alexandre Ier afin d’obtenir une principauté en Italie. Cependant dans sa dernière lettre du 8 avril 1814 à Joséphine écrite à Fontainebleau, Napoléon lui rappelle qu’Eugène est si digne d’elle et de lui. Il est vrai que les Beauharnais furent la famille de cœur et les Bonaparte le clan familial.

 

Quel est, dans toute cette histoire, le personnage qui vous fascine le plus ? Celui pour lequel vous avez le plus de tendresse ? J’aurais tendance à penser : Joséphine, je me trompe ?

Joséphine évidemment, mon héroïne.

 

Hypothèse farfelue, mais admettons : si vous pouviez, à un moment ou à un autre, vous projeter dans cette histoire pour un conseil, pour une mise en garde, qui choisiriez-vous, et que lui diriez-vous ?

Je choisirais Bonaparte et je lui dirais que suite à la mort de Napoléon-Charles le 5 mai 1807, fils aîné d’Hortense et de Louis et héritier présomptif du trône, il doit absolument adopter le second fils de son frère Louis, Napoléon-Louis. Il ne doit pas se séparer de Joséphine, tant aimée des Français et qui sait si bien le tempérer, l’adoucir, le raisonner. Ils ont cheminé ensemble vers la gloire, ils doivent rester unis. Elle est sa meilleure diplomate, sa meilleure représentante. «  Ne quitte pas Joséphine, ta bonne étoile !  »

 

Vos projets, vos envies pour la suite ?

Le petit Trianon et l’assassinat à Genève de Sissi, deux projets.

 

Un dernier mot ?

Vive Joséphine !

 

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23 juin 2018

Gwendal Peizerat : « Mon nouveau challenge, c'est la musique ! »

Le 18 mai dernier était organisé, à Loire-sur-Rhône (Rhône), un joli concert (j’y étais !) de Michael Jones, le grand complice de Jean-Jacques Goldman, en faveur d’une belle cause, l’accompagnement des familles d’enfant porteur de handicap, à l’initiative de lassociation locale "Ma main dans la tienne". En première partie, du bon son et la pêche de Bastien Villon et Gwendal Peizerat, l’ancien champion olympique en danse sur glace. Son premier album vient tout juste de sortir, et il a accepté de répondre à quelques questions, ce dont je le remercie bien chaleureusement. Lisez... et surtout allez écouter ! ;-) Interview exclusive, Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

EXCLUSIF - PAROLES D’ACTU

Q. : 08/06/18 ; R. : 18/06/18.

Gwendal Peizerat: « Mon nouveau challenge,

c’est la musique ! »

Gwendal Peizerat album

"Quand elle me...", actuellement disponible.

 

Gwendal Peizerat bonjour, et merci d’avoir accepté de répondre à mes questions pour Paroles d’Actu. Vous avez attaqué le piano à l’âge de huit ans, la guitare il y a une dizaine d’années. La musique a-t-elle toujours fait partie de votre vie ?

Oui toujours... Aussi bien sur la glace qu’en dehors.

 

J’ai eu la chance d’assister le 18 mai dernier au concert donné en faveur de l’association Ma main dans la tienne, à Loire sur Rhône (Rhône). Vous avez assuré le show, en première partie, avec votre camarade Bastien Villon et vos musicos, avant de céder la scène à Michael Jones et à sa team pour la seconde partie d’une soirée riche de bon son et de chaleur humaine. Comment avez-vous rencontré Michael Jones et Bastien Villon ? Comment vos univers respectifs se sont-ils "trouvés", et comment se sont-ils "accordés" ?

J’ai rencontré Michael Jones pour la première fois aux Sarmentelles (ouverture des fûts de Beaujolais). Bastien je l’ai rencontré grâce à Michael Jones, dont Bastien avait suivi une master class. Nos univers se sont mariés naturellement, grâce à la proximité de nos goûts musicaux et à notre amitié.

 

Quelles sont vos références ? Les artistes qui vous inspirent, et qui vous font chavirer ?

Monsieur Roux, Archive, Charlie.

 

Comment le définiriez-vous, d’ailleurs, cet univers musical et artistique, le vôtre, dont on parlait un peu plus haut ? Et quels sont-ils, les thèmes que vous avez à cœur d’exploiter en musique et en chanson ?

Mon univers est varié, libre et éclectique, à l’image de ma vie et des influences musicales diverses imposées par ma variété de patineur.

 

Votre premier album sortira le 20 juin. C’est quoi l’histoire de sa réalisation ? Que peut-on en attendre, et que va-t-on y entendre ?

Il a représenté deux ans de travail... une auto production en home studio avec un ami, Daniel Blouin, que j’appelle mon couteau suisse Québécois. On y entend mes chansons, dont j’ai signé les textes (à l’exception du titre éponyme de l’album "Quand elle me...") et la plupart des musiques.

 

Le grand public vous connaît d’abord, très principalement, pour le couple artistico-sportif que vous avez formé avec Marina Anissina et qui vous a valu, entre autres trophées remarquables, deux titres de champions d’Europe, un titre de champions du monde, et un sacre olympique, tout cela en danse sur glace. Est-ce qu’avec le recul vous diriez que ces moments-là ont été, sinon les plus beaux, en tout cas les plus intenses de votre vie ?

Le meilleur reste toujours à venir mais très certainement oui, les plus intenses, les plus épuisants aussi.

 

Est-ce que, quelque part, les sensations sont similaires entre le fait de se produire avec enjeu sur une patinoire, devant un jury, et le fait de se retrouver sur une scène, à devoir "performer" devant un public et lui soumettre ce qu’on a écrit et composé ?

Il peut effectivement y avoir des ressemblances mais la scène musicale a l’avantage de nous permettre un échange plus long ainsi que plus interactif et intime avec le public.

 

Vous participez actuellement à l’émission The Island : Célébrités diffusée sur M6. Est-ce que, parmi vos motivations, il y a ce besoin permanent d’un nouveau challenge ?

Oui évidemment mais pas seulement. C’est aussi le goût d’apprendre et la joie d’être au plus proche de la nature et de ma propre vraie nature.

 

J’ai envie de vous faire réagir à une phrase... qui m’a fait pas mal réagir, prononcée par Emmanuel Macron devant l’équipe de France de football avant la Coupe du monde : "Une compétition est réussie quand elle est gagnée". Est-ce que vous ne trouvez pas qu’elle est un peu, disons, maladroite cette phrase ? Sous-entendu : seule la victoire compte, et à la limite, la fin justifie les moyens. C’est vraiment ça, le message à envoyer aux sportifs, et notamment aux plus jeunes ?

C’est vrai que la phrase est maladroite pour parler à des Francais. Pour des Russes c’est une lapalissade. Pour moi je dirais qu’il y a beaucoup plus à apprendre d’une compétition que l’on a pas gagnée mais celle que l’on a gagnée engendre énormément plus de retours positifs dans nos avenirs.

 

Quels souvenirs gardez-vous, à titre perso, de cette soirée historique du 12 juillet 1998, au cours de laquelle l’équipe de France de foot devint, chez elle, championne du monde face au Brésil ? Vous avez des prono pour la compétition de cette année ?

Aucun pronostic. En juillet 98 j’étais en stage de préparation à Villard-de-Lans et dormais au camping. Je n’avais ni le temps (9h d’entraînement par jour) ni la TV pour suivre l’événement.

 

Vous avez été, de 2010 à 2015, vice-président aux Sports de la Région Rhône-Alpes, aux côtés de Jean-Jack Queyranne. Qu’avez-vous appris, durant cette expérience, sur les leviers dont disposent les collectivités territoriales pour la promotion du sport ? Et, plus généralement, sur les rouages du monde politique vu de l’intérieur ?

Cest très intéressant et passionnant à vivre. C’est aussi très prenant et parfois décevant. Cette question mérite un article entier pour proposer une réponse exhaustive et pertinente.

 

Un mot pour le gamin de douze, treize ans qui, rêvant devant ses héros footballeurs, tennismen, basketteurs ou danseurs, aurait envie, plus que tout, de se lancer à fond dans le sport qui le passionne, et de le placer au centre de sa vie, quitte à lui sacrifier beaucoup ?

On ne sacrifie rien, on reporte à plus tard certaines choses de moindre importance, ou moins urgentes. Le conseil : patience, pugnacité, engagement, respect.

 

Vous avez touché à beaucoup d’activités et de domaines différents. De quoi êtes-vous le plus fier aujourd’hui ? Et c’est quoi vos nouveaux challenges, ceux dont vous vous dites, aujourd’hui : "Ça va être chaud... mais ça vaut la peine d’essayer..." ?

Mon nouveau challenge, cest la musique, et je suis très fier de la diversité de mon parcours sportif et professionnel.

 

Un scoop, ou une info inédite sur vous, jamais révélée à personne ? ;-)

Si je ne l’ai jamais révélée à personne, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison !

 

Vos projets, vos envies pour la suite ? Que peut-on vous souhaiter ?

Musique, tournee et... merde, merde.

 

Un dernier mot ?

Merci, à bientôt et bonne écoute. ("Quand elle me..." est dès à présent disponible sur toutes les plateformes de téléchargement.)

 

Gwendal Peizerat album 2

 

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12 juin 2018

« Me manquer », par Frédéric Quinonero (Hommage à Johnny Hallyday, 75è anniversaire)

Combien de personnes, même parmi celles qui ne retiennent pas forcément les dates, même parmi les "pas spécialement fan" du chanteur, se seraient surprises à répondre, parce qu’elles l’avaient dans un coin de la tête, comme ça, que Johnny était né un 15 juin ? Pas mal sans doute, et rien d’anormal à cela : devenu Johnny Hallyday, Jean-Philippe Smet est entré dans les  cœurs et dans les familles, et il n’a jamais quitté ni les uns ni les autres. Il était devenu familier. Mais voilà, cette année, pour la première fois, en cette date du 15 juin, il n’y aura plus ni cris de célébration ni pensées de bons vœux. À la place, une absence, pesante. Un silence... Jean-Philippe Smet est mort, lui qui a tant joué avec la vie. Mort. Il aurait eu 75 ans, âge canonique pour un rocker qui a eu sa vie. Si Johnny restera, pour longtemps encore, Jean-Philippe lui, est parti. Avant.

J’ai proposé à l’ami Frédéric Quinonero, talentueux biographe (Johnny Immortel, l’Archipel, décembre 2017) et surtout grand fan de Johnny, de réfléchir à un hommage, totalement libre dans la forme, à son idole. Il a accepté de se prêter à lexercice, ce qui comme on pourra l’imaginer n’a pas dû être neutre émotionnellement parlant. Je le remercie chaleureusement pour ce texte, bouleversant, déchirant même, et clairement empreint de l’amour qu’il lui porte. J’ai choisi de le publier dès ce jour de réception de l’article, soit trois jours avant ce 15 juin au cours duquel nous aurons, nombreux, des pensées pour Johnny. En musique, forcément. Une exclu Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

Johnny immortel

Johnny Immortel, de Frédéric Quinonero (l’Archipel, décembre 2017).

 

« Me manquer »

Par Frédéric Quinonero, le 12 juin 2018.

 

J’ai rêvé la nuit dernière, Johnny, que t’étais pas parti.

Un instant étrange. Tu me regardes en silence. Des turquoises dans les yeux. Tu as l’apparence d’un ange. Une aile au paradis, l’autre dans la vie.

Dans la nuit, cette question qui serre le cœur: "C’est toi, c’est toi Johnny ?"

Et puis ce matin, ce réveil. Et toi qui n’es plus là. Parti à l’abri du monde. Loin de la rumeur qui court, des lumières et des discours. Cette chose impossible à croire que la mort t’a souri. J’ai oublié de me souvenir de l’oublier, et pourtant...

 

Pour ton anniversaire, j’ai mis une fleur sur l’étagère, à côté du sable blanc de ton paradis, là-bas. Et je bois à ta santé.

 

C’est comment l’envers du décor, dis ? Est-ce que les étoiles dans le ciel font des étincelles ? Est-ce qu’il y a du sable, et de l’herbe, et des fleurs ? De l’or dans les rivières ? Et des fleurs jaunes dans le creux des dunes ?

 

Tu étais là, mon Johnny, c’était toi. Ton sourire à transpercer l’acier. Tes yeux si purs, à te donner le bon dieu sans confession. C’était toi et moi. Les battements de nos cœurs sur la même longueur d’ondes. Tes cheveux si clairs que j’ai cru un instant rêver. Mais je rêvais, de fait. Et j’aurais voulu pouvoir retenir la nuit.

 

Oublier, t’oublier ? Toi qui me portes et me tiens debout ? Il me faudra plus de temps que m’en donnera ma vie.

Écoute mon cœur qui bat. Mon cœur fermé à double tour. Noyé dans l’ombre de toi. Écoute ma douleur, elle ne s’en va pas.

De vague en larmes je vogue en solitaire. Perdu dans le nombre d’un troupeau de misère. Comme un radeau qui flotte à la dérive. Une caisse qui se traîne à 80 de moyenne. Une tequila entre citron et sel… Évanouie, mon innocence. Johnny, si tu savais…

Non, je n’oublierai jamais. Tu es gravé dans ma vie.

Tu es parti mais tu es partout. Intraçable et muet. Ton absence et ton silence qui n’en finit pas. Comme une maladie, comme un grand froid. Chaque jour, je fais une croix. Quatre murs autour de moi et dessus, des photos de toi. Rien ici, non, rien n’a changé. Et le temps semble arrêté.

 

Me manquer, me manquer…

 

Frédéric Quinonero JH 75

Crédits photo : Yan Barry (Midi Libre).

 

Je serai là si tu veux pour écrire ton histoire, garder ta mémoire. Contre les croquemorts qui rodent. Contre les mots faciles et la haine des imbéciles. Tout ce cirque.

 

Continuer à vivre pendant que tu te reposes. Avec ton souvenir au plus fort de l’absence. Avec l’illusion d’attendre un signe. Des soirs comme un grand trou noir. Puis dans mes nuits, enfin, l’oubli. L’espoir que tu viennes encore me visiter. À certaines heures, quand le cœur de la ville s’est endormi. Ou dans le souffle d’un vent géant. Le vent qui hurle qui crie, et qui comprend. Un rêve qui ne fasse plus peur. Comme dans un tableau de Hopper… Et que la mort vaincue n’ait plus d’empire dans le pays des vivants.

 

Je t’en prie, Johnny, reviens ! 

Reprends ton cœur et ce vieux train, là, et dans le soleil, reviens vers moi. Reviens chanter les peines et les espoirs. Donner des raisons d’espérer. Palais des Sports, palais des foules. 15 heures ouverture des portes. Et les stands et la buvette… Chanter encore ce blues maudit pour qu’il éclaire ma vie. 

Mes valises sont toutes prêtes pour les voyages que je me raconte.

Pour aimer vivre encore.

 

Je n’ai jamais rien demandé, mais parfois j’ai envie de crier à la nuit: "Emmène-moi !" Et je m’accroche à mon rêve. Tôt ou tard, tu me reviendras. Tu verras. Comme l’aigle blessé revient vers les siens. Un monde sans toi ? Non. Remboursez-moi ! Je ne veux pas de ce monde-là ! Dans cette foutue boutique aux souvenirs, je vois s’en aller ma vie. Un souvenir de rocker sur les murs d’une ville triste… Non ! Je donnerai mes larmes au regard que tu avais, la flamme au souffle que tu portais. Je défierais les rois, les fous, les soldats, la mort et les lois… Mais qu’on reparte au bord des routes. Terminer la nuit sur les parkings et les tarmacs. Et reparler d’amour un jour. Pourquoi ne reviendrais-tu pas puisque je t’attends ? Je t’attends, tout le temps. Souviens-toi, la route est ta seule amie. On se reverra, dis ?

 

Quand la nuit crie au secours qui pourrait l’écouter ?

 

Je me sens si seul parfois, Johnny. Je voudrais tellement qu’on soit du même côté de la rivière. Être encore cet enfant qui croyait à l’éternité. Entendre ta voix de révolté. C’est une prière que je grave dans la pierre, pour toi, mon vieux frère. Je veux si fort refaire un jour l’histoire. Et fixer le soleil droit devant, comme un pari d’enfant. Trinquer à nos promesses au café de l’avenir. Refaire la route, dis. Rien ne peut séparer ceux qui s’aiment.

Reviens allumer le feu, mon Johnny, viens jouer ton rock’n’roll pour moi.

 

 

Johnny BDay

 Crédits photo : inconnus. D.R.

 

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