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Paroles d'Actu
30 novembre 2014

Jeunes Socialistes : Jugements de mi-mandat

   Le 26 septembre, je publiai la tribune que M. Pierre-Yves Le Borgn', député socialiste, avait accepté d'écrire pour Paroles d'Actu à propos de l'état de l'opinion, clairement défavorable à François Hollande, à sa majorité et à son gouvernement. Au tout début du mois de novembre, j'ai voulu contacter quelques jeunes militants socialistes. Leur demander de se prêter, à leur tour, à un exercice similaire. Sur la base de la proposition qui suit.

   « Ce mois de novembre marque la mi-mandat de François Hollande. Deux ans et demi après l'élection de celui qui évoquait le 'réenchantement du rêve français' et entendait réconcilier ses concitoyens avec la politique, les faits sont là, les chiffres cruels : l'économie, grande affaire du quinquennat, demeure désespérément plate ; le pays n'est en rien apaisé et la confiance des Français dans leurs dirigeants atteint des planchers historiques. Le FN n'a jamais été aussi haut et si des élections avaient lieu aujourd'hui, nul ne doute qu'elles seraient catastrophiques, pour le président , pour le PS et ses élus, et probablement pour l'ensemble de la gauche. Vous comptez parmi les jeunes militants socialistes - ce qui ne doit pas être simple, ces temps-ci. J'aimerais vous demander de me dire dans quel état d'esprit vous vous trouvez en ce moment ; comment vous envisagez l'avenir et, s'il y en avait un, ce que serait votre message pour François Hollande. »

   À l'heure où j'opère la mise en ligne de cet article, le 30 novembre, peu avant 17 heures, six réponses me sont parvenues. D'autres suivront peut-être. Une constante, frappante : ces jeunes socialistes sont tous, plus que jamais, fermes dans leur engagement. Qui, dans leur esprit, paraît de plus en plus éloigné de ce qu'a fait la gauche au pouvoir depuis 2012. Et des orientations qui semblent désormais prévaloir au sein de l'exécutif - et probablement, au-delà, chez les parlementaires de la majorité. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Jeunes Socialistes Jugements

de mi-mandat

 

François Hollande

(Illustration : Reuters)

 

 

Mathurin Levis

Mathurin Levis« La victoire du 6 mai s'est rétrécie ». (11/11/14)

   À mi-mandat, force est de constater que le gouvernement est dans une impasse. Les choix politiques qui ont été faits ces derniers mois sont en décalage profond avec les engagements qui étaient ceux du Président de la République alors candidat à l’élection présidentielle. Cette forme de hold-up démocratique, permise par les institutions à bout de souffle de la Ve République, a nourri la désillusion des électeurs qui nous font habituellement confiance. Ceux-ci se sont massivement détournés des urnes lors des élections municipales et européennes. Cette résignation constitue un terreau fertile pour une extrême-droite en embuscade.

   Le choix d’une politique d’austérité, n’a pas permis de redresser notre économie. Pire, à l’égard des effets produits partout en Europe, elle a engendré de la souffrance sociale. Depuis deux ans et demi et alors que la gauche est au pouvoir, la paupérisation a progressé dans notre pays, notamment chez les jeunes.

   Le choix d’une politique de « l’offre », toute tournée vers d’immenses cadeaux fiscaux au patronat, n’aura en aucun cas permis de réduire le chômage. Faute de contreparties, les milliards d’euros d’aides publiques auront rempli les poches, déjà bien pleines des actionnaires qui ne semblent plus craindre grand-chose de l’action de la gauche au pouvoir. Quelques mois après que les entreprises ont touché les premiers euros du CICE, on apprenait que les dividendes versés par celles-ci avaient bondi de plus de 30%, faisant de la France la championne du monde, alors que l’investissement, au premier trimestre 2014… reculait de près de 1%.

   Ce n’est pas dans les plis de la modernité ou du pragmatisme que s’est drapé Manuel Valls, mais dans ceux d’un libéralisme éculé et destructeur qui plonge la gauche en état de mort cérébrale. À travers un discours largement inspiré du « There is not alternative » de Margaret Thatcher, à travers un lexique emprunté à la rhétorique libérale (« coût du travail », « compétitivité », « ras-le -bol fiscal »…), à travers ses choix politiques et en réduisant toute perspective de progrès social à des croyances « passéistes » et « marxistes », le Premier ministre a confisqué et rendu caduc la belle idée qui nous anime : changer la vie pour vivre mieux.

   Depuis près de deux ans et demi, la victoire du 6 mai s’est rétrécie. Nos amis communistes n’ont jamais intégré la majorité gouvernementale. Les écologistes l’ont quittée. Certains socialistes en ont été écartés. Et les radicaux de gauche s’en sont distingués. Une majorité rétrécie pour une politique de gauche qui n’en est plus vraiment une, tant elle tord le cou à nos aspirations de justice et d’égalité.

   Il n’y a pourtant aucune fatalité à ce que la gauche, lorsqu’elle parvient au pouvoir, tourne le dos à son ambition de transformation sociale et oublie pourquoi des millions de citoyens lui ont fait confiance en la portant aux responsabilités.

   Ces choix doivent être remis en question. Le débat doit avoir lieu. Une autre politique est possible, souhaitable, indispensable pour réanimer le camp progressiste. Il n’est pas trop tard, mais il est juste temps.

   Les voix sont de plus en plus nombreuses à refuser le cap austéritaire du Premier ministre. Il faut désormais être capables de dépasser nos chapelles politiques respectives pour que toutes les forces fidèles à la transformation sociale mettent en commun leurs énergies et jalonnent les contours d’une prochaine gauche. Une gauche populaire, décomplexée et anti-libérale qui offrira à ce peuple orphelin un nouvel horizon progressiste.

   Manuel Valls a d’ores et déjà divorcé avec la gauche. Sa volonté de changer le nom et l’identité du Parti socialiste et sa proposition de gouverner avec le centre sont autant de témoins d’une relation désormais consommée. Il ne peut continuer son action en notre nom. Nous n’accepterons pas que l’on supprime les seuils sociaux, que l’on revienne sur le repos dominical ou bien que l’on déverrouille les 35h. Tout cela ne pourra être fait en notre nom.

   Ce dont nous avons besoin c’est de réanimer le camp du progrès autour de ce qui fait sa raison d’être, au croisement de l’idéal socialiste, de l’impératif écologique et de l’ambition démocratique.

   Restaurons la souveraineté populaire par l’instauration d’une VIe République qui redonne les clés du pouvoir au peuple. Orientons la dépense publique vers les besoins populaires, la recherche publique et la transition écologique pour protéger et préparer l’avenir. Interdisons les licenciements boursiers et instaurons un droit de veto salarié dans les entreprises pour lutter contre le chômage et défendre notre appareil industriel. Engageons-nous en faveur d’un réel pôle public bancaire pour libérer notre économie des griffes du monde de la finance. Finançons une véritable allocation d’autonomie pour permettre à chaque jeune de prendre toute la place qui est la sienne dans la société. Augmentons les bas salaires et les minimas sociaux pour partager les richesses et abolir la précarité. Enfin engageons une réforme fiscale en taxant les dividendes des actionnaires, les revenus spéculatifs et mobilisons les moyens nécessaires à la lutte contre la fraude fiscale pour restaurer les finances de l’État. Nationalisons la distribution de l’eau pour soustraire ce bien commun de la loi du marché.

   Ces quelques pistes doivent permettre de jalonner une alternative pour renouer avec les aspirations des Français et les intérêts du plus grand nombre. Car c’est bien là que réside le cœur battant de la gauche : bousculer l’ordre établi et les privilèges de quelques-uns pour rendre meilleurs les lendemains du plus grand nombre.

   La gauche a trop de choses à faire dans notre pays pour disparaître.

 

Florian Humez

Florian Humez: « Ayons l'exigence de nos ambitions ». (17/11/14)

   Nous sommes à la mi-mandat de François Hollande, et le candidat Hollande le disait lui-même, « Si nous sommes élus, c’est parce que les Français savent que la tâche qui nous attend est immense, et que nous seuls sommes capables d’y faire face ». Pourtant, aujourd’hui, comme vous le rappelez, les attentes n’ont pas encore trouvé toutes leurs réponses.

   La gauche municipale a connu une déroute sans précédent dans son histoire. Alors que les camarades partout en France se sont mobilisés pour faire gagner notre camp, nous n’avons pu que constater, sur le terrain, le climat de plus en plus délétère et le mélange, bien dommageable, entre l’action, les projets des candidats socialistes ou, plus généralement, de gauche, et le manque de résultats de l’action du gouvernement.

   Ce n’est pas faute de mettre en place certaines mesures, comme les contrats aidés, qui ont permis de retourner la situation en ce qui concerne le chômage des jeunes, les contrats de générations qui, malheureusement, ne trouvent pas suffisamment d’écho.

   Beaucoup de mesures sociales vont également dans le bon sens : la mise en place d’un compte pénibilité, pour les travailleurs les plus exposés physiquement dans leur activité, même si je pense que les modalités devraient être éclaircies pour les PME afin de rendre cette avancée lisible pour le plus grand nombre. Le projet de loi portant sur l’économie sociale et solidaire va également être une avancée significative. Enfin, la mise en place d’un système de conditonnalité quant à l’obtention des allocations familiales va permettre, enfin, de remettre du sens et de l’équité dans notre action, que doit être celle de tout socialiste, à savoir transformer la société.

   Au niveau économique, le développement de la Banque publique d’investissement, qui a pour vocation de devenir le fer de lance du développement économique de nos territoires, est un point trop peu souligné par nos représentants. Alors que les banques, de plus en plus frileuses, ferment les vannes du crédit, la BPI se révèle être un complément idéal, notamment en ce qui concerne les investissements en recherche et développement ou le financement de la trésorerie.

   L’éducation a également connu de nombreuses avancées. La réforme des rythmes scolaires, souhaitée par la majeure partie des spécialistes, va dans l’intérêt de l’enfant. L’accès au numérique dès le plus jeune âge, à l’école, doit aussi permettre à nos enfants d’être en phase avec le monde qui les entoure, mais également de donner à tous l’accès à cet outil, et dans ce sens, vaincre certains déterminismes sociaux.

   L’objectif d’une égalité véritable homme-femme doit permettre de retrouver de l’équité dans notre société. Il n’est pas normal, dans la France du 21e siècle, que pour un travail égal le salaire ne le soit pas.

   Enfin, il faut évoquer ces ambitions que porte le gouvernement, que ce soit au niveau de la transition énergétique, avec le projet de loi de Mme Royal, ou de la lutte contre les rentes, avec le projet de loi de M. Macron - qui vise à casser les monopoles de certaines professions connaissant une forte reproduction sociale et ambitionne de remettre en cause les contrats des sociétés d’autoroutes et leurs résultats, bâtis sur une cession contestable.

   Toutefois, le malaise des Français est grand vis-à-vis de l’action gouvernementale, nous ne pouvons le cacher. Nous connaissons les sondages et la confiance, ou plutôt le manque de confiance de nos concitoyens eu à égard à notre action et, surtout, à leur avenir.

   Si les avancées sont nombreuses dans de nombreux domaines, on ne peut que critiquer la communication du gouvernement et de son action, parasitée par les querelles internes mais également par les petites phrases clivantes qui ne font pas avancer les débats.

   Outre ce manque de communication, on ne peut que regretter, par moment, un manque de clarté, une difficile lisibilité du sens politique que nous souhaitons donner à notre action. C’est le cas, par exemple, de la fiscalité. Alors que le candidat à la primaire, François Hollande, promettait une refonte totale de notre système d’imposition au lendemain de son élection, nous ne pouvons que regretter, aujourd’hui, l’empilement des décrets qui rendent encore moins lisible ce système et ne permettent pas de lui redonner du sens, pourtant bien mis à mal par nos prédécesseurs dans son essence, l’équité.

   Au niveau économique, le CICE était certes nécessaire pour le soutien de notre industrie - nous en voyons quelques prémices de résultats, le coût horaire d’un salarié français etant passé en dessous de son collègue allemand -, il n’apparaissait pas prioritaire d’en faire profiter des géants de l’industrie qui, comme Total, paient pas d’impôts en France, ou encore les géants de la grande distribution qui, en plus de profiter de la précarité des salariés, leur imposent des emplois au temps de travail saccadé. De plus, à ce niveau, nous avons donné à l’opinion le sentiment de nous être enfermés dans le carcan d’une politique de l’offre devant permettre de solutionner nos maux. Or, si un renforcement de notre offre était primordial, un accompagnement de la demande, toujours fortement déprimée, demeure impératif.

   Il est donc frustrant de voir notre gouvernement proposer de nombreuses avancées, mais des avancées qui se retrouvent brouillées par un manque de clarté, alors que, bien plus qu’une incapacité d’action, notre pays fait face aujourd’hui à une crise de ses institutions. La Ve République a été construite pour un homme, dans un temps médiatique et un contexte international qui n’ont plus rien à voir avec ce que nous connaissons aujourd’hui.

   On constate une hyper-médiatisation de nos institutions, de nos politiques. Alors, bien sûr, les différents responsables nationaux ont leur part de responsabilité dans cette spirale, mais c’est également, plus en profondeur, un changement de civilisation dont il est question, et, en cette ère du numérique, il nous faut nous remettre en question, changer notre fonctionnement. Est-il pensable, qu’un président de la République puisse, alors qu’il est censé ne penser qu’à l’intérêt général, à celui de ses concitoyens, se représenter pour un deuxième mandat ? N’est il pas envisageable, afin d’être en capacité d’observer les conséquences de ses réformes, qu’un mandat - qui serait unique - soit d’une durée supérieure à cinq ans ? Je pense que nous devons nous poser toutes ces questions, en dépassant les clivages partisans, afin de revenir à l’essentiel et de donner du sens à notre action, et notamment vis à vis de la population. En somme, faire à nouveau de la politique.

   L’enchaînement des crises depuis 2008, et l’incapacité des pouvoirs publiques à nous en extraire, la globalisation de l’économie et la peur du déclassement qui en découle sont autant de questions et craintes auxquels les gouvernements successifs n’ont su répondre. En ce sens, je pense que nous devons sortir de notre vision gaulliste de l’économie, qui repose sur l’idée que seule la grandeur de la France nous permettrait d’exporter et de voir notre économie croître. Nous devons apprivoiser la mondialisation, car ce n’est pas en restant enfermés sur nous mêmes, comme le proposent certains politiciens, que nous pourrons développer des partenariats d’échanges.

   Alors que certains nous promettent des lendemains qui chantent, en remettant du barbelé à nos frontières, nous ne pensons pas qu’il soit concevable d’imposer des barrières. Nous le voyons au quotidien, si nous en sommes capables, les autres le sont également, et alors notre économie, et donc nos emplois en pâtissent. C’est dans ce domaine que notre action, et notamment celle des Jeunes Socialistes, doit s’amplifier. Nous devons mener la bataille idéologique contre les conservateurs, ceux qui ont fait entrer dans l’imaginaire collectif l’idée que la frontière était la solution à tous nos problèmes, alors même que nous n’avons jamais autant échangé, et notamment grâce à internet, à travers le monde.

   Dans cette situation économique et sociale sans précédent, nous ne devons pas nous disperser à distribuer les bons points ou les avertissements à notre gouvernement - même si des questions sur la ligne politique appliquée peuvent légitimement être posées - mais bien pousser le gouvernement à aller dans le sens du programme qui nous a permis d’être élu, à lui rappeler, même si je ne pense pas que cela soit foncièrement nécessaire, que ce qui nous anime, ce qui nous a fait militer lors des présidentielles et législatives en 2012, c’est l’ambition de transformer la société, c’est l’ambition de changer la vie, afin que chacun vive mieux en 2017 qu’en 2012, tout en garantissant aux générations futures un héritage sain. Il nous reste encore deux ans et demi pour porter des réformes ambitieuses dans ce sens. Ayons l’exigence de nos ambitions.

 

Benjamin Lucas

Benjamin Lucas: « Réassocier 'gauche au pouvoir' et 'progrès' ». (21/11/14)

   Il y a quelques jours à peine, lors d'un repas de famille, où tout le monde autour de la table est de gauche, un cousin m'a dit, « Ça ne doit vraiment pas être facile en ce moment ce que tu fais, militer, débattre, avec l'étiquette socialiste marquée sur le front ».

   Cette remarque on me la fait souvent, à moi et à toutes celles et tous ceux qui partagent cet engagement dans la famille socialiste.

   Il est vrai que ce n'est pas aussi simple que nous l'espérions. Sans doute que mon cousin, qui cherche du travail depuis plus d'un an, ne m'aurait pas fait cette remarque si nous avions créé 150 000 emplois d'avenir supplémentaires dans la transition énergétique et qu'il avait bénéficié de l'un d'entre-eux, si l'encadrement des loyers qui lui aurait permis de ne pas consacrer 550 euros de loyers mensuels pour un studio de 9 mètres carrés avait été maintenu, et si son meilleur ami ne s'était pas fait contrôler son identité quatre fois dans la même journée du seul fait de sa couleur de peau, parce que nous aurions mis en oeuvre une Attestation de contrôle d'identité.

   Il y a pire que de décevoir parce que l'on a échoué dans la mise en oeuvre de sa politique, c'est de renoncer à mener celle pour laquelle nous avons été élus.

   Je me souviens de la campagne de 2012, de ces amis convaincus, au fil des soirées, que la gauche changerait leur vie, du moins essaierait, qu'une autre politique était possible et que pour cela nous taperions du poing sur la table en Europe. Après dix années avec Sarkozy sur nos écrans, c'était le changement. "Les jeunes vivront mieux en 2017 qu'en 2012", c'était cette promesse qui avait donné de l'espoir, dans nos quartiers, dans nos villages et sur les bancs de nos facs.

   Deux ans et demi plus tard, c'est la désillusion, ma génération construit massivement son rapport au vote dans l'abstention et laisse ainsi le FN s'installer confortablement dans nos assemblées. C'est le sentiment que le bulletin de vote n'est qu'un bout de papier vide de sens et de pouvoir et que la gauche ne peut rien face aux lois de l'économie, face à la Commission européenne et à ses dogmes.

   Mais rien, j'en suis convaincu, n'est jamais figé. Malgré cette ambiance politique qui invite à rentrer chez soi "cultiver son jardin", nous restons déterminés.

   Partout où je vais, je vois que les Jeunes Socialistes sont dans le même état d'esprit, combatifs, refusant de baisser la tête. De Nice à Caen, de Bordeaux à Strasbourg en passant par Palaiseau, je n'ai vu que des militants qui savent d'où vient leur famille politique, quelle est l'histoire de la gauche, son apport décisif et quasi-exclusif dans les progrès sociaux des décennies passées. Ils savent aussi où ils veulent aller, et pour quel modèle de société, de partage des richesses, des savoirs et des pouvoirs, de sobriété énergétique et de justice, ils se battent.

   Militer aujourd'hui avec les Jeunes Socialistes, c'est refuser la résignation qui laisserait le champ libre à l'extrême-droite. Nous n'avons ni complexes ni tabous, nous assumons notre volonté d'incarner une gauche de transformation sociale, qui est écologiste parce qu'elle est socialiste, qui veut s'attaquer aux inégalités pour combattre la reproduction sociale, qui veut en finir avec les discriminations.

   Nous avons fait récemment un texte de cinquante pages sur la Priorité jeunesse, partant des constats et formulant des propositions précises pour transformer la vie des jeunes. Nous voulons être utiles, dans notre militantisme quotidien et dans nos réflexions, à l'action de la gauche au pouvoir aujourd'hui, mais aussi à la société que nous ferons pour demain.

   Mon message pour François Hollande ? Écoutez-nous. Nous avions promis le redressement dans la justice, nous n'avons aujourd'hui ni redressement, car les politiques de réduction aveugle des dépenses publiques et de compression budgétaire ne fonctionnent pas, ni la justice. Il est encore temps de donner du sens à ce quinquennat, de remettre dans la même phrase gauche au pouvoir et progrès, nous pouvons encore réussir.

 

Léa Charbonnier

Léa Charbonnier: « Une responsabilité dans la poussée du FN ». (25/11/14)

   Il y a trois ans, le candidat François Hollande faisait son premier discours en tant que candidat investi par le Parti socialiste. Ce discours a eu lieu devant nous, les Jeunes Socialistes, réunis alors en congrès. Il parlait de la jeunesse comme d'une priorité. On sortais des primaires qui avaient lancé les élections, des primaires qui avaient rassemblées trois millions de participants quand, aujourd'hui, seulement 2,6 millions de citoyens ont voté aux Européennes pour le PS - et plus de 4,7 millions pour le Front National. Alors, forcément, on s'interroge. On s'interroge sur la raison du détournement de nos électeurs. Mais en réalité, c'est pas tant sur le détournement de nos électeurs qu'il faut s'interroger mais sur le détournement du gouvernement envers les électeurs et surtout du détournement du gouvernement des aspirations légitimes qu'il avait pourtant réussi à porter en 2012.

   Pourquoi les Français ne votent-ils plus pour nous ? Simplement parce que le gouvernement n'applique pas ce pourquoi les électeurs ont voté, et non pour un manque de pédagogie ou de communication du gouvernement. Mais, pire encore, il applique un programme qui idéologiquement n'est pas celui d'un gouvernement socialiste. La gauche dans l'histoire et dans la mémoire commune fait des augmentations de salaires en arrivant au pouvoir, elle réduit le temps de travail, elle est unie avec toutes ses composantes (socialistes, écologistes, communistes) pour mettre en place de grandes avancées sociales, longtemps réclamées par les citoyens (création des congés payés, mise en place de la CMU). Au lieu de cela, le gouvernement stigmatise les chômeurs (parfois désignés comme des "assistés" ou des "fraudeurs") et mène une politique économique qu'un gouvernement libéral aurait pu mener (exonération de cotisations sociales patronales pour une baisse du prix du travail, sans aucune contrepartie).

   Le quotidien des Français ne s'améliore pas, les jeunes sont loin de mieux vivre qu'en 2012 malgré les quelques bonnes réformes concernant la jeunesse (augmentation des bourses, Garantie universelle des loyers). 8,6 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté, le revenu disponible brut moyen est de 1 500 euros et, de l'autre côté, on estime entre 60 à 80 milliards le montant de l'évasion fiscale, et  la France est le pays versant le plus de dividendes en Europe. Le gouvernement s'entête à mener des politiques austéritaires dont le FMI même indique l'inefficacité, alors que des solutions alternatives existent à commencer par la relance - possible ! - de la consommation, grâce à une vraie réforme fiscale.

   Alors, en tant que jeune socialiste, je ne peux qu'être inquiète. Inquiète que les Français perdent toute confiance dans nos responsables politiques, parce qu'ils ne sont pas tous respectables (Thevenoud, Cahuzac, etc). Inquiète que les Français ne croient plus à la capacité de la politique à changer leur vie, et surtout inquiète de la montée du Front National comme réponse. La gauche porte une responsabilité forte dans la montée du Front National, car quand le gouvernement mène une politique austéritaire, il confirme la théorie "UMPS" du FN. Alors, en tant que jeune socialiste, je suis évidemment inquiète, mais aussi en colère que le gouvernement dont j'ai participé à l'élection ne respecte ni ses militants, ni ses électeurs.

   En revanche, je ne suis pas résignée. Pour moi, des solutions existent ; une autre politique est possible, elle est surtout nécessaire. Cette politique qui redonnera confiance dans le politique et sa capacité à transformer la société ne viendra que de notre camp social, le camp du progrès. Maintenant, il faut que le Président et le gouvernement reviennent à leurs engagements de 2012 et décident d'améliorer radicalement la vie des gens et par conséquent d'encadrer la finance, de redonner du pouvoir au citoyen, de mener le combat pour le progrès et ne pas céder au Medef ou à la Commission européenne. Si ce n'est pas le cas, cette solution devra venir du reste de la gauche, ce par tous les moyens. L'union doit se construire par les communistes, écologistes et socialistes résistants de la ligne de 2012.

   Reste au Président à choisir où il veut être. Personnellement, je l'invite à écouter ces paroles : « Il n’y a jamais, je dis bien jamais, une seule politique possible, quelle que soit la gravité de la situation. L’Histoire n’est pas l’addition de fatalités successives, elle nous enseigne qu’il y a toujours plusieurs chemins. La voie que je vous propose, c’est le redressement dans la justice, c’est l’espérance dans la promesse républicaine. » Elles furent prononcées par un certain François Hollande, candidat à l'élection présidentielle en 2012.

 

Sarah Martins

Sarah Martins: « Le congrès tranchera... ». (28/11/14)

   Je reconnais être dans un sentiment plutôt contradictoire. D'un côté, c'est une grande déception vis-à-vis de ce gouvernement. Bien sûr, on peut noter quelques progrès ; je pense notamment au mariage pour tous ou bien à la généralisation du tiers payant.

   Néanmoins, ces avancées sont à la marge, et on ne peut que constater l'absence totale de grande réforme servant le changement tant attendu par les Français. François Hollande avait soulevé un espoir, celui de changer la vie des gens. Force est de constater qu'il y a échec en la matière.

   Mais, bien plus grave, durant ce quinquennat, c'est le renoncement aux engagements pris pendant la campagne pour, en fait, développer un programme en contradiction avec les idées défendues au sein des socialistes : pacte budgétaire européen, réforme des retraites, Accord sur la compétitivité et la sécurisation de l'emploi, CICE, etc. Toutes ces mesures ont été perçues comme une réelle trahison pour de nombreux sympathisants de gauche.

   Mais d'un autre côté, mon engagement auprès du Mouvement des Jeunes Socialistes n'a jamais eu plus de sens que durant cette période. En effet, plusieurs batailles vont être déterminantes pour l'avenir de la gauche.

   Tout d'abord, au sein de la famille socialiste car, avec l'annonce d'un congrès du PS courant juin, une réelle bataille idéologique va être menée : ce sera l'occasion pour chaque sensibilité de défendre haut et fort ses idées.

   Ensuite, un travail plus large au sein de la gauche est à envisager afin de reconstruire un paysage politique actuellement dévasté. La gauche ne semble plus audible face à la progression des néo-libéraux et de l'extrême droite. C'est pourquoi socialistes, écologistes et communistes, nous devons nous ressembler autours de projets communs. Cela a déjà débuté avec des initiatives comme le Collectif 3A : j'espère qu'elles se développeront à l'avenir en rassemblant toujours plus à gauche. Ainsi, elles pourraient voir émerger une candidature en 2017 permettant l'union de la gauche, seule chance de peser face à Marine Le Pen.

   S'agissant d'un message à adresser à François Hollande... Je souhaiterais qu'il écoute davantage le mouvement social. Lorsque les jeunes se mobilisent autours de questions comme la Palestine, les sans-papiers, l'écologie, ce qu'ils attendent d'un gouvernement de gauche, ce n'est pas l'interdiction des manifestations et la répression policière. Ces rassemblements auraient dû être, au contraire, le moment d'écouter sa jeunesse et de traduire ces aspirations concrètement.

   Aussi, il doit revenir à ses engagements : mener une réelle politique de l'emploi pour inverser la courbe du chômage, effectuer une grande réforme fiscale, faire enfin avancer la priorité jeunesse, etc. Cela ne pourra pas se faire sans effectuer une réelle rupture avec la politique d'austérité menée actuellement.

 

Lucas Trotouin

Lucas Trotouin: « Il faut un sursaut démocratique ». (29/11/14)

   Des militants, une majorité me semble déboussolée, et certains sont en colère. Je trouve que la colère a quelque chose de bon. Contrairement à la résignation, elle mène à la confrontation des idées.

   Pour ma part, je tente d’analyser les raisons de cette situation d’un œil objectif, puis de me concentrer sur les idées. Alors que les difficultés économiques et sociales persistent, que les données macro-économiques alarmistes inondent les médias (elles sont souvent peu pertinentes pour comprendre la réalité de notre situation économique d’ailleurs), que la crise de confiance envers le personnel politique se pose comme l’ultime composante d’une crise systémique qui touche l’ensemble du continent depuis 2007, les idées doivent se renouveler, se confronter et apporter de l’espoir. Je crois vraiment en la force des idées.

   Il est très probable que le désespoir soit le terreau fertile de l’extrême droite. Et nous nous tromperions si nous pensions que nous devons combattre le retour d’une idéologie raciste ou fascisante en France. Le racisme régresse en tant qu’idéologie, ce sont les mécanismes du repli sur soi qui menacent aujourd’hui notre République et notre avenir. C’est sur eux que repose l’émancipation des préjugés racistes et du vote FN.

   Ce qui semble clair, c’est qu’il existe un lien fort entre le chômage de masse, l’augmentation des inégalités sociales, le déclassement, le délitement du lien social, notamment à travers le mode de vie péri-urbain, et le repli sur soi. Ma génération est, plus que les autres générations, en proie à ces difficultés. Le chômage est pour elle deux fois plus élevé que pour le reste de la population, les inégalités en son sein ont mené à ce qu’une partie d’entre elle (les classes les plus pauvres) se trouve dans l’impossibilité de prendre l’ascenseur social et le déclassement est un phénomène qui touche presque toutes les classes sociales. Elle est la première à s’abstenir et, ne nous y trompons pas, sa tentation pour le Front National reste un épiphénomène particulièrement présent dans les territoires défavorisés.

   De l’espoir donc. Mais comment ? Commençons par des réponses efficaces pour améliorer ses conditions de vie, d’accès à l’emploi, au droit commun, et faire progresser l’égalité. Le socialisme est un projet qui œuvre en ce sens. Si on devait le définir en quelques mots, je dirais que c’est l’idée de garantir la liberté de chacun par l’égalité des droits et des conditions de vie. La gauche au pouvoir agit en ce sens avec la priorité jeunesse, l’investissement dans l’éducation, la garantie jeunes, les emplois aidés, l’encadrement des stages, la fusion RSA-PPE ou encore le mariage pour tous. Les données macro-économiques sont mêmes plutôt positives pour elle.

   Pourtant, tout cela manque d’ambition. L’investissement public décroit. Une montée en puissance des bourses pour tous les jeunes, d’un montant suffisant pour réussir ses études et accéder à l’autonomie ? Le développement de filières d’avenir dans la transition énergétique pour améliorer la compétitivité hors coût dans des secteurs très fortement créateurs d’emplois ?... Non.

   Le choix d’une politique budgétaire très restrictive ferme la porte à toutes ces possibilités. « La relance doit venir de Bruxelles », affirmait Emmanuel Macron, il y a quelques jours. Dans l’idéal je suis d’accord, et j’irais même jusqu’à dire que l’union budgétaire et fiscale européenne, pour palier les asymétries régionales, est la solution la plus fiable dans les années à venir pour pérenniser notre système de redistribution ! Mais la très faible croissance actuelle et la situation sociale nous permettent-elles d’attendre une évolution de l’Union européenne ? L’urgence est bien là. Pour éviter que le coût social de la rigueur soit trop élevé et devienne irréversible pour notre génération, nous devons donner la priorité à l’emploi par l’investissement et à l’égalité par la redistribution. La restructuration de la dette est nécessaire mais ne peut être prioritaire aujourd’hui. Elle doit s’étaler dans le temps.

   Même à contresens vis à vis des orientations économiques du gouvernement, notre engagement reste utile. C’est bien le message que je souhaite porter aux militants. N’attendons pas de François Hollande qu’il invente le socialisme du XXIe siècle. C’est notre rôle, et c’est le moment de s’y mettre. Car, aux crises citées précédemment, il y en a une bien plus longue et structurelle, c’est la crise écologique. Le capitalisme évolue constamment depuis la première révolution industrielle. Certains tentent aujourd’hui de le verdir. Pourtant, c’est l’appropriation des moyens de production par une minorité, fondement même du système capitaliste, qui explique que les progrès techniques et sociaux de nos sociétés développées aient été permis par l’exploitation à la fois des hommes (des femmes aussi) et de la nature dans un même élan. Nous devons le dépasser, lui opposer par la réforme un nouveau modèle micro-économique et macro-économique plus juste et soutenable. De nombreuses initiatives existent, des entreprises gérées par leurs salariés à de nouvelles pistes de calculs pour la croissance.

   Pourtant, force est de constater que le Parti socialiste n’a plus, aux yeux des citoyens, l’utilité d’antan. Qu’y a-t’il d’étonnant, finalement ? Les militants des partis de gouvernement sont dix fois moins nombreux qu’au milieu du siècle dernier, au moment de l’apogée des partis de masse. Un nombre décroissant d’entre eux sont syndiqués, de moins en moins sont impliqués dans le monde associatif. 15% des adhérents du PS sont des collaborateurs d’élus. Le Parti se repli sur lui même. Comment pourrait-on dès lors le considérer comme un lien entre la société civile et les sphères de décisions politiques ? Le rebond des partis doit être démocratique. Du renouvellement des méthodes de militantisme au renouvellement des candidats, les partis doivent privilégier le pouvoir d’agir des militants. Les partis doivent s’ouvrir. C’est la démarche actuelle prise par les Jeunes Socialistes qui, je l’espère, bousculera le parti dans ce sens. Une chose est sûre, je me sens toujours utile et fier d’être un Jeune Socialiste.

 

Quentin Henaff

Quentin Henaff: « Reprenons le temps de transformer la société ». (07/12/14)

   « Il n'y a presque aucune arène de la vie sociale qui ne soit pas affectée ou transformée aujourd'hui par les diktats de la vitesse. » Rosa HARTMUT, Aliénation et accélération, 2010.

   Notre époque politique et sociale est marquée par une quête toujours plus grande de rapidité. On zappe aujourd'hui d'une information à l'autre sous la pression de l'innovation technique, de l'accélération médiatique et de la soif naturelle de l'homme pour l'autonomie. Toutefois, loin de nous libérer, cette quête de vitesse dégrade nos institutions (l'école, la politique, la justice, etc) et nos relations aux autres. Au final, notre autonomie recule chaque fois que nous faisons le choix d'une quête déraisonnable de rapidité.

   Si j'ai souhaité commencer par cette citation et ce court passage, c'est que je crois pertinemment que la priorité pour la gauche est de reprendre le temps d'analyser le présent et de politiser le débat démocratique, afin de faire émerger un désir d'avenir commun dans un monde plus égalitaire.

   La gauche arrive toujours au pouvoir quand la situation des Français saggrave, quand les inégalités explosent, quand l’avenir est assombri par la crainte que « demain sera pire qu’aujourd’hui ». Ce fut le cas en 1981, ce le fut de nouveau en 2012, lorsque François Hollande a été élu président de la République.

   Comme tout militant, je n'ignore pas le mécontentement d’une partie grandissante de la population. En l’espace de deux ans, le spectacle politique et médiatique, auquel se sont livrés nos dirigeants, sous la pression de l'urgence et de l'immédiateté, a fait reculer l’idée que la gauche pouvait être une alternative crédible à la droite dans ce pays, pire, que la politique, que le « bulletin de vote », ne pouvaient plus changer nos vies. En dépit de mesures de gauche, de la refonte de l'école à la loi sur la transition énergétique en passant par la loi sur l'économie sociale et solidaire, les Français sont déçus et se sentent de plus en plus à l'écart du débat politique.

   Si nous ne faisons rien, la progression du Front national sera inévitable. Derrière les difficultés du gouvernement à incarner l'alternative que représentait son élection, c'est la question de la capacité de la gauche à proposer un chemin pour le pays sur le long terme qui est posée. Dans un monde où le politique démissionne sur la transformation d'une société vers plus de justice et d'autonomie, ce sont toujours les forces réactionnaires et communautaires qui en profitent. Cette réalité est insupportable pour un jeune militant de gauche.

   Est-ce donc la fin de l’histoire ? La fin de la bataille ? Je ne le pense pas. Nous pouvons toujours inverser cette résistible ascension vers le post démocratique. Je le constate chaque fois que je milite, sur les bancs de ma fac ou dans les quartiers de Grenoble. Toutes les semaines, je rencontre des militants, en Isère ou ailleurs, mus par le même espoir de transformation sociale. Face au « c'était mieux avant » qui désespère et dépolitise les enjeux, la société civile se dresse comme jamais auparavant. Le politique doit dialoguer avec elle.

   La gauche n’est pas à la hauteur quand elle ne porte plus fièrement ses valeurs. Elle n’est pas non plus à la hauteur quand elle préfère la critique à l'action. Elle n’est enfin pas à la hauteur quand elle agit sans prendre le recul nécessaire pour critiquer ce qui ne va pas. Notre responsabilité est de ne pas reproduire le pire de ce qu’ont fait nos anciens. Pour cela, nous devons faire évoluer notre méthode, nos pratiques militantes, et politiser notre vision du monde.

   Des mobilisations citoyennes à la « ferme des milles vaches », en passant par le rejet européen d'ACTA (traité de lutte contre la contrefaçon, ndlr) en 2012, c'est une révolution moderne qui prend forme sous nos yeux. Grâce aux progrès techniques, à l'extension de l'éducation et aux technologies de la communication moderne, il est désormais possible à chacun de prendre part aux débats et de s'exprimer. La politique ne peut donc plus être l'affaire de quelques uns. Il est grand temps pour nos partis politiques de passer au 2.0 et d'accroître leurs liens avec la société civile, ce monde des indignés et des anonymes désireux de mieux vivre. Il en va de la survie même du politique.

   Outre la méthode, il faut ensuite reprendre la bataille culturelle sur nos valeurs et sur notre identité socialiste. En quelques mots, politiser les débats là où l'économisme et la gestion à courte vue l'ont emporté sur la confrontation d'idées. Non, le travail le dimanche n'est pas qu'une question d'emplois et d'ouverture des magasins. C'est un projet de société, et il n'est pas le mien, car il réduit les droits et la qualité de vie des travailleurs. Non, l'écotaxe n'est pas qu'une question fiscale, c'est avant tout la possibilité de changer de modèle de société, un transition du tout pétrole vers le tout durable. Pour être plus audible sur la réduction des inégalités, sur l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens, il faut donc développer une vision claire et offensive, une histoire positive à raconter sur la France face aux changements climatiques, à la mondialisation et à l'individualisme.

   Le premier combat de la gauche doit être celui de la lutte contre la défiance qui s’est installée dans ce pays. La défiance envers le politique se répercute aujourd’hui sur nos institutions républicaines, sur ce qui fonde notre pacte social et notre capacité à vivre ensemble. Parmi nos institutions, il y en a un qui doit être prioritairement consolidée. C’est notre école.

   Symbole d'espoir, l’école ne parvient pas à remplir sa mission quand sept enfants d’ouvriers sur dix sont condamnés à occuper des métiers d’exécution tandis que sept enfants de cadres sur dix occuperont des fonctions d’encadrement. Les dés sont donc pipés à la naissance, et chacun le sait. Rejetons fortement le fatalisme ! On peut agir là-dessus, on le doit et on le fait. Je suis fier que François Hollande ait fait de la jeunesse la priorité de son mandat en donnant à chacun selon ses besoins. Nous avons créé 60 000 postes d’enseignants, renforcé l’éducation prioritaire, adapté les rythmes scolaires et favorisé la scolarisation dès 2 ans. Je milite pour que l'on aille plus loin avec la fin de la note « sanction », la refonte du parcours commun de réussite du primaire aux lycées, la lutte contre le décrochage scolaire. C'est à ce prix que nous réduirons la reproduction sociale et l’emprise des milieux d’origine sur le destin des enfants.

   Si je crois que l’école est un des leviers essentiels de l’action publique, rien ne sera possible si nous ne défendons pas un cap pour la France à moyen et long terme, un grand projet fédérateur, une idéologie moderne au service de l'humain. Cest ça qui nous fera retrouver l’adhésion des classes populaires et moyennes. Une autre politique est possible, une politique où les objectifs de justice et de transformation sociale et écologique prennent le pas sur la réduction des déficits et de la dette.

   Ainsi, refonte de la méthode de gouvernement et politisation de la société vont de pair. Associés aux décisions, les citoyens seront plus actifs dans une république rénovée. Maintes fois promise, anticipée, esquissée, la VIe République doit devenir une réalité. Elle est le prix d'une démocratie revivifiée et d'une quête pour l'autonomie enfin accessible. Je ne crois pas et n'ai jamais cru dans la perpétuelle « douloureuse expérience du pouvoir par la gauche ». Nous avons deux ans pour faire réussir ce quinquennat en posant ensemble le chemin de sortie de crise économique, sociale et politique. Rien nest perdu.

 

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26 novembre 2014

Pierre-Henri Bovis : "Jeunes intéressés par la politique, n'hésitez pas une seconde !"

   J'ai toujours eu à cœur, dans le cadre de mes activités liées à ce blog, de donner la parole à la jeunesse. Celle qui s'implique dans la vie de la cité, notamment. J'essaie de le faire de la manière la plus honnête qui soit, laissant de côté mes propres opinions pour ouvrir, sans discrimination, ces espaces d'opinion à celles et ceux qui acceptent de les saisir. En janvier 2013, Pierre-Henri Bovis, tout jeune militant UMP, évoquait dans une longue interview son engagement, ses idées...

   Treize mois plus tard, présent sur la liste « Unis pour Achères » conduite par Marc Honoré dans cette commune des Yvelines, il devenait, à la faveur de la volonté populaire, un élu de la République. J'ai demandé à Pierre-Henri, maire-adjoint aux Sports d'Achères, d'écrire pour Paroles d'Actu un texte dans lequel il nous ferait part du ressenti, des réflexions qui lui seraient inspirés par cette expérience nouvelle. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

Pierre-Henri BOVIS « Aux jeunes que la politique

intéresse : n'hésitez pas une seconde ! »

 

Pierre-Henri Bovis

 

   Le 2 mai et le 4 octobre 2014 sont des dates ancrées dans ma mémoire, elles font désormais partie de mes plus beaux jours. Ces jours-là, vous avez le cœur battant, l'estomac noué ; ces jours-là, vous vous invitez chez les gens, furtivement... bref, ces jours où, pour la première fois, vous mariez, en qualité d'élu, sont des jours inoubliables.

   Déjà, la date du 30 mars 2014, date à laquelle nous avons appris notre victoire, était très émouvante. Il faut vivre ce genre de moments pour comprendre ce que ressentent les candidats lors de ces épreuves, tant physiques que mentales.

   Étudiant, comme certains, j'ai dû allier dès le début les obligations de l'université avec la campagne électorale. Le droit à l'erreur n'a pas sa place dans ces conditions. Parce que vous êtes « le » jeune, vous devez faire vos preuves, vous imposer par vos idées, par vos actions, par votre travail. Plus d'une fois, je me suis retrouvé dans la situation de rédiger un devoir dans les transports ou à des heures impossibles, aussi bien le matin, très tôt, que le soir, très tard. Si un membre de l'équipe travaille quatre heures, vous devrez travailler huit heures. C'est ainsi, et seulement ainsi, que vous pourrez acquérir votre crédibilité. Et cela, même une fois élu ! Il faut savoir que la légitimité se gagne par les élections, mais la crédibilité se gagne par le travail et les actions menées.

   Être élu est, de loin, la meilleure expérience qu'un étudiant dans le secteur public puisse espérer. Lorsque vous êtes conseiller, adjoint ou, a fortiori, maire, bien sûr, vous avez une forte responsabilité envers ceux qui ont cru en vous.

   Personnellement, j'ai été élu maire-adjoint au service des Sports et suis en charge d'un budget de deux millions d'euros.

   Il y a nécessairement, au début, une sensation de vertige et la volonté d'agir rapidement, de changer le quotidien des gens, de répondre à leurs attentes. Mais, dans le contexte actuel de restrictions budgétaires, les projets sont difficiles à mettre en place. Pour un jeune élu, c'est très frustrant de se dire qu'on ne peut pas avancer comme on veut, à cause de l'ancienne génération qui s'est trop reposée sur ses acquis et qui a vécu au-dessus de ses moyens. L'heure des économies sur les budgets est arrivée, et ça peut en décevoir plus d'un. Il faut l'accepter et continuer d'innover, de lutter pour la réalisation concrète de ses idées.

   Il est politiquement correct de dire que la politique n'est pas un métier. Ce que je peux dire, au bout de quelques mois, c'est que ça y ressemble beaucoup. Je n'arrive pas à comptabiliser le nombre d'heures passées en mairie, sur le terrain, en réunion... Nous sommes proches des trente-cinq heures.

   C'est aussi un aspect qui renforce mon idée de faire de la politique. Parmi les cumuls de mandats, je m'interroge sérieusement quant à l'opportunité et au bien-fondé, pour les administrés, du cumul « loco-local ».

   Concernant la politique, je considère, de manière générale, que le meilleur exercice est l'activité municipale. Il faut aller sur le terrain, « mouiller la chemise », aller à la rencontre des gens et écouter ce qu'ils ont à vous dire. Il faut nécessairement passer par là pour comprendre ce que le mot « politique » signifie réellement.

   Aujourd'hui, de nombreux barons veulent pousser les jeunes à prendre le relai... la seule chose à faire, c'est de ne pas hésiter, pas une seconde !

   Il faut prendre le risque d'entrer dans l'arène politique et faire valoir ses idées. Comme disait autrefois un certain Nicolas, « le pire des risques, c'est celui de ne pas en prendre » !

 

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26 novembre 2014

Jeunes FN : Le Front en face

   Lors de notre entretien daté d'octobre 2013, Julien Rochedy, alors directeur national du Front national de la Jeunesse, affirmait, chiffres à l'appui, que son organisation était devenue le « premier mouvement jeune de France ». Cette assertion a été contestée par des responsables jeunes d'autres partis, c'est le jeu. Qu'importe. Personne ne pourrait contester, aujourd'hui, que le FN exerce une puissante force d'attraction et de conviction auprès de la jeunesse de France. Il est, de loin, le premier parti d'élection des jeunes - et les scrutins qui ont eu lieu cette année n'ont fait que confirmer cette tendance lourde.

   Dès la fin octobre, j'ai souhaité contacter quelques jeunes encartés au FN-FNJ. J'ai demandé à chacune et à chacun d'entre eux d'écrire un texte, leur texte sur la base de la proposition suivante : « Les résultats des élections de cette année et les sondages récents semblent confirmer le sentiment d'une montée en puissance véritable du Front National dans le paysage politique. Vous comptez parmi les jeunes militants du parti. J'aimerais vous demander de nous parler de votre parcours, de ce qui a déterminé et fonde votre engagement ; du diagnostic que vous établiriez quant à l'état de notre pays et des idées dont vous souhaiteriez la mise en application. »

   Ce document, j'ai voulu l'intituler « Jeunes FN : Le Front en face ». Parce qu'il est bon, je crois, de prendre la peine de donner à ces jeunes la parole - celle qu'ils expriment ici est libre, totalement libre. Parce que, dans tout débat politique qui se respecte, il convient, c'est le minimum, d'écouter l'autre, de chercher à le connaître, à comprendre ce que sont ses préoccupations. Il convient de bannir toute caricature, de rejeter toute simplification excessive. De regarder la situation telle qu'elle est. En face. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

UNE EXCLUSIVITÉ PAROLES D'ACTU

Jeunes FN Le Front en face

Marine Le Pen 

(Illustration : L'Express)

 

Euryanthe Mercier

Euryanthe Mercier: « Le vote FN, un acte d'espérance dans la politique » (02/11/14)

   Passionnée depuis mon plus jeune âge par la politique, la réalité des lycées de la République (racisme anti-blanc, absence de discipline, orientation idéologique des cours) m'a poussée à ne pas rester silencieuse, à m'intéresser à la "chose publique", à admirer la démocratie via des textes de Platon et d'Aristote, à rencontrer des militants de tous bords et de plusieurs pays, puis à m'engager. Mineure et encore naïve, j'ai soutenu Nicolas Sarkozy en 2012, faisant alors trop abstraction de son bilan. Puis, grâce notamment à mes études de droit, j'ai compris que les beaux discours n'étaient que des leurres, que sans pouvoirs nationaux, ils parlaient mais ne pouvaient agir. Je ne me suis pas engagée pour servir de caution à un courant "souverainiste et sécuritaire" d'un parti qui est pieds et poings liés entre atlantisme et mesures électoralistes ou pour aider un élu à conserver ses mandats au prix de compromissions idéologiques. Non, je voulais agir - à mon échelle - pour mon pays et mes valeurs !

   Si on se penche sur les positions du FN, on se rend compte que c'est le seul parti à considérer l'alpha et l'omega des maux de notre société, le seul à s'attaquer aux conséquences sans cautionner les causes, le seul attaché tant à la défense de notre civilisation qu'à notre souveraineté et nos libertés. Je me suis donc rapprochée du FNJ lors de la campagne des européennes, afin de militer pour Aymeric Chauprade (géopoliticien que j'avais découvert trois ans plus tôt via ses écrits sur les "révolutions arabes", et dont je me sens idéologiquement très proche). Ainsi, je pouvais défendre la famille (suite logique de mon engagement dans les "Manif Pour Tous" depuis 2012), notre peuple contre l'immigration, la France contre les institutions supranationales mais aussi œuvrer pour une réelle amitié et coopération entre les nations d'Europe.

   Au 21ème siècle, les touristes dépouillés par des gamins roms, les filles violées par des multi-récidivistes, les jeunes poignardés, la baisse du pouvoir d'achat et les tensions communautaires sont devenus des faits divers. La routine, tout comme la hausse du chômage chaque mois. Ça fait rêver... Voter FN, c'est avoir l'espoir qu'un jour le sentiment de sécurité prévale sur la réalité du laxisme pénal, l'espoir que la France recouvre son identité et sa souveraineté avant que ce pays millénaire ne disparaisse, l'espoir d'avoir besoin de son passeport pour longer le Danube, l'espoir que ma génération ait un autre avenir que le chômage ou l'émigration... C'est, en somme, espérer encore en la politique ! Les Français qui se laissent encore bercer par la petite musique UMP-PS-UMP-UDI n'ont donc plus qu'à se réveiller. Le plus tôt sera bien évidemment le mieux !

 

David Berton 

David Berton: « Le catalyseur de mes révoltes contre le monde moderne » (03/11/14)

   J’ai adhéré au Front National en 2010 et c’est en 2012 (lors de la campagne présidentielle de Marine Le Pen), qu’enfin j’osais passer d’un militantisme discret au pur militantisme et à la prise de responsabilité. Cet engagement fut une révélation dans mon être, l’appartenance collective à un projet commun prenait tout son sens. Le Front National devenait la famille patriote capable de réformer la société moderne et son appareil politique, ou du moins, d’être un acteur décisif dans une prise de conscience et un basculement politique et culturel. Cet engagement a été le catalyseur de mes révoltes contre le monde moderne. Là est bien le cœur de mon engagement : la défense de la tradition et de la substance de notre civilisation helléno-chrétienne, ainsi que la fondamentale nécessité de réformer les structures économiques et sociales modernes, qui sont le marteau de l’iniquité et de l’exploitation contemporaines.

   Si je suis un militant politique et si je me suis engagé au sein du Front National, c’est que l’urgence est prégnante, qu’une mort imminente semble s’aplatir sur la France et ses racines. Les civilisations sont constituées sur des piliers : culture, religion (ou transcendance) et peuple. Lorsque ceux-ci sont altérés ou en cours d’anéantissement, c’est toute la civilisation en elle-même qui périclite. En tant que Français, héritier d’une culture gréco-latine, d’une religion chrétienne et d’un peuple européen, je ne pouvais pas rester dans l’inertie d’une vie égoïste, construit uniquement sur sa propre jouissance et ses propres intérêts. La France est un destin collectif et, en tant que jeune Français, je me devais de répondre présent à la campagne de reconquête du pays par les enracinés. Le Front National incarne un rassemblement qui dépasse le clivage partisan UMP et PS obsolète et répond au véritable clivage : défenseurs de l’État-nation et défenseurs d’entités supranationales. Je me bats pour une République au service de la France, et non une France au service de la République. J’ai fait cette appellation mienne : « Si la France est chrétienne, la République est laïque » !

   Le constat est simple (et il nécessite de parler de la nature réelle du pouvoir) : la France est soumise (ainsi que sa classe politique) aux réseaux de domination économiques et communautaires. Voilà le vrai pouvoir ! Le politique n’est plus qu’un supplétif du pouvoir économique et des communautés. La France comme nation unie, ne tolérant que la communauté nationale comme socle identitaire, n’est plus qu’une idée... L’immigration de masse, qui entraîne le remplacement du peuple français, le chômage de masse et la destruction des acquis sociaux, la colonisation culturelle de notre pays par l’américanisation et l’islamisation, le transfert de notre souveraineté nationale (et donc la disparition de la France comme nation) à l’Union-Européenne, la soumission, et même l’accompagnement par l’UMP, le MoDem et le PS de cette situation sont les raisons qui font que je suis au Front National et que je soutiens Marine le Pen comme future présidente de la République française.

 

Pierre-Henri Eisenschmidt

Pierre-Henri Eisenschmidt: « Le FN n'existerait pas dans une France bien gérée » (13/11/14)

   Je fais partie de ces jeunes qui ont été séduits par le discours de Marine Le Pen. Son patriotisme et sa détermination m'ont convaincu de m'encarter au Front National en février 2014, de passer du statut de sympathisant à celui de militant. Quelques mois après, je devenais responsable de canton. Depuis tout ce temps, je milite activement, dans mon canton et ailleurs, au travers des distributions de tracts, dans les boîtes aux lettres, ou directement chez les gens, sur les marchés... Mon engagement a clairement été fondé sur ce patriotisme que l'on ne retrouve pas ailleurs que dans le discours de Marine Le Pen, un patriotisme qui passe par la protection de notre culture et de notre histoire qui, au fil des années furent, petit à petit, ignorées, voire oubliées. En adhérent et militant au Front National, en soutenant Marine Le Pen, j'ai choisi de soutenir la France, sa souveraineté, et sa liberté.

   Je pense que le Front National est la seule alternative possible à un système qui, jonglant entre UMP et PS, n'a fait qu'aggraver l'état de la France depuis quarante ans. Ces gouvernements, après de belles promesses, ne nous ont apporté que l'augmentation du chômage, des baisses de salaires et des augmentations d'impôts, une immigration massive... Un "suicide français", diront certains. Selon moi, l'UMP et le PS confondus n'ont plus rien à nous apporter, ils nous l'ont prouvé, ce durant de nombreuses années. De plus, il m'était insupportable de les voir appliquer le "front républicain" - qui devrait d'ailleurs plutôt s'appeler "front oligarchique", ou bien encore "front antidémocratique" -, et ce lors d'absolument chaque élection, en cas de second tour face à un candidat du Front National. Une preuve parmi tant d'autres de leur volonté de destruction de la démocratie en France, de leur mépris du peuple.

   Aujourd'hui, nous nous retrouvons de plus en plus devant un choix entre le système actuel, avec l'Europe, l'euro, l'immigration massive, incarné par l'UMPS, et le changement, avec le Front National. La montée du Front National montre clairement qu'il y a une prise de conscience par les Français de l'aggravation constante de l'état de la France et de l'incompétence de ceux qui nous gouvernent. Il suffit simplement de constater que, si les gouvernements UMPS qui se sont succédé pendant quarante ans avaient tenu leurs promesses et été compétents, le Front National n'existerait tout simplement pas, ou plus.

   La "machine à broyer" Europe a été un facteur aggravant de l'état de la France. À coups de concurrence déloyale, d'euro, de transmission de souveraineté à une oligarchie à Bruxelles, de destruction de frontières, la France a été, étape après étape, gouvernement après gouvernement, dissoute dans l'Europe. Cependant, on a pu observer, lors des élections européennes en 2014, que le peuple rejetait de plus en plus cette Europe. Comme le dit Marine Le Pen : « Je crois que le vent de l'histoire va vers les nations, vers les mouvements patriotes, qui veulent préserver la souveraineté des peuples qui, aujourd'hui, est totalement effondrée puisque l'Union Européenne nous a retiré notre souveraineté territoriale, notre souveraineté économique, notre souveraineté budgétaire, notre souveraineté législative. »

   Il est important, pour le bien de la nation, que soient mises en application plusieurs réformes dont voici les plus importantes à l'heure actuelle :

   la France doit retrouver sa souveraineté nationale, en reprenant le pouvoir, transféré à Bruxelles.

   la France doit retrouver sa liberté monétaire, la mise en place d'une monnaie nationale, d'un nouveau franc, est essentielle pour relancer notre industrie et notre compétitivité sur la scène mondiale.

   la France doit retrouver sa liberté économique, qui passe par la protection économique de ses frontières, et par la mise en place d'un véritable patriotisme économique.

   la France doit retrouver la maîtrise de ses frontières, avoir le choix de maîtriser et diminuer une immigration massive, et donc de pouvoir contrôler qui entre sur le territoire.

   Ces quatre points, pour n'évoquer que ceux-là, sont appliqués naturellement dans plus de 90% des pays du monde, l'Europe étant donc une exception, une anomalie dans le paysage mondial. On constate aisément que les promesses de l'Europe sont toutes fausses. Elle nous avait promis la croissance, or elle enregistre le taux de croissance le plus faible au monde. Elle nous avait promis l'emploi, elle nous a apporté le chômage. L'euro devait transformer l'Europe en zone la plus puissante au monde, il n'en est rien. Pour l'avenir de la France, il faut se recentrer sur la nation, sur le peuple. Et seul le Front National propose cela.

   Comme il est inscrit dans la Constitution du 4 octobre 1958 : « Le principe de la République française est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Ce principe a été totalement oublié par nos élites nationales, avec l'UMPS, et supranationales, à Bruxelles. Voilà pourquoi j'ai choisi de militer au Front National, de militer pour Marine Le Pen.

 

Kelly Poppy

Kelly Poppy« Débarrassons-nous du politiquement correct » (13/11/14)

   J'ai suivi les présidentielles de 2012. C'est à partir de là que je me suis intéressée à la politique et je me suis dès lors rapprochée du Front National, m'étant de suite reconnue dans le discours de Marine Le Pen ! Actuellement le FN est le seul parti à protéger notre identité, le seul à défendre l'histoire, la culture et les traditions françaises. Le FN est également le seul parti à défendre la souveraineté du peuple français face à cette Europe supranationale qu'est l'Europe de Maastricht. Enfin, c'est le seul parti démocrate restant dans ce pays puisque le seul à vouloir établir la proportionnelle pour les élections ainsi que le référendum à initiative populaire, outil essentiel à un peuple qui est souverain en son pays, définition même d'un système démocratique.

   L'état actuel de la France est critique et ne cesse d'empirer. Notre beau pays, la France libre, grande, puissante et indépendante du Général de Gaulle a disparu au profit d'une idéologie mondialiste. La classe politique est devenue une véritable caricature, semblant totalement déconnectée des réalités de nos concitoyens et alimentant au jour le jour des affaires qui ne cessent de s'accumuler. Nos dirigeants ont abandonné la France, la soumettant à Bruxelles et Washington. Ils ont abandonné le peuple aussi, le livrant à l'insécurité (alimentée par une justice laxiste), la précarité (la France compte deux millions de personnes vivant avec moins de 651 euros par mois, 3,6 millions de mal-logés, 3,5 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire, 8 millions de travailleurs pauvres et plus de 6 millions de chômeurs) et à une immigration massive, incontrôlée et non sélectionnée où des populations entières vivant dans de mauvaises conditions et sans espoir d'avenir se regroupent dans des zones dites de non-droit, zones où la terreur règne et où les communautarismes sont divers (altérant au passage notre identité).

   Aujourd'hui avec le système UMPS, la France fonce droit dans le mur. Le Front National est la seule alternative, notre seule chance de dire stop à cette décadence et de reprendre notre destin en mains. Il est temps de mettre le politiquement correct à la poubelle, là où est sa place. N'ayons plus peur de dire les choses, osons placer nos préoccupations au coeur du débat français. N'ayons plus peur de demander une immigration réduite, sélectionnée et contrôlée, et la priorité nationale. N'ayons plus peur d'un retour aux frontières, et la mise en place d'un protectionnisme économique intelligent. N'ayons plus peur de vouloir moins d'Europe et plus de France, avec un État fort et un peuple souverain. N'ayons plus peur du changement, du vrai !

 

Bruno Clavet 

Bruno Clavet: « Une alternative douloureuse, parfois... mais nécessaire » (17/11/14)

   Il faut savoir, dans un premier temps, que mon engagement a débuté en 2007 pour soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy qui, pour moi, incarnait le renouveau politique, le changement que les Français attendaient. Ayant toujours baigné dans une culture FN de par ma famille et mes amis, je n’étais pas réfractaire aux idées du FN mais je pensais qu’elles ne seraient jamais applicables sous la présidence de Jean-Marie Le Pen. L’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011 a apporté un souffle nouveau. Nous étions également à la fin du mandat de Sarkozy, que je jugeais raté. La crise était passée par là, les promesses non-tenues, le personnage, la peopolisation de la fonction… Bref, plein de choses qui ont fait que je me suis tourné vers le FN.

   De plus, j’ai pu acquérir ma propre culture politique à travers mon cursus scolaire et mes différences expériences à l’étranger. J’ai rapidement compris que les thèses du FN devenaient une nécessité. Pour citer Richelieu « La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire ». En effet, j’ai conscience de la dureté de quelques mesures proposées par mon parti. Toutefois, je pense qu’en politique, l’état d’âme n’a pas sa place, car c’est justement en voulant faire plaisir à tout le monde que l’on rend tout le monde malheureux.

   Ainsi, futur jeune diplômé, je voyais le chômage augmenter, l’insécurité exploser, l’Europe nous écraser, l’identité française disparaître, la justice devenir injuste, l’éducation et le savoir reculer, le communautarisme et l’islamisme s’installer. Toutes ces choses qui sont les fondements des thèses du FN. Voilà pourquoi j’ai adhéré, sans compromis, à cette idéologie patriote que je juge aujourd’hui salutaire. Cette foi en ce parti m’a permis de trouver la force et le courage de défendre ses idées contre vents et marées en étant candidat pour les municipales à Paris.

   Le constat que j’avais fait, à l’époque, sur l’état de la France s’est malheureusement avéré juste. Et aujourd’hui, c’est encore pire ! Je suis inquiet pour l’avenir des Français et des futures générations. Mais je ne vote pas FN par désespoir. Bien au contraire, je pense et crois encore qu’une autre politique est possible. Elle ne se fera pas sans heurt, mais l’alternative que nous représentons est nécessaire ! Si ce changement ne s’opère pas dans les années à venir, je pense que cela sera trop tard.

   Voilà pourquoi je soutiens à 100% l’action du Front National, parti dont je suis fier de porter les couleurs, qui ne sont que celles de la France. Nous avons souvent raison trop tôt, mais notre combat finira par payer. L’espoir fait vivre.

 

Vladimir Berezovski

Vladimir Berezovski: « Personne n'est capable de démonter nos thèses » (20/11/14)

   Né en Russie, je m'installe dans la Drôme en 2005. Je suis naturalisé Français en juillet 2011. J'adhère au Front national en avril 2012, dans la foulée du meeting de Marine Le Pen à Lyon. Je participe à la campagne des élections législatives en tant que simple militant, aux côtés de Richard Fritz. En septembre de la même année, je rencontre Julien Rochedy, alors directeur national du FNJ, à l'université d’été de La Baule. L’année suivante, je participe à la refondation du FNJ en région Rhône-Alpes. Au cours de la campagne municipale, je m'engage sur la liste de Valence tout en militant avec Julien Rochedy à Montélimar. À cette occasion, il me nomme chargé de mission FNJ de Valence. En juin 2014, je présente ma candidature au Comité central du Front national.

   Je pense que le choix que nous faisons en nous engageant dans un parti dépend effectivement de l'analyse que l'on fait d'une situation et des solutions que nous trouvons appropriées. Or, il me semble que pour les élites actuelles, le déni de réalité apparaît comme la condition sine qua non pour accéder et rester au pouvoir. La plupart des politiques actuelles sous-estiment de manière effarante la gravité de l'état de la France et de son évolution. Beaucoup se complaisent dans le luxe dont ils ont hérité sans se soucier véritablement d'un avenir sain, paisible et prospère pour l'Europe et plus particulièrement la France. On dirait que les intérêts à court terme pour beaucoup de politiciens sont bien plus attrayants que les efforts à fournir pour assurer à l'Europe l'avenir qu'elle mérite.

   D'après les derniers sondages, la grande majorité des Français (plus de 70%) estiment qu'il y a trop d'immigrés en France. De Gaulle disait à ce propos que la diversité n'était pas une mauvaise chose en soi, à condition que les immigrés restent une petite minorité, « sinon la France ne serait plus la France ». Il est donc évident pour la majorité des Français que préserver leur culture et ce qu'ils ont de plus cher, c'est-à-dire leur identité, leur singularité et donc leur existence même est prioritaire et urgent. La montée du Front National est multifactorielle et s'explique entre autres par le fait qu'aucun adversaire crédible n'est à ce jour capable de démontrer que les thèses du FN soient erronées car justement, elles n'ont jamais autant été en phase avec la réalité.

   Les Français ne sont pas dupes et je pense que c'est méprendre et mépriser profondément ce grand peuple que de continuer à appliquer ces politiques suicidaires. Les temps changent et nous devons nous adapter aux changements. Le multiculturalisme que nous ont tant vanté les élites arrive au terme de son échéance et il faut aujourd'hui de nouveaux hommes pour donner à l'Europe une tout autre direction. Pendant très longtemps, il est vrai, la France a été un pays d'accueil pour un certain nombre d'immigrés. Mais il a été longtemps question de populations très proches culturellement, et pour preuve : elles venaient quasiment toutes d'Europe.

   Le multiculturalisme englobant une immigration extra-européenne est très récent et chaque personne, en ouvrant un livre d'histoire, en regardant les photos des arrière-grands-parents ou en admirant les chefs d'œuvre du Louvre peut très bien constater que la France était composée avant le XXème siècle de peuples autochtones, "de culture grecque et latine et de religion chrétienne". La problématique se pose dans tous les pays européens et c'est ensemble, grâce à une alliance entre nations européennes, que nous pourrons relever l'Europe décadente et mourante.

   Les négociations et les partenariats avec les pays africains en faveur de la remigration sont pour moi la solution la plus pacifique. Il est très facile d'accuser quelqu'un de haine ou de racisme et ainsi le diaboliser pour lui faire perdre le combat. Il est un peu moins facile de cacher une réalité devenue bien trop pesante pour des millions de Français. Je ne pense pas que ce soit le FN qui ait crée cette situation ; je ne pense pas que ce soit le FN qui ait mis, massivement, des populations européennes et non-européennes côte à côte, ce qui a contribué in fine à les mettre dos à dos. Il eût en effet fallu beaucoup d'efforts et de moyens pour convaincre les Français qu'abandonner leur terre leur serait favorable.

   Il est donc grand temps de reprendre le flambeau d'une élite en perdition et surtout, de reprendre notre destin en main. Nous sommes dans une position où nous devons être résilients ou mourants. Je crois en l'enracinement des peuples, ici en Europe comme là-bas en Afrique. C'est une vision écologique de l'humanité, respectueuse des différentes entités qu'a vu naître la Terre dans tous les coins du monde dont la mondialisation sauvage, brutale et chaotique menace la survie. C'est parce qu'on ne veut pas d'une guerre déchirante en France que nous appelons de tous nos vœux au retour des immigrés non assimilés chez eux, sur la terre de leurs pères.

 

Mathilde Androuët

Mathilde Androuët: « Désamorçons méthodiquement ce qui mine notre pays » (21/11/14)

   Les derniers résultats électoraux comme les récents sondages confirment la persistance d’un sentiment largement occulté en politique et pourtant essentiel dans l’Histoire : l’espérance, l’espérance d’un jour meilleur. Le Front National doit, à mon avis, son succès à une alchimie étonnante qui peut même sembler contradictoire pour certains : l’alliance entre une lucidité froide dans l’analyse de notre actualité peu réjouissante et un espoir, une confiance absolue en la France et en sa capacité à renouer avec son destin de grande nation. Le Front National refuse de réduire la politique à des manœuvres de boutiquiers. La politique est un art noble, vivant, puissant, porteur de visions, de projets réels et non de calculs mesquins dont la seule visée serait de correspondre au carcan comptable d’une Union européenne antidémocratique et désincarnée. Dire que le Front National « surfe sur les peurs » est grotesque. Au contraire, il parle avec passion de la vie et du réel et se bat pour que ce réel reste bien vivant et que la vie reste bien réelle.

   Je pense que là réside la raison majeure de mon engagement. Diplômée, confortablement installée dans un métier de communicante où le franglais faisait office de dialecte et le branché de concept, je ressentais ce sentiment de vacuité largement répandu, et légitime, chez les jeunes trentenaires franciliens. Mais, fille d’artisan et ex-boursière habitant en banlieue, la réalité me décillait régulièrement. Face à cela, deux voies : ne rien faire, ne pas agir, par peur ou par conformisme, ou s’éveiller, et décider de ne pas regarder son pays glisser lentement mais surement dans un marasme économique et culturel profond. Piquée par la politique depuis longtemps, sûre qu’elle seule peut changer la donne de notre quotidien, j’ai pris ma carte au Front National.

   Pourquoi le Front National ? Pour les raisons invoquées plus haut. Le Front National met les termes justes sur des situations vécues par tous, souvent injustes. Cette lucidité, parfois dure à formuler ou entendre, présage d’une honnêteté intellectuelle. Une musique différente résonne dans la philharmonie des langues de bois de nos squatteurs télévisuels à la pensée pré-formatée.

   Les électeurs du Front National ont en commun un même constat sur la France. Oui, les institutions républicaines obéissent à la doxa tricotée par des commissaires européens non élus avant d’obéir à la volonté démocratique du peuple français. Oui, nous subissons une immigration massive qui déstabilise nos référents identitaires, notre modèle culturel, notre sécurité et notre modèle social. Non, les Français (et tous les êtres humains avec eux) n’ont pas vocation à devenir des pions que l’on interchange, met en concurrence sauvage, délocalise ou congédie en fonction des soubresauts financiers et des logiques d’individus ou de groupes privilégiés ayant le marché mondial comme échiquier.

   À ce courage intellectuel qui permet de travailler sur des bases solides et éclairées, s’ajoute la volonté inébranlable de redonner au peuple français sa souveraineté, la maîtrise de son destin. Cette espérance d’un jour meilleur pour et avec tous les Français. Cet attachement profond à l’indépendance de la France est ce qui distingue très clairement le Front National des autres partis. Il se traduit très concrètement par la volonté de recourir plus régulièrement aux référendums, de s’extraire de l’Union européenne, d’avoir une diplomatie indépendante, de maîtriser les flux migratoires, de gérer sa politique monétaire, budgétaire et sociale en fonction des seuls intérêts français et brider la folie libérale des marchés mondiaux qui contreviennent à l’épanouissement des peuples.

   Succinctement, il s’agit de désamorcer tout ce qui mine la vie politique, la vie quotidienne des Français. Ces fondamentaux mis en œuvre, la France trouvera un dynamisme et un regain naturels. Le reste ne sera que modulation et viendra de lui-même : sortis de la spirale européenne de l‘austérité, les Français retrouveront une liberté d’action aussi bien sur le plan économique que politique. Il est grand temps de reprendre les outils élémentaires de notre souveraineté : frontières, monnaie, pouvoir législatif, démocratie directe… De là, et de là uniquement, le phénix France reprendra son vol multiséculaire.

  

Jérôme Cochet

Jérôme Cochet: « Pour des politiques, des politiciens neufs » (21/11/14)

   Intéressé par la politique depuis mes 14 ans et militant depuis deux ans, je dois dire que la politique est pour moi autant une vocation qu'une passion. Diplômé de l'IUT de Nice en Gestion, de l'IEP d'Aix-en-Provence et de l'IAE de Nice en Management, j'ai toujours, à travers mes études mais aussi désormais à travers mes expériences personnelles et professionnelles, envisagé la politique comme un ensemble d'outils, de leviers et d'idées au service de la communauté nationale.

   Ce leitmotiv m'a mené vers un choix cohérent et évident, celui de l'engagement au sein du Front National. Cohérent puisque c'est avec le programme de ce parti que je me sens le plus en adéquation ; en clair, je respecte les mêmes valeurs, opinions et objectifs sur la plupart des sujets sociétaux. Et évident, au vu du constat alarmant que l'on peut faire sur le présent et l'avenir de notre pays : augmentation du chômage, explosion de l'insécurité, un modèle économique et social remis en question, un affaiblissement diplomatique, des pouvoirs régaliens soumis au diktat de Bruxelles, la non profitabilité de certains atouts et certaines ressources, un modèle sociétal figé et inadapté aux exigences de notre époque…

   Le Front National est le seul parti à dénoncer ces problèmes et à y apporter des solutions, voire des alternatives à l'immobilisme, au conformisme et à la soumission des politiques français de droite comme de gauche depuis maintenant quarante ans. Remise à plat de la politique d'immigration, sortie de l'euro, mise en place de la préférence nationale dans le domaine de l'emploi, développement stratégique du domaine maritime, organisation régulière de référendums, condamnation du communautarisme et de ses dérives… sont autant de solutions proposées et applicables par des hommes et des femmes politiques au service d'une seule cause et d'un seul intérêt, celui des Français et de la France.

   Voilà à quoi se résume mon engagement, aussi modeste soit-il. Au-delà de la critique, de l'opposition et du simple constat, il s'agit d'insuffler de nouvelles politiques, de proposer des idées neuves mais aussi - et surtout - des politiciens neufs.  

  

M.S.J.: « Que la jeunesse incarne le réveil français » (22/11/14)

   J’ai 20 ans, je suis en L3 de Psychologie, avec une formation de Philosophie. Je suis étudiante à Paris depuis trois ans, après avoir habité en province, près de Calais. Je suis adhérente au FN depuis 2012 et militante depuis février 2014. Mi-septembre 2014, je suis devenue adjointe de Gaétan Dussausaye à Paris, au FNJ.

   Mon engagement en FN a été motivé par une envie profonde de réagir. « De réagir à quoi ? », dira-t-on. En tant que jeune, il y a mille occasions de se réveiller. Il faut que la jeunesse se charge du réveil français. Pour la jeunesse d'aujourd'hui, c'est quasiment un "devoir" de réagir face à la destruction de la France, tant sur le plan de la civilisation que sur le plan économique. En tant que jeune, il est nécessaire de porter un message d’avenir. Nous sommes, au FN, la génération du changement.

   Le bilan de la France est catastrophique. Face à chaque situation, et devant chaque constat chiffré et reconnu, le jeune Français doit se poser des questions.

   l’emploi / l’entreprise : le taux de chômage est à 10,2% de la population active en France. Les jeunes ne voient leur avenir professionnel, pour la plupart, qu’en partant travailler à l’étranger. La France, au cours de ces trente dernières années, a perdu deux millions d’emplois. Comment est-il possible d’offrir un pays à des jeunes, à de jeunes Français sans emploi… ?

   la dette : la France est surendettée, la dette publique s'élève à plus de deux mille milliards d'euros (95,1% du PIB). Quand on sait que l’impôt sur le revenu est mobilisé directement pour le remboursement des intérêts de la dette, cela démotive les jeunes de travailler et d’acquérir un patrimoine.

   l’immigration : une question se pose. Une simple question de cohérence. Est-il cohérent de continuer à laisser entrer des personnes sur le territoire alors que nous avons énormément de chômeurs en France et que nous ne sommes pas en capacité de leur offrir de l’emploi... ?

   la sécurité : les nombres de cambriolages, d’émeutes, etc. augmentent. Les coupables ne sont pas punis. En ne punissant pas les coupables, on condamne les victimes et les innocents. Christiane Taubira voulait instaurer une peine « sans incarcération ». La jeunesse française peut-elle espérer un pays en paix pour l’avenir ?

   les budgets et les effectifs des armées, de la police sont très souvent remis en question. Parfois la police a même ordre de ne pas poursuivre les délinquants… Face à cela on se demande comment la protection des Français peut être assurée  ? D’ailleurs, elle ne l’est plus, certaines banlieues sont des zones de non-droit où la fonction régalienne de l’État ne peut plus s’exercer, laissant place à l’islamisme radical, aux trafics en tous genres et, demain, à l’imposition de la charia. La « libanisation » de notre patrie est en marche.

   l’éducation / la civilisation / la culture. Tous ces éléments qui constituent un pays modelant son avenir et sa jeunesse sont mis à mal. Les églises sont détruites alors que la loi de 1905 oblige le maire de la République à prendre soin de celles construites avant 1905. Les maires de la République prennent-ils bien en compte le fait que ces églises font partie de la culture et du patrimoine français et, qu’on le veuille ou non, de ses origines chrétiennes ? Détruire ces églises revient à détruire une partie de l’identité française. De fait, la République respecte-t-elle ses valeurs de laïcité quand le maire, par des biais plus ou moins détournés, permet le financement de mosquées, comme à Nantes ou à Bordeaux ?

   de même, pour l’éducation. La France est arrivée à la vingt-cinquième place du classement PISA (Program for International Student Assessment, ndlr), mené tous les trois ans. Elle a chuté de deux points par rapport en 2002. Le nombre d'élèves en difficulté augmente. Pourquoi les dirigeants français laissent-ils tomber leur jeunesse, notre avenir ? Œuvrent-ils seulement pour leur compte ou pensent-ils à l’avenir de la France  ? Qu’ont-ils fait de la célèbre formule d’Émile de Girardin, homme politique français, « Gouverner c’est prévoir » ?

   Les Français prennent conscience du danger. Ils ont besoin de sécurité, de travail, d’espoir. Nous devons restaurer l’autorité, la souveraineté et la justice. Voici donc les actions à mener. Pour cela, nous préconisons la souveraineté économique et monétaire. Le protectionnisme intelligent. En instaurant des droits de douanes, la mise en place de quotas d’importation, et le rétablissement de nos frontières.

   Je suis au FN car il est le seul parti à avoir des propositions fermes sur l’arrêt de l’immigration massive, la limitation à 10 000 entrées sur le territoire par an, ainsi que la lutte contre le communautarisme. Le FN veut sortir de cette Union européenne qui aliène les pays et leur volent leurs droits régaliens en effaçant sournoisement leurs droits et leur liberté. Le FN ne veut pas un repli sur lui-même, il désire une coopération intelligente entre les pays, comme cela se faisait jusqu’à la signature des traités de Maastricht, puis de Lisbonne - signé par Nicolas Sarkozy, contre la volonté des Français.

   Le FN est le seul parti qui parle de patriotisme, d’identité française. Comme disait François Mitterrand, « la civilisation commence par l’identité ». La conscience d’une identité, d’une culture, de nos racines, et d’une nation française est donc primordiale. Le FN a compris cela, et il sy tient, car c’est la clef de la vie en société, de l’unité d’un pays.

   En rétablissant le contrôle des frontières, il nous sera possible de réguler les délocalisations, les importations, les exportations. Le FN propose aussi de favoriser les PME et PMI, ainsi, cela créera de l’emploi en France, et les Français pourront travailler en France et vivre en France, car enfin, quel jugement porterait-on sur un pays dans lequel on ne pourrait vivre libre et bien ?

   Les jeunes ont besoin d’espoir et d’idéal. La montée du FN prouve que les jeunes désirent retrouver un pays libre. Aujourd’hui, avec le FN, nous travaillons à donner à cette jeunesse lespoir de pouvoir vivre décemment et librement dans leur pays et de pouvoir y élever leurs enfants.

 

Gabriella Paolinetti

Gabriella Paolinetti: « Pourquoi ne pas essayer un autre modèle ? » (23/11/14)

   J'ai décidé de m'investir pour le Front National à la fin de l'année 2012, après avoir assisté à un dîner-débat à Bordeaux qui avait pour invitée Marion Maréchal-Le Pen, tout juste élue député du Vaucluse.

   La politique m'intéresse depuis que je suis en âge de la comprendre. J'avais évidemment voté pour Marine Le Pen aux élections présidentielles, du haut de mes 18 ans. Le programme du Front National me paraissait être la seule solution aux innombrables problèmes qui gangrènent notre pays depuis des décennies.

   Peut être ai-je aussi été influencée par l'expérience de ma mère, qui est gardien de la paix depuis presque trente ans dans des ZSP (Zones de Sécurité Prioritaires), en l'occurrence, les cités à risques. Les médias appuient énormément sur les points "immigration" et "insécurité" du programme du Front National, alors bien sûr, ce sont des choses qui ont particulièrement motivé mon engagement au départ.

   Cependant, au delà des idées, la personne qui a provoqué ce déclic chez moi est Marion Maréchal-Le Pen. Elle disait ne pas vouloir être « spectatrice de son époque », ces mots m'avaient réellement touchée à l'époque. Elle qui n'avait que 22 ans et qui venait de devenir la benjamine de l'Assemblée. J'ai eu l'occasion de suivre son évolution jusqu'à aujourd'hui et elle ne cesse de forcer mon admiration, par son talent et sa ténacité. Elle est un véritable modèle pour nous, les jeunes du FNJ, et fait clairement l'unanimité.

   Ma première campagne en tant que militante a été celle des élections municipales de 2014. J'ai été colistière de M. Jacques Colombier sur la liste "Bordeaux Bleu Marine", en sixième position, et également membre de l'équipe de campagne. Par la suite, j'ai été amenée à déménager en Île-de-France, où l'on m'a confié le poste de responsable du canton de Maisons Alfort/Alfortville, dans le Val-de-Marne.

   J'ai pris conscience que l'état de mon pays devenait critique. L'Union européenne et sa monnaie sont un échec : ils ont provoqué une hausse du chômage et n'ont eu de cesse de creuser la dette de la France. Les gouvernements successifs de ces dernières décennies ont un bilan parfaitement minable, nous en payons aujourd'hui les conséquences, alors pourquoi ne pas tenter quelque chose de nouveau ? Pourquoi ne pas rendre sa souveraineté à la France ? Pourquoi ne pas privilégier la préférence nationale, comme le font 80% des pays du monde ? Pourquoi ne pas retrouver notre liberté monétaire face à l'échec de l'euro ?

   Le Front National apporte des réponses à ces questions essentielles que se posent de plus en plus de Français. Voilà pourquoi je pense que le vote "Marine Le Pen" est un vote de bon sens.

 

Antoine Sanial

Antoine Sanial: « Les Français se sentent étrangers chez eux » (26/11/14)

   Mon engagement au Front National est apparu comme une évidence à l’adolescence. En tant que jeune lycéen, curieux de connaître l’Histoire de France mieux que par les cours souvent trop succins et politiquement orientés de nos professeurs, j’ai lu, assez frénétiquement, des livres racontant ce qu’est la France, de Clovis à de Gaulle, avec une fascination toute particulière pour l’Empereur Napoléon Ier. Et c’est en découvrant cette glorieuse histoire, en prenant conscience de l’héritage colossal qui nous est légué à nous, Français, que j’ai réalisé que la France, ce n’est pas « une nation parmi les autres au sein de l’UE », ce n’est pas « une région dans un monde globalisé »… mais bien une entité qui survit aux individus qui la constituent depuis plus d’un millénaire, forte de valeurs et de particularismes propres. Alors oui, immédiatement, le discours de Jean-Marie le Pen m’a plu, et je ne voyais aucun autre parti pour remettre sur pied cette France tant aimée. Car lui, traité en véritable paria par les médias, et même par mon entourage… c’était un rebelle, qui n’hésitait pas à aller contre le discours bien rodé de ses adversaires, un homme de convictions, un patriote dont le courage éclaboussait tous les Français un tant soit peu lucides quant à l’impasse dans laquelle les (ir)responsables politiques de l’époque nous menaient. Ce sont donc non seulement les idées, mais également le personnage de Jean-Marie Le Pen, qui m’ont rallié à ce parti.

   Aujourd’hui, il est aisé de constater que les Français souffrent de nombreux maux, dont l’un des principaux est un problème identitaire. L’UMP l’a compris, en essayant de donner du grain à moudre à son électorat, avec le fameux « débat sur l’identité nationale », qui s’avéra être un pétard mouillé. Les mêmes politiciens qui font mine de se soucier de la question en sont pourtant les premiers responsables. En menant une politique d’intégration mortifère, qui a conduit à progressivement effacer la France, faire table rase du passé, de ce que nous sommes, afin de mieux « intégrer » des populations étrangères toujours plus nombreuses, ils ont détruit l’essence même de la nation. Au lieu de dire à ces populations, « Vous devez vous adaptez aux règles et au mode de vie du pays qui vous accueille », on leur a dit, « Venez avec votre culture et vos coutumes ». À l’intégration, il fallait préférer l’assimilation. Mais s’assimiler… à quoi ? Comment un jeune d’origine étrangère peut-il vouloir aimer une France dont il ne connait finalement rien ? Ils ne l’apprendront pratiquement plus à l’école, particulièrement depuis 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avec la réforme des programmes scolaires qui a balayé nos héros de l’enseignement.

   Plus généralement, la France est perçue comme une ville de la mégalopole Europe, comme un quartier du grand village planétaire. Les symboles et les traditions sont oubliés, le patriotisme est raillé au profit d’une « citoyenneté mondiale », sans frontière et sans attache. En déracinant ainsi les individus, en supprimant la bannière commune qui les unit, sous laquelle tous les Français qui ont la patrie au cœur, sans distinction d’origine, peuvent se rassembler, l’on favorise la division et le communautarisme. La France est progressivement dissoute ; pourtant la nature a horreur du vide : la preuve en est aujourd’hui. Le sentiment d’appartenance nationale est de plus en plus présent au sein du peuple, les Français sont las de se sentir étrangers dans leur propre pays, et cela se traduit notamment par la montée exceptionnelle du Front National aux dernières élections. A noter, en outre, l’immense part des jeunes, y compris d’origine étrangère, qui ont voté pour le parti de Marine Le Pen. Le vrai clivage politique a lieu, aujourd’hui, entre les mondialistes incarnés par l’UMP, l’UDI et le PS, et les patriotes de toutes origines et de tous horizons politiques, qui se reconnaissent au FN.

   Je crois que le vote Front National est incontestablement un vote d’adhésion, n’en déplaise à Monsieur Copé ou à Madame Yade (entre autres). Les Français veulent voir appliquer le programme du Front National, à commencer par les dispositions relatives à l’immigration. Il devient absolument urgent, aujourd’hui, de réduire drastiquement les entrées sur notre territoire. Et loin des caricatures de nos détracteurs quand aux « murs et aux barbelés », il suffit pour cela de couper les pompes aspirantes de l’immigration, que sont les prestations sociales fort onéreuses, payées par les contribuables français, parfois plus avantageuse pour des étrangers clandestins que pour les Français eux-mêmes. Je pense, notamment, à l’Aide Médicale d’État. Cette situation est inacceptable. Nous ne sommes, en tout état de cause, plus en mesure, au regard de notre taux de chômage alarmant et de notre dette publique exorbitante, de recevoir encore des hordes de migrants. C’est une politique menée en dépit du bon-sens, qui ne profite qu’à ceux qui voient dans ces immigrés une population prête à travailler à bas coût, et qui saura, le cas échéant, fermer les yeux sur d’éventuelles entorses au Droit du travail français.

   Enfin, en matière de politique étrangère, il faut bien entendu cesser le rapport de soumission que l’on entretient envers les États-Unis, sortir bien entendu de l’Otan, qui est une structure qui ne présente strictement aucun intérêt depuis la chute de l’URSS, et favoriser un rapprochement avec notre allié russe. La stratégie du non-alignement est à promouvoir, ce qu’avait plutôt bien réalisé le président Chirac, mais qu’ont tristement battu en brèche ses deux successeurs…

 

Arnaud de Rigné

Arnaud de Rigné: « Quelque chose d'immatériel, de spirituel, presque... » (27/11/14)

   Dans un monde où les médias jouent un rôle essentiel dans la transmission de l'information, il paraissait évident que mon intérêt pour la politique découlerait d'un événement majeur. Ce fut l'accession de Marine Le Pen à la tête du Front National. J'avais donc 14 ans à l'époque, et l'état pathétique dans lequel nos dirigeants d'alors avaient mis la France m'apparaissait révoltant, tant sur le plan économique que social.

   Alors, après m'y être intéressé de près, j'ai fini par adhérer au Front au mois de mai 2012, peu après la présidentielle, et parce que je voyais en Marine Le Pen la seule personne dans le champ politique à pouvoir accéder au pouvoir. Puisqu'elle avait toutes les qualités d'une femme d'État, je voulais qu'elle soit élue, car j'épousais les idées patriotes depuis un petit moment déjà.

   Issu d'une filière économique et sociale et m'étant dirigé vers le droit par la suite, j'ai été immédiatement surpris et intéressé par le programme de Marine Le Pen qui était complètement différent de celui des autres. A l'heure où, en cours, des professeurs mondialistes m'expliquaient de façon utopique qu'une politique de relance ne pouvait se faire qu'au niveau européen (puisqu'ils refusaient l'hypothèse de frontières économiques nationales qui auraient pourtant permis une telle politique !), le Front National me montrait qu'une relance économique était tout à fait envisageable au niveau national, à condition d'avoir de vraies frontières. Pour reprendre l'expression de l'un de nos candidats aux municipales, notre devoir est de faire renaître le « tissu économique local », depuis longtemps laissé à l'abandon par ces élites qui n'ont d'yeux que pour les multinationales.

   La facette économique du programme de Marine Le Pen et du Front National n'est pas la seule à m'avoir fait adhérer. Il fallait quelque chose d'abstrait, d'immatériel, de spirituel presque : c'est la nation, et avec elle, notre République une et indivisible. C'est aussi cela qui m'a poussé à m'intéresser à un parti qui, de toute évidence, refuse ces délirantes discriminations positives ; un parti qui, lui, n'a pas pour ambition d'acheter la paix sociale, mais de régler les problèmes, même par la force publique, s'il le faut. Ayant évolué dans les quartiers nantais réputés "difficiles", j'ai vu, jour après jour, la République reculer face à des groupes organisés prétendant "faire la loi". L'insécurité et le communautarisme grandissants l'ont démontré, et le laxisme d'État n'a fait qu'aggraver le problème. L'immigration massive de populations qui n'ont pas pu être assimilées (notamment à cause de leur nombre et de ce communautarisme) ayant conduit en partie à cette insécurité, nous devons maintenant élaborer notre plan d'action pour agir dans les cités et enrayer enfin le triptyque immigration - communautarisme - laxisme.

 

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26 novembre 2014

André La Rocque : "Le Suicide français de Zemmour, un livre d'espérance"

Sur le site du Bréviaire des Patriotes, auquel il collabore régulièrement, André La Rocque, 20 ans, se présente comme un « jeune patriote français, étudiant républicain réactionnaire amoureux de notre patrimoine culturel ». Je lui ai demandé d'écrire pour Paroles d'Actu un texte non contraint exprimant le ressenti, les réflexions que lui ont inspirés ses lectures attentives du Suicide français d'Éric Zemmour (Éd. Albin Michel). Je le remercie d'avoir accepté de se prêter au jeu. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

PAROLES D'ACTU - LA PAROLE À...

André LA ROCQUE « Le Suicide français

de Zemmour, un livre d'espérance »

 

   À coup sûr, les historiens du futur feront un cas d'école de l'épisode abracadabrantesque qui a touché la France en ces jours d'automne. Injures, réquisitoires malhonnêtes et bande de ridicules se sont courus après. Que s'est-il passé ? Un penseur réac' a rédigé de sa main un recueil s'opposant, non sans talent, à la pensée tout autant bienséante que mortifère qui gouverne une époque gangrenée, profondément malade.

   Chacun en France s'attendait évidemment à ces cuistreries de rebellocrates, s'attendait à ce que l'on cisaille un tel livre façon Petit Journal. Naturellement, il fallait faire croire que le poil à gratter qui s'était glissé dans leur chemise repassée ne tracassait pas plus que ça. Le pire, c'est que, plus on en faisait, plus Le Suicide français se vendait. Comme des petits pains. Le serpent se mordait la queue. Il se la mord encore.

   Si Monsieur Zemmour a fait peur à tant de monde, si on l'a tant invité - en vue de le démolir -, c'est certainement parce que sa critique du capitalisme contemporain est, à ce jour, la plus adéquate. N'en déplaise aux plus puristes des marxistes, il y'a bien « des » capitalismes, selon les ans. On parle d'un système qui ne cesse de digérer les oppositions qu'on lui soumet. Rappelons qu'il tire un immense profit des ventes de papiers anticapitalistes. Mais l'essentiel réside ailleurs.

   Le capital a le pouvoir ravageur de se remodeler, de s'adapter pour semer ses contradicteurs les plus féroces. À la fin du XIXème siècle, les prolétaires, pétris de culture marxiste, avaient pris conscience de leur intérêt de classe; les capitalistes ont finement confondu les intérêts ouvriers avec les leurs. De sorte qu'en cas d'effondrement du système, tout le monde a des acquis à perdre. En mai 68, c'est une critique "artistique" qui a pris le pas dans la confrontation au système : « Vais-je perdre ma vie à la gagner ? », « Dois-je me résoudre à pourrir au sein de ma civilisation ? ». Comme toujours, la critique de la société de consommation est passée à la trappe. On se demande si, en ce cas, là n'était pas son destin congénital. Le capitalisme moderne a parfaitement su monnayer les idéaux de liberté, a offert Paris-Plage à ceux qui en demandaient une sous les pavés. Il a joyeusement piétiné les frontières nationales, dont il devait s'extraire, pour son grand bonheur, imposer l'insécurité de l'emploi, et tant d'autres maux... C'est cela aussi, la liberté, cruelle et oppressante. [1]

   Ils ont gagné, ils gagnent, les richards : ils réduisent le monde entier à un simple magasin mondial dans lequel les hommes, apatrides et asexués, finissent parfaitement corvéables et consommateurs débridés, démunis de tout complexe civilisationnel. On ne disposerait plus, en leur projet nihiliste, de la moindre attache traditionnelle, serions des êtres remplaçables, simples individus nés on ne sait trop où pour on ne sait trop quoi. Une atomisation générale. Le merveilleux portrait zemmourien de l'ancien patron de Renault, Louis Schweitzer, fortuné sans morale, mondialiste convaincu en faits et en pensées, engagé à SOS Racisme, transcrit un idéal-type du monde dans lequel nous vivons.

   L'illustre philosophe Jean-Jacques Rousseau a si justement écrit, « Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d'aimer ses voisins. » [2] On admire les flux lorsque l'on vit dans les aéroports; la race sédentaire les maudit car elle vit sur des racines. Seuls les naïfs seront étonnés que la caste médiatico-politique ait préféré passer du temps d'antenne sur la prétendue réhabilitation de Vichy - sur laquelle on ne s’appesantira pas -, plutôt que pour cette critique, mère de toutes les autres.

   Il s'agit de comprendre que le système se rit des internationalistes de tout poil, de l'esprit de Woodstock. La pensée forte de Marx s'arrête ici devant toute application positive : elle constitue la négation même du politique. Toute interprétation de Marx est, de fait, hautement contestable. Dans sa vision le capitalisme prépare son lit de mort, et l'Homme, être tranquille, patiente à son chevet. Il apparaît que changer la réalité que nous connaissons contraint à l'action. C'est de raison que la réaction s'impose comme le seul recours : il ne saurait y avoir de justice sociale en l'absence d'un État providence, autonome et stratège. Et il n'y a, de nos jours, de patriotisme véritable que dans la réaction.

   L'Histoire, la tradition, la nation... Tant d'êtres que les amis du grand marché veulent voir s'éteindre, au profit d'une fantasmagorique citoyenneté du monde. C'est à ces êtres martyrs qu'il convient de se raccrocher, pour que jamais la culture de l'oubli ne puisse nous rogner, ce jusqu'au cœur de ce que nous portons. C'est aux négateurs de la mémoire et de l'âme que nous devons répondre, à ceux qui jouissent d'une conception bien insultante de l'humanité. Il faut le clamer : en vitupérant contre les racistes, les ennemis de la cause du peuple, les barons de la peur, ils ne font que renvoyer leur propre visage sur leurs contradicteurs.

   Je suis convaincu que ce n'est pas le brillant historien auteur de Mélancolie Française et de ce bel essai qui me contredira. Son rapport passionnel avec le roman national a de quoi nous inspirer. Mais, au-delà de l'historien, Éric Zemmour a le mérite évident de ramener la réalité en termes de classes et de dynamiques, plutôt qu'aux termes de cas singuliers et de relativisme permanent. Il est cet homme au cœur "vieille France" qui, comme tant de Français, ne peux endurer davantage le mépris constant des plateaux télé. Il est de sa génération, témoin de l'installation et de l'enracinement d'une idéologie. Ce droit-de-l'hommisme, qui a conquis et enlaidi les faits sociaux majeurs de notre civilisation : la politique, la chanson, l'art en général, la justice, le football...

   C'est bien l'histoire d'une revanche sur le roman national qui est entre nos mains, d'une revanche sur l'idéal républicain comme sur la France éternelle. Tout y passe : la course folle vers l'Union oligarchique européenne, le féminisme et l'antiracisme forcenés et obligatoires, le « libertarisme » prosélyte, la haine de soi, le triomphe du marché, BHL, Coluche, Lilian Thuram... Il est louable qu'il ait abordé les problèmes ainsi : on retient bien mieux l'emblématique que le pompeux. On en ressent peu à peu la médiocrité qui nous est parvenue aujourd'hui.

   « L'optimiste est un imbécile heureux. Le pessimiste est un imbécile malheureux. » écrivait feu Georges Bernanos. [3] Tous attestent que le journaliste Zemmour souffre de la seconde tare. D'aucuns brocardent le constat pathologique qui coule de ces pages, la névrose qui pousserait les Français au suicide. Mais, comme l'a relevé si justement Jean-Marie Le Méné sur Radio Courtoisie, il « déconstruit les déconstructeurs » [4], et, par conséquent, deux négations ne pouvant former qu'un positif, c'est un livre d'espérance.

   Ce récit est un voyage dans les abysses de la modernité; il n'est sous aucun prétexte en opposition avec le Roman de Jeanne d'Arc de Philippe de Villiers. Il doit soulever le cœur de chaque être français afin que renaisse, brille à nouveau et de mille éclats la France d'antan, la France véritable, la France de Clovis à Rousseau, la France comme phare des nations. Pour qu'elle soit prête à accueillir ce nouveau Bonaparte que ce peuple mérite et appelle de toute son âme. Une idée si épurée peut très bien se passer des corps intermédiaires qui ne cessent de la souiller.

 

1   Pour poursuivre cette critique utopiste du capitalisme moderne, nous conseillons vivement l'ouvrage duquel est inspiré largement cet écrit : BOLTANSKI Luc, CHIAPELLO Ève, Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999, 843p.

2   L’Émile ou De L’Éducation (Livre premier), Paris, The Hague Chez Jean Néaulme, 1762.

3   Les grands cimetières sous la lune, Paris, Éditions du Seuil (1997), 1938.

4   RADIO COURTOISIE. « Entretien avec Éric Zemmour ». 12 Octobre 2014

 

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23 novembre 2014

Lionel Dutemple : "Je suis fier de faire partie de l'aventure des Guignols"

Lionel Dutemple fait partie de l'équipe d'auteurs des Guignols depuis 2000. En mars-avril 2013, il avait bien voulu répondre à mes questions, pour Paroles d'Actu. Un document que je vous invite à lire ou à relire, ici. Quelques jours après les "célébrations" qu'a organisées Canal autour de ses trente ans, il a accepté, avec la même gentillesse, de se prêter de nouveau au jeu. Moi, dans mon coin, je suis fan, toujours. Et je lui dis « merci ». ;) Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

LIONEL DUTEMPLE

 

« Je suis fier de faire partie

de l'aventure des Guignols »

 

Auteurs des Guignols

(Photo fournie par Lionel Dutemple, éditée par Paroles d'Actu.

De g. à d. : Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen, Benjamin Morgaine)

 

Q. : 10/11/14 ; R. : 23/11/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Lionel Dutemple. Je suis heureux de vous retrouver pour cette nouvelle interview, un an et demi après notre premier échange...

Allez, la question est d'actu, commençons par là... Canal vient de fêter ses trente ans, je crois que tout le monde ou à peu près est au courant, maintenant. Parlez-nous de vos souvenirs forts de téléspectateur de la chaîne ?

 

Lionel Dutemple : Vous allez etre déçu ! J'avais pas Canal, dans le village où j'habitais. Et à la période soi-disant faste de Canal, dans les années 90-95, j'étais même pas en France. Donc, quand on m'a parlé des Nuls, des Guignols, etc, je savais même pas ce que c'était... J'ai quasiment commencé à regarder quand j'ai commencé à écrire pour la chaîne, sur la série H, en 97... et encore...

 

PdA : Est-ce que vous diriez, vous aussi, qu'avec les années quelques morceaux du fameux « esprit Canal » ont été perdus en route ?

 

L.D. : J'en sais rien, j'ai jamais su ce que c'était vraiment. L'« esprit Canal », c'est un vent de liberté qui a soufflé sur la télé quand la chaîne a débarqué, mais comme a dit Michel Denisot récemment, vu qu'il y avait trois chaînes à ce moment-là, c'était pas non plus si difficle que ça de se démarquer de la morosité de l'époque...

 

PdA : Il y a quelques jours était programmée la Boîte à musique des Guignols. Bon, je n'ai pu voir cette émission, Canal ayant choisi de convier uniquement ses abonnés payants à ses soirées d'anniversaire. Mais j'en ai vu quelques images, eu quelques échos... Que retiendrez-vous de cette émission exceptionnelle ?

 

L.D. : Je retiens surtout qu'après vingt-six ans, cette émission tient toujours la route, et que je suis fier de faire partie de cette aventure abracadabrantesque. Les Guignols est une des seules émissions au monde à avoir autant de liberté - avec le JT de 13 heures de Pernaut.

 

PdA : Permettez-moi, à présent, de vous faire part d'un avis : le mien, celui d'un téléspectateur fidèle. J'ai trouvé que, pour reprendre votre expression d'avril 2013, les Guignols, ça a « ronronné » un peu, quelques jours après la rentrée. Et que vous vous êtes bien redressés, ces dernières semaines : je pense aux sujets tournant autour des trente ans de Canal, à l'objet emblématique de Denisot, notamment. Sans oublier cette trouvaille qui, perso, me fait beaucoup rire - et je ne suis pas le seul : bébé Macron et ses deux papas. Bref... comme diraient les autres, j'en viens à ma question : quel premier bilan tirez-vous de ce début de saison 2014-15 ?

 

L.D. : C'est impossible à dire. On n'a aucun recul sur ce qu'on fait. On fait ce qui nous fait marrer et nous passe par la tête, du coup, certaines fois ça fait rire, d'autre moins. Chaque année a son lot de nouveautés... ou pas. On essaie d'être créatif pour ne pas se répéter, mais sur une quotidienne, c'est difficile. On doit écrire huit a neuf minutes nouvelles chaque jour. Un comique lui, écrit quarante-cinq minutes drôles et tient cinq ans avec, quand c'est pas plus... Du coup, les semaines où c'est « ronronnant », comme tu dis, c'est juste qu'on est pas inspiré par l'actualité, ou que c'est l'actualité qui ronronne... (une bonne excuse en tout cas :))

 

PdA : J'évoquais à l'instant le petit nouveau, comment ne pas le faire, il est irrésistible, votre bébé Macron, ses papas François (Hollande) et Pierre (Gattaz) ne s'y trompent pas d'ailleurs. Parlez-nous de ce personnage ? Vous en êtes contents ?

 

L.D. : On nous en parle beaucoup, mais on n'est pas non plus en extase, c'est pas la trouvaille du siècle. Macron, c'est un bébé, un peu par son jeune âge, mais surtout car c'est LE bébé du socialisme et du libéralisme. C'est ça qu'on trouve intéressant.

 

PdA : Quels sont ceux de vos personnages pour lesquels vous avez la plus grande tendresse ?

 

L.D. : Chirac peut-être, pour sa longévité. Il est de retour dans la guerre Sarkozy-Juppé à travers sa rivalité avec sa femme Bernadette. Moi, ça me fait plus rire, Chirac qui loue un nain à Bernadette - puisqu'elle est fan de Sarkozy -, que bébé Macron. Mais les deux me font rire, comme Bayrou fan de Juppé, Valls qui est obsédé par l'entreprise, Bielsa (manager de l'OM, ndlr) qui insulte sa traductrice, etc, etc...

 

PdA : Quelles révélations pourriez-vous nous livrer en exclu s'agissant des marionnettes dont l'introduction est prévue ou envisagée ; des évolutions que vous auriez envie d'apporter à l'émission ou à tel ou tel personnage ?

 

L.D. : Une mario pas très funky débarque, celle de Bolloré, qui est devenu le boss de Vivendi, donc de Canal, donc des Guignols. La façon dont marche le monde aujourd'hui à travers ce genre de personnage est assez fascinante. UN type rachète 4% d'une boîte et en devient le mentor, sans avoir d'autre talent que d'avoir du fric (même si Bolloré a réussi autrement, peu importe, c'est un exemple des forces qui nous gouvernent aujourd'hui et qui ont plus de pouvoir que les hommes politiques).

 

PdA : « J'aimerais qu'un film des Guignols voie le jour au cinéma. Et j'aimerais être de ceux qui vivront cette aventure. » Je vous cite, in Paroles d'Actu. ;-) L'idée a-t-elle fait un peu de chemin, depuis ? Vous aviez apprécié la Fiction qu'avaient conçue vos prédécesseurs il y a quinze ans ?

 

L.D. : Il y a beaucoup d'obstacles a un film des Guignols, des obstacles techniques notamment, mais pourquoi pas, on y pense toujours un peu, même si ça paraît lointain.

 

PdA : J'avais beaucoup aimé, en tant que gamer PC fan des Guignols, l'excellent Cauchemar de PPD (1996), jeu brillamment écrit qui nous mettait dans la peau d'un patron de chaîne prêt à tout pour remplir sa grille de programmes et dépasser ses adversaires. Peu avant, un premier jeu, Les Guignols de l'info (1995), nous invitait à incarner un journaliste en mal de scoop.

Est-ce que vous aviez joué à ces jeux ? L'idée d'en lancer un nouveau - qui nous ferait vivre la présidentielle de 2017 du côté de tel ou tel candidat par exemple - pourrait-elle vous séduire ? Dites « oui », please ! ;-)

 

L.D. : Notre petit nouveau, Benjamin Morgaine, en a créé beaucoup, et il aimerait bien en faire un des Guignols, donc qui sait...

 

PdA : « Je regarde les Guignols presque tous les soirs, et avec le même plaisir depuis le début. Même si je suis bien placé pour savoir qu’on n’est pas Molière tous les jours, je trouve les auteurs très pertinents. » C'est en ces termes qu'Alain de Greef, patriarche de la grande et belle famille des Guignols, avait évoqué votre travail pour Paroles d'Actu, en septembre 2012. Y'a-t-il un message que vous souhaiteriez lui adresser ?

 

L.D. : On est resté en contact, et il sait à quel point je l'admire, et notamment pour la ténacité qu'il a eue pour imposer les Guignols qui, pendant deux ans, n'ont pas été du goût de grand monde. Mais il y a toujours cru, et il a bien fait. Sans lui, cette émission culte n'aurait jamais existé.

 

PdA : Quels sont vos projets, vos envies, Lionel Dutemple ?

 

L.D. : J'écris pour le cinéma et les Guignols, c'est largement suffisant à mon bonheur.

 

PdA : Un dernier mot ?

 

L.D. : Merci de continuer à regarder les Guignols, malgré leur grand âge. Je vieillis sûrement, je me la raconte peut-être, mais quand je regarde le paysage audiovisuel d'aujourd'hui, ou ce qui passe sur internet ou les fameux réseaux sociaux, je ne vois rien d'aussi drôle, d'aussi pertinent et libre que les Guignols de l'info

 

PdA : Merci infiniment...

 

 

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6 novembre 2014

Frédéric Quinonero : "Johnny a été le grand frère que je n'ai pas eu"

Le 22 octobre dernier, alors que les « Vieilles Canailles » (Eddy Mitchell, Jacques Dutronc, Johnny Hallyday) s'apprêtaient à entamer leur série de concerts, Frédéric Quinonero - qui m'avait fait l'amitié de répondre à mes questions sur Michel Sardou au mois de juin - voyait son nouveau livre, Johnny, la vie en rock, investir les étals des librairies. C'est le troisième ouvrage qu'il consacre à celui que nombre de francophones de toutes générations appellent toujours, plus de cinquante ans après, et avec la même affection, « l'idole des jeunes ». Une bio massive, très complète, qui fera date. Il a accepté, à nouveau, de m'accorder un peu de son temps. D'évoquer le Johnny qu'il aime et qu'il a appris à connaître. De se confier, aussi. Je l'en remercie. Une exclusivité Paroles d'Actu. Par Nicolas Roche, alias Phil Defer. EXCLU

 

 

ENTRETIEN EXCLUSIF - PAROLES D'ACTU

FRÉDÉRIC QUINONERO

Auteur de Johnny, la vie en rock

 

« Johnny a été le grand frère

que je n'ai jamais eu »

 

Johnny La vie en rock

(Source des illustrations : F. Quinonero)

 

Q. : 31/10/14 ; R. : 04/11/14

 

Paroles d'Actu : Bonjour, Frédéric Quinonero. Je suis ravi de vous retrouver, quelques mois après notre première interview. Votre dernier ouvrage, Johnny, la vie en rock, vient tout juste de paraître (Éd. Archipel). Pourquoi avez-vous eu envie d'écrire ce nouveau livre sur lui, d'entreprendre ce travail colossal ?

 

Frédéric Quinonéro : J’avais écrit précédemment un livre qui se présentait sous la forme d’un agenda ou journal de bord, puis j’avais abordé la carrière de Johnny à travers la scène. Depuis longtemps, je rêve d’une énorme biographie, qui soit la plus complète possible, la plus riche, la plus documentée. Émaillée de témoignages de gens célèbres ou anonymes, dont certains rarement ou jamais sollicités. Une telle somme ne s’écrit pas en six mois ni même un an, c’est le travail de toute une vie.

 

Je voulais aussi quelque chose de très écrit, qui sans trop quitter la technique obligée de la biographie, impose un style d’écriture personnel. J’ai envie qu’on me juge autant sur la forme que sur le fond. Et je suis assez frustré quand on ne se soucie pas du premier élément qui me semble indispensable à tout auteur, fût-il biographe de stars.

 

PdA : Quelle est l'histoire de, précisément, votre histoire avec Johnny Hallyday ?

 

F.Q. : Mon histoire avec Johnny commence en 1969. J’avais six ans. Une histoire de fan, qui ressemble à des milliers d’autres. Je vois le « show Smet » à la télévision ; je tombe en admiration devant ce chanteur si charismatique. Le lendemain ou la semaine suivante, mes parents m’achètent le single de Que je t’aime, puis pour Noël « l’album au bandeau » (album sans nom sorti en 1969, ndlr). L’été suivant, ils m’emmènent l’applaudir dans les arènes d’Alès — à moins que ce soit Nîmes. Ils gardent un souvenir de moi ce soir-là, comme hypnotisé, envoûté.

 

J’ai grandi avec Johnny et ses chansons ; il a été le grand frère que je n’ai pas eu. Aujourd’hui j’ai un regard de biographe, mais je ne peux me défaire de mon regard de fan. Ce que j’écris est inévitablement chargé de mon amour pour lui. Je l’ai croisé plusieurs fois dans ma vie, sans jamais provoquer une vraie rencontre. Récemment, répondant à la suggestion de mon éditeur qui m’a dit : « Quand même, après trois livres que vous lui avez consacré, il serait temps que vous le rencontriez », j’ai tenté la démarche, mais elle n’a pas abouti, et je n’ai pas insisté.

 

PdA : Si, parmi son répertoire imposant, vous deviez sélectionner quelques chansons, connues ou moins connues, quelles seraient-elles ?

 

F.Q. : J’adore en particulier toute la période avec Tommy Brown et Micky Jones, les albums sortis entre 1967 et 1971. C’est ma période préférée de l’artiste. Outre Que je t’aime, qui a été mon premier disque, j’ai une préférence pour Oh ! ma jolie Sarah, une chanson qui a marqué mon enfance. Mais globalement, il n’y a pas une époque de sa carrière que je n’aime pas. Car tous ses albums me rappellent un souvenir, renvoient à quelque chose de l’ordre de l’affectif.

 

Parmi ses dernières productions, j’écoute assez souvent l’album Le Cœur d’un homme. Et je rêve d’un spectacle unplugged, d’une scène intime au milieu de ses fans. Il n’a plus besoin de nous bluffer avec tout un barnum de décors et de feux d’artifice. Sa voix et sa présence suffisent.

 

L'éphéméride

 

PdA : On a le sentiment de tout savoir de lui. Avez-vous fait d'authentiques découvertes lors du travail effectué pour ce livre ? Question subsidiaire : y a-t-il encore des zones d'ombre en ce qui concerne M. Smet/Hallyday ?

 

F.Q. : Tout artiste a des zones d’ombre. C’est d’autant plus vrai pour Johnny, qui a vécu une enfance si extraordinaire, au sens strict du terme. Abandonné par son père, éloigné de sa mère, il a forgé son éducation dans les cabarets et les théâtres. C’est un être profondément sensible et romantique, sous sa carapace de rock star.

 

Au fond, lui qui n’a pas eu d’enfance n’a jamais cessé d’être un gamin, et le terme n’est pas péjoratif. Ce qui explique ses difficultés à créer une famille. Cette vie carrément romanesque qu’il a vécue est pain bénit pour un auteur. Si j’ai réussi à transmettre la tendresse qu’il m’inspire et à rendre le personnage sympathique, même dans ses travers, le pari est alors gagné.

 

PdA : Pourquoi un amateur de Johnny ou - cas extrême - un fan absolu qui aurait déjà tout de et sur lui serait-il bien inspiré de feuilleter, d'acheter votre livre ?

 

F.Q. : Sans doute parce qu’il aura là la biographie la plus complète à ce jour. Déjà, 860 pages c’est du jamais vu ! Ensuite, parce que je me suis appliqué à ne rien laisser dans l’ombre, à relater tous les grands événements de la vie du chanteur. Et surtout, puisqu’il s’agit avant tout de raconter le parcours d’un artiste, je n’oublie rien de son extraordinaire carrière !

 

PdA : Si vous deviez lui adresser un message... ?

 

F.Q. : Je me réserve pour le jour où il souhaitera mettre un visage et une voix sur mon nom. 

 

PdA : Voulez-vous nous parler de vos projets, Frédéric Quinonero ?

 

F.Q. : Un livre en 2015, probablement au printemps. Ensuite, il est probable que je lève un peu le pied, ou plutôt la plume ! J’ai l’intention d’obtenir un diplôme afin d’exercer un métier parallèle. Vous n’êtes pas sans savoir que la situation sociale et contractuelle des auteurs n’est pas évidente, et que dans la période de crise que nous traversons elle ne cesse de se dégrader. L’écrivain est le parent pauvre de la culture, le seul qui n’a pas de statut et doit exercer un autre job pour subsister. Alors, si je veux continuer à vivre de ma passion, il est préférable pour moi de m’assurer un certain confort avec un emploi stable, fût-il à mi-temps. C’était ma minute d’engagement politique (rires).

 

PdA : Un dernier mot ?

 

F.Q. : Rock’n’roooooll !

 

Frédéric Quinonero

 

 

Que vous inspirent l'œuvre, le personnage de Johnny Hallyday ? Quelles sont, parmi ses chansons, celles que vous préférez ? Postez vos réponses - et vos réactions - en commentaire ! Nicolas alias Phil Defer

 

 

Pour aller plus loin...

  

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