Thomas Dutronc : « J'essaie d'emmener les gens vers une fête musicale »
Peut-on imaginer compagnie plus agréable, pour un jour de fête de la Musique, que Thomas Dutronc ? Ce 21 juin, en milieu d’après-midi (autant dire, le début d’une longue séquence musicale qui allait durer jusqu’aux premières heures du 22), j’ai eu le plaisir de passer presque trois quarts d’heure au téléphone avec lui, pour une interview qu’il a rapidement accepté de m’accorder (la deuxième, après celle de septembre dernier), entre deux dates de tournée (à venir prochainement, tout près de chez moi : Vienne en son beau théâtre antique, le 28 juin).
Il est question, dans notre échange, de son tour de chant bien sûr, mais aussi de la parution du "premier étage" de la fusée de l’intégrale de Françoise Hardy, qu’il chapeaute avec Étienne Daho. De Jacques Dutronc. De cinéma. Et de musique, de toutes les musiques, de Django à Beyoncé. Généreux et authentique : sur scène avec son groupe, il est pareil, et avec eux on bouge, on sourit et on voyage ! Quant à l’album Il n’est jamais trop tard, largement évoqué dans ces colonnes il y a neuf mois, il est toujours dispo (et mérite toujours autant d’être écouté !) Exclu, Paroles d’Actu, par Nicolas Roche.
EXCLU - PAROLES D’ACTU
Thomas Dutronc : « J’essaie
d’emmener les gens vers une fête musicale »
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Il n’est jamais trop tard, (septembre 2024).
Thomas Dutronc bonjour. Est-ce que la setlist de votre tournée en cours, qui je le sais a évolué, a été difficile à "fixer" ?
Effectivement on a bien mis une vingtaine de concerts avant de trouver la bonne setlist. On a pas mal tâtonné. J’écoute les avis de tout le monde, avec intérêt et soin, mais à la fin c’est vraiment mon ressenti. Au début on avait trop de titres, ça m’épuisait, et je trouve qu’il faut aller à l’efficace.
Une question de feeling...
Oui, l’expérience avec mon père m’a aussi servi. On ne faisait que des méga-tubes, des trucs hyper efficaces. On peut faire court, rien qu’avec de très bons titres. Moi, un des meilleurs concerts de ma vie, ça a été les ZZ Top au Zénith de Paris. Ils ont joué 1h10, c’était génial... Ni trop court ni trop long.
Privilégier une intensité...
Oui tout à fait, une intensité...
La scène, c’est un partage à peu près inégalable j’imagine d’émotions entre le groupe, et avec le public. Est-ce que vous diriez que vous faites de la musique avant tout pour les concerts ?
Dès que j’ai commencé à faire de la musique, j’ai tout de suite joué. Presque plus tôt que je n’aurais dû. Aujourd’hui c’est la fête de la Musique. Je savais à peine jouer mais lors d’une édition je m’étais mis dehors, sur un coin de rue, à jouer un peu comme ça.
De la guitare ?
Oui. Elle n’était même pas branchée. Mais ça, je le referais plus, aujourd’hui il fait trop chaud (rires). J’ai commencé à jouer très vite en amateur, avec un tout petit niveau. Pour moi il y a la musique qu’on écoute à la maison, sur disque gravé, mais pour en faire moi je trouve qu’il y a vraiment le besoin de la jouer aussi.
Et justement la fête de la Musique c’est toujours quelque chose qui vous tient à cœur ?
Forcément. Je me souviens que, quand j’étais jeune, j’étais allé en Belgique pour un truc qui s’appelait le Jazz Rallye : c’était de la musique gratuite dans toute la ville, 10 francs la pinte de bière, c’était pas cher. Et ils vendaient un plan avec des endroits très insolites. Ça jouait partout, dans des cours d’immeubles, dans des grands hôtels, dans des salles de concert, et tous les styles : souvent c’était du jazz mais il y avait aussi de la pop, du classique... Et c’était vraiment de la musique. Moi par musique j’entends musique instrumentale, musique classique, musique de films, jazz... Je trouve qu’à notre époque la chanson devient de moins en moins musicale, et qu’on galvaude pas mal le terme de "musique". Mais c’est toujours sympa cette fête, surtout quand on reste dans l’esprit des débuts : aller voir, à Paris, ce qui se passe dans son quartier, ou dans les trois rues adjacentes. Les grands rassemblements je les crains un peu maintenant...
Garder une taille humaine.
Je trouve qu’on a basculé dans des shows qui souvent ne sont plus à taille humaine justement.
Et est-ce que le jazz a encore un peu sa place dans ces fêtes ? J’ai l’impression qu’il n’attire plus beaucoup les jeunes ?
Je ne sais pas... Ça fait un moment que c’est une musique un peu ancienne de toute façon. L’âge d’or du jazz est passé depuis longtemps. C’est comme le classique, hélas. Là on est un peu rentrés dans l’âge d’or des machines. Pourquoi pas... Mais heureusement qu’il reste des manouches qui eux ont une autre manière de vivre.
Et heureusement qu’il y a encore des jeunes qui sont sensibles aussi à cette musique-là. Et à ces sons-là, qui sont inspirants, avec toute une histoire...
Oui, et il y a des inspirations, des passerelles. Gainsbourg, lui c’était Chopin. Il y a tellement de grandes musiques que, quand on commence à avoir la fibre musicale, qu’on se sent un peu musicien et qu’on devient musicien, et qu’on écoute plein de bonne musique, et de plus en plus, ça devient un peu compliqué d’écouter certaines musiques...
>>> Demain <<<
Dans votre setlist, il y notamment cette chanson que j’aime beaucoup, issue d’un précédent album et qui s’appelle Demain. Un hymne à l’instant présent. C’est votre crédo ?
Oui... C’est le carpe diem, ce thème me touche. Après, on ne choisit pas, ça me vient comme ça. J’aime faire la fête. Je me suis rappelé il y a peu que cette chanson, je l’avais écrite en sortant de Chez Tao, un piano-bar de Calvi assez célèbre, qui est un peu dans cet état d’esprit aussi. J’essaie d’emmener les gens vers une fête musicale, de jolies choses et de jolis sentiments, de leur faire découvrir de super musiciens comme Éric ou Rocky, qui sont avec moi, mais aussi Aurore au violon qui fait un super travail et met le feu tous les soirs.
Et il y a aussi ce titre que j’ai découvert, qui est à la fois amusant et touchant, c’est Les Frites bordel. C’est quoi l’histoire de cette chanson ?
C’était le premier spectacle que je faisais. Je ne chantais pas, c’était un spectacle instrumental, mais je sentais bien qu’il fallait un peu distraire le public, donc je me suis mis à faire le zouave et à inventer cette chanson.
>>> Les Frites bordel <<<
Avec un côté comédie qui est sympathique... Je voudrais aussi Thomas parler avec vous de la parution du beau coffret vinyle consacré aux premières années de la carrière de Françoise Hardy. Comment vous y êtes-vous pris, avec Étienne Daho, pour retrouver et exhumer certains trésors ?
Pour moi ça a été très facile, parce que c’est lui qui a tout fait ! (Rires) Je reconnais que c’était encore un peu douloureux pour moi d’être sur ce travail. J’ai un peu délégué à Étienne. Si moi je suis un fan hardcore de Django Reinhardt, lui est un fan hardcore de ma maman : il connaît toutes ses chansons, tous les albums, de toutes les périodes. Il a tout écouté, plusieurs fois, il connaît toutes les photos, etc... Il est fan jusqu’au bout des ongles, ce qui n’est pas mon cas. Moi il me reste encore beaucoup de morceaux à découvrir. C’est lui qui est allé chercher un peu les inédits, avec une bande de fans encore plus hardcore que lui, avec qui il est en contact...
>>> Comme <<<
J’imagine oui que ça a dû être émouvant, de vous replonger ainsi dans les archives de votre maman, comme dans un vieil album photo de sa jeunesse. Et que vous avez découvert pas mal de documents ?
Oui, il y a des choses que je ne connaissais pas, d’autres que je connaissais. Les deux duos de mon père et de ma mère par exemple, je les connaissais. La chanson Comme, qui était dans le début de sa carrière, je la connaissais bien. Je raconte à chaque fois en interview qu’elle cachait tous les disques des débuts de sa carrière, mais celle-là je la connaissais. J’écoutais des compilations, etc... Mais je n’ai jamais eu une intégrale avec tout de ma mère. Je n’ai pas l’impression d’ailleurs que cette intégrale soit sortie sur les plateformes ? J’espère pour bientôt...
>>> Dutry Hardon - Hardy Dutronc (TV, 1967) <<<
Justement, c’est un début d’intégrale en vinyle. Est-ce que vous, quand vous écoutez de la musique, vous avez ce réflexe vinyle, ou pas forcément tant que ça ?
Pas tant que ça. Dû, finalement, à un problème de place. À Paris, ma platine vinyle est coincée entre deux trucs, c’est pas hyper pratique pour y accéder. J’entrepose plein de disques dessus, c’est un peu le bordel. Je me suis même dit qu’après le vinyle on allait peut-être assister au retour du CD, qui reste pratique et agréable, avec son livret et ses photos. Le vinyle c’est encore plus beau mais ça prend beaucoup de place. Et de temps : dans une soirée il faut changer de disque tout le temps. Mais ça fait penser un peu à un bon vin qu’on dégusterait : est-ce qu’il est à la bonne température ? est-ce qu’on le carafe ? Etc... On peut aussi faire ça avec la musique : se passer tous les jours, ou le week-end, un bon disque.
C’est un processus un peu plus exigeant que d’avoir sur les plateformes ou sur YouTube des sons qui vont se suivre à l’infini, de manière automatique.
Oui... Aujourd’hui c’est trop. On a accès à tout, et au final on n’apprécie plus vraiment. Je trouve triste qu’on ne puisse plus offrir de musique à un jeune aujourd’hui. On peut lui faire une setlist pour un anniversaire, mais c’est pas un cadeau... C’est le plus triste, je trouve...
>>> Puisque vous partez en voyage <<<
Il y a cette question que je me pose, elle est peut-être un peu indiscrète mais j’aimerais vous la poser : on sait que Françoise Hardy a arrêté la scène en 1968. Quand on voit tout ce qu’elle a pu faire sur scène, et tous les gens qui l’aimaient, on se dit que c’était quand même dommage. Est-ce que vous de votre côté vous n’avez pas essayé d’une manière ou d’une autre de la convaincre un peu ? Ou bien c’était mort, sa décision était irrévocable ?
Pour la scène non je n’ai pas essayé, je savais qu’elle ne voulait plus en faire. Mais j’ai essayé de lui faire refaire des disques. Pas forcément avec des créations originales, mais par exemple je lui disais qu’ayant une belle voix, elle pourrait faire comme aux États-Unis, quand un chanteur avec une belle voix est apprécié : faire des albums de reprises. Pas forcément des chants de Noël, mais je rêvais de lui faire chanter des choses un peu plus rigolotes, qu’elle aimait, de Mireille ou d’Henri Salvador par exemple. Les gens ne connaissent pas trop son aspect...
Plus souriant.
Oui, plus souriant. Son humour, finalement, qu’elle n’a jamais voulu trop mettre en avant dans sa carrière. À la maison elle chantait parfois des choses comme ça. Elle aimait bien et c’était drôle. Elle aurait pu le partager avec d’autres, c’est dommage...
Et justement, par rapport à tous ces gens qui adoreraient la voir en live dans de meilleures conditions, est-ce que dans les recherches lancées avec Étienne Daho vous avez retrouvé des images de concerts qui pourraient faire l’objet d’éditions vidéo ?
Non... Il y a quelques vidéos inédites, mais pas tout un concert. Des choses très courtes. Malheureusement...
>>> Des ronds dans l’eau <<<
Vous avez participé il y un an à un concert à plusieurs de reprises de titres de votre mère, et dans la tournée actuelle vous reprenez Des ronds dans l’eau, qui est une très chouette chanson...
On faisait Ces petits riens sur les spectacles précédents. Ça permettait à notre pianiste, Éric Legnini, d’avoir un moment où il était bien mis en avant. J’ai eu envie de retrouver quelque chose de similaire, mais je trouvais dommage qu’on refasse Ces petits riens. Alors j’ai pensé aux Ronds dans l’eau, titre dont la progression harmonique ressemble un petit peu...
Et faire vous une sélection de chansons de Françoise Hardy, pour un album de reprises, c’est un peu difficile émotionnellement, voire musicalement parlant, ou bien peut-être, est-ce que ça pourrait vous tenter ?
J’y ai pensé... J’y pense. Je ne sais pas encore si je le ferai. Il y a plusieurs projets dans les tuyaux, dont cette idée, et aussi le fait de faire un documentaire sur elle. On a pris un peu de retard sur pas mal de choses, mais on espère que ça avancera... Il y a aussi l’idée d’un album de reprises plus international. L’idée de faire vivre son répertoire me plaît, ça m’intéresse, et c’est tellement beau en plus...
On parlait tout à l’heure du jazz comme musique que les jeunes n’écoutaient plus trop. Pour le coup je crois que Françoise Hardy, c’est quelqu’un qui marche vraiment bien y compris auprès des jeunes qui aiment la chanson...
Une personne sur deux qui l’écoute, c’est à l’étranger.
Oui j’avais lu cette info. Je lui avais dit lors de notre interview de mars 2024 qu’elle passerait à mon avis plus volontiers à la postérité que d’autres parce qu’elle exprimait dans son répertoire une mélancolie qui n’était pas feinte. Et que "le spleen est à la mode".
Oui... Et son authenticité. Sa beauté. Sa voix incroyable...
Tout ça pour dire qu’à mon avis les projets que vous mettrez en place dans le futur trouveront un public, et pas forcément un public de gens qui l’ont connue et aimée dans les années 70. Un public nouveau, comme pour Barbara.
Je l’espère. À propos de jazz, à un moment, dans les festivals de jazz, on a arrêté de faire du jazz, c’était du blues. Moi j’en fais, du jazz, il y a quelques solos... Si je fais du jazz c’est aussi parce que j’aime la chanson des années 70, c’était assez riche, avec de beaux accords. Le jazz c’est une musique un peu évoluée, évolué ne voulant pas dire chiant. Les mélodies me manquent. Même chez Beyoncé. C’est super bien produit, le show et le son sont incroyables, les Américains sont très bons à ce niveau-là, mais il y a un manque de mélodie. Chose qu’on ne retrouvait pas chez Britney Spears, que j’aimais bien (rires). Les mélodies étaient plus fortes.
Mais oui en tout cas, dans vos différents albums, on retrouve des moments de grâce musicaux, notamment ces solos à la guitare...
On essaie de proposer quelque chose de différent. Je me suis lancé dans cette voie à 20 ans. J’étais déjà rebelle à ce moment-là par rapport à la musique de mon époque. Je n’écoutais pas Jean-Jacques Goldman, j’écoutais Jimi Hendrix, Pink Floyd, Brassens et Django... J’étais déjà, il y a 30 ans, en rébellion contre la musique commerciale, populaire de mon époque. J’étais attiré par du plus Rock n’Roll, par du plus fou. C’est une recherche personnelle que d’avoir été écouter Miles Davis, Parker ou George Benson. C’est comme pour l’art pictural, il faut faire l’effort de s’intéresser...
On se forge ses goûts en fonction de sa sensibilité, par les écoutes, les rencontres aussi... J’avais une autre question Thomas, par rapport cette fois à votre parcours d’acteur : vous avez joué dans plusieurs films, avez-vous toujours autant qu’avant le goût, l’envie de refaire du cinéma ?
Pour tout vous dire je ne l’ai jamais vraiment eu, je l’ai fait surtout pour gagner un peu d’argent de poche, à une époque où ma musique ne me suffisait pas à gagner bien ma vie. J’ai accepté une figuration pour Valérie Lemercier, puis un plus grand rôle dans un film un peu étrange. J’ai fait des essais ensuite pour Arsène Lupin, je n’ai finalement pas été retenu.
Histoire de répondre au Gentleman cambrioleur !
Oui voilà, je trouvais ça marrant. C’est Romain Duris qui a été retenu, mais le film n’a pas marché... Ils ont fait une erreur de ne pas me prendre (rires). J’ai compris à ce moment-là que c’était très dur de faire l’acteur. Il faut vraiment en avoir l’envie. Être à la merci d’un réalisateur, d’un scénario, d’un décor ou de la météo, d’une équipe technique, d’un autre comédien ou d’une autorisation, moi je n’aime pas du tout ça... Je n’aime pas cette dépendance. Être réalisateur m’aurait plus intéressé...
>>> Van Gogh <<<
Alors que pour le coup votre père a eu lui une belle carrière d’acteur.
Oui... Je n’ai jamais trop compris pourquoi. Il avait peut-être été trop loin, trop vite en musique. En trois ou quatre ans il avait fait ce que personne ne fait en toute une vie. Jean-Marie Périer a été essentiel. Il racontait encore, récemment, qu’il avait un peu poussé mon père à faire ça. Au départ il ne se sentait pas la capacité de faire ça vraiment... Et finalement il a fait 50 films !
Quelqu’un racontera probablement un jour l’impact de Jean-Marie Périer sur les artistes des ces années-là. Lors de notre seconde et dernière interview j’avais interrogé votre mère sur le cinéma, et elle m’avait fait part de goûts un peu inattendus. Elle avait beaucoup aimé Le Dîner de cons, et ça fait sourire d’imaginer Françoise Hardy se marrer devant Le Dîner de cons. Et vous Thomas, quel cinéphile êtes-vous ? Avez-vous des films cultes ?
J’avoue que, depuis une quinzaine d’années, je regarde beaucoup de séries, et de moins en moins de films. Je vois de temps en temps des trucs super. Mais ce qui est vraiment culte pour moi, ce sont ceux de mon enfance. Je peux citer Sacré Graal des Monty Python, que j’ai dû voir 150 fois. Tous leurs films, j’ai dû les voir 800 fois ! J’étais assez cinéphile quand j’étais jeune, puisqu’il y avait beaucoup d’enregistrements de très bons films. On n’avait pas accès à tout mais grâce à mon père qui enregistrait consciencieusement plein de bons films, on avait plein de Hitchcock, de Raoul Walsh, de John Ford, de Capra, ceux avec James Stewart, avec Cary Grant, Gary Cooper ou John Wayne...
>>> Sacré Graal <<<
Avec pour le coup, dans bien des cas, une ambiance un peu jazzy...
Oui c’est vrai. Niveau dessins animés je regardais les Tex Avery, ça c’était jazzy. Et mon père sifflait. On sifflait beaucoup. On avait une maison où, d’un étage à l’autre, lui sifflait et moi je sifflais. On communiquait en sifflant.
J’ai aussi interviewé l’an dernier Stéphane Barsacq, qui a été l’éditeur de l’autobiographie de Françoise Hardy. Si quelqu’un vous approchait pour vous inviter à écrire votre vie Thomas, ça pourrait vous tenter ?
On l’a déjà fait... mais j’ai trouvé que c’était trop tôt.
C’est humble.
Humble je ne sais pas, mais ça a été mon réflexe. Ce n’est pas que ça m’enterre, mais j’ai des choses encore à vivre. On m’a proposé d’écrire mon autobiographie, et ça m’a parlé, j’avoue : depuis que ma mère est partie j’ai eu ce sentiment de transmission assez fort. Quelque chose s’est passé dans ma tête. Je me suis dit qu’écrire quelque chose, ça pourrait être bien. Mais j’ai encore envie de faire de la musique avant de me retirer pour écrire mes mémoires.
Disons un bilan d’étape plutôt que des mémoires ? C’est vrai que le terme de mémoire a ce côté un peu solennel, presque déjà un pied dans...
Oui, c’est ça qui me fait peur (rires).
Vous êtes dans l’action, clairement. Qu’est-ce que je peux vous souhaiter, Thomas ?
La santé. On tire un peu sur la corde, en tournée. Et on fait les cons, par moments.
Vous êtes partis pour combien de dates, pour cette tournée ?
Normalement, on tourne jusqu’à l’été prochain. Avec des pauses, j’en ai demandé, sinon on serait grillés. Jusque là, j’attaquais mes projets suivants après mes tournées. Là j’aimerais avancer pendant, pendant ces laps de temps. J’ai plein de choses en tête, évidemment.
Le contact avec le public, vraiment ça donne de l’énergie, ça revigore ?
Oui, l’autre jour on a fait un Olympia où le contact avec le public a été incroyable. Moi qui ai chanté que je n’aimais plus Paris, là je peux dire que j’ai aimé Paris. Ça s’est super bien passé, et je peux le dire, nous on a vraiment bien joué. Je ne fais pas de fausse modestie mais souvent, je remarque les petits détails qui ne vont pas. Surtout quand on se sent scrutés. En province on se lâche un peu plus. À Paris il y a aussi ses amis et ses proches dans la salle, ça complique... Là c’était génial. Je me suis dit qu’on avait vraiment un beau concert. Limite je me suis dit : ça y est, on l’a, qu’est-ce qu’on va faire maintenant, on n’a plus à chercher ? Ce qui me rassure, c’est qu’avec les festivals d’été qui s’ouvrent, c’est une autre énergie. En festival on n’a pas vraiment notre décor. En salle on ouvre notre bouteille, il y a tout un sketch avec ça. On fait des morceaux à la guitare seuls, c’est génial... mais ça marche moins en festival. On réfléchit donc à autre chose. On ne s’ennuiera pas, on va en faire plein. Dont Vienne, un des premiers à avoir été complet, ce qui me rend fier. Il y aura aussi par exemple un festival avec Joey Starr, on va devoir jouer parfois une heure en très efficace... Plusieurs expériences différentes.
Et j’ai lu dans une interview que vous aviez prévu de sortir un live ?
C’est pas compliqué, puisqu’on s’enregistre tous les soirs. Même si on a perdu plein de concerts, parce que notre ingénieur du son n’avait plus de place sur disque dur (rire). Il a gardé les derniers. C’est du boulot quand même : il faut écouter, choisir, éditer... Et ça a un coût : la pochette, le mix, etc... Mais je pense que ça peut valoir le coup, pour les fans, ou pour les gens qui nous apprécient, d’avoir un live de cette tournée qui est assez belle.
>>> Comme un manouche sans guitare <<<
J’avais eu l’occasion il y a un an de vous dire que j’avais apprécié votre album Il n’est jamais trop tard. C’est vrai que ce serait bien de pouvoir réentendre ces titres en live sur disque, avec d’autres parmi les premiers, Comme un manouche sans guitare par exemple.
Oui, là on les reprend bien en plus, elles sont assez belles. On a de bonnes versions. Quand je réécoute les versions des premiers disques, je suis pas toujours fan... Le même syndrome que ma mère, sauf que ma mère elle en fait c’était génial, moi c’est vraiment pas terrible... Sur la version originale de Comme un manouche... j’ai l’impression d’avoir la voix d’un enfant de 8 ans (rires).
On retiendra que comme le bon vin, Thomas Dutronc se bonifie avec le temps. Merci Thomas !
Merci à toi...
Interview : le 21 juin 2025.
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Photo : Yann Orhan (D.R.)
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