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Paroles d'Actu
20 janvier 2025

« Préjugé(s), quand tu nous tiens... » par Christine Taieb

J’ai eu la chance, à plusieurs reprises, de vous proposer ici des textes inédits de Christine Taieb, une septua parisienne bien dans sa peau que j’ai rencontrée dans le cadre d’un article fait il y a quelques années autour de la fameuse coach Véronique de Villèle, dont elle est élève. Il était question, dans ses mots, de réflexions inspirantes, fruit d’un partage de ses expériences, et de sa bonne hygiène de vie.

 

Christine Taieb, avec laquelle j’avais pu longuement discuter, de tout et rien, de choses futiles et de choses plus graves, lors d’un séjour à Paris, se définit elle-même comme une "militante engagée pour la paix et un meilleur vivre-ensemble". De confession juive, elle est présidente de l’AJMF Paris (Amitié Judéo-Musulmane de France). À ce titre, je lui avais proposé, après l’attaque tragique du 7 octobre 2023 en Israël, et alors que Gaza commençait à être noyé sous les bombes, une tribune libre. Tribune qu’à l’époque elle refusa poliment, après y avoir beaucoup réfléchi. Je crois que la situation était trop douloureuse pour elle, et qu’en tout cas, elle sentait que le moment n’était pas venu.

 

Le 18 janvier, soit il y a deux jours, elle m’a contacté par mail, avec en pièce jointe un texte dont elle venait de terminer l’écriture. Un texte né d’une expérience récente qui l’a marquée. Elle me proposait de le publier en avant-première sur Paroles d’Actu. Après l’avoir lu, j’ai aussitôt accepté. Ce témoignage, touchant, interroge sur le vivre-ensemble et les préjugés que l’on peut avoir, les uns et les autres, sans même que ce soit forcément conscient. Il est d’autant plus précieux qu’il provient d’une femme qui s’est toujours montrée volontaire pour faire un pas vers l’autre. Puisse-t-il pousser qui le lira (il est publié tel qu’écrit au départ) à un surcroît de réflexion. Merci à vous Christine ! Exclu, Paroles d’Actu. Par Nicolas Roche.

 

 

EXCLU - PAROLES D’ACTU

« Préjugé(s), quand tu nous tiens... »

par Christine Taieb, le 11 janvier 2025

 

 

DÉCOR

 

Paris. Porte de Saint-Ouen. 16h30 : Tea-time.

 

Une dame est assise à la terrasse d’un café.

 

Fin Octobre : le ciel est encore clair et l’air déjà frais. Les passants se pressent alentour vers leur métro, RER ou domicile. Les klaxons vocifèrent. Chacun veut imposer son rythme.

 

Partie de bon matin, voilà plus de six heures que cette femme a arpenté le tour de Paris à pied, en empruntant tous les boulevards des maréchaux. Le tout fera 40 km jusqu’à son arrivée à son domicile. Elle est entraînée et sait qu’au Kilomètre 33, une pause est bienvenue pour se réhydrater, reposer ses jambes alourdies et repartir d’un bon pied jusqu’au final.

 

Sac à dos posé au sol sur sa gauche, sa chaise est tournée face au boulevard Ney, où la longue file de véhicules est entrecoupée à chaque passage du T3b.

 

Son cerveau est en mode ralenti. Beaucoup d’informations visuelles et sonores. Pourtant, aucune ne retient son attention. La fatigue et l’introspection conjuguées par sa déambulation, la rendent sourde au brouhaha de la rue. Elle n’a adressé la parole à personne depuis son départ au lever du jour.

 

Il commence à faire froid. Il est grand temps de déguster cet Earl Grey tant attendu. Elle remue d’abord les deux sachets de sucre brun, puis contemple les volutes du nuage de lait qui s’étirent dans le liquide bien chaud. Leurs arabesques évoluent tel un caléidoscope qui l’hypnotise. Elle pense à ses amis anglais qui auraient peut-être versé le lait en premier ? La septuagénaire a adopté ce rituel d’un plaisir familier. Sa cuillère tourne, tourne...

 

SCÈNE DE RUE

 

Au même moment, un petit groupe de jeunes garçons, sans doute cinq ou six, vêtus de couleurs sombres, s’avance le long des tables alignées du café et frôle la dame sur sa droite. L’un d’eux hurle « BONJOUR ! ».

 

Elle entend l’interpellation, mais ne réagit pas, ni ne regarde ce passant qui vient d’apostropher : apostropher qui ?

 

Sans doute un copain du quartier ? Le serveur en quête d’un pourboire ? Un voisin ? Elle ne connait personne ici et apprécie cet anonymat parisien : juste une dame qui s’apprête à savourer un thé dans le repli d’une pause justifiée.

 

La bande dépasse à peine le niveau de la dame.

 

Dans son dos, elle entend, d’une autre voix de la même équipée : « ELLE (N’) AIME PAS LES ARABES ! ».

 

Seulement trois secondes pour prononcer ces six syllabes, lourdes de sens, et reçues comme autant de flèches dans son cœur. Trois secondes qui lui imposent mille questions depuis.

 

RÉFLEXIONS

 

Cette histoire est la mienne. Sidérée, je n’ai pas bougé, ni même tourné la tête. Depuis, cette scène de rue, de vie, me taraude et m’incite à partager mes réflexions à l’infini.

 

Comment aurais-je dû réagir pour faire face à la situation, peut-être banale pour certains, mais si déstabilisante à mes yeux ?

 

CIRCONSTANCES ou EXCUSES

 

LA FATIGUE ? L’effort accumulé me clouait sur ma chaise et la réactivité m’a manqué pour déplier mes jambes douloureuses et rattraper les jeunes en mouvement. D’ailleurs, ils ne se sont pas arrêtés et n’attendaient peut-être pas de réponse, comme un K.O. sans appel, ou un jeu de mots habituel ? Se sont-ils retournés pour s’inquiéter de ma réaction ?

 

LA PEUR ?  Le manque de courage d’une femme seule et surprise, face à des jeunes hommes, ostensiblement bruyants et excités.

 

LE REGARD DES AUTRES ? C’est une chose que d’être accoutumée à la fréquentation d’un café en territoire masculin. Cela en est une autre de prendre le risque de se donner en spectacle : mélange de gêne, honte ou lâcheté ?

 

LA TORPEUR ? La marche est un temps propice à l’introspection. Elle m’offre une mise à distance du quotidien, de son réel, comme une forme de méditation active. Je prends souvent quelques notes sur mon petit calepin pour ne pas perdre les fulgurances qui fleurissent en marchant.

 

LA SURPRISE ? La probabilité de croiser quelqu’un de connu dans le secteur était faible. Pourtant, j’y ai longtemps réalisé des maraudes pour venir en aide aux femmes en situation de rue et tissé des liens fraternels avec la communauté musulmane.

 

L’INTIMITÉ ? Le premier jeune a joué le caïd en fanfaronnant son « Bonjour ». La réponse violente de son copain participe peut-être d’un jeu de rôle bien rôdé ? Qui n’attendait aucune réponse ?

 

Bref : Je n’ai pas répondu et je le regrette depuis ce jour.

 

PART DE PRÉJUGÉS

 

Je revendique un engagement dans la lutte contre le racisme et les préjugés. 

 

Pourquoi ? Alors que je ne les ai pas regardés, et ne pourrais pas reconnaître leurs visages, mais seulement entendu leur ton « tiéquar », pourquoi ai-je imaginé le groupe en survêtements et casquettes retournées ?

 

Dois-je comprendre que, pour des jeunes parisiens en 2024, il suffit qu’une dame soit blonde aux yeux bleus, pour « ne pas aimer les arabes » ?

 

Important de faire rouler le « L-l-l-l » de blonde dans la bouche, comme dans les sketches de Gad Elmaleh. Il donne aux blonds une saveur particulière : c’est celui - dit-il - qui n’a pas la mayonnaise qui coule quand il mange un sandwich ! (lol)

 

Dois-je admettre que n’ayant pas l’habitude d’être interpellée par des inconnus, et donc d‘y répondre, je suis présumée coupable de racisme ? de mépris ? ou d’indifférence ?

 

Est-ce tout simplement facile, et tellement lâche, de proférer du venin sur une personne isolée ?

 

La différence d’âge peut-elle expliquer, à elle seule, une telle incompréhension dans nos comportements respectifs ? 

 

Si j’avais été accompagnée d’une amie voilée, aurais-je eu droit au respect de leur part ? 

 

J’ai réalisé ainsi, en six secondes, comment on peut être ostracisé par sa seule apparence physique. 

 

Bien sûr, je suis une « étrangère » dans ce quartier. Préjugé pour préjugé, les joggeurs blonds déambulent plus couramment dans les rues de l’ouest parisien ! 

 

Faut-il que nos affublements, soient encore, les signatures de nos idées ?

 

Ce jour-là, survêtement élimé et baskets aux pieds, je ne portais aucun des attributs de la bourgeoise au collier de perles… forcément xénophobe. 

 

Sur mon front, rien d’inscrit sur mes engagements. Seules des rides qui traduisent l’âge d’une grand-mère qui aurait dû imposer le respect des anciens par des jeunes.

 

QUESTIONS

 

Est-ce un fait divers insignifiant ou bel et bien un fait de société comme les médias s’appliquent à souvent les souligner ?

 

Qu’avons-nous raté depuis que nous militons contre les préjugés et le racisme ?

 

Qu’avons-nous fait ? pas fait ? mal fait ? pour en arriver là !

 

Que n’ai-je pas fait ? quelle est ma part ?

 

Qu’en penseraient leurs parents ?

 

Comment intégrer le rôle du décalage, voire du conflit, de génération ?

 

Quand j’ai été traitée de « sale juive » lors de mes études à la faculté d’Assas : c’était logique dans la bouche de Gudiens, face à qui j’affichais ma judéité et mon soutien aux juifs d’URSS. Pas d’effet de surprise à l’époque, entre étudiants qui affrontaient leurs idéaux naissants.

 

Est-ce encore l’un des effets indésirables de la parole qui se déli(t)e ?

 

REGRETS

 

Cette expérience me poursuit parce que je l’ai laissée sans suite … donc sans fin.

 

J’aurais dû bondir de ma chaise, les rattraper et leur dire : « Eh, les garçons, venez partager un verre avec moi et parlons ! parlons-nous ! parlons-en ! »

 

Je leur aurais expliqué le pourquoi du comment sur le racisme, les préjugés avec tout le barnum pédagogique de mes années de militantisme.

 

Je leur aurais dit tout mon respect et mon attachement envers la communauté musulmane.

 

Je regretté que mon arabe balbutiant ne m’ait pas permis de leur répondre spontanément et dresser un pont immédiat sur ce gouffre abyssal qu’ils ont mis entre nous.

 

LEÇON

 

Une histoire courte qui (m’) en dit long.

 

Elle m’interroge sur les actions efficaces qu’il faut rapidement mettre en œuvre dans le combat contre les préjugés, auprès de la jeunesse.

 

Restent, beaucoup d’autres questions … toutes sans réponse encore : 

 

Que serait-il advenu si sur mon front, avait été écrit « JUIVE » ?

 

Ces 5 secondes d’une histoire banale, sans violence physique, m’aide à mieux comprendre ceux qui subissent le racisme au quotidien.  C’est peut-être la meilleure des leçons.

 

 

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5 janvier 2025

2025, année charnière ?

J’ai pas mal hésité, depuis la fin 2024, avant de me lancer dans l’écriture de ce texte. Dans mes articles Paroles d’Actu, j’aime interroger les autres pour les mettre en avant, parfois les titiller un peu. Moi je reste en retrait, c’est souvent là que je me sens le mieux. Les écrits plus personnels, tout ce qui ressemble à une forme d’introspection trop poussée, en général je fuis. Mais j’ai conscience aussi de l’importance que peut avoir pour moi le fait de coucher sur papier, ou papier numérique, des pensées, des ressentis que d’ordinaire j’aurais plutôt tendance à laisser de côté, voire à réprimer. L’importance aussi, peut-être, de les partager en les publiant. Sans parler de thérapie, les grands mots... quelque chose qui peut ressembler à un travail sur soi.

 

Ce qui m’a convaincu d’entamer cet écrit ce jour, ce 5 janvier, c’est une nouvelle que j’ai lue sur Internet et qui m’a attristé : la disparition dans la nuit, à 77 ans, de l’ancienne présidente de la Région Rhône-Alpes, Anne-Marie Comparini. Cet évènement me ramène presque 22 ans en arrière, à 2003. Après mon Bac ES, que je venais de décrocher, sans mention mais avec fierté parce que premier de ma famille à l’avoir, je m’apprêtais à découvrir la fac, à Lyon. Je ne savais pas que j’allais découvrir aussi des galères administratives inattendues, notamment avec le Crous, organisme en charge de la vie étudiante et des bourses. Boursier, au vu des revenus de mes parents, je devais normalement l’être, mais d’après les modes de calcul alors en vigueur, on avait estimé que je ne pouvais jouir des points qui auraient fait la différence dans mon dossier, parce qu’à moins de 20 km de distance de l’université à vol d’oiseau. Mais, comme j’avais la conviction, après vérification sur les différentes cartes, d’être à plus de vingt bornes de l’établissement, et que de toute façon je n’avais pas de jet privé à disposition pour m’y rendre en ligne droite, j’ai décidé d’entamer des démarches, de faire des mails par-ci par-là pour défendre mes arguments.

 

J’ai reçu quelques réponses qui m’expliquaient poliment qu’on avait bien reçu mon message, et qu’on transmettait. Je n’attendais rien de mieux de mes mails adressés à l’Élysée, à Matignon, au ministère de l’Éducation nationale (oui tant qu’à faire, j’avais essayé de taper assez haut). Mais, parmi les réponses, il y eut celle d’Anne-Marie Comparini, qui était alors, je l’ai dit plus haut, présidente de la Région, et en même temps députée de Lyon. Elle fut envers moi, malgré l’importance de ses mandats d’alors, d’une grande bienveillance, et sincèrement intéressée par mon sort, et par ma démarche ; peu après, j’obtins la bourse tant espérée. Je ne sais si je la lui dois ou non, ce que je sais en tout cas, c’est que j’ai été touché par le temps qu’elle avait bien voulu m’accorder.

 

Par la suite, et ce parallèlement à mes études, j’ai commencé à faire ce que je développerais à partir de 2011 avec Paroles d’Actu : interviewer des gens a priori difficilement accessibles, en n’étant connu ni d’Ève ni d’Adam. Ces témoignages recueillis, je les partageais sur un forum que j’animais et qui malheureusement a été englouti depuis, le Forum 21. Et parmi ces personnes qui m’ont répondu donc, il y eut Anne-Marie Comparini. Je crois qu’elle l’a fait à chaque fois que je l’ai sollicitée, tout au long d’une séquence politique difficile pour elle : défaite aux régionales de 2004, défaite aux législatives de 2007, sur fond d’hostilité parfois marquée de personnalités de droite à son égard. Il faut préciser qu’elle avait été élue présidente de la Région en 1999, en partie grâce aux voix de gauche, suite à l’invalidation de celle de Charles Millon qui lui avait été élu grâce à l’appui des conseillers du Front national. Qu’en 2004, la gauche unie a gagné seule la Région et qu’en 2007, la droite a remporté les législatives dans la foulée de l’élection de Nicolas Sarkozy. Et que les alliés de François Bayrou, dont elle était, avaient entamé une démarche coûteuse pour proposer une voie différente et faire émerger en France, un centre réellement autonome.

 

Je n’ai malheureusement rien conservé du fruit de mes entretiens avec elle : le forum je l’ai dit, n’existe plus, et je n’ai plus aucun accès à mon ancienne adresse mail, disparue depuis longtemps. Mais j’ai, en revanche, maintenu le contact avec elle, et tous les ans, lorsque je n’oubliais pas de le faire, je lui envoyais mes bons vœux pour l’année qui s’ouvrait. Ce matin, j’ai relu mes archives, et suis tombé sur sa réponse à mon message de l’an dernier, qu’elle m’avait envoyée le 7 janvier 2024, et que je me permets de retranscrire à la suite. « Le centre d’intérêt que vous aviez dans votre jeunesse, développer un blog ouvert à tous ceux qui veulent approfondir les questions complexes caractérisant nos sociétés, ne vous a pas abandonné. Pour ma part j’ai un peu réduit mes activités bénévoles. D’une part parce que la Rayonne, un tiers lieu social n’est plus un projet, mais une réalisation inaugurée en octobre dernier et d’autre part parce que les années passent et rendent mes engagements plus difficiles à mener à bien. Aussi me permettrez vous de vous souhaiter une bonne année 2024 porteuse d’espoirs, la planète avec ses guerres, ses défis à engager résolument est bien triste, notamment pour la jeune génération... »

 

Lors de nos interviews, toujours en distanciel, et alors que j’étais encore étudiant, elle m’avait proposé d’un jour nous rencontrer, elle souhaitait m’inviter au restaurant pour ce faire. Moi, si timide à l’époque - j’ai un peu, pas tant que ça, évolué depuis -, j’ai eu toutes les peines du monde pour chercher un bon argument pour décliner poliment l’offre. L’opportunité de la voir ne s’est jamais représentée depuis. Je pensais qu’on aurait le temps de le faire, elle n’était pas si âgée que ça, et puis voilà, elle est partie... Je veux lui rendre hommage, comme j’ai rendu hommage, sur mes réseaux, à l’ancien président des États-Unis Jimmy Carter il y a quelques jours. Drôle de comparaison me direz-vous, mais je trouve à ces deux personnalités politiques des points communs. Ils étaient des militants sincèrement dévoués au service du bien commun, empreints d’humanisme et d’une humilité à toute épreuve. Prêts à agir dans l’ombre pour ce qu’ils estimaient être bien, sans faire parler d’eux. Tout le contraire des grandes gueules ou des influenceurs bidons qui ont tant la parole de nos jours et dont vous l’aurez compris je ne suis pas fan.

 

Je n’ai jamais eu la chance de pouvoir vous offrir, à vous lecteurs de Paroles d’Actu, un article avec Anne-Marie Comparini, la première pourtant parmi mes interviewés fidèles, bien avant Frédéric, Pierre-Yves, Olivier ou Didier, mais je veux, avant d’attaquer la deuxième partie de mon texte, vous donner à voir le visage de cette femme politique qui mérite le respect de tous, pour le prix qu’elle accordait au respect de ses convictions, et pour la dignité avec laquelle elle a exercé ses mandats au service des citoyens.

 

 

« Le centre d’intérêt que vous aviez dans votre jeunesse, développer un blog ouvert à tous ceux qui veulent approfondir les questions complexes caractérisant nos sociétés, ne vous a pas abandonné. » C’est vrai. 2024 fut à cet égard une année particulière. Une année réjouissante, avec de belles rencontres pas forcément attendues (je ne peux toutes les citer ici). Une année touchante aussi. Je ne peux évidemment pas ne pas évoquer Françoise Hardy, qui en répondant à deux reprises à mes questions, alors qu’elle était très malade, m’a fait un honneur rare (elle décéderait trois mois après notre seconde interview, qui fut peut-être sa dernière). J’ai aussi une pensée pour Alain Pompidou, le fils de l’ancien président, que j’avais interviewé en 2022 et qui tout récemment nous a quittés. Et pour une autre personnalité, avec laquelle j’aurais également aimer faire un article : Daniel Gouffé, l’ancien patron de Merial, qui fut président de l’association rhônalpine de développement économique ERAI, où je fis mon premier stage, et dont j’ai appris le décès il y a quelques semaines.

 

S’agissant de mon parcours personnel, des éléments contradictoires, du positif, des points petit à petit mieux assumés. Mais, en cette année 2025, une étape marquante, au moins sur le plan psychologique. J’aurai 40 ans en mars, un âge où l’on fait des bilans. Un cap un peu difficile quand on estime, ce qui est mon cas, n’avoir pas nécessairement "construit" quelque chose, qu’on ne se sent pas pleinement épanoui. J’ai fait pas mal de choses avec retard, après des cheminements sinon chaotiques, parfois douloureux pour des raisons sur lesquelles je ne m’étendrai pas trop ici. Le fait est que, professionnellement parlant, si mon emploi chez Casino est maintenu pour l’instant (ce ne fut pas le cas de bien des collègues auxquels je pense), je n’ai pas réellement pu avancer dans ma volonté d’aller vers un emploi qui me permettrait de faire ce que j’aime avec Paroles d’Actu : donner la parole à des gens qui ont des choses à dire, recueillir des témoignages, les retranscrire, participer à une forme de transmission. Ma deuxième interview avec Françoise Hardy a été, sur son insistance, l’occasion pour moi d’être pour la première fois publié - et payé pour ce faire - par un grand média, en l’occurrence Marianne, en 2024. Mais ce fut au prix d’âpres discussions, et j’ai vite compris qu’il me serait difficile, en l’état, d’être un pigiste régulier : plusieurs autres interviews ont été proposées par la suite, toutes ont été refusées. Mais l’ouverture est là, j’entends m’y accrocher.

 

Égoïstement, et j’emploie là encore la première personne, j’espère trouver en 2025 la voie non d’un apaisement, c’est encore bien tôt pour ça, mais d’un réel épanouissement professionnel et personnel. J’ai multiplié les démarches l’an dernier, auprès de journaux, d’associations, de musées : j’ai des diplômes, j’ai la curiosité, des atouts, et je peux assez vite avoir l’enthousiasme. Mais toujours, une forme d’aversion face à la nécessité de devoir me "vendre", et un restant de manque de confiance en soi. Mais communiquer pour et sur les autres, ça je sais et j’aime faire ! Avis à qui me lirait et m’aurait déjà lu : si mon profil vous intéresse pour faire un bout de chemin ensemble, non seulement je suis prêt à écouter votre proposition, mais vous pourriez en plus me faire sacrément du bien. ;-) 2025, année de mes 40 ans, année du renouveau ? J’espère. Et si cela doit impliquer de bouger à Paris, ou ailleurs, si le challenge est excitant et qu’il apporte un surcroît d’utilité, alors go !

 

Je ne suis pas à l’aise dans l’exercice dans lequel je me suis embarqué, ça doit se sentir : c’est poussif, peut-être un peu lourd, je le concevrais sans peine. Mais je suis reconnaissant envers qui m’aura lu jusqu’au bout. Cette aventure Paroles d’Actu, entamée il y a presque deux septennats, me permet de maintenir ma curiosité en éveil, une curiosité largement nourrie par mes études à la fac (même si je n’ai pas exercé par la suite d’emploi directement en lien avec elles). Et, je l’ai dit, de faire de très belles rencontres humaines et intellectuelles. Je ne gagne pas d’argent avec ce site, mais cet aspect-là, ces échanges, ça n’a pas de prix. Que vous en soyez toutes et tous remerciés. Cette motivation je l’ai toujours. S’il y a des gens, dont vous me faites peut-être l’amitié d’être, qui apprécient mes articles, alors c’est pour moi un vrai cadeau. N’hésitez pas à venir me le dire, je vous assure que ça me fera du bien !

 

Chères lectrices, chers lecteurs, je veux vous souhaiter, au sein de ce monde compliqué à l’avenir incertain, des petits cocons de paix pour une année 2025 aussi chaleureuse et souriante que possible. Une santé aussi robuste que possible pour vous et pour chacun de ceux que vous aimez. De beaux projets intellectuellement stimulants, ou juste de bons moments fun, en solo ou si possible, en partage avec d’autres. Ce que je vous souhaite, j’essaie aussi de me le souhaiter à moi, parfois en me faisant violence : il faut profiter de chaque instant, la vie est toujours trop courte, et c’est trop con de rater une occasion de passer un bon moment, de faire une belle rencontre. Je l’ai un peu mieux compris ce jour.

 

Nicolas R., le 5 janvier 2025

 

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