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Paroles d'Actu
13 juillet 2011

Xavier Collet : "Sortir des carcans de l'irresponsabilisation et du contrôle permanent"

Le libertarianisme, ça vous dit quelque chose ? Peut-être pas, il faut dire que cette philosophie reçoit assez peu d'échos dans les médias traditionnels en France. Session de rattrapage avec une interview de M. Xavier COLLET, qui a très gentiment accepté de répondre à mes questions. Comme toujours, un document inédit F21-PdA. Par Phil Defer. CURIOSITE

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

XAVIER COLLET

Président du CEDIF
Secrétaire général de l'Association des libertariens

 

"Sortir des carcans de l'irresponsabilisation

 

et du contrôle permanent"

 

(Photo : Fournie par M. Collet)

 

 

Q : 02/07/11

R : 12/07/11

 

 

 

Paroles d'Actu : En quelques mots, Xavier Collet Prégentil, que doit-on savoir de vous ?

 

Xavier Collet : Ce que je fais est certainement plus important que ce que je suis. Certains pensent cependant que les idées et les combats dépendent largement des expériences et du positionnement social, supposant que l’idéalisme pur n’existe pas. Je suis donc un père de famille de 43 ans, enseignant en économie et je milite depuis de très nombreuses années pour défendre les prérogatives individuelles contre les ingérences de l’État. À ce titre j’anime un cercle de réflexion (ADEL http://libertariens.chez.com), je défends l’institution familiale contre des atteintes perpétrées par une certaine magistrature et des travailleurs sociaux (CEDIF http://comitecedif.wordpress.com), je collabore avec Contribuables Associés sur des actions locales et développe un site consacrée à l’économie pour les lycéens et les étudiants (http://libertariens.chez.com/indexa.htm).

 

 

PdA : Le libertarianisme... Ca ne parle pas à tout le monde. Comment définiriez-vous cette philosophie ?

 

X.C. : Le terme est largement inconnu en France et est une transposition du « libertarian » anglo-saxon qui sert à qualifier les libéraux. Si nous reprenons cette appellation, c’est pour nous distinguer des libéraux qui ne se positionnent que sur le terrain de l’économie tout en étant conservateurs sur tous les autres plans et donc en appellent à l’État au nom d’un certain ordre moral ou par nationalisme. Le terme libertarien correspond donc à un libéralisme total qui ne doit pas pour autant être considéré comme la promotion du « tout se vaut » et « rien n’est interdit », ainsi pour les libertariens modérés dits minarchistes les règles doivent demeurer de la compétence de l’État limité à ses fonctions régaliennes. Pour les plus radicaux dits anarcho-capitalistes, dont je suis, l’intervention de l’État dans la société ne peut se limiter car les hommes de l’État assument un pouvoir de plus en plus absolu et conditionnent la population à l’extension des prérogatives de l’Etat et à l’abdication des prérogatives individuelles comme l’avaient anticipé Tocqueville et Bastiat.

 

 

PdA : La crise... Quelle lecture en faites-vous, et quelles sont pour vous les remèdes à lui prodiguer ? Je pense notamment à la situation explosive en Europe et aux Etats-Unis des dettes souveraines...

 

X.C. : La crise est née de l’affaire des subprimes que j’explique ici (http://libertariens.chez.com/subprimes.htm).

 

Contrairement aux conneries véhiculées par les media mainstream cette crise n’est pas une crise du capitalisme mais de l’interventionnisme. Pour faire face à la bêtise des subprimes, les autorités monétaires vont en commettre d’autres. Ainsi les taux d’intérêt deviennent très faibles et l’émission monétaire bat des records afin d’éviter une crise de liquidité, cela au prix d’un endettement toujours plus fort. A court terme, les investissements reprennent, mais ils ne sont pas durables car la crise financière devient crise économique et la rentabilité des investissements n’est pas à la hauteur des attentes. L’Etat amplifie alors les déficits par des politiques de soutien à la demande.

 

En Europe le pacte de stabilité et de croissance a complètement éclaté sans que la confiance des entreprises ne soit au rendez-vous, chacun s’attend plutôt à payer le prix de l’austérité à venir. La plupart des crises se déroulent d’ailleurs selon le même schéma avec des politiques économiques qui aggravent le mal et le font durer. Que faire maintenant ? Revenir assez rapidement au pacte de stabilité et de croissance en Europe, quitte à revoir la zone euro. Le remboursement des dettes publiques peut se faire en partie par des opérations massives de privatisation et par l’engagement de ne plus voter de budget en déséquilibre. Cela risque d’être insuffisant si les économies européennes ne se remettent pas structurellement en cause et là je pense particulièrement à l’économie française qui ne peut relever la tête qu’en se débarrassant de l’ensemble de ses rigidités institutionnelles.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur la France d'aujourd'hui, sur la manière dont elle est gérée ?

 

X.C. : J’ai bien souvent honte de la France ou plutôt de ce qu’en font ceux qui la gouvernent. S’avouer français à l’étranger c’est supporter le stigmate du velléitaire, du donneur de leçon, de celui qui pense être issu du plus grand pays du monde, de la patrie des droits de l’homme (quelle blague !) et qui ne sera donc pas franchement pris au sérieux. La France est cogérée par des technocrates issus des grands corps de l’État et des organisations syndicales et autres lobbies qui sont les gardiens de l’immobilisme. Que la gestion soit aux mains de la gauche ou de la droite ne change donc pas grand-chose, au final ce sont toujours les mêmes qui décident et donc qui gèrent l’immobilisme des droits acquis. J’étouffe dans ce pays, je suis de plus en plus fliqué, contrôlé à tous les niveaux, je ne vois pas comment y créer, y entreprendre, certains y arrivent heureusement mais se plaignent tout de même d’être tondus par des parasites.

 

 

PdA : Comment expliquez-vous l'absence presque complète des libertariens des sphères de pouvoir, notamment politique, en France ? Quid des élections, notamment présidentielles ?

 

X.C. : Nous avions un peu fait entendre parler de nous lors des manifestations en 2002 et 2003 sur la sécurité sociale en compagnie de Liberté Chérie. Mais c’est vrai que nous n’avons pas mis l’appellation libertarienne en avant. Aujourd’hui le Parti Libéral Démocrate compte quelques minarchistes en ses rangs, de même qu’Alternative Libérale. Ceux qui sont Libertariens à certains niveaux ne font pas non plus leur « coming out », ce n’est pas plus mal d’ailleurs.

 

Maintenant en ce qui concerne le jeu démocratique, je ne vois pas trop l’intérêt de se ruiner dans des campagnes électorales à l’intérieur d’un système complètement verrouillé. Évidemment nous pourrions orienter le pouvoir vers certaines réformes en avalant beaucoup de couleuvres, pour qu’ensuite tout reparte en arrière. En France on n’avance rarement par des réformes, davantage par les révolutions. Si l’extrême-gauche espère et alimente dans ses réseaux cette évolution en nos temps troublés, qu’ils sachent que sur ce terrain ils sauront nous trouver en face car ce dont les Français ont besoin aujourd’hui ce ne sont pas les délires du vieil Hessel, c’est au contraire de sortir des carcans de l’irresponsabilisation et du contrôle permanent. Donc je passe ce message aux cogérants technocrates et syndiqués du système, la situation actuelle ne saurait perdurer, nous arracherons les œillères que vous nous avons mis inquiétez-vous alors de ce qui vous restera de légitimité.

 

 

PdA : Vous l'avez vu, j'ai pu avoir des contacts pour F21 et PdA avec Wayne Allyn Root, futur candidat à la vice-présidence du Parti libertarien aux Etats-Unis. Quelle vision avez-vous de vos camarades américains, Ron Paul en particulier ?

 

X.C. : À titre personnel je n’ai pas toujours été d’accord avec les orientations du Parti Libertarien Américain, tout simplement parce qu’ennemi de l’État il a voulu faire de l’État américain le grand Satan, alors que les américains ont eu le mérite d’avoir de grands présidents comme Ronald Reagan par exemple. Au nom de la lutte contre le fléau communiste je n’ai donc pas été choqué d’interventions américaines nécessaires que le Parti Libertarien US refuse sur des bases doctrinales que je comprends également. Ron Paul, puisque vous m’interrogez à son sujet, représente la frange libertarienne du Parti Républicain, il est aussi un des animateurs du mouvement Tea Party. Un mouvement qui se réfère aux révolutionnaires de l’indépendance américaine contre la férule britannique. J’ai beaucoup d’admiration pour ce mouvement qui part de la base et qui a décidé de ne plus subir les puissants du pouvoir au nom des droits constitutionnels de chaque Américain. Lorsque l’on se bat avec le CEDIF pour sortir des familles de la ruine morale que des fonctionnaires des sévices sociaux ou de la magistrature leur imposent, lorsque l’on se bat pour des enfants arrachés à des mains aimantes, on ne cherche pas à connaître le pedigree de ces familles, ni à mettre en avant une étiquette, non, on fait ce que font là bas des militants des Tea Parties qui veulent remettre au cœur de toute société le principe de subsidiarité sans lequel nos démocraties ne sont que des dictatures de technocrates interchangeables.

 

 

PdA : Politique fiction. Un libertarien accède à l'Elysée, avec une majorité au parlement. À quoi devraient ressembler leurs cent premiers jours, d'après vous ?

 

X.C. : Les cent premiers jours sont décisifs surtout pour des Libertariens qui n’arriveraient au pouvoir qu’à l’occasion d’une crise majeure. Dans la situation d’urgence qui prévaudrait des mesures nécessaires qui n’ont jamais été prises le seraient à un rythme accéléré.   Les premières initiatives viseraient à lever les blocages de notre société donc suppression du statut de la fonction publique, rétablissement de l’incrimination de forfaiture. La levée des blocages suppose aussi la liberté du travail, donc la déréglementation totale du salariat et la fin du monopole de la sécurité sociale permettant notamment pour les salariés de percevoir un salaire complet (les charges sociales salariales et patronales leur sont dues), de plus l’impôt sur le revenu sera supprimé. Parallèlement, encouragement à évoluer au-delà du salariat par la levée des entraves administratives à l’entrepreneuriat, le statut de l’auto-entrepreneur, le développement du travail indépendant en général sont de nouvelles pistes d’emploi à développer. La magistrature serait aussi largement réformée, les juges du sièges auraient à répondre de forfaiture, dénis de justice et d’erreurs de jugements autrement que par de simples blâmes, ils ne seraient plus jugés par leurs pairs mais par des commissions issues de la société civile. De façon générale le recours à la judiciarisation des conflits ne doit pas être systématique, des procédures d’arbitrage et de médiation (notamment en matière de divorces) seront encouragées.

 

Aller dans le sens de la justice, de l’équité c’est favoriser les libertés individuelles, ce qui est aussi une source d’économies budgétaires. Dans ce cadre le choix des parents en matière scolaire sera complet grâce au chèque scolaire, ainsi le coût de l’éducation pour chaque famille se matérialisera par ce chèque qui leur permettra de choisir l’école de leurs enfants, les différents établissements seront donc privés et autonomes budgétairement, mais également pédagogiquement.

 

 

PdA : La Liberté... Elle semble jouir à vos yeux de toutes les vertus. Malgré tout, quels vices lui reconnaissez-vous, et quelles limites lui sont parfois utiles sinon nécessaires ?

 

X.C. : La liberté n’est pas la licence, celle de faire ce que nos passions nous inspirent, notre liberté n’a pas à être payée par d’autres. Malheureusement dans le cadre de l’État-providence, c’est ce qui se passe, par exemple la liberté de choisir le temps libre plutôt que le travail est rémunéré par les aides sociales, la liberté de polluer est payée par la collectivité, d’autres libertés dites par exemple syndicales sont appelées des « droits de » qui doivent être garantis par la souffrance et le portefeuille des autres, je pense par exemple aux grèves de la SNCF. Le terme liberté a été falsifié par une novlangue, il n’existe de libertés qu’individuelles et ces libertés individuelles supposent l’exercice de la responsabilité.

 

Dans une société de liberté, chacun peut réaliser ses choix puisqu’il doit les assumer seul. Certes la cigale a le droit de chanter tout l’été, mais j’ai aussi le droit de ne rien lui donner lorsqu’elle criera famine. La solidarité ce n’est pas accepter de payer le choix des autres contrairement à ce que l’on nous inculque, je suis solidaire si je veux et avec qui je veux, par exemple avec celui qui est handicapé, qui n’a pas eu de chance. Je suis solidaire non parce que je dois payer un impôt (où est  la solidarité là dedans ?) mais parce que je suis sensible à certaines détresses ce qui fait de moi quelqu’un de vertueux. Difficile de faire acte de vertu dans un monde où vos actions ne vous appartiennent pas.

 

 

PdA : Tribune libre. Si vous souhaitez ajouter quelque chose...

 

X.C. : Oui j’ai quelque chose à ajouter justement. J’ai envie de vous parler de ces parents qui n’ont pas renoncé à être parents mais dont les enfants ont été placés, j’ai fait référence à eux en filigrane dans notre entretien. Ce que subissent ces familles est à mon sens une des pires détresses que nous vivons dans notre société et qui découle d’un Etat Providence qui remet en cause la première de nos institutions : la famille. Je ne vous parle pas là des parents maltraitants ou défaillants, je ne défends pas cela, quoi qu’à leur niveau ils sont aussi victimes d’une logique publique qui transforme les enfants en source d’allocations et qui persuade les familles que l’éducation est du ressort des assistantes sociales et des enseignants. Non, je vous parle de ceux qui, dans la difficulté, ont un jour frappé à la porte de l’aide sociale et qui ont ainsi appris trop tard ce qu’était le plus  froid des monstres froids (dixit Nietzsche), ils se sont retrouvés aux prises avec l’aide sociale à l’enfance qui leur a placé ces fils et filles qui sont leur première source de bonheur. Je pourrais vous en donner des exemples particulièrement déchirants. Quand on travaille comme je le fais désormais sur de telles détresses avec des parents au bord du suicide alors on comprend bien que tous les principes dont nous avons parlé ne sont pas que de simples théories, la croyance en l’État telle qu’elle nous est inculquée depuis notre naissance est une croyance qui tue. Et croyez bien que je pèse mes mots. Pas besoin de parler de libertarianisme pour cela, mais besoin d’agir avec des familles dont les travailleurs sociaux tenant du « meilleur des mondes » ont placé les enfants sans autre justification que de s’assurer des débouchés et des budgets. Il suffit donc de comprendre que pour les hommes de l’État la gestion de nos vies, de nos libertés est  leur raison d’être et de se développer comme le théorisent aussi les analystes du Public Choice.

 

 

 

>>> N'hésitez pas à réagir, à commenter cette interview. Je pense qu'un débat est envisageable. Merci encore à M. Collet pour sa disponibilité et ces réponses. Phil Defer

 

 

 

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Le site Association des libertariens de X. Collet

 

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Modification de la présentation de l'article le 22 juillet 2012

 

Times New Roman > Georgia : 02/10/12

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12 juillet 2011

Olivier Besancenot : "La politique, ça ne doit pas être un métier"

En 2002, un inconnu réalise une entrée remarquée sur la scène politique nationale. À 28 ans à peine, Olivier Besancenot est candidat à l'élection présidentielle, il porte les couleurs de la Ligue Communiste Révolutionnaire. Il réalise cette année-là le score honorable de 4,25%, un score supérieur à celui de Robert Hue (Parti communiste) mais inférieur à celui d'Arlette Laguiller (5,72%). Cinq ans plus tard, en 2007, il sera de nouveau candidat. Il avait accepté de répondre à un long questionnaire que je lui avais adressé en octobre ou novembre 2006, je l'en remercie de nouveau ici. Une exclusivité F21-PdA.  ARCHIVE

 

 

ARCHIVE EXCLUSIVE DE 2006 - PAROLES D'ACTU

OLIVIER BESANCENOT

Candidat à l'élection présidentielle de 2007, pour la Ligue communiste révolutionnaire

 

"La politique, ça ne doit pas

 

être un métier"

 

https://storage.canalblog.com/23/33/871067/66463759.jpg

(Photo : fr.electionsmeter.com)

 

 

Q : ??/11/06

R : 03/12/06

 

 

 

Paroles d'Actu : Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?

 

Olivier Besancenot : Je suis né en 1974 (quand Giscard a été élu président... quelques mois avant le coup d'état de Pinochet financé par la CIA contre Allende au Chili, mais aussi à quelques jours de la révolution portugaise qui a viré le dictateur Salazar, bref quand même un peu du bon...). Ca va faire dix ans que je suis facteur, et seulement deux fois (sans doute la dernière d'ailleurs) que je me présente aux élections présidentielles.

 

 

PdA : Qu'est-ce qui a fait naître en vous cet engagement politique ?

 

O.B. : Ma première révolte, elle est née contre le racisme. Déjà, le FN était monté dans les votes, et chacun (Mitterrand comme Chirac) tentaient de s'en servir pour affaiblir le "parti d'en face" (on a vu ce que ça a donné en 2002...). En militant au début dans SOS Racisme (fondé par des militant-e-s de la LCR principalement, dont certains l'ont quitté depuis), j'y ai croisé beaucoup de militantes et militants de la LCR. Et j'ai trouvé leur analyse beaucoup plus intéressante que celle des autres, plus proche de moi, de ce que mes potes et moi on vivait quotidiennement (donc, pas le soutien inconditionnel à l'URSS comme le PCF par exemple, ni la conversion au libéralisme du PS).

 

 

PdA : Quel cheminement personnel vous a conduit à briguer aujourd'hui la présidence de la République ?

 

O.B. : Déjà, c'est une décision collective, des militantes et militants de la LCR, lors de la Conférence Nationale de juin dernier, qui l'a décidé, et j'ai accepté. Pas parce que dormir dans un palais de lambris comme l'Elyseé me fait rêver, mais justement parce que je ne veux plus de palais de lambris réservés à un-e seul-e ! Un journaliste écrivait d'ailleurs récemment que je ne rêvais pas de l’Elysée tous les matins en me rasant. Oui, j’assume, parce que je fais volontiers mienne la formule de Louise Michel : « tant que le pouvoir ne sera pas partagé par toutes et tous il donnera le vertige ». Chacun peut s’apercevoir tous les jours en regardant le JT de 20 h combien cette vieille formule qui date de la Commune de Paris en 1871 est d’une brûlante actualité.

 

 

PdA : En quoi consiste votre programme, et quelles sont vos idées principales ?

 

O.B. : Ouhla, un programme, c'est long ! Bon, allez, je pourrais vous dire d'aller jeter un oeil sur le site de la LCR (http://www.lcr-rouge.org) ou sur mon blog (http://www.besancenot2007.org) pour le lire, mais en gros, je vais quand même vous le résumer :

* Emploi, salaires :

   - Interdiction des licenciements et maintien du CDI comme seule norme légale d'emploi

   - Aucun revenu inférieur au SMIC

   - Augmentation du SMIC à 1500 euros nets (et non pas brut...), et augmentation de tous les revenus de 300 euros.

   - Réduction du temps de travail à 32h, sans réduction de salaire, ni flexibilité, et avec nouvelles embauches correspondantes

* Ecologie :

   - Développement du ferroutage et interdiction du transport routier de marchandise longue distance

   - Sortie rapide du nucléaire, et financement conséquent de la recherche sur les énergies non-polluantes

   - Arrêt de toutes les cultures OGM

Ca y est, je sens déjà que je suis trop long, parce qu'il y en a encore bien plus ! Le plus simple, quand même, c'est de vous faire votre propre idée en allant voir tout ça sur http://besancenot2007.org/rubrique=4.php3?id_rubrique=4 (Comment ça je suis flemmard ? La politique, c'est aussi à vous de faire le boulôt, de vous renseigner, de vous inscrire sur les listes électorales ! Les "hommes et femmes politiques" ne sont supposé-e-s être que des représentants, donc à vous de faire de la politique pour que d'autres n'en fassent pas à votre place ;o). Et puis bon, on est dimanche, et je n'ai pas eu de jours de repos depuis...trop longtemps !)

 

 

PdA : Un peu de politique fiction. Nous sommes au lendemain de votre victoire au second tour de la présidentielle. Ce fut serré, mais c'est acquis ! Quelles sont vos premières mesures ?

 

O.B. : La première, ce serait déjà de supprimer la fonction présidentielle (et donc de quitter le poste...). Ensuite, augmentation générale des salaires (il y a l'argent, plus que largement, donc aucun problème là-dessus, et si on veut empêcher que les "capitaux" partent, il suffit de prendre exemple actuellement sur les multinationales des OGM, qui font saisir par l'Etat les comptes en banque des militants anti-OGM pour voir que si c'est faisable par eux, ça peut être faisable dans l'autre sens aussi...)

 

 

PdA : Que vous inspire la situation socio-économique actuelle de notre pays ? Que proposez-vous pour améliorer les choses ?

 

O.B. : Comme tout le monde, mes potes, mes voisins, les camarades de la LCR, chaque jour, c'est plusieurs plans de licenciements partout ! Alors des dizaines d'années de politique droite-gauche qui ne règlent rien, on en voit les conséquences tous les jours autour de nous. Et ça fait 30 ans qu'on donne des subventions aux entreprises, qu'on les exonère de cotisations sociales, soit-disant pour faire baisser le chômage. On voit le résultat... Pour améliorer les choses, il suffirait de prendre des mesures politiques, jamais prises : interdiction des licenciements, augmentation des revenus, taxation des revenus financiers, bref, de prendre l'argent où il est, puisque le MEDEF de son côté, sait bien où le prendre aujourd'hui... Pourquoi pas nous, toutes et tous ensemble ? (mais bon, le plus simple, et le plus court, pour ne pas dépasser quinze pages sur votre forum, ce serait encore une fois de lire notre programme, beaucoup plus détaillé)

 

 

PdA : Même question pour la situation du monde.

 

O.B. : Soutenir toutes les résistances démocratiques à l'impérialisme (Palestine, Bolivie, Vénézuéla, Liban, etc.), imposer politiquement aux Etats-Unis et à la Chine la signature des accords de Kyoto et même les renforcer (puisqu'ils sont déjà maintenant dépassés tellement l'urgence écologique est grande !), supprimer le droit de véto et le statut de membre permanent de l'ONU, plein de boulot en gros, avec en plus plein de partenaires au niveau international pour le faire ! On est pas isolés !

 

 

PdA : Politique-fiction (encore)... Vous êtes à l'Elysée. L'Iran, qui vient de se doter de l'arme atomique, menace de lancer un missile sur Tel Aviv si les Israéliens n'évacuent pas les territoires sous 48 heures. En tant que Chef de l'Etat, que faites-vous ?

 

O.B. : Déjà, je suis pour le désarmement nucléaire total, non seulement de l'Iran, qui ne l'a pas encore, mais aussi de la France, des Etats-Unis, et d'Israel, entre autres, qui eux l'ont déjà ! Ensuite, il y a déjà eu des centaines de résolutions de l'ONU non appliquées qui demandent à Israel de quitter les territoires occupés. Donc, soutenir la résistance démocratique palestinienne, et faire respecter par Israel le départ des territoires, désarmement multilatéral nucléaire.

 

 

PdA : Quel regard portez-vous sur Jacques Chirac en tant que président ? Sur quels points vous inspireriez-vous ou vous démarqueriez-vous de lui ?

 

O.B. : En désaccord sur tout ! Même si sur l'Irak, Supermenteur a été plus "raisonnable" que Bush, ça ne l'a pas empêché d'envoyer des troupes françaises en Afghanistan, en Côte d'Ivoire, etc. Donc, démarquement total sur tout, puis dépassement, comme au foot !

 

 

PdA : Qu'avez-vous ressenti au soir du 21 avril 2002 ? Croyez-vous que cela puisse se reproduire ?

 

O.B. : D'abord, alors que pourtant la LCR avait fait un bon "score", on n'a pas fait la fête, parce qu'on a appelé tout de suite à une manif contre Le Pen ! Donc, belle gueule de bois... Le meilleur moyen pour que cela ne se reproduise pas, c'est encore que la gauche arrête de trahir, et mène une vraie politique de gauche. Et vu le programme du PS, on en est loin... Si les électrices et électeurs de gauche ne vont pas voter, les électeurs du FN eux, y vont tout le temps ! Ensuite, instrumentalisé par le PS et le RPR à ses débuts, le FN a profité des politiques libérales menées par les différents gouvernements qui nous mènent droit dans le mur, pour jouer la carte du tout sécuritaire, reprise très vite par Sarko, et même Ségo (les jeunes en caserne...). Donc, parler de l'insécurité sociale ! De ce que vivent au quotidien les salarié-e-s, retraité-e-s, étudiant-e-s et chômeur-se-s en France, plutôt que de nous passer en boucle Sarkozy au JT tous les soirs !

 

 

PdA : Quels sont, pour vous, les grands enjeux de ce XXIè siècle, et comment y faire face ?

 

O.B. : Changer de monde ! Ca fait des siècles qu'on est sous un régime capitaliste (et le stalinisme en Russie ou ailleurs n'a pas aidé...), et on voit où ça mène ! Que la politique ne soit plus le gagne-pain d'une minorité, mais que toutes et tous, en France, comme ailleurs, et comme on le fait déjà dans la rue à Seattle, aux Forums Sociaux, la politique soit l'affaire de toutes et tous ! Ensuite, les deux grands chantiers seront l'écologie, et une autre répartition des richesses (85% des ressources et des richesses de la planète sont dans les mains de 11% des plus riches du monde...).

 

 

PdA : On a tous été marqués par des évènements d'actualité, pour telle ou telle raison. Quels ont été les vôtres ?

 

O.B. : La victoire contre le CPE, alors que le PS nous expliquait qu'il fallait attendre 2007 pour le changement, et qu'heureusement, personne n'a attendu pour gagner !

 

 

PdA : Quelle est votre "vision de la France" ?

 

O.B. : Une France ouverte sur le monde, qui accueille toutes celles et ceux qui le souhaitent. Une France qui ne va pas exploiter d'autres pays ou y imposer sa loi, solidaire, égalitaire, féministe, écologiste. Et à terme, la disparition de nos petites frontières étriquées !

 

 

PdA : Quels sont les personnages historiques, ou plus simplement les personnalités, connues ou inconnues, qui vous inspirent, vous portent ?

 

O.B. : Louise Michel, parce que féministe, révolutionnaire. Che Guevara, parce qu'internationaliste, révolutionnaire aussi, et antistalinien. Malcolm X peut-être aussi, pour son combat pour l'égalité ? Et bien sûr, ma compagne et mon fils (même si pour ce cas, c'est moi qui le porte plus que l'inverse...)

 

 

PdA : En privé, qu'aimez-vous faire, que ce soit en terme de culture (cinéma, musique, télévision...), de loisirs, etc ?

 

O.B. : Jouer au foot avec des potes, écouter du rap, jouer avec mon gamin, et surtout, trouver un peu de temps à moi, pour le partager avec ma compagne, et mes potes ! (et ça, c'est rare...)

 

 

PdA : Avez-vous une devise dans la vie, et si oui quelle est-elle ?

 

O.B. : Pas de devise...ou sinon, Un autre monde est possible !

 

 

PdA : Quel usage faites-vous des nouvelles technologies et notamment d'Internet ? Chats, forums, actualités, achats en ligne...?

 

O.B. : J'ai peu de temps à moi, et donc quand j'en ai, j'essaie plus de le passer avec des êtres humains qu'avec un machin froid comme l'ordinateur... Mais j'aime bien le principe du chat, des forums, des mmorpgs par exemple même si je n'ai pas du tout le temps d'y jouer et que je n'y connais rien. Le côté collectif d'Internet en gros.

 

 

PdA : Finalement, pourquoi VOUS plus qu'un(e) autre à la présidence ? Donnez-nous un argument infaillible !

 

O.B. : Je ne suis pas infaillible justement ! Parce que je ne crois pas à l'homme ou à la femme providentielle ! Et que la politique, c'est l'affaire de toutes et tous, que ça ne doit pas être un métier !

 

 

PdA : Dernière question, qui n'en est pas une, puisqu'elle est "libre". Je vous invite à l'utiliser pour compléter cette interview, par tout ce qui vous passe par la tête. Un petit message, une anecdote inédite... N'hésitez pas !

 

O.B. : Alors, vous, n'hésitez pas à venir discuter avec des militantes et militants de la LCR ! Et coucou au cinéma l'Eldo de Dijon où je suis passé quelques fois avant 2002, et à Ad Kamera (je ne sais pas si ça existe encore...). A bientôt dans les luttes ou dans les urnes ?

 

 

 

>>> Après le choc de l'élection présidentielle de 2002, 2007 a été celle du "vote utile", Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal rassemblant sur leurs deux noms plus de 57% des suffrages exprimés dès le premier tour (contre 36% pour Jacques Chirac et Lionel Jospin cinq ans plus tôt). La percée remarquée de François Bayrou mise à part, les "petits" candidats ont réalisé des scores moins importants qu'en 2002. À la gauche de la gauche, seul Olivier Besancenot a pu tirer son épingle du jeu (4,08%), devançant très nettement Marie-George Buffet (PCF) et, cette fois, Arlette Laguiller (LO).

 

Pour 2012, ainsi qu'il le laissait entendre dans ce texte, Olivier Besancenot a décidé de passer la main. C'est un inconnu, Philippe Poutou, qui représentera au printemps prochain le Nouveau Parti Anticapitaliste, fondé en partie sur les fondations de la LCR.

 

Merci encore à Olivier Besancenot pour la générosité de ses réponses. Phil Defer

 

 

 

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